Engagement en Politique
Engagement en Politique
Engagement en Politique
Introduction :
En tant qu’étudiants en sciences politiques, cette expression ne nous ait pas inconnu. Une
partie d’entre-nous a choisi ces études car ils se sentaient concernés par l’organisation de la
société, par les inégalités, par le contexte international ou par d’autres faits de société sur
lesquels nous souhaiterions influer un peu, à des échelles différentes. La majorité d’entre
nous, à l’image de la plupart des français ne sommes pas encartés, mais certains ont choisi de
défendre leurs idées en s’engageant dans un parti politique, pour y être militant ou élu, pour
participer au pouvoir politique. Malgré une apparente simplicité, il n’est pas aisé de définir
l’engagement en politique.Il est une composante de l’engagement politique lui-même, qui est
beaucoup plus large que la seule adhésion à un parti. On nous l’a souvent répété, le politique
c’est-à-dire la vie de la cité dans son ensemble, est bien plus vaste que la politique qui
concerne le domaine où s’exercent les programmes d’actions et l’organisation de l’Etat. Les
mouvements sociaux, les associations, les syndicats, les manifestations, les ONG, les groupes
de pressions sont autant de composantes de la vie politique. Elles influent d’ailleurs bien
souvent sur les décisions des partis mais ne cherchent pas la prise de pouvoir par le biais de la
représentation électorale.La politique est synonyme de lutte entre les partis, d’une forme de
combat symbolique pour prendre le pouvoir et diriger le pays. Ce n’est pas pour rien que le
mot « militant » vient du latin « miles » qui signifie soldat. Les militants sont la force vive des
partis. Il est donc ici d’abord question de l’engagement en tant que militantismeau sein d’un
parti politique donné. C’est un engagement total par le « bas », c'est-à-dire par la base de la
société.
Il s’agit de comprendre pourquoi les individus, et plus particulièrement les jeunes choisissent
l’engagement en politique ? Quels sont les facteurs qui les poussent à faire ce choix ? Qu’est-
ce qu’ils tirent de cette expérience ?
Les partis politiques ont connu des mutations depuis la fin de la guerre froide et la chute de
l’URSS., surtout le Parti Communiste qui après la guerre totalisait pourtant près d’un tiers des
voix des Français. Assiste-on à une fin des engagements politiques totaux ?
1
Pierre BRECHON Comportements et attitudes politiques, politique <en plus>, Pug, p. 21.
2
Ibid p. 65.
3
William R. SCHONFELD La stabilité des dirigeants des partis politiques in Revue française de sciences
politiques, Année 1980, Volume 30, Numéro 2.
Le nombre de militants n’a été réellement important que pendant et aprèsla Libération : 1.5
millions d’adhérents dont la moitié au Parti Communiste, 400 000 au RPF et 340 000 pour la
SFIO. Cetteapogée du militantisme n’a pas duré très longtemps. En effet, à cette époque les
français étaient conscients de l’importance des partis pour reconstruire le pays mais
rapidement ils sont déçus par la 4èmeRépublique et ne sont plus que 450 000 adhérents pour
toutes les forces politiques au début de la 5 ème République. Le chiffre remonte dans les années
1970 pour finalement retomber aujourd’hui à moins de 500 000, un des plus mauvais score de
toute l’Europe de l’Ouest. Les différences s’expliquent bien sûr par la culture et par la
disparité en terme de systèmes politiques mais on observe tout de même une baisse générale
de la fréquence d’adhésion générale qui s’expliquerait, toujours selon Pierre Bréchon par la
montée de l’individualisme: « Comme d’autres types d’organisations, les partis ne font pas
recette, ils sont facilement contestés, on veut bien leur reconnaître une certaine utilité mais
l’adhésion est freinée par le désir de rester libre de ses choix, libre de critiquer, non
embrigadé. »4 Pour la plupart ils préfèrent les mobilisations à court terme, comme les
manifestations populaires plutôt que l’appartenance à un parti sur le long terme. Ils préfèrent
aussi participer à la vie sociale du pays en empruntant d’autres voies comme les associations,
les syndicats, mouvements sociaux ou encore ONG, plus spécialisés sur des sujets aussi variés
que le féminisme, le droit du travail, l’environnement, le droit des immigrés, les sans-abris
etc. Ces engagements sont d’ailleurs plus valorisants socialement que l’engagement partisan
qui n’a pas bonne presse. Alors pour attirer les militants, les partis tentent de se rendre plus
accessibles et plus démocratiques. Ils facilitent l’adhésion, notamment en permettant aux
adhérents de s’inscrire sur internet. Ils tentent aussi d’associer les militants aux décisions
prises, et mettent en places des primaires où le militant peut choisir le leader du parti ou voter
pour leurs représentants dans les principales élections. Ces techniques se trouvent être plutôt
efficaces car le Parti Socialiste et l’UMP ont vu augmenter le nombre de leurs militants
pendant les années 2005, 2006 et 2007.
5
Abdelmajid BENNOUR Logiques de participations citoyennes, Solidarité, contestation, gestion, L’Harmattan,
Logiques sociales, p. 118.
6
Monique DAGNAUD, Dominique MELH, Profil de la nouvelle gauche, Revue Française de sciences
politiques, année 1981, volume 31 Numéro 2, p 372 – 393.
7
Op.cit. Comportements et attitudes politiques p. 70
permet de trouver des débouchés et une clientèle pour les professions indépendante. Enfin en
devenant notable ou en se faisant élire, il peut jouir de sa médiatisation. Au final,
l’engagement repose sûrement sur un mélange des deux motivations. L’idéologie tient une
part importante dans le militantisme mais s’accompagne souvent du désir d’une certaine
rétribution. Pour B., étudiant en sciences politiques de 21 ans et adhérent à l’UMP,
l’engagement en politique est un complément à son engagement associatif : « Mon « activité
politique » me permet de nouer des contacts avec un ensemble d’interlocuteurs qui m’aident à
développer l’association que je préside. Ils m’accordent leur autorisation pour organiser une
manifestation sur une commune par exemple ou bien ils m’orientent pour les démarches de
l’association au sein de l’administration. Aussi, cet engagement traduit une envie réelle d’être
utile, actif et de participer à la vie de la société. J’ai la conviction que la politique ne doit pas
être une sphère inaccessible et que chacun doit pouvoir s’investir en son sein en apportant ses
idées et sa détermination. » S’il est engagé c’est non seulement pour participer et défendre ses
idées mais il utilise aussi ses contacts pour progresser personnellement. « L’avantage d’être
engagé et actif au sein d’un parti (d’autant plus pour nous étudiants « politistes ») réside dans
les contre parties que nous pouvons obtenir. J’ai ainsi pu obtenir un stage via le député. »
8
Jacques DERVILLE ; Maurice CROISAT, La socialisation des militants communistes français, Eléments
d’une enquête dans l’Isère in Revue française de sciences politiques, année 1979, volume 29 numéro 4, p. 770-
790.
9
Marc ANGENOT, Masses aveulies et militants virils in Politix, Revue des sciences sociales et du politique,
Année 1991, Volume 4, n° 14.
ducommunisme, son existence est « un combat constant, une suite interminable de
souffrances morales et physiques »10 où le militant fait le sacrifice de sa vie au service de la
cause. Il dénonce l’aveuglement des masses par la propagande socialiste qui divise
fondamentalement la société entre bourgeois et prolétaire, patrons et salariés,« parasites et
producteurs ». Cette propagande qui devait « convertir de proche en proche toute la classe des
exploités à « l’Idée » révolutionnaire et collectiviste », c’est-à-dire donner une conscience à la
classe des exploités afin qu’ils commencent leur émancipation car la masse est aveugle,
plongé dans une « torpeur perpétuelle » alors que les militants du parti sont une « armée
organisée » qui se caractérise par la conscience, l’énergie et l’abnégation (consécration à la
cause du Peuple). L’auteur remarque que si l’égalitarisme est le mot d’ordre du programme
communiste, le militant a cependant une place particulière, il est désigné comme étant « fait
d’une étoffe spéciale », il s’agit d’un « être d’élite »11. C’est aussi de préférence un « mâle
viril », car la virilité est la « vertu suprême du militant » car il doit avoir de l’énergie et de la
combativité dans la guerre contre les capitalistes bourgeois. En d’autres termes, tous ces
discours propagandistes et l’organisation du parti ont pour but d’asservir les militants qui
deviennent les bon soldats du parti, lui-même sous le commandement de l’URSS jusqu’en
1989. Aujourd’hui l’extrême gauche et particulièrement le parti communiste pâtit de cette
image de parti proche de la secte religieuse, qui lave le cerveau de ces adhérents à force de
slogans et de théories sur la fin de l’Histoire et de l’Etat bourgeois. La Révolution n’a jamais
eu lieu en Europe et à la fin de l’URSS, les militants se sont réveillés et se sont sentis trahis.
Le PC a progressivement perdu les voix des ouvriers, eux-mêmes en forte diminution dans
une économie moderne tertiarisée où les salariés ont pris la place des ouvriers. Un grand
nombre de ces ouvriers déracinés se sont d’ailleurs tournés vers l’extrême droite.
Conclusion :
Pour conclure, il faut insister sur le caractère relativement marginal dans la société
contemporaine du militantisme politique pur. Pour ces quelques individus, le parti représente
une voie pour exprimer leurs idées, de continuer dans la tradition familiale ou un espoir de
changer les choses, de laisser sa trace mais aussi parfois une manière de défendre des intérêts
personnels ou économiques. On l’a vu dans les cas d’engagement les plus extrêmes, le Parti
devient parfois une sorte de famille de substitution, un monde « parallèle » à la société réelle,
mue par une logique propre : l’idéologie. Si la démocratie est bien implantée depuis la guerre
en France et qu’on imagine plus aujourd’hui un parti politique extrémiste prendre le pouvoir,
les engagements « totaux » n’ont cependant pas disparus même s’ils restent minoritaires.
Le parti socialiste et l’UMP considèrent que l’élection pendant les primaires du candidat par
les militants est une façon d’améliorer la démocratie, ils ne prennent pas en compte la baisse
du militantisme. Au final, le candidat de chaque parti présenté à la Nation pendant les
élections aux présidentielles n’est représentatif que d’une toute petite partiede la population,
une poignée de militants qui auront participé au vote pendant les primaires. Le vote ne
devrait-il pas comme dans certains Etats des Etats-Unis être ouvert à la participation des
sympathisants ? Les Français ont été passionnés récemment pendant les débats du traité
constitutionnel de l’Europe, par les présidentielles françaises et américaines. Ils ne sont donc
pas sourds aux problèmes de société et aux décisions politiques qui doivent être prises dans le
pays. Sans devenir forcément militants, les Français en votants pendant les primaires, seraient
en mesure de participer d’avantage au choix des décisionnaires.