Evolution de La Vulnérabilités
Evolution de La Vulnérabilités
Evolution de La Vulnérabilités
Tous droits réservés © Université du Québec à Montréal et Éditions en This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including
environnement VertigO, 2016 reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online.
https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/
Changements climatiques,
changements du littoral et
évolution de la vulnérabilité
côtière au fil du temps :
comparaison de territoires français,
canadien et sénégalais
Climate change, coastal development and vulnerability : a comparison of French,
Canadian and Senegalese territories
exposée au risque de submersion d’une marée centennale (c’est à dire avec une
probabilité de 1 sur 100 de se produire dans une année donnée) a presque doublé entre
1970 et 2010 pour se chiffrer à environ 270 millions de personnes (Jongman et al., 2012,
dans Wong et al., 2014).
2 Dans cet article, nous voulons aborder la dimension historique des risques côtiers
résultant des aléas météo-marins, c’est à dire de l’érosion côtière et de la submersion
marine et dans quelle mesure la vulnérabilité des communautés côtières est déterminée
par le développement passé et futur, et ce dans un contexte de changements climatiques
tendant à accroitre la fréquence et l’amplitude de ces aléas. Ces risques côtiers en lien
avec l’occupation humaine des côtes ne sont évidemment pas nouveaux. Il existe des
exemples historiques de villes entières qui ont été submergées en mer du Nord, comme la
ville de Runghold en Allemagne engloutie lors de la tempête exceptionnelle de 1362 (la «
grote mandrenke » ou « grande noyade »), longtemps considérée comme une légende et
dont les vestiges ont été retrouvés seulement dans les années 1920-1930, ou encore
Dunwich, grand port et capitale du royaume d’Est-Anglie, précipitée dans la mer avec ses
huit églises et centaines de maisons sous l’effet de l’érosion causée par une série de
tempêtes entre 1286 et 1362. Plus récemment, la tempête du 1er février 1953 en Mer du
Nord a entrainé des surcotes marines atteignant trois mètres, et causé la mort de milliers
de personnes aux Pays-Bas et en Angleterre. La protection contre la mer est devenue en
conséquence une préoccupation dès que des populations se sont installées en zones
côtières. La poldérisation de marais maritimes, pratiquée dès le 11e siècle en Europe pour
gagner des terres agricoles a été à l’origine des premiers systèmes de défense, constitués
de simples levées de terres ou de digues maçonnées, ou de la pratique encore plus
ancienne des fermes ou villages établis sur des monticules artificiels (terpen aux Pays-Bas,
Warften en Allemagne). La construction de l’« Anneau d’Or », réseau de digues encerclant
l’ensemble de la côte de la mer du Nord, a été achevée en 1300 (Erchinger, 2001). Au sud-
ouest des Pays-Bas, suite à la catastrophe de 1953, l’État a lancé le « plan delta », une
construction unique au monde de barrages contre la mer se fermant automatiquement en
cas de surcote marine (Ministère des Transports et des Travaux publics des Pays-Bas,
1990). Cette même tempête a aussi été à l’origine de la planification de la barrière de la
Tamise (Environment Agency, 2012).
3 Au Canada français, l’aménagement des côtes est également présent à travers les digues
acadiennes des 17e et 18e siècles ou des aboiteaux construits dans la baie de Kamouraska
entre 1937 et 1980, là aussi pour gagner des terrains agricoles (Mathieu, 2008). Les
Acadiens étaient des pionniers dans la culture intense des terres situées en dessous du
niveau de la mer, leur conférant le sobriquet de « défricheurs d’eau » (Paysage de Grand-
Pré, n.d.).
4 L’aménagement humain, ou anthropisation de la côte peut représenter un élément
renforçant la vulnérabilité face aux aléas en influençant la dynamique du système côtier.
La zone côtière est un milieu dynamique qui évolue avec le temps, suivant les cycles
saisonniers, les marées et des modifications à plus long terme. L’érosion et les
submersions temporaires sont des phénomènes naturels auxquels les écosystèmes côtiers
sont adaptés. Les plages, dunes, marais et autres écosystèmes se reconstituent
constamment et maintiennent leur morphologie et fonctionnalité. Toutefois, le
développement des ouvrages de défense côtière et des enjeux bâtis comme les routes et
bâtiments, réduit la faculté de ces écosystèmes côtiers de reculer et se maintenir – à plus
forte raison en prenant en compte l’augmentation accélérée actuelle du niveau de la mer
interaction mutuelle (Gallopin, 2006). L’approche des systèmes socio-écologiques est bien
adaptée à la prise en compte de l’historicité de la vulnérabilité. Dans cette approche, la
vulnérabilité est au point de départ de l’analyse et est considérée comme une propriété
inhérente au système (O’Brien et al., 2004; Piya et al., 2012). Dans l’approche de système
socio-écologique développée pour étudier les impacts des changements climatiques, la
sensibilité est constituée des caractéristiques inhérentes à un tel système qui
conditionnent sa réponse à un stress climatique, qu’il s’agisse d’événements ponctuels ou
de transformations graduelles résultant des changements climatiques, comme la hausse
du niveau de la mer (Füssel et Klein, 2006). Dans le cadre d’analyse de la dynamique des
systèmes, le concept de « vulnérabilité systémique » (Hellequin et al., 2013; Meur-Ferec,
2006; Meur-Ferec et al, 2008), développé au début des années 2000 dans le cadre du
Programme national d’environnement côtier, permet d’intégrer les éléments naturels et
anthropiques dans un même système (Meur-Ferec et al., 2004, 2008) et d’estimer « la
fragilité d’un système dans son ensemble » (D’Ercole et Pigeon, 1999). Cette approche est
depuis utilisée en sciences sociales (Becerra et Peltier, 2009; Gilbert, 2009) et en
géographie (D’Ercole et Metzger, 2011; Pigeon, 2005). Hellequin et al (2013) distinguent
quatre composantes principales de la vulnérabilité systémique: (1) les aléas (ici les
phénomènes naturels, parfois influencés par l’action humaine, comme l’érosion des
falaises, la rupture des cordons dunaires, la submersion, etc.); (2) les enjeux (les
personnes et les biens exposés aux aléas); (3) la gestion (les politiques publiques de
prévention, de protection et de gestion de crise, les équipements de défense contre la
mer, etc.) et (4) la perception du risque (la conscience et la mémoire de celui-ci, les usages
et l’attachement aux lieux exposés, la connaissance des mesures de sauvegarde, etc.)
8 Depuis quelques années, l’analyse de la vulnérabilité par la communauté scientifique
travaillant sur l’adaptation aux changements climatiques reconnaît l’importance de la
nature des systèmes naturels et humains dans la détermination de la sensibilité et de la
capacité d’adaptation des communautés (Vincent, 2004; Islam et al., 2013), s’appuyant sur
des concepts déjà utilisés en analyse du risque (p. ex. D’Ercole, 1994; D’Ercole et Pigeon,
1999). On peut ainsi disséquer la vulnérabilité en trois composantes: l’exposition, la
sensibilité et la capacité d’adaptation (Nicholls et Klein, 2005). L’exposition réfère aux
facteurs climatiques, c’est à dire le degré de « stress climatique » que subit une unité
d’analyse (Heltberg et Bonch-Osmolovskiy, 2011), la sensibilité à la nature du territoire
(biogéophysique autant que du point de vue de l’occupation humaine) et la capacité
d’adaptation renvoient aux différents capitaux (humain, social, financier, scientifique,
technique, etc.) qui permettent aux communautés de faire face aux impacts d’aléas
climatiques. Cette approche est limitée dans le sens que le risque côtier y est lié
uniquement aux changements climatiques, alors que ce risque existe indépendamment
des changements climatiques, dès l’installation d’enjeux humains sur des côtes mobiles,
et qu’il est et sera aggravé par lui (Hénaff et al, 2013).
9 Souvent, en géographie ou en gestion des risques naturels, le risque est défini par
« risque= aléa + vulnérabilité́ » (Reghezza, 2006). Cette définition reflète le fait qu’un
« risque » n’existe que quand quelque chose ou quelqu’un (enjeux) est exposé aux effets
d’un aléa (dommages). En absence d’enjeux, résultant de l’occupation ou de l’utilisation
d’un territoire, il n’existe pas en soi de vulnérabilité vis-à-vis d’un aléa défini dans ce
contexte comme un événement naturel, comme le sont la submersion et l’érosion dans un
contexte côtier. Cette approche a cependant aussi été discutée, puisqu’elle dissocie aléas
« naturels » d’une part et vulnérabilité « sociale » de l’autre, et opèrent une dichotomie
Études de cas
10 Notre analyse reposera sur trois cas de terrain, en France, au Sénégal et au Canada. La
vulnérabilité aux changements climatiques de ces zones côtières a été bien documentée
(Birkmann, 2006; Chouinard et Plante, 2009; Chouinard et al., 2006, 2008, 2011, 2013, 2015;
Hénaff et al. 2013, 2014; Lacoste-Bédard et al., 2016; Noblet, 2015; Plante et al., 2011). Les
études de terrain ont employé des méthodologies multiples, incluant l’analyse spatiale,
l’analyse documentaire, des entrevues semi-dirigées et des groupes de discussion (focus-
groups). Les études de terrain au Nouveau-Brunswick et en Gaspésie sont menées depuis
2005, les études au Sénégal depuis 2012 (Petite Côte et Delta du Saloum de 2012 à 2014) et
les études en France depuis 2002 (Nord-Pas-de-Calais, 2002-04, Languedoc-Roussillon,
2007-11, Bretagne, 2009-16)1.
France
villages anciens qui se situaient à quelques kilomètres du trait de côte se dédoublent par
la création d’une station balnéaire implantée sur le rivage. Parallèlement au
développement touristique, la nouvelle image du littoral, saine, naturelle et ludique
renforce un tropisme résidentiel. Celui-ci se concrétise par un étirement, le long du
rivage, des résidences principales ou secondaires2, à partir des pôles urbains, portuaires
ou balnéaires (DATAR, 2004; IFEN, 2000).
13 Cette densification de l’occupation du littoral se manifeste par une croissance de la
population qui s’est fortement accélérée après 1945. Tandis que de 1954 à 1968, la densité
française passait de 80 à 90 hab/km², elle passait de 190 à 245 hab/km² dans les
communes côtières. Cette littoralisation du peuplement se poursuit aujourd’hui et se
traduit par une urbanisation très consommatrice d’espace. Ainsi, 12% des surfaces de
logements neufs construits entre 1990 et 2012 sont situés dans des communes littorales,
sur seulement 4% du territoire; la pression de la construction y est 3 fois plus forte que la
moyenne française métropolitaine. Cela se traduit notamment par des prix de vente
moyen des terrains à bâtir 60% plus élevés que la moyenne de France métropolitaine. Ces
prix ne cessent de monter et ont progressé de près de 40% entre 2006 et 2012.
Logiquement, le profil des acheteurs est spécifique en bord de mer: les catégories socio-
professionnelles supérieures y sont surreprésentées et l’âge moyen y est plus élevé
(Observatoire national de la Mer et du Littoral, 2012). L’exemple de Combrit/Île-Tudy
dans le Finistère exemplifie l’évolution historique de l’occupation d’un trait de côte à
travers les siècles (Figure 1). Le marais en arrière de la flèche dunaire de l’Île-Tudy a été
poldérisée au 19e siècle. L’urbanisation s’est accélérée à partir des années 1950.
Actuellement, l’Île-Tudy compte 681 résidents permanents et 1473 résidences, dont 70%
sont des résidences secondaires (Michel-Guillou et Meur-Férec, 2016).
À partir du 19e
Création d’aménagements structurants (routes, chemin de fer, équipements
siècle
portuaires), développement d’activités spécialisées (conchyliculture, pêche
« Le littoral et conserveries, construction navale, commerce et industrie), naissance du
devient plus phénomène balnéaire et touristique (maisons cossues, manoirs...)
attractif »
Source : 1a) Extrait de carte des géographes du roi XVIIIe siècle, avec l’autorisation des services
historiques de la défense (Ministère de la défense), 1b) Extrait de carte d’Etat Major 1820 - 1866 © IGN
2014, autorisation n° 40-14.51, 1c) Extrait de SCAN 25®, 1991 ©IGN 2014, autorisation n° 40-14.51.
Sénégal
Figure 2. Relevés des stations météorologiques de Fatick et Foundiougne dans le delta du Saloum.
19 Au sud de Joal, le Delta du Saloum reste un espace rural à faible densité de population,
mais le risque côtier y a augmenté au cours des dernières décennies. Les îles du Delta du
Saloum couvrent plus de 80 000 ha et sont bordées par un réseau de « bolongs »
illustratifs d’un environnement de mangrove. Les populations sont fortement
dépendantes des ressources naturelles pour leur subsistance. Or, le delta du Saloum dans
son ensemble est un écosystème très fragile soumis à de fortes pressions tant naturelles
qu’anthropiques, ce qui justifie la juxtaposition des statuts de conservation3 pour en
promouvoir la sauvegarde de la biodiversité. Cependant, les mécanismes évolutifs de ce
milieu insulaire connaissent de nombreuses perturbations multifactorielles qui
bouleversent les écosystèmes naturels et produisent une désarticulation économique,
sociale et même démographique. La récurrence des années de sécheresse et l’irrégularité
des précipitations ont une incidence notable sur les teneurs en sel de certains bras de mer
comme celui du Saloum (Diouf, 1996; Dia, 2003). La réduction du volume et de la
fréquence des pluies combinée à la faiblesse de la pente de ce cours d’eau ainsi qu’une
forte évaporation ont profondément changé le mode de fonctionnement de l’estuaire,
tant qu’aujourd’hui on parle d’estuaire inverse (augmentation de la salinité vers l’amont).
Ces changements s’observent sur le couvert végétal, à travers une importante
dégradation des forêts de mangrove dont la superficie a drastiquement diminué (Dièye et
al., 2008; Ndour et al., 2011).
20 Outre cette variation pluviométrique, le Delta du Saloum a été extrêmement fragilisé par
la rupture en 1987 de la flèche littorale de Sangomar, qui constituait une importante
structure sableuse s’allongeant vers le sud sur une vingtaine de kilomètres à partir de
Palmarin jusqu’à Diakhanor et qui jouait un rôle de protection pour les paysages de
Figure 6. Erosion côtière sur la façade maritime du village de Dionewar (Delta du Saloum).
urbains et des activités, en contraste avec une banlieue et une zone périurbaine sous-
équipées qui accueillent la majorité de la population (Wang et al., 2009). La forte et rapide
littoralisation de Dakar s’accompagne de nombreux enjeux socio-environnementaux de
plus en plus exacerbés par les changements climatiques. Dans de nombreuses zones
actuellement considérées comme des « hot spots », le développement effréné du bâti à la
fois sur des cordons dunaires et sur le domaine maritime ont accentué le phénomène
d’érosion côtière. La Presqu’ile du Cap-Vert qui sépare la Grande côte de la petite côte
présente divers secteurs où le recul du trait de côte tient à de nombreux facteurs. Ainsi,
sur la corniche ouest qui présente une succession de falaises et de plages sableuses,
l’occupation illégale du domaine maritime se traduit par une importante concentration
d’habitations et d’infrastructures hôtelières à moins de 100 m du rivage remettant en
cause la régénération naturelle des plages, alors qu’au niveau de la Pointe des Mamelles la
forte amplitude des houles du nord-ouest ainsi que la variation de nature géologique et
sédimentaire sont à l’origine du recul du trait de côte qui est estimé entre 0,45 et 2,7 m
par an, tandis que la Baie de Hann, de nature sableuse, subit une perte de plage de 2 m par
an. La fragilité de la presqu’île face à l’érosion prononcée de ses côtes pose la question des
impacts économiques. L’urbanisation rapide de Dakar révèle une ville consommatrice
d’espace avec le marché foncier qui a fortement évolué. En 2009, un rapport établi par le
Geoville-Group estimait la valeur foncière de la métropole à quelque 44 milliards de
dollars US, dont plus de 2 milliards étaient exposés à un potentiel élevé de périls naturels.
Aussi, des ouvrages de protection sont mis en place dans les secteurs les plus touchés et
qui sont par ailleurs les plus importants socio-économiquement. Ainsi par exemple les
pentes de la corniche Est ont été consolidées à l’aide de gabion de roches.
23 Dans d’autres zones, l’érosion côtière pose la question de la vulnérabilité sociale surtout
celle des populations pauvres ou relativement démunies. À Yoff, Rufisque ou encore
Bargny, anciens villages traditionnels Lébous et ports de pêche, on observe un important
recul du trait de côte sur plusieurs dizaines de mètres. Le transport naturel de sédiments
par les courants s’est accéléré entrainant une perte grandissante de plage, alors que
l’amplification de la houle provoque de manière récurrente et aggravée des inondations
marines avec des conséquences désastreuses comme la destruction d’habitations et de
matériels de pêche. Pour Rufisque, ville établie dans une dépression et située à 25 km au
sud-est de la région, le recul du rivage est significatif avec près de 3 m par an (Niang-Diop
et al., 2005) alors que les inondations par marée sont une réalité permanente. Déjà en
1979, les autorités sénégalaises entreprenaient la mise en place d’ouvrages de protection
pour endiguer le phénomène, tentant de proposer une solution plus adéquate à l’action
des populations riveraines qui consistait en l’utilisation de troncs d’arbres. Néanmoins, la
mauvaise conception et le sous-dimensionnement des digues et des murs de protection
ainsi que le manque d’entretien du réseau d’évacuation existant posent problème et
pèsent sur la gestion de l’aléa.
24 Tout comme la capitale sénégalaise, la ville de Saint-Louis, autre ville d’origine coloniale,
subit une vulnérabilité physique qui est fortement entretenue par l’occupation de
l’espace. Site amphibie à l’embouchure du fleuve Sénégal et haut-lieu de la pêche (environ
20% des débarquements du pays), Saint-Louis est caractérisé par des vasières et des
cordons littoraux et des terres basses, qui représentent 53% de la superficie dans le
faubourg de Sor, 17% de cette commune étant même au-dessous du niveau de la mer
(Kane, 2010). L’ouverture d’une brèche dans la langue de Barbarie en 2003 a modifié la
nature du risque d’inondation, réduisant le risque d’inondation fluviale en permettant
25 Dans certaines zones, l’érosion est accentuée par différentes activités humaines, dont
l’extraction de sable réalisée à Dakar ou en amont de la ville de Fadiouth et dans les îles
avoisinantes, l’extraction – maintenant interdite – de coquillage dans les amas de
coquillages du Delta du Saloum, ainsi que la déforestation des mangroves et des filaos.
26 La prise en compte législative est assurée en théorie, mais peu respectée en pratique. La
loi n° 76-66 du 2 juillet 1976 sur le domaine public maritime est censée encadrer le
développement du littoral et prévoit une zone non constructible de 100 mètres à partir de
la limite atteinte par les plus fortes marées, déclarée domaine public inaliénable et
imprescriptible. Aucune personne ne peut donc acquérir de foncier sur ces terres et en
théorie, seule une occupation provisoire avec des installations légères et démontables
peut être permise, dont la loi n° 83-05 du 28 janvier 1983 du code de l’environnement
précise qu’elles ne doivent « ni être source d’érosion ou de dégradation du site ». Cette loi
est cependant peu respectée dans les faits, notamment par les complexes touristiques
(figure 9), ce qui s’explique également par l’importance du secteur du tourisme, qui
contribue 4,8% au PIB du pays, génère 125 000 emplois directs et indirects et constitue la
seconde source de devises du Sénégal après la pêche. Certains députés et des associations
comme SOS Littoral ont réclamé la démolition de ces établissements privés
(souvent étrangers) autorisés par un usage abusif de la loi n° 19 du code du domaine de
l’État permettant de déclasser des terrains du domaine public.
30 Comme en France, l’ouverture du territoire s’est ainsi faite en deux étapes, la première de
manière centralisée concernant les localités desservies par les voies ferrées, la deuxième
de manière plus décentralisée grâce à la pénétration de l’automobile et du réseau routier
à beaucoup plus fine échelle spatiale. En grande partie catalysées par le tourisme, ces
deux phases sont aussi socialement distinctes, la première, au 19e siècle, étant surtout
l’apanage de la bourgeoisie, tandis que la démocratisation du tourisme (et de manière
générale de l’accès au transport) n’intervient qu’au cours du 20e siècle avec l’automobile.
On peut historiquement distinguer trois phases d’occupation du territoire liées au moyen
de transport et activités dominantes, sensiblement identiques au Nouveau-Brunswick et
en Gaspésie (tableau 2).
Occupation à échelles
Voiture Services, tourisme, industrie
multiples
31 Le développement de routes pour automobiles à des fins touristiques à partir des années
1920 est fortement favorisé par l’État (la province), en collaboration avec des clubs
automobiles et des organismes locaux. La Gaspésie a fait figure de précurseur dans le
développement du tourisme. L’inauguration du boulevard Perron à la fin des années 1920
(aujourd’hui la route 132) a été accompagnée d’une campagne de publicité, incluant la
distribution de 500 000 cartes postales et des milliers d’articles dans les journaux nord-
américains (Lambert, 2013). Le succès est immédiat puisque dès les années 1940, de 20 000
à 50 000 touristes visitent la Gaspésie chaque année (Lambert, 2013). La nature du
Boulevard Perron est de relier des villages côtiers autrefois uniquement accessibles par la
mer. Il jette ainsi les bases d’un développement côtier, surtout redevable à la valeur
esthétique du territoire, sans grande considération des risques côtiers.
32 La zone côtière du Nouveau-Brunswick est devenue un lieu de villégiature et de résidence
et sa densification s’est accélérée au cours des dernières décennies (Noblet et Chouinard,
2014). On observe plusieurs nouveaux types de résidents, dont les professionnels dans le
domaine des services, les retraités, des professionnels travaillant en ville (p.ex. la grande
région de Moncton), mais souhaitant résider près de la mer, ainsi que des résidents
saisonniers, venant d’autres provinces, voire de l’étranger. Mais comme en témoigne cet
extrait, les villégiateurs ne viennent pas forcément de loin, dans la Péninsule acadienne -
les chalets en front de mer appartiennent souvent à des familles vivant à moins de 20 km
– et le changement de mode d’occupation du territoire est plutôt lié aux changements de
mode de vie et à la prospérité économique:
« Moi je dirais plutôt que c’est plutôt le mode de vie qui fait que l’on a
changé. Dans le sens que lorsque l’on s’est marié en 60, ils
commençaient seulement à bâtir des chalets. C’était pas la mode.
Alors les gens étaient plus à l’aise, et on a bâti des chalets. […] quand
vous commencerez à travailler dans une journée vous ferez ce qu’on
faisait dans un mois ou plus. Un mois le salaire c’était 125 $ [...] Le
mode de vie a tellement changé que ça nous a permis de faire des
choses [...] Ben partout où vous allez, vous allez voire des chalets sur
le bord des côtes. Sur l’île [Lamèque], il y en a partout. Il y en a sur le
long de la rivière. Je sais pas quel est le pourcentage, mais je sais pas
moi peut-être 20 ou 25% des gens qui ont un chalet. C’est-à-dire qui
ont une deuxième maison l’été. Ils déménagent. Comme nous on
déménage fin mai. On s’en va à 5 km d’ici. » (Répondant secteur
Shippagan 2012).
33 Cet engouement pour la zone côtière a provoqué une augmentation de la valeur des
terrains en zone côtière sur de nombreux secteurs, en particulier dans le sud-est favorisé
par la proximité du centre urbain du Grand-Moncton. Par exemple, sur le territoire de la
communauté de Cocagne, le prix des permis délivrés a triplé en dix ans, de 689 700 $ en
2001 à 2 164 500 $ en 2011 (Noblet et Chouinard, 2014)4. Il se manifeste aussi par une
densification de l’occupation côtière, comme à Shippagan, au cours des dernières
décennies (figure 11).
Figure 12. Effondrement d’un escalier d’accès à la plage à Carleton suite à l’érosion de la falaise.
37 Comme en France, l’engouement pour le littoral mène à une occupation de celui-ci qui
fait souvent fi des risques côtiers. Des habitations et infrastructures sont ainsi
régulièrement construites trop près de la côte. En ce sens, l’absence d’une législation
côtière contraignante au Nouveau-Brunswick – il existe seulement une politique
provinciale – ne facilite pas la tâche des urbanistes, qui ne peuvent que difficilement
refuser d’émettre des permis pour des constructions. Au contraire, plusieurs répondants
d’entrevues ont indiqué que « le retard dans l’application de la politique a créé une ruée de
construction près du littoral dans les zones côtières, les propriétaires voulant bâtir avant que la
règlementation ne les en empêche » (Nichols et al., 2006). Malgré l’ambition affichée de la
province lors de la création de cette politique de protection, le gouvernement du
Nouveau-Brunswick n’est pas parvenu à dépasser les intérêts économiques qui se jouent
autour des propriétés en zone côtière pour mettre en application cette politique à travers
une loi. Comme le rappelle un agent de la commission d’aménagement du comté de
Westmorland (entretien personnel, avril 2012) « la valeur des propriétés en bord de mer est
trop importante, pour les taxes que cela rapporte, la politique de protection n’est pas intéressante
». Selon une enquête menée par la direction de la CSR Kent, sur 93 projets de
construction acceptés entre 2007 et 2012 dans le territoire de la commission des services
régionaux de Kent, 37 (soit 2 sur 5) n’auraient jamais dû être acceptés. La conséquence de
ce développement est qu’une grande partie du littoral bâti doit être maintenant protégée
de l’érosion et des inondations marines. Au Nouveau-Brunswick, plus de 40% de la côte
est endiguée (Bérubé, n.d.). L’artificialisation du territoire est souvent une mesure
d’adaptation réactive, face à l’érosion et aux inondations en augmentation (figure 13),
mais est parfois aussi planifiée d’office pour de nouveaux types de développement côtiers
(Figure 14).
Figure 14. Les chalets du Havre, Richibuctou, construit sur de vieux débris de bran de scie.
39 Des observations très semblables peuvent être faites au Sénégal. Dans le Delta du Saloum,
la majorité des participants à l’enquête estime que les problématiques environnementales
sont sévères, que les changements climatiques ont une influence sur leurs activités
génératrices de revenus ou de moyens de subsistance (Lacoste-Bédard et al., 2016). Les
résidents de tous les villages ont observé des signes d’avancées de la mer et d’érosion:
40 Comme au Canada, la mémoire collective permet de constater que ces changements sont
perçus comme inhabituels. Les villageois observent ainsi des changements graduels
ponctués d’évènements (vent, vagues) qui accentuent l’érosion côtière, que les anciens
n’avaient pas observés (B. Fall, dans Lacoste-Bédard et al., 2016).
41 Cependant, l’attribution des changements environnementaux aux changements
climatiques n’est pas évidente, ni pour les résidents, ni d’ailleurs pour les experts. Même
si les liens entre les causes et les effets constatés ne semblent peut-être pas évidents, au
Nouveau-Brunswick, les résidents s’attendent à affronter de plus en plus de perturbations
et de modifications environnementales dans les prochaines années, même si les liens de
cause à effet ne sont pas clairs pour eux (Guillemot et al., 2014; Rabeniaina et al., 2014).
Dans le Delta du Saloum par exemple, la rupture de la langue de Sangomar en 1987 a
exposé plusieurs villages à l’influence directe de l’océan et accéléré l’érosion côtière. La
Discussion
44 Un des enseignements principaux de cette comparaison est que, pour les trois territoires,
des trajectoires historiques distinctes ont mené à un développement de plus en plus
dense et de plus en plus proche de la côte, générant nette augmentation de la
vulnérabilité plus importante des zones côtières (tableau 3).
Zone Évolution
Évolution économique Vulnérabilité
côtière démographique
Dommages côtiers en
augmentation et coûts
Forte augmentation de la Essor de l’économie
publics très lourds dans un
population depuis le 19 e résidentielle, du
contexte de raréfaction de
siècle et encore tourisme, des résidences
l’argent public. D’où une
aujourd’hui. secondaires. Secteur très
politique actuelle de
Densification, attractif et dynamique
France relocalisation prônée par
« gentrification », économiquement
l’État qui par ailleurs
urbanisation très (tertiaire dont tourisme,
décentralise vers les
consommatrice d’espaces mais déclin de la pêche,
communes et les
(beaucoup de résidences de l’industrie et de
groupements de communes
secondaires) l’agriculture).
la gestion des ouvrages de
défense contre la mer
Augmente à cause de
facteurs naturels, de la
pression démographique et
Forte augmentation de la La pêche et l’agriculture du développement côtier
population à Dakar et sur restent les principales rapide et non contrôlé,
la petite côte, migration activités, mais en crise à développement en zone à
de l’intérieur vers la côte cause de la surpêche et risque par manque de
Sénégal
en partie lié à la de la salinisation des territoire, de moyens
sécheresse et à la sols. financiers, de
géopolitique (Charles- Tourisme dans certains connaissances et surtout
Dominique, 2011). secteurs. par manque d’application
et de respect de la
législation et des plans
d’urbanisme
Certains secteurs
dévitalisés suite à Déclin des activités Augmente à cause du
l’effondrement des stocks traditionnelles (pêche, développement résidentiel
de poissons et le déclin de foresterie, agriculture), proche du littoral, absence
Nouveau- l’activité forestière, transition vers une de législation et pression
Brunswick d’autres secteurs en société de services foncière importante,
et Gaspésie croissance à travers la (tourisme), influence des enrochements et
villégiature, les centres urbains et de la artificialisation des côtes
résidences secondaires, le plus grande mobilité nuisent aux écosystèmes
tourisme et l’étalement individuelle (automobile) côtiers et leurs services
urbain
46 Différents facteurs mènent aux changements d’usage de la côte. Dans les territoires
étudiés, on peut citer le développement des modes de transport, le développement du
tourisme, l’urbanisation et la périurbanisation, l’épuisement des ressources naturelles
(ressources halieutiques, forêts côtières au Canada), les changements environnementaux
(par exemple au Sénégal), ou de manière générale les transformations de la société
(tertiarisation de l’économie, une agriculture plus intensive sur une superficie plus petite,
vieillissement de la population, émergence d’une société de loisirs, etc.). Dans un système
socio-écologique, toutes ces dynamiques sont interreliées et interagissent avec la
dynamique côtière, menant dans les cas étudiés à une plus grande vulnérabilité des zones
côtières. Étant donné les trajectoires historiques différentes des littoraux français,
sénégalais ou canadiens, on constate des différences dans les facteurs influençant
l’occupation du territoire côtier, mais aussi de nombreux points communs, tels que le
développement du tourisme, l’exode rural, l’urbanisation puis périurbanisation côtière,
etc.
Tourisme
49 L’essor du tourisme côtier depuis environ un siècle pour le Canada et la France et un peu
moins pour le Sénégal, peut être, lui aussi, considéré comme un facteur d’augmentation
Figure 16. Terrain de construction à vendre dans une zone inondée lors de la tempête de 2010 dans
le sud-est du Nouveau-Brunswick.
51 Il a souvent été remarqué qu’autrefois, les zones à risque de submersion n’étaient pas ou
peu développées et que leur occupation humaine est un fait assez récent. Ainsi, la ville
romaine de Londres était entièrement construite au-dessus de la ligne de 5 m et ce n’est
qu’à partir du 17e siècle, grâce à l’intervention d’ingénieurs néerlandais, que les terres
basses ont commencé à être poldérisées, menant à partir de la fin du 19e siècle à la
situation actuelle, où presque tout l’estuaire est anthropisé (Environment Agency, 2012).
De la même manière, une comparaison d’anciennes cartes de la Nouvelle-Orléans avec la
carte d’inondation de Katrina en 2005 montre que ce sont surtout les quartiers
développés au 20e siècle qui ont été inondés alors que le quartier français a été épargné
(Maret et Goeury, 2008; Weissenberger, 2015). Il est intéressant de noter que suite à
l’ouragan Katrina, on observe un redéploiement de l’urbanisme vers l’intérieur des terres
(Zaninetti, 2013).
52 Le changement démographique peut aussi provoquer une perte de cohésion sociale. Sur
la Petite Côte du Sénégal, les pêcheurs migrants sont très peu intégrés dans les structures
de prise de décision, même s’ils forment la majorité de la population. Ce clivage entre
natifs et nouveaux arrivants se fait sentir autant sur des questions de gestion des pêches
que sur la question de l’occupation du territoire (Noblet, 2015).
53 Au Nouveau-Brunswick, on observe également des conflits entre résidents de 1re et de 2 e
génération. À Pointe-du-Chêne et dans la communauté rurale de Beaubassin, certains
participants aux focus groups (Rabeniaina, 2015) ont exprimé une préoccupation vis-à-vis
d’une fracture croissante entre les résidents nouveaux, parmi eux de nombreux retraités
et résidents temporaires, et les résidents permanents qui habitent le lieu depuis de
nombreuses années, comme en témoignent ces extraits:
54 Cette perte de cohésion se répercute aussi sur la vision de l’avenir de la zone côtière. Dans
les communautés de Cocagne, Grande-Digue ou Dundas, tout comme dans la péninsule
Acadienne, celui-ci est vivement discuté; certains répondants s’inquiètent d’un
développement incontrôlé, d’autres privilégient la croissance économique (Guillemot,
2014, 2015; Rabeniaina, 2015).
55 Dans la péninsule Acadienne, on constate également un vieillissement de la population
vivant en front de mer, résultant d’une double tendance: les plus jeunes quittent pour des
emplois hors région et les retraités restent ou s’installent sur le littoral. Cette situation
est un facteur additionnel de vulnérabilité pour cette population qui jusqu’à maintenant
mobilise beaucoup les réseaux familiaux d’entraide pour faire face aux tempêtes
(Guillemot et al., 2014).
56 La prise en compte effective des changements climatiques et des risques côtiers dans les
politiques publiques et dans l’aménagement du territoire est encore difficile et peu
aboutie que ce soit au Sénégal, au Canada ou en France (Meur-Férec et Rabuteau, 2014;
Noblet, 2015). Les législations ou leur application ne semblent pas à la mesure du défi. Au
Nouveau-Brunswick, il n’existe qu’une politique sans force de loi régissant le
développement côtier. Au Sénégal, la législation existante n’est pas adéquatement
appliquée. Au Québec, des politiques ont été mises en place, mais un manque de vision
commune des différents ministères impliqués limite leur effectivité (Noblet et al., 2016).
En France, des outils de gestion différents existent, répondant à différents objectifs
comme la prévention des risques naturels, la maitrise de l’urbanisation, la défense contre
la mer ou l’adaptation aux changements climatiques (Meur-Ferec et Rabuteau, 2014). La
législation et les outils d’aménagement sont pléthoriques, mais de grandes difficultés
d’application persistent.
57 Dans les trois pays, les décennies passées de développement côtier ont créé un fait
accompli, un patrimoine bâti fondamentalement vulnérable à la dynamique côtière
renforcée par les impacts des changements climatiques. La relative nouveauté de
l’identification du phénomène de changements climatiques, les incertitudes scientifiques
Conclusion
58 Dans les trois territoires étudiés, des dynamiques différentes, mais présentant de
nombreuses similitudes, ont mené à une augmentation de la vulnérabilité côtière. Les
trajectoires historiques sont déterminées par des facteurs environnementaux, sociaux,
économiques et culturels. De manière générale, à l’échelle mondiale, et dans les
territoires discutés ici, on observe des phénomènes de densification des enjeux bâtis près
du littoral, l’urbanisation, la péri-urbanisation, l’émergence des vocations touristiques et
résidentielles et la gentrification du littoral. Dans ce contexte, le développement des
transports a eu un effet structurant sur la côte en favorisant le rapprochement des
centres de population. Ce développement spatial coïncide avec un déclin du secteur
primaire et un développement du secteur tertiaire côtier, à travers notamment le
tourisme et la villégiature. Dans la plupart des cas, cette évolution mène à une situation
de risque plus élevé vis-à-vis des aléas météo-marins. La zone côtière devient ainsi encore
plus sensible aux impacts des changements climatiques et cette vulnérabilité est amenée
à s’accroitre dans les décennies à venir. La gestion actuelle des zones côtières peine à
réagir face à ces risques présents et futurs et reste souvent cantonnée dans une logique
d’adaptation réactive. Cependant, nos enquêtes et observations démontrent que les
résidents de la côte deviennent de plus en plus conscients de ces risques, aussi du fait
d’évènements extrêmes récents et des changements environnementaux observés. Dans le
contexte des changements climatiques, cette conscience du risque côtier pose aux
communautés côtières la question de la protection contre ces risques, et dans le moyen et
long terme, de l’adaptation et sans doute d’une nouvelle vision de l’aménagement des
côtes.
BIBLIOGRAPHIE
Agence National de la Statistique et de la Démographie (ANSD), 2014, Recensement Général de la
Population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Élevage, 2013, Rapport final.
Belliveau, J. E., 1991, Running Far In Story of Shediac, Hantsport, Lancelot Press Limited.
Berkes, F. et C. Folke (sous la dir. de), 1998, Linking Social and Ecological Systems: Management
Practices and Social Mechanisms for Building Resilience, New York, Cambridge University Press.
Bernatchez, P. et C. Fraser, 2012, Evolution of coastal defence structure and consequences for
beach width trends, Quebec, Canada, Journal of Coastal Research, 28, 1550‑1566.
Birkmann, J. (sous la dir. de), 2006, Measuring vulnerability to natural hazards: towards disaster
resilient societies, Tokyo, United Nations University Press, 523 p.
Bousso T., 1991, Exploitation des stocks dans l’estuaire et les bolongs du Sine-Saloum: évolution
depuis 20 ans, Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye (C.R.O.D.T.), Institut
de Recherche Agricole (I.S.R.A.), document scientifique n° 130, novembre, 130 p.
Cabantou A, A. Lespagnol et F. Péron, 2005, Les Français, la terre et la mer, Paris, Fayard, 902 p.
Charles-Dominique, E., A. Kane et A. Ba, 2011, La mise en place d’une gestion intégrée sur le
littoral d’Afrique de l’Ouest: associer gestion moderne et initiatives locales. Chap 10. Dans
Chouinard, O., J. Baztan, J.-P. Vanderlinden, 2011, Zones côtières et changement climatique – le
défi de la gestion intégrée, Québec, Presses de l’Université du Québec, 242 p.
Chauveau, J.-P., 1986, Une histoire maritime africaine est-elle possible? Historiographie et
histoire de la navigation et de la pêche africaine à la Côte Occidentale depuis le 15e siècle, Cahiers
d’Études Africaines, 101/102, 173–236.
Chouinard, O., J. Baztan et J.-P. Vanderlinden, 2011, Zones côtières et changement climatique – le
défi de la gestion intégrée, Québec, Presses de l’Université du Québec, 242 p.
Chouinard, O., S. Plante et G. Martin, 2006, Engagement des communautés face au changement
climatique: une expérience de gestion intégrée à Le Goulet et Pointe-du-Chêne au Nouveau-
Brunswick, VertigO – la revue en sciences de l’environnement, Vol7, no3, [En ligne] URL: http://
vertigo.revues.org/1912, DOI: 10.4000/vertigo.1912, consulté le 30 novembre 2016.
Chouinard, O., S. Plante et G. Martin, 2008, The community engagement process: a governance
approach in adaptation to coastal erosion and flooding in Atlantic Canada, Revue Canadienne des
Sciences Régionales 31, 507-520.
Cicin-Sain B. et R. W. Knecht, 1998, Integrated coastal and ocean management, concepts and
practices. Island press, Washington D.C., 518 p.
Corbin, A., 1988, Le territoire du vide, l’Occident et le désir de rivage 1750-1840, Paris,
Flammarion, 407 p.
Corlay, J.-P., 1995, Géographie sociale, géographie du littoral, Norois, 165, 247-265.
D’Ercole, R., 1994, Les vulnérabilités des sociétés et des espaces urbains, concepts, typologie,
mode d’analyse, Revue de Géographie Alpine, n° 4 spécial, 87-96.
D’Ercole, R. et P. Pigeon, 1999, L’expertise internationale des risques dits naturels: intérêt
géographique, Annales de géographie, 608, 339-357.
D’Ercole, R. et P. Metzger, 2011, Les risques en milieu urbain: éléments de réflexion, EchoGéo, 18,
[En ligne] URL: http://echogeo.revues.org/12640, DOI: 10.4000/echogeo.12640, consulté le 30
novembre 2016.
Daigle, R., 2006, Impacts de l’élévation du niveau de la mer et du changement climatique sur la
côte sud-est du Nouveau-Brunswick, Rapport du projet recherche pilote d’Environnement
Canada.
Deprest, F., 1997. Enquête sur le tourisme de masse: l’écologie face au territoire, Belin, Paris,
207 p.
Dia I. M. M., 2003, Elaboration et mise en ouvre d’un plan de gestion intégrée: La Réserve de
biosphère du delta du Saloum, Sénégal, UICN, Gland, Suisse et Cambridge, Royaume-Uni. xiv +
130 p.
Diagne, B., 2014, Dynamiques climatique et sédimentaire: impacts sur l’évolution des littoraux
sableux des localités de Palmarin à Djiffère, de Dionewar et de Sangomar, Thèse de doctorat,
École Doctorale Eau Usages et Qualité de l’Eau (EDEQUE), 282 p.
Diouf, P. S., 1996, Les peuplements de poissons des milieux estuariens de l’Afrique de l’Ouest:
l’exemple de l’estuaire hyperhalin du Sine-Saloum, Thèse de doctorat, Université de Monpellier
II, Paris, 267 p.
Durand, P., B. Anselme etY.-F. Thomas, 2010, L’impact de l’ouverture de la brèche dans la langue
de Barbarie à Saint-Louis du Sénégal en 2003: un changement de nature de l’aléa inondation?
Cybergeo, [En ligne] URL: http://cybergeo.revues.org/23017, DOI: 10.4000/cybergeo.23017.
consulté le 30 novembre 2016.
Economics and Social Affairs Department (ESAD), 2015, 2015 Revision of World Population
Prospects, United Nations.
Environment Agency, 2012, Thames Estuary 2100 - Managing flood risk through London and the
Thames estuary, 226 p.
Erchinger, H. F., 2001, Geschichte des Deichbaus in Ostfriesland. Protokoll der Sitzung vom 22.
Juni, Thema: Geschichte des Deichbaus in Ostfriesland.
Forbes, D. L, G. S. Parkes et L. A. Ketch, 2006, Sea level rise and regional subsidence in
southeastern New Brunswick, dans: R. Daigle and Project Research Team (Eds), Impacts of Sea-
Level Rise and Climate Change on the Coastal Zone of Southeastern New Brunswick, Environment
Canada. 613 p.
Faye, G., 2016, Impacts des modifications récentes des conditions climatiques et
océanographiques dans l’estuaire du Saloum et se régions de bordures (Sénégal), Thèse de
doctorat, École Doctorale Eau Usages et Qualité de l’Eau (EDEQUE), 597 p.
Gallopin, G. C., 2006, Linkages between vulnerability, resilience and adaptive capacity, Global
environmental change, 16, 293-303.
Gilbert, C., 2009, La vulnérabilité: une notion vulnérable? À propos des risques naturels, dans: S.
Becerra, A. Peltier, Risques et Environnement: recherches interdisciplinaires sur la Vulnérabilité
des sociétés, Paris, L’Harmattan, pp. 23-40.
Grinsted, A., J. C. Moore et S. Jevrejeva, 2010, Reconstructing sea level from paleo and projected
temperatures 200 to 2100 AD, Clim. Dyn., 34, 461–472.
Guillemot, J., 2014, Gestion des risques côtiers et émergence de réseaux d’acteurs dans la
Péninsule acadienne (Nord-Est du Nouveau-Brunswick), Actes du colloque international
Connaissance et Compréhension des Risques Côtiers (COCORISCO): Aléas, Enjeux,
Représentations, Gestion 3-4 juillet 2014 IUEM, Brest, 12 p.
Guillemot, J., E. Mayrand, J. Gillet et M. Aubé, 2014, La perception du risque et l’engagement dans
des stratégies d’adaptation au changement climatique dans deux communautés côtières de la
péninsule acadienne, VertigO – la revue en sciences de l’environnement, Vol14, no2, [En ligne] URL:
http://vertigo.revues.org/15164, DOI: 10.4000/vertigo.15164. consulté le 30 novembre 201.
Hénaff, A. (Éd.), 2014, Gestion des risques d’érosion et de submersion marines: guide
méthodologique, 152 p.
Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), 2015, Parc de résidences
principales, secondaires ou logements vacants en habitat collectif ou individuel en 2015.
Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC), 2013, Climate Change 2013: The Physical
Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fifth Assessment Report of the
Intergovern- mental Panel on Climate Change, Stocker, T.F., D. Qin, G.-K. Plattner, M. Tignor, S.K.
Allen, J. Boschung, A. Nauels, Y. Xia, V. Bex, P.M. Midgley (eds.), Cambridge University Press,
Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA, 1535 p.
Islam, M., S. Sallu, K. Hubacek et J. Paavola, 2013, Vulnerability of fishery-based livelihoods to the
impacts of climate variability and change: insights from coastal Bangladesh, Reg. Environ. Change.,
DOI 10.1007/s10113-013-0487-6.
Jevrejeva, S., J. C. Moore et A. Grinsted, 2010, How will sea level respond to changes in natural and
anthropogenic forcings by 2100? Geophys. Res. Lett., 37, L07703.
Jouzel, J. (sous la dir.), 2015, Le climat de la France au XXIe siècle. Volume 5: Changement
climatique et niveau de la mer: de la planète aux côtes françaises. S. Planton, G. Le Cozannet, A.
Lambert, M.-E., 2013, À travers le pare-brise: la création des territoires touristiques à l’ère de
l’automobile (Québec et Ontario, 1920-1967), Thèse de doctorat, Université de Montréal, 358 p.
Leroux, S., 2005, Pêche et territoires littoraux au Sénégal, Thèse de doctorat de géographie,
Université de Nantes.
Mbow C., O. Mertz, A. Diouf, K. Rasmussen et A. Reenberg, 2008, The history of environmental
change and adaptation in eastern Saloum-Senegal-Driving forces and perceptions, Global
Planetary Change, 64, 210-221.
Mathieu, K., 2008, Évolution du marais de la baie de Kamouraska: l’effet de coincement, Essai
présenté à l’Université Laval, faculté de Foresterie et de Géomatique, département de
Géographie, Québec, 51 p.
Meur-Ferec, C., P. Deboudt et V. Morel, 2008, Coastal Risks in France: An Integrated Method for
Evaluating Vulnerability, Journal of Coastal Resarch, 24, 178–189.
Meur-Ferec, C. et V. Morel, 2004, L’érosion sur la frange côtière: un exemple de gestion des
risques, Natures Sciences et Sociétés, 12, 263-273.
Mineo-Kleiner, L. et C. Meur-Ferec, 2016, Relocaliser les enjeux exposés aux risques côtiers en
France: points de vue des acteurs institutionnels, VertigO – la revue en sciences de l’environnement,
Vol16, no2, [En ligne] URL: http://vertigo.revues.org/17656, DOI: 10.4000/vertigo.17656, consulté
le 14 décembre 2016.
Ministère des Transports et des Travaux publics des Pays-Bas, 1990, Le Plan Delta, sécurité et
protection de l’environnement, 32 p.
Ndiaye, I., 2015, Étalement urbain et différenciation sociospatiale à Dakar (Sénégal), Cahiers de
géographie du Québec, 59, 47-69.
Ndour, N., S. Dieng et M. Fall, 2011, Rôles des mangroves, modes et perspectives de gestion au
Delta du Saloum (Sénégal), VertigO – la revue en sciences de l’environnement, Vol11, no3, [En ligne]
URL: http://vertigo.revues.org/11515, DOI: 10.4000/vertigo.11515, consulté le 30 novembre 2016.
Nicholls, R.J. et R.J.T. Klein, 2005, Climate change and coastal management on Europe’s coast.
Managing European Coasts: Past, Present and Future, J.E. Vermaat, L. Bouwer, K. Turner, W.
Salomons (dir.), Springer, Environmental Science Monograph Series, pp. 199-226.
Observatoire national de la Mer et du Littoral, 2012, Prix des terrains à bâtir sur le littoral
métropolitain en 2012 et évolution depuis 2006.
Paysage de Grand-Pré, n.d., Les Acadiens et la création du marais 1680 -1755, [En ligne] http://
www.paysagedegrand-pre.ca/les-acadiens-et-la-creacuteation-du-marais-1680--1755.html,
consulté le 30 novembre 2016.
Perthuis, C., 2015, Adaptation des communautés côtières au changement climatique: la culture du
risque à travers l’approche historique des tempêtes, Mémoire de Stage, UMCS, Rennes 1.
Plante, S., O. Chouinard et G. Martin, 2011, Gouvernance participative par l’engagement citoyen à
l’heure des changements climatiques: Études de cas à Le Goulet, Pointe-du-Chêne et Bayshore
Drive (Nouveau-Brunswick), Territoire en mouvement, 11, [En ligne] URL: http://
tem.revues.org/1234, DOI: 10.4000/tem.1234, consulté le 30 novembre 2016.
Piya L., L. M. Keshav et N. P. Joshi, 2012, Vulnerability of rural households to climate change and
extremes: Analysis of Chepang households in the Mid-Hills of Nepal, Paper presented at the
International Association of Agricultural Economists (IAAE) Triennial Conference, Foz do Iguaçu,
Brazil, 18-24 August, 2012.
Pouvreau, N., 2009, Trois cents ans de mesures marégraphiques en France: outils, méthodes et
tendances des composantes du niveau de la mer au port de Brest, Thèse de doctorat, Université
de La Rochelle, 468 p.
Productions Vic Pelletier (PVP), n.d., Le scandale de la Baie-des-Chaleurs. [En ligne] URL: http://
www.histoiresoubliees.ca/article/le-scandale-de-la-baie-des-chaleurs, consulté le 30 novembre
2016.
Rabeniaina, T. R., 2015, Les dynamismes sociaux et les apprentissages mutuels des communautés
côtières face aux enjeux environnementaux et de la gouvernance locale: études de cas de deux
territoires du Sud-Est du Nouveau-Brunswick, thèse de maitrise, Université de Moncton.
Reghezza, M., 2006, La vulnérabilité: un concept problématique, dans: F. Leone, F. Vinet (sous la
dir. de) La vulnérabilité des sociétés et des territoires face aux menaces naturelles, Collection
Géorisques 1, pp. 35-39.
Réseau Veille Tourisme (RVT), 2007, Provenance géographique des Américains au Québec, selon
leur mode de transport. [En ligne] URL: http://veilletourisme.ca/2007/07/31/provenance-
geographique-des-americains-au-quebec-selon-leur-mode-de-transport/, consulté le 30
novembre 2016.
Sarr, O., 2005, Aire marine protégée, gestion halieutique, diversification et développement local:
le cas de la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (Sénégal), Thèse de doctorat, École
Doctorale des Sciences de la Mer, Université de Bretagne Occidentale, 244 p.
Schaeffer, M., W. Hare, S. Rahmstorf et M. Vermeer, 2012, Long-term sea-level rise implied by
1.5 °C and 2 °C warming levels, Nature Climate Change, 2, 867–870.
Brunswick, VertigO – la revue en sciences de l’environnement, Vol13, no1, [En ligne] URL: http://
vertigo.revues.org/13482, DOI: 10.4000/vertigo.13482, consulté le 30 novembre 2016.
Vermeer, M. et S. Rahmstorf, 2009, Global sea level linked to global temperature, Proc. Natl. Acad.
Sci. U.S.A., 106, 21 52721 532.
Vincent, K., 2004, Creating an index of social vulnerability to climate change for Africa, Tyndall
Centre Working Paper No. 56.
Wöppelmann, G., B. Martin Miguez et R. Créach, 2008, Tide gauge records at Dakar, Senegal
(Africa): Towards a 100-year consistent sea level time series? European Geophysical Union ,
General Assembly, Vienna, Austria, April 13-18.
Wong, P. P., I. J. Losada, J.-P. Gattuso, J. Hinkel, A. Khattabi, K. L. McInnes, Y. Saito et A. Sallenger,
2014, Coastal systems and low-lying areas, dans: C. B. Field, V. R. Barros, D. J. Dokken, K. J. Mach,
M. D. Mastrandrea, T. E. Bilir, M. Chatterjee, K. L. Ebi, Y. O. Estrada, R. C. Genova, B. Girma, E. S.
Kissel, A. N. Levy, S. MacCracken, P. R. Mastrandrea, L. L. White (sous la dir. de) Climate Change
2014: Impacts, Adaptation, and Vulnerability. Part A: Global and Sectoral Aspects. Contribution of
Working Group II to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate
Change, Cambridge, New York, Cambridge University Press, pp. 361-409.
NOTES
1. Projet OSIRISC « Vers un observatoire intégré des risques côtiers d’érosion submersion ».
Fondation de France (2015-18).
Projet COCORISCO (Connaissance et Compréhension des Risques Côtiers), Agence Nationale de la
Recherche Changements Environnementaux Planétaires et Sociétés. (2011-14).
Projet ADAPTALITT (capacités d'adaptation des sociétés littorales aux phénomènes d'érosion –
submersion des côtes en prise avec les changements climatiques) du programme GICC (Gestion et
impacts du changement climatique), Ministère chargé de l’Environnement (2009-12).
Projet MISEEVA (Marine Inundation hazard exposure modelling and Social, Economic and
Environmental Vulnerability Assessment in regard to global changes) de Agence Nationale de la
Recherche Vulnérabilité Milieux et Climat (2007-11).
Projet PNEC (Programme National d'Environnement Côtier) La vulnérabilité des territoires côtiers:
évaluation, enjeux et politiques publiques (2002-04).
2. Les résidences secondaires sont très nombreuses en France qui détient un record mondial dans
ce domaine. Si on compte 250 000 résidences secondaires en France avant la seconde guerre
mondiale, elles sont plus de 3 millions en 2015, et représentent plus de 10% des logements du
pays (INSEE, 2015).
3. Parc National du Delta du Saloum (76 000 hectares) en 1976, Réserve de Biosphère du Delta du
Saloum (334 000 hectares) en 1981, site Ramsar (73 000 hectares) en 1984, Aire Marine Protégée
Communautaire du Bamboung (6 800 hectares) en 2004 et inscription à la Liste du patrimoine
mondial de l’UNESCO en 2011.
4. Source: Permis délivré pour la communauté de Cocagne, Commission d’Aménagement de Kent,
Nouveau-Brunswick, Canada. 2012.
RÉSUMÉS
La vulnérabilité des zones côtière aux impacts des changements climatiques et aux aléas météo-
marins (tempêtes, inondations, etc.) résulte conjointement de dynamiques liées au milieu naturel
et à l’élément humain et social qui façonnent le système socio-écologique. Pour tenir compte de
cette dualité, des approches théoriques ont été développées, telles que le couple exposition/
sensibilité dans le développement d’indices de vulnérabilité climatique ou le couple aléa/enjeux
dans le domaine de la gestion du risque. Souvent, ces approches ne s’appliquent que de manière
instantanée et n’intègrent pas, entre autres, l’historique du territoire et l’évolution temporelle de
la vulnérabilité. Nous nous intéressons ici à la dimension historique de la vulnérabilité, c’est à
dire comment l’aménagement et l’utilisation du territoire ont contribué à créer une
vulnérabilité. Nous décrirons comment la vulnérabilité aux changements climatiques de certains
territoires côtiers en France, au Sénégal et dans l’Est du Canada est déterminée par l’évolution de
l’aménagement du territoire, lui-même fonction de facteurs démographiques, économiques,
environnementaux, sociaux et culturels qui se sont mis en place sur différentes échelles de
temps, séculaires pour certains, récentes pour d’autres. Nous constatons que différentes
trajectoires historiques, p. ex. le développement du tourisme côtier, l’ouverture du territoire à
travers des nouveaux modes de transport, l’évolution d’activités économiques côtières comme la
pêche, ou encore les changements démographiques résultant de conditions climatiques difficiles
dans l’hinterland peuvent rendre un territoire sensible aux impacts des changements climatiques
et des aléas météo-marins. La synergie entre ces différentes transformations du territoire côtier
et les changements climatiques actuels et attendus, donne le portrait d’une vulnérabilité en
constante transformation.
The vulnerability of coastal zones to the impacts of climate change and risks is the result of the
synergy of natural and human impacts on the natural environment, which together create a
vulnerable socio-ecological system. In order to account for that duality, theoretical approaches
such as the exposition/sensitivity or risk/hazard couples have been developed for the evaluation
of climate vulnerability indices or in risk management. Often, these approaches are only
implemented in a punctual manner and do not integrate the historical evolution of the territory
and of its vulnerability. Here, we address the historical dimension of vulnerability, that is how
the planning, use and vocation of the territories have contributed to create vulnerability. We will
describe how the climate vulnerability of certain territories in France, Senegal and Atlantic
Canada is determined by the evolution of land use, of demographic, economic, environmental,
social and cultural aspects that evolve on different time scales, secular in some cases, more
recent in others. It can be observed that different historical trajectories, e.g. the development of
coastal tourism, the opening of the territory through new transport means, the evolution of
coastal activities such as fishing or demographic change resulting from adverse climatic
conditions in the hinterland can make a territory vulnerable to the impacts of climate change
and hazards. The synergy between these different transformations of the coastal zone and the
new element of climate change draw the portrait of a constantly evolving vulnerability.
INDEX
Mots-clés : changements climatiques, augmentation du niveau de la mer, développement côtier,
risque, aléa, vulnérabilité, adaptation, perception
Keywords : climate change, sea level rise, coastal development, risk, hazard, vulnerability,
adaptation, perception
AUTEURS
SEBASTIAN WEISSENBERGER
MÉLINDA NOBLET
STEVE PLANTE
OMER CHOUINARD
JULIE GUILLEMOT
MÉLANIE AUBÉ
CATHERINE MEUR-FÉREC
ÉLISABETH MICHEL-GUILLOU
NDICKOU GAYE
ALIOUNE KANE
COURA KANE
AWA NIANG
AICHETOU SECK