Evolution de La Vulnérabilités

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[VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement

Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la


vulnérabilité côtière au fil du temps : comparaison de territoires
français, canadien et sénégalais
Climate change, coastal development and vulnerability: a comparison
of French, Canadian and Senegalese territories
Sebastian Weissenberger, Mélinda Noblet, Steve Plante, Omer Chouinard , Julie
Guillemot, Mélanie Aubé, Catherine Meur-Férec, Élisabeth Michel-Guillou,
Ndickou Gaye, Alioune Kane, Coura Kane, Awa Niang and Aichetou Seck

Vulnérabilités environnementales : perspectives historiques Article abstract


Volume 16, Number 3, December 2016 The vulnerability of coastal zones to the impacts of climate change and risks is the
result of the synergy of natural and human impacts on the natural environment,
URI: https://id.erudit.org/iderudit/1039982ar which together create a vulnerable socio-ecological system. In order to account for
that duality, theoretical approaches such as the exposition/sensitivity or risk/hazard
See table of contents couples have been developed for the evaluation of climate vulnerability indices or in
risk management. Often, these approaches are only implemented in a punctual
manner and do not integrate the historical evolution of the territory and of its
vulnerability. Here, we address the historical dimension of vulnerability, that is how
Publisher(s) the planning, use and vocation of the territories have contributed to create
Université du Québec à Montréal vulnerability. We will describe how the climate vulnerability of certain territories in
Éditions en environnement VertigO France, Senegal and Atlantic Canada is determined by the evolution of land use, of
demographic, economic, environmental, social and cultural aspects that evolve on
different time scales, secular in some cases, more recent in others. It can be observed
ISSN
that different historical trajectories, e.g. the development of coastal tourism, the
1492-8442 (digital) opening of the territory through new transport means, the evolution of coastal
activities such as fishing or demographic change resulting from adverse climatic
Explore this journal conditions in the hinterland can make a territory vulnerable to the impacts of climate
change and hazards. The synergy between these different transformations of the
coastal zone and the new element of climate change draw the portrait of a constantly
evolving vulnerability.
Cite this article
Weissenberger, S., Noblet, M., Plante, S., Chouinard, O., Guillemot, J., Aubé, M.,
Meur-Férec, C., Michel-Guillou, É., Gaye, N., Kane, A., Kane, C., Niang, A. & Seck, A.
(2016). Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la
vulnérabilité côtière au fil du temps : comparaison de territoires français, canadien et
sénégalais. [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement, 16 (3).

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 1

Changements climatiques,
changements du littoral et
évolution de la vulnérabilité
côtière au fil du temps :
comparaison de territoires français,
canadien et sénégalais
Climate change, coastal development and vulnerability : a comparison of French,
Canadian and Senegalese territories

Sebastian Weissenberger, Mélinda Noblet, Steve Plante, Omer


Chouinard, Julie Guillemot, Mélanie Aubé, Catherine Meur-Férec,
Élisabeth Michel-Guillou, Ndickou Gaye, Alioune Kane, Coura Kane, Awa
Niang et Aichetou Seck

Introduction et cadre théorique


1 Depuis l’ère paléolithique, les zones côtières ont revêtu un intérêt particulier pour les
humains, en tant que lieux de peuplement, d’échanges, de passages, ou générateurs de
ressources. Aujourd’hui, la zone littorale figure parmi les espaces les plus densément
peuplés de la Terre. Selon McGranahan et al. (2007, dans Wong et al., 2014), 600 millions
de personnes, soit 10% de la population mondiale habiterait dans des zones côtières de
faible élévation; 65% des agglomérations de plus de cinq millions d’habitants y seraient
localisées. La densification du territoire côtier depuis la seconde moitié du 18 e siècle a été
qualifiée d’haliotropisme par Corlay (1995), et s’est accélérée depuis la seconde moitié du
20e siècle. Cette densification du peuplement du littoral a également fait augmenter la
vulnérabilité des populations côtières (Meur-Férec, 2008). La population mondiale

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 2

exposée au risque de submersion d’une marée centennale (c’est à dire avec une
probabilité de 1 sur 100 de se produire dans une année donnée) a presque doublé entre
1970 et 2010 pour se chiffrer à environ 270 millions de personnes (Jongman et al., 2012,
dans Wong et al., 2014).
2 Dans cet article, nous voulons aborder la dimension historique des risques côtiers
résultant des aléas météo-marins, c’est à dire de l’érosion côtière et de la submersion
marine et dans quelle mesure la vulnérabilité des communautés côtières est déterminée
par le développement passé et futur, et ce dans un contexte de changements climatiques
tendant à accroitre la fréquence et l’amplitude de ces aléas. Ces risques côtiers en lien
avec l’occupation humaine des côtes ne sont évidemment pas nouveaux. Il existe des
exemples historiques de villes entières qui ont été submergées en mer du Nord, comme la
ville de Runghold en Allemagne engloutie lors de la tempête exceptionnelle de 1362 (la «
grote mandrenke » ou « grande noyade »), longtemps considérée comme une légende et
dont les vestiges ont été retrouvés seulement dans les années 1920-1930, ou encore
Dunwich, grand port et capitale du royaume d’Est-Anglie, précipitée dans la mer avec ses
huit églises et centaines de maisons sous l’effet de l’érosion causée par une série de
tempêtes entre 1286 et 1362. Plus récemment, la tempête du 1er février 1953 en Mer du
Nord a entrainé des surcotes marines atteignant trois mètres, et causé la mort de milliers
de personnes aux Pays-Bas et en Angleterre. La protection contre la mer est devenue en
conséquence une préoccupation dès que des populations se sont installées en zones
côtières. La poldérisation de marais maritimes, pratiquée dès le 11e siècle en Europe pour
gagner des terres agricoles a été à l’origine des premiers systèmes de défense, constitués
de simples levées de terres ou de digues maçonnées, ou de la pratique encore plus
ancienne des fermes ou villages établis sur des monticules artificiels (terpen aux Pays-Bas,
Warften en Allemagne). La construction de l’« Anneau d’Or », réseau de digues encerclant
l’ensemble de la côte de la mer du Nord, a été achevée en 1300 (Erchinger, 2001). Au sud-
ouest des Pays-Bas, suite à la catastrophe de 1953, l’État a lancé le « plan delta », une
construction unique au monde de barrages contre la mer se fermant automatiquement en
cas de surcote marine (Ministère des Transports et des Travaux publics des Pays-Bas,
1990). Cette même tempête a aussi été à l’origine de la planification de la barrière de la
Tamise (Environment Agency, 2012).
3 Au Canada français, l’aménagement des côtes est également présent à travers les digues
acadiennes des 17e et 18e siècles ou des aboiteaux construits dans la baie de Kamouraska
entre 1937 et 1980, là aussi pour gagner des terrains agricoles (Mathieu, 2008). Les
Acadiens étaient des pionniers dans la culture intense des terres situées en dessous du
niveau de la mer, leur conférant le sobriquet de « défricheurs d’eau » (Paysage de Grand-
Pré, n.d.).
4 L’aménagement humain, ou anthropisation de la côte peut représenter un élément
renforçant la vulnérabilité face aux aléas en influençant la dynamique du système côtier.
La zone côtière est un milieu dynamique qui évolue avec le temps, suivant les cycles
saisonniers, les marées et des modifications à plus long terme. L’érosion et les
submersions temporaires sont des phénomènes naturels auxquels les écosystèmes côtiers
sont adaptés. Les plages, dunes, marais et autres écosystèmes se reconstituent
constamment et maintiennent leur morphologie et fonctionnalité. Toutefois, le
développement des ouvrages de défense côtière et des enjeux bâtis comme les routes et
bâtiments, réduit la faculté de ces écosystèmes côtiers de reculer et se maintenir – à plus
forte raison en prenant en compte l’augmentation accélérée actuelle du niveau de la mer

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– et mène à une perte nette de superficie d’écosystèmes et de services écosystémiques,


parmi lesquels figure la protection contre les risques naturels. Sur la côte Est du Nouveau-
Brunswick, de même que sur les côtes de l’estuaire et golfe du Saint-Laurent, la
compression côtière (aussi connu sous resserrement côtier ou coastal squeeze) menace à
moyen et long terme une partie substantielle des plages et marais côtiers (S. Jolicoeur,
webinaire, 2016; Bernatchez et Fraser, 2012).
5 Le cadre théorique de notre analyse repose sur les concepts de vulnérabilité aptes à allier
les éléments hydrométéorologiques – les aléas, impactés par les changements climatiques
- et les éléments d’aménagements du littoral (ouvrages de défense contre la mer et enjeux
bâtis), prenant ainsi en compte les facteurs naturels et anthropiques. Le concept de
système socio-écologique inclut ces perspectives dans une vision plus large permettant de
rendre compte des interactions et rétroactions entre ces éléments et de l’évolution
temporelle du territoire côtier. Dans l’analyse de la vulnérabilité, les notions d’exposition,
de sensibilité et de capacité d’adaptation sont fréquemment utilisées, de même que le
binôme aléa/enjeux en gestion du risque.
6 L’augmentation du niveau de la mer est une réalité planétaire et reconnue dans les trois
territoires à l’étude. En moyenne, le niveau de la mer a augmenté de 19 cm entre 1901 et
2010, à un rythme s’accélérant (IPCC, 2013). D’ici la fin du siècle, l’augmentation
atteindrait 0,26 à 0,98 m selon les projections du GIEC et en fonction des différents
scénarios d’émissions (IPCC, 2013), et même plus selon des modèles semi-empiriques:
0,98-1,6 m (Vermeer et Rahmstorf, 2009), 0,91-1,32 m (Grinsted et al., 2010), 0,87-1,40 m
(Jevrejeva et al., 2010), 057-1,24 m (Rahmstorf et al., 2012), 0,58-1,05 (Schaeffer et al.,
2012). En dernière conséquence, il s’agit surtout d’une question d’échelle de temps,
puisque l’augmentation se poursuivra pendant des siècles, voir millénaires, et atteindra
plusieurs mètres. Dans le golfe du Saint-Laurent, l’augmentation relative du niveau de la
mer a été plus prononcée que la moyenne mondiale, puisque s’y ajoute la subsidence du
continent, conséquence lointaine de la dernière déglaciation. L’augmentation mesurée
par les marégraphes depuis le début du 20e siècle s’échelonne ainsi entre 0,23 m à
Escuminac au Nouveau-Brunswick à 0,32 à Charlottetown à l’Île du Prince Édouard
(Daigle, 2006; Forbes et al., 2006). Plus au nord, sur la Côte-Nord du Saint-Laurent,
l’élévation isostatique compense l’augmentation du niveau de la mer (Bernatchez et al.,
2008). Le littoral français, n’étant pas assujetti au réajustement isostatique, subit une
hausse du niveau marin plus uniforme et proche de la moyenne mondiale, quoique
légèrement inférieur. Ainsi, le marégraphe de Brest, en Bretagne (à une centaine de km
d’Île Tudy) montrait encore une faible baisse du niveau de la mer au 19e siècle (-0,09 ± 0,15
m/an entre 1807 et 1890), mais une augmentation lors du 20e siècle (1,30 ± 0,15 mm/an
entre 1890 et 1980), qui s’est accéléré au cours des dernières décennies (3,00 ± 0,50 entre
1980 mm/an et 2004) (Pouvreau, 2009; Wöppelmann et al., 2006 dans Jouzel, 2015). Les
données de Dakar existent sous forme fragmentaire depuis 1889 et suggèrent une
élévation moyenne du niveau de la mer de 1,41 (0,20 mm/an entre 1901 et 2003)
(Wöppelmann et al, 2008)
7 Le concept de système socio-écologique, ou éco-sociosystème s’est développé à partir des
années 1990 en réponse à un besoin dans le contexte du développement durable et des
problèmes environnementaux globaux, d’instituer un nouveau cadre d’analyse de
l’interaction entre l’humain et les systèmes naturels (Berkes et Folkes, 1998; Cicin-Sain et
Knecht, 1998; Gallopin, 2006; Turner et al., 2003). Ce concept est défini comme un système
qui intègre les sous-systèmes sociaux (humain) et écologiques (biophysique) en

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interaction mutuelle (Gallopin, 2006). L’approche des systèmes socio-écologiques est bien
adaptée à la prise en compte de l’historicité de la vulnérabilité. Dans cette approche, la
vulnérabilité est au point de départ de l’analyse et est considérée comme une propriété
inhérente au système (O’Brien et al., 2004; Piya et al., 2012). Dans l’approche de système
socio-écologique développée pour étudier les impacts des changements climatiques, la
sensibilité est constituée des caractéristiques inhérentes à un tel système qui
conditionnent sa réponse à un stress climatique, qu’il s’agisse d’événements ponctuels ou
de transformations graduelles résultant des changements climatiques, comme la hausse
du niveau de la mer (Füssel et Klein, 2006). Dans le cadre d’analyse de la dynamique des
systèmes, le concept de « vulnérabilité systémique » (Hellequin et al., 2013; Meur-Ferec,
2006; Meur-Ferec et al, 2008), développé au début des années 2000 dans le cadre du
Programme national d’environnement côtier, permet d’intégrer les éléments naturels et
anthropiques dans un même système (Meur-Ferec et al., 2004, 2008) et d’estimer « la
fragilité d’un système dans son ensemble » (D’Ercole et Pigeon, 1999). Cette approche est
depuis utilisée en sciences sociales (Becerra et Peltier, 2009; Gilbert, 2009) et en
géographie (D’Ercole et Metzger, 2011; Pigeon, 2005). Hellequin et al (2013) distinguent
quatre composantes principales de la vulnérabilité systémique: (1) les aléas (ici les
phénomènes naturels, parfois influencés par l’action humaine, comme l’érosion des
falaises, la rupture des cordons dunaires, la submersion, etc.); (2) les enjeux (les
personnes et les biens exposés aux aléas); (3) la gestion (les politiques publiques de
prévention, de protection et de gestion de crise, les équipements de défense contre la
mer, etc.) et (4) la perception du risque (la conscience et la mémoire de celui-ci, les usages
et l’attachement aux lieux exposés, la connaissance des mesures de sauvegarde, etc.)
8 Depuis quelques années, l’analyse de la vulnérabilité par la communauté scientifique
travaillant sur l’adaptation aux changements climatiques reconnaît l’importance de la
nature des systèmes naturels et humains dans la détermination de la sensibilité et de la
capacité d’adaptation des communautés (Vincent, 2004; Islam et al., 2013), s’appuyant sur
des concepts déjà utilisés en analyse du risque (p. ex. D’Ercole, 1994; D’Ercole et Pigeon,
1999). On peut ainsi disséquer la vulnérabilité en trois composantes: l’exposition, la
sensibilité et la capacité d’adaptation (Nicholls et Klein, 2005). L’exposition réfère aux
facteurs climatiques, c’est à dire le degré de « stress climatique » que subit une unité
d’analyse (Heltberg et Bonch-Osmolovskiy, 2011), la sensibilité à la nature du territoire
(biogéophysique autant que du point de vue de l’occupation humaine) et la capacité
d’adaptation renvoient aux différents capitaux (humain, social, financier, scientifique,
technique, etc.) qui permettent aux communautés de faire face aux impacts d’aléas
climatiques. Cette approche est limitée dans le sens que le risque côtier y est lié
uniquement aux changements climatiques, alors que ce risque existe indépendamment
des changements climatiques, dès l’installation d’enjeux humains sur des côtes mobiles,
et qu’il est et sera aggravé par lui (Hénaff et al, 2013).
9 Souvent, en géographie ou en gestion des risques naturels, le risque est défini par
« risque= aléa + vulnérabilité́ » (Reghezza, 2006). Cette définition reflète le fait qu’un
« risque » n’existe que quand quelque chose ou quelqu’un (enjeux) est exposé aux effets
d’un aléa (dommages). En absence d’enjeux, résultant de l’occupation ou de l’utilisation
d’un territoire, il n’existe pas en soi de vulnérabilité vis-à-vis d’un aléa défini dans ce
contexte comme un événement naturel, comme le sont la submersion et l’érosion dans un
contexte côtier. Cette approche a cependant aussi été discutée, puisqu’elle dissocie aléas
« naturels » d’une part et vulnérabilité « sociale » de l’autre, et opèrent une dichotomie

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nature/société dans l’approche de la vulnérabilité qui va à l’encontre d’une vision


systémique nature/société (D’Ercole et Metzger, 2011; Hellequin et al., 2013).

Études de cas
10 Notre analyse reposera sur trois cas de terrain, en France, au Sénégal et au Canada. La
vulnérabilité aux changements climatiques de ces zones côtières a été bien documentée
(Birkmann, 2006; Chouinard et Plante, 2009; Chouinard et al., 2006, 2008, 2011, 2013, 2015;
Hénaff et al. 2013, 2014; Lacoste-Bédard et al., 2016; Noblet, 2015; Plante et al., 2011). Les
études de terrain ont employé des méthodologies multiples, incluant l’analyse spatiale,
l’analyse documentaire, des entrevues semi-dirigées et des groupes de discussion (focus-
groups). Les études de terrain au Nouveau-Brunswick et en Gaspésie sont menées depuis
2005, les études au Sénégal depuis 2012 (Petite Côte et Delta du Saloum de 2012 à 2014) et
les études en France depuis 2002 (Nord-Pas-de-Calais, 2002-04, Languedoc-Roussillon,
2007-11, Bretagne, 2009-16)1.

France

11 Comme ailleurs, le littoral français a subi le phénomène d’haliotropisme et son


occupation s’est densifiée selon une évolution spatiale et temporelle hétérogène
(Tableau 1) (Meur-Ferec, 2006). Il en découle des contrastes marqués entre, par exemple,
les rivages de la Côte d’Azur très occupés et ceux de la Corse ou du Cotentin à faibles
densités (IFEN, 2000). La littoralisation du peuplement et des activités s’est faite en France
au rythme des grandes périodes historiques: grandes découvertes et empires coloniaux à
partir du seizième siècle; puis révolution des transports, maritimisation des échanges
commerciaux et émergence de grands ports depuis la fin du 19e siècle; enfin, essor du
tourisme, des loisirs, villégiature et péri-urbanisation depuis la seconde moitié du
vingtième siècle, phénomènes exacerbés par la mondialisation contemporaine. La
densification de l’occupation du littoral est relativement récente. Jusqu’à la fin du dix-
huitième siècle, la plupart des côtes françaises étaient peu occupées et pouvaient encore
être qualifiées de « territoire du vide » (Corbin, 1988). Le rivage de la mer suscitait souvent
un sentiment de crainte et d’hostilité. Seules les activités nécessitant la proximité de la
mer, comme la pêche, l’agriculture sur poldérisation, la saliculture, le transport maritime
et les installations militaires ou de navigation entraînaient une occupation du littoral.
12 À partir du 18e siècle, la représentation du littoral change. « La mer et le rivage, à l’instar de
la montagne, sont magnifiés comme milieux de contact privilégié avec l’illimité, de ressourcement
personnel auprès d’une nature que les hommes n’ont pas encore réussi à domestiquer, de
développement de nouvelles pratiques corporelles et sportives » (Cabantou et al., 2005). L’essor
du chemin de fer, à la fin du 19e siècle, qui relie Paris aux côtes françaises, contribue
grandement à développer le tourisme balnéaire, à l’image de stations comme Le Touquet,
Deauville, Dinard, la Baule, Nice ou Cannes. Parallèlement à la démocratisation de la
société et au passage du monde rural à une société urbaine, l’essor du tourisme balnéaire
a radicalement modifié le rapport de l’homme aux rivages (Corbin, 1988; Deprest, 1997).
L’espace littoral commence à constituer une ressource spatiale à exploiter pour
l’immobilier. Au cours du vingtième siècle, avec la démocratisation du tourisme, les villas
aristocratiques bâties le long des côtes font progressivement place à des constructions
plus denses, lotissements et immeubles. Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des

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villages anciens qui se situaient à quelques kilomètres du trait de côte se dédoublent par
la création d’une station balnéaire implantée sur le rivage. Parallèlement au
développement touristique, la nouvelle image du littoral, saine, naturelle et ludique
renforce un tropisme résidentiel. Celui-ci se concrétise par un étirement, le long du
rivage, des résidences principales ou secondaires2, à partir des pôles urbains, portuaires
ou balnéaires (DATAR, 2004; IFEN, 2000).
13 Cette densification de l’occupation du littoral se manifeste par une croissance de la
population qui s’est fortement accélérée après 1945. Tandis que de 1954 à 1968, la densité
française passait de 80 à 90 hab/km², elle passait de 190 à 245 hab/km² dans les
communes côtières. Cette littoralisation du peuplement se poursuit aujourd’hui et se
traduit par une urbanisation très consommatrice d’espace. Ainsi, 12% des surfaces de
logements neufs construits entre 1990 et 2012 sont situés dans des communes littorales,
sur seulement 4% du territoire; la pression de la construction y est 3 fois plus forte que la
moyenne française métropolitaine. Cela se traduit notamment par des prix de vente
moyen des terrains à bâtir 60% plus élevés que la moyenne de France métropolitaine. Ces
prix ne cessent de monter et ont progressé de près de 40% entre 2006 et 2012.
Logiquement, le profil des acheteurs est spécifique en bord de mer: les catégories socio-
professionnelles supérieures y sont surreprésentées et l’âge moyen y est plus élevé
(Observatoire national de la Mer et du Littoral, 2012). L’exemple de Combrit/Île-Tudy
dans le Finistère exemplifie l’évolution historique de l’occupation d’un trait de côte à
travers les siècles (Figure 1). Le marais en arrière de la flèche dunaire de l’Île-Tudy a été
poldérisée au 19e siècle. L’urbanisation s’est accélérée à partir des années 1950.
Actuellement, l’Île-Tudy compte 681 résidents permanents et 1473 résidences, dont 70%
sont des résidences secondaires (Michel-Guillou et Meur-Férec, 2016).

Tableau 1. Grandes étapes de l’occupation des côtes françaises et d’Europe du Nord.

Période Occupation du territoire

Implantations ponctuelles, modestes (moulins à marées, marais salants,


Jusqu’au 19e pêcheries, sites fortifiés, villages et sites portuaires dans les secteurs abrités
siècle des houles et des vents dominants...) soit des aménagements de grande
« Le territoire envergure (poldérisation) qui visent à gagner des terres sur de vastes
du vide » surfaces (ex: marais breton, marais poitevin, marais de Dol-de-Bretagne,
plaine maritime flamande)

À partir du 19e
Création d’aménagements structurants (routes, chemin de fer, équipements
siècle
portuaires), développement d’activités spécialisées (conchyliculture, pêche
« Le littoral et conserveries, construction navale, commerce et industrie), naissance du
devient plus phénomène balnéaire et touristique (maisons cossues, manoirs...)
attractif »

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 7

Développement de l’urbanisation (glissement progressif de l’urbanisation


vers le rivage et forte consommation d’espace) et des activités portuaires
Depuis le milieu
(zones industrialo-portuaires, ports de plaisance...), artificialisation du trait
du 20e siècle
de côte (ouvrages de défense côtière), protection foncière à partir des années
« Le littoral, un 1970-80 (par les conseils généraux, le Conservatoire du littoral),
espace règlementation (loi littoral, Natura 2000...), délimitation d’espaces naturels
extrêmement visant à limiter l’étalement urbain et à restaurer les sites naturels dégradés
convoité » par une fréquentation intensive (opérations de canalisation du public, mise
en défense des secteurs dunaires...).

Source : d’après Le Cornec et Meur-Férec, 2014.

Figure 1. Evolution de la configuration du littoral des communes de Combrit et Ile-Tudy (Finistère)


vue à travers les cartes de différentes époques: a) XVIIIe siècle, b) 1820 – 1866, c) 1991. (Le Cornec
et Meur-Férec, 2014)

Source : 1a) Extrait de carte des géographes du roi XVIIIe siècle, avec l’autorisation des services
historiques de la défense (Ministère de la défense), 1b) Extrait de carte d’Etat Major 1820 - 1866 © IGN
2014, autorisation n° 40-14.51, 1c) Extrait de SCAN 25®, 1991 ©IGN 2014, autorisation n° 40-14.51.

Sénégal

14 Le littoral sénégalais est un espace fortement vulnérable à l’érosion et aux inondations en


raison du faible dénivelé et de la nature fragile des systèmes côtiers, essentiellement
sableux ou boisés de mangroves. Bien que la région côtière du Sénégal ait été habitée
depuis des siècles, voir des millénaires (Chauveau, 1986), et que les royaumes du Siné et
du Saloum ou la ville de Joal remontent au moyen âge, l’occupation du territoire a
considérablement évolué dans le passé récent. La zone côtière sénégalaise est devenue un

VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 16 numéro 3 | décembre 2016


Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 8

espace particulièrement attractif sur le plan économique, démographique et social depuis


seulement quelques décennies. Ce phénomène est fortement lié aux différentes crises
écologiques et économiques que le pays a connu des années 1960 à la période actuelle
(Mbow et al., 2008).
15 Tout d’abord, un déficit pluviométrique majeur vient frapper durant les années 1970-1980
l’Afrique de l’Ouest (Figure 2). Les sécheresses vont avoir un impact important sur
l’agriculture au Sénégal qui à l’époque repose principalement sur la culture de l’arachide.
Par ailleurs, le pays observe alors une croissance démographique rapide. Le
gouvernement se fait de moins en moins présent dans le secteur agricole, une attitude qui
sera d’autant plus renforcée et étendue à toutes les sphères de l’économie dans les années
1980 avec la mise en place des Programmes d’ajustement structurel (PAS) imposés par le
Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. L’exode rural va alors
constituer une réponse à la dégradation des conditions de vie en milieu rural, conditions
qui vont encore s’affaiblir durant les années 1990 avec une autre des conséquences des
PAS: la dévaluation FRCFA (Franc des Communautés financières d’Afrique) (Mbow et al.,
2008). La migration des régions de l’intérieur du pays vers la capitale, mais aussi vers les
centres de pêche, autrement dit vers la façade océanique, va former une variable
d’ajustement permettant d’atténuer la pression dans les zones rurales.

Figure 2. Relevés des stations météorologiques de Fatick et Foundiougne dans le delta du Saloum.

Source : d’après les données de Météo Sénégal, 2009.

16 La dynamique migratoire interne à laquelle s’ajoute une croissance démographique


continue est à l’origine de la répartition actuelle de la population sur le territoire. La
population sénégalaise est passée d’un peu plus de 4 millions d’habitants en 1970 à plus de
14 millions en 2014 (ESAD, 2015; World Bank, n.d.). La répartition de cette population sur
le territoire est très inégale: « Globalement sur l’espace occidental, jusqu’à une

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profondeur de 100 kilomètres vers l’intérieur à partir du littoral, se concentrent 84% de la


population sénégalaise. En corollaire, le “désert humain” couvre la partie orientale du
pays, soit à peine 16% de la population sur 61,6% du territoire national » (Leroux, 2005).
17 Une grande partie des nouveaux arrivants sur la zone côtière se sont reconvertis en
pêcheurs. Le nombre de pirogues enregistrées au Sénégal est passé de 4000 à 17 000
(données officielles seulement) entre 1982 et 2010, soit une multiplication par 4 en 30 ans,
contribuant à la surpêche et la diminution de la ressource et des revenus des pêcheurs, ce
qui réduit leur capacité d’adaptation à d’autres facteurs de stress. Dans le Delta du Saloum
et d’autres parties de la côte, cette situation est aggravée par la baisse des rendements
agricoles, l’autre pilier économique et de sécurité alimentaire de la population, en raison
de la salinisation des sols, résultant au moins en partie des submersions côtières et de
l’intrusion et remontée par capillarité d’eau salée dans les aquifères affleurants (Lacoste-
Bédard et al., 2016).
18 Joal est un bon exemple de ce développement côtier mal contrôlé qui accentue la
vulnérabilité des populations côtières. Joal s’est constituée sur une flèche sableuse longue
de 10 km reliée à l’île de Fadiouth par un pont. Fadiouth est une île artificielle
entièrement constituée de coquillages accumulés au fil des siècles (Figure 3). Joal est le
premier quai de débarquement du Sénégal (Noblet, 2015). La ville de Joal-Fadiouth a
connu une forte croissance démographique au cours des dernières décennies. En effet, la
ville comptait seulement 6600 habitants en 1968, contre 39 078 habitants en 2007 (ANDS,
SES, 2005). La superficie de la ville étant relativement faible, seulement 5035 hectares, la
densité de population a fortement augmenté et s’élève aujourd’hui à 776 hab/km2. Cette
densification pose un certain nombre de problèmes en termes d’occupation de ce
territoire inondable sur 65% de sa superficie, et situé à seulement 1 à 3 mètres au-dessus
du niveau de la mer (Noblet, 2015). En raison de la proximité des habitats à la côte, de la
nature sableuse, donc meuble, du substrat côtier et de l’accélération de l’érosion côtière
attribuable au moins en partie aux changements climatiques, l’érosion côtière menace
maintenant des habitations à Joal (figure 4). Comme à Mbour, le deuxième centre de
pêche du Sénégal, l’érosion côtière réduit l’espace pour les pirogues, posant des
problèmes de logistique pour les pêcheurs artisanaux (figure 5).

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Figure 3. Carte de Joal-Fadiouth.

Source : Galet-Moron, UPJV, dans Noblet, 2015.

Figure 4. Une maison menacée à Joal.

Crédit : M. Noblet, 2012.

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Figure 5. Érosion de la plage contribuant à la réduction de l’espace pour les pirogues et à la


dégradation des maisons à Mbour.

Crédit : M. Noblet, 2012.

19 Au sud de Joal, le Delta du Saloum reste un espace rural à faible densité de population,
mais le risque côtier y a augmenté au cours des dernières décennies. Les îles du Delta du
Saloum couvrent plus de 80 000 ha et sont bordées par un réseau de « bolongs »
illustratifs d’un environnement de mangrove. Les populations sont fortement
dépendantes des ressources naturelles pour leur subsistance. Or, le delta du Saloum dans
son ensemble est un écosystème très fragile soumis à de fortes pressions tant naturelles
qu’anthropiques, ce qui justifie la juxtaposition des statuts de conservation3 pour en
promouvoir la sauvegarde de la biodiversité. Cependant, les mécanismes évolutifs de ce
milieu insulaire connaissent de nombreuses perturbations multifactorielles qui
bouleversent les écosystèmes naturels et produisent une désarticulation économique,
sociale et même démographique. La récurrence des années de sécheresse et l’irrégularité
des précipitations ont une incidence notable sur les teneurs en sel de certains bras de mer
comme celui du Saloum (Diouf, 1996; Dia, 2003). La réduction du volume et de la
fréquence des pluies combinée à la faiblesse de la pente de ce cours d’eau ainsi qu’une
forte évaporation ont profondément changé le mode de fonctionnement de l’estuaire,
tant qu’aujourd’hui on parle d’estuaire inverse (augmentation de la salinité vers l’amont).
Ces changements s’observent sur le couvert végétal, à travers une importante
dégradation des forêts de mangrove dont la superficie a drastiquement diminué (Dièye et
al., 2008; Ndour et al., 2011).
20 Outre cette variation pluviométrique, le Delta du Saloum a été extrêmement fragilisé par
la rupture en 1987 de la flèche littorale de Sangomar, qui constituait une importante
structure sableuse s’allongeant vers le sud sur une vingtaine de kilomètres à partir de
Palmarin jusqu’à Diakhanor et qui jouait un rôle de protection pour les paysages de

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l’estuaire. Depuis la rupture de la flèche de Sangomar, on observe une accentuation de


l’érosion côtière (figure 6), une importante diminution des plages, une perte grandissante
de terres agricoles et une contamination accélérée des nappes souterraines par le biseau
salé (Diagne 2014; Faye, 2016).

Figure 6. Erosion côtière sur la façade maritime du village de Dionewar (Delta du Saloum).

Crédit : Master Gidel, 2013.

21 La vulnérabilité économique de la population est accentuée par l’exploitation excessive


des ressources halieutiques durant la crise agricole et sylvo-pastorale. Ainsi, la quantité
de produits débarqués dans le Saloum est passée de 15 000 à 30 000 tonnes entre 1970 et
1974 à 10 700 tonnes entre 1984 et 2000 (Bousso, 1991; Sarr, 2005). De plus, les techniques
de pêche utilisées sont à l’origine de dégradation et/ou de perte d’habitats sensibles,
ayant pour rôle le maintien des biens et services des écosystèmes côtiers et de la
biodiversité. Ce phénomène met les pêcheurs dans une situation de migration avec des
déplacements allant jusqu’en Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Sierra Léone, voire en
Angola. Les conséquences les plus lourdes de cette situation se traduisent par une perte
d’emploi, conduisant à une reconversion pour certains vers des secteurs peu maîtrisés
(petit commerce, maraîchage, agriculture, apiculture, etc.). Les jeunes migrent de plus en
plus pendant la saison sèche des îles vers les villes notamment Dakar.
22 Sise à l’extrémité ouest du pays, Dakar représente en raison de son poids démographique
et socio-économique l’exemple typique des villes macrocéphales qui caractérisent
l’essentiel des pays ouest-africains. Dakar accueille 3 137 190 habitants soit 23,2% de la
population sénégalaise sur moins de 1% du territoire national (ANSD, 2014). La croissance
démographique tient pour beaucoup de la migration rurale et interurbaine ainsi que de
l’attrait économique qu’exerce la ville. L’agglomération urbaine fournit 65% du PIB
national et concentre plus de 80% des emplois commerciaux et industriels, du système de
transports et des services et infrastructures de base du pays. La ville, qui a vite débordé
de ses limites administratives, se présente comme une métropole tentaculaire à
l’urbanisation anarchique. Le centre-ville absorbe la presque totalité des investissements

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urbains et des activités, en contraste avec une banlieue et une zone périurbaine sous-
équipées qui accueillent la majorité de la population (Wang et al., 2009). La forte et rapide
littoralisation de Dakar s’accompagne de nombreux enjeux socio-environnementaux de
plus en plus exacerbés par les changements climatiques. Dans de nombreuses zones
actuellement considérées comme des « hot spots », le développement effréné du bâti à la
fois sur des cordons dunaires et sur le domaine maritime ont accentué le phénomène
d’érosion côtière. La Presqu’ile du Cap-Vert qui sépare la Grande côte de la petite côte
présente divers secteurs où le recul du trait de côte tient à de nombreux facteurs. Ainsi,
sur la corniche ouest qui présente une succession de falaises et de plages sableuses,
l’occupation illégale du domaine maritime se traduit par une importante concentration
d’habitations et d’infrastructures hôtelières à moins de 100 m du rivage remettant en
cause la régénération naturelle des plages, alors qu’au niveau de la Pointe des Mamelles la
forte amplitude des houles du nord-ouest ainsi que la variation de nature géologique et
sédimentaire sont à l’origine du recul du trait de côte qui est estimé entre 0,45 et 2,7 m
par an, tandis que la Baie de Hann, de nature sableuse, subit une perte de plage de 2 m par
an. La fragilité de la presqu’île face à l’érosion prononcée de ses côtes pose la question des
impacts économiques. L’urbanisation rapide de Dakar révèle une ville consommatrice
d’espace avec le marché foncier qui a fortement évolué. En 2009, un rapport établi par le
Geoville-Group estimait la valeur foncière de la métropole à quelque 44 milliards de
dollars US, dont plus de 2 milliards étaient exposés à un potentiel élevé de périls naturels.
Aussi, des ouvrages de protection sont mis en place dans les secteurs les plus touchés et
qui sont par ailleurs les plus importants socio-économiquement. Ainsi par exemple les
pentes de la corniche Est ont été consolidées à l’aide de gabion de roches.
23 Dans d’autres zones, l’érosion côtière pose la question de la vulnérabilité sociale surtout
celle des populations pauvres ou relativement démunies. À Yoff, Rufisque ou encore
Bargny, anciens villages traditionnels Lébous et ports de pêche, on observe un important
recul du trait de côte sur plusieurs dizaines de mètres. Le transport naturel de sédiments
par les courants s’est accéléré entrainant une perte grandissante de plage, alors que
l’amplification de la houle provoque de manière récurrente et aggravée des inondations
marines avec des conséquences désastreuses comme la destruction d’habitations et de
matériels de pêche. Pour Rufisque, ville établie dans une dépression et située à 25 km au
sud-est de la région, le recul du rivage est significatif avec près de 3 m par an (Niang-Diop
et al., 2005) alors que les inondations par marée sont une réalité permanente. Déjà en
1979, les autorités sénégalaises entreprenaient la mise en place d’ouvrages de protection
pour endiguer le phénomène, tentant de proposer une solution plus adéquate à l’action
des populations riveraines qui consistait en l’utilisation de troncs d’arbres. Néanmoins, la
mauvaise conception et le sous-dimensionnement des digues et des murs de protection
ainsi que le manque d’entretien du réseau d’évacuation existant posent problème et
pèsent sur la gestion de l’aléa.
24 Tout comme la capitale sénégalaise, la ville de Saint-Louis, autre ville d’origine coloniale,
subit une vulnérabilité physique qui est fortement entretenue par l’occupation de
l’espace. Site amphibie à l’embouchure du fleuve Sénégal et haut-lieu de la pêche (environ
20% des débarquements du pays), Saint-Louis est caractérisé par des vasières et des
cordons littoraux et des terres basses, qui représentent 53% de la superficie dans le
faubourg de Sor, 17% de cette commune étant même au-dessous du niveau de la mer
(Kane, 2010). L’ouverture d’une brèche dans la langue de Barbarie en 2003 a modifié la
nature du risque d’inondation, réduisant le risque d’inondation fluviale en permettant

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l’écoulement du fleuve à travers la nouvelle embouchure, mais augmentant le marnage et


l’érosion due à la modification des conditions hydrodynamiques (Durand et al., 2010). La
Langue de Barbarie est une flèche littorale sableuse de 2,5 km de longueur et d’une
largeur de 200 m à 300 m située à l’ouest de l’île de Saint-Louis qui sépare le fleuve de
l’océan. Fortement habitée avec 852 hab/ha, la Langue de Barbarie représente environ
27% de la population totale de la ville. Les populations se sont progressivement installées,
occupant un site étroit et mouvant. Le rétrécissement accéléré de la Langue de Barbarie
cause des problèmes importants pour les infrastructures et populations, comme la
destruction d’habitations (figure 7) ou le rétrécissement des plages et le manque d’espace
pour les pirogues (figure 8). La sécurité humaine et environnementale dans cette partie
du littoral se pose avec acuité, vu les risques de submersion qui sévissent dans cette zone.
L’érosion côtière est particulièrement traumatisante pour les populations qui restent sans
protection majeure et qui sont exposées aux risques liés à l’eau de mer.

Figure 7. Maisons détruites par l’érosion côtière (Saint-Louis).

Crédit : C. Kane 2015.

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Figure 8. Réduction de la plage Saint-Louis.

Crédit : C. Kane, 2015.

25 Dans certaines zones, l’érosion est accentuée par différentes activités humaines, dont
l’extraction de sable réalisée à Dakar ou en amont de la ville de Fadiouth et dans les îles
avoisinantes, l’extraction – maintenant interdite – de coquillage dans les amas de
coquillages du Delta du Saloum, ainsi que la déforestation des mangroves et des filaos.
26 La prise en compte législative est assurée en théorie, mais peu respectée en pratique. La
loi n° 76-66 du 2 juillet 1976 sur le domaine public maritime est censée encadrer le
développement du littoral et prévoit une zone non constructible de 100 mètres à partir de
la limite atteinte par les plus fortes marées, déclarée domaine public inaliénable et
imprescriptible. Aucune personne ne peut donc acquérir de foncier sur ces terres et en
théorie, seule une occupation provisoire avec des installations légères et démontables
peut être permise, dont la loi n° 83-05 du 28 janvier 1983 du code de l’environnement
précise qu’elles ne doivent « ni être source d’érosion ou de dégradation du site ». Cette loi
est cependant peu respectée dans les faits, notamment par les complexes touristiques
(figure 9), ce qui s’explique également par l’importance du secteur du tourisme, qui
contribue 4,8% au PIB du pays, génère 125 000 emplois directs et indirects et constitue la
seconde source de devises du Sénégal après la pêche. Certains députés et des associations
comme SOS Littoral ont réclamé la démolition de ces établissements privés
(souvent étrangers) autorisés par un usage abusif de la loi n° 19 du code du domaine de
l’État permettant de déclasser des terrains du domaine public.

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Figure 9. Constructions touristiques à Saly en bord de mer.

Crédit : M. Noblet, 2012.

27 La combinaison du développement côtier rapide et mal encadré, la vulnérabilité


accentuée du territoire et l’augmentation du niveau de la mer ainsi que de l’ampleur et de
la fréquence des tempêtes (selon les entrevues, les tempêtes sont plus fréquentes, les
vagues plus hautes, les vents plus forts qu’il y a quelques décennies (Lacoste-Bédard et al.,
2016)) créent donc une situation de vulnérabilité élevée des populations côtières. Celles-ci
s’adaptent par plusieurs moyens, dont la construction de digues, la réhabilitation des
protections naturelles, l’accommodement et lorsqu’inévitable, le retrait. Soutenue par
l’État et les bailleurs de fonds internationaux, des ONG nationales et internationales, la
construction de digues et de murs anti-érosion et anti-sel établit des protections jugées
efficaces à Joal, Rufisque, Saly, dans le Delta du Saloum et d’autres points de la côte.
Toutefois, en plus des problèmes d’entretien, ces ouvrages peuvent poser certains
problèmes au niveau de l’érosion des plages en aval, de la dérive littorale, et interférer
avec les activités quotidiennes comme le transport de pirogues et de marchandises ou
encore causer des problèmes d’hygiène et de pollution du fait des eaux stagnantes
derrière ces ouvrages, comme c’est le cas à Joal. La réhabilitation des écosystèmes
naturels à travers la protection des mangroves, l’arrêt de l’extraction de sable ou de
coraux dans les amas coralliens est un aspect important souvent soutenu par des ONG
locales. Des options d’accommodement sont également poursuivies, en réponse à des
problèmes liés ou non aux changements climatiques, soit la surpêche, la salinisation des
sols et la diminution des rendements agricoles, dont la plupart visent une diversification
des activités économiques. Le retrait est parfois inévitable; dans le Delta du Saloum,
plusieurs villages ou quartiers ont dû être abandonnés.

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Côte Est du Canada (Gaspésie et Nouveau-Brunswick)

28 Traditionnellement, la Gaspésie et le Nouveau-Brunswick étaient des territoires


essentiellement tournés vers la mer. Cela se reflète dans les modes d’occupation du
territoire. En Gaspésie autant qu’au Nouveau-Brunswick, la grande majorité des villages
et de la population est concentrée sur la zone côtière, tandis que l’intérieur est peu
peuplé. En grande partie, ces agglomérations n’étaient accessibles que par la mer. Ce n’est
qu’à partir de la fin du 19e et au cours du 20 e siècle que l’accès au territoire par voie
terrestre a été développé. C’est d’abord la voie ferrée, puis l’automobile qui a désenclavé
ces territoires côtiers, toutes les deux avec des trajets longeant principalement la côte.
Cette ouverture du territoire, jumelée avec des changements de vocation socio-
économiques, incluant l’établissement du tourisme, de la villégiature et des services, aux
dépens du secteur primaire, a largement modifié les modes d’occupation du littoral.
29 En Gaspésie, la voie ferrée a rejoint Gaspé en 1911, après 40 ans de construction (PVP, n.d)
et continue son service depuis Montréal jusqu’aujourd’hui (mais interrompu depuis 2013
pour raisons techniques). La route 132, quant à elle, qui fait le tour de la Gaspésie, a été
complétée en 1929. Le Nouveau-Brunswick a été relié aux grands centres urbains à
travers le réseau des voies ferrées de l’Intercolonial Railway et du Grand Trunk (reliant
Montréal à Halifax à partir de 1872 et à l’origine de l’Océan toujours en service), du Saint-
Lawrence and Atlantic Railroads et du European and North-American Railways (construit
1851-1872 avec un train passager, « the Gull », opérant de Boston à Halifax entre 1930 et
1960). Les municipalités autour des gares ont souvent connu un développement rapide.
C’est ainsi que le petit village côtier de Pointe-du-Chêne est devenu un lieu de villégiature
au cours de la première moitié du 20e siècle, lorsqu’il était le terminus du European and
North American Railway et une escale des hydravions de la Pan-Am. Les deux premiers
chalets à la Pointe-du-Chêne ont été construits vers 1880 et autour de 1920, il y en avait
déjà plus d’une cinquantaine (Belliveau, 1991). La vocation récréative de Pointe-du-Chêne
(anciennement plage Belliveau) se réalise surtout à travers la plage de Parlee, qui attire
autour d’un demi-million de visiteurs, non seulement de Moncton, mais aussi d’autres
parties du Canada ainsi que des États-Unis. Cependant, cette plage soumise à une érosion
continue est rechargée tous les ans avec l’équivalent d’environ un millier de chargement
de camion de sable (figure 10). La ville de Saint-Andrews sur la côte sud-ouest s’est
également fortement développée grâce au tourisme dû à l’arrivée du train et symbolisé
par l’Hôtel Algonquin, construit en 1889. En Gaspésie, le développement des transports a
mené à l’éclosion d’une industrie touristique côtière avec des villas luxueuses et des
grands hôtels tels que l’hôtel Baker à Gaspé, le Bleu Blanc Rouge à Percé, l’hôtel Annett à
New Carlisle, le Château Blanc à Bonaventure ou le White House à Carleton (Lambert,
2013).

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Figure 10. Érosion à la plage Parlee.

Crédit : S. Weissenberger, 2011.

30 Comme en France, l’ouverture du territoire s’est ainsi faite en deux étapes, la première de
manière centralisée concernant les localités desservies par les voies ferrées, la deuxième
de manière plus décentralisée grâce à la pénétration de l’automobile et du réseau routier
à beaucoup plus fine échelle spatiale. En grande partie catalysées par le tourisme, ces
deux phases sont aussi socialement distinctes, la première, au 19e siècle, étant surtout
l’apanage de la bourgeoisie, tandis que la démocratisation du tourisme (et de manière
générale de l’accès au transport) n’intervient qu’au cours du 20e siècle avec l’automobile.
On peut historiquement distinguer trois phases d’occupation du territoire liées au moyen
de transport et activités dominantes, sensiblement identiques au Nouveau-Brunswick et
en Gaspésie (tableau 2).

Tableau 2. Les trois phases d’occupation du territoire au Nouveau-Brunswick et en Gaspésie.

Type d’occupation du Moyen de transport


Activités principales
territoire typique dominant

Pêche, agriculture, foresterie, cabotage,


Villages côtiers isolés Bateau
construction navale

Début des centres urbains Train Pêche, tourisme, industrie (mines)

Occupation à échelles
Voiture Services, tourisme, industrie
multiples

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 19

31 Le développement de routes pour automobiles à des fins touristiques à partir des années
1920 est fortement favorisé par l’État (la province), en collaboration avec des clubs
automobiles et des organismes locaux. La Gaspésie a fait figure de précurseur dans le
développement du tourisme. L’inauguration du boulevard Perron à la fin des années 1920
(aujourd’hui la route 132) a été accompagnée d’une campagne de publicité, incluant la
distribution de 500 000 cartes postales et des milliers d’articles dans les journaux nord-
américains (Lambert, 2013). Le succès est immédiat puisque dès les années 1940, de 20 000
à 50 000 touristes visitent la Gaspésie chaque année (Lambert, 2013). La nature du
Boulevard Perron est de relier des villages côtiers autrefois uniquement accessibles par la
mer. Il jette ainsi les bases d’un développement côtier, surtout redevable à la valeur
esthétique du territoire, sans grande considération des risques côtiers.
32 La zone côtière du Nouveau-Brunswick est devenue un lieu de villégiature et de résidence
et sa densification s’est accélérée au cours des dernières décennies (Noblet et Chouinard,
2014). On observe plusieurs nouveaux types de résidents, dont les professionnels dans le
domaine des services, les retraités, des professionnels travaillant en ville (p.ex. la grande
région de Moncton), mais souhaitant résider près de la mer, ainsi que des résidents
saisonniers, venant d’autres provinces, voire de l’étranger. Mais comme en témoigne cet
extrait, les villégiateurs ne viennent pas forcément de loin, dans la Péninsule acadienne -
les chalets en front de mer appartiennent souvent à des familles vivant à moins de 20 km
– et le changement de mode d’occupation du territoire est plutôt lié aux changements de
mode de vie et à la prospérité économique:

« Moi je dirais plutôt que c’est plutôt le mode de vie qui fait que l’on a
changé. Dans le sens que lorsque l’on s’est marié en 60, ils
commençaient seulement à bâtir des chalets. C’était pas la mode.
Alors les gens étaient plus à l’aise, et on a bâti des chalets. […] quand
vous commencerez à travailler dans une journée vous ferez ce qu’on
faisait dans un mois ou plus. Un mois le salaire c’était 125 $ [...] Le
mode de vie a tellement changé que ça nous a permis de faire des
choses [...] Ben partout où vous allez, vous allez voire des chalets sur
le bord des côtes. Sur l’île [Lamèque], il y en a partout. Il y en a sur le
long de la rivière. Je sais pas quel est le pourcentage, mais je sais pas
moi peut-être 20 ou 25% des gens qui ont un chalet. C’est-à-dire qui
ont une deuxième maison l’été. Ils déménagent. Comme nous on
déménage fin mai. On s’en va à 5 km d’ici. » (Répondant secteur
Shippagan 2012).

33 Cet engouement pour la zone côtière a provoqué une augmentation de la valeur des
terrains en zone côtière sur de nombreux secteurs, en particulier dans le sud-est favorisé
par la proximité du centre urbain du Grand-Moncton. Par exemple, sur le territoire de la
communauté de Cocagne, le prix des permis délivrés a triplé en dix ans, de 689 700 $ en
2001 à 2 164 500 $ en 2011 (Noblet et Chouinard, 2014)4. Il se manifeste aussi par une
densification de l’occupation côtière, comme à Shippagan, au cours des dernières
décennies (figure 11).

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 20

Figure 11. Évolution de l’emplacement et du nombre de bâtiments et principales infrastructures (ex.


portuaires, traitement des eaux) à Shippagan, Nouveau-Brunswick, Canada, de 1944 à 2012.

Crédit : M. Aubé, à partir de données de photo-interprétation de Céline Pertuis.

34 En même temps, l’économie a effectué un virage, classique dans le monde entier, du


secteur primaire (pêches et foresterie) vers le secteur tertiaire. En 2014, les services
représentaient 64% du PIB du Nouveau-Brunswick, la fabrication et construction 17%, le
commerce 10%, le transport 5% et les ressources (agriculture, extraction minière,
foresterie, pêche) seulement 5% (GNB, 2016). Pour la Gaspésie et les Îles de La Madeleine,
les services représentaient en 2014, 80% de l’activité économique, le secteur primaire 6%
et le secteur secondaire 14% (Statistique Canada, dans MESIQ, 2016). Le tourisme occupe
une place non négligeable dans ce bilan, étant responsable de 9% des emplois au
Nouveau-Brunswick et 5-7% des emplois directs en Gaspésie (CRÉ, 2010; EDSC, 2014; GNB,
2012).
35 La transition d’une économie basée sur les ressources à une économie basée sur les
services a permis à certains centres et certaines zones de se développer, mais a aussi
mené à une dévitalisation d’autres secteurs, notamment à cause de la fermeture de la
pêche du poisson de fond à compter de 1992 suite à l’effondrement des populations. Au
Nouveau-Brunswick, les zones rurales (et en prédominance côtière) du nord de la
province, dont la péninsule acadienne, se sont dépeuplées, générant un flux migratoire
vers le Grand Moncton (Forgues et al. 2009; Roy et Billette, 2012). Cet exode de la
population, notamment des jeunes, ne s’accompagne pas d’un désinvestissement de la
frange littoral. Au contraire cette dernière est maintenant perçue comme l’ultime
ressource à mettre en valeur dans un contexte de déprise économique. Un
développement semblable a été observé en Gaspésie, qui a connu une dévitalisation

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 21

généralisée, mais où certaines communautés se sont quand même développées grâce à


l’installation de services (éducation, tourisme, gouvernement).
36 Le territoire côtier des deux régions demeure sensible à l’érosion et à la submersion. Au
Nouveau-Brunswick, le territoire est caractérisé par un relief plat et un substrat friable
(Daigle, 2006). Environ 70% de la côte de la province est en érosion (Daigle, 2006). La côte
de la Gaspésie a une proportion de falaises plus élevée, et ici aussi, l’érosion est
généralisée, entraînant avec elle des infrastructures, à l’exemple de la municipalité de
Carleton sur la Baie des Chaleurs, où 64% de la côte marque une tendance à l’érosion et
20% du littoral est artificialisé (Ballard et al., 2005) (figure 12).

Figure 12. Effondrement d’un escalier d’accès à la plage à Carleton suite à l’érosion de la falaise.

Crédit : S. Weissenberger, 2012.

37 Comme en France, l’engouement pour le littoral mène à une occupation de celui-ci qui
fait souvent fi des risques côtiers. Des habitations et infrastructures sont ainsi
régulièrement construites trop près de la côte. En ce sens, l’absence d’une législation
côtière contraignante au Nouveau-Brunswick – il existe seulement une politique
provinciale – ne facilite pas la tâche des urbanistes, qui ne peuvent que difficilement
refuser d’émettre des permis pour des constructions. Au contraire, plusieurs répondants
d’entrevues ont indiqué que « le retard dans l’application de la politique a créé une ruée de
construction près du littoral dans les zones côtières, les propriétaires voulant bâtir avant que la
règlementation ne les en empêche » (Nichols et al., 2006). Malgré l’ambition affichée de la
province lors de la création de cette politique de protection, le gouvernement du
Nouveau-Brunswick n’est pas parvenu à dépasser les intérêts économiques qui se jouent
autour des propriétés en zone côtière pour mettre en application cette politique à travers
une loi. Comme le rappelle un agent de la commission d’aménagement du comté de
Westmorland (entretien personnel, avril 2012) « la valeur des propriétés en bord de mer est

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 22

trop importante, pour les taxes que cela rapporte, la politique de protection n’est pas intéressante
». Selon une enquête menée par la direction de la CSR Kent, sur 93 projets de
construction acceptés entre 2007 et 2012 dans le territoire de la commission des services
régionaux de Kent, 37 (soit 2 sur 5) n’auraient jamais dû être acceptés. La conséquence de
ce développement est qu’une grande partie du littoral bâti doit être maintenant protégée
de l’érosion et des inondations marines. Au Nouveau-Brunswick, plus de 40% de la côte
est endiguée (Bérubé, n.d.). L’artificialisation du territoire est souvent une mesure
d’adaptation réactive, face à l’érosion et aux inondations en augmentation (figure 13),
mais est parfois aussi planifiée d’office pour de nouveaux types de développement côtiers
(Figure 14).

Figure 13. Côte enrochée dans le sud-est du Nouveau-Brunswick.

Crédit : S. Weissenberger, 2011.

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 23

Figure 14. Les chalets du Havre, Richibuctou, construit sur de vieux débris de bran de scie.

Crédit : S. Weissenberger, 2011.

Perception des changements environnementaux et climatiques

38 Les changements environnementaux et surtout l’évolution du trait de côte sont


clairement perçus par les populations locales au Nouveau-Brunswick, en Gaspésie et au
Sénégal. Au Nouveau-Brunswick, les habitants notent au cours des vingt ou trente
dernières années une intensification et une augmentation de la fréquence des tempêtes
hivernales entraînant une augmentation de l’érosion, une hausse du niveau marin, une
modification du milieu (disparition de dunes et de sable), et de manière générale une
évolution du climat (températures plus élevées, hivers plus doux, automne plus tardif et
printemps plus précoce, absence de glace au moment des premières tempêtes d’hiver)
(Noblet et Chouinard, 2014; Rabeniaina et al., 2014). Les résidents font souvent référence
au passé (à l’enfance, aux vécus de la famille, aux anecdotes des voisins) pour illustrer ces
modifications environnementales et qualifier des évènements d’« inhabituels »
(Rabeniaina et al., 2014). Les observations locales vont toutes dans la même direction que
les observations scientifiques, lorsque les deux peuvent être comparées (Stervinou et al.,
2013). Du fait que de nombreux résidents habitent le même endroit depuis plusieurs
décennies, et parfois plusieurs générations, ces observations locales ont potentiellement
une grande valeur dans l’évaluation des changements de l’environnement côtier.
Quelques extraits d’entrevues illustrent la manière dont les résidents perçoivent l’impact
des changements climatiques (Rabeniaina, 2015):

« Ça s’érode beaucoup devant la maison, 30 pieds depuis 1975, l’herbe


est toute partie ». (Participant – Interview - CSRK)
« La tendance est à l’érosion de la côte, cependant, j’ai remarqué
l’avancement de la dune de l’île de Cocagne » (Participant– Interview
– CSRK Cocagne Grande-Digue)

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 24

« L’érosion est de plus en plus fréquente. La falaise chez moi a perdu


2 pieds depuis 6 ans. Le gel et le dégel sont de plus en plus fréquents,
ils accentuent l’érosion et brisent les structures stabilisatrices »
(Participant– Interview -CSRK)
« Ce qui m’a frappé au début c’était l’immensité vraiment des dunes
en voyant les photos du Nouveau-Brunswick en 1938… alors qu’on
peut voir qu’est-ce qui est arrivé à la plage à Cap-Pelé et à Barachois
pendant une soixantaine d’années à peu près… c’est sûr qu’il y avait
une période de temps où il y a eu beaucoup d’érosions ».
(Participante 9 – Interview – CSRSE)
« J’ai parlé avec une madame parce que son père pêchait puis elle me
disait…, elle est née en 1924; et quand elle avait à peu près 16 ou 18
ans, elle travaillait dans une usine de poisson. Puis, elle parlait d’un
hiver doux où l’on pêchait en mois de décembre, janvier, car elle
continuait à travailler là. Ça devrait être en 1930 ou 1940. Puis elle
disait que c’était comme la première année qu’elle voyait et
travaillait en mois de décembre et janvier à une usine… »
(Participante 4 – Interview - CSRSE)

39 Des observations très semblables peuvent être faites au Sénégal. Dans le Delta du Saloum,
la majorité des participants à l’enquête estime que les problématiques environnementales
sont sévères, que les changements climatiques ont une influence sur leurs activités
génératrices de revenus ou de moyens de subsistance (Lacoste-Bédard et al., 2016). Les
résidents de tous les villages ont observé des signes d’avancées de la mer et d’érosion:

« La mer avance très très vite »


« L’érosion nous fatigue »
« La communauté rurale est envahie actuellement par l’avancée de la
mer, le terrain de foot aussi »
« L’avancée de la mer emporte beaucoup de nos outils de travail
surtout en cas de haute marée. Ce quai que vous voyez est détruit
chaque année en période hivernale à cause de cette mer qui avance à
un rythme vraiment inquiétant. »
« Les inondations constituent le plus gros problème rencontré durant
l’hivernage. […] Toutes les maisons de l’île ont migré vers les
hauteurs ces 20 dernières années. »

40 Comme au Canada, la mémoire collective permet de constater que ces changements sont
perçus comme inhabituels. Les villageois observent ainsi des changements graduels
ponctués d’évènements (vent, vagues) qui accentuent l’érosion côtière, que les anciens
n’avaient pas observés (B. Fall, dans Lacoste-Bédard et al., 2016).
41 Cependant, l’attribution des changements environnementaux aux changements
climatiques n’est pas évidente, ni pour les résidents, ni d’ailleurs pour les experts. Même
si les liens entre les causes et les effets constatés ne semblent peut-être pas évidents, au
Nouveau-Brunswick, les résidents s’attendent à affronter de plus en plus de perturbations
et de modifications environnementales dans les prochaines années, même si les liens de
cause à effet ne sont pas clairs pour eux (Guillemot et al., 2014; Rabeniaina et al., 2014).
Dans le Delta du Saloum par exemple, la rupture de la langue de Sangomar en 1987 a
exposé plusieurs villages à l’influence directe de l’océan et accéléré l’érosion côtière. La

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 25

brèche artificielle de la langue de Barbarie à Saint-Louis dans le nord du Sénégal, opérée


afin de réduire l’impact des inondations fluviales, a eu pour effet d’augmenter le risque
d’origine marine et la vulnérabilité à l’augmentation du niveau de la mer (Durand et al.,
2010). En Gaspésie et au Nouveau-Brunswick, les travaux de l’UQAR et d’Environnement
Canada ont pu mettre en évidence une augmentation des taux d’érosion et une
augmentation d’évènements météorologiques extrêmes, qui portent clairement la
signature des changements climatiques (Bernatchez et al., 2008; Daigle, 2006; Savard et
al., 2008).
42 Pour les populations côtières, ces changements dans leur environnement, le risque
croissant de terrains inondés et érodés, voire même la nécessité d’abandonner certains
territoires, comme dans le delta du Saloum, est synonyme de stress et d’inquiétude
(Lacoste-Bédard et al., 2016; Rabeniaina et al., 2014). Dans d’autres cas, le risque, bien
qu’identifié, est ignoré dans les décisions de construction (Perthuis, 2015):
« La tempête (de 1968) avait poussé un chalet et l’avait envoyé dans le champ en
arrière, il y a eu beaucoup de dommage à ce chalet là. Puis ils l’ont remis la, ils l’ont
vendu, puis c’est une maison à cette heure. Il y avait comme 2-3 chalets là. Puis c’est
tous des chalets qui sont des chalets maisons à cette heure. Ça fait que les gens ont
quand même pas peur, ils savent que ça a été arrivé et puis ils sont quand même
allés se construire là. »
43 Dans une étude de trois localités en Bretagne (Michel-Guillou et Meur-Férec, 2016), les
risques côtiers semblaient moins présents dans la perception des populations puisque
seulement 29% des répondants les citaient spontanément comme un risque pour leur
municipalité. Les répondants se disant spontanément concernés par les risques côtiers
avaient tendance à vivre dans des zones à risque identifiées, se déclarer mieux informés,
juger que leur municipalité les prend en compte dans la prise de décision et s’estimer
privilégiés de vivre près de la mer. Il s’avère que l’attachement au territoire côtier peut
mener à reconnaître le risque, à en être conscient, tout en « vivant avec » sans être
particulièrement inquiet (Michel-Guillou et Meur-Férec, 2016). Lorsque l’on oriente
spécifiquement la question sur les risques côtiers, les impacts des changements
climatiques semblent généralement admis comme en témoigne la réponse à la question
« Que pensez-vous du risque FUTUR de montée du niveau marin? » (Plusieurs items
étaient proposés et les personnes répondaient sur une échelle d’accord en 5 points):
• Le risque (futur) est réel: 64% d’accord
• Il va falloir s’en préoccuper dans les 10 ans: 68%
• Il va falloir s’en préoccuper dans plus de 10 ans: 50%
• Les conséquences seront importantes: 69%

Discussion
44 Un des enseignements principaux de cette comparaison est que, pour les trois territoires,
des trajectoires historiques distinctes ont mené à un développement de plus en plus
dense et de plus en plus proche de la côte, générant nette augmentation de la
vulnérabilité plus importante des zones côtières (tableau 3).

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 26

Tableau 3. Tendances de développement et de vulnérabilité des trois territoires côtiers étudiés.

Zone Évolution
Évolution économique Vulnérabilité
côtière démographique

Dommages côtiers en
augmentation et coûts
Forte augmentation de la Essor de l’économie
publics très lourds dans un
population depuis le 19 e résidentielle, du
contexte de raréfaction de
siècle et encore tourisme, des résidences
l’argent public. D’où une
aujourd’hui. secondaires. Secteur très
politique actuelle de
Densification, attractif et dynamique
France relocalisation prônée par
« gentrification », économiquement
l’État qui par ailleurs
urbanisation très (tertiaire dont tourisme,
décentralise vers les
consommatrice d’espaces mais déclin de la pêche,
communes et les
(beaucoup de résidences de l’industrie et de
groupements de communes
secondaires) l’agriculture).
la gestion des ouvrages de
défense contre la mer

Augmente à cause de
facteurs naturels, de la
pression démographique et
Forte augmentation de la La pêche et l’agriculture du développement côtier
population à Dakar et sur restent les principales rapide et non contrôlé,
la petite côte, migration activités, mais en crise à développement en zone à
de l’intérieur vers la côte cause de la surpêche et risque par manque de
Sénégal
en partie lié à la de la salinisation des territoire, de moyens
sécheresse et à la sols. financiers, de
géopolitique (Charles- Tourisme dans certains connaissances et surtout
Dominique, 2011). secteurs. par manque d’application
et de respect de la
législation et des plans
d’urbanisme

Certains secteurs
dévitalisés suite à Déclin des activités Augmente à cause du
l’effondrement des stocks traditionnelles (pêche, développement résidentiel
de poissons et le déclin de foresterie, agriculture), proche du littoral, absence
Nouveau- l’activité forestière, transition vers une de législation et pression
Brunswick d’autres secteurs en société de services foncière importante,
et Gaspésie croissance à travers la (tourisme), influence des enrochements et
villégiature, les centres urbains et de la artificialisation des côtes
résidences secondaires, le plus grande mobilité nuisent aux écosystèmes
tourisme et l’étalement individuelle (automobile) côtiers et leurs services
urbain

45 Meur-Férec et Morel (2004) expliquent l’émergence des risques côtiers en France, à


l’échelle des deux derniers siècles, sous l’action de deux dynamiques convergentes
(figure 15). L’une se manifeste par la tendance généralisée au recul du trait de côte vers
l’intérieur des terres, qui devrait s’intensifier sous l’effet des changements climatiques.

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 27

L’autre se matérialise par le rapprochement des populations littorales de la ligne de


rivage. Depuis la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, la « zone tampon » de quelques
kilomètres autrefois conservée entre les anciens bourgs et le trait de côte s’est, dans
beaucoup d’endroits, progressivement réduite, mouvement qui s’est largement accéléré
après la Seconde Guerre mondiale, lors du boom du tourisme de masse balnéaire. Face à
l’apparition de ces risques, la réaction des détenteurs de biens, exposés à la mobilité du
trait de côte, a été de les protéger en essayant de fixer la ligne de rivage, contre une
tendance érosive. Des espaces de danger se sont alors développés et sont maintenus en
permanence, de manière artificielle, dans une stabilité relative qui est très coûteuse pour
l’État et les communes. Actuellement, cet équilibre instable pose des questions de société
en termes d’aménagement et de stratégie de gestion du littoral. Cette dynamique n’est
pas propre à la France; elle concerne, selon des modalités spécifiques à chaque territoire,
tous les espaces côtiers bâtis du monde. Les changements climatiques viennent, et
viendront plus encore à l’avenir, accroitre cette vulnérabilité côtière.

Figure 15. Schéma synthétique de l’émergence des risques côtiers en France.

Crédit : Meur-Ferec et Morel, 2004.

46 Différents facteurs mènent aux changements d’usage de la côte. Dans les territoires
étudiés, on peut citer le développement des modes de transport, le développement du
tourisme, l’urbanisation et la périurbanisation, l’épuisement des ressources naturelles
(ressources halieutiques, forêts côtières au Canada), les changements environnementaux
(par exemple au Sénégal), ou de manière générale les transformations de la société
(tertiarisation de l’économie, une agriculture plus intensive sur une superficie plus petite,
vieillissement de la population, émergence d’une société de loisirs, etc.). Dans un système
socio-écologique, toutes ces dynamiques sont interreliées et interagissent avec la
dynamique côtière, menant dans les cas étudiés à une plus grande vulnérabilité des zones

VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 16 numéro 3 | décembre 2016


Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 28

côtières. Étant donné les trajectoires historiques différentes des littoraux français,
sénégalais ou canadiens, on constate des différences dans les facteurs influençant
l’occupation du territoire côtier, mais aussi de nombreux points communs, tels que le
développement du tourisme, l’exode rural, l’urbanisation puis périurbanisation côtière,
etc.

L’étalement urbain comme facteur d’accroissement de la


vulnérabilité côtière

47 L’urbanisation et la périurbanisation littorale, les politiques d’occupation du territoire


côtier et son anthropisation sont des vecteurs de développement menant à une fixation
du trait côtier et donc à la création d’un « espace de risque ». Elles suivent des logiques
différentes dans les pays du Nord et du Sud. Dans les pays du Nord, et surtout en
Amérique du Nord, c’est souvent la disponibilité du raccord routier et les moyens de
transport individuels (72% des Canadiens utilisant la voiture pour se rendre au travail
selon Statistique Canada (2009)) qui incite des citadins à s’installer plus loin des
agglomérations et profiter de certains avantages de la côte notamment, tandis que dans
les pays du Sud, la pression foncière écarte les citoyens les moins fortunés vers la
périphérie des villes (bien que ce dernier facteur soit également présent dans de
nombreuses villes nord-américaines et européennes). Le centre urbain de Moncton est un
exemple du premier cas de figure, puisque de nombreux professionnels qui y travaillent
s’installent sur la côte sud-est du Nouveau-Brunswick, accessible en une demi-heure en
voiture.
48 À Dakar et d’autres centres urbains de la petite côte du Sénégal, on assiste à un étalement
urbain non planifié et accompagné d’une déréglementation du marché du foncier et de
l’immobilier, qui a mené à l’exclusion des populations à faible revenu et à une
différenciation sociospatiale très marquées (Ndiaye, 2015). Les zones à faibles revenus
sont aussi celles qui sont les plus à risque d’inondations (d’origine pluviale ou maritime
confondue), notamment du fait du manque d’aménagement de ces territoires (Ndiaye,
2015). Le cas des zones traditionnelles, habitées déjà avant la colonisation par les Lébous,
est un peu différent puisqu’il s’agit de territoires en partie occupés de manière
traditionnelle en fonction de l’accès à la pêche, mais de plus en plus convoités par les
classes bourgeoises (Ndiaye, 2015). La « gentrification » du littoral peut donc mener à une
stratification sociale des différents types de risque, les risques de submersion et les
structures de protection contre ceux-ci, touchant les classes les plus aisées, et les risques
d’inondation pluviale, exacerbés par le manque d’infrastructure de gestion des
écoulements, touchant les classes le moins aisées. On peut cependant aussi trouver des
exemples de développement urbain dans des pays du Sud, où le littoral n’est pas occupé
par la bourgeoisie. À Port-au-Prince, Haïti, la bourgeoisie privilégie les quartiers en
hauteur, où le climat est plus frais et la pollution atmosphérique moins présente, tandis
que des bidonvilles comme Cité-Soleil sont installés en zone inondable en bord de mer
(Weissenberger et al., 2015).

Tourisme

49 L’essor du tourisme côtier depuis environ un siècle pour le Canada et la France et un peu
moins pour le Sénégal, peut être, lui aussi, considéré comme un facteur d’augmentation

VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 16 numéro 3 | décembre 2016


Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 29

de la vulnérabilité puisqu’il a mené à l’installation d’infrastructures bâties et


d’infrastructures de transport sur le littoral. Dans ce contexte, on peut distinguer le
tourisme de destination, lié aux transports collectifs – train, avion, bateau, et le tourisme
individuel « itinérant », lié à l’automobile. Dans les pays développés, ces deux formes se
sont succédé et chevauchées, tandis que dans les pays en développement, c’est
essentiellement l’essor du transport aérien qui a permis l’établissement d’un tourisme de
destination, concentré sur la côte. Au Canada, le développement du tourisme automobile
a été soutenu et favorisé par les autorités provinciales dans la période d’avant la Seconde
Guerre mondiale et est à l’origine de la construction de plusieurs routes côtières
contribuant ainsi à l’ouverture du territoire côtier hors des villages y étant
traditionnellement établis. Le tourisme automobile a rapidement pris de l’ampleur,
supplantant le tourisme de train, localisé sur quelques centres de villégiature. Au Québec,
le nombre de touristes motorisés est passé de 3500 en 1915 à 625 000 en 1929 (Lambert,
2013). En 2014, plus de 90 millions de touristes ont visité le Québec, dont plus de la moitié
en voiture (AQIT, 2016; RVT 2007). Au Nouveau-Brunswick, en 2011, ce sont plus d’un
million touristes qui sont venus à 87% en voiture (GNB, 2012). Le tourisme automobile va
souvent de pair avec une nouvelle perception de la zone côtière comme espace récréatif
et esthétique. Dans ce contexte, l’automobile « […] rend accessible des lieux jadis isolés et en
fait des territoires récréatifs et touristiques. Elle permet surtout de voir la géographie sous un
nouvel angle, soit en tant que touriste. Autour de l’automobile se cristallisent de nouvelles attentes
et des territoires entiers sont dorénavant considérés (et aménagés) comme récréatifs et touristiques
» (Sachs, 1992, dans Lambert, 2013). Comme en France, ce mouvement mène à
l’installation de nombreux chalets et résidences secondaires ainsi que d’infrastructures
de service en proximité de la côte. Le tourisme au Sénégal est plutôt un tourisme de
destination, et de loisir plus que de nature, principalement orienté vers la mer, et qui
conduit à l’installation de complexes hôteliers souvent internationaux proches de la côte.
Dans les trois pays, ce développement côtier, très proche du bord de mer, tient trop peu
compte des risques créés pour ces nouvelles infrastructures. Étant donné l’importance
économique du secteur, vu au Canada, en France et au Sénégal comme un moteur
économique face au déclin d’autres activités de la zone côtière, les autorités hésitent
souvent à réguler ces constructions ou à appliquer strictement des règlements existants.

Changements de populations et de pratiques des espaces côtiers

50 L’arrivée de nouvelles populations côtières est souvent synonyme de bouleversement


social. Cela peut se répercuter de différentes manières sur le capital social contribuant à
la capacité d’adaptation ainsi que sur la représentation de la zone côtière et la perception
du risque y étant associé. Au Sénégal, il a été observé (Noblet, 2015) que la connaissance
du milieu côtier et des risques d’inondation associés à certaines parties du territoire ne
s’est pas transmise entre les habitants traditionnels et les nouveaux arrivants, favorisant
l’implantation de ces derniers dans des zones inondables. Cette dynamique s’applique
aussi au Nouveau-Brunswick, bien que les risques liés à la submersion et à l’érosion aient
été bien documentés, soient souvent expliqués par le personnel des commissions
d’aménagement et aient été vécus lors de plusieurs tempêtes importantes au cours des
derniers dix ou quinze ans. Cependant, la prise de connaissance du risque d’inondation
n’est pas toujours garante de l’application du principe de prudence, comme on peut voir
dans le cas de terrains ayant été inondés lors des tempêtes de 2000 à 2010 et qui sont
quand même voués à être occupés (figure 16). Dans la région de Shippagan, Perthuis

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 30

(2015) observe qu’en absence d’événement meurtrier ou particulièrement marquant dans


le passé récent, la sensibilisation ne s’effectue pas et, bien qu’une mémoire des
évènements persiste, elle ne se traduit pas sous forme de « principe de précaution ». La
décision d’assumer le risque est donc souvent consciente. En partie, cela relève peut-être
d’une sous-estimation de ce risque, surtout à plus long terme en considérant l’impact des
changements climatiques. En France, le fait qu’il soit (encore) relativement facile d’être
indemnisé, soit à travers les assurances, soit par des programmes publics en cas de
catastrophe, ne dissuade pas de la prise de risque (Michel-Guillou et Meur-Ferec, 2016).

Figure 16. Terrain de construction à vendre dans une zone inondée lors de la tempête de 2010 dans
le sud-est du Nouveau-Brunswick.

Crédit : S. Doiron, 2010.

51 Il a souvent été remarqué qu’autrefois, les zones à risque de submersion n’étaient pas ou
peu développées et que leur occupation humaine est un fait assez récent. Ainsi, la ville
romaine de Londres était entièrement construite au-dessus de la ligne de 5 m et ce n’est
qu’à partir du 17e siècle, grâce à l’intervention d’ingénieurs néerlandais, que les terres
basses ont commencé à être poldérisées, menant à partir de la fin du 19e siècle à la
situation actuelle, où presque tout l’estuaire est anthropisé (Environment Agency, 2012).
De la même manière, une comparaison d’anciennes cartes de la Nouvelle-Orléans avec la
carte d’inondation de Katrina en 2005 montre que ce sont surtout les quartiers
développés au 20e siècle qui ont été inondés alors que le quartier français a été épargné
(Maret et Goeury, 2008; Weissenberger, 2015). Il est intéressant de noter que suite à
l’ouragan Katrina, on observe un redéploiement de l’urbanisme vers l’intérieur des terres
(Zaninetti, 2013).
52 Le changement démographique peut aussi provoquer une perte de cohésion sociale. Sur
la Petite Côte du Sénégal, les pêcheurs migrants sont très peu intégrés dans les structures
de prise de décision, même s’ils forment la majorité de la population. Ce clivage entre

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 31

natifs et nouveaux arrivants se fait sentir autant sur des questions de gestion des pêches
que sur la question de l’occupation du territoire (Noblet, 2015).
53 Au Nouveau-Brunswick, on observe également des conflits entre résidents de 1re et de 2 e
génération. À Pointe-du-Chêne et dans la communauté rurale de Beaubassin, certains
participants aux focus groups (Rabeniaina, 2015) ont exprimé une préoccupation vis-à-vis
d’une fracture croissante entre les résidents nouveaux, parmi eux de nombreux retraités
et résidents temporaires, et les résidents permanents qui habitent le lieu depuis de
nombreuses années, comme en témoignent ces extraits:

« Il faut trouver un moyen d’impliquer les résidents saisonniers dans


les projets de la communauté » (Participant - Focus Group – CSRSE)
« Il faut trouver une solution collective et non pas individuelle car
c’est tout le monde qui est affecté par l’aménagement côtier »
(Participante - Focus Group – CSRSE)

54 Cette perte de cohésion se répercute aussi sur la vision de l’avenir de la zone côtière. Dans
les communautés de Cocagne, Grande-Digue ou Dundas, tout comme dans la péninsule
Acadienne, celui-ci est vivement discuté; certains répondants s’inquiètent d’un
développement incontrôlé, d’autres privilégient la croissance économique (Guillemot,
2014, 2015; Rabeniaina, 2015).
55 Dans la péninsule Acadienne, on constate également un vieillissement de la population
vivant en front de mer, résultant d’une double tendance: les plus jeunes quittent pour des
emplois hors région et les retraités restent ou s’installent sur le littoral. Cette situation
est un facteur additionnel de vulnérabilité pour cette population qui jusqu’à maintenant
mobilise beaucoup les réseaux familiaux d’entraide pour faire face aux tempêtes
(Guillemot et al., 2014).

Prise en compte des changements climatiques dans les politiques


publiques

56 La prise en compte effective des changements climatiques et des risques côtiers dans les
politiques publiques et dans l’aménagement du territoire est encore difficile et peu
aboutie que ce soit au Sénégal, au Canada ou en France (Meur-Férec et Rabuteau, 2014;
Noblet, 2015). Les législations ou leur application ne semblent pas à la mesure du défi. Au
Nouveau-Brunswick, il n’existe qu’une politique sans force de loi régissant le
développement côtier. Au Sénégal, la législation existante n’est pas adéquatement
appliquée. Au Québec, des politiques ont été mises en place, mais un manque de vision
commune des différents ministères impliqués limite leur effectivité (Noblet et al., 2016).
En France, des outils de gestion différents existent, répondant à différents objectifs
comme la prévention des risques naturels, la maitrise de l’urbanisation, la défense contre
la mer ou l’adaptation aux changements climatiques (Meur-Ferec et Rabuteau, 2014). La
législation et les outils d’aménagement sont pléthoriques, mais de grandes difficultés
d’application persistent.
57 Dans les trois pays, les décennies passées de développement côtier ont créé un fait
accompli, un patrimoine bâti fondamentalement vulnérable à la dynamique côtière
renforcée par les impacts des changements climatiques. La relative nouveauté de
l’identification du phénomène de changements climatiques, les incertitudes scientifiques

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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 32

(réelles et perçues), le manque de connaissances et de moyens, la longue échelle de temps


du phénomène en question, sont autant de facteurs qui rendent une adaptation proactive
difficile. Les trajectoires de développement passées sont difficiles à infléchir, d’autant
plus que certains services écosystémiques côtiers, comme la beauté du paysage, son
aspect récréatif, en d’autres lieux les ressources halieutiques sont fortement prisés et
fortement ancrés dans la représentation de cet espace. Il importe aujourd’hui pour les
politiques publiques de pouvoir repenser le développement côtier en fonction du risque
climatique. Au Canada, les politiques publiques ne semblent pas en mesure d’infléchir les
tendances observées en ce qui concerne l’exposition aux risques côtiers actuels et futurs.
Le débat entre les tenants d’un contrôle des développements littoraux et leurs opposants
n’est pas clos. La question du recul reste difficile. Suivant la tempête de 2010, le
gouvernement du Québec a mis en place un programme de « buy-me-out » pour certaines
municipalités affectées par cette tempête. En France, deux ans après la tempête Xynthia,
le gouvernement a adopté en 2012 sa « stratégie nationale de gestion intégrée du trait de
côte: vers la relocalisation des activités et des biens ». Mais comme le souligne Minéo-
Kleiner (soumis), « la relocalisation suscite de nombreuses questions en termes de
réorganisations territoriales, d’échelles spatiales et temporelles, de pratique de gestion et
d’acceptabilité sociale ».

Conclusion
58 Dans les trois territoires étudiés, des dynamiques différentes, mais présentant de
nombreuses similitudes, ont mené à une augmentation de la vulnérabilité côtière. Les
trajectoires historiques sont déterminées par des facteurs environnementaux, sociaux,
économiques et culturels. De manière générale, à l’échelle mondiale, et dans les
territoires discutés ici, on observe des phénomènes de densification des enjeux bâtis près
du littoral, l’urbanisation, la péri-urbanisation, l’émergence des vocations touristiques et
résidentielles et la gentrification du littoral. Dans ce contexte, le développement des
transports a eu un effet structurant sur la côte en favorisant le rapprochement des
centres de population. Ce développement spatial coïncide avec un déclin du secteur
primaire et un développement du secteur tertiaire côtier, à travers notamment le
tourisme et la villégiature. Dans la plupart des cas, cette évolution mène à une situation
de risque plus élevé vis-à-vis des aléas météo-marins. La zone côtière devient ainsi encore
plus sensible aux impacts des changements climatiques et cette vulnérabilité est amenée
à s’accroitre dans les décennies à venir. La gestion actuelle des zones côtières peine à
réagir face à ces risques présents et futurs et reste souvent cantonnée dans une logique
d’adaptation réactive. Cependant, nos enquêtes et observations démontrent que les
résidents de la côte deviennent de plus en plus conscients de ces risques, aussi du fait
d’évènements extrêmes récents et des changements environnementaux observés. Dans le
contexte des changements climatiques, cette conscience du risque côtier pose aux
communautés côtières la question de la protection contre ces risques, et dans le moyen et
long terme, de l’adaptation et sans doute d’une nouvelle vision de l’aménagement des
côtes.

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NOTES
1. Projet OSIRISC « Vers un observatoire intégré des risques côtiers d’érosion submersion ».
Fondation de France (2015-18).
Projet COCORISCO (Connaissance et Compréhension des Risques Côtiers), Agence Nationale de la
Recherche Changements Environnementaux Planétaires et Sociétés. (2011-14).

VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 16 numéro 3 | décembre 2016


Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabi... 41

Projet ADAPTALITT (capacités d'adaptation des sociétés littorales aux phénomènes d'érosion –
submersion des côtes en prise avec les changements climatiques) du programme GICC (Gestion et
impacts du changement climatique), Ministère chargé de l’Environnement (2009-12).
Projet MISEEVA (Marine Inundation hazard exposure modelling and Social, Economic and
Environmental Vulnerability Assessment in regard to global changes) de Agence Nationale de la
Recherche Vulnérabilité Milieux et Climat (2007-11).
Projet PNEC (Programme National d'Environnement Côtier) La vulnérabilité des territoires côtiers:
évaluation, enjeux et politiques publiques (2002-04).
2. Les résidences secondaires sont très nombreuses en France qui détient un record mondial dans
ce domaine. Si on compte 250 000 résidences secondaires en France avant la seconde guerre
mondiale, elles sont plus de 3 millions en 2015, et représentent plus de 10% des logements du
pays (INSEE, 2015).
3. Parc National du Delta du Saloum (76 000 hectares) en 1976, Réserve de Biosphère du Delta du
Saloum (334 000 hectares) en 1981, site Ramsar (73 000 hectares) en 1984, Aire Marine Protégée
Communautaire du Bamboung (6 800 hectares) en 2004 et inscription à la Liste du patrimoine
mondial de l’UNESCO en 2011.
4. Source: Permis délivré pour la communauté de Cocagne, Commission d’Aménagement de Kent,
Nouveau-Brunswick, Canada. 2012.

RÉSUMÉS
La vulnérabilité des zones côtière aux impacts des changements climatiques et aux aléas météo-
marins (tempêtes, inondations, etc.) résulte conjointement de dynamiques liées au milieu naturel
et à l’élément humain et social qui façonnent le système socio-écologique. Pour tenir compte de
cette dualité, des approches théoriques ont été développées, telles que le couple exposition/
sensibilité dans le développement d’indices de vulnérabilité climatique ou le couple aléa/enjeux
dans le domaine de la gestion du risque. Souvent, ces approches ne s’appliquent que de manière
instantanée et n’intègrent pas, entre autres, l’historique du territoire et l’évolution temporelle de
la vulnérabilité. Nous nous intéressons ici à la dimension historique de la vulnérabilité, c’est à
dire comment l’aménagement et l’utilisation du territoire ont contribué à créer une
vulnérabilité. Nous décrirons comment la vulnérabilité aux changements climatiques de certains
territoires côtiers en France, au Sénégal et dans l’Est du Canada est déterminée par l’évolution de
l’aménagement du territoire, lui-même fonction de facteurs démographiques, économiques,
environnementaux, sociaux et culturels qui se sont mis en place sur différentes échelles de
temps, séculaires pour certains, récentes pour d’autres. Nous constatons que différentes
trajectoires historiques, p. ex. le développement du tourisme côtier, l’ouverture du territoire à
travers des nouveaux modes de transport, l’évolution d’activités économiques côtières comme la
pêche, ou encore les changements démographiques résultant de conditions climatiques difficiles
dans l’hinterland peuvent rendre un territoire sensible aux impacts des changements climatiques
et des aléas météo-marins. La synergie entre ces différentes transformations du territoire côtier
et les changements climatiques actuels et attendus, donne le portrait d’une vulnérabilité en
constante transformation.

The vulnerability of coastal zones to the impacts of climate change and risks is the result of the
synergy of natural and human impacts on the natural environment, which together create a

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vulnerable socio-ecological system. In order to account for that duality, theoretical approaches
such as the exposition/sensitivity or risk/hazard couples have been developed for the evaluation
of climate vulnerability indices or in risk management. Often, these approaches are only
implemented in a punctual manner and do not integrate the historical evolution of the territory
and of its vulnerability. Here, we address the historical dimension of vulnerability, that is how
the planning, use and vocation of the territories have contributed to create vulnerability. We will
describe how the climate vulnerability of certain territories in France, Senegal and Atlantic
Canada is determined by the evolution of land use, of demographic, economic, environmental,
social and cultural aspects that evolve on different time scales, secular in some cases, more
recent in others. It can be observed that different historical trajectories, e.g. the development of
coastal tourism, the opening of the territory through new transport means, the evolution of
coastal activities such as fishing or demographic change resulting from adverse climatic
conditions in the hinterland can make a territory vulnerable to the impacts of climate change
and hazards. The synergy between these different transformations of the coastal zone and the
new element of climate change draw the portrait of a constantly evolving vulnerability.

INDEX
Mots-clés : changements climatiques, augmentation du niveau de la mer, développement côtier,
risque, aléa, vulnérabilité, adaptation, perception
Keywords : climate change, sea level rise, coastal development, risk, hazard, vulnerability,
adaptation, perception

AUTEURS
SEBASTIAN WEISSENBERGER

MÉLINDA NOBLET

STEVE PLANTE

OMER CHOUINARD

JULIE GUILLEMOT

MÉLANIE AUBÉ

CATHERINE MEUR-FÉREC

ÉLISABETH MICHEL-GUILLOU

NDICKOU GAYE

ALIOUNE KANE

COURA KANE

AWA NIANG

AICHETOU SECK

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