36 - La Naissance Du DICAMES. - La Gravite Des Choses
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36 - La Naissance Du DICAMES. - La Gravite Des Choses
La naissance du DICAMES,
l’archive ouverte du Conseil
africain et malgache pour
l’enseignement supérieur (2019)
Récit de la mise en place d’une innovation sociale et
technologique en Afrique francophone subsaharienne
FLORENCE PIRON; DJOSSÈ ROMÉO TESSY; ZAKARI LIRÉ; THOMAS HERVÉ
MBOA NKOUDOU; ET ANTONIN BENOÎT DIOUF
Pendant les deux années suivantes, plusieurs efforts ont été faits de part
et d’autre pour faire avancer l’idée. Des experts du Nord et du Sud ont été
consultés, notamment Bernard Pochet de l’Université de Liège, Thomas s’est
initié au logiciel Dspace et a pris des contacts avec plusieurs acteurs et
actrices de la communauté Dspace. Florence a analysé des dépôts multi-
institutionnels, notamment celui de la région de Washington DC, pour bien
évaluer la robustesse du concept « multi-institutionnel » du DICAMES.
Zakari Liré, chef du centre de documentation du CAMES, a été désigné
comme responsable du projet au CAMES. Une correspondance s’est installée,
Un partenariat a alors été noué entre Florence Piron, en tant que chercheuse
sur la science ouverte en Afrique francophone subsaharienne, et le CAMES
pour monter ensemble un projet de recherche-action visant la mise en
œuvre du DICAMES et l’optimisation de son appropriation pendant sa
première année d’existence. Ce projet intitulé « Optimisation de
l’appropriation d’une archive scientifique panafricaine ouverte » a été soumis
au programme d’engagement partenarial du Conseil de recherches en
sciences humaines du Canada (CRSH) en septembre 2017 et a bénéficié
en novembre 2017 d’un financement de 24980 dollars canadiens pour une
année, jusqu’en novembre 2018.
Un projet du CAMES
2. Dans le présent texte, nous ne pouvons pas analyser ces Directives qui sont publiques
et disponibles sur le Centre de ressources du DICAMES à
http://dicames.scienceafrique.org.
L’année 2018
De son côté, Djossè Tessy a effectué deux missions : l’une au Niger en juillet
2018 à l’occasion d’une réunion des CTS du CAMES, ce qui lui a permis de
rencontrer plusieurs utilisateurs et utilisatrices potentiel·le·s du DICAMES
dans les jurys mis en place par le CAMES, et l’autre au siège social du
CAMES à Ouagadougou où il a pu former des employé·e·s et des stagiaires
à l’utilisation des formulaires de dépôt. Finalement, une mission de Florence
en Guinée et au Sénégal en décembre 2018 termine ce programme.
Disposant d’un petit budget pour un projet aussi complexe, il a fallu aller
à l’essentiel dans les dépenses et mobiliser nombre d’allié·e·s bénévoles.
L’essentiel du budget (24980 $CAD) est en fait allé à trois postes clés. D’une
part, il a servi à payer les informaticien·ne·s de la compagnie à but non
lucratif koumbit.org, spécialisé·e·s dans le web solidaire, qui ont été
engagé·e·s pour installer le logiciel Dspace en décembre-janvier 2018. Bien
que vivant à Montréal, le chargé de projet chez Koumbit est tunisien et
a très vite compris l’impact social du DICAMES, ce qui a permis d’établir
une excellente collaboration. Nous avons également eu recours brièvement
à la firme québécoise InLibro, spécialisée en infrastructure technologique
documentaire, pour nous aider à configurer l’interface du site du DICAMES.
Mais cette interface, assez peu modifiée par rapport à ce que propose par
défaut la version 6 de Dspace que nous avions utilisée, a surtout été l’œuvre
de l’assistant de recherche béninois de Florence, Djossè Roméo Tessy, qui a
pris la relève de Thomas Hervé Mboa Nkoudou en septembre 2017. Djossè,
grâce à un salaire versé par le projet, a non seulement travaillé à la
configuration du site et de ses collections, mais il a élaboré les formulaires
de dépôt et a construit le Centre de ressources du DICAMES. Le reste de
la subvention a servi à financer en partie les missions de terrain présentées
plus haut, ainsi que des dépenses connexes liées à l’informatique
(hébergement, Handle, etc.). Le CAMES a déjà pris le relais et financé
l’hébergement du DICAMES jusqu’en janvier 2021.
Nous avons aussi recruté des allié·e·s précieux et précieuses parmi les
doctorants et doctorantes de plusieurs universités et les étudiants et
étudiantes en sciences de l’information, notamment de l’Université de
Dschang et de l’Université d’Abomey-Calavi, qui, confronté·e·s aux difficultés
de trouver des ressources documentaires sur l’Afrique, ont bien compris
la révolution que constituerait un DICAMES bien rempli. En raison de la
surcharge de travail des bibliothécaires et du peu de moyens et de temps
dont ils et elles disposent pour de nouveaux projets exigeants sur le plan
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technologique tels que le DICAMES , ces bénévoles, futur·e·s enseignants-
chercheurs et enseignantes-chercheuses, sont appelé·e·s à jouer un rôle
majeur dans le déploiement du DICAMES et le désenclavement de la science
de leur pays, de leur continent. Leur mobilisation fait partie du caractère
innovateur de notre manière de piloter le projet.
Les défis
Les défis sont nombreux. Le plus grand défi de l’appropriation est bien
su
̂ r la fracture numérique en Afrique francophone subsaharienne (Alzouma
2008; Banque mondiale 2016; Nyirenda-Jere et Biru 2015; van Dijk 2012) et
son impact en milieu universitaire, à savoir l’absence de virage numérique
dans la plupart des universités : accès précaire à la connexion wifi et aux
laboratoires informatiques dans les campus, numérisation très rare des
travaux imprimés, mais aussi faibles compétences numériques chez la
plupart des universitaires qui, en grande majorité, ne touchent à un
ordinateur qu’en entrant à l’université (Piron, Mboa Nkoudou, Pierre et al.
2016). Ce « fossé numérique » (Wackermann 2008) et la faible littératie
numérique globale (Hoeschsmann et DeWaard 2015) dans cette région du
3. Un des bibliothécaires que nous avons rencontré·e·s a profité de son implication dans
le DICAMES pour demander et recevoir un ordinateur portable de qualité.
Toutefois, les fondements solides que nous avons établis depuis juin 2015
nous permettent d’espérer une durabilité réelle pour ce grand projet
collectif. La suite dans quelques années!
Références