Sac de Dinant (1914)

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Sac de Dinant (1914)

Le sac de Dinant ou massacre de Dinant survient


durant la Première Guerre mondiale, en août 1914, Sac de Dinant (1914)
lorsque des exécutions en masse de civils, le pillage, la
mise à sac et l'incendie de Dinant, de Neffe et de
Bouvignes-sur-Meuse, en Belgique, sont perpétrés par les
troupes allemandes.

Ces exactions ont lieu dans le contexte de la bataille de


Dinant qui oppose les forces allemandes aux troupes
françaises. Convaincu que des francs-tireurs se
dissimulent au sein de la population civile, l'état-major
allemand donne des ordres pour exécuter la population et
incendier les habitations. Le 23 août 1914 et les jours qui
suivent, 674 hommes, femmes et enfants sont exécutés
par armes à feu en différents endroits de la ville. Deux
tiers des habitations dinantaises sont la proie des
flammes. La population civile, désarmée dès le 6 août,
avait instamment été priée de ne pas s'impliquer dans le
combat contre les envahisseurs.

La Belgique proteste vigoureusement et l'opinion


internationale s'en émeut, parlant du « viol de la
Belgique ». Ces atrocités ont longtemps été l'objet de
Dinant dévastée (haut) et telle qu'elle était un mois
déni ; il faut attendre 2001 pour que le gouvernement
avant la guerre (bas).
allemand adresse officiellement des excuses à la
Belgique et aux descendants des victimes.
Date 21 - 28 août 1914
Lieu Dinant, Belgique
Description Victimes Civils belges
Type incendies criminels,
exécutions sommaires
Les lieux Morts 674
La topographie du lieu joue un rôle déterminant dans le Auteurs Empire allemand
massacre de Dinant. Cette ville belge est située, Ordonné par Max von Hausen
principalement rive droite, entre la Meuse et la Motif présence imaginaire de
« Montagne », un affleurement rocheux de 100 mètres de francs-tireurs.
haut au sommet duquel se trouve une citadelle. Elle Guerre Première Guerre mondiale
s'étend du nord au sud sur quatre kilomètres. Sa partie la Coordonnées 50° 15′ 40″ nord,
plus large mesure trois cents mètres contre seulement 4° 54′ 43″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique

Géolocalisation sur la carte : Région wallonne

Dinant en 1914.

quelques mètres dans des zones d'étranglement qui ne


comportent guère plus que la route et un étroit chemin de
halage. Face à la collégiale, le pont principal relie le Géolocalisation sur la carte : province de Namur
quartier de Saint-Médard et le quartier de la gare, situés
rive gauche. En 1914, une passerelle relie quant à elle la
commune de Bouvignes-sur-Meuse (rive gauche) et
Devant-Bouvignes (rive droite). Au nord, se trouvent le
quartier de l'abbaye de Leffe et le faubourg de Leffe. Au
sud, débouchant du Froidvau, se trouvent, rive droite, les
quartiers des Rivages et de Saint-Nicolas. Face au rocher
Bayard s'étend, rive gauche, le village de Neffe. Peu
1, 2, 3, 4
d'accès mènent à la ville .

Contexte historique

Début de la Première Guerre mondiale


Mettant à exécution son plan Schlieffen, le 4 août 1914,
l'armée allemande envahit la Belgique quelques jours
après avoir envoyé un ultimatum au gouvernement belge demandant de laisser passer les troupes
allemandes par ses frontières. Le roi Albert et son gouvernement refusent de voir la neutralité et l'intégrité
5
du territoire bafouées .
6, 7
En août 1914, Dinant compte 7 890 habitants . Le 6 août 1914, le bourgmestre Arthur Defoin impose à
la population dinantaise de faire consigner ses armes et munitions à la maison communale — la même
8, 9, Note 1
mesure a été prise à Bouvignes-sur-Meuse . Le bourgmestre précise :
« Il est formellement signalé aux habitants que les civils ne peuvent se livrer à aucune
attaque ou violences par les armes à feu ou autres contre les troupes ennemies.
Semblables attaques sont prohibées par le droit des gens et exposeraient leurs auteurs,
peut-être même la ville, aux plus graves conséquences. Dinant, 6 août 1914, A.
10
Defoin . »
11
Cette même journée au matin, une compagnie de trente carabiniers-cyclistes du 1er chasseur à pied
belge arrive à Dinant. L'après-midi, une première patrouille de reconnaissance allemande fait une rapide
incursion en ville. Deux uhlans s'avancent dans la rue Saint-Jacques, la Garde civique ouvre le feu mais
ne les atteint pas. Un chasseur-cycliste décharge son fusil et blesse au bras un Allemand et sa monture, il
s'enfuit à pied et est rapidement rattrapé, le second fait une chute de cheval et sera soigné par le Dr Remy.
Le soir, l'avant-garde de la 5e armée française, le 148e régiment d'infanterie, prend position pour défendre
les ponts de Bouvignes-sur-Meuse et de Dinant. Le 7 août, les carabiniers-cyclistes sont rappelés à
Namur. Des escarmouches ont lieu entre les Français et les Allemands les jours suivants, un hussard est
tué le 11 août. Les Allemands renoncent alors aux missions des éclaireurs et utilisent leur aviation pour
12
évaluer les troupes en présence .

Défaite allemande du 15 août 1914


Deux divisions de cavalerie commandées par le
lieutenant-général von Richtoffen, la division de
cavalerie de la Garde et la 5e division constituent
l'avant-garde de la 3e armée allemande. À la
cavalerie se joignent 4 à 5 bataillons de chasseurs à
pied, appuyés par deux groupes d'artillerie et de
mitrailleuses. Le contingent de fantassins compte plus de 5 000 hommes. Ils ont pour mission de franchir
7
la Meuse entre Houx, Dinant et Anseremme .

Le 15 août, à six heures du matin, les Allemands commencent à bombarder les deux rives de la Meuse. Ils
détruisent tout d'abord l’hôpital civil sur lequel figurait cependant une énorme croix rouge. Arborant les
mêmes signes distinctifs, le château de Bouvignes transformé en hôpital de campagne pour les blessés
13
français subit un sort identique . Les combats font rage, l'armée allemande s'empare un temps de la
citadelle qui surplombe la ville et tente de franchir la Meuse. Elle est sur le point d'y parvenir lorsque la
division française Deligny, enfin autorisée à intervenir, fait taire l'artillerie ennemie avec ses pièces de 75
14
et contribue à repousser l'assaut .

Les Allemands quittent Dinant, trois mille de leurs hommes sont morts, blessés, prisonniers ou portés
disparus. Lorsque, au sommet de la citadelle, la population dinantaise voit l’étendard français remplacer
15
les couleurs allemandes qui y flottaient, elle entonne la Marseillaise . Les Français découvrent dans la
citadelle que des soldats français blessés ont été achevés sauvagement. Un caporal du 148e est retrouvé
pendu par le ceinturon à un arbuste, ses parties génitales ont été coupées. Durant la semaine suivante, les
troupes ennemies s'organisent. Le général Lanrezac et ses hommes remontent l'Entre-Sambre-et-Meuse
16, 17
tandis que les troupes de von Hausen se rapprochent du front situé alors entre Namur et Givet .

Mythe des francs-tireurs


Le mythe des francs-tireurs était particulièrement
vivace au sein des troupes allemandes et de ses
dirigeants depuis la guerre franco-allemande de 1870. Il
était même décrit dans des manuels sur l'art de la
guerre : ainsi, les auteurs du (de) Kriegsgebrauch im
Landkriege publié en 1902 invitent officiers et hommes
de troupes à la plus extrême sévérité dans le traitement
18
à réserver aux francs-tireurs . Cette croyance
profondément ancrée modèle donc la perception et la
lecture des événements des troupes saxonnes en
août 1914. Lorsque les patrouilles ne reviennent pas ou Mise en batterie d'un canon de 75 mm lors des
lorsque l'origine des tirs ne peut pas être clairement grandes manœuvres de l'armée française de
1913.
établie, elles l'attribuent volontiers à des francs-
19, 20, 21
tireurs . Des officiers désireux d'attiser la
pugnacité et la haine parmi la troupe répandent ainsi
22, 23
des rumeurs, parfois créées de toutes pièces .

Fait aggravant, la présence du groupe paramilitaire de


la Garde civique aux premiers jours de l'invasion
confirme cette perception des Allemands, qui
l'associent à une milice de civils en armes : en effet,
cette troupe, fondée lors de révolution belge de 1830, se
compose de bourgeois dont la mission est de défendre La Garde civique en 1914 à Herstal.
l'intégrité du territoire. Si les Dinantais sont désarmés
dès le 6 août par ordonnance communale, la Garde
24
civique n'est démobilisée que le 15 au matin et désarmée le 18 .

La défaite cuisante du 15 août mettant 3 000 hommes


hors de combat et cette Marseillaise entonnée par la
ville libérée exacerbent la haine de l'envahisseur envers
25
la population civile . « Démonstrations que, huit jours
plus tard, l'ennemi allait cruellement faire expier aux
26
Dinantais . »

Dès le 21 août, les troupes allemandes vivent donc dans


l'angoisse du franc-tireur. L'alcool, pillé dans les
habitations, est donc abondamment consommé afin de
Des officiers allemands dans une propriété 27, 28
raffermir les esprits : cela a pour effet d'accentuer
réquisitionnée pour le colonel Beeger, le
la confusion et l'anarchie qui régneront durant la
commandant militaire de Dinant, et son état- 29
major.
semaine suivante .

La configuration de Dinant, nichée au fond d'une vallée


30
étroite et profonde, empêche d'identifier la provenance d'un coup de fusil ; de même, cette localisation
31
est difficile lorsque les projectiles ricochent sur la roche . Par ailleurs, les Français, qui occupent les
hauteurs de la rive gauche, ne manquent pas de faire feu dès qu'un angle de tir s'offre à eux. Enfin, dans la
32
confusion des combats et la fumée des incendies, nombre de soldats allemands subissent des tirs amis .
33, 28
Tous ces éléments renforcent la certitude des troupes allemandes d'être victimes de francs-tireurs .
Dès lors, les hommes de troupe dont la perception du réel est modifiée au point d'en faire une lecture
erronée se sentent autorisés à recourir à la violence dans un élan qualifié par Arie Nicolaas Jan den
34, 35
Hollander de « psychose de guerre » .

Déroulement du sac

La veille : « Demain, Dinant tout brûlé et tout tué ! »


Le 21 août, certains officiers allemands explicitent leurs intentions. Ainsi un capitaine déclare au curé de
36, 37
Lisogne : « Demain, Dinant tout brûlé et tout tué ! - Nous, trop d'hommes perdus !»

Dans la nuit du 21 au 22 août, la population civile de Dinant connaît ses premiers heurts, une patrouille
allemande de reconnaissance bientôt rejointe par de nombreux soldats vociférants fait une incursion rue
38
Saint-Jacques . Il s'agit d'un bataillon mixte composé des hommes du IIe bataillon du régiment des
fusiliers no 108 qui opère conjointement avec la 1re compagnie du bataillon des pionniers no 12. Le raid
Note 2
motorisé dévale sur la ville depuis les hauteurs de la rive droite. Son avant-garde atteint même la
Meuse. Les Allemands tuent sept civils et boutent le feu à l'aide de bombes incendiaires à une vingtaine
39, 40
d'habitations de la rue dont cinq occupants périssent dans l'incendie . Pour les Allemands, il s'agissait
là d'une « reconnaissance en force ». Maurice Tschoffen parlera lui de l'« escapade d'un groupe de soldats
39
ivres » . Le journal de marche d'un des bataillons impliqués révèle que la décision de ce raid avait été
prise au niveau de la brigade et avait pour objectif la prise de Dinant : « [il s'agit de] prendre Dinant [...],
39
d'en chasser les défenseurs, et de détruire la ville autant que possible » . Après guerre, un soldat
dénommé Rasch, expliquera que, parvenus en fin de nuit au bas de la rue Saint-Jacques et voyant un café
Note 3
encore éclairé , ils y jetèrent une grenade à main et déclenchèrent une fusillade qui ne fit
qu'exacerber, dira-t-il, un sentiment de panique, les tirs semblant venir de toutes parts, y compris des
habitations. Sa compagnie perd huit hommes et son capitaine est sévèrement blessé. Finalement, cette
action désastreuse coûte la vie à dix-neuf Allemands et en blesse cent-dix-sept autres. Néanmoins, deux
éléments amplifient les pertes des Allemands qui, munis de torches, constituent des cibles parfaites pour
les troupes françaises ; de plus, il n'est pas à exclure que, pris de panique, les soldats allemands se soient
41
mutuellement tiré dessus. De nouveau, cet épisode conforte le mythe des francs-tireurs .

Ces premières exactions poussent la population à quitter la rive droite pour se mettre en sécurité.
Cependant, il lui est demandé de produire un laissez-passer délivré par l'autorité communale pour pouvoir
passer rive gauche. Les ponts de Dinant et de Bouvignes étant barricadés, les familles fuient à bord de
42
barges touristiques . Deux-mille-cinq-cents Dinantais parviennent ainsi à se mettre à l'abri derrière les
43
lignes françaises . Le 22 à midi, les Français interdisent ces traversées car elles entravent la circulation
42
des troupes . Le premier corps de la 5e armée française est relevé par la 51e division d'infanterie de
réserve et par le 273e régiment d'infanterie. Un petit contingent du corps expéditionnaire britannique est
44
également présent . La 51e division d'infanterie de réserve se retrouve ainsi face à trois corps d'armées
allemands sur un front de plus de trente kilomètres de large. À Dinant, le 273e régiment d'infanterie fait
face au XIIe corps d'armée (1er corps saxon) de l'armée saxonne en son entier. Un assaut par les Français
n'est donc pas envisageable mais la position avantageuse qu'ils tiennent doit leur permettre de retarder le
45
franchissement de la Meuse par le XIIe corps allemand. Dans cette optique, en milieu d'après-midi , les
Français font sauter le pont de Bouvignes-sur-Meuse mais maintiennent encore intact celui de Dinant. Ils
se retranchent rive gauche où ils attendent l'ennemi tout en renonçant à maintenir des troupes sur la rive
16, 44, 46
droite .

Le 23 août 1914 : le sac de Dinant


Le 23 août 1914, le XIIe corps d'armée (1er corps
saxon) pénètre dans la ville par quatre voies
47
distinctes . Au nord, la 32e division prend d'assaut le
secteur situé entre Houx et le faubourg de Leffe. Le
178e régiment de la 64e brigade avance par les Fonds
de Leffe. Sur leur passage, les Allemands tuent tous les
civils. Treize hommes sont fusillés au Pré Capelle par
six soldats du 103e régiment saxon et septante-et-un
sont assassinés aux abords de la « papeterie ». Paul
Zschocke, sous-officier au 103e RI, expliquera avoir
reçu l'ordre du commandant de la compagnie de
rechercher les francs-tireurs et « d'abattre toute
45
personne qu'il y trouverait » . Les maisons sont
systématiquement visitées et les civils sont soit abattus
soit conduits vers l'abbaye des Prémontrés. À dix
heures du matin, les religieux, ignorants du sort qui
allait leur être réservé, réunissent à la demande des
officiers allemands les quarante-trois hommes présents.
45, Note 4
Ils sont tous fusillés place de l'Abbaye . Quant
aux moines, les Allemands les rançonnent sous le
prétexte d'avoir tiré sur leurs troupes : le major Fränzel, qui parle français, leur demande ainsi de réunir la
somme de 60 000 francs belges ramenée ensuite, après consultation de sa hiérarchie, à 15 000 francs
48, 49, 50
belges .
51
Le soir, les 108 civils qui s'étaient dissimulés dans les caves de la grande manufacture de tissu de Leffe,
décident de se rendre. Le directeur, Remy Himmer, par ailleurs vice-consul de la République argentine,
ses proches et certains de ses ouvriers sont aussitôt arrêtés. Femmes et enfants sont envoyés au couvent
52
des Prémontrés ; malgré ses protestations auprès du lieutenant-colonel Blegen , Remy Himmer ainsi que
trente hommes sont passés par les armes sur la place de l'Abbaye encore jonchée des cadavres du matin.
49
Le soir, le feu est bouté à la grande manufacture . Le massacre se poursuit toute la nuit dans le quartier
de l'abbaye : les maisons sont pillées puis incendiées et les civils de sexe masculin sont abattus. Lorsque
les Allemands quittent Leffe, il ne reste plus qu'une dizaine d'hommes en vie. La 32e division construit
16, 53, 51
alors un pont de bateaux en face du Pâtis de Leffe et traverse la Meuse .

Les régiments no 108, no 182 de la 46e Brigade et les 12e et 48e régiments d'artillerie descendent par la
rue Saint-Jacques. À 6 h 30, son avant-garde atteint l'abattoir qui ne tarde pas à être la proie des flammes.
Les Allemands, trouvant moins de civils dans les habitations, incendient tout le quartier. Les civils de
sexe masculin qui avaient décidé de rester sont tous exécutés sans exception. Dans l'après-midi, un
54
peloton du 108e RI trouve une centaine de civils réfugiés à la brasserie Nicaise. Les femmes et les
enfants sont conduits à l'abbaye de Leffe ; les hommes, au nombre de 30, sont amenés rue des Tanneries,
alignés le long du mur Laurent puis exécutés. Trois d'entre eux parviennent à s'enfuir à la faveur de
16, 53, 54
l'obscurité tombante .

Des hommes du 182e RI construisent une barricade à l'aide de mobiliers pillés dans les maisons. Ils y
attachent un jeune homme qu'ils identifient à un franc-tireur, bien qu'il ait été trouvé sans arme, pour
servir de bouclier humain. En fin d'après-midi, pris sous le feu de leurs propres troupes, ils abattent leur
54
otage et se replient .

Le 100e régiment allemand descend de la montagne de


la Croix et attaque le quartier Saint-Nicolas qui est mis
à sac « de huit heures du matin à huit heures du
55, Note 5
soir » . Cet épisode est ainsi décrit par Maurice
Tschoffen, témoin des évènements : « Dans la rue
déserte, ils marchent sur deux files le long des maisons,
celle de droite surveillant les maisons de gauche et
inversement, tous le doigt sur la gâchette et prêts à faire
feu. Devant chaque porte, un groupe se forme, s'arrête
et crible de balles les maisons et spécialement les
fenêtres […] Je sais que les soldats jetèrent de
Évocation de la fusillade du mur Tschoffen (à 54
l'arrière plan, la prison) par Alexandre Daoust en nombreuses bombes dans les caves ». Deux hommes
56
1917. sont abattus sur le seuil de leur habitation . Comme
dans la rue Saint-Jacques, des civils servent de
boucliers humains sur la place d'Armes. Certains
d'entre eux tombent sous les balles françaises tirées depuis l'autre rive. Les Allemands en profitent pour
traverser la place et gagner le quartier des Rivages où les maisons sont incendiées et les civils acheminés
vers la maison Bouille. Là, ils sont répartis dans les différentes annexes, le café, la forge, les écuries. Les
56
incendies progressant, les Allemands les dirigent vers la prison . Au pied de la montagne de la Croix, les
hommes et les femmes sont séparés. Les femmes et les enfants sont priés de quitter les lieux mais restent
néanmoins pour connaître le sort de leur mari, de leur frère, de leur fils. Une partie des hommes sont
conduits à la prison ; cent-trente-sept autres sont alignés sur quatre rangs le long du mur du jardin de
57
Maurice Tschoffen, puis le colonel Bernhard Kielmannsegg du 100e RI commande leur exécution. Les
pelotons font feu à deux reprises, puis une mitrailleuse tire sur les cadavres depuis la terrasse du jardin
58
Frankinet . Cent-neuf hommes périssent tandis qu'une trentaine d'hommes feignent d'être morts. Ces
derniers, blessés pour la plupart, s'extraient du monceau de cadavres à la faveur de la nuit. Dans les jours
59 16, 53, 54, 60
suivants, cinq d'entre eux seront repris et fusillés . Le major von Loeben qui commande l'un
61
des deux pelotons d'exécution — le second étant commandé par le lieutenant von Ehrenthal —,
témoignant devant une commission d'enquête allemande, indiquera : « Je présume qu'il s'agissait des
61
hommes qui avaient tiré ou agi d'une façon ou d'une autre de manière hostile envers nos troupes ».

Au sud de la ville, le 101e régiment allemand n'arrive que plus tard, dans l'après-midi, par la route du
62
Froidvau . Ses hommes construisent un pont de bateaux en amont du rocher Bayard. Les civils sont faits
prisonniers et retenus comme otages. Un groupe de civils de Neffe qu'ils ont contraints à traverser sur des
barques les rejoint. Vers 17 h, les Allemands, qui ont déjà avancé de 40 mètres sur la Meuse, essuient un
63
tir nourri depuis la rive gauche . Au motif que les « Français tirent sur eux », les Allemands fusillent les
quatre-vingt-neuf otages le long du mur du jardin Bourdon. Septante-six sont tués dont trente-huit
femmes et sept enfants dont la plus jeune, Madeleine Fivet, a trois semaines. Le 101e traverse ensuite la
Meuse pour se rendre à Neffe. Cinquante-cinq civils s'y sont réfugiés dans un petit aqueduc sous la voie
ferrée. Karl Adolf von Zeschau ordonne l'assaut à coups de fusil et de grenades : vingt-trois civils sont
16, 53
tués et douze blessés .

Vers 18 h, le 23 août, les Français font sauter le pont de Dinant avant de battre en retraite par la route de
Philippeville. La barbarie allemande trouve encore à s'exprimer les jours suivants puis finit par
s'estomper. Ceux qui quittent trop tôt leur cachette le payent souvent de leur vie. Des civils sont
réquisitionnés pour ensevelir les centaines de cadavres qui jalonnent les rues et places de Dinant et de ses
16, 53
alentours .

Un peu plus tôt, à la prison, les Allemands ont séparé les femmes et les enfants des hommes. Ces
derniers, conscients du sort qui leur est réservé, reçoivent l'absolution d'un prêtre. Le bruit d'une fusillade
— celle du mur Tschoffen — sème le trouble tant parmi les prisonniers que parmi leurs geôliers. Certains
pensent même que les Français tentent de reprendre la ville. L'exécution n'a finalement pas lieu. Les
prisonniers sont conduits au rocher Bayard d'où les femmes et les enfants sont contraints de rejoindre
Dréhance et Anseremme à pied. Les quatre-cent-seize hommes sont en attente de leur déportation en
16, 53
Allemagne sous le commandement du capitaine Hammerstein . Les prisonniers sont dirigés vers
Marche puis conduits à la gare de Melreux : répartis par groupes de quarante dans des wagons à bestiaux,
64
ils sont envoyés à la prison de Cassel en Allemagne .

Le déplacement des prisonniers en Allemagne est rendu difficile


par les exactions commises par les militaires ou les populations
65
locales qu'ils croisent . Certains perdent la raison et sont abattus
sans autre forme de procès. Arrivés dans la prison, les conditions
de détention des prisonniers sont très difficiles : certains qui
avaient échappé à la mort lors des exécutions dinantaises et
avaient été déportés bien que grièvement blessés, succombent à
leurs blessures. Les membres d'une même famille ne peuvent
partager la même cellule. De plus, les prisonniers sont contraints Le cloître de l'abbaye Notre-Dame
de partager à quatre des cellules individuelles de 9 m2 et qui ne de Leffe.
66
comportent pas même une paillasse . Durant les huit premiers
jours, aucune sortie n'est autorisée. Puis le régime passe à une par
semaine puis trois. Dans son témoignage, Maurice Tschoffen (le procureur du Roi de Dinant) indique :
« Un jour, le directeur de la prison me déclara que les autorités militaires, à Berlin, étaient maintenant
convaincues que personne n'avait tiré à Dinant. Je ne sais ce qui lui a permis de faire cette affirmation. On
n'avait donc eu aucune raison de nous arrêter ; j'ignore celles que l'on put avoir de nous remettre en
67
liberté ». Plus tard, de retour en Belgique : « le général von Longchamps, me parlant des événements de
Dinant, me dit textuellement : «Il résulte, d'une enquête que j'ai faite, qu'aucun civil n'a tiré à Dinant.
Mais, il y a peut-être eu des Français, déguisés en civils, qui ont tiré. Et puis, dans l'entraînement du
67
combat, on va parfois plus loin qu'il ne faut … »

De leur côté, trente-trois ecclésiastiques sont également rassemblés à l’école régimentaire de Dinant puis
64
dirigés vers Marche où ils seront maintenus captifs durant un mois .

Dinant en ruine
Lors de ce sac, 750 immeubles ont été incendiés ou abattus, les deux tiers des constructions sont
68
détruites .
La collégiale et le pont L'hôtel de Ville. L'hôtel de Ville et la L'hôtel Citadelle.
détruit. poste depuis la rive
gauche.

La rue Grande. Le quartier Saint- L'église Saint-Pierre. La place Patenier.


Pierre.

Les ruines du collège Dinant en ruine en


de Belle-vue. mars 1915, seule la
voirie a été dégagée.

Les protagonistes de l'évènement

Le commandement allemand
La 3e armée allemande est sous les ordres du Saxon Max von Hausen. Cette troisième armée est elle-
même scindée en trois corps d'armée. C'est le XIIe corps d'armée (1er corps saxon) commandé par Karl
Ludwig d'Elsa qui a la charge de la prise de Dinant et du franchissement de la Meuse à cet endroit. Ce
XIIe corps est lui-même subdivisé en deux divisions, la 32e division d'infanterie commandée par le
lieutenant-général Horst Edler von der Planitz et la 23e division d'infanterie sous les ordres de Karl von
69, 70
Lindeman .
Explicitant les
pensées de l'ensemble
de ces chefs de
guerre, le général
Jakob von Hartmann
écrit : « Que des
particuliers soient
atteints durement,
quand on fait sur eux
un exemple destiné à
servir d'avertissement,
cela est assurément
déplorable pour eux. Max von Hausen
Mais, pour la commandant de la 3e armée
collectivité, c'est un allemande.
bienfait salutaire que
La mission du XIIe corps de la 3e armée : cette sévérité qui s'est
Dinant.
exercée contre des particuliers. Quand la guerre
nationale a éclaté, le terrorisme devient un principe
71
militairement nécessaire . » Vétéran de la guerre franco-allemande de 1870, Max von Hausen
recommande de son côté de se méfier des populations civiles qu'il considère promptes à prendre les
armes contre les troupes allemandes. Il en résulte qu'à tous les échelons du commandement, le mot
70
d'ordre est de « traiter les civils avec la plus grande rigueur ».

Les premiers échos concrets de présence de francs-tireurs parviennent à l'état-major allemand tandis que
la 3e armée est en train de se concentrer à l'est : « La population, excitée par une presse chauvine, le
clergé et le gouvernement, agit selon des instructions reçues à l'avance. Il ne faut [...] pas hésiter un
72
instant à réagir à cette situation par les mesures les plus sérieuses et rigoureuses . »

Cette croyance au « mythe des francs-tireurs » conduit les Allemands à prendre les plus sévères mesures
contre la population civile. En marge de la bataille de Dinant qui les oppose aux Français, certains
73
bataillons, voire certains régiments, reçoivent pour consigne de terroriser la population civile .

C'est le cas du régiment d'infanterie no 178 dirigé par le


colonel Kurt von Reyher, lui-même sous les ordres du
commandant de brigade, le général-major Morgenstern-
Döring, qui demande à ses troupes d’« être
74
impitoyables » et d'« agir sans le moindre égard
contre ces fanatiques francs-tireurs et d'user des
75
moyens les plus énergiques » . Von Reyher charge le
major Kock du 2e bataillon de « purger les
habitations ». En son sein, le capitaine Wilke,
commandant la 6e compagnie et plus tard la
9e compagnie placée sous ses ordres pour l'aider dans
cette tâche, pilote bon nombre d'actions contre la
Avancée allemande en août 1914.
population civile dans le but de la terroriser, notamment
70, 76
dans les Fonds de Leffe et à l'abbaye .
Pour ce qui concerne la 23e division d'infanterie au travers de sa 45e et 46e brigade, ce sont
principalement le 101e régiment de grenadiers saxons, commandé par le colonel Meister, et le 100e RI,
commandé par le lieutenant-colonel Kilmannsegg, qui sont à l'origine des exécutions, des pillages et des
incendies au sud de la ville, aux Rivages, dans le quartier Saint-Nicolas, à Neffe sous la coordination de
l'adjudant d’état-major Karl Adolf von Zeschau. Le major Schlick, commandant les 3e et 4e compagnies
77, 78
du RI no 101, est l'un des plus actifs dans ces faits .

Le 178e RI, qui a mis à sac Leffe, traverse la Meuse après le retrait des troupes françaises et atteint
79
Bouvignes-sur-Meuse. Là, il commet de nouveaux actes de violence en faisant trente-et-une victimes .
La 3e armée allemande, retardée pendant une semaine, poursuit désormais son avance, laissant dans son
sillage un pays dévasté par les pillages, les incendies et les exécutions sommaires de civils, « affrontant
80
ses deux ennemis, les Français et les francs-tireurs de son imagination ».

En février 1915, le premier numéro de La Libre Belgique clandestine énonce : « Il y a quelque chose de
81
plus fort que les Allemands, c'est la vérité » .

Les victimes
Note 6
Six-cent-septante-quatre civils périssent lors du sac de Dinant. Parmi eux, se trouvent quatre-vingt-
douze femmes ; dix-huit d'entre elles ont plus de 60 ans et seize moins de 15 ans. Sur les cinq-cent-
septante-sept hommes, septante-six ont plus de 60 ans et vingt-deux moins de 15 ans. La victime la plus
82
âgée a 88 ans, quatorze enfants ont moins de 5 ans. L'âge de la plus jeune victime est de 3 semaines .

Le nécrologe reprenant le nom des victimes civiles circule rapidement sous le manteau. La première
83
édition par Dom Norbert Nieuwland parue en 1915 comporte 606 noms . L'autorité militaire
d'occupation exige de la population que les exemplaires du nécrologe lui soient remis sous peine de
84
graves sanctions .
85
En 1922, Nieuwland et Schmitz arrivent à six-cent-septante-quatre victimes (dont cinq disparus) . En
86
1928, Nieuwland et Tschoffen reprennent ce même nombre de victimes et de disparus . Enfin, peu avant
le centenaire, Michel Coleau et Michel Kellner éditent une version corrigée du nécrologe et arrivent à un
87
total de six-cent-septante-quatre victimes identifiées et trois non identifiées .
87
Voir le nécrologe
# Nom Prénom Sexe Âge <15 ans Profession Lieu

1 Absil Joseph H 46 tisseur Papeterie

Devant-
2 Absil Lambert H 59 tailleur de pierre
Bouvignes
louageur de
3 Adnet Ferdinand H 48 Mur Tschoffen
voitures

4 Alardo Isidore H 20 cultivateur Bonair

Herbuchenne
5 Alardo Joseph H 18 cultivateur
(ferme Alardo)
6 Alardo Martin H 53 fermier Bonair

Martin
7 Alardo H 17 cultivateur Bonair
Désiré

Rue du
8 Altenhoven Marie F 14 oui faubourg
Saint-Nicolas
Place d'Armes
9 Anciaux Euphrosine F 85 rentière
et prison

10 Anciaux Robert H 32 agent de police Al' Bau

11 Andre Marie F 88 sans profession Mur Bourdon


Place de
12 Andrianne Victor H 59 concierge l'abbaye de
Leffe

13 Angot Emile H 48 fileur Mur Tschoffen

Place de
l'abbaye de
14 Ansotte Hector H 18 étudiant
Leffe ou
environs
Place de
l'abbaye de
15 Ares (Aeres) Armand H 33 menuisier
Leffe ou
environs

16 Ares (Aeres) Emile H 66 cocher Mur Tschoffen


17 Baclin Jules H 32 marbrier Papeterie

Place d'Armes
18 Bailly Félix H 41 employé
et prison

19 Balleux Félix H 16 mois oui Mur Bourdon


Entrée Fonds
20 Banse Gustave H 30 tisseur
de Leffe

21 Bara(s) Auguste H 15 étudiant Mur Bourdon

Collège
22 Barre Georges H 55 employé
communal
23 Barthelemy Gustave H 30 ouvrier de fabrique Mur Laurent

Jean-
24 Barthelemy H 23 tisseur Mur Laurent
Baptiste
greffier-adjoint
Rue Saint-
25 Barzin Léopold H 71 honoraire du
Pierre
tribunal
26 Bastin Herman H 33 postier Mur Tschoffen

27 Batteux Marie F 42 servante Rue Grande

28 Bauduin Edouard H 42 employé Mur Tschoffen


29 Baujot Alfred H 46 batelier Mur Bourdon

30 Baujot Maria F 5 oui Mur Bourdon

31 Baujot Marthe F 13 oui écolière Mur Bourdon


Rue des
32 Baussart Dieudonnée F 78 ménagère
Fossés

33 Bertulot Ernest H 48 marbrier Pré Capelle

34 Betemps Auguste H 27 jardinier Mur Bourdon


35 Betemps Maurice H 19 mois oui Mur Bourdon

Rue Saint-
36 Bietlot Charles H 76 sans profession
Pierre

Place de
ouvrier brasseur l'abbaye de
37 Bietlot Jean H 40
(magasinier) Leffe ou
environs
38 Biname Alphonse H 37 cimentier Mur Tschoffen

Place de
39 Blanchard Henri H 48 tisseur l'abbaye de
Leffe

Place de
40 Bon Célestin H 74 domestique l'abbaye de
Leffe
Bony (Frère
Jean- Leffe
41 Herman- H 60 religieux (convers)
Antoine (aqueduc)
Joseph)

42 Bouchat Théophile H 68 négociant Tienne d'Orsy

43 Bouche Gustave H 53 cordonnier Papeterie


44 Bouille Amand H 36 maréchal-ferrant Mur Tschoffen

45 Bourdon Alexandre H 74 négociant Mur Bourdon

greffier-adjoint du
46 Bourdon Edmond H 62 Mur Bourdon
tribunal
47 Bourdon Henri H 17 étudiant Mur Bourdon

Jeanne -
48 Bourdon F 33 couturière Mur Bourdon
Henriette

Jeanne-
49 Bourdon F 13 oui écolière Mur Bourdon
Marie
50 Bourdon Joseph H 56 cabaretier Rue Sax

Neffe
51 Bourdon Louis H 39 cultivateur
(aqueduc)

52 Bourguet Eugène H 30 journalier Mur Tschoffen


53 Bourguignon Clotilde F 68 sans profession Mur Bourdon
Neffe
54 Bourguignon Edmond H 16 mois oui
(aqueduc)

Jean- Neffe
55 Bourguignon H 29 camionneur
Baptiste (aqueduc)

Rue Saint-
56 Bovy Adèle F 29 ménagère
Pierre
chauffeur Jardins du
57 Bovy Constant H 23
d'automobile Casino

ouvrière de Rue Saint-


58 Bovy Héloïse F 23
fabrique Pierre

Rue Saint-
59 Bovy Marcel H 4 oui
Pierre
Place de
l'abbaye de
60 Bradt Julien H 33 cordonnier
Leffe ou
environs

Impasse
61 Brihaye Alfred H 25 garçon d'hôtel
Saint-Roch

employé bureau
62 Broutoux Emmanuel H 54 Mur Tschoffen
des hypothèques
Place de
63 Bulens Alfred H 26 fileur l'abbaye de
Leffe

64 Bulens Henri H 53 fileur Papeterie

65 Bulens Louis H 51 ouvrier de fabrique Papeterie


Ferme de
66 Bultot Alexis H 34 cultivateur
Malaise

Place de
67 Bultot Alphonse H 20 employé l'abbaye de
Leffe

Neffe
68 Bultot Camille H 14 oui tisseur
(aqueduc)
Place de
69 Bultot Emile H 39 tisseur l'abbaye de
Leffe

Ferme de
70 Bultot Joseph H 29 cultivateur
Malaise

Ferme de
71 Bultot Jules H 31 cultivateur
Malaise
Neffe
72 Bultot Léonie F 39 ménagère
(aqueduc)

Norbert- Neffe
73 Bultot H 35 camionneur
Adelin (aqueduc)

Norbert- Neffe
74 Bultot H 9 oui écolier
Alfred (aqueduc)
75 Burnay Zoé F 22 ménagère Mur Bourdon
Neffe-
76 Burniaux Ernest H 36 coupeur d'habits
Anseremme
77 Burton Euphrasie F 75 maraîchère Mur Bourdon

78 Calson Alfred H 61 menuisier Papeterie

Joseph-
79 Capelle H 62 cultivateur Pré Capelle
Jean
Joseph-
80 Capelle H 35 facteur des postes Papeterie
Martin

Leffe (couvent
81 Carriaux Charles H 36 manœuvre
des sœurs)

ouvrier de fabrique
82 Cartigny Henri H 25 Papeterie
(terrassier)
83 Cartigny Hubert H 53 marbrier Pré Capelle

84 Cartigny Léon H 28 ouvrier de fabrique Papeterie

Place de
85 Casaquy Auguste H 49 journalier l'abbaye de
Leffe
86 Cassart Alexis H 17 ouvrier de fabrique Mur Laurent

87 Cassart Camille H ? ouvrier de fabrique ?

88 Cassart François H 36 ouvrier de fabrique Papeterie


89 Cassart Hyacinthe H 43 ouvrier de fabrique Mur Laurent

90 Chabotier Joseph H 38 tisseur Mur Tschoffen

91 Chabotier Jules H 18 tisseur Mur Tschoffen


Entrée Fonds
92 Chabotier Louis H 16 ouvrier de fabrique
de Leffe

Neffe
93 Charlier Anna F 15 sans profession
(aqueduc)

Rue des
94 Charlier Auguste H 56 voiturier Basses
Tanneries
Neffe
95 Charlier Georgette F 9 oui écolière
(aqueduc)

Leffe (couvent
96 Charlier Henri H 40 tisseur
des sœurs)

Impasse
97 Charlier Jules H 35 journalier
Saint-Roch
employé au Neffe
98 Charlier Maurice H 16
chemin de fer (aqueduc)

Neffe
99 Charlier Saturnin H 40 garçon de magasin
(aqueduc)

100 Charlier Théodule H 48 vitrier Mur Tschoffen


Place de
101 Charlot Léon H 25 tisseur l'abbaye de
Leffe

102 Cletie Léopold H 32 garde particulier Mur Bourdon


103 Colignon Georges H 16 tisseur Mur Tschoffen
104 Colignon Joseph H 46 tisseur Mur Tschoffen

105 Colignon Lambert H 43 tailleur d'habits Papeterie

105 Colignon Louis H 38 tisseur Mur Tschoffen


Rue du
107 Colignon Victor H 42 tisseur faubourg
Saint-Nicolas

108 Colin Auguste H 60 maçon Rue Sax

109 Colin Héloïse F 75 sans profession Rue Grande


110 Collard Emile H 75 cordonnier Mur Bourdon

111 Collard Florent H 39 plafonneur Mur Tschoffen

112 Collard Henri H 37 plafonneur Mur Tschoffen


ancien cantonnier
113 Collard Joseph H 77 Mur Bourdon
au chemin de fer

114 Colle Camille H 47 négociant Mur Tschoffen

115 Colle Georges H 19 étudiant Mur Tschoffen


peintre en
116 Colle Henri H 22 Mur Tschoffen
bâtiments

117 Colle Léon H 16 étudiant Mur Tschoffen

Entrée Fonds
118 Collignon Arthur H 16 tisseur
de Leffe
119 Collignon Camille H 30 tisseur Papeterie

Entrée Fonds
120 Collignon Xavier H 55 tisseur
de Leffe

121 Corbiau Paul H 61 rentier Mur Tschoffen


appareilleur à Rue Saint-
122 Corbisier Frédéric H 17
l'usine à gaz Pierre

appareilleur à Rue Saint-


123 Corbisier Joseph H 42
l'usine à gaz Pierre

124 Couillard Armand H 34 ébéniste Tienne d'Orsy


Rue Saint-
125 Couillard Auguste H 71 ébéniste
Jacques

Rue Saint-
126 Coupienne Camille H 32 boulanger
Pierre

127 Coupienne Emile H 54 cordonnier Mur Laurent


128 Coupienne Henri H 38 rattacheur Mur Tschoffen

Place de
Joseph-
129 Coupienne H 36 tisseur l'abbaye de
Camille
Leffe

Rue Saint-
130 Coupienne Joseph H 58 cordonnier
Pierre
Leffe (couvent
131 Coupienne Victor H 51 ouvrier brasseur
des sœurs)
Place de
132 Croin Lambert H 46 tisseur l'abbaye de
Leffe
133 Culot Edouard H 59 négociant Mur Tschoffen

134 Culot Florent H 24 entrepreneur Pré Capelle

135 Culot Gustave H 24 ouvrier de fabrique Mur Bourdon


136 Culot Henri H 48 magasinier Mur Bourdon

137 Dachelet Camille H 20 domestique Pré Capelle

138 Dachelet Zéphyrin H 17 domestique Pré Capelle


139 Dandoy Gustave H 44 ouvrier brasseur Mur Tschoffen

Entrée Fonds
140 Darville Arthur H 26 employé
de Leffe

Neffe-
141 Dasty Désiré H 74 rentier
Anseremme
142 Dauphin Camille H 18 tisseur Neffe-Dinant

Neffe-
143 Dauphin Désiré H 35 magasinier
Anseremme

144 Dauphin Joséphine F 20 tisseuse Neffe-Dinant


145 Dauphin Léopold H 49 tisseur Neffe-Dinant

Rue Saint-
170 De Muyter Constantin H 60 magasinier
Pierre

Rue Saint-
146 Defays Marie F 54 ménagère
Pierre
agent
147 Dehez Sylvain H 43 Papeterie
d'assurances

148 Dehu Victorien H 48 journalier Papeterie

Place de
149 Delaey Arthur H 20 tisseur l'abbaye de
Leffe
Place de
150 Delaey Emile H 24 tisseur l'abbaye de
Leffe

Place de
Camille-
151 Delaey H 23 rattacheur l'abbaye de
Alexis
Leffe

Camille-
152 Delaey H 48 tisseur Papeterie
Antoine
153 Delaey Georges H 16 rattacheur Papeterie

Rue Saint-
154 Delaey Philippe H 20 ouvrier gazier
Pierre

Rue Saint-
155 Delaire Marie F 36 ménagère
Pierre
Herbuchenne
156 Delcourt Louis H 56 manœuvre
(?)
Neffe
157 Delieux Thérèse F 38 ménagère
(aqueduc)
Neffe-
158 Delimoy Victorine H 81 sans profession
Anseremme

Impasse
159 Dellot Charles H 32 journalier
Saint-Roch

Montagne de
160 Dellot Jules H 29 journalier
la Croix
Place de
161 Deloge Alphonse H 58 boucher l'abbaye de
Leffe

Place de
162 Deloge Edmond H 23 boucher l'abbaye de
Leffe

Place de
163 Deloge Eugène H 15 tisseur l'abbaye de
Leffe
Place de
164 Deloge Ferdinand H 44 contremaître l'abbaye de
Leffe

165 Delvaux Henri H 54 fabricant de pianos Ferme Alardo

Place de
l'abbaye de
166 Delvigne Jules H 48 menuisier
Leffe ou
environs
167 Demillier Arthur H 24 garçon d'hôtel Saint-Médard

Place de
168 Demotie Elisée H 41 doucheur l'abbaye de
Leffe

Place de
169 Demotie Modeste H 45 tisseur l'abbaye de
Leffe
171 Deskeuve Jean H 39 cantonnier de l'État Mur Bourdon

172 Deskeuve Marie F 36 maraîchère Mur Bourdon

173 Dessy Jules H 38 magasinier Papeterie


Rue des
174 Detinne Augustine F 61 ménagère
Fossés

175 Dewez François H 32 maréchal-ferrant Pré Capelle

177 Didion Callixte H 20 garçon d'hôtel Saint-Médard


176 Diffrang Emile H 49 tisseur Mur Bourdon

Leffe (couvent
178 Disy Georges H 34 tisseur
des sœurs)

Leffe (impasse
179 Disy Jacques H 55 journalier
St-Georges)
180 Disy Julien H 68 magasinier Mur Tschoffen

181 Disy Luc H 35 tisseur Place de


l'abbaye de
Leffe ou
environs

182 Disy Vital H 48 tisseur Mur Laurent


Impasse
183 Dobbeleer Jules H 36 confiseur
Saint-Roch

Place de
184 Dome Adolphe H 48 professeur l'abbaye de
Leffe

185 Domine Ernest H 51 cantonnier de l'État Mur Bourdon


Place de
peintre en
187 Donnay Léon H 36 l'abbaye de
bâtiments
Leffe

188 Donné Camille H 36 tisseur Papeterie

Pierre-
Collège
186 Dony Joseph H 70 concierge
communal
Adelin
189 Dubois Joseph H 62 journalier Papeterie

190 Dubois Xavier H 44 colporteur Mur Bourdon

chauffeur à la
191 Duchene Emile H 49 Papeterie
fabrique de tissus
Place de
l'abbaye de
192 Duchene Ernest H 55 tisseur
Leffe ou
environs

Neffe
193 Dufrenne Renée F 37 ménagère
(aqueduc)

200 Dujeux François H 39 camionneur Mur Tschoffen


194 Dumont Clémentine F 38 ménagère Mur Bourdon

195 Dupont Joseph H 8 oui écolier Mur Bourdon

196 Dupont Léon H 38 garde particulier Mur Bourdon


197 Dupont René H 10 oui écolier Mur Bourdon

198 Dure Léon H 50 journalier Bouvignes


199 Dury Emile H 49 cordonnier Mur Bourdon

201 Eliet Arthur H 56 tisseur Papeterie

202 Eloy Waldor H 37 instituteur Pré Capelle


Ferme de
203 Englebert Alexis H 61 journalier
Malaise

Victor-
204 Englebert H 60 garçon-brasseur Papeterie
Joseph

205 Étienne Auguste H 23 voiturier Mur Bourdon


cultivateur
206 Eugene Emile H 39 Mouchenne
(domestique)

Jean-
207 Evrard H 38 tisseur Papeterie
Baptiste

208 Fabry Albert H 44 négociant Mur Tschoffen


Place de
l'abbaye de
209 Fallay Jacques H 44 négociant
Leffe ou
environs
Promenade de
210 Fastres François H 68 maçon
Meuse

211 Fastres Odile F 42 maraîchère Mur Bourdon

212 Fauconnier Auguste H 39 magasinier Mur Tschoffen


employé (fabrique
213 Fauconnier Théophile H 44 Mur Tschoffen
de Leffe)

Place de
Antoine-
214 Fauquet H 22 tisseur l'abbaye de
Zéphyrin
Leffe

Place de
215 Fauquet Louis H 30 coiffeur l'abbaye de
Leffe
Place de
216 Fauquet Théophile H 52 tisseur l'abbaye de
Leffe

217 Fecherolle Henri H 40 plombier Mur Tschoffen

218 Fecherolle Henri H 46 tisseur Mur Tschoffen


Place de
219 Fecherolle Joseph H 33 tisseur l'abbaye de
Leffe

220 Fecherolle Marcel H 17 tisseur Mur Tschoffen

221 Feret Alphonse H 38 voiturier Mur Laurent


222 Feret Louis H 16 tisseur Mur Laurent

Place de
223 Ferre Pierre H 63 religieux
Meuse

Impasse
224 Fevrier Eugène H 33 magasinier
Saint-Roch
225 Fevrier Georges H 31 ouvrier tanneur Mur Tschoffen

Devant-
226 Fievet Arnould H 72 sans profession
Bouvignes

peintre en
227 Fievez Auguste H 59 Mur Tschoffen
bâtiments
peintre en Rue Saint-
228 Fievez Camille H 55
bâtiments Pierre

229 Finfe Jean H 23 ouvrier de fabrique Mur Tschoffen

230 Finfe Joseph H 60 ouvrier carrier Mur Tschoffen


231 Finfe Julien H 32 tisseur Mur Tschoffen

232 Firmin Alexis H 19 tailleur d'habits Mur Tschoffen

Joseph- Montagne de
233 FIRMIN H 43 tailleur d'habits
Léon la Croix
apprenti-
234 Firmin Joseph H 16 Mur Tschoffen
mécanicien
typographe (tailleur
235 Firmin Léon H 18 Mur Tschoffen
d'habits)
236 Fisetie Camille H 50 négociant Mur Tschoffen

237 Fivet Auguste H 36 comptable Mur Tschoffen

238 Fivet Ferdinand H 25 ébéniste Mur Bourdon


3
239 Fivet Mariette F oui Mur Bourdon
semaines

240 Flostroy Emile H 31 boulanger Mur Tschoffen

241 Fondaire Ernest H 46 tailleur de pierre Papeterie


242 Fondaire Marcel H 14 oui Papeterie

ouvrière de Fonds de
243 Fondaire Pauline F 18
fabrique Leffe

244 Fondaire Robert H 16 tisseur Papeterie


Place de
l'abbaye de
245 Fonder François H 62 négociant
Leffe ou
environs

Jean-
246 Fonder H 31 architecte Mur Tschoffen
Baptiste

247 Fontaine Désiré H 32 pianiste Mur Laurent


248 Gaudinne Alphonse H 47 maçon Mur Bourdon

Place de
249 Gaudinne Edouard H 24 menuisier l'abbaye de
Leffe

250 Gaudinne François H 54 menuisier Papeterie


251 Gaudinne Florent H 7 oui écolier Mur Bourdon

252 Gaudinne Joseph H 71 vidangeur Herbuchenne

253 Gaudinne Jules H 16 menuisier Papeterie


Quartier de
254 Gaudinne René H 18 « La
Dinantaise »

tailleur d'habits
255 Gelinne Georges H 27 (ouvrier de chemin Mur Tschoffen
de fer)

256 Gelinne Gustave H 28 ouvrier carrossier Mur Tschoffen


257 Genet Alfred H 35 cuisinier Mur Tschoffen

258 Genon Gilda F 19 mois oui Mur Bourdon

Leffe (couvent
259 Genot Félicien H 64 tourneur en fer
des sœurs)
260 Georges Adelin H 34 menuisier La « Cité »

Montagne de
261 Georges Alexandre H 36 menuisier
la Croix

262 Georges Alfred H 36 tisseur Papeterie


Leffe (couvent
263 Georges Amand H 53 employé
des sœurs)
264 Georges Apolline F 54 ménagère Neffe-Dinant

chauffeur à l'usine Rue Saint-


265 Georges Auguste H 58
à gaz Pierre

Place d'Armes
266 Georges Auguste H 39 tailleur d'habits
et prison
Place de
267 Georges Camille H 36 boulanger l'abbaye de
Leffe

Entrée Fonds
268 Georges Henri H 68 serrurier
de Leffe

Entrée Fonds
269 Georges Joseph H 44 tisseur
de Leffe
Place de
270 Georges Louis H 28 employé l'abbaye de
Leffe

271 Geudvert Albert H 17 tisseur Papeterie

272 Geudvert Emile H 54 cordonnier Papeterie


Place de
273 Giaux Victor H 49 menuisier l'abbaye de
Leffe

Rue des
274 Gillain Alfred H 64 mécanicien Basses
Tanneries

275 Gillain Robert H 14 oui tisseur Neffe-Dinant


276 Gillet Jules H 28 marbrier Mur Tschoffen

277 Gillet Omer H 45 forgeron Bouvignes

Place de
278 Goard François H 60 sans profession l'abbaye de
Leffe
Marie- Rue Grande
279 Goard F 5 oui
Louise (?)

280 Godain Clément H 48 mouleur en sable Mur Tschoffen

281 Godinne Georges H 17 journalier Papeterie


282 Goffaux Marcel H 18 rattacheur Papeterie

283 Goffaux Pierre H 48 ouvrier de fabrique Papeterie

284 Goffin Eugène H 47 ouvrier brasseur Mur Tschoffen


Entrée Fonds
285 Goffin Eugène H 15 domestique
de Leffe

Place de
l'abbaye de
286 Gonze François H 25 menuisier
Leffe ou
environs

287 Gonze Léopold H 65 cordonnier Papeterie


Fonds de
288 Grandjean Désiré H 56 charpentier
Leffe
Place de
l'abbaye de
289 Grenier Joseph H 46 journalier
Leffe ou
environs

290 Grigniet François H 26 employé Mur Tschoffen

employé
Neffe-
291 Guerry Joseph H 31 (commissariat
Anseremme
d'arrondissement)
Fonds des
292 Guillaume Charles H 38 négociant
Pèlerins

Place de
293 Guillaume Emile H 44 instituteur l'abbaye de
Leffe

Neffe
294 Gustin Edmond H 10 oui écolier
(aqueduc)
Neffe
295 Gustin Marguerite F 20 couturière
(aqueduc)

296 Habran Emile H 31 tonnelier Papeterie

297 Halloy Gustave H 48 maçon Herbuchenne


298 Hamblenne Catherine F 51 ménagère Mur Bourdon

Entrée Fonds
299 Hamblenne Hubert H 45 menuisier
de Leffe

Impasse
300 Hansen Alexis H 54 manœuvre
Saint-Georges
301 Hardy Edouard H 50 tisseur Neffe-Dinant

302 Hardy Octave H 39 vannier Neffe-Dinant

303 Hastir Thérèse F 80 ménagère La « Cité »


Place de
l'abbaye de
304 Haustenne Emile H 30 ouvrier carrier
Leffe ou
environs

305 Hauteclaire Henri H 44 ouvrier carrier Herbuchenne

Herbuchenne
306 Hautot Emile H 30 cultivateur
(ferme Alardo)
Près de
307 Hautot Joseph H 34 cultivateur
Bonair

Rocher
308 Henenne René H 21 tisseur
Bayard

Entrée Fonds
309 Hennuy Alexis H 43 tisseur
de Leffe
Entrée Fonds
310 Hennuy Georges H 14 oui ouvrier de fabrique
de Leffe

Entrée Fonds
311 Hennuy Gustave H 36 tisseur
de Leffe
Place de
l'abbaye de
312 Hennuy Jules H 18 tisseur
Leffe ou
environs
Entrée Fonds
313 Hennuy Marcel H 15 tisseur
de Leffe

Place de
l'abbaye de
314 Henrion Alphonse H 41 tisseur
Leffe ou
environs

Devant-
315 Henry Camille H 30 ouvrier de fabrique
Bouvignes
Place de
l'abbaye de
316 Henry Désiré H 27 fileur
Leffe ou
environs

peintre en Rue Saint-


317 Herman Alphonse H 48
bâtiments Jacques

318 Herman Joseph H 29 journalier Papeterie


Neffe-
319 Herman Juliette F 13 oui écolière
Anseremme

confiseur
320 Hiernaux Jules H 41 Mur Laurent
(pâtissier)

Place de
directeur de
321 Himmer Remy H 65 l'abbaye de
fabrique
Leffe
employé de
322 Hopiard Emile H 29 Mur Tschoffen
commerce

323 Hotielet Arthur H 36 ouvrier de fabrique Papeterie

Rocher
324 Houbion Eugène H 76 batelier
Bayard
Sœurs de la
325 Houbion Jules H 50 tonnelier
Charité

326 Huberland Camille H 28 employé Mur Tschoffen

327 Hubert Octave H 36 agent de police Mur Tschoffen


Rue Saint-
328 Hubin Emile H 77 plafonneur
Pierre

Entrée Fonds
339 Jacqmain Auguste H 51 tailleur d'habits
de Leffe

Leffe (couvent
329 Jacquet Alexandre H 66 tisseur
des sœurs)
330 Jacquet Camille H 29 tisseur Papeterie

Rue Saint-
331 Jacquet Gaston H 41 boulanger
Pierre

Gustave-
332 Jacquet H 63 meunier Pré Capelle
Edmond
333 Jacquet Gustave H 23 cultivateur Pré Capelle

334 Jacquet Henri H 55 voiturier (tisseur) Papeterie


Montagne de
335 Jacquet Joseph H 45 garde-chasse
la Croix
voyageur de
336 Jacquet Jules H 65 Mur Tschoffen
commerce

Place de
l'abbaye de
337 Jacquet Louis H 36 tisseur
Leffe ou
environs

338 Jacquet Victor H 60 ouvrier de fabrique Papeterie


340 Jassogne Léon H 26 cordonnier Mur Tschoffen

ouvrière de Aux
341 Jassogne Théodorine F 27
fabrique Caracolles

Place de
342 Jaumaux Camille H 44 tisseur l'abbaye de
Leffe
Place de
343 Jaumaux Georges H 18 ouvrier de fabrique l'abbaye de
Leffe

344 Jaumot Alexandre H 36 journalier Mur Tschoffen

Place de
l'abbaye de
345 Junius Joseph H 43 mécanicien
Leffe ou
environs
346 Junius Prosper H 51 professeur Mur Laurent

347 Kestemont François H 21 garçon de café Mur Tschoffen

Rue Saint-
348 Kinif Joseph H 61 boulanger
Pierre
349 Kinique Edmond H 57 magasinier Mur Bourdon

350 Kinique Joseph H 19 diamantaire Mur Bourdon

351 Kinique Jules H 13 oui étudiant Mur Bourdon


352 Kinique Louise F 21 ménagère Mur Bourdon

Place de
l'abbaye de
353 Laffut Isidore H 61 contremaître
Leffe ou
environs

Place de
354 Laforet Adolphe H 23 tisseur l'abbaye de
Leffe
355 Laforet Alphonse H 34 tisseur Mur Tschoffen

Place de
Camille-
356 Laforet H 55 ouvrier brasseur l'abbaye de
Alphonse
Leffe

Place de
Camille-
357 Laforet H 18 ouvrier brasseur l'abbaye de
Victor
Leffe
Place de
358 Laforet Joseph H 37 tisseur l'abbaye de
Leffe
Place de
359 Laforet Xavier H 31 ouvrier brasseur l'abbaye de
Leffe
360 Lagneau Ernest H 67 ouvrier de fabrique Mur Bourdon

361 Lahaye Eugène H 47 boulanger Mur Laurent

Leffe (couvent
362 Lahaye Joseph H 55 pâtissier
des sœurs)
Neffe
363 Laloux Charlotte F 32 ménagère
(aqueduc)

Place de
Victor- l'abbaye de
364 Laloux H 76 tailleur de pierre
Lambert Leffe ou
environs

Place de
l'abbaye de
365 Lamand Marie F 31 ménagère
Leffe ou
environs
366 Lambert François H 45 tisseur Mur Tschoffen

camionneur
Impasse
367 Lambert Victor H 43 (ouvrier de
Saint-Roch
brasseur)

368 Lamberty Louis H 32 tonnelier Mur Tschoffen


Rue Saint-
369 Lamour Emile H 27 ébéniste
Pierre

Place de
370 Laurent Joseph H 56 négociant l'abbaye de
Leffe

371 Laurent Marie F 57 journalière Saint-Médard


Impasse
372 Laverge Mélanie F 38 ménagère
Saint-Roch

373 Lebrun Alphonse H 33 tailleur d'habits Mur Tschoffen

374 Lebrun Henri H 48 postier Mur Bourdon


Joseph- Place d'Armes
375 Lebrun H 19 tailleur d'habits
François et prison

Impasse
376 Lebrun Joseph H 59 journalier
Saint-Roch

377 Leclerc Olivier H 53 cultivateur Pré Capelle


378 Leclerc Pierre H 25 cultivateur Pré Capelle

379 Lecocq Louis H 53 organiste Mur Tschoffen

380 Lecomte Joséphine F 73 ménagère Mur Bourdon


Rocher
381 Ledent Gilles H 29 terrassier
Bayard

Place d'Armes
382 Legros Marie F 51 négociante
et prison

Place de
383 Lejeune Charles H 20 tourneur en bois l'abbaye de
Leffe
Impasse
384 Lemaire Camille H 17 boucher
Saint-Roch
385 Lemaire Jean H 41 tailleur d'habits Mur Tschoffen

386 Lemaire Jules H 42 boucher Mur Tschoffen

Anseremme
387 Lemer Charles H 13 oui écolier
(Brasserie)
388 Lemer François H 53 plafonneur Mur Tschoffen

Aux
389 Lemineur Joséphine F 72 sans profession
Caracolles

390 Lemineur Jules H 44 serrurier Mur Tschoffen


Neffe-
391 Lempereur Jeanne F 16 téléphoniste
Anseremme

Place de
Théodule-
contremaître l'abbaye de
392 Lenain Jean- H 40
(fabrique de Leffe) Leffe ou
Joseph
environs

Place de
l'abbaye de
393 Lenain Théodule H 17 employé
Leffe ou
environs
394 Lenel Auguste H 21 coiffeur Mur Tschoffen

395 Lenoir Victor H 58 journalier Saint-Médard

396 Leonard Françoise F 25 ménagère Mur Bourdon


voiturier
397 Lepage Camille H 53 Mur Tschoffen
(domestique)

ouvrière de
398 Lepas Louise F 16 Saint-Médard
fabrique

Dry les
399 Libert Léon H 21 ouvrier de fabrique
Wennes
Entrée Fonds
400 Libert Nestor H 30 cocher
de Leffe

Leffe (rue St-


401 Limet Jules H 46 tisseur
Georges)

Place de
peintre en
402 Lion Alexis H 41 l'abbaye de
bâtiments
Leffe
403 Lion Amand H 63 horloger Rue Sax

Place de
l'abbaye de
404 Lion Arthur H 26 tisseur
Leffe ou
environs

Rue Saint-
405 Lion Charles H 40 tailleur d'habits
Pierre
Place de
voyageur de
406 Lion Joseph H 28 l'abbaye de
commerce
Leffe

Rue Saint-
407 Lion Joseph H 69 typographe
Pierre
408 Lion Jules H 27 horloger Rue Sax
Entrée Fonds
409 Lissoir Camille H 33 boucher (tonnelier)
de Leffe

Entrée Fonds
410 Lissoir Pierre H 71 cultivateur
de Leffe

commissaire de Rue Saint-


411 Longville Félix H 63
police Pierre
412 Looze Marie F 43 ménagère Mur Bourdon

413 Louis Benjamin H 15 tisseur Mur Laurent

Place de
414 Louis Désiré H 55 contremaître l'abbaye de
Leffe
Place de
415 Louis Désiré H 20 employé l'abbaye de
Leffe

Place de
416 Louis Vital H 18 ouvrier de fabrique l'abbaye de
Leffe

contremaître
417 Louis Xavier H 51 Mur Laurent
(fabrique de Leffe)
Place de
418 Lupsin Alphonse H 59 ouvrier carrier l'abbaye de
Leffe

Marie- Hauteurs de la
419 Maillen F 42 négociante
Thérèse rive droite

Impasse
420 Manteau Edmond H 70 cabaretier
Saint-Roch
ouvrière de Aux
421 Maquet Elvire F 22
fabrique Caracolles

Leffe (couvent
422 Marchal Camille H 44 tisseur
des sœurs)

Place de
423 Marchal Henri H 18 tailleur d'habits l'abbaye de
Leffe
Place de
424 Marchal Jules H 47 magasinier l'abbaye de
Leffe

Place de
425 Marchal Michel H 50 tailleur d'habits l'abbaye de
Leffe

426 Marchot Gilda F 2 oui Mur Bourdon


427 Marchot Joseph H 46 charron Mur Bourdon

Place de
428 Maretie Hubert H 38 employé l'abbaye de
Leffe

Place de
l'abbaye de
429 Maretie Joseph H 42 contremaître
Leffe ou
environs
Montagne de
430 Marine Joseph H 55 ouvrier brasseur
la Croix
marchande de Rue des
431 Marlier Flore F 58
primeurs Fossés

432 Marsigny Madeleine F 22 sans profession Les Rivages

domestique de
433 Martin Alphonse H 62 Herbuchenne
ferme
ouvrière de
434 Martin Henriette F 19 Mur Bourdon
fabrique

435 Martin Joseph H 23 ouvrier de fabrique Mur Bourdon

ouvrière de
436 Martin Marie F 17 Mur Bourdon
fabrique
437 Martin Pierre H 60 coutelier Mur Bourdon

Place de
contremaître
438 Masson Camille H 42 l'abbaye de
(fabrique de Leffe)
Leffe

Place de
contremaître
439 Masson Victor H 39 l'abbaye de
(fabrique de Leffe)
Leffe
Neffe-
440 Matagne Clotilde F 71 sans profession
Anseremme

Rue Saint-
441 Materne Jules H 70 maraîcher
Jacques

Place de
442 Mathieu Emile H 51 mécanicien l'abbaye de
Leffe
443 Mathieux Auguste H 67 commissionnaire Mur Tschoffen

Rue Saint-
444 Mathieux Eugène H 69 ouvrier brasseur
Pierre

445 Mathieux François H 23 tailleur d'habits Mur Tschoffen


Place de
l'abbaye de
446 Maudoux Armand H 46 encolleur
Leffe ou
environs

447 Maurer Octave H 31 ouvrier brasseur Mur Tschoffen

448 Maury Alphonse H 48 maréchal-ferrant Mur Tschoffen


Fonds de
449 Mazy Antoine H 49 menuisier
Leffe

Joseph-
450 Mazy H 55 ouvrier brasseur Mur Tschoffen
Julien

Ferme de
451 Mazy Lucien H 26 tisseur
Malaise
452 Mazy Ulysse H 41 tailleur d'habits Papeterie

Impasse
453 Menu Hubert H 39 ouvrier débardeur
Saint-Roch

Collège
454 Mercenier Nicolas H 72 domestique
communal
455 Meura Alfred H 40 cordonnier Mur Tschoffen
Neffe
456 Meurat Emile H 7 oui écolier
(aqueduc)

Neffe
457 Meurat Eva F 6 oui écolière
(aqueduc)

Neffe
458 Meurat Victor H 2,5 ans oui
(aqueduc)
Rocher
459 Meurisse Marcelline F 59 ménagère
Bayard

Rue Saint-
461 Michel Emile H 27 tailleur d'habits
Pierre

462 Michel Hyacinthe H 57 journalier La « Cité »


Place de
463 Michel Jules H 39 magasinier l'abbaye de
Leffe

Place de
464 Michel Lambert H 63 boulanger l'abbaye de
Leffe

Place de
465 Michel Léon-Victor H 36 employé l'abbaye de
Leffe
marchand de
466 Michel Léon-Louis H 49 Au Couret
chiffons

470 Migeotte Adolphe H 62 cultivateur Papeterie

471 Migeotte Alphonse H 15 rattacheur Papeterie


472 Migeotte Camille H 19 tisseur Papeterie

473 Migeotte Constant H 14 oui Papeterie

474 Migeotte Emile H 32 voiturier (cocher) Papeterie


475 Migeotte Henri H 16 rattacheur Papeterie

476 Migeotte Louis H 50 fileur Papeterie

Place de
l'abbaye de
467 Milcamps Jules H 36 aide-éclusier
Leffe ou
environs
Place de
l'abbaye de
468 Milcamps Lucien H 68 ancien éclusier
Leffe ou
environs

469 Minet Marie F 45 ménagère Mur Bourdon

Place d'Armes
460 MlChat Andrée F 3 oui
et prison
477 Modave Nestor H 40 cultivateur Pré Capelle

478 Monard Jules H 79 rentier Pont d'Amour

Entrée Fonds
479 Monin Alphonse H 14 oui tisseur
de Leffe
480 Monin Arthur H 25 tisseur Mur Laurent
481 Monin Charles H 26 ouvrier de fabrique Papeterie
482 Monin Eugène H 19 ouvrier de fabrique Mur Laurent

483 Monin Félix H 53 fileur Papeterie

Place de
484 Monin Fernand H 55 négociant
Meuse
Place de
Jean- l'abbaye de
485 Monin H 47 tisseur
Baptiste Leffe ou
environs

486 Monin Henri H 28 ouvrier de fabrique Papeterie

487 Monin Hyacinthe H 53 tisseur Mur Laurent


488 Monin Jules H 40 brasseur Mur Laurent

Neffe
489 Monin Nicolas H 56 pâtissier
(aqueduc)

490 Monin Pierre H 27 tisseur Papeterie


494 Monty Alexandre H 39 rejointoyeur Papeterie

495 Morelle Joseph H 69 charron Mur Bourdon

496 Morelle Jules H 17 étudiant Mur Bourdon


497 Morelle Marguerite F 11 oui écolière Mur Bourdon

498 Mossiat Frédéric H 27 confiseur Mur Tschoffen

499 Mossiat Jules H 38 sommelier Mur Tschoffen


500 Mosty Eugène H 58 ouvrier brasseur Mur Laurent

Rue Saint-
501 Moussoux Léon H 55 hôtelier
Jacques

Place de
491 Mouton Jules H 48 négociant l'abbaye de
Leffe
Neffe-
492 Mouton Justine F 76 ménagère
Anseremme

493 Mouton René H 19 employé Papeterie

Leffe (rue
502 Naus Charles H 57 mécanicien
Longue)
Rue Saint-
503 Naus Joséphine F 67 ménagère
Pierre

Emile-
504 Nepper H 16 étudiant Papeterie
Thomas

505 Nepper Emile H 41 boucher Mur Tschoffen


506 Nepper Louis H 42 cultivateur Papeterie

507 Neuret Auguste H 22 tisseur Mur Tschoffen

508 Nicaise Gustave H 77 rentier Mur Laurent


509 Nicaise Léon H 75 rentier Mur Laurent

510 Ninite Nelly F 24 ménagère Les Rivages


511 Noel Alexandre H 40 plafonneur Mur Laurent
Louis-
512 Ory H 27 boulanger Mur Tschoffen
Joseph

514 Pairoux Alfred H 45 boucher Mur Tschoffen

513 Panier Fernand H 38 pharmacien Mur Tschoffen


Armand- chaudronnier
515 Paquet H 30 Papeterie
Joseph (manœuvre)

Place de
Armand- l'abbaye de
516 Paquet H 27 tourneur en bois
François Leffe ou
environs

517 Paquet Émilie F 76 ménagère Indéterminé


Dry les
518 Paquet Floris H 22 fileur
Wennes

519 Paquet Louis H 34 pharmacien Mur Tschoffen

520 Paquet Marie F 37 ménagère Mur Bourdon


Marie-
521 Paquet F 19 sans profession Mur Bourdon
Joséphine

Neffe-
522 Patard Marie F 57 ménagère
Anseremme

Jean-
523 Patigny H 43 camionneur Mur Tschoffen
Baptiste
524 Patigny Henri H 47 garçon d'hôtel Mur Tschoffen

Entrée des
tisseur (ouvrier de
525 Pecasse Florent H 56 Fonds de
tanneur)
Leffe

gérante de
526 Pecasse Hermance F 38 Rue Grande
magasin
Rue du
527 Pecasse Joseph H 38 ouvrier carrier faubourg
Saint-Nicolas

528 Peduzy Joseph H 50 tonnelier Mur Tschoffen

domestique Collège
529 Perez Villazo Vicente H 20
(cuisinier) communal
Nicolas- Leffe
530 Perreu H 40 religieux
Urbain (aqueduc)

531 Petit Joseph H 17 ouvrier de fabrique La « Cité »

532 Petit Noël H 12 oui La « Cité »


533 Philippart Jean H 59 coupeur d'habits Mur Tschoffen

534 Pierard Olivier H 67 rentier Mur Tschoffen

Place de
Adrien- l'abbaye de
535 Pierre H 73 journalier
Joseph Leffe ou
environs
Adrien- voyageur de Leffe (impasse
536 Pietie H 20
Victor commerce St-Georges)
Place de
l'abbaye de
537 Pietie Joseph H 45 boulanger
Leffe ou
environs
maraîchère
538 Pinsmaille Adèle F 44 Mur Bourdon
(couturière)

Quartier de
539 Pinsmaille Charles H 34 typographe « La
Dinantaise »

540 Pinsmaille Marie F 49 ménagère Mur Bourdon


Entrée Fonds
542 Pire Antoine H 21 tisseur
de Leffe

Entrée Fonds
543 Pire Emile H 53 tisseur
de Leffe

544 Piret Joseph H 47 ouvrier de fabrique Papeterie


Place de
545 Piret Victor H 63 postier l'abbaye de
Leffe

546 Pirlot Félicie F 67 maraîchère Mur Bourdon

547 Pirot Joseph H 38 matelassier Mur Tschoffen


Devant-
548 Pirson Alexandre H 52 ouvrier brasseur
Bouvignes

Route de
549 Pirson Narcisse H 47 postier
Namur

marchand de
541 Pl Raux Adelin H 32 Pré Capelle
bestiaux
Place de
550 Polita Joachim H 32 menuisier l'abbaye de
Leffe

Place de
l'abbaye de
551 Polita Léon H 37 tisseur
Leffe ou
environs

552 Pollet Auguste H 43 maraîcher (carrier) Mur Bourdon


Neffe
553 Pollet Edouard H 15 tisseur
(aqueduc)

554 Pollet Eugénie F 36 couturière Mur Bourdon

555 Pollet Louise F 46 ménagère Mur Bourdon


556 Pollet Nelly F 12 mois oui Mur Bourdon

Place de
557 Poncelet Gustave H 22 ouvrier gazier l'abbaye de
Leffe

Place de
558 Poncelet Henri H 61 journalier l'abbaye de
Leffe
559 Poncelet Henriette F 54 ménagère Mur Bourdon

560 Poncelet Pierre H 32 tisseur Place de


l'abbaye de
Leffe ou
environs

industriel Leffe (rue


561 Poncelet Victor H 41
(dinandier) Longue)
Rue de la
562 Poncin Jules H 48 tailleur de pierre
Grêle

563 Ponthieux François H 84 jardinier Indéterminé

Place de
receveur l'abbaye de
564 Prignon Octave H 40
communal Leffe ou
environs
565 Questiaux Ferdinand H 51 tisseur Papeterie

566 Quoilin Anselme H 53 employé Mur Laurent

Place de
567 Quoilin Anselme H 28 employé l'abbaye de
Leffe
Place de
568 Quoilin Désiré H 59 contremaître l'abbaye de
Leffe

Place de
569 Quoilin Fernand H 33 employé l'abbaye de
Leffe

Place de
l'abbaye de
570 Quoilin Joseph H 56 contremaître
Leffe ou
environs
571 Rase Emma F 50 sans profession Mur Bourdon

Place de
ouvrière de l'abbaye de
572 Rasseneux Léopoldine F 19
fabrique Leffe ou
environs

François- entrepreneur
573 Ravet H 50 Papeterie
Eugène (menuisier)
Place de
François- l'abbaye de
574 Ravet H 37 tourneur en bois
Albert Leffe ou
environs

Place de
l'abbaye de
575 Ravet Joseph H 39 tourneur en bois
Leffe ou
environs

Fonds de
576 Remacle Victor H 68 journalier
Leffe
docteur en
577 Remy Eudore H 39 Rue Sax
médecine

578 Renard Albert H 27 cocher Mur Tschoffen


Place de
l'abbaye de
579 Rifflart Nestor H 55 tisseur
Leffe ou
environs
Simon- commissaire-
580 Roba H 48 Mur Tschoffen
Joseph adjoint de police
581 Rodrigue Jean H 5 mois oui Les Rivages

582 Rolin Jules H 43 employé (croupier) Mur Bourdon

Impasse
583 Romain Camille H 40 commissionnaire
Saint-Roch
Impasse
584 Romain Henri H 30 ouvrier de ferme
Saint-Roch

585 Ronv(E)Aux Emile H 66 menuisier Papeterie

Place de
l'abbaye de
586 Ronv(E)Aux Joseph H 38 menuisier
Leffe ou
environs
Impasse
587 Roucoux Edmond H 17 cordonnier
Saint-Roch

Impasse
588 Roucoux Maurice H 16 tisseur
Saint-Roch

Rue Saint-
589 Rouelle Marcelline F 40 ménagère
Jacques
Entrée Fonds
590 Rouffiange Charles H 68 maçon
de Leffe

591 Rouffiange Désiré H 32 tisseur Papeterie

Neffe-
592 Roulin Germaine F 20 lingère
Anseremme
Neffe-
593 Roulin Henriette F 12 oui écolière
Anseremme

594 Roulin Joseph H 23 magasinier Mur Bourdon

Place de
employé (ouvrier
595 Sanglier Joseph H 37 l'abbaye de
de fabrique)
Leffe
Entrée Fonds
596 Sarazin Hortense F 59 ménagère
de Leffe

Impasse
597 Sauvage Auguste H 22 employé
Saint-Roch

Impasse
598 Sauvage Joseph H 28 tisseur
Saint-Roch
599 Schelbach Jules H 59 bourrelier Les Rivages

600 Schram Arthur H 28 tisseur Pont d'Amour

601 Schram Egide H 64 tourneur en bois Pont d'Amour


Place de
602 Seguin Jules H 67 tisseur l'abbaye de
Leffe

Neffe
603 Seha Vital H 59 tailleur d'habits
(aqueduc)

Place de
ancien secrétaire
604 Servais Adolphe H 63 l'abbaye de
communal
Leffe
Place de
605 Servais Georges H 26 ébéniste l'abbaye de
Leffe
Place de
606 Servais Léon H 23 boulanger l'abbaye de
Leffe

Place de
607 Servais Louis H 18 tourneur en bois l'abbaye de
Leffe

domestique de
608 Serville Guillaume H 51 Rondchêne
ferme
Rue Saint-
609 Sibret Alfred H 18 cultivateur
Jacques

Place Saint-
610 Simon Auguste H 22 vannier
Nicolas

611 Simon Étienne H 78 rentier Mur Laurent


Place de
612 Simon Florian H 39 ouvrier de fabrique l'abbaye de
Leffe

peintre en
613 Simon Léon H 55 Tienne d'Orsy
bâtiments

Place de
614 Simonet Arthur H 47 employé (tisseur) l'abbaye de
Leffe
615 Simonet Félix H 72 rentier Mur Laurent

ouvrier de chemin
616 Sinzot Léon H 43 Mur Laurent
de fer

voiturier Rue Saint-


617 Solbrun Elie H 40
(boulanger) Pierre
618 Somme Adelin H 25 électricien Mur Tschoffen

619 Somme Constant H 39 menuisier Mur Tschoffen

620 Somme Grégoire H 48 cordonnier Mur Tschoffen


621 Somme Hyacinthe H 26 boulanger Mur Tschoffen

622 Somme Léon H 18 électricien Mur Tschoffen

623 Soree Vital H 15 ouvrier de fabrique Mur Tschoffen


624 Sovet Emile H 32 cuisinier Mur Bourdon

625 Struvay Claire F 2 oui Mur Bourdon

626 Struvay René H 11 oui écolier Mur Bourdon


Rue Saint-
627 Taton Ferdinande F 62 ménagère
Jacques

Place de
l'abbaye de
628 Texhy Joseph H 39 tisseur
Leffe ou
environs

magasinier (ouvrier
629 Thianche Désiré H 30 Mur Tschoffen
de fondeur)
Place de
Maurice- l'abbaye de
630 Thibaux H 15 étudiant
Edmond Leffe ou
environs
Marie-
631 Thirifays Thérèse- F 57 sans profession Leffe
Adèle

Impasse
632 Thirifays Lambert H 33 rentier
Saint-Roch

Leffe (couvent
633 Thomas Joseph H 33 boulanger
des sœurs)
Neffe
634 Toussaint Céline F 33 ménagère
(aqueduc)

635 Toussaint Joseph H 56 tisseur Mur Tschoffen

Place de
l'abbaye de
636 Toussaint Louis H 32 encolleur
Leffe ou
environs
637 Toussaint Marie F 66 ménagère Pont d'Amour

Impasse
638 Toussaint Victor H 24 fontainier
Saint-Roch

marchand de Place de
639 Trinteler Eugène H 47
poissons Meuse
Place de
Van
640 Jean H 37 ouvrier bétonnier l'abbaye de
Buggenhout
Leffe

641 Vandeputie Henriette F 21 servante Bouvignes

642 Vanderhaegen Arthur H 36 tisseur Mur Bourdon


Place de
643 Vanheden Pauline F 55 négociante
Meuse

Augustin- Impasse
644 Vaugin H 64 cocher
Arille Saint-Roch

Arthur- Entrée Fonds


645 Verenne H 24 tisseur
Antoine de Leffe
646 Verenne Arthur-Gilles H 48 voiturier Mur Tschoffen

Impasse
647 Verenne Marcel H 17 ébéniste
Saint-Roch

648 Verenne Georges H 20 employé Mur Tschoffen


Rue Saint-
649 Vilain Alexandre H 40 négociant
Jacques

professeur de
650 Vilain Fernand H 34 Mur Tschoffen
musique

651 Vinstock Fernand H 25 tisseur Mur Tschoffen


652 Vinstock Frédéric H 57 voiturier Mur Tschoffen

653 Vinstock Jules H 15 étudiant Mur Tschoffen

654 Vinstock Louis H 19 tisseur Neffe-Dinant


655 Warnant Alzir H 34 journalier Papeterie
656 Warnant Félix H 24 journalier Papeterie

Leffe (impasse
657 Warnant Pierre H 24 forain
St-Georges)

658 Warnant Urbain H 30 journalier Papeterie


Neffe-
659 Wartique Rachel F 20 sans profession
Anseremme

660 Warzee Octave H 47 contremaître Mur Bourdon

661 Wasseige Jacques H 19 étudiant Mur Tschoffen


662 Wasseige Pierre H 20 employé Mur Tschoffen

663 Wasseige Xavier H 43 banquier Mur Tschoffen

664 Watrisse Emile H 28 tisseur Mur Bourdon


receveur de
Impasse
665 Wilmotie Camille H 23 tramways
Saint-Roch
(caissier)

Antoine- Rue Saint-


666 Winand H 36 tailleur d'habits
Ignace Pierre

Rue Saint-
667 Winand Victor H 30 cordonnier
Pierre
marchand de
668 Zwollen Edouard H 38 charbons (ouvrier Papeterie
de fabrique)

Fonds de
669 Zwollen Georges H 15 tisseur
Leffe

Fonds de
670 Zwollen Joseph H 42 tisseur
Leffe
2 mois
+671 Bouchat Adolphine F
1/2

+672 Demotie Henri H

+673 Étienne Joseph H 55


+674 Polita Raymond H 21

+ inconnu 1 H Pont d'Amour

+ inconnu 2 H Mur Tschoffen


Neffe (linge
+ inconnu 3 H
marqué H.A)

Les témoins
Quelques jours à peine après les événements qui viennent de frapper Dinant, les habitants décident de
consigner leurs témoignages, permettant ainsi de reconstituer le déroulement des faits.
Trois dépositions parmi des centaines conservées à l’évêché de Namur et à l'abbaye de Maredsous sont
particulièrement connues. Les témoins y indiquent :

« Toute la famille était rassemblée chez mes parents qui occupaient une maison adossée
au rocher, derrière les habitations de Joseph Rondelet et de la veuve Camille Thomas, rue
Saint-Pierre. Mon père, qui travaillait à Mianoye (Assesse) était absent. Le dimanche,
23 août, vers 16 heures, en voyant des Allemands s'installer dans le café Rondelet, dont
les propriétaires s'étaient enfuis la veille, et y boire jusqu'à l'ivresse, nous nous sommes
sauvés dans la montagne. Mais d'autres soldats, qui se trouvaient au-dessus de nous, nous
aperçurent ; ma mère qui s'était mise devant nous avec le petit Marcel, âgé de 4 ans, sur
les bras, leva la main restée libre. Néanmoins, les soldats tirent sur nous : une première
balle casse un bras à Marcel, une seconde touche ma mère au poignet et une troisième lui
fait sauter la cervelle. D'autres balles atteignent mes sœurs Adèle et Éloïse, qui tombent.
Tandis que Léon, Aline et Paul se sauvent d'un côté, je parviens à me cacher dans un
rocher où je suis restée jusqu'au lundi soir. Alors, les Allemands m'ont découverte et, avec
d'autres personnes, m'ont conduite chez les Prémontrés, où j'ai retrouvé ceux des miens
encore en vie. Le petit René, fils de ma sœur Éloïse, avait été recueilli par ordre des
Allemands par Mme Barzin et Mme Coupienne. Arthur Bietlot, qui a enterré nos morts,
déclare que le cadavre du petit Marcel était littéralement en morceaux. Constantin
Demuyter a été inhumé avec les nôtres, mais je ne sais comment il s'est trouvé là. Le
cadavre d'Eugène Mathieu a également été retrouvé dans notre jardin, mais un peu plus
88
haut . »
— Albine Bovy, rapport no 431

« Le 23 août, de grand matin, le canon se fait entendre et nous pensons assister à une
bataille analogue à celle du 15. Profitant d'une légère accalmie, vers 10 heures, mon père
et moi nous entr'ouvrons la porte d'entrée pour mieux nous rendre compte de ce qui se
passe dans la rue. Nous la refermons bien vite, en apercevant, à la hauteur de la caserne,
des soldats allemands qui, à notre vue, avaient relevé leur fusil, et nous rentrons sous
terre. Quelque temps après, nous entendons le bruit de vitres qu'on brise et de portes
qu'on enfonce. Bientôt nous percevons distinctement les coups de hache qui ébranlent la
nôtre. Mes parents se décident à aller ouvrir et se trouvaient déjà dans le corridor, lorsque
la porte cède sous les coups de ces énergumènes qui font irruption dans la maison, criant
comme des démons, et déchargeant à bout portant leurs armes. Mon père, atteint en pleine
poitrine, chancelle, recule de quelques pas encore, se cramponne à sa table de coupe et
tombe : il était mort. Ma mère, touchée à l'épaule,
pousse des cris de douleur et vient se réfugier
dans la cave, tandis que ma grand'maman,
voulant porter secours à son fils blessé à mort, est
elle-même frappée d'une balle dans la nuque qui
l'étend par terre. Un quatrième coup de feu atteint
mon grand-père, assis dans un fauteuil et le tue.
M'apercevant, les bandits déchargent sur moi
leurs armes, mais les balles sifflent à mes oreilles
sans me toucher. Les soldats, bien convaincus de
n'avoir épargné personne, se retirent et autour de
Les septante-six victimes du « mur Bourdon ». moi tout est bientôt plongé dans un silence de
89
mort . »
— Maurice Lion, Rapport no 426

« À peine étions-nous arrivés devant le mur Bourdon qu'on a tiré sur nous ; je suis tombé.
Alexandre Bourdon était sur moi. Vers 21 heures, j'ai voulu me relever ; aussitôt on a tiré
dans ma direction, mais comme j'étais en dessous de Bourdon, c'est lui qui a été touché.
Je pus alors me rendre compte de tout ce qui se passait autour de moi. J'ai entendu un
bébé qui pleurait et demandait à boire, c'était la petite Gilda Marchot, âgée de 2 ans ; un
Allemand s'est approché aussitôt et a mis le canon de son fusil dans la bouche de l'enfant
et a tiré ! Écœuré, je me suis retourné d'un autre côté et j'ai vu un soldat qui portait
quelque chose au bout de sa baïonnette ; j'ai reconnu le corps de ma petite nièce, Mariette
Fivet, qui avait trois semaines. Après avoir joué avec ce cadavre d'enfant, le soldat l'a
déposé à terre et lui a mis le pied sur l'estomac pour retirer sa baïonnette... Le lendemain,
j'ai enterré le corps de mon frère, de ma belle-sœur et de la petite Mariette, âgée de
22 jours. J'ai constaté que les linges du bébé étaient tout déchirés à l'estomac et remplis de
90
sang . »
— Camille Fivet, Rapport no 475

Réactions immédiates au massacre


Thomas-Louis Heylen, évêque de Namur, ne tarde pas à informer le pape Benoît XV. L'opinion publique
internationale s'indigne. Un groupe de nonante-trois intellectuels allemands adresse un « manifeste aux
nations civilisées », le manifeste des 93, dans lequel ils tentent de disculper leur armée. Le 10 mai 1915,
l'Office du Reich aux Affaires étrangères adresse au monde un Livre blanc qui tente de démontrer que
« les malheureuses troupes allemandes ont été cruellement éprouvées à Dinant par les attaques sauvages
91
et déloyales d'une population fanatique . »

Le Gouvernement belge rétorque en écrivant son Livre gris en 1916 : « Celui-là est deux fois coupable
qui, après avoir violé les droits d'autrui, tente encore, avec une singulière audace, de se justifier en
92
imputant à sa victime des fautes qu'elle n'a jamais commises ». La presse anglo-saxonne, outrée, parle
du viol de la Belgique (The Rape of Belgium). Depuis, ce terme reste associé aux exactions subies par la
93
population civile belge en août et septembre 1914 .

De son côté, l'évêque de Namur répond aux Allemands à la suite de la publication de leur Livre blanc :
« Nous n'attendons que le moment où l'historien impartial
pourra venir à Dinant, se rendre compte sur place de ce qui
s'y est passé, interroger les survivants. Il en reste un nombre
suffisant pour reconstituer l'ensemble des faits dans leur
vérité et dans leur sincérité. Alors il apparaîtra que jamais,
peut-être, on n'a rencontré chez des victimes une innocence
plus démontrée, chez les agresseurs une culpabilité aussi
évidente. Les événements se résoudront au déchaînement,
au sein d'une armée, d'une cruauté aussi inutile
qu'inexpliquée. Alors l'univers, qui a déjà jugé avec une
extrême et juste rigueur le massacre de près de sept cents
civils et la destruction d'une ville antique, avec ses
monuments, ses archives, ses industries, appréciera avec
plus de sévérité encore ce nouveau procédé qui, pour se
laver d'une accusation méritée, ne recule devant aucun
moyen et transforme en assassins des victimes injustement
94
sacrifiées . »

Illustration du viol de la Belgique par


le New-York Tribune.
Les procès d'après-guerre

Lors du traité de Versailles, les Alliés imposent à


l'Allemagne d'organiser le procès des présumés
criminels de guerre allemands : il s'agit des procès de
Leipzig qui se déroulent en 1921. La liste de demandes
d'extraditions des alliés comporte, en février 1920, huit-
Note 7
cent-cinquante-trois noms de dirigeants et
officiers accusés de comportements indignes à l'égard
de civils, de blessés ou de prisonniers de guerre. Parmi
ces noms, seuls quarante-trois sont transmis au tribunal
allemand, le Reichsgericht. Ainsi, la France souhaite
voir jugées onze personnes, la Belgique, quinze et la
Immeuble ayant hébergé le Reichsgericht à
Grande-Bretagne cinq. De même, l'Italie, la Pologne, la
Leipzig en 1921.
Roumanie et la Yougoslavie font juger douze
95
individus . Néanmoins, aucune de ces instructions ne
concerne directement le sac de Dinant.

Confier au vaincu le jugement de ses propres ressortissants pour crimes de guerre constitue une
innovation. Néanmoins, ces procès de Leipzig sont décevants pour les Alliés car la justice allemande est
prompte à disculper les accusés ou leur trouver des circonstances atténuantes. Ils jugent les peines
95
infligées faibles voire symboliques au regard des crimes commis .

Finalement, en ce qui concerne plus directement les exactions commises par la 3e armée allemande, les
Français et les Belges mettent en accusation sept généraux. Le 9 mai 1925, une cour martiale réunie à
Dinant condamne par contumace des officiers allemands jugés coupables du sac de la ville. Fin 1925, la
96
cour de Leipzig rejette en bloc l'ensemble de ces jugements et n'y donne par conséquent aucune suite .
Parmi ces sept généraux figure le colonel Johann Meister commandant du 101e régiment de grenadiers. Il
est acquitté en raison de l'absence de preuves ; de plus, le jugement s'appuie sur les enquêtes allemandes
de 1915 et de 1920, reprenant l'argumentaire du Livre blanc consacré aux francs-tireurs. Enfin, si elle
reconnait l'existence des exécutions d'otages, la cour estime que rien ne prouve le caractère illégal de leur
96
perpétration .

La mémoire du massacre

Lieux de mémoire et commémorations


Le 23 août 1919, le président de la Chambre française
des députés, Paul Deschanel, rend hommage aux
victimes dinantaises. Jean Schmitz et Norbert
Nieuwland s'appuient sur cette intervention pour
montrer la singularité de Dinant au sein des villes
97
martyres belges et françaises :

« « Dinant est une des stations de la voie


sanglante par où l'humanité s'est élevée, dans la
douleur, à la justice. » C'est ainsi que s'exprima
Paul Deschanel, président de la Chambre des sur les ruines de la ville et les tombes des
députés française, lors des commémorations du victimes, le 23 août 1919, en ce jour anniversaire
23 août 1919 à Dinant. du Sac de Dinant, M. Paul Deschanel, alors
Président de la Chambre française. Et il disait
bien vrai. De toutes les villes martyres sur le
front occidental — et Dieu sait si elles furent nombreuses tant en France qu'en Belgique
— personne ne refusera à Dinant la première place. Ce lugubre honneur, elle l'a payé
assez cher du reste pour qu'on ne le lui marchande pas ; car ce n'est pas seulement un
passé de gloire et de prospérité qu'elle a vu anéantir en quelques heures, ce ne sont pas
uniquement des souvenirs historiques et des œuvres d'art qu'elle a vu détruire par la
torche incendiaire, — d'autres villes ont matériellement plus souffert que la cité mosane,
mais elles ressuscitent déjà — non, ce qui place au premier rang la ville de Dinant sur la
liste si longue des cités martyres, c'est son nécrologe. Elle pleure près de sept cents de ses
enfants qui ne sont plus et qui, innocentes victimes, ont été lâchement assassinés par
l'ennemi sans qu'aucun jugement préalable ait été porté, sans qu'aucune preuve de
97
culpabilité ait pu être formulée contre eux . »

Monuments commémoratifs
Le 20 août 1922, un monument commémoratif est inauguré au lieu-dit « La Papeterie » (scierie Ravet).
98
Saccagé en 1940, il demeure toujours visible et rend hommage aux 68 personnes fusillées à cet endroit .

Le même jour, deux plaques de bronze réalisées par la Compagnie des Bronzes de Bruxelles sont
inaugurées à l'emplacement de l'ancienne manufacture de tissu en hommage à son directeur, Remy
Himmer, et ses 147 travailleurs. Un temps perdues, elles sont retrouvées en 1956 dans une décharge
publique à Anseremme et placées dans les Fonds de Leffe jusqu'en 2005. À cette date, elles retrouvent
98
leur emplacement d'origine .

Le 23 août 1923, un monument néo-classique est inauguré à Neffe. Le monument est lui aussi
endommagé par les Allemands en 1940. Il rend hommage à 81 victimes : les 23 victimes de l'aqueduc
98
ainsi que les habitants de Neffe fusillés au « mur Bourdon » .

Le 23 août 1927, l’« Autel de la Patrie » dans la cour de l'hôtel de ville est inauguré en présence du prince
héritier de Belgique. Réalisé par le sculpteur bruxellois Frans Huygelen, le monument représente au
98
travers de différents groupes de bronze une allégorie de la Patrie souffrante et finalement victorieuse . À
cette occasion, des stèles commémoratives sont également inaugurées dans différents endroits de la ville
dont celle du « mur Tschoffen ». Cet imposant bas-relief en bronze d'1,4 mètre de haut et de 3,5 mètres de
long a été réalisé par le même artiste. Sur le socle en pierre bleue est écrit : « Pieux hommage du souvenir
dinantais aux 674 victimes innocentes de la furie teutonne dont 116 trouvèrent la mort ici, le
98
23 août 1914 » . Une stèle commémorative est également inaugurée à l'emplacement du « Mur
Bourdon » en 1927. Elle comportait un bas-relief, aujourd'hui disparu, représentant un peloton
d'exécution tenant en joue des femmes et des enfants. Il rend hommage aux 83 victimes qui ont trouvé la
98
mort à cet endroit dont 7 enfants de 3 semaines à 2 ans .

Le 5 octobre 1930, un Sacré-Cœur est inauguré à Leffe, place de l'Abbaye, au lieu-dit « À la cliche de
bois ». Il remplace un premier mémorial érigé vers 1920. Une plaque commémorative du sculpteur Frans
Huygelen représentant le buste d'un Christ en croix est apposée sur l'ancienne maison Servais en
98
hommage aux 243 victimes de Leffe .

Le 23 août 1936, un monument à la mémoire des 23 700 victimes civiles belges d'août et septembre 1914,
dont les 674 victimes du sac de Dinant, est inauguré Place d'Armes : furore teutonico. Le monument est
98
réalisé par le sculpteur Pierre de Soete ; il comporte en son centre une main dont deux doigts sont
tendus vers le ciel en signe de promesse. La stèle centrale reprend le serment des Dinantais :

« Devant Dieu et devant les Hommes, sur notre honneur et notre conscience, sans haine et
sans colère, pénétrés de l'importance du serment que nous allons prêter, nous jurons tous
que nous n'avons, en août 1914, rien connu, vu ni su qui aurait pu constituer un acte de
violence illégitime à l'égard des troupes de l'envahisseur. »
99
Il est détruit par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale, en mai 1940 .

Un nouveau mémorial, reprenant la liste exhaustive des victimes, est inauguré en bord de Meuse pour le
centenaire du massacre, le 23 août 2014 en présence du roi et des autorités.

Quelques mémoriaux dinantais


Mémorial aux 674 Le monument national Le serment des
victimes (mur aux victimes civiles de Dinantais.
Tschoffen). 1914-1918 détruit en
1940.

Des excuses allemandes tardives


Le 6 mai 2001, le gouvernement allemand au travers de
son secrétaire d'État de la Défense, Walter Kolbow,
présente 87 ans après les faits officiellement ses
excuses pour les atrocités infligées à la population
100
dinantaise en 1914 .

« [...] Et c'est la raison pour laquelle je me


trouve ici aujourd'hui. J'aimerais à tous vous
demander de pardonner les injustices que des
Allemands ont commises autrefois dans ce
Le mémorial du centenaire (en bord de Meuse
pays. Je vous le demande parce que je
rive gauche).
considère qu'une telle demande s'impose plus
que jamais, à l'heure précisément où le
processus d'unification de l'Europe s'intensifie, une Europe au sein de laquelle nos deux
pays pratiquent en commun une politique qui vise à empêcher le retour de tels crimes et
101
de telles souffrances . »

Les autorités communales répondent qu'il ne leur appartient pas d'accorder le pardon au nom des morts
101
mais saluent ce rapprochement parce qu'« Il fallait le faire pour la jeunesse et pour l'avenir » . Un
groupe de jeunes Belges et Allemands hissent ensuite symboliquement le drapeau allemand sur le pont de
101
Dinant ; il était jusqu'à cette date le seul absent alors que tous les autres drapeaux européens
68
pavoisaient le pont .

Historiographie

La recherche dans l'immédiat après-massacre


Les écrits relatifs aux massacres perpétrés à Dinant sont récoltés dès l'hiver 1914. Dans un premier temps,
il s'agit de consigner des témoignages, d'établir la liste exacte des victimes. Joseph Chot, le professeur
102
d'histoire qui accueille Philippe Pétain en août 1914 , parcourt ainsi le Namurois à la recherche de

103
103
témoignages . Dom Norbert Nieuwland, de l'abbaye de Maredsous,
publie un premier nécrologe comportant 606 noms. Il est par la suite
maintes fois publié y compris par la presse étrangère au point de conduire
84
le commandement militaire allemand à en interdire la détention .

La presse, surtout britannique, mais également la presse des pays neutres,


publient dans leurs colonnes des témoignages de civils et des pamphlets
dénonçant le comportement de la Deutsches Heer accusée de bafouer les
accords pourtant conclus par l'Allemagne dans le cadre de convention de
La Haye de 1907. Parfois, le besoin d'emphase pousse certains journalistes
à forcir encore le trait, ce qui fait dire à Edouard Gérard :

« Des gens de lettres plus soucieux, paraît-il, de «monnayer


notre désastre» — l’expression n’est pas de moi — que de
contribuer à la «mise en lumière de la vérité», ont publié déjà Publication du chanoine
des récits de haute fantaisie. C’est insulter à la mémoire de nos Jean Schmitz et de Dom
104 Norbert Nieuwland en 1922.
martyrs . »

Les Britanniques et les Américains tiennent la Belgique pour un pays


93
martyr et parlent du « viol de la Belgique » . De nombreux Américains ignorent que les États-Unis ont
105
ressenti le besoin d'un engagement, au moins humanitaire .

La réponse officielle allemande tardant, 93 intellectuels allemands adressent un « manifeste aux nations
91
civilisées » dans lequel ils tentent de disculper leur armée .

Le Livre blanc allemand en février 1915 soutient la thèse selon laquelle les troupes impériales se sont
heurtées à des francs-tireurs organisés, armés et formés par le gouvernement belge : hommes, femmes
— et même enfants — leur auraient fait subir mille avanies sournoises leur causant d'énormes pertes. De
telles attaques auraient ainsi rendu nécessaire une riposte, même violente. L'évêque de Namur,
Mgr Thomas-Louis Heylen, réagit également en publiant une Protestation contre les accusations du Livre
Blanc allemand en octobre 1915. La Belgique s'oppose également au Livre blanc en faisant paraître son
106
Livre gris en mai 1916 .

Dès 1914, bien avant la parution du Livre blanc allemand et indépendamment des travaux réalisés par
l'État pour rédiger son Livre gris, le cardinal Mercier souhaite pouvoir collecter des informations précises
et objectives sur les exactions commises par les Allemands.

Répondant à cet appel, à Namur, Mgr Thomas-Louis Heylen confie à son secrétaire, le chanoine Jean
Schmitz, la tâche de rassembler témoignages et documents en vue de rédiger « une histoire exacte et vraie
de tout ce que le pays avait souffert et de l’opposer au monument d’hypocrisie et de mensonges que les
106
Allemands avaient construit . » Jean Schmitz, du fait de sa position au sein de l'évêché, peut s'appuyer
sur la collaboration des 719 paroisses que compte le Diocèse. Très vite, il réalise la difficulté de sa tâche,
en particulier pour réaliser un récit cohérent et objectif. Accompagné du vicaire général, il décide de se
rendre sur place pour recueillir les témoignages, les documents et pour prendre des clichés des traces
107
laissées par les auteurs des crimes . Le 31 octobre 1915, un premier mémoire est adressé au gouverneur
107
militaire, Moritz von Bissing, aux représentants des pays neutres et au pape Benoît XV .
De son côté, le cardinal Mercier désigne un moine de l'abbaye de Maredsous, Dom Norbert Niewland,
pour réaliser un travail équivalent.

Les deux chargés de mission ignorent qu'ils réalisent la même tâche. À la fin de la guerre, en
novembre 1918, ils décident de travailler de concert et mettent en commun l'imposante documentation
— plus de 2000 témoignages — qu'ils ont déjà rassemblée durant ces quatre années de guerre. De cette
108
manière, ils peuvent procéder à des recoupements entre les sources pour tendre à l'objectivité .

Ce matériel est à l'origine de la parution des sept tomes des Documents pour servir à l’histoire de
l’invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg qui sont publiés de 1919 à 1924. Le
IVe tome, scindé en deux parties, concerne le combat de Dinant. La première partie relative à la conquête
109
de la Meuse paraît en juin 1921 et la seconde, consacrée au sac de la ville, paraît en avril 1922 .

Les archives de Jean Schmitz seront conservées à l'évêché de Namur et celles de Dom Norbert
Nieuwland à l'abbaye de Maredsous. Très tôt, cette documentation est mise à disposition des chercheurs.
Note 8
Les archives de Jean Schmitz comportent 41 cartons, classés et répertoriés par une archiviste ; celles
de Norbert Niewland ne comportent plus qu'un seul carton relatif à la période 1914-1918. Enterrées à la
hâte dans un coffre en métal lors du second conflit mondial, elles sont retrouvées largement dégradées à
l'issue de la guerre. En 1938, certains documents de Jean Schmitz sont transférés aux Archives de l'État à
Note 9
Namur et sont inventoriés en 1991 . Le fonds Jean-Schmitz compte 4,54 mètres linéaires d'archives
principalement composées des fiches thématiques. Malheureusement, la méthodologie utilisée par Jean
Schmitz — qui travaille sur les documents bruts en les découpant et les classant de façon thématique —
110
rend fastidieuse la reconstitution des rapports originels établis par les paroisses .

Déjà saluée dans les années 1920, la qualité du travail réalisé par Schmitz et Nieuwland est encore mise
en exergue par les historiens contemporains intéressés par le sujet. John Horne et Alan Kramer parlent
111
ainsi de « documentation extraordinaire » .

L'entre-deux-guerres
Dans les années 1920, plusieurs monuments
commémoratifs sont inaugurés à Dinant. L'Allemagne
s'offusque des termes de « barbarie allemande » et de
« fureur teutonne » qui y sont portés. Elle reproche
ainsi à l'État belge d'avoir ravivé la « légende des
112
atrocités ». La polémique est relancée . En 1927, un
113
professeur allemand, Christian Meurer , chargé par le
Reichstag d'enquêter sur les événements d'août 1914,
114
Une vision emphatique du massacre par l'artiste
remet ses conclusions : le texte, avalisé par la
américain George Bellows en 1918. République de Weimar, reprend à son compte la thèse
du Livre blanc et réaffirme la présence de
« franktireurkriegers ». Norbert Nieuwland et Maurice
Tschoffen répondent par leur ouvrage Le Conte de fée des francs-tireurs de Dinant : Réponse au rapport
115
du professeur Meurer de l'Université de Würzburg . Meurer, qui a déjà réagi aux premiers rapports de
116
M. Tschoffen contenus dans le XXe rapport du gouvernement belge, lui reproche d'y insulter
l'Allemagne. Il obtient la réponse suivante :
« Troisième reproche articulé contre mes rapports. « Ils ne renferment que des insultes
contre les Allemands », écrivez-vous. Cela n'est pas vrai, Monsieur le Professeur, et vous
le savez. Je vous défie de citer une expression injurieuse que vous y auriez lue ; il n'y en a
pas ! J'ai rapporté des faits ; je ne les ai pas qualifiés. C'était inutile d'ailleurs, ils se
qualifiaient d'eux-mêmes. Au surplus, je suis d'accord avec vous sur le principe : les
injures ne sont pas des arguments ; aussi je pense que des expressions telles que : « sales
inventions », « cruautés bestiales », « atrocités on ne peut plus repoussantes », relèvent du
pamphlet plus que de l'histoire. C'est dans votre travail que je les recueille. Pour terminer
cette lettre, je cherche en vain la formule de politesse adéquate à la nature de nos
117
relations. Souffrez donc, Monsieur le Professeur, que je n'en emploie aucune . »
— Maurice Tschoffen, Procureur du Roi à Dinant
Durant l'entre-deux-guerres, les dynamiques de pacification poussent à l'émergence, même dans le monde
118
anglo-saxon, d'une littérature révisionniste .

En mai 1940, lors de la Seconde Guerre mondiale, le mémorial aux 674 victimes du mois d’août 1914,
érigé en 1936 sur la Place d'Armes et intitulé furore teutonico est dynamité par l'occupant au prétexte qu'il
99
constitue un affront . Durant les années 1950, la querelle se poursuit, notamment lorsqu'il s'agit
d'intégrer les événements d'août 1914 dans les manuels d'histoire. Dans les années 1960, des
rapprochements entre historiens allemands, belges et français ont lieu : les Belges Fernand Mayence, Jean
de Sturler et Léon van der Essen travaillent ainsi avec les Allemands Franz Petri, Hans Rothfels et Werner
119
Conze .

Les événements face à la recherche historique récente


En 1994, les historiens irlandais John Horne et Allan
121
Kramer font paraître un article s'appuyant sur des
journaux de campagne de soldats allemands présents en
Belgique en août 1914. Ce n'est qu'à ce moment que la
thèse d'une légende des atrocités allemandes commises
en Belgique durant le premier conflit mondial est battue
118
en brèche . À partir de 1995, des historiens comme
Michel Coleau, Aurore François, Michel Kellner,
Vincent Scarniet, Axel Tixhon ou encore Frédéric
Vesentini se penchent sur l'épisode : les faits sont
désormais solidement établis grâce aux témoignages de
Dessin de propagande réalisé par le peintre
la première heure ainsi qu'aux documents allemands Felix Schormstädt pour le Illustrirte Zeitung en
(journaux de marche, carnets de guerre, témoignages). 120
septembre 1914 .
Le travail des historiens les contextualise et propose
des analyses.

En 2001, les mêmes John Horne et Allan Kramer publient German Atrocities, sous-titré A History of
Denial, qui est traduit en français en 2005 sous le titre de 1914. Les Atrocités allemandes, sous-titré La
Vérité sur les crimes de guerre en France et en Belgique. La réalité du sac de Dinant est dès lors
reconnue.

122
122
En août 2017, cependant, l'historien de l'art Ulrich Keller relance la polémique : il développe dans son
123
ouvrage (de) Schuldfragen : Belgischer Untergrundkrieg und deutsche Vergeltung im August 1914
(Questions de culpabilité : guerre clandestine belge et représailles allemandes en août 1914) la thèse
selon laquelle des civils ont fait feu sur l'armée allemande et que ces agissements sont à l'origine de la
riposte allemande envers la population. Il appuie son analyse sur des documents d'archives conservés à
Berlin et qui attestent, notamment, que des uniformes de soldats belges et français ont été retrouvés à
Dinant mais pas les armes. Il y voit la preuve que des soldats se sont déguisés en civils pour tirer sur les
soldats allemands. Il y étudie également les blessures de certains soldats qui ne peuvent avoir été causées
122
par des armes de guerre conventionnelles mais plutôt par des fusils de chasse .

Néanmoins, Horne et Kramer reconnaissaient déjà dans leur ouvrage que l'on ne peut pas exclure
totalement que dans certains cas isolés, un civil ait pu faire feu sur l'ennemi pour protéger les siens (ce
124
que permet la Seconde conférence de La Haye de 1907) mais insistent sur le caractère isolé de ces
125
agissements . Dès lors, Angela Merkel est interpelée par l'historien militaire Fernand Gérard pour que
125
son gouvernement émette un démenti formel . Le conseil communal de Dinant, en sa séance du
27 novembre 2017, condamne, officiellement et à l'unanimité, les accusations contenues dans le livre de
126
Keller et invite également le gouvernement fédéral à adopter la même posture . Le journal allemand
Die Welt s'accorde finalement avec les conclusions d'Axel Tixhon : si la milice belge (la Garde civique) a
Note 10
pu faire feu sur les Allemands , il n'y a pas eu de Franktireurkrieg (« guerre de francs-tireurs ») à
Dinant ; cette dernière n'existait que dans l'imagination des soldats allemands ; enfin, parce qu'elles sont
exclusivement constituées par les témoignages de ces derniers, les conclusions de Keller sont
122
contestables . Axel Tixhon, historien spécialiste des événements d'août 1914, relève enfin qu'« Il y a un
problème dans ce travail qui doit poursuivre des objectifs qui sont différents de ceux de la recherche
127
scientifique » .

Personnalités liées

Philippe Pétain et Charles de Gaulle


Deux acteurs majeurs de la Seconde Guerre mondiale se trouvent à Dinant. Il s'agit de Philippe Pétain,
âgé de 58 ans, qui est alors colonel sous les ordres de Charles Lanrezac commandant la 5e Armée
française. Le colonel Pétain commande la 4e brigade du 1er corps d'armée. Il est arrivé à Dinant le 13 août
Note 11 102
et est hébergé chez Joseph Chot , un professeur d'histoire et sa femme .

L'autre figure est Charles de Gaulle. Jeune lieutenant, il a 23 ans et connaît son baptême du feu le
128
15 août 1914 . Il commande alors la 1re section de la 11e compagnie du 33e régiment d'infanterie
129
d'Arras placé sous les ordres du général Duplessis . Il arrive à Dinant dans la nuit du 14 au 15 août
après une marche forcée. Constatant que les Allemands ne sont pas encore en ville, son unité dort à même
le sol dans une rue de Dinant (faubourg Saint-Médard). Il relate en détail dans ses carnets de guerre,
publiés en 2014, la journée du 15 et les circonstances dans lesquelles il a été blessé tandis que son unité
traversait le pont de Dinant (qui porte aujourd'hui son nom) pour venir en aide aux troupes impliquées
130
dans le combat de la citadelle .
« J'ai à peine franchi la vingtaine de mètres qui nous séparent de l'entrée du pont que je
reçois au genou comme un coup de fouet qui me fait manquer le pied. Les quatre
premiers qui sont avec moi sont également fauchés en un clin d’œil. Je tombe, et le
sergent Debout tombe sur moi, tué raide ! Alors c'est pendant une demi-minute une grêle
épouvantable de balles autour de moi. Je les entends craquer sur les pavés et les parapets,
devant, derrière, à côté ! Je les entends aussi rentrer avec un bruit sourd dans les cadavres
et les blessés qui jonchent le sol. Je me tiens le raisonnement suivant : « Mon vieux, tu y
es ! » Puis, à la réflexion : « La seule chance que tu aies de t'en tirer, c'est de te traîner en
130
travers de la route jusqu'à une maison ouverte à côté par bonheur . »

Philippe Pétain inaugure le monument L'Assaut


du sculpteur Alexandre Daoust au cimetière Le monument L'Assaut en mai 2019.
français de la citadelle, le 11 septembre 1927.

Se traînant à plat ventre, traînant son sabre toujours


maintenu à son poignet par sa dragonne, il parvient à atteindre la maison de madame Meurice où sont
rassemblés des civils et des soldats dont un major français qui, blessé à la tête, déraisonne. Il est ensuite
évacué via Anthée, vers Charleroi puis Arras et finalement l'hôpital Saint-Joseph à Paris où il est
131, 130
opéré .

Le 11 septembre 1927, Philippe Pétain, alors vice-président du Conseil supérieur de la guerre est présent
à Dinant avec son aide de camp, le capitaine de Gaulle. Ils inaugurent, au cimetière français de la
132
citadelle de Dinant, le monument L'Assaut que l'on doit au sculpteur Alexandre Daoust .

Le 15 août 2014, une statue représentant le lieutenant de Gaulle a été érigée peu avant l'entrée du pont
(rive gauche). Il existe également une plaque commémorative, à l'endroit même où il a été blessé, pour
rappeler cet épisode qui l'a profondément marqué sa vie durant et singulièrement la question lancinante
130
de savoir pourquoi de nombreux hommes y sont restés et que lui ait survécu .

Maximilien de Saxe
Au moment des faits, Maximilian von Sachsen (Maximilien de Saxe) — frère de Frédéric-Auguste III de
Saxe, le roi de Saxe — est aumônier de la 23e division allemande. Il a pris part à l'invasion de la Belgique
et est témoin des exactions commises par son armée. Plus tard, il affirmera :

« Si j'avais pu prévoir cette marche à travers la Belgique et toutes les choses qui
133, 134
l'accompagnèrent, j'aurais refusé de suivre l'armée comme aumônier militaire .»
Hermann Hoffmann, un autre aumônier allemand, rapporte dans ses mémoires : « En septembre 1914, j'ai
rencontré en Belgique, dont nous avions violé la neutralité, un autre aumônier volontaire, Prince Max, le
frère du roi de Saxe. Il me raconta, des larmes dans les yeux : « s'il existe un dieu juste aux cieux, nous
133
devons perdre cette guerre en raison des choses horribles que nous avons commises en Belgique » ».

Enfin, certains historiens dinantais identifient Maximilien de Saxe comme l'officier qui serait intervenu
après la fusillade du mur Tschoffen pour faire arrêter à la prison de Dinant une exécution de masse qui
135
aurait pu être plus terrible encore . Rien ne permet d'étayer cette hypothèse même si sa présence est
établie et que l'on sait qu'il est intervenu, à quelques kilomètres de là, à Sorinnes, pour empêcher des
133
exécutions de civils .

Notes et références

Notes
1. « Aux habitants de la Ville de Dinant. Avis est donné aux habitants, sous peine d'arrestation
immédiate, d'avoir à porter au bureau de police tous les appareils de transmission ou de
réception pour télégraphie sans fil, toutes les armes à feu et munitions qu'ils posséderaient.
À Dinant, le 6 août 1914. Le Bourgmestre, A. Defoin. »
2. La troupe était composée d'environ 150 hommes. Ils avaient réquisitionné un véhicule sur
lequel ils avaient monté une mitrailleuse (Coleau et al., 2014, p. 226).
3. Il s'agit du café de l'Hôtel Saint-Jacques, au coin de la route de Ciney (Lipkes 2007, p. 263).
4. Cette fusillade se déroula au lieu-dit « à la Cliche de Bois ». Après une première salve, un
officier intervint et dit : « l’heure de la Justice est passée : ceux qui vivent encore peuvent se
relever, ils sont libres… », les survivants se relevèrent et furent fauchés par une seconde
salve (Evrard 1919, p. 8).
5. Déclaration du lieutenant-colonel Kielmannsegg.
6. À ces 674 victimes identifiées s'ajoutent trois victimes dont le corps ne put être identifié ce
qui porte le nombre total des victimes à 677.
7. Voir la liste des personnes désignées par les puissances alliées pour être livrées par
l'Allemagne (https://www.bibliotheca-andana.be/wp-content/uploads/2011/11/Liste-des-perso
nnes.pdf) (demandes belges, p. 145).
8. par Anne Cherton.
9. par Michel Majoros.
10. et au plus tard le 15 août.
11. Ce même Joseph Chot qui réunira de précieux témoignages concernant les massacres, cf.
la section Historiographie.

Références
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Annexes

Bibliographie
: documents utilisés comme source pour la rédaction de cet article

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sur la violation du Droit des gens en Belgique : rapports 13 à 22 de la Commission
d'enquête, vol. premier volume, Paris, Nancy, Berger-Levrault, décembre 1915, 167 p. (lire
en ligne (https://www.bibliotheca-andana.be/wp-content/uploads/2010/11/Rapports-2.pdf) [PDF]).
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achsen%22+Dinant&source=bl&ots=xTjOxt2dx9&sig=ACfU3U2jvcOnbP-A7tCIMdmVSJQ4z_YYdQ&hl=fr&s
a=X&ved=2ahUKEwiP-uzd38rhAhWFb1AKHcPpDdoQ6AEwCHoECAYQAQ#v=onepage&q=%22Maximilia
n%20von%20Sachsen%22%20Dinant&f=false)).
(en) Larry Zuckerman, The Rape of Belgium: The Untold Story of World War I, New York,
New York University Press, 2004 (ISBN 978-0-8147-9704-4, lire en ligne (http://www.h-net.org/review
s/showrev.cgi?path=271021113600404)).

Autres médias

Documentaires
André Dartevelle, Trois journées d'août 1914 (200 min). Prod. Dérives, avec la RTBF, WIP,
Pillarbox, VRT, VAAF, 2014.
Céline Sérusiaux, Melvin Wittocx, « Dimanche 23 », le jour où tout a basculé (https://www.
matele.be/dimanche-23-le-jour-ou-tout-a-bascule), matele.be, 2014.

Théâtre de rue
« 674 », Reconstitution historique par la Compagnie du Rocher Bayard, 2014.

Articles connexes
Occupation allemande de la Belgique pendant la Première Guerre mondiale
Atrocités allemandes en 1914
Viol de la Belgique
Massacre de Tamines
Traité de Couillet

Liens externes
[PDF] Liste des victimes, âge au décès, profession et lieu d’exécution (http://www.dinant.b
e/uploads/news/2137/liste_des_victimes_(13.09.2013).pdf).
[vidéo] Ex Cathedra : qui étaient les bourreaux de Dinant en 1914 ? (https://www.matele.b
e/ex-catherdra-qui-etaient-les-bourreaux-de-dinant-en-1914), sur matele.be

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