Casbah D'alger
Casbah D'alger
Casbah D'alger
Géographie
Situation et topographie
La Casbah se situe dans le
centre de la ville d'Alger
dont elle constitue le cœur
historique. La cité occupe
historiquement une place
stratégique car sa
localisation géographique
est centrale à l'échelle de
3
Vue sur la Casbah avec en arrière- l'Algérie et du Maghreb .
plan le massif de Bouzeréah. Elle fait face à la mer
Méditerranée et est
construite sur un terrain
présentant un dénivelé de 118 mètres. La Casbah offre ainsi, à Plan de la Casbah.
première vue, le décor d'un enchevêtrement de maisons
construites sur une pente. L’étroitesse et la sinuosité de ses
rues en font une zone sans voitures, dont le ravitaillement ou le ramassage des ordures se fait
4
encore traditionnellement à dos d'âne . Elle forme un triangle dont la base rejoint la baie d'Alger,
ce qui lui donne, vue de la mer, un aspect de « pyramide colossale » ou d'« amphithéâtre
5
triangulaire » . La blancheur de ses maisons et leur disposition alimentent le lyrisme d'auteurs qui
6
voient la ville d'Alger sous la forme d'un « sphinx » . La citadelle, surplombant le site de la
médina, lui donne un aspect de « ville bien gardée », d'où son surnom en arabe El Djazaïr El
Mahroussa. Cette réputation existe jusqu'en Europe, où le souvenir de l'échec de Charles Quint en
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1541 perdure jusqu'au débarquement français de 1830 .
L'implantation sur le site remonte à l'époque punique, dont la trace la plus ancienne date de la fin
du vie siècle av. J.-C. À cette époque, les Carthaginois cherchent à installer une série de relais sur le
littoral méridional de la mer Méditerranée pour contrôler divers flux commerciaux, or
subsaharien, argent d'Espagne ou étain des îles Cassitérides. Ce dispositif, appelé « échelles
puniques », permet aux navigateurs de trouver refuge et d'avoir un lieu où échanger leur
marchandise. Le site d'Alger, alors appelé Ikosim, présente des îlots qui peuvent abriter un
mouillage et répond, à l'époque, à la nécessité de trouver un relais entre deux établissements
puniques espacés de 80 km, Bordj el Bahri (Rusguniae) et Tipaza.
L'emplacement est protégé, d'une part, par le rivage de Bab-el-Oued et, d'autre part, par la baie de
note 2
l'Agha exposée aux vents du nord et de l'est, comportant quatre îlots proches du rivage . Sur le
rivage, un promontoire de 250 mètres sert alors de refuge. Le massif de Bouzaréah fournit des
8
moellons de calcaire, et les environs de la terre à brique et des ressources en eau . Ce rôle
portuaire de la ville est confirmé par le géographe cordouan Al Barki qui rapporte, au xie siècle,
que la ville est protégée par une rade, ses îlots et sa baie et qu'elle sert de point de mouillage
d'hiver. Le site est à diverses époques, outre le refuge de navires commerciaux, celui de pirates et
3
de corsaires .
Arrière-pays
Le massif de Bouzeréah, culminant à 400 mètres, fait partie de l'ensemble du Sahel algérois, lequel
ouvre sur la plaine de la Mitidja puis, plus au sud, sur le massif de l'Atlas, dont Alger est le
3
débouché . Cet arrière-pays contribue à enrichir la ville au cours de l'histoire par ses productions
agricoles issues de l'élevage et de l'apiculture. La ville se caractérise, dès le Moyen Âge, par la
présence de propriétaires agricoles, par son caractère commerçant et par son statut d'important
port méditerranéen ; elle exporte en effet les diverses productions locales. Cela attire la convoitise
3
des divers conquérants qui dominent successivement le Maghreb . Alger est également située aux
marges de la Kabylie et devient, à partir du xvie siècle, le principal lieu d'accueil des populations
qui en proviennent, détrônant Béjaïa, autre cité importante du Maghreb central. Elle attire donc
9
les productions de cette région ainsi que sa main d'œuvre .
Hydrogéologie
L’eau qui alimente l'ancienne médina provient du Sahel algérois et des nappes phréatiques du
Hamma, d'Hydra et de Ben Aknoun. Elle était acheminée par un réseau d'aqueducs datant de
l'époque de la régence d'Alger, lequel est toujours en place ; il est désormais remplacé par un
10
réseau de distribution plus moderne, datant du début du xxe siècle .
La Casbah est alimentée par quatre aqueducs principaux durant la régence d'Alger, dont certains
sont en fonction jusqu'au début du xxe siècle. Les eaux proviennent des environs : le Sahel,
11
Telemly, le Hamma, Hydra et Bitraria . L'eau des nappes phréatiques est remontée par un
système de norias pour être accumulée dans des bassins qui gonflent le débit des aqueducs. Un
réseau de galeries filtrantes permet aussi de collecter les filets aquifères mineurs. Après avoir
transité par les aqueducs, l'eau se déverse dans des réservoirs aux portes de la ville, eux-mêmes
points de départ de canalisations allant vers diverses fontaines. Les aqueducs sont bâtis entre 1518
note 3
et 1620 et cheminent à travers le Fahs pour alimenter la médina. Ils ne reposent pas
simplement sur un écoulement gravitaire, mais emploient la technique du souterazi ou tours-
siphons. Cette technique consiste à faire passer un conduit d'eau par un pilier en hauteur. Si, à
première vue, elle ralentit le débit d'eau, elle présente des avantages certains : évacuation de la
pression d'air, harmonisation de la hauteur d'eau dans les différents conduits et maîtrise relative
12
du débit . Cette technique du souterazi se retrouve à Constantinople et dans certaines villes
10
d'Espagne et du Maghreb .
Les sources se trouvent dans une zone d'affleurements calcaires, de gneiss et de filons de granulites
reposant sur une assise schisteuse. L'alimentation en eau, outre les sources, les aqueducs et les
fontaines, s'effectue grâce à des puits domestiques d'une profondeur de 50 à 70 mètres, percés
10
dans les couches de gneiss ou de schiste .
Histoire
La casbah d'Alger est une ancienne médina dont l'origine est
millénaire si l'on prend en compte le passé punique et romain
note 4
du site . Elle est considérée comme un bien culturel
d'importance mondiale en raison de son patrimoine ancien et
13
de l'histoire dont elle témoigne .
Préhistoire
La casbah d'Alger et les divers sites
Le site de la Casbah ne présente pas de traces d'un peuplement historiques.
préhistorique. Néanmoins, sachant qu'on a des preuves d'un tel
peuplement aux alentours immédiats (Sahel algérois), il est
probable que ces traces ont, en fait, été masquées par l'urbanisation ancienne, dense et
8
permanente du site et qu'il fut, lui aussi, peuplé dès le Néolithique .
La chute de Carthage, en 146 av. J.-C., n'entraîne pas de grands changements pour Ikosim qui fait
partie du royaume numide puis entre dans l'aire d'influence du royaume maure du roi Bocchus et
de ses successeurs. La Maurétanie, qui correspond à cette partie ouest de l'Afrique du Nord, reste
indépendante jusqu'en 40 ap. J.-C., où elle se retrouve, après une période de règne de rois vassaux
tel Ptolémée de Maurétanie, sous la domination de l'Empire romain. Le nom d'Ikosim est latinisé
en Icosium et des colons romains s'y installent dès la période des rois vassaux, avant même la
conquête romaine. Ainsi, la ville voit s'installer précocement des magistrats romains, comme en
témoigne une base honorifique en latin concernant le roi Ptolémée, retrouvée dans la rue Hadj
14
Omar de la Casbah . Une autre inscription faisant référence à Ptolémée figure sur une dalle dans
14
le minaret de la grande mosquée .
En 40 ap. J.-C., la Maurétanie est réduite au rang de province par l'empereur Caligula. Icosium
dépend d'un procurateur-gouverneur qui s’installe à Caesarea (Cherchell). Vespasien octroie les
privilèges du droit latin à Icosium, devenue ville romaine, quoiqu'avec des droits réduits par
14, 15
rapport aux colonies de droit romain .
La ville délimitée par le rempart antique devait déjà recouvrir plus ou moins une zone similaire à
celle qu'elle occupe durant la période de la régence d'Alger, mais les habitations se concentrent
surtout dans la partie voisine de la mer ; les pentes plus abruptes devaient être occupées par des
jardins. Au-dessus d'une ville basse où la population est dense, les hauteurs comportent
probablement des quartiers résidentiels ; le tout est entouré par des villas rurales. Divers vestiges
d'époque ont été découverts autour du site de la Casbah, ils montrent le tracé d'une ancienne route
14, 15
romaine menant vers le quartier de Belouizdad .
Les anciennes nécropoles, situées en dehors de la ville selon les usages romains, donnent une
indication encore plus affinée du périmètre de la ville d'Icosium. Les tombeaux retrouvés indiquent
que les sépultures se trouvent au nord et au nord-ouest de la ville, ce qui est un constante
historique que l'on retrouve aux époques berbères et turques, puis de nos jours avec le cimetière de
Saint-Eugène, dont la particularité est d'être éloigné de deux kilomètres de la Casbah alors que les
14
cimetières sont traditionnellement placés directement sous les remparts .
Il est difficile de retrouver les axes de la ville antique à cause des nombreux remaniements du tissu
urbain. Cependant, la basse Casbah a été remplacée en partie par une ville moderne d'époque
coloniale, laquelle suit les tracés et les axes déjà en place dans l'Antiquité.
On ne connait pas grand chose de la vie économique, sans doute portuaire, de la ville à l'époque.
La vie religieuse est d'abord consacrée au panthéon romain puis, à une époque impossible à dater
précisément, la ville devient chrétienne. Elle connaît plusieurs évêques donatistes ou catholiques.
Des vestiges de cette époque ont été retrouvés lors des fouilles récentes, dans les années 2000,
liées aux travaux du métro d'Alger et à l’aménagement de la place des Martyrs. On a ainsi trouvé
une basilique romaine, ornée de mosaïques et dont la portée de l’espace central atteint près de
16
10 mètres, datant probablement du IIIe ou ive siècle et une nécropole d'époque byzantine .
Il y a peu d'informations sur les siècles qui suivent, excepté la mise à sac de la ville par Firmus en
371 ou 372. L'histoire antique d’Icosium se dilue ensuite dans l'histoire de la province de
Maurétanie puis dans celle de la domination byzantine jusqu'à la fondation, en 960, de la médina
actuelle — El Djazaïr Beni Mezghana — par Bologhin Ibn Ziri, qui ouvre un nouveau chapitre de
14
l'histoire de la ville .
« La ville d'Alger est bâtie sur un golfe et entourée d'une muraille. Elle renferme un
grand nombre de bazars et quelques sources de bonne eau près de la mer. C'est à ces
sources que les habitants vont puiser l'eau qu'ils boivent. Dans les dépendances de
cette ville se trouvent des campagnes très étendues et des montagnes habitées par
plusieurs tribus des Berbères. Les richesses principales des habitants se composent
de troupeaux de bœufs et de moutons qui paissent dans les montagnes. Alger fournit
tant de miel qu'il y forme un objet d'exportation et la quantité de beurre, de figues et
3
d'autres denrées est si grande qu'on en exporte à Kairouan et ailleurs . »
Du xe siècle au xvie siècle, selon Louis Leschi, Alger est une ville berbère, entourée par des tribus
berbères pratiquant la culture céréalière dans la Mitidja ou l'élevage dans l'Atlas, procurant à la
3
ville des revenus importants issus du commerce . Al-Muqaddasi, visitant la ville vers 985, reprend
l'essentiel des observations de Ibn Hawkal. Al Bakri, quant à lui, note l'importance du patrimoine
antique de la ville. Il note la présence d'un dār al-mal‛ab (théâtre, amphithéâtre), de mosaïques et
des ruines d'une église ; il relève également la présence de nombreux souks (leswak) et d'une
grande mosquée (masgid al-ǧāmi). Il décrit aussi le port comme bien abrité, fréquenté par des
17
marins d'Ifriqiya, d'Espagne et d'« autres pays » .
Alger passe aux mains des Almoravides en 1082. Youssef Ibn Tachfin, leur souverain, fait alors
édifier la grande mosquée d'Alger, connue sous le nom de Jamaa el Kebir. En 1151, Abd al-Mumin,
un berbère Zénète de Nedroma, reprend Alger aux Almoravides, il devient calife des Almohades, de
19
tout le Maghreb et de l'Andalousie .
Au xive siècle, la tribu arabe des Ṯa‛laba constitue un fief local autour de la ville et s'érige en
dynastie locale de magistrats à la tête d'un « sénat bourgeois ». Al-Djaza’ir ne survit qu'en étant
vassale des Zianides de Tlemcen, qui bâtissent le minaret de la grande mosquée, des Hafsides de
17
Tunis et des Mérinides de Fès qui construisent la medersa Bū‛Inānīya .
Cependant l'activité de piraterie qui s'y développe pousse Ferdinand d’Aragon, sur la lancée de la
Reconquista, à prendre et fortifier l’îlot en face d'Alger (le Peñon) pour neutraliser la ville. Salim
at-Toumi, chef de la ville, cherche à se défaire de cette emprise espagnole et fait appel à Aruj
Barberousse. C'est le début de l'établissement de la régence d'Alger, période durant laquelle la ville
3, 17
tient le rôle de capitale du Maghreb Central .
La régence d'Alger
Les frères Barberousse chassent définitivement les Espagnols
de l’îlot du Peñon en 1529. Aruj Barberousse décide de créer un
véritable port en reliant l’îlot à la terre ferme, réalisant la jetée
et l'amirauté d'Alger, ainsi qu'une rade pour les navires. Ces
aménagements permettent à la ville de devenir la principale
base des corsaires en Méditerranée occidentale. Alger devient
la capitale de sa régence et c'est le même terme d'Al Jazâ'ir qui,
dans les actes internationaux, s'applique à la fois à la ville et au
20, note 6
pays qu'elle commande . Charles Quint organise
l'expédition d'Alger en 1541, qui est un échec. Les défenses de la
ville sont alors remaniées surtout vers la mer ; la ville est
entourée d'une enceinte percée par les portes Bab Azoun, Bab
El Oued, Bab J'did, Bab Dzira et défendue par une série de Le Dey Hussein dans son palais de
forts (bordj), établis du xvie au xviie siècle : Lefanar, Goumen, la Casbah et la fameuse scène du
Ras el Moul, Setti Taklit, Zoubia, Moulay Hasan (devenu Fort « coup d’éventail ». Le 30 avril
l’Empereur après l'occupation française), Qama’at El Foul et 1827, le dey soufflette de son
Mers Debban. Plus tard sont construits le Bordj J'did, datant éventail le consul de France. C'est
l'une des causes de tensions entre
de 1774, puis ceux de Lebhar et Ma-Bin au début
24 les deux pays qui débouchent, trois
du xixe siècle . ans plus tard en 1830, sur la prise
d'Alger.
La forteresse qui domine la ville est bâtie entre 1516
(commencée par Arudj Barberousse) et 1592 (achevée sous le
25
règne de Kheder Pacha) . Cependant les chefs de la Régence siègent au palais de la Djenina,
appelé par la population dar soltan el kedim, démoli durant la colonisation. Elle ne devient la
résidence du souverain qu'en 1817 sous Ali-Khodja, avant-dernier dey d'Alger, qui, pour échapper à
la tyrannie de la milice, abandonne le palais de la Djenina situé trop au centre de la ville et fait
transporter le Trésor public à la Casbah où il s'enferme avec une garde particulière de
24
2 000 Kabyles .
Outre les produits agricoles et manufacturés, la ville tire ses revenus du corso : la « piraterie
barbaresque ». L'esclavage est également pratiqué, surtout pour les travaux domestiques et il faut
également noter une présence non négligeable de captifs européens. Ces captifs, dont les
conditions de vie sont assez douces lorsqu'il est envisageable d'en obtenir une rançon, connaissent
24
une vie plus misérable quand ils sont employés dans les galères . Le gouvernement ou beylik,
prélève une partie des revenus de « la course » en Méditerranée. Ces revenus permettent de
financer la milice et d'effectuer des travaux publics (système d'égout, aqueducs…). Les corsaires
appelés reïs, et les personnalités du beylik établissent des demeures luxueuses dans la partie basse
de la ville et les familles arabes s'établissent essentiellement dans sa partie haute. L'âge d'or de la
piraterie au xviie siècle provoque une série d’expéditions européennes, sous forme de
bombardements de la ville. Elle doit aussi faire face à des tremblements de terre (1716 et 1755) et à
des épidémies de peste (1740, 1752, 1787 et 1817). Ces facteurs combinés à une perte d'importance
économique et à une instabilité politique font que la population de la ville diminue. De plus de
24, 26
100 000 habitants au xviie siècle, elle passe à environ 30 000 habitants en 1830 .
La Casbah voit, le 30 avril 1827, se dérouler la fameuse scène dite du « coup d'éventail », qui sert
de prétexte à la prise d'Alger par les Français le 5 juillet 1830 sous le règne de Charles X. Son
dernier locataire est le dey Hussein. Le comte et maréchal de Bourmont y séjourne en juillet 1830
27
après la prise de la ville .
Plan panoramique Alger avant la L'expédition de
d'Alger datant du colonisation française. Charles-Quint devant
xvie siècle. la porte Bab Azzoun.
La période française est aussi marquée, plus tardivement, par un courant architectural néo-
mauresque dont les plus célèbres réalisations sont la medersa Thaâlibiyya en 1904 et la Grande
28
poste d'Alger en 1913 . La « ville arabe » est organisée traditionnellement autour de sa mosquée
et de son souk, mais la période de la colonisation introduit un nouveau rapport à l'espace. Alger
devient une ville où cohabitent le nouveau et l'ancien, le sacré et le temporel, définissant ainsi de
31
nouveaux espaces de sociabilité .
La guerre d'Algérie
Le mouvement nationaliste,
qui se développe dans le
pays aux débuts du
e
xx siècle, s'exacerbe dans
les années 1950, amenant à
la guerre d'Algérie. La
Casbah est un des bastions
Ruines de la maison, située au 5
des nationalistes.
rue des Abderrames, qui a servi de
cache à Ali la Pointe, Hassiba Ben
En 1956, nouvellement élus
Bouali, Petit Omar et Hamid
par le « congrès de la Bouhmidi, après sa destruction par
Soummam », les membres les parachutistes du 1er REP, le 8
du CEE (Comité de octobre 1957.
coordination et
d'exécution), Abane
Ramdane, Larbi Ben M'hidi, Krim Belkacem, Saad Dahlab et
Benyoucef Benkhedda, véritables dirigeants de la révolution,
décident de s'établir dans la Casbah où ils pensent avoir une
Au premier plan, la maison, située plus grande emprise sur les militants du FLN, de meilleures
au 3 rue Caton, où fut arrêté Yacef liaisons et surtout parce qu'ils sont persuadés que la capitale
Saadi par les parachutistes du 1er
est propice à la clandestinité totale, avec ses planques, ses
REP le 28 septembre 1957.
caches multiples, ses nombreux agents de liaison perdus dans
la masse et les protections de toute sorte dont ils peuvent
bénéficier. Siéger à Alger, c'est aussi être au cœur de l'Algérie et y pratiquer la guérilla urbaine,
33
aussi importante à leurs yeux que les combats et les actions dans les djebels .
34
La Casbah est le lieu essentiel de la « bataille d'Alger » en 1957 . Cette bataille voit Yacef Saadi, le
chef de la Zone Autonome d'Alger (ZAA) et des indépendantistes, s'opposer à la 10e division
parachutiste du général Massu. Sur le terrain, la « bataille » est remportée par l'armée française
qui démantèle complètement les réseaux FLN et l'organisation politico-administrative de la Zone
autonome d'Alger, en employant des méthodes qui sont ensuite systématisées : recherche du
renseignement par tous les moyens, y compris la torture, puis, surtout à partir de juin 1957,
retournement et manipulation des ralliés vêtus de bleus de chauffe, encadrement et contrôle de la
35
population . Les rues de la Casbah menant aux quartiers européens sont bouclées avec des
36
barbelés et surveillées par la police et les zouaves .
L'infiltration par le GRE du capitaine Léger du réseau de courriers de Yacef Saadi permet la
localisation de ce dernier qui est capturé le 23 septembre 1957, au 3 rue Caton dans la Casbah. En
octobre, c'est l'exécuteur du FLN, Ali la Pointe qui, cerné avec ses compagnons Hassiba Ben Bouali,
Hamid Bouhmidi et Petit Omar au 5 rue des Abderrames, voit son refuge plastiqué par les
parachutistes du 1er REP, dans une énorme explosion qui tue également dix-sept civils du
37
voisinage dont quatre fillettes de quatre et cinq ans .
La Casbah est également concernée par les manifestations de décembre 1960, où la population
algérienne descend dans les quartiers européens, puis par les manifestations populaires au
moment de l’indépendance de l'Algérie.
Après l'indépendance
À l'indépendance de l'Algérie, la Casbah va connaitre
un exode, le départ des familles d'origine du quartier,
les citadins ou beldiya, vers les appartements
européens de Bab el Oued ou El Biar, plus spacieux.
La Casbah devient un espace de spéculation et de
transit où les habitants louent et sous-louent leurs
38
possessions . Les habitants d'origine sont alors
remplacés par des ruraux.
Personnalités
Djamila Bent Mohamed, peintre algérienne, y est née.
Structure socio-urbaine
L'urbanisme de la Casbah d'Alger est typique des médinas arabo-berbères du Maghreb. L'apport
ottoman, plus tardif, se retrouve essentiellement dans l'architecture militaire, notamment celle de
1
la citadelle qui surplombe la ville . Le terme casbah désigne à l'origine cette seule citadelle avant de
se généraliser à tout le périmètre de la médina, borné par les fortifications édifiées sous la régence
1
d'Alger au xvie siècle . La Casbah d'Alger est un tissu urbain complexe et mystérieux pour les
visiteurs, notamment les peintres orientalistes. En effet la position naturelle du site explique ses
rues sinueuses, véritables méandres, caractéristiques de la ville ancienne, car la Casbah occupe un
site en relief faisant face à la mer. Selon Ravéreau, c'est le site qui crée la ville, alors que Le
Corbusier constate que les maisons et les terrasses sont orientées vers la mer, pourvoyeuse de
ressources et de bonnes nouvelles, el kheir, ou de mauvaises (naufrages, marins disparus…) La
vieille ville est fondamentalement tournée vers la Méditerranée et elle tourne le dos à l'arrière-
pays. Elle est coupée de son lien direct à la mer pendant la colonisation, du fait de la construction
40
des boulevards littoraux . Les ruelles très étroites donnent parfois sur des impasses ou des
1, 41
passages voûtés appelés sabat . L'âne est une des rares montures à pouvoir accéder à l'ensemble
de la Casbah, ainsi depuis l'époque de la régence d'Alger, c'est lui qui est employé pour le
42
ramassage des ordures . Au réseau dense des ruelles traditionnelles s'ajoutent des rues
carrossables périphériques comme la « rue d'Isly », et des pénétrantes comme la « rue de la Lyre »,
43
qui datent de la période coloniale .
La Casbah possède une organisation de l'espace urbain en adéquation avec le site et son relief.
Jusqu'à aujourd'hui elle reste tournée vers « l'amirauté » qui est son port historique. Le Corbusier
juge son urbanisme parfait, remarquant l'étagement des maisons qui fait que les terrasses ont
44
chacune une vue sur la mer . L'organisation spatiale reflète la vie sociale. Certains espaces sont
considérés comme intimes, c'est le cas des terrasses de maisons qui sont essentiellement réservées
aux femmes. Le hawma, qui désigne le quartier, est considéré comme un espace semi-privé, alors
que les centres de négoce (les souks), les fontaines et les lieux de pouvoir sont considérés comme
45
totalement publics . La Casbah possède aussi, dans chaque quartier, des mosquées et des kouba
46
de saints locaux tels ceux de Sidi Abderrahmane et de Sidi Brahim dont le tombeau se trouve
47
dans l'Amirauté d'Alger
Depuis l'époque de la régence d'Alger, la Casbah a toujours joué un rôle de premier plan en Algérie,
offrant des opportunités aux habitants pauvres mais aussi aux commerçants des campagnes. Elle
attire par exemple nombre de Kabyles, dont la région est proche, mais aussi, dans une moindre
mesure, des paysans de toutes les régions d'Algérie après l'indépendance du pays. Cet exode rural
se traduit par une surpopulation relative du site de la Casbah. Elle reste une porte d'entrée pour la
ville d'Alger et un lieu de transit et d'asile pour les plus démunis. La fuite des familles d'origine vers
d'autres quartiers, comme Bab El Oued, à la recherche d'appartements européens, fait que la
Casbah est en pleine mutation sociale par le renouvellement perpétuel d'une fraction de ses
53
habitants depuis l'indépendance .
La Casbah reste aussi marquée socialement par son artisanat traditionnel qui constitue une
ressource pour beaucoup de familles. Les artisans se regroupaient en zenkat (rues commerçantes) ;
ainsi les dinandiers avec leur zenkat n'hass (ruelle du cuivre). Du fait des mutations sociales
durant la colonisation puis de l'indépendance, l'artisanat subit un net déclin. Les artisans ne se
groupent plus en corporation ou en zenkat, et beaucoup préfèrent abandonner un métier qui ne
leur assure plus des revenus suffisants dans une société moderne. Mais des associations locales, les
habitants et, dans une moindre mesure, les autorités, se mobilisent pour préserver ces métiers
mais aussi défendre leur rôle social grâce aux écoles d'apprentissage où des jeunes sont formés aux
54
métiers artisanaux .
Peuplement et démographie
La population d'Alger à l'époque antique n'est pas très
importante, la cité est une petite bourgade peuplée
essentiellement de Berbères romanisés. Au xe siècle, lors de la
période ziride, elle devient une petite agglomération prospère,
mais dont la population est peu nombreuse car elle pouvait,
dans son intégralité, se réfugier sur les îlots en cas d'attaque. Le
caractère exclusivement berbère du peuplement d'Alger est
nuancé par l'arrivée des Tha‛alaba, une petite tribu arabe
Femmes « maures »
note 8
d'une chassée du Titteri au xiiie siècle. Un mouvement d'arabisation
famille de notables (v. fin linguistique et progressif de la cité s'ensuit, notamment dans le
xixe siècle). 26
domaine religieux .
note 9
L'essor de la ville au xvie siècle et xviie siècle , se traduit
également sur le plan démographique. Elle compte 60 000 habitants vers la fin du xive siècle et
plus de 150 000 habitants au xviie siècle. La ville devient alors un agrégat de diverses populations
méditerranéennes aux dépens de son substrat berbère déjà entamé. La population ne comporte
plus qu'un dixième de Kabyles, en raison de la méfiance des Turcs de la régence d'Alger vis-à-vis de
ces populations originaires d'une région politiquement indépendante, structurée autour de deux
26
États dissidents, le Royaume de Koukou et le Royaume des Beni Abbès .
Le reste de la population est composé d'Arabes d'Alger dont certains sont des descendants des
24
Tha‛alaba, d'andalous ou de tagarins venus à partir du xive siècle . Alger accueille aussi
56
25 000 morisques au début du xviie siècle qui contribuent à l'expansion urbaine de la ville . Elle
abrite enfin des citadins originaires d’autres villes de la Régence tels qu'Annaba, Constantine et
57
Tlemcen . Ces habitants se distinguent des Arabes de l'intérieur, notamment par leur parler arabe
58
citadin, difficilement compris par les nomades du Sud et encore moins par les Berbères. Ils se
consacrent à l'administration, au commerce ou à la religion. Les Turcs, quant à eux, tiennent les
principaux postes de l'administration, de l'armée et de la marine. La ville attire aussi de nombreux
renégats chrétiens parmi lesquels sont recrutés les corsaires. Un autre groupe de population est
57
celui des berrani, « gens de dehors » , communautés rurales essentiellement originaires des cités
58
et oasis du sud saharien (Biskris, Laghouatis et Mozabites) . Il existe une communauté juive,
composée des ruraux du pays venus habiter en ville, ou de ceux originaires d'Espagne à partir du
24
xive siècle puis de Livourne à partir du xviie siècle . On trouve aussi des Kouloughlis et des Noirs
58
affranchis .
À partir de la fin de l'âge d'or de la piraterie barbaresque, au xviie siècle, la population d'Alger
commence à décroître. Elle passe de 150 000 habitants au xviie siècle à 50 000 habitants à la fin
du xviiie siècle et seulement 25 000 habitants à la veille de la conquête française. À la suite de la
prise de la ville par les Français en 1830, le refus de vivre sous la domination chrétienne va
provoquer l'émigration de près de la moitié de la population. Ainsi en 1831, le recensement fait état
de 12 000 habitants. Ces chiffres s'expliquent par la fuite des Turcs de la ville (6 000 personnes),
26
ainsi que par le départ des populations citadines vers l'intérieur du pays .
Globalement la ville d'Alger ne retrouve son niveau de population musulmane qu'en 1901, grâce à
l'afflux massif de populations kabyles conduisant à un mouvement de « re-berbérisation » de la
ville. Ainsi, au xxe siècle, la Casbah abrite-t-elle ainsi un grand nombre de familles originaires du
26
Djurdjura .
Après l'indépendance, la Casbah connait un autre exode. Les familles citadines déménagent vers
les quartiers anciennement occupés par les Européens. L'exode rural va compenser cette
émigration des familles. Le périmètre de la Casbah reste un des endroits les plus densément
peuplés du monde, mais sa densité et sa population tendent à diminuer depuis les années 1980.
Les habitants migrent vers des quartiers moins concentrés d'Alger. Ce processus de dédensification
résidentiel permet aux quartiers populaires de se vider de leur excédent de population. Ce
phénomène est renforcé par la disparition d'habitations, à la suite de leur effondrement. La
commune administrative de Casbah, dont le périmètre est légèrement plus large que le site classé,
compte 45 076 habitants en 2004 contre 70 000 habitants en 1998 ; le site historique abrite
50 000 habitants en 1998, pour une densité de 1 600 habitants/ha alors que ses capacités d’accueil
59, 60
se situent autour de 900 habitants/ha .
Architecture
La Casbah d'Alger apparaît comme un exemple typique des villes traditionnelles maghrébines,
qu'on trouve sur la partie occidentale de la méditerranée et l'Afrique sub-saharienne. L'ensemble
urbain qui constitue la Casbah conserve toujours son intégrité, malgré les diverses mutations et,
globalement, les caractéristiques esthétiques de l'art islamique et les matériaux originaux sont
1
préservés .
La Casbah possède encore sa citadelle, des palais, des mosquées, des maisons à patio central (Wast
al-dar), des mausolées et des hammams qui participent toujours à l'identité du site. L'architecture
militaire de la Casbah comporte des legs ottomans, datant de la période de la régence d'Alger, mais
1
l'architecture civile garde l'authenticité des médinas maghrébines . Cependant la Casbah apparaît
comme un espace en mutation ; en effet, durant la colonisation, certaines bâtisses sont démolies
pour implanter des habitations de style européen, principalement sur le
front de mer et aux limites de la ville européenne. La Casbah possède
donc aussi, à sa périphéries, des immeubles de style haussmannien
1
datant de l'époque coloniale, intégrés dans son patrimoine classé . On
compte aussi certaines modifications de l'habitat avec l'introduction de
matériaux non authentiques, et la disparition du circuit commercial de
61
materiaux traditionnels tels que le thuya . Sa marginalisation sur le plan
social et l'inefficacité des plans de sauvegarde en font un site menacé
1
malgré son classement par l'Unesco .
Fenêtre d'un
Techniques de construction encorbellement appelé
localement kbou.
Les ornements
Divers éléments servent à orner les habitations de la Casbah : balustrades en bois, ouvrants de
65
portes, chapiteaux et carreaux de céramiques pour les sols et les murs . Les portiques et les
galeries donnent une spécificité architecturale à la Casbah. L'agencement des arcs en ogive est
typique de sa composition spatiale. Le patio est l'exemple de cet agencement, où l'harmonie de
l’enchaînement des arcs peut masquer les variations géométriques, pour peu qu'ils aient une
constance dans la hauteur (qui part de la naissance de l'arc à sa clef). Les variations d'ouvertures
65
des arcs ne perturbent pas l'harmonie visuelle de l'ensemble . Les arcs de la Casbah sont souvent
66
de type outrepassé ; leurs formes, en ogives ou brisées, constituent une spécificité algérienne .
Architecture domestique
L'architecture domestique de la Casbah est représentative d'un
habitat humain traditionnel issu de la culture musulmane et à
caractère profondément méditerranéen. La typologie est
relativement stable entre le palais et la demeure du modeste
artisan. La maison typique de la Casbah apparaît groupée,
mitoyenne et ne présente qu'une seule façade. On estime que ce
mode de regroupement des habitations remonte à l'époque
ziride. La surface d'emprise au sol est généralement comprise
61
Vue sur un patio d'une maison de la entre 30 m2 et 60 m2 .
Casbah d'Alger.
Elle possède toujours une vue sur la mer grâce à sa terrasse, la
lumière est généralement apportée par le patio ou, moins
fréquemment, par une fenêtre qui donne sur la rue. La porte d'entrée comporte toujours une grille
pour permettre l'aération des étages inférieurs à partir de l'air frais des ruelles. La maison algéroise
se veut tournée vers l'intérieur, plus précisément vers son patio (west dar), qui est le cœur de la vie
et qui comporte un puits (bir). C'est un espace de convivialité pour les familles, qui sont jusqu'à
quatre à occuper une maison, mais aussi l'espace traditionnel d'accueil des visiteurs. Les murs sont
des ouvrages de maçonnerie, constitués avec des briques de terre peu cuites et un mortier
comprenant de la chaux et de la terre épaisse. Les planchers sont réalisés avec des rondins de bois
et les soubassements sont construits selon une technique de voûte en berceau. La couverture est
plate, faite avec une épaisseur de terre importante, jusqu'à 70 cm en terrasse, et le revêtement est
61
constitué de mortier composé de terre et d'adjuvant naturels, le tout recouvert de chaux . Le
système d'évacuation des eaux usées des maisons est un véritable réseau d'égouts en brique sous la
voirie, qui suit la pente du site, et qui date de l'époque de la régence d'Alger. Les branchements
sont réalisés avec des éléments de poterie qui s'emboîtent. Depuis la colonisation le réseau a été
61
modernisé .
Typologie de la médina
Les médinas algériennes s'inscrivent dans une évolution de la
typologie urbaine au fil du temps. En effet, il est établi que la ville,
l'espace urbain, est un village qui évolue vers une typologie proto-
urbaine, puis urbaine, à travers l'histoire. Le passage d'un noyau
proto-urbain à un noyau urbain se traduit au niveau morphologique
par une densification horizontale puis verticale, schéma classique de
68
l'évolution des habitations à travers les siècles .
La typologie de la médina est dense horizontalement et introvertie ; les maisons à patio qui
occupent une parcelle centrale peuvent même être mitoyenne sur leurs quatre côtés (cette
typologie se retrouve à Alger, Blida, Miliana et Dellys). Les maisons partagent un, deux ou trois
murs mitoyens entre elles. L'espace limité de l'îlot, dans lequel prolifèrent les maisons similaires et
voisines, influence la typologie individuelle de la maison. L'ensemble forme un bâti continu
69, 70
caractéristique de la Casbah, de type « portant » .
Palais et résidences
Les principaux palais et résidences actuels de la Casbah sont Dar Aziza, Dar Hassan Pacha, Palais
Mustapha Pacha, Palais Ahmed Bey, Palais El Hamra, Dar Khedaoudj el Amia, Dar El Kadi, Dar
71
Soltan, la Maison du Millénaire, palais des Raïs, Dar Essadaka et Dar Es Souf ; il faut ajouter à
ce patrimoine les palais extra-muros du Fahs d'Alger et les demeures incluses comme dépendances
72
d'institutions publiques (hôpitaux, lycée) .
Le plus vieux des palais est celui de la Jenina, ravagé par un incendie en 1844. Ce palais, ancien
fort berbère, est la résidence des souverains locaux d'Alger au Moyen Âge, notamment le dernier,
Salim at-Toumi. Il est donc antérieur à la régence d'Alger, période durant laquelle il est le siège du
pouvoir. Les Algérois l'appellent Dar Soltan el qedim et il est le centre du pouvoir jusqu'à 1817. Il
73
ne subsiste qu'une partie de cet ensemble dont Dar Aziza , situé sur la place des Martyrs en face
de la mosquée Ketchaoua. Le palais de Dar Aziza est typique des demeures algéroises du
xvie siècle. Haut de trois étages à l'origine, il est amputé de son dernier étage lors du tremblement
de terre de 1716. Il sert de magasin en 1830, et perd en 1832 l'escalier menant à la terrasse. Il
devient, après quelques aménagements, la résidence de
l'archevêché sous la colonisation française. Dar Aziza est très
riche en décorations murales faites de marbre sculpté. Il
comporte un magnifique patio orné de jets d'eau, de boiseries,
74
de faïences et de claustras à verres de couleur .
Durant l'époque de la régence d'Alger, nombre de palais d'été sont situés extra-muros dans le Fahs
d'Alger. Le Fahs désigne les environs et les faubourgs de la médina d'Alger ; il constitue un espace
bien distinct de la médina. C'est le lieu d'implantation des divers palais d'été et résidences avec
jardins. Un des palais les plus connus de cet ensemble est celui du Bardo qui abrite le musée
79, 80
national du Bardo .
Mosquées
Parmi les mosquées de la Casbah d'Alger les principales sont Jamaa Ketchaoua, Jamaa el Kebir,
Jamaa el Jdid, Jamaa ali Bitchin, Jamaa sidi Ramdane, Jamaa Sidi M'hamed Cherif, Jamaa el
81
Berrani, Jamaa el Safir et Jamaa li houd .
La mosquée la plus ancienne de la Casbah d'Alger est Jamaa El Kebir, la grande mosquée
construite en 1097 par Youssef Ibn Tachfin dans le style almoravide. Elle est construite à une
époque où l'influence de l'art andalou se fait sentir sur le Maghreb. Ce qui caractérise le plus cette
mosquée c'est sa salle de prière et son minaret. La salle de prières hypostyle est centrée et ses
puissants piliers sont reliés par de grands arcs festonnés, lobés pour ceux des nefs, unis et polis
pour ceux des travées. Le mirhab est décoré de colonnes et de céramiques. Le minaret, refait par
un sultan zianide de Tlemcen en 1324, est de forme quadrangulaire, surmonté d’un lanternon, orné
de céramiques et de fines sculptures. La galerie extérieure n’est pas d'origine, elle est constituée à
partir des colonnes de marbre à chapiteaux décorés provenant de la mosquée Es-sayida, jadis
82
située sur la place des Martyrs, démolie durant la colonisation .
8
83
Jamaa Sidi Ramdane est une des mosquées médiévales de la médina, elle date du xie siècle
Jamaa Ketchaoua est une œuvre unique, témoin de l'histoire de la Casbah. Elle est fondée en 1436,
à une époque antérieure à la régence d'Alger, lorsque les dynasties berbères régnaient sur la ville.
Son architecture mêle les styles mauresques, turcs et byzantins. En effet son architecture est
remaniée durant l'époque de la Régence puis, surtout, durant la colonisation française où elle fait
84
office de cathédrale avant de revenir au culte musulman à l'indépendance du pays . Un bâtiment
plus important est construit vers 1613, sous le gouvernement de la régence d'Alger, puis de
85
nouveau remanié en 1794, sous le gouvernement de Hassan Pacha . Son architecture est inspirée
des mosquées construites en Turquie dans le style byzantin. À partir de 1844, sous la colonisation,
des remaniements pour l'adapter à son usage d'église catholique font disparaître le minaret de
style maghrébin à section carrée d'origine ; on construit les deux tours de la façade ainsi qu'un
chœur dans le prolongement de la salle de prières. L'église est classée monument historique par
84
l'administration française en 1908 et réaffectée au culte musulman à l'indépendance de l'Algérie .
Jamaa al-Jdid est une des mosquées les plus récentes. Elle est construite en 1660 par le dey
Mustapha Pacha dans un style très proche de celui des Ottomans. Elle comporte des coupoles qui
rappellent celles d'Istanbul. Cependant, son minaret, haut de 27 mètres, est de style maghrébin
avec une composante originale : il comporte une horloge depuis 1853, provenant de l'ancien palais
de la Djenina, démoli durant la période coloniale. Elle est destinée aux Turcs de la ville, suivant le
rite hanafite, et sa proximité avec la mer lui vaut son surnom de « mosquée de la pêcherie ». La
légende raconte que ce serait un captif chrétien qui aurait dessiné ses plans, ce qui expliquerait sa
forme en croix latine. L'intérieur est décoré avec des boiseries et le minbar est composé de marbre
86
d'Italie .
Jamaa el Berrani, littéralement la « mosquée des étrangers », est une mosquée datant de 1653,
reconstruite en 1818 par Hussein dey au pied de la citadelle d'Alger pour accueillir le tribunal de
l'Agha. Elle doit son nom aux étrangers qui venaient y prier avant leur audience auprès du dey. Elle
87
est ensuite affectée au culte catholique durant une partie de la colonisation .
La Casbah possède aussi beaucoup de petites mosquées comme celle d'Ali Bitchin, un renégat
d'origine vénitienne converti à l'islam, dont le vrai nom est Picenio. Elle fut construite en 1622 par
ce riche négociant. Elle est d'un style ottoman avec ses nombreuses coupoles mais elle comporte un
minaret carré de type maghrébin. À l'origine sa salle de prière était sans ornements, blanchie à la
chaux. Mais au fil du temps ont été ajoutés des stucs et autre décorations d'intérieur. Actuellement
88 8
88, 89
l'édifice est en cours de restauration . D'autres mosquées sont construites à proximité de
mausolées, à l'image de Jamaa Sidi Abderrahmane, érigée à côté du mausolée du même nom en
90
1696. Elle comporte des coupoles et un minaret richement orné .
La Casbah comporte plusieurs figures maraboutiques parmi lesquelles Sidi Brahim, protecteur de
la mer, dont le tombeau est dans l'amirauté ; Sidi M'hamed Chérif, dont la fontaine est réputée ;
99
Sidi H'lal, saint de Bab el Oued et Sidi Bouguedour considéré comme le « chef des marabouts » .
Les mausolées de Sidi Hlal, Sidi boudgour et Sidi Aberrahmene ainsi que la mosquée de Sidi
100
M'hamed Cherif sont en cours de restauration .
Ce mausolée, avec sa mosquée dotée d'un cimetière extérieur, occupe ainsi une double fonction :
101
religieuse et funéraire . On y retrouve aussi la tombes de Sidi Ouali, saint venu d'orient et dont la
légende raconte qu'il aurait déchaîné la mer contre les navires de Charles Quint lors du siège
d'Alger (1541). Le cimetière abrite aussi des personnalités comme les saints Walî Dada, Sidi
Mansour ben Mohamed ben Salîm et Sidi 'Abd Allah, des souverains de la régence d'Alger comme
Ahmed Bey de Constantine et les dey Moustapha Pacha et Omar Pacha mais aussi des figures
populaires comme l'écrivain Mohamed Bencheneb (1869-1929) et l'illustre miniaturiste
101
enlumineur Mohamed Racim (1896-1975) .
La citadelle, la Casbah proprement dite, sur les hauteurs de la médina, s'étend sur 9 000 m2 dont
7 500 m2 de bâti. Sa construction remonterait à l'année 1597, sur le site d'un établissement ziride.
102, 103
Elle devient siège du pouvoir deylical en 1817 .
102
C'est un complexe qui comprend :
le palais du dey ;
un palais affecté aux beys de Constantine, Oran et Médéa, vassaux du dey ;
deux mosquées, l'une pour le dey et l'autre pour les janissaires ;
la poudrière, établissement militaire destiné à fabriquer du salpêtre et de la poudre à canon ;
les vestiges de casemates et un ancien jardin où se trouvaient des arbres exotiques, des
plantes recherchées et une volière d'oiseau rares ;
des bastions et remparts ;
un harem ancien ;
un pavillon d'été ;
les bains d'Agha ;
un jardin d'été ;
un jardin d'hiver ;
le parc des autruches.
La poudrière aurait explosé au xviiie siècle et a été reconstruite.
On note également qu'après le tremblement de terre d'Alger de
Plan de la citadelle (1830). A-palais
1716, beaucoup de bâtiments ont été reconstruits. du Dey ; P-palais des Beys ; F-
mosquée du Dey ; Y-mosquée des
Durant la période coloniale, les Français morcèlent l'ensemble janissaires ; I, K -Harem.
qui constituait la citadelle pour faire passer une route, l'actuelle
103
rue Mohamed Taleb . La citadelle d'Alger est toujours en
39
cours de restauration en 2015 .
Cependant la citadelle ne constitue pas la seule structure défensive. À l'origine la ville est entourée
d'une enceinte percée par les portes Bab Azoun, Bab el Oued, Bab Jedid et Bab Jezira ; elle est
défendue par un dispositif plus large de forts (borj), établis du xvie au xviie siècle, tels ceux de el
Fanar dans le port, celui de Moulay Hasan (ou Fort l’Empereur) dans l'arrière-pays, et de
Tamentfoust de l'autre côté de la baie d'Alger. Borj el Fanar existe toujours tout comme les forts
24
de l'amirauté, mais beaucoup furent démolis durant la période coloniale . Sur le front de mer, un
des derniers témoins des structures de la ville est le palais des Raïs. Sa façade maritime d'aspect
78
massif comporte des canons tournés vers la mer . La Casbah était entourée, à la base, d'un mur
104
d'enceinte dont il ne reste que des vestiges, comme celui en face la prison de Serkadji .
L'amirauté d'Alger, la
rade et les différents
borj qui la composent. À
l'arrière-plan le bâtiment
octogonal du rocher du
Peñon (datant du
xvie siècle) surmonté de
la tour du phare.
L'échec des plans successifs de réhabilitation serait lié à l'absence de vision globale incluant la
vision des habitants ou d'acteurs importants sur le terrain, associations, habitants les plus anciens
de la médina… Ces derniers n'étant pas associés aux divers projets de réhabilitation depuis
l'indépendance, les opérations sont souvent compromises. Enfin les projets sont souvent confiés à
des bureaux d'étude et de réalisation étrangers, ayant du mal à s'inscrire dans les savoir-faire
architecturaux locaux et pouvant traduire de la part des autorités algériennes un certain
8
107, 108
« complexe du colonisé », incapables de mobiliser des compétences locales . Les acteurs
associatifs, quant à eux, se mobilisent contre ce qu'ils dénoncent comme une « culture de l'oubli »
109
mais la mise en place d'actions concrètes de leur part reste marginale .
Culture
Artisanat
Le secteur de l'artisanat dans la
Casbah est en déclin. Il n'a fait
l'objet d'aucune politique de
soutien fructueuse et, combiné à
un tourisme en berne, son état
apparaît en rupture avec l'histoire
de la vieille ville où il fut
114
florissant . Les maîtres artisans
restants ne sont pas très nombreux
et les métiers artisanaux doivent
faire face aux contraintes fiscales
et au prix des matières premières.
C'est le cas, par exemple, de la
dinanderie, confrontée à une
Vue sur une ruelle et un étal de dinanderie traditionnelle de la Casbah.
diminution du nombre des
artisans, à une raréfaction et à la
cherté de la feuille de cuivre. De plus, les objets traditionnels sont concurrencés par les produits
115, 116
manufacturés .
À l'époque de la régence d'Alger, les artisans dépendaient du caïd el blad (commissaire de la ville),
un haut fonctionnaire proche du dey. Il se crée alors des quartiers spécialisés, plutôt des ruelles ou
117
zenkat, dédiées à un corps de métier . Les boutiques et les corporations encore en vigueur à la fin
118
du xixe siècle ont disparu dans les années précédant la Première Guerre mondiale .
Un des métiers les plus illustres de l'artisanat algérois est la dinanderie, dont la pratique remonte à
117
la période médiévale . Les objets fabriqués par les dinandiers sont essentiellement les sniwa,
plateaux en cuivre richement ornés de motif géométrique, les mibkhara, encensoirs, les l'brik et
tassa, aiguières et bassines, les berreds, théières, et les tebssi laâchaouets, couscoussiers à
119
couvercle conique . Les motifs employés sont des étoiles, des formes géométriques et des fleurs
120
comme le jasmin . Lucien Golvin voit dans la dinanderie algéroise un legs ottoman, ou du moins
des convergences avec les pays qui furent sous domination ottomane ; certains décors en
témoigneraient comme les tulipes, œillets, cyprès et fleurs étalées, qui se retrouvent sur divers
121
objets en cuivre ciselé ou incisé .
La valeur culturelle de ces métiers commence à susciter l'intérêt des habitants, mais aussi de l'État,
qui investit, encore timidement selon les artisans, dans des dispositifs de défiscalisation et des
125
écoles spécialisées . Certaines initiatives de création d'entreprises artisanales apportent un
souffle nouveau aux métiers concernés ; c'est le cas, par exemple, des activités de réalisation et de
126
restauration d'objets en bois peint .
Femmes d'Alger Un artisan dinandier. Atelier de menuiserie Lustre artisanal en
tissant un tapis de la Casbah. cuivre.
(v.1899).
Cinéma
Alger est au cœur d'une filmographie riche, dont peu de capitales dans le monde peuvent se
127
prévaloir jusqu'au xxe siècle . Une quarantaine de longs métrages et une centaine de courts
métrages y sont tournés dans le courant du xxe siècle. C'est le cas des films Sarati le Terrible
(1922), Tarzan, l'homme singe (1932), Pépé le Moko (1937), Casbah (1938), Au cœur de la Casbah
(1952), L'Étranger (1968), Z (1969) et La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo (1969). « Pépé le
Moko » reste perçu comme un film à la gloire de la Casbah, qui vole la vedette à l'acteur Jean
Gabin. La Casbah inspire la production locale à partir de 1969, La Bombe (1969), Tahia ya Didou
(1971), Omar Gatlato (1976), Automne, octobre à Alger (1988), Bab-el-Oued City (1994), Viva
127
Laldjérie (2004) et Délice Paloma (2007) .
La différence entre les production locales et coloniales ne réside pas dans la technique de
réalisation ou l'esthétique des films, mais dans la place qu'y occupe l'Algérien. En effet le cinéma
127
français, avant l'indépendance, est souvent caractérisé par une absence de l'indigène algérien .
En 2012, le film El Gusto aborde le patrimoine musical algérien et la culture de la Casbah à travers
128
les retrouvailles entre des musiciens musulmans et juifs d'Algérie .
Les Terrasses (Es-stouh) est un film dramatique franco-algérien réalisé par Merzak Allouache et
sorti en 2013.
Musique
La musique arabo-andalouse
La musique chaâbi (« populaire ») s'inscrit dans le répertoire arabo-andalou. Elle finit par
s'imposer comme un symbole d'une culture populaire et citadine. C'est une musique encore
vivante, un art ayant traversé les époques et renvoyant dans l'imaginaire collectif à l'image d'une
ville intemporelle. En effet ce genre musical s'appuie, notamment, sur des poèmes séculaires, les
130
qçid, qu'il remet au goût du jour . Les instruments employés sont le mandole algérien,
instrument spécifique inventé pour le chaâbi, le oud, le luth oriental, le banjo, le violon, le tar et la
130
derbouka .
Ce genre musical apparaît au début du xxe siècle dans les couches populaires de la Casbah, dont
beaucoup issues des campagnes sont d'origine kabyle. Le chaâbi est fortement teinté d'accents
berbères et se décline également en langue kabyle, outre son répertoire en arabe algérien. Les
maîtres fondateurs de cet art ont pour nom Cheikh Nador, Hadj El Anka et Cheikh El Hasnaoui. Le
chaâbi algérois se fait connaître par la célèbre chanson Ya Rayah de Dahmane El Harrachi,
traduite et interprétée dans le monde entier. Les thèmes récurrents sont l’écho du patrimoine, la
plainte ancestrale, le mal du pays mais aussi des chants ancestraux de fêtes et de célébrations
129
religieuses . Cette musique se joue souvent en soirée, dans les patios et particulièrement durant
le mois du ramadan. Hadj El Anka fonde la première classe de cette discipline au conservatoire
128
d'Alger en 1957 .
Le chaâbi est aussi un style musical qui partagé entre les habitants musulmans et juifs de la
128
Casbah. Parmi les chanteurs judéo-arabe les plus illustres on peut citer Lili Boniche . Sa musique
131
Ana el Warka est reprise pour le générique de l'émission de France 2, Des mots de minuit . Des
initiatives comme celles de l'orchestre El Gusto visent à les rassembler et à populariser ce
128
patrimoine culturel de la Casbah sur les scènes internationales .
La peinture
La Casbah d'Alger a inspiré divers peintres algériens et
étrangers, notamment à travers le courant de l'orientalisme.
Dès le xixe siècle, elle est une source d'inspiration pour les
132
artistes comme le peintre Eugène Delacroix , leur permettant
133
de se plonger dans la ville arabe . Un des peintres les plus
célèbres pour ses représentations de la Casbah est Mohammed
Racim, natif de la Casbah. Ses œuvres illustrent la période
ancienne de la Casbah en remettant au goût du jour la tradition « Algerian Shops » de Louis
Comfort Tiffany : représentation de
populaire algérienne ; elles sont actuellement, en grande partie,
133 boutiques algériennes (v.1875).
conservées au Musée national des beaux arts d'Alger . Louis
Comfort Tiffany, peintre
américain, connait lui aussi
une période orientaliste et
134
visite Alger en 1875 .
Entre 1957 et 1962, le
peintre René Sintès peint la
Casbah. Ses peintures, en
particulier Petit Matin, La
La Casbah d'Alger (1840) par
Marine et Couvre-feu Charles Frédéric Chassériau (1802-
reflètent l'atmosphère des 1896)
« Femmes d'Alger dans leur
appartement », huile sur toile troubles secouant la ville
d’Eugène Delacroix (1798–1863), d'Alger durant la Guerre
135
datée de 1834, exposée au musée d'Algérie .
du Louvre, Paris, France.
Le patrimoine écrit
La ville d'Alger possède un patrimoine écrit historique
important. Au xixe siècle, la ville comporte plusieurs
collections provenant de mosquées, de zaouïas et de
particuliers. L'ensemble du patrimoine littéraire a été affecté, à
l'image des édifices, par les transformations et démolitions de
l'époque coloniale. C'est durant cette période que naissent des
initiatives pour préserver et répertorier ce patrimoine. Adrien
Berbrugger est à l'origine de la collection conservée à la
bibliothèque d'Alger, fondée en 1836. Les manuscrits sont
locaux ou étrangers (Égypte, Andalousie, Maroc, Turquie…) et
traitent de domaines culturels ou scientifiques. En 1872, on a
répertorié 866 volumes dans diverses bibliothèques : celle de la
grande mosquée Jamaa el Kebir, celle de Jamaa al-Jdid, celles
de Sidi Ramdane et de Sidi Aberrahmane. Jamaa al Jdid
abrite à l'époque 555 volumes, acquis grâce aux dons des deys
note 10
d'Alger . Cet inventaire de 1872 permet de constater que
Jamaa el Kebir, semble avoir perdu les deux tiers de sa
collection de 1830. D'autres inventaires sont réalisés en 1907 et Ancien bâtiment de la bibliothèque
nationale d'Algérie dans la Casbah.
1911. En 1909 parait le « catalogue de la grande mosquée
142
d'Alger », dressé par Mohamed Bencheneb . La collection de
cette mosquée comporte des ouvrages religieux, des exemplaires du Coran, des recueils de hadiths,
des ouvrages traitant de la vie du prophète, du droit malékite ou hanéfite, de la théologie, de la
143
morale et de la grammaire .
Un autre type de patrimoine écrit est le Tachrifat de la régence d'Alger ou « registre des choses
nobles ». C'est un registre et une compilation de données administratives sur la Régence. En 1830,
les registres trouvés dans le palais du dey et chez les principaux administrateurs sont déposés dans
les archives arabes des domaines. Ces registres sont relatifs à la perception des impôts et à
l’administration des biens du beylik et des corporations religieuses. On y retrouve, éparpillées,
diverses informations, relations de faits historiques ou d'événements remarquables, des
règlements sur divers objets, des notes sur l’administration, sur les esclaves chrétiens et sur les
tributs payés à la Régence par diverses nations. Le Tachrifat est l'un de ces recueils d'archives ; il
144, 145
est traduit au début de la période coloniale . L'ensemble de ces documents, issus de
l'administration pré-coloniale, constitue le « fonds des archives de l’ancienne régence d'Alger » ; il
146
est conservé aux archives algériennes dont le siège est hors de la Casbah . La bibliothèque
nationale d'Algérie, comprenant les fonds anciens, est située dans des palais anciens avant de
déménager, en 1954, hors de la Casbah ; l'ensemble des collections est conservé dans l'actuel
147
bâtiment près du jardin du Hamma .
La ville d'Alger est riche d'un patrimoine hydraulique permettant à sa population d'avoisiner les
100 000 habitants au xviie siècle et d'en faire une capitale méditerranéenne. Un des premiers
éléments de ce patrimoine sont les « sources sacrées » : la « Fontaine des Génies » ou Seb’aa Aïoun
(les sept sources) était une source d'eau douce de nos jours effacée par la construction du front de
mer ; ces jaillissements d'eau douce en pleine mer leur conféraient un caractère mystique. Le djinn
de cette fontaine, Seb’aa Aïoun, est, pour les Sub-sahariens, Baba Mûsa, surnommé Al-Bahari,
l'esprit aquatique d'eau douce venu du Niger. La source Aïn Sidi ‘Ali az-Zwawi doit son nom au
saint Ali az-Zwawi mort en 1576 et est évoquée par Diego de Haëdo. L'eau, à laquelle les habitants
prêtaient de nombreuses vertus, coulait à l'origine dans son mausolée situé en dehors de la porte
Bab Azoun et de nos jours détruit. Cependant la source coule toujours dans une boutique de la rue
149
Patrice Lumumba . Parmi les fontaines les plus célèbres on peut noter celles reliées à un
marabout, ce qui leur confère une dimension mystique comme celle de Sidi AbdelKader, de Sidi Ali
150
Ezzaoui, de Mhamed Cherif, de Mzaouqa, de Sidi Ramdane et d'autres comme Aïn Bir
Chebana, etc. Celle de Mhamed Cherif est connue pour avoir le pouvoir d’apaiser les angoisses et
151
les tracas grâce à trois gorgées de son eau .
Les fontaines d'eau sont aussi considérées comme des œuvres de générosité publique et à ce titre
sont désignées dans la toponymie algéroise par le terme arabe de sabil ou, généralement au pluriel,
sebala, ce terme désignant littéralement une œuvre charitable et désintéressée. Selon Kameche-
152
Ouzidane , ce terme provenant du Coran, qui signifie littéralement « voie, route, chemin », est à
l'origine de l'expression fi sabil Allah, traduisant l'idée d'une action désintéressée et généreuse. Il
va désigner progressivement à travers les âges les fontaines et les bassins d'eau potable publics
aménagés par la générosité d'une personne. Ce genre de dons permet de perpétuer le nom du
donateur et d'assurer son salut dans ce qui est considéré comme un « monde périssable ». De
nombreuses gravures sur les fontaines rendent compte de l'utilité de l'eau et l'importance des
fontaines comme utilité publique. Cette utilité étant d'autant plus grande qu'initialement, les
fontaines étaient, avec les sources, un endroit obligé pour se procurer de l'eau, et qu'elles ne
pouvaient en aucun cas être privées ; les donateurs, tout comme les habitants des palais, avaient
61
interdiction de construire de telles fontaines dans leurs habitations . L'autre forme
d'approvisionnement en eau était celle des nombreux puits (environ 2 000 puits recensés pour
3 000 habitations au début de l'ère coloniale), et autant de citernes, situées dans les sous-sols, qui
10
permettaient la récupération de l'eau de pluie tombant sur les terrasses .
La fontaine dite de la « Cale aux Vins » encastrée de nos jours dans un mur du musée des
antiquités d'Alger comporte une épigraphe de 1235, très expressive, concernant l'utilité publique
des eaux et le rôle du bienfaiteur Hussein Pacha comme en témoigne la traduction de Gabriel
153
Colin :
« C’est par l’eau que tout vit ! Le gouverneur, sultan d’Alger, Huseyn pacha, dont les
pieux desseins tendent toujours aux bonnes œuvres et qui, sans jamais s’éloigner de
la bienveillance, amène l’eau en tous lieux, a fait couler cette onde et a construit
cette fontaine. En irriguant cet endroit, il a abreuvé celui qui avait soif. Bois en toute
aisance une eau fraîche à l’amour de Huseyn. »
Cependant, sur les 150 fontaines qui furent en fonction dans la médina, il n'en reste qu'une dizaine
de fonctionnelles. Désignées par les mots arabes aïn (fontaine) ou bir (puits), elles dénotent d'un
certain plaisir de vivre dans la cité à travers ses espaces publics. Ainsi la Fontaine des Veuves (Aïn
al-Ahjajel), avait-elle pour réputation d'avoir le pouvoir de rendre un mari aux veuves. Ces
fontaines font partie intégrante de la médina, elles subsistent, quoique taries, comme lieux de
154
mémoire, notamment par leurs appellations et leur rôle dans la toponymie de la vieille ville .
Aïn Sidi Mhamed Cherif. Aïn Sidi Ramdane. Aïn Bir Fontaine dans le patio de
Chebana. Dar Mustapha Pacha.
Tradition orale
La culture orale est importante dans la tradition algéroise, notamment à travers le jeu de la
note 11
boqala . La boqala, dans sa forme classique, est un petit poème de quatre ou cinq vers, récité
ou parfois improvisé. Ces petits poèmes, transmis par l'oralité ou de petits recueils, constituent un
155, 156
patrimoine de plusieurs siècles . Ce jeu de poésie oscille entre le divertissement et la
divination. Dans ce dernier cas il s'accompagne parfois d'un rituel magico-religieux et n'est pas
propre à la ville d'Alger mais à l'ensemble des villes du littoral algérien et de son arrière-pays,
Alger, Blida, Béjaïa, Médea, Miliana, Cherchell… Le contenu de la boqala est souvent une devinette
ou un texte mystérieux, parfois une parole de sagesse ; il est donc sujet à interprétation. Ces
séances sont traditionnellement organisées par des femmes, mais les hommes peuvent aussi s'y
joindre. Les réunions se font souvent autour d'une table bien garnie, sur les terrasses des maisons
155
ou les patios . Les séances se tiennent généralement la nuit ainsi que la veille de jours importants
ou de certains jours de la semaine, les mercredis, vendredis et dimanches. Ces séances sont très
fréquentes durant le mois du Ramadan. Le mot boqala provient du terme arabe désignant une
cruche en terre cuite qui contient de l'eau, mise sur un brasier, et autour de laquelle peuvent avoir
note 12, 156
lieu divers rituels .
Les séances commencent par une invocation : « Fâl ya fâlfal djibli khbâr man koul blad » (Présage,
Ô présage, apporte moi des nouvelles de toutes les contrées). La langue employée dans ces jeux de
boqala est l'arabe algérien, avec des emprunts aux langues avec lesquelles il est en contact
(berbère, turc, espagnol et français) car son lieu de production est essentiellement citadin. Si l'on
ne connait pas l'origine de cette pratique, elle présente une structure littéraire proche de l'écrit et
se caractérise par une pureté du style, un rythme et des sonorités qui lui confèrent sa popularité.
On peut noter une ressemblance avec la poésie andalouse ancienne, le hawzi, les chants populaires
de Tlemcen. Ce genre littéraire est encore de nos jours une pratique assez répandue car sa diversité
thématique lui permet d'intéresser des auditoires divers et donc d'être assez consensuel selon les
circonstances. De plus il permet de frapper l'imaginaire de l'auditoire et de combler un certain
155, 47
désir d'évasion de celui-ci .
Notes et références
Notes
1. Selon Adrian Atkinson, p. 52, le site classé 1 par l’UNESCO s'étendait à l'origine sur environ
70 ha avant d'être étendu à 105 ha.
2. Ces îlots sont actuellement intégrés à la jetée du port.
3. Le Fahs désigne les environs immédiats d'Alger, à l’extérieur des murs de la médina.
4. Selon Marcel Le Glay cité par Tsouria Kassab, p. 1, des monnaies puniques ont été retrouvées
dans la Basse Casbah.
5. Le premier niveau, allant au-delà de 13 mètres, a permis de mettre au jour des poteries du iiie
au ier siècle av. J.-C. dont certaines de type campanien attestant des relations commerciales
avec l'Italie du Sud, les colonies grecques de la Gaule, voire la côte orientale de l'Espagne et la
Gaule. Dans un deuxième niveau, allant de 13 mètres à 8,45 mètres, on retrouve des poteries
rouges d'Arezzo ou de type gallo-romaines. Enfin, le troisième niveau, allant de 8,45 mètres à
6,40 mètres, ne recèle que de la poterie romaine, sans décor et de plus en plus grossière,
datant probablement des iiie, ive et ve siècles.
6. Les historiens français Ahmed Koulakssis et Gilbert Meynier relèvent que « c’est le même
terme, dans les actes internationaux, qui désigne la ville et le pays qu’elle commande : Al
Jazâ’ir 20. » Gilbert Meynier précise par ailleurs que « même si le chemin est parsemé
d’embûches pour édifier un État sur les décombres des États zayanide et hafside, […]
désormais, on parlera de dawla al-Jaza’ir 21 (le pouvoir-état d’Alger) […] Cette période voit
l'installation d'une organisation politique et administrative qui va participer à la mise en place de
l'entité algérienne : watan al jazâ'ir (pays d'Algérie) et la définition de frontières avec les entités
voisines à l'est et à l'ouest 22, 23. »
7. Par exemple le rattachement à un saint patron de la ville signifie une filiation et une
ascendance liées à un imaginaire symbolisant la citadinité. On parle des ouled Sidi
Abderrahmane, littéralement les descendants du saint Sidi Abderrahmane, comme transcription
de l'expression « enfants de la ville » (ouled el bled).
8. Le terme « maure », très employé au xixe siècle, désigne les Arabes citadins d'Alger.
9. C'est à cette période qu'elle devient capitale de la Régence d'Alger.
10. Les deys étant de rite hanéfite, cela expliquerait l'importance de leurs dons pour Jamaa al Jdid,
principalement consacrée au rite hanéfite, en comparaison notamment au volume des dons
effectués pour Jamaa al Kebir, la grande mosquée, de rite malékite.
11. Parfois orthographié bouqala ou būqāla.
12. Il peut s'agir de parfumer l'eau avec de l'encens ou divers essences mais aussi de chasser le
mauvais-œil et les djinns.
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