Bio 212-1
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NOTES DE COURS
UE BIO212 : BIOLOGIE DE LA REPRODUCTION ANIMALE
DESTINEES AUX ETUDIANTS EN LICENCE (SEMESTRE 5)
VERSION 2019-2020
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INFORMATIONS SOMMAIRES SUR L’UE BIO212
Public cible : Etudiants des sciences de la vie, du parcours de Biologie et Physiologie Animales inscrits au
semestre 5 ou tout autre étudiant désireux d’acquérir des connaissances sur la reproduction des animaux.
Bref descriptif de l’UE : L’UE de biologie de la reproduction animale aborde les processus qui permettent
d’assurer la pérennité des espèces animales (Métazoaires). Elle étudie notamment les modalités de la
reproduction en mettant l’accent sur l’organisation fonctionnelle des structures impliquées dans la réalisation
de la fonction de reproduction, les stratégies adaptatives de la reproduction au sein des organismes animaux
ainsi que les mécanismes de régulation des différentes phases concourant à la reproduction.
Objectif général : Appréhender les divers processus biologiques qui assurent la pérennité des espèces
animales.
AVANT PROPOS
CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE : NOTIONS DE BASE LIEES AUX ANIMAUX ET A LEUR
REPRODUCTION
I – RAPPEL SUR LE CONCEPT D’ANIMAL
1 – Qu’est-ce qu’un animal ?
2
2 – Rappel de la classification et de la diversité des animaux
II – CONCEPT DE REPRODUCTION
1 – Reproduction asexuée (RA) : définition, avantages et inconvénients
2 – Reproduction sexuée (RS) : définition, avantages et inconvénients
CHAPITRE V : FECONDATION
INTRODUCTION
I – RENCONTRE DE L’OVULE ET DES SPERMATOZOÏDES
1 – Mécanisme de rencontre des gamètes
2 - Reconnaissance et fusion des gamètes
II – ACTIVATION DE L’OVULE
1 – Blocage de la polyspermie
2 – Reprise de l’activité métabolique
III – CARYOGAMIE ET AMPHIMIXIE
1 – Caryogamie
2 - Amphimixie
CONCLUSION
I - ALTERNANCE DE PHASES
II - ALTERNANCE DE GENERATIONS
1 - Alternance de générations primaire
2 - Alternance de générations secondaire
Activités d’apprentissage : (ce que les étudiants doivent faire pour atteindre les objectifs)
Préparation du cours avant l’exposé de l’enseignant, prise de notes au cours de l’exposé, questions/réponses,
révision du cours précédent, résolution des exercices (TD).
Bibliographie : (les ouvrages et sites internet que les étudiants doivent utiliser/consulter pour maîtriser les
objectifs de cette UE)
1 – Beaumont A. et Cassier P., 1998. - Biologie Animale. Tome I et II, 3e édition, Dunod, Paris.
2 – Cassier P., Lafont R., Descamps M., Porchet M. & Soyeux D., 1997. La reproduction des invertébrés :
Stratégies, modalité et régulation-Intérêt fondamental et appliqué. Masson, Paris
3 – Cassier P. & Doumenc D. 1998. - Zoologie – Invertébrés, 6e édition, Masson, Paris.
4 – Grasse P., 1997. – Précis de Zoologie Reproduction, Biologie, Evolution et Systématique : Oiseaux et
Mammifères. Masson, Paris.
4
5 – Maissiat J., Baehr J.-C., Picaud J.-L., 1998. – Biologie Animale – Invertébrés, 2e édition, Dunod, Paris.
6 - Le Moigne A. et Foucrier J., 2009. – Biologie du développement. 1e cycle PCEM-CAPES. 7e édition revue
et corrigée. Dunod, Paris, 413p.
7 - Salgueiro E. & Reyss A., 2002. Biologie de la reproduction sexuée. Belin, Paris.
8 –Webographie
- http://acces.ens-lyon.fr/biotic/procreat/determin/html/detsexereptiles.htm
- https://studylibfr.com/doc/1300816/
- http://www.futura-sciences.com/planete/definitions/classification-vivant-invertebre-394/
- https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/biologie-selection-naturelle-8183/
- https://www.aquaportail.com/definition-443-cnidaire.html
- http://acces.ens-lyon.fr/biotic/procreat/determin/html/detsexereptiles.htm
- http://acces.ens-lyon.fr/biotic/procreat/determin/html/detsexereptiles.htm
-http://www.biodeug.com/licence-3-biologie-animale-chapitre-4-1-metazoaires-triploblastiques-
clomates-les-annelides/
- http://www.assistancescolaire.com/eleve/4e/svt/reviser-une-notion/l-influence-du-milieu-sur-le-mode-
de-reproduction-5sra02
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Anatomie_des_araign%C3%A9es
- www.ecrins-parcnational.fr/dossier/multitude-petites-betes
- http://www.bestioles.ca/animaux/reproduction.html
- http://www.afblum.be/bioafb/reprasex/reprasex.htm
- http://pagesperso-orange.fr/bernard.langellier/reproduction-animaux.htm
5
AVANT - PROPOS
CHAP I :
Objectif général du cours est de rappeler aux étudiants quelques concepts fondamentaux de bases liés aux
animaux et à la reproduction. Plus spécifiquement, à l’issue de ce chapitre, les étudiants seront en mesure de :
1 – Définir les animaux,
2 – Eclairer la position systématique de ce groupe
3 – Déterminer leur diversité
4 – Définir la reproduction
5 – Identifier les composantes de la reproduction ;
6 – Définir la reproduction asexuée et la reproduction sexuée ;
7 – Déterminer l’importance, les avantages et les inconvénients de chaque type de reproduction dans les
différents groupes animaux ;
8 – Comparer les deux types de reproduction ;
9 – Décrire les principes généraux de régulation de la reproduction ;
------------------------------------------------------------
En biologie, un animal est un être vivant Eucaryote (caractérisé par des cellules à « vrai noyau »),
pluricellulaire, généralement mobile et hétérotrophe (c’est-à-dire qu’il est impossible de produire sa propre
énergie à partir du soleil par la photosynthèse). Ainsi, il a besoin de manger plus ou moins directement les
plantes et/ou d’autres animaux.
Traditionnellement, les animaux sont classés en deux grands groupes sur la base d’un seul critère qui est la
présence ou l’absence de colonne vertébrale : Les Invertébré et les Vertébrés.
Les invertébrés concernent tous les animaux en dehors du sous-embranchement des vertébrés. Mais, par
définition (au sens strict du terme), les invertébrés sont des animaux multicellulaires (ou Métazoaires) sans
colonne vertébrale. La majorité de toutes les espèces animales connues appartiennent à ce groupe informel.
En réalité, ce groupe inventé par Lamarck au 19e siècle n’a plus aucune valeur taxonomique dans la
classification phylogénétique moderne car se base sur un seul critère pour classer les animaux. De plus,
définir un groupe d’animaux par quelque chose qu’ils n’ont pas ne semble pas être un critique scientifique
(www.soutien67.free.fr/).
En outre, les Invertébrés ont des plans d'organisation très différents et ne sont plus considérés comme un taxon
pertinent par rapport aux Vertébrés qui forment un groupe assez cohérent. Il s'agit d'un groupe
8
Les Vertébrés sont des animaux pourvus d’un squelette interne avec une colonne vertébrale et d’un crâne. On
y range les Poissons, les Amphibiens, les Reptiles, les Oiseaux et le Mammifères.
C’est une classification moderne qui rend compte des degrés de parenté existant entre les espèces permettant
ainsi de comprendre leur histoire évolutive (figure 1). Elle est fondée sur des connaissances scientifiques
multidisciplinaires : anatomie comparée, embryologie, biochimie, biologie moléculaire…
9
Figure 1b : Classification phylogénétique des animaux : les Crâniates (Lecointre et al., 2001)
11
12
Les scientifiques estiment qu’il y aurait actuellement plus de 10 000 000 espèces animales vivant sur la terre.
Seul un peu plus de 10% de ces espèces sont effectivement connues et répertoriées (Tableau 1).
Tableau 1 : Nombre d’espèces animales peuplent la terre en fonction des Embranchements ou Phylums
Escargots, moules,
Mollusques 100.000 177
huîtres, seiches
Tiques, araignées,
Arthropodes 1.200.000 1.932
insectes
Poissons, Amphibiens,
Vertébrés Reptiles, Oiseaux, 47.000 1.765
Mammifères
Les Invertébrés représentent sur le plan numérique de leurs espèces, la part la plus importante de la
biodiversité connue dans le monde avec à eux seuls 90% des animaux actuellement connus sur la planète
(www.ecrins-parcnational.fr/dossier/multitude-petites-betes). Le nombre d'espèces existantes est aujourd'hui
encore inconnu et ne peut être que le fruit d'estimations (Voir fig. 2).
13
Figure 2 : Diversité connue des espèces dans différents groupes animaux (d’après www.ecrins-
parcnational.fr/dossier/multitude-petites-betes)
Notons que la grande diversité des animaux leur a permis de coloniser la biosphère dans toutes ses
composantes (milieux marins puis la terre ferme ; la lithosphère et l’atmosphère).
N.B. : Ce cours s’appuiera sur des exemples d’animaux tirés d’embranchements les plus importants les
Spongiaires, les Cnidaires, les Plathelminthes, les Némathelminthes, les Annélides, les Mollusques, les
Arthropodes, les Echinodermes et les Vertébrés.
II – REPRODUCTION
La reproduction est selon l’Axis (1994), l’action par laquelle se perpétuent les espèces vivantes, dont elle
assure la continuité et la diversité. Dès le 18e siècle (en 1748), Buffon a pu définir la reproduction comme
« cette propriété commune à l'animal et au végétal, cette puissance de produire son semblable, cette chaîne
d'existences successives d'individus qui constitue l'existence réelle de l'espèce ».
Bref, la reproduction est l’ensemble des processus biologiques par lesquels une génération d’individus
de rang (n) en engendre une nouvelle de rang (n+1).
Ainsi, la reproduction apparaît comme une propriété essentielle de la vie, comme l'un des principaux critères
séparant le monde vivant du monde inanimé. La reproduction est selon Cassier et al. (1997) « l’essence de la
vie » car c’est elle qui assure la pérennité des espèces. En effet, chaque individu est voué à l'usure, à la
destruction, à la mort, mais la vie en tant que phénomène est continue, et c'est la reproduction qui assure cette
continuité, ce pouvoir de diffusion et d'invasion (ainsi, la reproduction est plus qu'une propriété de la vie : se
reproduire est pour le vivant une nécessité).
Qu’elle soit sexuée (intervention des cellules sexuelles) ou asexuée (pas d’implication des cellules sexuelles),
que la rencontre de deux partenaires ait lieu ou pas, elle implique des fonctions physiologiques qui
conditionnent le cycle biologique de l’organisme.
Bien que très divers dans son déroulement le phénomène de reproduction chez les animaux présente
essentiellement deux grandes modalités : la reproduction asexuée et la reproduction sexuée.
N.B. : La reproduction asexuée ne se produit que dans des organismes dont les cellules conservent encore la
totipotence embryonnaire ou omnipotence (capacité de former le tout, c'est-à-dire la capacité non
seulement de se multiplier, mais également de se différencier en différents types de cellules afin de reconstituer
les parties manquantes de l'organisme).
1.1 – Avantages de la RA
1.2 – Inconvénients de la RA
Par contre, les inconvénients d’un tel type de reproduction résident dans la production de progénitures
cloniques, sans variabilité génétique, puisqu'ils sont tous génotypiquement équivalents à leur parent et les uns
aux autres. La sélection naturelle (Voir définition, principe et fonctionnement à https://www.futura-
sciences.com/sante/definitions/biologie-selection-naturelle-8183/) ne peut pas "choisir" les individus les mieux
adaptés (tous les descendants étant égaux = clone isogénique). Ainsi, dans le cas de modification de
l’environnement, la RA devient défavorable (fortes mortalités des individus), à moins qu’elle ne s’accompagne
de la production des formes de résistance (kystes, gemmules…) qui seront transportés vers d’autres milieux
favorables ou qu’elle n’alterne avec la reproduction sexuée induite par les conditions défavorables.
N.B. : La RA est caractéristique quasi exclusivement des Invertébrés primitifs, aquatiques, libres ou parasites,
exception faite des Nématodes, des Mollusques et des Arthropodes conduit le plus souvent à la formation de
colonies.
1.3 – Régulation de la RA
La reproduction sexuée est, pour sa part, basée sur la production de cellules reproductrices femelles et mâles,
les gamètes (produites par des organes appelés gonades), dont la fusion (fécondation) engendre une cellule
œuf ou zygote. A la différence de la RA, on note au cours de la RS, une fusion entre gamètes (fécondation) et
la constitution d’individus dont la quantité d’information génétique est double (état diploïde du zygote par mise
en commun des allèles des gamètes parentaux). Le maintien de la constance du matériel génétique,
caractéristique de chaque espèce, est assuré par le phénomène compensatoire : il s’agit de la réduction
chromatique qui s’observe au cours de la formation des gamètes, plus ou moins associée, dans le temps, à la
fécondation. Cette réduction chromatique, qui se produit au cours de la méiose, ne peut être considérée
comme un simple retour à l’état haploïde. La répartition des chromosomes issus de chaque parent se fait
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en effet au hasard. De plus, des échanges génétiques se produisent entre chromosomes homologues
(crossing-over). Cette redistribution des allèles constitue un remaniement génétique tel que les générations
successives ne sont plus génétiquement identiques. En effet, les individus qui en sont issus sont tous
génétiquement uniques, tous différents entre eux et différents de leurs parents.
On a pu dire que le terme même de reproduction, qui suppose l’identité des produits obtenus (la conformité du
produit au parent), est impropre dans le cadre de la sexualité. Celle-ci assure plutôt, grâce aux innovations
génétiques qu’elles génèrent, une procréation. La diversité entre individus d’une même espèce, entretenue
par la reproduction sexuée, permet la sélection exercée par l’environnement : elle constitue, de se fait, un
rouage fondamental des mécanismes évolutifs (Salgueiro et Reyss, 2002).
2.2 - Inconvénients de la RS
La reproduction sexuée des animaux est contrôlée par des facteurs externes physiques (lumière, photopériode,
température, humidité relative) et biotiques (densité, présence de congénères, …) dont la perception et la prise
en compte permet de synchroniser la période de reproduction de chaque individu et les conditions favorables
du milieu ou l’état physiologique des partenaires. Les fonctions de reproduction nécessitent la prise en compte
d’informations extrinsèques et intrinsèques (organes sensoriels et système nerveux central = flux sensoriel),
l’acheminement et la mise en œuvre de neuromédiateurs et de messagers chimiques, les hormones qui,
issues de glandes endocrines, modulent l’activité des gonades et des voies génitales et, directement ou
indirectement, affectent les comportements. Système nerveux et le complexe endocrine sont interdépendants ;
leurs relations sont le fait de systèmes neurosécréteurs élaborant des neurohormones (Fig. 4).
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Figure 4 : Principes généraux des systèmes de régulation de la reproduction chez les animaux (Cassier et al.,
1997)
1
CHAPITRE II
OBJECTIFS DU COURS
L’objectif général de ce cours est de déterminer les modalités de la reproduction asexuée chez les
animaux. Plus spécifiquement, les étudiants seront capables, à l’issue de ce chapitre de :
1 – Déterminer la répartition de la RA dans les différents groupes animaux ;
2 – Définir la scissiparité, le bourgeonnement, la strobilisation, la régénération ;
3 – Illustrer à l’aide d’exemples d’animaux, les modalités de RA observées en fonction des stades de
développement de ces animaux ;
-------------------------------------------------------------------
C’est la capacité qu’a un animal de reconstituer tout ou partie de son corps suite à une coupure ou une
ablation. Elle accompagne souvent la scissiparité.
3 – Bourgeonnement ou gemmiparité
Le bourgeonnement est une différenciation, à partir d’un individu parent, de cellules totipotentes appelées
néoblastes ou histoblastes (le nouvel individu se développe alors à partir d’un fragment parental
pluricellulaire : il s’agit d’une reproduction polycytogène). Ces cellules forment un amas cellulaire, le
bourgeon, dans une zone de bourgeonnement (la blastogenèse désigne l’ensemble des phénomènes
tissulaires qui permettent à une portion de l’individu souche de devenir Ontogénétique). Cet amas donnera le
futur individu appelé blastozoïde ou blastozoïte qui sera soit libre (la reproduction asexuée n’assure dans ce
cas que la dissémination de l’espèce : on parlera alors de bourgeon de dissémination ; cas de l’Hydre), soit
associé à l'animal parent, on parlera alors de bourgeon d'accroissement ou colonial (corail).
4 – Strobilisation
La strobilation est une segmentation spontanée et transversale du corps chez certains cnidaires et les
helminthes.
Selon les animaux, la reproduction asexuée se produit à des stades variables du développement de l’individu
souche : stade embryonnaire, stade larvaire, stade adulte.
La multiplication asexuée, au stade larvaire, revêt une grande importance dans l’Embranchement des
Plathelminthes. Chez les Trématodes, le sporocyste issu du miracidium donne naissance à plusieurs rédies.
Chaque rédie forme à son tour plusieurs cercaires qui évoluent en métacercaires. Dans les cas les plus
complexes, il peut se constituer plusieurs générations de sporocystes ou plusieurs générations de rédies.
Inversement, le stade rédie ou stade métacercaire peut manquer. La figure 5 représente les différentes phases
de multiplication asexuée de Fasciola gigantica (grande douve du foie).
Figure 5 : Reproduction asexuée à l’état larvaire chez les Trématodes : cycle évolutif de Fasciola
gigantea
Chez les Cestodes, la larve cysticerque est susceptible de bourgeonner intensément pour constituer,
chez certaines espèces, des formes larvaires particulières appelées cénures et hydatides. Le cénure
correspond à un cysticerque composé, de la grosseur d’un oeuf de poule. Sa membrane interne, dite
proligère bourgeonne de nombreux scolex (jusqu’à 100). Le Taenia multiceps appelé encore Ténia cénure,
présente un stade larvaire de ce type. L’hydatide correspond à un cénure composé de la grosseur d’une
tête d’enfant. Sa membrane proligère bourgeonne vers l’intérieur et vers l’extérieur des vésicules filles dont la
membrane devient également proligère. De très nombreux scolex se trouvent ainsi constitués (jusqu’à
4
plusieurs millions). Echinicoccus granulosus appelé encore Ténia échinocoque présente un stade larvaire de
ce type (figure 6).
Membrane Scolex
proligère
Vésicule
cystique
I II
I –Cysticerque à
scolex invaginé
II – Cysticerque à
scolex dévaginé Cysticerque
III - Cénure
III
IV
Figure 6 : Reproduction asexuée à l’état larvaire chez les Cestodes : Cénure (III) = cysticerque composé (chez
Ténia cénure ou Taenia multiceps) et hydatide (IV) = cénure composé (chez Ténia échinocoque ou
Echinococcus granulosus). A : adulte du ténia échinocoque (figuré pour mémoire) et B : hydatide de
Echinococcus granulosus ; Cu : cuticule ; Mpi : membrane proligère interne ; Sc, Sc1 et Sc2 : scolex ; Gr : crochets ;
V : ventouse ; Vf : vésicules pariétales proligères (d’après Grassé et Donmenc, 1998).
Des excroissances extérieures ou bourgeons (s’isolent de l’extrémité des grands spicules radiaires de
l’organisme maternel de certaines éponges. A l’intérieur des bourgeons se trouvent des cellules totipotentes
archéocytes entourées par une couche de pinacocytes. Chaque bourgeon devient libre et forme une nouvelle
éponge (cas des Démosponges et des Hexactinellides).
Le bourgeonnement interne s’observe chez les Spongiles. Il aboutit à la réalisation de formes d’attente
qui résistent aux conditions défavorables (chaleur, luminosité, quantité de nutriments) : les gemmules (figure
7). Ce sont des amas de cellules indifférenciées appelés archéocytes (cellules totipotentes) et des cellules
nourricières ou trophocytes limités par une coque percée d’un micropyle et renforcée par des spicules
(amphidisques à disposition radiaire). Les archéocytes, issus des amœbocytes, se nourrissent des trophocytes
puis engendrent thésocytes. Les gemmules, formées en grand nombre dans la mésoglée, sont libérées en
période défavorable, du fait de la mort et de la désagrégation du corps de l’organisme parental. Leur
germination en conditions favorables engendre de nouveaux individus ou des entités comparables aux formes
larvaires. En effet, les thésocytes se divisent puis donnent des histoblastes à l’origine des différentes
catégories cellulaires de l’adulte. La gemmule se vide progressivement et de jeunes éponges apparaissent.
7.1.3 – Régénération
Les éponges possèdent de grandes facultés de régénération. En effet, coupé ou broyé, chaque fragment
est capable de redonner un nouvel individu.
A peu près au milieu de l'hydre, un renflement ou bourgeon apparaît sur un bord (figure 8). A l’intérieur du
bourgeon se trouvent les cellules totipotentes. La zone de renflement est appelée zone de blastogenèse. Puis
le bourgeon s’accroît puis s’isole progressivement de l’individu souche (parent) et descend vers le pied de
l'Hydre. Il forme une véritable petite hydre puis se détache.
6
Individu parent
Bourgeon
Individu fils
1 2 3
Figure 7 : Principe du bourgeonnement externe ou polypien chez les Cnidaires
1 : Formation du bourgeon (excroissance) sur l’individu parent ; 2 : Individu fils formé sur le parent 3 :
Détachement de l’individu fils du parent
Le bourgeonnement polypien peut aboutir à la formation d’individus fils qui restent associés au parent
formant ainsi une colonie (figure 8).
Bouche
Hydre mère
Bourgeon
polypien = Hydre mère
individus fils
Bourgeon
polypien =
individus fils
Figure 8 : Bourgeonnement polypien chez l’hydre verte Hydra fusca aboutissant à la formation d’une
colonie (A et B)
La strobilisation s’observe chez la méduse de lune Aurelia aurita (Cnidaire Scyphozoaire). Le processus de
strobilation commence par des changements morphologiques affectant en particulier les tentacules des
Cnidaires. Ceux-ci ont tendance à se résorber (https://www.aquaportail.com/definition-9818-strobilation.html). Il
se produit une suite des segmentations spontanées et transversales du corps du polype (scyphistome)
aboutissant à la formation de jeunes méduses appelées éphyras se disposant en « pile d’assiettes » chez
l’organisme appelé strobile. A maturité, les méduses se détachent du strobile et deviennent libres (figure 10).
Grâce à leurs cellules interstitielles qui sont pluripotentes (capables de se transformer en d'autres types de
cellules telles que les gamètes, les cellules glandulaires ou les cellules nerveuses), beaucoup de cnidaires ont
une énorme capacité de régénération (https://www.aquaportail.com/definition-443-cnidaire.html).
8
Segmentations
transversales
1– 2 - Strobile
Individus souche =
Scyphistome (Polype
issu de la larve planula)
La RA n’est développée que chez les Turbellariés (planaires). En effet, la scissiparité ou fragmentation
précédée de la régénération des parties manquantes (paratomie) s’observe dans cette classe. C’est le mode
de RA le plus fréquent mais, certains cas de reproduction asexuée par architomie sont connus. Chez les
Turbellariés, la reproduction asexuée est inhibée par celle sexuée.
La formation des proglottis chez les Cestodes (ténias), est assurée par une RA ou strobilisation.
L’étude de la reproduction asexuée des Annélides, notamment des Polychètes permet de mettre en
évidence une série de processus variés par lesquels un individu de génération (n) en engendre de nouveaux
de génération (n+1), ces nouveaux individus acquérant très vite leur individualité.
Chez les Polychètes, la reproduction asexuée peut trouver son origine dans un phénomène de
bourgeonnement de l’individu souche (figure 11). En effet, il se forme à un point privilégié de l’animal, un ou
plusieurs bourgeons, chaque bourgeon donnant, par croissance, un individu adulte. Lorsque plusieurs
bourgeonnements latéraux se succèdent, il se constitue une forme ramifiée (cas de Syllis racemosa : Fig 11).
9
Le plus souvent le corps allongé et métamérisé se coupe en deux ou plusieurs tronçons, chacun reconstituant
par régénération les parties manquantes pour donner naissance à un nouvel individu (scissiparité). Lorsque la
section s’opère avant qu’il y ait régénération, on parle d’architomie. La paratomie est caractérisée par la
néoformation d’une tête avant séparation de l’individu-fils.
Chez les Syllidiens (Polychètes), la reproduction sexée est précédée par une phase de propagation agame
(RA). Les produits génitaux se développent dans un certain nombre de segments postérieurs qui se détachent
constituant un « stolon » qui assure la dissémination des gamètes (Voir figure 12A Platynereis dumerilii). La
partie antérieure du Ver reste asexuée et porte le nom de “souche”: c’est la stolonisation. A partir de leur
partie antérieure asexuée ou souche (dépourvue de produits génitaux), les Syllidiens peuvent bourgeonner de
nouveaux stolons (schizogamie, voir plus bas). Ce processus de stolonisation se déroule selon plusieurs
modalités qui varient en fonction de la date d’apparition du stolon et de la rapidité avec laquelle la souche
génère les segments postérieurs stolonisés (figure 12) :
- Stolonisation par scissiparité simple : la souche génère sa partie postérieure après
détachement du stolon qui reste acéphale (Voir Syllis spongicola, figure 12-1).
- Stolonisation architomique : la formation de la tête du stolon et la régénération des segments
postérieurs de la souche s’effectuent après la séparation des deux éléments (Voir Syllis gracilis,
figure 12-2).
- Stolonisation paratomique simple : le stolon a différencié une tête au moment de sa libération et
la souche génère ultérieurement les segments postérieurs (Voir Syllis amica, figure 12-3).
- Stolonisation paratomique avec bourgeonnement pygidial : la régénération postérieure de la
souche est concomitante de la différenciation de la tête stoloniale et ces deux phénomènes
s’effectuent avant le détachement du stolon (Trypanosyllis zebra, figure 12-4).
- Stolonisation paratomique avec bourgeonnement intercalaire : plusieurs stolons apparaissent
à la suite les uns des autres (gemmiparité) et forment une chaîne de stolons (Autolytus
purpureomaculatus ; figure 12 Bis).
10
Souche avec
cerques régénérées
Formation des
parties manquantes
après séparation
Stolon acéphale
Stolonisation par scissiparité simple chez Stolonisation architomique chez Syllis gracilis :
Syllis spongicola : la souche génère sa partie la formation de la tête du stolon et la régénération
postérieure après détachement du stolon qui des segments postérieurs de la souche
reste acéphale s’effectuent après la séparation des deux
éléments
Régénara-
tion du
pygidium
de la
souche et
la tête du
Formation stolon est
du concommi-
pygidium tante
de la
Formation souche
de la tête après
du stolon séparation
avant
coupure
Souche
Suite de stolons
N.B : Les processus de la stolonisation sont sous dépendance de facteurs endocriniens. Le centre
inhibiteur de la stolonisation est situé dans la région antérieure du ver, plus précisément au niveau du
proventricule.
Dans le cas le plus simple les individus nouvellement formés sont en tous points identiques à l’individu
souche : c’est la schizogenèse. Il arrive cependant que seuls les individus nouvellement formés soient
sexués, l’individu souche ne participant pas à ce type de reproduction : c’est la schizogamie. La schizogamie
présente une certaine similitude avec le processus d’épitoquie (Platynereis dumerlii). Dans la transformation
épitoque de l’individu, seule la partie postérieure ou partie épitoque se sexualise (figure 13).
12
Yeux hypertrophiés
Partie souche
Parapodes foliacés
+ soies en forme de
rame
Partie épitoque =
Stolon (sexué)
La régénération existe chez les vers de terre mais elle est limitée. Coupé en deux, une seule partie du ver peut
éventuellement survivre selon la position de la coupure par rapport à ses organes vitaux (sa bouche, son
cerveau et ses cœurs latéraux) et organes sexuels localisés au niveau de la tête. Dans ce cas, la partie
antérieure peut éventuellement reconstituer les anneaux postérieurs manquants.
CONCLUSION
Au cours de l’évolution, la complexification croissante des organismes (de l’état diploblastique à l’état
triploblastique acoelomate, puis coelomate), l’affirmation de la différenciation cellulaire, la sexualisation qui
restreint la phase juvénile, la phase végétative, entraînent une perte progressive de l’aptitude à la multiplication
asexuée et des capacités de régénération qui, totales (chez les Hydres) deviennent régionales (chez
Annélides), puis locales (Crustacés).
13
1
CHAPITRE III
OBJECTIFS DU COURS
L’objectif de ce chapitre est de déterminer les différents types de reproduction sexuée observés chez les
animaux. Plus spécifiquement, les étudiants seront capables, à l’issue de ce chapitre de :
1 – Définir le gonochorisme et l’hermaphrodisme ;
2 – Décrire les différents mécanismes de détermination du sexe ;
3 – Différencier un animal gonochorique d’un animal hermaphrodite
4 – Classer les différents types d’hermaphrodismes chez les animaux ;
5 – Déterminer l’adaptation de l’hermaphrodisme ;
6 – Définir la parthénogenèse ;
7 – Classer les différents types de parthénogenèses ;
8 – Décrire les types de parthénogenèse ;
9 – Identifier les avantages et les inconvénients de la parthénogenèse
10 – Analyser les résultats d’une expérience ;
11 – Interpréter les résultats d’une expérience.
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Alors que la reproduction asexuée ne s’observe que dans certains groupes d’animaux (chapitre II), la
reproduction sexuée s’étend à tous. Elle s’effectue selon diverses modalités en fonction de l’embranchement
considéré (tableau 3).
I - LA SEXUALISATION
1 - Espèces gonochoriques
Reproduction sexuée
Embranchement/Classe Gonochorisme Hermaphrodisme Parthénogenèse
Spongiaires** + +
Cnidaires +
Cténaires + (simultané)
Plathelminthes (+) +
Némertiens + (+) (+)
Némathelminthes + (+)
Rotifères + (+)
Gastérotriches + (simultané) +
Annélides
Polychètes + (+) (+)
Oligochètes + (+)
Achètes +
Mollusques
Lamellibranches + + (successifs)
Gastéropodes (+) +
Céphalopodes +
Tardigrades +
Onychophores +
Arthropodes
Chélicérates + + (successifs)
Mandibulates + (+)
Echinodermes
Echinides + (+)
Stellérides +
Cordes
Urocordés (Tuniciers) +
Crâniates + (+)
** Gonochorisme pour les éponges calcaires, Hermaphrodisme pour les éponges siliceuses
Les abeilles ne possèdent pas de chromosomes sexuels (Il n’y a pas d’hétérochromosomes ou chromosome
sexuel chez l’abeille, mais des allèles sexuels).
La femelle (reine et ouvrières) est diploïde (2n = 32 chr) et les mâles (faux-bourdons) sont haploïdes (n=16
chromosomes). Les femelles ont une ovogenèse normale engendrant des ovules à n = 16 chr. Ces ovules en
se développant par parthénogenèse donnent des mâles à 16 chromosomes. Les mâles ont une
spermatogenèse anormale au cours de laquelle un des spermatocytes II obtenu à la première division de
méiose ne contient pas de noyau (celui-ci dégénère). Par conséquent, tout le matériel génétique au départ qui
était de 16 chr reste intact dans l'autre spermatocyte II. La division équationnelle est normale et on obtient
deux spermatozoïdes normaux à 16 chr au lieu de 4 (figure 14). L’individu issu de ce type de reproduction est
normalement haploïde. Généralement, l’haploïdie est peu viable et il sera plus ou moins nécessaire de rétablir
la diploïdie (chez le mâle). Ainsi chez l’abeille, les cellules somatiques du mâle deviennent polyploïdies alors
que les cellules germinales restent haploïdes (figure 14).
N.B : Il peut y avoir des mâles diploïdes lorsque la fécondation entraîne la formation d’un œuf homozygote,
mais ce mâle sera reconnu et éliminé par les ouvrières nourrices.
La détermination du sexe des abeilles semble plus complexe que l’on ne pense et implique un gène appelé
CSD (Complementary Sex Determination) qui est très polymorphique dans les populations d’abeilles
(http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/evolution/dossiers-thematiques/epigenetique/epigenetique-de-
labeille/le-determinisme-du-phenotype-sexuel-chez-les-abeilles).
4
Explication
Du fait que le sexe de l'adulte parthénogénétique soit définitivement fixé (fixité du sexe), on a supposé que,
lors de la méiose, le 2e globule polaire n'a pas été émis, ce qui assure le retour à la diploïdie. Cependant, on
peut se demander pourquoi on n'obtient que des mâles : l'hypothèse retenue est que la détermination
chromosomique du sexe est donnée par la femelle, et les mâles sont donc ZZ.
Chez la femelle ZW, la méiose va se dérouler normalement : on peut donc imaginer que lors de la première
division de maturation, on obtient un globule polaire portant le chromosome W et un ovocyte II contenant le
chromosome Z. Lors de la 2e division méiotique, le globule polaire ne va pas être expulsé, le fuseau de
division régresse : l'ovotide va donc conserver ses 2 chromatides Z, qui seront à l'origine de 2 chromosomes Z
on a donc formation d'un mâle (ZZ).
Ceci dit, on pourrait imaginer la situation inverse : le globule polaire peut hériter du chromosome Z et l'ovocyte
II du chromosome W. Si tout se passe comme ce qu'on a vu précédemment, on devrait obtenir un ovotide WW.
5
Or, on ne les trouve jamais : on pense que cette association ne permet pas le développement, et cela explique
pourquoi on a uniquement des mâles.
Cas de la drosophile
Les mécanismes génétiques de la détermination du sexe chez la drosophile (Drosophila melanogaster) sont
très différents de ceux qui sont impliqués chez les Mammifères, même s’ils font aussi intervenir un système de
chromosomes sexuels XX (pour la femelle) et XY (pour le mâle). En effet, chez la drosophile, les études
portant sur différentes anomalies caryotypiques ont confirmé l’importance du rapport X/A (nombre de
chromosomes sexuels X sur nombre de chromosomes autosomiques A) dans le déterminisme du sexe. En
effet, quel que soit le nombre de chromosomes X et d’autosomes A, seul compte pour la différenciation
sexuelle le rapport X/A : s’il est égal à 1, l’évolution sexuelle se fera dans le sens femelle, s’il est de 0,5,
dans le sens mâle.
N.B. : Chez la drosophile, le chromosome Y, à la différence de ce qui se produit chez les Mammifères, n’est
pas nécessaire à la réalisation du phénotype mâle ; il n’est actif que tardivement dans le développement,
pendant la spermatogenèse.
Dans certains cas, le sexe de l’individu peut être influencé par les conditions de l’environnement. En
effet, les conditions de température et photopériode dans lesquelles se trouvent les œufs ou les individus à un
certain stade de leur développement peuvent agir sur la détermination du sexe.
Une détermination génotypique (GSD pour "genotypic sex determination" ou CSD pour "chromosomal
sex determination") du sexe, contrôlée par un ou des gènes portés par les chromosomes sexuels, se rencontre
chez tous les serpents, de nombreux lézards et une minorité de tortues (http://acces.ens-
lyon.fr/biotic/procreat/determin/html/detsexereptiles.htm). Chez les serpents, l'hétérogamétie est femelle, de
type ZW/ZZ (voir plus haut), alors que les deux mécanismes, hétérogamétie femelle ZW/ZZ et mâle XY/XX, se
rencontrent chez les lézards et les tortues.
Chez d'autres espèces de reptiles, toutes ovipares, on peut rencontrer un déterminisme du sexe d'un type
différent ; la différenciation sexuelle des gonades dépend, chez elles, de la température d'incubation des
œufs (TSD pour "Temperature dependant Sex Determination") (figure 15A).
- Généralement, les œufs incubés à de faibles températures (22-27°C dans le cas des figures 15B)
produisent un sexe femelle pour le lézard : ce sont les températures féminisantes (TF) ;
- des œufs incubés à des températures plus élevées (28°et plus pour Aa et 30°C et plus pour Em dans
le cas des figures 15B) donnent l’autre sexe (mâles pour les lézards): ce sont les températures
masculinisantes (TM) ;
- le domaine de températures pour lequel des individus des deux sexes prennent naissance à partir
d’une même ponte est en général très étroit (entre 27-30°C dans le cas des figures 15B) : ce sont des
températures de transition (TRT ou « ) ;
- Au sein d'une TRT, la température "pivot ou P" est celle qui détermine un sex-ratio de 1 (50% de
mâles et 50% de femelles).
6
I II
- En II, deux températures pivot et deux gammes de températures transitionnelles déterminent le sexe. C'est le cas des
crocodiles et de certaines espèces de tortues et de lézards.
I
II
Figure 15B - Relation entre le sex-ratio et la température d’incubation chez des espèces de reptiles : deux
espèces de lézards (I) et sept espèces de tortues (II).
1.2.2 – Comment peut-on expliquer ces effets de la température sur la détermination du sexe ?
Figure 16 : Illustration schématique du déterminisme du sexe chez les espèces de reptiles « TSD » ou
« Temperature Sex Determination »
Conclusion
Chez les tortues, l’augmentation de l’activité de l’aromatase peut donc être mise en relation avec la
féminisation de la gonade. Il faut aussi noter que la masculinisation ou la féminisation est sous le contrôle des
gènes (10 gènes de la famille SOX ont été identifiés) portés par les chromosomes. Le modèle proposé ici
suppose que la transcription des gènes masculinisant et féminisant est sous le contrôle des oestrogènes, les
gènes masculinisants étant inhibés par ces oestrogènes et les gènes féminisants étant activés.
N.B. : La température peut aussi influencer la détermination du sexe chez certaines espèces d’Insectes et de
Crustacés.
1.2.3 – Détermination du sexe par une substance masculinisante
Ce type de détermination du sexe s’observe évolue rapidement en une bonellie mâle qui migre
chez les bonellies, Bonellia viridis, appartenant à jusqu’à la néphridie.
l’Embranchement des Annélides et la classe des Des études expérimentales ont montré que
Echiuriens (figure 17). En effet, la femelle de la détermination du sexe mâle se faisait dans ce
grande taille et pourvue d’une trompe (proboscis) cas au moyen d’une substance masculinisante
mène une vie sédentaire dans des anfractuosités produite par le proboscis.
rocheuses. Le mâle de petite taille vit en parasite
interne de la femelle dans un repli de la néphridie
(organe excréteur) où s’effectue la fécondation. Figure 17 -
Les larves évoluent différemment suivant l’endroit Dimorphisme
où elles tombent. Si une larve tombe sur un sexuel chez la
substrat rocheux, elle se développe en femelle ; si bonellie
elle est retenue par le proboscis d’une femelle, elle
8
On connaît chez les animaux de nombreux cas où le caryotype est modifié, aussi bien au niveau des
autosomes que des chromosomes sexuels. Cette détermination anormale du sexe conduit souvent à la stérilité
de l’individu (maladies génétiques). Il existe ainsi chez l’Homme des individus n’ayant qu’un chromosome X (44
+ X0), ou bien deux X et un Y (44 + XXY), ou bien trois X et un Y (44 + XXXY), etc. (tableau 4).
2 –Hermaphrodisme
L'hermaphrodisme est une forme de reproduction sexuée, caractérisée par la présence des deux sexes,
mâle et femelle, chez un même individu (https://www.universalis.fr/encyclopedie/hermaphrodisme/). Un tel
sujet est un hermaphrodite ou monoïque.
9
N.B : On tend à grouper sous le terme d'hermaphrodisme tous les cas ambigus de sexualité ; mais au sens
précis du terme, seuls les êtres possédant des gonades fonctionnelles capables de produire des gamètes
mâles et femelles sont des hermaphrodites.
Dans le cas de l'hermaphrodisme normal, un même individu est porteur des organes reproducteurs mâles et
femelles. Du point de vue physiologique, on peut distinguer deux modalités selon que les cellules sexuelles
mûrissent dans une même période (hermaphrodisme simultané) ou qu'elles arrivent à maturité à des moments
différents de leur cycle vital (hermaphrodisme successif). Les cellules germinales, spermatozoïdes et ovocytes,
sont réparties soit dans une même glande génitale qu'on appelle la glande hermaphrodite ou ovotestis
(escargot), soit dans des glandes distinctes, testicules et ovaires (douves, ténias, lombric).
Dans le cas de l’hermaphrodisme simultané (ou synchrone), les gamétogenèses sont contemporaines c’est-à-
dire que les gamétogenèses mâle et femelle se déroulent en même temps chez le même individu (Lombrics,
Trématodes, certaines cochenilles, certaines coquilles Saint-Jacques, l'escargot).
Chez les hermaphrodites simultanés, le canal hermaphrodite qui véhicule ces deux types de gamètes
peut s’ouvre à l’extérieur par deux pores génitaux séparés (un orifice mâle et un orifice femelle : c’est la
diaulie) ou par un seul et unique pore (monaulie). Chez la majorité des hermaphrodites simultanés, la
rencontre des gamètes mâles et femelles produits par le même individu est cependant empêchée, ce qui rend
obligatoire la fécondation croisée. Les différentes barrières qui interviennent dans ce cas sont :
- configuration de l’appareil reproducteur : la diaulie impose l’accouplement (cas des Lombrics, des
Pulmonés) ;
- léger décalage chronologique dans la maturation des gamètes (cas des douves).
Dans l’hermaphrodisme simultané, l’autofécondation est rare (elle existe chez les Cestodes, chez
quelques Gastéropodes) ; elle présente un désavantage dans la sélection naturelle (passage à l’homozygotie)
(voir aussi plus haut les barrières qui favorisent l’autofécondation).
L’hermaphrodisme successif ou séquentiel concerne les animaux qui changent de sexe au cours de
leur vie. Trois cas modalités s’observent :
- L’animal fonctionne d’abord comme mâle, puis comme femelle. Ces animaux sont des hermaphrodites
protandres ou protérandriques : cas de très loin le plus fréquent, ce type d’hermaphrodisme
étant qualifié de protérandrie (Cestodes, huître)
- L’animal fonctionne d’abord comme femelle puis comme mâle. Dans ce cas, les animaux sont des
hermaphrodites protogynes ou présentent un hermaphrodisme qualifié de protogynie ou
protérogynie (des poissons comme les barbiers, les labres et les mérous, huîtres (Ostrea edulis) et
patelles) ;
- L’animal peut changer de sexe plusieurs fois de suite au cours de sa vie (plusieurs inversions de
sexe). Dans ce cas, ces animaux sont des hermaphrodites alternés (poisson épervier nain, gobie…)
10
Notons que l’inversion du sexe peut intervenir à un stade précis du développement : c’est
l’hermaphrodisme balancé, ou faux gonochorisme : c’est le cas le plus fréquent (Figure 18 a). Elle peut
aussi survenir à n’importe quel moment de la vie de l’espèce : c’est de l’hermaphrodisme non équilibré
ou non balancé (figure 18 b).
Le déterminisme de l’inversion du sexe est en général génétique (chez l’Annélide Polychète
Ophryotrocha puerilis, l’inversion de sexe fait intervenir un système polygénique).
Mais dans certains cas, cette inversion peut être induite par des facteurs de l’environnement : cas de
la crépidule, Crepidula fornicata (Mollusque Gastéropode Prosobranche). C’est une espèce hermaphrodite
protérandrique. L’individu juvénile (larve) est mâle et libre dans l’eau de mer. En se fixant sur un substrat, il
devient femelle. D’autres mâles peuvent se fixer sur la femelle. On obtient alors des empilements
caractéristiques pouvant compter jusqu’à 15 individus (figure 19). Les individus du bas de la pile, les plus
âgés donc de grande taille, sont des femelles, ceux du sommet, les plus jeunes (de petite taille), sont de
sexe mâle ; entre les deux, se trouvent des individus hermaphrodites à des stades différents de l’inversion
d’un sexe à l’autre. Notons qu’à l’origine de l’empilement, la première larve qui se fixe sur un substrat est
mâle avant de s’inverser rapidement en femelle. Une nouvelle larve qui se fixe sur elle évolue en mâle
fonctionnel qui, au bout d’un certain temps, peut à son tour s’inverser en femelle. Chaque individu qui
s’ajoute à la pile subit la même évolution. Le moment de l’inversion du sexe (mâle en femelle) dépend de
la position que l’individu occupe dans la pile. L’inversion est plus rapide pour des individus retirés de la pile
(un mâle isolé ne tarde pas à grossir et devient femelle), ce qui suggère l’intervention de facteurs de
sexualisation au sein de l’empilement. Un mécanisme hypothétique d’explication du déterminisme de la
croissance et de l’inversion du sexe chez l’espèce (figure 20) fait intervenir l’effet de :
Figure 19 : Détermination du sexe dans une pile de Crepidula fornicata (Salgueiro et Reyss, 2002)
11
N.B : Chez certains Huîtres (Ostrea edulis), l’hermaphrodisme est à la fois successif et alternatif, plusieurs
phases mâles et femelles se succédant.
Figure 21 : Schéma des individus hermaphrodite et mâle de Caenorhabditis elegans (seul l’appareil
reproducteur est détaillé) http://sites.unice.fr/site/pierson/Illuspdfpoursite/Illusreprosexuee.pdf
12
N.B : L’hermaphrodisme est une forme de reproduction sexuée adaptée à certains modes ou milieux de vie
contraignants limitant le contact entre individus de la même espèce (vie parasitaire chez les
Plathelminthes, vie fixée, vie en milieu terrestre pour les animaux sensibles à la déshydratation comme les
Annélides Oligochètes, le lombric par exemple et les Mollusques Pulmonés comme l’escargot).
1
Lorsqu'il existe indépendamment de la formule génétique un état de bivalence de l'appareil génital juvénile, on
parle d'hermaphrodisme embryonnaire. Chez les embryons (ou les larves) des animaux qui manifestent cette
bivalence coexistent les ébauches des appareils génitaux, mâle et femelle. Au cours du développement, il doit
donc se produire un « virage » privilégiant l'achèvement de l'une des ébauches et la régression de l'autre,
moyennant un processus de maturation sexuelle. L'embryon des Vertébrés passe ainsi par un stade
hermaphrodite avant la phase de différenciation sexuelle. L'appareil génital comprend les ébauches des deux
sexes. L'un des constituants de la gonade (le cortex) donnera l'ovaire et l'autre composant (la médullaire) le
futur testicule ???.
Dans le cas de l’hermaphrodisme rudimentaire, un des sexes devient fonctionnel tandis que l’autre reste latent
c’est-à-dire que l'ébauche embryonnaire peut subsister chez l'adulte. Un exemple est fourni par l'organe de
Bidder du crapaud mâle, situé en avant des testicules (figure 22A).
Figure 22A : Appareil reproducteur mâle du Figure 22B : Appareil génital femelle d’un oiseau
crapaud (Salgueiro et Reyss, 2002)
(http://sites.unice.fr/site/pierson/Illuspdfpoursite/Illu
sreprosexuee.pdf)
Cet organe de Bidder présente une structure ovarienne caractérisée par la présence de jeunes ovocytes au
repos ; il s'agit là de l'ébauche ovarienne de la glande hermaphrodite de l'embryon ; cette ébauche s'atrophie
chez le mâle, mais peut dans certaines conditions expérimentales (ablation du testicule par exemple) devenir
fonctionnelle. On retrouve une disposition analogue chez les Oiseaux. Ainsi, la poule présente un oviducte et
2
un ovaire droits atrophiés. Mais seule la gonade gauche est fonctionnelle (figure 22B), la gonade droite a
l'aspect d'un testicule rudimentaire qui peut évoluer en testicule normal après ablation de l'ovaire gauche.
II - PARTHENOGENESE
Il y a parthénogenèse (du grec parthenos = vierge et du latin genesis = génération) lorsqu’un œuf
vierge (non fécondé) se développe spontanément, sans intervention du gamète mâle (dans ces conditions, il
y a reproduction monoparentale). Si le phénomène se réalise spontanément, il s’agit de parthénogenèse
naturelle. S’il est provoqué par de procédés physiques et/ou chimiques, c’est la parthénogenèse
expérimentale ou artificielle. Par exemple PINCUS a obtenu le développement parthénogénétique complet
du lapin, par traitement Physico-chimique d’ovules de lapines.
N.B :
1 - Chez certaines espèces, la reproduction par parthénogenèse nécessite un acte sexuel, même si l'œuf
produit par la femelle est diploïde et n'est pas fécondé. Ainsi, chez les tiques et d'autres acariens
microscopiques, les œufs produits par parthénogenèse thélytoque ne se développent que si les animaux
copulent.
2 - Si un spermatozoïde a pu pénétrer dans l’ovule, mais sans qu’il y ait eu fusion des noyaux (caryogamie), on
parle de gynogenèse ou de pseudogamie (la pénétration du spermatozoïde est indispensable à l’activation
de l’ovocyte, après quoi, il dégénère). S’il n’y a eu aucune pénétration de spermatozoïde on parle de
parthénogenèse.
3 - La parthénogenèse est, au plan évolutif, une forme dérivée (dégradée ? adaptée) de la reproduction sexuée
(Cassier et al., 1997), plutôt qu’un mode de reproduction asexuée, car les nouveaux individus sont issus de
cellules sexuelles.
4 - Les animaux caractérisés par un mode de reproduction parthénogénétique ont été traditionnellement tenus
comme évolutivement inférieurs à ceux pratiquant la reproduction bisexuée.
Pour que le développement parthénogénétique puisse être observé, il est nécessaire que se déroulent
successivement les 2 phénomènes majeurs normalement déclenchés par le spermatozoïde fécondant, à
savoir : une activation (perméabilité de la membrane ovocytaire, soulèvement de la membrane de
fécondation, levée de l’inhibition méiotique et émission des globules polaires, accroissement des fonctions
métaboliques dont protéosynthèse : enzymes, protéines du fuseau, etc.) et une régulation astérienne
(centriolaire : apparition d’un amphiaster) et d’une manière plus ou moins précoce, du nombre de
chromosomes (N→ 2N →2nN voir figure 23).
3
La régulation du nombre de chromosomes peut résulter de processus variés qui ne seront pas sans incidence
sur le sexe des descendants. Plusieurs cas peuvent être distingués :
a - la femelle productrice des ovules est tétraploïde (cas de certains Insectes); l’ovule, bien que
subissant une réduction chromatique normale, est diploïde.
b - la suppression de la première division polaire fournit un ovule diploïde. Chez les Rotifères par
exemple, les femelles parthénogénétiques ou amictiques (sans méiose) sont diploïdes et pondent des œufs
(ovocytes I) à développement immédiat, ne subissant pas de réduction chromatique. Ces œufs donnent
naissance à de nouvelles femelles diploïdes. Ce type de parthénogenèse est nommé apomixie ou amictie.
c - la résorption du 2e globule polaire compense la réduction chromatique. En effet, le deuxième globule
polaire fusionne, tel un spermatozoïde, avec l’ovotide (fig.36B), après la seconde division de méiose (cas de la
drosophile, Drosophila mangabeirai). Ce type de parthénogenèse qui a lieu après une méiose est appelé
automixie.
d - le fuseau d’une des deux divisions de maturation qui devrait aboutir à l’émission d’un globule polaire
devient le premier fuseau de division. On parle de régulation du fuseau achromatique. En effet, la division
réductionnelle amorcée ne s’achève pas et est directement suivie par la division équationnelle.
e - avant la première division de segmentation, le noyau subit une division anastrale (endomitose :
division au cours de laquelle il n’y a pas formation d’aster ni de fuseau achromatique ; la membrane nucléaire
ne disparaît pas non plus) d’où une diploïdisation.
f - la fusion des deux premiers noyaux haploïdes de segmentation rétablit la diploïdie.
Retenons que la parthénogenèse est un phénomène très répandu, très efficace. Les formes
parthénogénétiques sont prolifiques et colonisent activement leurs niches écologiques.
4
En fonction du rythme d’apparition de la reproduction parthénogénétique, du sexe des descendants, du
comportement chromosomique qui préside à leur constitution, il est possible de distinguer plusieurs modes de
reproduction parthénogénétique.
La parthénogenèse accidentelle est celle qui se produit, de temps en temps, chez des espèces à
reproduction sexuée normale. Ce phénomène donne, selon les groupes, naissance à des descendants
uniquement mâles (parthénogenèse dite arrhénotoque), uniquement femelles (parthénogenèse dite
thélytoque) ou mâles et femelles à la fois (les deux sexes) (parthénogenèse dite deutérotoque).
Ce type de reproduction a été signalé chez divers Lépidoptères et Homoptères (Insectes), et chez les
Nématodes. Elle concerne des espèces à femelles hétérogamétiques (2A +XY), à dimorphisme ovulaire (A +
X ; A + Y) et le doublement chromosomique engendre des mâles 2A + XX et des superfemelles (2A + YY).
Comment sont formées les femelles hétérogamétiques ?
1.3 - Parthénogenèse arrhénotoque (du grec arrenotokia : enfantement d’un mâle) ou haplodiploïdie
Aristote, il y a 2 000 ans, a le premier soupçonné que les Abeilles pouvaient se reproduire sans accouplement.
Cette forme de parthénogenèse se rencontre dans des groupes aussi variés que les Hyménoptères, les
Homoptères, les Thysanoptères, les Coléoptères…Elle est très répandue et peut également être considérée
comme facultative ; les œufs parthénogénétiques se développent avec le nombre réduit, haploïde, de
chromosomes.
Chez l’Abeille domestique (Apis mellifera), la reine accumule dans sa spermathèque (poche de
stockage des spermatozoïdes), à la faveur de vols nuptiaux et d’accouplements multiples accomplis dans une
période très brève, le stock définitif de spermatozoïdes. Selon qu’elle pond (1500 œufs /jour en pleine saison)
dans une alvéole de petite taille ou de grande taille, elle dépose des œufs fécondés ou des œufs vierges à
l’origine, respectivement de femelles (ouvrières ou reines) ou des mâles (faux - bourdons). Cette particularité
suggère l’existence d’un contrôle réflexe de l’ouverture du sphincter de la spermathèque (figure 24), mais ce
réflexe est sensible à d’autres facteurs que la taille des alvéoles puisque la production des faux-bourdons est
saisonnière et dépend en partie de la composition de la société. La relation entre le sexe des descendants et la
qualité des ovules est fondée sur de multiples arguments. Une reine vierge ou une reine âgée, ayant épuisé
son stock de spermatozoïdes, ne donne naissance qu’à des mâles (ruche “bourdonneuse”). De même, une
ruche ayant perdu sa reine devient «bourdonneuse » Ce type de reproduction se retrouve chez Dinarmus
basalis, un Hyménoptère Pteromalidae, parasitoïde des larves et des nymphes de bruches du niébé, mais,
dans ce cas, la femelle n’accepte qu’un seul accouplement.
5
3 - La paedogenèse
C’est une forme particulière de parthénogenèse qui se produit non pas chez l’adulte mais chez la larve. Des
espèces pondent à l’état larvaire et l’ovule est parthénogénétique. Notons que cette reproduction s’apparente à
la parthénogenèse cyclique car elle s’insère dans le déroulement d’un cycle régulier. Elle s’accompagne de
viviparité et les jeunes s’échappent par effraction du corps de leur mère (exemple des Cécidomyidés, des
Chironomidés et de certains Coléoptères, du nématode Rhabditis aberrans).
La parthénogenèse est rare chez les Vertébrés. Cependant, elle a été observée chez certains Poisson,
Amphibiens, Reptiles et Oiseaux. Elle semble absente et impossible chez les mammifères.
5.1 - Avantages
Un système de reproduction parthénogénétique générant des femelles permet une production d'individus plus
grande sur un faible nombre de générations qu'un système de reproduction sexuée.
Grâce à cette efficacité démographique, l'inclusion dans un cycle de reproduction d'une phase
parthénogénétique, en permettant de réduire le nombre des mâles, peut avoir un intérêt écologique certain par
exemple une conquête plus efficace du milieu (habitat).
5.2 - Inconvénients
La parthénogenèse ne permet pas l'apparition de beaucoup de diversité dans les générations produites. Les
descendants ne sont pas absolument des clones du parent mais il y a apparition de très peu de variations à
l'intérieur de leur génome. Chez des espèces polyploïdes, comme les pucerons, certaines populations peuvent
se retrouver « bloquées » dans un processus de reproduction parthénogénétique sans possibilité de retour à la
reproduction sexuée. Les femelles parthénogénétiques ne peuvent pas s'accoupler avec des mâles, ces
individus ne peuvent donc produire qu'une descendance parthénogénétique. Ces processus ne sont pas
handicapants si l'environnement se maintient constant ; mais dans le cas contraire, ces espèces
parthénogénétiques seraient vouées à la disparition car elles ne pourraient produire assez rapidement de
nouvelles adaptations. La parthénogenèse est préjudiciable à la diversité génétique et la pérennité de
l'espèce animale.
1
CHAP. IV
OBJECTIFS DU COURS
L’objectif général de ce chapitre est de décrire l’organisation fonctionnelle des appareils reproducteurs,
des gonades et des gamètes des animaux. Plus spécifiquement, à l’issue de ce chapitre, les étudiants seront
capables de :
1 – Décrire l’organisation et le fonctionnement des appareils reproducteurs des animaux, des inférieurs
aux plus évolués ;
2 - Déterminer les différents types de gonades chez les animaux ;
3 - Décrire l’organisation et le fonctionnement des différents types de gonades chez les animaux ;
4 – Comparer les différents types de gonades ;
5 – Décrire la gamétogenèse ;
6 – Déterminer la diversité des gamètes mâles et femelles ;
7 – Présenter les caractéristiques des gamètes mâles et femelles
---------------------------------------------------------
Chez les animaux, seule une petite communauté de cellules participe à la constitution du zygote, point
de départ de la formation du nouvel individu. L’évolution de cette communauté de cellules constitue la
gamétogenèse (comparer à la blastogenèse) et l’individu issu du zygote prend le nom d’oozoïde (comparer au
blastozoïde).
Chez les animaux, les phénomènes de sexualisation sont de grande ampleur. Cette sexualisation se
manifeste au niveau des gamètes (l’oogamie ou l’anisogamie est de règle) mais aussi au niveau de
l’organisme tout entier (dimorphisme sexuel).
Très généralement, seul l’individu au terme de son développement acquiert la maturité sexuelle (stade
adulte). Il existe cependant des cas où l’on observe une sexualité précoce (néoténie, pédogenèse). Ces cas
seront examinés dans le chapitre relatif au développement postembryonnaire (voir UE BIO 222).
Rappel : La reproduction sexuée des Métazoaires implique la production de cellules haploïdes, sexuées,
différentes morphologiquement (voir plus haut), les gamètes mâles (spermatozoïdes) et femelles (ovules), par
le jeu de la méiose. La rencontre des gamètes (fécondation) rétablit l’état diploïde et aboutit à la constitution
d’un œuf ou zygote, point de départ d’une nouvelle génération. C’est au cours de ces processus que
s’effectuent les recombinaisons génétiques (crossing-over) et chromosomiques. Le cycle biologique est du
type diplobiontique. Au niveau moléculaire, la reproduction tire profit de la qualité exceptionnelle
d’autoduplication des acides nucléiques et assure le transfert de l’information génétique d’une génération à
l’autre.
Dans ce chapitre, un intérêt sera porté successivement : aux appareils reproducteurs, aux gonades, aux
gamètes et à leur rencontre (fécondation).
2
Les Cestodes sont des hermaphrodites protandriques (voir détail plus loin). Chaque proglottis contient un
appareil génital ♂ et un appareil génital ♀ (figure 26).
ü L’appareil génital ♂ de Taenia saginatta comporte de nombreux testicules disséminés dans le
parenchyme. Les spermiductes élémentaires aboutissent à un canal déférent dont la partie terminale dilatée
contient un pénis rétractile. Cette gaine débouche dans l’atrium ou cloaque génital qui communique avec
l’extérieur.
ü L’appareil ♀ comprend un vagin, deux ovaires (germigènes) plurilobés, situés à l’arrière du proglottis
et un vitellogène impair postérieur. Ovules et cellules vitellines sont déversés dans l’ootype, petit organe
ovoïde entouré par les glandes de MEHLIS improprement appelées glandes coquillières. L’ootype est
également en relation avec le vagin qui part de l’atrium génital et reçoit les spermatozoïdes d’une part, et avec
l’utérus, tube aveugle très ramifié (20 à 35 digitations) où s’accumulent, après fécondation, les œufs et où
commence le développement embryonnaire. Cet utérus occupera la presque totalité du segment (proglottis) où
l’appareil génital ♀ dégénère : c’est le CUCURBITAIN. Il n’y a pas d’orifice de ponte ; les œufs, enfermés dans
l’utérus sont libérés par rupture du cucurbitain.
N.B. : La maturation des deux appareils n’est pas synchrone. Du scolex au 250e proglottis, les appareils
génitaux ne sont pas différenciés ; l’appareil génital ♂ apparaît alors et les testicules sont mûrs au niveau du
450e segment. Ils s’atrophient ultérieurement alors que se développe l’appareil génital femelle qui est
fonctionnel à partir du segment 600. L’accouplement se fait chez le même individu entre segments d’âges
différents l’un étant au stade mâle, l’autre, plus âgé, étant au stade femelle.
A B
Figure 26 : Anatomie d’un proglottis de T. saginata montrant l’appareil reproducteur (A) et Cucurbitain de T.
saginata (B) (d’après Beaumont et Cassier, 1998)
Cl. Def. : canal déférent ; Cl.Exc. : canal excréteur ; Cl.♀.♂ Res. : Canaux mâle et femelle résiduels ; Test. : testicule ;Gl. Melhlis :
glande de Mehlis ; O.G. : orifice génital ; Ov. : ovaire ; P. Ci : poche du cirre (pénis) ; Test. : testicule ; Ut. : utérus ; Vag : vagin ; Vit. :
vitellogène.
C’est un Embranchement constitué d’espèces majoritairement gonochoriques avec un dimorphisme sexuel très
marqué.
- Appareil reproducteur de la femelle (figure 27A) : il est constitué de deux ovaires filiformes, longs
de plus d’un mètre et repliés un grand nombre de fois rejoignent les oviductes, qui se poursuivent
dans un utérus élargi droit et gauche, qui confluent dans un vagin s’ouvrant au niveau d’un pore
génital situé ventralement.
- Chez le mâle (figure 27B): un seul testicule filiforme, long et replié sur lui-même se poursuit par
un spermiducte élargi qui se jette dans une vésicule séminale qui débouche dans le cloaque.
4
Les Lombrics sont des hermaphrodites simultanés. Leur appareil reproducteur est matérialisé par (figure 28) :
- Des orifices externes constituées d’une paire d’orifices mâles sur le 15e anneau, une paire
d’orifices femelles sur le 14e anneau, deux paires d’orifices de spermathèques sur les anneaux 9 et
10.
- Appareil femelle comprend deux minuscules ovaires appendus sur le dissépiment 12/13. Les
ovocytes, captés par deux pavillons femelles, traversent la cloison 13/14 et sont acheminés à
l’orifice de ponte du 14e anneau.
Figure 28A : Disposition schématique des organes génitaux d’un lombric (d’après Maissiat et al., 1998)
(1) : Vésicules séminales ; (2) : Réceptacles séminaux (spermathèque) ; (3) Testicules ; (4) : Pavillon mâle ; (5) : Spermiducte ;
(6) : Pore mâle ; (7) : Ovaire ; (8) : Pavillon femelle ; (9) : Pore femelle.
5
- Appareil mâle comprend deux paires de testicules situés dans les anneaux 10 et 11. Les
spermatogonies achèvent leur maturation dans d’énormes vésicules séminales glandulaires au niveau des
métamères 9, 11 et 12. Les spermatozoïdes sont pris en charge par des pavillons mâles (2 paires) situés dans
les anneaux 10 et 11 puis véhiculés par deux spermiductes intratégumentaires jusqu’aux orifices mâles de
l’anneau 15.
- Spermathèques : ce sont quatre réservoirs à sperme étranger (de l’autre partenaire au cours
de l’accouplement) localisés dans les anneaux 9 et 10. Elles interviennent lors de l’accouplement et de la ponte
synthétisés dans la figure 28B.
Cocon = tube muqueux fabriqué au niveau du clitellum du lombric et contenant un liquide albumineux
Tout comme les lombrics, les sangsues sont des hermaphrodites simultanés.
- L’appareil mâle se compose d’un nombre variable de testicules selon les espèces
(http://www.biodeug.com/licence-3-biologie-animale-chapitre-4-1-metazoaires-triploblastiques-clomates-les-
annelides/). Chez Hirudo, on trouve dix paires de testicules de M12 à M21. Ces testicules sont reliés par de
longs spermiductes longitudinaux. Ils s’élargissent en vésicules séminales pour se terminer en canal
éjaculateur (un seul orifice mâle).
- L’appareil femelle est constitué d’une paire d’ovaires qui sont contenus dans des ovisacs.
C’est là que les cellules germinales se forment. De ces ovaires partent deux oviductes courts, débouchant
dans deux utérus. Ces deux derniers confluent dans un vagin qui s’ouvre à l’extérieur par un pore génital
unique (M11).
La reproduction exclusivement sexuée chez les Mollusques est extrêmement variée. Beaucoup sont
gonochoriques mais l’hermaphrodisme est quasi général chez les Pulmonés. Chez les tarets et les huîtres,
6
existent, côte à côte, des mâles vrais, des femelles vraies et diverses catégories d’individus hermaphrodites à
sexualité changeante ou alternative. Les femelles sont généralement ovipares.
- Chez les Bivalves (huîtres, moules…), les gonades sont cœlomiques avec des parois acineuses
s’infiltrant entre les autres organes ;
- Chez les Gastéropodes Pulmonés (hermaphrodites simultanés), la gonade unique ou ovotestis
produit à la fois les spermatozoïdes et les ovules (figure 29). On note cependant que les canaux
qui véhiculent ces deux types de gamètes unis au départ s’individualisent pour s’ouvrir dans
l’atrium génital. Une telle conformation de l’appareil reproducteur rend obligatoire l’accouplement
et la fécondation croisée (des cas d’autofécondation existent) ;
Figure 29 : Appareil
reproducteur isolé d’un Achatinidae
(Limicolaria kambeul) ; A droite, la
photographie de l’appareil
reproducteur de L. togoensis pour
mémoire (Afiademanyo, 2012).
GH
AG : Atrium génital ; BC : Bourse
copulatrice ; CD : Canal déférent
(Spermiducte) ; CH : Canal hermaphrodite ;
MRP GA : Glande à albumen ; GH : Glande
hermaphrodite ou glande reproductrice
mixte (logée dans l’hépatopancréas ou
HP ) ; MRP : Muscle rétracteur du pénis ; O
(HP) : Ovotestis ; OL : Oviducte libre ; P :
Pénis ; SO : Spermoviducte (Canal
godronné) ; TP : Tunique du pénis ; V :
Vagin.
- Chez les Céphalopodes les individus sont gonochoriques (sexes séparés). Dans le cas de
seiche :
ü L’appareil mâle est constitué par un testicule unique situé sous la poche du noir. Un
canal déférent collecte le sperme et le conduit dans une vésicule séminale. De là, les
spermatozoïdes sont repris et réunis en fins cylindres moulés, grâce à l’intervention de
glandes annexes, pour être emmagasinés dans la poche de Needham en attendant leur
expulsion (Figure 30) ;
ü L’appareil femelle comprend un ovaire unique, qui occupe la partie postérieure de la
masse viscérale (figure 30). L’oviducte débouche latéralement au niveau de l’anus. Des
glandes volumineuses viennent s’ajouter à ces deux éléments essentiels : ce sont les
glandes de l’albumine et les glandes nidamentaires, qui fourniront à l’ovule les
réserves nutritives indispensables et l’entoureront de sa coque protectrice.
7
Les arachnides sont gonochoriques. Ils peuvent avoir une ou deux gonades, qui se trouvent dans l'abdomen
(https://www.aquaportail.com/definition-1192-appareil-reproducteur.html). L'ouverture génitale se trouve
généralement dans la partie inférieure du deuxième segment abdominal (figure 31). Chez la plupart des
espèces, le mâle transfère le sperme à la femelle par l'intermédiaire d'un spermatophore. Beaucoup
d'arachnides ont développé des rituels de parade nuptiale complexes pour assurer la livraison sûre du sperme
à la femelle. Les arachnides (habituellement) libèrent de petits adultes immatures ressemblant dès la
naissance à l'adulte. Les scorpions, cependant, sont ovovivipares ou vivipares, selon les espèces.
Les sexes sont séparés. La gonade est constituée par une glande génitale impaire (figure 32) située entre le
cœur et le TD qui s’étend sur toute la longueur du tronc. Les gamètes sont évacués par 5 gonoductes
symétriques qui encerclent l’intestin postérieur puis s’unissent en une ampoule ventrale qui communique avec
l’atrium génital qui s’ouvre à la face ventrale du 17e métamère (fig. 32F).
8
Figure 32 : Appareil reproducteur mâle (D), femelle (E) et extrémité postérieure (F) d’un lithobie (d’après
Beaumont et Cassier, 1998)
14, 15…, 18 : Sternite des segments 14 à 18 ; GL.Ac. : Glandes accessoires ; GL. Cox. : Glande coxale ; G. Pd. :
Gonopodes (dernier appendice) ; Ov. : Ovaire ; PI : Pleurite ; R. Sem. : Réceptacle séminal ; T.D. : Tube digestif ; Test. :
Testicule ; T.M. : Tube de Malpighi ; V. Sem. : Vésicule séminale.
Chez la femelle, l’ampoule génitale est en relation avec une paire de réceptacles séminaux et reçoit les
produits de sécrétion de 4 glandes accessoires qui élaborent la coque des œufs. Les gonopodes sont
triarticulés.
Chez le mâle, les spermiductes portent chacun une longue vésicule séminale. Quatre glandes accessoires
abouissent dans le canal éjaculateur qui se termine par un pénis cuticulaire. Les spermatozoïdes sont
agglutinés en spermatophores ; les gonopodes sont simples.
Les Crustacés sont en général gonochoriques. Néanmoins, des conditions de vie spéciales ont, dans certains
groupes, entraîné l'hermaphrodisme. C'est le cas pour la majorité des cirripèdes, animaux fixés, chez lesquels
testicules et ovaires sont fonctionnels simultanément, alors que l'hermaphrodisme est successif, surtout
protandrie, chez plusieurs genres d'isopodes parasites et chez diverses espèces dans différents groupes. Les
glandes génitales sont situées en arrière de l’hépatopancréas et partiellement cachées par le cœur. Elles ont,
dans les deux sexes, fusionné en une masse unique, symétrique et trilobée en forme Y (Figure 33) :
ü l'ovaire est reconnaissable au bombement en surface des nombreux ovocytes en maturation, d'un
brun noirâtre; il en part 2 courts oviductes débouchant sur l'article de base des pattes ambulatoires
P3 ;
ü au contraire, chez le mâle, le testicule est blanchâtre et les canaux déférents sont longs et forment
de nombreuses circonvolutions puis aboutissent aux orifices sexuels, à la base des P5, c’est-à-dire à
portée des gonopodes ( pléopodes1 et 2 transformés)
Chez les insectes, à de rares exceptions près où l’hermaphrodisme est signalé, les sexes sont séparés. Le
dimorphisme sexuel est souvent accentué et se manifeste chez l’imago et quelquefois chez la larve. La
reproduction sexuée est de grande ampleur. On note chez quelques espèces, l’existence d’une reproduction
monoparentale : la parthénogenèse.
ü Appareil reproducteur femelle
Appareil reproducteur femelle des insectes est constitué de deux ovaires (fig. 96) sont constitués
d’ovarioles et reliés à cavité générale par un suspenseur (figure 34). Chaque ovaire débouche dans un
oviducte latéral. Les deux oviductes latéraux s’unissent en un oviducte commun s’ouvrant dans un vagin. Le
vagin s’ouvre sur la partie postérieure au niveau du 8e ou du 9 segment abdominal. Une ou deux paires de
glandes accessoires ou collétériques et un réceptacle séminal prolongé par une spermathèque débouchent
respectivement dans les parties distale et proximale du vagin.
Figure 34 : Appareil génital femelle d’un insecte (type simplifié) (d’après Salgueiro et Reyss, 2002)
ü Appareil reproducteur mâle
Les insectes possèdent deux testicules constitués chacun de faisceaux de tubes folliculaires terminés
en cul-de-sac et débouchant dans un spermiducte ou canal déférent (figure 35). Chaque canal déférent
s’élargit généralement en une vésicule séminale puis reçoit vers la partie distale les secrétions de glandes
annexes. Les deux canaux déférents rejoignent un canal éjaculateur impair s’ouvrant directement à l’extérieur.
10
Figure 35 : Représentation schématique d’un appareil reproducteur mâle (A), coupe longitudinale d’un
testicule (B) d’insecte (d’après Beaumont et Cassier, 1998)
Amp. Test. : ampoule testiculaire ; Cl.Ej. : canal éjaculateur ; Gl.An. : glande annexe ; G.Peri : gaine péritonéale ; Ssp :
spermiducte ; Test. : testicule ; V.Sem : vésicule séminale
Les Echinodermes sont gonochoriques (la séparation des sexes est la règle, les mâles et les femelles ne
diffèrent pas par leurs caractères extérieurs). Quelques espèces seulement sont vivipares. La structure des
organes sexuels est très semblable dans les deux sexes, et l'examen des produits peut seul permettre de les
distinguer ; le plus souvent, toutefois, ils diffèrent entre eux par la couleur. Les glandes génitales sont des
organes en grappe, dont le nombre et la position correspondent le plus souvent à la symétrie rayonnée (les
gonades sont au nombre 10 chez les astérides, cinq chez les Echinides et une seule chez les Holothuries) : ils
déversent leurs produits dans un organe excréteur commun qui s'ouvre à l'extérieur par le pore génital (fig. 36).
Figure 36 : Appareil génital d’un oursin, un Echinide (les gonades sont apicale, du côté de l’anus)
a : anus ; Ad : portion terminale de l’intestin ; G : gonade
5 – Cas des Vertébrés (voir UE BIO 215 : TP plan d’organisation des animaux)
1
Exercice I
Depuis 1978, on peut obtenir des « bébés éprouvettes » humains à partir d’un œuf fécondé à l’extérieur de
l’organisme maternel. Grâce aux avancées dans la recherche sur la reproduction et le développement, on
pourra supposer qu’un dictateur décidera de sélectionner des parents d’élites et de multiplier leurs descendants
en réimplantant les œufs sur des femmes « porteuses ». Pour favoriser cette multiplication humaine, le
dictateur encourage dans un premier temps la recherche zoologique afin de connaître les types de reproduction
exceptionnelle rencontrés dans le règne animal qui pourraient être répétés dans l’espèce humaine pour servir
ses intérêts.
1 – On lui apprend que chez les tatous (Mammifères d’Amérique du sud), l’œuf, après avoir donné par mitose 4
cellules (stade 4 blastomères), voit ces 4 cellules se séparer et chacune d’elle être à l’origine d’un individu
autonome. Cette technique, améliorée pour l’espèce humaine, permet d’obtenir 32 individus physiologiquement
normaux à partir de la division d’un seul œuf. Ces 32 individus issus d’un même œuf pourront-ils se reproduire
entre eux et suffire ainsi à former le berceau d’une nouvelle race ? Expliquez.
2 – On signale par ailleurs à ce dictateur que, chez les phasmes (Insectes), des ovules, résultant d’une méiose
complète, subissent quelques mitoses normales, puis ces cellules ainsi issues d’un même ovule fusionnent
deux à deux, rétablissant ainsi des cellules diploïdes. Supposons que le dictateur applique cette méthode à
l’espèce humaine :
a - les individus descendants issus d’une même mère par cette technique seront-ils ou non de même
sexe ?
b - les individus seront-ils génétiquement identiques à leur mère ? Argumentez votre réponse.
c – ces individus seront-ils génétiquement identiques entre eux ? Argumentez votre réponse.
d – leurs garnitures chromosomiques (caryotypes) seront-ils identiques entre elles ?
3 – Chez les Daphnies (Crustacés), la femelle peut donner des ovules qui se développent directement sans
fécondation ; ces ovules sont formés à la suite d’une méiose aberrante au cours de laquelle seule la première
émission de globule polaire a lieu et les chromosomes dupliqués restants se séparent en deux chromosomes
fils sans qu’il y ait divisions du cytoplasme. Si ce processus pouvait s’appliquer chez la femme :
a – les individus seraient-ils haploïdes ou diploïdes ?
b – seraient-ils ou non de même sexe ?
c – seraient-ils identiques génétiquement à ceux obtenus par la méthode précédente ? Expliquez.
2
Exercice II
Lisez attentivement les propositions notées de 1 à 30 et répondez par « vrai » ou « faux ». Portez votre réponse
à la case correspondante (case choix).
N.B : Attention ! Ne choisissez pas au hasard. Un bon choix vaut 0,5 point et un mauvais choix vous
pénalise de – 0,5 point
N° Processus biologique ou assertion lié (e) à la reproduction animale Choix
d’ordre
Au cours de la spermatogenèse, la FSH antéhypophysaire et la testostérone stimulent en synergie la
1 multiplication des spermatogonies ainsi que la phase de maturation et de différenciation des spermatozoïdes
Chez certains Trématodes, les stades larvaires suivants : sporocyste, rédie, cercaire, métacercaire sont issus d’un
2 phénomène de polyembryonie.
Chez l’homme, le cas des jumeaux univitellins relève d’un phénomène de polyembryonie qui peut être
3 monocytogène ou polycytogène.
4 Chez les Spongiaires, la formation de gemmules relève d’une reproduction asexuée par bourgeonnement
Au cours du cycle ovarien chez la femme, la progestérone et l’oestradiol sont sécrétés en abondance pendant la
5 phase folliculaire. La décharge ovulante correspond au pic de LH et FSH
La reproduction du Cestode Taenia multiceps exige le passage par diverses formes larvaires : larve cysticerque,
6 cénure et hydatide. Cénure et hydatide sont issues de la larve cysticerque par un simple phénomène de
bourgeonnement.
Chez Obelia geniculata et Aurea aurita, deux espèces de Cnidaires, le bourgeonnement médusaire et la
7 strobilisation sont deux formes de reproduction sexuée qui conduisent à la formation des méduses sexuées
La fissuration et l’éviscération constituent des modes de reproduction asexuée observés chez les Echinodermes.
8
Chez les Métazoaires, la reproduction asexuée est généralement polycytogène : le blastozoïde est mis en place à
9 partir d’un fragment parental pluricellulaire grâce à la blastulation.
Les ovaires des insectes sont constitués d’ovarioles à l’intérieur desquels évoluent les cellules germinales. Il
10 existe plusieurs sortes d’ovarioles ; les ovarioles de type panoïstique sont les plus évolués. Ils sont caractérisés
par la présence de cellules nourricières en relation étroite avec l’ovocyte
La stolonisation paratomique avec bourgeonnement intercalaire est une forme de reproduction asexuée qui
11 caractérise l’Annélide Polychète Autolytus purpureomaculatus.
Dans le tube folliculaire du testicule des insectes, la zone de croissance est le siège de la formation des premiers
12 cystes et les cystes à spermatozoïdes sont formés dans la zone de maturation
13 La parthénogenèse automictique s’observe uniquement chez les espèces animales dont les ovogonies subissent
une méiose totale ou incomplète
14 La stolonisation paratomique simple est une forme de reproduction asexuée observée chez certains Polychètes.
Elle est caractérisée par la différenciation du corps de l’animal en souche et stolon accompagnée de la formation
de la tête du stolon avant la séparation des deux parties ; la souche génère son pygidium après séparation
La pseudogamie est une parthénogenèse naturelle au cours de laquelle l’ovule non fécondé se développe
15 spontanément sans pénétration de spermatozoïde
L’amphimixie de type oursin s’observe dans le cas où le gamète n’a pas achevé la méiose au moment de la
16 fécondation. Dans ce cas, les enveloppes nucléaires des deux pronoyaux en contact s’imbriquent étroitement
l’une de l’autre par des digitations, tandis que les chromosomes se condensent
17 La parthénogenèse amictique ou apomixie conduit à la formation de femelles diploïdes chez les Rotifères
Dans les ovarioles méroïtiques acrotrophiques, les cellules nourricières restent dans le germarium et forment
18 une chambre trophique. La nutrition des ovocytes est assurée par des cordons nourriciers qu’émettent ces
ovocytes.
19 Les faux-bourdons des abeilles sont haploïdes. Ils sont issus d’une parthénogenèse thélytoque.
Sur le bras court du chromosome Y des mâles de Mammifères, il existe un gène nommé Sry qui, activé, entraîne
20 la synthèse d’une protéine Sry nommée TDF, signal initial du développement de la gonade indifférenciée en
testicule au cours de la différenciation sexuelle du fœtus.
Chez les lézards, le développement des œufs à 0°C favorise l’apparition du sexe mâle alors que leur
21 développement à 35°C favorise l’apparition du sexe femelle
Chez le poisson Sparus aurata, la gonade évolue progressivement de la phase mâle à la phase femelle avec une
22 phase transitoire où ovaire et testicule sont en même temps relativement développé. Dans ce cas précis, l’animal
est un hermaphrodite protandre.
23 Au cours de la spermatogenèse, la testostérone est sécrétée par la glande Leydig sous l’effet de la LH
antéhypophysaire : la glande de Leydig possède des récepteurs à la LH et à la testostérone.
3
24 Chez les bonellies, animaux proches des Annélides, les fortes températures qui règnent dans le proboscis de la
femelle sont responsables de la masculinisation de leurs progénitures.
Les cellules folliculaires des ovaires ont un triple rôle : elles assurent la protection de l’ovocyte, sa nutrition et
25 interviennent également dans la synthèse des réserves de vitellines de l’œuf.
Exercice III
Annotez la figure 1 ci-dessous après lui avoir donné un titre (titre et annotation directs aux places
prévues à cet effet et joindre à votre copie) 5 points
Figure 1 :……………………………………………………………………………
1: d: m:
2: e: n:
3: f: o:
4: g: p:
5: h:
6: i:
a: j:
b: k:
c: l:
Exercice IV
2
FIG. A 9
A:
6:
1:
8:
2:
9:
3:
10 :
4:
11 :
5:
2 – D’où vient l’élément 5 et quels sont ses composants et leurs fonctions ? Répondre directement dans le cadre
de la page suivante (2,5 points)
3 – Commentez ce qui s’est passé du 5 au 9 de la figure A dans le cadre proposé à la page suivante (2 points)
Attention ! Ne pas déborder
5
Exercice V
d e
b c
1: c:
2: d:
3: e:
b:
2 – A quel niveau s’effectue le phénomène observé en a-2 et quelle est sa cause ? Répondez directement dans le
cadre ci-dessous (1,5 point)
3 – Commentez ce qui s’est passé à la figure a-2 dans le cadre proposé à la page suivante (2 points)
Attention ! Ne pas déborder
6
Exercice VI
Soit le cas d’une femme pubère à 13 ans et ménopausée à 50 ans, ayant eu 12 enfants dont deux doublets (vrais
jumeaux) et un triplet (faux jumeaux). Calculez les variables figurant dans le tableau ci-dessous (remplir
directement le tableau tout en faisant figurer les différents calculs à la partie brouillon qui est le verso des pages de
l’épreuve).
Variables Réponse
Durée de sa période de vie génitale (en jours) (0,5
point)
Nombre d’ovules fécondés (0,5 pt)
N.B : On suppose que le cycle menstruel de cette femme est de 28 jours et qu’elle n’a pas eu
d’avortement spontané. Prendre 1 mois = 30 jours.
5 – La stolonisation est une forme de reproduction asexuée observée chez les Annélides Polychètes :
a - la stolonisation paratomique avec bourgeonnement intercalaire s’observe quand plusieurs stolons
apparaissent
à la suite les uns des autres et forment une chaîne de stolons ;
b – le stolon contient les organes génitaux, il est incapable de bourgeonner d’autres stolons ;
c – la stolonisation paratomique avec bourgeonnement pygidial s’observe quand la régénération
postérieure de la
souche est concomitante de la différenciation de la tête stoloniale et ces deux phénomènes s’effectuent
après le
détachement du stolon ;
d – la stolonisation paratomique simple s’observe quand le stolon a différencié une tête au moment de sa
libération et la souche génère ultérieurement les segments postérieurs.
5
8
Exercice VIII
A:
1
1:
2:
3:
2 4:
3
5:
5 4
Fig. A
2.3 – Comment fonctionne le numéro 5 de la même figure et pour quelle finalité ? Répondez dans le
cadre ci-dessous sans déborder (3 points).
3 – Quelle est, d’une façon globale, la garniture chromosomique des cellules somatiques et des cellules
germinales des mâles issus d’un tel type de reproduction ? Peuvent-ils produire des spermatozoïdes ? Si
oui comment ? (4 pts)
9
Doc B
Titre doc B :
3 – Comment peut-on expliquer les résultats (doc B) de cette expérience ? (Soyez concis) 3 pts
10
1 – Annotez-la après lui avoir donné un titre (titre et annotation directe aux places prévues à cet effet et
joindre à votre copie) 4 points
ANNOTATION
1:
2:
3:
4:
5:
6:
7:
Figure 1 : ………………………………………………………………………………..
3 – Donnez les conditions et le mode de reproduction ayant permis d’obtenir les individus sexués
observables dans le cadre 6 ; précisez leur garniture chromosomique ainsi que celle des gamètes qu’ils
produisent (2 points).
11
Exercice IX
Vous êtes recrutés en qualité de biologiste, chercheur dans une structure de production animale de votre pays.
Votre supérieur hiérarchique vous demande de suivre la reproduction et le développement de tortues élevées
en captivité. Elles sont destinées à l’exportation ou à la promotion de la conservation de la biodiversité. Des
œufs fécondés de sept espèces de tortues (figure 1 ci-dessous) sont recueillis par ponte. Des œufs d’une
même ponte de chaque espèce sont introduits dans différents incubateurs (plusieurs incubateurs pour une
même espèce). Chaque incubateur est réglé à une température fixe. Les températures des incubateurs varient
de 15°C à 36,8°C. Les œufs sont suivis jusqu’à l’éclosion des tortues et leur sexage a été effectué. Des
courbes de la figure 1 ont été tracées pour chaque espèce.
Figure 1 :
1 – Observez attentivement la figure 1 puis donnez la formule ayant permis d’obtenir les valeurs des ordonnées
qui ont servi à tracer les courbes de la figure 1 : on estime qu’il n’y a pas eu de mortalité au cours du
développement et que tous les œufs d’une même ponte ont donné des descendants (2 points).
Exercice X
La figure 1 ci-dessous représente la croissance d’ovocytes de grenouille pendant les trois (3) premières années
de la vie de la femelle. Observez attentivement cette figure et répondez aux questions suivantes (directement
dans les cadres proposés) :
5 – Les ovocytes de deux générations différentes peuvent-ils être pondus au même moment ? Justifiez votre
réponse
Les gonades sont des glandes sexuelles qui produisent les gamètes (cellules reproductrices :
spermatozoïdes et ovules) et sécrètent des hormones (le testicule est la gonade mâle, l’ovaire est la gonade
femelle).
Les cellules germinales mâles et femelles, sont le plus souvent enveloppées par des cellules somatiques
formant des épithéliums qui les isolent, au moins partiellement, du reste de l’organisme. De telles relations
existent parfois en absence de gonades localisées, mais la concentration des cellules germinales au sein de
structures organisées accompagne la diversification des mécanismes de différenciation cellulaire intervenant
dans la gamétogenèse.
Figure 36 : Organisation générale d’une éponge (a) type ascoïde : les flèches indiquent le sens du courant d’eau
créé par les choanocytes ; Cyste testiculaire d’éponge (b ) où les cellules germinales, ici au stade spermatocytes, sont
enveloppées par un follicule formé de pinacocytes-collencytes très aplatis et étirés ; Ovocyte d’éponge pendant sa phase
de croissance (c) : l’ovocyte est contenu dans un follicule que les cellules nourricières traversent avant d’être
phagocytées par l’ovocyte. On observe en (c) dans le cytoplasme ovocytaire des plaquettes vitellines et des fragments
de cellules nourricières phagocytées
A B
Figure 37 : Gonades rudimentaires chez les Cnidaires apparues à la mauvaise saison
Position des gonades dans l’hydre verte hermaphrodite (A) et structure de son testicule (B)
Dans chaque ovaire, un ou quelques ovocytes seulement arrivent à maturité, les autres cellules germinales
ayant été phagocytées. Au cours de la maturation, les ovocytes prennent une forme sphérique et s’entourent
3
d’une couche de cellules aplaties dans une structure close de type folliculaire (figure 38). La libération des
gamètes se fait, dans le cas général, par rupture de l’ectoderme, et la fécondation est externe.
Chez les Annélides polychètes (Triploblastiques Cœlomates), où les sexes sont séparés, il n’existe pas de
structure de type épithélial entourant les cellules germinales. Les cellules germinales sont localisées dans la
splanchnopleure, feuillet mésodermique interne qui entoure le tube digestif. A la période de reproduction,
elles prolifèrent, se détachent de la splanchnopleure et continuent leur évolution dans le liquide cœlomique, qui
joue probablement un rôle nourricier et se remplit progressivement de gamètes (fig. 39). Le détachement de la
splanchnopleure des cellules germinales se fait le plus souvent à un stade très précoce : spermatogonie,
ovogonies ou jeunes ovocytes. Chez certaines espèces, des ovocytes abortifs fonctionnent comme cellules
nourricières au service du futur œuf. A maturité, les gamètes sont libérés, en général par rupture de la paroi du
corps, mais dans certains cas, les gamètes mâles et femelles sortent à travers les conduits excréteurs
néphridiens. La fécondation a toujours lieu dans le milieu extérieur.
4
Dans la plupart des Métazoaires, les gonades mâles et femelles sont bien organisées (voir TP).
1.1.1 – Testicules formés de cystes : cas des Poissons, des Sélaciens et des Amphibiens
Les cystes sont des sortes d’ampoules à l’intérieur desquelles évoluent les cellules germinales mâles
(figure 40). Ce type des structures existe dans les testicules rudimentaires (chez les Poissons et les
Amphibiens).
Les insectes possèdent deux testicules constitués chacun de faisceaux de tubes folliculaires terminés
en cul-de-sac et débouchant dans un spermiducte (figure 42a). Chaque tube folliculaire (ampoule) présente
une succession de zones dans lesquelles les cellules germinales sont à différents stades de leur évolution
(figure 42b).
Au sommet du tube se trouve le germarium ou zone des spermatogonies où celles-ci sont entourées
de cellules somatiques d’origine mésodermique. Tout à fait à l’extrémité du tube, chez certains insectes, on
rencontre de grosses cellules nourricières apicales. Au fur et à mesure que les spermatogonies évoluent, elles
sont repoussées vers l’arrière du tube, et s’entourent d’un manteau de cellules somatiques qui se distend
lorsque les spermatogonies se multiplient : elles se trouvent ainsi enfermées dans des cystes. Toutes les
cellules germinales d’un cyste évoluent de façon synchrone et chaque cyste, dans la zone de croissance,
contient des spermatocytes I dérivant d’une même spermatogonie.
6
Même dans le cas d’ovaires rudimentaires (chez les Cnidaires par exemple), les cellules germinales
femelles sont entourées, au stade d’ovocyte I, de cellules somatiques qui forment des structures closes, les
follicules ovariens. Les follicules se forment et s’accroissent dans l’ovaire (il est plein chez les Mammifères et
creux chez les Amphibiens, voir Fig. 43 et 44).
7
Figure 43 : Coupe transversale d’un ovaire creux d’Amphibien (xénope) avec ovocyte en croissance.
Figure 44 : Représentation schématique d’un ovaire humain où sont figurés les différents stades d’évolution du
follicule ovarien.
Chez les insectes, les ovaires sont constitués d’ovarioles à l’intérieur desquels évoluent les follicules. Il
existe deux sortes d’ovarioles (Fig. 45) :
- les ovarioles de types panoïstiques (chez les Aptérygotes et la plupart des Hétérométaboles comme
les Orthoptères), il n’y a pas de cellules nourricières : toutes les cellules germinales évoluent en ovocytes (fig.
45A) ;
- les ovarioles de type méroïstique (hétérométaboles et tous les holmétaboles), les cellules nourricières
(issues de quelques cellules germinales initiales) sont présentes. Leurs relations avec les follicules ovariens et
leur localisation dans l’ovariole sont de deux sortes (Fig. 45B et 45C). Dans l’ovariole méroïstique
polytrophique (fig. 45.B : cas de la drosophile), les cellules nourricières (trophocytes) sont incluses, avec
8
l’ovocyte, dans les follicules ovariens. Au contraire dans l’ovariole de type acrotrophique (télotrophique),
elles restent groupées au sommet, dans le germarium (chambre trophique). Elles sont reliées aux ovocytes
du vitellarium par des ponts cytoplasmiques ou cordons trophiques (fig. 45 C).
N.B : Les cellules folliculaires interviennent non seulement dans la protection, mais aussi dans la
nutrition et le contrôle de l’ovocyte (synthèse de réserves vitellines, voir plus bas et UE.TP ovogenèse). Chez
les Mammifères, elles ont un rôle endocrine stéroïdogène (sécrétion d’œtrogènes, œstradiol surtout, et de
progestérone)
Chez les espèces à hermaphrodisme simultané et certaines espèces à hermaphrodisme successif, les
cellules germinales mâles et femelles évoluent au sein d’une même gonade, appelée ovotestis. Selon le cas,
celui-ci présente des régions mâles et femelles séparées ou non. Chez Lymnaea stagnalis (Gastéropode
Pulmoné d’eau douce à hermaphrodisme simultané), l’ovotestis (fig. 46a) est constitué de nombreuses unités
de type acinus en relation avec un canal hermaphrodite (gonoducte) par lequel sont évacués les gamètes.
Un acinus est séparé en deux régions par une couche de cellules de Sertoli étroitement interconnectées, la
lumière de l’acinus étant occupée par un fluide. Les cellules germinales mâles, attachées aux cellules de
Sertoli, évoluent dans le compartiment central de l’acinus et les ovocytes, entourés de cellules
folliculaires, se développent dans le compartiment cortical. Cette compartimentation peut disparaître chez
les Pulmonés terrestres.
9
Figure 46 : Acinus (a) de Lymnea stagnalis (Gastéropode Pulmoné) et détail de l’ovotestis (b) d’une
espèce voisine, Cassidula aurisfelis (d’après Salgueiro et Reyss, 2002)
2 – Les gamètes
Les gamètes (cellules germinales haploïdes : ovules et spermatozoïdes) sont formés dans les gonades.
L’étude de l’origine embryologique des gamètes (lignée germinale) sera développée dans l’UE relative au
développement embryonnaire.
10
2.1 – Gamétogenèse
La gamétogenèse est l’ensemble des processus, impliquant des divisions cellulaires et des phénomènes
de différenciation, au cours desquels les cellules de la lignée germinale se transforment en gamètes.
C’est à partir des gonies (spermatogonies et ovogonies à 2n chromosomes) contenues dans les
gonades (testicule et ovaire) que s’effectue la gamétogenèse. Les gonies traversent une phase de
multiplication, une phase de croissance (accumulation de réserve, surtout dans la lignée femelle de certains
groupes), une phase de maturation ou méiose (voir TD, TP et encadré 1) et une différenciation. Au terme de
cette évolution apparaissent le gamète mâle ou spermatozoïde (n chromosomes) et le gamète femelle ou ovule
(n chromosomes). Dans les deux lignées, mâle et femelle, la gamétogenèse présente une nette dissymétrie
(figure 48A et TD/TP).
Les spermatozoïdes des Métazoaires présentent une certaine diversité même si le type du
spermatozoïde flagellé est le plus fréquent (figure 48C). Les différences s’observent au niveau de :
- la tête du spermatozoïde : présence de vésicule remplie d’enzymes hydrolytiques intervenant
dans la lyse des enveloppes du gamète femelle lors de fusion : c’est l’acrosome. Cependant,
l’acrosome fait en général défaut chez les spermatozoïdes de poisson. Dans ces conditions, le
spermatozoïde fécondant pénètre le gamète femelle via leur micropyle ;
- la pièce intermédiaire : les spermatozoïdes de certaines espèces animales (éponges, cnidaires,
échinodermes) considérés comme primitifs, possèdent une pièce intermédiaire très réduite avec
un petit nombre de mitochondries. Le type modifié (exemple du spermatozoïde des mammifères)
possède une pièce intermédiaire beaucoup plus développée. Notons que les mitochondries de la
pièce intermédiaire produisent de l’ATP, énergie indispensable aux mouvements flagellaires qui
assurent la propulsion du spermatozoïde ;
- le flagelle : généralement, les spermatozoïdes sont flagellés qui assurent leur mobilité. Cette
mobilité est parfois assurée par une membrane ondulante année au flagelle (triton, crapaud) ou
par deux flagelles (planaires). On rencontre des formes atypiques de spermatozoïdes
dépourvus de flagelles chez les Arthropodes (Crustacés et certains insectes), ascaris, certains
nématodes ; dans ces conditions, ces spermatozoïdes se déplacent par mouvements amiboïdes
alors que d’autres sont incapables de tout mouvement. L’ultrastructure du cytosquelette de
l’axonème du flagelle est également diversifié bien que le type classique soit représenté par neuf
(09) doublets de microtubules périphériques et deux microtubules centraux (figure 48B).
Figure 48C : Diversité des spermatozoïdes chez les métazoaires (Salgueiro et Reyss, 2002)
A : Les différents types de spermatozoïdes rencontrés dans le règne animal (1 : type primitif avec pièce
intermédiaire très réduite ; 2 : type modifié avec pièce intermédiaire plus développée ; 3 : bifide ; 4 : aflagellé. a :
acrosome ; b : noyau ; pi : pièce intermédiaire ; f : flagelle).
B : Diversité des spermatozoïdes : quelques exemples. 1 : Echinodermes (pièce intermédiaires réduite), 2 :
Poissons osseux (pas d’acrosome), 3 : Caenorhabditis elegans (Nématode à spermatozoïde amiboïde), 4 : Eosentomon
transitorum (Insecte à spermatozoïde discoïde), 5 : Carcinus maenas (Crustacé à spermatozoïde immobile avec organe
percuteur dévaginable, replié dans la vésicule acrosomique).
3
La diversité des gamètes femelles des Métazoaires touche le matériel nucléaire, le matériel
cytoplasmique (les réserves en particulier) et les enveloppes.
- le matériel nucléaire : Suivant les espèces animales, le gamète femelle qui fusionne avec le
spermatozoïde lors de la fécondation n’a toujours pas achevé sa méiose : il peut être un ovotide
différencié, un ovocyte II ou même un ovocyte I. Dans de rares cas (petit nombre d’espèces), la
méiose est profondément modifiée, de telle sorte que le gamète formé est diploïde et peut se
développer en absence de fécondation : c’est la parthénogenèse (voir plus loin) ;
- le matériel cytoplasmique : la composition, l’abondance et la répartition des réserves du
gamète femelle ou vitellus sont variables et en rapport avec la taille du gamète femelle (voir
aussi cours BIO 222, les différents types d’œufs). Chez les espèces ovipares, où l’œuf se
développe en dehors de l’organisme maternel, l’abondance du vitellus est en correspondance avec
la durée du développement embryonnaire. L’acquisition du degré de complexité d’organisation
nécessaire à la vie en milieu aérien impose en général un développement embryonnaire
relativement long, s’effectuant aux dépens des réserves abondantes (cas des insectes, des
vertébrés Sauropsidés…). En milieu aquatique, les situations sont plus variées, suivant l’existence
et la durée des stades larvaires (voir BIO 222). Chez espèces vivipares, où la mère assure
l’apport nutritif, on trouve des gamètes femelles quasiment dépourvus de vitellus. Des réserves
extra-ovocytaires, constituant l’albumen et sécrétées par le voies génitales femelles, existent chez
certains animaux aériens ovipares (oiseaux, gastéropodes pulmonés…). Elles participent
notamment à l’équilibre hydrique de l’embryon ;
- les enveloppes : elles sont de deux types et se rencontrent autour du gamète femelle. Les
enveloppes mises en place dans l’ovaire autour de l’ovocyte, en général de nature
glycoprotéique (exemple de la membrane vitelline ou chorion chez certaines espèces), sont
toujours présentes. Elles jouent le plus souvent un rôle dans la reconnaissance des gamètes. Elles
sont fabriquées, suivant les cas, par l’ovocyte lui-même et/ou par les cellules folliculaires qui
l’entourent. Des enveloppes protectrices supplémentaires (gangue, membrane coquillière, coquille,
oothèque…) se déposent chez certaines espèces autour du gamète femelle ou au cours de sa
migration dans les voies génitales (cas des amphibiens, des oiseaux et de la blatte...).
Figure 48D : Deux exemples de gamètes femelles : ovocyte II de souris (a) et ovocyte II de grenouille
(b) d’après Salgueiro et Reyss (2002)
4
2.3 – Nutrition des cellules germinales
Les cellules somatiques des gonades interviennent toujours dans la nutrition des cellules germinales.
Des cellules situées en dehors de ces organes peuvent également jouer un rôle trophique, au cours de
l’ovogenèse en particulier.
Dans le cas de la spermatogenèse, très souvent chez les Mammifères, les Amphibiens ou les Crustacés,
les cellules germinales sont enchâssées dans des cellules somatiques des testicules avec lesquelles elles
établissent d’étroites relations fonctionnelles, trophiques en particulier.
Dans le cas de l’ovogenèse, les relations entre cellules germinales et cellules somatiques sont
particulièrement intenses du fait de l’accroissement ovocytaire dû à l’accumulation des réserves qui
deviennent, après la fécondation, celles de la cellule-œuf.
Dans le cytoplasme de l’ovocyte sont accumulés différents types de réserves. Le vitellus (Complexe
moléculaire de protéines, lipides et glucides, organisés en inclusions cytoplasmiques volumineuses, les
plaquettes vitellines, qui constitue les réserves énergétiques et plastiques accumulées dans le cytoplasme
ovocytaire au cours de la vitellogenèse) constitue une réserve énergétique et plastique. Son abondance est
très variable et en rapport avec le mode de développement (voir UE développement). Dans tous les cas, le
gamète femelle accumule aussi pendant sa formation (surtout en prophase de méiose : stade diplotène)
d’autres sortes de réserves, fonctionnelles et informationnelles, constituées par des quantités considérables
d’organites (ribosomes et mitochondries), ainsi que par des molécules, ARN et protéines surtout. Ces
organites et molécules sont indispensables au bon déroulement des premiers stades embryonnaires,
caractérisés par des cycles cellulaires très courts à interphase réduite.
Si l’ovocyte fabrique lui-même certaines de ses réserves essentielles, ARN et protéines fonctionnelles,
l’origine du vitellus est en revanche variée. Ce dernier peut être d’origine ovocytaire (endogène), extra-
ovocytaire (exogène) ou mixte.
- Origine endogène du vitellus : elle est considérée comme primitive et se rencontre néanmoins chez
plusieurs Embranchements (Cnidaires, Annélides, Echinodermes, Mollusques, Cordés…).
- Origine exogène du vitellus : ici, différents types de cellules participent à l’élaboration du vitellus extra-
ovocytaire. On les appelle cellules nourricières (cellules appartenant à la lignée germinale mais n’évoluant
pas en gamètes et dont le rôle est d’accélérer l’accroissement de l’ovocyte au service duquel elles sont
placées, cas des Insectes). Des cellules somatiques situées en dehors de l’ovaire, d’origine variée, jouent dans
certains cas un rôle important dans la synthèse des constituants du vitellus (cellules intestinales chez les
Nématodes, cellules hépatiques chez les Vertébrés, cellules du tissu adipeux ou corps gras chez les Insectes
et les Crustacés). Les cellules folliculaires peuvent intervenir dans l’élaboration de certaines réserves et
assurer surtout le transit de nombreuses substances destinées à l’ovocyte.
- Endocytose
Les protéines vitellines ou leurs précurseurs immédiats synthétisés en dehors de l’ovocyte pénètrent
dans celui-ci par endocytose de type spécifique (avec récepteurs dans certains cas bien étudiés). C’est de
cette façon que se fait par exemple l’entrée de la vitellogénine (précurseur de vitellus) dans les ovocytes des
insectes ou des oiseaux (fig. 49). Au moment où le dépôt de vitellus commence, l’épithélium folliculaire se
rétracte et se décolle de l’ovocyte créant ainsi un espace péri-ovocytaire ou espace intercellullaire qui
augmente le contact entre l’hémolymphe et l’ovocyte. En effet, les vitellogénines présents dans le sang (ou
l’hémolymphe) et provenant des produits de la digestion ou de l’activité anabolique des cellules du corps gras
(tissu adipeux), passent entre les cellules folliculaires et sont absorbés, par pinocytose, par les ovocytes. Les
vésicules de pinocytose fusionnent pour former des sphères protéiques de plus ou moins grande taille, toujours
limitées par une membrane : ce sont les granules vitellins (corpuscules vitellins).
- Phagocytose
Un autre mode d’incorporation de matériaux par l’ovocyte est la phagocytose de cellules entières
d’origine diverse : cellules nourricières, cellules folliculaires, ou mêmes cellules extérieures au système
reproducteur. Ce mode est très répandu chez les ovocytes d’éponges en phase d’accroissement mais existe
aussi chez les Annélides et certains Crustacés.
N.B. : La vitellogenèse est le processus de synthèse et d’accumulation des réserves dans l’ovocyte.
La gamétogenèse est soumise à un contrôle de type neuro-endocrine. Chez les Vertébrés, le complexe
hypothalamus-hypophyse joue un rôle important dans la régulation hormonale de la gamétogenèse. Pour
6
mémoire, l’hypothalamus est un centre neuro-glandulaire situé à la base du cerveau moyen (diencéphale). Il
est en relation étroite avec l’hypophyse (glande endocrine) grâce à une vascularisation sanguine particulière
(figures 50 et 51) qui permet un transfert rapide d’hormones.
Le système nerveux central intègre des stimuli physiologiques et environnementaux et exerce un
contrôle sur la fonction reproductrice par l’intermédiaire de l’axe hypothalamus-hypophyse. Au cours de la
régulation hormonale de l’activité sexuelle, l’hypothalamus sécrète une gonadolibérine, la GnRH (Gonadotrope
Releasing Hormone), qui stimule la production par l’hypophyse antérieure, de deux gonadotrophines
hypophysaires : la LH (Luteinizing hormone ou hormone lutéotrophe) et à un degré moindre, la FSH (Follicle-
Stimulating Hormone ou Hormone Folliculo-Stimulante). Les gonadotrophines stimulent sélectivement les
sécrétions par les gonades d’hormones stéroïdes sexuelles (testostérone, œstradiol) et les facteurs
protéiniques (inhibines).
Le fonctionnement de l’épithélium séminal est contrôlé par l’axe Hypothalumus-hypophyse (Figure 28).
La GnRH libérée de façon pulsatile par l’hypothalamus stimule la sécrétion, également pulsatile des
gonadotrophines anté-hypophysaire la LH et la FSH.
Les cellules cibles de ces gonadotropines sont respectivement, dans le testicule, les cellules de Leydig (LH) et
les cellules de Sertoli (FSH). La fixation de la LH sur les cellules de Leydig stimule la sécrétion pulsatile de la
testostérone par ces dernières. Celle-ci diffuse localement et pénètre dans les cellules de Sertoli où elle se lie
à des récepteurs intracellulaires. Elle déclenche alors la synthèse d’une protéine, l’ABP (Androgen Binding
Protein) à forte affinité pour la testostérone. Par ailleurs, les cellules de Sertoli possèdent des récepteurs à la
7
FSH qui interviennent également dans le contrôle de la synthèse d’ABP. La libération de l’ABP dans le fluide
testiculaire permet de maintenir autour des cellules germinales et des cellules des Sertoli, une concentration
élevée en testostérone. La testostérone et la FSH agissent conjointement sur la spermatogenèse de façon
indirecte par l’intermédiaire des cellules de Sertoli dont elles contrôlent l’activité sécrétrice. Les cellules
germinales ne possèdent pas de récepteurs à ces hormones.
Les cellules de Sertoli ont également un rôle endocrine : elles sécrètent en particulier, dans la lumière des
tubes séminifères, une glycoprotéine, l’inhibine, qui rejoint la circulation sanguine au niveau de l’épididyme. La
sécrétion des gonadotropines est soumise à un double rétrocontrôle négatif : la testostérone freine la sécrétion
de LH et de la GnRH, l’ihnibine freine celle de FSH (figure 50).
Chez les Mammifères, le fonctionnement de l’ovaire est cyclique depuis la puberté jusqu’à la
ménopause (épuisement du stock d’ovocytes). Cette activité peut être saisonnière chez certaines espèces
(Carnivores) ou continue sur toute l’année pour d’autres (femme, rate, souris, truie…). L’activité cyclique
ovarienne se manifeste sous la forme d’un cycle œstrien défini comme la durée entre deux œstrus. L’œstrus
étant le moment d’acceptation du mâle qui correspond à la ponte ovulaire ; période où la fécondabilité est
maximale. La durée des cycles est variable selon les espèces (4-5 jours chez la rate, 17 jours chez la brebis,
28 jours en moyenne chez la femme…). Chez certains Primates et en particulier dans l’espèce humaine,
l’activité cyclique ovarienne s’accompagne de saignements périodiques dus à une dégénérescence et une
élimination de la partie superficielle de la muqueuse utérine (c’est la période de règles ou menstruation). On
désigne sous le terme de cycle menstruel la durée séparant deux de ces événements successifs, la période de
la ponte ovulaire ou décharge ovulante des hormones gonadotrophes se situant au milieu de ce cycle. La
croissance du follicule des Mammifères est également contrôlée par l’axe Hypothalumus-hypophyse. La
sécrétion de la GnRH par l’hypothalumus est cyclique. La périodicité de la stimulation de l’hypothalumus
correspond à la durée du cycle œstrien. L’hypophyse antérieure ainsi stimulée sécrète les deux hormones
gonadotropes antéhypophysaires, la LH et la FSH. Les cellules de la thèque interne et les cellules folliculaires
qui forment la granulosa sont les cibles respectives de la LH et la FSH en raison de l’expression dans chacun
de ces types cellulaires de récepteurs membranaires spécifiques à l’une ou à l’autre de ces hormones (figure
51). Néanmoins, l’action de la FSH sur les cellules folliculaires y induit l’expression progressive de récepteurs à
la LH au cours de la croissance du follicule.
8
Pendant la phase folliculaire, inhibine et œstradiol (à faible concentration) exercent un retrocontrôle négatif sur
la sécrétion de GnRH et des gonadotropines.
Au cours de la phase lutéinique qui a lieu après l’ovulation, le reste du follicule se transforme en corps
jaune, organe endocrine sécrétant principalement progestérone et œstrogène. Celui-ci reste fonctionnel
pendant toute la phase et régresse à la fin du cycle ovarien en absence de fécondation. Dans le cas contraire, il
persiste pendant au moins une partie de la gestation et participe à l’équilibre hormonal de l’organisme maternel.
N.B. Les travaux portant sur les hormones ovariennes sont à l’origine de la découverte de la contraception
hormonale féminine (encadré II).
Encadré 2
Un exemple de Recherche et Développement : La contraception hormonale féminine
Le contrôle hormonal de la fertilité féminine, utilisé par environ 100 millions de femmes dans le monde, constitue l’un des progrès
importants de la médecine au XXe siècle. C’est à la demande de Margaret Sanger (1879 – 1966), pionnière de la maîtrise des naissances
et fondatrice du mouvement de planning familial aux Etats–Unis, et grâce à l’aide financière de Katherine McCormick (1875–1967),
milliardaire féministe diplômée de biologie, que le biologiste de la reproduction Gregory Pincus (1903–1967) entreprend, au début des
années 1950, des recherches pour la mise au point d’une méthode contraceptive.
Celui–ci a l’idée d’utiliser la progestérone pour mimer l’état physiologique de la grossesse, pendant laquelle il n’y avait pas ovulation,
alors que la concentration sanguine en progestérone (secrétée par le corps jaune, puis à partir de la 7e semaine par le placenta) est élevée.
L’utilisation de différents analogues de synthèse de la progestérone (les progestatifs), résistants au catabolisme hépatique, se révèle
efficace par voie orale pour de faibles doses. L’activité contraceptive est fortement augmentée par l’association d’un progestatif avec un
œstrogène, l’éthinyl–œstradiol. Testée à partir de 1956 chez de femmes portoricaines puis chez des femmes haïtiennes, la première pilule
contraceptive œstroprogestative est fabriquée aux Etats-Unis en 1959. En France, elle est autorisée en 1964. Des pilules plus faiblement
dosées, ou composées de progestatifs seuls, ont par suite été mises au point.
La contraception œstroprogestative repose en premier lieu sur le rétrocontrôle négatif exercé par les stéroïdes ovariens sur l’axe
hypothalamo–hypophysaire. Oestrogènes et progestérone inhibent la sécrétion de FSH et de LH en agissant directement sur les cellules
gonadotropes antéhypophysaires. La décharge ovulante (et donc l’ovulation est bloquée). Les œstrogènes agissent sur les neurones qui
contrôlent les cellules hypothalamiques à GnRH, dont la sécrétion est également inhibée. Les ovaires sont ainsi « mis en repos » et les
hormones de synthèse compensent leur activité endocrine. Le traitement augmente, par ailleurs, la viscosité de la glaire cervicale (mucus
sécrété par le col de l’utérus), empêchant la progression des spermatozoïdes, et maintient la faible épaisseur de l’endomètre, ce qui le rend
impropre à la nidation (ces deux effets sont seuls à se produire dans le cas de la contraception par progestatifs seuls).
Une contraception hormonale d’urgence (plus connue sous le nom de « pilule du lendemain ») peut être obtenue grâce à des pilules
œstroprogestatives fortement dosées ou à des progestatifs seuls, absorbés moins de 72 heures après un rapport sexuel non protégé. Ce
traitement hormonal ponctuel agirait surtout sur la motilité de la paroi des oviductes et de l’utérus, empêchant soit la fécondation, soit la
nidation si l’embryon est déjà formé.
1
CHAP. V
FECONDATION
OBJECTIFS DU COURS
L’objectif général de ce chapitre est de déterminer les mécanismes qui permettent la rencontre des gamètes,
l’activation de l’ovule fécondé et la mise en commun du matériel génétique des deux gamètes mâle et femelle.
Plus spécifiquement, à l’issue de ce chapitre, les étudiants seront capables de :
1 – Définir la fécondation ;
2 – Déterminer les stratégies mises en place par les animaux aquatiques et aériens pour assurer
la rencontre et la fusion des gamètes mâle et femelle ;
3 – Décrire les stratégies développées par l’ovule pour éviter la polyspermie ;
4 – Analyser les mécanismes de fusion des pronoyaux et de mise en commun du matériel
génétique des gamètes mâle et femelle
-----------------------------------------------------
Introduction
La fécondation est le résultat de la fusion d’un spermatozoïde avec un ovule, suivie de la fusion des
noyaux de ces deux gamètes. Il se forme ainsi un œuf fécondé ou zygote.
La nécessité de la rencontre de deux gamètes pour assurer la reproduction sexuée fût démontrée
expérimentalement pour la première fois, à la fin du 18e siècle par LAZZARO SPALLANZANI (biologiste italien),
en utilisant des grenouilles mâles munies de « caleçons » au moment de l’amplexus (mode d’accouplement
des crapauds et des grenouilles où le mâle s’accroche sur le dos de la femelle). SPALLANZANI constata que
les ovules pondus par les grenouilles femelles n’évoluaient pas en têtards.
Divers phénomènes se déroulent au cours de la fécondation (voir TP Fécondation chez l’ascaris).
Chez la plupart des animaux aquatiques, il n’existe pas de fécondation interne. Si des rapprochements et
des accouplements se produisent entre mâle et femelle chez certaines espèces par exemple chez des
Amphibiens, ceux-ci sont rares voire inexistants dans la majorité des cas. Malgré la nature du milieu créant un
facteur de dilution néfaste à la fécondation, les rencontres entre gamètes sont néanmoins favorisées par
différents moyens :
- production d’un grand nombre de gamètes ;
- synchronisation de l’activité gamétogénique entre les deux sexes dépendant des facteurs
environnementaux (saisons, cycles lunaires…) se soldant par l’émission simultanée des produits
génitaux. Généralement, les pontes ovulaires déclenchent aussitôt chez les mâles, l’émission de
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spermatozoïdes, comme chez les Annélides Polychètes et les Echinodermes. Ces facteurs
déterminent aussi parfois des comportements de rassemblement des gamètes.
Chez les animaux terrestres ou aériens (dont les Mammifères), la fécondation est interne et la maturation
des ovules est contemporaine, ou proche de l’insémination des spermatozoïdes. Cette simultanéité dans
l’émission des gamètes est courte : chez l’homme par exemple, les spermatozoïdes restent fertiles 2 jours, les
ovules 24 heures.
Chez l’oursin, un animal à fécondation externe, une fois les spermatozoïdes émis dans l’eau de mer, ils
s’agglutinent à la périphérie des œufs mûrs (ovotides) entourés de leur gangue. Ce phénomène est dû à une
liaison qui s’établit entre une protéine de la membrane plasmique de la tête du spermatozoïde et une
glycoprotéine de la gangue (fertilisine). Chez une espèce d’oursin Arbacia punctulata, la protéine de la gangue
ovulaire est un oligopeptide nommé resact (Ward et al., 1985). Ici, il s’agit d’une attraction du spermatozoïde
par chimiotaxie.
Chez les espèces animales à fécondation interne, typique de la vie en milieu aérien, différents facteurs et
structures interviennent. En plus de leur rôle évacuateur des produits génitaux, les voies génitales mâles et
femelles et les glandes qui leurs sont annexées vont jouer un rôle très important dans la maturation et/ou la
rencontre des gamètes.
Les voies génitales mâles ont une activité sécrétrice permettant en particulier la réalisation de la
fécondation interne. Elle aboutit à la fabrication, soit d’un liquide séminal dans lequel baignent les
spermatozoïdes au moment de leur émission (cas des mammifères), soit de spermatophores, enveloppes à
l’intérieur desquelles les spermatozoïdes sont transférés au partenaire sexuel au cours de l’accouplement (cas
de nombreux groupes animaux notamment les Mollusques céphalopodes, quelques Gastéropodes, certains
Annélides et beaucoup d’arthropodes, notamment les espèces aériennes (Fig. 53 et 54).
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Figure 53 : Spermatophore de calmer : céphalopode (a) et transfert au cours de l’accouplement (b) (d’après
Salgueiro et Reyss, 2002)
Les spermatophores, tubulaires, mesurent environ 10 mm de long et sont obturés par un opercule. Leur
enveloppe, produite par les glandes annexes de l’appareil génital mâle, comporte deux tuniques séparées par un espace
rempli d’un liquide hypertonique par rapport à l’eau de mer. Lors de l’accouplement, le mâle dépose les spermatophores
dans la cavité palléale de la femelle. Alors, par osmose, de l’eau rentre entre les deux tuniques. L’augmentation de
pression fait sauter le bouchon de cément et l’opercule. Le canal éjaculateur se déroule et libère le sperme. Les
spermatozoïdes pénètrent dans l’oviducte et vont féconder les gamètes femelles dans la cavité cœlomique, avant le
dépôt des enveloppes de l’œufs.
Figure 54 : Spermatophore d’un scorpion (a) et son transfert au cours de l’accouplement (b).
(d’après Salgueiro et Reyss, 2002)
Le mâle (à gauche) dépose un spermatophore, puis guide la femelle par-dessus lui jusqu’à ce qu’il soit au niveau de
l’orifice génital femelle. Chez certaines espèces, la femelle dévore ensuite le mâle.
Les voies génitales femelles comprennent, dans les cas les plus complexes, les oviductes, l’utérus et le
vagin, et, éventuellement, des glandes annexes. Chez les espèces à fécondation interne, les sécrétions du
tractus génital femelle facilitent la progression et permettent la survie des spermatozoïdes (capacitation par
exemple). Elles constituent le milieu aqueux où se produit la rencontre des gamètes.
Lorsqu’il existe un délai important entre le moment de l’accouplement et celui de la fécondation, les
spermatozoïdes sont stockés dans une ou des poches, les spermathèques ou réceptacles séminaux, en
relation, dans les cas où la fécondation est interne, avec les voies géniales (cas des annélides oligochètes, des
insectes…).
Chez les espèces ovipares à fécondation interne (beaucoup d’insectes, les reptiles, les oiseaux), les
voies génitales femelles participent à la formation des enveloppes protectrices de l’œuf qui empêchent les
pertes d’eau.
Chez les Mammifères, l’activité des spermatozoïdes est stimulée par le contenu du liquide séminal (à pH
alcalin ou basique). Le milieu à pH acide des voies génitales femelles (vagin) est défavorable à leur survie.
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C’est juste avant l’ovulation que les spermatozoïdes franchissent le col de l’utérus, dans des conditions qui sont
les plus favorables : le pH est alors alcalin. La texture du mucus sécrété par le col de l’utérus (glaire cervicale)
acquiert une configuration plus favorable au passage des spermatozoïdes pendant la courte période où l’ovule
est fécondable. Sur quelques centaines de millions de spermatozoïdes émis, quelques millions
seulement franchissent cette barrière. Leur progression vers les trompes utérines se fait grâce à leurs
mouvements flagellaires propres, combinés aux mouvements ciliaires et aux contractions de la paroi de
l’utérus. Quelques centaines arrivent jusqu’à l’ovocyte au niveau du tiers supérieur de la trompe (figure
55A). Les cellules de la corona radiata enrobées de glycoprotéines forment des expansions autour de l’ovocyte
qui captent les spermatozoïdes et, par rétraction, les amènent à proximité de la membrane pellucide.
Figure 55A : Fécondation suivie du développement embryonnaire dans l’espèce humaine. La rencontre des
gamètes a lieu dans le tiers supérieur de la trompe (d’après Salgueiro et Reyss, 2002)
bindine. Cette dernière se trouve ainsi exposée. Elle se lit à des récepteurs de la membrane vitelline. La
membrane vitelline est à son tour digérée et le tube acrosomique entre en contact avec la membrane
plasmique de l’ovule. La pointe du tube acrosomique fusionne avec la membrane cytoplasmique ovulaire,
établissant un pont cytoplasmique entre les deux gamètes. De nombreuses microvillosités ovulaires soutenues
par des microfilaments d’actine se développent alors autour de la tête du spermatozoïde qui se trouve ainsi
immobilisée. L’ensemble forme le cône de fécondation. La dépolymérisation de l’actine accompagne la
disparition des microvillosités et du tube acrosomique, alors que le spermatozoïde se trouve englobé dans le
cytoplasme ovulaire.
N.B. Le déterminisme de la réaction acrosomique fait intervenir des flux ioniques à travers la membrane
cytoplasmique du spermatozoïde. Tout d’abord, on enregistre un influx d’ions Ca2+ qui provoque à la fois une
sortie d’ions H+ couplée à une entrée de Na+ et l’exocytose de la vésicule acrosomique. Ensuite,
l’augmentation du pH intracellulaire résultant de ces flux ioniques permet une polymérisation explosive
de filaments d’actine qui forment le cytosquelette du tube acrosomique en cours d’allongement.
Chez les Mammifères, la pénétration des spermatozoïdes à travers la barrière cellulaire de la corona
radiata est facilitée par la dissociation partielle du ciment intercellulaire sous l’action d’enzymes sécrétées par
les parois de l’ampoule de l’oviducte. La plupart des spermatozoïdes parviennent à la zone pellucide sans avoir
encore subi la réaction acrosomique. La capacitation (acquisition du pouvoir fécondant dans les voies génitales
femelles) des spermatozoïdes est un préalable indispensable. Le spermatozoïde capacité, arrive au contact de
la zone pellucide (coque glycoprotéique entourant l’ovocyte II). La zone pellucide possède des protéines de
reconnaissance et de fixation (la ZP2 et la ZP3 en particulier) des spermatozoïdes d’une part, alors que les
spermatozoïdes à leur tour possèdent des molécules de reconnaissance et fixation de la zone pellucide qui
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sont situées sur la membrane spermatique d’autre part. Il se produit alors une première fixation du
spermatozoïde à zone pellucide assurée par les interactions entre la protéine ZP3 de la zone pellucide d’une
part, et des molécules situées sur la membrane spermatique d’autre part.
Chez la souris, trois sites de reconnaissance et de fixation ont été identifiés sur la membrane du
spermatozoïde (figure 56 bis) :
- Un récepteur protéinique spermatique qui se lie au galactose porté par ZP3 ;
- Une galactosyl-transférase qui reconnaît un résidu N-acétyl glucosamine de ZP3 ;
- Une protéase spermatique capable de reconnaître ZP3.
N.B. : L’attachement efficace du spermatozoïde à l’ovocyte fait intervenir des milliers de sites de chaque sorte.
Une fois fixée à la surface de la zone pellucide, le spermatozoïde accomplit la réaction acrosomique (fig.
56). Sa membrane cytoplasmique antérieure fusionne en plusieurs points avec la membrane
acrosomique externe, formant des vésicules membranaires. Ce processus de vésicularisation provoque la
rupture de l’acrosome et la libération de son contenu. Cette réaction est déclenchée par l’interaction d’une
partie de protéinique de ZP3 avec un récepteur situé sur la membrane cytoplasmique du spermatozoïde. Elle
s’accompagne d’un influx de Ca2+. Au cours de la réaction acrosomique, la membrane interne de
l’acrosome se trouve au contact de la zone pellucide. Une nouvelle étape de fixation spécifique a lieu,
impliquant ZP2 (une autre protéine de la zone pellucide). Il se forme alors de l’acrosine active (enzyme) qui va
participer à la lyse de la zone pellucide.
- La progression du spermatozoïde à travers la zone pellucide est essentiellement due à la propulsion
flagellaire mais est facilité par la digestion partielle des molécules qui la constituent grâce aux enzymes
acrosomiques. Un tunnel est ainsi creusé (fig. 56b) jusqu’à l’espace périvitellin situé entre la zone pellucide et la
membrane ovulaire.
- Le spermatozoïde arrive tangentiellement à la surface de l’ovocyte (figure 56 bis). Il y a alors fusion de
la membrane cytoplasmique de l’ovocyte avec la membrane cytoplasmique du segment équatorial du
spermatozoïde (fig. 56c). Les mouvements flagellaires persistent jusqu’à ce que le spermatozoïde entier soit
dans l’espace périvitellin, provoquant une rotation de l’ovocyte (figure 56 bis). Les mouvements cessent alors et
le spermatozoïde se trouve rapidement englouti, flagelle compris, dans l’ovocyte (il dégénéra après).
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II – ACTIVATION DE L’OVULE
La pénétration d’un spermatozoïde déclenche dans l’ovocyte un ensemble d’évènements qui empêchent
la fusion avec d’autres spermatozoïdes (à quelques exceptions près, notamment chez les Insectes, la
monospermie est de règle) et marquent le début de l’activation de l’ovule, étape initiale au développement de
l’œuf. En effet, divers phénomènes sont signalés :
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1 – Blocage de la polyspermie
groupes zoologiques notamment chez les Vertébrés (Poissons osseux, Amphibien Anoures, Mammifères en
particulier chez le lapin, le rat, le hamster, l’homme).
A partir du point de pénétration du spermatozoïde se forme une membrane de fécondation, résultat de la
transformation de la membrane vitelline sous l’effet des granules corticaux. L’exocytose des granules corticaux
du cytoplasme de l’ovocyte permet la libération de leur contenu entre la membrane plasmique et l’enveloppe
vitelline, qui s’écarte. L’espace périvitellin est ainsi créé (fig. 57). Les granules corticaux contiennent le
calcium, un mélange d’enzymes, de mucopolysaccharides sulfatés et des protéines de structure qui vont
participer à la mise en place, au niveau de la membrane vitelline, d’une membrane externe épaisse et rigide : la
membrane de fécondation (barrière physique très efficace contre la polyspermie).
N.B. : - Des modifications de la surface de l’ovule après pénétration d’un premier spermatozoïde
notamment les échanges ioniques, la disparition des récepteurs des spermatozoïdes…empêchent aussi la
polyploïdie.
- Chez les Mammifères, il ne se forme pas de membrane de fécondation, mais la zone pellucide subit
des modifications.
(cas de
l’oursin)
L’ovule reprend ces réactions métaboliques. Il réagit par des modifications qui dépendent de son état de
maturation ; l’ovule peut être, en effet, un ovotide (cas des Echinodermes), un ovocyte de 2e ordre (cas des
vertébrés), un ovocyte de 1e ordre (cas des Mollusques, de l’ascaris) ; dans le deuxième et troisième cas, c’est
la pénétration du spermatozoïde qui déclenche l’avènement de la méiose.
1 – Caryogamie
La caryogamie est la fusion des pronoyaux mâle et femelle en un véritable noyau de fécondation. Elle
n’existe que chez certaines espèces animales (oursin).
2 - Amphimixie
L’association des deux génomes ou amphimixie proprement dite est la mise en commun du génome
mâle et femelle pour constituer le noyau du zygote, avec retour à la diploïdie parentale (qu’il y ait ou non
caryogamie). L’association des deux noyaux peut se faire selon deux modalités (fig. 58A)
Figure 58 : Deux types d’amphimixie. A : Type oursin (avec caryogamie) et ascaris ; B : Type ascaris (sans
caryogamie proprement dite).
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L’amphimixie de type ascaris (fig. 58B) qui s’observe dans le cas où le gamète femelle n’a pas achevé la
méiose au moment de la fécondation (ascaris, Mollusques, Insectes, Mammifères). Dans ce cas, les
enveloppes nucléaires des deux pronoyaux au contact s’imbriquent étroitement l’une dans l’autre par des
interdigitations (sans fusionner), tandis que les chromosomes se condensent (fig. 59). Les deux asters
provenant du spermater dupliqué se placent de part et d’autre des pronoyaux associés. Les enveloppes
nucléaires se désorganisent alors, le fuseau de la première mitose de segmentation se met en place et les
chromosomes formés de 2 chromatides chacun se disposent en plaque métaphasique.
Figure 59 : Réunion des pronoyaux mâle et femelle au moment de la fécondation chez un Mammifère
L’amphimixie de type oursin est celui qui se réalise avec caryogamie. Ici, les deux enveloppes nucléaires
fusionnent en un noyau de fécondation où la chromatine est diffuse (fig. 59A) : il y a véritable caryogamie. La
réplication de l’ADN commence alors, suivie de la première mitose de segmentation.
Conclusion
La fécondation, qui suppose la rencontre aléatoire de deux génomes uniques, permet un brassage
interchromosomique complémentaire de ceux produits par la méiose. De nouveaux assortiments
(convenance de plusieurs choses qui ont un rapport entre elles) de gènes, portés par les chromosomes
maternels et paternels, se créent à chaque fécondation.
Ce brassage, responsable d’innovations génétiques, est d’autant plus efficace que les gamètes mâle et femelle
à l’origine de la cellule-œuf portant des allèles différents. Cette situation est plus fréquente lorsque les
gamètes proviennent systématiquement d’individus différents, c’est-à-dire si la fécondation est croisée, que
lorsque les gamètes proviennent du même individu (autofécondation). La fécondation croisée conditionne
également la puissance du brassage méiotique à la génération suivante, car celui-ci s’exerce justement sur les
gènes d’origine maternelle et paternelle.
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CHAPITRE VI
OBJECTIFS DU COURS
L’objectif général de ce cours est d’identifier les cycles de vie des Métazoaires en vue de leur description.
Plus spécifiquement, les étudiants seront capables, à l’issue de ce chapitre de :
1 – Définir la notion de cycle de reproduction ou de vie des animaux ;
2 – Identifier les différents cycles de reproduction des animaux ;
3 – Décrire à l’aide de schémas les cycles en lien avec les conditions environnementales ;
---------------------------------------------------------
Toutes les espèces à reproduction sexuée présentent une période de fécondation débouchant sur une
phase diploïde, et une période de méiose débouchant sur une phase haploïde. La succession régulière du
phénomène de fécondation et du phénomène de méiose conduit à une succession régulière de phases
diploïdes et de phases haploïdes : c’est l’alternance des phases.
Parmi ces espèces à reproduction sexuée, certaines présentent également un autre type de
reproduction, soit asexuée soit parthénogénétique. La succession régulière de ces deux types de reproduction
conduit à une succession régulière de générations, l’une sexuée typique, l’autre non : c’est l’alternance
de générations. La métagenèse correspond à l’alternance d’une reproduction sexuée et d’une reproduction
asexuée, l’hétérogonie à l’alternance d’une reproduction sexuée et d’une reproduction parthénogénétique.
La représentation circulaire du passage d’une phase à l’autre ou d’une génération à l’autre, permet de
montrer les caractéristiques du cycle de développement ou cycle de reproduction de l’espèce considérée.
I - ALTERNANCE DE PHASES
Chez tous les Métazoaires, la fécondation suit immédiatement la méiose (figure 60) si bien que les
individus sont généralement diploïdes. Seuls les gamètes sont haploïdes. Un tel cycle où la diplophase
prédomine est dit diplobiontique.
2
A
B
II - ALTERNANCE DE GENERATIONS
L’alternance de générations peut être sous la dépendance de certains facteurs du milieu : en général la
reproduction asexuée se maintient tant que les conditions demeurent favorables et la reproduction sexuée
intervient lorsque les conditions deviennent défavorables. L’alternance de générations est dite facultative (cas
des daphnies et des pucerons).
Chez certaines espèces, au contraire, l’alternance de générations est rigoureuse, elle est dite obligatoire
dans la réalisation du cycle de vie de l’espèce.
On distingue :
Gonades
♀ (issue d’un autre
individu)
♂
Larve planula,
ciliée et nageuse
Jeune
méduse libre
Fixation de la larve au
ou éphyrule
substrat, perte de la
ciliature
Strobile
? Scyphystome
D’une façon générale, le cycle de vie des Cnidaires est résumé dans la figure 61B.
L’hétérogonie s’observe dans les groupes présentant une reproduction parthénogénétique, par exemple
chez les daphnies, les cladocères et les pucerons.
4
- Cas des pucerons se développant en milieu tropical : exemple du cycle de vie du puceron du
cacaoyer ; Toxoptera theobroma (figure 62).
3 - Femelle, ailée,
parthénogénitique
(virginipare),
2 - Femelle, aptère, vivipare, migratrice
parthénogénitique (migrante)
(virginipare), 2n + XX
vivipare, sédentaire,
2n + XX
Migration et
fondation d’une
nouvelle colonie
Parthénogenèse
thélytoque
Figure 62 : Hétérogonie chez les pucerons : cas de Toxoptera theobroma = Toxoptera aurantii
(Aphididae)
· Chez les femelles virginipares fondatrigènes. Lors de l'ovogenèse qui se déroule pendant la
phase parthénogénétique, un seul globule polaire sera émis : il correspond au 2e globule, car la
1e division de maturation est escamotée. On peut considérer que la méiose se réduit donc à
une simple mitose inégale. Dans ces conditions, on va obtenir un ovule diploïde, et il sera à
l'origine des femelles virginipares fondatrigènes (2n + XX).
· Comment se forment les individus sexués issus des sexupares ? (voir exemple du milieu
tempéré).
- Cas des pucerons se développant en milieu tempéré : Puceron du soja (figure 63)
Figure 63 : Cycle biologique complet (holocycle) à deux hôtes (dioécique) du puceron du soja, Aphis glycines
(Aphididae) ; Source : http://www.inra.fr/opie-insectes/pdf/i141fraval1.pdf
Commentaire figure 63
La mauvaise saison est passée (par exemple, sur un arbre, dit hôte primaire) sous forme d’œuf (l’œuf d’hiver),
d’où éclôt au printemps une femelle (la fondatrice) qui engendre, par parthénogenèse (virginiparité) des larves
formées (viviparité) qui deviennent des femelles aptères (les fondatrigènes) qui se reproduisent ainsi pendant
quelques générations. Puis apparaissent des ailées qui s’envolent vers une plante herbacée (toujours par
exemple), dite hôte secondaire. Ces émigrantes s’installent et fondent une colonie, composée au départ de
virginipares aptères. Chez ces exilés (ou aliénicoles) naissent des ailés, du fait entre autres de la surpopulation
locale, qui vont coloniser une autre plante. À l’automne, quand un certain laps de temps est écoulé (facteur
fondatrice), que les jours raccourcissent (et les végétaux se dessèchent), des ailés (réémigrants) font retour sur
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l’hôte primaire et apparaissent des femelles capables d’engendrer des sexués. Ces sexupares produisent des
mâles (ce sont des andropares) ou des femelles (gynopares) ou les deux (amphotères). Généralement le mâle
est ailé et la femelle aptère. Cette femelle, c’est la seule de toute cette succession de générations et formes,
pond un oeuf, l’oeuf d’hiver. Les générations, sauf celles durant l’hiver - sont très courtes en général : le record
est de moins de 5 jours.
N.B – Si la femelle est gynopare (ou gynéphore) elle va avoir une méiose qui est anormale. La division
hétérotypique (la première) est altérée ; la division homéotypique (la seconde) est normale et asymétrique. Les
œufs obtenus sont diploïdes. Les femelles ainsi obtenues sont aptères, ovipares.
- Si la femelle est andropare, elle subit une ovogenèse particulière : la première division est diminutive. En effet,
pour des raisons inconnues, un X est perdu lors de cette division, et on obtient alors des cellules diploïdes pour
les autosomes seulement ; ce qui explique la formation des mâles (2n + X0), ailés.
Chez ces mâles ainsi obtenus, la spermatogenèse est « classique ». Au moment de la première division de
maturation, l'unique hétérochromosome se dispose à l'équateur du fuseau, comme s'il était apparié à un autre
chromosome. Une fois l'anaphase terminée, on obtient un spermatocyte II avec un X : (n + X) et un autre sans
X : (n + 0). Lors de la deuxième division, on a alors formation de 2 catégories de spermatides (avec ou sans
chromatide X), mais seules celles qui contiennent un X pourront donner des gamètes fonctionnels.