Dernier CM
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l’intersectionnalité
• Une approche politique, prétendument biologique : les races seraient des réalités
naturelles, et justifieraient une hiérarchie raciale. (Exemple : musée de l’Homme à
Paris)
• Une approche sociologique : la biologie n’est pas pertinente ici. Les rapports de race
existent comme faits sociaux (les hommes ont décrété qu’il y a des races
différentes), construits ; il faut les analyser pour les combattre = hiérarchie.
• La notion de race étant très officiellement discréditée, en Europe continentale,
depuis 1945, est-il possible de la détacher de ses usages racistes passés et présents,
pour lui faire produire, sans risquer de lui rendre sa légitimité, des effets utiles à la
compréhension des rapports sociaux contemporains ? Comment, en d’autres
termes, distinguer la « race » du sociologue de la « race » du raciste ?
L’usage sociologique de la race –C.Guillaumib
• Elle définit la notion de race, elle crée une notion « racisation », c’est plus une
donnée biologique mais l’aboutissement d’un processus.
En France, la solution proposée par Colette Guillaumin, dans son livre L’idéologie raciste
paru en 1972, est longtemps restée sans écho dans le monde de la recherche. Cette solution
tient dans le mot racisation. Elle invite à saisir la « race » comme l’aboutissement d’un
processus d’altérisation et d’infériorisation d’un groupe social, auquel on attribue un
ensemble de caractéristiques prétendument héréditaires. La société, par son
fonctionnement même, crée ainsi des « racisés ». Dans cette approche de type
constructiviste, les « races » ne sont donc pas des données naturelles et immuables, mais
des productions sociales historiquement situées, différenciées entre elles et, surtout,
mouvantes (un groupe naguère « racisé » peut cesser de l’être ; un groupe qui ne l’était pas
peut le devenir).
Des exemples :
• Au XIXe aux USA, racialisation des Irlandais. Stéréotypes : ivrogne, barbare, ignorant.
• Carlos Menem, « Arabe » n’est pas racialisé en Amérique latine, fils d’immigrants
syriens, musulmans, président (1989-1999).
(Instrumentalisation de la race)
Qu’est-ce qu’un rapport social ?
• Si la catégorie de race peut être pertinente pour l’analyse de notre monde social,
c’est à partir de l’hypothèse fondamentale que les groupes sociaux qui forment
notre société ne sont pas des donnés, des ensembles homogènes et toujours déjà là,
mais qu’ils existent et sont construits dans et par des relations réciproques. En ce
sens, les groupes et les catégories qui les désignent sont construits par des «
rapports sociaux » qui les constituent comme différents et les situent dans des
positions inégalitaires ou une hiérarchie de statuts.
• Un rapport social peut être défini avec Danièle Kergoat comme « une relation
antagonique entre deux groupes sociaux, établie autour d’un enjeu ». Cette
conception permet de dénaturaliser et d’historiciser la race.
• La catégorie de race résulte ainsi d’un type particulier de relation socio-politique et
économique qui a produit des groupes racisés ou racialisés (je ne fais pas ici de
différence entre ces deux termes). Le contenu de la catégorie dépend de la valeur
politique assignée à cette relation dans un contexte déterminé. Il est variable dans le
temps et dans l’espace et peut donner lieu à contestation selon l’interprétation
donnée à la relation.
La naturalisation
• Naturalisation : elle s’appuie souvent sur un trait biologique, mais peut aussi être
fondée sur un trait culturel (ex : discrimination des musulmans). On peut alors parler
d’ethnicité plutôt que de rapports de race.
• Les humains ? (Musée de l’Homme)
• La sociologie permet de déconstruire, de dénaturaliser : la hiérarchie n’est pas
naturelle mais socialement construite, c’est-à-dire en relation avec les autres et la
société. On peut donc en faire un problème public, s’opposer aux stéréotypes
(préjugés, représentations qu’on a sur une origine sociale, ethnique …), mais aussi
réduire activement les inégalités. En effet, les processus sociaux n’affectent pas que
les représentations (« dans les têtes ») mais aussi la réalité sociale (l’emploi,
l’espérance de vie, l’accès au logement, santé…).
Un racisme structurel ?
Racisation :
- Inégalité
- Rapports sociaux
- Discrimination : une personne subit une inégalité de traitement : différence de
traitement, injustice devant la loi (souvent compliqué à prouver, exemple :
discrimination à l’embauche)
Discrimination directe : on oublie mon dossier
Intersectionnalité :
Définition de Sirma Bilge (2009)
« L’intersectionnalité renvoie à une théorie transdisciplinaire visant à appréhender la
complexité des identités et des inégalités sociales par une approche intégrée. Elle réfute le
cloisonnement et la hiérarchisation des grands axes de la différenciation sociale que sont les
catégories de sexe/genre, classe, race, ethnicité, âge, handicap et orientation sexuelle. »
Kimberley W. Crenshaw :
• Kimberlé W. Crenshaw 1959-, juriste à UCLA et auteure du rapport de l’ONU sur les
discriminations (2001)
• « En m’attachant à deux manifestations de la violence masculine contre les femmes
(les coups et les viols), je montre que les expériences des femmes de couleur sont
souvent le produit des croisements du racisme et du sexisme, et qu’en règle
générale elles ne sont pas plus prises en compte par le discours féministe que par le
discours antiraciste ». (1989)
• Le terme d’intersectionnalité a été forgé à la fin des années 1980 par la juriste
américaine noire Kimberlé Williams Crenshaw pour désigner l’imbrication de ces
rapports de domination, et les dilemmes stratégiques et identitaires qu’ils peuvent
générer chez une personne. Aux États-Unis, c’est l’articulation de la race et du genre
qui a été la plus étudiée et dans le domaine électoral son impact est déterminant.
Globalement le vote Démocrate est plus marqué chez les femmes que chez les
hommes, quelle que soit la race, et chez les Noirs que chez les Blancs, quel que soit
le sexe. Mais le gender gap ou survote démocrate des femmes, observé depuis les
années 1980, tient essentiellement aux Afro-Américaines. Lors de l’élection
présidentielle de 2008, qui porte pour la première fois un Noir à la présidence, 96 %
d’entre elles ont voté pour Obama (contre 87% des hommes noirs), contre 42 % des
femmes blanches (et 35% des hommes blancs). Parce que le taux de mobilisation
électorale des femmes noires est supérieur à celui des hommes de leur communauté
et que l’écart va croissant, leur voix devrait particulièrement porter dans les
prochaines consultations électorales.
• Chaque personne appartient à divers groupes auxquels elle peut s’identifier. Cela
permet de se repérer et de se situer dans la société, à la fois comme semblable
(nous) et différent (eux) des autres. Ces solidarités et ces antagonismes
interagissent, et ils varient en fonction du contexte et de l’interlocuteur. Une blague
sexiste activera l’identité de femme, une discrimination raciste fera réagir en
fonction de ses origines. Saisir l’interaction entre les identités raciales et celles que
dessinent la classe, la religion, le genre, l’âge, la manière dont elles se cumulent ou
parfois se compensent, est donc indispensable. Femme, noire, et pauvre,
l’Américaine Gloria Jean Watkins, plus connue sous son nom de plume bell hooksa
été la première à dénoncer la difficulté de cumuler ces handicaps, au sein d’un
mouvement féministe dominé par des femmes blanches appartenant aux classes
moyennes, et d’un mouvement d’émancipation des Noirs dominé par les hommes.
Un des slogans du mouvement féministe noir résumait ironiquement ce dilemme : «
Toutes les femmes sont blanches, tous les Noirs sont hommes, mais nous sommes
quelques-unes à être courageuses ».