Voyage en Syrie Et en Egypte

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

Voyage en Syrie et en Egypte

1- La biographie
Constantin-François de Chasseboeuf (ou le pseudonyme de Volney) (1757-1820), était
sans famille et sans métier : sa mère était morte en 1759, quand il avait deux ans ; son père se
désintéressait de lui. Il voulut connaître le monde et, grâce à un petit pécule dont il disposait,
il partit pour le Moyen-Orient où il demeura de 1783 à 1785. Cette opportunité orienta toute
sa vie. Volney possédait une formation intellectuelle encyclopédique. Au collège des
Oratoriens d’Angers, le jeune Volney se consacra surtout à la culture latine qu’il compléta
plus tard par un apprentissage de l’hébreu et une année de droit. Volney, appartient au milieu
des idéologues, ce courant de pensée issu des Lumières et qui, à la fin du XVIIIe siècle,
cherche à fonder une science générale des idées en tenant compte de leurs rapports entre elles
et de leur contexte (politique, économique, géographique, etc.). Très jeune encore, Volney
fréquente les philosophes, d’Holbach, Helvétius, Diderot, Condorcet …etc.
Après des études de droit et de médecine (mais aussi après avoir commencé à
apprendre l’arabe), Volney s’embarque pour l’Égypte, la Syrie et la Palestine, – un périple
d’un peu plus de deux ans, entre 1783 et 1785. Par ailleurs, il approfondit le grec pour lire
Hérodote et décida d’apprendre l’arabe en 1780 ; il suivit les cours de l’orientaliste Leroux
des Hautesrayes au Collège de France.
Comme ses travaux témoignent de réelles connaissances en climatologie et en
géologie, il est permis de penser qu’il n’avait pas négligé le domaine scientifique. Il est fort
probable qu’il avait acquis cette formation au contact de scientifiques tels que d’Alembert et
Benjamin Franklin. Grâce à un penchant précoce pour l’économie rurale, il se forgea un
savoir d’agronome. Il devient ainsi un spécialiste des productions agricoles de la Syrie.
2- L’influence des Lumière sur l’écriture de Volney
Volney reflète profondément les idées et les valeurs des Lumières, même s'il présente une
perspective particulière issue de son exploration personnelle de ces régions. Dans ce récit, il
adopte une approche rationnelle et empirique, typique des penseurs des Lumières, en
observant et en analysant les sociétés, les cultures et les croyances de l’Egypte et de la Syrie à
travers le prisme de la raison et pour remettre en question les préjugés de l'Occident envers les
pays orientaux.
De plus, l'idée de liberté a également marqué l'écriture de Volney, reflétant un autre pilier des
Lumières. Il critiquait ouvertement les systèmes politiques et les pratiques sociales en Égypte
et en Syrie, plaidant pour la fin de l'esclavage et la promotion des libertés individuelles.
3- Le contexte historique et politique du voyage de Volney :
À la veille de la Révolution française, le nombre de voyageurs européens s'accrut
considérablement, attirés soudainement par les terres lointaines. Alors que ces voyages étaient
autrefois réservés à une élite aristocratique, le XVIIIe siècle vit peu à peu l'émergence d'une
génération d'hommes de lettres et de savants qui prirent part aux voyages en Orient. Parmi ces
voyageurs, nous nous intéressons au voyage de Volney en Syrie et en Egypte.
4- La composante narrative
 Les raisons de son voyage :
Volney était un homme de lettres passionné par la découverte et la compréhension du monde
qui l'entourait, "j'ai lu et entendu répéter que de tous les moyens d'orner l'esprit et de
former le jugement, le plus efficace était de voyager" Son voyage dans ces régions était
motivé par le désir d'acquérir une connaissance directe des cultures, des peuples et des
civilisations qui y résidaient. Il aspirait à explorer de nouveaux horizons, à observer des
modes de vie différents et développer son propre jugement en confrontant les préjugés et ses
idées préconçues aux réalités variées qu'il rencontrera.
Les raisons qui le poussent à entreprendre ce voyage sont à la fois d’ordre politique,
historique et littéraire. Dans la préface de Voyage en Egypte et en Syrie, Volney évoque les
motifs de son voyage et développe toute une théorie du genre. Son voyage semble d’abord
fondé sur des préoccupations politiques et historiques. “Mon pays et les Etats voisins me
parurent trop connus, ou trop facile à connaître : l’Amérique naissante et les sauvages
me tentaient ; d’autres idées me décidèrent pour l’Asie. La Syrie et surtout l’Egypte,
sous le double rapport de ce qu’elles furent jadis et de ce qu’elles sont aujourd’hui, me
parurent un champ propre aux observations politiques et morales dont je voulais
m’occuper”(8).
5- La composante descriptive :
A. Le portrait des égyptiens
"Ce sont des habillements d'une forme bizarre d'un caractère étrange"
 Dans son ouvrage Volney décrit les habits des Egyptiens comme « d’une forme bizarre »,
et leur apparence physique comme "maigre et noirâtre", il met en lumière les différences
vestimentaires et physiques entre les deux groupes. Les Européens sont décrits comme
portant des vêtements élaborés et variés, les Égyptiens semblent vêtus de manière simple,
avec une chemise bleue et un ceinturon rouge.
" Ce peuple maigre et noirâtre, qui marche nus pieds, et n'a pour tout vêtement qu'une
chemise bleue ceinte d'un cuir ou d'un mouchoir rouge. Déjà l'air général de misère qu'il vit
sur les hommes, et la misère qui enveloppe les maisons, lui font soupçonner la rapacité de la
violence, et la défiance de l'esclavage", "il regarde avec surprise ces visages brûlés, armés de
barbe et de moustaches, ce long vêtement qui tombant du col aux talons"
« Au lieu de nos visages nus, de nos têtes enflées de cheveux de nos coiffures triangulaires et
de nos habits courts et serrés »
 Volney exprime la présence de la violence et de l'esclavage dans la société égyptienne,
basant ses conjectures sur l'apparence des habitants et les conditions de vie observées.

B. La description de la ville syrienne Alep :


Le narrateur peint la ville syrienne Alep en ces termes :
« Le local d’Alep, outre l’avantage d’un sol gras et fertile, possède encore celui d’un
ruisseau d’eau douce qui ne tarit jamais […]. Près d’Alep, ses bords, au lieu des rochers
nues qui emprisonnent son cours supérieur, se couvrent d’une terre rougeâtre excellente, où
l’on a pratiqué des jardins, ou plutôt des vergers, qui dans un pays chaud et surtout en
Turkie, peuvent passer pour délicieux. La ville elle-même est une des plus agréables de la
Syrie, et est peut-être la plus propre et la mieux bâtie de tout l’empire. De quelque côté que
l’on y arrive, la foule de ses minarets et de ses dômes blanchâtres flatte l’œil ennuyé de
l’aspect brun et monotone de la plaine ».
Après cette présentation générale, le narrateur détaille l’espace :
« Au centre est une montagne factice, environnée d’un fossé sec, et couronnée d’une
forteresse en ruine. De là l’on domine à vue d’oiseau sur la ville, et l’on découvre au nord les
montagnes neigeuses de Bailan ; à l’ouest, la chaîne qui sépare l’Oronte de la mer, pendant
qu’au sud et à l’orient, la vue s’égare jusqu’à l’Euphrate ».
Et il ajoute :
« Dans l’enceinte du château, est un puits qui, au moyen d’un canal souterrain, tire son eau
d’une source distante de cinq quarts de lieue. Les environs de la ville sont semés de grandes
pierres, surmontées d’un turban de pierre, qui sont la marque d’autant de tombeaux. Le
terrain a des élévations qui, dans un siège, rendraient les approches très faciles : telle est
entre autres, la maison des derviches, d’où l’on commande au canal et au ruisseau. […] on
veut y compter deux cents mille âmes et sur cet article de la population on ne sera jamais
d’accord. Cependant, si l’on observe que cette ville n’est plus grande que Nantes ou
Marseille et que les maisons n’y ont qu’un étage, l’on trouvera peut-être suffisant d’y
compter cent mille têtes ».
On constate que Volney commence par donner une vue d’ensemble complète de la ville, puis
il détaille l’organisation spatiale, en mettant en évidence la présence des montagnes au centre
en disant : « quand on jette les yeux sur la carte de la Syrie, on observe que ce pays n’est en
quelque sorte qu’une chaîne de montagnes ».
Cette description est conduite rigoureusement à partir du point de vue « l’œil qui observe ».
L'observation s'avère le moyen valable pour l'interprétation de la "réalité". En se concentrant
sur ces détails, on peut vraiment imaginer et vivre l'expérience décrite. Cette approche
souligne que notre façon de percevoir le monde influence notre compréhension de la réalité.
En utilisant cette méthode, le texte invite le lecteur à plonger dans une expérience sensorielle
riche et immersive.

6- Le projet didactique :
A. La climatologie et la météorologie
La climatologie est une science pluridisciplinaire chargée d’analyser les processus climatiques
et leurs fluctuations passées, afin de prévoir les potentiels changements futurs alors que la
météorologie représente la science qui étudie l'atmosphère terrestre. Elle a pour objet d'en
connaître les états pour comprendre les phénomènes qui s'y déroulent afin de décrire le temps
qu'il fait et de prédire le temps qu'il fera.
Tout d'abord, Volney décrit le climat chaud et sec du désert égyptien : « Ce désert, où le soleil
ardent ne laisse subsister aucune végétation, où l'air rare, sec et brûlant, n'offre au regard
qu'un horizon uniforme, où la soif consume les voyageurs, où l'on est exposé à périr de fatigue
ou de faim, à devenir la proie des animaux sauvages, ou à tomber entre les mains des Arabes
»
Il mentionne également les vents du désert qui apporte de la chaleur et de la poussière : «
C'est alors que s'élève ce vent brûlant, nommé kamsin, qui souffle en tourbillons de sable, qui
obscurcit l'air, et qui, s'engouffrant avec force dans les cavités du corps, y porte une ardeur
intolérable »
En ce qui concerne la Syrie, Volney décrit le climat comme étant plus tempéré, avec des
montagnes et des vallées verdoyantes : « Le climat est tempéré, la température y est douce, et
les vents qui soufflent des montagnes voisines y amènent un air pur et vivifiant. La plupart
des vallées sont verdoyantes et riches en plantes utiles ou agréables »
Cependant, il mentionne également les tempêtes de sable qui peuvent se produire dans la
région : « Dans les déserts de la Syrie, les vents soufflent souvent avec tant de violence, qu'ils
soulèvent les sables en tourbillons, et que le voyageur ne voit plus rien devant lui »
Dans l'ensemble, Volney montre une bonne connaissance de la climatologie de la région et
utilise des descriptions détaillées pour donner une image vivante de l'environnement dans
lequel il voyageait.
B. La géologie : sismologie et volcanologie :
Volney s’attarde également sur les plaques de la structure des montagnes syriennes, le
phénomène des tremblements de terre et les volcans.

Vous aimerez peut-être aussi

pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy