Consubstantialité Vs Intersectionnalité

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Consubstantialité vs intersectionnalité ?

À propos de l’imbrication des rapports sociaux


Elsa Galerand Département de sociologie Université du Québec à Montréal
Danièle Kergoat Directrice de recherche honoraire Centre national de la recherche
scientifique (CNRS)

Présenter l’auteur·ice,
Elsa Galerand
Professeur-chercheuse, département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal. Elle
est spécialisée en sociologie des rapports sociaux de sexe et de la division sexuelle du travail.
Elle est aussi mb de l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales) et du Réseau
Québécois en Etude féministes.
Danièle Kergoat
Sociologue et universitaire française. Professeure, membre du centre de recherche RING,
autrice d’ouvrages sur les femmes, le genre et le travail. Ses recherches et écrits portent entre
autres sur la « division sexuelle du travail » qu'il soit professionnel ou domestique. Elle fait
partie des auteurs et autrices qui ont défendu une conception des « rapports sociaux de sexe »,
qui vise à donner une base matérialiste à l'analyse des rapports entre les hommes et les
femmes dans une société capitaliste.

les enjeux, la structure, les thèses et concepts principaux, et d’en produire une discussion
expliquant ce que sont selon vous les apports à la réflexion et/ou à la pratique féministes, les
apports à la 3ème vague, et éventuellement les limites.

Code couleur :
Gras = à rechercher
Rouge = à définir
Bleu = à expliquer (et resituer)

Explication
Consubstantialité des rapports sociaux dans « Comprendre les rapports sociaux »
« Un rapport social est une relation antagonique entre deux groupes soc, établie autour d’un
enjeu. C’est un rapport de production matérielle et idéelle ».
Elle défend la thèse que les rapports soc sont consubstantiels : ⚠, le terme peut porter à
confusion mais est compris ds acception triviale qui énoncé l’unité de substance. Cela revient
à affirmer que séparer les rapports soc est une op nécessaire pr le socio mais qui reste de
l’ordre de la logique formelle, et qui ne peut ê appliquée à l’analyse des pratiques sociales.
Déf rapports soc consubstantiels : ils forment un nœud qui ne peut ê séquencé au niveau des
pratiques soc, sinon ds une perspective de socio analytique, ils sont coextensifs : en se
déployant, les rapports sociaux de classe, de genre, de « race » (catégorie socialement
construite, résultat de la discrimination comme prod idéologique), se reproduisent et se co-
produisent mutuellement. Prend exemple que le taux d’activité des femmes augment ms que
les segmentations, horizontales et verticales, perdurent entre emplois masc et fém, que les
inégalités de salaire demeurent, et qu’elles continuent à assumer, seules pr l’essentiel, le TD.
 Capitalisme a besoin d’une MO flexible qui engage de + en + sa subjectivité : le TD
assumé par les femmes libère les hommes, et pr les femmes à haut niveau de revenu, il y a
externalisation du TD vers d’autres femmes = on ne peut raisonner au niveau d’un seul
rapport soc.
Faut bien différencier relations soc et rapports soc : les unes st immanentes aux individus
concrets entre lesquelles ils apparaissent, les autres st abstraits et opp des grps soc autour d’un
enjeu. La situation a changé en matière de relations soc entre sexes mais rapport soc continue
à opérer et s’exprimer sous la forme d’exploitation, de dom, d’oppression. Et ce st les
pratiques soc et non relations soc qui peuvent dessiner des formes de résistance et ê porteuses
de chgt potentiel. Elle met en avant une transformation du sujet.
Importance finalement du prb de catégorisation, inhérent à l’activité qui fait se croiser les
rapports soc, mais aussi inhérent à l’universalité. Certes les études fémé invoquent
régulièrement le croisement nécessaire entre genre, « race » et classe mais on privilégie svt
celui entre race et genre, y compris aux US.

Déf Intersectionnalité comme déf par Crenshaw en 1994 dans « Mapping the Margins:
Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color in The Public Nature
of Private Violence. Elle rend compte “de la manière dt le positionnement des femmes de
couleur, l’intersection de la race et du genre, rend leur exp concrète de la violence conjugale,
du viol, et des mesures pour y remédier, (exp concrète) qualitativement différente de celle des
femmes blanches ».
Elle fait remarquer que le concept mm de « Mapping the Margins » revient à cartographie des
catégories, et ainsi à la naturaliser. Difficile de penser mouvance et historicité des rapports de
domination. Intersectionnalité serait outil d’analyse qui stabilise des relations en des positions
fixes, sectorisant les mobilisations. Reproduisant des logiques des discours dominants. La
multiplicité des catégories masquent les rapports sociaux. Risque de laisser des pt invisibles.
Elle dit qd mm que les études post-coloniales et Black Feminism ont eu le mérite de faire
éclater le pseudo universalisme des gdes théories, de poser le prb de l’hétérogénéité du grp
des femmes et d’interroger les notions de solidarité et sororité.
Poser les prbs en termes de consubstantialité des rapports soc permet approche différente :
selon telle configuration ici et maintenant des rapports soc, le genre (ou la classe, la race)
serai – ou ne sera pas – unificateur. Mais il n’est pas en soi source d’antagonisme ou source de
solidarité. Aucun rapport soc n’est 1er.
= But est de dénaturaliser les construction différentialistes, sans pour autant dématérialiser les
rapports sociaux.
Impératif matérialiste : rapports de prod, croisant exploitation, dom et opp. Impératif
‘historicité : carac dynamique des rapports soc. Impératif de cerner des invariants ds les
principes des fonctionnement des rapports soc. Nécessité d’ê tjrs attentif à la façon dt les
dominés réinterprètent, subvertissent le sens des catégories.
= Consubstantialité c’est entrecroisement dynamique complexe de l’ensemble des rapport soc,
chacun imprimant sa marque sur les autres ; ils se modulent les uns les autres, se construisent
de façon réciproque.
= Coextensivité : dynamisme des rapports soc qui se coproduisent mutuellement.

Fémé matérialiste :
Formes de la cs et de la co dérivent des conditions mat d’existence et dc les reflètent de
différentes manières. Thèse : ds les sociétés capitalistes modernes, les vies mat des h/f
diffèrent. Sociétés capitalistes modernes st organisées selon le genre. Si on est matérialiste, il
est logique de penser que ces ≠ d’activités et d’exp vt se traduire au niveau épistémologique,
donnant naissance à des visions et des rpz distinctes du monde soc.
Tt comme Marx a mis au jour un pov ou positionnement du prolétariat, elle cherche à dvper
un pov ou positionnement de la femme.

Intersectionnalité :
But est de révéler pluralité et entrecroisement des discriminations et rapports de domet d’opp.
Vise à comprendre cmt les intersections de différentes caractéristiques individuelles mettent
en place des exp particulières d’opp et de privilège. Csq svt vécues de manière simultanée,
chaque facteur pouvant exercer une influence sur les autres.
Résumé
But : situer la théorisation de la consubstantialité des rapports sociaux (Kergoat) au regard
des tensions ds la réflexion sur l’articulation des systèmes d’oppressions (champ de la
recherche intersectionnelle). Envisage imbrication des différentes oppression ds un
dynamisme du pvr + se rattache au bagage théorique issu du fémé matérialiste qu’il propose
de retravailler (héritage marxien).

Véritable choix de remplacer ds la compréhension de l’oppression et de l’émancipation le


terme d’intersectionnalité par celui de consubstantialité des rapports sociaux. ⚠ : ps de mise
en concu.
Terme intersectionnalité recouvre nbreuses acceptions. Parler d’approches intersectionnelle
masquerait des opp persistantes ds le champ de la théorie critique et des études fémés (caté vs
rapports soc, identités vs classes, subversion vs émancipation).
Sirma Bilge, au sujet des débats qui traversent la recherche intersect : Si l’interaction des
catégories de différence constitue un point de consensus dans la littérature intersectionnelle –
en témoigne l’utilisation répandue de termes faisant allusion aux catégories / identités /
processus “mutuellement constitutifs” – la question ontologique (qu’est-ce que c’est) et la
question épistémologique (comment on la regarde) sont sujettes à controverses. Un certain
flou entoure en effet ce “mutuellement constitutif” » (Bilge, S. (2010). « De l’analogie à
l’articulation : théoriser la différenciation sociale et l’inégalité complexe », L’Homme et
la société, vol. 2, no 176-177, 43-64.).  flou qt à la nature de l’interaction des axes de la
dom, qt à la possible hiérarchisation, et qt aux question de degrés d’autonomie des structures
de dominations. Certains privilégient approche systémique qui traite des effets des structures
de dom imbriquées sur la formation des identités, d’autres se concentrent sur les aspects
dynamiques et relationnels de l’identité sociale intersectionnelle. Bilge se dit ê ds approche
holiste ou intégrée, débarrassée d’une vision doctrinaire de l’équivalence inconditionnelle des
dom, ds une intersectionnalité réflexive et critique, qui reco utilité et s’accomode des
dissociations analytiques justifiées et historicisées.

Elsa Dorlin : les théories de l’intersectionnalité parce qu’elles hésitent entre analytique et
phénoménologie de la domination, ne parviennent pas à concilier ces deux approches : d’un
côté, c’est la domination qui est intersectionnelle, d’un autre, ce sont certaines expériences
vécues de la domination qui sont intersectionnelles.
Le mot intersect serait faussement fédérateur, alors que privilégié ds milieux académiques et
militants anglophones pr désigner l’articulation identités / inégalités multiples. Terme de
consubstantialité transforme sans le nier un bagage marxien théorique, dialectique et
matérialiste.
Kergoard le dit ds autre article, ms analyse intersectionnelle met trop svt de côté l’analyse de
la classe. D’où la revendication d’un bagage marxien théorique. Fémé matérialiste met accent
sur les facteurs matériels tels que l’éco, la classe soc, et les structures de pvr ds l’analyse des
oppressions de genre. Examine cmt les systèmes éco et soc influencent et maintiennent des
inégalité de sexe. Adopte svt posture structuraliste. Considère l’entrelacement des
oppressions. Critique importante du TD non rémunéré.

Dans un premier temps : contexte dans lequel le paradigme de la « consubstantialité des


rapports sociaux » s’enracine ; puis manière dont il envisage l’articulation des rapports de
pouvoir depuis une compréhension dynamique des conflits sociaux. Dans un second temps :
parti pris matérialiste de cette conceptualisation et explication, à partir d’un exemple,
pourquoi l’exploitation, le travail et ses réorganisations doivent être placés au centre de
l’analyse.

I- Sexe, classe, race : pour un raisonnement en termes de rapports sociaux


Angela Davis : lutte radicale = lutte qui s’attaque aux racine du mal. // mm chose avec
consubstantialité. Se donner les moyens de remonter aux racines pr tenter d’identifier des
leviers afin de lutter contre les dynamiques d’oppression, d’exploitation, de dom. = faut
mieux cerner les rapports de pvr. Consubstantialité : co des méca de l’oppression (‘’prise à
bras le corps de la pluralité des systèmes de dom et de leur enchevêtrement’’) + objectif
émancipation. = Terme de la corporéité montre l’importance accordée au matérialisme, à
l’exp vécue et réelle dans la théorisation de la consubstantialité. Il ne faudrait pas le penser
simplement comme une nouvelle distinction théorique, mais au contraire comme un terme qui
cherche à coller le plus possible à une réalité existante, mouvante, vécue. D’où aussi l’intérêt
que l’’article soit fait par des sociologues et non des philosophes, dt là la pratique est
clairement ancrée dans la réalité sociale.

Terme de consubstantialité apparaît dès la fin des 7os pr articuler le sexe et la classe
(Kergoat, D. (1978). « Ouvriers = ouvrières ? Propositions pour une articulation
théorique des deux variables : sexe et classes sociales », Critiques de l’économie
politique, no 5, 65-97.). = Montre que l’org technique et soc du taff varie selon qu’il s’agit
d’une usine d’homme ou de femme, et ds le dernier cas, la désappropriation liée à l’OST, du
temps, de l’espace, et du savoir est quasi-totale. Phénos de blocage ne st ps uniquement
réductibles au structures indus : argumentation aussi idéologique permettant de légitimer le
maintien de la division sexuelle du taff et la non-promotion massive des femmes. Ds ce sens il
y a autonomie de la situation des femmes et des hommes de la classe ouvrière. Division tech
et soc du taff se juxtapose très étroitement à la division sexuelle du taff. D’où besoin d’une
analyse du taff fém qui se fasse conjointement à l’analyse du statut et de la place des femmes
ds l’univers de la reprod. Patriarcat et capitalisme se relaient.
Possibilité du turn-over plus complexe chez les femmes car cette mobilité entraine des csq
négatives que ds le textile et la confection, ms par exemple, elle profite à l’électronique. +
Faut prendre en compte aussi la discontinuité ds le temps de la vie pro, et son évolution
actuelle. : la discontinuité dans le temps de la vie salariale des ouvrières se double souvent
d’une discontinuité au niveau de la qualification, c’est-à-dire d’une déqualification massive
allant en s’accroissant avec l’âge.
Pr autant, comportements st ps déterminés, nt prck les acteurs soc ne st jms totalement
déterminés par les structures.

Dépasser logique additive et logique séparatiste. Consubstantialité pensée à partir des


pratiques combatives des ouvrières = besoin de considérer classe et sexe, contradiction et
mise en relation.
Choix terme est hasard et est emprunt à la théologie (l’unité et l’identité de substance des trois
entités de la Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit). Invite à penser le mm et le différent ds
un mvt :
- Rapports soc possèdent propriétés communes (emprunt concept marxien rapports soc avec
contenu dialectique et matérialiste pr penser le sexe et la race) = Marx est penseur des
rapports soc. Il se trouve derrière une tendance vers la praxis humaine, la liberté et
l’émancipation. En appréhendant la domination à partir des classes sociales, Marx est conduit
à forger le concept de rapport social de domination (sur lequel se fondent la sociologie de la
domination et différentes théories féministes). Ce concept implique que la domination ne peut
être réduite à des relations de dépendance et de contrainte (entre individus et entre groupes),
car ces dernières s’inscrivent dans un rapport entre des positions sociales que les individus se
voient contraints d’occuper. Ce rapport assujettit les individus à des groupes sociaux et
contribue à reproduire les relations asymétriques existant entre ces groupes. En tant que
rapport social, la domination relève d’un type spécifique d’assujettissement et de
reproduction. Marx affirme ainsi que le capitaliste n’est rien d’autre que la « personnification
» du capital, de même que le travailleur se voit réduit au travail tel qu’il est construit dans le
rapport social capital/travail.
- Rapports sociaux ne peuvent être compris séparément

Risques d’une application mécanique du concept d’intersectionnalité : svt on le reprend avec


les termes de race, genre et classe = Or recouvrent-ils les mm réalités aux US et ailleurs ? 
CF. 1er article + article sur le flou de la catégorie selon Bilge.

Contxt intersectionnalité
Mvt de contestation dominants aux US et en France : prédominance de la race / prédominance
de la classe. US : mvt des droits civiques et libé noire semble relancer le mvt ouvrier et
fémé (Jules Falquet). Mvt fémé fr (dimension activiste et universitaire) se déploie ds une
société marquée par un communisme fort, un mvt ouvrier puissant, centrés sur rapports capital
/ taff (mai 68, conflictualité ouvrière, en particulier fém, mvt antiimpérialistes,
anticolonialistes).
L’histoire du fémé noir est lié à l’histoire de l’esclavage sur le sol non-américain, à l’histoire
du dvpt du système plantocratique aux US. L’exp de l’esclavage et discours entourant sa justif
ont profondément informé le féminisme noire, tant ds son exp vécue que ds ses rpz ET c’est à
l’occa des luttes pr abolition esclavage (183os) que vt émerger des figures de la lutte fémé
noire.
Le mvt fémé américain trouve son origine ds le mvt abolitionniste. Ce mvt s’est d’abord dvpé
comme protestation contre l’esclavage. A partir des 183os, plusieurs assos de femmes s’y
engagent. Ces assos réunissent svt femmes blanches et noires, sur la base d’une sensibilité
religieuse commune. L’esclavage est interdit en 1865, ms le mvt abolitionniste se poursuit, et
à partir de ce moment se concentre sur l’accès au droit de vote des personnes noires. Bientôt,
un certain nb d’assos de femmes qui luttaient pr abolition esclavage vt associer à cette 1ère
revendication celle de l’accès des femmes au droit de vote.
// En France, c’est le mvt ouvrier qui donne une forme d’impulsion aux revendications fémé.
Lutte axée sur la libération du corps. Diff à se faire entendre en 68, y compris au sein de la
gauche qui a pu ê décrite comme trop phallocratique. ¿ féministe ps centrale, mm si mixité ds
les foules, nt chaines humaines pr dépaver. Qt au usines, on retient parfois la voix aigüe d’une
jeune ouvrière des usines Wonder (piles) qui le jour de la reprise le 1o juin ds un petit film
réalisé par des étudiants à côté de l’usine dit qu’elle refuse de retourner ds cette taule.
Néanmoins, la plupart des orateurs st des hommes. 68 est vu comme occasion de libération de
la parole, ms confisquée sur le moment. MZF détecte des effets postérieurs, 68 est +
canalisateur. 197o, créa de la MLF, Mvt de Libération des Femmes, due aux effets d’une
contre-culture de 68 et frustration.

On avait donc, socialement, sociologiquement et théoriquement, tous les éléments pour penser
une trilogie racisme, capitalisme et patriarcat. Or ce ne fut pas le cas, comme le soulignent les
travaux qui s’intéressent à la réception du black feminism et du féminisme postcolonial en
France (Lépinard, É. (2005). “Malaise dans le concept”, Cahiers du Genre, no 39, 107-
135; Maillé, C. (2007)  Question de la « race » ou des minorités postcoloniales très
absentes des débats fémé. En effet, au-delà de l’analogie entre sexisme et racisme, peu de
traces dans les recherches féministes des années soixante-dix aux années quatre-vingt-dix de
cette problématique. La principale revue francophone sur cette période, Nouvelles questions
féministes, consacrera seulement un numéro aux « Antillaises » (1985) et, plus récemment,
aux féminismes d’Amérique latine et des Caraïbes (1999, 2005), plaçant ainsi toujours la
différence dans un ailleurs géographique. La comparaison avec l’évolution de la théorie
féministe aux États-Unis depuis les années soixante-dix peut permettre de dessiner, en creux,
les raisons de cette singulière absence de la problématique de la « race » dans le contexte
féministe français. Tout d’abord, la critique interne au mouvement féministe n’a pas été posée
en ces termes. Interpellé sur la question de l’antisémitisme, le mouvement féministe l’a
rarement été sur celle du racisme. En effet, la seule critique s’attaquant frontalement à la
question du racisme et du postcolonialisme chez les féministes, est celle, relativement récente
puisqu’elle fait suite à la Coordination lesbienne nationale de 1999, portée à l’intérieur du
mouvement lesbien par le Groupe du 6 novembre, réunissant les lesbiennes des migrations et
militant pour une triple non-mixité, vis-à-vis des hommes, vis-à-vis des féministes blanches et
vis-à-vis de celles qu’elles nomment de façon symptomatiques les « lesbOccidentées ».
Mais faut attendre lgt en France pr que la race parvienne à s’imposer ds le débat pub (1983,
marche pr l’égalité, 2oo5 l’Appel des indigènes de la Repu)  Cohen J., Dorlin, E.,
Nicolaïdis, D., Rahal, M. et P. Simon (2007). « Dossier. Le tournant postcolonial à la
française », Mouvements, no 51, 7-12).
Appel des indigènes de la Répu. Novembre 2oo5, confrontation importantes entre forces de
l’ordre et parties de la jeunesse des périphéries urbaines, surtt issue de l’immigration d’ex-
colonies fr. Publication appel 10 mois plutôt. Les « indigènes » ont répondu que ces réactions
étaient la preuve pratique de ce qu’ils dénoncent dans leur appel : le « paternalisme » et le
refus de voir émerger une parole « autonome » de l’immigration.
Jusque début 9os, le discours dominant a tenté de normaliser le process d’ouverture et de
brassage culturel suite à l’installation en France de pop immigrées issues des ex-colonies. La
prise de conscience du caractère multiculturel de la société française a été accélérée par le «
retour des mémoires coloniales ». Le « retour des mémoires » se manifeste sur le mode
conflictuel, comme l’a illustré le cas emblématique des « mémoires algériennes », où Français
issus de l’immigration, pieds-noirs, harkis et anciens appelés sont en quelque sorte entrés en
concurrence pour faire reconnaître leur version du récit de la guerre d’Algérie comme partie
intégrante de l’histoire nationale. Avec un retard significatif, les sciences sociales et
historiques françaises ont fini par aborder de nouveaux territoires, élaborer de nouvelles
problématiques, et en fin de compte s’intéresser au vaste chantier des « postcolonial studies »
et des « subaltern studies » ouvert depuis bientôt trente ans dans le monde anglophone

Taff occulté de Colette Guillaumin (1972) (Naudier, D. et E. Soriano (2010), «Colette


Guillaumin. La race, le sexe et les vertus de l’analogie », Cahiers du Genre, no 48, 193-
214) qui ouvrait pourtant sur cette possibilité. Passé esclavagiste français, les rapports sociaux
de race, d’ethnicité et de colonialité sont longtemps restés exclus de la sociologie française
(Juteau, D. (2006). «Forbidding Ethnicities in French Sociological Thought», Mobilities,
vol. 1, no 3, 391-408), y compris féministe.
Colette Guillaumin : taff sur les rapports soc de race et sexe en France, qui met ≃ 3o ans chez
elle à devenir légitime. Selon elle, les notions de race et de sexe sont liées aux rapports et
pratiques de pouvoir. Ce ne sont pas uniquement des phénomènes de péjoration, d’agression
ou de méchanceté. Ils ne sont donc pas nécessairement constitutifs de doctrines idéologiques
excluantes. Le fil de son œuvre se noue ainsi dans une critique de la naturalisation des
phénomènes sociaux. Elle la désigne à la fois comme une forme d’intellectualisation et
comme un coup de force destiné à construire et à maintenir le pouvoir du naturalisant sur le
naturalisé. Elle s’intéresse notamment aux groupes sociaux potentiellement ‘altérisés’, c’est-à-
dire ceux, minoritaires, dont la domination se joue dans la naturalisation de leurs
comportements. On comprend pk les autrices veulent s’inscrire dans une forme de continuité,
d’héritage de Guillaumin.
 L’idéologie raciste : interprétation dissonnante du phénomène raciste par rapport aux
recherches menées en sciences sociales dans le monde intellectuel français. Ce dernier est
dominé par la posture de color-blindness, au moins lorsqu’il s’agit d’analyser la société
française. Racisme analysé comme le produit d’une relation, et ds sa dimension incste et tue.
En partant du présupposé de la croyance en l’idée de race constituée comme une réalité
matérielle, construit comme tel par les sciences naturelles et les sciences sociales, elle met au
jour les formes prises par l’idée de nature qui irrigue les notions de race et de sexe dans les
rapports sociaux.
Puis fait lien entre notion de race et rapports de pvr qui produisent la notion de sexe. À ce
titre, elle démontre que le racisme et le sexisme ont « fondamentalement à voir l’un avec
l’autre dans leur structure interne ».
Sa démarche consiste à saisir, dans les mises en scène, les faits et gestes de la vie quotidienne
(Guillaumin 1979) dans une perspective microsociologique proche de celle de Goffman, des
faits divers (1992d) : comment s’agencent ces catégories prétendument naturelles, comment
elles s’instillent dans le langage et le monde social, juridique et scientifique, et comment elles
construisent de la ‘différence’ hiérarchisante entre les sexes. En prenant appui sur des corpus
d’observations contrastés, qui vont des manières dont se vêtissent les femmes à la division
sexuelle du travail, ou aux façons de les rendre invisibles (Guillaumin 1978c), elle déconstruit
les formations idéelles, symboliques qui figent les représentations dans les corps. L’une des
avancées originales de son travail consiste précisément à articuler ensemble les productions
discursives ou symboliques et l’observation empirique des différenciations concrètement
opérantes pour marquer la hiérarchie entre hommes et femmes. Elle traque dans ses
observations les éléments qui signifient la réification des sujets racisés et sexisés dans une
optique antinaturaliste. Elle réitère ainsi, dans son étude des rapports sociaux de sexe, un
déplacement initié dans son analyse de l’idéologie raciste en se consacrant à l’analyse des
formes idéologiques de la différenciation sexuée « intrinsèquement liées, homogènes aux
rapports concrets » fondée sur une interprétation « matérielle » du monde social.

En Fr, ps de constitution d’un mvt comparable au Black Feminism, ni de Gender Studies, ni


Critical Race Studies, ni Subaltern Studies …
Black Feminism : Elsa Dorlin, Introduction, Black Feminism. Anthologie du féminisme
africain-américain 1975-2oo5, 2oo8
Par Black Feminism, il ne faut ps entendre les fémés ‘’noires’’, ms un courant de pensée pol
qui, au sein du fémé, a déf la domination de genre sans jms l’isoler des autres rapports de
pvr, à commencer par le racisme ou le rapport de classe, et qui pouvait comprendre ds les
années 1970, des fémés ‘’chicanas’’, ‘’natives américaines’’, ‘’sino-américaines’’ ou du
‘’Tiers-monde’’ (en note : ttes femmes rentrant ds la catégorie de ‘’colored women’’). Ce pov
donne lieu à des luttes, à une appréhension des rapports de force et à une construction de
l’identité politique et féministe différentes de celles des autres groupes.
Gender Studies : naissent d’un mvt intellectuel et pol visant à remettre en question les idées
tradi sur les rôles de genre ds la société et à explorer les expériences vécues par les individus
en fonction de leur identité de genre. Se dvp aux US à partir des 6os / 7os, en réponse aux mvt
fémé, droits civiques et LGBTQ+. Influencée par la socio, psycho, anthropo, litt, sc pol et
études cultures = approche interdisciplinaire. Moment clé est émergence théorie queer ds les
9os, qui remettait en question les catégories binaires de genre et sexualité.
Critical Race Studies : examine questions de race et racisme ds société, en mettant accent sur
aspects systémiques et structurels de l’opp raciale. Emerge ds les 7os / 8os. Variété de
méthode, mettant en lumière la façon dt le racisme est incorporé ds lois, pol, institutions,
culture dominante. Interroge les façons dt le racisme interagit avec d’autres formes d’opp,
telle que la classe soc, le genre et la sexualité.
Subaltern Studies : se concentre sur les voix et exp des pers et grp qui st svt ignorés ou
slienciés ds les récits historiques tradi (paysans, migrants, femmes, peuples autochtones,
minorités ethniques, religieuses …). Approche critique pr analyse structure de pvr et process
historiques qui ont contribué à la marginalisation des grp subalternes. Ont eu influence
significative ds études postcoloniales et études sur le pvr et la résistance.

Or, ce qui frappe dans le Black Feminism, c’est que nombre d’études ont été entreprises par
des femmes racisées souvent issues de milieux populaires. C’est ce qui leur a permis de
retravailler des concepts comme celui de «conscience dédoublée» (hooks, b. (1981). Ain’t I a
Woman: Black Women and Feminism, Boston, South End Press) pour rendre compte du
point de vue des domestiques noires et de leur double positionnement, de proximité et de
distance, par rapport au pouvoir blanc, et plus généralement de proposer les notions
d’interlocking ou d’intersecting systems et de «matrice de la domination» (Collins P. H.
(1990). Black Feminist Thought – Knowledge, Consciousness, and The Politics of
Empowerment, Boston, Unwin Hyman) pour prendre en compte centralement l’interaction
des systèmes de classe, de race et de sexe.
 bh est issue d’une famille afro-américaine de classe ouvrière : père concierge hôtel et mère
femme de ménage ds familles blanches aisées.
PHC est issues d’une famille afro-américaine de classe moyenne : parents ouvriers, Фère ds
une usine, mère femme au foyer.
 Cs dédoublée : Idée qu’en raison de leur position soc spé, les mb des grps dominés peuvent
dvper une conception de la marge = les rôles et positions soc auxquels ils sont assignés. Les
mb des grps dominés ont aussi une co du centre, connaissances pour partie des règles et
normes qui régissent les rapports des dominants entre eux, et aussi qu’eux-m ont avec les
dominants. Ils interagissent avec les dominants, occupant svt une position invisible, ms
essentielle, ds ce monde.
Privilège épistémique donne double vue : compréhension du fonctionnement rapports ds
monde + compris comme idéologiques = surcroit de lucidité. Mb des grps dominés ont double
co, les mettant ds position fav pr mettre au jour partialité et idéologie des discours dominants.
Les notions d’interlocking ou d’intersecting systems et de «matrice de la domination» : Idée
que les idnviidus st simultanément affectés par plusieurs systèmes d’opp qui se chevauchent
et s’entrecroisent, se renforcent et se complexifient. La matrice de la domination permet de
décrire la manière dt les systèmes interconnectés d’oppression s’org et se reproduisent ds la
société. Elle utilise l’image de la matrice pr rpz les multiples axes d’identité et les relation de
pv qui les traversent.

Ds Black Feminism, l’origine de classe de sexe, soc, ethnique de théoriciennes ont permis
d’avancer la race comme modalité possible d’exp de classe  CR. Expérience de classe à
travers le prisme de la race :
Les théoriciennes du black feminism, telles que bell hooks et Patricia Hill Collins, ont souvent
souligné comment l'expérience de classe des femmes noires est façonnée par leur race. Par
exemple, dans son livre "Black Feminist Thought", Patricia Hill Collins explore comment les
femmes noires issues de milieux populaires sont confrontées à des formes spécifiques de
marginalisation et d'exploitation économique en raison de la discrimination raciale.
Analyse des relations de travail et du capitalisme racial :
Les féministes noires ont également examiné comment les relations de classe sont imbriquées
avec le racisme et d'autres formes d'oppression. Par exemple, Angela Davis, dans son œuvre
"Women, Race, & Class", analyse comment le capitalisme racial exploite les travailleurs
noirs, en particulier les femmes noires, en les soumettant à des conditions de travail précaires
et à des salaires inférieurs, tout en maintenant une structure hiérarchique basée sur la race.

Concept intersect d’abord introduit ds perspective critique juridique et avec objectif tactique
(Crenshaw), puis en tant que théorie de l’articulation des opp (PHC 199o) + origine ds dom
issues de l’histoire de l’esclavage et du racisme aux US. ‘’Le racisme des États-Unis,
comme partout ailleurs, est organisé de manière spécifique, […]il est le fruit d’une
construction historique, sociale et politique particulière’’ (Bacchetta P. et J. Falquet
(2011). « Introduction», Les cahiers du CEDREF en ligne , consulté le 30 mars 2014).
 Crenshaw : comment les femmes noires sont doublement marginalisées par le système
juridique, qui traite souvent le sexisme et le racisme comme des problèmes distincts et isolés.
Dans son article de 1989 intitulé "Demarginalizing the Intersection of Race and Sex: A Black
Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics",
Crenshaw illustre comment les femmes noires sont négligées par les lois antidiscrimination
qui se concentrent sur une seule dimension de leur identité, plutôt que de reconnaître les
intersections de race et de sexe qui façonnent leurs expériences. cas de DeGraffenreid v.
General Motors, dans lequel des femmes noires ont intenté un procès contre General Motors
pour discrimination sexiste dans l'embauche, mais leur cas a été rejeté car l'entreprise avait
embauché des femmes blanches. Crenshaw montre comment le système juridique ignore les
expériences uniques des femmes noires en ne reconnaissant pas l'intersection de race et de
sexe.
PHC : oncept d'intersectionnalité en tant que théorie de l'articulation des oppressions dans son
ouvrage majeur "Black Feminist Thought: Knowledge, Consciousness, and the Politics of
Empowerment" (1990). Elle explore comment les différentes formes d'oppression, telles que
le racisme, le sexisme, et le classisme, sont interconnectées et interagissent pour maintenir les
structures de pouvoir inégalitaires dans la société.

= Configurations différentes de l’oppression, de la lutte et de l’émancipation, historiquement


situées. Si ces configurations sont bien faites de racisme, de colonialisme, de capitalisme et
d’oppression de sexe, ces systèmes relèvent de rapports sociaux qui sont des rapports de force
vivants et fondamentalement dynamiques. Se rejouent et se recomposent, st variables ds
l’espace et le temps = importance de raisonner en termes de rapport soc qui produisent
ces catés plutôt que de partir du triptyque genre, classe, race.

Terme d’intersectionnalité gêne qd renvoie au croisement de catégories (Pour une discussion


sur les conceptions géométriques ou arithmétiques de l’intersectionnalité, cf. Dorlin, E.
(2005). «De l’usage épistémologique et politique des catégories de “sexe” et de “race”
dans les études sur le genre», Cahiers du Genre, no 39, 83-105). C’est utile pr montrer
comme Crenshaw que les femmes noires et pauvres st à l’intersection de plusieurs systèmes
de dom, intersection niée par le système juridique.
S’agit ici de partir des rapports soc constitutifs de ces catégories, et voir cmt leurs
imbrications produisent des grps soc et les recomposent, reconfigurant incessamment les
systèmes de dom et rapports de force. Chgt :
Identité(s)  classe et sujet pol : s’agit ps de cartographier la diversité des identités, ms plutôt
de remontrer aux process de prod des groupes sociaux et des appartenance objectives et
subjectives = reco cmt les identités de race, genre, classe soc st entrelacées et façonnent les
exp et positions pol des individus.
Inégalité(s)  antagonisme, contradiction : plutôt que de prendre pr acquis les rapports de pvr
cristallisés et objectivés, cette approche invite à reconnaître les process dynamiques
d’antagonisme et contradiction qui sous-tendent les inégalités soc. Cela implique de
comprendre comment les différentes formes d'oppression (racisme, sexisme, etc.) se
chevauchent et se renforcent mutuellement, créant des tensions et des contradictions au sein
de la société.
 S’agit de remonter aux process de prod des grp et appartenances objectives et subjectives,
plutôt que de cartographier la diversité des identités et prendre pr obj les rapports de pvr
cristallisés et objectivés ds les têtes et corps. L'approche de la consubstantialité des rapports
sociaux nous pousse à aller au-delà d'une simple analyse des identités individuelles et des
rapports de pouvoir figés, en nous invitant à explorer les dynamiques interconnectées qui
sous-tendent les inégalités sociales et les luttes politiques. Cela nous permet de mieux
comprendre comment les catégories sociales se combinent pour produire des réalités sociales
complexes et en constante évolution.

= Il y a dc distance et proximité entre les 2 termes. Proximité ds l’attitude critique de


l’homogénéisation de l’exp vécue de la femme ET distance entre les contxt de prod de la
critique comme ds la façon de la traduire en pratiques socio. Importance des termes : parler de
catés ou de rapports soc est ps anodin. Catés renvoies à une photo de la société à un
moment donné. Rapports sociaux st mouvant et dynamique. Dès lors, la socio pourra
saisir totalement la complexité, l’ambivalence et les contradictions de la société et des
grps sociaux en pz.

A tel moment et dans tel espace, sur quel(s) rapport(s) social(aux) faire levier pour faire
bouger les rapports de force ? Et si un rapport bouge, cela influe-t-il, et comment, sur les
autres ?
Analyse ici par le taff, pris ds l’acception initiée par le fémé matérialiste, incluant le TD, le
taff de prod d’enfants, le taff militant, et le taff de care.
Définition du travail pour les féministes matérialistes : taff rémunéré effectué sur le marché du
taff, ms aussi TD (tâches ménagères, soins des enfants et pers dpdantes) nn rémunéré et autres
formes de taff invisibilisées ds la société. Composantes essentielles de l’éco capitaliste, car
soutient et reproduit la FT nécessaire au fonctionnement du système éco. Pourtant ce taff est
svt dévalorisé, invisibilisé, car associé au rôle tradi des femmes au foyer. + Femmes st svt
concentrées ds des emplois mal rémunérés et précaires, en raison de normes de genre et de
discriminations sur le marché du taff. Souligne aussi inégalité structurelles.
Care  activités, attitudes et relations qui impliquent le souci, la responsabilité et l’attention
envers autrui. Svt tâches concrètes liées à la prise en charge des besoins physiques et
émotionnels des autres. Ms va au-delà pr englober aussi dimensions émotionnelles,
relationnelles et morales. Dans une perspective féministe, le care est souvent considéré
comme un travail essentiel mais souvent invisible et sous-valorisé, principalement effectué
par les femmes dans le cadre du travail domestique non rémunéré.

II- Analyse matérialiste et centralité du travail


1ère formulation de consubstantialité : Nécessité de sortir du solipsisme masculin (Adrienne
Rich ‘’solipsisme blanc’’ in « White Women : Racism and Sexism », où critique le pov limité
et centré sur soi que certaines femmes blanches ont sur les questions de race et fémé, en
soulignant cmt cela conduit à une ignorance ou minimisation des exp et luttes des femmes de
couleur. Terme solipsisme fait réf à une philo qui considère que seule notre propre cs existe,
niant tte autre réalité) pr comprendre pratiques soc des ouvrières et dynamique
intrinsèquement sexuée et contradictoires des mvts ouvriers.  Un solipsisme masculin
serait une attitude centrée sur soi, caractérisée par l'ignorance ou la minimisation des
expériences, des perspectives et des luttes des femmes. Cette perspective se manifeste par un
manque de reconnaissance des inégalités de genre et des privilèges associés à l'identité
masculine, ainsi que par une focalisation excessive sur les besoins et les intérêts des hommes
au détriment des femmes.
MAIS faut ps pr autant, ds ce taff théorique sur pratiques soc des ouvrières, rester ds une
perspective uniquement sexuée, car cette théorisation est soumise à d’autres rapports soc :
1° rapports soc qui produisent la race (Lada, E. (2005). Quand les marges deviennent
centre. Mise au travail, jeunesses populaires et rapports sociaux (de sexe) dans le secteur
public et associatif, Thèse, Université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines,
Département de sociologie. Lada, E. (2004).  Race n’est ps réalité fixe ou biologique, ms
plutôt produit de rapports soc et historiques. Cette thèse met en évidence cmt les interactions
soc, nt ds le secteur pub et associatif, contribuent à la construction et reprod des catégories
raciales.
2° tenir ensemble contradictions de sexe, classe et race = importance de reconnaître et
comprendre les tensions et contradictions qui existent entre les différents systèmes d’opp.
3° les mettre en relation pr saisir la complexité de ces dynamiques conflictuelles.
// Théories critiques des franges radicales du black feminism.
 hypos des ennemis secondaires doit ê retournée pr lui substituer celle de l’indissociabilité
des rapports de pvr (Bilge 2o1o). L'hypothèse des "ennemis secondaires", développée par la
sociologue féministe Ceren Özselçuk Bilge dans son article intitulé "Intersectionality undone:
Saving intersectionality from feminist intersectionality studies" (2010), propose une
perspective critique sur la manière dont le concept d'intersectionnalité est parfois utilisé dans
les études féministes. Cette hypothèse suggère que dans certains contextes, les femmes
peuvent percevoir d'autres femmes comme des "ennemis secondaires" plutôt que de
reconnaître les véritables structures de pouvoir et d'oppression.
En d'autres termes, au lieu de s'unir contre les systèmes d'oppression tels que le patriarcat, le
racisme ou le capitalisme, certaines femmes peuvent se focaliser sur des différences
secondaires entre elles-mêmes, telles que la classe sociale, l'orientation sexuelle, l'âge, etc., et
percevoir ces différences comme des sources de conflit ou de division. Cette focalisation sur
les "ennemis secondaires" peut affaiblir la solidarité entre les femmes et détourner l'attention
des véritables structures de pouvoir qui les oppriment.
Bilge soutient que cette dynamique peut être exacerbée dans les études féministes qui
adoptent une approche individualiste de l'intersectionnalité, mettant l'accent sur les
expériences individuelles et les identités multiples au détriment d'une analyse plus large des
structures sociales et des relations de pouvoir. Elle appelle à une réflexion critique sur la
manière dont l'intersectionnalité est conceptualisée et mobilisée dans les études féministes,
afin de prévenir la fragmentation du mouvement féministe et de renforcer la solidarité entre
les femmes dans leur lutte contre l'oppression.

MAIS retournement reste insuffisant si on veut dépasser logique de mise en concu des luttes.
Classe semble trop svt oubliée ds intersect. Question de sa place est déjà pz ds débat 7os, ps
encore réglée : question de cmt raccorder la critique post-moderne avec celle du capitalisme.
 Le débat sur le statut de la classe se retrouve, par exemple, au premier plan de la
discussion qu’entretiennent Nancy Fraser et Judith Butler sur la manière de rattacher les
politiques culturelles de reconnaissance aux politiques socialistes de redistribution pour
Fraser (2004), les politiques Queer de subversion des identités sexuelles à la critique
marxiste de la famille, pour Butler (2010).
 Pour Nancy Fraser (référence à Fraser, 2004), la question centrale est de savoir comment
intégrer les politiques culturelles de reconnaissance, qui visent à lutter contre les formes de
marginalisation et de dévalorisation des identités, avec les politiques socialistes de
redistribution, qui visent à réduire les inégalités économiques et à promouvoir la justice
sociale.
En revanche, pour Judith Butler (référence à Butler, 2010), l'accent est mis sur la manière dont
les politiques queer, qui remettent en question les normes et les catégories binaires de genre et
de sexualité, peuvent être articulées avec la critique marxiste de la famille et du système
économique capitaliste.
Au cœur de cette discussion se trouve le statut de la classe sociale et son rôle dans la
compréhension des dynamiques de pouvoir et d'oppression. Fraser met en avant l'importance
de la redistribution économique pour lutter contre les inégalités de classe, tandis que Butler
explore les dimensions de genre et de sexualité à travers une lentille queer.
La classe sociale est ainsi un point de divergence dans ces débats, car elle représente à la fois
une dimension fondamentale de l'oppression dans la société capitaliste et une variable qui
peut être parfois négligée au profit d'autres identités ou axes d'oppression.

On le retrouve également dans les discussions qui animent la gauche française anticapitaliste
aujourd’hui sur les relations entre racisme, colonialité et capitalisme, sur ce que cette gauche
peut ou non « concéder » aux luttes antiracistes et postcoloniales (Khiari, S. (2011). « Les
mystères de l’“articulation races-classes ”, en ligne http://indigenes-republique.fr/les-
mysteres-de-l-articulation-races-classes/, consulté le 24 mars 2014 ; Bouamama S.
(2007). « La coloration tendancielle des classes sociales et sa traduction politique »,
Empan, n° 67, 36-40).
 La question centrale est de savoir dans quelle mesure la gauche anticapitaliste est prête à
intégrer les revendications et les luttes des mouvements antiracistes et postcoloniaux dans son
programme politique. Cela peut impliquer de reconnaître la spécificité des luttes contre le
racisme et la colonialité, ainsi que de prendre en compte les expériences et les perspectives
des personnes racisées et des anciennes colonies.
 Le texte de S. Khiari, intitulé "Les mystères de l’'articulation races-classes'", aborde ces
questions en explorant la manière dont les systèmes de race et de classe s'articulent dans la
société française contemporaine. Il interroge les limites de l'analyse classiste traditionnelle
pour comprendre les expériences des personnes racisées et propose une réflexion sur la
nécessité de reconnaître et d'intégrer les luttes antiracistes dans la lutte plus large contre le
capitalisme.
Le texte de S. Bouamama, intitulé "La coloration tendancielle des classes sociales et sa
traduction politique", explore quant à lui les implications politiques de la dimension raciale de
la structure de classe en France. Il met en lumière comment les inégalités raciales et les
formes de discrimination impactent la composition et les revendications des classes sociales,
ainsi que les stratégies politiques nécessaires pour articuler les luttes antiracistes et
anticapitalistes.

Que s’agit-il d’articuler exactement et avec quoi ? Comment définir, expliquer et théoriser les
différentes oppressions ? Sur quelle théorie du pouvoir et de l’émancipation s’appuyer ? Or
sur ces questions, l’analyse en termes de consubstantialité se démarque d’autres modélisations
en ce qu’elle renferme une conceptualisation matérialiste des oppressions « non capitalistes »
de sexe et de race.
Consubstantialité s’appuie sur analyses fémés matérialistes qui ont démontrés que
- Le taff gratuit est un taff exploité (Delphy) = autres figures exploitées que celle du taffeur
salarié  Delphy souligne que le travail domestique non rémunéré, tel que les soins aux
enfants, les tâches ménagères et le soutien émotionnel, constitue une contribution essentielle à
l'économie capitaliste, car il soutient et reproduit la force de travail nécessaire au
fonctionnement du système économique. Dans son ouvrage "L'ennemi principal", Delphy
analyse en profondeur le concept de travail domestique non rémunéré et met en évidence
comment il contribue à la reproduction des inégalités de genre et de classe dans la société.
Elle montre comment les femmes, en raison de leur assignation traditionnelle aux rôles
domestiques, sont contraintes de fournir un travail gratuit qui bénéficie au capital et aux
hommes, sans reconnaissance ni rémunération adéquate.
- Exploitation n’est ps réductible aux rapports de classe, car rapports soc de sexe et race
constituent des modes spé d’exploitation et d’appropriation, st au fondement de l’idée de
nature et des systèmes de marquage sexe et race (Guillaumin, C. (1978a). «Pratiques du
pouvoir et idée de Nature. (I) L’appropriation des femmes », Questions féministes, no 2,
5-30. Guillaumin, C. (1978b). «Pratiques du pouvoir et idée de Nature. (II) Le discours
de la Nature», Questions féministes, no 3, 5-20 ; Guillaumin, C. (2002), L’idéologie raciste
: genèse et langage actuel).
 Dans la première partie, intitulée "L’appropriation des femmes", Guillaumin analyse
comment les femmes sont socialement et historiquement appropriées en tant que propriété
masculine. Elle met en lumière les mécanismes complexes de cette appropriation, démontrant
comment les femmes sont réduites à un statut d'objet, soumises à l'autorité masculine et
utilisées comme moyen de reproduction et de travail non rémunéré. Guillaumin remonte aux
origines de la société patriarcale pour examiner les racines historiques de cette appropriation
des femmes.
La seconde partie, intitulée "Le discours de la Nature", se concentre sur l'utilisation du
discours sur la nature pour légitimer les inégalités sociales, en particulier celles basées sur le
genre et la race. Guillaumin analyse comment les discours sur la nature sont construits et
utilisés pour naturaliser les différences sociales, renforçant ainsi les hiérarchies de pouvoir
existantes. Elle explore les implications de cette naturalisation dans la reproduction des
systèmes d'oppression et la justification des privilèges des groupes dominants.

Analyse en termes de rapport soc s’empare de la critique éco pol pr expliquer la formation des
classes de sexe et de race. Ces classes ne peuvent ê dissociées des divisions sexuelles et
raciales du taff (TD et salarié). Cela permet alors à ces divisions de prendre le statut de
divisions proprement sociales, politiques et non plus naturelles du travail : le statut de
rapports de production.
On peut ainsi envisager les rapports soc à égalité et leur consubstantialité. Chacun d’entre eux
constitue un rapport de dom symbolique, d’opp physique et d’exploitation matérielle
(Dunezat, X. (2004). Chômage et action collective. Luttes dans la lutte. Mouvements de
chômeurs et chômeuses de 1997-1998 en Bretagne et rapports sociaux de sexe) qui, sur ses
propres bases idéelles et mat, contribue à configurer les autres.
 Relations réciproques de co-construction.
 Dans cet ouvrage, Dunezat explore comment le chômage, en tant que phénomène social,
affecte différemment les hommes et les femmes, et comment ces différences de genre se
manifestent dans les formes d'action collective adoptées par les mouvements de chômeurs.
L'analyse de Dunezat révèle que les mouvements de chômeurs et chômeuses ne se contentent
pas de lutter contre le chômage en tant que tel, mais qu'ils sont également des espaces où se
rejouent et se redéfinissent les rapports sociaux de sexe.
Une citation clé de l'ouvrage pourrait être : "Les mouvements de chômeurs et chômeuses ne
se contentent pas de contester le chômage, mais deviennent des arènes où se débattent et se
réarticulent les dynamiques de genre et de pouvoir."
Domination symbolique : Les rapports de domination symboliques se réfèrent aux normes
culturelles, aux représentations sociales et aux discours qui hiérarchisent et dévalorisent
certains groupes sociaux, en l'occurrence les chômeurs et chômeuses. Ces normes et
représentations perpétuent des stéréotypes négatifs sur les chômeurs, les stigmatisant comme
des "fainéants" ou des "assistés", ce qui contribue à leur marginalisation et à leur exclusion
sociale. Les chômeurs et chômeuses sont ainsi symboliquement dominés par une vision
dépréciative de leur statut, ce qui affecte leur estime de soi et leur capacité à revendiquer leurs
droits.
Oppression physique : L'oppression physique se réfère aux formes de violence, de contrainte
ou de répression exercées sur les chômeurs et chômeuses dans leur quotidien. Cela peut
inclure des pratiques discriminatoires dans l'accès à l'emploi, des conditions de travail
précaires et des politiques d'austérité qui impactent de manière disproportionnée les
populations les plus vulnérables, y compris les chômeurs et chômeuses. Ces formes
d'oppression physique se traduisent par une privation de droits, de ressources et de possibilités
pour les individus touchés, contribuant ainsi à leur précarisation et à leur marginalisation
sociale.
Exploitation matérielle : L'exploitation matérielle renvoie à l'appropriation et à l'utilisation du
travail et des ressources des chômeurs et chômeuses sans leur consentement et sans une juste
rémunération. Dans le contexte du chômage, cela peut se manifester par des politiques
économiques néolibérales qui favorisent la flexibilité du marché du travail au détriment des
droits des travailleurs et travailleuses, entraînant des conditions de travail précaires, des bas
salaires et un manque de sécurité sociale pour les chômeurs et chômeuses. Cette exploitation
matérielle contribue à perpétuer les inégalités économiques et sociales en concentrant le
pouvoir et les richesses entre les mains des élites économiques et politiques.

Pas plus que les mouvements ouvriers, postcoloniaux et antiracistes, les féministes ne peuvent
s’appuyer, compter ou tabler sur l’existence d’un rapport collectif – déjà présent – au travail,
pas même au travail gratuit, ménager, de care ou soi-disant reproductif seulement et
typiquement féminin. Ce rapport subversif reste à tout moment à construire.
Pour autant, ne faut délaisser le raisonnement en termes de classe(s), et l’enjeu que constitue
l’organisation du taff, ♡ du prb des solidarités fémé ds le contxt actuel. De ce pov, intersect
dématérialisent le sexe et la race, les réduisant à l’état de discours. Ns ramènent à une
compréhension antéféministe de l’éco, du taff et de l’exploitation qui pourrait bien
hypothéquer le projet de décolonisation du fémé.

 Travaux fémé qui poursuivent la critique de la mondialisation néolibérale. Montrent que la


prolétarisation de la main-d’œuvre au sens marxiste n’a ps vrm lieu comme (Falquet, J.
(2009). «La règle du jeu. Repenser la co-formation des rapports sociaux de sexe, de
classe et de “race” dans la mondialisation néolibérale », dans Elsa Dorlin (sous la dir.),
Sexe, race, classe. Pour une épistémologie de la domination, Paris, PUF, coll. Actuel Marx
confrontation, 71-90). Elle constate que des modes d’exploitation ou d’appropriation du taff
d’autrui supposément précapitalistes, des rapports de dpdance perso, nn slt subsistent, ms
participent à expliquer ce qui se joue actuellement où l’on voit se dvper des formes hybrides
d’exploitation, soit des relations de taff ds lesquelles le taff n’est ni tt à fait gratuit, ni
pleinement salarié et prolétaire.
 Elle remet en question l'idée selon laquelle la prolétarisation de la main-d’œuvre, au sens
marxiste traditionnel, se produit de manière uniforme dans ce contexte. Falquet observe plutôt
l'émergence de formes hybrides d'exploitation, où les rapports sociaux de sexe, de classe et de
"race" interagissent de manière complexe.
Un exemple pertinent issu de cet ouvrage pourrait être celui des travailleurs et travailleuses
migrants dans l'industrie agricole en Europe. Ces travailleurs et travailleuses sont souvent
employés dans des conditions précaires, avec des salaires bas et des heures de travail longues
et difficiles. Dans ce contexte, on observe une forme hybride d'exploitation où le travail n'est
ni totalement gratuit ni entièrement salarié et prolétaire.
D'une part, ces travailleurs et travailleuses migrants sont exploités économiquement, leurs
salaires étant souvent insuffisants pour subvenir à leurs besoins de base. Ils sont contraints
d'accepter des conditions de travail précaires en raison de leur statut migratoire et de leur
vulnérabilité économique.
D'autre part, les travailleurs et travailleuses migrants peuvent également faire l'objet de
discriminations et de violences basées sur leur origine ethnique ou raciale. Ils peuvent être
traités de manière injuste sur le lieu de travail, subissant des conditions de travail dangereuses
et des formes de harcèlement ou d'exploitation.
Ce cas exemplifie comment les formes hybrides d'exploitation émergent dans le contexte de la
mondialisation néolibérale, où les rapports sociaux de sexe, de classe et de "race"
interagissent pour façonner les dynamiques de travail et d'exploitation. En analysant ces
phénomènes à travers une perspective intersectionnelle, on peut mieux comprendre les
complexités des relations de pouvoir et des inégalités qui caractérisent les économies
contemporaines.

Secteur de la domesticité : figure du taffeur salarié blanc libre de vendre sa FT n’épuise ps la


réalité.  Evelyn Nakano Glenn (Forced to Care: Coercion and Caregiving in America, et
«Le travail forcé: citoyenneté, obligation statutaire et assignation des femmes au care », dans
Pascale Molinier, Sandra Laugier et Patricia Paperman, Qu’est-ce que le care? Souci des
autres, sensibilité, responsabilité).
Le cas des travailleuses domestiques philippines soumises au programme canadien
d’immigration des aides familiales résidantes (PAFR) qui s’organisent – notamment – contre
l’obligation de résidence (dans PINAY Organisation des femmes philippines) est exemplaire
sur ce point. Plus précisément, les conditions de travail et de lutte dans lesquelles elles sont
prises semblent exemplaires des « formes transitionnelles d’exploitation » qui se situent entre
«appropriation physique» et «accaparement de la force de travail », mises en évidence par
Colette Guillaumin (Guillaumin, C. (1978a). «Pratiques du pouvoir et idée de Nature. (I)
L’appropriation des femmes », Questions féministes, no 2, 5-30).
 Ces travailleuses sont engagées pour fournir des services domestiques aux familles
canadiennes, mais sont souvent confrontées à des conditions de travail précaires et à des
exigences draconiennes, telles que l'obligation de résider chez leur employeur.

 L'expression "formes transitionnelles d’exploitation" utilisée par Colette Guillaumin fait


référence à des modes d'exploitation du travail qui se situent entre deux extrêmes :
l'appropriation physique et l'accaparement de la force de travail.
Appropriation physique : Il s'agit d'une forme d'exploitation où le contrôle sur le corps de
l'individu est directement exercé par une autre personne ou un groupe. Par exemple,
l'esclavage est un exemple classique d'appropriation physique, où les esclaves sont considérés
comme la propriété de leur maître et sont soumis à un contrôle absolu sur leur corps et leur
travail.
Accaparement de la force de travail : C'est une forme d'exploitation où le travailleur vend sa
force de travail à un employeur en échange d'un salaire. Dans ce cas, l'exploitation se produit
à travers l'extraction de la plus-value du travail, c'est-à-dire la différence entre la valeur créée
par le travailleur et le salaire qu'il reçoit en retour.
Entre ces deux extrêmes, Guillaumin identifie des formes d'exploitation qui ne correspondent
pas parfaitement à ces catégories dichotomiques. Ces "formes transitionnelles d’exploitation"
se caractérisent par des arrangements sociaux où le travailleur n'est ni totalement assujetti à un
contrôle physique absolu, comme dans l'esclavage, ni complètement libre de vendre sa force
de travail sur un marché du travail concurrentiel.
Un exemple souvent cité est celui du travail domestique non rémunéré effectué par les
femmes. Bien que ces femmes ne soient pas physiquement détenues par un employeur comme
dans l'esclavage, elles sont néanmoins soumises à des obligations domestiques et de soins qui
ne sont pas rémunérées et qui sont souvent considérées comme relevant de leur "nature" ou de
leur "devoir" en tant que femmes. Cela constitue une forme d'exploitation où la force de
travail des femmes est accaparée sans compensation équitable.

D'une part, ces travailleuses sont exploitées économiquement, car elles sont souvent
rémunérées de manière insuffisante pour les tâches qu'elles effectuent. Leur statut d'immigrant
précaire les rend vulnérables à l'exploitation, avec peu de recours légaux pour protéger leurs
droits.
D'autre part, ces travailleuses sont également soumises à des formes d'oppression physique,
notamment par le biais de l'obligation de résidence chez leur employeur. Cette condition les
place dans une position de dépendance et de vulnérabilité, où elles sont souvent isolées et
dépourvues de soutien social.
La lutte des travailleuses domestiques philippines contre l'obligation de résidence, organisée
notamment par l'organisation PINAY des femmes philippines, met en lumière ces formes
hybrides d'exploitation. Ces travailleuses se trouvent prises dans une situation où leur travail
est à la fois physiquement approprié par leur employeur et où leur force de travail est
accaparée pour répondre aux besoins domestiques des familles canadiennes.

Si l’on s’en tient au contrat de travail des « aides familiales résidantes » (AFR) et qu’on le
compare au contrat de mariage examiné par Colette Guillaumin (1978a), il apparaît que dans
le cas des travailleuses domestiques résidantes, l’appropriation du temps travaillé n’est pas
totale puisque leur contrat prévoit des limites au temps appropriable, exprimées sous forme
horaire et sous forme monétaire.
 Colette Guillaumin, dans ses travaux sur l'oppression des femmes, examine le mariage
comme une institution sociale où les femmes sont souvent réduites à un statut d'objet,
économiquement et socialement dépendantes de leur mari. Elle analyse comment le mariage,
en tant que contrat social, sert à la fois à l'appropriation physique des femmes et à
l'accaparement de leur force de travail non rémunéré, principalement dans le cadre des tâches
domestiques et de soins.
Dans le cas des travailleuses domestiques philippines sous le programme PAFR, on observe
des dynamiques similaires où les travailleuses sont soumises à un contrat de travail qui les
place dans une position de dépendance et de vulnérabilité vis-à-vis de leurs employeurs.
Comme dans le mariage, ces contrats de travail impliquent souvent une appropriation
physique des travailleuses, car elles sont obligées de résider chez leur employeur, ainsi qu'un
accaparement de leur force de travail pour répondre aux besoins domestiques des familles
canadiennes.

Contrairement au travail de l’épouse qui ne fait l’objet d’aucune mesure et d’aucune


limitation, celui de l’AFR est encadré, sur papier. Le contrat institue un temps de travail et un
temps de liberté (fêtes, jours de repos, etc.). Néanmoins, cette disposition ne suffit pas à
garantir que les travailleuses possèdent et disposent de leur FT comme c’est le cas du
travailleur salarié. L’obligation de résider au travail vient au contraire annuler la délimitation
du temps de travail appropriable prévue au contrat en introduisant, au moins virtuellement, la
mise à disposition de la FT selon les besoins horaires de l’employeur.e. Cette assignation à
résidence peut en effet se lire comme l’un des moyens d’organiser de manière optimale la
disponibilité de la FT pour la période de résidence. Elle assure l’exposition permanente de la
«machine-à-force-de-travail » (Guillaumin, 1978) au travail à faire et pour l’employeur.e, la
possibilité toujours ouverte de faire faire du travail.
 Dans son ouvrage "Pratiques du pouvoir et idée de Nature", Colette Guillaumin introduit le
concept de la "machine-à-force-de-travail" pour décrire le fonctionnement de la société
patriarcale et capitaliste. Cette expression est utilisée par Guillaumin pour illustrer comment
les rapports sociaux de sexe et de classe sont intrinsèquement liés à l'exploitation économique
des femmes.
Lorsque Guillaumin parle de la "machine-à-force-de-travail", elle fait référence à un système
social où les femmes sont utilisées comme une source de travail non rémunéré et subordonné,
essentiel pour le fonctionnement de la société dans son ensemble. Dans ce système, les
femmes sont exploitées à la fois en tant que productrices de biens et de services (travail
domestique, soins aux enfants et aux personnes âgées, etc.) et en tant que reproductrices de la
main-d’œuvre future.
Cette expression met en lumière la manière dont le travail des femmes est souvent invisibilisé,
dévalorisé et subordonné à celui des hommes, malgré sa contribution essentielle à la
reproduction sociale et économique. Guillaumin souligne ainsi comment les rapports sociaux
de sexe sont intrinsèquement liés à la logique de l'exploitation capitaliste, où le travail des
femmes est utilisé pour soutenir et perpétuer le système de domination patriarcale et
capitaliste.

Combat de ces travailleuses ne s’attaque ps qu’au capitalisme, mm si on y intègre la violence


des normes ou des idéologies racistes et de genre. La théorie du sexage et l’hypo de ses
recompos sous l’effet de réorganisations inter du taff semble heuristique.
 Le sexage ne se limite pas simplement à la différence biologique entre les hommes et les
femmes, mais constitue un système de pouvoir social qui organise et hiérarchise les relations
entre les sexes. Elle soutient que le sexage est un processus socialement construit, qui repose
sur des normes culturelles, des représentations symboliques et des institutions sociales qui
façonnent les rôles, les comportements et les opportunités des individus en fonction de leur
sexe.
De même, si les pratiques revendicatives des militantes de PINAY révèlent, en négatif,
l’insuffisance des stratégies féministes fondées sur une compréhension resserrée du travail et
de l’exploitation, elles témoignent, en positif, de l’actualité de la critique féministe
matérialiste.
 Insuffisance des stratégies féministes traditionnelles :
Les stratégies féministes traditionnelles se concentrent souvent principalement sur la lutte
pour l'égalité des salaires et l'accès des femmes aux emplois traditionnellement masculins.
Cependant, ces approches peuvent négliger le travail domestique non rémunéré et d'autres
formes de travail invisible et sous-valorisé effectué par les femmes, qui contribuent de
manière significative à l'économie et à la reproduction sociale. Par conséquent, en se limitant
à une compréhension étroite du travail et de l'exploitation, ces stratégies ne parviennent pas à
prendre en compte toutes les dimensions de l'oppression vécue par les femmes dans la société.
Limitation de la perspective marxiste :
Les approches féministes qui s'appuient exclusivement sur une analyse marxiste de
l'exploitation économique peuvent négliger l'importance des rapports sociaux de sexe et de
race dans la détermination des expériences des femmes. Alors que le marxisme met l'accent
sur la division de la société en classes économiques antagonistes, il peut sous-estimer d'autres
formes d'oppression et de domination, telles que le patriarcat et le racisme. Par conséquent,
une compréhension strictement économique du travail et de l'exploitation peut ne pas refléter
pleinement la réalité des femmes, en particulier des femmes marginalisées et racisées, dont les
expériences sont façonnées par une intersection complexe de facteurs sociaux.

= Faut repartir de ces prémisses et rompre avec tendance à dématérialiser genre et race, càd à
nier leurs enjeux matériels, à commencer par les bénef qui en st retirés. Or, c’est ce qui arrive
qd genre et race sont réduits à leurs faces idéelles ou à leurs dimensions normatives. Les
modes spécifiques d’exploitation ou de dépossession qui sont ceux du sexage, de l’esclavage
et du salariat, comme les formes « transitionnelles » qui se déploient actuellement,
disparaissent alors du champ de vision, non seulement de l’analyse des mécanismes par
lesquels se (re)produisent le sexe et la race, mais aussi de la critique du capitalisme et de la
mondialisation.

En 2010, Danièle Juteau écrivait : Si on ne peut que se réjouir de l’ouverture en France aux
problématiques des féministes anglophones minoritaires, à leur analyse des rapports
postcoloniaux et des oppositions qui en résultent […] il serait regrettable que dans ce
nouveau dialogue, on abandonne ce qu’on a pour recueillir ce qu’on n’a pas (« “Nous” les
femmes : sur l’indissociable homogénéité et hétérogénéité de la catégorie », L’Homme et la
société, vol. 2, no 176-177, 65-81. Juteau, D. (2006). «Forbidding Ethnicities in French
Sociological Thought», Mobili). Elle pointait alors le risque d’abandon de la théorisation
matérialiste des rapports de sexe en particulier.
 Théorisation matérialiste des rapports sociaux de sexe et de race est d’actualité. Aussi,
l’exemple de PINAY n’a pas été choisi au hasard. En s’attaquant au cœur même du complexe
d’exploitation, il présente des pistes cruciales pour renouveler la réflexion sur l’émancipation.
Tout comme les ouvrières françaises des années 1970 constituaient tout autre chose que cet «
archéo-prolétariat » auquel on se plaisait à les réduire avec condescendance, les travailleuses
de PINAY ne mènent pas des combats d’arrière-garde (quel que soit le front envisagé), mais
s’attaquent au contraire aux formes de recompositions les plus avancées du salariat, du
sexage, de l’esclavage et de leur imbrication. Leurs luttes ne sont donc en rien passéistes.
Elles s’inscrivent au contraire résolument dans la modernité. Reste que pour saisir
l’importance de cette contestation, il est nécessaire d’adopter un appareillage théorique qui
donne à voir l’épaisseur des enjeux qu’elles soulèvent. Et c’est en ce sens que l’analyse
féministe matérialiste offre selon nous des outils puissants et tjrs actuels, parmi lesquels la
consubstantialité.
 L'organisation PINAY, qui lutte contre l'obligation de résidence imposée aux travailleuses
migrantes sous le programme canadien d’immigration des aides familiales résidantes (PAFR),
est choisie comme exemple significatif. Cette organisation représente un exemple concret de
lutte contre les formes contemporaines d'exploitation et d'oppression, en mettant en lumière
les intersections entre le travail, le sexe, la race et la migration. En s'attaquant aux injustices
structurelles au cœur même du système d'exploitation, PINAY offre des pistes cruciales pour
repenser les stratégies d'émancipation et de transformation sociale.

Questions :
Est-ce que le concept d’intersectionnalité nie tout héritage marxien ?
Il semblerait que l’article, plus que de défendre le terme de consubstantialité plutôt que
d’intersectionnalité, mettent en avant l’importance et la nécessité d’un féminisme matérialiste.

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