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(TUO KOUNIGUE L1.

DROIT)

SUJET 1 : L’ORGANISATION POLITIQUE DES SOCIETES


AFRICAINES EST- ELLE EXCLUSIVE D’UNE AUTORITE
POLITIQUE CENTRALISEE ?

Les principales bases de différenciation entre les sociétés restent la manière dont
s’exerce le pouvoir politique dans les sociétés africaines. Cependant, les sociétés africaines
originelles, dans leurs aspects politiques ont subi des influences notables, dans le moyen âge,
à partir de leur rencontre avec les populations méditerranéennes, notamment arabes et
occidentales. Les caractéristiques et l’organisation des institutions politiques traditionnelles
laissent présager quelles se concentrent autour d’un individu qui tend à confisquer l’exercice
du pouvoir politique. Pour mieux comprendre cette vision nous étudierons les institutions
politiques traditionnelles africaines définissant l’organisation des sociétés anétatiques( I) et
des sociétés à pouvoir politique institutionalisé. (II)

I/ LES SOCIETES ANETATIQUES


Elles sont essentiellement caractérisées par l’absence d’un pouvoir centralisé, mais
aussi par l’existence de mécanismes qui permettent d’assurer la permanence du groupe. Elles
reposent sur des mécanismes de régulation politique et sur l’intervention d’organes
particuliers.
Para I : les mécanismes de régulation politique
A- L’existence de mécanismes institutionnalisés de cohésion sociale

Ici, l’ordre social est défini par une place et un rôle déterminé pour chaque individu ou
sous-groupe de la communauté. La cohésion politique du groupe repose sur cet ordre ainsi
établi ; c’est-à-dire le respect par chacun de ses devoirs. Par conséquent, la soumission à cet
ordre induit le principe de réciprocité : chacun en accomplissant ses devoirs, oblige autrui à
se conformer aux siens. Des sanctions sont prévues en cas de non observation de ces
prescriptions.
B- Les sanctions contre les transgressions de l’ordre établi

Elles peuvent consister en sanctions satiriques : des railleries, surtout pour des groupes
sociaux où l’honneur constitue une valeur cardinale. Elles peuvent constituer une menace de
mise en quarantaine ou d’ostracisme. Dans certains cas, en présence par exemple d’un
sorcier ou d’un voleur incorrigible, des mises à mort sont exécutées par le groupe tout entier.
Ici l’usage de la force s’exerce en dernier recours, souvent rarement, car, la cohésion est
renforcée par les croyances communes, les rites et rituels dont la violation voit la mise en
place de pressions diffuses dans le groupe.

Para II : les organes d’intervention.


Ils sont divers et exercent une autorité sur l’activité des individus. Il s’agir de la famille,
d’une confrérie, d’une classe d’âge ou des individus a prestige.
A- Le groupe de la parenté et des individus à prestige.

Deux cas de figures se perçoivent en la matière : soit le système politique peut se confondre
avec l’organisation de la parenté, soit la parenté reste étrangère à l’organisation politique.
1- Le rôle théorique de la parenté

La parenté situe l’individu dans la société politique.


Ainsi, chaque individu appartient à un groupe particulier en fonction de l’ancêtre dont il est
le descendant. Il en résulte un lignage, un clan puis une tribu.
Le lignage représente les descendants d’un même ancêtre réel. Dans ce cas, l’individu ne
constitue qu’un maillon de la chaine de descendance.
Le clan représente les groupes lignagers qui ont ensemble un ancêtre lointain commun. Enfin
l’ensemble des clans forment la tribu. L’unité de la tribu repose sur la conscience qu’ont les
individus d’appartenir à une cellule ethnique caractérisée par un nom collectif, parlant un
même dialecte pratiquant la même coutume.
Le plus ancien des descendants de l’ancêtre vivant est le patriarche. Ces organisations
sociales sont souvent supposées fonctionner sur le principe de la gérontocratie.
2- La parenté et les réalités politiques
Le lignage fondement de l’unité politique
Le lignage correspond à la cellule de base de ces groupes. Cela, parce qu’appartenant à un
même ancêtre, tous les membres du lignage sont solidaires, dans le travail, les contributions,
l’aide économique ou judiciaire. C’est le cas des bochiman en Afrique du sud et des pygmées
au Congo.
L’équilibre entre lignage, armature essentielle
La stabilité au sein des tribus est réalisée par une série de croisement qui place les groupes
en opposition équilibrée. C’est le cas des Nuer au soudan.
Ici, d’une part, les autorités familiales et chaque famille mène ses affaires à sa guise ; d’autre
part, pour maintenir l’ordre, interviennent certains individus à prestige sans grands pouvoirs,
sinon des pouvoirs moraux. Le chef à peau de léopard autant que le possesseur de la lance
font office d’autorité morale.
La variété des individus à prestige, symbole d’une nouvelle unité
Les sociétés à pouvoir politique diffus ne sont pas rares et laissent apparaitre
l’émergence d’un chef telles que chez les Tetela dans le nord Kassaï où l’ainé chef nominal,
reste la réplique de l’ancêtre fondateur. Il joue le rôle de chef politique. Chez les dogons au
mali, le rôle de commandement est joué par un conseil de vieillard qui prennent les décisions
intéressant les affaires publiques sous la surveillance d’un grand prêtre maître du feu et du
soleil.
Par contre, dans d’autres sociétés à pouvoirs diffus, la souveraineté est symbolisée par une
quantité de chefs spécialisés dans des activités sociales précises. Le chef de terre, le chef de
la brousse, le chef de la pluie…. Dans l’Ouest de la cote d’ivoire, l’on peut citer le Bagnon, le
doubehi, kalegnon.
B- Les associations
1- Les sociétés de masques

Les sociétés de masques sont des groupements sélectifs propageant une instruction
religieuse ou sociale. Certains membres ne franchissent pas le premier degré, mais les initiés
portant masque prennent des décisions importantes, sous l’autorité d’un grand initié, choisi
et surveillé par les anciens.
Ces sociétés ont des buts utilitaires, religieux, ludiques, avec un rôle politique souvent
essentiel autant que des fonctions juridiques. Elles peuvent ainsi sur certains points, pallier
l’inefficacité des sanctions coercitives.
2- Les classes d’âge

Les classes d’âge peuvent avoir un rôle plus important. Ici, chaque individu appartient dès
son initiation à une classe et franchit par étapes périodique la frontière qui le sépare de la
classe suivante. Elles peuvent jouer un rôle essentiel, rituel et économique, voir même
constituer l’armature même de la société politique.
Dans l’ensemble, les membres d’une classe sont liés entre eux par des droits et des devoirs
mutuels et chaque classe avance en grade en même temps et par bonds. La cohésion et a
répartition des fonctions sont les deux intérêts d’un tel système. Souvent, ces classes d’âge
acceptent l’intervention de certains hommes âgés. Il peut arriver aussi qu’elles développent
en leur sein des sociétés sécrètes.
En côte d’Ivoire l’exemple des Ebriés et des Adjoukrou constituent des cas illustratifs.

II /LES SOCIETES A POUVOIR POLITIQUE INSTITUTIONNALISE


Dans ces sociétés, le pouvoir politique est différencié des autres pouvoirs. Il se
concrétise dans des individus et plus particulièrement dans un personnage central. Il ne se
contente pas de symboliser l’unité, il tend à confisquer l’exercice du pouvoir politique, à
monopoliser les moyens de coercition, peut-être même à développer les structures
d’encadrement de la société.
la classification des sociétés à pouvoir politique institutionnalisé
a) Les chefferies

Cellule politique de moindre envergure, la chefferie peut se définir sur la base d’un certain
nombre de critères.
- Elle rassemble quelques lignages dans un seul village ou regroupe quelques villages sur un
territoire généralement réduit et peu structuré.
- Ce village se regroupe autour d’une famille prédominante au sein de laquelle sera choisi un
chef. Ici, un lignage est privilégié, celui de la dynastie régnante. Il joue plus un rôle de
régulation social plutôt que d’exercer un pouvoir qui pèse sur les populations.
- Le chef n’a pas à sa disposition les puissants moyens de coercition qui caractérisent les
royaumes et notamment une organisation administrative structurée. La chefferie ne dépasse
pas le territoire qu’un chef peut administrer personnellement avec l’aide de ses proches.

b) Les cités-États

La différence est délicate à établir entre la chefferie et la cité-État. Dans son étendue la
cite-État s’organise autour d’une capitale, tout en s’étendant à la campagne environnante et
est indépendante des cités voisines sauf si elle décide de se soumettre à l’une d’entre elles.
Elle regroupe des ethnies diverses et créé des liens qui se substituent à ceux d’une parenté
réelle.
Ainsi, la ville donnera son nom aux habitants qui pour se reconnaitre adjoignent à ce nom
celui de leur quartier, aucun ne possédant d’appellation propre à une famille ou à un groupe
plus large de parents. Le chef de même adjoindra à son nom, celui de son prédécesseur et
évoquera moins l’ancienneté de sa dynastie que celle de l’institution elle-même (la
chefferie). L’institution est ainsi dépersonnalisée et mise à l’écart de toute prédominance
familiale ou lignagère. Exemple de l’ashanti kotoko.

c) Les royaumes

La compréhension de la royauté est relative et se confond dans une certaine mesure aux
formes d’organisation politiques étudiées précédemment. Toutefois quelques critères
peuvent être évoqués :
- Le royaume regroupe plusieurs tribus ou même plusieurs ethnies. Il va au-delà de la famille
large ou d’une association de lignages.
- Le royaume dispose d’une administration appréhendant l’ensemble du pays et qui assure à
des degrés divers la gestion de l’État, le roi devant par conséquent déléguer ses prérogatives
à des fonctionnaires qui les exercent en son nom.
- Enfin, il dispose d’une autorité centrale très forte et de moyens de coercition. De même,
peut-on dire qu’il établit au sein de la population des relations d’obéissance, une distinction
entre gouvernant et gouvernés.
I.
L’ARCHITECTURE CONSTITUTIONNELLE DE L’ETAT AFRICAIN

Les sociétés Étatiques africaines apparaissent presque toujours comme des sociétés
monarchiques.
a) Le roi
- La personne du roi

Le roi est partie intégrante de la communauté qu’il dirige. Mais en même temps, il est
d’essence divine, il représente les ancêtres, le passé (de la communauté) et sa gloire (son
futur). Il concentre en sa personne, l’ensemble des forces magiques du pays. En somme, il est
« le parent, l’homologue, le médiateur des Dieux ». Ses relations avec le sacré, sont
inséparables de son autorité politique ».De lui dépendent la prospérité du groupe et la
bonne marche de l’univers. De nombreux exemples sur les conceptions relatives au roi
peuvent être retrouvées dans chez les djoukoum du Nigéria, chez les rois de porto novo, dans
le royaume de monomotapa…etc. Ainsi, pour garder intactes les forces favorables au roi, sa
personne doit être entourée d’interdits et de prescriptions. Il ne doit pas par exemple
apparaitre ou prendre la parole souvent en public.
b) L’étendue du pouvoir royal

Le roi qui symbolise la société politique et l’intermédiaire nécessaire entre les


hommes et les divinités est au sommet de l’édifice gouvernemental. Il est l’Etat et par là,
jouit d’important pouvoirs, tant dans le domaine religieux que temporel. Il est évident que, la
conception même de son pouvoir favorise tout naturellement sa puissance au point que dans
certaines sociétés, elle soit rendue absolue et arbitraire.
Mais des mécanismes existent pour limiter le pouvoir du roi voir le soumettre à un
contrôle.
CONCLUSION
Retenons que cette compréhension de la dynamique des institutions politiques africaines
nous ramène à cette Afrique des peuplades et des grands empires bien avant sa rencontre
avec des navigateurs occidentaux et commerçant arabes dans le moyen âge. Il s’agissait
d’une Afrique religieuse à l’organisation sociale et politique bien particulière qui reposait sur
deux sociétés : une anétatique et une a pouvoir politique institutionnalisé où l’organisation
politique est exclusive dune autorité centralisée.

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