Chap 6

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1ère- Chapitre 3 de science économique : Quelles sont les principales défaillances du marché ?

Objectifs d’apprentissage :
- Comprendre que le marché est défaillant en présence d’externalités et être capable de l’illustrer par un exemple
(notamment celui de la pollution).
- Comprendre que le marché est défaillant en présence de biens communs et de biens collectifs, et être capable de
l’illustrer par des exemples.
- Connaître les deux principales formes d’information asymétrique, la sélection adverse et l’aléa moral, et être capable
de les illustrer par des exemples (notamment celui des voitures d’occasion pour la sélection adverse et de l’assurance
pour l’aléa moral).
- Comprendre que la sélection adverse peut mener à l’absence d’équilibre.
- Être capable d’illustrer l’intervention des pouvoirs publics face à ces différentes défaillances.

Introduction : Certains phénomènes ne sont pas pris en compte par le marché ou perturbent son fonctionnement, on
parle de défaillances du marché.

Dans certaines situations, l’activité d’un agent économique peut avoir un impact sur le bien- être d’un ou de plusieurs
autres agents, sans compensation monétaire : on parle d’externalité ou d’effet externe pouvant être positif
(amélioration du bien- être) ou négatif (dégradation du bien- être). L’absence de compensation financière n’incite pas
les agents à accroître les externalités positives ni à limiter les externalités négatives, on parle donc de défaillance du
marché.

Certains biens, en raison de leurs caractéristiques, représentant une autre défaillance du marché. Les biens collectifs,
qui sont des biens non rivaux et non excluables, ne peuvent pas être directement produits par des entreprises privées.
Les biens communs, qui sont des biens rivaux et non excluables, sont menacés de surexploitation.

Enfin, les asymétries d’information cad que, sur certains marchés, les offreurs et les demandeurs ne disposent pas des
mêmes informations, sont à l’origine de dysfonctionnements. Si l’asymétrie porte sur les caractéristiques d’un produit,
elle provoque un phénomène de sélection adverse. On parle d’aléa moral dans le cas où l’asymétrie porte sur le
comportement de certains acteurs.

Ces différentes défaillances du marché justifient l’intervention des pouvoirs publics selon différentes modalités.

Ce chapitre est constitué de trois parties. Après avoir abordé le problème des externalités (I), nous verrons quels
problèmes posent les biens communs et les biens collectifs (II), et enfin les problèmes liés à l’asymétrie d’information
(III).

I. Le problème des externalités

Point notions :

 Externalité ou effet externe : Un agent économique (entreprise, ménage), par son activité, crée un effet
externe en procurant à autrui un avantage de façon gratuite (= externalité positive = effet externe positif =
économie externe), ou au contraire une nuisance sans compensation monétaire pour la victime (= externalité
négative = effet externe négatif = déséconomie externe).
 Coût total = coût privé + coût social (coût pour la collectivité). Certaines activités de production ou de
consommation à l’origine d’externalités négatives ne génèrent pas seulement des coûts privés supportés par
le producteur ou le consommateur mais aussi des coûts pour autrui. Il s’agit de coûts indirects d’une activité
supportés par la collectivité : dégradation de la qualité de vie, de l’air, de l’eau… => nuisances sonores, diverses
pollutions.
 À l’inverse certaines activités à l’origine d’externalités positives génèrent un gain privé mais aussi un gain
social. Par exemple, les activités de recherche et développement ont des effets positifs sur la connaissance
dont celui (Etat, entreprise) qui finance la recherche n’est pas le seul à bénéficier. Gain total de l’activité = gain
privé + gain social.
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A. Le marché est défaillant en présence d’externalités positives et négatives

Doc. 1 : Les imperfections de marché prennent principalement deux formes. La première est l’inexistence des
marchés : il manque des marchés et ce manque entrave le bon fonctionnement des marchés existants. La seconde est
l’imperfection de l’information indispensable au fonctionnement des marchés. Une des raisons fréquentes pour
lesquelles il manque des marchés, c’est qu’il n’existe pas de droits de propriété sur certains biens et services et qui
sont pourtant utilisés dans l’activité économique, ce qui engendre des « externalités ». Par exemple, un industriel
utilise l’eau d’une rivière pour déverser ses déchets. Il ne peut le faire gratuitement que si la rivière n’appartient à
personne. Cela engendre un coût pour les acteurs situés en aval de lui au bord de la rivière. Ce coût est une externalité
négative. Si l’industriel peut polluer sans contrainte, il polluera beaucoup plus que s’il devait négocier son niveau de
pollution avec la collectivité concernée. C’est une imperfection de marché. Un entrepreneur innovant invente un
nouveau produit très utile aux consommateurs, mais très facile à copier par ses concurrents. Ces derniers bénéficient
gratuitement de l’invention. Ce bénéfice est une externalité positive. S’il en est ainsi, on peut penser que les
entrepreneurs potentiellement innovants seront peu incités à innover. C’est une imperfection de marché.

Pierre- Noel Giraud, Les globalisations. Emergences et fragmentations, Editions Sciences Humaines, 2018

1. Quelles sont les deux principales imperfections de marché ?


2. Quelles sont les deux formes d’externalités ? Relevez celles du doc et donnez d’autres exemples.
3. Pourquoi les externalités négatives produisent- elles un coût, pour la collectivité, supérieur au coût de l’entreprise ?
4. Pourquoi un droit de propriété collectif sur la rivière empêcherait- il l’industriel de polluer ?

Bilan : les externalités positives ou négatives sont des défaillances du marché. Leur présence justifie l’intervention des
pouvoirs publics. Il s’agit de lutter contre les externalités négatives (en raison de leur coût social) et d’encourager les
externalités positives (en raison de leur bénéfice social). Par exemple interdire certaines pratiques (décharges
sauvages…), fixer des normes : seuils de pesticides… à ne pas dépasser pour lutter contre les externalités négatives.
Accorder des crédits d’impôt ou encore des subventions à ceux qui génèrent des externalités positives.

B. L’intervention des pouvoirs publics face aux externalités


On peut distinguer trois types d’instruments :
- La réglementation = règles qui encouragent les activités ou les comportements à l’origine d’externalités positives et
qui interdisent les activités ou les comportements qui provoquent des externalités négatives. Ex : Les normes de
qualité dans l’industrie automobile (les pots catalytiques) ; interdiction de fumer dans les lieux publics…
- Les taxes qui reposent sur le principe du « pollueur- payeur » = écotaxes sur les activités polluantes afin de réduire
la pollution. Ex : La taxe carbone en France sur les émissions de GES et en particulier de dioxyde de carbone ; la taxe
sur les paquets de cigarettes…. À l’inverse les crédits d’impôt ou encore le versement de subventions par les pouvoirs
publics pour favoriser les externalités positives.
- Les marchés de quotas qui reposent sur l’attribution de permis d’émissions polluantes aux entreprises. Une
entreprise qui détient trop de permis par rapport à son niveau de pollution peut les revendre sur le marché à d’autres
entreprises qui n’ont n’en pas assez et qui doivent s’en procurer. Ex : le marché de permis d’émission de CO 2 européen
qui date de 2005. En 2019, 26 marchés de droits ou de permis à polluer existent à travers le monde.
3

Doc. 2 : Comment lutter contre la pollution automobile

Pour répondre aux objectifs du « Plan climat » et accélérer le renouvellement du parc automobile ancien et polluant,
l’État a mis en place depuis le 1er janvier 2018 :
– un dispositif pour aider les Français à financer l’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion en échange de la mise au
rebut de leur ancien véhicule : c’est la prime à la conversion.
– Une taxe, payée lors de l’achat d’un véhicule neuf. Plus le véhicule est polluant plus la taxe est élevée : c’est le malus
écologique. Plus généralement, il existe un bonus ou un malus écologique sur les véhicules selon leur émission de CO2.

Réglementation européenne des émissions de polluants par les véhicules à moteur : Depuis l’introduction de la
première norme européenne sur les émissions des véhicules (voiture, moto, camion) en 1992, la législation
européenne est rendue plus sévère tous les 5 ans environ. Les normes d’émissions « Euro » se succèdent donc. La
norme Euro 6 est entrée en vigueur en 2020. Les émissions nocives concernent l’oxyde d’azote, le monoxyde de
carbone et les particules, exprimées en mg, rejetées par km parcouru.
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 L’exemple des primes versées pour l’achat d’un véhicule électrique et des sanctions, qui prennent la forme de
taxes, appliquées aux véhicules anciens polluants = bonus- malus écologique sur les véhicules selon leur émission
de CO2, met en évidence les actions des pouvoirs publics pour lutter contre les externalités négatives et
encourager les externalités positives.

1. Quels sont les objectifs d’une prime à la conversion et du bonus / malus automobile ?
 La prime à la conversion ainsi que le bonus / malus automobile cherchent à inciter les propriétaires de voitures
anciennes souvent polluantes à les remplacer par des véhicules plus récents dont la technologie est davantage
soucieuse du respect de l’environnement cad qui émettant peu ou pas de CO 2 comme des voitures électriques…
 Le malus automobile est une taxe qui conduit à augmenter le prix d’achat du véhicule : le montant de la taxe
dépend du nb de g de CO 2 / km émis.
 Le bonus est une prime versée par l’Etat aux acheteurs de véhicules respectueux de l’écologie (véhicules
électriques…) = le prix d’achat du véhicule est abaissé selon le montant du bonus.

2. Qu’est- ce qui distingue ces mesures d’une réglementation comme celle sur les émissions de CO2 ?

 La réglementation se traduit par des mesures contraignantes. Par ex, interdiction peut être faite aux industriels
de produire des véhicules qui dépasserait un seuil défini de rejets polluants (CO2…). Le non-respect de règles
se traduit généralement par des sanctions financières pour le contrevenant.
 Prime à la conversion et bonus / malus écologique sont des mesures incitatives = incitations financières à
réduire la pollution (émissions de GES…).
 Bonus / malus automobile = outil financier mis en place par les pouvoirs publics pour inciter les agents à
internaliser leurs externalités négatives cad intégrer dans leur prise de décision le coût social de leur
comportement ou de leur action.

Repère : la taxe carbone appelée encore Contribution Climat Énergie (CCE) a été introduite en France en 2014.

Doc. 3 : l’exemple de la taxe carbone


« La [taxe] carbone s’intègre aux taxes sur l’énergie, en fonction de la quantité de gaz à effet de serre émise par un
produit. Expérimentée en euros par tonne de CO 2, elle est payée par les particuliers et les entreprises, et intégrée au
prix final de l’essence, du gazole, du fioul ou gaz naturel. […] Le niveau de cette composante carbone augmente
régulièrement pour donner un signal prix, incitant à réduire l’usage des énergies fossiles. Elle est déjà passée de 7
euros en 2014 à 44, 60 euros en 2018, et, selon la loi de finances votée pour 2018, elle devrait encore doubler d’ici à
la fin du mandat d’Emmanuel Macron, pour atteindre 100 euros en 2022. »

Anne- Aël Durand, « Comprendre la taxe carbone en huit questions », lemonde. Fr, 7 décembre 2018.
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1. En quoi consiste la taxe carbone ?


2. Calculez la variation (en % et en CM) de la taxe carbone entre 2014 et 2018, puis faites une phrase exprimant la
signification de la donnée trouvée.
3. en quoi cette taxe permet- elle de lutter contre les externalités négatives ?

Bilan du I ?

II. Le problème des biens communs et des biens collectifs

Une typologie des biens


Consommation rivale Consommation non rivale

Excluabilité ou exclusion Biens privés : produits alimentaires, Biens artificiellement rares (ou
bicyclette… biens de club) : logiciels
d’ordinateur, chaînes TV cryptées…

Non excluabilité ou non exclusion Biens communs : eau propre, Biens collectifs : défense nationale,
biodiversité, ressources éclairage public…
halieutiques…

D’après Paul Krugman, Robin Wells, Microéconomie. De Boeck Supérieur, Bruxelles, 2009.

Point notions : Rivalité ou non rivalité / excluabilité (exclusion) ou non excluabilité (non exclusion) = les « biens »
économiques peuvent être classés en fonction de deux caractéristiques :
- rivalité (ou non) : un bien est rival lorsque son usage ou sa consommation par une personne empêche ou limite son
usage ou consommation par d’autres ; il est non rival lorsque qu’il peut être consommé ou utilisé simultanément par
plusieurs personnes.
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- excluabilité (ou non) : un bien est excluable lorsqu’il est possible d’empêcher une personne de le consommer ou de
l’utiliser ; si cela n’est pas possible, il est dit non excluable.
 Les biens publics (ou collectifs) sont des biens non excluables et non rivaux. Ex : la défense nationale (assurée
par l’armée), le maintien de l’ordre public (grâce à la police), un feu d’artifice, la sécurité maritime assurée en
partie par les phares en mer…
 Les biens communs sont des biens non excluables et rivaux. Ex : les ressources naturelles en accès libre cad
les ressources halieutiques des mers, océans, fleuves…certaines forêts…

A. Le marché est défaillant en présence de biens communs et de biens collectifs

1. Les biens collectifs (publics) et le problème du comportement de passager clandestin

Point notion : Passager clandestin (ou free rider en anglais) = en économie, ce terme désigne un individu qui bénéficie
d’un bien ou d’un service sans avoir à en payer le prix.

Doc. 4 : le problème du passager clandestin


Si les biens publics purs sont à l’origine d’une défaillance du marché, c’est parce qu’ils donnent lieu à des
comportements de passager clandestin qui empêchent l’offre privée de fournir ces biens en quantité suffisante.
Supposons par exemple qu’une entreprise envisage d’organiser un feu d’artifice et souhaite financer cet évènement
en vendant des tickets aux spectateurs. Dans la mesure où il leur sera difficile d’empêcher les individus qui n’ont pas
acheté de ticket d’assister au spectacle, les organisateurs ne pourront rentrer dans leurs frais et seront contraints de
renoncer à leur projet.
La non- exclusion des biens publics est directement à l’origine de l’incapacité de l’offre privée à satisfaire la demande
pour ce type de biens.

A. Bozio, J. Grenet, Economie des politiques publiques, La Découverte, 2017, Coll « Repères ».

1. Donnez d’autres exemples de biens collectifs (publics) pour lesquels on ne peut pas éviter les passagers clandestins.
2. S’il est impossible d’éviter les passagers clandestins, les entreprises vont- elles être payées pour leur production de
biens publics ?
3. Quel type d’organisation productive (entreprise…) peut produire des biens publics ? Comment est-elle payée ?

2. La tragédie des biens communs

Repère : Garrett James HARDIN (1915–2003) était un écologue (spécialiste en écologie) américain influent.

Doc. 5 = Imaginez un pâturage ouvert à tous. On doit s’attendre à ce que chaque éleveur essaie de mettre autant de
bétail que possible sur le terrain commun. […] En tant qu’être rationnel, chaque éleveur cherche à maximiser son gain.
Explicitement ou implicitement, plus ou moins consciemment, il se demande « qu’elle est l’utilité pour moi d’ajouter
une bête de plus à mon troupeau ? ». Cette utilité à une composante négative et une composante positive.
1. La composante positive est fonction de l’incrément1 d’une bête. Puisque l’éleveur reçoit tous les revenus de la vente
de l’animal additionnel, l’utilité positive est presque + 1.
2. La composante négative est fonction du surpâturage additionnel provoqué par la bête supplémentaire. Mais,
comme les effets du surpâturage sont partagés par tous les éleveurs, l’utilité négative pour chaque éleveur qui prend
une décision est seulement une fraction de – 1.
En ajoutant les utilités partielles individuelles, l’éleveur rationnel conclut que la seule voie censée qu’il peut suivre est
d’ajouter une autre bête à son troupeau. Et une autre ; et une autre…Mais ceci est la conclusion atteinte par chaque
berger rationnel partageant un terrain commun.
C’est là que se trouve la tragédie. Chaque homme est enfermé dans un système qui le contraint à augmenter son
troupeau sans limite- dans un monde qui est limité. […] La liberté dans les communaux apporte la ruine à tous.

G. Hardin, « La tragédie des biens communs », Science, 1968.


7

1
Incrémenter signifie augmenter la valeur d’une variable. Ici, en incrémentant son troupeau d’une bête, chaque
éleveur augmente la taille de son troupeau d’un animal supplémentaire.

1. Faire paître ses vaches sur le pré communal a-t-il un coût pour un éleveur ? Déduire : quelles conséquences cela
peut-il avoir sur le pré communal ?
2. Pour quelle raison la ruine est- elle la conséquence logique de l’exploitation des biens communs ?
3. Donnez d’autres exemples de biens communs qui risquent de disparaitre à cause de leur surexploitation.
4. Quelles sont les caractéristiques d’un pré communal ou autre « bien » en accès libre ?

Bilan : Les biens collectifs et les biens communs représentent des défaillances du marché qui justifient l’intervention
des pouvoirs publics afin qu’ils soient produits (biens collectifs) ou alors pour les préserver (biens communs).

B. L’intervention des pouvoirs publics face aux biens communs et publics


 On peut distinguer trois modalités de fourniture des biens publics :
- La gestion directe par un monopole public = les pouvoirs publics produisent eux- mêmes le bien collectif. Cette
production étant financée par des impôts ou taxes. On peut citer la Défense nationale grâce à l’armée, le maintien de
l’ordre public grâce à la police…
- Le marché public : les pouvoirs publics confient la fourniture du service à un opérateur privé, qu’ils rémunèrent.
L’entreprise s’engage à respecter un cahier des charges (ensemble d’obligations). Exemple travaux de voirie dans une
commune…
- La délégation de service public : les pouvoirs publics confient la fourniture du service à un opérateur privé qui doit
respecter un cahier des charges et qui fait payer son service directement aux usagers. Par exemple la fourniture de
transports en commun, de transports scolaires par une société privée d’autocars ; la fourniture d’eau potable ou encore
l’assainissement des eaux usées réalisées par une société privée.

 Des illustrations sont notées en bleu, vous pouvez encore en rechercher d’autres.

 Doc. 6 : Les instruments pour préserver les biens communs :


Mesures La réglementation La privatisation des biens
communs
Ex. pour les - la réglementation des équipements (taille des mailles des Distribuer aux exploitants des
ressources filets) zones de pêche de manière à les
halieutiques - les dates d’ouverture des pêches responsabiliser (solution adoptée
- la limitation du nombre de bateaux autorisés à prendre la aux Etats- Unis). Il s’agit d’une
mer attribution de droits de propriété.
- mise en place de quotas de pêche (comme pour le thon
rouge en Europe)
Intérêt Concilier le droit d’usage et la préservation de la ressource
Limites - des coûts de contrôle et de surveillance élevés
- la nécessité d’une coopération entre Etats
D’après Pierre- André Corpron (dir.) Economie, sociologie et histoire du monde contemporain, Bréal, 2017

1. Quelle mesure agit par l’incitation ? par la contrainte ?


2. Pourquoi les deux types de mesures nécessitent- elles des contrôles et une surveillance ?
3. Quel est l’effet d’une réglementation en l’absence de coopération entre Etats ?

Bilan du II ?
8

III. Le problème des asymétries d’information

Point notions :

 Asymétrie d’information = situation où un (ou plusieurs) agent(s) économique(s) dispose(nt) de plus


d’informations qu’un autre (ou plusieurs autres) agent(s) lors d’un échange.
 Sélection adverse (ou antisélection) = situation où une asymétrie d’information qui existe avant la réalisation
de la transaction peut conduire à sélectionner le mauvais produit, ou le mauvais partenaire pour l’échange.
 Aléa moral = situation où un agent risque d’adopter un comportement imprudent dès lors qu’il se sait protégé,
en partie, du risque. L’aléa moral apparait une fois l’échange réalisé.

A. Le marché est défaillant en présence d’asymétries d’information

Repère : Georg Arthur AKERLOF, économiste américain né en 1940.

1. Le marché des voitures d’occasion face au risque de sélection adverse

Doc. 7 : Lors de la réalisation d’une transaction, […] le risque de sélectionner les mauvais produits ou partenaires du
fait d’une asymétrie d’information est appelé risque d’anti- sélection (ou sélection adverse). […]
Un exemple célèbre a été donné par Georg Akerlof (1970) qui a étudié le marché de la voiture d’occasion appelé
« lemons »1 en argot. Les acheteurs ne pouvant évaluer parfaitement les voitures proposées à la vente, ils refusent de
payer un prix trop élevé pour une voiture d’occasion. Les détenteurs de voitures en bon état vont de ce fait se retirer
du marché, préférant vendre leur voiture par d’autres réseaux […]. Seules les voitures les moins fiables restent sur le
marché. Constatant les déconvenues de certains acheteurs, les autres risquent de perdre confiance dans le marché et
renoncer à acheter une voiture d’occasion, contribuant peu à peu à la disparition du marché. […]
L’existence d’asymétrie d’information nuit ainsi à l’efficacité du marché et la puissance publique doit intervenir pour
en améliorer le fonctionnement. […] La création de labels ou de dispositifs de certification est un exemple de ce type
d’intervention.

Emmanuel Buisson- Fenet et Marion Navarro, La microéconomie en pratique, Armand Colin, 2012, Paris.
1
Lemons désigne des « tacots », des voitures de mauvaise qualité. Ouvrage de l’économiste américain G. Akerlof :
« The Market of Lemons », 1970.
Argot : vocabulaire familier.

1. Pourquoi parle-t-on d’asymétrie d’information sur le marché des véhicules d’occasion ?


2. Quelle est la réaction des acheteurs à cette asymétrie d’information ?
3. Quelle est la conséquence de cette asymétrie d’information sur ce marché des voitures d’occasion ?

 L’intervention des pouvoirs publics est nécessaire, Cf. doc. 10 sur le contrôle technique.

2. Les assurances et le risque d’aléa moral

Doc. 8 : Le problème de toute assurance, publique ou privée, vient du fait que les individus ont tendance à changer
leur comportement s’ils sont assurés et en particulier à accroître leur prise de risque. Les économistes donnent à ce
phénomène le nom d’aléa moral, dont ils distinguent essentiellement trois formes.
La diminution des précautions pour réduire le risque. C’est la réaction la plus connue des assureurs traditionnels : si
vous êtes intégralement couvert contre le vol, vous avez moins besoin d’investir dans de coûteux verrous et pouvez
sans crainte oublier de fermer votre porte à clé. Afin de réduire cette forme d’aléa moral […], certaines polices
d’assurance1 contre le vol ne fonctionnent par exemple que si l’assuré a bien fermé sa porte à clé ou dispose d’une
alarme. […]
La surconsommation des bénéfices de l’assurance. L’aléa moral peut conduire l’assuré à réduire ses efforts de
recherche d’emploi ou à surconsommer des soins médicaux. Pour limiter ces effets, les assurances sociales ont mis en
place un certain nombre de conditions. Ainsi, pour bénéficier de l’assurance chômage, il est nécessaire de justifier de
ses efforts de recherche d’emploi, [elles] effectuent des contrôles et prévoient des sanctions. […]
9

La surconsommation du côté de l’offre. De même qu’un artisan qui réalise un devis pour un dégât des eaux couvert
par une police d’assurance1 peut avoir tendance à gonfler ses devis, l’offre médicale, lorsqu’elle n’est pas régulée,
peut conduire à une inflation des coûts lorsque la prise en charge des soins est couverte par l’assurance.

Antoine Bozio, Julien Grenet, Economie des politiques publiques. La Découverte, « Repères », 2017.
1
Contrat d’assurance.

1. A partir du texte, illustrez la notion d’aléa moral.


 Cf. les trois formes écrites en italique dans le texte.
2. Quelles solutions permettent de limiter l’aléa moral dans les cas présentés dans le texte ?

3. Un équilibre de marché difficile à trouver


Repère : Joseph Stigliz est un économiste américain, il a reçu le prix Nobel en 2001 pour ses travaux sur les marchés
avec asymétrie d’information. Kenneth Arrow est un économiste américain. Il a reçu le prix Nobel en 1972 pour sa
contribution à la théorie du bien- être et aux équilibres généraux de l’économie.

Doc. 9 : L’information imparfaite rend plusieurs marchés incomplets ou inexistants, en empêchant l’offre d’égaler la
demande. Stiglitz a beaucoup travaillé sur les marchés de crédit, démontrant que les banques sont poussées à
rationner le crédit et à offrir moins de prêts, à des taux d’intérêt plus bas que ce que le marché dicterait, pour attirer
les emprunteurs solvables, en raison de leur connaissance imparfaite de la solvabilité de leurs clients.
Ces travaux s’inspiraient de ceux de Kenneth Arrow, qui avait appliqué le même raisonnement aux contrats
d’assurance, concluant qu’un assureur rationnel préférerait offrir des primes1 plus basses (et prendre moins de clients)
pour attirer uniquement les assurés les moins risqués.

P. McDougall, « Le couple droit / économie dans la théorie et le droit international du développement » Revue internationale
de droit économique, 2018 / 1.

1
Prime d’assurance : prix que le preneur d’assurance doit payer pour pouvoir bénéficier de la couverture d’assurance
en cas de sinistre.

 L’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché est difficile à trouver dans un contexte d’asymétrie
d’information.
B. L’intervention des pouvoirs publics face aux asymétries d’information

1. Un contrôle technique renforcé pour éviter le phénomène de sélection adverse

Repère : Le nouveau contrôle technique en vigueur depuis le 20 mai 2018 est plus approfondi que le précédent : il vise
à identifier 610 défaillances à travers 131 points de contrôle contre 459 défaillances sur 123 points de contrôle
auparavant. Le conducteur est mieux averti des défaillances de son véhicule et sait ce qu’il doit entreprendre pour
qu’il puisse continuer à rouler en toute sécurité.
10

Doc. 10 =

1. En quoi consiste le contrôle technique ? Quel est son objectif ?


 Le contrôle technique est un contrôle imposé par l’État tous les deux ans pour les véhicules de plus de 4 ans.
L’objectif du contrôle technique est de vérifier l’état général du véhicule notamment du point de vue de la sécurité. Il
s’agit donc d’identifier les défaillances (mineures, majeures ou critiques) qui doivent être corrigées pour que le
véhicule puisse continuer à rouler ou puisse être vendu.

2. En quoi le nouveau contrôle technique permet- il de réduire le phénomène de sélection adverse sur le marché des
véhicules d’occasion ?
Le nouveau contrôle technique permet de réduire le phénomène de sélection adverse sur le marché des véhicules
d’occasion car il permet aux potentiels acheteurs de véhicules d’occasion d’avoir une information très précise sur l’état
du véhicule, son entretien, ses défaillances éventuelles. Ce contrôle technique permet aux acheteurs d’acheter en
connaissance de cause et de mieux estimer la valeur des véhicules proposés à la vente qui auront donc plus de chances
d’être achetés à un « juste » prix (juste valeur).

2. Réduire l’aléa moral


Doc. 11 = Les asymétries d’information constituent une justification importante à la régularisation des marchés par la
puissance publique. Lorsque ces asymétries portent sur la qualité des services ou des produits, l’État peut choisir
d’imposer une certification de la qualité (comme dans le cas des appellations d’origine contrôlée). Dans le domaine
de l’assurance privée, l’État a la possibilité de rendre obligatoire la souscription d’une assurance […] Lorsque
l’asymétrie porte sur le comportement des agents, comme dans le cas du marché du crédit, l’intervention de l’État
peut prendre la forme de garanties sur les prêts consentis à des agents disposant de peu de ressources à gager
(notamment les PME et les étudiants).

A. Bozio, J. Grenet, Economie des politiques publiques, La Découverte, coll. « Repères », 2017

Quelles mesures l’Etat peut-il prendre pour limiter les asymétries d’information ?
11

Conclusion : Les défaillances du marché sont des situations dans lesquelles le marché ne parvient pas à allouer de
façon optimale les ressources. Elles justifient l’intervention des pouvoirs publics.

1. Le marché ne prend pas en compte les externalités

Externalité => avantage (externalité positive) ou coût (externalité négative) au niveau de la collectivité sans
compensation monétaire => niveau de production ou de consommation sous optimal

Intervention des pouvoirs publics : réglementation ; taxation (lutte contre les externalités négatives)
ou subvention (encouragement des externalités positives), quotas d’émission (ex du CO2) …

2. Le problème des biens collectifs et des biens communs

Les biens collectifs : non rivaux et non excluables Les biens communs : rivaux et non excluables

Comportement de passager clandestin => « Tragédie des biens communs » = surexploitation


absence de rentabilité pour les entreprises des ressources
privées

Intervention des pouvoirs publics : réglementation, privatisation,


Organisation de la fourniture de ces biens
coopération entre Etats
par les pouvoirs publics

3. Le problème des asymétries d’information => information imparfaite pour les


offreurs ou demandeurs entraînant des situations de sélection adverse ou d’aléa moral

Baisse des échanges, absence d’équilibre, risque de disparition du marché

Intervention des pouvoirs publics : incitations, réglementation publique de l’information

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