Bible Lethielleux Exode
Bible Lethielleux Exode
Bible Lethielleux Exode
SAINTE BIBLE
TEXTE DE Là W Â T E , TRADUCTION FRANÇAISE EN REGARD
AVEC COMMENTAIRES
THÉOLOGIQUES, MORAUX, PHILOLOGIQUES, HISTORIQUES, ETC., RÉDIGÉS D'APRÈS LES MEILLEURS
TRAVAUX ANCIENS ET CONTEMPORAINS.
L'EXODE
INTRODUCTION CRITIQUE ET COMMENTAIRES
TRADUCTION FRANÇAISE
PARIS
M
P. LETHIELLETJX, LIBRAIRE ÉDITEUR
lO, xxL® C a s s e t t e , XO
1895
(Tous droits réservés»)
Biblio!èque Saint Libère
http://www.liberius.net
© Bibliothèque Saint Libère 2011.
Toute reproduction à but non lucratif est autorisée.
LA
AINTE BI
L'EXODE
IMPRIMATUR
PROPRIÉTÉ DE L'ÉDITEUR
PRÉFACE DE L'EXODE
L'Exode est appelé chez les Juifs VEELLEH SHEMOTH (rrotf nSaji), Et ce sont
ici les noms, d' après les mots qui en forment le commencement. Le titre
1
d Exode f E£o8oç, sortie) vient des Septante, qui l'ont donné à ce livre à cause
de l'événement qui fait le sujet de la première partie, la sortie des Israélites
de l'Egypte. Ce titre a été conservé par la version latine primitive, ou l'Itali-
que, faite sur celle des Septante, d'où elle a passé dans la Vulgate et ensuite
dans toutes les langues de l'Europe.
La délivrance des Israélites, aussi cruellement qu'injustement opprimés en
Egypte, avec les étonnants prodiges qui l'amenèrent, telle est la matière des
chapitres I — XV, 21 ; le reste du livre nous apprend dans quelles circonstan-
ces et à quelles conditions Dieu conclut son alliance avec ce peuple privilégié,
qui devint ainsi son peuple particulier. Plusieurs, il est vrai, prolongent la
première partie jusqu'à l'arrivée des Israélites au pied du mont Sinaï pour y
entendre la promulgation du Décalogue et les autres conditions de l'alliance,
de sorte qu'ils y comprennent encore le chapitre XVIII. Mais il est manifeste
que l'œuvre de la délivrance est définitivement accomplie après le passage
miraculeux de la mer Rouge et l'anéantissement de l'armée de Pharaon ; la
marche que les Israélites continuent vers le Sinaï a donc désormais un autre
objet et tend à un autre but, qui est la conclusion de l'alliance, dont, par con-
séquent, elle doit être considérée comme un préliminaire.
Le contenu de l'Exode est en partie historique, en partie législatif. L'his-
'toire remplit presque entièrement la première section ; les lois dominent dans
la seconde.
La première section commence par une introduction au livre entier. Selon
son invariable coutume, l'auteur donne une brève récapitulation des événe-
ments précédents et un exposé de la situation actuelle, rappelant les noms des
patriarches qui sont entrés en Egypte avec Jacob et qui sont devenus un
grand peuple. La narration débute par les événements qui ont préparé les
voies à la sortie d'Egypte : l'avènement d'un nouveau roi, suivi d'un change-
ment de politique et de mesures d'une extrême cruauté à l'égard des Israéli-
tes; la naissance et les premiers temps de Moïse, destiné à être leur libérateur ;
sa première tentative en leur faveur, et l'exil auquel elle aboutit. Ensuite sont
racontés avec beaucoup de détails la vocation de ce grand homme, auquel est
adjoint son frère Aaron en qualité de coadjuteur; son retour en Egypte et sa
première apparition, comme porteur des ordres de Dieu, devant Pharaon,
sans autre résultat qu'un redoublement d'oppression pour ceux qu'il a voulu
délivrer; les plaies d'Egypte, ou les fléaux d'une rigueur toujours croissante
If INTRODUCTION A L'EXODE
dont est frappé ce pays pour vaincre l'obstination de son roi; l'institution de*
la Pâque et la dixième plaie, qui amène enfin le départ des Israélites, bientôt
suivi du repentir de Pharaon, qui se met à leur po'ursuite; le passage mira-
culeux de la mer Rouge et le désastre de l'armée égyptienne; enfin les trans-
ports de joie et de reconnaissance qui éclatent dans 1 admirable cantique par
lequel les Israélites célèbrent leur délivrance.
Dans la seconde section, comme préliminaire de l'alliance de Dieu avec les
Israélites, nous trouvons la suite de leur voyage depuis la mer Rouge jusqu'à
la montagne de Sinaï. Ce voyage est marqué par différents traits au peu de
foi de ce peuple, que rebute la moindre épreuve, et par de nouveaux prodiges
que Dieu ne .laisse pas de faire en sa faveur, lui rendant douces les eaux ame-
res, lui envoyant des nuées de cailles pour sa nourriture, faisant pour lui pleu-
voir un pain du ciel et jaillir l'eau d'un rocher, et lui donnant la victoire sur
Amalee. Tant de merveilles excitent l'admiration de Jéthro, qui glorifie Dieu
et félicite Moïse. Bientôt Sur le Sinaï, au milieu d'un appareil terrible, Dieu
publie le Décalogue comme base de l'alliance, et en déclare à Moïse les autres
conditions, qui sont acceptées par le peuple, et l'alliance est solennellement
conclue. Moïse reçoit du Seigneur sur la montagne ses ordres ultérieurs et
ses- instructions pour l'érection d'un sanctuaire avec ses ustensiles et toutes
ses appartenances, pour la confection des habits sacerdotaux et la consécra-
tion des prêtres dans la personne d'Aaron et de ses fils, et retourne au camp
avec deux tables de pierre, sur lesquelles est écrit le Décalogue de la main de
Dieu môme. On voit alors l'idolâtrie du veau d'or, l'alliance rompue, puis ré-
tablie par l'intercession de Moïse, à qui Dieu, par une faveur particulière,
fait voir comme un reflet de sa gloire. Enfin tous les ouvrages prescrits sont
exécutés avec les dons du peuple par des ouvriers habiles, le sanctuaire est
érigé, et l'éclat de la majesté de Jéhovah le remplit.
L'Exode comprend un espace de 360 ans à compter depuis la mort de
Joseph, qui termine la Genèse, jusqu'à l'érection du tabernacle au commen-
cement de la seconde année après la sortie d'Egypte, par laquelle finit ce
livre; mais cet espace y est très inégalement partagé. Dans les deux premiers
chapitres, à part tine relation assez circonstanciée de la naissance, de la mer-
veilleuse conservation et de quelques événements de la première partie de la
vie de Moïse, l'historien se contente de quelques indications sommaires sur
tout oe qui s'est passé jusqu'à la dernière année du séjour des Israélites en
Egypte, de sorte que tout le livre, sauf ces deux chapitres, ne raconte que
deux.années, l'une qui a précédé et l'autre qui a suivi la sortie.
Une si grande disproportion dans la manière de traiter cette période n'a
cependant rien qui doive étonner : elle s'explique tout naturellement par le
but de l'historien. Ce que Moïse a voulu raconter, ce n'est pas une histoire
profane, renfermant indistinctement toutes les circonstances de la vie primi-
tive de sa nation, mais une histoire religieuse, l'histoire de la fondation du
royaume de Dieu sur la terre par son alliance avec Israël. Or cette histoire,
durant la plus grande partie du séjour des Israélites en Egypte, depuis la
mort de Joseph jusqu'à la naissance de Moïse, se résume en deux points : le
rapide accroissement de la famille de Jacob, devenue bientôt, sous l'action
et la protection spéciale de la Providence, un grand peuple, propre à remplir
la haute destinée qui lui était réservée, à voir s'accomplir sur lui les magni-
fiques promesses faites à Abraham; ensuite la cruelle oppression que la poli-
INTRODUCTION A L'EAODE III
tique égyptienne fit peser sur elle. De la vie de Moïse même, destine à être
son libérateur,-son chef et le médiateur de l'alliarçce, l'historien ne rapporte
non plus, depuis sa naissance jusqu'à sa vocation, que les circonstances
qui le préparaient à remplir sa tâche, savoir, son éducation à la cour, qui,
entre autres avantages, devait lui faciliter l'accès auprès de Pharaon, et son
séjour dans le pays de Madian, qui le familiarisa avec la vie du désert : tous
les détails de sa carrière primitive, renferment un espace de quarante années,
et ceux de son séjour en Madian, occupant encore un pareil espace, sont
passés sous silence comme étrangers au sujet de cette histoire. Mais depuis
que l'œuvre de la délivrance est commencée, c'est-à-dire, depuis la vocation
cle.Moïse, il n'y a pl'us de lacune dans le récit, plus d'omission : chaque pas,
chaque trait de l'histoire est minutieusement retracé, parce que chacun tend
au grand but que l'écrivain a en vue, la délivrance du peuple et la conclu-
sion de l'alliance (1).
CHAPITRE I.
DÉNOMBREMENT DOS ISRAÉLITES QUI ÉTAIENT ENTRÉS EN EGYPTE AVEC JACOB, 1-5.— LEUR
MULTIPLICATION PRODIGIEUSE INSPIRE DE L'INQUIÉTUDE À PHARAON, QUI CHERCHE À L'ARRÊTER
D'ABORD EN'LES ACCABLANT DE TRAVAUX, ENSUITE EN ORDONNANT DE METTRE À MORT TOUS LEURS
ENFANTS MÂLES, ff 6-22.
1. Hsec sunt nomina filiorum Israel 1. Voici les noms des fils d'Israël
qui ingressi suntiriiftgyptum cum Ja- qui entrèrent en Egypte avec Jacob ;
cob ; singuli cum doraibus suis intro- chacun entra avec sa maison :
ierunt;
Gen. 46-8.
2. Ruben, Simeon, Levi, Judas, 2. Ruben, Siméon, Lévi, Juda,
3. Issachar, Zabulon et Benjamin, 3. Issachar, Zabulon et Benjamin,
4. Dan et Nephthali, Gad et Aser. 4. Dan et Nephthali, Gad et Aser.
5. Erant igitur omnes animce eo- 8. Ceux donc qui étaient issus de
Jacob étaient en tout soixante-douze rum qui egressi sunt de femore Jacob,
personnes; or Joseph était en Egypte. septuaginta ; Joseph autem in ALgyp-
to erat.
6. Lorsqu'il fut mort, ainsi que tous 6. Quo mortuo, et universis fratri-
ses frères et toute cette génération, bus ejus, omñique cognatione illa,
7. Les enfants d'Israël s'accrurent 7. Filii Israel crevcrunt, et quasi
et, comme par germination, se mul- germinantes multiplicati sunt; ac ro-
tiplièrent, et s'etant fortifiés à l'excès borati nimis, impleverunt terrain.
ils remplirent la terre. P&^ÌQi,. 24. AcL 7. il.
MANA*SÉ, QUI n 3 FIGURE PAS DANS LA IISLE PRÉCÉ- DOS HOMMES ET DES ANIMAUX, CE QU'ON ATTRI-
DENTE, ET JACOB LUI-MÊME, QUOIQUE L'EXPRES- BUE PARTIE À LA QUALITÉ DOS EAUX DU NIL,
SION EMPLOYÉE ICI NE SE RAPPORTE QU'À SES EN- PARTIE À LA SALUBRITÉ DU C IMAT ET À L'ABON-
FANTS, QUE L'HISTOR EN A PARTICULIÈREMENT EN DANCE DE TOUTES LES CHOSES NÉCESSAIRES À LA
VUE. — Joseph avtjm in jE(jyploerat % À VIE. « LA FÉCONDITÉ DES FEMMES ÉGYPTIENNES,
SAVOIR, AU TEMPS DE COITE ÉMGRAT.ON. COST DIT LÉON DE LALURDE, FUT PROVERBIALE . . .
:
LA RA SON POUR LAQUELLE IL N A PAS ÉTÉ NOMMÉ ARISTOTE, H.ST. NAT. V I I , 4 , CITE UNE E G Y P -
EN SON RANG AVEU LES AUTRES FILS DE JACOB. TIENNE QUI ACCOUCHA QUATRE F IS DE SUITE DE
CINQ EN ANTS. LES DÉVASTAT'ONS OCCASIONNÉES
G. — Omniquo cognatione illa^ D'APRÈS
PAR LES MALAD'ES, LES TYRANNIES, LES GUERRES,
L'HÉBREU, « ET TOUTE CETTE GÉNÉRATION-LA » ,
N'ONT .AMAIS P U DÉPEUPLER CE PAYS, QUE DIX
TOUS CEUX QUI VIVAIONT EN M Ê M E TEMPS
ANNÉES DE PAIX ET DE BONNE ADMINISTRATION
QU'EUX, TOUS CEUX QUI SONT NOMMÉS DANS LA
GENÈSE, x l v i , 8 ET SEQ., COMME ÉTANT DES-
rempliraient DE NOUVEAU » . COMM. GD. GR.
SUR L'EXODE, P . 2 . C Û . GOLUMELLE, D E RE RNST.
CENDUS EN IFGVPTO AVEC JACOB. L'ESPACE DE
I I I , 8 ; PLINE, HIST. NAT. V U , 3 , ET AUTRES. IL
TEMPS MARQUE PAR LÀ DUT ÊTRE ASSEZ LONG,
FAUT NÉANMOINS RECONNAÎTRE DANS LA GRANDE
PUISQUE LÉVI, QUI N'AVAIT QUE GO ANS LORSQUE
MULTIPLICATION DES HÉBREUX UNE ACTION DIVINO
SON PÈRE MOURUT, PARVINT A L'ÂGE DO 1 3 7 ANS, COMME UN DESSEIN PROVIDENTIEL. DIEU, QUI
COMME NOUS LE VERRONS P!US BAS, V I , 1 6 . LEUR AVAIT MÉNAGÉ UN ÉTABLISSEMENT DANS
7. — Fila Israël creverunt, C'EST À DIRE, CE PAYS JUSQU'À CE QU'IL HISSENT DEVENUS UN
D'APRÈS L'HÉBREU, « FECUNDI FUORUNT » , OU PEUPLE ASSEZ NOMBREUX POUR CONQUÉRIR ET
MIEUX, « ERANT » , ETC. DE CE QUE LA PRODI- OCCUPER CELUI QU'IL LEUR DESTINAIT, NE VOULAIT
GIEUSE MULTIPLICATION DES ISRAÉLITES N'EST RAP- CEPENDANT PAS QU'ILS Y RESTASSENT TROP LONG-
PORTÉE QU'APRÈS LA MURT DE LA GÉNÉRATION QUI TEMPS, DO PEUR QU'ILS N'OUBLIASSENT LA TERRE
ÉTAIT VENUE S'ÉTABLIR EN EGYPTE, IL NE S'EN-
IROMISE, ET QUE L'IDOLÂTRIE ÉGYPTIENNE, À
SUIT NULLOMENT, COMME PARAÎT LE PENSOR KEIL
ET QUE LE DONNE À ENTENDRE LA*VULGATE, QU'ELLE
Î'INFLUENCE DE LAQUELLE NOUS VOYONS AILLEURS
QU'ILS NE SURENT PAS SE SOUSTRAIRE ENTIÈRE-
N'AIT COMMENCÉ QU'ALORS. OUTRE QU'IL N'Y A
MENT, NE JETÂT PARMI EUX DE TROP PROFONDES
AUCUNE RAISON DE LE CROIRE, SI C'ÉTAIT CE QU'A
RACINES. & R . X I I , 3 7 .
VOULU EXPRIMER L'AUTEUR, IL AURAIT DÉJÀ SANS
DOUTE M I S LE PREMIER VERBE À L'IMPARTAIT AVEC § 2 . OPPRESSION DES ISRAÉLITES, W 8-22.
E 1 3 0 1 1 A U
LE vav (1) CONVERSIF : 113*51 * PARFAIT
1 1 3 . REMARQUONS ENCORE QUE DANS LE TEXTE
8 . — Surrexit interea rex novus super
JSgyplum. PAR CE «ROI NOUVEAU» QUI S'ÉLÈ-
HÉBREU CE VERSET N'EST-PAS JOINT AU PRÉCÉDENT, VE SUR L'EGYPTE, IL FAUT SANS DOUTE ENTENDRE
COMME DANS LA VULGATE, MAIS FORME À LUI AVEC JOSÈPHE, ANT. II, 9 , 1 , DONT LE SENTIMENT
SEUL UNE PHRASE INDÉPENDANTE, DE S RTE QUE LA EST ENCORE CELUI DE LA PLUPART DOS MODERNES,
TRADUCTION LITTÉRALE DES DEUX VERSETS SERAIT : UN ROI D'UNE NOUVELLE DYNASTIE. OUTRE QUA
« ET JOSEPH MOURUT, ET TOUS SES AÈRES, ET C'EST LA MANIÈRE LA PLUS FACILE D'EXPLIQUER LE
TOUTE CETTE GÉNÉRATION LÀ. ET LES FILS D'ISRAËL CHANGEMENT QUI A LIEU DANS LA POLITIQUE ET
FRUCTIFIAIENT, OT ILS PULLULÈRENT » , ETC. — Ac DANS LES MAXIMES DE GOUVERNEMENT, C'EST
roborali nimis. IL Y A DANS CETTE EXPRESSION AUSSI À QUOI CONDUIT L'EXPRESSION DE rai
UNE ALLUSION À CELLE DONT DIEU S'ÉTAIT SERVI nouveau, INOUÏE DANS LE RESTE DE L'ANCIEN
EN PARLANT À ABRAHAM, GEN. X V M , 1 8 . — TESTAMENT, ET QUE L'AUTEUR AURAIT DIFFICILE-
Impleverunt terrain^ À SAVOIR, FEGYPTE MENT EMPLOYÉE S'IL NE SE FÛT AGI QUE D'UN
ET SPÉCIALEMENT LA TERRE DE GESSEN OU GO- PRINCE ARRIVANT AU POUVOIR PAR L'ORDRE
SHEN, OÙ ILS ETAIE.IT ÉTABLIS. A U TÉMOIGNAGE NATUREL DE LA SUCCESSION, D'UN FILS MONTANT
DES ANCIENS, CONFIRMÉ PAR LES OBSERVATIONS SUR LE TRÔNE DE SON PÈRE. ON PEUT RAPPRO-HER
MODERNES, L'EGYPTE EST UN PAYS TRÈS FAVORA- DE CETTE EXPRESSION CELLE DE dieux nouveaux\
BLE À LA FÉCONDITÉ, À LA RAP DE MULTIPLICATION DEUT. X X X I I , 1 7 ; JUD. V , 8 , PAR OPPOSITION
CHAPITRE I 3
8. Surrexit interea rex novus 8. II se leva en ce temps là sur l'E-
er
un seul instant troublée. Lorsque Séti I , le avait élevés. Les deux temples magnifiques
père de Ramsès, était monté sur le trône, rl'Ibsamboul en ' Nubie, le Ramesséum de
l'Egypte jouissait également, depuis plus Thèbes, Je temple d'Abydus, une partie des
d'un demi-siècle, du calme lo pl. i complet. temples do Karnak et de Louqsor sont ses
Sous Séti I, il n'y eut qu'uno tentative d'in- œuvres. Il fonda des villes, il creusa des ca-
vasion, promptement réprimée par son fils. naux, il orna le Fayoum, Memphis, TSmis,
Les guerres des premières années de Ramsès Ramsès, do sos monuments et de ses statues.
NE furent que des guerres de conquête, qui Mais au prix de quelle tyrannie et de quelle
augmentèrent sa'puissance et lui permirent oppression il exécuta tous ces grands tra-
d'infliger aux Hébreux, comme aux autres vauxUCe n'est qu'avec un véritable senti-
capti.s qu'il avait emmenés sur les Lords du «ment d'horreur, dit M. François Lenor-
Nil, les traitements les plus cruels. La pros- « mant, que l'on peut songer aux milliers
périté matérielle r!e l'empire fut aussi tcès
8
€ de capti/s qui durent mourir sous lo
grande sous son fils Menephtah l *, qui n'eut « bâton des garde-chiourmes, on bien victi-
a soutenir qu'une guerre sérieuse a l'ouest « mes des /atigues excessives et des priva-
de l'Egypte. Le grand papyrus Harris, récem- « tions de toute nature, en élevant, en qua-
ment découvert, nous apprend qu'il n'en fût « lité de forçats, les gigantesques construc-
pas de mémo SOUS leurs successsurs, dont « tions auxquelles se plaisait l'insatiable
h règne fut troublé par des discordes intes- « orgueil du monarque égyptien. Dans les
tines et par dos séditions de toutes sortes. « monuments du règne de Ramsès, il n'y a
C'est Jonc avant l'avèneme?it de ces derniers « pas une pierre, pour ainsi dire, qui-n'ait
que l'exode s'était accomplie. — Une autre « coûté une vie humaine . . . » (Manuel
considération nous conduit au même résul- d'histoire anc. ce l'Orient, t. I, p. 423). —
tat. Les événements racontés dans les Tel est le portrait que les monuments,
premiers chapitres du second livre c'o Moïse égyptiens nous tracent de Ramsès II. Est-il
ont dû SE passer sous le gouvernement possible qu'il soit plus ressemblant avec ce-
d'un roi dont le règne fut très long. Alors lui que l'Exode nous fait du pharaon op-
même que la série d'expériences inhu- >resseur des Hébreux? Il ne manquait que,
maines tentées tour à tour par le persécu-
teur afin d'empêcher la multiplication des
Îe nom au bas du portrait peint par Moïse :
les égyptolo^ues viennent de l'y écrire.
Hébreux no l'insinuerait point déjà, Tospaco — Mais s'il fallait encore une autre-
considérable qui s'écoule depuis la fuite de reuve de l'identification de l'oppresseur
Moïse en Madian jusqu'à la mort du Pha-
raon — Moïse ne peut retourner en Egypte
S es Hébreux avec Ramsès II Mefamomv
nous latrouverions dans l'Exode elle-même.
que quarante ans après, à l'âge de quatre- L'auteur sacré, comme nous en aven? dé.JÀ
vingts ans — suffit pour le prouver. Or un
0 fait la remarque, quoiqu'il n'ait jamais dé-
seul règne, parmi coux de la XIX dynastie, signé par son nom propre le perséc^tedr
remplit cette y'onnCe essentielle I u problème : d'Israël, l'a nommé cependant indirecte--
c'est celui de Ramsès 11. . . Peu de rois, ment : c'est en nous apprenant que Le Pha-
non seulement en Egypte, mais ailleurs, ont raon avait fait construire par les eniants
porté aussi longtemps la couronne : il occupa de Jacob la ville de Ramsès. Il s'appelait
le trône pendant soixante six ans, non com- er donc Ramsès lui-même ; car on ne saurait
pris les années où il fut assoJé à Séti 1 . douter que cette ville n'ait tiré son nom de
— Le caractère de ce prince, tel que nous celui de son fondateur, comme Alexandrie-
lo montrent les découvertes archéologi- d'Alexandre, Constantinople de Constantin,
ques, est aussi parfaiteme ît ressemblant à Saint Pétersbourg de Pierre le Grand. II
celui que nous peint Moïse. Celui-ci nous est vrai qu'il y a eu plusieurs Ramsès * y
en granit rose, maintenant au British Mu- que accroissement qu'elle eût çu prendre » ?
séum, qui tient entre ses serres 16 car- Du reste, l'hébreu peut aussi se traduire
touche du roi, et sur un autre fragment de par : « trop fort pour nous », relativement
sculpture. On n'y a découvert aucun monu- a nous, et ce sens préféré par M. Glaire, est
ment antérieur à son règne. Il on résulte aussi celui que donne Dillmann ».
donz que c'est lui qui a fondé la ville et
qu'il est le persécuteur d'Israël. Les décou- 10. — Sapienter opprimamus eum, à la
veitesdeM. Na ville lève t ainsi les derniers lettre, d'après le texte : « conduisons-nous
cloutes qu'on pouvait concevoir, et nous sagement», prenons des mesures do pru-
permettent d'affirmer d'une manière positive dence « à son égard ». Cette expression mar-
^ que le pharaon qui opprima les enfants d'Is- que ici une conduite sage selon la politique
raël est réellement Sesostris ou Ramsès II. mondains, pour laquelle tous les moyens
— La pe 'Secution contre les Hébreux sont bons, la ruse, la fourberie et la vio-
avait-elle commencé du temps de Séti 1 , er lence. Le motif que le roi donne de ses pré-
ou ne commença-t elfe que lorsque Ramsès cautions est la crainte, non que ce peuple
II fut seul maître du trône, c'est coque nous no s'empare de son royaume, mais quo, en
ne saurions décider. Ce qui paraît certain, cas de guerre, il ne fasse cause commune
c'est que ce ùit du moins ce dernier prince avec ses ennemis et ne quitte l'Egypte. Le
qui la poussa jusqu'à la plus extrême ri- mot que la Vulgate rend par egrediatur
gueur» (La Bibe et les découvertes moder- est RNY, proprement ascendat. qui marque
nes, etc., t. II, p. 249 et suiv., 4° édit.). dans la Genèse, xm, t, et ailleurs, le voya-
9. — Populus filiorum Israël, propre- ge d'Egypte vors la terre plus haute" do
ment, d'après l'hébreu : « le peuple, les fils Ghanaan. «Le roi sait donc, dit Keil, quelle
d'Israël ». C'est ainsi du moins que traduit est la patrio des Israélites, et ne peut par
Onkelos, suivi par Abenezra, Rossnmuller, conséquent pas compl'îtomont jgnnmr los
Keil. D'après eux, l'accent dispnetif qui se circonstances de leur établissement tempo-
trouve sous DV, « le peuple », indique que raire en Egypte, ni le droit, non plus que
la volonté qu'ils ont d'en sortir un jour ».
ce mot n'est pas à Vêtat construit, de sorte C'est précisément ce départ qu'il veut em-
que le suivant est employé, non comme son pocher à cause des grands avantages qu'ils
complément, mais comme une apposition procurent au pays par la culture des terres
qui lui sort d'explicatif. Néanmoins Dill- et par les troupeaux qu'ils nourrissant. D'un
mann croit pouvoir traduira onirne la Vul- autre côté, il y a tout lieu do croire que
gate, ce qui est plus naturel. — Forfior Dieu voulait ramener à lui par le malheur
nob's est. 11 y a la une exagération visible, les enfants d'Israël, que l'exemple des Egyp-
mais qi*i «*e co.içoit sans pemo dans la bou- tiens avait entr unes dans l'idolâtrie, comme
che de Pharaon et va b'en à son bul^ Léon nous l'apprenons par Jos., xxiv, 14, et
de T .aborde prend néanmoins cette expres- Ezéch., xxm, 2 et suiv., et en même temps
sion à la lettre. « Le texte, dit-il, est co îsé-
+ réveiller en eux le désir de la terre pro-
quen ici avos la suite : six cent mille nom- mise.
mas on état de porter las armes étaient plus
forts .(U3 les Egyptiens. Mais l'on se demande 11. — Prœposuii itaque eis magistros
.alors nomment s'organisait l'oppression. Le operum, à la lettre : « des princes de cor-
t a H w de l'Egypte depuis tronto années, voyeurs», c'est-à-dire des chefs de corvée,
tablai, qui peut-être n'a pas changé depuis ut affligèrent eos oneribus, pour los acca-
Mo'sa. L'spnnd à cette question. Une poignée bler sous le poids des travauxles plus péni-
d'hommes a toujDurs suftl pour opprimer la bles, non seulement afin d'arrêter chez eux,
nation. Gomnie.it la nation entière n'aurait- p r suite do leur aff iblissement physique,
elle pas tenu en respect une peuplade, quel- le progrès do la population, ou mémo de
6 L'EXODE
maîtres des travaux, pour les ac- operum, ut affligèrent eos oneribus;
câbler de fardeaux, et ils bàlirent à œdificaveruntque urbes labernaculo-
liberté et à l'autonomie. Telle est aussi la «pas être paresseux », dit un surveillant.
politique qu'Aristoto, Polit. V, 9, attribue On lit dans les plaintes mises dpns la bou-
aux tyrans, et dont il cite commo exemple che des vaincus par los inscriptions do Mé-
les pyramides mêmes d'Egypte. Gomp. Tite- dinet Abou : « Nous avons entendu parler des
Livej Hist. 1, 56, 59. « Dos papyrus à pou « intrigues des pères de nos pères ; le bri-
près contemporains de l'Exode, dit M. VI- «sèment de nos dos provient d'eux par rap-
goureux, nous ont raconté quelques unes «port à l'Egypte». On n'épargnait point la
des misères des malheureux condamnés à bastonnade aux jaunes hommes, on ne l'épar-
la corvée. Uns inscription de Bersched dé- gnait point aux scribes, on la prorlignait
crit ce qu'ont à souffrir les ouvriers obligés aux malheureux serfë... Une peinture de
de traîner des pierres comme des bêtes de Beni-Hassan représente des ouvriers battus
somme. te chemin pour frire gl.sser le de verges. On les voit étendus à terre, le
colosse est très difficile à établir; mais corps nu, deux hommes leur tiennent lorto-
combien n'est-il pas plus difficile de re- ment les bras, un troisième leur tient les
muer LA lourde masse 1... — Ce qui ag- pieds, et le surveillant leur administre lui-
gravait encore la corvée, c'était la dureté de même la bastonnade. Ce cruel traitement
ceux qui étaient chargés de la faire exécu- est aussi infl gé à une femme dans une autre
ter. Moïse nous apprend que. dès que Je peinture du même endroit » La Bible et
Pharaon eut résolu d'opprimer Israël, il les découvertes modem., etc., t. II, p. 268 et
choisit, pour réaliser ses desseins, des sarê suiv.. —Telle est la conditi n a laquelle Pha-
missim, « des chefs de corvée », dont la raon réduisit les Israélites, tel est le moyen
sévérité naturelle devait être on rapport qu'il employa pour les affaiblir autant qu'il
avec la mission cruelle qu'ils étaient appe- paraîtrait nécessaire à sa politique. — il ne
lés à remplir. II est souvent question de ces devait point être difficile, ce semble, dit
personnages dans les inscriptions et les pa- M. Vigoureux, de réalisor ce plan inhu-
pyrus. Ils s'appelaient madjaïu,... du nom main; car la corvée était fréquemment
d'une tribu libyenne contre laquelle avaient mortelle en Egypte. En plein dix neuvième
fait la guerre les anciens pharaons. I^es siècle, il y a quelques années à peine, deux
Egyptiens finirent par l'asservir, et leur cent cinquante mille J'ellahs » (L. de Lnhor-
nom devint plus tard synonyme de gen- t'e, dans le passage qu'on lira plus loin, ch.
darme ou d'agent de polce. Les madjaïu v, 8 et 9, note, ne parie que de cent mille)
avaient un commandant, her madjaïit, et « ont été employés de ibree par le vice roi
des inspecteurs ou contrôleurs, sal, chargés d'Egypte à creuser le canal do Mamoudieh,
de surveil er l'emploi des fonds ot l'ordre dos qui rdiela villed'Alexandrie au Nil, ù Alteh.
distributions, de i*égler l'exécution des tra- Vingt mille de ces malheureux ont succom-
vaux ou la'livraison des produits iabriqués. bé à la peine, épuisés par l'excès du travail
Ce sont là sans doute ceux que Moïse dési- qui leur était imposé ou par les coups de
gne sous le nom de nôgsim. Ceux qu'il nom- courbache que leur administraient d'impi-
me sôterim sont les scribes, que les papy- toyables surveillants. Les talus qui bordent
rus nous montrent commandant les brigades les rives du canal sont rempl's des osse-
d'ouvriors, leur remettant les rations jour- ments de ces infortunés, et le inoindre ébou-
nalières ou supplémentaires, ptc. Un papy- lcment les découvre aux yeux du voya-
rus do Loyde désigne expressément les geur ». Ibiri. p. 265. Ci'r* Michaud, Corresp.
madjaïu comme chargés de surveiller les- d'Orient, T. VII, p. 71 — JUdificaveruntque
' travaux dos Hébreux dans la ville de Ram- urbes tabernaculorum P/wraoni. L'hé-
ses, et nous fait connaître le nom d'un breu r t o p n n y : que la Vulgate rend par
de leurs chofs, préposé à la surveil aace des
corvées imposées aux Israélites - il s'appe- « urbes tabernaculorum », signifie d'après
lait Ameneman. — Les monuments figurés les meilleurs interprètes, « des villes de
nous représentent ces nôgsim et ces sôterim provisions » ou « de magasins », c'est à
tantôt assis et se contentant de suivre les dire, des villes dans lesquelles devaient être
ouvrie s de L'ŒIL, tantôt levant, pour (Yap- mis en réserve les produits du pays, partie
er, le bâton dont ils sont munis. Aujour- pour le commerce (Ewald, Gesch. d. Volk.
S 'hui encore la bastonnade est aussi fré- Israël, II, p. 16), partie pour Tapprovision'
CHAPITRE I 7
rum Pharaoni, Phithom et Ramesses. Pharaon les villes fies tentes, Phitom
et Ramesses.
noment de Tannée en temps de guerre. « Soccoth. Que Hathor accorde que ton nom
Gfr. Il Parai. Xvt, 4 ; xxxn, 28. La pre- «demeure avec cette statue dans Patum, ou
mière de ces villes* Phithom ou PUkom^otn «.la demeure de Tum, le grand dieu vivant
égyptien pi-Tum, c'est à dire, maison du « do Socaoth ». M. Vigouroux, La Bible, etc.,
Soleil {Tum\ est la môme que le IHTO-JJJ.0; t. Il, p. 237. — Le nom d'HcToopolis^clmnô
d'Hérodote, II, 158, situé, s:lon cet autour, par les Grecs et les Romai.is à P.thoin, l'ap-
près du canal qui,commençant au-dessns de pelle son antique destiir.tion. Dans ce nom,
Bubasto, allait joindre le Nil au g)Ife Ara- il n'y a que le second élément, îïdia.-, ville,
bique. D'npros les fouilles exécutées par M. quitfiit grec; 'Hpwwv, ou plutôt I-JPOV, com-
Naville eu 1884, et dont les résultats ont me il resuite dune inscription découverte
été généralement admis par le3 égypto- sur place par M. Navillo, n'e^t qu'une
logues, cotta ville s'élevait sur rempla- trans.brmation de l'égyptien ARTJ, pluriel
cement d'Abu Ke3<;heb; c'est l'Héroopolis d'AR, magasin, arsenal, de sorte que
des Grecs et des Romains. «Sur les rives Héroopolis signifie ville êtes magasins ' ou
du canal d'eau douce qui traverse aujour- arsenaux. La forme 'Hpwwv roui; est sans
d'hui TOuadi Tumilat à l*ost, près de Mas- doute venue do ce qu'on avait perdu la
khùta, à l'endroit où l'on aperçoit les véritable étymologio do co mot. Voy. M.
vestiges d'un ancien canal, on voit encore Vigoureux, ib:d., p. 277. — Les fou lies
un immensa bloc de granit, représentant en de M. Naville nous ont révélé co qu'é-
relier, sur sa l'ace antérieure, un pharaon taient ces magasins d'approvisionnement.
assis entre le dieu Ra et Je dieu tum. Ce « Pithom était entourée ivun mur considé-
pharaon n'est autre que Ramsès II, dont le rable de briques crues, renfermant dans
nom sa lit six fois dans linscription gravée son circuit quatre hectares de terrain
sur la face postérieure du bloa. Los ruines onviron. Cette superficie restreinte est
au milieu desquelles se trouve ca monu- occupée, à l'exception du templo de
ment sont dos restes de briques, faites du Tum et do son étroite enjointe, par des
limon du Nil mélangé avoa de la paille, magasins ou entrepôts, faciles à reconnaître,
vieux débris du mur d'enceinte de la vilio. parce qu'ils n'ont aucuna porte latérale,
On rencontre ainsi réunis en cet endroit qu'i's sont sans communication entre eux
tous les traits caractéristiques de la ville de et n'ont d'accès que par leurs toits voûtés ;
Pithom, le portrait de son fondateur et ces c'est par ces ouvertures supérieures qu'on y
briques que façonnèrent les Hébreux assu- faisa t entrer la blé, comme nous l'appre-
jattis A la corvée. — Les fouil!es de M. nons par le^ groniors reprisantes sur les
Naville ont bien preuve que les ruines Ce monumants figurés. Ces entrepôts ne res-
Tell el-Maskliûta sont réellement l'antique samblcnt d'ail bu rs à aucun des monuments
Pithom. Ce nom signifie la demeure du découverts jusqu'ici en Egypte. \U sont do
dieu Tum. Tous les monuments qui en forme rectangulaire, très solidement bâtis et
)roviennent sont en effet consacrés au en murs de briquas do huit à dix pieds d'é-
J ieu Tum Harmakhis, c. mme le bloa da
granit dont nous venons de parler, com-
paisseur. On remarque du mortier outra les
couchas de briques. Les remparts ont plus de
me le sphinx et la stelo des Ramsès H vingt deux pieds d'épaisseur. Pour deblayor
trouvés en 1876 sur les lieux mêinas, et qui une partie des bâtiments qui servaient d'en-
font maintenant l'ornement d'ismaïlia. Les trepôt,l'expédition anglaise a dn on'evor plus
inscriptions découvertes par M. Naville pen- de 530,000 pie 1s cubas da sable ot da terre.
dant son exploration constatent que la de- — Los ar&naux de Pithom, conima coux
?neure de Tarn avait deux noms, l'un reli- da Ramsès, étaient sans doute dasli.ic.s à
gieux et sacré, Pa-tum ou Pithom, l'antre recueillir ou à girdar las provisions do tout
civil et pro.'ane, Thekut (ou Sokut, Soccoth). genre,-et npécialemont de grains, qui étaient
Le nom de Patmn se lit trois ibis sur une nécessaires au pharaon Ramsès II pour ses
statuette de granit rouge, de 65 centimètres campagnes contre l'Asie. Les armées qui
de haut, représentant u i homme accroupi, se rendirent en Syrie avaient le riég-rL à
Anh-Renp-.ie br. officier du roi Os^rkon II, traverser, et étaient p t r conséquent forces
e
de la XXII dynastie. Le nom de Socaoth se d'emporter avea elle das vivres pour la
lit sur un fragment portnnt les deux car- route. C'est là aussi peut-être que l'un re-
touchas de Ramsès II. Une statue mutilée cevait et que Ton conservait les tributs
d'un homme debout porte sur le dos trois payés à I Egypte par les nations étran-
signes hiéroglyphiques qui signifient : « Le gères. Enfin le Tell ol-MaskhïUa actiul,
« chef de l'arsenal, le scribe de Patum de l'antique Pithom, était probablement du
8 L'EXODE
12. Et plus on les opprimait, plus 12. Quantoque opprimebant eos,
ils se multipliaient et croissaient. tanto magis multiplicabantur, et cres-
cebant;
temps de Moïse une villo frontière, et pour « très, en lignes parallèles ; on en bâtissait
ce motii' elio devait être fortifico afin de «d'autres qui éta'ent perpondîcuaires aux
ne pas être exposée à un coup de main « premiers, de manière à dessiner sur le ter-
de la part des nomades du désert. C'est ce «rain une sorte de damier; on remplissait
qui oxpl que la coostruation de ces mura « ensuite les intervalles avec de la terre, avec
<fenceinte qui ont duré j isqu'à nos jxirs, et « de la pierre, avec tout ce que Ton avait sous
ce qui justifie la version des Septante, qui a «la main. C'était sur cette espèce do socle
rendu âtê mi&kenoik par villes fortifiées. « que posaient les fondations des édifices. La
— La ville do Ramsès, bâtie aussi par les « maison trouvait là une base solide que
Héb eux, était vraisemblablement clans le «ne lui aurait pas fournie la terre meuble
voisinage de Pithom, puisqu'elle était éga- « de la plaine ; e le y gagnait aussi en agré-
lement un arsenal et uns place forte do la « ment ot en salubrité. C'est a'naî que pa-
terre de Gossen ; mais le site en est incon- « raissent avoir été construites les villes de
nu. Nous en connaissons du moins la des- « Memphis et de Thèbes » (Perrot, L, Arohit.
cription qui nous a été conservée par les civ. do l'anc. Egypte). C'est aussi de la
apyrus. Elle paraît avoir été l'habitation sorte que durent être construits les fon-
S e pré lilection du roi qui l'avait appelée de
son nom. « Sa Majesté (Ramsès II), dit un
dements des villes de Ramsès ot de Pithom.
— Mais ce premier travail accompli, que
« scriba égyptien, s'est bâti une ville dont le de millions de briques l^s enfants d'Israël
« nom est Pa Ra-messu aanacht, la ville ne furent-ils pas encore contraints de fa-
« de Rams?s le très vaillant. Elle s'étend briquer pour élever les larges muraïles qui
«entre Zahi (la Palestine et l'Egypte, toute formaient l'enceinte des deux places fortes,
« remplie do provisions délicieuses. . . » et pour bâtir les nombreux magasins, aux
— La villo do Ramscs, construite on murs épais, où Ramscs 11 voulait entasser
grande partie sous Ramsès II et agrandie ses munitions de guerre et les approvision-
er
par Menophtah 1 , était encore sous Séti II nements pour ses troupes! On peut s'en
une place importante. Séti li alla y célébrer faire une idée par ce que nous avons'dit
en personne le culte d'Ammon-Ra. Meneph- plus haut des ruines de Pithom ». M. Vi-
er
tah I avait fait aussi travailler comme goureux, La Bible, etc., t. H, p. 277 ot suiv.
son pòro aux fortifications do Ramsès, de — Deux documents du règno de Ramsès
sorte qu'il est vraisemblable que les Hé- II, dit encore M. Vigoureux, dont M. Cha-
breux y avaient continué de son temps les bas a donné la traduction, prouvent en effet
travaux commencés sous son prédécesseur. que ce prince occupa les Hébreux à la cons-
— Ramsès était donc une ville importante. truction da la ville à laquelle il donna son
Ses murailles, ses magasins ot soi arsonaux nom. Ces documents mentionnent une race
devaient ótre semblables à ceux de Pithom. étrangère nommés Aperi ou AberL Cette
Pour les constructions nombreuses et si mas- race était assez nombreuse pour que le Pha-
sives de ces deux villes, il est difficile do raon préposât à sa garde un corps de Mad-
calculer la quantité de briques qui Ait néces- jaïu, c'est à dire, c-tte force militaire de
saire. Il en fallait dos quantités énormes pour police dont nous avons déji parlé et que
l'édification d'une cilé ordinaire, il en fallut nous savons avoir été chargée de services
davantagô encore pour Pithom et Ramscs. analogues, notamment de celui du quart.er
A cause des inondations du Nil, les villes des tombeaux à Thèbes. — Ces Abariu
d'Egypte avaient besoin d'être élevées au des- ou Aperiu désignent les Hébreux par le
sus du niveau moyen du sol. On construi- nom le plus ordinaire qui leur était primiti-
sait donc tout d'abord u.ie sorte de tortre vement donné, comme lo reconnaissant la
artificiel qui, par son élévation, mettait les plupart des égyDtologues. Il était impos-
maisons ot leurs habitants à l'abri des eaux sible aux scribes égyptiens de transcrire plus
au moment de la crue. Les fouilles entre- exactement en leur langue le nom des
prises sur Io site de plusieurs antiques cités Hébreux ». Ibid., p. 275 — Il faut remarquar
nous permettent do décrire les travaux que qno le pluriel égyptien se termine en u. • —
Ton exécutait pour obtenir ce résultat. «Sur 12. — Qiuintoque, et quo magis, oppri-
« l'emplacement du qua tier que l'on voulait mehant eos, etc. La première mesure em-
«créer, on construisait des murs très épais ployée par Pharaon a donc été loi i de le
« en briques crues, qui s'allongaaient sur le conduite à son but. Dans une multiplication
« sol, à une certaino distance les uns des au» si extraordinaire, que les obstacles mêmes ne
CHAPITRE I 9
13. Oderantque filios Israel iEgyp- 13. Or les Egyptiens haïssaient les
tii, et affligebant illudentes eis; enfants d'Israël et les tourmentaient,
en se jouant d'eux.
14. Atquead amaritudinem perdu- 14. Et ils rendaient amère leur vie
cebant vitam eorum operibus duns par de durs travaux d'argile et de bri-
luti et. latcris, omnique lamulatu, quo ques et par tous les services dont ils
in terra operibus prcmebantur. étaient accablés pour les travaux à
faire dans le pays.
l b . Dixit autem rex iEgypti obste- 15. Or le roi d'Egypte dit aux
font qu'accroître, se manifeste une force panier, les autres enfin en tournant avec
supérieure à la nature ; mais, au lieu de les pieds une roue qui est presque inusitée
s'incliner devant elle, les Egyptiens re- aujourd'hui. CVst ce dernier modo d'arrose-
doublent d'efforts p . w l'étouffer. Le mem- ment dont il est question dans le Doutéro-
bro dj- phrase qui tonnine ce verset dans nome. Niebuhr a encore trouvé une do ces
l'hébreu est réuni au verset suivant dans la roues, qui dans leur mécanisme sont sem-
Vulgate. blables aux gruoa de nos ports. Aussi Phi-
13. — Oderantque filios Israel, etc.; Ion (De Confus, ling.,) remarqiid-t-il (pie
I ttérabment d'après l'hébreu : «et ils»(les dans ce travail les mains font l'office des
Egyptiens) «lurent dans l'ennui», l'in- pieds et les pieds celui des mains. — So-
qu'étude, « à cause des fils d'israêl. Et les Ion Josephe, Antîq. H, 9, 1, les Israélites
Egyptiens asservirent les fils d'Israël a v e 3 furent employés à Taire des canaux pour la
dureté », les réduisirent à une dure servi- distribution des eaux du Nil dans les cam-
tude, les astreignant à de rudes travaux pagnes, à entourer les villes de murailles et
sans pitié ni merci. 11 no s'agit pas d'une à élever des digues pour empéjhor le fleuve
n nivelle oppression, mais seulement d'une de porter jusqu'à elles les eaux de 1 inonda-
récrudescouce de celle sous laquollo gimis- tion et cVy former des marécages, onfin à
saient dé.jà les Israé i t e 3 , qui sont traités en construire des pyramides, d'où résulta du
véritables esclaves. moins pour eux 1 avantage d'apprendre les
14. — Operibus daris lati et lateris, par difféionts arts et de s'endurcir a la fatigue,
un rude travail consistant à taire des bri- 11 n'y a rien là que de vraisemblable, excepté
ques a v e 3 du bitume et à mettre les briques en ce qui concerne les pyramides, dont la
on œuvre pour diverses constructions. Les construction remonte bien au-delà de cette
briques étaient la matière dont on se ser- époque.
vait Le plus ordinairement on Egypte pour 15. _ üixit autem rex JEgypti obsie-
lîfttir. Nous trouverons encore plus bas, ch. trkibus Hebrœorum, dans l'original : « He-
v, 6 et siiiv., sur Jour fabrication, dos de- 4 brsearum, » seil, muliorum, quartini una...
tails qui nous donneront occasion de rêve- ses tentatives précédentes ayant échoue,
nir sur ce sujet. — Omnique famulatu, pharaon prend la barbare résolution de
ç u o . . . L n culture des champs, remarque faire périr tous le; emänts mâles dès leur
1Â n de Laborde, n'est un supplico quon naissance. Inutile do lairo obssrver que les
Egypte, ( u elle exige un arrosement artift- d e u xag:s femmes qu'il charga d'abord de
S
ciel, continuel et dos plus penibles. Go pays g o n exécution nétaiont pas Us seules qu'il
préajnto ainsi, a v o 2 une culture des plus v ]
ô u t i Hébreux : comment doux
c i e / o s
faciles, puisqu'il suffit d'ensemencer les ter- sages-femmes auraient-elles pu suffire pour
rains laissés a découvert par l'inondation, u n e population si considerarle? Cotaient
une culture diffici e, qui est celle quon sans rloiite les chofs on în^peotricos de tonte
poursuit {.près les semailles. Sous ce rap- i corporation, lesquelles, dans un pavs
a
Dont. ix. 10, comme bien differente de celle devant l'autorité de l'aptitude ot do la m v
de lEgypte, parce que les,champs y sait ral i t é r!e leurs subordonnées.Elles devaient
arrosé; par la pluie, tandis quon Egypte leur communiquer les instructions reçues et
il faut les ar.oser a fan» de bras. Les roues voilier à leur observation. Keil vont qu'elles
qui montent l'eau sont tournées par dos aj été Israé ites, et Fürst dérive en effet
o n t
chevaux, et plus souvent par des bœufs; leurs noms do racines hébraïques : SeW/om
dans les vi'lages pauvres, les hommes eie- Shipkrak), beauté, éclat, de nstf
vent l'eau dune manière ingénieuss, mais , * _ •
hriller
. e t r e
. „ _ _
heau e t P h u a
très «atigante, les uns au moyen do bas »loa, > < Pouhah),
les autres en tirant à deux les anses d'un de la racine inusitée VIS), équivalente à
10 L'EXODE
sages-femmes des Hébreux, dont Tune tricibus Hebrseorum; quarum una vo-
s'appelait Séphora et l'autre Phua, cabatur Sephora, altera Phua,
16. Leur donnant cet ordre : Quand 16. Prsecipicns eis:Quando obste-
vous accoucherez les femmes des Hé- tricahitis Hebreeas, et partus tern pus
breux et que le temps de I'cnfante- advenerit; si masculus fuerit, interfi-
încnt sera venu, s'il nait un mâle tuez- citeeum; si femina, reservate.
le, s'il nait une fille, conservez-la.
il. Mais les sages-femmes crai- IT. Timuerunt autem obstctrices
gnirent Dieu et n'agirent pas selon Deum, et non fecerunt juxta prsocep-
l'ordre du roi d'Egypte et elles sauvè- tum regis ^Egypti, sed conservabant
rent les mâles. mares.
18. Le roi les fit venir et leur dit : 18. Quibus ad se accersilis, rex ait:
Qu'est-ce donc que vous avez voulu Quidnam est hoc quod facere yoluis-
faire en sauvant les petits garçons ? tis, ut pueros servaretis ?
19. Elles répondirent : Les femmes 19. Qua3 responderunt : Non sunt
juives ne sont pas comme les égyp- Hebreero sicut ^Egyptise muliercs; ip-
tiennes ; elles savent se délivrer elles- sa*, enim obstetricandi habent scien-
mêmes, et avant que nous venions à tiam, et priusquam veniamus ad eas,
elles, elles enfantent. pariunt.
nS"'» briller, être beau, agréable. l'Egypte, Etal moderne, 1.1, p. 519), William
Cependant Bunsen, Cx>k et autres pensent Lano \Tke modem Egypliam, p. 275),
qu'elles étaient Egyptiennes, bien qu'ils ne expliquent ce mot par l'usage qu'on fait
soient pas d'accord sur la signification de encore aujourd'hui en Egypte de sièges ou
leurs noms, et ce sentiment me paraît être fauteuils d'accouchement. Quand une femme
le plus vraisemblable, celui qui s'harmonise sent approcher sa délivrance, elle prévient
le mieux avec la suite du texte. la sage-femme, qui so frit précéder pqr le
10. — til partus tempos advenerit. Ce' Kursee elouiladeh, siège d'une forme particu-
passage est moins clair dans lo texte hébreu, lière, sur lequel la patiente est assise pendant
où il se lit ainsi : «vous verrez,» ou «vous le travail. On trouve un pareil siège repré-
regarderez a i n N r r b y , » littéralement: « sur senté sur les monuments égyptiens De toutes
- les exp'icaUons de CJ pass go, c'est colle que
les deux pierres». Que faut-il entendre par Rawlinson trouve la plus satisfaisante, et
ces «deux ptèrres»? C'est ce qui n'a pu Dillmann la seule admissible.
encore être déterminé avec certitude. Comme
cette expression désigne dans Jérémie, xvzn, 17. — Timuerunt autem obsietrices
3, les deux roues, semblables à des meules Deum, dans lo texte, a^nb^n avec l'article,
de moulin, l'une supérieure et plus grande, le Dieu personnel, le vrai Dieu.
l'autre infériauro, dont est composé l'instru-
ment du potier en Orient, plusieurs inter- 19.— Non sunt hebrœce sicut œgypliœ
prètes, tant anciens que modernes, entre mulieres. «La manière de vivre, dit L. do
autres Cornélius a Lapide, Knobel et Keil, Laborde, faisait toute la différence. Encore
pensent qu'elle est ici transportée par ana- aujourd'hui les Arabes des villes sont toujours
logie au sein ds la femme, dans lequel est plus difficiles à acoouchor que bs femmes
formée et d'où, s'échappe une nouvelle créa- des tribus. Les negies&s surpassent, par
ture comme un vase sort do l'instrument du la facilité de leurs accouchements, tout ce
potier. Mais cette explication mo semble u'on po irrait s'imaginer. Parmi les femmes
b:en pjtl naturelle. Selon d'autres, il s'agit ont ost formée la granrb caravane du Dar-
d'une espèce de patite baignoire formée de fonr qui traverse le désert, le plus grand
doux pierres, l'une creuse, et l'autre lui nombre part dans un état de grossesse plus
servant de couvercle, dans laquelle on lavait ou moins avancée. Une b nne partie accou-
las nouveaux-nés. Le passage de ce livre, che en route, et non pas seulement dans les
VII, 19, où D'JIK est employé pour des haltes do la nu t, de manière à ne repartir
que le lendemain matin avec la caravane,
vases de pierre, favorise cette explication, mais psndantla marche, derrière un rocher,
qui est celle que préfèrent Glaire et Lange. tandis que la caravane défile ; et ces pau-
D'autres enfin comme Laroy (Descripr. ào vres mères rejoignent, av^c leurs nouveaux-
CIIAP1THE ï 11
20. Bene ergn fecit Deus obstetrici- 20. Dieu fit donc du bien aux sages-
bus; et crevit populus, confortatus- femmes, et le peuple s'accrut et se
que <\st nimis. fortifia extrêmement ;
21. Et quia timuerunt obstetrices 21. Et parce que les sages-femmes
Dcum, fediflcavit eis domos. avaient craint Dieu, il leur hAtit des
maisons.
22. Praeccpit crgo Pharao omn! po- 22. Pharaon donna donc un ordre
pulo suo, dicens : Quidquid masculini à tout son peuple et dit : Tout ce qui
sexus natum fuerit in Humen projici- naitra du sexe masculin jetoz-Ie dans
te; quidquid fcminini, resérvate. le fleuve, tout ce qui naîtra du sexe
féminin, gardez-le.
CHAPITRE IL
femme « une fille, » c'est-à-dire,une descen-. bientôt ou'à sa naissance il avait une sœur,
dante, « de Lévi, » app3lée Jochabed. L'ex- Marie, déj ï grande. L'un et l'autre étaient
pression « alla » sert a représenter l'action nés avant la publication de l'ordre de net-
qui suit comme importante. Quoiqu'il semble, tro à mort les enfant? unies. IL n'en est pas
d'après la Vulgato, que ce mariago n'ait eu fait mention ici, pares qu'il ne s'agit que de
lieu qn'aprè3 le décret do proscription des la naissance et de la délivrance de Moïse, le
enfants mâles, on ne saurait néanmoins futur libérateur d'Israël. — Et viefam eum
douter qu'il ne lui soit antérieur, puisque, eler/aniem. La baauté extraordinaire" de
comme la suite nous l'apprend, à cette époque l'enfant fut aux yeux de sa mère un signe
de la persécution il en était déjà sorti doux de spéciale bienveillance de la part de Dieu, et
•enfants, à savoir, un-garçon qui paraît avoir un présage que la Providence avait sur lui
^té élevé par ses parents sans aucun obstacle, des desseins particuliers. C'est ce qu'indique
et une fille encore notabIeme.it plus âgée. l'expression à t n e î o ; Tffl ©eu dont so sert S.
S'il n'en est fait mention qu'à l'occasion de Etienne, Act. vu, 20. AÏarsûe Ficin, in Plato-
la naissance de Moïse, c'pst qu'il ne rentre nis Sympos., appelle la beauté « la fleur de
que par là dans la série des événements qui la bonté ». PJaton lui mémo l'avait définie
font- le sujet de celte partie do livre. Les « la splendeur du vrai ». Pacatus, dans le
préliminaires de la sortie d'Egypte, tel est Panégyrique de Théodose, lui dit : « Augus-
maintenant le grand objet de l'historien. tissima quaeque spocios plurimum credi tur
Quel intéressant spectacle son récit présente trahere de cœlo. Virtus tua mernit impo-
à nos regards ! Tandis que Pharaon poursuit! nimi, sed virtuti addidit forma su ïragium :
' avec acharnement ses projets d'oppression illa preestitit ut opsrteret te principam fiori,
r
contre les Israélites, Dieu prépare leur déli- hœc ut deceret » (Cité par Corn, a Lnpide).
vrance, et, chose admirable I dans son plan, — Abscondit tribus mensibus, littérale-
Tordre donné par le tyran de faire périr les ment d'après l'hébreu : « durant trois lu-
enfants mMes doit aboutir à leur former non nos ». Elle le cachait ami de le sauver,
seulement un libérateur, mais encore un [uoiqno cela ne parût guère possible. C'est
législateur qui, instruit dans toute la sagesse ? a mar-lue de la bien-'eUlance divine qu'elle
de l'Egypte, et faisant servir au dessein de trouvait dans s i beauté qui lui en donnait
CHAPITRE II 13
3. Cumquejam celare non posset, 3. Comme elle ne pouvait plus le ca-
sumpsit fiscellam scirpearn, et linivit cher, elle prit une corbeille de roseau et
earn bitumine ac pice, posuitque intus l'enduisit de bitume et de poix ; elle
infantulum, et exposuit eum in carec- y déposa le petit -enfant et l'exposa
to ripari fluminis, dans les roseaux du rivage du fleuve.
4. Stante procul sorore ejus, et 4. Sa sèeur se tenait à distance
considerante eventum rei. pour voir ce qui arriverait.
5. Ecce autem descendebat Glia 5. Or voilà que la fille de Pharaon
Pharaonis ut lavaretur in flumine; descendit pour se baigner dans le fleu-
et puellse ejus gradiebantur per cre- ve et ses jeunes filles marchaient sur
l'espérance, espérance qu'elle ne perdit pas tenb., Dio Büch. Mos. u, Mg., p. 84 et suiv.
même lorsqu'elle ne vit plus d'autre parti à — Et linivit eam Idtamine ac pice. Par
prendre que d'exposer l'en ant. Ainsi l a con- 10 « bitume, » RosonmMler, Knobol, Keil, en-
duite que, de concert avec son mari, elle tendent do l'asphalte provenant, dit ce der-
tint dans cette occasion lui lut dictée par sa nier, de la mer Morte ; selon Gook et autres,
foi, comme le dit expressément S. Pauf, Heb. 11 ost plus probable qu'il s'agit do la vase
XI, 23. du Nil, qui étant durcie est très tenace. Le
3. — Cumque jam celare non posset. bitume avait pour but de remplir les inter-
« Les Madjaïu-, dit M. Vigouroux, faisaient stices du tissu, et la poix, de lo rendre im-
des perquisitions sévères et minutieuses ; il perméable à l'eau. — ht exposuit eum in
était impossible de le dérober plus longtemps careció ripœ fluminis. Eue plaça le coffro
à leurs recherches ». La Bible, etc., t. II, auquel elle confiait un si précieux trésor de
manière à ce qu'il ne pût être entraîné par
. 296. — Suinpsit fiscellam scirpeam^
S ans l'Hébreu : n d J m n , «une arche de
le courant et qu'il lût facile do le retirer;
elle choisit en outre, comme Keil l'infère de
papyrus ». L'expression « arche » renferme, ce qui suit, l'endroit par où elle savait quo
selon Keil, une allusio.i à l'arche dans la- la filio do Pharaon avait coutume de passer
quelle Noé fut sauvé du déluge. Voy. Gen. pour aller se baigner, espérant sans doute
VI, 14. Le « papyrus » est une espèce de qu'elle sa laisserait toucher par l'extraordi-
jonc ou de roseau gui était autrefois très naire beauté de cet enfant. Ainsi la prudente
commun en F-gypte dans les lacs et dans les mère disposa t ut de son mieux pour que le
marécages du Nil, mais qui a presquo dis- parti extrême qu'elle était réduite à prendre
paru de l'Egypte moderne. Sa racine est eût l'issue favorable qui va être racontée.
tortueuse, de la grosseur du poignet. Sa C'est donc bien à tort qu'on a osé l'accuser
tige, qui est triangulaire, s'élèvo de sept à de lâcheté et de cruauté. « Gui (aivie), dit
neuf coudées et se termine on pointe ; elle Cornélius a Lapide, impositum infantem ma-
ost remplie d'une substance -fougueuse. ter in jun.eto sen careció, ubi incertus even-
Elle porte au sommet une ehevwlura, un pa- tos cortiorem vita? dabat spsm quam domi,
' nache en parasol et un épi qui forme un ubi certa erat mors inferenda ab assiduis
thyi se. Les racines du papyrus étaient em- inquisitoribus, exposuit, dura quidem, sed
ployées pour brûler et pour faire différents necessaria et in Dei providentiam fidento
vases. On entrelaçait 'a tige en forme de misericordia».
tissu pour construire de petites barques ou
nacelles qui se distinguaient par leur légè- 4. — Stante procul sorore ejiis. C'est
reté et leur vitesse, et qui étaient aussi con- très vraisemblablement la même qui plus
nues des Hébreux (Is. xvin, 2 ; Job. ix, 2G) ; tard sera plusieurs l'ois désignée sous le nom
de récorce intérieure ou liber on faisait des de Marie {Miryam). Elle se plaça «loin»,
voiles, des nattes, des habillements, des es- à une certaine distance, pour voir ce que
pèces de chaçeaux, des sandales, des cordes deviendrait son jpetit frère et être á portée t
et autres objets, mais surtout du papier à de faire pour lui ce que demanderaient le3
écrire. On a découvert en Egypte des ma- circonstances. Il s'entend assez de soi quo sa
nuscrits de toute nature sur papyrus, entre mère, en l'envoyant, ne s'était pas fait faute-
autres des contrats entre particuliers en de lui donner toutes les instructions qu'elle
caractères égyptiens qui remontent jusqu'au avait jugées convenables selon la diversité
delà de Moïse. Voy. Pline, Hist. nat. VII, des cas qui pouvaient se présenter.
57; XIII, 22; XVIII, 28; Champollion- 5. — Ecce autem descendebat filia Pha-
Figeac, Egypte ancienne, p. 24 ; Winet, raonis . . . Josèphe, Ant. II, 9, 5, donne à
BibL Realw, t. II p. 411 et suiv. ; Hengs-
f
cette /princesse le nom de Thermonthis \
14 l'exode
le bord de l'eau. Lorsqu'elle eut vu la pidinem alvei. Quse cum vidisset fis-
corbeille dans les roseaux, elle envoya cellam in papyrione, misit unam e fa-
une de ses servantes qui l'apporta, mulabus suis : et allatam,
Act. 7, 31. Hebr. Ii, S3.
, 6. Elle l'ouvrit, et en y voyant un 6. Aperiens, cernensque in ea par-
enfant vagissant, elle en eut pitié et vulum vagientem, miserta ejus, ait:
dit : C'est un des enfants des Hébreux. • De infantibus Hebreeorum est hic.
7. La sœur de l'enfant lui dit : Vou- 1 . Cui soror pueri: Vis, inquit, ut
lez-vous que j'aille et que j'appelle vadam, et vocem tibi mulierem He-
Artapan, dans Eusèbe, Prépar. évang. IX, les autres pour jouer, mais aucun dans un but
27, colui de Merrhis. « Il est remarquable, de propreté ou de santé ». Mais il en était au-
dit M. Vigoureux, que les monuments égyp- trement dans l'antiquité, comme le montre le
tiens mentionnent une femme de Ramses tableau d'une scène de bains à Thèbes repré-
nommée, avec l'article féminin, T-MER-EN- sentant unj grande dame égyptienne AVEZ
MUT, ou seulement TMERMUTH, « aimée de quatre suivantes qui la servent (dans Wilkin-
la déesse Muth ». Elle pouvait très bien être so.i, III, p. 389), ce qui d'ailleurs s'accorde
la sœur de Ramsès en même temps que son parfaitement avec les idées que les Egyptiens
épouse, et par conséquent la fille du pharaon
er
avaient de la sainteté du Nil, auquel on ren-
Soti I : car en Egypte le mariage d'un dait même de.s honneurs divins, et de la
)rinceavec sa sœur était considéré comme vertu de ses eaux, à laquelle croient encore
'union la mieux a-sortie pour conserver pur les Egyptiens d'aujourd'hui. Voy. Seetzen,
e sang divin de la famille royale. Cette cou- Reis., t. III, p. 204. Au reste, WEgyptiens,
ume, qu'on rotrouve aussi plus tard en Perse, dit Bunsen, avaient des chambres de bains ;
SE perpôtua en Egypte jusqu'au temps des Pto- ils en avaient donc aussi sans doute sur le
lémées ». La Bible, etc., ibid.. p. 300. Le Nil. En tout cas, ta fille du Pharaon se bai-
sens que présente naturellement Le texte est gnait du moins à une place choisie qui lui
cependant que cette princesse était la fille était réservée, et où elle était suffisamment
du pharaon régnant ; si elle eût été sa femme, mise à couvert par les joncs et les papyrus.
c'est sans doute comme telle qu'elle serait « M. F. Lenormant,décrivant une cuiller qui
désignée. Il faudrait donc dire dans l'hypo- figurait au Musée Egyptien de l'Exposition
thèse énoncée par M. Vigoureux, qui est universellede I8li7 â Paris, dit : « Cetteélé-
colle d'Kbers que ceci s'est déjà passé du
er
« gante cuiller de bois, qui représente une
vivant de Seti I , lorsque sa fille, qui devait « jeune fille nubienne nageant et poussant
dans la suite devenir la femme de Hamsèslf, « devant elle à la surface des eaux un bas-
n'en était encore que la soeur, d'où résulte- -» sin de forme ovale, est du temps de Moïse;
rait non seulement que la porsécution re-
er
« avec un peu d'imagination, il serait possible
monte jusqu'au règne de Séti I , mais en- « de croire qu'elle a reposé sur la toiletta do
core qu'elle atteignit à estte époque зол plus « la fille de Pharaon ». L'EGYPTE, 18G7,
haut degré de violence. C'est aussi l'opinion p. 3(i. Cette cuiller prouve du moins l'exac-
d'Ebers, d'après laquelle, par conséquent, titude des détails de l'Exode. Il est certain
Ramsès II n'aurait fait, à l'égard des Hébreux, d'ailleurs que les femmes égyptiennes avaient
que continuer la politique de son père. une liberté de mouvement qui n'existe pas
Voy. encore plus bas la note sur le vers. ailleurs en Orient ». M. Vigoureux. La Bible,
10. Au lieu de « in flumine », complé- etc. t. II, p. 299, note 2.
ment de « ut lavaretur », l'hébreu porte
"WVrby, « sur le fle.ive », comme complé- 6. — AT : DE INFAILLIBLES SEHRŒORUM
ment de « descendit ». La construction avec EST HIC. Elle le conclut de son exposition.
la préposition SUR vient de ce que du rivage 7. .— CUI SOROR PUERI : VIS .. ..QUŒ NU-
plus éle\é on descendait dans le fleuve. 11 a TRIRE POSSIT INFANTULUM ? d'après le texte
paru étonnant que la fille du roi vint se bai- hébreu : « quse lactet tibi puerum » * légère
gner dans le Nil, ce qui, dans l'Egypte mo- différence qui se retrouve encore deux fois
derne, au témoignage de Lane, ne se Tait plus au verset 9. De l'intérêt que Marie voit la
que par dos femmes du bas peuple dans des fille de Pharaon témoigner pour l'en Tant, elle
endroits écartés. L. de Laborae dit même infera qu'elle est disposée à le recueillir, et
en général qu' « aujourd'hui les matelots et elle s'approche d'elle. La raison pour laquelle
les enfants entrent seuls dans le Nil, les uns elle lui propose pour nourrice une femme
pour satisfaire aux exigences de leur métier, Israélite s'entend de soi. La fille de Pharaon
accepte sa proposition vraisemblablement
CHAPITRE II J3
bracam, quse nutrire possit infantu- une femme de chez les Hébreux qui
lum ? puisse nourrir le petit enfant ?
8. Respondit : Vade. Perrexit puel- 8. Elle répondit : Va ! La jeune fil-
la et vpcavif. matrem suam. le courut et appela sa merc,
9. Ad quain Iocuta H lia Pharaonis : 9. A laquelle la fille de Pharaon dit ;
Accipe, ait, puerum istum, et nutri Reçois cet enfant et nourris-le moi,
mihi; ego dabo tilii mercedcm tuam, je te donnerai ta récompense. La fem-
Suscepit mulier, et nutrivit puerum, me prit l'enfant et le nourrit, et le por-
adultunique tradiclit filise Pharaonis. ta, quand il eut grandi, à la fille de
Pharaon.
10. Quem illa adoptavit in locum 10. Elle l'adopta comme un fils et
parce qu'elle pense qu'une telle nourrice serva sans doute encore, eu qualité cL sa l
sera plus affectionnée a cet enfant et lo soi- nourrice, das rapports particuliers avec lui.
gnera mieux qu'une Egyptienne. Elbeut ainsi tout J .acilité pour lui apprendre
8. — Et vocavii matrem sitam, dans le mystère de son or gine et de sa délivrance,
l'hébreu : « la mère de l'entant », qui était et pour lui ingpt rcr des sentiments confor-
aussi la sienne, do sorte que cette différence mes à sa national té.
n'altère e • rien la vérité du récit. Néan- 10. — Vocavitque nomen ejus Moi/ses,
m o i n s la leçon do l'hébreu est évidemment en hébreu nïTQ ( M o s h e h ) , dicens : Quia
préférable, et dit bien plus au cœur. Celle qui de aqtui fuli cum. La fllb do Pharaon
est appelée pour être la nourrice de l'enfant, ayant donné ce nom à l'ornant comme a son
c'est sa mère! Quelle douce charge pour e l l e ! fils d'adoption, ce ne peut être qu'un nom
Comme t o u t e s se^ angoisses sont subitement égyptien. C'est ce qu'indique déjà sa forme
changées en j D i e o t en bonheur! Mais qu'on grecque Mtoua?!;, que Jossphe, Antiq. II, 9, 6
voit jjien là aussi la m a i n de Dieu! « Si Moïse dérive de l'égyptien fiw, eau, et do ua^, ou
avait été confié à une nourrice égyptienne, plus exactement, oushé, sauvé, c'est à dire,
dans le palais de Pharaon, il aurait reçu sauvé de Z'eau,explication que reconnaissant
une éducation semblable à celle des autres encore commo exacte Vaihinger (dans hor-
enfants do la cour, et n'aurait pu remplir zegs Real-Encyc, t. X, p. 40), Keil et au-
la mission que la Providence lui reservajt un tres savants. Gspandant le même Josèphe
j o u r . Mais Dieu régla t o u t e s choses pour que
donne ailleurs (Lontr. Ap. I, 31) à co nom
l ' e n f a n t qui d e v a i t a p p r e n d r e au m o m e n t ve-
une étymolcgb un peu différente, prenant
nu les scien:es des Egyptiens, et acquérir l'in- (iûu pour signifier Veau et négl géant lo
fluence qui résulterait nécessairement de son reste. On peut aussi rapporter la lornie hé-
rang auprès du prince, s u ç â t avec lo lait les braïque Mosheh à l'égyptien en la déduisant
vi ais principes religieux, l'amour de Dieu et avec plusieurs auteurs, tant anciens que
de son peuple. Ce lut sa propre mère, une modernes, de |iw, eau, et o/j; ou sé, s/ié,
femme d'intelligence et de cœur autant que prendre .-pris ou retiré de Veau. C r. Go-
de piété, qui devint sa nourrice. Elle lui son. Thés. p. 824. D'en chercher la ra:ine
imprima si profondément dans l ' â m e le zèle dans l'hébreu r u t e , tirer, retirer, c'est ce
de la vraie religion et le sjntment du pa-
triotisme que rien ne put les e n a r r a c h e r n i
qui est d'autant moins possible qu'0.1 aurait
les altérer, au milieu même do l'élite de la un sens actii' : tirant ou retirant, en con-
société égyptienne », M, Vigoureux, ibid., tradiction avec la récit. Keil explique la
p. S03. forme hébra.que en disant que, da.is la bou-
che du peuple israôlite, lo nom Mouds fié,
9. — Accipe, **yh}T\ pour W B Î N , «em- incommode à l'organe hébreu, devait invo-
mène », emporte ; À la lettre : « fais aller ». lontairement se changer en Mosheh, et il
— Ego dabo tibi mercedem luam. L'heu- ajoute avec Kurlz que ce changement lut, à
reuse mère sera encore payée do soins que l'insu de ce peupla, une esp -ce de prophétie,
naguère elle aurait voulu pouvoir donner à le même homme qui avait été retiré des
son fils au prix des plus grands sacrifices. eaux étant destiné à retirer dans la suite
— Aduitumque, «lorsqu'il l'ut grand», ses concitoyens do la servitude. L'ancie.ue
c'est à dire, selon Keil, qui rapproche Gen. interprétation du nom de Moïse, sauvé ou
xxi, 8, lorsqu'il fut sevré, ce qui, chez les retiré de l'eau, est aujourd'hui contestée, il
Hébreux, avait lieu vers l'Age de trois ans. est vrai, par les égyptologues, dont la plu-
Mais quand même sa mère l'aurait déjà re- part croient que MosJieh n'est autre chose
mis à l a fille de Pharaon à cet âge, elle con quo l'égyptien nies^ mesu, qui signifie en-
16 L'EXODE
l'appela du nom de Moïse, disant : Je filii, vocavitque nomen ejus, Moyses,
l'ai retiré de l'eau. dicens: Quia de aqua tuli eum.
i l . En ces jours-là, lorsque Moïse 11. In diebus illis postquam crevé-
fut devenu grand il alla vers ses frères rat Moyses, cgressus est ad fratres
et il vit leur affliction et un homme suos ; viditque afflictionem corum, et
fani\ mais cotto explication n'a aucune « croissaient dans les canaux du Delta,
vraisemblance, et c'est avec raison que De- « i l s d e v a e n t être plus épiis qu'aujjur-
litzsch, Keil, Koehler, etc., s'en tiennent à la « d'hui ot former un endroit très conve-
première. Comme fils adoptif de la fille du « nable pour le ban royal on le couvrant
roi d'Egypte, Mois:) reçut sans nul doute une « d'une ombre épaisse. La sœur de l'enfant
éducation égyptienno, et «fut instruit», «devait connaître ce lieu. — On ne-
comme le dits. Etienne, Act. Vil, 22, d'après « doit pas oublier que, do même que Séti,
la tradition, «dans toute la sagesse des « Ramsès résidait que temporairement
Egyptiens ». Les sciences qu'il apprit ainsi « à Tanis. Nous croyons avoir découvert,
furent, solon Clément d'Alexandrie et autres, « dans une inscription datant du temps de
l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie, « ce dernier, une notice d'après laquelle, qna-
la musique, la physique, la médecine, la « tre-vingts ans avant l'exode, dont le temps
théologie et la politique. Gomp. sur les con- u est exactement déterminé, le Pharaon
naissances des Egyptiens M. Champollion- « se trouvait dans la ville de Ramsès, par
Figeac, Egypto ancienne, p. 134 ot suiv. Par « conséquent dans la terre de Gessen. On peut
ce moyen il reçut, selon l'observation déjà « affirmer de plus avec certitude qu'au mo-
fa te plus haut, la culture intellectuelle gé- « ment de la naissance de Moïse régnait Séti î,
nérale humainement requise pourdovenir « et avec lui, commo associé au trône, son fils
entre los mains de Dieu un instrument pro- « Ramsès. Quand on nous parle donc d'une
re au grand ouvrage pour lequel sa provi- « fille du pharaon qui sauva Moîse, il ne peut
S ence l'avait choisi. C'est ainsi que la sa-
gesse r'o l'Egyipta fut employée par la di-
« être question que d'une fille de Séti et aune
«sœur de Ramsès». DurchGosen ZumSinai,
vine sagesse contre l'Egypte même et p. 8 1 . — L a Bible, etc., t. II, p. 300, noto3 .
pour rétablissement du royaume de Dieu. — « Il est aujourd'hui de mode parmi les
— Une tradition place à Memphis la scène rationalistes de traiter do fable cet épisode
de la délivrance de Moïso ; mais ce n'est pas de la vie do Moïse, sous prétexte que beau-
une autorité décisivo, et elle est aujourd'hui coup de personnages do l'histoire ancienne
rejetée par plusieurs savants. Quelques uns, sont de même délivrés merveilleusement de
entre autres M. Ebers, pensant que c'est grands dangers à l'époque de leur naissance,
à Tanis, sur le bras du Nil qui arrose cotte comme Sémiramis, (Ëdipe, Cyrus, Romulus.
ville, que Moîse fût exposé. « M. Ebers re- Mais que peuvent prouver ces comparai-
jotte la tradition de Memphis, dit M. Vigou- sons . . . contre la véracité du récit ? Abso-
roux, parce que Memphis n'était pas dans lument rien. Cest sans doute la Providence
la terre de Oesson et parce que le Nil à qui sauva Moïse de la mort; mais elle n'em-
:
Memphis est trop large et trop rap de pour ploie pas même pour cela un miracle pro-
que la sœur de l'en ant pût veiller « de prement dit, elle se contente pour atteindre
« loin » sur le sort de la nacelle de papyrus. son but de combiner un ensemble de circon-
Voici du rasto tout le pr.ssage, qui mérite stances dont chacune est naturelle »,JM» VU
d'être traduit en ontier : «Quand le Pha- gouroux, ibid., p. 299, note 3.
« raon, dit M. Ebers, donna l'ordre barbare
« de l'infanticide, il devait se trouver sous 2°. Fuite de Moïse dans le pays de Madian : son m a -
« le coup direct de l'impression qu'il avait riage, ff. 11-22.
« reçue lui-même comme témoin oculaire 11.—- In diebus illis, dans ce temps
« dans la terre de Gesso.i. II demeurait do l'oppression égyptienne où était tom-
« dans sa résidence do Tanis quand Tentant bée la naissance et l'éducation de Moïse,
« fut exposé, et, conformément aux habi- postquam crèverai Moyses, lorsqu'il fut
« tudes de la cour, sa famillo était avec devenu un homme fait. D'après la tradition,
« lui. La princesse va se baigner avec ses il avait alors quarante ans (Act. vu, 23). —
« suivantes dans la branche tanitiquo du Egressus est ad fratres sttos, scil. Hebrceos.
« Nil, dont les eaux au cours lent et faciles L'éducation qu'il avait reçue à la cour du
« à surveiller de loin ne menaçaient point roi d'Egypte n'avait pu étouffer en lui le
«c d'emporter la petite nacelle du milieu sentiment de sa nationalité, communiqué à
« des roseaux. A l'époque où les papyrus, son cœur avec le sang de ses parents et
« qu'on ne trouve plus que sur le NU nlanc, nourri encore, pour ainsi dire, du lait de sa
C H A P I T R E II 17
virum aegyptium percutientem quem- égyptien qui frappait un des Hébreux
dam de Hebreeis fratribus suis. ses frères.
Hr.br. 84.
12. Cumquecircumspexisset hue at- 12. Lorsqu'il eut regarde çà et là
que illuc et nullum adesse vidissct, et qu'il eut vu qu'il n'y avait person-
pcrcussum jEgyptium abscond it sá- ne, il frappa l'Égyptien et le cacha
bulo. dans le sable.
13. Et egressus die altero, conspe- 13. Etant sorti le jour suivant, il vit
xit duos Hebrseos rixantes, dixitque deux Hébreux qui se battaient. Et il
ei qui faciebat injuriam : Quare percu- dit à celui qui faisait u n e injustice :
tís proximum tuum ? Pourquoi frappes-tu ton prochain ?
14. Qui respondit: Quis te consti- 14. 11 répondit : Qui t'a établi prin-
tuit principem et judicem super nos ? ce et juge sur nous? Est-ce que
num occidcre me tu vis, sicut heri oc- tu veux me tuer comme hier tu as
cidrsti ^Egyptium ? Timuit Moyses, ct tué l'Égyptien? Moïse s'effraya et dit :
ait: Quomodo palam factum est ver- Comment cela est-il devenu public?
bum istud ?
mère. Sans nous apprendre commont, depuis Moiso, le présage et l'annonce de la déli-
sa remise à la fille de Pharaon, ce sentiment vrance générale dont il devait être l'instru-
s'était conservé et développé, l'histoire nous ment, une espèce de prophétie faite sous
le montre maintenant dans toute sa force. l'inspiration divine. S. Thomas, Summ.
A l'âge où nous venons de voir qu'il est par- theot. 2, 2, q. 60, art, 6 ad 2, et S. Augustin
venu, lorsque tout dans le monde lui sourit, lui-même dans un autre endroit, QusE*st. II in
éclairé par la ibi et animé par le Saint- Exod., admettent aussi une inspiration par-
Esprit, Moïse renonce à tous les avantages ticulière par laquelle ils justifient Moïse.
dé la royale adoption dont il a été honoré D'autres enfin, comme S. Basile, In Hexaem.
pour se dévouer a ses frères, «aimant mieux, nom. I, et S. Ambi'oisi, Offic. 1,36, sans
dit S. Paul, Hebr. xr, 25, être affligé avec même faire attention à la mission extraor-
le peuple de Dieu que de goûter les joies dinaire de Moïse, mais partant de ce prin-
passagères du pêche » avec ses oppresseurs. cipe, qu'il pouvait légitimement prendre la
— Et virum œtjyplium percutientem... défense de son frère injustement maltraité,
Cet Egyptien était vraisemblablement un et supposant qu'il n'excéda pas les bornes
des che.s de corvée do ît nous avons déjà do ce qui est licite on pareil cas, n'hésitent
parlé plus haut. pas davantage à l'absoudre. D. Galmet fait
12. — Percussum JEgyptium abscondit encore observer à ce propos que, d'après
sabulo. Cette action de Moïse a été j igée Diodorc de Sicile, Bibl. I, les fois égyptiennes
fort diversement. Les uns, comme S. Augus- obligaient do porter secours à celui qu'on
tin dans un endroit (contr. Faust. XXII, 70), voyait maltraiter, et, si on se trouvait trop
ne considérant quel'abgmce d'autorité régu- faible pour le tirer du danger, d'en donner
lière dans son auteur pour infliger un pareil avis au magistrat. Moïse, à la vérité, pour-
châtiment, quelque mérité qu'il pût être, la suit-il, dépassa ios prescriptions de cetto loi,
condamnent sans balancer* tout en y voyant puisqu'il tua l'Egyptien ; mais il faut consi-
un produit qui, bien que^vicieux en soi, dérer que celui-ci en voulait apparemment à
dénotait néanmoins un sol excellent et d'une la vie do l'Israélite ; qu'il n'y avait point do
grande fertilité, une àme généreuse et pro- justic3 à espérer de la part du magistrat, et
pre à porter, après avoir reçu une culture que difficilement Moïse aurait pu repousser
convenable, de riches fruits de vertu. CTest fa lbrcc par la force sans en venir a cette
ainsi, salon l'expression du saint évêquo extrémité. La dernière explication est suffi-
d'Hippone, que les cultivateurs voyant une sante, ce mo semble, pjur justifier ou excu-
terre produire de grandes herbes, quoique ser Moïse autant qu'il peut en être besoin;
inutiles, jugeât qu'el e est propre au froment. mais rien n'empêche, à mon avis, d'y joindre
Par contre, à la manière dont S. Etienne, encore la seconde.
Act. vu, 25, parle de cette action, il ne 14. — Quomodo palam facium est ver-
semble pas qu'il y ait rien trouvé de blâ- bum istud, res ista? Littéralement d'après
mable, mais plutôt qu'il ait vu dans la l'hébreu : « Vraiment, la chose est connue »1
délivrance d'un particulier ainsi opérée par
u
S BIBLE. — Es DE. — â.
18 L'EXODE
15. — Audivitque Pharao sermonem breux quittent le Sinaï pour prendre la di-
hunc, rem hanc, et quœrebat. Est-ce encore rection de la terre de Ghanaan par l'idumée,'
le voi sons lequel Moïse est né ? C'est Ghobab veut se séparer d'eux pour retourner
une question à laquelle il n'est pas pos- chez lui. Mais si sa demeure eût été celle que
sible de répondre avec certitude. S'il est lui assignent les deux géographes cités plus
vrai,comme le pensent aujourd'hui la plupart haut, pourquoi aurail-il songe à quitter les
des égyptologues, que Moise soit né lorsque Hébreux avant d'arriver au point où leurs
Ramsès II, encore jeune, avait déjà été asso- deux routes se séparaient ? Il faut donc ad-
cié au gouvernement par son père Séti, la mettre qu'une branche dos Madianites, dont
réponso doit être affirmative.—Moratas est Jéthro était le protro, était venue s'établir
in terra Madian, il s'y arrêta pour l'habi- en deçà du golte Elanitique, à la pointe mé-
ter. La situation du pays do Madian, qui ser- ridionale do 'a presqu'île du Sinaï, au sud-
vit de roiuge à Moise, a été l'objet de beau- est de la montagne. C'est ce qui souffre d'au-
coup do recherches et de discussions. Les Ma- tant moins de diifîculté que, de nos jours en-
dianitos, issus d'Abraham et de Gethura, core, les habitants de la rive orientale du
avaient leur siège principal, d'après co qui golfe Elanitique ont beaucoup do commerce
a été dit Gen. xxv, 2, 4, sur la rive orien- avec la péninsule, qui, à différentes époques,
tale du golfe Elanitique, d'où ils s'étendirent a reçu de là une partie de sa population.
jusque dans les campagnes de Moab, où nous Cfr. L.de Laborde et Dillmann.—Et sedit
les avons vus essuyer une défaite de la part juœta puteum. Dans l'hébreu, l'article de-
deslduméens, Gen. xxxvi, 25, comme nous vant i t o , puits, indique que ce puits était
les verrons encore battus par Moïse à une
époque où celui-ci se trouvera dans la plaine le seul, ou du moins le principal de la con-
de Moab, Num. xxv, 17 et seq. ; xxxi, 1 trée. « Quand un Arabe n'a rien sur lui, dit
etseq. ;Jos. xm, 21. Jl est aussi rapporté L. de Laborde, par conséquent rien à perdra,
d'eux qu'ils passaient par le pays de Cha- et qu'il veut obtenir des renseignements sur
naan en allant en Egypte pour leur com- la route à suivre ou sur les campements les
merce, Gen. xxxvn, 28,36, et qu'ils fai- plus voisins, il s'asseoit près d'un puits, et
saient un commerce do caravane entre l'Ara- peut être certain do voir bientôt sortir des
bie méridionale et Ghanaan, fs. LX, 6. C'est ondulations du terrain quelque jeuno pâ-
éga'cment à l'est du golte Elanitique, à cinq tre ou ( uolqne fille suivie de son troupeau.
journées d'Ail a, qu'élait située la ville deMa- C'est ainsi que Jacob obtient les renseigne-
dian,dont les ruines sont encore mentionnées ments qu'il désirait sur Laban » (Gen. xxix,
par Edi'isi et Aboulféda, qui disent qu'on y vers. 5).
îomarquole puits où Mofeo a abreu\é les
troupeaux de sonbeau-pèreJéthro.Mais,com- 16.—Erant autem sacerdoti Madian sep-
mo l'observe Keil, de placer en cet endroit tem fiiiœ. Ce titre de « prêtre de Madian in-
la demeure de ce dernier, c'est ce que ne dique que c'était le cher spirituel de la bran-
permet pas le chap. m, 1, d'après lequel che madianite établie dans cette contrée,
Moïse, conduisant ses brebis derrière le mais non qu'il on fût en même temps le
désert, vint à la montagne de Dieu, à prince ou le chof civil, comme Melchisédcc,
Horeb. Les Madianites établis à Test du golfe ainsi que l'ont prétendu quelques uns. Dif-
Elanitique ne peuvent avoir mené paitre ficilement les autres pasteurs auraient-ils
leurs troupeaux jusqu'à cette montagne. D ail- aussi peu respecté les filles de leur prince
leurs, en retournant de Madian on Egypte, qu'ils font celles de ce prêtre. Il est vrai quo
Moïse passa par le Sinaï, et Aaron son frère, ces pasteurs pouvaient n'être pas de la mê-
qui, sans l'avoir prévenu, venait au-devant me tribu.—(Suce venerunt ad hauriendam
de lui, le rencontra près de cette montagne, aquam... En menant les brebis à l'abreu-
ci-apr. iv, 27, co qui montre qu'il savait que voir, et en puisant l'eau elles-mêmes, les fil-
c'était son chemin. En outre, lorsque les Hé- les du prêtre de Madian « ne faisaient, dit
L. de Laborde, que ce que font encore au-
CHAPITRE II 19
libus, adaquare cupiebant gregcs pa- naux, elles voulurent abreuver les
Iris sui. troupeaux de leur père.
17. Supervenere pastorcs, ct cjece- 47. Des pasteurs survinrent ct les
runt eas; surrexitque Moyses, ct <lc- chassèrent; mais Moïse se leva, dé-
fensis puellis adaquavit oves earum. fendit les jeunes filles et abreuva leurs
brebis.
48. Quae cum rcvertissent ad Ra- 48. Lorsqu'elles furent de retour
jourd'hui les filles des chefs des tribus les Josèphe, dont le sentiment est généralement
pins considérables». Le troupeau de ce prê- s.tivi, le nom propre do ce prêtre, tandis
tre ne consistait qu'en menu bétail (TNï), que JÉTHRO, pour lequel on trouve aussi
c'est à dire, en BI*EBIS et en CHÈVRES. C'est JÈTHER, proprement PRÉÉMINENCE, était un
qu'il en était déjà alors comme maintenant, titre ou ,u;i surnom énonçant son rang dans
où Ton n'élève pas de bœuis dans la pénin-
:
sa tribu, à peu près comme en arabe ÏMAM,
sule du Sinaï, parce qu'ils n'y tronvera ent « prsep^s'tus », spécialoment « sacromm
:
pas de fourrage et d'eau en quantité suffi- ant stos ». D'autres oponda:t, commo le
sante. Par la même raison, on n'y t ent pas Targum de Jonathan, AbanEira, Kimchi,
no î plus de chevaux, mais seulem >nt des Ranke (Untersuch. iib. d. Pentat., t. Il, p. 9),
chameaux et dos ânes. Cfr. Seotzen, R. III, font de Raguél et de Jéthro doux person-
p. 100. nages d fférents, dont le premier était le
beau-père, le S3Cond le beau-frère de Moïse.
17. — SUPERVENERE PO-STORES ET EJECERUNT Ce sentiment est aussi celui qui a paru lo
EAS. 11 paraît par ce qui suit que do pareils plus probable à Glaire, Lo Pent:it., etc., t. IF,
désagréments étaient chose ordinaire à ces p. 28, et à Cook. Ils le motivent sur ce qin
pauvres fil les. C:?la venait sans doute de ce Jéthro ne paraît nulle part comme pèr.: de
que les pasteurs voulaient faire boiro leurs Séphora, ot que même tout le chnp. xvin
troupeaux avant ceux qu'oies conduisaient. donne plutôt à entendre qu'il nn I était pas,
«Les puits du désert, dit Léon de Laborde, spécialement ce qui est dit au vers. 2, que
sont le théâtre dos disputes, l'occasion des Jéthro « prit Séphora, FEMME DE MOÏSE »,
querelles, que'que.bis la cause des guerres pom\Ia lui amener ; or s'il eut été le pare
les plus acharnées. La Genèse nous en four- de Séphora, l'auteur aurait dit : SA FILLE,
nit des preuves ; la vie du désert en est comme on peut le conclure par analogie de
remplie. Les pasteurs qui chassent les filles beaucoup de passages de la Hiblo. Il est vrai
de Raguël no pwvent être du même campe- que ]nn est employé plusieurs Ibis dans le
mont qu'elles, autrement ils auraiont res-
pecté les filles de leur chef; mais ils étaient sens de beau-père, par exemple dans le li-
sans doute do la mémo tribu ou d'une tribu vre des Juges, xtx, H. ; m is ce qui donne-
voisine et amie, car autrement ils auraiont rait déjà a entendre que ce n'est pas sa seule
enlevé ces filles avec leurs troupeaux. Ce signification, c'est que l'auteur a soin d'y
n'était donc qu'une querelle sans importance, ajouter commo U J explicatif nécessaire :
et comme elles ont lieu dans le désart à tout «père de la jeuno fille». Qu'il se prenne
propos; a facilité avec laquelle Moite seul aussi pour BEAU-FRÈRE, nous en avons une
défend ces filles et fait boire leurs troupeaux preuve dans les Nombres, x, 29, où « Hobab,
prouve assez !e peu d'irritation des pas- fils de Raguël», est appelé NX3P ^nn, ce
tours». Dans maria? et D J N Ï , les suffixes
ui dans ce contexte et rapproché du livre
masculins sont mis au lieu dos féminins. os Juges i, 16, et iv, 11, no pjut signifier
18. — QUŒ CUM I*EVEI'TÎSSENL AD RAGUËL quo « beau-frère de Moïse ». D'après sa raci-
PATREM SUUM. Du nom de Raguël, Vaisn ne Q m , donner une fille EN MARIAGE), il
(REHOUET), c'est-à-dire, AMI DE DIEU, keiî marque simplement, dît Cook, une relation
infère que ce prêtre adorait encore l'ancien formée par lo mariage, jnn, qui appartient
Dieu principal des Sémites, SN* (El). Selon à la môme racine, signifie tantôt GENDRE,
Josèphe, Antiq. II, 12, Knobel, Keil, Riehm, tantôt ÉPOUX. C'est ainsi qu'on grec Y*M£P°Î
ce RAR/UÉL, que nous verrons bientôt 21) (de YX[}.IOI MARIER), qui a ordinairement le
T
donner sa fille Séphora en mariage à Moïse, sens de GENDRE, se prend aussi quelquefois
est le môme que JÉTHRO, le prêtre de Madian pour BEAU-FRÈRE, ou même en général pour
qui est appelé au ch. iu, 1, mtfn ]HN. Le ALLIÉ PAR MARIAGE. Cette explication n'a
irenver de ces doux noms, fréquent chez les rien, ce me semble, que de très plausible :
Î tébreux et les Edomites (Gen. xxxvi, A ; je la crois même préférable à la première.
I Parai, ix, 8jTob. vi, 10), était, d'après Si la qualification de nuto ]n'n donnée à
20 l'exode
auprès de Raguël leur père, il leur guel patroni suum, dixit ad eas : Cur
dit : Pourquoi êtes-vous venues plus velocius venistis solito ?
vite que de coutume ?
19. Elles répondirent: Un homme 19. Rcsponderunt : Vir ecgyptius
égyptien nous a délivrées des mains liberavit nos de manti pasiorum; in-
des pasteurs; de plus il a puisé de super et hausitaquam nobiscum, po-
l'eau pour nous et a donné à boire tu 111 que dedit ovibus.
aux brebis.
20. Mais il leur dit : Ou est-il ? 20. At Hie : Ubi est ? inquit. Quare
Pourquoi avez-vous laissé partir cet dimisistis hominem ? vocatc eum ut
homme? appelez-le pour qu'il mange comcdat pancm.
notre pain.
Hobab signifie « boau-frère do Moiso:» (ot raison est,évidemment loin d'être décisive.
comment la traduire autrement ?) n'est-il Une autrodifficulté plus sérieusi, cVst que
pas tout naturel de lui donner le mémo da;is cette hypothèse Mofsa ferait paître, à
sens lorsqu'elle se rapporte à Jéthro ? En l'endroit de l'Exode qui vient d'être cité,
rendant jnn par beau-père dans un cas, non les breb s de son beau-père, mais celtes
on ne pourrait que lui donner le même sens de son beau frère, et que, pour retourner en
dans l'autre, ce qui conduirait forcément à Egypte, ce serait également à son beau-
admettre ou que le beau-père do Moïse avait frero qu'il demanderait congé, sans même
trois noms, ou du moins que Jéthro et Hobab qu'il fût question de son beau-père, ce qui,
sont doux noms du père do Séphora, dont au premier aspect, semblerait assez étrange.
Raguël ne sorait que Io grancf-nère, deux Mais on peut supposer que, à l'époque dont
hypothèses à pou près également invraisem- il s'agit, Rpguël était mort ot quo son fils
b'ailles. Je n'ignore pas que plusieurs, se Jéthro l'avait remplacé comme prùtre de la
fondant sur ce que Hobab est appelé dans le peuplade et chef de la famille, ce qui, au
passage des Nombres cité plus haut, do bout d'environ quarante années après l'ar-
môme quo Jéthro dans l'Exode, ntTD "jnn, rivée do Moïse, n'a rien d'invraisemblable.
— Our velntius venistis solito ? « Les dis-
qu'ilscro'ent devoir traduire par «beau- tances du désert soit si bien connus, dit
père de Moïse », tiennent en effet mie c'est le L. do Labordo, la v>3 si régulière, quo le
p>re do Séphora qui est désigne par ces soir, lorsque les femmes mônerf les trou-
doux noms. Ils prennent ici en consequenco peaux à la source, chacun dans lo cnmp>
lo mot père, se rapportant à Raguël, dans mc.it connaît l'heure du retour. Raguël
le se s de grand-pere, et le mot fille dans avait donc droit de s'étonner d'un retour
celui do petite-fille. Mais, outre que ces ex- plus prompt, causé par l'assstance que
pressions, jointes ensemble comme elles le Mo:se avait donnée a ses filles et dont il
sont dans cet endroit, désignent naturelle- n'était pas encore informé ».
ment le père et sa fille, concevrait-on quo,
à propos du mariage de Séphora, il ne tïit 19. — Vir œyyptius. Los filles de Raguël
question que de son grand père et que son désignent ainsi Moïse parce que son lan-
pyre fût totalement passé sous silence ? gage, ou du moins son accent, et sans doute
Comme donc d'un côté rien ne prouve l'iden- aussi son costume, étaient égyptiens. «Au
tité de Hobab et do Jéthro, à laquelle l'Exo- désert, dit Léon de Laborde, la première
de, ch. XVIII, 27, semble plutôt contraire, marque distinctive d'un homme est son lan-
et, quo de l'autre j n n , d'après son étymolo- gage, qui indique sa patrie». — Insuper et
hausit aquam nobiscum, dans l'hébreu :
gio et srm usage dans la langue arabe (cfr «ot même il nous a tiré de l'eau ». L'assis-
Oesen. Thes. au mot jnn), peut aussi s'gni- tance de Moïse, dans cette pénible besogne,
fier beau-frère, il vaut beaucoup mieux lui était digne de leur r e c o n n a i s s a n t e . « D a n s le
don 1er ce sens dans les passages en ques- désert, dit L. de Laborde, chaque Arabe
t'oii ot regarder Jéthro et Hobab comme les apporte à la source un v a s e attaché à une
beaux-rères do Moïse. A cette explication corde faite d'écorces de palmier ou do la-
Keil cppose, il est vrai, une raison d'analo- nière de chameau ; le pauvre voyageur qui
gie, si voir, que si Jéthro était, aussi bien Vient à la source sans être muni de cet
quo Mobnb, fils de Raguël, cela devrait être ustensile souffre de la soif au bord même de
indiqué au chap. ni, i, comme il Test pour l'eau». Cfr. Joann.lv,et le Comm. de M.
Hobab dans les Nombres, x, 29 ; mais cette Fillion.
'RE I! 21
21. Juravit ergo Moyses quod ha- Moïse jura donc qu'il habite-
bitaret eu m eo. Accepitque Sephoram rait avec lui et il prit Sèphora sa fille
Ifiliam ejus uxbrem. pour femme.
Infr. 18. 2. 3. I Par. 33. 15.
22. Quœ pcperit ei filium, quem 22. Elle lui enfanta 'un fils qu'il
vocavit Gcrsam, diccns : Advena fui appelaGersam, disant: J'ai été pclnrin
in terra aliéna. Alterum vero pc- sur une terre étrangère. Elle on en-
perit, quem vocavit Eliezcr, dicens : fanta un autre qu'il appela Eliézer
Deus enipi patris mei, adjutor meus, disant : Le Dieu de mon Père, mon se-
eripuit me de manu Pharaonis. cours, m'a délivré des mains de Pha-
raon.
23. Post multum vero temporis 2 3 . Or après beaucoup de temps
mortuus est rex ^Egypti, et ingemi- le roi d'Egypte mourut. Et les enfants
scentes filii Israël, propter opéra voci- d'Israël gémissant crièrent à cause
21. — Juravit ergo Moyses quod Itabi- sé à se j:ter avec une pKïïna confianco entre
taret cum eo. Il n'est pas question de ser- les mains de Dieu. Cb sentiment de confiance
ment dans l'hébreu ; on y Iitsimplemont : « et ot d'abandon trouva son expression à- la
Moise consentit à demeurer avec cet homme ». naissance, de son second fils, qu'il appela
— Accepitque Sephoram filiam ejus uœo- Etiézer, c'est à dire Dieu est aide, secours :
rem. « J e n'ai jamais séjourné quelque tomps « Car, dit-il, le Dieu do mon Père a été mon
dans une ti ibu, dit L. de Laborde, sans quo aido ot m'a délivré du glaive de Pharaon »
mon' hôte n e cherchât à m e retenir à mon (ci-après xvni, 4). Il résuma ainsi dans les
départ par ces paro'es : « Reste avec nous, noms do ses deux fils tout ce qui clans la
« prends une de n o s filles, dresse une tonte à terre de Madian émouvait son âmo, les doux
« côté dos nôtres». L'ailianco constituait le grands sentiments qui se partageaient son
plus fort lien, la véritable sécurité : c'était cœur : les tristesses de l'exil et la confiance
pour Moîso, commo c'eût été pour moi, l'é- en Dieu. — Alterum vero peperil... La
quivalent des grandes lettres de naturalisa- naissance du second fils de Moïse n'est pas
tion ». Séphora'est désignée comme Ethio- rapportée dans le texte hébreu ; seulement
pienne ou Koushite Num. xn, 1. Les Ethio- au chapitre xvm, 4, son nom est mentionné
piens s'étaient vraisemblablement mêlés avec le motif qui le lui a fait donner. La
avec las Madianites, comme avec d'autres Vulgate, ainsi quo quelques manuscrits ré-
tribus sœurs de c e 3 derniers. Voy. Gon. cents des Septante, intercale ici la notice sur
xxv, 3. sa naissance et son nom ; mais les plus an-
22. — Quem vocavit Gersam, ou «Gers- ciens comme les meilleurs manuscrits grecs
hom,» nom qui, selon Keil et autres, venant ne la connaissent pas. Au témoignage de
de "u, cliasser, expulser, signifie expul- D. Gnlniot, elle se trouve bien, il est vrai,
sion, bannissement* Par le mot "u, étran- dans un ancien manuscrit de la bibliothèque
de Goislin, mais inarquée d'un astérisque,
ger, Moïse, d'après cette interprétation, ne pour indiquer qu'elle n'était pas dans les
voudrait pas précisément oxpllquer co nom, Hexaplas d'Origène. Il n'y a donc pas lieu
mais seulement y faire allusion. Mais il vaut d'admettre une lacune da.is le texto maso-
mioux s'en tenir avec DiUmann à l'explication rétiquo.
do Moise lui-même, et prendre Dïïha commo
identique à DUha, étranger lec, sauf une § 2. Dieu prête l'oreille aux gémissements
et aux prières de son peuple opprimé,
légèro différence de prononciation. Quoi- ff. 23-25.
qu' 1 eût épousé la filfo de Raguël, son sé-
jour dans le pays do Madian n e laissait pas 23. — Post multum vero temporis, o î
d'èlre pour l i i un bnnn ssemont, où if se hébreu : «dans ces jours nombreux», pon-
voyait loin da ses frères qui étai3nt en dant le long espace de temps que Moisj sé-
Egypte, et loin de la terro promis3 à sos journa dans le pays de Madian, mortuus
jèros ; sa l'emmc môme, qui, à e n j.iger par est rex JSffupH. L3 roi dont il s'agit est ce-
ÎIÎ ch îp. iv, ¿4 et suiv., i.e compre ait pas lui qui a été mentionné plus haut commo
ayant voulu tuer Moïse. Etait-ce encore le
ses sentiments, et encore moins les parta-
geait, n'était guère propre à dim n i i e r ses « roi nouveau » sous lequel avait commencé
regrets. Il n'en fut qae plus fortement pous- l'oppression des Hébreux, ou un do sos suc-
22 L'EXODE
de leurs travaux, et leur cri monta de ferati sunt; ascenditque clamor eo-
Icurs travaux à Dieu. rum ad Deum ab operibus.
cesseurs? G*ost,dit Keil, ce qui no peut se dé- tris), surnommé Mériamoun (l'aîné d'Ammon).
cider avec 'ertitude ; mais la seconde hypo- Les procès-verbaux des grands-prêt res,
thèse, est do beaucoup la plus vraisemblable. tracés à l'encre noire sur le couvercle en
11 résuite assez clairement du texte, conti- bois du cerceuil et sur un linceul placé sur
nue le môme savant, quo la divine m ssion la poitrine, constatent l'identité du fameux
do Mo'se suivit sa mort d'assez près ; or il conquérant, dont le rè^ne commença vers
n'est guère croyable que l'auteur de la per- la fin du quinzième siècle avant notre ère
sécution, qui avait déjà une fille grande lors et finit vers la moitié du quatorzième (XlX° e
de la naissance de Moïse, ait vécu jusqu'alors, dynastie). — Lesommetdu crâne est dé.mdé,"
quoique, eu égard à la durée de la vie on ce mais sur les tempes et àlanuque,des mèches de
temps-là, cela no soit pas impossible. Tout ce cheveux, lisses et droites, ont une longueur
qu'on peut dire avec certitude, en rappro- de 5 centimètres ; ces cheveux, blancs, ont
chant le chap. ni, 7, c'est que l'oppression été teints en jaune clair par les parfums.
égyptienne a duré au delà do 80 ans. Cepen- Le (Vont est bas, étroit, l'arcade sourcillère
dant la plupart des égyptologues, qui t'ont saillante, l'œil p3tit, le noz long, mince,
naître Moïse sous le règne de Ramsrs II, busqué comme le nez dos Bourbons ; la tem-
croient que c'est ce prince, dont le règne a e est creuse, la pammette proéminente,
été de soixante-six ans, à ne compter que
depuis le temps qu'il régna seul après la
F oreille ronde, écartée de la tète, la mâ-
choire forte et puissante, le menton très
mort de son père, qui est ici désigné. long, la bouche largement fendue et sans
Il eut pour successeur son fils Baienra- dents, les lèvres épaisses. L'expression de la
Meria - mon - Menephtah - Hotep - Hima.— A physionomie est pleine de fierté et même de
qui serait il jamais venu à la pensée, du majesté. — Le reste du corps est non moins
moins avant les découvertes égyptologiques bien conservé quo la tête. Le cou n'a plus que le
de la science contemporaine, qu'on reverrait diamètre de la colonne vertébrale. La poi-
de nos jours, au bout de trois mille et quel- trine est ample, les épaules hautes, los bras
ques centaines d'années, ce même Ramsès, croises sur la poitrine, les mains fines et
le persécuteur de Moïse et du peuple hébreu, rougies par le henné. — L'ouverture par
le fier et puissant monarque qui a rempli laquelle les embaumeurs avaient 6té les viscè-
l'Egypte do ses monuments, le monde entier res est au flanc gaucho. Les cuisses et les jam-
de sa gloire et du bruit de ses conquêtes? bes sont décharnées, les pieds longs, minces,
C'est cependant ce qui a ou lieu tout récem- un peu plats. Le cadavre est celui d'un vieil-
ment, et « c'est à M. Maspéro, directeur du lard, mais d'un homme vigoureux et rebuste.
musée de Boulaq, qu'est duo cette intéressante — On sait que Sé-ostris régna nombre d'an-
découverte. — fur l'ordre de S. A. Moham- tl
nées avec son p*re, Séti I , soixante ans
med-pacha Tewflk, khédive d'Egypte, et en seul, et dut mourir presque centenaire. Tels
présence des ministres et dos représentants
, r
sont les restes mortels du plus grand con-
des puissances étrang. res, le I juin 188u il quérant cle l'Egypte. Sur tous les monu-
a été procédé, par les soins du savant ments de 1 Egypte, on retrouve son nom
égyptologue, au dépouillement d'une momie gravé. On lui doit les deux magnifiques
royale, placée dans le musée de Boulaq, temples souterrains d'Ibsamboul en Nubie,
provenant des touilles faites dans la ca- le Rame^séum de Thèbes, une grande par-
chette de Doïr-el-Baharî. — Après l'a-
1
tie des temples de Karnac et de Ixmqsor,
voir extraite de. a cage devoirs, on en- ainsi que le p3tit temple d'Abydos. Il éleva
leva la première enveloppe, puis une des é lifteas considérables à Memphis, et,
bande d'étoile enroulée autour du corps; après avoir subjugué l'Assyrie, la Mésopo-
un second linceul était cousu et maintenu tamie, la Syrie, la Médie. la Porse, la Bac-
par des bandes étroites; au dessous, une tri ane et l'Inde, il pénétra jusqu'au delà du
pè.% de toile très fine (tait tendue de la Gange.. — Remontant ensuite vers le nord,
tête aux pieds. Une image de la déesse il soumit les tribus scythiques jusqu'au Tanaïs,
Nonit est dessinée en couleur rouge et établit dans l'isthme qui sépare la mer Noire
noire, sur cette dernière étoffe, comme l'exi- de la mer Caspienne une colonie gui fonda
geait le-iituol. — Une nouvelle bande l'Etat de Colchos, passa en Asie-Mineure, où
était placée sous cette amulette, puis des il laissa des monuments de ses victoires ; en-
pièces de toile pliées en carré et maculées fin, traversant le Bosphore, il s'avança dans
d'une matière bitumineuse. — En écartant la Thrace. Après neuf années de triomphes,
cette enveloppe, apparut Ramsès II ^Sésos- Sésostris revint dans ses Etats, traînant à sa
CIJAPITRE II
CHAPITRE III
Dieu apparaît à Moïse dans un buisson ardent et lui donne sos or 1res pour la délivrance de
son peuple ff 1-22.
suite une foule de captifs, chargé d'immenses seraient insuffisants, mais saulement dos bre-
dépouilles et couvert degloire.il employa un bis et des chèvres, des ânoset des chameaux.
nombre considérable de prisonniers aux con- Moïsa étant entré dans la famille do
structions publiques. C'est sous son règno que Jéthro en épousant sa fille, il était natu-
la Bible nous montre les Israélites occupés, rel qu'il s'occupât de ses intérêts ot
dans Test du Delta, à la construction de travaillât pour elle. En faisant paître les
deux villes, dont Tune s'appelait Ramsès, brebis de son b3au-père, il préludait à la
comme le roi ». La Liberté, 19 juin 1886. charge bien plus importante que Dieu lui
— Et inc/emiscentes fllii Israël... En joi- destinait, d'être le pasteur de son peuple. —
gnant à la mort du roi la plainte des Israé- Cum'que minasset gregem ad inlerio?~a
lites, l'auteur sacré donne à entendre qu'au desertii dans l'hébreu : « ot il conduisit las
changement de règne ils avaient espéré un brebis derrière le déssit, » c'est-à-dire que
adouc ssement à leur position, mais que, se du lieu où demeurait Jéthro, il eut A traver-
voyant trompés, ils redoublèrent leurs gé- ser le désert avec son troupeau pour arriver
missements et leurs cris vers le ciel. aux pâturages d'Horeb. La, dans la contré.?
25. — Et cognovit eos, dans l'hébreu : la plus élevée de la péninsule, se trouvent
«et Dieu connut,» il se conduisit comme" les vallées les plus lertiles, dans lesquelles
quelqu'un qui connaît, montrant son amour il croit aussi des arbres fruitiers. L'onu y
et sa miséricorde envers eux, comme l'a est abond-mte, ce qui en fait lo roluge de
déjà expliqué N. de Lyra : « ad modum ergnos- tous los Bédouins lorsque les contrées plus
centis se habuit, ostendendo dilectîonem circa basses sont desséchées (Rosenmiil., Uihl.
eos». Alterth. III, p. 104*. La situation du moni
Horeb est indiquée d'une manière précise
§ 3. Vocation de Moïse ; son retour en par l'ensembl • des diverses circonstances
Egypte, III, IV. qui s'y rapportent et par les tradilions, qui
sont unanimes. Ainsi que le mont Sinaï, qui
1° Dieu apparaît à Moïse dans un buisson ardent et est une autre sommité de la même moutagne,
lui donne s e s ordres pour la délivrance de son il s'élève presque au centre de la presqu'île.
p e u p l e ; excuses de Moïse, n i , 1-22.
Ce groupe do rochers de granit, dont las
C h a p . in. — 1. — Moyses avtem pasce- formes sont admirables ot la hauteur impo-
bat, mot à mot d'après l'hébreu : « eràt sante, a conservé aux yeux de tous les peuples
pascens, » oves Jethro,., Le participe, dans le caractère de sainteté qu'il doit aux grands
cette locution, marque quelque chose de événements qui l'ont rendu si célèbre, et
durable, d'habituel. H n'ost question ici et au qui lui l'ont déjà donner ici par avance lo
ch. i i , 16 et suiv., que de menu bétail. Dans nom de « montagne de Dieu ». Du reste, les
toute la péninsule on ne garde pas de bœufs hautes montagnes qui semblent aller, jusqu'au
ni de chevaux, parce que le fourrage et Toau ciel avaient déjà par là en général, aux yeux
L'EXODE
des ancien? Sémites, quelque chose de saint. s'éteignit dans toutes les directions, et le
L'endroit où Dieu apparut à Moïse no p:ut calme de la nuit succéda bientôt à ce désor-
pas êtro exactement déterminé, quo'que ce dre passager». Il faut avoir bonne v o l o n t é ,
ne soit pas sans vraisemblance que la tra- o l s D r v e ce voyageur, pour trouver de l'ana-
dition a donné à la vallée qui teimine à logie entre un fait aussi simple et ce!ui qui
l'est le djébcl Mousa et la sépare du djebel excite dans Moïse un si grand étonnsment.
cd Deir lo nom de Wady Schoeib, c'est à Le berger hébreu ne connaissait-il donc pas,
dire, vallée de Jéthro, parce que, d'après comme tous les Arabes de nos j urs, la
ello, Moïse a conduit jusque là lo troupeau possibilité de mettre le fou à un buisson"
de son Ьэаи-père. Un couvont reconstruit
e
desséché, et s'en sorait-il étonné ? —
dans le IV siècle occupe le fon I do la vallée, La signification symbolique de co merveil-
et une chapelle marque l'endroit où, selon la leux phénomène a déjà été reconnue par
tradition, fut le buisson ardent. Voy. Antonini Philon et les plus anciens commentateurs,
Placent. Itinorar. dans les Acta Sanctor., auxquels se joignent les modernes, tels que
Mai, t. II, p XXII. Cornélius a Lapido, Keil, e t c . Lo buisson,
2. — AppanUique ei Dominus, Dans lo par opposition aux arbres hauts et magni-
texto hébreu, au lieu de «Jehovah,» que la fiquestJud. ix, 15), représente le peuple
Vulgate rend par « Dominus,» on lit: «l'ange d'Israël dans sa bassosse, comme un objet de
deJohovah». Comme cet ange est ensuite mépris pour le monde. Le feu, dans l'Ecriture
désigné simplement sous le nom de «Jeho- sainte, est tantôt l'image de la tribulation
vah,» vers. 4, la plupart des Pères pensent qui purifie, tantôt du châtiment qui anéantit
quo cotait Dieu lo Fils qui est encore ap- (I Cor. ni, 1 et seq.) ; c'est le symbole de la
pelé ailleurs^ range de Jehovah,» et dans justice divine qui corrige et punit, la figure
Malachie, m, 1, «Tango de l'alliance». Со do la jalousie et de la colère de Diou, C'est
qui confirme ce sentiment, c'est qu'il prend dans le leu qu'apparaît le Soigneur pour le
ici lo nom et l'autorité do Dieu, et s'attribue jugement dans Daniel, vu, 9 et suiv. ; Ezé-
même son essence et son nom incommuni- chie!, i, 13 et suiv. ; dans l'Apocalypse, i, 14
cable. Plusieurs néanmoins le regardent et suiv. Le feu marque l'indignation qui
comme un ange créé, qui prend le nom de consumera les adversaires, Hebr. x, 27.
«Jehovah» en qualité do son représentant. Celui qui juge et combat dans la j u s t o a
C'est l'opinion de S. Grégoire, Мог. XXVIII, des yeux comme une flamme de f o u , Apoc.
i, et do S. Jérôme, In Epist. ad Gai. III. xix, 11 et 12. Ici le buisson brûlant symbo-
S. Augustin la su t aussi dans quelques on- lise le peuple d'Israël, qui brûle dans le feu
droits; ma»s ailleurs il laisse la question in- de l'adversité, qui se trouve dans une «four-
décise. C'est lo premier sentiment qui parait naise de fer», selon l'expression du Deutéro-
le mieux ïbndé. Cfr. D. Calmot in h. I. On a nome, iv, 20, en Egypte. Néanmoins, tout
essayé d'expliquer l'apparition dans le buis- en brûlant, le buisson n'est pas consumé;
son ardent par des feux de broussailles qu'on car dans la flamme est Jehovah, qui châtie
allume dans les vallées du Siuaï, et dont L. bien Les siens, mais ne les livre pas a la mort,
de Labor» e donne la description suivante: Ps. CX VII (hébr. CXVIII), 18. Lo Diou d'Abra-
«Nous nous arrêtâmes sur lo plateau Géclaie, ham, d'isaac et de Jacnb est descendu pour
à quatre lieu s au nord du Sinaï. On soupa délivrer son peuple de la main des Egyptiens
une demi-heure après le coucher du soleil. (ci-apr. vers. 8). L'affliction d'Israël en Egypte
Quand la nuit vint, on rassembla les cha- quoique v e n a n t de Pharaon, est néanmoins
meaux, et nous nous assîmes on cercle pour en même temps un feu que le Seigneur a
boire le ca*é autour d'un grand feud'hor- allum • pour purifier son peuple et le prépa-
bos desséchées qui croissent abondamment rer pour sa vocation. Dans la flamme du
dans cette plaine. Мол drogman mit le feu buisson, il se manifeste comme«un Dieu
à quelques touffes encore sur pied : aussitôt jaloux* qui visito l'iniquité dos pères sur
le vent, propageant la flamme, nous présenta Jos fils jusqu'à la troisième ot à la quatrième
un beau spectacle. C'était la vallée entière g é ération, à l'égard d e ceux qui le haïssent,
qui s'éclairait tout à coup, comme sillonnée et étend sa faveur jusqu'à des milliers sur
do loups ruisseaux de Ia\o. Le vent se jouait ceux qui l'aiment et observent ses comman-
au milieu de ces flots de lumière, arrêtant dements» (ci-apr. xx, 5 et 6; Deut. v, 9 et
subitement l'incendie d'un côté pour l'exciter scq.î i qui ne souffre pas qu'on adore*
plus vivement de l'autre. Peu a peu le feu aucun autre Dieu (ch. xxxiv, 14), et dont
CHAPITRE III 25
flamma ignis de medio rubi; et vi- une flamme de feu, au milieu d'un
debat quod rubus arderet, et non buisson ; et il voyait que le buisson
combureretur. brûlait et n'était point consumé.
Act, 7. 30.
3. Dixit ergo Moyses : Vadam, et 3. Moïse donc dit : J'irai et je ver-
videbo visionem hanc magnam, quarc rai cette grande vision, pourquoi le
non comburatur rubus. buisson n'est pas consumé.
4. Gernens autem Dominus quod 4. Or le Seigneur voyant qu'il ve-
pergeret ad videndum, vocavit eum nait pour examiner l'appela du milieu
de medio rubi, et ait: Moyses, Moyses. du buisson et dit : Moïse, Moïse. Il
Qui respondit : Adsum. répondît : Me voici.
5. At ille : Ne appropies, inquit, 5\ Mais le Seigneur dit : N'appro-
hue; solve calceamentum de pedibus che pas d'ici : délie la chaussure de
la colère s'allume contre les idolâtres pour d'entrer dans le sanctuaire et do toucher les
les anéantir (Deut. vi, 15) ; ce Dieu jaloux vases sacrés. Ce n'est que dans la suite que
est un feu dévorant au milieu d'Israël iD^ut. quelques élus, surtout Moïse, pourront appro-
iv, 24 ; vi, 15). Ces passages montrent, dit cher Jehovah de plus près. — Solve cctlcea-
Keil,que la merveille qui frappa les regards tnentum de pedibus tuis. « Un usage do
de Moïse ne se rapporte pas uniquement à propreté reçu en Orient, dit L. do Lahorde,
la situation dans laquelle Israël se trouve est devenu dès la plus haute antiquité uno
actuellement en Egypte, mais que ce phéno- marque de respect et une pratique de reli-
mène est un prélude de l'apparition de Dieu gion. Tous les peuples orientaux se sont ton-
sur le Sinai pour la conclusion do l'alliance purs accroupis -•- ^ j è g t i
S 6s c fauteuils
e R
(ci-apr. xix et xx), et tout ensemble uno que représentent es bas reliefs et les psin-
image des rapports dans lesquels, par cette tures antiques de eurs monuments sont ré-
alliance, il entrera avec Israël. C'est pour serves aux (êtes e aux cérémonies sacrées;
cette raison que la manifestation présente a c'est un meuble d'apparat. A côté du roi,
lieu à l'endroit où il a dessein de conclure ce assis sur son siège élevé, vous voyez les
traité avec sjn peuple. Mais, comme Dieu grands, tout le peuple, accroupis sur les ta-
jaloux, il exerce aussi sa vengeance, contre lons et nu-pieds. Le sol sur lequel on s'as-
ses ennemis (Nah. i, 2 et seq.). 11 frappera seoit doit donc gaitler la propreté de nos
de terribles plaies Pharaon qui ne veut pas sièges : c'est la raison qui fait que les sou-
laisser partir Israël, et il délivrera ce peuple liers, les chaussons ou les pantoufles so
de son joug «avec un bras étendu et de laissent à l'entrée des salons ou divans. Aussi
grands jugements» (ch. m, 20; vi, 6). les Orientaux, qui s'enveloppent d'une coif-
3. — Vadam, et videbo . . . Il y avait fure compliquée, destinée à roster immobile
déjà quelque temps que Moïse voyait le en toute occasion, seraient aussi gênés do
buisson brûler : c'est lorsqu'il s'aperçut qu'il l'obligation deso découvrir la tête par forme
ne se consumait pas que, frappé d'un si de salut ot par manière de politesse, en en-
étrange phénomène, il prononça les paroles trant dans nos salons, que nous sommes
qui sont'ici rapportées. embarrassés d'ôtor nos bottes et nos sous-
4. — Cernens autem Dominus, en hé- ieds pour être admis sur leurs divans. —
breu, « Jehovah ». Cest ainsi qu'est appelé
celui qui plus haut a été désigne sous le nom
E 'usage de retirer ses souliers, comme
marque de respect dans les pratiques reli-
d'« ange de Jehovah ». Ce passage d'une gieuses, ilit adopté par les peuples ijiiî s'ac-
expression à l'autre marque l'identité do croupi*sent. Ainsi les chrétiens de l'Asie et
leur signification, comme le nom (VFAohim do l'Abyssinie laissent leurs pantoufles à la
(Dieu),succédant à celuide Jehovah, prévient porte des église*. Josué (v, 15) reçoit, comme
l'erreur qui ferait de ce dornier un simple Moïse l'ordre d'ôter ses souliers par la rai-
dieu national. — Moyses, Moyses. Sur cette son que la terre où il se trouve est sainte ».
répétition comparez Gen. xxn", 11. On retrouve cet usage même dans les tem-
5. — Ne appropies, inquit, hue. Il no ples grecs, où les prêtres et les prétresses
convient pas à l'homme pécheur d'approcher remplissaient nu-pieds les (onctions sacrées.
du Dieu trois fois saint. C'est ainsi qu'il sera [S. Justin., Apol. 1,62 ; Bashr, Symbol, d. mos.
défendu au peuple d'approcher de la mon- Huit., II, p. 9fi). On connaît le précepte de
tagne de Sinaï, de la toucher et » e monter Pythagore. « Sacrifie et adore déchaussé ».
vers Dieu (ci-apr. xix, 12 et seq., 23 et seq.\ (jàmbl. dans sa Vie). Cet usage s'est consarvé
L'EXODE
tes pieds, car. le Heu où tu es est une tuis ; locus enim, ïn quo stas, terra
terre sainte. sancta est.
6. Il dit encore : Je suis le Dieu de 6. Et ait : Ego sum Deus patris
ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu tui, Deus Abraham, Deus Isaac, et
d'Isaïc et le Dieu de Jacob. Moïse Deus Jacob, Abscondit Moyses facicm
cacha sa face, car il n'osait pas regar- suain ; non enim audebat aspicere
der ^ers Dieu. contra Deum.
Matth. 22. 32. Marc. 19. 80. Inc.. 20. 37.
7. Le Seigneur lui dit : J'ai vu 7. Cui ait Dominas : Vtdi afflictio-
l'affliction de mon peuple en Egypte, nem populi mei in ^gypto, et clamo-
en Orient jusqu'à nos .jours. Les brachmanos Fsaac et Jacob. Tertio, quia Abrabse, Tsaacet
n'entrent jamais dans une pagode ni les mu- Jacob promissa fuit terra Ghanaan, in quam
sulmans dais une mosjuee qu'après avoir per Mose:i Hebrseos inducere volebat Deus.
quitté leurs souliers. Il nest donc pas éton- Quarto, quia hisse tribus familiaris et mire
nant que cotte pratique s'observe encore' beneficus fuerat Deus, eorumque posteris se
religieusement au lieu même où Diou l'avait bonefacturum promisorat. Quinto, quia in
proscrite à Moïse. « Quand on entre dans la his tribus cxiiniae eluxerunt virtutes * in
chapelle du Buisson ardent, dit encore Abraham fîdos et obedientia, in Isaac puri-
Léon de Labordc, au fond do l'église qui s'é- tas animi et innocantia, in Jacob laborum ot
lève au milieu du couvent du SinaJ, on retire serumnarum patientia et constantia ; undo
ses souliers. Cette coutume générale prend horum trium acta fere sola enarrat Mosss
ici plus de gravité et d'importance par les in Geuesi. Hincet Hebrdeiin afflictione soliti
souvenirs qu'elle rappelle, et il semble, sur suAt Deum invocare, sibique veniam et gra-
cette placo consacrée, qu'on se rapproche des tiam petere per mérita Abrahaî, fsaac et
temps éloignés où la voix de Diou se faisait Jacob, ut patot Daniel ni, 25. Horum ergo
enten liv ». — Locus enim in quo stas terra trium nomina œque ac virtutes, tanquam sibi
sancta est. Ce lieu était saint à cause de la grati-ssimas et jucundissimas, posteris oornm
présence du Dieu de toute sainteté qui s'y obj'eit Deus ut ijjsi eas imitentur : domesti-
manifestait, et auquel principalement se cutn enim virtutis exemplum miram habet
rapportait le respcet que lui-même avertis- vira ad aliorum animes eodem incitairlos.
sait Moïse de lui reivlrc. Narrât Plutarohus do Thcmistocle qued ipse
G. — Effo sum Deus patris tui. D'après arloles ens symposiis et scortis vacnrel; sjd
les uns, dans l'expression « ton père » sont mox ut audivit Milliadis \icloriani apud
compris, comme formant une sorte d'unité, Marathonem, ista roliuque/is, alia prursus
r
les trois patriarches qui vont être nommés ; c gitire cœpit. Mirantibus mutationom di-
selon d'autres, cette expression est employée xit : « Non sinit dormire me a ut socordem
collectivement pour dire : tes ancêtres en « esse tropliaenm Miltiadis ». Hinc Christus
général. Mais je no vois pas ce qui empêche- Judseis jacta itibus : « Filii Abrabse sumus » :
rait de l'entendre à la lettre du pèro im- « Si, inquit, estis filii Abrahae, opéra Abrahte
médiat de Moïse, comme premier degré pour «facito ». — Abscondit Moyses faciom suam,
arriver à l'appellation plus solennelle tirée il se couvrit le vis.ige par un sentiment de
des trois grands patriarches auxquels non- crainte et de respect, comme Elie à l'ar-
seulement Moïse, mais le peuple hébreu tout rivée de Jehovah, IJf Reg. xix, 13, et les
entier devait son origine. De cedernior titre, séraphins qui, dans Jsaie, vi, 2, se tiennent
pour lequel Dieu montre une complaisance devant lui. L'homme faible et pécheur ne
particulière, Jésus-Christ déduit contre les peut pas soutenir la vue et le regard du
sadduiéens la vérité do la résurrection, Diou trois fois saint en présence duquel les
Matth. xxu, 33. « Quasres, dit Cornélius a célestes esprits même sont saisis de crainte.
Lapide, cur Deus hic, et deinceps ssepe, se Chez les Romains, ceux qui offraient des sa-
vocet Deum Abraham, Isaac et Jacob, potius crifices se voilaient aussi la tête (Virg. J2n.
quam AbeJ, Noe et aliorum. Respondeo pri- ïlf, 405 ; JuLen. Sat. VI, 390), et les augures
mo, emia hi très fuorunt proximi parentes et remplissaient également leurs fonctions la
conditores populi hebrsei, cujns aux futurus tête voilée, Liv. I, 19.
orat Moses, et ad quem refertur totum vêtus 7. — Et damorem ejus audivi sublatuin
Testamontum. Secundo, quia Abraham fuit propter duritiam eorum quiprmsitnl ope-
g âter credeutium populique fldolis, cum quo
eus itedus iniit, in quo Abrabse successit
ribus, littéralement d'après l'hébreu : et
j'ai entendu son cri devant la face de ses
CHAPITRE 111 27
rem ejus audivi propter duritiam eo- et j'ai entendu leurs cris à cause delà
rum qui praesuntoperibus ; dureté de ceux qui président aux tra-
vaux,
8. Et sciens dolorem ejus, descen- 8. Et, connaissant sa douleur, je
dí ut liberem eurn de manibus ^Egyp- suis descendu pour le délivrer des
tiorum, et educam de terra ilia in mains des Egyptiens, et je remmène-
terrambonam, etspatiosam, interram rai de cette terre dans une terre bonne
qua) íluit lacle et melle, ad loca Cha- et spacieuse, dans une terre où cou-
naneei, etHetheei, et Amorrhsei, et lent le lait et le miel, aux lieux où
Pherezaei, et Hevsei, et Jebuscei. sont le Ghananéen et rilétéhen et TA-
morrhéen, et le Phérézôen et Tllévéen
et le Jébuséen.
9. Clamor ergo filiorum Israel ve- 9. Le cri des enfants d'Israël est
nit ad mc ; vidique afflicuonem eorum, donc venu à moi et j'ai vu leur-afflic-
qua ab JEgypius opprimuntur. tion et comment ils sont opprimés par
f
les Égyptiens.
10. Sed veni, et mittam te ad Pha- 10. Mais viens, et je t'enver-
exacteurs », le cri que lui fait pousser la dans ceux de Salomon au-delà de Bethléem,
manière dont il est traité par eux. La Vul- comme preuve toujours existante do l'antique
gate est ici une espèce de commentaire du fertilité de la Terrj Promise. Dans les envi-
texte. rons de Jérusalem, sur le chemin dllébrnn,
8. — Descendí. Cfr. Gen. xi, 5 — ln ter- sur les collines de Samarie, on voit encore
rain bonam et spaliosam. La terre dans les traces dos murs qui soutenaient, comme
laquelle D.eu veut introduire son peuple ost dans Io Liban, dos terrasses cultivées: on
appelée « bonne » à cause de sa grande fer- voit même les tours des gardes dont il est
tilité, et « spacieuse » par opposition à celle fait si souvent mention dans l'Ecriture, ou
de Gessen, où les Israélites, vu leur multi- plutôt on en voit les ruines là où il n'y a
tude, devaient être bien à l'étroit. La pre- plus aucun champ à garder : d'Arvieux ot
mière de ces deux épithètes est ensuite ex- Volney o .t fait la même o servation. Si
pliquée par « une terre coulante de lait et dans le Liban occidental, que nous avons vu
do miel », expression devenu? proverbiale si verdoyant, si bien cultive, il survenait une
pour marquer la leitilité.et le? agréments guerre d'extermination qui anéantît la po-
extraordinaires du pays de Chanaan, qui pulation Iaborieii.se à laquelle ost duo la
sont décrits plus au long dans le Deutéro- JertiJité actuelle de ces moutagnes, ou no
nome, vin, 7 et suiv. Le lait et le mL-l sont réloignât même que pour quelques années,
on effet les plus simples et les plus agréables bientôt les terrasses renversées abandonne-
produits d'un pays abondant en herbes et en raient tontes les terres \égétales à l'impé-
fleurs, tel qu'était la Palestine, môme à tuosité des torrents, et ces montagnes si
l'état de solitude et de dévastation, comme belles, si productives ot si peuplées, Ye se-
on le voit par Isaie, vu, 15, 22. Les auteurs raient plus que des roches arides, comme
classiques joignent dans le même sens lolait, les montagnes do la Judée le sont aujour-
le vin ou le nectar et le miel. Ainsi Ovide, d'hui. Ainsi il est tout aussi impossible de
décrivant l'âge d'or, dit, Metam. I, Í12 : douter do l'ancienne fertilité de la Palestine
que de sa désolation actuelle». Saints Lieux,
FLUNIIUA JAM IACTIS, JAM FIN MINA NEC TARI S IBANT, t. Il, p. 219 (3° ëdiU. Cfr. l'abbé Guo ;ée,
FLAVA QUE DO VIRICLI STILLABANT I LICE MELLA. Mémo re sur la fertilité de la Judée ; V. Rau-
mor, Pal. p. 92; Keil, Bibl. Arclwcol. § 11.
La grande fertilité de la Palestine ost aussi Cette terre est ensuite désignée d'une ma-
attestée par les écrivains profanes, tols que nière plus précise par rémunération des s x :
non saulement Josèphe en-divers endroits peuplades qui l'occupaient alors, énuméra-
de POS écrits, mais encore Tacite, Hist. "V, tion qui sert en- même temps do dévelop-
6 ; Justin, Hist. XXXVi, 2 ; Pline, N. H. V, pement et de justification à l'autre épithète,
14, etc. «Aujourd'huiencore,dit Mgr Mislin, « spacieuse », qui lui a été donnée. Sur ces
nous retrouvons les restes de la plus admi- peuplades comparez Gea. x, 15 et seq.; xv,
rable végétation dans les jardins do Sidon, 20 et seq.
de Jafl'a, de Gaza, d'Hébron, de Naplouse, et
28 L'EXODE
fl. — Quis sum ego . . .? Le fils adop- me traduit la Vulgate ; car, b'en que le sa-
tif de la filio de Pharaon, devenu un humble crifice formât chez les Israélites la principale
berger, semble avoir oublié sa position d'au- ou la plus importante partie du service di-
tre.'ois et ne plus se souvenir que de sa con- vin, il n'était cependant pas la seule, et les
dition présente; ne considérant que sa fai- patriarches y joignaient déjà i'invocat.on do
blesse, il se croit incapable de la mission qui son nom et d'autres hommage*. Les Israélites
lui est proposée, quoique Dieu lui eût déjà servirent aussi Dieu sur la montagne d'Ho-
fait connaître longtemps auparavant qu'il reb en acceptant sa loi et e i faisant de ri-
la lui destinait; Voy. plus haut, ch. n, 11 et ches offrandes pour l'organisation de son
12, coinp. avoc Act. vu, 25. culte.
12. — Ego ero tecum. Le ta placé, dans le 13et 1 4 . — £ c c 6 egovadam... Dieu a satisfait
texte hébreu, à la têto do la phrase est em- par la promesse do son assistance et par le
ployé do même que Gen. iv,23 ; xx, 11,c'est signe qu'il y a joint à la difficulté que Moï-
à dira, comme renforçant l'affirmation. Au so lui avait exposée; Mo/sa est e.icore eu
lieu de «immolabis Doo», il y a dans l'hé- peine do.savoir comment satis 'aire au désir
breu : «vous sorvirez Dieu». Dieu combat que le peuple pourrait lui exprimer de sa-
la défiance de Moïse par la promesse d'être voir quoi est le nom de ce Dieu do ses pères
avec lui, de l'assistor, promesse qu'il coa- dont il se dira l'envoyé. La raison qui lui
firme par un signe consistant on ce que lui- fait regarder comme probable que cette ques-
même, Moïso, et lo peuple d'Israël tiré de tion lui sera adressée est, selon Leclerc et
l'Egypte par son entremise, le servit ont sur Rosenmù'lor, que les Egyptiens ayant dos
cette montagne. Il est vrai que ce signe, qui noms propres pour tons leurs dieux, il est na-
garantit à Moïse lo succès do sa mission, re- turel que les Israélites veuillent au*sisavoir
clamo lui-même à son tour la í i ; mnU co lo nom du Jour. Mais, selon l'obsjrvation de
n'en est pas moins un signe propre à lui ins- Keil, outre qu'il n'est nullement vraisembla-
pirer le courage et la confiance. Dieu ren- b'e que le nom sous lequel Di ;u s'était ma-
voie Moïse au résultat de sa mission, à un nifesté aux patriarches eût complètement dis-
fait qui suivra la sortie du peuple de l'Egyp- paru d3 la mémoire du peup'e, et surtout do
te : Israël l'honorera sur la même montagne Moïse, qncl'e raison aurait-il pu y avoir
où maintenant il lui parle, où il lui donne d'attacher une importance particulière à la
Tordre d'aller lo tirer de cette terre de ser- simple connaissance de ce nom ? La ques-
vitude. Autant il est certain qu'il sa montra tion dont il s'agit présuppose que le nom ex-
à lui on ce lieu comme le Dieu de sos pères, prime la nature et l'action de Dieu, et quo
autant il est certain qu'Israël l'y servira. La Dieu manifestera extérieurement son essence
réalité de l'apparition de Dieu, dont Moïse ne énoncéj dans son nom, la fera paraître dans
saurait douter, formo le gago de la vérité de les actes. Ccst pourquoi il se nomme mn»
l'annonce qu'il lui fait, et cette annonce elle-
même, ainsi garantie, doit remplir Moïse de nvtx T t f N (EFIYEH ASIIBR É H Y B H ) , Je suis
confiance pour l'exécution de ses ordres. Ello celui qui suis, ou plutôt il explique ainsi à
renferme l'assurance que la toute-puissance M >ïso le nom de mrr (JEHOVAH, ou mieux
divine écartera tous les obstacles. Servir Y A H V E H J , RO:W la fuel il s\*st déjà mani esté
Dieu (les Septante : la-pzûaE-ze. T Ú ©EIÏ>) dit à Abraham en faisant alliance avec lui, Gen.
plus qu'immoler ou sacrifier à Dieu, com- xv, 7. Il se désigne par là comme l'être pro-
CHAPITRE III 29
prement dit, l'être absolu, infiniment parfait, passer a toutes les générations. "H TT, à la
ot on particulier immuable dans ses desseins lettre : «génération, génération», comme au
comme dans son être, et tout puissant pour ch. xvn, 10 et Prov. xxvn, 24. La locu-
les exécuter. Il se distingue comme tel, com- tion ordinaire est YTI TT,«CGÉNÔ ation etgé-
me le seul vrai Dieu, des dieux des Égyp- nération», Dout. xxxn, 7 ; Ps, X (Vulg.
tiens et de tous les autres peuples, en mô- IX), 6, et al., ou D^VT TT, «génération des
me temps qu'il fournit à Molso et à son peu-
ple uu puissant motif de cens jlation dans générations», Ps. LXXII (Vulg. LXX1), 5 ;
leurs maux, avec un solide appui à l'espé- G1I (Vulg. Gf\ 2 5 : Is, u , 8. La répétition
rance do voir l'accomplissement des pro- du môme mot renferme l'idée d'uno durée
messes faites à leurs pères. Sur le nom di- constante et sans limitas.
vin mn\ qu'on prononça ordinairement, d'a- 16. — Congrega seniores Israël, Dieu
près la ponctuation masorétique, JEHOVAH, donne à Moïse une instruction ultérieure
mais dont les plus savants hébraïsants s'ac- sur la manière de remplir sa mission.
cordent aujourd'hui à reconnaître que la D^pT, les vieillards, iui les anciens, sont
véritable prononciation est Y A H A V B H OU
Y A H V E H , voyez encore ci-après ch. vi, 2 et en général les chefs des familles et des
3, note, et pour plus do détails Hengstenberg, tribus, que Moïse doit informer, comme les
Beitrœgo, if. p. 181 et suiv. ; Oosen. Thos., représentants du peuple, de l'ordre qu'il a
p. 575 et suiv. ; Reinke, Beitr. z. Erkl. d. A. reçu de Dieu.«C'est l'usage dans les tribus,
T., III, p. 1 et suiv — Sic citées fili's Is- dit L. de Laborde, à chaque événement
raël: Qui est misit me ad vas. Dans l'hébreu, nouveau ou important, de convoquer les
au lieu de la troisième personne, c'est la vieillards, de leur soumettre la position des
première qui est employée, proprement : affaires, d'écouter leurs conseils, et presque
« J E SUIS m'a envoyé vers" vous ». tuu,0!irs de se ranger à leur avis . . . Chez
tous les psuples primitifs, cette autorité de
15. — Pour affermir encore son peuple la vieillesse a été reconnue, et son expé-
dans ces sentiments, Dieu ajoute : Hoc no- rience consultée ; on en trouve des traces
men mihi est in œternum, et hoc memo- dans Homèie et dans les premiers rudi-
riale mevm in generaiiunem et gênera- ments . des gouvernements». — Visitans
tionem, c'est à dire, non pas simplement visilavi vos . . . Dieu parle comme s'il était
qu'il po:tera toujours le nom de mm, mais venu voir si la situation des fsraélites ea
encore et surtout qu'il se montrera toujours Egypte était telle que leurs cris la lui an-
dans ses actes d'une façon conforme à sa na- nonçaient. Gfr. Gen. xviu, 2. C'est l'accom-
ture exprimée par ce nom, et que c'est sous plissement des dernières paroles de Joseph
ce môme nom et sous les rapports qu'il ex- mourant, Gen. L , 24.
prime que son souvenir et son culte doivent
30 LEXODE
17. Et j'ai dît que je vous emmène- 17. Et dixi ut educam vosde afflic-
rai de l'affliction d'Egypte dans la tione iEgypti, in terram Chananaei,
terre du Chanancen et dn niéthccn, et Hetheei, et Amorrhaei, etPherezsei,
et de I'Amorrhécn, et du Phcrczécn et Hevcei, et Jebuseei, ad terram fluen-
et de niévéen et du Jébusccn dans une tem lacte et melle.
terre où coulent le lait et le miel.
18. Et ils entendront ta voix, et tu 18. Et andient vocem tuam : in*
iras, avec les vieillards d'Israël, gredierisque tu et seniores Israel, ad
vers le roi d'Egypte, et tu lui diras : regem ißgypti, et dicesad eum : Do-
Le Seigneur Dieu des Hébreux nous a minus Deus Hebreeorum vocavit nos :
17. — Et diœl ut educam vos . . . Dans injustice, mais dont l'oppo-âtion, que rruo-
l'hébreu : « Et /ai dit » en moi-même : « Je inique qu'elle fut, les aurait mis hors d'état
vous j'orai monter de Ta.ïliction d'Egypte », d'exécuter leur dessein. Mais pourquoi Dieu
etc. o:donnc4-il à ses envoyés île demander seu-
18. — Dominus . . . vocavit nos, litté- lement â Pharaon la permission d'aller à.
ralement d'après l'hébreu :«obviam factus une distance do trois jou né.î* dans le désert
est super nos,» pour«nobis». mpa, obviam pour lui offrir un sacrifice? N'est-ce p s-
vouloir qu'ils le trompent, puisqu'il doit na-
fieri, ordinairement construit avec btt, vers, turellement entendre leur demande dans ce-
Test ici avec Sï, sur, parce que Dieu est sens que, après avoir rempli le but pieux
qu'i's se proposent dans co voyage, ils re-
venu d'en haut à la rencontre des hommes. viendront, tandis que rien n'est plus loin de-
Le complément est au pluriel, quoique Dieu leur pensée? A cela Hen^stenbcrg, Beilr. t.
n'ait apparu qu'à Moïse, par.o que cotte ap- III, p. 520. répon i ave.; S. Augustin, Qusest.
parition était pour tout le peuple, que Moïse XIII in Exo.I., que Dieu, qui connaissait les
avec les anciens devait représenter devant dispositions de Pharaon, ne voulut exiger de
Pharaon. Au lieu de :«Jehovah . . . s'est lui que ce qu'il ne pouvait refuser SÎLIS mon-
rencontré devant nous», d'autres, comme tre/une dureté inexcusable; autrement iL
Onkélos, Jonathan, Rosenmùller, traduisent : lui aurait dès le p in ipa manifesté son in-
«Jjhovalj . . . a éîé appelé sur nous», c'est tention tout entière. Si Pharaon avait obéi,
à dire, son nom nous a été imposé, nous il se serait contenté pour lo moment de o&
nous appelons le peuple de Jehovah. Cette qu'il lui avait demandé ; mais l'endurcissa-
traduction semble «voir un appui dans le ment de ce roi et le rohts obstiné qu'il op-
passage pa allèlo du ch. v, 3, oii nous lisons posa à ses ordres tant de ibis réitérés fut
N^pj; niais cet appui, selon Koil n'est causa que les chose3 sa passèrent comme on
7
qu'apparent ; car si le sens de ce dernier va le voir. Pharaon est ainsi devenu d'au-
passage était celui qu'on prétend, le mot tant plus propre à présenter dans sa per*-
Dttf, nom, devrait y êt.e exprimé, de -sonne l'image vivante d'un pécheur endurci,,
qui so montre rebelle â tous les ordre3 de-
même que Dent, xxvni, lOjJerem. xiv, Dieu, fait la sourde oreille à tous ses aver-
!); II Pa al. Vil, 14, et ailleurs. Quant à la tissements, et passe d'un degré d'endurcisse-
traduction de la Vulgate, qui est aussi celle ment â un autre, jusqu'à ce qu'enfin la ven-
îles Septante :« le Seigneur . . . nous a appe- geance céleste éclate sur lui et l'écrase. Ce
lés» même à supposer que rnp2 soit pour n'est qu'à ce point de vue que toute la con-
Nip3, elle ne rendi'aitpas le sens do l'expres- duite de Dieu à son égard paraît dans son
sion hébraïque, qui est au passif. — lbimus véritable jour, et que son histoire devient
mam trium dierum . , . En allant, sur our tous les siècles un enseignemoit vivant,
l'invitation de Joseph et de Phar on, cher- S'ailleurs, et cotte seule observation pourrait
cher en Egypte un asyle contre la famine, suffire, y a-t-il rien dans tout ce que les en-
•'acob et sa lamille avaient incontestable- voyés de Dieu sont chargés de lui dire qui
ment, comme nous en avons déjà fait l'ob- no soit vrai ? II ne pourrait donc être induit
servation, conservé le droit de quitter ce en erreur que parle silence dont ils cou-
pays quand ils le trouveraient à propos, de vrent une partie de leur projet. Mais étaient-
sjrto que personne n'avait celui do les y re- ils donc obligés, à ne considérer que les rè-
tenir malgré eux. Ils ne devaient pas néan- gles ordinaires, de le lui manifester tout en-
moins partir sans avoir demandé et obtenu tier, ce projit, sachant à ne pouvoir en dou-
le consentement du roi, qui de son côté ne ter qu'il abuserait de la connaissance qu'ils
pouvait, il est vrai, le leur refuser sans lui o:i auraient donnée pour mettre injuste-
CHAPITRE III 31
ibimus viam trïum dicrum in solitu- appelés ; nous ferons un chemin
dinem, ut immolemus Domino Deo de trois jours dans le désert, pour im-
nostro. moler au Seigneur notre Dieu.
49. Sed ego scio quod non dimittet 19. Mais je sais que le roi d'Egypte
vos rex iEgypti ut eatis, nisi per ma- ne vous laissera pas aller, s'il n'y est
hum validam. forcé par une main puissante.
20. Extendam enini manum meam, 20. Car j'étendrai ma main et je
et percutiam j-Egyptum in cunctis mi- frapperai l'Egypte, par tous les mira-
rabilibus meis, quae facturus sum in cles que je vais accomplir au milieu
medio eorum ; post haec dimittet vos. d'eux; ensuite il vous laissera aller.
21. Daboque gratiam populo huic 21. Et je ferai trouver faveur à co
coram yEgyptiis ; et cum egrediemini, peuple auprès des Égyptiens, et
non exhibitis vacui : quand vous sortirez, vous ne vous eu
Itifr. 11. 3. et 13.35. irez pas les mains vides ;
22. Sed postulabit mulier a vicina 22. Mais chaque femme demandera
sua, et ab hospita sua, vasa argentea à sa voisine et à son hôtesse des va-
et aurea, ac vestes ; ponetisque eas ses d'argent et d'or et des vêtements
ment obstacle à son exécution. En d'autres de ce passage que les Israélites n'étaient
termes, étaient-ils obligés <.e lui mettre à la pas isoles, niais qu'ils vivaient mélét avec
main des annos contre eux-mêmes, et de re- les Egyptiens, dx\t .même u i certain
noncer à un droit certain plutôt que de le nombre habitaient leurs maisons, où ils
laisser dans une ignorance au sujet de la- avaient sans douto loué des logements. •—•
quelle il ne pouvait s'e.i prendre qu'à sa Ponetisque eas super filios et filias ves--
soûle malice ? Au reste, nous verrons plus iras, vous les mettrez sur vas enfants
: :
tard lo Se gneur ordonner à Mo se de récla- comme vêtements et objets do parure. Lo
mer simplement pour les Israélites la per- pronom « cas » n'e-st pas dans l'hébreu ;
mission de quitter l'Egypte (ch. vi, i i ) . :
le sens seul y indique comme iv gimo dire t
19. — Nisi per manum validam, à la sous - entendu non seulement « ventes »,
lettre, d'après l'hébreu : «et non», sinon, mais encore «vasa argontea et aurea».
si ce n'est, «par uns main forte,» en vertu — Cet ordre et son execut on, qui est racon-
d'une main .brte, c'est â dire, de la puissa.ite tée plus bas, ch. xu, 35 et suiv., ont donné
mai î de Dieu lui-même, qui devra s'aposan- lieu à de grandes objections de la part des
tir sur lui pour vaincre son obstmntio.i. adversaires de l'Ecriture, qui veulent y voir
Ainsi nous donnons ici, avec les Septante et la tremper e et le vol prescrits par Dieu
lui-même, ce qui sorait en effet fort scanda-
1t Vulgate, à sbl le sons de sinon, que ré- leux. Une réponse qui a déjà été faifc il Y a
clame manifestement le contexte, ot non ce- longtemps, c'est qu'il ne peut pas être ici
lui de pas même, dans lequel le prennent la question de vol, puisque Dieu, comme sou-
plupart des modernes. EwakI, Lohrb. g 351 verain seigneur de toutes choses, avait* In-
a, pense qu'il faut lire 'ah DN ; mais ce chan- contestablement le pouvoir et ledro t do dis-
poser des biens des Egyptiens et d'en trans-
gement n'est pas nécessaire. férer la propriété aux Israélites, ce qui d'ail-
21. — Daboque gratiam populo huic leurs n'était pour ces dern:crs qu'une faib'e
coram uEgypliis, je rendrai les Egyptiens compensation de ce qiw leur était dû parles
favorables a ce peuple, aux Israélites. — Egyptiens p w les immenses travaux qu'ils
Non exibitis vacui, «vous ne vous on irez avaient exe.utés à leur profit durant tant
pas vides», les mains ''ides. d'années d'uno cruelle et injuste servitude,
22. — Postulabit mulier.., et ab hos- a nsi que pimr LES maisons et tous les autres
pita sua, à l'étrangère qui logera c^ez elle, biens qu'ils leur abandonnaient en quittant
à sa locataire, vasa, des ustensile et des leur pays. Ma s, dit-on, n'était-ce pas user
bijoux, etc. Cet ordre est donné plus tard de tromperie que d'emprunter ces objets pré-
non seulement aux femmes,mais encore aux cieux aux Egyptiens ave3 l'intention nien
hommes, ch. xi, S et suiv. Ici il n'est fait arrêtée de ne pas les leur rendre? et cette
menlion que dea femmes, parce que, dit tromperie, si indigne do Dieu, ne retombait-
Aben-Ezra, elles ont un goût plus déclaré elle pas sur Dieu, puisque c'était lui qui
pour ces sortes d'objets. II résulte clairement l'ordonnait? Cette objection repose tout en-
32 L'EXODE
et vous les mettrez sur vos fils et sur super filios et filias vestras, et spolia-
vos filles, et vous dépouillerez l'Egypte, bitis ^Lgyptum.
CHAPITRE IV.
Miracles que Dieu fait comme signes de la vocation de Moïse fh i-9. — Apres diverses
excuses que Diou n'accepte pas, Moïse se soumet enfin et retourne en Egypte ; circoncision
d'un do tes fils ff 10-26. — Il est rejoint par son frère Aaron, et tous deux vont annon-
cer leur mission aux Israélites ff 2 7 - 3 1 .
tièro sur une fausse hypothèse, qui n'a quelque fondement, d'autant que depuis le
aucun fondement dans le texte sacré. En temps de Jacob, par conséquent depuis plus
effet, le vorbo SxttJ, qu'on y trouve ici, ne de quatre siècles, Dieu n'avait plus apparu
signifie nulle part demander à emprun- à aucun Israélite. Aussi Dieu y satisiait-îl
en lui donnant dans trois miracles un moyen
ter, mais simplement demander, danB «de persuader le peuple de sa divine mission.
le double sens du verbe français, et BIANTFN, Ces miracles, destinés aux Israélites, n'é-
employé" au chap. XH, 3 6 , et qui ne se taient pas toutefois pour eux seuls p i s de-
rencontre plus que I Reg. I, 2 8 , signifie vaient en môme temps, selon l'observation
accorder, donner ce qui est demandé. D'ail- déjà faite par S. Ephrem, fortifier la foi de
leurs les circonstances dans lesquelles est Moïse lui-même, et lui ôter ses craintes sur
employé ce verbe, tant ici qu'au chap. xu, le résultat de l'entreprise dont D.ou le char-
3 6 , parlent décidément, dit Keil, contre le geait. Car sa confiance en Dieu lassait en-
sens d'un emprunt. Quoique Moïse n'eût pas core à dés'ror, comme le montrent les dif-
expressément déclaré que le départ qu'il ficultés qu'il al.ègue et le doute quM conser-
roulait était définitif, les plaies qui se sui 7
ve encore d'être écouté dos Israélites après
vaient coup sur coup pour obliger Pha- l'assurance que Dieu lui en a déjà donnée, m,
raon àraccorderdevaient déjà faire compren- 1 3 . Enfin ces miracles avaient aussi leur
dre aux Egyptiens qu'il s'agissait d'autre destination relative à Pharaon, comme il
chose que d'un simple voyage de trois jours paraît par le verset 21. Ayant dans sa
pour aller offrir des sacrifices. Les Egyptiens main, pour ainsi dire, ces signes merveil-
'ne pouvajent donc penser que les objets pré- leux, muni de la force de Dieu même, Moïse
cieux qui leur étaient demandés leur se- our.a se présenter comme son ambassa-
raient rendus après la fête ; s'ils les accor-
dèrent, c'est que Dieu avait favorablement d'Egypte.
S eur dovaat les fils d'Israël et devant le roi
disposé leurs cœurs envers son peuple. Cfr. 2. — Quil est quodtenes in manu tua ?
Hcngstonberg, Beitraege, etc. t. II f, p. 5 0 7 et Il est clair que ce n'est pas pour l'apprendre
suiv. ; Reinke, Beitr., t. III, p. 1 4 7 et suiv. que Dieu lui fait cette question, mais pour
appeler son attention sur ce point. — Res-
S* MOÏSE REÇOIT DE DIEU PLUSIEURS SIGNES DE SA ..IIS- pondit : Virga. Selon Keil, c'était le bâton
*ION, ET CONTINUE NÉANMOINS SA RÉSISTANCE ; IL FINIT
PAR SE RENDRE, IV, 1-17. pastoral, symbole de sa vocation. Il ne faut
cependant pas entendre sous ce nom la hou-
CHAP. iv. — 1 . — Non credent mihi... lette proprement dite, n'étant guère cro-
L'objection que fait Moïse n'était pas sans yable que Moïse soit allé trouver Pharaon
CHAPITRE I T 33
avec un bâton de cette forme : c'était plutôt dit aussi M. Vigoureux, nous sont souvent
un bâton dans le genre de celui dont L. de représentées avec un bâton à la main. On
Laborde parle en ces termes : «Tous las en a conservé un qui est en bois de cerisier.
Arabes du désert et tous ceux qui habitent Ordinairement il était en bois d'acacia». La
la lisière des pays cultivés portent des bâ- Bible, etc. t. II, p. 317.
tons à tête recourbée. Ces bâtons servent 3. — lia ut fugeret Moyses. Ce trait
pour guider les chameaux et les dromadai- peint d'une manière frappante la vérité de
res ; ils sont en outre comme une manière la métamorphose. D'après Keil, le bâton de
de conte îance, et da is les cercles d'Arates Moïsa qui, jeté par lui à la voix de Dieu, se
chacun joue avec sou bâton et trappe la change en un serpent devant lequel il s'en-
terre pour dissimuler une intention ou ca- fuit, ef qui, saisi par la queue, redevient un
cher un embarras. Le bâton de Mois© pou- bâton dans sa main, figure d'abord les dan-
vait donc avoir cette forme, qui se retrouve gers dans lesquels l'abandon de son genre de
dans toutes les scènes des peintures égyp- vie pour celui auquel Dieu l'appelle va l'en-
t'emies. Les moines du couvent de Sainte- gager, et qu'il voudrait bien pouvoir éviter.
Catherine, au mont Sinaï, cultivent dans Mais il y a encore, selon le même commen-
leur jardin la colutea haleppica, qu'ils ap- tateur, qualque chose de plus dans cette ima-
pellent sferaï, et qui, salon eux, est la mê- ge. Le sirpsnt, depuis qu'il a fait tomber nos
me plante qui fournit autrefois la verge de remiers parents, est l'ennemi de la postérité
Moise. Rien ne combat cette opinion, et de-
puis longtemps les pèlerins rapportent pieu-
P s la femme et le représentant de la puissan-
ce du mal qui domine en Egypte. Dieu mon-
sement des rameaux de cet arbuste». A pro- tre donc ce signe à Moïse parce que, comme
pos d'un tableau qui se trouve dans un hy- l'a déjà interprété le Pirké Elièzer, ch. xi,
pogea des environs des pyramides, M. Cham- « de môme que le serpent mord les hommes
pollion-Figeac dit : «On y voit un Egyptien et les fa;t périr, de mémo Phai*aon et los
faisant l'inspection de ses troupeaux ; il est Egyptiens mordaient los Israélites ». Mais
debout, couvert de sa calasyris serrée par Moïse, par l'ordre de Dieu, prend le serpent
une ceinture ; une écharpe est jetée de son par la queue et retrouve dans sa main son
épaule gauche sur le côté droit ; il s'appuie Bâton devenu le bâton mervoilloux avec
sur une longue canne». Et plus bas : «Le lequel il frappera l'Egypte de grandes plaies.
maître de la maison se reconnaît à la lon- A ce signe, Israël doit reconnaître non seu-
gue canne qu'il tient à la main, ou sur la- lement que Dieu a choisi Moïse pour chef de
quelle il s'appuie pour se reposer... Nous son peuple, mais encore qu'il lui a contëré
pouvons ranger des cannes égyptiennes, plus le pouvoir de vaincre la ruse du serpent et
ou moins élégantes, en bois étrangers pour la la puissance de l'Egypte, ou, comme il est
plupart, et portant des inscriptions où se dit au vers. 5, que Jetiovah, le Dieu des
trouvent des noms propres et des dates, par- patriarches, lui a réellement apparu.
mi les objots antiques qm donnent à nos 6. — Protulit leprosam instar nivis x
collections un intérêt si varié et si puis- « blanche de lèpre comme de la neige ». La
sant». Egypte ancienne, p . 185 et 186. «Les lèpre blanche est, selon Celse, De Medic. V,
personnes d'un rang élevé, prêtres et autres 28, la plus difficile à guérir. C'était la plus
S U
B I I № — E3 3DE. — 3I
3ï L*EXODE
commune chez les Hébreux. &Y. Levit. xiu, visible, vivifiait et conservait l'Egypte : -
3 ; Num. x i ï , 10 ; IV Reg. v, 27. aussi les Grecs avaient-il appelé le Nil le
7. — El eràt similis carni reliquat, elle Jupiter égyptien » (Ghampollion-Figeac,
était rede\enue comme le reste de son corps, Egypte anc, p. 7. Cfr Baelir sur Hérod. II,
sans lèpre. On a aussi attribué à ce prodige 61 et 90, et Hengstenberg, Die Buch. Mos. u.
une signification symbolique ; mais les diffé- ^Egypt. p. 110 et suiv.). Si donc Moïse a le
rentes expl'cations de ce genre qu'on on a pouvoir de changer en sang les eaux bien-
données, tout irgénieuscs qu'elles sont, ne me faisantes du Nil, il a aussi celui de perdre
paraissent rien moins qu'incontestables ; je Pharaon avec ses dieux. C'est ce que les
doute lort surtout qu'elles se soient présen- Israélites doivent apprendre j?ar ce signe,et
tées à l'esprit des Israélites, et même de ce qu'éprouvera plus tard Pharaon avec les
Moïse. Celui qui sera curieux do les connaî- Egyptiens. Moïse devient ainsi non seule-
tre les trouvera dans les commentaires de ment l'interprète de Dieu, chargé de p3rter
Cornélius a Lapido, de Koil, etc. On peut se sa parole à son psuple et au puissant roi
contenter de dire que les prodiges dont il qui l'opprime, mais encore le dépositaire
s'agit prouvent, avec la realité de l'inter- de sa force, et, comme il est le premier pro-
vention de Dieu, sa toute-puissance pour faire phète divinement envoyé, il est aussi lo pre-
ce qu'il veut, pour guérir aussi bien que mier thaumaturge, et en cette qualité un
pour frapper. type de «l'apôtre et du pontife de notre
8. — Neque audierint sermonem signi confession » (Hebr. ni, 1), Jésus le Dieu-
prioris . . . Une voix est attribuée à ces si- homme.
gnes, parce qu'ils doivent attester la divine 10. — Non sum eloquens . . . Encore une
mission de Moïse. objection de Moïse contre la mission dont
9. — Sume aquam fluminis . . .Le Nil, Dieu veut le charger : il n'est pas éloquent ;
auquel l'Egypte doit son existence, qui en il a au contraire un organe posant et embar-
maintient et en renouvelle l'inépuisable rassé. II semblerait d'apivs la Vulgate que
fécondité, « fut non seulement surnommé cette difficulté naturelle se soit encore ac-
le irès saint, le père et le conservateur crue par son entretien avec Dieu ; mais tel
du pays, mais il fut encoro regardé comme n'est pas le*sens de l'hébreu, qui peut S3 tra-
un dieu, et eut en cette qualité un cuite et duire ainsi : «je ne suis pas un homme élo-
des prêtres. Les Egyptiens allaient jusqu'à quent, ni depuis hier, ni depuis avant-
considérer leur fleuve sacré comme une hier», c'est-a-dire, déjà par le passé, «ni
image sensible d'Ammon, leur divinité su- depuis que tu parles à ton serviteur; mais
prême ; il n'était pour eux qu'une manifes- je suis pesant de bouche et pesant de lan-
tation réelle de ce dieu qui, sous une forme gue ». Or cela no veut dire autre chose sinon
CHAPITRE IV 35
11. Dixit Dominus ad eum : Quis 11. Le Seigneur lui dit : Qui a fait
fecitos hominis? aut quis fabricatus la bouche de l'homme ou qui a formé
est mutum et surdum, videntem et le muet et le sourd, le voyant et l'a-
csecum ? nonne ego ? veugle? n'est-ce pas moi?
12. Perge igitur, et ego ero in ore, 12. Va donc et je serai dans ta bou-
tuo, doceboque te quid loquaris. che et je t'enseignerai ce que tu diras.
Matth. 10. 30.
13. At ille : Obsecro, inquit, Do- 13. Mais lui : Je vous en prie, Sei-
mine, mitte quem missurus es. . gneur, dit-il, envoyez, celui que vous
devez envoyer.
14. Iratus Dominus .in Moysen, 14. Le Seigneur, irrité contre Mo-
ait : Aaron frater tuus Levites, scio ïse, dit : Je sais qu'Aaron ton frère,
que Dieu, eu lui parlant, ne lui pas ôté cet s'exprime ainsi : « Dico cum Cajetano et
ancien défaut, qiril éprouve toujours égale- Abulensi, Mosen peccasse veniali pusil'ani-
ment. Du reste, que, malgré cet inconvénient, mitate et inobe Jiontia ; cum enim suani infir-
qu'il exagère peut-être encore un pau, ni le mitatom perpenderet, íIli nimis inhsesit, ar-
talent-oratoire, ni même le génie poétique bitrans se infirmiorem esse quam qui tan-
le plus sublime, ne lui aient manqué, c'est tum omis a Deo impositum sustinere possst,
ce dont S£S écrits rendent un magnifique non cogitans Deum, qui se vocabat, sibi quo-
témoignage.. que vires et ánimos suppeditaturum. Licot
11 et 12. — Quis fecit os hominis ?.... ergo Moses directe non repallerot nec detrec-
Après ces mots : « Nonne ego » î l'hébreu taret voluntatem Dei, cupiebat tamen Deum
ajoute: m m : «N'est-ce pas moi, Jého- aliud velie aliumque mittero, et ad hoc ni-
vah » ? C'est Dieu qui a fait l'organe de la mis, adeoque quinto Deum ursit ; quare me-
parole, de même que tous les sens, et il en rito ei quasi nimis tergiversanti iratus est
reste le maitre absolu. Il peut donc, et il Deus, vel, ut hebraico est i m yichar, idest,
déclare vouloir mettre Moïse en état do par- subito excanduit, salva tamen amici ti a cum
ler soit à Pharaon et aux Egyptiens, soit Mose : unde mox hanc iram clomentia tom-
aux Israélites, aussi bien que le demande la 3 r a v i t , Mosenque jam acquiescentom ad
mission dont il le charge. Pour cela, avec la
facilité de s'exprimer, il lui donnera le fond
F haraonem misit addens ei socium Aaro-
nem ». Ce récit, du reste, est une preuve non
même des choses qu'il devra dire. équivoque do l'authenticité du livre ; car à un
13. — Mille quem missurus es, littéra- écrivain postérieur, avec l'idée qui était res-
lement, d'après l'hébreu : «envoie par la tée de Moïse comme du plus grani homme
main de celui que t u enverras», locution qui eût paru dans le peuple de Dieu, il ne
équivalente à : envoie celui que tu voudras serait pas même venu à la pensée de lui
envoj-er, quelque autre que moi. On se se- attribuer une faute pareille, non plus que
rait^ attendu à ioir Moïse, après que Dieu a celle qui plus tard, comme nous le verrons,
daigné satisfaire si pleinement à toutes ses devait lui fermer rentrée de la terre pro-
difficultés, ne plus hésiter à accepter la mis- mise.
sion dont ¿1 veut le chargar ; mais ses répu- 14. — Aaron frâler tuas Levites; d'après
gnances ne sont pas encore vaincues, et, l'hébreu : « est-ce que Aaron le Lévite n'est
n ayant plus d'objection à faire, il recourt à pas Un frère » ? Aaron est appelé « le Lé-
la prière pour se soustraire au fardeau qu'il vite » à cause de so i origine, et peut-être
T e r l o u t e . Quoiqu'il ne le refuse pas positive- aussi par allusion au sans de ce mot durivé
ment, sa résistance v a néanmoins assez loin de mS, s'attacher, s'adjoindre. Aben-Ezra
pour q u e Dieu s'en montra offensé, e t ti ans- pense qu'il était connu parmi les Israélites
poi*te a son I"r.^re une partie considérable de sous ce suman, par loquel il se distinguait
l'œuvre q u ' i l l u i destinait. Il e s t vrai q u e des autres qui portaient aussi le nom d'Aa-
c'est aussi par condescendance pour lui qu'il ron. — Ecce ipse egreditur in occursnm
le fait. Mais de ne trouver aucune faute tuum. Il semblerait, d'après la Vulgato,
dans cette conduite de Moïse, comme ont qu'Aaron part déjà au moment où Dieu pnr.'y
fait plusieurs Pères, qui n'y ont v u qu un pour aller a la rencontre de Moïse. Ce n est
effet de sa profonde humilité, c'est ce cependant que plus tard, comme il paraît
qui ne peut guère se concilier avec la colère ci-après, v. 27, que Dieu lui en donne l'or-
que Dieu lui en témoigne. Il vaut donc mieux dre. Mais le participe présent NJP « egre-
se ranger à l'avis de Cornélius a Lapide, qui diens» peut se prendre ici au futur, comme
36 L'EXODE
le lévite, est éloquent. Voilà qu'il vien- quod eloquens sit : Ecce ipse egredi-
dra à ta rencontre et qu'en te voyant tur in occursum tuum, vidensque ta
il se réjouira de tout son cœur. lœtabitur corde.
13. Parlez-lui et mets dans sa bou- 15. Loquere ad eum, etpone verba
che mes paroles, et je serai dans ta mea in ore ejus ; et ego ero in ore
bouche et dans sa bouche et je vous tuo, et in ore illius, et ostendam vobis
montrerai ce que vous devez faire. quid agere debeatis;
16. II parlera pour toi au peuple et 16. Ipse loquetw pro te ad popu*
sera ta bouche; mais toi tu seras son lum, et erit os tuum ; tu autem erisei
guide pour tout ce qui regarde Dieu. in his quœ ad Deum pertinent.
11. Prends aussi en ta main cette 11. Virgam quoque hanc sume in-
verge avec laquelle tu opéreras des manu tua, in qua facturus es signa.
prodiges.
18. Moïse s'en alla et retourna vers 18. Àbiit Moyses, et reversus est
Jéthro son beau-père et lui dit : J'irai ad Jethro socerum suum, dixitqueei :
et je retournerai vers mes frères, en Vadam, et revertar ad fratres meos
cela arrive souvent, et c'est en effet par le qu'Âaron ne sera que l'organe de la bouche-
futur que le rendent les Septante (Egsi&uacTcu) de Moise. Celui-ci est appelé Dieu comme
et plusieurs autres traducteurs. 11 n'y a étant lo représentant de Dieu, le porteur de
donc aucune contradiction entre ces deux sa parole et de son pouvoir.
passages. Selon toute apparence, après la 17,—In qua facturus es signa, mi rá-
mort du Pharaon qui en voulait à la vie de cula. Par ces «signes» il faut entendre non
Moise, Aaron forma le projet d'aller trouver seulement les prodiges par lesquels il doit
celui-ci pour l'informer de cet événement et prouver sa mission divine aux Israélites,
l'engager à retourner en Egypte auprès de mais encore les plaies ou fléaux dont il frap-
sa famille, et, le moment étant venu, Dieu pera miraculeusement l'Egypte pour obliger
lui ordonna lui-même de partir, lui indi- Pharaon de les laisser partir. «Les poètes,
quant le chemin qu'il devait suivre pour dit D. Calmet, nous représentent Circe avec
rencontrer son frère, qui do son côte se un bâton pour faire ses opérations magiques.
rendait en Egypte. La raison pour laquelle Mercure va tou.¡ours avec sa baguette, dont
il ménageait la réunion des deux frères il se sort pour tirer les âmes de l'enfer...
avant qu'ils se retrouvassent en Egypte r é -
sulte clairement des paroles qu'il adresse Tum virgam capit : hac animas ille evocat Orco
ici à Moïse : il voulait par là relever son Patientes, alias sub tártara tristia mittit :
courage. ï)at somuos adimitque, et lumiua morte résignât ;
ib.—Et pone verba mea in ore ejus. L'ad- Illa fretus agit ventos et túrbida trauat Flumiua.
tVirg., Mn. IV, 242 et seq.)
jectif possessif «mea» a été ajouté par la
Vulgate comme explication ; l'hébreu se lit Bacchus est représenté avec son thyrse.
ainsi: «et tu mettras les paroles dans sa On a déguisé l'histoire de Moïse sous la
bouche», savoir, celles qui devront être di- fable de ces doux divinités païennes. Le
tes de ma part, soit à Pharaon, soit aux Is- démon est le s.nge du vrai Dieu».
raélites.—Et ego ero in ore tuo et in ore
UUus ; littéralement d'après l'hébreu : «je 3° Moïse retourne en Egypte ; circoncision d'un de
serai avec ta bouche et avec sa bouche», je ses fils. Il «est rejoint par son frfero Aaron, et tous
vous assisterai tous deux dans vos discours. deux vont se présenter aux Israélites, ff. 18-31.
16. —Eieritos iitum ;tu autem eris ei
in his quœ ad Leumpertinent. L'hébreu est 18. — Adjetivo socerum suum. Sur «Jé-
bien plus énergique: «et lui. Usera pour thro» et la nature de ses rapports avec Mo-
toi une bouche, et toi, tu seras pour lui Dieu»; ïse, voyez plus haut, m, 1, note.— Vadam
il te servira de bouche e t tu lui serviras de et revertar... Après « vadam», l'hébreu
Dieu. Ce qu'est le prophète à l'égard de Dieu, a;oute : «quseso». Ainsi c'est une prière que
ne disant que ce qu'il lui inspire, Aaron le Moïse fait à Jéthro pour obtenir son consen-
sera par rapport à Moïse, qui lui mettra les tement, ce qui était tout à fait dans les con-
paroles dans la bouche et sera le Dieu sous venances. Par ses «l'rères» il faut entendre
l'inspiration duquel il parlera, de sorte ses parents, la i'amided'Amram, et non les
CHAPITRE IV SI
IN MGYPTUM, ut videam si adhuc vi- Egypte, pour voir s'ils vivent encore.
vant. Gui ait Jethro : Vade in pace. Jéthro lui dit : Va en paix»
19. Dixitergo.Dominusad Moysen 19. Le Seigneur dit donc à Moïse en
in Madían : Vade, et reverteré in Madian : Va et retourne en Egypte, car
jEgyptum; morturi sont- errim omnes ils sont morts, tous ceux qui cher-
QAI queerebant animam-tuam. ' chaient à t'ôter la vie.
20. Tulit ergo Moyses uxorem 20. Moïse prit donc sa femme et ses -
suam, et filios suos, et imposuit eos fils et les plaça sur un âne et retourna
super asinum, reVersusque est in en Egypte, portant la verge de Dieu
iEgyptum, portans virgaih Dei in en sa main,'
manu sua.
21. Dixitque ei Dominus revertenti 21. Et le Seigneur lui dit pendant
Israélites en général, comme l'indique assez ses deux enfants pouvaient' so tenir sur un
•ce qu'il ajoute : «pour voir s'ils vivent en- âne, et Moïse les suivait». Cela supposa que
core». Sa demande avait d'ailleurs quelque ces enfants étaient encore bion jounes, et il
-chose de bien pins naturel dans le premier est vrai que.sils eussent déjà été grands, on
sens que dans l'autre. Son humilité et sa dis- ne comprendrait guère qu'ils ne fussent pas
crétion paraissent dans le silence qu'il garde allés à pied aussi bien que leur'père. «L'ane
sur la divine mission dont il est chargé : est encore», dit le voyageur que jo viens de
c'est encore un secret entre lui et Dieu. Gîter, «dans ce désert, une monture habi-
19.—Dixit ergo, dans l'hébreu: «et tuelle. C'est sur des ânes que la plupart des
-dixit». Dominus ad Moysen.., A son départ chrétiens vont au Sinai ; c'est avec des ânes
-de Madian, Moïse reçoit encore de Dieu une que les Arabes vont de Tor à Suez, et dans
rasque tous les campements on les entend
nouvelle révélation l'elative à sa mission.
Les paroles que Dieu lui adresse ne doivent E raire. Dans un désert où les sources et les
crevasses île rochers qui reçoivent la pluie
pas être considérées comme une répétition
sommaire de la révélation précédente, encore sont très rapprochées, il n'y a aucun incon-
moins comme le récit d'un autre narrateur vénient à voyager sur des ânes. Ajoutons que,
qui ferait arriver dans le pays de Madian dans cette partie de l'Arabie Pétrée, lo sol
ne que l'autre a placé au mont Horeb. Leur pierreux et dur convic.it à leur pied aussi
rapport ajvec le contexte est ainsi exposé par sain que sûr».—Portans virgam -Dei in
Keif, dont l'explication n'a rien que de très manu sua. La baguette de Moïso ost main-
naturel : Nous venons do voir que Jéthro a tenant appelée la «baguette de Dieu» à cause
consenti au départ de Moïse. Ce n'est qu'après du miracle déjà opéré sur elle, par lequel
ce consentement que celui-ci a pu faire ses elle a déjà été, pour ainsi dire, consacrée,et'
préparai i/fc de voyage. Dans ces entrefaites, de tous ceux dont, entre les mains de Moïse,
Dieu lui apparut de nouveau dans Madian, elle est destinée à être encore l'instrument ;
-et l'encouragea à retourner en Egypte en lui en d'autres ternies, à cause de la vertu mi-
apprenant que tous ceux qui en avaient vou- raculeuse que Dieu lui a communiquée. Quel
lu a sa vie, c'est à dire, Pharaon et les pa- que soit le dénuement extérieur de Moise. il
rents de l'Egyptien qu'il avait tué, étaient porte avec lui la merveilleuse baguette de-
morts, de sorte qu'il n'avait plus rien à crain- vant laquelle devra plier l'orgueil de Pha-
dre de ce côté-la. On peut croire en effet que raon et toute sa puissance.
ia crainte de Pharaon était cause que Moïse 21. — Vide ut omnia ostenta... La traduc-
no se pressait pas beaucoup de partir. tion littérale du texte serait : « Vois, tous les
irodiges que j'ai mis dans La main, tu les
20. — Et filios suos, « et ses fils »,
Cfr. plus haut n, 22, et ci-après, xvni, 3, 4,
Íeras a la l'ace de Pharaon ».II semble résul-
ter de là que Dieu avait déjà donné à Moïse
Et imposuit eos super asinum, à la lettre, une certaine idée des prodiges qu'il lui don-
d'après l'hébreu, «sur l'âne», ce qui, selon nait le pouvoir d'opérer pour vaincre la ré-
la plupart des interprètes, équivaut ici à sistance de Pharaon. L'hébreu naVEta que la
-«sur des ânes». Cependant L. de Labordo
est d'un antre avis. «Je ne vois pas, dit-il, Vulgate rend par « ostenta » et les Septante
la nécessité de suivre le pluriel des Septante par TÉpara, signifie des « prodiges, porten-
plutôt que le singulier de la Vulgate, qui est ta », c est-à-dire, des choses ou des événe-
i a traduction fidèle de l'hébreu. Séphora et ments en dehors et au-dessus des lois nata-
38 L'EXODE
dere bonis, vel quod facturus est bonis. Et non seulement dans cruels rapports ost Jeho-
quamvis uniuscujusque cordis in malitia vah avec Israël, mais encoró les châtiments
qualitas, id ost, qualo cor habeat ad malum, qui l'attendent s'il persiste dans son refus
suo fiat vitio, quod inolevit ex arbitrio vo- d'obéir ; car, comme la suite lo montre, ce
luntatis, ea tarnen qualitate mala ut hue vel n'est pas tout d'abord, mais après des dé-
illue moveatur, cum sive hue sivoilluc male marches déjà tentées sans succès, que cet
moveatur, causis fit quibus animus propel li- avertissement lui sera donné. Go sera lo der-
tur : quae causa? ut existant vel non existant nier. Cependant beaucoup d'interprètes, à la
non est in hominis potostate, sed veuiunt ex suite des Septante, donnent, comme nous le
occulta Providentia, justissima piane et sa- verrons, un autre sens au verset suivant. Je
pientissima, universum quod creavit dispo- ne saurais être de leur avis.—Filins meus
nents et administrâmes Dei. Ut ergo tale primogénitas Israel. Israël est lo «fils» de
cor haberet Pharao quod patientia Dei non Jehovah par adoption commo ayant été choi-
moveretur ad pietatem, sed potius ad im- si de lui pour être son peuple. Ce titre
n'avait rien qui dût surprendre Pharaon,
àetatem, vitii proprii fuit ; quod vero ea dont lo titro o.ficiol était Si4U, «filsdo Ra »,
Ìgnum
acta sunt quibus cor suo vitio tam mali-
res sloret jussionibus Dei (hoc ost enim
ou du Soleil. Dans uno fou lo d'inscriptions, les
pharaons sont appelés «propres fils» ou
quod dicitur induratum, quia non flexibiliter «fils chéris» de la divinité. La qualification
consentiebat, sed inflexibiliter resistebat), dis- d'«aîné», qui est jjinte au titre de fils de
pensationis fuit divin», qua tali cordi non Jehovah, ne signifie pas seulement qu'Israël
solum justa, sed evidenter justa pœna para- est son fils le plus cher, mais il paraît ren-
batur, qua timeutes Doum corrigerentur. fermer uno allusion à la vocation futuro des
Proposito quippe lucro, verbi gratia, pi opter autres peuples, destinés à outrer aussi un
quod homicidium committatur, aliter avarus, jour dans l'alliance et à faire partió du peu-
aliter pecuniae contemptor movetur: ille sci- ple do Dieu. Israël ne doit pas être le seul
licet ad facinus perpetrandum, iste ad ca- fils de Jehovah, mais seuloment son aîné,
vendum : ipsius tarnen lucri propositio in qui étant particulièrement cher à son père,
alicujus illorum non fuit potestate. Ita cau- jouit aussi de certaines prérogatives sur les
sse veniunt homi ni bus malis quae non sunt autres.
quidem in eorum potestate, sed hoc de illis
laciunt quales eos mvencrint jam factos pro- 23. — Dixi tibi... La plupart des moder-
priis vitiis ex preterita voluntate ». Gfr Corn, nes traduisent ainsi, à la suite dos Soptante,
a Lap. in cap. VII, 3, et Keil in h.l.La raison le texte onginai : « Et,je te dis : Laisse aller
pour laquelle la part de Dieu dans l'endur- mon fils, afin qu'il me serve; et si tu refuses
cissement de Pharaon est ici mentionnée de lo laisisr aller, voici que je tuerai ton
plutôt que celle de Pharaon lui-même, c'est fils aîné». Mais pour obtenir ce sens, il faut
qu'il était à propos do fortifier la foi et le prendre doux vorbes qui sont au ftitur avoc
courage de Moïse et des Israélites en leur rnv conversif, le premier, i ç x i , comme un
apprenant que non seulement cet endurcisse-
ment était prévu de Dieu, mais qu'il entrait présent : «et ja dis»; le second, "[Nam,
dans ses desseins, et ne servirait qu'à faire comme un futur, en donnant encore au vav
d'autant mieux éclater sa toute-puissante qui lo précède le sens de si : «si tu refuses»,
protection envers son peuple et, ses jugements ce qui est au mo ns bien insolite, tandis que,
terribles contre son injuste oppresseur. avec le sens de la Vulgate, il n'y a aucune
22.—Afin que Pharaon comprenne combien violence à faire ni à la grammaire ni à
est sérieux l'ordre qui lui a été donné do la l'usago, et ce verset so lie beaucoup mieux
part de Dieu, Moïse doit lui faire connaître au contexte, qui suppose clairement que
40 L'EXODE
Moïse ne doit ainsi parler à Pharaon qu'après fidèle attachement à l'antique tradition.
lui avoir déjà communiqué Tordre que Dieu Quoiqu'il en soit, une chose digne do remar-
lui donnait do laisser partir les Israélites et que, c'est que, au témoignage d'Hérodote, II,
avoir essuyé un ou plusieurs refus. 86,«on se servait en Egypte de pierres
24. — Cumque esset Moyses in ilinere, aiguisées pour certains usages, comme, par
scil. iEgyptum petons. De l'extrême brièveté exemple, pour ouvrir les corps qu'on voulait
de la narration résulte une obscurité qu'il embaumer. Nos collections d'antiquités nous
est difficile de dissiper entièrement. Néan- ont conservé des modèles de ces premiers
moins, en rapprochant les diverses circons- outils informes, qu'en Egypte, où la fabri-
tances dont il est tait mention, on arrive à cation des instruments était très avancée,
des explications dont la vraisemblance laisse on n'employait que dans certaines occasions
peu à désirer.— In diversorio. L'hébreu pres3ritos». L. de Laborde. O Wilkinsoh,
\h)2 de ^S, passer la nuit, signifie non
t
1 ï, p. 164, et M. de Rougemont, Age du bronze,
p. 152. — Et circumcidU prœputinm filii
iue hôtclerie, comme il y en a qui tradui- sut De ce qu'il n'est question que d'un des
sent, mais simplement un endroit où Von fils de Séphora, le plus jeune, sans doute,
passe ta nuit.* C'est donc, dit L. de Laboi de, on a conclu avec raison que l'autre avait
uno halte quelconque près d'un rocher ou déjà été circoncis. On peut même conjacturer
d'un groupe de palmiers. II n'y avait en que la vue do son sang et des douleurs qu'il
effet ni vif.'e ni hôtellerie sur cette route».— avait souffertes n'avait pas peu contribué à
ht volcbat occidere eum, littéralement inspirer à sa mère une telle répugnance
d'après l'hébreu : «et il chercha à le faire
mourir», expression qui donne à entendre
que la mort aurait effectivement suivi, si
elle n'avait pas été détournée à temps. De
r mr cette cérémonie qu'elle s'était opposée
la circoncision du second ; ce n'est que pour
sauver son mari d'une mort imminente qu'elle
quelle manière eut lieu la menace, si ce fut se résigna à réparer elle-même cette omission.
par une giave maladie qui mit la vie de Mais comment connut-elle la cause du danger
MoïS3 en danger, comme le veut Alien-Ezra, où elle le voyait? On ne peut pas le dire
ou par une action immédiate de Dieu, c'est ce avec certitude; mais il est naturel-desuppo-
qui n'est pas indiqué, et sur quoi on ne peut ser que Moïse, à qui Dieu ne la laissa pas
que faire des conjectures. Quant à la cause ignorer, la manifesta de son côté à sa femme.
qui la provoqua, la suite du récit ne permet Dieu avait prescrit lacirco icision à Abraham,
pas de douter que ce ne fût l'omission de la pour lui et tous ses descendants, comme le
circoncision à l'égard d'un de ses fils. C'est s'gne de son alliance, et prononcé la peine
ainsi que le comprit Séphora, qui se hâta d'extermination contre ceux qui ne s'y sou-
d'accomplir elle-même cette ccremon.o, que mettraient pas, comme coupables d'avoir
son mari n'était vraisemblablement pas en rompu l'alliance. On comprend que cette
état de faire; et ce qui prouve qu'elle ne paino, quand il s'agissait des enfants, devait
s'était pas trompée, c'est que, ce devoir retomber sur l?s parants, particulièrement
rempli, la menace cessa aussitôt. sur le père. Il n'est pas moins clair que Dieu
pouvait encore moins que dans un autre
25. — Tulit illico Séphora acutissimam tolérer dans Moïse cette infraction do sa loi,
petram. L'hébrcn dit simplement : «Et quoiqus venant d'une faiblesse quo son séjour
Séphora prit une pierre aiguë» ou taillée en chez un boau-père mad.anite expliqué et
instrument tranchant, un couteau de p erra, rend pins excusahle; dans Moïse, dis-je. qu'il
Encore du temps de Josué, la circoncision (ut avait choisi pour $tro son confident le plus
pratiquée avec do» pareils couteaux, Jos. v, intime, san représentant et le ministre de
2. Les interprètes ne sont pas d'accord sur son alliance auprès de son peuple. — Teli-
la raison qui les faisait proférer aux couteaux gitqun perles ç/us. La Vulgate est ici bien
en métal. Los uns pensent qu'ils étaient obscure. La meilleure explication qu'on en
regardés comme ayant quelque chose do d.mnj est que Séphora toucha les pieds de
plus saint ; d'autre n'y voient qu'une coutume Moïse et les arrosn du sang de son fils, qui
qui remontait aux temps où le fer et l'acier était comme le prix par lequel elle rachetait
n'étaient pas encore adaptés à cet usage, sa vio. Mais le texte hébreu, quoiqu'il n'ait
et disent que, si on les y trouve encore pas non plus toute la clarté désirable, offre
employés plus tard, c'est par suite d'un cependant un sens beaucoup plus satisfaisant.
CHAPITRE IV 41
petram, et circumcidit prseputium filii très aiguë et circoncit la chair de"son„
sui, tetigitque pedes ejus, et ait : fils, et elle toucha ses pieds et dit : Tu
Sponsus sanguinum tu mihi es. m'es un époux de sang.
26. Et dimisit eum postquam di- 26. Et il le quitta après qu'elle eut
xerat : Sponsus sanguinum, ob cir- dit : Epoux de sang, à cause de la cir-
cumcisionem. concision.
27. Dixit autemDominus ad Aaron: 27. Mais le Seigneur dit à Aaron : Va
Vade in occursum Moysi in desertum. au devant de Moïse dans le désert. Et
Qui perrexit obviam ci in montem il alla à sa rencontre à la montagne
Dei, et osculatus est eum, de Dieu, -et l'embrassa.
28. Narravitque Moyses Aaron om- 28. Et Moïse raconta à Aaron toutes
nia verba Domini quibus miserateum, les paroles du Seigneur par lesquelles
et signa quse mandaverat. il l'avait envoyé, et les prodiges qu'il
avait commandés.
29. Veneruntquc simul, et congre- 29. Et ils vinrent - ensemble, et ils
gaverunt cunctos seniores filiorum rassemblèrent tous les anciens parmi
Israel. les enfants d'Israël.
' 30. Locutusque est Aaron omnia 30. Aaron exposa toutes les paroles
En voici la traduction littérale : «et elle fit être pourquoi Dieu n'a pas fait comprendre
toucher», elle Jeta, à savoir, la chair san- plus LOT à Moïse, par exemple, lorsqu'il lui
glante de son fils, «à ses pieds», aux pieds apparut dans le buisson ardent, la nécessité
de Moïse. Cette action et Ls paroles dont elle de remplir un devoir aussi important que
raccompagne : Sponsus sanguinum tu celui de la circoncision de son fils. Cela peut
mihi es, paraissent être l'expression d'un venir de différentes causes. D'abord il est
dépit quelle no cherche pas a dissimuler. possible que cet enfant ne FÛT pas encore
Moïse est «un époux de sang pour elle», né. Il peut se faire aussi que Moïse n'eût pas
ïarce qu'il a été cause qu'elle a dû verser encore renoncé à l'espérance d'obtenir le
Îe sang de son fils, ne pouvant le conserver consentement de sa femme pour cette céré-
autrement. Elle est contente du résultat; monie et qu'il travaillât de son mieux dans
mais à ses yeux le moyen est horrible. On ce but. Jusque-là Dieu aurait eu égard à sa
a encore donné d'autres explications de ce bonne volonté, et il ne serait intervenu que
passage, mais qui me paraissent si pou lorsque les répugnances de Séphoraauraient
vraisemblables que ja crois inutile de m'y définitivement prévalu. Du reste, il est im-
an êter. possible de rien dire de certain à cet égard.
26. — Et dimisit eum postquam dixe- 27. — Après avoir réparé la faute qui
rat ; Sponsus . . . ; d'après l'hébreu : « et re- avait excité la colère menaçante de Jchovah,
misit ab eo », scil. Dominus a Moyse; « tum Moïse reçoit de nouveau des marques de sa
dixit » Sephora : « Spo isus . . . » Le devoir faveur tant dans l'agréable rencontre de son
de la circoncision étant rempli, Dion laissa frère Aaron à la « montagne de Dieu », au
Moïse, cessa d'en vouloir à sa vie. C'est alors mont Horeb, que dans l'accueil plein de foi
que Séphora dit le mot qui vient d'être rap- qu'il? trouvent l'un et l'autre en Egypte de
porté : «Tu m'es un époux r'o sang», au sujet la part des anciens d'Israël et du peuple.—
do la circon ision.fcWonla Vujgate, ce serait Dixit autem Dominus... Dieu accomplit ainsi
déjà avant que Dieu se retirât quelle avait la promesse qu'il a faite à Moïse dans le
prononcé cette parole; mais co n'est pas con- buisson ardent, ci-de-sus v*. 14.
forme à l'hébreu. — H y a tout lieu de croi- 2j. — El Gongregaverunt cunrlos senio-
re que cet événement décida Moïso à ren- res... Les Israélites, dit Cook, conservaient
voyer sa femme et ses enfants chez son leur organisation nationale particulière ;
beau-père, celui qui venait detre circoncis leurs affaires étaient administrées par leurs
n'étant plus guère en état de continuer le anciens.
voyage. Cela explique comment il se fait 30. — Locutusque est Aaron... C'est lui
que plus tard, lorsque, après a\oir tiré les qui, selon l'expression de Dieu même, est la
Israélites de l'Egypte, il arrive avec eux au bouche de Moïse, ci-dess. f. 46. — Et fecit
Sinaï, nous voyons Jcthro les lui amener signa, « les signes », les miracles dont il a
ci-apr. xvin, 2. — On demandera peut- ÉTÉ question plus haut, par lesquels Moïse
42 LÉXODE
que le Seigneur avait dites à. Moïse Et verba quae dixerat Dominus ad Moy-
il fit des prodiges devant le peuple. sen : et fecit si^na coram populo.
31. Et le peuple crut. Et ils appri- 31. Et crediditpopulus. Audicrunt-
rent que le Seigneur avait visité les que quod visitasset Dominus filios
enfants d'Israël et qu'il avait considéré Israel, et quod respexissetafflictionem
leur affliction; et ils se prosternèrent illorum ; et proni adoraverunt.
et F adorèrent
GHAPITRE V.
Moïse et Aaron déclarant les ordres de Dieu à Pharaon, qui les méprise et aggrave encore
la servitude des Israélites, ff 1-18. — Plainte des Israélites contre Morso et Aaron, }jt 10-22.
assemblée du peuple pour lui communiquer dynastie l'avaient embellie avec recherche.
le message apporté par Moïse et Aaron. Au moment de l'expulsion* des Hyksos, Ah-
31. — Et cfedidit populus . . . Cette foi mès l'avait démantelée, et ses premiers suc-
du peuple et son adoration, qui sans nul cesseurs l'avaient négligée jusqu'à ce que
0
doute s'adresse à Dieu, prouvent crue les pro- les rois de la XIX dynastie s'attachassent
messes laites aux patriarches vivaient en- à en faire une dos plus belles villes d'Egypte.
core dans son cœur. Nous possédons un plan de Tanis grave gros-
sièrement sur une des murailles du grand
B. DÉLIVRANCE DES ISRAÉLITES, V-XV, 3 1 . er
temple de Karnak, du temps de Séti I , père
§ 1. Première entrevue de Moïse et d'Aaron de Ramsès II. On y voit la ville et le fau-
avec Pharaon, qui, loin de consentir au bourg, placé sur la rive gauche du Nil, unis
départ des Israélites, aggrave encore leur l'un a l'autre par un pont. Le fleuve est in-
servitude, v, 1-23. diqué par des crocodiles et des plantes aqua-
tiques. La mer, également reproduite, est
CHAP. v. — Í . — Et dixerunt Pha- caractérisée dans un coin du dessin par des
raoni. D'après la plupart des égyptolo- figures de poissons de mer. Tanis conserva
e1
gues, ce roi était Monephtah I ', fils de longtemps son éclat et sa prospérité. Strabon
:
Kamsès II ou Sésostris. « Il avait déjà un ot Et onne do Byzance l'appelaient encore
certain âge, soixante ans peut-être, quand Tanis la grande, Tanis la grande ville.
Il monta sur le trône. Les papyrus nous ap- Les ruines imposantes qu'on voit aujourd'hui
prennent qu'il résidait habituellement dans attestent sou antiquo splendeur. Son temple
a Basse-Egypte, à Memphis, à Héliopolis, à principal avait des proportions gigantesques.
"Ramsès, à Tauis, où aujourd'hui encore on 11 on reste onze obélisques, renversés et bri-
voit plusieurs monuments qui portent son sés, qui portent le nom de Ramsès II. Ses
nom ». Cest dans cette dernière ville, qui innombrables petites maisons, jadis cons-
était sa résidence la plus ordinaire, que truites ave.; le limon du Nil, ne sont plus'
Moïse et Aaron le trouvèrent, comme nous qu'un immense monceau do décombres qui
l'apprend le Ps. LXXVII (hébr. LXXVIII), s'étend sur un très grand espace de lorrain.
12, 43. «. Tanis, que los gra.ids miracles qui L'ancienne branche tanitique était autrefois
allaient s'accomplir dans ses murs devaient si largo près de Tanis que les galères qui
rendre ajamáis célèbre dans l'histoiro sainte, avaient traversé la mer jetaie ît l'ancre au
Tanis, la ville des plaies, la capitalo favorite port de la ville. Elle n'est maintenant qu'un
CHAPITRE V 43
populum meum ut sacrificet mihi in mon peuple pour qu'il me sacrifie dans
desertol le désert.
2. At ille respondit: Quis est Do- 2. Mais il répondit : Qui est le Sei-
minus, ut audiam vocem ejus, et di- gneur, pour que j'écouto sa voix et
mittam Israel? Nescio Dominum, et que je laisse partir Israël? Je ne connais
Israel non dimittam. pas le Seigneur, et je ne laisserai pas
partir Israël.
3. Dixeruntque : Deus Hebrseorum 3. Et ils dirent : Le Dieu des Hébreux
vocavit nos, ut eamus viam trium nous a appelés pour que nous mar-
dierum in solitudinem, et sacrifice- chions pendant trois jours dans la so-
mus Domino Deo nostro ; ne forte ac- litude et que nous sacrifiions au Sei-
cidat nobis pestis aut gladius. gneur notre Dieu, de peur que nous
ne soyons frappés par la peste ou le
glaive.
4/ Ait ad eos rex iEgypti : Quare, 4. Le roi d'Egypte leur dit : Moïse
Moyses et Aaron, sollicitatis populum et Aaron, pourquoi détournez-vous le
ab operibus suis? ite ad onera ves- peuple de ses travaux? Allez à vos
tra. fardeaux.
canal, le canal de Mûiz, qui, quoique petit, à Jehovah étaient de telle nature qu'ils n'au-
est cependant navigable. Il est souvent sil- raient pu sans danger pour leur vie lui être
lonné par les barques des pêcheurs, qui font offerts sous les yeux des Egyptiens.
dans le lac Menzaleh de riches captures . . . 2. — Quis est Dominus . . . ? en hébreu :
Menephtah, ne devait avoir que quelques « qui est J e h o v a h . . . »? C'est l'expression
années de moins que Moïse, et ils avaient dû de l'orgueil et du mépris. Quand Pharaon
passer ensemble une partie de leur vie à la disait : « Je ne connais pas Jehovah », il y
cour de Ramsès. Cette circonstance put avait dans ces paroles une certaino part de
rendre l'accès du trône plus facile à Moïse. vérité, mais nulle droiture ni bonne volonté:
Il n'avait du reste d'autres armes que la car après que Jehovah se lut manifesté à
missance de Dieu, et il allait lutter contre lui comme le vrai Dieu par des miracles que
'un des monarques les plus obstinés dont le souverain maître do la nature pouvait
'histoire fasse mention, il avait été gâté par seul opérer, sa résistance à ses ordres n'en
es flatteries de ses courtisans et de ses continua pas moins, et elle n'eut plus aucune
poètes ». La Bible, etc. t. II, p. 305, 312 et excuse. Aussi lui attira-t-elle des châtiments
suiv. — Hœc dicit Dominas Deus Israël. terribles.
Dans le texte hébreu, le mot que la Vulgate 3. — Deus Hehrœorum vocavit nos,
traduit par « Dominus » est « Jehovah, » le d'après l'hébreu, comme plus haut, m, 18,
nom propre de Dieu : « Ainsi dit Jehovah, « obviam factus est super nos ». Nlpj est
Diou d'Israël, » ce qui rend le sens bien plus
clair et plus précis. — Ut sacriûcet mini in pour rnpa. Voy. la note sur le passage cité.
deserio. Si on considère, dit Keii, que chaque — Ne forte accidat nobis pestis aut gla-
peuple offrait des sacrifices à sa divinité et dius ; dans l'hébreu : « de pour qu'il » (Je-
célébrait des fêtes en son honneur, e t qu'en hovah) « ne tombe sur nous », ne nous
outre chacun avait son culte particulier qui frappe, « par la posto ou le glaive », pour
était regardé comme prescrit par la divinité nous punir d'avoir négligé do lui rendre les
môme, de sorte que chaque divinité ne pou- hommages qu'il nous demande. La « peste »
vait être honorée partout de la manière qui et le « glaive » sont mis pour exprimer des
lui était agréable, la demande que le Dieu châtiments que Dieu infligerait soit par lui-
des Israélites fait à Pharaon de laisser aller même, soit par la cruauté des hommes. C'était
son peuple dans le désert pour y célébrer la croyance générale des peuples que les
une fête en son honneur paraît si naturelle dieux punissaient ainsi la négligence de leur
et si juste que Pharaon n'aurait pu la refuser culte.
our peu qu'il y eût encore eu de crainte de 4. — Quare, Moyses et Aaron, sollicita-
E ieu dans son cœur. D'ailleurs, comme l'ob-
servation lui on sera laite plus tard, vin, 26,
iis . . . ? Pharaon ne voit dans la demande
qui lui est laite qu'une cause d'interruption
les sacrifices que les Israélites devaient OiTrir ou de ralentissement des travaux imposés
44 L'EXODE
aux Israélites, et non un but religieux. Tl ne rPius» est rJHnfo?, littéralement : scribas,
paraît pas non plus y soupçonner encore l'in- ai..si appelés parce qu'ils notaient par écrit
tention de quitter l'Egypte. — fie ad omra les choses dont ils devaient rendre compte à
vestra. Avec Moïse ot Aaron il y avait aussi leurs supérieurs immédiats. Les premiers
les anciens du peuple, comme on doit le con- étaient les inspecteurs égyptiens, chargés
clure do ni, 18. Pharaon s'exprime comme rie la surveillance générale des travaux ;
si l'ordre qu'il donne s'adressait également les seconds, placés sous leurs ordres, étaient
à tous ceux qui sont présents. Il a en vue les pris parmi les Israélites, et avaient pour
Israélites en général, e n t e lesquels il dé- tâche de répartir les travaux et de les li-
daigne de l'aire une distinction. vrer aux o "Aciers de Pharaon. Les scribes,
5. — Populits terrm. 11 désigne sous ce à prendre cette expression en général,
nom les Israélites. — Videtis quod turba tétaient très nombreux en Egypte. On n'a
$ucn*everit : quanto inagis . . . ? D'après écrit chez aucun peuple ancien autant que
cotte traduction, la raison pour laquelle chez les Egyptiens : ils écrivaient au sujet
Pharaon ne veut pas souffrir que les Hébreux de tout et sur tous les objets». M. Vigou-
se relâchent danslours travaux est la crainte reux, La Bible, etc.. t. II, p. 270, notei.
que, s'il le permettait, étant déjà trop nom- Voyez, sur les employés dont il est ici ques-
breux, ils no se multipliassent encore davan- tion, ce que nous avons déjà dit plus haut,
tage. Le texte hébreu dit simplement : « Voici I, i l , note. Cook remarque avec raison que
que nombreux est maintenant le peuple de cette organisation des travaux a dû -profiter
la terre : et vous lui ferez cesser ses tra- aux Israélites pour leur organisation civile
vaux »! par où Rosonmiillor. Keil et autres et politique, et les a prépares pour leur dé-
croient qu'il vont dire que cette interruption part.
de travail de la part d'une telle multitude
lui oiicasioiinerait une trop grande perte. Se- 7. — Nequaquam ultra dabitis paleas
lon KnoheL Pharao.i craint que les réjouis- populo... «11 y a, dit Léon de Lal>orde,
sances et les loisirs de la lête qu'on lui de- trois sortes de briques dans ce pays» (en
mande la permission d'aller célébrer dans le Egypte) ; «1° les briques de terre, séchées an
désert ne deviennent une occasion de pen- soleil, et qui sont les moins durables, mais
sées séditieuses, do prujsts de soulèvement. qui résistent cependant très bien dans la
Plusieurs, entre autres Bunsen, donnent à Haute-Egypte, sous un ciel toujours serein ;
l'hébreu le même sons que la Vulgate. Mais 2° les briques de terre également séchées
il n'est pas nécessaire d'admettre que Pha- au soleil, mais mêlées de paille hachée qui
raon ait arrêté exclusivement sa pensée sur contient la terre dans une sorte de réseau.
un inconvénient particulier et déterminé : il C'est ainsi qu'on fait le mortier des murs
pouvait croire en général qu'une réunion si en Allemagne. On trouve encore des pyra-
nombreuse n'aurait pas lieu sans en occa- mides, des enceintes entières et des cons-
sionner do plus ou moins graves. Toute/bis tructions anciennes faites de ces matériaux,
1
les motifs qui dans le principe avaient décidé ui ont résisté à la puissance destructive
i 1 oppression des Hébreux et qui conservaient 3les'unebriques
aussi longue série d'années ; 3° enfin
de terre cuite au four : elles
encore toute leur force, étaient sans doute
' pour beaucoup dans cette réponse. sont inaltérables ; mais le combustible ayant
toujours été rare en Egypte, ce n'est que
6. — PrœferMs operum et eœactoribus mêlées aux constructions de pierre qu'elles
populi. Le mot du texte que la Vulgate ont été employées». Ecoutons maintenant
rend par «prefectis operum» est O'tfàa, M. Vigoureux : «L'Exode nous apprend com-
proprement : ceux quipressent les ouvriers, ment étaient organisés les ouvriers qui fabri-
exacteurs, et celui auquel répond «exacto- quaient les briques et de quelle manière ils
CHAPITRE V 43
prius ; sed ipsi vadant, et colligant vant, pour confectionner les briques;
stipulas. mais qu'ils aillent eux-mêmes et ra-
massent des chaumes.
8. Et mensuram laterum, quam 8. Et vous leur imposerez la même
prius faciebant, imponetis super eos, quantité de briques qu'ils faisaient
nec minuetis quidquam : vacant enim, auparavant, et vous ne diminuerez rien,
et idcirco vociferantur, dicentes : car ils sont oisifs, et voilà pourquoi ils
Eamus, et sacrificemus Deonostro. poussent des cris, disant : Allons et sa-
crifions à notre Dieu.
9. Opprimantur operibus, et ex- 9. Qu'ils soient opprimes de travaux
les façonnaient. Les détails qu'il nous donne de Berlin. Elles ont 0,44 centimètres de
sont confirmés par les documents égyptiens. - long, sur 0,24 centimètres de large, et 0,23
— Le travail à la tâche, auquel étaient centimètres d'épaisseur. (G. Ebers, Durch
assujettis les Israélites, est mentionné Gosen zum Sinai, p. 501). La compagnio
dans un texte écrit au revers d'un pa- du canal de Suez a retrouvé sur les lieux
pyrus. Ce texte célèbre la splendeur de la des couches d'argile ; elle s'en est servie
ville de Ramsès, et date, selon toute vrai- pour faire fabriquer aussi des briques. —
er
semblance, du règne de Menephtah I . En Tout le détail de leur fabrication nous
voici la traduction littérale, d'après M. Cha- est représenté sur les monuments par des
bas : «Compte des maçons : 12 : en outre peintures qui sont uno véritable illustration
« des hommes à mouler la hrique dass lours du texte biblique. Dans un hypogéo de
«villes, amenés aux travaux de la maison. Gournah, près de Thèbes, sur le tombeau de
« Eux à faire leur nombre de briques jour' Reschara, officier de la cour de Thotmès III,
« nettement ; non ils sont à se relâcher des on voit des étrangers, que la couleur distin-
« travaux de la maison neuve ; (c'est) ainsi gue des indigènes et qu'uno Iége.ido dit être
«que j'ai obéi au mandat donne par mon «lescaptifs pris par Sa Majesté pour cons-
e
« maître». Chabas. Mèlang. ègyptol. Z sér., «traire le temple de son pèreAmmon», occu-
p. 133, et Recherches sur la XIX* dynast., pis les uns à extraire la terre avec la bê-
p. 149. Ce paragraphe formait la dernière che, les autres à puiser l'eau ou à pétrir
partie du rapport d'un surveillant de tra- l'argile. Ceux ci portent le limon non encore
vaux. Il s'agit vraisemblablement d'un édi- travaillé, ceux-là façonnent les briques dans
fice de la ville de Ramsès, dont le reste du des moules de bois. Un prisonnier charge
papyrus fait une description brillante. — les briques sur ses épaules, un autre les ap-
Ges d'ouzo maçons et ces hommes habi- porto au lieu où l'on construit le templo.
les à fabriquer Jes briques, qu'on avait Les vêtements des travailleurs, réduits à
fait venir de leur résidence habituelle pour lour plus simple expression, sont usés et ra-
construire, en les assujettissant à une tache pièces. Des Egyptiens, armés do bâtons, les
quotidienne, la maison à laquelle le s xibo surveillent et lour font exécuter impitoya-
était attaché, pourraient n'être pas Hébreux ; blement leur tâche ». La Bible, t. II, p. 285 et
car tous les ouvriers de ce genre n'étaient suiv. «Voilà les surveillants», lit-on dans
pas Hébreux, même vers le temps de l'Exo- le texte qui accompagne cette scène, «qui
de; mais, quoi qu'il en soit, ce texte nous p.irlaat ainsi aux travailJeurs : «Le bâton
montre la parfaite exactitude des détails est dans ma main : ne soyez pas pares-
consignés dans le récit de Moïse. — Une seux ! —On peut bien appliquer à tous ces
« grande partie des constructions de Ram- monuments ce ç[ue dit M. Brngsch à propos
«ses TT, dit M. Brugsch, furent exécutées du papyrus cite plus haut : « Vodà le plus
« en briques», comme le donne à entendre le beau commentaire authentique pour le v°
récit de Moïse. — Quoique la plupart de chapitre de l'Exode ». Hist. d'Egypte, p.
ces édifices n'aient pas duré jusqu'à nos 174.
jours, il y en a cependant des restes qui 8 et 9. — Et mensuram laterum,. •
mettent le fait hors de doute ». (H. Brugsch, «Un principe de gouvernement, dit L. de
Hist. d'Egypte, p. 174). Cest ainsi qu'on Laborde, subsiste en Egypte qui semble être
trouve encore à Pithom même les ruines dérivé de ces deux versets» (ou plutôt leur
du mur d'enceinte, bâti, comme le dit l'Exo- est déjà antérieur) « et qui n'a jamais été
de, en briques énormes, mélangées de pa Ile négligé : c'est que l'habitant de l'Egypte
coupée. Le docteur Lopsius les a mesurées reste soumis à la plus dura tyrannie, et qu'il
et en a déposé quelques unes au Musée SJ révolte dès que le pouvoir se relâche de
46 L'EXODE
a révélé la première le vrai sens de qush. contre les Israélites, est injuste à leur égard,
— En résumé, les Hébreux fabr.querent tandis que Bunsen, Knobel, Glaire et antres
i onc, pour bâtir Pithom et Ramsès, du mor- le rendent par : « et ton peuple est traite en
tier et des briques mélangés avec de la paille coupable». «Co pïssago est fort obscur, dit
•ou avec des roseaux, voilà ce que nous M. Glaire, on on convient généralement ;
apprend le texte. Voici maintenant ce que aussi toutes les explications qu'on a essayé
nous apprennent les explorations faites sur les d'en donner sont-elles sujettes à des difficul-
lieux. — Les murs d'enceinte et les maga- tés qu'il n'est pas aisé de résoudre. Comme
sins ou arsenaux de Pithom sont construite en il a fallu nécessairement en adopter une, nous
grande briques. « Ces murs sont remarquable- avons choisi celle qui nous a paru la plus
« mont bien bâtis, avec du mortier entre les probable, dans l'hypothèse qu'on ne change-
« couches de briques » M. Naville, Discours, rait rien à la leçon du texte. D'abord DNun
etc. « C'est là lo premier détail caractéris- eut fort bien être la troisième personne
T T
mandées. Voilà que nous, vos servi- tui flagellis cœdimur, et injuste agitur
teurs, sommes frappés avec des fouets eontra populum tuum.
et on agit injustement contre votre
peuple.
17. Il dit:Vous vous reposez dans 1 7 . Qui a i t : Vacatis otio, et ideirco
l'oisiveté, voilà pourquoi vous dites: dicitis : Eamus, et sacrificemus Do-
Allons et sacrifions au Seigneur. mino.
18. Allez donc et travaillez, la paille 18. Ite ergo, et operamini ; paleae
ne vous sera plus donnée et vous li- non dabuntur vobis, et reddetis con-
vrerez le nombre de briques accou- suetum numerum laterum.
tumé.
19. Et les préposés des enfants d'Is- 19.'- Videbantque se propositi filio-
raël se voyaient dans le malheur parce rum Israel in malo, eo quod diceretur
u'on leur disait : On ne diminuera rien eis : Non minuctur quidquam de late-
J es briques à faire chaque jour.
20. Et en sortant du palais de Pha-
ribus per singulos dies.
20. Occurreruntque Moysi et Aaron,
raon ils rencontrèrent Moïse et Aaron quistabant ex adverso, egredientibus
qui étaient en face d'eux. a Pharaone.
21. Et ils leur dirent:Que le Sei- 81. Et dixerunrt ad eos : Videat Do-
gneur voie et juge, car vous nous avez minus et judicet, quoniam foetere fc-
fait répandre une mauvaise odeur cistisodorem nostrum coram Pharaone
devant Pharaon et ses serviteurs et et servis ejus, et praabuistis ei gla-
vous leur avez fourni le glaive pour dium, ut occideret nos.
jious tuer.
comme formant contraste avec ÏJNAY, tes mêmes les cruautés des inspecteurs égyp-
serviteurs, qui désigne non seulement les tiens.
employés Israélites, mais encore, nommé- 20. — Occurreruntque Moysi... La
ment dans le premier inenbre de phrasa, traduction exacte de l'hébreu serait : « Et
itous les Israélites en général. Je ne vois occurrorunt Moysi et Aaron, stantibus ob-
cependant pas la nécessité de prendre ces viam eis, cum egrederentur a Pharaone'».
deux mots comme étant en opposition ; ils Ce n'étaient pas Moïse et Aaron qui sor-
peuvent être simplement mis en parallèle. . taient de chez le roi, comme on le croirait
Le sens adopté par Keil a cet avantage que d'après la Vulgate, mais les employés israé-
tous les mots y sont pris dans leur sigjifl- litos, que les deux frères étaient venus
cation ordinaire ; mais il semble plus natu- attendre sur leur passage pour apprendre
rel d'entendre sous le nom de ïjçy, ton peu- d'eux le résultat de leur démarche.
pie, les Israél.tes, comme l'ont déjà fait les breu 21. — Videat JDominus. A ces mots l'hé-
Septante et la Vulgate, que les Egyptiens, gardeajoute sur
: super vos: «que Jehovah r e -
vous», qu'il porte sur vous son-
qu'on ne s'attend pas à voir figurer ici, ce regard ; qu'il considère votre conduite, et ju-
qui me lait pencher pour l'autre explication. dicet, «et qu'il juçe», qu'il vous traite com-
Au reste, O S o^t construit ici au féminin, com- me vous le méritez! — Quoniam fœterefe-
me Jud. XVIN, 7 ; Jorem. VIN, 5. cislis odorem nostrumeoram Pharaone... ;
à la lettre d'après l'hébreu: «parce que
17. — Vacatis oiio,.. L'hébreu est bien vous avez fait puer notre odeur aux yeux
plus vif : « oisifs êtes-vous, oisifs : c'est pour- de Pharaon et aux yeux de ses serviteurs,
quoi » etc. pour mettre un glaive dans leur main, pour
19. — Videbantque se preepositi fXiorum nous tuer», c'est à dire, parce que vous leur
Israël in malo. Leur position était fâcheuse avez donné mauvaise opinion de nous, que
en ce qu'ils se trouvaient dans la dure alter- vous nous avez rendus désagréables et odieux
native ou d'user d'une rigueur excessive à eux, comme si vous aviez voulu leur four-
envers leurs concitoyens pour les contrain- nir un prétexte et le moye.i do nous exter-
dre dp remplir Jenr tlcjje, ou do subir eux- miner. L'emploi figuré de l'express.on : «vous
CHAPITRE V I 49
22. Reversusque est Moyses ad Do- 22. Et Moïse retourna vers le Sei-
minum,et ait : Domine, cur afflixisti gneur et lui dit : pourquoi avez-vous
fopulum istum?Quare misisti me? affligé ce peuple? Pourquoi m'avez-
vous envoyé?
23. Ex eo enim quo ingressus sum 23. Car depuis que je suis allé à
ad Pharaonem ut loquerer in nomine Pharaon pour lui parler en votre nom,
tuo, afflixit populum tuum : et non il a affligé votre peuple, et vous ne les
liberasti eos. avez pas délivrés.
CHAPITRE VI.
Dieu encourage Moïse et lui ordonne de consoler le peuple en lui renouvelant ses promesses,
ft 1-13. — Généalogie de Moïse etd'Aaron, }f 14-28.
avez fait puer notre odeur», explique com- qui semble en contradiction avec'sa volonté
ment les yeuco ont pu être nommés à la et ses attributs». Aussi Dieu ne fait-il aucun
place du nez. Quelle injustice de la part de reproche à Moïse, mais l'instruit de ce qu'il
( es gens-là de s'en prendre à Moïse et à doit faire.
Aaron, comme s'ils étaient la cause de l'ag-
gravation de Ieirs maux, après avoir eu § 2. Dieu relève le courage de Moïse, et
sous les yeux les preuves les plus évidentes l'envoie avec Aaron réitérer ses ordres à
qu'ils n'agissaient que par l'ordre de Dieu et Pharaon, vi, 1 -13.
comme ses envoyés ! Ils en avaient d'abord
été convaincus et avaient salué avec joie CHAP. VI.—Dixitque Dominus... Dieu ne
l'aurore do leur délivrance ; mais il a suffi répo.id pas directement à la question de
d'un peu de retard dans l'accomplissement Moïse ; les faits devaient donner plus tard une
des promesses divines, de quelque surcroît réponse, sinon complète, du moins sufisaute.
momentané de tribulation, pour mettre leur Puisque, après avoir reçu dans leur mer-
foi et leur confiance à bout. veilleuse délivrance d'une si dure servitude
22.— Cur afflixisti populum istum ?... et dans les prodiges opérés en leur faveur
«Non contumaci» verba suiit vel indignatio- dans le désert tant de prouves de la toute-
nis, dit S. Augustin, sed inquisitionis et oratio- puissance do Dieu et du soin paternel de sa
nis». Qusest. xiv in Exod. Moise savait déjà >rovidence à lour égard, les Israélites ne
que Pharaon endurcirait son cœur et ne lais- Î aisscrent pas d'élever tant de fois leurs mur-
serait pas partir los Israélites:Dieu même mures contre Moïse et contre lui-même, et,
l'en avait prévenu : mais il ne pansait pas dégoûtes do la manne, cette nourriture cé-
que le message qu'il lui portait de sa part leste renfermant toute suavité, de soupirer
serait l'occasion de nouvelles r'gueurs contre après la viande, les poissons, les concombre*!
eux. Ci résultat si imprévu est ce dont il se et les oignons d'Egypte, Num. xi, 4-0, il y a
plnintà Dieu. «Sa question et sa plainte, tout lieu de croire que, si la tyrannie égyp-
dit Keil, venaient de la foi, qui, lorsqu'elle ne tienne n'eût pas été portée à un degré intolé-
peut pas comprendre les dispositions de la rable, ou ils ne se- seraient pas souciés de
Froviden 'e, cherche auprès d'elle son refuge, quitter l'Egypte pour entrer dans l'alliance
lui représente ce que ces dispositions ont de Jehovah, ou ils y seraient retournés, com-
d'inrompróhensible, afin de l'engager à nous me ils en formèrent môme plus d'une fois le
accorder son secours et à nous délivrer de ce projet.
S" BIBLE. — EXODE. — 4 .
30 L'EXODE
pères; la seconde, la compassion que lui pour la donner à Abraham », que j'ai
causent leurs souffrances. juré ï'.o donner à Abraham . . . Lever la
6. — Ego Dominus. Non seulement la main vors le ciel est le geste du serment.
promesse divine commence, mais elle finit Dieu donna cette terre aux patriarches dans
encore par ce mot significatif : «Je suis la personne de leurs descendants. Cfr Gon.
Jehovah»! pour inliquer que c'est comme xiv, 22; x x i i , 16 et soq. ; xxvi, 3,
tel, en vertu, pour ainsi dire, de ce nom, 9. — Propler angusllam spiritus. litté-
qu'il va affranchir les Israélites du joug des ralement : « à cause de la brièveté du souf-
Egyptiens et los mettre en possession de la fle », do la respiration, c'ost-ù-diro, parce
terre qu'il a promise à leurs ancêtres. — In qu'ils étaient tellement accablés do travaux,
brachio ecocelso, proprement, d'après le réduits à de telles angoisses, qu'ils pouvaient
texte hébreu, «avec un bras étendu», en à peino respiror. Après leur cruel désap-
déployant une grande puissance, et judiciis pointement, ils n'étaient plus disposés à
magnis, « et de grands jugements », de rudes rien écouter. C'était l'effet de leur peu de
fléaux, dont je frapperai l'Egypte dans ma foi.
justice. 11. — Ut dimittat filios Israël de terra
7. — Et assumam vos mihi in popu- sua. Ce n'est plus la permission de faire un
lum. Cest ce qu'il fit sur le Sinaî, comme voyage de trois jours dans le désert que
nous verrons ci-après, xix, 5 et suiv. Moïse doit maintenant demander pour les
8. — Super quant levavi manum me- Israélites, mais de quitter l'Egypte.
am, « au sujet de laquelle j'ai levé ma main 12. — Respondit Moyses . . . Le mauvais
52 LEX ODE
ne m'écoutent pas : et comment Pha- me: et quomodo audietPharao, prre-
raon m'ccoutera-t-il, d'autant plus que sertim cumincircumcisus sim labiis?
je suis incirconcis des lèvres ?
13. Et le Seigneur parla à Moïse et à 13. Locutusque est Dominus ad
Aaron, etleurdonna un commandement Moysen et Aaron, et dedit mandatum
pour les enfants d'Israël et pour Pha- ad filios Israel, et ad Pharaonem re-
raon roi d'Egypte, pour faire sortir les gem iBgypti, ut educerent filios Israel
enfants d'Israël de la terre d'Egypte. de terra iEgypti.
14. Voici quels sont les chefs de 14. Isti sunt principes dornorum
maisons, par familles. Fils deRuben per familias suas. Filii Ruben pri-
premicr-né d'Israël : Hénoch etPhallu, mogeniti Israelis : Henoch et Phallu,
Hesron et Charmi ; Hesron et Charmi ;
Gen. 46. 9. Num. 26. 5. I Par. 5. 1.
15. Telle est la famille de Rubcn. 15. HAS cognationes Ruben. Filii
Fils de Sïméon: Jamuel et Jamin et Simeon : Jamuel et Jamin, et Ahod,
Ahodel JachinctSoaretSaul (ils d'une etJachin, et Soar, et Saul filius Cha-
Cliananécnne. Telle est la famille de nanitidis; has progenies Simeon.
biméon. / Par. A. 24.
succès de la première démarche de Moïse intérêt pour les Hébreux. Chacun, du reste,
auprès de Pharaon Ta aussi jeté dans un a déjà pu remarquer dans la Genèse l'usage
certain découragement, de sorte qu'il vou- fréquent de pareils tableaux généa'ogiques.
drait bien être dispensé d'en tenter une
nouvelle, dont il n'augure pas un meilleur § 3. GÉNÉALOGIE DE MOÏSE ET D'AARON,
résultat. (I revient donc aux objections qu'il ff. 14-28.
a déjà faites à Dieu contre une mission qui 14. — Tsti sunt principes dornorum per
ne lui offre que des difficultés toujours crois- familias suas. Littéralement d'après l'hé-
santes. — Prœsertim cum incircumeisus breu : « Ce sont ici les chefs de leurs mai-
sim labiis, « cum laborom vitio linguse, cum sons paternelles», i v n N r r v a . est un nom
tar.iioris et impoditioris sim linguse. Hebraei
incircumcîsum vocant corde, mente, vol 1 n- composé, oit Keil, formé de manière que
gua oum qui vitio aliquo cordis, mentis aut non soulomont les deux mots n'expriment
linguse laborat ». Corn, a Lap. Cook ne pen- qu'une idée, mais qu'ils sont traités gram-
se pa* cependant que Moïse eût un vice na- maticalement comme un seul mot, de même
turel d'organe. № . plus haut iv, 10. que rrirn m , « maisons des hauteurs »,II
13, — Locutusque est Dominus . . . Ce (Vulg. IV) Reg. xvn, 29, 32 ; Q'SOT
verset résume ce qui précède, et en même « maisons d'idoles, I Sam. (Vulg. I Reg.)
temps sert de transition à la généalogie xxxi, 9. Voy. Ewald, Ausfuhrl. Lehrb. d.
suivante ; le 1 hébreu, que la Vulgate rend hobr. Spr., § 270, c. r u e n n , à la lettre,
par que, « et », se traduirait par conséquent
mieux par igiiur, «donc». La réponse de « maison de père »,ou « maison paternelle »,
Dieu aux difficultés do Moïse n'e-t donnée marque un ensemble de familles qui remon-
qu'au commencement du chapitre vu. Avant tent à un pèï^ commun comme à leur sou-
ce rapporter cotte réponse peremptoire, qui che et tirent de lui leur nom. Los » maisons
coupe court à toute hésitation ultérioure de paternelles « sont dos branches de la grande
la part de Moise, et rend définitive sa sou- division des tribus e.t rrïnsirâ, « races,
mission et colle d'Aaron, I'histor en juge à dèmes », ou « familles », à prendre ce der-
propos d'intercaler ici la généalogie des nier mot dans son acception la plus large.
deux frères, afin de l'aire connaître d'une Voy. Keil, Bîbl- Archfeoï., § 140. Catte
manière plus claire et plus précise leurs expression, du reste, comme les autres qui
rapports d'origine avec le peuple d'Israël. lui sont analogues, a tantôt plus, tantôt
Cela était d'autant plus naturel, au moment moins d'extension. — Filii Ruben ,.. L'au-
où ils allaient remplir une mission si im- teur commence son tableau par Ruben et
portante et prendre une position si supé- Siméon, les aînés de Lévi, afin d'indiquer
rieure parmi leurs concitoyens, que les ques- la position généalogique de ce dernier, sou-
tions généalogiques avaient le plus grand
cho de la tribu à laquelle appartenaient
CHAPITRE VI
16. Et hsec nomina filiorum Levi 16. Et voici les noms des fils de
per cognationes suas : Gcrson et Caath Lévi d'après leurs familles: Gerson et
et Merari. Anni autem vitas Levi fue- Caath et Merari. Or les années de la
runt centum triginta septem. vie de Lévi furent cent trente sept.
П. Filii Gerson :Lobni et Semei, 11. Fils de Gerson ; Lobni et Séméi,
per cognationes suas. d'après leurs familles.
/. PAR. 6. 2 . ET 33. 6.
18. Filii Caath : Amram et Isaar, 18. Fils de Caath : Amram et Isaar
et Hebron, et Oziel; anni quoque vitee et Hébron et Oziel. Et les années de
Caath, centum triginta Ires. la vie de Caath furent cent trente
JV«»i. 3 . 1Я. ET 20. 57. 53. / . Par. 6. 8. ET 23. 12. trois.
19. Filii Merari: Moholi et Musi; 19. Fils de Mérari : Moholi et Musi
h£o cognationes Levi per familias Telle est la postérité de Lévi d'après
suas. ses familles.
20. Accepit autem Amram uxorem 20. Or Amram prit pour femme
Jochabed patruclcm suam ; quae pcpe- Jochabed sa cousine. Elle lui engendra
rit ei Aaron et Moysen. Fueruntque Aaron et Moïse. Et les années de la
anni vitas Amram, centum triginta vie d'Amram furent cent trente-
septem. sept.
Moïse et Aaron, parmi les fils de Jacob ; missible. C'est ce qu'a déjà montré Tiele,
m a s il se contente de nommer leurs tiJsqui Chronol. des A. T., 1839, p. 3G, et la prouve
fondèrent des races ou familles. 11 entre dans qu'il en donne est palpable. D'après l'endroit
plus <!e détails, comme il était naturel, à cité des Nombres, les Caathites, au temps de
propos de Lévi, dont il indique non seule- Moïse, se partageaient en quatre branches :
ment les trois fils, mais encore l'âgo, ainsi les Amramites, les îsaarites les Hébronites
que celui de son fils Caath et du descendant et les Oziélites, comptant ensemble 8600
de ce dernier, Amram, parce que ce sont les hommes, non compris les femmes et les jeu-
ancêtres d'Aaron et .do Mo/se. Toutefois, nes filles. A supposer que ios Amramites
comme on le verra bientôt, la généalogie formassent enviroj le quart de ce nombre,
qu'il donne de ceux-ci ne peut pas être r e - soit 2150 hommes, comme Moïse, d'après
gardée comme complète. l'Exode, xvin, 3, 4, n'avait que deux fils,
20. — Accepit autem Amram uxorem si son pare était le fils de Caath, souche des
Jochabed patruelem suam. Le mot hébreu Amramites, il s'ensuivrait qu'il avait 2147
que la Vulgaie, a la suite des Septante, frères et neveux, sans comptor les sœurs et
rend par «patruelem suam, sa cousine» les nièces, ce qui est absurde. Ajoutez a cola
germaine du côté de son père, est TTITT, qui que les générations mentionnées sont tout à
signifie sa tante, sœur de son père. Un tel fait insuffisantes pour remplir le long es-
mariage, que nous verrons interdit par la pace do temps qui s'est écoulé depuis l'en-
législation mosaïque, ne l'était pas aupara- trée de Jacob en Egypte jusqu'au moment
vant, de sorte qu'il n'y a aucune raison de où nous sommes arrivés, à moins qu'on ns
donner à 1 expression du texte un sens se range à 1 opinion peu probable de ceux
quelle n'a pas pour faire épouser à Amram qui ne le font que de 215 ans. Cfr. Keil. Il
sa cousine au lieu de sa tante. Cet Amram, laut donc nécessairement admettre que ce
pere d'Aaron et de Moïse, no saurait être le n'est pas Amram fils de Caath, qui est le
môme que colui qui vient d'être mentionné père de Moïse, mais qu'entre les deux: il y a
comme fils immédiat de Caath, mais seule- une série indéterminée de générations qui a
ment un de ses descendants. En effet, bien été omise. Un cas pareil se remarque dans
que, a ne considérer que cette généalogie, la généalogie d'Esdras, I Esdr. vu, 3, où,
l'identité des noms semble parier en ra- en comparant ce passage avec I Parai,
veur de l'identité des personnes, il résulte v, 33 - 35 (Vulg. vi, 7 - 9), on voit que
cependant du rapprochement des Nombres, cinq générations sont supprimées entre Aza-
m , 27 et suiv., que cette dernière est inad- rias fils de Meraioth et Azarias fils de Joha-
L'EXODE
21. Les fils d'ïsaar furent: Coréet 21. Filii quoque Isaar : Core, et
Népheg et Zéchri. Ncpheg, et Zechri.
22. Et les fils d'Osiel : Misaël et 22. Filii quoque Oziel : Misael, et
Elisaphanet Séthri. Elisaphan et Sethri.
23. Àaron prit pour femme Eli- 23. Acccpït autem Aaron uxorem
sabeth, fille d'Aminadab et sœur de Elisabeth, filiam Aminadab, sororem
Naliason. Elle lui engendra Nadab et Nahason. Quae peperit ei Nadab, et
Àbiu et Eléazar et Ilhamar. Abiu, et Eléazar, et Ilhamar.
24. ï^es fils de Corc furent : Aser 24. Filii quoque Core: Aser, et El-
et Elcana et Abiasaph. Telles sont les cana, et Abiasaph. Hee sunteognatio-
familles des Coritcs. nes Corilarum.
25. Mais Eléazar, fils d'Aaron, prit 25. At vero Eléazar filius Aaron âc-
pour femme une des filles de Phutiel; cepituxorem de filiabus Phutiel ; qure
elle lui engendra Phinéès. Tels sont peperit ei Phinees ; hi sunt principes
les chefs des familles lévitiques, d'après familiarum Leviticarum per cogna-
leurs parentés. tiones suas.
26. Ce sont Aaron et Moïse, aux- 26. Iste est Aaron et Moyses, qui-
quels le Seigneur ordonna de faire bus praecepit Dominus ut educerent
sortir de la terre d'Egypte les enfants filios Israel de terra iEgypti per tur-
d'Israël, rangés par troupes. mas suas.
21. Ce sont eux qui parlent à Pha- 27. Hi sunt, qui loquuntur ad Pha-
raon roi d'Egypte, pour faire sortir raonem regem ¿Egypti, ut educant
les enfants d'Israël de l'Egypte : c'est filios Israel de .¿Egypto ; iste est Moy-
Moïse et A a r o n , ses et Aaron,
28. Au jour où le Seigneur parla à 28. In die qua locutus est Dominus
Moïse, dans la terre d'Egypte. ad Moysen, in terra ¿Kgypti.
nan. — Quœ peperit ei Aaron et Moysen. posé do Pnuti ou Potî, mot égyptien qui
Ijes deux frères sont nommés ici dans l'ordre signifie « dévoué à », et de El. qui en hébreu
de leur naissance. Leur sœur Miryam ou Ma- est le nom de Dieu. Voy. Ds V\gùé, insenpt.
rie était plus âgée qu'eux, comme il résulte sémitiq., p. 1*25.
clairement du chap. n, 4. 2G et 27. — Dans ces deux versets, qui
21. — Filii quoque Isaar . . . Il est fait terminent la généalogie, le but de celle-ci
mention ici et dans les versets suivants non ressort clairement de CJS mots : Iste est
seulement des fils d'Aaron, >. 23, mais en- Aaron et Moyses, par lesquels commence
core de ceux des deux frères d'Amrain, Isaar le premier et qui sont emphatiquement ré-
et Oziel, ff 21 et 22, et de Phinéès,filsd Eléa-
y pétés, mais dans un autre ordre, à la fin du
zar ot petit fils d'Aaron, parce quo cette gé- second. La raison du' changement do place
néalogie devait donner on même temps l'o- dos d J u x noms n'est pas douteuse. Dans le
rigine des principales familles sacerdotales, corps do la généalogie, Aaron est nommé le
entre lesquelles Aaron et Eléazar sont en- premier en sa qualité d'aîné; à la conclusion,
core distingués parl'indicati n de leurs fem- qui forme la transition pour la reprise du
mes. Il n'est question, par contre, d'aucun des récit, c'est Moïse, comme étant Thommo
fils de Moiso, parc? que sa dign. té était atta- choisi de Dieu pour être le chef ot le libéra-
chée uniquement à sa personne, et que ses teur d'Israël. Sur l'expression a n i M a x S v ,
descendants, simples lévites, ne devaient
avoir rang qu'après ceux d'Aaron. Los Co- que la Vu "gate traduit : per turmas suas,
rachitos et les Oziélites sont nommés parce voy. ci-apr. vu, 4.
quo plus tard ils devaient primer d'autres fa- § 4 . — Moïse va de nouveau avec Aaron
milles lévitiques. La femme d'Aaron, Elisa- trouver Pharaon; la verge d'Aaron chan-
beth, était-de ïa tribu prneière de Juda,
à la tête de laquelle se trouvait alors son gée en serpent, ff. 28-vu. 1-13.
frère Nahas^on, Num. n, 3. 28. — In die qua locutus est.. . D'après
25. — Phutiel, ou plutôt « Poutiol ». Co l'hébreu : «ot factum est », ou mieux : « fac-
nom, dit Gook, est remarquable, étant com- tum e.st igitur in die qua locutus est . . . *
CHAPITRE VII 55
29. Et locutus est Dominus ad Moy- 29. Et le Seigneur parla à Moïse,
sen, dicens : Ego Dominus ; loquere disant: Je suis le.Seigneur; dis à Pha-
adPharaonem, regem ./Egypti, omnia raon, roi d'Egypte, tout ce que je te
qufle ego loquor tibi. dis.
30. Et aitMoyses coram Domino : 30. Et Moïse dit devant le Seigneur:
En incircumcisus labiissum, quomodo Voilà que je suis incirconcis des lèvres,
audi et me Pharao? comment Pharaon m'écoutera-t-il ?
CHAPITRE VIL
Dieu envoie de nouveau Moïse et Aaron porter ses ordres à Pharaon, ff. 1-9. — La vergo
d'Aaron est changée en serpent ; endurcissement de Pharaon, yf. 10-13. — Première
plaie: changement de l'eau en sang, f\\ 14-25.
Ce verset et les deux suivants sont une ré- dire, inspiré par lui, qu'il recevra ses com-
capitulation sommaire du récit interrompu munications pour les exposer à Pharaon.
par la généalogie de Moïse et d'Aaron, récit
que 1 historien reprend ainsi pour le pour- 2. — Ut (Umiltal filios Israël. Lhëbreu
suivre dans le chapitre vu. signifie plutôt : « et il laissera partir les fils
d'Israël », quoique non immédiatement,
CHAP. VI. — 1. — Ecce constiiw' le comme il va être expliqué ; mais ce sera le
Deum Pharaonis, plus littéralement : « Jo résultat final.
t'établis Dion pour Pharaon ». Dieu écarte 3. — Sed, ou d'après l'hébreu, et ego in-
la dernière difficulté allrguéo par Moïso, vi, rlwraho cor ejus, a savoir, avant qu'il s'y
12, et répétée au vers. 30, on l'établissant décide. Voy. plus haut, iv, 21, note.
« Dieu de Pharaon », c'est à dire, on lui com-
muniquant son pouvoir sur lui, de sorte qu'il 4. — Immittamquc manum meam su-
n'a pas â craindre désormais le roi d'Egypte, per sEgyplum; littéralement d'après l'hé-
qui au contraire, malgré toutes ses résistan- breu : « et jo mettrai ma main sur l'Egypte «,
ces, sora forcé à la fin de plier devant lui. je la frapperai. — El educam exercttum
D'après iv, 16, Moïse devait être le Dieu meum, irteav, proprement ; « mes années »,
d'Aaron, et celui-ci la bouche de Moïse; le expression qui vient de ce que les Israé ites
même rapport entre eux est exprimé ici en sortirent de l'Egypte rangés par troupes
termes un peu différents. Aaron sera le pro- d'après les tribus, comme une arméo qui
phète de Moïse, parce qu'il sera, pour ainsi allait combattre les combats du Seigneur.
86 L'EXODE
et maléficos : et fecerunt etiam ipsi et les enchanteurs, et ils firent eux aussi
« gné la magie ». (Philops. c. 34). Les incanta- « quité on Egypte. Ce psyllo est un des der-
tions se faisaient en langue égyptienne, et les « viches Sadiyehs, qu'on a coutume d'apjicler
livres de magie étaient la plupart des livres « dans les maisons dès qu'on soupçonne qu'un
égyptiens. La réputation des enchanteurs de « serpent venimeux y est cache. Au moyeu
la vallée du Nil était très ancienne, et cer- « de conjurations de toute sorte, dans Jes-
tainement antérieure à l'époque de Moïse et « quelles ils invoquent les plus grands noms et
de Joseph. — La tradition nous a conservé « poussent des cris qui ressemblent au glousse-
le nom des deux principaux hiérogrammates « meut des poules couveuses, ils parviennent à
oui résistèrent à Mo se devant Pharaon, « faire sortir réellement los serpents de leurs
ils s'appelaient Jannès et Jambrès (II Tim. ,ni « retraites. Même quand ils sont cachés dans
8. Notre Vulgate latine porte Marnbrès « les boiseries du plafond ou dans les entable-
au lieu de Jambrès que nous lisons dans le « monts des murs, ils tombent soudainement
grec). Peut-être retrouvera-t-on un jour « par terre. Lesoi-disant charmeur, quoi qu'il
leur nom dans les documents égyptiens. — « en soit de la nature de son art, les saisit alors-
« Ces chartummim, comme les appelle le « avec tant de dextérité qu'il n'en est junais
texte biblique, exécutèrent par leur art ma- « blessé, bien que, comme nous nous en soni-
gique un prodige semblable à celui qu'avait « mes convaincus, le reptile soit en pleins
produit Aaronparla vertu divine : ils chan- « possession du venin de ses dents. Notre der-
gèrent ou parurent changer leurs ba- « viche nous visite presque chaque jour ; il
guettes en serpents; mais pour que la supé- « nous apporte à la maison des serpents ve-
riorité du Dieu d'Israël éclatât aux yeux des «nimoux,dcs scorpions, et autres raretés de
Egyptiens eux-mêmes d'une manière incon- «ce genre ».(Reùe in das Morgenland. t.
testable, la verge de Moïse dévora leurs II, p. 115). — J'ai vu au Caire, dit Bruce,
verges. — On a expliqué très diverse- «et on peut le voir tous les jours sans trou-
ment les enchantements des sages du pha- «ble et sans frais, un homme q u i . . . avait
raon. La plupart des anciens commentateurs «pris un céraste avec sa main nuo parmi plu-
les ont considérés comme des illusions ou les « sieurs autres couchés au fond d'un puits (de
ont attribués au démon. Plusieurs rabbins, «momies) ; il le mit sur sa tète nue,et puis
Aben-Ezra, Maimon'de, Abarbanel, les ont «se couvrit du bonnet rouge comm.in qu'il
regardés comme des tours de passe-passe. «porte(ou foz); il l'en retira après.et le mit
Aujourd'hui OIT les explique d'orainaire par «dans son sein ; il le noua ensuite autour
l'art de charmer les serpents, connu en «de son cou comme un collio \ A la suite de
Egypte de toute antiquité. Les auteurs an- «ces opérations, il fit mordre uns poule par
ciens ont raconté des choses merveilleuses « le céraste, et elle mourut après quelques
desp?ylles et de leur pouvoir sur ces répu- « minutes. Enfin, pour compléter l'expérience,
gnants reptiles. «cet homme prit le serpent par le cou, et
«commençant par la queue, il le mangea
Ad quorum eau tus mites jacuere cerastœ, «comme il aurait lait une carotte ou une
«tige de céleri, sans manii'wster aucune ré-
dit Silius Italicus en parlant des psylles (ni «pugnanco... Les nègres du royaume de
302; voir aussi i, 411 ; v, 354 ; vin, 498; « Senuaar... prennent les cérastes entre les
Strabon, XVII, 44...). Les livres saints ont «mains on tout temps, le=î mettent dans leur
aussi parlé des enchanteurs de serpents «sein, et so los lançant l e s uns aux autres
{Ps. LVIII, 5 et suiv. ; Ecles. x, 11; Jor. « comme les enfants qui se jettent des pom-
vin, 17;. De nos jours, les récits des voya- «mes ou des balles ». (Travels io di&cover
geurs sont remplis de leurs exploits. Ils l?ie source of Vie NUe, t. v, p. 208) ». M.
sont assez communs en Egypte, où ils se Vigouroux, La Bible, etc., t. n, p. 318 et
transmettent leur science de père en ûls. suiv. — Los piylles modernes d'Egypte s'at-
A l'aide de certaines conjurations et de tribuent encore, entre autres pouvoirs, celui
certains charmes, où il est difficile do dé- de changer les serpents en bâtons, et des sa-
mêler ce qui est charlatanesque de ce vants français en ont vu dos expérience *
qui est sérieux, ils font sortir ces rep- qu'ils ne pouvaient s'expliquer. C.V. bochart,
tiles de leurs repaires, ils les manient Hieroz. part, II, 1. m. c. 6. ; Hengstcnb., Die
comme dos bêtes tout à fait inofîënsives Buch. Mos. u. Aegypt., p. 97 et suiv. ; L. de
et les dressent même à faire certains Laborde, Comment, géogr. sur l'Exode, p. 22
tours, comme des animaux savants. — et suiv. où sont racontés des faits étonnants.
•Ici, (au Caire), raconte Schubert, sur — Il est difficile de ne voir dans los prodiges
« la place Rumcyleh, j'ai fait la connaissance des magiciens de Pharaon que de simples
« d'un de ces psylles ou charmeurs de ser- jongleries, des illusions produites sur les spec
« pents, qui exercent leur art de toute anti-
58 L'EXODE.
tatours uniquement par leur habileté, sans nières d'exposer l'histoire des proligos ac-
aucune intervention diabolique. Avec cette complis en Egypte par Moïse pour délivrer
intervention, ils n'ont plus rien qui do.vo son peuple. La première consiste à repro-
surprendre. Si on raconte des choses si éton- duire simplement le récit biblique, sans-re-
nantes des psylles ot des magicions moder- cherchor quel a été le caractère des faits
nes, qui pourra dire, selon l'observation de qu'il rapporte. Cest celle crai a été suivie
Keil, jusqu'où allait le pouvoir des anciens par les auteurs anciens, qui, ne connaissant
dans un temps où la puissance du démon ré- pas l'Egypte, se bornaient, faute de rensei-
gnant sur le monde païen était encore dans gnements, ou à résumer ou à développor la
toute sa force? Cfr. D. G dmot, Dissert, sur narration de l'Exode, sans autre but que
les vrais et sur les faux m-iracles,en tête de d'apprendre l'histoire sainte à leurs lecteurs,
son Comment, sur l'Exode. — Seddevoravit s'ils étaient historjons: que d'édifier leurs
virga Aaron virgas eorum. C: lait prou- auditeurs par quelques leçons morales qu'ils
vait clairement combien le pouvoir par lo- en tiraient, s'ils étaient prédicateurs. —
quet agissaient Mo'.so et Aaron était supé- La seconde manière cons'ste à recher-
rieur a celui des magiciens. La vérité de cher quolle a été la nature des dix plaies
Moïse, selon l'express.on de Tertullien,dévo- d'Egypte, et à examiner les rapports qui
ra leur mensonge. A peine e;>t-il besoin d'ob- existent entre elles et les fléaux propres à la
server quo los «verges» sont mises pour les vallée du Nil.* Ce nouveau sujet d'étude est
serpents auxquels elles avaient été chan- imposé à l'apologiste contemporain par les
gées. nécessités du présent. Autrefois les incré-
13. — Sicut prœcepcrai Dominus. Cotte dules niaient quelques une? des plaies com-
expression correspond a colle dont nous me incroyables ou 'impossibles ; aujourd'hui
avons déjà vu que Dieu s'opt servi en par- les rationalistes les admettent et les r dui-
lant do'Pharaon : «ot moi joiiduroirai son sent aux proportions do laits naturels, en se
cœur», et doit s'entendre dans le mémo sens contentant de rejeter comme des «exagéra-
Voy. vi, 21, note. L'hubrcu :« sicut dixerat*.it tions poétique* » tout ce qu'ils ne peuvent
cxpl.quor naturellement. C'est un membre
§ 5. Les dix plaies d'Egypte, qui amènent de l'expédition d'Egypte sous lo général.
enfin le départ des Israélites, y y 14 — Bonaparte, du Boys-Aimé, «qui emploie ces
XIII, 1-16. expressions (Descript. do l'Egypte, Antiqui-
Lo premier prodigo opéré par les envoyés tés, Mémoires, 1.1, p. 307). — Ce revire-
de Dieu n'était encore qu'une preuve inofi'ôn- ment d'opinion, parmi les ennemis de nos
sive de leur divine mission. Dieu ne voulait livres saints, a été amené par IÔLUJO
frapper Piiararm qu'après qu'il se se: ait des lieux. IL a été impossible de nier sur
montré rebelle à sa volonté clairement ma- place le caractère historique du récit de
nifestée. Alors, pour vainc: e sa résistance Moïso : tous les efforts de la libre pensée
ohst néo, il employa des miracles d'une au- doivent se borner désormais à en éluder los
tre espèce, connus sous le nom de p'.aies conséquences.' — Nous avons don*, deux
d'Egypte. — «Avant d'entrer dans 1 étude chosj? à l'aire dans l'étude des plaies d'E-
détaillée des dix plaies d'Egypte, dit M. Vi- gypte : montrer d'abord, contre ces derniers,
gouroux. il est nécessaire de <aire quelques qu'elles sont surnaturelles ; établir ensuite,
observations générales. — Toutes et ena- par l'examen même des fléaux racontés
cune des dix plaies d'Egypte sont des par Moïse, on nous éclairant dos découver-
miracles, produits par une intervention tes modornas, combien le récit de l'auteur
surnaturelle de Dieu ; mais quelle a été Inspiré est digne de foi. — Nous ne nie-
la nature de ces miracles? C'est une ques- rons pas que Dieu, pour forcer Meneph
tion qu'on ne s'est posée que dans ces ta h à délivrer Israël, ne se soit servi de
derniers temps, et sur laquelle nous trou- fl?aux déjà connus des Egyptiens. Nous
vons à peine quelque mots, en passant, dans reconnaissons que la plupart d'entre eux
les Pères et les docteurs. Il y a néanmoins, sont naturels en eux-mêmes; mais nous
pour le commentateur catholique, deux ma- ajoutons qu'ils sont tous miraculeux dans
CHAPITRE VII 59
-et non audivit eos, sicut praeceperat durci, et il ne les écouta pas, comme
Dominus. l'avait ordonné le Seigneur.
les circonstances qui les accompagnent. Ces hors de ces lois : ainsi la guéri son subite
)laies ne sont passans précédontset sans a.ia- d'une fièvre par la vertu divine, sans le se-
Î ogues dans la vallée du Nil : on n'en a cours d'aucun médicament; la production
jamais douté pour la grêle, pour l'orage, de la pluie, sans causes naturelles, pur l'in-
pour la peste ; on l'avait ignore jusqu'à ces tervention de Dieu, à la prière d'Elic (Suin.
derniers temps pour la neuvième plaie, Theol. [, q. 105, a. 8). De là trois espaces de
celle des ténèbres, et pour la première, miracles : ceux qui sont au dessus de la n a -
•celle du changement • u Nil en sang, si Ton ture, supra naluram; ceux qui sont contre
y voit le phénomène du NU rouge, dont la nature, contra natwram, et coux qui sont
nous parlerons bientôt; mais il est impos- en dehors de la nature, prœter naturam.
sible d'en rien conclure contre l'intervention -r Les plaies d'Egypte appartiennent à
surnaturelle de la Providence dans la dé- cette dernière espèce. Le caractère miracu-
livrance de son peuple. — Maintenant leux de la plupart d'e.itre elles n'est pas
que la vallée du Nil nous est mieux con- dans les fléaux eux-mêmes, mais dans la
nue, nous devons étendre à quelques plaies manière dont ils ont lieu. « Sans doute ces
de plus ce qu'on appliquait auparavant « plaies, dit M. l'abbé Glaire, sont des fléaux
à un moindre nombre, voilà tout. Cette « naturels, et, qui plus est, ces fléaux
conduite de Dieu, se servant de la nature « désolent plus particulièrement l'Egypte.
même pour arriver â ses flhs et la pliant « En frappant los Egyptiens do cas calami-
au miracle, ost conforme aux voies ordi- ne tés connues, et par lâ mémo redoutées,
na'res de sa providence dans Tordre sur- « Moïse agis^a t bien plus efficacement que
naturel ; elle ne saurait donc nous sur- « s'il avait employé quelque phénomène
prendre. Le caractère, on effet, de la plu- « inconnu, dont aucun égyptien n'aurait pu
part des miracle' de l'Ancien ot du Nou- « ni prévoir ni calculer lo danger. Cust
veau Testament, do la plupart de ceux qu'a « donc par dos maux, pour ainsi dir.î, in h-
opérés Notre Seigneur comme do ceux qu'ont « gènes qu'il importait de frapper Pharaon.
opérés ses apôtres ot ses saints, n'a pas con- « D'aillours, Diou ayant créé et g.m or-
sisté dans la production de choses inouïes, « nant tout ce qui est, devait aussi avoir-
mais dans les moyens employés pour pro- « en sa puissance tous les fléaux qui déso-
duire les effets voulus, moyens qui étaient « lent le genre humain, et dont il peut snr-
sans proportion avee la fin, comme un peu « tout épouvanter les imp:cs. Ainsi ce n'esl
de boue guérissant un aveugle-né, ou une « pas Moiso qui a créé ici ces fléau \ .- il»
parole pur.fiant de la h pue. Il y a sans « étaient, ainsi quo nous venons de lo rl r»
doute des miracles où tout ost extraordi- « connus de tout temps des Egyptiens ; m.\is
naire, comme, dans l'Evangile, la résurrec- « il les évoque cimmc des êtres maJi'ai-
tion de Lazare, comme, dans l'Exode, le pas- » sants et qui obéissent aussitôt à son ordre,
sage de la mer Rouge ; mais il n'en est pas « comme ils obéiraient à la voix de Dieu mè-
moins vrai que le miracle consiste ordinai- « me ». (Los Livres saints vongés, 1.1, p.355).
rement <i produire par un moyen surnatu- — « Il n'en subsiste pas moins d'ailleurs une
rel ce qui a lieu d'autres fois par des mo- différence essentielle entre les plaies dont
yens naturels. — Tous les théoï- giens, a nous parle l'Exode et celles dont TEgipte a
la >uilo do S. Thomas, distinguent uiverses souffert dans d'autres temps. Ce qui distin-
sortes de m,racles. Dans les uns, dit le saint gue les premières des secondes, e:i leur
docteur, il se produit un phénomène que Ja donnant un caractère miraculeux évident
nature ne peut jamais opérer, comme la glo- ot incontestablo, c'est qu'elles arrivont a
rification béatifique du corps humain ; dans point nommé, commo sanction de la parole
les autres, la s iccessioa des faits est renver- de Dieu, dans dos circonstances annoncées à
sée, par exemple, dans la résurrection d'un l'avance, précises, et avec une intensité qui
mort ou la guèrison d un aveugle : la nature révèle manifestement une intervention sur-
peut donner la vie, mais non à un mort ; naturelle : elles S3 produisent par Tordre do
elle donne la /acuité de voir à Tentant qui Moïse, au moment qu'il a prédit, de la ma-
vient au monde, mais elle est impuissante à nière qu'il a déclareo ; elles cessent quan 1 il
rendre l.i vue à celui qui Ta perdue ou en l'ordonne, et plusieurs fois au moment qui
a toujours été privé. Dans une troisième lui a été fixé par le pharaon ; le pays de
esp'code miracles, le prodige cons.ste sim- Gessen en est toujours exempt : les Egyp-
plement dans la manière dont un événe- tiens n'en co îtestant jamais le caracturo ex-
ment qui aurait pu arriver d'apres les lois traordinaire ; ils sont au contraire cons-
ordinaires de la nature s'accomplit on de- ternés, et ils acceptent ces signes comme
60 L'EXODE
une preuve de la mission divine d e Moïse. divinité suprême ; il n'était pour eux qu'une
— De tout ce que nous venons de dire, maniiostation réelle de ce dieu qui, sous une
nous avons donc le droit de conclure que les forma visible, vivifiait et conservait l'Egypte;
plaies d'Egypte, quelque analogie qu'elles aussi les Grec? avaient appelé le Nil le Ju-
puissent avoir avec un certain nombre de piter Egyptien». Egypte anc, p. 7. Léon
fléaux qui affligent ce pays, sont de vrais da Laborde donne une autre explication
miracles. Nous avons le droit d e conclure très plausible, et qui,-il est vrai,n*exdut pas
aussi que les rapports qu'elles ont avec l'état la précédente. « Les'commentateurs, dit-il,
hysiquc de la vallée du Nil sont une preuve et surtout los rabbins, ont' fait dos efforts
S e la véracité du récit de Moïse. « Ces rap-
«• ports, dit avec raison M. l'abbé Glaire, mon-
d'imagination pour trouver la raison qui
dirige le pharaon d'Egypte vers le fleuve.
« trent clairement, contre les mythologues, Elle est pourtant bien simple. Cette contrée
« que ces terribles calamités n e sont point n'a qu'une beauté, qu'une qualité, qu'une sin-
« des Actions imaginées par un écrivain pos- gularité : c'est son fleuve, que la Bible ap-
t é r i e u r » . Il ajoute judicieusement : «Un pelle avec raison le fleuve par excellence, les
'«•pDète étranger à l'événement, ot qui au- eaux. Tout y ramone, los affaires, los plai-
« rait vécu longtemps après l'époque a la- sirs et los voyages. Car c'est la grande loute,
« quelle on suppose qu'il a eu lieu, n'aurait et la promonade aussi ; car c'est l'allée tou-
« jamais songe, en décrivant .ces plaies d é - (ours o m b r a g é 3 et sans cesse rafraîchie par
fi sastreuses, à faire intervenir les magiciens a brise. Le Pharaon sjrtait régulièrement
« d e Pharaon pour en produire quelques e matin, et, soit qu'il voulût visiter sos pro-
« unes ; jamais il n'aurait imaginé le récit vinces ou se promenor au frais, il descendait
« d e la mort des premiers-nés tel qu'il est vers le Nil (voir la répétition de ce fait chap.
« dans l'Exode: des traits de cette nature ne vin, 20). U on est de mémo aujour 'hui ; le
« s'inventent pas ». {Livr. saints veng., t . l , . souvera.n de ce pays a son jardin de plai-
p . 356).— « Cette double conc'usion ressortira sance sur Ijs bords du Nil, et quand il sort
plus clairement encore de l'étu !o détaillée des de la citadelle ot traverse la ville, c'est en-
dix plaies d'Egypte que nous allons mainte- core pour aller le long du fleuve respi rer
nant commencer». La Bible, etc., t. n , p. l'air irais sous les b3-mx ombrages de Schou-
324 et sniv. Cfr Danko, Historia rovelationis bra.— Los anciens pèlerins de toutes les na-
Voter. Testam.,,Vion. 1862, p. 122: Zschokko, tions ot les voyageurs modernes ont tous
Histor. sacra antiq. Tostam., Vieil. 1872, lait l'éloge de ce magnifique fleuve... —
p . 56. Là première plaie devait frapper le pha-
raon et le peuple d'Egypte dans ce qu'ils
1«. Première plaie d'Egypte : l'eau changée en sang, avaient do plus précieux, l'eau de leur fleuve.
Il faut être égyptien ou voyageur dans cette
contrée, il faut surtout l'avoir quittée, avo'r
15.—Ecce egredzetur ad aquas. Selon traversé le désert pendant sept ou huitmo s,
plusieurs commentateurs, l e motif qui con- pour comprendre au retour ce que c'est que
duisait Pharaon au Nil dès le mat.n était de l'eau du Nil. C'est l'eau la plus pure, la plus
• rendre ses hommages à ce fleuve,qui non fraîche et la plus ouce; on s'en inonde, on
seulemont était surnommé le très saint, le s'en abreuve à toute heure et dans tontos*
père e t le conservateur du pays, mais en- los disposition, et il semble qu'à l'agrément
core était regardé comme un dieu ot avait d'une boisson qui paraît factice, tant elle
en cette qualité u n culte e t des prêtres. est douce, ella jo'gne la force d'un aliment
laLes Egyptiens, dit Champllion-Figeac, al- naturel, tant elle a de saveur et semble
« ient jusqu'à considérer leur fleuve sacré nourrissante».
comme une image sensible d'Ammon, leur
CHAPITRE VII 61
cens: Dimitte populum meum ut sa- dire : Laisse partir mon peuple afin qu'il
crificet mihi in dcserto; et usque ad me sacrifie dans le d é s e r t ; et jusqu'à
prœsens audire noluisti. présent tu n'a pas voulu écouter.
17. Hflec igitur dicit Dominus : In i l . Voici donc ce que dit le Sci-
17. — Tn hoc scies guod sim Dominus, « même temps je m'aperçus que la rivière
dans le texte hébreu, « Jehovah, « le souve- « ava t haussé de plusieurs pouces pendant'
rain Seigneur de l'univers, commandant en « la nuit, et les Arabes vinrent m'expli-
maître absolu à toute la nature :— Ecce « quer que c'était là le NU rouge. — La
percutiam... aqitam ftuminis, et vertelur « rougeur et l'opacité de l'eau sont sou-
in sanguinem. "Quelle fut,-dit M. Vigou- « mises à de constantes variations tant qu'elle
roux, la nature de cette plaie? Le Nil offre « reste dans cette condition extraordinaire. A
tous les ans un phénomène singulier, qui est « (îe certains jjurs, quand la crue n'a pas
ainsi décrit par M. Osburn : Lorsque le rleuve « dépassé un pouce ou deux, les eaux recle-
commence à grossir, « les eaux perdent le « viennent à demi transparentes, sans perdre
<• peu de limpidité et r e fraîcheur qui en « toutefois cette teinte d'un rouge sombre
« faisait hier encore une boisson délicieuse. « dont j'ai parlé. Il n'y a point la do mélange
« Elles prennent la teinte verte, gluante et « nuisible, comme au temps du Nil vert :
« terne de l'eau saumâtre entre les tropiques, » Peau n'est jamais plussaine,plusdélicieuso,
« sans que filtre, au monde ait réussi jusqu'à « plus rafraîchissante que fendant l'inonda-
« ce jour à les séparer de la substance rilu- « tion. Il y a des jours où la crue ost plus
« séabonde et malsaine qui cause ce change- « rapide, et, par suite, où la quantité du
« ment. Le phénomène du Nil vert provient, » limon charrié dépasse, dans la Haute
« à ce qu'on dit, de vastes nappes d'eau « Egypte, la quantité entraînée par toute
« stagnante que le débordement annuel « autre rivière à moi connue; même, en
« laisse sur les larges plaines sablonneuses « plus d'une occasion, j'ai pu m'apercevoir
« du Darfour, au su l de la Nubie, il est « que cotte masso opposait un obstacle
« heureux que ce phénomène dure rarement « sensible à [a rapidité du courant. Un verre
« plus do trois ou quatre jours... Dès lors la « d'eau que je pris alors et que je laissai
« rivière augmente rapidement rie volume « reposer pour un peu de temps fournit les
« et devient trouble par degrés. II s'écoule « résultats suivants : la partie supérieure
« pourtant dix ou douze jours avant l'appa- « du liquide resta parfaitement opaque et
« rition du dernier et du plus extraor- « couleur de sang, tandis qu'un précipité
« dinaire phénomène que présente le « de boue noire remplissait environ le quart
« Nil... Jessaierai de décrire les premières « du verre. Une partie considérable de ce
« impressions qu'il me fit éprouver. — « limon est déposée avant que la crue
« C'était à la nn d'une nuit longue et » attoigpe la Moyenne et la Basse Egyp-
« accablante, à mon juger du moins : au « te, où je n'ai jama's vu le Nil en cet
« moment où je me levai du sopha sur état » (The monumental History of
« lequel j'avais tenté vainement de dormir Egypt, Lond. 1855, t. I, p. 10-12). —
« à bord de notre bateau, que lo calme « L'inondation du Nil commence ordinai-
« avait surpris au large de Beni-soiief, ville rement du 15 au 20 juillet. Elle atteint en
« de la Haute Egypte, le soleil montrait octobre son point culminant. De janvier à
« tout juste le bord supérieur de son disque avril, les eaux baisaont de plus on p.'us, de
« au dessus de la chaîne arabique. Je fus sorte cju'en mai elles ne sont plus quo le
M surpris de voir qu'à l'instant ou ses rayons vingtième de ce qu'elles étaient en octobre.
« vinrent frapper l'eau, un reflet d'un rouge — La cause do la coloration du fleuve au
« profond se produisit sur le champ. Lin- 1
commencement de la crue avait été jusqu'ici
« tensité de la teinte no cessa d'augmenter complètement inconnue... Quelques savants
« avec l'intensité c'e la lumière : avant même attribuent la couleur du Nil n la terre rouge
» que le disque se fut dégagé complètement que charrient ses eaux depuis le Sonnaar;
« des collines, le Nil offrait l'aspect d'une Ehrenberg, après avoir examiné Tenu au
« rivière de sang. Soupçonnant quelque miscroscope, en a vu la cause dans des
« illusio.î, je me levai à la hâto et, me infusoires et des plantes cryptogames. Quoi
« penchant par dessus le bordage, ce que je qu'il on soit de la nature de cette cause, il
« vis me con Irma dans ma première imnros- est certain, d'après les récentes études de M.
« sion. La masse entière des eaux était Linant-Bey, qui a fait les recherches les plus
•« opaque, d'un rouge sombre et plus sembla- sérieuses sur le régime des eaux de l'Egypte,
« bîe à du sang qu'à toute autre matière que la coloration du Nil vient d'un de ses af-
« avec laquelle f aurais pu la comparer. En fluents. — Le fleuve n'a pas un seul affluent
62 L'EXODE
gneur : En ceci tu connaîtras que je hoc scies quod sim Dominus : ecce
suis le Seigneur: voilà que je frapperai percutiam virga, quse in manu mea
on Egypte. Le premier cours d'eau qu'il reçoit ne l'obsorve pas aujourd'hui dans lo Delta >
on remontant son cours, est à deux mille c'est aussi qu'il arrivât à une époque tout
sept cent quatre-vingt-sept kilomètres de à fait différente do l'époque ordinaire. U
la Méditerranée. Non seulement sur cotte est important de précisor ici la dato. —
longueur los affluents manquent, mais les « Lo phénomène au Nil rouge se passe
sources font oncore dé aut sur mille deux ordinairement au mois de juillet. Les ratio-
cents kilomètres entre Assouan et la mer. nalistes prétondent que c'est pendant ce mois
L'air est très sec depuis Thèbos jusqu'à qu'out lieu la première plaie ; mais lour
Borner, un peu au nord de l'Atbara. Les calcul n'est pas d'accord avec l'ensemble des
orages qui amènent dos pluies en Abyssinie données du texte sacré. La dixième plaie est
proviennent tous de la mer dos Indes. Alors datée dans l'Exodo : Dieu frappa les premiers-
los pluies tombont à torrents sur les monta- nés do l'Egypte le 14 du mois de nlsan
gnes; puis, plus tard, à Sennaar; ensuite à (Exod. xii, 18, 29), c'est à dire, vers le
Khartoum, et enfin jusqu'à l'Atbara. Le Nil commencement d'avril. La septième plaie,
bleu ost lo premier afïïu?nt qui grossit, celle de la grêle, est également datée : le
ensuite le Rhahad ot le Dender, et enfin toxto nous dit quo la grêle ravagea les r é -
l'Atbara. Avant la pluie, le Nil bleu est coltes au moment où < l'orge montait en
limpide; mais un de ses affluents, qui viout «épis ot le lin en tuyau (Exod. ix, 31),»
du sud-sud-ouost et se joint à lui au-dessus de c'est à dire, au mois de mars. Les quatre
Sennaar, à Fazoglo, charrie dese aux rougeâ- dernières plaies remplirent donc ainsi un
tres qui communiquent cette couleur au Nil mois environ, et elles se succédèrent à une
bleu. —Ln première plaie d'Egypto ne fut-el- semaine d'intervalle à peu près les unes des
le que ce phénomène naturel de la coloration autres. Il est probable que les six premières
des eaux du Nil, produit par Dieu d'une ne furent également séparées los uues des
manière miraculeuse en un temps où il n'a- autres que par une S3maino. Host dit ex-
vait pas lieu d'ordinaire? Beaucoup le croient pressément que la soconde, cello des gre-
anjjurd'hui. Gepondant, quelque spécieuse nouilles, out lieu sept jours après lo change-
et séduisante que cotte opinion puisse pa- ments des eaux du Nil on sang (Exod. vu,
raître, nous ne la croyons pas suffisamment 25). D'après ce calcul, la première plaie ar-
fondée, et nous croyons que le Nil fut véri- riva donc vers le milieu de février, et par
tablement changé en fleuve de sang. Il n'é- conséquent à une époque où le phénomène
tait certainement pas plus difficile à Dieu de du Nil rouge n'a jamais lieu naturellement.
lo transformer en vrai sang que d'en colorer — Outre cette première circonstance mira-
les eaux de telle sorto qu'elles eussent l'aspect culeuse du temps, nous en avons oncore plu-
du sang. Il voulait punir les Egyptions par sieurs autres non moins surnaturelles a si-
ce fleuve môme dont ils étaiont si fiers, et gnaler. Contrairement à ce qui arrive
qu'ils vénéraient comme un dieu ; il voulait tous les ans, l'eau ainsi changée eut toutes
surtout leur reprocher le sang innocent des les qualités malfaisantes du NU vert au lieu
enfants dos Hébreux qu'ils avaient si inhu- d'avoir les qualités bienfaisantes du Nü rou-
mainement noyés et pour lequel ils étaient ge. Do plus, elle fit périr les poissons et ces-
maintenant châtiés : lo châtiment était ain- sa d'être potable non seulement dans le
si plus grand et plus significatif. C'est d'un fleuve lui-même et dans les canaux, mais
sang réel que los Pères et les docteurs ont jusque dans les étangs et les vases de pierre
toujouis, comme nous, entendu les expres- placés dans les villes, au carre bur des rues,
sion f u texte sacré, et nous ne voyons au- qui, avec les vases de bois, sont suffisants
cun motif sérieux d'abandonner leur senti- en temps ordinaire pour clarifier l'eau bour-
ment». La Ribio, etc., t. II, p. 334 et suiv. beuse du fleuve. L'eau du Nil se corrompt
— Plusieurs néanmoins, commo Keil, Lange, souvent avant l'inondation : «Pendant les
(je ne parle pas des rationalistes), pensent « mois qui précèdent l'inondation, juin, juil-
que les eaux du Nil ne furent pas changées « let et août, dit le docteur Lambert, Peau
en un véritable sang ; mais, môme dans « du Nil se réduit, et devient si basse dans
cette hypothèse, le miracle reste manifeste. « son lit qu'elle n'a plus do mouvement et
» Ce qui, en effet, dit encore M. Vigouroux, « acquiert toutes les qualités des eaux sta-
n'était assurément pas un fait naturel, au- « gnantes : elle s'échauffa dans ce qui lui
quel on pût s'attendre, c'est que ce change- « resto de profondeur, elle devient verdâtre,
ment des eaux se produisît à Tanis, où il « fétide et se remplit facilement de vers
n'est pas probable qu'il eût régulièrement « (Hygiène de l'Egypte, p. 30)». Au con-
lieu, puisque M. Osburn nous apprend qu'on traire, d'après le témoignage unanime de
CHAPITRE VII 63
est, aquam fluminis, et vertetur in de la verge qui est en ma main l'eau
sanguinem. du fleuve et elle se changera en sang.
18. Pisces quoque qui sunt in flu- 18. Et les poissons qui sont dans le
vio morientur, et computrcscent fleuve mourront et les eaux seront pu-
aquae, et affiigcntur iEgyptii bibentes tréfiées, et les Egyptiens souffriront en
aquam fluminis. buvant les eaux du fleuve.
19. Dixit quoque Dominus ad Moy- 19. Et le Seigneur dit à Moïse : Dis
scn : Die ad Aaron ; Tollc virgam à Aaron : Prends ta verge ct étends ta
tuam, et extende manum tuam super main sur les eaux de l'Egypte et sur
aquas JSgypti, et super fluvios eorum, ses fleuves, et ses ruisseaux, et ses
et rivos ac paludcs, ot omnes lacus étangs et ses lacs, pour qu'ils se chan-
aquarum, ut vertantur in sanguinem; gent eu sang et qu'il y ait du sang sur
ct sit cruor in omni terra iEgypti, toute la terre d'Egypte, tant dans les
tarn in ligneis vasis quam in saxeis. vases de bois que dans les vases de
pierre.
20. Feceruntque Moyses et Aaron 20. Et Moïse et Aaron firent c^mme
sicut prfeceperat Dominus; et elevans l'avait ordonné le Seigneur, et élevant
virgam percussit aquam fluminis co- la verge il frappa devant Pharaon et
ram Pharaone et servis ejus : quae ses serviteurs l'eau du fleuve, qui fut
versa est in sanguinem. changée en sang.
tnfr. 17. 5. Ps. 77. 41. Ct 104. 29.
21- Et pisces, qui erant in flumine, 21. Et les poissons qui étaient dans
mortui sunt; computruitque fluvius, le fleuve moururent, et le fleuve devint
et non poterantiEgyptii biberc aquam putride, et les égyptiens ne pouvaient
fluminis, et fuit sanguis in tota terra boire l'eau du fleuve et il y eut du
jEgypti. sang dans toute la terre d'Egypte,
tous ceux qui connaissent l'Egypte, l'eau du Nil; les « amas d'eau (o^O m p p , » expres-
Nil n'est .amais corrompue quand, dans les sion inexactement rendue dans la Vnlgate
commencements de la crue, elle devient rou- par « lacus aquarum »), les résorvoii*.s, las
geâtre ; elle no cause pas alors la mort des mares ot flaques d'oau restées après l'inon-
poissons et peut être bue sans aucun danger. dation, et dont se servaient les Eçvptionséloi-
Un changement chimique insolite, que le gnés du fleuve. Cfr. Osburn, Monum. Hist.
phénomène du Nil rouge ne suffit point à of Eg\pt. t. H, p. 577. — Tarn in lif/neis
expliquer, s'était donc produit dans les eaux; vasis quant in saxeis. Cs petit détail
quand elles avaient été frappées de la verge " nous dépeint, dit L, de Laborde, une ha-
de Moise, un miracle s'était opéré ». lbid., p. bitude qui s'est encore conservée. Chaque
334 et suiv. C r. Kurtz,Geschichte des A.B., t. habitant de l'Egypte a sa provision d'oau
Il, p. 101 et suiv. qu'il puise dans le Nil, s'il habite sur le
18. Pisces quoque qui sunt in fluvio bord du fleuve, ou dans les canaux dérivés
morientur. Les poissons du Nil, aussi bons qui l'amènent dans les villes. Cette eau est
qu'abondants, sont une grande ressource toujours trouble quand on la puise ; mais,
pour les habitants de VEgypte ; leur mort versée dans de grandes jarres de terre as-
devait donc être une perte très sensible. sez semblables aux jarres de nos fontaines,
19. — Super aquas Myypti, ou plutôt si ce n'est quo la terre n'en est pas rougie
Mgyptiorum. La division qui suit des oaux au feu, elle dépose son limon avec une ra-
de l'Egypte dénote une connaissance très pidité qui est sensiblement accrue par une
exacte de ce pays. Les « fleuves ( n r n j ) » opération dont I effet est aussi bien connu
sont les bras du Nil, qui est le seul fleuve que la recette on est simple. On prend plu-
d'Egypte; les « ruisseaux (Dn«») », les sieurs amandes amères dont on l'ait une
canaux par lesquels ses eaux étaient dis- pâte; on frotto de celte pâte les parois inté-
tribuées dans tout le pays, et qui sont dési- rieures do la fontaine avant d'y verser Peau,
gnés par leur nom égyptien ; les « étangs ot le dépôt du limon est précipité par l'in-
(anaaN), » les grands lacs formés par le fluence de cet enduit ».
C4 h EXODE
22. Et les enchanteurs des Égyptiens 22. Feceruntque similiter malefici
firent chose pareille par leurs incan- jEgyptiorum incantationibus suis; et
tations; et le cœur de Pharaon fut en- induratum est cor Pharaonis, nec au-
durci, et il ne les écouta pas comme divit eos, sicut prseeeperat Dominus.
ravaîtordonné le Seigneur Sap. \1. 7.
23. Et il se détourna et entra dans 23. Avertitque se, et ingressus est
son palais, et cette fois encore son cœur domum suam, nec apposuit cor etiam
ne se rendit pas. hac vice.
24. Or tous les Égyptiens creusè- 24. Foderunt autem omnes ^Egyptii
rent autour du fleuve pour puisser de per cireuitum fluminis aquam ut bi-
l'eau et boire; car ils ne pouvaient pas berent; non enim poterant bibere de
boire de l'eau du fleuve. aqua fluminis.
T J . Et sept jours s'écoulèrent, après 25. Impletique sunt Septem dies,
que Dieu eut frappé le fleuve. postquam percussit Dominus fluvium.
CHAPITRE VIII.
Deuxième plaie : les gre/iouilles, ff. 1 - 1 5 . — Troisième plaie : les moucherons, ff. 16-19.
Quatrième plaie : les mouches, ff. 2 0 - 2 4 .
22. — Feccrunlque aimililer malefici nètre assez loin dans la terre, même où
/kgypliorum... « Ceci ne s'applique, dit n'arrive pas l'inondation, et on en trouve
L. de Labordo, qu'à une imitation en petit et. partout en creusant des puits de 18 à 2 0
pour ainsi dire, en échantillon. 11 n'y avait pieds de profondeur. r,es sources sont extrê-
plus d'eau pure dans lo pays que celle reti- mement rares e.i Egypte, et par là môme
rèo péniblement par les habitants dans insuffisantes.
•dos trous oii olle arrivait filtrée: c'ost sur 2 5 . — Impletique sunt septem dies...
cette eau que les magiciens opérèrent et sur C'ost le tomps que dura la plaio. La colora-
les pniRso s vivants qui descendaient l'es tion naturelle de l'eau du Nil est beaucoup
parties supérieures et que le Nil avait en- plus longue, ordinairement d'environ vingt
1 rainés dans son cours. De toute manière, jours.
ils devaient persuader d'autant plus facile-
ment le pharaon de leur puissan e qu'il 3* Deuxième plaie : les grenouilles, VIII, 1-5.
était plus décidé à. rés ster à celle de Mo.se.
ïl o?t donc inutile do rechercher jusqu'à CHAP vin. 2 . — Ecce ego perculiam
qu^l p'int ils parvinrent à imiter on petit omixes terminas l'uos ranis. y*n3X est la
ce fléau immense». S. Augustin donne en- petite grenouilîedu Nil, et Dofda des Egyp-
core une autre explication. Selon lui, les tiens, appslée par Soetzon rana mosaica.
magiciens purent se procurer de l'eau du « Peut-être, dit M. Vigoureux, sous le nom
pa\s habile parles Israélites, qui n'avait de greno'iilla faut-il comprendre aussi un
pas été frappé do cette plaie. animal plus désagréable et plus repoussant
Vi. — Foderimi autem omnes jEgijnlii... encore, le crapaud; car l'hébreu n.) distingua
D'après Robinson, PaL 1.1, l'eau du Nil pé- pas l'un de l'autre. Quoi qu'il en soit, les
CHAPITRE VIII 65
ecce ego percutiam omnes términos partir, voilà que je désolerai tous tes
tuos ranis, confins avec des grenouilles.
3. Et ebulliet fluvius ranas, quae 3. Et le fleuve en ébullition pro-
ascendent, et ingrcdientur domum duira des grenouilles qui monteront
tuam, et cubiculum lectuli tui, et su et entreront dans ta demeure et dans
per stratum tuum, et in domos ser- la chambre où est ton lit, et sur ta cou-
vorum tuorum, et in populum tuum, che, et dans les maisons de tes servi-
et in furnos tuos, et in reliquias cibo- teurs, et parmi ton peuple, et dans tes
rum tuorum; fours et dans tes provisions d'aliments.
4. Et ad te, et ad populum tuum, - 4. Et les grenouilles entreront chez
et ad omnes servos tuos, intrabunt toi et chez ton peuple et chez tous tes
ranae. serviteurs.
5. Dixitque Dominus ad Moysen : 5. Et le Seigneur dit à Moïse : Dis
Die ad Aaron : Extende manum tuam à Aaron : Etends ta main sur les fleuves
super fluvios ac super rivos et paludes, et sur les ruisseaux et les étangs, et
et educ ranas super terram iEgypti. fais sortir les grenouilles sur la terre
d'Egypte.
6. Et extendit Aaron manum super 6. Et Aaron étendit la main sur les
aquas iEgypti, et ascenderunt ranee, eaux de l'Egypte, et les grenouilles
operueruntque terram jEgypu montèrent et couvrirent la terre d'E-
Ps. №. 30. gypte.
1. Fecerunt autem et malefici per 1. Or les magiciens firent pareille
incantationes suas similiter, eduxe- chose par leurs incantations, et firent
runtque ranas super terram iEgypti. sortir des grenouilles sur la terre
Sap. 17. 7. d'Egypte.
grenouilles sont très abondantes en Egypte les grenouilles quand Aaron étendit la main
et, à l'époque de la croissance du Nil, leur sur los eaux, de mémo qu'en les faisant dispa-
nombre est toi qu'elles empêchent de dor- raîtra lorsque, au jour déterminé à l'avance
mir, par leur coassement, les voyageurs par Menophtah lui-même, Moïse demanda
qui ne sont pas accoutumés à ce bruit étour- cette grâce au Soigneur ». La Bible, etc., t.
dissant et d'u:e monotonie exaspérante. Il n , p . 343.
est aisé do s'imaginer l'incommodité d'une 3. — Et in reliquias ciborum tuorum.
invasion de grenouilles pénétrant dans les L'expression du texte que la Vulgato rend
appartements, couvrant tous les meubles, ainsi signifie : « et dans tes pétrins ».
les tables, les lits, et remplissant tous les 4. — Et ad le . . . D'après le texte il fau-
vases et ustensiles de ménage. Dès la plus drait traduire : «otinte, et in populum tuum,
haute antiquité, les indigènes avaient con- et in omnes servostuos ascendont ranœ».
fié à une divinité le soin de les ilélivror de Non seulement les grenouilles rempliront
l'importunité de ces animaux malfaisants. tout, mais elles s'attaqueront aux hommes
On vo t représentée sur les monuments une mêmes et monteront sur eux.
déesse avec une têto de grenouille. On con- 7. — Feceriint autem et malefici... Les
sidérait sa mission comme si importante magiciens parvinrent à produire en petit le
qu'elle occupait un des premiers rangs dans même phénomène, mais non à le faire ces-
le pimthéon égyptien. — De même que lo ser, comme il résulte clairement do ce que
dieu du Nil avait, été humilié dans la pre- Pharaon so vit obligé do prier Moise et vla-
mière plaie, la déeese à la tôtede grenouille ron de lui obtenir de Dieu la délivrance do
le l'utdansla seconde;Jehovah prouva l'im- ce fléau. Il n'aurait certes pas eu recours à
puissance decette fausse divinité, qui ne put eux pour uno choso que ses magiciens au-
défendre ses adorateurs contre l'invas on raient pu lui faire. Du resto, par cetto prière
des grenouilles. — Dans cette seconde plaie, et par la promesso qu'il fait de laisser par-
Dieu multiplia d'une manière miraculeuse tir les Israélites, il reconnaît implicite-
cet instrument de sa colère contre les Egyp- ment que cette plaie n'est pas un événement
tiens, et fit éclater son souverain domaine naturel, mais un châtiment que Jehovah lui
et sa toute-puissance en faisant apparaître inflige pour son refus d'obéir à ses ordres.
tB
S BIBLE EXODE. — 5.
66 L'EXODE
passe le pouvoir des démons dont ils récla- <c pire des mouches (Bible Animais, p. 633) ».
maiont l'intervention par leurs enchante- Mais ce qui les rend surtout insupportables,
ments, et que Dieu ne voula.t pas que son c'est qu'elles se posent do préférence sur les
action pût être confondue avec leurs presti- paupières et au coin de l'œil : l'humidité de
ges. Il se devait à lui-même de faire en cette partie du corps les y attire. Or les-
sorte que le néant de leur art en face de ophthalmies sont très fréquentes en Egypte,
sa toute-puissance créatrice parût à tous les et il est aisé de se figurer le supplice que cau-
yeux. sent à des yeux malades ces ennuyeux in-
19. — Digitus Dei est hic : « c'est le sectes. Un des spectacles qui impressionnent
doigt de Dieu ». Cotte expression n'implique le plus péniblement l'Européen sur les bords
pas qu'ils reconnussent Jehovah pour le du Nil, c'est la multitude d'on:ants dont les
vrai Diou, mais bien que le fléau des mou- yeux sont malados et couverts fie mouches.
cherons étajt l'ouvrage d'une divinité dont — Une espèce de ces mouches, appelée dthe-
le pouvoir était supérieur à celui par lequel hab, est longue, de couleur grise, et appa-
ils opéraient leurs prestiges. Il est clair, du raît vers l'époquo de l'inondation du Nil ;
reste, qu'ils ne pouvaient entendra par cette ello est si p3rnicieuse qu'elle paut causer
divinité que celle au nom do laquelle par- >ar sos piqûres la mort des chameaux, si
laient et agissaient Moïse et Àaron, le Dieu
des Hébreux, Jehovah.
Î 'on néglige de soigner à temps les blessures-
qu'elle leur a faites. Ello attaque les hommes
4* Quatrième plaie : les mouches, yy. ZO — 38. comme les animaux ». La Bible, etc., t. II, p.
348. — Quoique Tétymologie de xiy semble
24. — Omne genus mwearum. C'est favoriser l'opinion do ceux qui entendent sous
ainsi que la Vulgale rend l'hébreu xiy, ce nom un mélange de diverses sortes d'in-
dont le sens précis est difficile à déterminer. sectes, d'autres cependant la rejettent comme
Les Septante le traduisent par xovdfuua, pou en harmonio avec le contexte. «Sed quo-
« mouche de chien », tabanus cseculiens ; minus nomino a'iy insectorum colluvies in-
Symmaque, comme la Vulgate, par j n x ^ u i a . telligatur, dit Rosonmuller, obstat quod t.
« Ce mot, dit M. Vigouroux, signifie propre- 27» (Vulg. 31) «dicitur : iziyn ir^n, et amovit
ment « mélange », et nous pouvons l'en-
tendre de toute espèce de mouches, sans dis- Ivarobum a Pharaone, a servis ejus et
tinction d'espèces. Les mouches sout un des ejus populo; ne unus quidem remansit,
fléaux de l'Egypte, et lorsqu'elles abondent quod nonnisi certo animalisgeneri convenit.
plus qu'à l'ordinaire, elles rendent la vie Neque quale animalis genus nomino Z"\V
presque intolérable. « Leurs essaims sont si designotur multum quserere neces^e fiier.t,
« nombreux, dit M. Wood, que l'étranger si Alexandrino i.iterpreti, rerum aegyptia-
« mange des mouches,boit des mouches, res- rum per.tissimo, ftdein habemus, qui illud
CHAPITRE VII! 69
et implebuntur domus iEgypliorum mouches, et les maisons des Egyp-
muscis diversi generis, et universa tiens seront remplies de mouches de
terra in qua fuerint. divers genres ainsi que toute la terre
où ils seront.
22. Faciamque mirabilem in die 22. Et je rendrai merveilleuse en
illa terrain Gessen, in qua populus ce jour la terre de Gessen où se trouve
meus est, ut non*sint ibi muycae ; et mon peuple, de sorte qu'il n'y ait
scias quoniam ego Dominio in medio point de mouches, afin que tu saches
teme. que moi, le Seigneur, je suis au milieu
de la terre.
23. Ponamque divisionem inter 23. Et je mettrai une division entre
populum meum et populum tuum ; mon peuple et ton peuple. Demain il
eras erit signum i stud. y aura ce signe.
24. Fecitque Dominus ita. Et venit 24. Et le Seigneur fit ainsi! Et d'af-
musca gravissima in domos Pharao- freux essaims de mouches vinrent
nis et servorum ejus, et in omnem dans les demeures de Pharaon et de
terram ¿Egypti; corruptaque est terra ses serviteurs et dans toute la terre
ab hujuscemodi muscis. d'Egypte; et la terre fut corrompue
Sap. 16. 9. par ces mouches.
cemodi muscis. Le pays est pris, du moins sisté en ce que les Israélites n'observaient
principalomoxit, pour les hommes qui l'habi- as les prescriptions en vigueur chez les
taient; mais le dommage que ces insectes
causeront s'étendit aussi aux aliments, aux
f gyptiens relativement à la pureté des ani-
maux à. immoler, et en général leurs règles
plantes, etc. concernant les sacrifices, leurs lois rituelles.
25. — « Quelque habitués que pussent Mais le texte indique plutôt qu'elle se serait
être les Egyptiens aux incommodités causées trouvée dans les sacrifices mémos, qui au-
par les mouches, les souffrances que leur fit raient paru abominables aux Egyptiens à
endurer la quatrième plaie furent si grandes cause des animaux qui devaient être immo-
que le pharaon commença à proposer des lés. Chez eux la vache n'était jamais sacri-
concessions à Moïse ». M. Vigouroux, ibid., fiée, étant consacrée à Isis, et à leurs yeux
p. 349. — Sacrificate Deo vestro in terra c'était un sacrilège de la tuer, tandis qu'elle
hac. Pharaon reconuait maintenant l'exis- était du nombre des animaux que les Israé-
tence et le pouvoir de ce Dieu qu'il avait lites offraient on sacrifice. Il en était de
déclaré ne pas connaître; mais il n'y voit que mémo de la tourterelle. Du reste, les vic-
le Dieu national dos Israélites. 11 leur permet times devaient avoir chez les Egyptiens cer-
de lui offrir des sacrifices, mais sans sortir taines qualités qui n'étaient pas exigées chez
de l'Egypte, condition quo Moïse ne pouvait les Hébreux; ainsi il n'y avait que les tau-
pas accepter. reaux do couleur rouge qui fussent admis-
26. —Nonjwtest ila fleri, plus exacte- sibles. — Quod si mactaverimus ea guœ
ment d'après l'hébreu : « il n'est pas à pro- colunt Mgyplii..à la lettre d'après fhé-
pos ». comme di traduit ordinairement breu : « Voici que nous immolerions l'abo-
•pM KSI OU solon Lange, « il n'est pas sûr mination des Egyptiens à leurs yeux, et ils
ne nous lapideraient pas »? c'est à dire : nous
de faire ainsi ». — Abominaliones enim ne pourrions offrir sous les yeux des Egyp-
Mgyptiorum... La Vulgate, comme la suite tiens des sacrifices qu'ils ont en horreur sans
le montre, a pris le mot imnn, « abomina- nous faire lapider par eux.
tion », dans le sens de fausse divinité, qu'il
a en effet dans d'autres endroits. C'est aùsi 27. — \iam trium dierum pergemus
que Chamos est appelé « l'abomination in solitucUnem. Il ne s'agit pas d'un voyage
(ypu?) deMoab »,Mofoch » l'abomination des au Sinaï, qui aurait exige beaucoup plus de
temps. Du reste, voy. plus haut, ni, 18.
filsd'Aramon »,I (Vulg. III) Reg. xi, 5 et
7. Mais il est pou vraisemblable que, parlant 28. — Ego dimittam vos... Les raisons
à Pharaon, Moïse se soit servi de cette ex- apportées par Moïse étaient d'une vérité si
pression pour désigner les dieux des Egyp- palpable que Pharaon lui-même ne put s'em-
tiens. Solon Keil, l'abomination aurait con- pêcher de la reconnaître.
CHAPITRE IX 71
29. Et ait Moyses : Egressus a te, 29. Et Moïse dit * Quand je t'aurai
orabo Dominum, et recedet musca quitté, je prierai le Seigneur, et les
aPharaone,etaservis suis, et apopulo mouches s'éloigneront de Pharaon et
ejus cras; verumtamcn noli ultra fal- de ses serviteurs et de son peuple
lere, ut non dimittas populum sacrifi- demain. Gependant ne nous trompa
care Domino. pas plus longtemps en ne laissant pas
partir le peuple pour qu'il sacrifie au
Seigneur.
30. Egressusque Moyses a Pharaone, 30. Et Moïse ayant quitté Pharaon
oravil Dominum. pria le Seigneur,
31. Qui fecit juxta verbum illius ; 31. Qui fit scion sa parole, et il
et abstulit muscas aPharaone,et aser- éloigna les mouches de Pharaon et
vissuis,et apopulo ejus:non superfuit de ses serviteurs et de son peuple. Il
ne una quidem. n'en resta pas une seule.
32. Et ingravatum est cor Pharao- 32. Mais le cœur de Pharaon fut
nis, itaut nec hac quidem vice dimit- appesanti, de sorte que pas même
teret populum. cette fois il ne laissa partir le peuple.
CHAPITRE IX.
Cinquième plaie : la peste sur les animaux, ff. 1-7. — Sixièmo plaie : les ulcères, yf. 8 12.
— Septième plaie : la grêle, 13-35.
31. — Non super fuit ne una quiftem* égyptiennes, dit L. de Laborde, ne repré-
La main du Tout-Puissant n'était pas moins sentant jamais le chameau. Cet animal n'a
manj Oîle dans la disparition complèto et •>oint été admis uarmi les signe* hiérogly-
instantanée des mouches quo dans lour ap- )hiques, et il iu figuro pas d a n 3 tes iiuiôm-
parition sul> te en quantité si prodigieuse. )rables se *n}9 qui i v t r a c 3 i i t si complètomont
outo la vio p'ivéî ot lo? habitiulos dom.ïs-
S» Cin |uicme plaie : la sur les anîmauv, IX,1-7* tiqiitt des Egyptiens», il n'est pas non plus
nommé parmi AJÍ bestiaux que los Egyptiens
Cliap. ix. — 3,—Et super eqnos et asinos, amenèrent à Jouph pour avoir de3 vivras
9
et cameios... Tels étaient donc alors les ani- en échange, Ge:i. XLVII, 17. On ne pout ce-
maux domestiques do l'Egjpte. A l'égard du pondant pas en conclura qu'il leur ait été
chameau, un lait très digne de remarque, inconnu. Outro qu'il figure déj* parmi les
c'est q u e ni la figure ni la mention do cet présents qu'Abraham reçut en Egypte, Gon.
animal no se trouve sur auciu monument. xii, 16, il résulte du témoignage des autours
«Loi pj'uturos, bas-reliefs et sculpture? grecs et latins, d'accord aves celui de la (ie-
12 L'EXODE
et les chameaux et les bœufs et les melos, et boves, et oves, pestis valde
brebis il y aura une peste horrible. gravis.
4. Et Dieu fera une distinction mer- 4. Et faciet Dominus mirabile inter
veilleuse entre les possessions d'Israël possessiones Israel, et possessiones
et les possessions des Egyptiens, de Aügyptiorum, ut nihil omnino pereat
telle sorte que rien ne périsse de tout ex his qus3 pertinent ad filios Israel.
ce qui appartient aux enfants d'Israël.
5. Et le Seigneur fixa le temps, 8. Constituitque Dominus tempus,
disant : Demain le Seigneur accom- dicens : Gras faciet Dominus verbura
plira cette parole sur la terre. istud in terra.
6. Le Seigneur accomplit donc cette 6. Fecit ergo Dominus verbum hoc
parole le lendemain, et tous les ani- altera die : mortuaque sunt omnia
maux des Egyptiens moururent; quant animantia iEgyptiorum ; de animali-
aux animaux des enfants d'Israël il hus vero ftliorum Israel nihil omnino
n'en périt absolument point. periit.
1. Et Pharaon envoya pour exami- 7. Et misit Pharao ad videndum ;
ner, et rien n'était mort de oe que nec erat quidquam morttium de his
possédait Israël. Et le cœur de Pha- quae possidebat Israel. Ingravatum-
nèse, qu'il était on usage dans l'Asie dès la Hébreux sur la frontière de l'Egypte, mou-
plus haute antiquité. Il ne pouvait, par con- rurent de l'épidémie, en même temps que
séquent, être inconnu eiiEgypto. •* Ijes Egyp- les chevaux, tes ânes, les brebis et les boeufs
tiens, dit Léon de Labofde, qui avaient des des Egyptiens ».
rapports commerciaux avec les peuplades de 5.— Conslîtuitque Domimis tempus.*. En-
la Syrie, voyaient arriver chaque j m r sur core ici Dieu fixe le temps du fléau afin que
leurs frontières les innombrables caravanes Pharaon soit forcé do reconnaître que c'est,
de chameaux qui apportaient les matières non un effet du hasard, mais un châtiment
premières ot les esclaves que les Madianites du ciel.
et les Ismaélites échangeaient contre leur.? 6.—Mortuaque sunt omnia animantia,
objets manufacturés. Us voyaient aussi ceux d'après l'hébreu, «pocora» JSgyptiorum.
qui venaient soit do la côte de la mer Rouge, La suite montre que cos mots ne doivent
soit de l'intérieur do l'Afrique». Léon de pas s'entendre de tous les bestiaux dos Egyp-
Laborde conjecture qu'ils souffraient, dans tiens, puisqu'il eu resta encore pour la plaie
leur voisinage ot sur les terrains qu'ils con- suivante, mais sa restreindre, d'après l'ex-
cédaient, que des peuples nomades élevas- pression du texte et le verset 3, aux trou-
sent cos animaux», mais «qu'un préjugé ou p 3 a u x , aux animaux qui étaient dans les
un précepte religeux s'opposait à ce qu'ils champs. « L'histoire mentionne, dit M. Vi-
en fissent usage », préjugé ou précopte qui goureux, quelques épidémies do ce genre en
«se maintint très longtemps, parce que la Egypte En 178fi, la peste tua un si grand
séquestration r'e l'Egypte à l'extérieur et nombre de bœufs qu'on tut obligé d'employer
son sol canalisé dans l'intérieur no rendaient les buTlos â leur placo pour les travaux
pas nécessaires les bête* do somme et de longs d'irrigation. Le fléau sévit de temps on
voyages... — Cette aversion dos Egyptiens temps dans le Delta avez une graille vio-
pour 1g chameau, ajouto-t-il, et l'absence r'e lence, et l'on est obligé alors d'aller cher-
cet animal parmi leurs bestiaux, prouvées cher do nouveaux bsnls en Syrie ou dans le?
par les monuments et confirmées dans un pas- îles do l'Archipel. Mais quelle que soit la
sage do la Biblo, ne forment donc point uno fréquence do la maladie, elle n'est pas régu-
contradiction avej le verset do l'Exode que lière, et ce n'est que par un miracle évident
nous commentons. L'épidém'o qui frappait que Moïse put en annon:er l'apparition. « Il.
les animaux de l'Egypte s'étendait sur tous « faut savoir, comme l'a dit aves beaucoup
ceux qui paissaient sur son sol, aussi bien « ds raison Origèno, que, quoiquo la plu-
sur los rives du Nil que sur la lisière des « part des prodiges opérés par Moïse contre
terrains cultivés ; la terre des Hébreux, le « l'Egypte ne descendissent point du ciel, ils
pays de Gnshen, fut seule préservée, et n'en avaient pas moins manifestement
Mo.so veut faire entendre que tous les cha- » Dieu pour auteur ». (Gomm. in Matth). La
meaux des peuples nomades, fixés comme les Bible, etc., t. Il, p. 349.
CHAPITRE IX
que est cor Pharaonis, et non dimisit raon fut appesanti, et il ne laissa pas
populum. partir le peuple.
8. Et dixit Dominus ad Moysen et 8. Et le Seigneur dit à Moïse et à
Aaron : Tollite plenas manus cineris Aaron : Prenez à pleines mains de la
de camino, et spargat ilium Moyses cendre de cheminée, et que Moïse la
in caelum coram Pharaone. répande vers le ciel devant Pharaon.
9. Sitque pulvis super omnem ter- 9. Et que la poussière s'étende sur
rain ¿Egypti : erunt enim in homini- toute la terre d'Egypte ; car il y aura
bus et jumentis ulcera, et vesicae tur- sur les hommes et sur les animaux
gentes, in universa terra ¿Egypti. des ulcères et des pustules turges-
centes sur tonte la terre d'Egypte.
10. Tuleruntquecinerem de camino, 10. Ils prirent donc de la cendre
et stetcrunt coram Pharaone, et spar- delacheminceet se présentèrent devant
sit ilium Moyses in caelum; factaque Pharaon, et Moïse la répandit vers le
M. —JVec POTERANT MALEFLCI SLAVE CORAM 45 et 16. — NUNC ENIM EXTENDENS MA
HOYSE... Nouvelle preuve palpable de la NUM... Le véritable sens du texte hébreu,
supériorité du pouvoir par lequel agit Moïse inexactement rendu par la Vu 1 gâte dans ces
.sur celui des magiciens, qui se voient obli- deuxversets, peuls'exprimer ainsi à la lettre:
gés de renoncer désormais à la lutte, ne « Car maintenant j'aurais envoyé ma main, et
pouvant pas môme se tenir en présence de , 'aurais frappé loi et ton peuple de la peste, et
leur adversaire. ,u aurais été exterminé de la terre; mais je
.'ai laisse subsistera cause de ceci : pour te
7* Septième plate : la grêle, yy. 13-35.
aire voir ma force, et afin qu'on annonce
44. — QUIA IN HAC VICE... Les plaies mon nom par toute la terre.» Si Dieu laisse
précédentes n'ayant pu vaincre l'obstina- encore subsister Pharaon, s'il ne l'a pas
tion de Pharaon, Dieu lui fait annoncer encore anéanti avec les Egyptiens, c'est
qu'il va décharger sur lui de nouveaux pour deux raisons : d'abord afin de lui faire
coups plus terribles, gui ne le frapperont sentir sa puissance et de l'obliger à lui rendre
pas seulement à l'extérieur, mais pénétre- gloire, comme il le fera plus d'une fois ;
ront jusqu'à son cœur. Le pluriel < ' mes ensuite, afin que son nom soit célébré par
plaies » indique assez que cette menace ne toute la terre. La nouvelle de l'éclatante
se rapporte pas seulement à la septième, vengeance qu'il tiradece prince se répandit
celle de la grêle, mais à toutes celles qui en effet bien vite chez tous les peuples
restent, par lesquelles Jehovah veut faire voisins, et pénétra non seulement chez 'es
voir à Pharaon que, parmi tous les dieux Arabes, mais jusque chez les Grecs et les
qu'adorent les païens, ils n'en est point qui Romains, et enfin, avec l'Évangile chez tous
puisse être comparé à lui, le seul vrai Dieu. les peuples de la terre.
CHAPITRE I X 75
18. En pluam eras hac ipsa hora 18. Voilà que je ferai pleuvoir de-
grandinem multam nimis, qualis non main, à cette même heure, une grêle
fuit in ^Egypto, a die qua fundata épaisse à l'excès, comme il n'y en a
est usque in prsesens tempus. pas eu en Egypte, depuis le jour où
elle a été fondée jusqu'au temps pré-
sent.
19. Mitte ergo jam nunc, et con- 19. Envoie donc des maintenant et
grega jumenta tua, et omnia quae rassemble tes bêtes de somme et tout
habes in agro; homines -enim, et ju- ce que tu as dans les champs ; car les
menta, et universa quao inventa fue- hommes et les animaux et tout ce qui
rint foris, ncc congregata de agris, se trouvera dehors et n'aura pas été
cecideritque super ea grando, morien- ramené des champs, tous ceux sur
tur. qui tombera la grclc, mourront.
20. Qui timuit verbum Domini de 20. Celui des serviteurs de Pharaon
servis Pharaonis, fecit confugere ser- qui craignit la parole du Seigneur lit
vos suos, et jumenta in domos ; réfugier ses serviteurs et ses betes de
somme dans les maisons.
21. Qui autem ncglexit sermonem 21. Mais celui qui négligea la pa-
Domini, dimisit servos suos, et ju- role du Seigneur, laissa ses servi-
menta in agris. teurs et ses botes de somme dans les
champs.
22. Et dixit Dominus ad Moysen : 22. Et le Seigneur dit à Moïse :
Extende manum tuam in coelum, ut Etends ta main vers le ciel pour que
fiat grando in universa terra .¿Egypti, la grêle tombe sur toute la terre d'E-
super homines, et super jumenta, et gypte, sur les hommes et sur les ani-
super oinnem herbam agri in terra maux et sur toute herbe des champs
.Egypti. dans la terre d'Egypte.
23. Extenditque Moyses virgam in 23. Et Moïse étendit la verge vers
coelum, et Dominus dedit tonitrua, et le ciel, et le Seigneur envoya des
18. — En pluam cras hac ipsa hora dit L. de Laborde, est tout aussi extraordi-
grandinem... Dieu diffère ce fléau jusqu'au naire en Egypte dans sa seulo apparition
lendemain pour laisser encore à Pharaon le que l'effet terrible que Io texte décrit le se-
temps de la réflexion. rait dans los pays ou ce phénomène naturel
19. — Mitte ergo jam nunc... Le con- se reproduit en sa saison. Il pleut chaque
seil que Moïse est chargé de donner au roi, année, quelquefois au Caire, et plus souvent
et qui fut suivi par les Egyptiens qui crai- dans la Basse Egypte... Prise d une manière
gnaient Jehovah, est un trait do la clémence générale, la pluie en Egypte est une excep-
divme, qui ménage encore ce pr-ince endurci tion, un accident. Dans la Haute ISgypto,
ot, prévoyant qu'il continuera à lui résister, c'est un événement aussi surprenant qu'il
veut du moins lui adoucir Io nouveau châ- est rare (Aristide, Orat. JSgypt.). Hérodote
timent que va lui attirer son obstination. nous apprend que, sous le règne de Psam-
D'ailleurs, selon la remarque de Théodoret, méticus, il y eut un prodige : il plut à
Dieu savait que parmi ses sujets il y en Thèbes(l. Ilf, 10). C'est en effet un évé-
avait qui méritaient d'être épargnés. nement teUement rare que le père de l'his-
23. — Et Dominus dédit toniirua, en toire pouvait l'appeler un prodige. —
hébreu « des voix ». C'est ainsi qu'est dési- La grêle, do même que la noigo, ost
gné le tonnerre, comme étant la plus ex- tout à fait inconnue en Egypte, si ce n'est à
pressive manifestation de la toute-puissance Alexandrie, Rosette et Damiette, qui, comme
divine, qui par lui parle aux hommes et tous les ports de mer, sont soumis à un
leur inculque sa crainte, la terreur de ses autre climat que l'intérieur du pays. Qu'on
jugements. Cfr ci-après xix, 16; xx, 18; se figure donc l'apparition d'un fléau aussi
Ps. xxvm (hébr. xxix), 3-9; Apocal. x, cruel qu'inattendu, d'une grêle, espèce de
3 et seq. — Et grandinem.« La grêle, pluie do pierre, pour un pays qui n'en con-
L'EXODE
naît pas les effets dévastateurs, et qui voit fus d'obéir à Dieu. Cette restriction montre
tomber sous sa violence les hommes, les déjà que son repentir n'était pas bien pro-
animaux, les arbres et les fruits de la terre. fond, et que c'était plutôt la terreur causée
Supposons gu'on nous annonce on Europe, par l'effrayant spectacle qu'il avait sous les
an mois de juillet, de la neige, et que la yeux qui lui arrachait l'aveu de son péché
terre en soit couverte à l'époque fixée, cet qu'une véritable contrition. C'est ce que
événement, .auquel nous sommes habitués confirme la suite de son discours, y. 28,
dans une autre saison, n'aura-t-il pas, par où il expose le vrai motif qui le fait parler :
la prévision dont il a été le sujet, un ca- c'est d'être délivré des voix de Dieu et de
ractère qui frapperait les esprits ? L'orage la grêle.
qui, selon le texte de la Bible, s'éleva par 28. — Ut dimittam vos.., ; d'après l'hé-
. l'ordre do l'Eternel pour punir le Pharaon, breu : « et je vous laisserai aller, et vous
était donc extraordinaire dans sa présence ne resterez plus ».
et dans ses résultats. Il l'était également 29. — Ut scias quia Domini est terra,
, dans son à propos et dans la préservation afin que tu saches que le pouvoir de Jeho-
de la terre de Goshen ». vah s'étend, non sur un pays particulier
27. — Peccavi etiam nune. Dans le seulement, mais sur la terre entière, y com-
texte Pharaon dit seulement : « J'ai péché pris l'Egypte. « Les païens, dit D. Galmet,
cette fois », sans reconnaître qu'il se soit s'imaginaient que chaque pays avait des
déjà rendu coupable par ses précédents re- déités particulières, dont le pouvoir ne s'é-
CHAPITRE ÍX 11
et grando non erit: ut scias quia Do- seront et il n'y aura plus de grêle, afin
mini est terra. que vous sachiez que la terre est au
Seigneur.
30. Novi autem, quod et tu, et 30. Mais je sais que, soit vous, soit
servi tui, necdum timeatis Dominum vos serviteurs, vous ne craignez pas
Deum. encore le Seigneur Dieu.
31. Linum ergo et hordeumlflßsum 31. Le lin et l'orge furent donc
est, eo quod hordeum esset virens, endommages, parce que l'orge était
et linum jam folliculos germinaret; verdoyant et que le lin avait déjà
poussé de petites feuilles.
32. Triticum autem et far non sunt 32. Mais le froment et le seigle ne
leesa, quia serotina erant. furent pas endommagés, parce qu'ils
étaient plus tardifs.
33. Egressusque Moyses a Pharao- 33. Et Moïse quittant Pharaon sor-
ne ex urbe, tetendit manus ad Domi- tit de la ville; il étendit les mains
num ; et cessaverunt tonitrua et gran- vers le Seigneur, et les tonnerres et
do, nec ultra stillavit pluvia super la grêle cessèrent, et la pluie ne
terram. tomba plus sur la terre.
34. Videns autem Pharao quod ces- 34. Mais Pharaon, voyant que la
sasset pluvia, et grando, et tonitrua, pluie et la grêle et les tonnerres
auxit peccatum; avaient cessé, accrut sa faute.
tendait point sur les pays des autres dieux. l'Egypte, est mûre à la fin d'Avril, et sans
Moïse fait remarquer à Pharaon que le doute plus tôt dans les contrées du midi,
Dieu des Hébreux était le Dieu de toute la. puisque, d'après d'autres indications, Io i'ro-
terre, de tous les éléments, et de l'Egypte ment et l'épeautre arrivent en môme t e m p 3
en particulier, puisqu'il y avait fait des à la maturité. La plaio de la grôle doit donc
prodiges dans l'air, dans l'eau, sur la terre, être arrivée vors la fin de janvier, au plus
sur les hommes et sur les animaux ». Cfr tard dans la première moitié de février, de
ci-dessus vmi, 10 et 22. manière qu'il y a au moins environ huit se-
30. — Novi autem quod et lu... Moïse maines entre la septième plaie et la dixième.
Telles sont les dates données par Keil. Soloa
veut parler de la véritable crainte de Dieu, d'autres, la sixième plaie aurait frappa l'E-
qui renferme la soumission à sa volonté. gypte à lafindo février ou au commencement
31 et 32. — Linum ergo et hordeum de mars. Ces divergences viennent de ce que
lœsum est, d'après l'hébreu « percussum les années ne se ressemblent pas toutes, mais
est ». L'historien rapporte les effets de la résentent quelques diversités résultant des
rêle afin de faire connaître le dommage
éjà causé et ce qui restait à perdre si Pha-
P ifférences de température, de culture, etc.
Par cette plaie, la moitié dos plus importan-
raon persévérait dans son rouis. Le lin et tes révoltes du pays était détruite : l'orge,
l'orge n'étaient pas encore mûrs, mais ils partió considérable do l'alimentation pour
étaient déjà en boutons et en épis, de sorte les hommes, particulièrement dans la classe
qu'ils furent brisés et anéantis par la grêle. pauvre, et pour le bétail ; et le lin, qui était
Par contre, « le froment et l'époautre ne furent aussi, d'après Hérodoto II, 81,105, un pro-
pas frappés, parce qu'ils sont tardifs »,d'où il duit très important de 1 Egypte ; tandis que
résulta qu'ils n'étaient pas encore assez l'épeautre, dont les Egyptiens, au témoignage
avancés pour que la grêle pût leur nuire. d'Hérodote II, 36, 77, Taisaient principale-
Ces indications s'accordent avec les condi- ment leur pain, et le froment restaient en-
tions naturelles de l'Egypte. Dans ce pays core intacts. Selon Wilkinson (sur Hérod.
l'orge est déjà en partie mûre à la fin de II, 36), l'époautre est le seul grain repré-
février ou au commencement de mars ; le senté sur les sculptures ; son nom se rencon-
lin fleurit à la fin de janvier et pousse aussi tre très souvent sur les monuments avec
des boutons vers ce temps. Le froment mû- d'autres espèces.
rit à la fin de mars et au commencement 34. — Auxit peceatum, littéralement
d'avril ; l'épeautre, dans la région d'Alexan- d'après l'hébreu : addiditpeccare, « continua
drie, par conséquent tout au nord de á pécher ».
78 L'EXODE
33. Et son cœur fut appesanti ainsi , 35. Et ingravatum est cor ejus,
que celui de ses serviteurs; il fut en- et servorum illius, et induratum
durci à l'excès. Il ne laissa pas partir nimis; nec dimisit filios Israel, sicut
les enfants d'Israël, comme l'avait preeceperat Dominus per manum
ordonné le Seigneur par la main de Moysi.
Moïse.
CHAPITRE X.
Huitième plaie : les sauterelles, 1-20. — Ntuvièir.e plaie : les ténèbres, 21-29.
35. — El ingravalum est cor ejus... Le «au milieu de lui», à savoir, de Pharaon
texte hébreu signifie à la lettre : «et considéré commo représentant les Egyptiens.
il appesantit son cœur, lui ot ses servi- 2. — Et narres in auribus fila tui...
teurs; et le cœur de Pharaon se fortifia» Dieu parle ici à Moïse comme au représentant
ou « s'affermit » dans sa résistance aux ordres de son ponplo. Comment f.sraol raconta ce3
de Dieu. L'apposant issement du cœur do T
prodiges à ses fl s et à ses petits-fils, c'e&l CJ
Pharaon, ou son endurcissement, est ainsi que montrent les psaumes LXXVII et civ. —
repré-îenté dans les termes* les pins clairs Quoties conlriverim /Eyyptios, plus exac-
comme b produit do si volonté porverse. La tement d'après l'hébreu : quœ operatus sim
part de Dieu dans cet appesanlissement est in ASgyptios, «comment j'ai traité les Egyp-
énoncée dans lo verset suivant. tiens», comment j ai exercé ma puissance
contre eux.
8° Huitième plaie : le; Sauterelles, X, 1-30
3. — Usquequo non vis subjici mi/iil
Chap. x. — i. — № faiam signa mea dans le texte hébreu : «jusqu'à quand reui-
hœc in eo, littéralement d'après l'hébreu: sjs-hi de t'humilier devant moi»?
GHAPmiS X ID
5. — Quœ operiet superficiem terrœ : mêmes en réalité qui, par leur résistance
littéralement d'après l'hébreu : «et elle insensée aux ordres do Dieu, dont Mo.'sjii'é-
couvrira l'œil de la terre ». Cette expression, tait que le ministre et l'interprète, se fai-
qui est particulière au Pentateuquc, où elle saient les instruments de leur porto.
ne revient plus qu'au verset 15 et Nombr. 9. — Cum parvulis noslrts . . . Moïse
XXII, 5 et II, repose sur l'ancienne et poé- parle au nom des pères de famille avec les-
tique idée que la terre, avec sa parure de quels sont aussi comprises les mères. 11 veut
plantes, regarde l'homme. C'est dans la dire que le peuple hébreu tout entier s^ra
multitude de ces insectes, qui couvrent la de ce voyage, sans aucune exception. Pha-
terre jusqu'au point de la roiTÏre invisible, raon avait d'autant moins sujet do son
que consiste ce que cette plaie a de terrible étonner et de le trouver mauvais quo do
pour les campagnes, où elle ne laisse plus pareilles l'êtes, auxquelles toute la popula-
aucune verdure. tion prenait part, étaient fréquentos chez
7. — Usgucqito paiiemur hoc scanda- les Egyptiens, qui se glorifiaient d'onêtre les
luml «quia scilicet detinendo Hebrsres in inventeurs. D'après Hérodote, n,58 ot suiv.,
durissima main continuo impingimus ». Corn, le nombre f'es Hommes et des femmes qui se
a Lap. L'hébreu signifie à la Iottre : itsque- rendaient à celles de Bubaste s'clovait jus-
quo erii h'C, scil. Moyses, nobis in laque- qu'à sept cent mille, sans les enfants.
uni ? D'après eux, Moïse était pour les Egyp- 10. — Sic Dominns sit vobiscum.,. C'est
tiens ce qu'est un piège pour les animaux une ironie qui n'ost guère moins injurieuse
sauvages, un instrument de mine, un fléau à Dieu même qu'à Moïse et à Aaron. — Cui
destructeur. Cela était vrai jusqu'à un cer- dubium est auod pessime cogiletis, littéra-
tain pDint, mais par leur faute, uniquement lement d'après l'hébreu : « voyez que le mal
parce qu'ils le voulaient ainsi. C'étaient eux- est devant vos faces «, c'est à dira, que
80 LEXODK.
laisserai partir vous et vos enfants. tam vos, et parvulos vestros: cui du-
Qui peut douter que vous n'ayez de bium est quod pessime cogitetis?
très mauvaises pensées?
11. II n'en sera pas ainsi, mais que 11. Non fìet ita, sed ite tantum
les hommes seulement aillent et sa- viri, et sacrificate Domino; hoc enim
crifient au Seigneur; car voilà ce que et ipsi petistis. Statimque ejectì sunt
vous avez vous-même demandé. Et de conspectu Pharaonis.
aussitôt ils furent chassés de la pré-
sence de Pharaon.
12. Mais le Seigneur dit à Moïse : 12. Dixit autem Dominus ad Moy-
Étends ta main sur la terre d'Egypte sen : Extcnde manum tuam super
pour les sauterelles, afin qu'elles mon- terram iEgypti ad locustam, ut ascen-
tent sur elle et dévorent toute l'herbe dat super earn, ct devoret omnem
que la grêle aura épargnée. herbam quae residua fuerit grandini.
Ps. 104. 34.
13. Et Moïse étendit la verge sur 13. Et extendit Moyses virgam su-
la terre d'Egypte, et le Seigneur ame- per terram iEgypti; et Dominus indu-
na un vent brûlant tout ce jour-là et xit ventum urentem tota die ilia et
toute la nuit; et, le matin venu, le nocte; et mane facto, ventus urens
vent brûlant apporta les sauterelles. levavit locustas.
vous vous proposez le mal, que vous avez terelles des déserts qui s'étendent derrière
de mauvais projats, à savoir, de quitter les montagnes de Djxlda et les pousser par
l'Egypte. dessus l'étroite mer Rouge. Ce vont les jette
11.—Sed ite tantum viri. Pharaon sa- dans les plainos de l'Egypte, et surtout dans-
vait fort bien que, avec cotte restriction, celle de la Basse Egypte et dans les envi-
purement arbitraire d'ailleurs, puisque en rons de Memphis, ou les dégâts, attaquant
Egypte, comme nous l'avons vu plus haut, les propriétés des courtisans de Pharaon,
on célébrait des fêtes auxquelles les femmos produisent plus d'effet sur l'esprit de ce mo-
prenaient part commo los hommes, sa per- narque. Si l'on adopte pour l'explication du
mission no serait pas acceptée. Aussi était- mot kadim un vent violent ou un vont du
elle si peu sérieuse qu'il n'attendit pas sud, il faut alors se rendra compte de con-
même la réponse pour faire chasser Moïse tradictions qu'il est difficile d'accorder entre
et Aaron de sa présence.—Hoc enim, à sa- elles. — Les déserts de l'Ethiopie peuvent,
voir, de sacrifier à Jehovah, devoir pour sans aucun doute, sorvirde foyer de reproduc-
l'accomplissement duquel il prétend que les tion de sauterelles. Mais une fois qu'elles
hommes suffisaient. sont en état de voler, il n'est pas possible
12. — Ad locicslam, de manière que la qu'un vont de vingt-quatre heures les amè-
sauterelle vienne. ne en Egypte à la hauteur de Memphis. La
13. — Et Dominas induxit ventum distance est trop grande ; ces insectes d'ail-
urentem. L'expression du texte que la Vul- leurs ne s'envoiant que pour trouver leur
gate rend par « ventum urentem » est rvn nourriture, doivent s'arrêter dès qu'ils aper-
çoivent des champs cultivés. Ce serait donc
DHJJ, qui signifie « vent d'orient », quoique souloment après avoir ravagé tous les blés
les Septante suivis par Bochart le tradui- et toutes les cultures, depuis les terrains
sent par voTor, « vent du sud » •parce que les fertiles de la Haute Nubie jusqu'aux Pyra-
troup3S de sauterelles viennent ordinaire- mides, qu'elles auraient fait invasion sur les
ment en Egypte de l'Ethiopie ou de la Li- champs de Memphis. D'abord il est fiiificile
bye, par conséquent avec le vent du sud ou d'admettre la possibilité de cette dévasta-
du sud-ouest. Mais elles y sont aussi ame- tion générale. Mais en l'adoptant, il faut
nées d'Arabie par le vent d'orient, comme Ta également admettre un vent continuel du
observé Denon cité par Hengstenberg, Die sud, et non pas seulement do vingt-quatre
Buch. Mos.,p. 122. II y a plus : selon l'obser- heures. Alors le pharaon d'Egypte en aura.t
vation de L. de Laborcle, «vingt-quatre été instruit pondant cinq semaines ou un
heures d'un vont violent venant d'est sont mois, et il n'aurait guère fait attention à un.
plus que suffisantes pour faire lever les sau- ravage qui lui venait d'une manière si n a -
CHAPITRE X 81
14. Quee ascenderunt super univer- 14. Elles montèrent sur toute la
sam terram iEgypti; et sederunt in terre d'Egypte, et s'abattirent sur
cunctis finibus iEgypliorum innume- tous les confins des Egyptiens,
rabiles, quales ante illud tcmpus non innombrables et telles qu'il n'y en
fuerant, nec postea futuree sunt. avait pas eu avantce temps-là et qu'il*
15. Operueruntqueuniversam super- n'y en aura plus à l'avenir.
ficiem teme, vastantes omnia. Devó- 15. Et elles couvrirent toute la sur-
rala est igitur herba terras, ct quid- face de la terre, dévastant tout. L'her-
quid pomorum in arboribusfuit, quae be de la terre fut donc dévorée, ainsi
turelle, et semblait coïncider si peu exacte- notre mouche commune; ses ailes sont rou-
ment avec Tordre de Moïse ». Du reste, les lées sur le dos et ses quatre grandes pattos
vingt-quatre heures que dura le vent avant enfermées dans une gaine. Quand, après une
'd'apporter les sauterelles indiquent déji, série de quatre translormations successives,
.selon l'observation de Keil, qu'elles sont qui durait de neuf à dix semaines, l'insecte
amenées de ]pin, preuve que le souverain a atteint son complet développement, ses
pouvoir de Jéhovah s'étend encore bien au- ailes se déploient, ses pattes se dégagent, sa
delà des limites de l'Egypte, qu'il embrasse couleur a cessé d'ôtro brune ou noire pour
tous les pays. — Ventus urens levavit lo- devenir jaune d'or, verte ou rose couleur do
cusias ; a'après l'hébreu : « le vent d'orient chair, rayée de lignes foncées. La famille
apporta les sauterelles ». des sauterelles compte de nombreuses es-
14. — Quales ante illud tempus non fue- pèces. Celle qui nous occupa ici doit à ses
rant, nec poslca fulurœ sunt. Ce passage habitudes le nom scientifique de locusta
n'est nullement contreJit par celui de Joël, migratoria ou sauterelle voyageuse. —
II, 2, qui n'est pas conçu en termes aussi Arrivée ainsi à l'âge adulte, elle marche
absolus, et dans lequel il s'agit de la Judée toujours devant elle, semant partout sa
avec allusion à ce qui est raconté ici de nombreuse postérité et ravageant tout sur
l'Egypte pour indiquer un châtiment d'une son passage. Lorsque les conditions atmos-
rigueur semblable. phériques ont été favorables à l'éclosioii des
15.— Operueruntque universam super- sauterelles, elle3 sont en si grand nombre
fciem terrœ, vastantes omnia; d'après qu'elles méritent bien le nom que leur don-
l'hébreu: «et elle (la sauterelle) couvrit naient les Hébreux, arbêh, « les nom-
l'œil de toute la terre, et obscurcie fut la breuses », ou un des noms que leur don-
terre». Gir. Joël i et n ; Apoc. ix, 3 —10. nent les Arabes, danahsah, qui signifie
« Los invasions de sauterelles, dit M. Vigou- «colles qui cachent le soleil». — Elles
roux, sont un des fléaux les plus terribles cachent aussi la terre quand elles s'y r e -
-qu'aient à redouter un grand nombre de posent, et la font complètement dispa-
populations. Tout le pays qui s'étend du raître sous leurs légions denses et pressées.
cap de Bonne-Espérance à Ja Norwègo, de Le vent est le complice et l'instrument né-
la Chine au cap Vert, et on particulier de cessaire des dégâts commis par les saute-
l'Arabie à l'Inde, du Nil et de la mer Rouge à relles. Quoiqu'elles aient uno puissance de
la Grèce et au nord de l'Asie Mineure, tout vol considérable et qu'elles soient capables
ce pays est exposé à leurs dévastations. On de franchir de grandes distances, elles ne
a vu des légions de ces insectes traverser peuvent cependant se diriger à leur gré :
la mer Noire et porter leurs ravages jus- instrument aveugle de la Providence, eilos
qu'en Pologne, franchir la Méditerranée et sont complètement livrées à la merci du
aller ruiner les plaines de la Loinbardie. vent, dont le souiïle les porte au but que
Mais malgré ces voyages lointains, on peut Dieu leur a marqué j quand il se lève brus-
assigner comme patrie à la sauterelle le sud quement, elles sont agitées comme les flots
de Tandon monde, et plus spécialement la de la mer, et si une trombe, ce qui n'est
frontière des pays cultivés, comme l'Arabie oint rare dans les contrées où elles abon-
déserte, la Syrie. Les femalles, vers le mois
d'octobre, déposent leurs œufs dans des ter-
Sportées
ent, vient à les surprendre, elles sont em-
çà et là par le tourbilon furieux,
res sèches et à l'abri du vent ; ils sont enve- sans pouvoir réussir à se débarassor
loppés d'une substance gluante qui se durcit de son inextricable étreinte. — 11 faut
sous l'influence de la sécheresse du sol ; la avoir été soi-même témoin du passage
chaleur du soleil les fait éclore au prin- d'une nuée de sauterelles pour se représen-
temps, vers le mois de mars ou d'avril. La ter l'espace que pouvent occuper ces légions,
jeune sauterelle est beaucoup plus petite que qu'on ne peut comparer qu'aux gouttes d'eau
S u
BlULE — EXODE. — 6.
82 L'EXODE.
que tout ce qu'il y avait de fruits sur grando dimiserat; nihilque omnino
les arbres et tout ce que la grêle avait virens relictum est in lignis, et in
épargné, et plus rien de vert herbis terras, in cuncta iEgypto.
ne fut laissé sur les arbres et sur les
herbes delà terre dans toute l'Egypte.
ou aux grains de sable de la mer. On dirait celui qui l'a déchaîné. — Il est si odieux
que le désert s'est animé et que chaque dans les contrées qu'il ravage que les an-
grain do sable est devenu un être vivant. ciens Manichéens concluaient de son exis-
Leur multitude obscurcit la lumière du so- tence l'existence du mauvais principe en
leil et projette une ombre épaisse sur la ter- opposition a\ec le principa cfu bien, et
re (Joël II, 2,10). Cette masse compacte, vue qu'un écrivain arabe nous a fait de la §au-
de loin, lait l'effet d'une montagne aérienne terollo cette description monstrueuse : elle
qui s'avançai ait lentement et sans interrup- a la tête du cheval, les yeux de l'éléphant, le
tion, sur un front de plusieurs kilomètres cou du taureau, es cornes du cerf, la
d'étendue. Malheur au pays qu'elles traver- xritrine du lion, e ventre du scorpion,
sent, si le vent se calme et laisse aux insec- es ailes de l'aigle, les jambes du chameau,
tes dévastateurs le temps de se reposer ! Us os pieds de l'autruche et la queue du serpent.
tombent plus drus et serrés que des flocons — Enfin, quand lo3 sauterelles sont repues
de neige ; le sol est aussitôt complètement si elles n'ont pas tout détruit, ollcs souillent
couvort comme d'un immense matelas mou- tout ce qui reste, comme les antiques har-
vant ot grouillant. Los Orientaux les ont pies, de leur bave immonde, qui corrode et
souvent comparés à une armée envahissante. brûle tout ce qu'elle touche. Heureux en-
Une armée ennemie peut faire plus de mal core si le vent qui les a apportées las em-
aux personnes, mais non aux champs et à porte enfin plus loin ; car elles foraient
la campagne. Les sauterelles dévorent tout, plus de mal après leur mort qu'elles n'en
l'herbe verte disparaît en un instant ; quan.l ont fait pondant leur vie: leurs cadavres, en-
elle est dévorée, c'est le tour des arbres. tassés en monceaux, deviendraient un foyer
Elles grimpant par myriadas, enmangoant de corruption qui empesterait l'atmosphère et
toutes les iouilles, etoongent jusqu'à Técorce produirait bientôt des maladies contagieu-
des rameaux. Elles escaladent les murs des ses qui feraient périr les hommes dont'les
maisons qui se rencontrent sur leur passage, récoltes ont déjà été ravagées. — Dieu, qui
en couvrent les ouvertures, pénètrent dans voulait frappor le grand o u p contre la p3r-
les appartements et attaquent, quand elles sonne des Egyptiens seulement lorsqu'ils au-
ont faim, le bois des portes et des meubles. raient résiste à tous les autres moyens des-
Leur voracité est telle qu'on entend à uno tinés à les plier à sa volonté, leur épargna
grande distance le bruit causé par ces mil- ce dernier malheur : un vent d'est avait
liers de petites mâchoires dévorant le ga- amené les sauterelles sur le sol de l'Egyp-
zon et le feuillage. Devant ollcs, le para- te, un vent du nord, soufflant de la mer
dis ; derrière elles, le désert. — Impos- Méditerranée, les jeta dans la mer Rouge,
sible de prévenir et d'empêcher ces dé- où elles périrent étouffée i ; mais olles. avaient
gâts et ces ruhîcs. L'homme, armé de tou- déjï exécuté l'œuvre do dévastation que
tes ses ressources do destruction, est im- leur avait assignée la Providence : tout ce
puissant contre ce patit animal, dont l'u- que la giêle avait épargné était devenu leur
nion rend la force irrésistible. Une voiture, proie : le froment, l'épeautre, tous les fruits
surprise par cette avalanche, est forcée de des arbres, tous Jes légumes de la terre.
s'arrêter ; les chevaux, aveuglés et affolés,
relusent tout service, ne sachant comment — Co nouveau malheur remplit les Egyp-
se dérober aux coups multipliés de ces mil- tiens de consternation. La grêle leur avait
liers d'ennemis, qui se hourtent contre tout enlevé la première p irtie de leurs récoltes,
ce qu'ils rencontrent. Des régiments entiers ils espéraient au moins sauver la seconde ;
rie soldats ont tenté en vain d'arrêter leur mais maintenant tout avait péri, et la fa-
marche. On creuse des tranchées pour leur mine s'avançait menaçante. Le désastre
servir de tombeau : l'avant-garde les com- était d'autant plus ressenti qu'il était plus
ble de leurs corps morts, et le reste de l'ar- rare. De même que la grêle, les dévastations
mée continue a avancer. On allume des de sauterelles ne sont pas fréquentes en
feux sur leur passage : les premières I'étouf- Egypte. Nous apprenons par les monuments
fent sous leur multitude, et les autres pas- et par les récits des voyageurs qu'elles n'y
sent. Cest bion véritablement le fléau de sont pas inouïes, mais aussi qu'elles n'y sont
Dieu, que rien ne peut arrêter, si ce n'est pas communes. Elles sont assez connues pour
justifier le récit de l'Exode ; elles ne le sont
CHAPITRE X 83
16. Quamobrem fesünus Pharao vo- 16. C'est pourquoi Pharaon se hâta
cavit Moysen et Aaron, et dixit eis : d'appeler Moïse et Aaron et'leur dit :
Peccavi in Dominum Deum vestrum, J'ai péché contre le Seigneur votre
et in vos. Dieu et contre vous.
IT; Sed nunc dimittite peccatum 11. Mais maintenant pardonnez-moi
mihi etiam hac vice, et rogate Domi- mon péché cette fois encore, et priez
num Deum vestrum, ut auferat a me le Seigneur votre Dieu qu'il éloigne
mortem istam. de moi cette mort.
18. Egressusque Moyses de con- 18. Et Moïse s'éloignant de la pré-
spectu Pharaonis, oravit Dominum. sence de Pharaon pria le Seigneur,
19. Qui flare fecit ventum ab occi- 19. Qui fit souffler de l'occident un
dente vehementissimum, et arreptam vent très violent,lequel enleva les saute-
locustam projecit in mare Rubrum; relles et les jeta dans la mer rouge, et
non remansitne una quidem in cunc- il n'en resta pas une seule dans tous
tis finibus iEgypti. les confins de l'Egypte.
20. Et iflduravit Dominus cor Pha- 20. Et le Seigneur endurcit le cœur
raonis, nec dimisit filios Israel. de Pharaon,et il ne laissa pas partir
les enfants d'Israël.
21. Dixit autem Dominus ad Moy- 21. Or le Seigneur dit à Moïse :
sen : Extende manumtuam in coelum ; Etends ta main vers le ciel, et qu'il y
et sint tenebrae super terram MGYPÜ, ait sur la terre d'Egypte des ténèbres
tarn densse ut palpari queant. si épaisses qu'on puisse les toucher.
P*. 104. 28.
22. Extenditque Moyses manum in 22. Et Moïse étendit la main vers
coelum : et factee sunt tenebree horri- le ciel, et il y eut des ténèbres horri-
pas assez pour lui ôter son caractère mira- roseaux qui poussaient, comme dans les ma-
culeux (La Bible, etc., t. II, p. 303 et suiv.), » rais, avec une abondance capable d'attirer
caractère, du reste, qui, ces dévastations lus- l'attention et de so fixer dans la mémoire.
sent-elles plus fréquentes, lui resterait en- Un nom populaire pouvait facilement sortir
core assure par toutes les autres circons- do es souvenir». «Cependant, dit le même
tances. CI\\ Bochart, Hieroz., P. II Iib.iv,c. I: auteur, il n'existe plus aujourd'hui quo bien
L. de Laborde, Comment, géogr., p. 44 et peu de traces de ces joncs sur les côtes du
suiv. golfe de Suez, dont le fond rocailleux et sa-
16. — Peccavi in Dominum . . . Ce n'est blonneux, brûlé en outre à marée basse par
donc pas la connaissance do son péché qui le soleil, ne pout entretenir aucuao végéta-
manque à Pharaon, mais bien le repentir tion. Je n'ai vu, sur un espace do 150 lieues
sincère et la volonté de se corriger. L'aveu de côtes, que les algues ordinaires de toutes
qu'il .'ait n'a d'autre cause que le désir d'être los mers rojetees sur le rivage, et qui n'a-
délivré du fléau que lui a attiré sa désobéis- vaiont rien d'assez particulier pour donner
sance aux ordres de Dieu. un nom à celle ci ». Les Saptante, suivis par
17. — Ut auferat a me mortem istam. la Vulgate, ont adopté le nom de mor Rouge
Il désigne ainsi les sauterelles, que Pline qu'on donnait do leur temps à cette mer et
appelle aussi « Deorum irse pestis (H. N. n, qu'elle conserve encore aujourd'hui.
29)». Elles sont en effet, dit Bochart, «la 9* Neuvième plaie : les ténèbres, ff. SI-90.
mort des champs, des herbes et des arbres ».
19. — Et arreptam locustam projecit 21. — Et sint tenebree super terram
in mare Rubrum, en hébreu : « dans la Mrjypti... Cette plaie devait affecter d'au-
mer de Souph » ou «c de jonc », nom qu'elle tant plus péniblement les Egyptiens qu'elle
doit sans doute aux joncs qui croissaient au- leur ferait voir l'objet principal de leur cul-
trefois sur ses bords. « II est probable, dit L. te, Ra, le Soleil-dieu, réduit à une complète
de Laborde, qu'à l'époque du passage des impuissance.
Hébreux, le golie de Suez, qui s'étendait beau- 22, — El factœ sunt tenebrœ horribiles^
coup plus au nord, donnait naissance, dans littéralement d'après l'hébreu : « dos ténè-
des bas-lbuds remplis de terre végétale, à des bres d'obscurité », c'est-à-dire, des téaèbres
84 L'EXODE.
Mes sur toute la terre d'Egypte pen- biles in universa terra ^Egypti tribus
dant trois jours. diebus.
nous ; il n'en restera pas un seul pied. cum; non remanebit ex eis ungula,
Ils nous sont nécessaires pour le culte quse necessaria sunt incultum Domini
du Seigneur notre Dieu, d'autant plus Dei nostri ; prtesertim cum ignoremus
que nous ignorons ce qui doit lui être quid debeat immolari, donec ad ipsum
immolé, jusqu'à ce que nous arrivions locum perveniamus.
à l'endroit même.
27. Mais le Seigneur endurcit le 27. Induravit autem Dominus cor
cœur de Pharaon, et il ne voulut pas Pharaonis, et noluit climitterc eos.
les laisser partir.
28. Et Pharaon dit à Moïse : Retire- 28. Dixitque Pharao ad Moysen :
toi de moi, et garde-toide voir encore Recede a me, et cave ne ultra videas
ma face: le jour où tu paraîtras devant faciem meam ; quocumque die appa-
moi tu mourras. rueris mihi, moricris.
29. Moïse répondit : Il en sera 29. Respondit Moyses : Ita fiet ut
comme tu as dit; je ne verrai plus ta Iocutus cs, non videbo ultra faciem
face. tuam.
CHAPITRE XL
29. — lia fiel ni locutus es. Moïse prend communication à Moise en un instant, sans
au mot Pharaon : il n'enfro'ndra pas sa que ni Pharaon ni aucun autre des assistants
défende pour paraître encore devant lui ; et s'aperçussent de rien. Les autres indications
en effet il no s'y présenta plus de son propre seraient venues s'y joindre, comme à un
mouvement par l'ordre de Dieu, comme il point central, par une sorte d'attraction;
avait fait plusieurs fois jusque là : ma s seulement ce qui concerne- la demande à
c'est lui-même qui se vit contraint de reti- faire aux fayotions do leurs vases d'or et
rer sa menace, ci-après xu, 31. Ce que o'argent, dont l'idée se trouve déji plus haut,
Moïse dit encore à ce prince avant de le m, 21, paraît avoir été rappalé dans plu-
quitter est rapporté dans le chapitre sui- sieurs occasons. Cependant la plupart dos
vant, ff. 4-8. modernes pensent que Moïse avait déjà reçu
10° Dixième plaie : la mort des premiers-nés, XI-
cette communication avant de se présenter
XII, 30. à Pharaon, de sorte qu'elle forme, avec les
renseignements qui la suivent, une espèce de
a) Dieu annonce à Moise la dixième plaie, XI, 1-10.
parenthèse ayant pour but d'expliquer l'as-
GIIAP. xi. — i. — Et dixit Dominus ad surance avec laquelle il lui a fait la déc'a-
Moysen . . . II semblerait, à ne cons dérer ration qui précède. D'après plusieurs d'entre
que la suite du ré it, que Dieu adressa ces eux, l'hébreu mrp Tprifl devrait en consé-
paroles à Moise pendant l'entrevue de celui- quence se rendre par le plus que parfait :
ci avec Pharaon, immédiatement après la « et », ou « or Jehovah avait d.t », comme
défense que lui avait faite ce prince endurci l'entendait déji Aben-Ezra. Mais sans lui
de reparaître devant lui. C'est en effet le donner précisément ce sens, qui est au moins
sentiment do Cornélius a Lapida et de b 3 a u - très contestable, et tout en lui laissant celui
COUD d'anciens commentateurs, encore par- du parlait : « et Jehovah dit », ou peut ex-
tage par Lange, et il n'a rien qui répugne, pliquer la parenthèse supposée par la nw-
puisque Dieu pouvait évidemment faire cette nière simple de l'antique narration sémitique,
CHAPITRE XI. 87
et iEgyptum, et post hrec dimittet l'Egypte, après quoi il vous laissera
vos, et exire compellet. partir et vous forcera à vous en al-
ler.
2. Dices ergo omni plebi, ut postu- 2. Tu diras donc à tout le peuple
let vir ab amico suo, et mulier a vif que l'homme demande à son ami et la
cina sua, vasa argéntea et áurea. femme à sa voisine des vases d'argent
Sttpr. 3. 22. infr. i 2. 35. et d'or.
3. Dabit autcm Dominns gratiam 3. Et le Seigneur donnera faveur
populo suo qoram iEgyptiis. Fuitque à son peuple devant les Egyptiens. Et
Moyses vir magnus valde in terra Moïse fut un homme très grand dans
iEgypti, coram servis Pharaonis et la terre d'Egypte, devant les servi-
omni populo. teurs de Pharaon et tout le peuple.
Eccli. 43. i.
qui fournit dos exemples assez analogues, tribuer encore á la facilité avec laquclb ils
non seulement dans le Pontateuque, comme livrèrent leurs objets précieux aux Israélites,
Gen. IÏ, 19, et ici môme 9, mais encore et qui explique les marques do profond res-
dans d'autres livres de l'Ancien Testament, pect que los grands de la cour de Pharaon
•comme I (Vulg. III) Reg. vu, 13. Gfr. Keil donneront bientôt à un hommo pour lequel
sur Gen. il, 19, p. 61. La première explica- leur maître avait si p?n d'égards.
tion a l'avantage de s'adapter plus facilement k, — Et ait, «cil. Moyses. Le nom de
à la suite du texte; néanmoins je crois la Moïse est exprimé dans lo texte hébreu. Ce
seconde prétërab'e. — AdJiuc una plaga discours de Moïse à Pharaon est la suite de
tangam Pharaonem . . . I l n'est pas dit ici en la réponse qui termine le chapitre précédent.
quoi dot consister cette dernière plaie; nul — Media nocte egrediar in Aùgyptum*
doute cependant que Dieu ne Tait fait con- Dieu annonce l'heure de la nuit, mais non
naître à Moïse, puisque nous allons entendre la nuit même où aura liou s.m terrible pas-
celui-ci l'annoncer â Pharaon dans les termes sage à travers l'Egypte. Ce ne fût pas cello
les plus clairs ot les plus précis. — Et post qui suivit immédiatement cette entrevue de
Km-, dimittet vos et exire compellet : littérale- Mois.) avec Pharaon, puisquo ce n'e>t qu'a-
ment d'après l'hébreu : « après quoi il vous près s'être retiré que Moise reçut do Diou
laissera partir d'ici; quand il vous I n s é r a les prescriptions re'atives à la Pâque, pres-
partir totalement », c'est à dire, avec vos criptions (fui, d'après xii, 3-6, ont précédé de
troupeaux et tout ce qui vous appartient, plusieurs j mrs la célébration de cette fête et
« il vous chassera mémo d'ici «, il ne souf- le départ des Israélites de l'Egypte. Dans
frira pas que vous mettiez le moindre re- l'intervalle, la menace divine restait sus-
tard a quitter l'Egypte. pendue commo un glaive sur la tète des
2. — Dices ergo omni plebi tttpostulet... Égyptiens, do.it la crainte et l'anxiété étaient
Sur cette demande voyez ci-dessus m, 21 et encore accrues par l'ignorance où ils étaient
22, not. do la nuit látale. Cette nuit-là, Diou devait
3. — Dabit autem Dominus gratiam en quelque façon « sortir » de son trône
populo coram jEgyptiis; plus exactement céleste, c'est à dire, intervenir diro.tement
d'après l'hébreu : » et dodit Jehovah gratiam et immédiatement dan* los affaires humai-
populi in oculis /Egyptiorum » : Jehovah con- nes. Les plaies precedentes avaient été in-
cilia au pouple hébreu la faveur dos Egyp- flígeos par l'intermédiaire de Moïse et
tiens, qu'il disposa ainsi à lui accorder ce d'Aaron : c'est Diou lui-même qui allait
qu'il lui ordonnait de leur demander. — frapper le dernier coup.
Fuitque Moyses vir magnus valde . . . Il 5, — El morietur omne primogenitum
n'est pas étonnant que Moïse, accrédité, pour in terra Mgypliorum. Les promiors-nés,
ainsi dire, comme ambassadeur de Dieu au- comme che.s naturels et représentants des
près de Pharaon par tant de prodiges, eût familles, étaient particulièrement chers à
acquis une très grando considération parmi leurs parents. — A primogénito Pharao-
les Egyptiens, considération qui dut con- nis,'* Voy. ci-après, xn 29, note. — Usque
t
88 L'EN
des Egyptiens mourra, depuis le pre- in terra iEgyptiornm, a primogenito*
mier né de Pharaon, qui est assis sur' Pharaonis qui sedet in solio ejus, u s -
son trône, jusqu'au premier-né de la que ad primogenitum aucillm qiurj est
servante qui est à la meule, et tous les ad molam, et omnia primogenita ju-
premiers-nés des bètes de somme. mentorum.
/H/r. A, so.
6. Et il y aura un grand cri dans 6. Eritque clamor magnus in uni-
toute la terre d'Egypte, tel qu'il n'y versa terra ¿Egypti, qualis nec ante
en a jamais eu et qu'il n'y en aura fuit nec postea futuras est.
jamais plus.
1. Mais chez tous les enfants d'Is- 7. Àpud omnes autem filios Israel
raël le chien n'aboiera pas, depuis non mutiet canis ab homine usque a$l
l'homme jusqu'au troupeau, afin que pecus ; ut sciatis quanto miraculo
vous sachiez par quel miracle le Sei- dividat Dominus ifigyptios et Israel.
gneur sépare les Egyptiens et Israël.
bœuf, on oblige les esclaves de moudre le blé; 21. L'intentio.i de Moise n'est cependant pas
chez les Bédouins, cottebesog.:e est celle des de préciser que c'était le travail des esjlavcS,
femmes . . . — E î Orient. le blé se conserve rna:s de marquer par une image que la plaie
facilement; il n'en est pas de même de la fari- qui va frapper de mort tous les premiers-nés
ne; aussi les Arabes nomades et los habitants s'étendra dans toute l'échelle sociale, depuis
des villages, qui n'ont pas de grands moulins, le fils de l'esclave ou de la femme prisonnière
s'approvisio.inent-ils seulement de grains (XII, 29) jusqu'à l'héritier du trône —
qu'ils transforment en farine au riiretà mesu- omnia primogenita jumentoram. L'uni-
re de leurs besoins. De petits moulins à bras versalité de cette plaie sera si complète (jue
leur servent à cet effet ; leur utilité, comme les animaux mêmes y seront compris. Outre
la simplicité de Iour mécanisme, no peut la porte qui en résultera pour leurs proprié-
laisser aucun doute sur la stabilité de leur taires, les Egyptiens se verrait ainsi iran-
forme, qui a dû être dès l'origine ce qu'el'e p?s daii3 leurs superstitions. On sait en efTot
est aujourdhui.— Ces moulins sontlai'sde que chaque nome de l'Egypte avait sou ani-
deux p,erres plates de granit à gros grains, ou mal sacré qu'il adorait comme une mani.es-
d'un calcaire poreux et dur. El les ont un pied tation ou représentation de la divinité lo-
six pouces do diamètre et varient d épaisseur : cale.
celle de dessus peut avoir deux pouces, celle
de dessous trois et jusqu'à quatre quand elle 6. — Eritque clamor magntts... On peut
est neuve. L'une est stable par son poids et se figurer ce que dut être ce cri formé
et repose sur terre; e'ie a dans son centre de la réunion de tous les cris particuliers de-
un manche de' bois fixé solidement et qui désolation et de deuil poussés par toutes le3
passe dans l'ouverture de la pierre supé- familles, par tous les habitants de l'Egypte.
rieure. Celle-ci, ainsi arrêtée par son centre, On sait de quelle manière bruyante la.
laisse encore une assez grande ouverture douleur, comme tous les autres sentiments»
pour qu'on puisse y jetor le grain qui doit se manifeste en Orient.
remplacer celui qui est mouiu; un autre 7. — Non mutiet canis ab homine usque
bâton, fixé dans l'extrémité extérieure du ad pecus; littéralement d'aprè3 l'hébreu r
cercle, sert à lui donner avec la main le* «un chien n'aiguisera pas sa langue soit
mouvement de rotation nécessaire. Le grain contre un homme soit contre un animal».
sort en farine assez grossière d'abord, puis Le chion aiguise sa langue pour gronder ou
successivement à chaque mouture il devient pour mordre. I-e sens de cotte expression
lus fin . . . — Homère nous représente rovorbiale, qui revient encore Jos.x, 21, et
S eux Ibis dans l'Odyssée (vu, 103; xx, 105)
cette mémo manière de moudre le grain.
Ïudith xi, 19, est quo parmi les Israélites il
n'arrivera pas le moindre désagrément ni
Là, c'est dans le palais du roi que des aux personnes ni même aux animaux : il y
femmes prennent ce soin. — En Egypte, régnera une tranquillité parfaite.
CHAPITItE XII. 89
8. Descendentque omnes serví tu i 8. Et tous les serviteurs descen-
isti ad me, et adorabunt me, dicen- dront vers moi et m'adoreront, disant :
tes : Egredere tu, et omnis populus Sors, toi et tout le peuple qui t'est
qui subjectus est tibi; post htec egre- soumis; ensuite nous sortirons.
diemur.
9. Et exivit a Pharaonc iratus nimis. 9. Et il quitta Pharaon très irrité.
Dixit aiitcm Dominus ad Moysen : Mais le Seigneur dit à Moïse : Pharaon
Non audietvos Pharao, ut multa signa ne vous écoutera pas, afin que beau-
fiant in terra JEGYPTI. coup de prodiges soient faits dans la
10. Moysesautem et Aaron fecerunt * terre d'Egypte. .
omnia ostenta quee scripta sunt, coram 10. Or Moïse et Aaron firent devant
Pharaone. Et induravit Dominus cor Pharaon tous les prodiges qui ont été
Pharaonis, nec dimisit filios Israel de écrits. Mais le Seigneur endurcit le
terra sua. cœur de Pharaon, et il ne laissa pas
partir de ses terres les enfants d'Israël.
CHAPITRE XII.
8. — Post hœc egrediemur. Dans l'hébreu conclusion d'une des principales divisions du
le verba est au singulier :« après quoi je livre. La question entre dans une nou elle
partirai». Il est clair, du reste, que pour le phase : Dieu, qui jusqu'ici a parlé et agi par-
sens cela revient au même. ses ministres, va maintenant agir par lui-
9. — Iratus nimis: proprement d'après même.
l'hébreu : «enflammé de colère». Moïse,do it b) Institution de la Pâque, XII, 1-20.
jusqu'ici la douceur ot la patience ont été
inaltérables, est irrité à cause de 1 obstination CHÀP, XII. — 1. — IN TERRA Mgypii. Cette-
toujours croissante do Pharaon, et particu- circonstance est indiquée pour faire remar-
lièreimnt, sans doute, à cause de la menace quer que l'institution do la Pâquo est anté-
que ce roi vient r'e lui faire. Sa colère est rieure à la législation sinaitiquo. Cost, après
comme l'annonce de celle de Dieu, dont Pha- lacirconcHon, qui r^monto jusqu'au patriar-
raon doit bient»t éprouver les effets terri- che Abraham, la première loi, la loi fonda-
bles. — Dixit autem Do?ninus... Lo verbe mentale donnée aux Israélitos. La célébration
hébreu rp "|OH'H, «et», ou «or Jehovah dit», do la Pâque devait être pour eux une espèce
revient pour le sens à notre plus-que-parfait; do consécration par laquelle, devenant le
il ne marque pus un fait nouveau ajouté à peuple de Dieu, ils se sépareraient d'esprit
ce qui précède, mais rapçelle un fait anté- ot de C3aur de l'Egypte comme ils allaient s'en
rieur dej i rapporté. Lo récit des négociations séparer de corps.
de Moïse avec Pharaon, commence au chap, 2. — Mensis iste vobis principium
vu, 8, est maintenant terminé; l'historien ,
mensîum... : c'est par «ce mo "s»,c'est-à-dire,
les résume et en indique le résultat, que par celui dans lequel vous êtes maintenant,
Dieu lui avait annonce d'avance. Cest la que vous commencerez l'année, ce qui doit
90 L'EXODE.
s'entendre de Tannée religieuse; car pour voisins qui n'en faisaient pas partie. Le
le civil les Hébreux conservèrent leur ancien nombre fixé pour cela par l'usage, et inséré
calendrier, d'après lequel l'année comme îçait par Jonathan dans son Targum, était de dix
avec les semaines et finissait avec la moisson, personnes; mais une déterminati m si précise
tandis quo chez les Egyptiens elle commençait ne s'accorde guère avec ce qui suit (verset
vraisemblablement avec l'inondation du Nil, 4). Selon Josèphe, Bell. Jud. vi, 9, 3, ce
vers le solstice d'été. La raison de cette nombre ne pouvait, à la vérité, être intérieur
prescription est qu'avec ce mois doivent à dix; mais il pouvait s'élever jusqu'à vingt.
commencer pour les Hébreux des temps 4. — Sin autem minor est numéros. .,\
nouveaux, une époque nouvelle. Ce mois littéralement d'après l'hébreu : « et si la
était, comme on le voit par le texte hébreu maison est trop petite pDur être d'un
du chap. XIIT, 4, celui d'abib, ou des épis, agnoau », pour pouvoir le consommer, « il
ainsi appelé parce quo c'était celui où les on prendra un, lui et son proche voisin,
épis du blé paraissaient. Après la captivité dans sa maison d'après le compte des
de Babylone, il est désigné rous lo nom de âmes », des psrsounos : « vous compterez,
nisan,qui setrouvedansd'anciennos inscrip- pour l'agneau, chacun d'après son manger»,
tions syriaques et qui dérive du nisannu d'après ce qu'il p 3 u t manger. C'est IL dire
des Assyriens et des Babyloniens, chez lesquels quo, piur fixer le nombre des personnes
c'était le premier mois de Tannée. Le mois qui devaient se réumr dans la môme mai-
do nisan coïncide plus ou moins avec notre* son -pour la manducation de l'agneau pas-
mois d'avril. cal, il fallait tenir compte de la quantité
3. — Ad universum cœtum filiorum plus ou moins grande que chacun pouvait
Israël. Cette assemblée est le peuple d'Israël, manger, ce qui suppose évidemment des
représenté, comme on le voit au verset 21, réunions plus ou moins nombreuses selon
par ses vieillards ou anciens. Gir. Keil,Bibl. les différences d'âge, de sexe, etc.
Archaeol., p. 682. — Agnum. Le mot ntt? 5. — Erit auiem agnus absqite ma-
du texte que nous rendons avec la Vulgate cula. . . ; littéralement d'après l'hébreu :
par « agnoau » signifie proprement un « petit <c Vous aurez un petit de menu bétail »
de menu bétail», do brebis ou de chèvre. — (jVO : voy. ci-dess. j^. 3), « sans défaut, mâle,
Pcr familias et domos suas; littéralement âgé d'un an ; d'entre les brebis et d'entre
d'après l'hébreu: «pour» ou «d'après les le3 chèvres vous la prendrez », c'est à dire
maisons paternelles», les familles (voy. ci- que ce sera un agneau ou un chevreau, ex-
dess. vr, 14, note), «un agneau pour une plication ajoutée pour pr-venir Tincortitude
maison,» ou par maison, c'est à dira quo qui aurait pu résulter de ce que nu? signifie
c'était d'après la division naturelle du peuple
en familles, et non arbitrairement, que les également l'un et l'autre. Le mot a^nn,
• T
Israélites devaient se réunir en nombre que la Vulgate rend par « absque macula »,
suffisant pour manger 1 agneau pascal. Ce signifie proprement « parfait, sans défaut »,
n'est que lorsqu'une famille n'était pas assez et répond a u grec TSXUOV, par lequel le tra-
nombreuse qu'elle devait s'adjoindre dos duisent les Septante, et qui est aussi Tex-
CHAPITRE XÎI 91
6. Et servabitiseum usque ad quar- 6. Vous le conserverez jusqu'au
tern decirnam diem mensis hujus ; quatorzième jour de ce mois ; et toute
immolabitque eumunivcrsa multitudo la multitude des enfants d'Israël l'im-
filiorum Jsrael ad vesperam. molera vers le soir.
pression dont Homère se sert très souvent autres sacrifices. Les particulière pouvaiens
pour qualifier les animaux gui étaient of- égorger leurs victimes, les dépouiller, let
ierts en sacrifice. II aurait été contraire au couper, laver les intestins, tant dans la so-
respect dû à la divinité de lui offrir des lennité de Pâque que dans toutes les au-
victimes défectueuses. G'r. Levit. XXII, 19 tres. Cela parait par le Lévitique (i, 25,10;
et soq. L'agneau devait être u, mâle», пол m, 3 , et iv, U). Philon (lib. III do Vita
seulement parce que c'est lo sexe le plus Mos. ot lib. de Decal.) marque formellement
excellent, mais encoro à cause de sa desti- ce qu'on vient de dire à l'égard de la pâque.
nation' spéciale, qui était de préserver les « Dans cette solennité, dit-il, la loi ordonno
premiers-nés mâles des Israélites de l'exter- « à toute la nation -d'immoler et do faire
mination dont allaient être frappés ceux «* des sacrifices par ses propres mains ».
des Egyptiens ; en outre, « âgé d'un an » Mais cela ne pouvait so faire que dans le
(et non comme le veulent les rabbins et temple, comme le marque expressément
plusieurs autres, « né dans l'année »), parce S. Justin le martyr dans son Dialogue avpc
que ce n'est qu'alors- qu'il a atteint sa Tryphon. Si dans quolques occasions l'Ecri-
pleine vigueur et sa perfection, et aussi ture dit que les prêtres ont immolé les v.c-
parce qu'il devait être assez grand pour times de la Pàque, comme sous Ezéchias
su.flre à une famille ordinaire. Quoiqu'on ( Il Par. xxx, 17) ot sous Esdras (Esdr.
fût libre de prendre un agneau ou un che- iv, 20), il faut l'entendre en ce sens, que les
vreau, c'est cependant l'agneau qu'on immo- prêtres firent ce qui était de leur office
lait de préférence. on offrant le sang de ces victimes sur 1 au-
6. — Et servabitis eum... Cette pres- tol, ou bien qu'ils firent oxtraordinairement
cription ne s'appliquait, d'après Jonathan, et pour une plus grande solennité co quo
Rashi et la plupart des interprètes, qu'à la le peuple aurait pu faire sans contrevenu'
pâque célébrée en Egypte. Mais quelle en à la loi. Mais pour l'ordinaire, celaient dos
était la raison ? On comprend sans peine lévites qui égorgeaient et qui dépoiullaient
que des préparatifs tels que ceux qu'exi- les victimes, et les p r ê t r e 3 les offraient sur
geait cette iete ne pouvaient être différés l'autel». — Ad vesperam, dans le texte lie
psqu'au dern er jour, et il n'est pas moins breu ; « entre les deux soirs ». Les inter 1
clair que les esprits, tenus en suspans par prêtes ne sont pas d'accord sur le sens d
cette attente, devaient être mieux disposés cette expression, que les juifla mêmes enten
pour la cé éhration de la pâque et en rece- dent déji depuis longtemps de différente)
voir une imp ession plus forte et plus du- manières. D'après Aben-Ezra, dont le senti-
rable; mais il est plus difficile de rendre ment est aussi celui des Karaites et des Sa-
raison du nombre précis de jours pendant maritains, elle signifie entre le coucher du
lesquels il était presjfit de garder la vic- soleil et l'o.itrée de la nuit. Selon Kimchi,
tinu qui devait être immolée. Rien n'oblige, Rashi, etc., le coucher du solei- forme la
du reste, à voir dans ce nombre une impor- ligne de séparation entre les deux soii s. A
tance particulière. — ImmolcM eum uni- s'en rapporter à Josèpho, à la Miftjhna et
versel multitude... « L'immolation de à la pratique des Juifs, l'espace dont il
1
l'ag.ieau pas a , dit D. Calmet, se fit dans s'agit comprend tout le temps qui s'écoule
cette rencontre par les сЬоЛ» des familles depuis le déclin du soleil jusqu'à son cou-
ou par les premiers-nés, puisqu'il n'y avait cher, c'est à dire, depuis trois heures, à l'é-
pas encore d'ordre sacerdotal fixe établi quinoxo, jusqu'à six heures, et da s les au-
tres saisons a proportion, ou, d'après la ma-
our les sacrifices. Mais dans la suite le
S roit do sacrifier lut réservé aux prêtres,
c'est à dire, le droit do reeevo'r le sang des
nière dont les Juifs comptaient les heures,
depuis la neuvième jusqu'à la onzième. C'est
aussi ce que supposent les Pères quand ils
victimes dans le base n, de le répandre sur disent que Jésus-Christ mourut à la même
l'autel, ou au pied de l'autel, et n'y mettre heure que l'agneau pascal était immolé.
la victime tout eitière quand c'était un Or on sait qu'il mourut à la neuvième
holocauste, ou les graisses et les autres heure du pur. Keil, ave?, la plupart dos
parties marquéas par la loi quand c'étaient modernes, adopte la première explication-;
d'autres sacrifices. Tout cela était réservé Dillmanu se range à la seconde ; Ribora,
aux sjuls prêtres, non seulement dans la Corn, a Lapi.lo, Lange, etc., ne doutent pas
victime de Pâque, mais encore dans tous les
92 L'EXODE
1 . Et ils prendront de son sang, et 1. Et sumentde sanguine ejus, ac
ils en mettront sur les deux côtés et ponent super utrumque postem, et in
sur le dessus de la porte des maisons superliminaribus domorum, inquibus
où ils le mangeront. comedent illum.
8. Et ils mangeront cette nuit les 8. Et edent carnes noete illa assas
quo la troisième, qui du roste no diffère pas sang de l'agneau, ils auraient p 3 r d u le pri-
notablement de la sec mde ne soit la vraie, vilège attaché à ce sang. C'est <*e que firent,
et c'est aussi ie sentiment qui me parait en outre, tous ceux qui demeuraient chiz les
le plus probable. Gi'r. D. Galmot, Gesenius Egyptiens, avec lesquels ils n'auraient pu
(Thos. l.ng. hobr.,p. 1005), Keil otOillmann. passer la nuit sans partager leur sort.
Quoi qu'il en soit, il roste constant que l'a- 8. — El edent carnes n'.cte i'io, c'est à
gneau pascal devait être immolé le soir, dire, la nuit qui devait suivre le 14 et conl-
bion que l'heure précise de son immolation mencer le 15, assas igni. Pourquoi rôties
ne puisse être déterminée avec certitude, ce au feu ? Le l'eu, outre sa signification sym-
qui tient au sens plus ou moins étendu dans bolique, concentre la force <h la vianle, qui
lequel est pris le mot soir, non seulement par la cuisson passe en partie dans l'eau.
chez les Hébreux, mais encore chez les Une autre raison, c'est qu'il eût été di. licite
Grecs, comme enco o aujourd'hui parmi do les cuire dans l'eau sans en l'airo plu-
i ous. D. Calmet remarque même, d'après sieurs morcoaux, et par conséquent sans
Eustathe(in Odyss. xvn), que les anciens briser les os, contrairement à ce qui est
Grecs, aussi bien que les Hébreux, d.'stin- prescrit plus bas, f. 46,—El azymos panes,
uaient deux soirs, l'un qu'ils nommaient «et des pains sans levain», non fermentes.
f EÎXTJ Ttptota, qui commençait aussitôt après
midi ; l'autre qu'ils appolaiet.t <tyî« ÔEIXTJ,
Cette p escription a un double but, d'abor 1
de rappeler clans la suite aux Israélites les
lorsque le soleil se couche. tribulations de leur départ précipité, qui, ne
leur laissa pas même le temps e faire du
7. — Et sument de sanguine ejets . . . pain fermenté, ci-après ff. 3't et 33 ; en-
Ce sang, comme il est d t plus bas, ff. 13, suite et surtout do marquer leur séparation
23, devait être le signe dont la vuo, lorsque du levain de l'Egypte. Clr. Matth. xvi, 6,
Jehovah traverserait l'Egypte pour frappar 12 ; I Cor. v, 8. Le premier Lut ressort as-
les premiors-nés, lui .erait épargner les sez clairement de la qualification do «pain
maisons où il se trouverait. «Lei deux po- de douleur» donné ailleurs (Dont, xvi, 3)
teaux avec le linteau représentent, d t Keil, aux azymes. — Cum laclux is agrestibus.
la porto qu'ils entourent, et la porto, par L'hébreu D'vra, que les Septante rendent
laquelle on entre dans la maison, est mise
pour la maison même », qui allait devenir par ïcixptôec, marque vraisemblablement
une sorte d'autel ou de sanctua re. On ne différentes sortes d'herbes amères. IL-/pî;,
devait pas mettre du sang de l'agneau sur d'après Aristote (Hist. anim. ix, 6), Pline
le seuil, quoique appartenant à la pprte (H. N. vin, 41), désigne la laitue sauvage,
aussi bien que le linteau, afin de ne pas le tandis quo Dioscoride (II, 160) comprcn I
fouler aux pieds. Plus tar , loi qu'il y eut sous ce nom la chicorée sauvage, Vinlitbits
un sanctuaire commun, dans le vestibule ou inlubum des latins. Comme la laitue et
duquel il lut prescrit d'immoler l'agneau la chicorée sauvage croissent en E&ypte et
pnscal, c'est l'autel, et non plus les portos en Palestine, ce sont elles surtout qu'il faut
des maisons particulières, qui dut être ar- entendre par les plantes amères dont il s'a-
rosé do son sang. Au roste, S. Augustin et S. git. D'api es le sentiment généralement ad-
JeanChrysostome font observer que la vertu mis, elles ont une signification analogue à
de ce sang lui venait de ce qu'il était la fi- la première que nous avons remarquée
gure de celui du véritable agneau pascal, da is les pains azymes : elles sym-
qui devait être répandu pour le salut du bolisent les amertumes de la servitude d'E-
monde. De ce que c'est sur les montants et gypte. Lange objecte cependant contre cette
les linteaux des maisons dans lesquelles se- interprétation que leur amertume est agréa-
rait immolé l'agneau pascal que Dieu pres- ble, ce qui ne p.iraît pas s'accor. er avec la
crit de mettre de son sang, Cornélius a La- signification qu'on leur donne ; mais c'est là
pide infère que ceux des Israélites qui, n'é- une circonstance accidentelle, qui n'empêche
tant pas assez nombreux pour manger la pas le sens ot la vérité du symbole. — Ca-
pâque chez eux, se joignirent aux habitants put c um pedibus cjus et intestinis vora-
d'autres maisons, passèrent la nuit dans ces bitis. Ce dernier mot n'est pas dans Thé-
maisons, puisque, s'ils étaient retournés breu, où «sa tête» est encore le compté,
dans les leurs, qui n'étaient pas teintes du ment du verbe précédent: «vous mange.
-CHAPITRE XII 93
igni, et azymos panes cum lactucis chairs rôties au feu, et des pains azy-
agrestibus". mes avec des laitues sauvages.
9. Non coiftedetis ex eo crudum 9. Vous n'en mangerez aucune
quid, nec coctum aqua, sed tantum partie crue ou cuite dans l'eau, mais
assum igni ; caput cum pedibus ejus seulement rôtie au feu ; vous dévore-
et intestinis vorabitis. rez sa tête avec ses pieds et ses intes-
tins.
10. Necremanebit quidquam ex eo 10. Et il n'en restera rien jusqu'au
usque mane ; si quid residuum fuerit, matin ; s'il reste quelque chose vous
igne comburetis. le brûlerez au feu.
1 1 . Sic autem comedetis ilium : 1 1 . Et voici comment vous le man-
Renes vestros accingetis, et calcea- gerez : Vous ceindrez vos reins et vous
menta habebitis in pedibus, tenentcs aurez des chaussures à vos pieds, et
rez». U y a dans cette prescription quelque comme en Palestine et dans d'autres pays,
chose rïe contraire à l'usage des Egyptiens, le peuple allai t ordinairement les pieds nus ;
qui, au rapport d'Hérodote, u, 39, ne man- mais qua.id on entreprenait un voyage, on
geaient la lête d'aucune victime, et même mettait des souliers, ou plutôt des san (aies,
d'aucun animal. L'agneau pascal devait ce qui était particulièrement nécessaire
être Mi et placé sur la table tout entier. pour celui que les Israélites avaient à l'aire
Selon Rashi et autres rabbins, on enlevait par les chemins rudes et raboteux du dé-
les intestins pour les laver, après quoi on les sert.—Et comedetis festinanter t propre-
remettait à leur place. «Veteres Hobrseorum ment, d'après le texte, cwn trepidatione. Se-
magi-tri, dit Rosenmuller, pnecipiunt a- lon Rosenmullor, la raison pour laquo!lo ils
gnum paschiïlem assandum esso in ïurao doivent se hâter ainsi, c'est la crainto qu'ils
lateritio, formam habcnte ollae sine fundo, ne soient forcés de partir au milieu du ro-
i'oramino instructo (vy dicto), per quod pas. Mais il est diincilo d'être de son avis,
ignis immitti possit et educi, necnon ïbra- puisque le verset précédent suppose qu'ils
mine in summo (ns dicto), per quod agnus auront encore le temps de brûler le matin
p:schalis demittatur in furnum, ita ut a- ce qui pourra être resté de l'agneau.—Est
gnus sit in medio furni et ignis infra eum. enim PHASE (ID est, transilus) Domini. 11
Loca Talmudis indicavit Relandus, Antiq. * faut remarquer d'abord que le mot « enim •>
ss. part, ni c. 6, § 18». L'unité et l'intégrité n'est pas dans le texte, ensuite que la pa-
-de l'agneau pascal marquaient la société renthèse: «id est, transitas», est une ex-
sans partage par laquelle ceux qui y par- plication également ajoutée par l'interprète.
ticipaient devaient être unis entre eux et On explique ainsi la Vulgate : vous mange-
avec Dieu. Cit. i Cor. x, 17. rez l'agneau à la hâte, parce que ce repas
10.—Nec remanebit..., igné comburetis. figure le rapide passage de Jehovah à t r a -
:
Après ces mots : « sj qu d resicluum raerit », vers TEgypto pour frapper les premiers-nés
l'hébreu répète encore: « usque mane», d'où des Egyptiens en épargnant ceux des Hé-
il résulte clairement que ce n'est que le ma- breux. Mais l'hébreu nirpS Nin nos peut se
tin q u e les viandes qui n'auraient pas été traduire : est Phase Domino, « c'est la Pâ-
mangées devaient être brûlées. Cette pres- que », c'est à dire, « le passage », ou plutôt,
cription devint plus tard une loi générale « le saut », pour: la fête ou le sacrifice du
pour toutes les viandes offertes en sacrifice, passage, ou du saut, » en l'honneur de Joho-
sauf une seule exception, Lévit. vu, 15 et vah ». Prise dans ce sens, cette expression
seq. Comme elles appartenaient au sacrifice, reviendrait à colle que nous lisons plus bas,
elîos devaient être -mangées dans le temps f. 27 : « c'est le sacrifice do la pâquo en
du sacrifice. l'honneur de Jehovah ». C'est ainsi qu'on dit:
i 1.—Renés vestros dec ngelis. « Hic est ni- rrïrpb ruu;, « le sabbat », ou « le repos en
mirum viatorum habitus. Nam quum vestes
•Orientalium longiores sint et amphores aequo, l'honneur de Jehovah », et nimb an, « une
si iter esset faciendum, eas succingi necesse illte en l'honneur de Jehovah ». Cette expli-
erat e regione lumborum. Vid. II (Vulg. IV) cation est celle que donnent Rosenmuller et
Reg. iv, 29 ; ix, i ; Jer. i, 17 ; Luc. xu, 35 ; Keil, tandis que Lange et autres préfèrent le
Joan. XIII, 4.* Rosenmuller.—Etctilceamen- sens de la Vulgate. nps, qu'on traduit
ta habebitis in pedibus. Cela appartenait communément pur passage, signifie propre-
aussi aux préparatifs du départ. En Egypte,
04 L'EXODE
vous tiendrczun bâton dans vos mains, baculos in manibus, et comedetis fes-
et vous mangerez à la hâte; car c'est tinanter; estenim Phase (idest trans-
le Phase (c'est à dire le passage) du itu^) Domini.
oeigneur.
12. Et je passerai cette nuit à tra- 12. Et transibo per terram JEGYPTI
vers la terre d'Egypte, et je frapperai noctc ilia, percutiamque omne primo-
tout premier né dans la terre d'Egypte genitum in terra MGYPTI ab hoinine
depuis l'homme jusqu'au troupeau, et usque ad pecus; et in cunctis diis
j'exercerai ma justice sur tous les iEgypti faciam judicia, ego Dominus.
dieux de l'Egypte, moi le Seigneur.
13. Et le s a n g sera pour vous un 13. Erit autcm sanguis vobis in:
signe dar s les maisons où vous serez, signuin in gedibus in quibus eritfs;
et je verrai le sang et je vous pas- et videbo sanguirjem, et transibo vos;.
serai, et la plaie dévorante ne nec erit in vobis plaga disperdens
sera point parmi vous, quand je frap- quando percussero terram ^Egypti.
perai la terre d'Egypte.
14. Mais vous garderez le souvenir 14. Habcbitis autem hunc diem in
de ce jour et vous le consacrerez so- monumentum ; et celebrabitis earn so-
rnent saut, du verbe nos, sauter, et se dit egressus est populus omnia in Egypte tom-
de l'agneau en considération duquel Dieu pla destructa sunt sive motu terrae, sive tac-
sauta les maisons des Israélites teintes de tu fulminum ». Mais cette tradition ne mé-
son sang, c'est à dire, !es passa sans l'aire rite aucune confiance, bien qu'il soit évi-
aucun mal à ceux qui les habitaient ; en- dent que Dieu aurait pu faire alors quoique
suite, par extension, de toute la fête insti- chose d'analogue à ce qu'il fit plus tard au
tuée eu mémoire de cet événement, et qui sujet du Dagon des Philistins. Il est bien plus
commençait par l'immolation de l'agneau vraisemblable que ces jugements furent ac-
pascal. Au reste, les prescriptions renlbr- complis lorsqu'il frappa de mort les pre-
mées dans ce verset, ainsi que collo do miers-nés tant des animaux que des hommes.
mettre du sang do cet agneau sur les mon- Gomme les animaux sacrée des Egyptiens
tants et les linteaux des portes, et la dé- étaient à leurs yeux des incarnations vi-
fense qui se lit plus bas, f. 22, de sortir do vantes de leurs dieux, et qu'au nombre c'e-
la maison cette nuit-là, n'étaient que pour ces dieux se trouvaient aussi leurs rois, on
la première pâque célébrée en Egypte. Elles comprend que ce coup terrible atteignait ces
n'avaient en effet d'autres raisons que celles prétendus dieux non seulement en mettant
qu'elles tiraient des circonstances. Aussi n'en au grand jour leur impuissance, mais plus
est-il plus question dans les règles à suivre directement encore en le3 frappant eux-mê-
plus tard clans la célébration de la pâ- mes, et qu'en eux étaient indirectement lrap-
que. pés les démons, auxquels se rapportait le
culte qui leur était rendu. En rappelant
12.—Et transibo per terram Mgypiù plus tard aux Israélites les jugements dont
Il est bon de remarquer que le verbe tra- il s'agit, Num. xxxm, 4, Moïso ne cite
duit ici par transibo, «je passerai», n'est non plus d'autre fait que cetto mort des pre-
pas le même que celui dont dérive le mot miers-nés.
ncs, « pâque » ou « saut ». L'idée à rendre 13. — Erit autem vobis sanguis in «-
n'était ici que celle de traverser. -r-Et in gnum. Le sang de l'agneau sera u.i signe,
cunctis dits Mgypti faciam jutMcia. Quoi- non pour Jehovah, mais pour les Israélites,
quo les dieux do VEgypte ne lussent pas des qui dans ce sang auront une garantie contre
divinités réelles, c'étaient cependant des le fléau qui frappera les Egyptiens.
puissances spirituelles, qui exerçaient sur 14. — Habebiiis autem hunc diem, le qua-
elle leur empire ; des démons, qui tenaient torzième jour, in monumentum, «pour sou-
sous leur domination et séduisaient les âmes venir » ou « mémorial », et celebrabitis eum
de ses habitans. La manière dont Dieu vou- solemnem Domino, littéralement d'après le
lait exercer sur eux ses jugements n'est pas texte : « et vous le fêtorez comme une fête
indiquée. « Illud Hebraei autumant, dit S. Jé- en l'honneur do Jehovah », in generationi-
rôme, Epist, ad Fabiol., quod nocte qua bus vestris cultu sempiterno. La pâque;
CHAPITRE XII 95
lemnem Dorryno ingenerationibus ve- lennellement au Seigneur, de généra-
stris cultu sempiterno. tion en génération par un culte éter-
nel.
15. Septem diebus azyma comede- 15. Pendant sept jours vous man-
tis; in die primo non erit fermentum gerez des azymes. Le premier jour, il
in domibus vestris; quicumque come- n'y aura plus de ferment dans vos
•dcrit fermcntatum, peribit anima ilia maisons. Celui qui mangera quelque
de Israel, a primo die usque ad diem chose de fermente, depuis le premier
septimum. jour jusqu'au septième, cette âme sera
retranchée d'Israël.
16. Dies prima erit sanctaatque so- 16. Le premier jour sera saint et
lemnis, et diesseplima eadem festivi- solennel, et le septième fêté avec la
tate. venerabilis; nihil operis facietis même vénération ; vous ne ferez au-
in eis, exceptis his quae ad vescendum cun travail en ces jours, excepte ceux
pertinent. qui concernent la nourriture.
17. Et observabitis azyma; in eadem i l . Et vous observerez les azymes;
prescrite ici a cessé chez les juifs depuis la lui-même reconnaît que, à parler exactement,
destruction du temple de Jérusalem; mais les jours des azymes no commençaient que ce'
elle se célèbre encore et continuera à se cé- jour-là. Mais comme alors, d après co qui
lébrer jusqu'à la fin des siècles dans l'Eglise suit, tout levain, tout pain fermenté, devait
catholique,quoique non de la même manière; avoir disparu des maisons, il fallait bien
car il y a entre la nouvelle pâque et l'an- qu'il en eût déji été écarté le 14. D'ailleurs
cienne toute la différence qui distinguo la la pâque même, comme on vient de le voir,
réalité de la figure. L'agneau pascal im- ne ^pouvait être mangéo qu'avec des azymes,
molé chez les juifs, ot dont lo.sang fut pour d'où vient que la fête des azymes, dans le
eux le signe du salut, n'était en effet qu'une sens large, renfermait aussi la pâque. —
faible image do l'agneau de Dieu qui a sauvé Non erit fer.mentum in domibus veslris,
le monde par son sang, et dont la chair nous littéralomot : «- vous ferez cesser », dispa-
est donnée comme notre pâque dans ie festin raître, « le levain de vos maisons ». Sur les
eucharistique. motifs de cette prescription, voy. plus haut
15. — Sepiem diebus azyma comedetis. la note sur le f. 8. — Quicumque comede-
Les jours des azymes formaient une fête dis- rit. . . Plus exactement d'après l'hébreu :
tincto qui suivait celle de Pâque, à laquelle « car quiconque mangera du pain fermenté,
elle se rattachait par des liens très étroits, cette âme sera retranchée d'Israël », co qui
puisqu'elle était destinée à rappeler une des doit s'entendre selon los uns d'une simple
circonstances les plus mémorables" de la sor- excommunication, selon d'autres, dont le sen-
tie d'Egypte. Du pa-sé injtirin, « j'ai tiré », timent paraît plus probable, de la peine de
mort à infliger soit par la main des hommes,
du texte hébreu au % 17, Keil conclut *que soit immédiatement par colle de Dieu. Cfr.
cette prescription sur les azymes n'a été Gen. xvu, 14.
donnée qu'après la sortie, d'Egypte, mais
qu'elle a été jointe immédiatemorit à l'insti- 16. — Dies prima erit sancta . . . D'a-
tution de la Pâque à cause de son rapport près l'hébreu : » et vous aurez au premier
intime avec olle, en quoi il est contredit par p u r une convocation sainte, et au septième
Lange et autres, qui tiennent que la fétodes jour une convocation sainte », ou uno as-
azymes a été instituée en même temps que semblée sainte, c'est à dire, faite dans un
celle de la pâque, dont elle différait en ce but religieux, pour adorer Dieu. — Nihil
qu'elle rappelait la sortie même, tandis que operis faciefis in eis* excepl s his . . . L'in-
la fête de l a pâque était consacrée au sou- terdiction dos œuvres servi les était donc
venir de la nuit terrible qui l'avait précédée moins sévère pour ces jours-là que pour le
et amenée. — In die primo, d'après l'hébreu : sabbat, oii il nota t pas même permis de
« dès b premier jour », c'est à dire, selon préparer los repas, ci-apr. xxxv, 2, et
Lange, qui allègue le vers. 18, dès le soir du suiv.
14 nisan. Cepandant Keil, s'appuyant sur le 17. — Et observabitis azyma, c'est à
Lévit, XXVIII, 6, et sur les Nombr., xxm, dire, les prescriptions qui vionnont d'être
17, pense que ce n'est que le 15, et Lange données pour la t'éte des azymes. — ln ea-
36 L'EXODE.
•car en ce même jour je ferai sortir enim ipsa die educam exercitum ves-
votre armée de la terre d'Egypte, et trum de terra ^Egypti, et custodiers
vous garderez ce jour, de génération diem istum in generationes vestras
en génération, selon un rit perpétuel. ritu perpetuo.
.18. Le premier mois, le soir du 18. Primo mense, quartadecima
quatorzièmejourdu mois, vous mange- die mensis, ad vesperam, comedetis
rez des azymes jusqu'au soir du vingt azyma, usque ad diem vigesimam pri-
et unième jour du même mois. mam ejusdem mensis ad vesperam.
Lev. 23. 5. Num. 23. 16.
Í9. Pendant sept jours on ne trou- 19. Septem diebus fermentum non
vera rien de fermenté dans vos mai- invenietur in domibus vestris; qui
sons. Celui qui aura mangé quelque comederit fermentatum, pcribit anima
chose de fermenté, qu'il soit un étran- ejus de coetu Israel, tam de advenis
ger ou un indigène de la terre, son quam de indigents terree.
âme sera retranchée de l'assemblée
d'Israël.
20. Vous ne mangerez rien de fer- 20. Omne fermentatum non come-
menté; vous mangerez dans toutes detis; in cunctis habitaculis vestris
vos demeures des azymes. edetis azyma.
21. Or Moïse appela tous les anciens 21. Vocavit autem Moyses ornnes
dem en'm ipsa die educamexerc turn ves- par la signification de la fête des azymes.
trum . . . Dans l'hébreu, comme il en a déjà Manger du pain fermenté durant cette fête
été fait la remarque, le verbe que la Vul- eût été renier les nouveaux rapports dans
gate ren 1 par le lutur est au passé : « j'ai lesquels le peuple d'Israël était alors entré
tiré » ou « fait sortir *. Selon M, Glaire, ce avec Jehovah. — Tam de advenis quam
passé répond ici à notre futur antérieur, qui de indigents terrœ. « L'étranger, la, est
manque e.i hébreu : « j'aurai Tait sortir ». celui qui n'était pas Israélite, mais habitait
La sortie d'Eçypto eut lieu dans la nuit du parmi le psuple d'Israël temporairement,
14 au 15, après minuit iff. 29-34), ainsi le peut-être aussi durant tonte sa vie, sans
15 d'abib do grand matin. Gomme elle fut lui être incorporé par la circoncision. nTïN
pour Israel Is passage à une vie nouvelle,
elle est donnée pour motif à la Tête des azy- yiNn, proprement un arbre qui pousse sur
mes qui devait être pour lui un avertisse- le sol où il a été semé, ensuite indigène*
ment tou.ours renouvelé de re.eter bien loin celui qui est né d ans le pays. C'est
le levain do l'Egypte, lo vice et l'impiété. ainsi que sont appelés les Israélites,
18. — Quarto, décima die mensis ad quia ortundi eranl ex Jsaaco et Ja-
vesperam... Lo jour ('es Hébreux commen- cobo in terra Ckanaan natis, eamdemque
çait avec le soir ; le soir dont il s'agit est sedem perpétuant a Deo acceperant. Cle-
celui qui terminait le 14 d'abib et commen- ric. ». Keil.
çait le 15. « On commençait, dit D. Calmet,
o) La première pâqtte ; mort des premiers-nés, ff. 21-30.
à user dos pains azymos » (pour la célébra-
tion do la lêto des azymes) M précisément à 21-28. — Vocavtt autem Moi/ses... Moïse
la fin du quatorzième jour, comme on Ta nous apprend maintenant la manière dont
déj'i dit, ou au commencement fïu quinzième, il a exécuté les ordres de Dieu. En rappor-
au soir. De là vient que quelquefois l'on tant la communication qu'il on fit au peu-
nomme ce soir le 14, et d'autres Ibis le 15. ple par L'intermédiaire des anciens, il n'en
De là vient aussi que Josèpho, Antiq. n , 5, reproduit que les principaux points : l'im-
dit que la solennité des azymes durait hu t molation de l'agneau pascal et l'emploi de
jours, parce qu'on la commençait sur la fin son sang, dont il expose le salutaire effet.
du 14 et qu'elle durait jusqu'au 21 L.clus ». Ensuite il prescrit la manière do célébrer
Gi'r. plus haut y. 15,note. cette fête a l'avenir.
19. — Qui comederit fermentatum... 21, — l t é . L'hébreu TjtfO, qui signifie
La réitération de celte dé onse et de la ri- proprement tirer, est pris plusieurs fois,
goureuse sanction dont elle est accompagnée par exemple Jud. iv, 6 ; v, 14 ; xx, 37,
lui suppjse uno importance qui s'explique dans le RJIIS d'aller, â pau près comme le
СП A PITRE XII 91
seniores filiorum Israel, et dixit ad des enfants d'Israël et leur dit : Allez,
eos : Ite tollentes animai per familias prenez un animal par famille et im-
vestras, et immolate Phase. molez la Pâque.
22. Fasciculumque hyssopi tingite 22. Trempez une touffe d'hysope
in sanguine qui est in limine, et dans le sang qui est sur le seuil, et
aspergile ex eo superliminare, et aspergez-en le dessus de votre porte
utrumque postem ; nullus vestrum et les deux montants. Que nul d'entre
egrediatur ostium domus suae usque vous ne passe la porte de sa maison
.mane. jusqu'au matin. '
Hebr. l i . 28.
verbe français correspondant dans cotte lo- tés médicales ». — In Umine. Le mot hé-
cution : tirer à droite, à gaucho. breu * p , que la Vulgate rend par « seuil, »
23. — Hyssopi. L'hébreu аУгк, qu'on signifie aussi « bassin », et cette significa-
rend par hysope, no S3 rencontre a;ue dans tion convient mieux ici. Cs bassin ost celui
le Pentateùque, sauf deux exceptions, sa- dans lequel aura été reçu le sang do
voir Ps. Ll (Vulg. L), 7, où il est fait allu- l'agneau immolé. — Et aspergite ex eo...
sion à un rite mosaïque, et I Reg. v, 13 Le texte devrait plutôt se rendre par :
(Vulg. Ш Reg. iv, 33), où cemotdésigno « et vo'.is on toucherez », vous on teindrez...
une j>laate qui « sort du mur », mais qui C'est dans les purifications qu'on aspergeait
parait être trop petite pour l'usage marqué avec lo faisceau d'hysope. — Nultus ves-
ici. И est vraisemblable qu'il y avait plus trum egrediatur... La raison de cette dé-
d'une espèce de plante désignée sous ce nom. fense est qu'il n'y aura de sûreté nullo part
Celle dont il s'agit maintenant était p.oba- durant cette nuit que dans les maisons dont
blemont, selon Keil et d'autres savants, non les portes seront teintes do ce sang.
notre hysope, dont l'existence en Syrie et 23. — Et non sinet percussorem in-
en Arabie est incertaine (Ritter, Erdk., t.
%
gredi. .. D'api'ès cela, c'est par le ministère
XVII, p. 686), mais une езрзее d origanum, d'un autre, qui est l'ange exterminateur,
le sâter des Arabes, qui est très fréquent 6 6Xo0psûuv (Hebr. xi, 28), que Dieu exé-
dans ces deux pays. Voy. Keil et Gesen. cutera son jugement. Cet ange n'est pas
Thés., p. 57. Aj >utons ce que dit de cotte pï an te un mauvais esprit, comme l'ont cru quel-
M. FîfliOiî, Atlas d'hist. natur. de la Cible, ques-uns, dont les raisons no sont d'aucun
p. 19 : « Sans être l'hysopa oiflc.'nale (hyso- poids.
pus officinalis), que Ton trou . e ' à l'état 24. — Custodî verbum istud, «cette
naturel dans un grand nombre de régions parole»» ou «cotte chose», ce que je viens
du Midi, très probablement Vézob de la d'ordonner touchant la pâque, legilimum,
Bible était une plante analogue, apparte- littéralement : in slatutum, «commo un
nant aussi à la famille des labiacéos, telles statut», une loi, tibi et filiis tuis usque in
-que les suivantes, qui existent toutes en œternum, n S ' l s n ? , «jusqu'à jamais «, à per-
Palestine : salvia horminum ou sauge or- pétuité. Cela doit s'entendre avec quelque
min (50 à 60 centim. de haut, petites feuilles, restriction; car, comme nous en avons déjà
fleurs roses ou pourprées) ; stachys cassia fait la remarque, il y avait quelques prescrip-
(à la tige et au feuillage plus grands que dans tions qui étaient particulières à la première
l'espèce précédente) ; marrubium balla- ' pâque, et qui aussi ne s'observèrent plus
toides ou marrube noir (feuilles rugueuses, dans la suite. Telles étaient celles de manger
fleura blanches ou rougeâtres) : origanum l'agneau pascal le bâton de voyage à la
таги (variété de marjolaine). Tous ces vé- main, de no pas sortir de la maison durant
gétaux sont aromatiques et ont des proprié- la nuit, et peut-être encore quelque autre.
S" BIBLE. —EXODE. — 7.
98 L'EXODE
25. Et quand vous serez en très dans 25. Cumque introicritis terram
la terre que le Seigneur vous donnera, quam Dominus daturusest vobis, ut
comme il l'a promis, vous observerez pollicitus est, observabitiscaeremonias
ces cérémonies. istas.
26. Et quand vos enfants vous di- 26. Et cum dixerint vobis filii ves-
ront : Quelle est cette religion? tri : QUAD est ista religio?
27. Vous leur direz : C'est la victime 27. Dicetis eis : Victima transitus
du passage du Seigneur, quand il a Domini est, quando transivit super
passé les maisons des enfants d'Israël domos filiorum Israel in ^Egypto,
en Egypte, frappant les Egyptiens percutiens ^Egyptios, et domos nos-
et délivrant nos maisons. Et le peuple tras liberans. Incurvatusque popplus
s'inclina et adora. adoravit.
38. Et les fils d'Israël s'en allèrent 28. Et egressi filii Israel fecerunt
et firent comme le Seigneur l'avait sicut pneeeperat Dominus Moysi et
ordonné à Moïse et à Àaron. Aaron.
29. Or il arriva qu'au milieu de la 29. Factum est autem in noctis
nuit le Seigneur frappa tout premier- medio, percussit Dominus omne pri-
né sur la terre d'Egypte, depuis le mogenitum in terra ^Egypti, a pri-
premier-né de Pharaon, qui était as- mogenito Pharaonis, qui in solio ejus
25. — Ceremonias istas, dans l'hébreu : souvenir de l'existence d'un fils de Menephtah
or
«ce service», expression dont le sens est I qui serait mort avant son père, comme
analogue à celui qu'elle a encore parmi celui de l'Exode». (Recherch. pour servir à
e
nous quand nous disons : le service divin, l'hist. de la XIX dynast.,p. 159.) «M. Lauth
«rnhy, ab ~yy,fecit, frequontius autem nous donne, dit M. Vigoureux, des rensoi-
nements encore plus précis et plus complets
serviii, coluii, proprie cultum, hinc ritum,
quasi cultus divini partem,signiflcat ». Rosen- f ce sujat : «Le Pharaon qui régnait en
« Egypte quand Moïse revint do Madiau ne
mùller.
26. — Et cum dixerint vobis filii vestri... « peut être que Menephtah. Cela admis,
Les enfants, dont la curiosité sera excitée « nous devons arrêter notre attention sur
par les observances particulières àlapâque, « uno statue colossale do Menephtah, main-
si différentes de colles des autres fêtes, des « tenant au Musée de Berlin, ou est repré-
sacrifices ordinaires, en demanderont natu- « sente son fils aîné, prince royal, associi
rellement la raison à leurs parents, pour « à l'empire — comme le montre l'urseus
qui ne sera un devoir de la leur expliquer. « qui est fcur sa tête — le chantre qu'il
« aime, le fils qu'il aime, qui incline le
27. — Victima transilus Domini est, « cœur de son seigneur qui l'a engendré,
quando transmit... L'hébreu peut aussi se « le basilicogrammaie, le chef des arc fiers,
traduire : «C'est le sacrifice do Pâque» ou « le prince Menephtah.W^ovt^xtdomle même
« du passage en l'honneur de Johovah, qui « nom que son père. Il est représenté adorant
passa », ou » parce qu'il passa... » — Incur- « Suleck, le grand dieu, le seigneur du
vaiusque poxiulus adoravit. Le peuple « ciel,et en même temps commeIOtuma^est
représenté par ses anciens, et dont une « a dire, justifié ou bienheureux. Go n'est
partie pDUvait être aussi présente, «s'inclina «pas être trop crédule, continue M. Lauth,
et adora •» Jehovah pour témoigner non seule- « que de voir dans ce jeune prince mort
ment sa foi, mais encore sa reconnaissance « avant son père, dont le frère cadet, Séthos,
pour lo bienfait signalé dont il allait être «succéda à Menephtah, ce fils du Pharaon
l'objet- « dont parle l'Exode, iv, 23 : Je ferai
29. — C'est au milieu de la nuit, lorsque «mourir ton fils aîné,parce que tu refu-
toute l'Egypte était plongée dans un profond «ses de laisser partir mon fils aîné, Is-
sommeil, que Dieu la réveilla parce dernier « raël pris collectivement. Cette menace fut
coup. Quel réveil pour elle! — Percussil « exécutée d'après l'Exode », xi, 5, (ou plu-
Dominus omne primogenitum... Le récit tôt xn, 29), « qui ajoute cette paiticula-
de Moïse est confirmé par un document indi- «rité : le fils du Pharaon, gui était ass's
gène. «Nous trouvons, dit M. Ghabas, sur « sur son trône, détail par lequel est ma-
un monument du Musée de Berlin, décrit « nifestement indiquée la dignité de Repa-
par M. Brugsch (Hist. d'Egypte, p. 175), le
CHAPITRE XII 00
sedebat, usqueadprimogenitum cap- sis sur son trône jusqu'au premier né
t i v i quae eratin carcere, et omnepri- de la captive qui était en prison et
mogenitumjumentorum. tous les premiers-nés des bêtes de
Sup. 1 1 . 5. Ps. 104. 38. somme.
30. Surrexitque Pharao nocte, et 30. Et Pharaon se leva la nuit et
omncsservi ejus, cunctaqueiEgyptus, tous ses serviteurs et toute l'Egypte,
etortus est clamor magnasi» JEGYPTO; et il s'éleva un grand cri dans toute
ncque enim erat domus in qua non l'Egypte, car il n'y avait pas de mai-
jaceret mortuus. son où ne fût gisant un mort.
31. Vocatisque Pharao Moyse et 31. Et Pharaon appela Moïse et
Aaron nocte, ait : Surgite et cgredi- Aaron la nuit et leur dit : Levez-vous
ìnini a populo meo, vos etfilìi Israel ; et éloignez-vous de mon peuple, vous
ite, immolate Domino sicut dicitis. et les fils d'Israël ; allez et immolez
au Seigneur comme vous dites.
« seps, ou d'associé à l'empire, comme nous 30. — Nuque enim erat domits in qita
* l'avons vu plus haut ». (Ans altœgyplisch. non jaceret mortuus. Selon Cornélius a
Zeli. Pharao, Moses u. Exod. Allgem, Lapide, il faut entendre par les premiers-nés
Zeit. 25 jul. 1875, Beil. p. 3248.)». La Bible, tous ceux qui étaient tels, quand mémo ils
etc., t. ii, p. 317. — Captiva? quas erat in seraient devenus pères de familles, de sorte
carcere ; littéralement dans ['hébreu: captivi qu'il pouvait se faire que dans uno ma son,
(au mascul.) qui erat in domo foveœ* «Per avea l'aîné des onfants le père,-l'aïeul et
foveam seu domwm foveœ infirma pars car- encore des femmes fussent au nombre des
ceris intelligitur in qua captives oî vinctos morts. H est vrai que Keil ne veut pas qu'on
noctu misse detrusos est verisimile ». fto- étende si loin cette expression ; mais Lange
senm. Les rationalistesont chercha à expliquer fait observer qu'il n'y a rien en cela qui no
la mort des premiers-nés par la peste ; mais soit conforme au sens littéral. S'il en fut
comment n'ont-ils pas compris que le mira- ainsi, on comprend cjmlùen grand dut être
cle qu'ils chassent par une poi te rentre plus le nombre, os morts. Il faut cependant avouer
grand et plus étonnant par l'autre ? Quelle que les expressions du toxte : « depuis le
intelligence il a fallu à cett? peste pour premier-né de Pharaon . . . jusqu'au pre-
choisir si bien ses victimes, distinguant en- mier-né du captif », favorisent le sentiment
tre tous les hommes et tous les animaux les de Keil, et semblent indiquer qu'il n'y avait
premiers-nés, et faisant tomber sur eux ses que les aînés non encore chefs do familles
coups sans qu'il en échappât un seul de ceux qui oussant été frappas. Mais même dans ce
des Egyptiens, tandis qu'avec la même sû- cas, on comprend que le désastre fut encore
reté de coup d'œil elle laissait en paix tous assez terrible paur produire sur le roi et sur
ceux des Israélites! Mais pourquoi faisait- son peuple l'effet décrit par l'historien.
elle ce choix si surprenant ? car elle devait
évidemment avoir un motif. Or il serait diffi- d) Départ prcrtpifé des Israélites, fy. 31-42.
cile de lui en assigner un autre que la déli- 31. — Vocatisque Pharao Moyse et Aa-
vrance des Israélites, qui en fut le résultat ron . . . Pharaon se voit donc réduit à in-
immédiat. Mais quelle raison avait-elle donc fliger lui môme un éclatant ot humiliant
de prendre ainsi parti pour eux contre les démenti à la dé.buse qu'il leur avait s'aite
Egypt ens? Gomment, d'un autre côté, Moïse quelques jours auparavant de reparaître ja-
avait-il pu prévoir et annoncer par deux mais devant lui. — Surgite et egredimi-
fois, et la première assez longtemps d'avan- ni . . . La congé que Pharaon donne aux
ce, qu'il aurait une auxiliaire si extraordi- Israélites semble définitif, puisqu'il est ex-
naire et si puissante ? Que de miracles in- primé en tonnas absolus et sans condition
croyables il faut dévorer pour se débarrasser de retour. Ce qui du moins n'est pas douteux*
d'un miracle qui, ayant Dieu pour auteur, c'est q\\e pour le moment Pharaon ne songeait
n'a plus rien que de tout simple et de tout qu'à éloigner au plus tôt un peuple dont le
naturel! Du reste, que Dieu se soit servi de séjour dans son royaume attirait à lui et à
la peste pourinfliger cette dernière plaia, c'est ses sujets de telles calamités. Ce sens est con-
ce qui n'a rien d'impossible ; mais il n'y a firmé par ses dernières paroles, f. 32 :
rien non plus dans le texte qui l'ind'que, le « bénissez-moi », expression qui marque se-
contraire paraît même plus probable. C'est, lon Keil, un congé complot. Que si plus tard il
au tond, une chose assez indif'érauta, poursuit les Israélites pour les ramener de
(00 L'EXODE
32. Prenez vos brebis et vos betes 32. Oves vestras et armenta assu-
de somme, comme vous le demandiez, mite ut petieratis, et abeuntes bene-
et en vous en allant bénissez-moi. dicite mihi.
33. Et les Egyptiens pressaient le 33. Urgebantque iEgyptii populum
peuple de sortir promptement du pays, de terra exire velociter, dicentes :
disant : Nous mourrons tous. Omnes moriemur.
34. Le peuple prit donc de la farine 34. Tulit igitur populus conspersagn
pétrie, avant qu'elle fut fermentée, fari nana antequam fermentaretur ; et
l'attacha dans des manteaux et la mit ligans in palliis, posuit super hume-
sur ses épaules. ros suos.
35. Et les enfants d'Israël firent 35. Feceruntque Olii Israel sìcnt
comme l'avait ordonne Moïse, et ils prseceperat Moyses, et petierunt ab
demandèrent aux Egyptiens des vases ¿Egyptiis vasa argentea et aurea, ves-
d'argent et d'or et de nombreux vê- temque plurimarn.
tements. Snp. 3. 21. eL 11. 2. Ps. 104. 37.
.brec, c'est que, par suite d'un nouvel endur- carrée d'étoffe ou de drap qu'on jjtait sur
cisseinent.-snsdisîKwitinns ont changé, comme l'habit de dessous, et dont ou pouvait se ser-
il en est l'ait expressément la remarque ch. vir pour y attacher différentes choses. Les
xiv, 5 et miiv. Lange observe cependant Orientaux se servent encore de même au-
que la nouvelle apportée à Pharaon l. cit. jourd'hui de leur haih 11 do leur humons
que le pcu)He s'était enfui donnerait à en- comme d'un sac. Voy. Keil, Archeeol. § 102,
tendre que les Egyptien * no croyaient pas â un 4. L?a Israélites avaient donc, dit Keil, l'in-
congé alisolu. Mais leurs dispositions n'a- tention de faire Ie»er leur pâte, parce que
vaiont-oHes pas pu changer de même que l'ordre de ne manger que du pam azyme
celles de leur roi* durant sept jours ne leur avait pas encore
été notifié. Mais, contraints par la nécessité,
32. — Bencdicife mihi, laissez moi en ils -durent se oonteuter les premiers jours e
partant la bénédiction do votre Dieu, afin pain non fermenté, ou, comme il est appelé
quo je n'éprouve plus de pareilles calamités. Dent, xvi, 3, du « gain d'affliction ». Cepen-
33. — Urgebonttjue ASgyptu populum... dant, comme les peines qui accompagnèrent
dans l'hébreu, c'est VEgypte qui ost le sujet : la sortie d'Egypte ne furent que la transition
« et l'Egypte pressait lé peuple . . . » U est à une nouvelle vie de liberte et de grâce, le
clair que le pays est pris pour ses hahtants, « pain d'à íliction » devait, dans los d.vins
et c'est ce qui explique le pluriel qui suit : conseils, devenir pour Israël une nourriture
« car ils disaient : Omnes moriemur »; ou, sainte, lorsque les jours de la sorti.} seraient
pour traduire exactement le texte : « nous transformés par le Seigneur eu une iête de
sommes tous morts »! ce qui est bien plus sept joure, pendant laque le son i»eupb célé-
énergique. brerait ajamáis lo souvenir de sa délivrance-.
34. — »Tulit igitur populus conspersam La necesité imposé.* par les conjonctures
farinant... La traduction littérale de ce préparait ainsi l'institution de la íéto das
verset d'après l'hébreu serait: « et le peuple azymes. C'est pour cela que cette cireons-
emporta sa pâte avant qu'elle ,ût L'Vée, taure est marquée ici et S. 30.
leurs pétrins attachés dans leurs vêtement!*, 35. — Fecerunique filii Israel... Voy.
sur leur f'pnulo ». Los Egyptiens pressaient plus haut. m. 21 ot 22. nui. « 'toy, vérita-
tellement L'S Israélite de partir quecuux-ri. ble plus-que-parlàit. est une pure répéti-
qui voulaient apparemment IV ire du pain t o:i de celui du vers. 28. Ce genre de iépé-
pour ie vovayo, u on eurent pas le temps, titnn est tout à t a t dans le goût du stjle
niais .urent obligés d'emporter leur pâte toile
biM'quo. C'est à re mome.it-la même, i-'est-
qu'elle trouvait dans le moment, avant â dire, immédiatement avant de partir, quo
quoi o fût lovée ils enveloppèrent don* les los Hébreux demandèrent aux Egyptiens
pétrins où elle se trouvait dans 'enrs vête- leurs vases d'argent, etc. Le î'utur aiiiversi-
ments et lesmireutsur leursépaules. Inutile
de (aire observer que ces pétrins nVInicnt Yîattivi ne permet pas d'en douter. On con-
pas tout à fait comme Ie3 nôtres. nVcÙfi çoit aisément d'ailleurs quo les Israelitas
aient attendu ce moment pour l'aire le.u*
que les Septante rendent par (p&uw et la demande : c'était certes le plus opportun ».
Vu i g aie parpartium, ctuil une grande pièce Glaire.
CHAPITRE XII 101
36. Dominus autem dedit gratiam 36. Or le Seigneur donna grâce à
populo coram iEgyptiis ut commoda- son peuple devant les Egyptiens, de
rent eis; et spoliaverunt iEgyptios. sorte cju'ils les lui prêtèrent; et ils dé-
pouillèrent les Egyptiens.
3T. Profectique sunt filii Israel de 31. Les enfants d'Israël partirent
36. — Dominus autem dédit graVam... fait distinctes. — L'histoire des dix plaies
.«Les Hébreux avaient déjà trouvé grâce et démontra d'une manière non moins certaine
faveur aux yeux des Egyptiens; do là le que Tanis n'était pas dan? la terre de Ges-
prétérit 7ru an lieu du mtur conversif sen. Nous avons vu, en effet, que c'était à
jrPT ». Glaire. Ut commodarent eis. L'hé- Tanis que Мо'вэ avait opéré les mir.icies
breu S^ttJn signifie, comme nous en avons connus sous le nom de plaies d'Egypte : c'est
donc dans cstto capitale qu'Us furent le plus
déjà fait la remarque, non prêter, mais don- sensibles et le plus maniTestes. Mais le texte
ner. C'ost l'observation que lait aussi Kno- sacré nous apprend que la terre de Gessen
bel d'accord avec Keil, etc. fut exe npte des fléaux qui séviront dans la
37. — Profectique sunt filii Israël de résidence du Pharaon ; les mouches qui tour-
Ramesse in Socoth. Nous avons déjà parlé mentèrent los habitants de Tanis et la grôlo
plus haut, i, 11, de la situation de Ramessès qui ravagea leurs champs ne troubleront '
ou Ramsès ; nous ajouterons ici, comme con- point les habitants du pays de Ramessès :
firmation de ce qui a été dit dans cet endroit, c'étaient donc deux localités tout à fa.t diffé-
la réfutation que donne M. Vigoureux de l'opi- rentes. — Nous pouvons regarder par con-
iiioj de M. Brugsch, qui prétend que cette séquent comme un fait démontré que le
ville est la même que Tanis ou Zoan, rési- lieu d'où partiront les Israélites n'est point
dence de Menephtah. «M. Brugsch,dit-il, Tanis, mais une autre ville, ainsi qu'on l'a-
con.bnd Tanis et Ramessès, et déplace aiis* vait universellement cru jusqu'ici, et nous
si le paint de départ dos Hébreux au mo- pouvons a firmer de plus que, selon toutes
ment de l'oxode. Il ne donne qu'une seule Ls vraisemblances, comme nous l'avons dit
preuve en faveur de son opinion : c'est que au commencement de ce livre» (voy. plus
le nom do Pi-ramsès ou ville de Ramsès se haut, i, M, note, p. 8),« Ramessès était située
lit sur des monuments découverts à "Tanis. près de Pithom, non loin du canal d'eau-
Cette preuve est sans valeur. La dénomina- douce qui traverse aujourd'hui l'ouadi Tumi-
tion do Pi-ramsès peut n'être qu'un surnom lat, dans les environs du Tell-el-Maschfita
donné à Tanis ou a l'un de ses faubourgs ; en actuel, appelé aussi Abu-Kescheb, entre Tell-
tout cas, elle ne su/fit pas pour établir que el-Kebir et lo lac Timsâh. C'est là, au cœur
Tanis est la môme ville <iue la Ramessès même de la terre de Gesssn, quo * le fier
bib'ique, car il y avait en Egvpte plusieurs Ramsès II avait fait construire par les Hé-
villes de Ramessès ou Ramses. — Le Pen- breux eux-mêmes, en les assujettissant à la
tateuque prouve au contraire que la ville corvée, cette espèce de forteresse destinée
d'où partit Israël sous la conduite de Moïse sans doute à dominer plus sûremant les
n'était pas la cap'tale de l'Egypte résidence étrangers établis dans cette région. C'est là
du Pharaon. Comme nous l'avons déjà re- aussi, sur les lieux mêmes ou la raco de
marqué plus haut, Ramessès était située Jacob avait eu le plus à souffrir de l'oppres-
dans la terre de Gessen et lui donnait son sion, quelle se réunit maintenant, sur l'or-
no n, parce qu'elle en était la ville princi- dre de Dieu, рэиг briser le joug de la ser
pale. Or Tanis n'était pas dans la terre de vitude ». La B^ble, etc., t. n, p. 388 ot suiv.
Gessen. C'est ce qui resuite clairement de — Les opinions diffèrent sur l'itinéraire suivi
certains détails de l'histoire de Joseoh. Le par les Hébreux depuis lour départ de Ram-
Pharaon dont il était le premier ministre sès jusqu'à la mer Rouge. Sans nous arrêter
résidait à Tanis. Quand son père Jacob vint à discuter dos systèmes dont la fausseté a
habiter l'Egypte et so fixa dans le pays de été mise hors de doute par- plusieurs savants,
Gessen, ce ne lut point à Tanis qu'il vécut, entre autres par M. l'abbé Vigoureux, nous
mais à une certaine distance de là. Joseph croyons à propos de donner les résultats ctes
en effet quitta la cour pour aller lui rendre recherches de ce dorniar. II fait d'abord
visite ; Jacob, quelque temps après, partit remarquer combien Ramsès avait été heu-
aussi de la terre do Rameuses ou Gessen afin reusement choisie pour le lieu du rendez-vous •
de se présenter au Pharaon. Il est impossi- dos Hébreux. « C'était, dit-il, un point à peu
ble de lire tant soit peu attentivement cette près central, et il n'était que рэи éloigné
page du texte sacré sans être convaincu que de la frontière du désert, où l'on devait aller.
Ramessès et Tanis sont deux villes tout à Il avait de plus l'avantage d'être situé près
402 L'EXODE
donc deRamessès pour Socoth,au nom- Ramesse in Socotli, scxcenta fere
d'un canal d'eau douce, qui, longeant l'ouadi était en état de porter les armes au-dessus
Toumilat, rejoignait, à l'est, Le lac Timsah. de vingt ans. Los Arabes comptent parmi
— La dé.*)uvorto de L'existence de co canal, les combattants les jeunes gens au-dessus
ta tenat. ost une dos plus pré lieuses qui do quhiZ3 ans. Ln différence do longévité à
aient été faites par l'égyptologic p">ur la so- l'époque de Moise ot â la nôtre don îe l'expli-
lution de la question qui nous occupe. On en cation de cotto extension ». Avoc les « en-
a retrouvé les vestiges dans les environs de fants » sont aussi comprises les femmes, qui,
Pitliom, ot les monuments nous apprennent comme eux, ne fa saient pas le voyage à
er
qu'il avait été creusé par Séti 1 , to grand- pied, mais sur des bêtes do somme ou des
pire do Mencphtah. Le* Hébreux devaient vo:tures, Gen. xxxi, 17. Le nombre des
avoir travaillé â cette grande œuvre. 11 hommes n'est indiqué ici qu'approximative-.
allait ma'ntenaiit les alimenter d'eau non- mont. Le recensement fait au Sinaï donna
dans les doux premiers jours do marche ». pour résultat 603, 530 hommes d3 20 ans et
— Ensuite M. Vigoureux ajoute : « Dès au-dessus (Num. i, 43), et 22, 000 lévites
qu'ils furent prêts â partir, pressés qu'ils âgés d'un mois ot plus (lbid. m, 39). En y
étaient par les Egyptiens, que la dernière ajoutant les femmes et les enfants, on aura
plaie avait remplis de terreur, ils quit- un nombre total qui doit avoir dépassé deux
tèrent Ramsès et suivirent naturellement millions d'âmes. On voit combien la famille
les bords du canal, qui se dirigeait d'ouest do Jacob, composée do 70 personnes lors-
en est, vers le lac Timsah : la bssoin d'eau qu'elle alla s'établir en Egypte, s'y était
les contraignait à s'en écarter le moins pos- multipliée. Cette multiplication to itefois,
sible, — La première étape lut courte : une pondant un séj mr de 430 ans dans ce pays
!
multitude do p us de deux millions d'hom- n'a rien d'incroyable, rien qui dépasse la
mes, encombres do femmes, d'enfants, de bes- mesure possible d'un accroissament naturel
tiaux, et partie pré ipitamment, était incapa- de la population. «Il est impossible en
ble de faire un long trajet. 11 /allait de plus Orient, dit Léon de Laborde, quant à la po-
attendre les Israélites éloignés do Ramessès, pulation, de faire reposer un calcul sur les
[ui ne devaient pas avoir eu le temps suf- règles de statistique qui sont reçues en Eu-
? isant pour arriver au premier rendez-vous.
Mo so s'arrêta à Soccoth. — Soccoth, com-
rope. La fécondité <ks femmes n'a pas de
bornes en Egypte, et l'on conçoit q u 3 l l e dif-
me nous l'avons vu plus haut, est le nom ierence doivent établir,, dans un calcul, des
civil de la place forte de Pithom. Ici ce nom faits pare ls à ceux que citent Aristote et
désigne la région autour de Pithom, non la d'anciens auteurs, faits qu' se présentent en-
ville mémo ; car la foule dos émigrants no core maintenant tous les jours, malgré Té-
pouvait camper dans l'intérieur des murs». tât de m'sôre et l'oppression d ms l :quel vi-
— Moise profita de la halte do Soccoth vent les Egyptiens. — J^ n'émets don; ici
pour régler définitivement la marche. Quand aucun doute sur la possibilité de L'ac-
tout fut prêt, quand les retardataires eurent croissement des Hébreux tel que l'indi-
rejoint leurs frères et qu'on eut pris une que le texte, d'abord, parce que le texte
nuit do repos, on se remit en route, ot cette le dit, ensuite parce que la protection
fois on arriva jusqu'à la frontière du de Dieu couvrait ce p 3 u p l s dans sa servl-
déserta Etham ». La Bible, etc., t. IÏ, p. 428. tu 'e, enfin parce que, dans les probabilités
— Scxcenta fere miltia pedtium viro- du développement do toute autre popu-
lation, cet accroissement pouvait avoir lieu »,
nm... L'emploi de l'expression îS^n, qui — Léon de Laborde montre ensuite, d'après
le Litlerarischer Anzelger du 4 octobre
désigne les « hommes do pied » d'une armée, 1796, cette possibilité par une table de pro-
vient de ce que les Israélites, on quittant
1 Egypte, formaient, en effet, une armée, ortioj établie d'après les bases ordinaires
« l'armée de Jehovah », comme il est dit
)Ius bas, 41, composée «feulement des
Sprouvé
e la population. 1« même point e3t a-nsi
par Keil : « En retranchant des 70
imîmes en état de porter les armes A par- âmes qui allèrent s'établir en Egypte le pa-
,ir de l'Age do vingt ans. « Remarquons d'a- triarche Jacob, ses douze fils, Dina, et Sera
x>rd, dit Léon de Laborde, quo cette ma- fille tl'Assr, en outre les trois fils de Lévi,
nière de compter la population par le nom- les quatre petits-fils de Juda et do Benja-
• bre d'hommes en état de porter les armes min, et las pot.ts-fllsde Jacob qui vraisam-
s'est conservée chez les nomades, qui répon- blablemcnt moururent sans laisser de posté-
dent, chaque fois qu'on les questionne sur le rité mâle, vu que leurs descendants ne figu-
clrffre de la population d'une tribu : Elle rent pas parmi les familles d'Israël, il reste
compte mille lances, deux mille hnces. On 41 petits-fils de Jacob, en dehors des lévites,
CHAPITRE XII 103
TnÜliapeditum virorum, absque par- bre d'environ six cents mille hommes
vulis. à pied, sans compter les enfants.
38. Sed et vulgus promiscuum 38. Mais une foule mêlée innombra-
innumerabile ascendit cum eis, oves ble monta aussi avec eux, des brebis,
et armenia et animantia diversi gene- des betes de somme, des animaux de
ris mulla nimis. divers genre nombreux à l'excès.
39. Coxeruntquefarinam,quam du- 39. Et ils cuisirent la farine qu'ils
dum de /Egyptoconspersam tulcrant; avaient apportée pétrie de l'Egypte
et feccrunt subcinericios panes azy- et ils firent des pains azymes cuits
mos; ñeque enim poterant fermentan sous la cendre; car ils ne pouvaient
cogentibus exire iEgyptiis, et nulíam pas être fermentes, les Egyptiens les
faceré sinentibus moram; nec pul- forçant de partir et ne leur permet-
menti quidquam oceurrerat prsepa tant de faire aucun retard ; et ils n'a-
rare. vaient pu préparer aucun mets.
40. Habitatio autem filiorum Israel 40. Or le séjour que les enfants
posent, mais suppriment assez souvent des nuit d'observance », c'est à dire, une nuit à
membres intermédiaires insignifiants, comme observer, à célébrer par tout le peuple.
nous en avons déjà fa'.t la remarque à pro- « en l'honneur de Jehova'i ».
pos de la généalogie de Moïse et d'Aaron,
vi, 18-20. En effet, c'est ce que prouve déjà, e) Autres prescriptions relatives à ta Pârjuâ, ff. 43-
outre los raisons alléguées dans cet endroit,
la comparaison avec d'autres généalogies.
Ainsi Num. xxvi, 29 et seq., et Jos. xvn, 43. Hœc est religio PJiase, dans l'hébreu :
3, de Joseph jusqu'à Zelophchad sont mar- « c'est ici le statut, » ou « la loi de la pâ-
quées six générations; dans Ruth iv, 18 et que », Les dispositions qui suivent jusqu'à
suiv., et i Ghron. (Vulg. Parai.) n , 5 et la fin du chapitre, et qui complètent la loi
suiv., de Juda jusqu'à Naasson, le prince de de la pâque donnée plus, haut, ff. 3-11, ne
la tribu sous Moïse, également six ; i Ghron. sont publiées qu'après la sortie d'Egypte,
(Vulg. Parai.) u, 18, de Juda jusqu'à Beza- parce quo c'est la fouie d'étrangers qui s'é-
l:;ol, l'architecte du tabernacle, sept, et i taient joints aux Israélites qui les avaient
Parai, vu, 20 et suiv., de Joseph jusqu'à rendues nécessaires. — Omnis alienigena
Josué, neuf ou dix. Cette dernière généalo- non comedel eoo eo. La raison en est toute
gie montre do la manière la plus claire la simple : c'est que le festin pascal était uu
fausseté de l'opinion qui, à la suite des Sep- acte religieux dont les profanes ( evaient
tante, ne lait durer que 215 ans le séjour d'autant plus être exclus qu'il n'avait de-
dos Israélites en Egypte, puisque dix géné- signification que pour lo peuple de Dieu.
rations, comptées chacune à 40 ans, s'accor- Cependant, commo Israël avait été élevé à
dent bien avec 430, mais nullement avec 215. cet honneur, non en vertu de sa naissance,
Au resta, l'opinion dos Septante devint tra- mais uniquement par la vocation divine, et
ditionnelle dans la Synagogue, et elle est qu'il était destiné à être une source de bé-
suivie par S. Paul lui-même dans l'épître nédictions pour les autres pauples, ceux-ci
aux Galatos, ni, 17, où l'exactitude chrono- ne devaient pas être écartés d'une manière-
logique importait peu ». Keil. Voy. aussi absolue. La condition à laquelle ils pou-
RosenmfUler ; Cook dans le Spealœr's Com- vaient y être admis, c'est que, par la cir-
ment. ; Pulpit Comment. Exod., Intred., p. concision, ils eussent été incorporés au peu-
xvn et suiv. ple de Dieu.
41. — Eccdem die, plus exactement 44. — Omnis autem servus emptitius
d'après l'hébreu, « ce jour-là même », c'est circumcidetur... L'esclave acheté, qui ap-
a cure, le 15 du mois d'abib, comme cela partenait déjà à Israël comme sa propriété,
résulte du rapprochement de tout le con- devait lui être complètement incorporé par
texte do ce chapitre, et du chap. vin, 4. — la circoncision pour participer aussi à la
Omnis exercitus Domini. Voy. plus haut pâque. La circoncision de l'esclave était
vu, 4. prescrite, et non simplement facultative,,
42. — Nox ista est observabilis Domini ; comme le veulent Aben-Ezra et autres. Cfr.
littéralement d'après l'hébreu : « c'est une Gen. xvn, 12.
CHAPITRE XII 105
45. Advena et mercenarius non 45. Le nouveau-venu et le merce-
edent ex eo. naire n'en mangeront pas.
46. In una domo comedetur, nec 46. Elle sera mangée dans une
efferetis de carnibusejus foras, necos seule maison, et vous ne porterez pas
jllius confringetis. de ses chairs dehors, et vous ne
Num. 9. 12. Joan. 10. 36. briserez aucun de ses os.
4T. Omnis coetus filiopum Israel 47. Toute rassemblée des enfants
faciet illud. d'Israël la fera.
48. Quod si quis peregrinorum in 48.. Que si quelque étranger veut
vestram voluerit transiré coloniam, et passer dans votre colonie et faire la
faceré Phase Domini, "circumcidetur pàque du Seigneur, tout ce qu'il a de
prius omne masculinum ejus, et tunc mâle sera d'abord circoncis, et alors
rite celebrabit; eritque sicut indígena il la célébrera selon le rite, et il sera
terrae; si quis autem circumcisus non comme un indigène de la terre. Mais
fuerit, non vescetur ex eo. si quelqu'un n'est pas circoncis, il n'en
mangera pas.
49. Eademlex eritindigenseet colo- 49. Il y aura la même loi pour l'in-
no qui peregrinatur apud vos. digène et le colon qui séjourne parmi
vous.
50. Feceruntque omnes filii Israel 50. Et tous les enfants d'Israël
sicut prseceperat Dominus Moysi et firent comme le Seigneur l'avait or-
Aaron. donné à Moïse et à Aaron.
51. Et eadem die eduxit Dominus 51. Et le même jour le Seigneur fît
filios Israel de terra ¿Egypti per tur- sortir de la terre d'Egypte les enfants
mas suas. d'Israël rangés par troupes.
45. — Advena et mercenarius non edent Phase Domini; littéralement d'après l'hé-
ex eo. La raison de cette différence entre breu : « et quand séjournera avec toi "un
eux et los esclaves, c'est qu'ils ne sont avec étranger et qu'il fora », voudra faire, « la
Israël que dans un rapport purement exté- pâquo en l'honneur de Jehovah ». Comme
rieur, qui d'un jour à l'autre peut être dis- le remarque Rosenmüllcr, « ex iis quae pro-
sous. xime sequuntur liquet non agi ds paschate
46. — In una domo comedetur. « Hino ante circumeisionem celebrato. Saspe verba
.patet agnum non in tempio, sed in domo actionem significantia voluntatem tantum
immolatum fuisse, turn hac prima vice, turn aut conatum dénotant ». Rosenmüll. — Cir-
deinceps. Debebat ergo agnus in ea domo cumcidetur XW lus omne masculinum ejus :
totus comedi in qua erat immolate et assa- « non ipse tantum, sed omnos mares qui
tus, nec ejus pars mitti poterat ad eos qui sunt in familia ipsius aut ad ip^um pertinent
erant in aliis domibus, idque in signum quod circumcidi 'ebant». Rosenm.L^mot «prius»
nocte illa transeunte angelo porciltiente nul- n'est p s clans le texte : c'ost une glose
lus domo ogressus sit, uti docet Scriptura ». ajoutée par la Vulgato.
Corn, a Lap. Voyez cependant plus haut, 49. — Et colono, peregrino. U « étran-
xii, 6, note, et comparez Keil, Bibl. Ar- ger » dont il s'ag.t ost celui qui fut appelé
chseol. § 81. — Nec os illius confringetis. prosélyte de la justice. « Fuerunt nimirum
Dans le sens typique, ces paroles renferment proselyti justiliœ, qui circumjisi fuerunt et
une prophétie i-elative à Jésus Christ, le vé- omnes legales ritus obsorvarunt. Fuerunt
ritable agneau pascal, dont les os ne Airent item proselyti portm, qui ctiam proselyti
pas brisés à sa mort comme ceux des deux inquilini, qui modo septem prsocepta flii.s
voleurs crucifiés à côté de lui. « Joan. cap. Noac, i. e. toti mimano generi data obsorva-
xix, f. 36, in Christi passione hsec Scriptura rent; hi a circumeisione ac reliquis legis co-
impleta dicitur : typus enim et figura pro- remoniis fìierunt liberi ». Rosenm.
prie ipsa rei ventate impletur, cum scilicet 51. — Et eadem die . . . L'hébreu se tra-
fllud fit quod figura futurum prsesignabat ». duirait mieux par : « factum est igitur. illa
Corn, a Lap. ipsa die . . . » ue verset forme la conclusion
48. — Quod si quis peregrinorum . • . de ce qui précède.
106 L'EXODE
CHAPITRE XÏII
Dieu ordonne de lui consacrer les premiers-nés, fy. 1-16. — Chemin qu'il fait prendre aux
Israélites; la colonne de feu et de nuée, ff. 17-22.
ressemblance avec le nom biblique Etham ». feu, comme l'aspect du feu, Num. ix, 15
La Bib'c, t. II, p 430. Selon Keil, «Etham, s'il ot soq. Quand cotte nuée s'avançait devant
répondà l'égyptien Chetam, comme le veulent l'armée d'Israël, ollo prenait la forme d'une
Ebers etHrugsch, peut aussi bien désigner colonne, elle ressemblait le jour à une som-
toute Ja ligne ou le système de fortifica- bre colonne de fuméo qui montait vers la
tions qui, d'après Ebers, Durch Gosen, p. ciol, et la nuit à une colonne de feu, pour
507, s'étendait de Peluse jusqu'au goh'e montrer à to te l'armée la direction du che-
de Suez, qu'une des fortifications qui, selo i mi'i. Mais quand elle se tenait en rer;os sur
Brugsch(Gcsch., p. 345), couvraient la route le tabernac'e ou qu'elle y descendait, s'y
allant au nord-est par Peluse, ou à l'est par abaissait, elle avait sans doute plutôt la
Migdol, vers la Palestine ». forme d'un globe, ot lorsque, près de la
mer Rouge, olle s'interposa entre les Israé-
21. — Dominus autem prœcedebat eos... lites et les Egyptiens, xiv, 19 et seq., il est
Il y a bien dans cotte colonne quelque ana- naturel de nous la représenter comme for-
logie avec un usage attesté par les histo- mant un large mur de séparation. Dans-
rióos et les voyageurs, et qui est ainsi dé- cette nuée, Jehovah, ou l'ange qui le repré-
crit par Léon de Laborde : « Dans tout sentait dans l'ancienne alliance, était réel-
rOrient,'Ies caravanes et les troupes ar- lement présent au peuple d'Israël, de ma-
mées qui marchent la nuit pour éviter la nière que de là il cariait à Moïse et lui don-
chaleur du jour se font précéder par des nait ses ordres. Là apparaissait la gloire
porteurs de fanaux à cheval ou à pied. Ces de Jeïtiovah (ci-apr. xvi 10 j XL, 34 ; Num.
î'anaux, qui éclairent la route et évitent les T
CÏÏÀPITRE XIV.
22. — Nunquam âefttit columna nu- pharaon possédait aussi dans le pays d' «A-
bis. .. Cette nuee conduisit ainsi les Israé- maor», c'est à dire, des Amorrhéons, dans
lites aussi longtemps qu'ils furent dans le le voisinage de la rive occidentale de la mor
désert. Morte, une ville dans laquelle était un he-
iem ou forteresse. 11 exerça donc pa siblo-
CHAP. XIV — 2.—Reversi castrameten- ment son autorité sur les parties de la Syrie
iur a regione Phihahirolh... D'après la où il entretenait des garnisons, en même
description que le livre des Nombres, xxxiu, temps qu'il fut tranquillo possesseur de toute
7, donne do cotte marche, les Israélites, en l'Egypte. — Le libérateur des Hébreux ne
partant d'Etham, tournent vers Phihahiroth pouvait donc se rendre directement en Pales-
situé vis-à-vis de Béelséphon et vont camper tine sans s'exposer à trouver sa route barrea
devant Magdal. «Lorsque Moïse, dit M. Vigou- par les garnisons de celui dont il secouait le
reux, fut arrivé à Etham, Dieu le fit changer joug. Que s'il espérait pouvoir leur éjhanper,
de route. Le chemin qu'on avait suivi jusqu'a- il ne pouvait du moins se dissimuler qu'il lui
lors conduisait directement et promptoment faudrait, au terme d'un court voyage, s'ini-
en Palestine, à Gaza dans le pays des Philis- )OSer une guerre d'extermination contre les
tins. Pénétrer par cette voie dans la Terre îabitants do la Séphéla et de tout le sud de
promise, c'était aller, on fuyant les Egyp- a Palestine. Les Hébreux, non encore aguer-
tiens, tomber entre les mains de leurs con- ris, nullement endurcis aux fatigues de la
fédérés. Menephtah était en effet allié avec vie nomade, énervés au contraire par une
les rois de la Palestine. Nous savons par le longue servitude, ne seraient-ils pas rebutés
registre du papyrus Anastasi 111 que l'an III par la résistance opiniâtre des Philistins, et
de son règne, il vivait en bonnes relations ne pré/èroraient-ils pas l'esclavage avilis-
avec les Syriens. Ces .rapports amicaux res- sant de l'Egypto à une pénible et difficile
sortent aussi de tous les textes historiques conquête ? Le Seigneur ne voulut point ex-
contemporains, qui nous révèlent de nom- poser son peuple à cette tentation ; il lui fit
breux emprunts taits par la langue égyp- prendre une voie détournée (xin, 17, 18),
tienne aux langues sémitiques, de remar- et donna l'ordre à son chef d'aller d'Etham
quables analogies dans l'emploi r"e certai- vers la mer Rouge an lieu de continuer â se
nes expressions, spéciales à chacune de ces diriger vers la Méditerranée. Dieu parla à
langues, et une certaine communauté d'idées Moïse ot lui dit : « Ordonne aux ornants d'Is-
dans le domaine de la morale religieuse. r a ë l qu'ils changent de route et qu'ils cam-
— Menephtah I avait fait creuser des «pent devant Phihahiroth, entre Slagdal et
or
puits dans le désert, sur les voies do com- « l a mer, vis-à-vis de Béelséphon (xiv, 2.) »
munication entre l'Egypte, la Syrie et le — Ce passage de l'Exode, qui a tant em-
Sinaï.Le registre d'Anastasi III nous apprend barrassé les commentateurs, devient d'une
que des militaires de la garnison, préposés à clarté saisissante et s'explique d'une ma-
la garde dïm de ces puits, lurent amenés à nière très simple et très naturelle dans
Tanispour subir un jugement. Le même l'itinéraire que nous avons indiqué. En par-
112 L'EXODE
tant de Ramsès, les Hébreux n'avaient pu du Sinaï, après s'être reposés en ce lieu.
se rendre directement vers la mer Rouge, — Phihahiroth ou Pi-hahiroth, devant le-
parce qu'ils no pouvaient traverser le ca- quel ils établissent leur camp, était situé,
nal do fc'éti I", qui longeait Touadi Tu- d'après le texte, entre Magdal et la mer, vis-
milat : ils étaient obligés do le longer. à-vis do Bé^lséphon. Malheureusement les
De plus, pour que Meneplitah ne soupçon- points do ropère que nous îburnit Moïse
nât point tout do suite leur véritable pro- pour déterminer ce site nous sont inconnus.
jet, ils djvaicnt se rendre dans le désert le Nous savons seulement qu'il s'agit de la mer
plus proche, a Etham. Mais, parvenus en Rouge, et nous avons tout lieu de croire que
cet endroit, il fallut que Dieu leur révélât l'auteur sacré vout parler do l'extrémité
son A éritablo dessein et leur annonçât qu il septentrionale du golfe, parce que son inten-
voulait les conduire dans la direction du tion étant de conduire son poupe à Test de
Sinai, les faire marcher vers le sud, et non la mer, il n'avait pas dû, venant du nord,
vers le nord. — Pour obéir aux pres- descendre à l'ouest au delà de la poin-
criptions divines, les Israélites quittèrent te, mais s'arrêter à la pointe même. —
aussitôt la route des Philistins et se rendi- Quoique nous ne sachions pas non plus
rent sur les bords de la mer Rouge. Nous d'une manière indubitable ce qu'était Beel-
ign TOUS comb'en de temps ils mirent à séphon, la topographie de l'isthme nous per-
faire ce voyage. Le texte sacré mentionne met d'affirmer que ce nom désigne la chaî-
uniquement l'ordre donné à Mo'.'se, il ne ne de montagnes appelée aujourd'hui djebel
nous dit pas on combien de temps ni de Attaka. Béeïséphon ou B al-Saphon pa-
quelle manière il Ait accompli; le reste rait être un nom sémitique et désigner une
du récit suppose simplement cuio le com- montagne consacrée au culte de Baal. —
mandement de Dieu avait été exécuté... Quant à Migdol ou Magdal, il est impos-
Quand l'auteur sacré reprend le fil de sa sible d'en déterminer la position avec quel-
narration, les Israélites sont déjà sur les que assurance. Son nom se retrouve, dans les
bords de la mer Rouge. — A en juger inscriptions égyptiennes, sous la forme Maktl.
d'après la distance, il est probable qu'ils Il signifie forteresse (c'est le sens f'e ce mot en
mirent plus d'un jour à se rendre d'E- hébreu ; il a aussi certainement en égyptien
tham à l'extrémité du goile de Suez; la même significat'on, soit qu'il ait ete em-
mais, pressés d'arriver dans le désert, prunté aune langue sémitique, soit qu'il vien-
ils ne dressèrent sans doute jamais leur ne de la racine égyptienne mak, proté-
camp, et se contentèrent do faire dos hal- ger, garder, défondre), ce <jui nous indique
tes pour prendre lo repos qui len • était que Magdal devait être situe sur la frontiè-
nécessaire. Le besoin d'eau pour eux-mêmes re, entre l'Egypte et le désort. Une inscrip-
1
et de pâturages pour leurs tronpjaux les tion d3 Séti I ' nous apprend que ce monar-
obligea vraisemblal'loment à longer la rive que passa dans une ville de ce nom à s m re-
occidentale des lacs Amers, et à passer entie tour de Syrie, quand il entra en Egypte. Il
ces lacs et le djibol Ar-hmed Tacher actuel existait plusieurs Magdal dans l'empire des
ou mont Geneffé : là ils étaient encore en pharaon?. Celle dont il est question dans l'E-
Egypte, et les canaux du Nil apportaient xode taisait peut-être partie de la ligne de
dans cette terre la vie et la fertilité. C'est fortifications dont nous avons parlé, et qui, à
la nécessité d'avoir .de l'eau qui nous ex- cette époque, défondait l'Egypte contre les
plique pourquoi, au lieu do rester dans le invasions de3 tribus pillardes du désert.
désert, ils vinrent par cette route à la Elle devait être située à quelque distan-
pointe de la mer Rouge. Le Seigneur les y ce au nord de la pointe du gole. —
conduisit pour leur manifester, par un Quoi qu'il en soit de ce dernier point, il
grand miracle, sa puissance et son amour ; est certain que Pi-hahiroth ne devait pas
mais il leur faisait suivre en môme temps non plus être fort éloigné de la mer Rouge.
la seule voie qui paraît praticable pour cet- Le nom de cette ville, il y a tout lieu de le
te immense multitude — Arrivés à ce terme penser, est égyptien. Elle s'appelait aussi
de leur voyage, les Israélites se trouvè- simplement Hah roth (Num. XXXIII, 8, dans
rent en iace de la mer Rouge. Ils n'en le texte hébreu). L'élément pi qui précode
dépassèrent pas la pointe, comme on Ta est un mot indigène qui signifie lieu, localité»
cru communément, parce qu'on les fai- (d'autres le prennent pour l'article égyp-
sait venir iîe Memphis, à l'ouest, au lieu de tien). « M. Edouard Naville a trouvé a Tell
les faire venir du nord, mais il campèrent sur el-Maskhûta une stèle en granit noir du roi
ses bords pour passer, à l'est, dans le désert Ptolémée II Philadelphe ou est mentionnée
CIÏAPITRE XIV 113
quae est inter Magdalum et mare con- hiroth, qui est entre Magdala et la
tra Beeisephon ; in conspectu ejus mer, vis-à-vis de Béelsephon. Vous
castra ponetis super mare. camperez en face, le long de la mer.
3. Dicturusque est Fharao super 3. Et Pharaon parlera ainsi des
filiis Tsrael : Coarctati sunt in terra» enfants d'Israël : Ils sont resserrés
concluait eos deserlum. dans'la terre, le."désert l é s a enfer-
més.
deux fois une ville de Pikehereth ou Pike- « geur du canal de Bab-el-Mandeb, qui
reheth. C'est la première fois qu'on lit ce « relient les eaux chassées dans cette
nom sur un document égyptien, et l'on peut « direction sous l'action des vents du
supposer avec vraisemblance que c'est la « nord. Elle explique la différence de 4 a
qu'ils vont faire est de nature à donner cette 6. — Juiujit ergo currwn «et il attela.»
t
chevaux, dont il tient les rênes. — L'armée Hébreux des chars vides. D'ailleurs cette
égyptienne, venant de Tauis, où résidait signification, qui, d'après la racine du mot,
a ord le roi, comme nous l'avons m .ntré supposerait trois hommes sur chaque char,
plus haut» ^voy. v, 1, noU, «suivit, à partir ne s'accorde guère avec les monuments égyp-
des on virons du lac Timsah, la route même tiens, qui n'en présentent presque jamais
par laquelle venaient de passer les Israélites. )lus de doux. Le sens de S. Jérôme et de
— Rien ne paraissait plus iacile que d'en- Î a Vulgate, qui est aussi celui de l'arabe,
former les fugitiis comme dans une sorte de paraît don2 préférable. Eu tout cas, il no
prison. Le gnlie de SIIKS se termine par une p3ut être question de simples guerriers ordi-
étroit3 points qui .s'avance dans les terres. naires.
A louent du gol/e AS tire-$e une chaîne de 8. — Induravitque Donimus cor Phara-
montagnes, le Djebel Attaka; cette chaîne onis. Cet endurcissement est attribué à Dieu
s'avance sj prés de la mor, non loin de l'ex- parce qu'il l'avait indirectement occasionné
trémité du golfe, qu'il est impossible à une en taisant faire aux Israélite un détour qui
troupe un peu considérable de p'Nv/r par la leur donnait l'aspect de fugitifs égaré* et
côte. Le Djebel Attaka est lo Béel.séphon du hors d'état de lui opposer aucune résistance.—
texto sacré. Jl iennait donc toute retraite At ilii egressi erant in manu excelsa;
aux Hébreux à l'ouest et au sud; la mer les littéralement d'après l'hébreu : «et ds
empèohail de se sauverai! sud-est. Les cha- sortaient avec» ou «par uns main haute»,
riots du pharaon, en se plaçant sur la route c'edt-à-diro, conduits, protégés par une grande
ar laque le Moïse voulait pénétrer dans le puissance. Cetto réflexion insinue d«yà Tiiiu-
Sésert, lui coupaient toute issue vers ïe nnrd
et le nord-est, et le resserraient dans son
"tililé des efforts de Pharaon pour s'opposer
à leur sortie et les ramener â leur précédente
camp : il éta t pris, pour employer une compa- servitude.
raison dont les conquérants assyriens se 9. — Cumque per sequerentur jEgyplii.,*
servo.it volontiers dans leurs annales, comme La traduction littérale du texte serait : «et
un oiseau dans une cage. Les chariots du les /Egyptiens les poursuivirent, et .ils les
pharaon pouvaient les refouler dans l'impassj atteignirent canpés près de la mer : tous
que ibrmo la mer à l'est et le Djébol Attaka los chevaux dos chars do Pharaon, et ses
au sud et a l'ouest, de toile façon qu'il leur cavaliers, et son armée» les atteignirent,
fût impossible de faire aucun mouvement dis-je, «près de Pi-hahiroth, en ia.ee de Béel-
po ir se sauver ». Ibid., p. 447.— Et duces séphon». VtthD. quo nous traduisons par
loti as eccercitus. Le mot du texte que la
Vuigato rend par « duces» est n'ttfbuf, sur «sos cavaliers», pourrait aussi so rendre
par «ses chevaux de selle», ce qui mar-
la sigu'Acation duquel les avis sont partagés. querait plus clairement la différence des
D'après S. Jérôme, in Ezoch. xxrn, 23, deux sortes de chevaux qui composaient
« O ^ S t t f i tpifftxcaK, tristatee, qui et terni l'armée do Pharaon. Comme on le voit, a
statoros vocantnr, noinen est socundi gradus côté dos chars, il s'y trouvait aussi do la
post regiam diguitatem». C'est aussi le senti- cavalerie proprement dite, qui, en effet, bien
ment do Ked, Gook et autros. Roodiger dans qu'elle ne figure pas sur bs monuments. ;»
le Tlies. de Gesenhis, KuobJl, Bunsen, formé très anciennement, avec ces chars, la
Reuss, etc., traduisant ce mot par essèdaires, principale force des Egyptiens. Outre lsa'o.
c'est-à-dire, guerriers qui combattent sur des xxxi, 1, et xxxvr, 9, Diodorede Sicile en
chars. En lui Jonnant ce sens, il faudrait fait mention comme d'un corps de troupes
traduire le texte par ; «et des assédaires distinct, qui, dans l'armée de Sésostris,
sur tous». Mais il s'entend assez de soi que comptait 24,000 hommes. On pourrait prendre
le roi d'Egypte n'envoyait pas contre les ibirii «son armée», pour l'infanterie; mais,
116 L'EXODE
comme ni dans ce récit, ni dans le cantique 11. •— Forsitan non erant sepulcra in
qui suit ni ailleurs, où ost rappelée cette JEgypto... L'Iï&ypte étant si riche en tom-
histoire, par ex. Jos. xxiv, 0, il n'est fait beaux et en monuments funéraires, un tel
mention d'autres troupes que de chars et de reproche est d'autant plus piquant.
cavalerie, il vaut mieux entendre sous ce 12. — Nonne isle est sermo...ï Non, ce
nom les hommes qu\ montaient les chars et ne sont pas précisément les discours qu'ils
les chevaux. avaient tenus. Accablés sous le peids des
10. — Et timuerunt valde. Il est vrai corvées, ils avaient d'abord reçu avec joie
que, à ne la considérer qu'avec des yeux les ouvertures que Moïse leur avait l'a; tes de
humains, leur situation ne pouvait être plus la part de Dieu ; ce n'est mie lorsqu'ils avaient
critique. Entourés de trois côtés par les vu leurs charges devenir plus lourdes qu'ils
montagnes çt la mer, qui ne leur laissaient s'étaient plaints à Pharaon ainsi qu'à Moïse,
aucune issue, et de l'-autre par l'armée de ci-dess. v, 15 et seq.; encore avaient-ils
Pharaon, n'étant nullement préparés à com- exécuté plus tard tons les ordres de ce dernier.
battre et n'ayant pas même la pensée de 13. — Et viclete magnalia Domini ;dans
chercher leur salut dans la victoire, leur l'hébreu «et voyez le salut de Johovah»,
perte était inévitable. Et cependant il semble comment il vous sauvera; car c'est lui qui
que tant de prodiges que Dieu avait déjà vous délivrera de ce danger. «cMosos dure
opérés en leur /laveur pour les tirer de la et increiulo populo mansuete responclot,
servitude d'Efeypte auraient dû leur inspirer memor vocationis Dei etsalutispopuli potius
la plus ferme confiance qu'il continuerait quam injuriarum». Corn. aLap.—jEgyptios
son œuvre et ne les abandonnerait pas dans enim quos nunc videtis... D'autres, prenant
cette extrémité. Mais toutes ces marques si TON dans le sens de TU?NO, «comme», tra-
éclatantes de son amour et de sa protection duisent : «car comme vous voyez les Égyp -
toute-puissante ne sont plus pour eux que tiens aujourd'hui, vous ne les verrez p'.us
comme un songe, et s'ils crient vers Jehovah, jamais», c'est-à dire, vous ne les verrez plus
leurs cris, comme le montrent les reproches tels qu'ils vous apparaissent ma'ntcnant,
qu'ils adressent ensuite à Moïse, sont plutôt armés contre \ous ot terribl.s, mais étendus
l'expression du désespoir que de la confiance. noyés sur le rivage. Keil ot Bimsen fcradui-
G.IAP1TRE XIV i 1 7
sent comme la Vulgate, dont le sens est que la mer ». Nous remployons de mémo à tout
les Egyptiens qui inspirent tant d'effroi aux moment. C'est ainsi qu'un poète a dit : «Me-
Israélites vont disparaître a leurs yeux pour diis sitiemus in undis».
toujours, être anéantis. 17. — Et in curribus et in equitibus il*
14. — Et vos tacebitis, vous n'aurez autre lius. Ces mots sont regardés par Keil et au-
chose à faire que de regarder en silence. tres comme une apposition explicative de
15. — Quid clamas ad me ? Les Pères «in omni exercitu ejus». Le premier « e t »
<enteude.it ordinairement ces paroles du cri n'est pas dans l'hébreu.
du cœur, de l'ardeur de la prière. «Quid 19. — Angélus Dei. L'ange dont il s'agit
est, dit S. Augustin, quod dicit : «Quid in- est celui qui était caché dans la nuée et la
-« clamas ad me»? nisi quia intelligi voluit conduisait. Il alla se placer derrière les Israé-
hoc eum vocis silentio egisse ut corde cla- lites pour Ios protéger contre l'armée égyp-
maret »? Néanmoins- l'explication la plus tienne. — Cum eo pariter. Ces mots, qui
naturelle est cello de Cornelius a Lapide, ne se lisent pas dans l'hébreu, sont une ex-
•qui dit : « Subticet Scriptura more hebraeo plication ajoutée par la Vulgate. L'hébreu^
.factum praevium, videlicet Mosen ferventi dans la se.ion le partie de ce verset et la
mentis in Deum elevatione coram eo iromièro du suivant, porte à la lettre : «et
orasse . . . , qjiom proinde Deus exaudiens Î a colonne do nuée partit de devant eux, et
dicit : «Quid clamas ad me»? non roprehen- se plaça derrière eus, et elle vint entre le
dens ejus orationem, seri hlandiendo eum camp des Egyptiens et le camp d'Israël»,
consolans, docens et excitans ad miracoli se~ Le met «stetit», gui dans la Vulgate com-
quentis, puta transitas maris Rubri, spem et mence le verset suivant, appartient encore à
itggressum». celui-ci dans l'original, qui ensuite a déplus
16. — In medio mari. Cette expression que la Vulgate: «et elle vint». Ces diffé-
ne doit pas ss prendre, à la rigueur, comme rences, du reste, n'intéressent pas le sens.
si elle marquait PêndroH de la mer égale- 20. — Et erat nubes tenebrosa et Ulumir
ment distant de ses extrémités, mais simple- nans noctem ; littéralement d'après le texte :
ment cornine signifiant « dans l'intérieur de «et il y eut la nuée et les ténèbres», ex*
118 LEXODE
Egyptiens et le camp d'Israël. Et elle et castra Israel ; et erat nubes tene-
était nuée ténébreuse, et elle illuminait brosa, et illuminansnoctem, ita ut ad
la nuit, de telle sorte que pendant se invicem toto noctis tempore acce-
toute la nuit ils ne purent se rappro- dere non valerent.
cher.
i 21. Et lorsque Moïse eut étendu 21. Cumque extendisset Moyses
la main sur la mer, le Seigneur l'en- manum super mare, abstulit illud Do-
leva par un vent véhément et brûlant minus flante vento vehementi et
qui souffla toute la nuit et la changea urente tota nocte, et vertitin siccum ;
en sec. Et Veau fut divisée. divisaque est aqua.
22. Et les enfants d'Israël entrèrent 22. Et ingressi sunt filii Israel per
au milieu de la mer desséchée ; car medium sicci maris; erat enim aqua
l'eaù était comme un mur à leur droite quasi murus adextra eorum et laeva.
et à leur gauche. Ps. 77. 13. et 113. 3. ttebr. I i . 29.
ression qui revient à dire, comme l'a très ka,dans la direction du sud-ouest au nord-
Enuée
ien compris l'auteur de la Vulgate : et la
lut ténébreuse, à savoir, du côté des
est, comme l'ont pensé, en suivant la tradi-
tion des Arabes péninsulaires, Bruce, Shaw,
Egyptiens, «et elle éclaira la nuit», par de Raumer,de Lengerke, etc. Cette opinion
contre, du côté des Israélites. — lia ut ad ne peut être soutenue que par ceux qui font
se invicem . . . Le sens littéral de l'hébreu venir les Hébreux des environs du Caire,
est: «et l'un ne s'approcha pas de 1 autre parce que, en les faisant venir du nord, outre
toute la nuit ». Les Israélites n'avaient quon ne pourrait expliquer pourquoi ils se-
nulle envie de s'approcher des Egyptiens, et raient descendus si bas, comme nous l'avons
les Egyptiens étaient empêchés par les dit, il est impossible à une multitude de pas-
épaisses ténèbres que h nuée répandait sur ser entre le Ras Attaka et la mer. Bonar,
aux de s'approcher des Israélites. Tho Désert of Sinai, p. 79. De plus, la lar-
21. — Cumque exlendissel Moyses ma- geur de la mer est trop-grande au sud de la
num cum virga, 16, super mare, abs- montagne pour que les Israélites aient pu la
tient, littéralement : abire fecit illud Do- traverser dans L'espace de temps marqué
minus in duas partes fiante vento vehe- par l'Exode », qui n'est gue de quelques heu-
menti et urenle tota nocle. Les mots que res, pas même d'une nuit entière. Le même
la Vulgate rend par «vento urente» sont savant pinse que, « partis l u nord-ouest
DHp Î R N , «vent d'orient », ou d'est, par sur le bord oriental du golfe, ils suivirent une
ligne oblique et allèrent sortir plus bas sur
lequel on peut aussi entendre un vent soit du 1 autre rive, au sud-est». La Bible etc., t. II,
nord-est, soit du sud-est, l'hébreu n'ayant p. 449, et 450 avec la note 1. — Divisaque
d'expre:Sion particulière que pour les qua- est aqua. Les eaux se partagèrent de manière
tre points cardinaux. Quel lut précisément à lasser un passage a travers la mer. Quelle
lèvent désigné ici, c'est ce qu'il n'est pas fut la largeur de ce chemin d'une espèce si
possible de déterminer, parce qu'il n'est pas nouvelle, c'est ce qu'il n'est pas p^s^ible
passible d'indiquer avec précision dans de dire exactement ; mais il faut qu'elle ait
[uel endroit et dans quelle direction eut été considérable pjur rendre possible le pas-
? ieu le passage des Israélites. « Il y a de
nombreuses preuves, dit M. E. H. Palmer,
sage rapide d'une telle multitude.
que l'extrémité septentrionale du golfe de 22. — Erat enim aqua quasi murus».
Suez s'est graduellement embourbée, et qu'en «Leseaux diviséesondeuxde manière à laisser
conséquence la ligne de la côte a constam- à sec le lit de la mer devaient nécessairement
ment reculé vers le sud. Il suit de là que... former une masse énorme à droite et k gau-
le lieu exact où s'est accompli le miracle che, et cette masse devait elle-même pré-
doit toujours demeurer un sujet de pure spé- senter naturellement l'image d'un mur éle-
culati n ». The Désert of tho Exod., 1.1, p. vé ». Glaire.
3G-38. «Tout ce que Ion peut affirmer, 23. — Persequentesque Mgy\Mi... L'aveu-
ajoute M. Vigoureux, c'est que le passage glement des Egyptiens ne sa conçoit que
dut s'effectuer vers l'extrémité du golle, et comme un juste châtiment de toutes leurs ré-
qu'il ne put avoir lieu au sud du DJEBEL Atta- sistances précédentes aux ordres de Dieu. Sans
CHAPITRE XIV 119
tus Pharaonis, currusejus etequites, cavalerie de Pharaon et ses chars et
per medium maris. ses cavaliers, au milieu de la mer.
24. Jamque advenerat vigilia matu- 24. Et déjà était venue la veille du
tina, et ecce respiciens Dominus super matin ; et voilà que le Seigneur, re-
castra ¿Sgyptiorum per columnam gardant le camp des Egyptiens par
ignis et nubis, interfecit exercitum la colonne de feu et de nuée, fit périr
eorum. leur armée ;
Sap, 16. 15.
cela, comment l'expérience du passé ne leur 25. — Et sitfsvertit rotas curruum, fere-
aurait-elle p.is fait craindre que rétonnant banturque in profundum. « Currus enim,
prodige dont ils étaient témoins, et qui avait dit Corn, a Lap*do, prius elati per rotas,
évidemment pour but de sauver les Israéli- jam rôtis excusais... deprimebantur in pro-
tes do leurs mains, n'aboutît pour eux-mê- Jundum, id est, in ipsum maris alreum jam
mes à u i résultat contraire et ne consom- aquis vacuatum et mox iis rursus repïen-
mât leur pe te ? dum ». Mais la traduct'on exacte rie l'hébreu
24.— Jamr/ua advenerat vtgilia matuti- est : « et il ôta la roue de ses chars », des
na. C'était la troisième des trois veilles dans chars du camp, ou de l'armée de Pharaon,
lesquelles les Hébreux partageaient la nuit. « et il », ce camp, « les conduisit ». à savoir,
Elle s'étendait à peu près depuis deux heu - ces chars dt pourvus do roues, « avec diffi-
ras du matin jusqu'au lever du soleil, qui, culté, # Uttjêi-alpment : « avec pesanteur », On
dans la saison où l'on était, avait lieu un comprend en effet eimbien piniblemont do-
peu avant 6 heures.—Etre respiciens Do- raient êtro traînés des chars en cet état.
minus... En quoi consista ce regard de Je- 27. — Ad priorem lotmm, proprement:
hivah sur le camp des Egyptiens, et quelle « ad perennitatem suam, » à son état habi-
marque extérieure ¡1 en parut, c'est ce que tuel et permanent, — El involvit eos..., litté-
l'historien n'explique point. Il y a apparence ralement d'après l'hébreu : «et Joho\ah se-
que ce lut une lumière éclatante et terrible coua, » précipita « les Egyptiens au milieu de
qui tout à coup perça la nuée du côté rit s la mer ».
Egyptiens, et fut accompagnée d'éclairs et 28. — Nec unus guidem superfuit ex
do tonnerres, comme on le volt par le Ps. eis. Le roi d'Egypto p*rit-il aussi dans ce
LXXYU (Vulg.LXXVIï, 18,19.—Interfecit désastre ? Les egyptoiognes ne le pensent
eœerdlum eorum. Le texte dit seulement : pas. « Le pharaon, dit M. Vigoureux, ne lut
« il troubla », mit en désordre, « le camp des cependant pas noyé comme son armée. Le
E.j pMens ». Ce n'était encore que le corn - texte sacré ne lo dit psînt, et l'histoire égyp-
mencement et comme l'annonce de Tinter - tienne suppose le contraire. La huitième an-
vention de Dieu pour délivrer son peuple de née de son règne, il avait déjà désigné pour
l'année de Pharaon ; le récit de la desfcruc - héritier do son trône son flls Séti II Menoph-
tion de celle-ci ne vient que plus bas. tah, qui lui succéda en effet directement et
120 L'EXODE
vrirent tous les chars et tous les cava- ruerunt currus et ecjuites cuncti exer-
liers de l'armée de Pharaon, qui, en citus Pharaonis, qui sequentes ingres-
les suivant, étaient entrés dans la mer. si fuerant mare; nec unus quidem
Il n'en resta pas un seul. superfuit ex eis.
29. Mais les enfants d'Israël pas- 29. Filii autem Israel perrexerunt
sèrent au milieu de la mer mise à per mèdium sicci maris, et aquas eis
sec, et les eaux étaient pour eux erant quasi pro muro a dextris et ?
comme une muraille à droite et à sinistris;
gauche.
30. Et le Seigneur délivra ce jour- 30. Liberavitque Dominus in die
là Israël de la main des Egyptiens. illa Israel de manu jEgyptiorum.
31. Et ils virent les Egyptiens 31. Etviderunt Mgyptios mortuos
morts sur le rivage de la mer, et la super littus maris, et manum magnam
paisiblement, mais on ignore en que??e an- des monuments égyptiens que Menephtah n'a
er
née. Menophtah I fut enseveli à Bihan-el- pas péri dans Getto catastrophe, c e serait, à
Moluk, dans le tombeau qu'il s'était préparé. mon avis, une preuve que ce prince n'est feas
Les monuments ne nous apprennent absolu»- le pharaon qui régnait alors.
ment rien sur les événements postérieurs à 29. — « Ce verset n'est point, comme on
la huitième année de son règne et sur sa du- pourrait l e croire, une i épétiton inutile du
rée tota'e. Aucun égyptologue ne s'étonne 22°. L'auteur voulant résumer, selon sa cou-
que les documents indigènes aient passé tume, l'histoire q u ' i l vient de raconter, fait
sous silence le désastre de la mer Rouge : ils précéder immédiatement son résumé du trait
n'enregistraient pas les défaites. On admet principal de sa narration. Seulement, com-
généralement que Menephtah a gouverné me ce fait dominant est antéi ieur â celui
l'Egypte pandant vingt ans, mais sans pou- qu'il vient do rapporter (vers, 27, 23), il a
voir cependant en donner aucune preuve : soin d'employer ie prétérit isbn au lieu du
les listes manéthonionnes sont en désaccord futur conversif dont il s'était servi : ijovi
sur ce chiffre ». La Bible, etc., t. II, p. 451. (vers. 22), lorsqu'il en faisait mention pour
— Il paraît néanmoins difficile d'admettre la première fois». Glaire.
avec tes égyplologues que le roi d'Egypte 31. — Et manum magnam, c'est à dire,
n'ait pas partagé le sort de son armée. Il ot la grande puissance. C'est la cause pour
faudrait pour cela, à s'en tenir aux termes l'effet. — Timuilque 2*opul\Ui Dominum...
de l'historien sacré, qu il ne se lût pas trouvé Dans les prodiges qui venaent de s'opérer,
avec elle dans cette occasion, ce qui serait Dieu n'avait pas ou seulement pour but de
déjà d'autant moins croyable on &*i mie la tirer sa gloire d u châtiment de- Pharaon,
passion qui le poussait no devait guère lui mais encore d e confirmer son peuple dans
permettre de se soustraire à un usage cons- sa crainte ot dans la foi en lui et en Moïse
taté par les monuments, qui représentent tou- comme son fidèle ministre et représentant.
jours, dans la guerre, le pharaon à la tête « Una rdque eadem credulitas in Moysen re-
de sos troupes. Aussi avons-nous vu plus peritur ac in Doum, dit S. Jérôme, in epist. ad
haut, vers. 6 et suiv., que c'était effective- Philern. 5, ut populus qui credebat m Domi-
ment lui qui les commandait, d'où Dillmann num œquo crediclisse dicatur et in servum.
conclut également qu'il périt avec elles. Je Hoc autem non solum in Moyse, se l in om-
ne vois pas trop non plus comment il serait- nibus sanctis ejus est, ut quicumque credidit
possible de concilier l'opinion que je combats Deo, aliter cjus fidem racine; e n o n queat
avec le témoignage encore plus précis de nisi credat ot in sanctos ejus. Non est onim
l'auteur du Räume CXXXV1 (Vulg. in Dcum peribeta dilectio et fldes quœ in mi-
CXXXV), 15, qui joint expressément Pha- nistres ejus odioet infldelitate tenuatur».
raon à son armée, en lui appliquant aussi « Les Pères ot las commentateurs font re-
bien qu'à elle la même expression que nous marquer dans la délivrance des Hébreux le
lisons ici dans l'Exode : « et il secoua Pha- goure humain délivré de la servitude du pé-
raon et son armée dans la mer Rouge». ché sous la conduite et par les mérites de
La découverte du tombeau de Menephtah ne Jésus Christ, dont Moyse était la figure. Le
pro ve rien : son cadavre, rejeté par les flots passage de la mer Rouge représentait le
sur le rivage, a pu être retrouve et enseveli baptême, où le démon et le péché, figurés
comme s'il était mort dans d'autres circons- par Pharaon et son armée, sont submerges et
tances. S'il résultait clairement du témoignage abattus». D. Calmet. Voy. ICor. x, 1 et f=eq.
CHAPITRE XIV «1
quam exercuerat Dominus contra eos; main puissante que le Seigneur avait
timuitque populus Dominum : et c r e - déployée contre eux. Et le peuple
diderunt Domino, et Moysi servoejus. craignit le Seigneur, et ils crurent au
Seigneur et à Moïse son serviteur.
— Les rationaliste, ennemis du miracle, ont Israélites, ainsi que I*a.firme le texte bibli-
tenté do le .'aire disparaître du récit qu'on que. Il faut donc, soit nier le passage des
vient de lire : mais c'est une entreprise im- Hébreux par la mer Rouge et l'anéantisse-
possible. Gomme l'observe M. Guér.n, «cette ment de f'arméo égyptienne, soit reconnaître
heureuse sortie de l'Egypte de tout un peu- dans cas deux grands événements une inter-
ple de deux millions d'individus environ, vention éclatante de la Providence qui ne
hommes, femmes et en ants, acculés entre la peut s'expliquer que par un miracle. Mais nier
mer, les montagnes, le désert et les troupes ces deux faite, c'est non seulement infirmer
de Moneplitah, et la destruction complote de le témoignage si n-.U et si précis de Moïse,
cette armée, sont deux laits tellement extra- acteur néanmoins et témoin oculaire, c'est
ordinaires, tels que le livre de l'Exode les encore récuser tous les écrivains sacrés qui,
raconte, qu'il est absolument impossible de d'âge on âge, ont exalté cette délivrance mi-
les explique]* d'une manière purement natu- raculeuse des Hébreux du joug de Pharaon ».
relle, comme on a essayé quelquefois de le Aorês avoir cité divers endepts des livres
faire. On a prétendu, par exemple, que les saints où as double evênemenTe>l rapjiolé et
Hébreux avaient ppofité d'une marée basse célèbre, M. Guérin conclut ainsi .* « Il e^t
pour traverser la mer Rouge, et que les donc impossible do nier do pareils faits sans
Egyptiens avaient été engloutis par le flux. contredire l'histoire elle-même de tout un
On a supposé aussi que Moïse avait conduit pauph dans ce qu'elle a do plus saillant,
son peuple à un gue qu'il connaissait par de plus authentique et de plus enraciné dans
expérience, comme ayant habité longtemps ses traditions. Il est impossible, d'un autre
la terre de Madian et parcouru le rivage de côté, do les expliquer humainement ; donc
la mer Rouge. Mais comment croire que les ils sqnt miraculeux, et c'est (aire acte de
Egyptiens pussent tous ignorer le phéno- raisjn que île les croire sans les discuter,
mène journalier du flux et du reflux d'une appuyés qu'ils sont sur d'irrécusablos témoi-
e
mer-qui bordait leur territoire et qui était gnages». La terre sainte (2 part.), gr. in-4,
sans cesse sous leurs yeux ? Que dire aussi Par. i88i, p. 402 et suiv. Voy. pour plus
d'un gué si favorable aux Israélites et deve- de détails D. Galmet, Dissertât, sur le pas-
nu tout à coup si .'uneste à leurs ennemis? sage de la mer Rouge par les Hébreux;
En outre, traverser une mer au moment du L. de Labordo, Gomm. geogr. sur l'Exode;
reflux ou à gué, ce n'est \ as s'avar.cer entre M. Vigoureux, La Biblo, etc., t. If, p 455 et
deux murailles d'eau, comme le flreat les suiv. Ancessi, Atlas Biblique, cart. v et v.i
122 L'EXODE
CHAPITRE XV
Cantique d'action de grâces de Moïsa, ff. 1-21. — Arrivée des Israélites à Mara et à Elim,
n. 22-27.
3° Cantique de Moïse après le passage de la mer se réunit pour l'attester et pour repousser
Rouge, XV, 1—21. toute autre hypothèse. Les rationalistes ont
CHAP. xv. — Les enfants d'Israël viennent objecté le coup d'oeil prophétiquo sur l'en-
de traverser la mer Rouge, qui, comme on trée en possession de la terre promise', déjà
l'a vu, a ontr'ouvort ses flots devant eux préparée par le passage de la mer Rouge,
pour leur donner passage et les a refermés qui en est aussi un gage assuré. Cola n'a
sur leurs ennemis, dont ils voient les cada- rien que de très naturel de la part de
vres épnrs sur le rivage. Délivrés par ce gens qui rejettent tout ce qui est surnatu-
prodige de la droite du Tout-puissant du rel ; mais quant aux Israélites, qui croyaient
plus grand des périls, devenus enfin, après aux promesses faites à leurs pères, on ne
uao longue et cruelle oppression, un peuple concevrait guère que, dans le moment où
libre et indépendant, et, ce qui est bien plus, ils se mettaient en route pour le pays ([iti en
élevés de fait à la dignité de peuple de Dieu, était l'objet, elles ne leur vinssent pas môme à
la" joie et la reconnaissance qui les trans- la pensée.—Ce cantiquo se partage, selon Keil,
portent é.latout on un magnifique chant de en trois strophes de longueur inégale et pro-
triomphe et d'action de grâces, qu'ils font gressive, dont chacune commence par les
monter tout d'une voix, comme un encens louanges de Dieu pour aller se terminer
d'agréable odeur, vors le trône de l'Eternel. dans la description de l'anéantissement de
C'est donc là,sur le rivage do la mer Rougo, l'armée égyptienne. Dans les deux premiè-
le matin qui suit la nuit où Israël a été bap- res (2-5 et 6-10) domine l'idée de la toute-
tisé dans ses eaux (I Cor. x, 2), que retentit uissance de Dieu, qui s'est manifestée par
pour la première fois, sur les lèvres du peu- E L destruction de ses ennemis ; la troisième
ple saint et victorieux, cet admirable canti- (11-18) célèbre surtout l'heureux résultat
que qui désormais ne se taira plus, mais que doit avoir ce grand événement pour
iareourra le mo.irio et sera répété par toute Israël, qui ne sera rien moins que son en-
Î a terre, jusqu'à co que tous le3 peuples et trée en possession de l'héritage promis* à
toutes les langues se réunissent pour le chan- ses pères. D'autres ont établi des divisions
ter en un seul chœur. Car ces sons mélo- différentes, parmi lesquelles je ne mention-
dieux se feront encore entendre au jour de nerai que colle de Sack, qui de toutes me
la consommation du royaume de Dieu, et semble la plus satisfaisante. D'après lui,
retentiront jusque dans l'éternité. « Et je vis, l'exorde comprend les deux premiers versets.
dit saint Jean dans l'Apocalypse, xv, 2, Les versets .1-8 sont une glorification de la
comme une mer de verre mêlée de feu, et puissance de Jehovah en regard de Pha-
ceux qui avaient vaincu la bête et son ima- raon. Vient ensuite comme contraste, vers.
ge et le nombre de son nom debout sur la 9 et 10, l'orgueil de l'ennemi et sa dé-
mer de verre, tenant des harpes do Dieu. faite. D J H sort, comme conséquence, l'im-
Et ils chantent le cantique de Moïse, le ser- mense supériorité de Jehovah sur tous
viteur de Dieu, et le cantique do l'agneau », les dieux des paiera, vers. 11-13. Enfin
etc. La délivrance de l'anci3n peuple et son est célébré l'effet attérant de ce grand ex-
triomphe sur les Egyptiens était en effet la ploit de Jehovah sur les pépies de la
figure-et le gage do fa délivrancs des élus Palestine et des pays voisins, vers. 14-18.
ot de leur victoire sur les puissances infer- — On remarquera que les commentateurs
nales; il n'est donc pas étonnant que les que nous venons de citer terminent le can-
sentiments dejiie et do re?onnaissancesoient tique au verset 18 et ne regardent pins le
e
]*& mômes do part et d'autre, sauf la diffé- 19 comme en faisant partie. Selon Keil, ce
rence qu'y met la différence des choses mômes, dornier S 2 r v i r a i t à le faire entrer dans le
c'est à dire, celle do l'ombre et de la réalité. cadre de l'histoire. Mais je ne puis, quant à
Quoique Moise ne soit pas expiessément moi, pairie
concevoir le verset 19 comme faisant
du récit. Voy. la note sur ce verset.
nommé comme l'auteur de ce cantique, il
est néanmoins hors de doute que c'est lui 1. — Tune vccintii ou plutôt d'après
qui l'a composé : le fond et la (orme, tout l'hébreu <t canebat ». Sur l'emploi du futur
CHAPITRE XV 123
Cantemus Domino; gloriose enim 11s dirent : Chantons au Seigneur; car
magnificatus e s t : equum et ascenso- il a glorieusement révélé sa grandeur :
rem dejecit in mare. il a précipité dans la mer le cheval
Sap. 10. SO. et le cavalier.
2. Fortitude mrea, et laus mea Do- 2. Le Seigneur est ma force et ma
minus, et factus est mihi in salutem; louange, et il s'est fait mon salut.
iste Deus meus, et glorificabo eum; II est mon Dieu, et je le glorifierai; il
Deus patris mei, et exaltabo eum. est le Dieu de mon père, et je l'exal-
Pi. 117. U.Isa. 13. 3. terai.
3. Dominus quasi vir pugnator, 3. Le Seigneur est comme un hom-
Omnipotens nomen ejus. me qui combat, son nom est le Tout-
puissant.
4. Currus Pharaonis et exercitum 4. Il a précipité dans la mer les
ejus projecit in mare; electi principes chars de Pharaon et son armée ; l'élite
ejus submersi sunt in mari Rubro. de ses princes a été submergée dans
la mer Rouge.
3. Abyssi operuerunt eos, descen- 5. Les abîmes Ie,s ont recouverts ;
derunt in profundum quasi lapis. ils sont descendus dans le fond comme
une pierre.
6. Dextera tua Domine, magnifi- 6. Votre droite, Seigneur, a été
ou imparfait VXÔ\ pour exprimer un temps formant qu'une même personne morale avec
passé répondant à peu près à notre impar- Isaac et Jacob.
fait, voy. Ewald, Lehrb., g 1366etGesen. 3. — Dominus quasi vir pugnator. Le
§ 125, ka— Cantemus Domino... in ma- mot « quasi » n'est pas dans l'hébreu, où
re. Cet exorde, qui renferme le sujet du can- nous lisons mot à mot : « Jehovah est un
tique, était répété comme antistrophe par homme de guerre », un guerrier. — Omni-
un choeur de femmes que conduisait Marie, potens nomen ejus, dans le texte : « Jeho-
sœur de Moïse, ci-apr. f. 20 et suiv. L'ex- vah est son nom » : il s'est manifesté sous
pression du texte que la Vulgate rend par l'idée qu'exprime ce nom, c'est à dire, comme
« gloriose magnificatus est » signifie pro- celui qui est, qui possède la plénitude de
prement ; « il s'est montré haut », il a fait l'être et de la puissance.
voir combien il est au-dessus de tout ce que 4. — Electi principes ejus, « l'élite de
la terre a de plus élevé en abaissant le su-
perbe roi d'Egypte avec sa flère armée jus- ses capitaines ». Sur VWHXÙ voy. ci-dessus,
qu'au fond de la mer. xiv, 7, note.
2. — Laus mea, proprement dans l'hé- 6. — Magnificata est Dans l'hébreu ^ITMJ
breu Î « mon cantique », mon hymne de
louange. Le mot du texte que la Vulgate n'est pas au parfait, mais au participi Ni-
rend par « Dominus » est m IYAH), qui est p'ial avec le wd piragogique, de sorto qu'il
faudrait traduire simplement « magnifi-
une abréviation du nom tétragramme mrp, cata ». — Percussit inimìcum. Le verbe
Jehovah ou plutôt Yahveh, comme noua hébreu yyin étant au futur ou imparfait,
l'avons déjà remarqué plus haut, m, 14. Il plusieurs le prenient, ainsi que ceux du
ne s'emploie qu'en piéR'e. — Patris mei. verset suivant, comme énonçant une idée
Le singulier paraît être mis ici à peu près générale et le traduisent par le présent ;
dans le même sens crae serait employé le U brise » (c'est la véritable signification de
pluriel. Quoique celui qui parle ne men- ce verbe). Cependant il peut aussi se pren-
tionne directement que son père immédiat, dre, comme nous avons vu plus haut *pttf*i
il est entendu que le Dieu de celui-ci était
déjà le Dieu de ses ancêtres. Cette explica- dans le sens de notre imparfait ; c'est même
tion, du moins, me semble plus naturelle celui qui me semble se lier le mieux au
que celle qui, par « mon pere », entend contexte. Les Septante, ainsi que la Vul-
Abraham, comme souche commune des Is- gate et plusieurs autres versions, rendent
raélites, soit seul, soit considéré comme ne aussi ce verbe et les suivants par le passé.
4^1 L'EXODE
glorifiée dans sa force ; votre droite, cata est in fortitudine; dextera tua,
Seigneur a frappé l'ennemi. Domine, percussit inimicum.
7. Vous avez renverse vos adversai- T. Et in multitudine gloriœ tua)
res dans la grandeur de votre gloire; depositisi! adversarios tuos ; misisti
vous avez envoyé votre colère qui les iram tuam, quse devoravit eos sicut
a dévorés comme le chaume. stipulam.
8. Sous le souffle de votre fureur 8. Et in spiritu furoris tui congre-
les eaux se sont amassées; l'onde gate sunt aquœ ; stetit unda fluens,
fluide s'est arrêtée; les abîmes se sont congregate su ntabyssi in medio mari.
rassemblés au milieu de la mer.
9. L'ennemi a dit : Je poursuivrai, 9. Dixit inimicus : Persequar et
je saisirai, je partagerai les dépouilles, comprehendam, dividam spolia, im-
mon âme sera rassasiée ; je tirerai plebitur anima mea ; evaginabo gla-
mon glaive du fourreau, ma main dium meum, interficiet eos manus
les tuera. mea.
40. Votre haleine a soufflé et la mer 40. Flavit spiritus tuus, etoperuit
les a couverts; ils ont été submergés eos mare : submersi sunt quasi plum-
comme du plomb dans les eaux véhé- bum in aquis vehementibus.
mentes.
41. Qui est semblable à vous par- 11. Quis similis tui in fortibus Do-
mi les forts, Seigneur? qui est sem- mine? quis similis tui, magnîficus in
peuple, Seigneur, jusqu'à ce qu'ait traswnt populus tuus iste, quem pos-
passé ce peuple qui vous appartient. sedisti.
17. Vous l'introduirez et vous le 17. Introduces eos, et plantabis in
planterez sur la montagne de votre monte htereditatis tuse, firmissimo ha-
héritage, dans votre inébranlable de- bitáculo tuo quod operatus es, Domine;
meure que vous avez préparée. Sei- sanetuarium tuum, Domine, quod fir-
gneur ; dans votre sanctuaire, Sei- maverunt manus tuae.
gneur, que vos mains ont affermi.
18. Le Seigneur régnera éternelle- 18. Dominus regnabit in eeternum
ment et au-delà. et ultra.
19. Car Pharaon est entré dans la 19. Ingressns est enim eques Pha-
mer avec ses chars et ses cavaliers, et rao cum curribus et equitibus ejus in
le Seigneur a ramené sur eux les eaux mare; et reduxit super eos Dominus
en harmonie avec le contexte, et qui est ultra », ou que l'addition « et ultra » est une
aussi donné à ceux du verset suivant par la hyparbole échappée à la iorce et à la viva-
Vulgate elle-même. cité du sentiment, qui souhaite à Dieu un
17. — In monte hœreditatis luœ. Selon s'il règne éternel, et mémo encore plus long,
Cornélius a Lapide, Keil,etc., cette montagne mot,était possible. « Moïse semble, dit D. Cal-
marquer ici lo régna do Dieu sur Israël
est, non le pays montagneux de Chanaan, sous la loi, et.rlans un sens plus relevé, son
comme plusieurs roxpliquent, mais la mon- règne dans l'Eglise de J. G., et enfin son rè-
tagne que Dieu, en la désignant pour le sa- gne sur les élus dans l'éternité », Mais l'ex-
crifice d'isaac, a marquée si longtemps d'a- pression étant générale ne doit pas se res-
vance pour sa demeure et préparée pour y treindre à ce sens, rien n'empêchant de la
établir ^on sanctuaire, soit que Moïse l'ait prendre dans toute son étenduo.
ici spécialement on vue, comme le croit Cor-
nélius a Lapide, soit qu'il prévoie seulement 19.—Inr/ressus est enim eques Pharao y
en général que le culte de Jehovah sera ce- ou plutôt, d'après l'hébreu, « equus Pharao-
lebró sur une montagne, conformément à nis», cum curribus... La plupart termi-
;
l'usage de ce temps-là et à ce que Dieu mê- nent le cant que au verset précèdent, après
me lui avait dit, Exod. ni, 12. La, sur la lequel celui-ci, comme conclusion, leur pa-
montagne de Moriah, Israël sera planté raîtrait languissant. Il ne sert, d'après eux,
clans la maison de Jehovah, Ps. xcn qu'à l'aire entrer le cantique dans le cadre
(Vnlg. xui\ 14, et l'alliance que son Dieu a r o la narration. Mais la manière inattendue
daigné contracter avec lui aura son entier dont il l'y rattacherait p a r l a conjontio.i
accomp ii&emcnt ; là aussi il se montrera, «car», qui .brmarait la transition, me sem-
dans son culto et ses sacrifices, le peuple de ble psu naturelle, et ja suis tout à fait de
ce grand Dieu qui se l'est acquis en lo rache- l'avis de M. Glaire, qui s'exprime ainsi :
tant de la servitude d Egypte, et il le servi- « Malgré son pau de poésie, ce verset peut
ra â jamais comme son roi. Tel ost le terme très bien faire partie du cantique. Nous
où doit conduire la délivrance d'Egypte, et le regardons même comme un épilogue ha-
où lo regard prophétique de Moïse s'élève et bilemant ménagé. L'auteur a parfaitement
élèvo son peuple, contemplant réjà en e-prit compris qu'il no pDuvait m'eux terminer que
le règne de Jehovah dans sa pleine réalisa- ar la pansée qui domine toutes les autres
tion et hâtant de ses vœux cet heureux §ans son hymne ; ot comme cette pensée
temps. était destinés à faire sur l'esprit de la mul-
titude une impression profonde et durable,
18. — In œternum et ultra. C'est ainsi il a dû la revêtir de sa forme la plus simple
que la Vulgato îend l'hébreu ijn aSiïS, ot la plus naturelle». J'ai un manuscrit hé-
gui signifie ] roprement « à jamais et tou- breu en rouleau, très ancien, dans lequel ce
jours», et s'emploie pour désigner l'éternité re que est
ver^t encore disposé de la même maniè-
le reste du cantique. (Test ce qu'on
strictement dite, tandis que abyS seul marque paut voir aussi dans beaucoup d'éditions, en-
souvent uno durée indéfinie et très longue, tre autres dans celle d'Ev. van der Hooght,
mais non sans fin. Pour rendre raison de si co n'est que par suite de la place différen-
l'expression de la Vu'gate,il faut dire ou que te assignée à l'espace vide, ces éditions iso-
« iu œternum » est pris dans ce sens, de sor- lent lo dernier mot, DVI, «de la mer» (que
te qu'il a besoin d'être complété par « et la Vulgate remplace par « ejus»), tandis que
CHAPITRE XV 127
aquas maris; filii autem Israel ambu- de la mer, mais les enfants d'Israël
laverunt per siccumin medio ejus. ont marché à sec au milieu de la mer.
20. Sumpsit ergo Maria prophetissa, 20. Marie la prophétessc, sœur
soror Aaron, tympanum, in manu sua; d'Aaron, prit donc en ses mains le
egressaeque sunt omnes mulieres post tympanum, et toutes les femmes la
1
earn cum tympanis et choris, suivirent avec des tympanum et en
chœurs.
21. Quibus prcecinebat, dicens : 21. Elle chantait avant elles, disant :
Cantemus Domino; gloriose cnim mag- Chantons au Seigneur; car il a révélé
nificatus est, equum et ascensorem glorieusement sa grandeur; il a pré-
ejus tlejccit in marc. cipité dans la mer le cheval et le ca-
valier.
le manuscrit dont je parle le joint à "cru, des femmes, «répétait âpre* eux », anr.s
« au milieu », ce qui est sans doute préfé- les hommes, le refrain marqué ; littérale-
rable. ment : « leur répondait » en chantant le re-
20.— Sumpsit ergo, dans le texte hé- frain. Gcsc'tœursdo femmes célébrant des lû-
breu : «et sumpsit», Maria propketissa... tes, chantant dos victoires, so retrouvent
Mario, en hébreu Miryam, est appelée «pro- souvent dans la suite de l'histoire biblique.
phétesso », non « à cause de son talent poéti- Ci'r. Jud. xi, 3i ; *xr, 21, 23 ; I Rog. xvm,
que et uiiteical », comme le veut Rosenmiil- 6 et seq. ; 11 Reg. vi, r>, et al. Le fait sui-
ler, mais parce qu'elle avait effectivement vant, rapp >rté par Léon deLihirde, prou-
le don de prophétie. Elle est nommée seule- ve que cet usage a traveifsé ïe.s siècles nt
ment «sœur d'Aaron », quoiqu'elle fut aussi, s'est conservé jusqu'à nosjjure. «Lady E.s-
par là même, sœur de Moïse, qu'elle avait ther Rtanhope, ,oit-il, à l'époquo Ja plus
même beaucoup contribué à sauver dans son aventureuse do sa \io, résolut d'entrepren-
en<ance,pour indiquer, selon Kurtz et Keil, la dre un voyage â Palmyre. Cette excursion,
position qu'elle doit occuper désormais dans qui se Tait ordinairement avec quelques che-
Je peuple d'Israël, position analogue à celle vaux et très peu do bagage, sous la protec-
"d'Aaron et subordonnée à celle de Moïse, tion d'un cher de tribu, fut entreprise par
qui est le chef du peuple et le médiateur do elle avec un luxe dont ce disert n'avait pas
l'alliance; ou plutôt, d'après l'explication de eu d'exemple. De longues files do chameaux
Cornélius a Lapide, simplement parce que portaient ses^effots, ses tentes et S-JS provi-
Aai-on était l'aîné des deux frères. Un écri- sions ; un véritable état major l'entourait, et
vain postérieur à Moïse ne l'aurait sûre- à chaque halte c'était une nouvelle Tète.
ment pas ainsi désignée. Le rôle attribué ici Tout se passa bien jusque dans les environs
a Marie et aux autres femmes est conforme de Palmyre, on ne rencontrait que des
à l'usage des Egyptiens et des Israélites. Los Arabes isolés qui venaient se joindre à la
hommes chantent Vh\mno en chœur sous la caravane ; mais là, une grande inquiétude
conduite de Moise : à chaque intervalle, se manitësta dans le cortège de lady Stanho-
après rhaque strophe, Marie et les femmes pe à la vue d'une troupe nombreuse et com-
répètent, comme antistrophe ou refrain, le pacte qui s'avançait résolument, et qu'on
premier verset du cantique en l'accompa- prit pour des ennemis ; on envoya un parle-
gnant du tambourin et en dansant. « Les mentaire, qui revint bientôt annoncer que les
tambours dont on se sert aujourd'hui «m plus belles filles do Palmjre sortaient do la
Orient, dit Léon de Laborde, et qui corres- ville, dans leurs plus riches habits et des
pondent, comme son, à nos tambours de branches de palmier à la main, pour venir
basque, sont de plusieurs formes ; on no joue saluer la nouvelle hôtesse qui leur arrivait
plus sur les tambours carrés qu'on trouve de Damas. En effet, des chants se firent en-
dans les peintures égyptiennes. Celui dont tendre, et les jaunes filles parurent à l'en-
Mariam et ses compagnes se servaient était trée de la ville. Elles s'avancèrent en dan-
sans doute le même que les Arabes fabriquent sant, elles animaient leurs chants du sou des
encore, et qui porte le même nom, =]h, dof tambours, et elles accompagnèrent ainsi, à
et doef, nom transporté en Espagne par les l'ombre de la grande colonnade, cette nou-
Maures : adufe ». velle reine du désert, comme les juives
21. — Quibus prœcinebat, dicens ; d'après avaient
xviu, 6.
été au-devant du roi Saul (I Sam.
7)*
l'hébreu : « et Marie », conduisant le chœur
123 L'EXODE
22. Or Moïse emmena les Hébreux 22. Tulit autem Moyses Israel de
loin de la mer Rouge, et ils entrèrent mari Rubro, et egressi sunt in deser-
dans le désert de Sur. Et ils marchè- tum Sur; ambulaveruntquetribus die-
rent trois jours à travers le désert, et bus per solitudinem, et non invenie-
ils ne trouvaient pas d'eau. bant aquam.
23. Ils arrivèrent à Mara, et ils ne 23. Et venerunt in Mara, nec pote-
pouvaient pas boire les eaux de Mara, rant bibere aquas de Mara, eo quod
parce qu'elles étaient amères; aussi essent amaree; unde et congruum
du Siiiaï, où les oufants d'Israël vécurent piète moins sur la nomenclature, il est dit :
pendant quarante ans ». La Bible, etc., 1.11, « Ambulantes tribus diebus per- désertera
p. 469 et suiv. « Etham, castramentati sunt in, Mara
22. — Tulit autem Moyses Israël de « (xxxiii, 8) ». Voila donc bien le désert
mari Rubro. « Selon les traditions locales, d'Etham, où se trouvaient les Hébreux en
aprô-; avoir traversé la mer Rouge, les Is- abordant sur la rive orientale, rétabli sur
raélites s'étaient arrêtés au lieu qu'on ap- toute la côte, où il ne tait qu'un jusqu'à
pelle aujourd'hui Ayoun Mouça. C'est une Mara ot Elim, donnant seulement passage à
petite oasis où l'on rencontre quelques sour- Ouadi-Sdour, le désert de Sour. La descrip-
ces d'eau limpide, mais légèrement saumâtre, tion d'un géographe ne saurait-ôtre plus ri-
avec des bouquets de palmiers ». M. Vigou- goureusement exacte ». — Ambulaverunt-
roux, La Bible, etc., t. II, p. 479. C'est là que qu • tribus diebus per soliiudinem. « Ea
les Israélites avaient chanté leur cantique levant le camp d'Ayoun Mouya pour se diri-
d'action de grâces. — Et egressi sunt in dé- ger vers le sud, dans la direction du Sinaï,
sertion Sur. « Lorsque le désert du Sinaï le libérateur des Hébreux dut traverser,
apparut pour la première Ibis aux Hébreux, pandant un t r a j 3 t de cinquante milles, la
à leur sortie d'Egypte, il se dressa devant taine du littoral de la mer Rouge, large
eux comme une gigantesque muraille, d'où
le nom de Sur ou Schur qu'ils lui donnèrent.
S 'environ douze milles. Elle est bornée à
l'ouest par la mer et à l'est par le Djebel
« Le mot Schur, dit un des membres de er-Rahah ». M. Vigour., ibid., p. 480. — Et
« l'expédition anglaise, M. E. H. Palmer, non inveniebant aquam. « Cette notice la-
« signifie en hébreu muraiUe. Pendant que conique met parfaitement en relief le carac-
« nous étions à Ayoun Mouça (c'est à dire, tère principal de cette contrée à l'époque
« la Fontaine de Moïse, à l'entrée du désert), actuelle. Une plaine morte et stérile, cou-
« en regardant, au delà de la plaine étince- verte seulement de quelques herbes et de
« lante, les monts er-Rahah et et-Tih, qui quelques arbustes mjsérables, des cailloux
« la bordent, nous remarquâmes aussitôt que noircis et rayés par le sable, une monotonie
« ce qui iorme le caractère principal, sinon désolante, l'absence totale d'eau, à part celle
« unique, de cette partie du désert, c'est cette que fournissent une demi-douzaine de cre-
« longue chaîne montagneuse en forme de vasses remplies d'eau saumâtre, sur une su-
« mur, et nous ne fûmes plus surpris que les perfìcie de mille milles carrés, tout cela ne
« Israélites eussent appelé ce lieu mémora- produit que trop vivement dans l'esprit du
« ble, d'après son trait le plus saillant, le voyageur l'impression d'un désert sans eau».
« désert de Schur ou de la Muraille (The H. S. Palm., cité par M. Vigour., ibid.
« désert of the Exod., Lond. 1871, t. I, p. 23. — Et venerunt in Mara. « L'expé-
« 38) ». M. Vigour. Ibid. Dans le livre des dition anglaise n'a pu identifier sûrement
Nombres, xxxnr, 8, ce désert est appelé cette localité. « La seule trace existante du
désert d'Etham. Voy. ei-dess. a n , 20. D'a- « - n o i i K d e Marah est à Ouadi-Mereira, la
près Léon de Laborde, il prend ce nom « vallée de l'Eau amère. Là, au vingt-neu-
en approchant de la mer Rouge. Le même « vième mille, l'auteur de ces lignes a dé-
auteur lait encore l'observation suivante : « couvert en 1869 un amas d'eau saumâtre;
« Le nom de Sour s'est conservé dans la « mais toutes les tentatives faites pour fixer
vallée de Sdour, et il me semble appartenir « avec certitude le site de Marah ont é:é
plutôt à cette localité précise qu'au désert « infructueuses ». (H. S. Palmer, Sinaï,
entier; mais c'était 1 habitude de Moïse, p. 190). « Quoique les explorateurs anglais
comme elle est celle des Arabes, de transpor- ne se prononcent point sur remplacement
ter souvent les noms d'une partie à l'en- de Marah, depuis Burckhardt on s'accorde
semble : le désert de Sour, le désert de Pha- généralement à l'identifier avec Aïn-Haoua-
ran. Dans les Nombres, où l'on est nécessai- rah. La lbntàine est au centre d'une petite
rement plus précis, parce' que le récit em- éminence, établie sur un dépôt calcaire ; elle
CHAPITRE XV 131
•loco nomen imposuit, vocans ilium donna-t-on à ce lieu un nom convena-
Mara, id est, Amaritudinem. ble en rappelant Mara, c'est à dire
Amertume.
24. Et murmuravit populus contra 24. Et le peuple murmura contre
Moysen, dicens: Quid bibemus ? Moïse, disant : Que boirons-nous? j
25. At ille clamavitad Dominum; 25. Mais lui cria vers le Seigneur,'
qui ostendit ei lignum; quod cum qui lui montra un bois; lorsqu'il l'eût
misissct in aquas, in dulcedinem ver- mis dans lés eaux elles devinrent dou-
a environ six pieds anglais de circonférence que raconte à ce propos M. Ebers : » Vers
et doux pieds de profondeur. La qualité de « ci7iq heures, dit-û, nous arrivâmes à l'ouadi
l'eau varie un peu selon les saisons; mais « Haouarah; nous descendîmes de chameau
elle est toujours mauvaise et amère. Burck- « et nous montâmes sur une colline de
hardt dit que les hommes ne peuvent la « sable, au sommet de laquelle végètent
boire, et que les chameaux eux-mêmes ne « quelques pauvres petits palmiers, avec des
s'y désaltèrent que quand ils souffrent beau- « buissons, el où jaillit dans un trou d'enviror
coup de la soif. Randall la compare à une « cinq pieds de diamètre, une source d'une
solution légère de sel de Glauber, Bartlett « profondeur médiocre. Quand jo voulus
au sel d'Epsom ». M. Vigour., Ibid. p. 481. « goûter l'eau, Ali intervint, comme m*
La dista ce où est cette fontaine d'Ayoun- « l'annonçait le guide Murray, et me cria :
Mousa parle aussi en faveur de son identité « Morra ! Il avait raison ; car elle était en
avec Marah. Il ne fallait pas moins de trois « effet morra, c'est à dire, en arabe, amè-
jours aux Israélites pour faire avec leurs « re . . . Je ne manquai pas naturellement
enfants, leurs bestiaux et leurs bagages, un « de demander à nos Arabes s'ils ne connaî
trajet de 16 lieues et demie, qui est celui «traient pas un arbre dont lo bois, les feuil-
d'Ayoun-Mouça à Howara. On a objecté la « les, la fleur ou le fruit, pussent corriger
petite quantité d'eau de la fontaine d'Howara, « l'amertume de cette eau. Comme Burck-
qui aurait à peine suffi pour abreuver quel- « hardt et tous les voyageurs qui, avant
ques centaines d'hommes, et nullement une « moi, avaient eu affaire à des Arabes Intel-
multitude comme celle des Israélites. Mais « ligents, non à ces Bédouins qui, à toutes
cette source, aujourd'hui ensablée, peut avoir « les questions, disent oui, je reçus une r é -
été beaucoup plus abondante autrelbis, lors- « ponse négative . . . Notre Ali et le scheik
qu'elle était en meilleur état. — Unde et « nièrent, en souriant, la possibilité de cotte
congruum . . . amaritudinem. L'hébreu « transformation. Cependant Abu Nabhût,
dit simplement : « c'est pourquoi on appela « qui avait un esprit très pratique, saisit la
son n un Marah », qui veut dire amertume. « petite bouteille qui était suspendue à mon
24. — Et murmuravil populus . . . Les « côté, remplit un verre de l'eau de la source,
Israélites s'étaient sans doute pourvus d'eau « y versa du cognac et me présenta ce mé-
à Ayoun-Mouca pour continuer lour route. « lange. A peine l'eus-je goûté que je repous-
Arrivés à Marah, leur provision était épui- « sai de mes lèvres cet affreux breuvage. Ct»
1
sée , et avec elle, leur foi et leur confiance en « que ce vin diabolique ne peut pas taire,
Dieu. « dit-il, comment donc une plante le pour-
25. — Qui ostendit ei lignum . . . « On « rait-elle ? En effet, malgré la liqueur al-
a supposé que ce bois était une plante appe- « coolique, l'eau de la fontaine de Haoua-
lée gharhad, dont les baies auraient été « rah était restée amère et salée (Ebers,
jetées dans la source. Les savants anglais Durch Gosen zum Sinaï, p. 116-118) *.
n'admettent pas cette hypothèse. « Personne M. Vigoureux, Ibid., p. 482. Le nom arabe
« ne peut dire quel est le bois dont Moi se se de cotte source, Haouarah ou Howara, signi-
« servit pour adoucir les eaux, écrit M. H. S. fie destruction, ruine, ce qui sans doute doit
« Palmer. L'Exode ne le décrit point, et les B entendre dans un sens hyperbolique, à pou
« indigènes ne connaissent aucun spécifique res comme nous disons d'une mauvaise
« doué de cette propriété . . . Les naies du
•cgharKad n'ont aucune \ertu adoucissante,
E oisson qu« c'est un poison. — lui constUa*?
ei prt&cepta atque judicia. L'hébreu dit au
« et les Israélites traversaient le désert à singulier : « ibi posuit ei statu tu m atque
« une saison où la plante ne les' avait pas judicium », sive « iegem ». Gomme la suite
«encore produites (Sinaï, p. 190) ». Aucun le montre, la loi dont il s'agit est la règle
autre bois connu ne possède non plus la pro- fondamentale que Dieu établit à cette occa-
priété de rendre potable la fontaine de sion, la condition à laquelle il voulait être
Haouarah. Voici l'anecdote caractéristique constamment le sauveur de son peuple, Il
132 L'EXODE
ces. Là Dieu leur établit des préceptes see sunt; ibi constituit ei preecepta,
et des jugements, et là aussi il éprou- atque judicia, et ibi tentavit eum,
va Israël, Judith, 3. IS. Eecti. 38. 5.
26. Et lui dit : Si tu écoutes la 26. Dicens : Si audieris vocem Do-
voix du Seigneur ton Dieu, et si tu mini Dei tui, et quod rectum est
fais ce qui est droit devant lui, et si ccram eo feceris, et obedieris man-
tu obéis à ses commandements et datis ejus, custodierisque omnia prse-
observes tous ses préceptes, je ne ferai cepta illius, cunctum languorem
descendre sur toi aucune des plaies quern posui in iEgypto non inducam
dont j'ai frappé l'Egypte ; car je suis super te; ego enim Dominus sanator
le Seigneur, ton Sauveur. tuus.
27. Or les enfants d'Israël vinrent 21. Venerunt autem in Elim filii
à Elim, où il y avait douze sources Israel, ubi erant duodecim fontes
est à croire que l'eau de Marah avait agi « murant. Les calculs que nous fîmes sur
défavorablement sur la santé des Israélites, « place nous firent tomber d'accord que la.
[ui craignaient d'ailleurs que le climat bru- « lontaine donnait au moins deux tonnes.
? ant et les autres inconvénients du désert ne
leur attirassent les maladies si redoutées de
« d'eau par minute à cent cinquante yards
« de la source. Il est probable qu'un examen.
l'Egypte, la peste, la lèpre, les ophtalmies. <c sérieux nous aurait fait découvrir plus
Dieu leur pose la principale loi a laquelle <t bas d'autres sources. Les débris de bois
sera attachée leur santé : c'est l'obéissance à « mort entassés sur les rives montraient
ses commandements. — Et ibi ieniavit eum. « que, peu auparavant, l'eau avait couvert
La situation dans laquelle le peuple s'était « une surface de cent cinquante pieds de
trouvé avait été une épreuve pour sa loi, «c largeur et de deux pieds de profondeur. —
et comme un essai de sa confiance en Dieu, « Aya.it traversé le ruisseau pour me diri-
épreuve dont il n'était pas sorti à son hon- ge ger au nord-ouest vers un autre bouquet
neur. « d'arbres, j'y comptai environ trente jeunes
26. — Ego enim Dominus sanator tuus, « palmiers et dix vieux troncs dont quelques
modicus tuus. « Disce hic in morhis ad Deum « uns portaient encore des traces de leu.
quasi archiatrum recurrendum ipsoque ma- « Bonar, en 1855, avait compté en cet en-
xime nitendum esse; rursum Deum saepe < droit quatre-vingts palmiers, et s'était.
languores et morbos ob peccata iibmittere, « arrêté après avoir atteint ce chiffre. Tout
uti hic dicitur : quse si cessent, cessabunt « autour de ce large espace, Peau se trouvait
ssepe et morbi ». Corn, a Lap. « à une petite profondeur. Deux endroits res-
27,—Venerunt autem in Elim fUiIsraël. « semblaient a des puits qui auraient été*
« On s'accorde généralement à placer Elim à « comblés. Quelques petits oiseaux gazouil-
l'ouadi Gharandel; c'est une oasis située à «t laient tout autour; je cueillis deux espèces
cinquante-quatre milles d'Ayoun Mouca. On « de fleurs à cette époque si peu avancée de
y trouve des palmiers sauvages (nakhl), < l'année . . . Nous trouvâmes l'eau excel-
des tamaris et d'autres plantes du désert, « lente, aussi bonne que celle du N i l . . .
entretenues par un ruisseau perpétuel, où « Nulle part, dans la péninsule, excepté à
coule une eau limpide. Au printemps, c'est « l'ouadi Feiran, elle nest aussi abondante
à dire à l'époque où les Hébreux se trouvaient (From Egypt to Palest., p. 204) ». M. Vi-
en ce lieu-là, ce ruisseau se subdivise, et il goureux, ÛHd., p. 485. — Il est vrai que la
forme des étangs entourés de joncs où abon- distance d'Howara au Wady Gharandel
dent des oiseaux aquatiques et non aquati- n'est que de 2 */* lieues ; mais les stations
ues. — Bartlett, qui a visité Elim le d'une multitude telle que celle des Israélites
Î 0 février 1874, le décrit de la manière se règlent généralement sur la présence de-
suivante : « Notre camp, dit-il, était an Peau. Cependant cette difficulté, jointe à
« milieu de tamaris, relevés de cinq petits quelques autres, a paru assez sérieuse &
« palmiers . . . Le ruisseau était à quelque Léon de Laborde pour lui faire rejeter l'o-
« distance. Dans le lit occidental de l'ouadi, pinion qui retrouve Elim à l'ouadi Gharan-
M l'oau jaillissait de terre à deux endroits de]. « Voici, dit-il, les raisons qui m'ont
« peu éloignés l'un de l'autre; un peu plus porté à placer Elim dans le haut de Ouadi-
« bas, elle sourdait aussi aux bords du ruis- Ossaita, près d'une source assez bonne et de
« seau ou dans son lit;elle se divise en doux talnriers nombreux. 1° A partir de Howara,
• ou trois petits bras, où elle coule en mur- Ïa route naturelle des Israélites traverseOua-
CHAPITRE XVI 133
CHAPITRE XVI.
di-Gharandel dans sa partie supérieure ; mais me il 89 dirigeait vers le Sinaî, le seul che-
-elle ne descend pas vers la mer à l'endroit min direct qui se présentât à lui pour at-
où se trouvent les sources et les palmiers ; teindre la mer était celui qui passe sur les
ce serait donc un détour. 2* La distance de hauteurs, au pied du Djebel Hammâ'm-Fa-
Howara à Ouadi-Gharandel n'est que de deux roun : de là les Israélites devaient descendre
lieues: c'est trop peu pour une journée de mar-vers la côte par le premier sentier pratica-
che. 3* Des sources de Ouadi-Gharandel à, la ble, c'est à dire par l'ouadi Schebeikéh et
-station, près de la mer, il y a une journée de l'ouadi Taiyibéh. Aussi presque tous ceux qui
quatorze lieues, beaucoup trop forte pour les ont visité ce pays s'accordont-ils à placer ce
Israélites, et qu'une caravane de chameaux campement à l'extrémité inférieure de l'ouadi
chargés pourrait difficilement parcourir. Taiyibéh, ou à un point quelconque du littoral,
Ces trois objections ne se trouvent point dans dans la plaine d'el-Mourkheiyeh, située au-
la position d'Ossaita,et pendant le séjour des delà. Très probablement le quartier général de
Israélites dans cette vallée, qui serait alors Moïse était aux sources et aux palmiers de
Elim, rien n'empêche les bergers de pousser l'ouadi Taiyibéh, à un mille de la côte, a dix-
leurs troupeaux jusque dans les pâturages de neuf milles environ de l'ouadi Gharandel.
Ouadi-Gharandel. La différence d'ailleurs C'est une distance un peu considérable;
n'est pas grande, et cette position, tout en mais on peut supposer sans invraisemblance
convenant mieux aux distances, répond aussi [ue, après le long repos qu'on avait pris à
bien à l'agrément du lieu ». Des objections
alléguées par Léon de Laborde, la troisième
Î
Slim, on ne recula pas devant une marche
assez longue pour arriver à un campament
seule me paraît sérieuse; mais n'est-ce pas commo-ie. L'eau des fontaines, quoique
aussi une grave difficulté contre son opinion maintenant très saumâtre, était probable-
qu' « une » seule « source assez bonne » au ment de meilleure qualité au temps de l'e-
lieu de « douze » mentionnées par l'histo- xode». Sinai. p. 1 9 2 , cité par M. Vigouroux,
rien sacré? Ibid. p. 4 8 7 . — « A partir de la station de la
mer Rouge, dit M. Vigouroux, il n'a plus
§ 2. Campement dans le désert de Sin ; les été possible à l'expédition scientifique an-
cailles et la manne, xvi, 1 - 3 6 . glaise de suivre avec une certitude complè-
CHAP. XVI, 1 . — Profectique sunt... ind> te les traces de3 Hébreux ; mais nous pour-
sertum Sin. Entre Elim et le désert de Sin, rons cepandant les accompagner encore dans
comme nous l'apprend le livre des Nombres, leur marche à peu près à coup sûr. On peut
xxxni, 1 0 , le peuple fit encore, sur le bord se rendre de l'ouadi Taiyibéh au mont Sinai
de la mer Rouge, une station qui n'est pas par deux routes différentes: Tune, appelée
-mentionnée ici, parce qu'elle était sans inté- celle de la Côte, longe la mer pendant plu-
rêt. « L'étude des lieux, dit M. H. S. Palmer, sieurs milles, et monte ensuite dans les mon-
permet de fixer cette station avec assez de tagnes par l'ouaii Feiran; l'autre, nommée
-certitude. On ne peut supposer qu'il descen- la route du No d, remonte l'ouadi Taiyibéh
dit rouadi Gharandel jusqu'à la mer... Com- jusqu'à la naissance de la vallée, se continue
134 L'EXODE
second mois après qu'ils furent sortis cundi, postquam egressi sunt de terra
de la terre d'Egypte. iEgypti.
Sap. 11. 9.
qu'il allait lui donner, il voulait se confor- Jehovah qui les en a tirés, et qu'ils on au-
mer à ses ordres et lui témoigner par là sa ront une prouve dans les merveilles qu'il
foi et sa reconnaissance, ou s'il ne suivrait va faire pour leur fournir de la nourri-
d'autre loi que son caprice. Ici la promesse ture.
divine n'est rapportée que brièvement dans 7. — Nos vero quid sumus... ? Moïso et
ses principaux points ; c'est dans la commu- Aaron n'avaient fait qu'exécuter les ordres
nication qu'en vont faire au peuple Moïse et de Dieu, qui restait par conséquent Io véri-
Aaron qu'elle sera présentée complète et en table auteur do la sortie d'Egypte.
détail. 8. — Dabit vobis Dominus... Cevoi'set ne
5. — Die autem sexto parent quod infé- fait qu'expliquer plus clairement la pensée
rant, ou plus clairement; «quod attule- des deux précédents.
rint », ce qu'ils auront recueilli et porté 9. — Acœdite coram Domino. S'appro-
chez eux, qui doit être lo double des autres cher du Seigneur signifie ici s'approcher de
jours. Cette préparation consistait, comme on la colonne do nuéo dans laquelle se manifes-
le voit par Num. xi, 8, à moudre ou à écra- tait sa présence. Ce signe permanent du soin
ser les grains de manne pour les réduire en iatornol avec lequel il conduisait les Israé-
farine et en faire des gâteaux. Îites ayant perdu pour eux sa signification,
6. — Vespere scietis quod Dominus... En il était à propos d'inspirer â ces murmura-
vertu du parallélisme, ces mots : « scietis » tenrs, par une marque frappante do sa pré-
et, au vers, suiv., « videbitis», doivent s'en- sence, une crainte salutaire de sa majesté,
tendre dans ce sens que les Israélites connaî- afin do leur faire sentir l'indignité de leur
tront et verront ces choses par les effots conduite à son égard, et d'imprimer profon-
qu'ils en éprouveront. Us ont reproché à Moïse dément dans lours esprits que la nourriture
et à Aaron de les avoir fait sortir de l'Egyp- qu'ils allaient recevoir était un don de sa
te ; ceux-ci leur disent au contraire que c'est bonté.
136 L'EXODE
Cornélius a Lapide explique ainsi '.'expres- ceorum redigere soient), sive 2 0 2 dígitos cú-
sion « quasi pilotusum » de la Vulgate : « Id bicos parisienses. Sed parum probabile est
est, pili tunsione decorticatum et fol lieu Us per 1 5 0 0 annos a Mose usquo ad Josephi
suis exutum, quasi dicat : Manna erat al- setatem mensuras Hebraeorum immutatas
bum instar tritici cui vel pilo vel mola cor- non esso, quum nil magis mutationibus ob-
tex est ablatus; semper enim colore albo noxium sit mensuris et ponderibus ».
Scriptum commoudat manna ». 1 7 . — Et collegerunt alias plus, alius
1 5 . — Manhu? quod significat : Quid est minus. Il semble résulter de là que parmi
hoc ? Cette explication de la Vulgate qui les Israélites il y en eut qui désobéirent á
est aussi colle des Septante, etc., est la seule l'ordre qu'ils venaient de recevoir.
qui s'accorde avec le contexte, yo pour no", 1 8 . — Nec qui plus collegerat... Les rab-
quid ? appartient au langago populaire, et bins entendent généralement par là que cha-
s'est conservé dans le chaldéen et l'éthio- cun, soit qu'il en eût ramassé peu ou beau-
pie.i,de sorte qu'il doit être incontestable- coup, trouva, en la mesurant dans sa tonte,
ment considéré comme sémitique. C'est donc précisément le nombre de gomors qu'il lui
à tort que Kimchi, suivi par plusieurs mo- fallait pour les membres do sa famille, ni
dernes, lui ' on ne la signification do «part, plus ni moins. Selon d'autres, la manne re-
don » ; d'où résulterait ce sens : « Cest la cueillie était mise en commun et partagée
part, le don » que Dieu nous envoie. Si les d'après Je nombre des membres de chaque
Israélites avait déjà su ce que c'était, Moïse famille, sans égard pour la quantité plus ou
n'aurait pas ou besoin de le leur apprendre, moins grande que chacun en avait apportée.
comme il va le iaire. L'ancienne interprétation juive est adoptée
16. — Gomor per singula capita. Le avec raison par Keil, Cook, etc., comme plus
« gomor qui •> d'après le verset 3r>, était « la conforme À la lettre du texte, qui représente
dixième partie de l'éphi», ou «éphah », est manifestement le fait comme quelque chosr>
ainsi évalué par Rosenmuller : « Josephi tem- de miraculeux. TOFÂ, que la Vulgate rond
pore lai? continebat ova 43 1 / 5 (Judaei enim par «congregaverunt», serait mieux tra-
cum pleris'iue populis orientalibus mensuras duit par le plus-que-parfait : « congregave-
ad quantitatem mediocrium ovorum gallina- rant »,
138 L'EXODE
19. Et Moïse leur dit : Que personne 19. Dixitque Moysesad eos : Nullus
n'en laisse pour le lendemain. relinquat ex eo in mane.
20. Ils ne Técoutèrent pas, mais 20. Qui non audierunt eum, sed
quelques uns en gardèrent jusqu'au dimiserunt quidam ex eis usque mane,
lendemain, et il commença à se rem- et scatere coepit vermibus atque com-
plir de vers et se putréfia; et Moïse fut putruit; et iratus est contra eos
irrité contre eux. Moyses.
21. Or chacun en ramassait le ma- 21. Colligebant autem mane sin-
tin la quantité qui pouvait lui suffire gula quantum sufficere poterat ad
pour se n o u r r i r ; et lorsque le soleil vescendum; cumque incaluisset sol,
devenait ardent, il se liquéfiait. liquefiebat.
22. Mais le sixième jour ils ramas- 22. In die autem sexta collcgerunt
saient double provision, c'est à dire, cibos duplices, id est, duo gomor per
deux gomors pour chaque homme. Or singulos homines; venerunt autem
tous les chefs de la multitude vinrent omncs principes multitudinis, et nar-
le raconter à Moïse. raverunt Moysi.
23. Il leur dit : C'est ce qu'a dit le 23. Qui ait eis : Hoc est quod Iocu-
Seigneur : Le repos du sabbat est con- tus est Dominus : Requies sabbati
sacré au Seigneur demain. Tout ce sanctificata est Domino eras; quod-
19. — Nullus relinquat ex eo in mane... gomor (ci-dess. f. 17,18). J'avoue que cette
Les Israélites ne devaient pas se laisser aller seconde explication me semble plus en har-
à un soin inquiet du lendemain, mais so con- monie avee le contexte, d'après lequel les
tenter d'user chaque jour avec action de chois ne demandèrent pas des instructions
grâces du don de Dieu en se confiant à sa a Moïse, mais lui racontèrent ce qui était
providence pour l'avenir. arrivé, supposant ainsi qu'il n'en savait rien,
20. — Et scatere cozpit vermibus... C'é- et que c'était une chose tout à fait remar-
tait une punition de Dieu, une marque de quable. Mais les Israélites ne connaissaient-
son indignation ; car il n'était pas dans la ils pas encore le sabbat ? Il n'est guère vrai-
nature de la manne de se corrompre si semblable qu'ils l'ignorassent complètement :
promptement. cependant Philon croit qu'ils avaient oublie
21. — Cumque incaluisset sol, liquéfie- quel était ce jour, mais qu'ils l'apprirent de
bat. La manne naturelle fond aussi au so- nouveau dans cette occasion, parce que la
leil. manne ne tomba pas ce jour-là. Selon Corné-
22. — In die autem sexta collegerunt lius a Lapide, le souvenir du sabbat s'était
cibos duplices... La plupart croient que effacé dans leur esprit pendant leur servi-
c'est en exécution de Tordre divin rapporté tude et leur idolâtrie en Egypte, et sa célé-
plus haut, f . 5, que les Israélites recueilli- bration, qui remonte à l'origine du monde,
rent, le sixième jour, une quantité de manne fut l'établie ici. Keil, qui conclut du fait ra-
double de celle des autres jours. D après eux, conté ici que les Israélites ne connaissaient
il n'est nullement vraisemblable quo Moïse encore nullement alors la célébration du
quoiqu'il n'en dise rien, ne leur eût pas com- sabbat, dit quo le sabbat fut pratiquement
muniqué cet ordre ; mais comme il n'y avait préparé dans cette circonstance, mais qu'il
pa* joint d'explication, les chefs du peuple ne fut érigé en institution légale que .par le
s'ariresscrent a lui pour savoir ce qu'il y décaloguc.
avait à faire dans cette circonstance, crai- 23. — Hequies sabbati sanctificata est
gnant peut-être que ce qui était arrivé pré- Domino crus : plus exactement d'après l'hé-
(.édeiqment à la manne gardée jusqu'au len- breu : « c'est demain un rep.)s, un sabbat
• louiajn ne se renouvelât. Quelques autres, consacré à Jehovah ». — Quodcumque ops-
\y\v contre, comme Knobel et Reuss, sont randum est... coquite ; d'après 1 hébreu :
;orsuadés que c'est sans dessein préalable, « quod coquetis », coquere volueritis, « co-
mais par l'effet d'uno disposition de la Pro- quite, et quod elixabitis elixate ». La manne
vidence, que les Israélites se trouvèrent naturelle est encore préparée auj)urd*hui de
avoir amassé le double do leur provision or- cette double manière. « Manna, dit Rosen-
di aire, de même qu'auparavant la provi- muller, duplici modo coqui potest : uno, si
sion d'un jour s'était trouvée pour tous un nulla alia adhibita materia supor modice
CHAPITRE XVI 139
cumqueoperanduin est, facile; et quae qu'il fautfaire, faites-le, et tout ce qu'il
coquenda sunt coquite; quidquid au- faut cuire, cuisez-le ; mais mais tout
tem reliquum fuerit, reponite usque ce qui restera serrez-le jusqu'au lende-
in mane. main.
24 Feceruntque ita ut prmceperat 24. Et ils firent comme Moïse l'a-
Moyses, et non computruit, rteque ver- vait ordonné, et cela ne se putréfia
mis inventus est in eo. pas, et on n'y trouva aucun ver.
25. Dixitque Moises : Gomedite il- 25. Et Moïse dit : Mangez-le aujour-
lud hodie, quia sabbatum est Domini; d'hui, parce que c'est le sabbat du Sei-
non invenietur hodie in agro. gneur. Aujourd'hui on n'en trouvera
pas dans la campagne.
26. Sex diebus colligite; in die au- 26. Ramassez-le pendant six jours;
tem septimo sabbatum est Domini, id- mais le septième jour, c'est le sabbat
circo non invenietur. du Seigneur, voilà pourquoi on n'en
trouvera pas.
27. Venìtque septima dies ; et egres- 27. Et le septième jour vint, et ceux
si de populo ut colligerent, non inve- du peuple qui sortirent pour en ramas-
nerunt. ser n'en trouvèrent pas.
28. Dixit autem Dominus ad Moy- 28. Mais le Seigneur dit à Moïse :
sen : Usquequo non vultis custodire Jusqu'à quand ne voulez-vous pas
mandata mea, et legem meam? garder mes commandements et ma
loi?
29. Videte quod Dominus dederit 29. Voyez que le Seigneur vous a
vobis sabbatum, et propter hoc die donné le sabbat, et c'est pourquoi
sexta tribuit vobis cibos duplices; le sixième jour il vous a accorde
man cat unusquisque apud scmetip- double provision. Que chacun reste
sum, nullus egrediatur de loco suo chez soi, et que personne ne sorte de
die septimo. sa place le septième jour.
30. Et sabbatizavit populus die sep- 30. Et le peuple célébra le sabbat
timo. le septième jour.
31. Appellavitque domus Israel no- 31. Et la maison d'Israël appela cette
men ejus Man ; quod erat quasi semen nourriture du nom de Manne. C'était
igne liquescitj et ita similis fit saccharo hor- jusqu'au matin, t. 49, défense à laquelle il
deaceo quod in nostris officiais manna tabu- est fait exception pour le sabbat.
lata vocatur; altero, si ad mix ta farina fri- 28. — Usquequo non vullis custodire
gi tur, ut placenta; mofh'tee instar fìat. Quo- mandata mea...? On comprend mainte-
modo vero manna elixetur haud lîquet. For- nant comment, par les prescriptions rela-
tasse admixta aqua coquebatur in potum si- tives à la manne, ce don revêtit le caractère
milem eiquem ex aqua, melle sii vostri, id est, d'une tentation pour les Israélites, d'une
manna, et aromatibus ab Arabibus confici épreuve de leur foi et de leur obéissance
scribit Diodorus Sicnlus XIX, 104. In Persia (ci-dess. y. 4).
manna admixta aqua coquitur usque ad 29. — Çibos duplices; littéralement dans
spissationem. Apud Arabes folia quibus ad- le texte : « le pain » ou « la nourriture de
ii aere L manna sole liquefacta et in massam deux jours ».
compacta macerantur aqua calida, qua ita 31. — Quod erat quasi semen coriandri
dissolvìtur manna; gluten ut instar olei album. La manne ressemblait à la graine
faquœ innalet».— Reponite usque in mane. Ce de coriandre par la forme, mais non par la
(n'est pas à. dire qu'ils ne dussent le garder couleur, puisque cette graine n'est pas blan-
que jusqu'au matin, puisqu'il devait leur che. C'est avec le bdellium qu'elle est com-
servir de nourriture toute la journée; cette parée, pour l'aspect, dans les Nombres xi, 7.
manière de s'exprimer est relative à la dé- La signification donnée à l'hébreu - ^ ( e n
fense générale de conserver de la manne
140 L'EXODE
chaldéen NTJ) par la Vulgate ainsi que par gilè ou d'airain. Les Septante, suivis par
les Septante (xépio?) est confirmée par le phé- S. Paul, Hebr. rx, 4, le traduisent par ax&-
nicien, qui, d'après Dioscoride, ni, 64, ap- pvoç xpwroG;, urne d'or, et il est vraisem-
pelle la coriandre yoi5. — Quasi similœ cum blable en effet crue ce fut plutôt un vase
mette. Le mot traduit dans la Vulgate par d'or qu'un vase d'argile qui ait choisi pour
« simila » est nrppy, que les Septante ren- conserver la manne, ce que les Septante au-
dent par tfrxpiï, espèce de gâteau doux à ront su par la tradition. — Et repone co-
l'huile, ou de heignot. La traduction des ram Domino, ou, comme il est dit au ver-
Septante est généralement adoptée, et avec set suivant, « in tabernaculo » j d'après le
raison. Glr. Num. xi, 7 et seq. « Hic sapor texte hébreu, « devant le témoignage » ou
ip3i manna erat quasi congenita et natura- la loi. Gomme la loi n'avait pas encore été
lis, itaque sapiebat si comedens nullum donnée, il est manifeste que cette remarque
alium cibum vel saporem desideraret; si n'a été faite que plus tard, et qu'elle a été
enim ipse aliud quid desideraret, mox id sa- insérée ici afin de réunir tout ce qu'il y
piebat in manna. Manna enim Dai dono et avait d'important à faire connaître sur la
magno miraculo omnem saporîs suavitatem manne.
cuique exhibebat ; hoc est enim quod dicitur 35. — Filii autem Israel comederuni
Sap. xvi, 20 : « Angelorum esca nutrivisti man quadraginta annis : «non piene tot
« populum tuum, et paratum panem de cce- annis, sed uno mense minus; nam mense
«c lo prsestitisti illis sine labore, omne delec- secundo post exitum ex JSgypto primo co-
« tamentum in se habentem et omnem sa- medebaiit mannam; statini autem a cele-
« poris suavitatem... Et deserviens unius- bratone paschatis, i. e. circa medium mensis
<c cujusque voluntati, ad quod quisque vole- nisau, sive martii, cessavit manna (Jos. v,
nt bat conveitebatur ». Corn, a Lap. 10-12). Unde post obitum demum Mosis
mannam cessasse liquet». Rosenmull. Il r é -
32. — ÏM noverint panem quo alui vos... sulte clairement de là que c'est encore ici
Un bienfait si signalé que celui de la manne une remarque intercalée dans cet endroit
méritait bien, on effet, qu'un souvenir vi- par anticipation afin de compléter le récit
vant, pour ainsi dire, en fût transmis à la concernant la manne. Elle peut avoir été
postérité. faite par Josué; il est peu vraisemblable
33. — Sume vas unum. Quelques rab- qu'elle vienne de Moïse. Au reste, quand
bins entendent par le mot ruwy, que la l'Ecriture dit crue les Israélites mangèrent
Vulgate rend par « vas », une urne d'ar- la manne pandaut quarante ans, cela ne
CHAPITRE XVF 141
sunt, usquequo tangerent fines terrae dans une terre habitable; ils furent
Chanaan. nourris de cet aliment jusqu'au jour
U. Esdr. 9 . SI. Judith. S . où ils touchèrent les frontières de la
terre de Chanaan.
36. Gomor autem dccima pars est 36. Or un gomor est la dixième par-
ephi. tie d'un ephi.
doit pas nécessairement s'entendre comme manne de l'Exode est recueillie toute l'année
si durant tout ce temps elle eût été leur pondant quarante ans ; celle du désert, seu-
unique nourriture. Ils purent aussi se nourrir lement vers le mois de juin. 2° La pre-
plus ou moins tant des produits de leurs mière tombe avec la rosée du ciel ; la secon-
troupeaux que de ceux du sol, qui n'était de, seulement en plein midi, à l'heure même
pas partout stérile, et du commerce avec les où celle-là se fondait. 3° L'une est si abon-
peuplades voisines. Majs la manne fut tou- dante qu'elle nourrit une )m nensomultitude,
jours leur principale nourriture, et très à un gomor par tête; l'autre est si raro que
souvent sans doute ils n'en eurent pas d'autre. M. Stanley assure qu'elle ne suffirait pas
36. — Gomor autem décima pars est pour nourrir un homme pendant six mois
ephi. L'éphi ou éphah est estimé 20,12 litres. (Sinai and Palest., 1868, p. 26, note)... 4° Le
Quant au gomor, il ne paraît pas avoir été pain du ciel ne tombe quo les six premiers
le nom d'une mesure proprement dite, mais jours de la semaine: le samedi, il Tait com-
d'une coupe qui se trouvait dans tous les plètement défaut. La gomme du tartan
ménages, et qui, ayant partout la même suinte tous les jours pendant la saison, c'est-
grandeur, pouvait au besoin servjr de me- à-dire, pendant six somainos environ, à l'ex-
sure. C'est du moins le sentiment de MichaÔ- clusion des autres mois de Tannée. 5° La
lis adopté par Keil et autres. — Que la manne se corrompt et se remplit de vers le
manne dont Dieu nourrit son peuple dans le lendemain du jour où elle a été cueillie, le
désert fût miraculeuse, c'est ce qui résulte samedi excepté, où elle se conserve. Ce qu'on
manifestement de tout l'ensemble du texte appolle la manne du Sinaî peut être gardé
sacré. On a cependant essayé de la réduire au contraireindéfiniment. « En 1344, raconte
à n'être qu'un produit naturel de la pénin- « Tischendorf, j'eus le bonheur fort rare
sule du Sinaï, une exsudation du tamaris. « pour ceux qui visitent le Sinai de voyager
« Le tarfah ou tamaris, dit M. Vigouroux, « dans le désert pendant la saison de la
croît dans plusieurs parties de la péninsule, « manne, et j'en rapportai à la maison, dans
et en particulier dans l'ouadi Schech, où l'on « une boîte de fer blanc, plusieurs branches
rencontre un bois formé de ces arbres qui a « couvertes de leurs porlos de manne. La
une longueur d'une heure de marche, ce qui a « couleur d'un blanc éclatant, que ces perles
fait donner à la partie occidentale de cette « avaient d'abord, se changea bientôt en
vallée le nom d'ouadi Tarfah. La manne du « une couleur brune. Sur les branches con-
tamaris est une gomme épaisse et mielleuse, « servées jusqu'à ce jour, on remarque en-
qui a l'aspect de la résine quand elle est « core la gomme brunâtre et visqueuse, et
figée. Elle pend, comme des gouttes de rosée, * l'on sent toujours l'odeur de la manne. A
aux branches de l'arbre, attachée non aux « plusieurs reprises, j'ai aussi rapporté des
feuilles, mais aux tiges. A la chaleur des « boîtes de la manne recueillie par les moines
rayons du soleil, pendant les mois de juin « du Sinaï. Elle forme une masse blanche
et do juillet, elle se liquéfie et tombe par « et assez épaisse, et malgré l'agitation dos
terre; là elle se mêle ordinairement aux « boîtes où elle aété longtempsliquéfiée,elle
feuilles sèches du tarfah, qui ont quelque « s'est néanmoins parfaitement conservée »
ressemblance par leur forme aciculaire aux (Aus dem heil. Lande, p. 55). 6° Moïse
aiguilles des pins. Elle a le goût du miel. dit de la nourriture miraculeuse des
Cest assuiément à cause de ces traits de Hébreux : «t Le peuple se dispersait et la
ressemblance avec la manne dont parle « recueiUait, puis elle était moulue avec la
l'Exode que les Arabes lui en ont domié le « meulo ou pftée dans un mortier ; on a
nom. C'est aussi là-dessus que s'appuient les « faisait bouillir dans un chaudron, on eln
rationalistes pour les confondre l'une avec « faisait des gâteaux, dont le goût était sem-
l'autre... — Il existe des différences telles « blab.e à celui de l'huile fraîche (Num. xi,
entre la manne du tamaris et celle dont 8) ». Pas un des traits de cette description
furent nourris les Hébreux qu'il est impos- ne convient à la gomme du tarfah : elle ne
sible de les identifier : l'une avait une ori- peut être ni moulue ni pilée, on ne peut
gine et des propriétés surnaturelles, tandis la faire bouillir ni s'en servir pour prepa-
que l'autre n'a rien que de naturel. 1° La ror des gâteaux 7° La. manne est aussi
142 L'EXODE
CHAPITRE XVH.
6. Voilà que je serai là devant toi 6. En ego stabo ibi coram te, supra
sur le rocher d'Horeb; et tu frapperas petram Horeb; percutiesque petram,
la pierre, et il en sortira de l'eau pour et exibit ex ea aqua, ut bibat popu-
verset7, de sa présence au milieu d'eux, trent aux pèlerins, qui l'ont souvent décrit...
quoiqu'il leur en eût déjà donné tant de Pococke en fait la description suivante ; 1
-« Moïse, ils mettent de l'herbe dans ses bou- « qu'il n'oublie ni le liou ni la tradition qui y
« ches et la l'ont manger à leurs chamsaux, « est attachée, cette coutume est oncore ob-
« prétendant qu'elle guérit toute sorte de «t servée par les Bédouins quand ils passent
« maladies (Voy. en Orient, etc., trad. de « à Héu-el-Khattatin. Toutes les grandes
-« l'angl., t. I, p. 432) ». Les pèlerins l'ont « pierres et tous les rochers du voisinage
couverte de croix grossièrement dessinées. — « sont couverts de monceaux do petits
Los membres de l'cxpâ lition anglaise n'ont « cailloux ainsi déposés. Les Arabes disent
point cru que les fissuras qu'on remarque « quo les Israélites, après avoir étanché leur
•dans le rocher en question eussent une ori- « soif à la source miraculeuse, s'assirent ot
gine miraculeuse. Ils allèguent deux raisons « s'amusèrent à jater des cailloux sur les
contre son identification avec le véritable « rochers environnants. De là la pratique
rocher de Mas-ah : la première, c'est qu'il « moderne, qui est usitée en mémoire de ce
ne se trouve pas dans la vallée de Raphi- « fait et dans le b it spécial d'obtenir la pro-
dim, mais dans l'ouadi el-Ledja ; la seconde, « tection de Moïse en faveur des parents ou
•c'est qu'il n'est pas le seul qui offre cette « dos amis malades. Cette curieuse tradition,
particularité : on en trouve un tout à lait « mise en lumière pour la première fois par
semblable dans le même ouadi et dans d'au- « le professeur Palmer, a du moins lo mérite
tres parties de la péninsule. — La scène du « de désigner un lieu qui, topographiquement,
prodige du rocher frappé par la verge de « cadre très bien avec le site le plus proba-
Moïse n'eut donc point lieu a l'endroit où la « ble du miracle de Massah ». M. Vigou-
placent aujourd'hui les moines du Sinaï et, reux, La Bible, etc., t. n, p. 511 et suiv.
à leur suite, Shaw et Poco^ke; Raphidim, où
coula l'eau miraculeuse, n'est point l'ouadi 7. — Et vocavit nomen loci illius Tenta*
el-Ledja actuel, mais est situé dans l'ouadi tio. L'hébrou ajoute : « et Jurgium {Massah
Feiran, c o m m 3 l'atteste une tradition an- et Meribah, Tentation et Querelle) ». Ces
tique que nous rencontrons déjà dans Eusèbe noms devaient perpétuer le souvenir du
e
•et S. Jérôme au IV siècle, dans Antonin le double péché des Israélites. « Hujus ingratitu-
e
Martyr au VU ; comme le prouve aussi l'exa- dinis Hobrœorum pariter ac loci crebra est
men même des lieux. — Le rocher véritable mentio in Scriptura, ostendens quantum oa
doit donc se trouver dans l'ouadi Feiran. Deo disp'icuerit, ut Dout. vi, 16; Ps. LXXVII,
D'après les explorateurs anglais, une curieuse 15 ». Corn, a Lap. Néanmoins Dieu usa de
tradition locale a conservé le souvenir de tant d'indulgence envers ess ingrats qu'il
son emplacement. «< . Une des légendes les ne leur infligea aucun châtiment, niais se
« plus vraisemblables et les plus intéressan- contenta de subvenir à leur besoin.
« tes concernant l'Exode, dit M. H. S. Palmer 2. Combat contre Amalec, yy. 8-16.
« (Sinaï, p. 78), est celle qui concerne un point
« de l'ouadi Feiran appelé Hés:-el-Kliattatin, 8. — Venit autem Amalec... « Raphi-
« c'est à dire, Ut source cachée (les écrivains» dim signifie lieu de repos, halle. Les Israé-
« C'est, d'après les Bédouins, l'endroit où Moïse lites s'y reposaient de leurs fatigues au point
< frappa le rocher pour donner de l'eau à son où l'ouadi Feiran reçoit l'ouadi Aleyat et est
« peuple mourant de soif. Il faut remarquer dominé par le Djebel et-Tahouneh, à quatre
« ici que les Bédouins parlent souvent do milles au-dessus de Hési-cl-KhaUatin, lors-
« Moïs3 comme de l'écrivain qui a écrit le qu'ils y rencontrèrent pour là première fois
« livre de la Loi. La coutume ancienne, qui une partie de la population indigène, les
« date, croyons-nous, de temps immémorial, Amalécitcs, qui venaient leur barrer le
« et qui consiste en ce que chaque passant passage.— « C'était une tribu belliqueuse du
« dépose une petite pierre dans les lieux cé- désert, capable de lutter contre des forces
« lèbr»iS par quelque légende, pour marquer considérables. Elle se partageait la péninsule
avec les Madiaoiles. Ces derniers étaient
S*' BIBLE. - EXODE. — 10.
146 LEXODK
9. Et Moïse dit à Josué : Choisis 9. Dixitque Moyses ad Josué : Elige
des guerriers, et va combattre contre viros, etegressus, pugna contra Ama-
Amalec. Demain je serai sur le som- lec; eras ego stabo in vertice Collis,
met de la colline, ayant la verge de habens virgam Dei in manu mea.
Dieu en ma main.
10. Josué fit comme avait dit Moïse 10. Fccit Josué utlocutus erat Moy-
arnis de Moïse, gendre de l'un d'entre eux, « à harceler l'ennemi par le flanc et par
Jéthre. Les Amalécites descendaient d'Abra- « derrière, et auquel fait allusion le Ueuté-
ham par un de ses arriero-potits-flla, Amalec, n rononie, xxv, 17,18 (H. S. Palmer, Sinaï,
qui leur avait donné son nom (Gen. xxxvi, « p. 199) ». M. Vigoureux, Ibid., p. 515. —
12,16). Ils occupaient le désert de Phâran, Aux causes de guerre qui viennent d'être
c'est à dire, selon toute vraisemblance, une indiquées s'en joignait sans doute une autre,
partie du désert de Tih, s'étendant depuis qui peut-être même était la principale : c'est
l'ouadi el-Arabah, à l'est, jusque piès de l'E- la haine héréditaire de la postérité d'Esau,
gypte, à l'ouest, et jusqu'aux environs du à laquelle appartenaient les Amalécites, pour
mont Sinaî au sud. Le nom du désert de celle de Jacob, et la cruinle de voir se réali-
Pharan no subsiste plus aujourd'hui que dans ser sur elle, à son propre détriment, la b é -
celui do l'ouadi et de l'oasis de Feiran, près nédiction d'Isaac, Gen. xxvn, 27 et seq.
du mont Serbal. — « Les Amalécites avaient 9. — Dixitque Moyses ad Josue. Josué,,
« entendu paiier de l'approche do la nom- qui paraît ici pour la première .ois, s'appe-
« breuse armée d'émigrés (Israélites), ot ils lait d'abord Osée (yuhn, HOSHÉAH), et était
« crurent sans doute qu'elle avait des projets
« de conquête; ils s'assemblèrent donc natu- un prince de la tribu d'Ephraïm, Num, xmv
« relloment, le plus promptement qu'il leur 9 (hebr. 8), dont Moïse connaissait déjà sans
« fut possible, au premier endroit qui leur doute la bravoure ot l'habileté. La victoire
« parut propice \ .ir arrêter l'ennemi dans que nous allons lui voir remporter sur les
« sa marche et l'empêcher de s'établir soli- Amalécites put donner occasion au change-
« dément dans la péninsule. Cet endroit était ment de son nom en celui de Josué uruhîV,
« comme désigné a l'avance : c'était le défile YEHOSHUAH, Jehovah est saiut). — Elige
« étroit, sinueux, de Feiran, bien approvi- viros. Comme c'était la première guerre que
« sionné d'oau de leur côté, sans eau du côté le peuple de Dieu avait à soutenir et qu'il
# d'Israël, entouré de rochers escarpes, cou- avait affaire à des ennemis belliqueux, il
« vert de végétation, à l'abri d'une attaque importait d'autant plus que l'armée qui leur
« de flanc, offrant tous les avantages dési- serait opposée fût formée d'hommes d'un cou-
« rables pour battre en retraite dans le cas rage non douteux. Tout en comptant princi-
« d'une défaite, et parfaitement approprié, palement, pour le succès, sur le secours de
« sous tous les rapports, à la dure guerre à Dieu, il ne fallait pas négliger les moyens
« laquelle s'étaient habitués les Amalécites humains. Tel est l'ordre établi par la Provi-
« dans leurs luttes séculaires contre les Egyp- dence. — Cras. On prit déjà, cola va sans
« tiens. D'autres raisons les déterminèrent dire, les mesures de sûreté commandées par
« sans doute dans leur choix. Cette belle oa- les circonstances ; mais l'affaire décisive, la
« sis, avec ses bosquets fertiles et ses eaux bataille proprement dite, fut renvoyée au
« courantes, devait être leur possession la lendemain. On ne voulut rien précipiter. —
« plus chère de la péninsule; elle méritait Ego stabo in vertice collis. «Sur la rive
« d'être défendue jusqu'à la dernière extré- droite de l'ouadi Feiran, prôs de l'endroit où
« mité, et du moins ne devait-elle pas être campait Israël, est une colline de 720 pieds
« abandonnée facilement à un envahisseur, de haut environ, appelée Djebel et-Tahou-
« pour qui elle serait d'un avantage incal- neh. C'est sur cette hauteur, le gibeah de
« culable. Probablement aussi on n'oublia pas l'Exode, que Moïse se tint pendant la ba-
« quo les Israélites, après avoir suivi pendant taille : à l'abri des traits et des flèches de
« cinquante milles une route sans eau, de- l'ennemi, il pouvait aisément suivre toutes
« vaient être affaiblis, fatigués ïDeut. xxv, les péripéties du combat et intercéder pour
« 18), et mourant de soif; on avait donc lieu les siens ». M. Vigoureux, Ibid., p. 517; —
« de penser qu'une attaque contre eux, avant Habens virgam Dei in manu mea. A pei-
<' qu'ils pussent atteindre les eaux de Feiran, ne est-il besoin de dire que cette verge est
celle avec laquelle avaient été opérés les
• serait couronnée de succès. Enfin la confl- prodiges d'Egypte.
« guration des vallées latérales qui entou-
re raient la position occupée par les Israélites 10. — ïïur (mn), à qui Moïse assigne en-
« favorisait ce genre de guerre, qui consistait core plus tard une position distinguée à côté-
CHAPITRE XVII 141
ses, et pugnavit contra Amalee ; Moy- et combattit contre Amalec. Or Moïse
ses autem et Aaron et Hur ascenderunt et Aaron et Hur montèrent sur le som-
super verticem oollis. met de la colline.
11. Cumque levaret Moyses manus, 11. Et lorsque Moïse levait les
vincebat Israel; sin autem paululum mains, Israël était vainqueur; si au
remisisset, superabat Amalee. contraire il les abaissait un peu, Ama-
lec triomphait.
12. Manus autem Moysi erant gra- 12. Or les mains de Moïse étaient
ves ; sumentes igitur lapidem, posue- apesanties. Prenant donc une pierre,
runt subicr eum, in quo sedit; Aaron ils la placèrent sous lui et il s'y assit;
autem et Hur sustentabant manus ejus mais Aaron et Hur soutenaient ses
ex utraque parte. Et factum est ut ma- mains des deux côtés. Et il arriva que
nus illius non lassarentur usque ad oc- ses mains ne furent point lassées jus-
casum solis. qu'au coucher du soleil.
13. Fugavitque Josué Amalee, et 13. Et Josué mit en fuite Amalec et
populum ejus in ore gladii. son peuple à la pointe du glaive.
14. Dixit autem Dominus ad Moy- 14. Mais le Seigneur dit à Moïse :
sen : Scribe hoc ob monumentum in Ecris cela en souvenir dans un livre,
libro, et trade auribus Josuc; delebo et confie-le aux oreilles de Josué; car
enim memoriam Amalee sub crelo. je détruirai la mémoire d'Amalec sous
le ciel.
15. ^EdificavitqueMoyses altare; et 15. Et Moïse éleva un autel et l'ap-
voeavit nomen ejus, Dominus exaltatio pela de ce nom : Le Seigneur est mon
mea, dicens : exaltation ; et il dit :
d'Aaron, ci-apr. xxiv, 14, était fils de Caleb, Dieu. '« C'est sans aucun doute le. Pentateu-
fils d'Ezron, petit fi!»s de Juda, l Parai, II, quo, que Moïse avait commencé â ré liger,
18-20 (et non de Caleb flls de Jéphoneh, Jos. et dans lequel il insérait, vraisemblablement
xiv, 6), et grand-père de Bezèleel, rarchi- au fur et a mssure qu'ils arrivaient, les
tecte du tabernacle, ci-apr. xxxi, 2 et aill. événements qui devaient être transmis à la
•il. — Cumque levaret Moyses manus... postérité». Glaire. — Et traàe auribus Jo~
Les mains levées vers le ciel sont le geste de sue. Dieu veut que cette communication soit
la prière. Les résultats du combat, si diffé- faite à Josué, parce que c'ost lui qui doit
rents selon que Moise, tenant des deuxmaius être plus tard le chef de son peuple et le
la verge miraculeuse, les levait vers le ciel mettre on possession de la Terre promise. Co
ou les laissait tomber, donnent clairement à n'est pas que Josué doive exécuter cette sen-
entendre que la victoire des Israélites lut tence ; co n'est que beaucoup plus tard, sous
due à ses prières plutôt qu'à leurs armes et le règne d'Ezéchias, que 500 hommes de la
à leur valeur. tribu de Siméon achevèrent la destruction
12. — Manus autem Moysi erant gra- des Amalécites, I Parai, iv, 42, 43. Cotte
ves ; elles étaient apesanties par la fatigue, circonstance mérite d'être remarquée. Une
comme cela a lieu naturellement quand on prédiction si fidèlement accomplie, ma s ai
las tient longtemps levées. — Usque ad oc- tard, n'aurait certainement pas été inventée
casum solis. Le combat, qui, selon to-Ue par un écrivain d'une époque beaucoup plus
apparence, avait commence dès le matin, récente, qui aurait vécu dans un temps où
s'était donc poursuivi toute la journée, ce los Amalécites existaient encore comme na-
qui diî assez combien grande avait été l'ob- tion. Mais pourquoi Dieu vout-il que Josué
stination des assaillants. soit instruit de la sentence qu'il va pronon-
13. — Amalec et populum ejus, expres- cor contre ce peuple ? C'est, dit Keil, afin
* sion qui revient â dire : le peuple des Ama- d'affermir sa confiance en son secours contre
lécites. — In ore gladii. Cette expression tous les ennemis d'Israël.
• marque un grand carnage de l'ennemi. 15. — MdificavUque Moyses aliare $
14. — In libro, en hébreu, avec l'article : « ]peut-être, dit M. Vigoureux, sur la colline
«dans le livre », dans un livre déjà connu, voisine, appelée Maharrad ». Ibid. — Domi-
celui où il écrivait l'histoire du peuple de nas exatlatio mea\ d'après l'hébreu : « J e -
148 LEXODE
16. Parce que la puissance du tronc 16. Quia manus solii Domini, et bel-
du Seigneur et la guerre du Seigneur lum Domini, crit contra Amalec a gc-
sera contre Amalec de génération en ueratione in generationem.
génération.
CHAPITRE XVHI
Jethro ramène à Moïse sa femmme et ses fils ; ses sacrifices d'action de grâces, ff. i — Ï2. —
Sage conseil qu'il donne â Moïse, ff. 13 — 27.
hovah est mon étendard », ce que Cora, a pothêse, " encore sujette à plus d'un doute
Lapide explique ainsi : « Dominus mit mihi
:
« 1 étendard de Jehovah » ne pourrait être
loco vexilfi, ipso s gna victricia in hostem que l'autel avec le nom indiqué, comme mo-
in tu lit. Unde Josephus ait Mosen hanc aram nument do l'assistance divine dans le com-.
Dco vietori posnisse, uti Romani ponebant bat contre les Amalécites. Mais le mieux est
Jovi vietori... Hoc trophaeo omnem victoriae de son tenir à l'explication de Keil, qui est
laudem Deo assignavit Mosos ; neque enim aussi celle de D llmann.
aitnro dumtaxat sacrificii causa erexit, sod
et trophaei, idque nomenclatura hsec con- § 4. Visite de Jéthro à Moïse, xviu,
vhxiit ». 1« Sujet de sa visite ; ses félicitations a Mofsc,
i6. — Quia manus solii Domini... Ce Keil et Lange font remarquer le contraste
passage, d'un stylo relevé et poétique, est frappant qui se trouve entre les Amalé-
obscur. Le texte hébreu, traduit à la let- cites, emme prototype des païens en-
tre, peut donner ce sens : « quia manus. nemis du peuple et du royaume de Dieu,
contra solium Domini »..., ce qu'on oxpli- et le prêtre madianite Jéthro, qui se rend
ue ainsi : «parce que la main», à savoir,
2 'Amalec, « a été contre le trône de Jehovah,
guerre est à Jehovah contre Amalec à
auprès de Moïsa non seulement jnur lui
amener sa femme et ses enfants, mais enco-
re pour féliciter les Israélites de tous les
j.imais». Mais le complément «d'Amalec» bienfaits qu'ils ont reçus de Dieu, et offrir
sous-entendu après « main » me semble bien à Jehovah dos sacrifices suivis d'un festin
dur. D'après Keil,qui r e g a r d e r , «quia», auquel prennent part, avec Moïse et Aarun,
comme n'ayant ici d'autre emploi que d'in- tous les anciens d'Israël, do sortn qu'il peut
troduire le discours, le sens serait : « la main être considéré comme le type des paient qui
sur le trône de Jehovah : guerre est à Jeho- viendi"unt plus tard si .joindre au peuple 'le
vah »..., c'est a dire que Moiso ou Israel Dieu. Rien n'oblige do renvoyer cette visite,
mettant la main sur le trône, ou levant la comme Tout fait quelques critiques, au cam-
main vers le trône de Jehovah, jure en isinont du Sinaï et après la publication de
son nom une guerre éternelle à amalec ; Îa Loi. La principa'o raison alléguée par
ce qui s'accorde bien avec le contexte. Ces ex- eux est le manque de temps suffisant pour la
plications supposent queD3 quon lit dans le )larer â Raphvhm. Keil a montit que tous 4
texte est pour лез, trône, comme l'ont en Îes laits racontés ici peuvent facilement te-
tendu tous les anciens traducteurs à Гсхсср- nir dans l'espace qui s'ost écoulé depuis le
combat contre 'es Amalécites jusqu'au dé-
tion des Septante ; mais la plupart dos mo part prmr le Siuai".
dernes croient que la véritable leçon est D:, 1.— Cumque audiw/Jrfhro... Sur Jéthro
étendard* et traduisent : «la main â I'ét«n- voyez ci-dessus n, 18. et iv. 1S. Le mot que
dard de Jehovah : guerre и... Dans cette hy- la Vulgate rend par * cognatus» tant dans
CHAPITRE X V / / J 149
ce verset que dans les suivants, est ]nn, 6. — Et mandnvit Moysi dicens. Dans
qu'on traduit ordinairement par « beau-pè- l'hébreu il y a- seulement : « et il dit à
re», mais qui signifie plutôt ici «beau-frè- Moïse », à savoir, par un messager, il lui
re». Voy. la note sur u, 18. fit dire.
2.—Tulil Sephoram. SurSéphora, femme l.—Adorarit, « il se prosterna », à la ma-
de Moïse, et sur ses fils, voy. H, 21 et suiv. nière orientale, pour le saluer. On peut re-
— Quam remiserat. Voy. la note sur iv, marquer ave3 quelle discrétion, quel res-
26. M. Glaire dit aussi : «Ces mots, qui re- pect des convenances, nonobstant leur ami-
portent naturellement la pensée sur le silence tié mutuelle, procèdent à l'égard l'un do l'au-
absolu qu'a gardé l'historien par ranport à tre cas deux grands personnages. Jéthro 113
Séphora depuis ce qui lui arriva à l'hôtelle- va pas se présenter tout en arrivant, mais
rie (iv, 24 — 26), ne sont-ils pas insérés ici à se l'ait annoncer, et Mo se lui rend tous les
dessein, l'auteur voulant réparer en quelque honneurs dus à sa position. — Salutave-
sorte l'omission qu'il aurait raite alors dc pré- runtque se mutuo verbls pacifteis. La tra-
venir le lecteur que Séphora s'en retourna duction littérale de l'hébreu serait : « et in-
à Madian à cette époque au lieu de suivre terrogaverunt quisque socium de pace »,
Moïse jusqu'en Egypte » ? c'est a dire, ils se demandèrent l'un à l'autre
5.—Juxta montem Dei. Cette montagne comment ils se portaient, si tout allait bion.
est le mont Horeb, ci-dess. in, 1. Il est vrai- «Ce verset,dit L. de Laborde, décrit une
S3inblable que, lorsque Moiso avait renvoyé forme d'étiquette qui s'est conservée chez les
sa femme avec ses entants à Jéthro, il avait Arabes. Quand deux hommes, parents ou
été convenu qu'elle viendrait le rejoindre non, mais d'une môme tribu, se rencontrent
près de cette montagne quand il y retourne- dans le désort, ils se tendent la main, s'em-
rait avec les Israélites; car Dieu, en l'en- brassent et, se tenant toujours la main, SJ
voyant à Pharaon, lui avait prédit que;«à demandent des nouvelles des leurs, et éten-
son retour, il lui offrirait un sacrifice en ce dent c-is formules jusqu'à l'état dos tentoj,
lieu, ci-dess. m, 12. des troupeaux et des bestiaux».
ISO L'EXODE
10. — Benedtctus Dominus...* Jéthro. chef persécutions que l'orgueil et l'insolence des
d'une tribu, habitant la presqu'île du Sinaï, Egyptiens a fait subir aux Israélites qu'a pa-
devait savoir ce qu'il en était du passago de ru la grandeur et la puissance de Jehovali.
la mer Rouge à marée basse, de Ja manne On .pourrait p3itt-être aussi, en prenait le
qui découlait des tamarisques, d'un certain second membre du voi'sst comme rendant
bois qui rendait douces les eaux saumâtrcs raison du premier, et en supposant que l'é-
de sou désert, des nuées de cailles capables motion qu'éprouve Jéthro lui fait laissjr sa
de nourrir un grand peuple. Si toute* ces phrase inachevée, traduire ainsi ce second
choses eussent été si naturelles qu'une inter- membre : «car c'est dans la chose en quoi
vention divine ne fut pas nécessaire, pour- ils ont été insolents o u t r e oux . . . , sous-
qu.'i cet étonnement de la part d'un Bédouin ent., qu'il a trouvé occasion de faire éclater
et cette exclamat'on: «C'est à présent que une puissance à laquelle tous leurs dieux n'ont
«je reconnais la grandeur de Dieu » ! L. pu les soustraire. Le sens, au fond, reste te
de Laborde. même. Cfr. ci-dess. v, 2, et Nehem. ix. 10.
11.—Eo quocl superbe egerinl ^Egyptii 42.— Holocausta et hostias; dans l'hé-
contra illos, scil. Israelitas. Ce passage, qui breu : « un holocauste et des sacrifices ».—
araît clair dans la Vulgate, n'est pas sans Ut comederent panem cum eo corom Deo.
S iitlculté dans le texte. La meilleure manière
de l'expliquer, ce me semble, est do prendre,
« Hosliae Deo dicalae et in gratiarum aclio-
nem oblatse, quales hic obtulit J e t h r o , ma-
avecKeil, ie o par lequel il commence com- gna parte in solemne epulnm cedebant, qnod
me une simple répétition emphatique de ce-: proinde eoram Domino fieri dicebatur, quasi
lui du membre do phrase précédent, et de lé ille hostiis sibi oblatisillarumqueepulo pres-
sens adesset, maxime si epulum fieret jn.\ta
rendra en conséquence, non par « c a r » ou al tare in quo immolatae erant hosliae Deo ».
e parce que », mais par «oui ». IUÎN "ÏTT2. Corn, a Lap.
« dans la chose en quoi », se joint alors sans S* Sage conseil que Jéthro dnnae à Moïse, yf. 13-27.
peine, comme complément, â bvra, «grand», 13. — Qui assistebat Moysi; dans le
et le verset entier donne ce á*ns : texte : « et le peuple se tint debout devant
Maioteuaot jo sais que grand est Jehovah plus Moïse », a mane usque ad vesperam. Cela
[que tous les dieux, se passa ainsi ce jour-là; mais ce n'est pas à
Oui, dans la chose eo quoi ds o ut clé insolents dire qu'il en fut aiosi lous les jours. Le par-
[contre eux ; tage des dépouilles des Amalécites avait
c'est à dire que c'est précisément dans les probablement donué lieu à quelques diffé-
CHAPITRE XVin 151
tant devant Dieu les affaires du peuplo et sulcs plobis) in plèbe romana, uti et in
les jugeant d'après les lumières quo tu rece- militia •>.
vras do Dieu ; en d'autres ternies : réserve- 2 2 . — Qnidquid aulem majus fuerit...
toi seulement lesaflaires plus difficiles, qui «P.usionrs assurent, dit D. Calmot, que ces
exigeront une décision supérieure, divine, juges subordoinés a MO'.SD ne jugeaient qiu*
dont tu seras l'interprète. Tel est donc le les affaires purement civiles et temporelles
premier rôle que Moise doit garder : celui et qu'ils renvoyait à Moïse tout ce qui regar
do prophète, d'interprète inspiré de Dieu dait la religion. Ce sentiment est fondé prin-
pour les cas d'une importance majeure. cipalement sur le verset 1 9 : «Esto tu populo
20. — OslenrUtsque popnfo... quorf fa- « in hïs quse portinont ad Deum». Mais » tel
cere debeant ; littéralement d'après l'hébreu : n'est pas, comme on l'a vu, le sons de co
« et tu les éclaireras sur lus .statuts ct les passaga dans le texte hébreu, et «ici l'Kcritum
lois; et tu leurs leras connaître la voie dans ne marque point d'autre difféien.*:e entre
laquelle ils marcheront, ot 1 œuvre qu'ils l'autorité de Moïse et celle de ces juges,
feront»; c'est a dire, tu leur enseigneras sinon qu'on réservait à ce législateur le ju-
les règles générales à suivre, la conduite à gement des affaires les plus importantes ct
tenir, et les actions particulières a faire do les plus difficiles, .«oit qu'elles regardassent
leur part. C'est la seconde fonction que la religion ou la police. Il est croyable qur,
Moise aura à remplir, celle de législateur depuis ki Loi, les juges subalternesjugeaieut.
également conduit par l'inspiration divine. conformément aux termes de celte loi, toutes
21. — Provide autem... et decanax\ :
les causes qui leur étaient portées de quelque
littéralement d'après l'hébreu : « ot tu choi- nalure qu'elles fussent, et qu'ils ne ren-
siras, pat mi tout lo peuple, des hommes do voyaient à Moïse que les causes les plus
vnrtu », proprement : « des hommes 'le embarrassées, et celles dont la décision
orce » morale, « craignant Dieu ; des hom- n'était point clairement exprimée dans la
mes de vérité, ha.'ssant 'e lucre », iucorrup- Loi. Ou distingue ordinairement quatre
tibïos, à l'éprouve do l'aigont; « et tu éta- sortes de causes qui étaient réservées à
bliras sur oux », sur les Israélites, « dos Moïse : 1° celles qui regardaient Dieu et la.
princes de mille, dos princes de cent, dos religion; 2° celles où il était besoin de mo-
princes do cinquante et des princes do dix », dérer la rigueur du droit par quelque adou-
.i savoir, les jionnnes ainsi choisis. « Cette cissement ; 3° les causes criminelles, dans
menue classification du peuple, dit Cook, lesquelles il s'agissait de la peine de mort : j
•NI tout a tait d'accord avec lo caractère sé- 4° les appels de la sentence des juges subal-
mitique, et a été conservée dans les àgos ternes à Moïse. Il ne parait pas par l'Ecri-
t uivants ». La Vulgato appelle « trinuns » ture qu'on ait appelé d'un de ces tribunaux •
•ceux qui sont désignés dans le texte hébreu inférieurs à un tribunal supérieur, par
sous le nom de « princes de mille », parce exemple, du tribunal du chef de cent à celui
que, dit Cornélius a Lapide, « hic summus du prince de mille ; mais les appelsdechacun
olim erat magislratus (tribuni enim plebis de ces tribunaux étaient portés directement
erant pares consulibus, erantque quasi con- à Moise. C'est pourtant la pensée de Joseph^
CIIAPIT G XVIII 153
modo judicent; Ieviusque sit tibi, par- seulement les affaires mineures, et
tito in alios onere. qu'ainsi soit plus léger pour toi un
fardeau réparti sur d'autres.
23. Si hoc fcceris, implebis impe- 23. Si tu fais cela, tu accompliras le
rium Dei, et praecepta ejus potcris sus- commandement de Dieu et tu pourras
tentare; et omnis hie populus rever- soutenir ses préceptes, et tout ce peu-
tetur ad loca sua cum pace. ple retournera à sa place en paix.
24. Quibus .auditis, Moyses fecit 24. Quand il eut entendu ces paroles,
omnia qute ille suggesserat. Moïse fit tout ce qu'il lui avait sug-
géré.
25. Et electis virisstrehnis docunc- 28. II choisit dans tout Israël des
to Israel, constituit eos principes p o - hommes vaillants et les établit princes
puli, tribunos, et centuriones, et quin- du peuple, tribuns et centurions, chefs
quagenarios. et decanos. de cinquante et chefs de dix.
< Antiq. III, 3), qu'on portait aux princes du alienigena et gentili, puta a Jethro, instrui,
peuple les causes que les juges inférieurs ut ustendoi'et nomini datum esse ut in omni-
n'avaient pu décider. Mais Moitié n'ordonne bus semper aequo sapiat, ac proindo humi-
ici rien de semblable ». — Lev/usquc s l liter andienrlos quoquo esse inferiores qui
libi : ïpSyo Spn, a la lettre : «allègo de saniora Consilia suggérant.
dessus toi», soulage-toi en te déchargeant Sa?pe Gtenim estolitor verba opportuna locutus;
d'une partie du fardeau; %xiriito in alias
onere, littéralement dans l'hébreux : «et ils nemo enim « est bonus doctor qui non est do-
porterontavec toi ». « cj'lis, quia et iile melius docet qui quotidio
23. — Si hoc fecevis, implebis imperium « crescit et proflcit discendo meliora», inqirit
Dei... Le sens du texte est plutôt: « si tu lais S. G^prianua ad Pompeium in fino. Ita et S.
cela, et que Dieu te l'ordonne, tu pourras te Augustinus, Quaest. LXVIII. Quin ot Pialo
soutenir », rester debout, ne pas succomber objicienti fdbi cuidam : «Tune qui doctor os
à la lâche. Jéthro ue veut que Moïse suive « simili es discipulus ì ot quóimliu disces»?
son conseil qu'autant qu'il aura reconnu que respond it : «Tamdiu donee me sapionlioiom
tel est l'ordre, la volonté de Dieu. Ainsi u et «c neri non pcenitobit » : testis est Plut, in
que Dieu te l'ordonne », est ajouté par ma- Plat. » Corn, a Lap.
nière de correctif, ce qui explique pourquoi 25. — Constituit eos principes populi..
l'ordre logique des idées pourrait sembler Les juges choisis sont organisés d'uno manièro
interverti. — Et omnis hic popultts rever- analogue à l'organisation militaire du peuple
tetur ad loca sua cum pace. Le sens de la dans ses marches, Num. xxxi, 14, de ma-
Vulgate parait être que, après rétablisse- nière cependant que cette organisation suit
ment de ces tribunaux particuliers, « tout ce l'organisation naturale du peuple en tribus,
peuple », c'est-à-dire, tous ceux d'entre les familles, etc. I,es interprètes ne sont pas
Israélites qui auront des procès, étant prom- d'accord sur le nombre de ces juges. D'après
ptement jugé, s'en retournera eu paix dans les uns, "dans io nnmbro de six cent mi,le
ses tentes. Mais le mot hébreu que la Vul- hommes qui sortiront de 1 Egypte, il y a 600
gate rend par « revertetur » signifie « vien- princes de mille, 6,0UO princes do cent
dra » ou « entrera », ce qui donne plutôt homines, 12,000 princes de cinquante, ot
ce sens, suivi par Keil, Cook, etc. : tout ce 00,000 décurions ou princes do dix ; en tout
peuple viendra », arrivera,» en son lieu », 78600 officiers, selon les talmudistes...
au heu que Dieu lui prépare, dans la terre D'autres croient qu'on ne doit point prendre
de Chanaan, « en paix », heureusemeut. ici ces mots : chef de mille, chef de cent.
24. — Quibus audilis, Moyses fecU... II etc., A. uis la rigueur, comme si ces chefs
faut remarquer ici l'humilité et la docilité n'eussent eu précisément sous leur conduite
de Moysc, qui, bien que favorisé de commu- que mille ou que cent hommes, mais qu'on
nications divines si particulières, et pou vaut av;iit partagé le peuple premièrement par
se croire bien supérieur en lumières à Jé- tribus, *t ensuite par grandes familles, qui
thro, s'empresse néanmoins, sans écouter fa- étaient les ruches des familles pirticulièrcs.
mour-propre, de suivre son conseil, dont il a Ce* grandes familles avaient un chef qui
reconnu la justesse et l'utilité. « VoluitOeus était ninnine princo de mille, otil avait SJIM
Mosen, virum alioqui sapientissimum, ab lui quelques autres olticiers appelés princes
154 LEXODE
26. Ils jugeaient le peuple en tout 26. Qui judicabant plebem omni
temps pour tout ce qui était plus gra- tempore ; quidquid autem gravius erat,
ve ils en référaient à lui, jugeant seu- referebant ad eum, faciliora tanturn-
lement les cas plus faciles. modo judicantes.
27. Et il laissa partir son parent, 27. Dimisitque cognatum suum;,
qui retourna dans sa terre. qui reversus abiit in terram suain.
CHAPITRE XIX.
Arrivée au désert du Sinaï; Dieu donne ses ordres â Moïse pour la conclusion de son
alliance avec Israël; 1 t . M 5 . — Appareil terrible dans lequel il descend sur le mont
Sinaï, t t . «6-26.
il forme un vrai chaos d'éminences et de être désormais considérée comme une erreur
gorges presque inaccessibles ; le versant sop- avérée. Ce ne sera pas un des moindres s j r -
t ?n tri on al a un tout autre aspect : trois vallées vices qu'aura rendus l'expédition anglaise
étroites, l'ouadi er-Rimm, l'ouadi Aléyat et d'avoir tranché définitivement la controvor.se
l'ouadi Adjéléh, occupent ses lianes et descen- sur un point si important do la topographio
dent rapidement vers l'ouadi Feiran, à trois sacrée. — Nous allons voir maintenant coin-
milles a peu près do distance. L'intervalle qui mont le Djebel Mouça et ses environs répon-
sépare los trois ouadis est très accidente ; dent pleinement aux descriptions de l'Ex-
des collines escarpées émergent partout, de ode. . . C'est un massif élevé, do forme
sorte qu'on n'y trouve aucun emplacement oblongue, d'environ deux milles de long sur
propice pour rétablissement d'un camp. Les un mille de large, dirigé, dans sa plus grande
vallées elles-mêmes sont escarpées et en- dimension, du nord-ouest au sud-est. bon al-
combrées de rochers énormes qui se sontdé- titude est d'une hauteur moyenne de 6,500
tachés de la montagne; on ne trouve dans pieds au-dessus du niveau de la mer ; 1,500
ses environs aucune plaine. — Il est donc au-dessus des ouadis environ aants. Sa crête
impossible qu'un peuple nombreux comme* est hérissée d'une multitude de pics et de dô-
l'était Israël ait campé, et à plus forte raison mes on granit de Syènc, ot terminée aux
longtemps séjourné, en un pareil lieu. Outre deux extrémités par des pics plus élevés : au
la difficulté de s'y établir, la topographie ré- sud, par un pic unique, de 7,363 pieds, ap-
elle ne répond nullement à la description de pelé Djébol Mouça comme la montagno elle-
l'Exode. Contrairement au récit de Moïse, les même ; au nord-ouest, par trois ou quatre
Hébreux n'auraient pu être réunis ensemble ; oscarpeinonts, nommés collectivement Has-
ils auraient été, au contraire, séparés en grou- Sufsaleh, du nom du plus haut d'entre oux,
pes divers par les collines intermédiaires. qui a 6,937 pieds au-dessus du niveau de la
De plus, il leur eût été impossible de voir le mer. De tous les côtés, à l'exception du sud-
sommet du mont Sinaï, comme le dit le texte est, la pento ost très abrupte et très rapide.
sacre ( Exod. xx, 18 ). La cime du Serbal n'est Lo pic méridional du Djebel Mouça s'appelait
en eflet visible que d'un petit nombre depoints autrefois Djébol Moneid/ah, ou mont de la
de l'ouadi er-Rimm ; elle ne Test pas du tout Conférence. — Lo Sinaï est entouré de toutes
de l'ouadi Adjéléh, ni du pieddè la montagne. parts par desvallé:*s : au nord-est, par l'ou-
Enfin le Serbal n'est pas une montagne qui adi ed-Deir, appelé aussi ouadi Schojib, c est-
puisse être touchée et facilement entourée de a-dire, Ilobab, nom du baau-frérede Moiso ;
barrières, comme la décrit l'Exode ( xix, 12 ; au sud-ouest, par l'ouadi cI-Ledja. Ces doux
Hehr. xn, 18 ). — L'étude topographique des ouadis se dirigent vers lo nord, le second
lieux s'oppose donc formellement a l'iden- pour tourner autour du Ras-Su-'safeli au sep-
tification du S?rbal avec le mont Sinai. Il en tentrion et se jeter dans le premier au point
est de mémo de la tradition. — Les moder- où celui-ci commence à prendre la direction
nes partisans do l'identification du mont Ser- du nord-est. — Au nord-ouest du Ras Sufsafoh
bal et du mont Sinaï ont essayé, mais en so déploie la largo plaine d'er-Rahah, formée
va.n, d'appuyer leur opinion sur l'autorité par l'ouadi do co nom ; elle commence à un
des auteurs anciens, comme Eusabe et S. Jé- mille et demi du pied de la montagne, et
rôme . . . Les écrivains anciens qui vivaient vient, par une ponte doues, so confondre avec
dans le voisinage ou ont visité la péninsule, l'ouadi ol-Ledja et l'ouadi ed-Deir. Elle est
et sont par conséquent les mieux renseignés partout couverte d'herbages ; do tous ses
ot les plus compétents, Silvanus Aminonius,
oints on voit distinctement lepiedu Ras. —
S. Nil, moine du Sinaï, Precope, Antonin le
martyr, Eutychhis, désignent clairement, non S u côté du sud-ost, los pontes sont inoins
abruptes ; il y a là, pendant plus d'un millo
le S_»rbal, mais lo Djébal Mouça comme le
Sinai . . . — Si les monuments écrits man- d'étendue, uno agglomération de collines ro-
quent en favour du Serbal, les preuves arché- cheuses et de ravins, laquelle sépare les ro-
ologiques i< M* également défaut ». — Après chers escarpés du Djéhel Mouça proprement
avoir prouvé ce point et réfuté les arguments ditdulitde la vallée voisine, l'ouadi Sehayeh.
des partisans du Ssrbal, M. Vigoureux con- Doux crêtes basses relient ici la montagno
clut ainsi : « Il o^t donc imposs.hle d'iden- avec les chaînes contiguës, et séparent les
tifier le Serbal avec le mont Sinaï, et I'opi- bassins de l'ouadi bd-Doir ot de /ouadi
.nion quimaintient cette identification devra ol-Ledja de celui de l'ouadi Sabayeli. \ part
cette exception, lo Djébel-Mou;a est com-
156 L'EXODZ
plëtcment isoîé. — « Quoique íes moi- l'orme' un excellent théâtre placé vis-à-vis
te nés de Sainte-Catherine, suivant une du Ras-Su;safeh, de partout visible : elle
(. tradition qui date d'une époque fort était plus que suffisante pour permettre à
« ancienne, n'attachent point d'impor- toute l'armée d'Israël do manœuvrer et de
« tance au Ras-Sufsafbh et regardent le pic se mouvoir on liberté, quelque considérable
« du Djebel Mouça proprement dit comme çm'on supposequ'olle ait été. Dans les vallées,
« la véritable montagne de la loi, l'inspcc- a trois milles a la ronde, l'espace était aussi
« tion dos lioux empoche d'établir aucune amplement suffisant pour que toute la mul-
« connexion entre co pic et la promulgation titude d'Israël pût y campor à l'aise; de*
& dos commandements à Israël. Du côté mé- leurs tentes mêmes, la plupart pouvaient
« ridional de la montagno, il n'existe point jouir do la vue du Ras. Les chaînes graniti-
• de terrains où une multitude puisse s'as- ques qui l'entourent lui donnent, do plus,
« sembler, et le pic lui-même est complète- des propriétés acoustiques remarquables. —
« mont invisible de la plaine d'er-Rahah, Un voyageur français, qui a visité les
« qui est le seul endroit capable de contenir lieux depuis l'expédition anglaise, M. Le-
« une grande foule ; do là le pic est masqué noir, décrit le Ras-Sufsafeh dans les ter-
« par les hauteurs intermédiaires du Ras- mes suivants : « Le sommet du Sinaï for-
« Sufsafen. Aussi l'hypothèse proposée pour « me un plateau presque un-, dont un des
v la première l'ois par Robinson, que le Ras- v versants est à pi,-, du haut jusqu'en bas de
« Sulsafeh et la plaine d'er-Rahah doivent « la montagne, dans la direction du Thor.
« avoir été le théâtre des événements ra- « De cette plateforme, le panorama le p'us
ie contés dans l'Exode xix, xx, xxu, a-t-elle « étendu que j'ai jamais ombrasse so dérou-
« été, dans ces derniers temps, généralement « lait tout autour de nous : les deux bras de
« adoptéo ; l'impossibilité do trouver au sud « la mer Rouge et du golfo arabi [ne se rô-
« une position convenable et l'adaptation ti liant à l'extrémité de la presqu'île, ot !ais-
• parfaite du site du nord sont définitive- « sant apercevoir les rives opposées des deux
• ment établies par les plans, les photogra- « mers dans un brouillard argenté qui sa
« phies et les modèles rapportés en Anglo- « confondait avec I'oau . . . » — Le versant
« terre par l'expédition du Sinaï. — Du reste, à pic du Ras est élevé do deux mille piods
« le caractère sacré du Djébol Mouça n'est onviron. Les personnes réunies au bas sont
« point atteint par cette explication. Ce»lieu littéralement au-dessous de la montagne ;
« peut avoir été associé à bon droit, par la celles qui sont à l'extrémité de la plaino,
« tradition, avec la manifestation de Dieu à quo.que é oîgnées, ont encore la vue entière
« Moïse dans le buisson ar eut et dans los du sommet. N est-ce pas à cause rie cet iso-
« événements postériours do la communica- lement complot de la montagno par trois do
« tion do la loi et dos ordres pour la con- ses côtés, et à cause de ce mur qui SÏ di'ossj
te struction du tabernacle, comme le suppo- presque perpendiculairement au-dessus do
« sent son ancien nom do Moneirijah ou de co vaste amphithéâtre, que Moi.se l'a carac-
« la Conférence et les autres légendes indi- térisée on disant qu'on pouvait la toucher
« gènes. Il a été, sans doute, d'abord révéré et qu'on pouvait aisément l'entourer de bar-
« simplement comme le lieu où Muisc eut la rières (Ex. xix, 12)? Il était impossible de
« vision de Dieu, sans relation avec des éve- trouver un lieu mieux adapté a la scène
il nements plus généraux, et cola suffit pour mémorable do la promulgation de la loi :
« expliquer sa sainteté primitivo ; mais, la cime du Ras-Sufsafeh. la plaine d'er-Ra-
» considéré comme la scène de la promul- hah et les chaînes granitiques qui l'entou-
« gation du Décalogue aux tribus assemblées, rent forment un immense théâtre naturel,
« non-seulement le site du sud-ouest manque également bien disposé pour contenir une
« des qualités topographiques les plus essen- grande foule, pour lui parler et être enten-
« tielles, mais il ne peut soutenir un seul du d'olle, et il n'y a pas, sans doute, un seul
« instant la comparaison avec er-Rahah et le autre endroit au monde qui eut été capable*
« Ras-Sufcafeh (H. S. Palmer, Sinaï, p. 174- de rivaliser avec celui-ci. — Les formes
176) n. — La plaine d'er-Rahah a une su- hardies des montagnes, leur magnifique
œrficie d'environ 400 acres ; on peut môme perspective, leurs proportions colossales, la
a porter à 630 acres en comptant les par- vaste plaine qui se déploie comme un im-
ies par lesquelles ello s'unit aux ouadis ed- mense éventail à mesure qu'elle s'approcho
)éir ot el-Lodja,et à 940 en additionnant les du Ras-Sufsafeh, le Ras lui-même s élevant
150 acres de terrain plus ou moins una for- brusquement, comme une tribune gigantes-
mé par les pentes basses des collines qui que, a 2,000 pieds de hauteur, le calme et
bordent la plaine, plus 160 acres au-delà do la tranquillité merveilleuse de la solitude, les
son plus haut point d'élévation : l'inclinaiso i teintes gracieuses du paysage, variant à
y est si douce qu'on voit jusqu'à cette dis- chaque heure du jour, tout se réunit pour
tance la cime du Ras. Cette aire de 940 acres produire une impression qu'on ne saurait
CHAPITRE XIX 157
éprouver à un tel d c ^ * nulle part ailleurs. ment le mont Horeb, sur lequel Moïse eut la
— On y trouve, du rate, tontes les commo- vision du buisson ardent et la révélation do
dités désirables à un campement do no- l'essence divine, en mémo, temps que celle
mades. « Dpbel Mouça est situé pres- du nom de Jehovah (Exod. ni, 1). En effet,
« que au centre do la péninsule ; il est fa- l'Horeb est la môme montagne que le mont
* cilem&it accessible de tous les côtés, et de la Loi, d'après ce passage de l'Exodo :
« forme une admirable position pour ser- « Quand tu auras fait sortir mon peuple de
« vir de quartier" général à une société « l'Egypte », dit Je Seigneur à Moïse on
« d'exploration, dit M. Holland (Kxplor. in lui parlant sur lo mont Horeb, « tu
« the penins. of Sinai, etc., p. 516) i . — « offriras à Dieu un sacrifice sur cette
Les avantages qu'offrent les environs du Si- « montagne » (Exod. m, 12). Or c'est sur
naï à des savants, ils les offraient aussi aux lé Sinaï que fut offert ce sacrifice i Exod.
ehlauts d'Israël. Les Hébreux purent aisé- xxiv, 4, 5). Cette identification résulte
ment y sé.ourner plusieurs mois, parce que encore de l'endroit de l'Exode où le nom
Геап y abondo pour les hommes, et les pâ- de mont Horeb est donné au mont Sinaï
turages y sont suffisants pour tes troupeaux (xxxin, 0), et de celui des Rois (I [ni|, xix,
qu avaient avec eux les enfants d'Israël. 8) où il est dit d'Elie qu'il arriva à Horeb,
Tous les alentours de Djebel Mouça sont «la montagne de Dieu ». «Montagne de
plus riches en herbages qu'aucune autre Dieu» est i'uue des dénominations do l'Horeb
partie de la péninsule. Le Djebel Mouça lui- (Ex. ni, 12). — Lo nom do cotte montagne a
même, les collines et les vallées environnan- eut-être survécu dans celui de Djébal Ari-
tes^sont sillonnés de sources et de ruisseaux
perpétuels. Un de ces ruisseaux, qui coule
E oh, pic voisin du couvent de Sainte-Cathe-
rine. Aribeh est étymolngiquement le même
dans l'ouadi-Schreich, peut très bien être ce- mot qu'Horob, légèrement altéré. Horeb
lui dans lequel Moïse jeta le veau d'or réduit signifie * terre desséchée ». Après le temps
en poudre(Exod. xxxu,20). — И est impos de l'Exode, dans plusieurs passages des livras
sible, on le concevra sans peine, de localiser ;
saint*, l'Horeb ne dés gne pas un simple
avec certitude, après plus de trois mille point topographique, mais toute une région,
ans, tous les incidents divers de l'histoire du c'est-à-dire, la chaîne granitique de l'inté-
séjour des Israélites au pied du Sinaï. Ce- rieur de la péninsule. Dans le récit de Moïse,
pendant plusieurs des points de cette région la montagne proprement dite de ce nom est le
cadrent si parfaitement avec les détails pic méridional du Djebel Mouça ». La fiible
fournis par I Exode qu'on peut les désigner etc., t. H, p. 519 et suiv. — Quelque .satis-
à peu près à coup sur comme « les lieux où faisantes, convaincantes même, du moins en
« se sont accomplis les faits racontes par grande partie, que paraissent ces explications
« Moïse». C'est ce dont M. Vigouroux cite et ces preuves, il ne faut pas dissimuler
riusieurs exemptesquenousrapporteroDS en qu'elbs n'ont pas empêché Je savant Kcil,
Î eur lieu ; il les fait suivre de cette observa- qui cependant nspout être supposé les avoir
ignorées, de maintenir dans la dernière édi-
tion : « On peut ainsi reconstituer sur le
Djebel Mouça el dans son voisinage toutes tion de son commentaire l'opinion qu'il avait
les scènes principales de la promulgation de cherché à établir dans les précédentes, à
la loi dont Moïse nous a conservé le souve- savoir que, conformément à la tradition,
nir. Cette restitution topographiqne et his- c'est .'e Djélxîl Mouça strictement dit, lo pic
torique n'offre pas un simple intérêt de cu- méridional et lo plus élevé, qui est le mont
riosité, elle sert н mieux comprendre le li Sinaï, sur lequel Moïse iv^ut la Loi, et la
vre sacré; elle fait plus encore : elle en plaine do Sobayeh lo lieu où il conduisit lo
prouve la véracité et en confirme l'authen- pouple, c'est à dire, les hommes, pour en
ticité. Une conformité si complète et si minu- entendre de Dieu la promulgation, tandis
tieuse entre les lieux et le récit ne peut s'ex- quo le pic septonti ional ot lo moins élevé
pliquerqu'en ad mettant avec la tradition que est le mont Ho^eb proprement dit. Mais l'u-
l'Exode a été écrite par un auteur contem- nanimité avec laquelle l'expédition anglaise,
porain, témoin çt acteur des choses qu'il ra- après les plus sérieuses études, s'est pronon-
conte. S'il a fallu toute la science des sa- cée pjur l'opinion exposée par M. Vigou-
e
vants du XIX siècle se transportant sur pla- reux doit faire pencher la balance en
ce pour nous en faireune description exacte, sa Javour. Du reste, de ce que la montagne
comment un Juifqui aurait écrit plusieurs sur laquelle Diou donna la loi, quoique cons-
siècles après la sortie d'Egypte aurait-il pu tamment désignée dans l'Exode sous le nom
dépeindre si parfaitement les lieux »? — M. de Sinaï, est néanmoins apjielée dans un
Vigouroux explique ainsi le rapport entre endroit, XXXIII, 6, le mont Horeb, et ensuite
le mont Sinaï et le mont Horeb : a Le Djebel régulièrement dans le Deutéronomo Horeb
Mouça actuel proprement dit, appelé autre- tout court, Keil conclut qu'eu général ces
foissimplemeatmonlSiQ3ï,est vraisemblable- deux noms sont identiques. Mais comme par-
158 L'EXODE
tout ou il s'agit do donner une indication pour ses petits ; il vole au-dessous d'eux
topographique précise, c'est le Sinai qui est quand il les mène hors du nid, afin que s'ils
nommé, il on résulte, dit-il, que l'idée de ne pouvaient pas encore se soutenir dans les
l'Horeb a plus d'étendue que celle du Sinai, airs, ils n'aillent pas s'écraser contre quelque
ou qu'Horeb marque une chaîne dont le rocher. Clr. Dent, XXXII, 11, et Bochart,
Sinaï n'est qu'une montagne particulière, Hieroz. 1.11, c. 3. — Et assumpserim mihi,
qui n'est mentionnée spécialement que lors- ou " adduxerim ad me ». Dieu a amené les
ue Israël y arrive pour recevoir la Loi. Israélites à lui en établissant avec eux Les
S atto différence entre les deux noms, recon- rapports qui doivent en faire son peuple.
nue et prouvée d'abord par Ilengstenberg, C'est a quoi tend tout ce qu'il a fait jusqu'ici
Beitr. III, 397 et suiv., est aujourd'hui géné- en leur laveur, et qui va maintenant rece-
ralement admise. voir son couronemont, s'ils le veulent, par
la conclusion formelle do l'alliance.
DIEU FAIT AI, LIA KG F. AVEC LES ISÏUELITEB, XIX,
2 — XXIV. 5. — Si ergo audieritis vocem meam ...
Tous les témoignages d'amour que Dieu a
§. 1. PRÉPARATIFS DE LA PUBLICATION DES CON- déjà donnés aux Israélites ne sont encore que
DITIONS OU LOIS FONDAMENTALES DE L'ALLIANCE ; le prélude des rapports étroits qu'il veut
APPAREIL TERRIBLE DANS LEQUEL DIEU DESCEND maintenant établir avec eux, s'ils en
SUR LE SINAÏ, ff. 3—25. acceptent les conditions, ce que, dans une
assemblée tenue à cette fin, ils témoignent
3. — Moyses autem aseendit, ou « ascen- l'aire très volontiers. « On doit faire ici, dit
derat » ad Deum, c'est à dire, sur la mon- D. Galmet, une attention particulière sur
tagne, où vraisemblablement la colonno de la bonté de Dieu envers les Israélites. Il
nuée dans laquelle Dieu manifestait sa pré- n'exige rien de force, il ne demande rien
sence était allée se placer. — Vocavitque avec autorité, il ne i'ait point valoir ses
eum Dominus de monte. «De la montagne*, droits de maître et de souverain, il traite
de son sommet, « Jehovah appela Moïse », en quelque sorte avec son peuple comme
qui était encore dans sa partie inférieure, d'égal à égal, afin qu'ils n'aient point de
afin de proposer aux Israélites par son inter- sujet de se repentir de leur engagement
médiaire, les conditions de L'alliance qu'il quand une l'ois ils l'auront fait. Tout ce
voulait conclure avec eux. que l'on peut souhaiter pour la yalidité
4. — Vos ipsi vidistis . - . super alas d'une alliance et d'un contrat se rencon-
aquilarum. La conduite si différente que tre ici. Le Seigneur ne propose sa loi à
Dieu a tenue envers les Egyptiens et les Israël qu'après s'être assuré qu'il veut
Israélites est une marque sensible, éclatante, bien l'accepter et s'y assujettir. Moïse ne
de ses dispositions pleines d'amour à L'égard retourna sur la montagne que trois jours
de ces derniers. Les « ailes des aigles » sont après l'assemblée, pour donner au peuple le
une image de son soin paternel et puissant ; temps de réfléckir sur ce qui leur avait été
car l'aigle montre beaucoup de sollicitude dit. Au troisième jour, la majesté de Dieu
CHAPITRE XIX 139
mihi in peculium de cunctis populis ; rezpour moi une propriété parmi tous
mea est enim omnis terra. les peuples; car toute la terre est à
Ps. sa. i. moi.
6. Et vos eritis mihi in regnum sa- 6. Et vous serez pour moi un
parut sur la montagne, et Mo7ee, accompa- cunctis populis », on peut aussi traduire le
gné du peuple, vint au-devant du Seigneur texte par «prae cunctis populis », de préfé-
jusqu'au pied du Sinaï. Comme il montait, rence à tous les autres peuples. — Mea est
Dieu lui ordonna de descendre et de dire de enim omnis terra. Cest donc tout a fait
nouveau au peuple de ne pas approcher de librement que parmi tous les pouples, ou de
la montagne. Après quoi, Moïse étant monté préférence à tous les autres peuples, il a
jusqu'au sommet de Sinaï, Dieu lui déclara choisi les Israélites pour leur accorder cette
Jes conditions de l'alliance qu'il voulait l'aire faveur signalée, inestimable, puisque en les
avec Israël. Elles sont contenues dans les prenant pour son partage, il veut aussi se
chapitres xx - xxiu. Moïse vint les propo- donner lui-même à eux, en retour, comme
ser au peuple, qui les reçut et qui s'obligea leur partage.
à les observer. Moïse les rédigea par écrit 6. — Et vos eritis mihi in regnum sa-
avec l'acte du consentement du peuple, et cerdotale ; plus littéralement d'après l'hé-
le lendemain matin il dressa un autel pour breu : «et vous me serez un royaume de
y offrir des victimes, afin de ratifier l'al- prêtres ». Ces paroles expriment le rapport
liance par le sang des animaux, comme dans lequel les Israélites, comme apparte-
c'était alors la coutume. C'est ce qu'on voit nant spécialement à Jehovah, seront avec
au chapitre xxiv jusqu'au f. 12. — Comme, lui. Ils formèrent son royaume, mais un
par les conditions de l'alliance dont on vient royaume de prêtres. En tant que Jehovah
de parler, le peuple s'était obl.'gé à recon- sera leur maître et leur roi, ils seront ses
naître Dieu pour son roi et à lui rendre un sujets, et en tant qu'il sera leur Dieu, ils
culte religieux, Dieu ordonne de nouveau à seront ses prêtres. Cette annonce était d'au-
Moïse de monter sur la montagne, afin de tant plus propre à l'aire comprendre aux
lui donner la description de la tente qu'il Israélites le bonheur dont ils devaient jouir
veut qu'on lui dresse, comme à un roi au sous son empire que, en Egypte, d'où ils
milieu de son armée. Il marque les services venaient do sortir, la caste sacerdotale était
qu'il entend qu'on lui rende comme à un très considérée, très puissante, et jouissait
Dieu, il choisit la famille d'Aaron pour mi- des plus grands privilèges, tandis que le
nistre du cuite public qu'il demande de son peuple gémissait dans un triste état d'asser-
peuple, et il renvoie Moïse en lui donnant vissement. Tous consacrés à Dieu, ils auront
deux tables de piorre gravées de la main de une position analogue à celle des prêtres
Dieu même, dans lesquelles on lisait les dix d'Egypte, et qui même lui sera aussi supé-
commandements qui contiennent en abrégé rieure en dignité réelle que la vérité, sur
toute la Loi, et qui sont comme les pièces Iaquel elle reposera, l'emporte sur Terreur
authentiques do l'alliance dont on a parlé. et lo mensonge. Plusieurs commentateurs,
C'e*t ce qui est compris dans les chapitres tant anciens que modernes, entre autres
xxv, xxvi et suiv. jusqu'au x x x i . . Voilà Keil et Cook, prennent roSao, que nous
l'ordre de tout ce qui se passa dans cette al-
liance si solennelle entre Dieu et la race d'Is- avons traduit par « royaume », dans lo sens
raël ».— Eritis mihi in peculium de cunctis actif de «royauté», comme si tous les Isra-
populis. Le mot du texte que la Vulgate élites devaient ptro autant do rois. Mais ce
rend par « peculium » proprement « pécule » sens, malgn"' tout ce qu'il renferme do vrai,
et ensuite par extension « patrimoine, biens, me paraît moins comenir ici, parce qu'il
fortune», est rèap, qui désigne une pro- n'exprime pas, comme le demande le con-
priété précieuse, qu'on serre soigneusement, texte, le rapport où les Israélites seront avec
un trésor, I Parai, xxix, 3 ; Eccl. n, 8. Les Dieu. La traduction des Septante . p a i t t s i o v
Septante le tra'duisent ici et ailleurs dans iEpaT£u|ia, « un sacerdoce royal », ne signifie
le Pentat. par ><xoç 7tEpioúaíoc, c'est à dire, pas par elle-même, quoi qu'en dise Keil, que
d'après le scholiaste in Octat., eCaEpexoc, et sacerdoce doive posséder le rang et la
dans Mal. in, 17, par si? Ttepsïconîffiv, expres- puissance royale, mais seulement qu'il for-
sions oui ont passe dans le Nouveau Testa- mera une classe étroitement attachée à la
ment, la première dansl'épître à Tite, n, 14, œrsonne du roi, animée de son esprit et part-
et la seconde dans la première épître de icipant à sa dignité. Dans la nouvelle al-
S. Pierre, n, 9. Au lieu de ; « de » ou « ex iance, à laquelle cette prérogative est appli-
quée par S. Pierre et S. Paul dans les
ICO tïXODK
royaume sacerJotal, une nation sainte. cerdotale, et gens sancta; hsec sunt
Voilà les paroles que tu diras aux en- verba qu?e loqucris ad filios Israel.
fants d'Israël. i. Pet. 3. o.
7. Moïse vint et convoqua les an- 7. Venit Moyses, ct convocatis ma-
ciens du peuple, et leur exposa toutes joribus natu populi, exposuit omnes
les paroles que le Seigneur lui avait sermones quos mandaverat Dominus.
commandé de dire.
8. Et tout le peuple répondit en 8. Responditque omnia populus si-
même temps : Tout ce que le Seigneur mul: Cuneta qucelocutus est Dominus
a dit, nous le ferons. Et lorsque Moïse faciemus. Cumque retulisset Moyses
eut rapporté ces paroles du peuple au verba populf ad Dominum,
Seigneur,
9. Le Seigneur lui dit : Maintenant 9. Ait ei Dominus : Jam nunc ve-
je viendrai à toi dans l'obscurité d'une niam ad te in calígine nubis, ut au-
nuée, afin que le peuple m'entende te diat me populus loqucntcm ad te, et
parler et te croie ajamáis. Moïse rap- credat tibi in perpetuum. Nuntiavit
porta donc les paroles du peuple au ergo Moyses verba populi ad Dominum.
Seigneur,
10. Qui lui dit : Va au peuple et 10. Qui dixit ei : Vade ad populum,
sanctifie-les aujourd'hui et demain, et et sanctifica illos hodic, et eras, la-
qu'ils lavent leurs vêtements ; ventque vestimenta sua,
H . Et qu'ils soient prêts au troi- 11. Et sint parati in diem tertium;
sième jour ; car au troisième jour le in die enim tertia descendet Dominus
Seigneur descendra devant tout le coram omni plebe super montem Si-
peuple sur le mont Sinaï. nai.
12. Et tu établiras tout autour des 12. Constitucsque términos populo
limites pour le peuple, et tu leur di- per circuitum, et dicesad eos : Cávete
passages indiques plus haut, elle trouve ba populi... (Test ce que nous avons déjà vu
toute la vérité dont l'ancienne ne possédait dans le verset précédent. Mo! se lo répète ici
que la figure, n'étant encore qu'un royaume p a r o que Dieu n'a rien dît d'abord concer-
de Dieu typique, n'ayant qu'une loi typique, nant le* paroles du peuple qu'il lui a rap-
qu'un sacrifice typique, etc. — El gens portées.
sancta. D.eu étant saint, la sainteté même, 10. — Et sanctifica illos. Cette sanctifi-
fo peuple qu'il s'est choisi sera saint d'abord cation consiste non sau'emont dans les puri-
par sa vocation, comme lui étant spéciale- fications corporelles, quoiqu'elles soient seu-
ment consacré, et devra l'être encore par les expressément marquées, mais encore et
une conduit» digne de sa vocation, en har- surtout dans la préparation de l'âme, sans
monie avec la sainteté infinie do Dieu. la pureté de laquelle la netteté du corps ot
8. — Besponditque omnis populus... des habits serait de peu de prix devant Dieu.
Cette réponse du peuple était une accepta- — Lavenlr/uc vestimenta sua. «Hujusmoli
tion de la proposition quo Dieu lui faisait ablutiones tcorporis et vestium), antequam
ot de la condition qui y était jointe. sacra fieront, apud omnes antiques populos
9. — Jam nunc veniam ad le... Dieu ne usitatae oraut. Sacra facturis illotis manibiis
voulant pas traiter immédiatement avec le aut sordidis vestibus ad altaria accédera re-
pouplo, mais conclure l'alliance avec lni par ligio erat ». Rosenm. Gfr. D. Calmet.
l'intermédiaire de Moïse, ii fallait que celui- 11. — Descendet Dominus : il manifes-
ci fût spécialement accrédité comme son re- tera sa présence, à savoir, par les foudres
régentant et son\ interprète. Pour cela, et les tonnerres.
E ien lui parlera en- présence et aux oreilles
du p?uple en proclamant solennellement la
12. — Conslituesque ierminos populo.~
« Ratio erat ut Deus sui majorera, reveren-
loi Nïudamentale do son alliance, de sorte tiam injiœret fsraolitis, et eximio singulari-
qu'aucun doute ne pourra rester sur sa divi- quo quodam honore Mosem ornaret spectan-
ne mission. — NunUavit ergo Moyses ver- tibus Isi*aelitis, dum huic soli adscendere li-
CHAPITRE XIX 161
ceret. Sic et omnes gentes SÔUTCC habuornnt frayeur dont il fut saisi à cause dos éclairs
quae nemini nisi sacerdotibus fas erat iutra- et des tonnerres lui ayant fait demander
re. Mons Sinai tanquam Dei habitatio seu que ce ne (Vit pas Jehovah, mais Moïso qui
palatium considerabatur. Sicuti vero ex mo- lui parlât en sou nom, le signal annoncé ne
re Orientalium hodionum régnante régis pa- fut pas donné. Cdtte explication me parait
latium nemini permissum est ingredu nisi tout concilier d'une manière assez satisfai-
intimis régis aut evosatis ad thronum re- sante. Il est vrai qu'il y eu aurait uno plus
gium, ita Dei, régis Israelitarum, palatium simple : c'est celle qui est ainsi exnoséo par
nemini accedere iicitum erat, nisi Mosi tan- D. Calmet : « Lorsque Dieu aura fait enten-
quam intimo régis ». Rosenm. dre' du haut de la montagne un son sem-
13. — Manus non tangel eum... La rai- blable à celui d'une trompette, que tout le
son en est qu'on ne pourrait le toucher tant monde s'avance jusqu'au pied do la monta-
qu'il est en dehors des limites posées sans gne, jusqu'aux barrières que l'on avait mises
transgresser soi-même la défense. — Cum pour empêcher les hommes et le bétail de
cœperit cîangere huccina, ou plutôt, d'a- monter plus haut. C'est ce qui paraît aux
près le texte : «lorsque la trompette fera en- versets 17 et 21, où MoïS3 conduit le peuplo
tendre des sons prolongés », qui annonceront jusqu'au pied do la montagne, et ou Dieu
que les manifestations divines sur le Sinaï lui ordonne de dire au peuplo de no pas
sont terminées, tune ascendant in montem avancer plus avant ». Toutefois cette expli-
«ils pourront monter sur la montagne». cation a un inconvénient : c'est qu'elle obli-
Telle est l'explication de Knobol et de Bun- ge de prendre l'expression ma nïbï. « mon-
sen adoptée par Lange. Selon Keil, il s'agit ter sur la montagne», des versets 12 et 13,
du signal auquel le >cuple,dans la personne ont des sens un peu différents, puisque dans
de ses représentants, le3 anciens, pourra le dernier elle signifierait seulement « s'a-
monter sur la montagne, mais plus tard, vancer jusqu'au pied de la montagne ». Mais
après la promulgation des dix commande- en peut dire que, en ^avançant jusqu'à l'en-
ments, de sorte qu'il y aurait ici une restric- droit ou étaient placées les barrières, le
tion de la défense qui vient d'être prononcée. pauple montait déjà jusqu'à un certain point
Mais comme Moïse, Dout. v, 6, nous apprend sur la montagne.
que la crainte empêcha les Israélites do 15. — Et ne appropinqueiis uœortbus
monter sur la montagne, ot que cependant, vestris. « Hac ro, dit Rosenmuller, se pol-
.après la promulgation du Décalogue, les an- lui oxistimabant Oriéntalos paeno omnes. Id
ciens y montèrent avec Moïse, quoique non do Babyloniis ot Arabibus narrât Herodotus,
jusqu'au sommet, ci-apr. xxiv, i , 2, 9 ot 1,198, ot de .¿Egyptiis, II, 61. ^gyptü sacer-
suiv., il faut dire qu'il s'agit ici, pour le dotes sacris solomnioribus instantibus multis
peuple, d'une autre manière de monter sur
le Sinaï que dans la personne de ses repré- rébus abstinobant, npà Si Tccmwv, of<ppooiffiaiv
sentants. Il devait sans doute s'y rendre xx'i ¿inXíot; YuvGctxsíac, ut dicit Cnseremon
lui-même avec Moïse et les anciens, quoi- apud Porphyrium, De Abstin. iv, 7. Idem
que non dans sa totalité, puisque cela n'était mos invaluerat apud Grsecos, ut docet prés-
pas possible à une telle multitude. Mais la ter alios Meursius in Eleusiniis cap. 7, et
apud Romanos! ut liquet ex Tibulïo, 1. Il
S U
BIBLE. — Ex E. — 1 1 .
462 L'EXODE
e'.eg. I. Mohammodani quoque quum loca daus des circonstances bien différentes que
sacra Meccse visitant muiieribus abstinere nous verrons publier, au jour de la Pente-
debent ». Ce consentement unanime de peu- côte, la loi de charité qui régira le nouveau
les si différents, panni lesquels se trouvent peuple de Dieu. Cf. Hobr. xn, 18 et seq., et
E JS plus éclairés de l'antiquité, est sans douto
du plus grand poids, et devrait faire réflé-
e
Bossuet, Elevât, sur les myst., xi sem., vu
élév. « Quand Dieu voulut donner la loi à
0
chir ceux qui condamnent si légèrement la Moi'se sur le mont de Sinaï, dit Tévêquo de
loi du célibat ecclésiastique. Si la continence Meaux, il fit quatre choses importantes : il
était exigée des prêtres même païens, com- descendit au bruit du tonnerre et dos trom-
me nous verrons qu'elle le fut aussi des prê- pettes ; toute la montag.ie parut on feu, et
tres d'Israël, lorsqu'ils devaient remplir les on y vit éclater la flamme dans un tourbil-
fonctions sacrées ; si elle flit presento par lon de fumée ; Dieu grava le Décalogua sur
Moïse à tout le peuple comme une prépara- deux tables de pierre ; il prononça les au-
tion nécessaire pour entendre seulement la tres articles do la loi d'une voix haute et
publication delà loi de Dieu, à combien plus intelligible, qui lut entendue de tout le peu-
forte raison n'est-elle pas nécessaire au prê- ple (Exod. xix, xx, xxiv, xxxi). Pour
tre catholique appelé si souvent à exercer publier la loi évangélique, il renouvela ces
les fonctions les plus saintes, et surtout à quatre choses, mais d'une manière bien plus
offrir à Dieu un sacrifice si auguste que, excellente. L'ouvrage commença par un
pour remplir dignement ce seul ministère, grand bruit ; mais ce ne fut ni la violence
la pureté des anges mêmes serait encore trop du tonnerre, ni le son aigu des trompettes,
peu! comme on l'entend dans un combat : le bruit
16. — Et ecce cœperunt audiri toni- que Dieu envoya lut semblable à celui d'un
trua . . . clangorque buecinœ vehemen- vent impétueux, qui figurait le Saint Esprit,
tius perstrepebat. V « épais nuage » qui et qui, sans être terrible ni menaçant, rem-
« couvre la montagne » marque l'invisi- plit toute la maison (Act. n, 1, 2), et appe-
bilité du Dieu très saint, qui « habite une la tout Jérusahm au beau spectacle que
lumière inaccessible » et reste couvert d'un Dieu lui allait donner. On vit un feu, mais
voile lors même qu'il se manifeste aux mor- pur et sans fumée, qui ne parut pas de loin
tels. « Vehementius » n'ebt pas employé pour effrayer les disciples, mais dont la
ici comme un comparatif propi"oment dit. flamme innocente, sans leur brûler ni en-
Le « son », ou, comme s'exprime l'hébreu, tamer leurs cheveux, se reposa sur leur
la « voix « de eette trompette, que S. Paul tète (Ibid., 3). Ce feu pénétra le dedans, et
appelle la « trompette do Dion », 1 Thes.iv, par ce moyen la loi do l'Evangile fut douce-
16, est un son semblable à celui do la trom- ment imprimée, .ion pas dans des pierres
pette, produit, selon Corn, a Lapide et au- insensibles, mais dans un cœur composé de
tres anciens commontatours, par i os anges, chair et ramolli par la grâce. Il y eut une
dont des myriades entoura ent Johovah, parole, mais qui se multipliait d'une maniè-
Dent, xxxni, 2. Ce son était comme Je cri re admirable : au lieu que sur la montagne
du héraut qui annonçait l'arrivée de Jeho- de Sinaï Dieu ne parla qu'une seule langue
vah et convoquait le peuplo pour l'entendre. et à un seul peuple, dans la publication
Par tout ce grand et effrayant spec- évangélique, qui devait réunir en un tous
tacle, si propre à frapper les esprits, Dieu les peuples de l'univers dans la foi de Jésus-
voulait pénétrer son peuple du sentiment de Christ et la connaissance de Dieu, dans un
sa grandeur et de sa puissance, lui impri- seul discours on entendait toutes les lan-
mer le respect dû à sa majesté infinie, et la gues, et chaque peuple entendit la sienne
crainte des châtiments réservés aux trans- (Act. il, 4-8, etc.). Ainsi Jésus établit sa loi
gresseurs de sa loi, aux violateurs de son bien autrement que Moïse. Croyons, espé-
alliance. Un appareil terrible devait accom- rons, aimons, et la loi sera dans notre cœur.
Préparons-lui des oreilles intérieures, une
agner la promulgation d'une loi do crainte
S oimée à un peuple grossier et charnel. Cest
attention simple, une crainte douce qui se
CHAPITRE XIX 163
strepebat; et tîmuit populus qui erat la montagne, et le son du buccin re-
in castris. tentit avec plus de force ; et le peuple
qui était dans le camp fut saisi d effroi.
17. Cumque eduxisset eos Moyses 17. Et lorsque Moïse les eut con-
in occursum Dei de loco castrorum, duits de remplacement du camp à la
steterunt ad radiées montis. rencontre de Dieu, ils s'arrêtèrent au
pied de la montagne.
18. Totus autem mons Sinai fuma- 18. Or tout le mont Sinaï fumait,
bat, eo quod dcscendisset Dominus parce que le Seigneur y étajt descendu
super eum in igne, et ascenderet fu- dans le feu et que la fumée s'en éle-
mus ex eo quasi de fornace ; eratque vait comme d'une fournaise ; et tout
omnis mons terribilis. le mont était terrible.
Dent. A. 4 1 ,
19. Et sohitus buccinse paulatim 19. Et le son du buccin croissait de
crescebat in majus, et prolixius ten- plus* en plus et s'étendait davantage.
debatur; Moyses loquebatur, et Deus Moïse parlait et Dieu lui répondait.
respondebat ei.
20. Descenditque Dominus super 20. Et le Seigneur descendit sur le
montem Sinai in ipso montis vertice, mont Sinaï, sur le faite même de 1.
et vocavit Moysen in cacumen ejus. montagne, et \\ appela Moise sur le
Quo cum ascendisset, sommet de la montagne. Lorsqu'il
y fut monté,
21. Dixit ad eum : Descende, et 21. Il lui dit : Descends et avertis
termine • en amour. De dessus du mont omnis mons terribilis : dans lo texte hé-
Sinaï Dieu cria t : Kapprochez pas, ni breu : « et toute la montagne tremb ait for-
Iiommes, ni animaux : il y va de la vie, tement ».
et tout ce qui approchera mourra de 19. — Moyses loquebatur, et Deus res-
mort. Sur la montagne de Sion, Dieu n'ap- pondebat ei. L'hébreu ajoute : « in vo *o ».
proche pas seulement sous la figure d'une « Dieu lui parlait d'une manière sensible et
llamme lumineuse, mais il entre au dédans intelligible; ce n'était point une voix inté-
du cœur : ce boau iteu prend la figure d'une rieure et une révélation secrète. Dieu se
langue : le Saint Esprit vient parler au cœur faisait apparemment entendre de tout le
des Apôtres, et do leur cœur doit sortir la )euple par une voix articulée. Les anciens
parole qui convertira tout ]'univers ». Mais ojislatours ont tous voulu faire passer leurs
la fin du monde, le temps des vengeances, ois pour das productions du ciol ; ils los ont
présentera des scènes pareilles à celles du données pour inspirées. Mais ces prétendues
binai, Apoc. vni, 5 ; xi, 19. -J- Et iimiUl. révélations de la part des dieux ne se sont
^L'expression du texte est plus forte : <- et jamais faites en présence des hommes ; Ton
tremuit ». a découvert l'imposture de quelques-uns, et
17. — ïn occursum Vei. Dieu arrivant il n'y a que la simplicité et la crédulité des
sur la montagne de Sinaï, ou peut dir«- que peuples qui aient pu leur donner la har-
le peuple, en allant vers cette montage, diesse de feindre d'une manière si grossière.
allait au devant de Dieu. Ici Moïse ne fait rien qu'aux yeux de tout
48. — Totus autem mons Sinai fuma- Israël: ses lois sont précédées, sont accom-
bat... Eu approchant de la montagne, l'his- pagnées, sont suivies de prodiges qui ont
torien revient à la description de l'aspect autant de témoins qu'il y eut de personnes
terrible qu'elle présentait. Dans le Deutéro- qui se soumirent à ses lois. » D. Cal met.
nome, iv, 41, il dit que « la montagne brû- 20. — Descenditque, ou mieux : « descen-
lait dans le feu jusqu'au cœur des cieux ». dit igitur ». C'est une répétition de ce qui a
« Ignis est insigne divinae ac regiae majes- déjà été dit un peu plus haut. « Ce verset,
tatis; hinc Deus in rubo Mosis, in colurana, dit aussi M. Glaire, présente le résumé du
in monte Sina, in templo et alibi, cum ejus tableau qui vient d'être tracé dans les ver-
regiaaut judiciarîa potestas exprimitur, in sets précédents. *
igue apparuit ». Corn, a Lap. — Eratque Si. — Descende et contestare populum...
164 L*EXOr;B
le peuple, de peur qu'il ne veuille fran- contestare populum, ne forte velit
chir les limites pour voirie Seigneur, transcendere terminos ad videndum
et qu'il ne meure parmi eux une grande Dominum, et pereat ex eis plurima
multitude. multitude
22. Que les prêtres aussi, qui s'ap- 22. Sacerdotesquoquequi accedunt
prochent du Seigneur, soient sancti- ad Dominum sanctificentur, ne per-
fiés, de peur qu'il ne les frappe. cutiat eos.
23. Et Moïse dit au Seigneur : Le 23. Dixitque Moyses ad Dominum :
peuple ne pourra monter sur le mont Non poterit vulgus ascendere in mon-
Sinaï; car vous l'avez témoigné et or- tent Sinai; tu enim testificatus es, et
donné en disant : Pose des limites au- jussisti, dicens : Pone terminos circa
tour du mont et sanctifie-le. montem, et sanctifica illum.
24. Le Seigneur lui dit : Va, des- 24. Cui ait Dominus : Vade, descen-
cends, et tu monteras et Aaron avec de; ascendesque tu, et Aaron lecum;
toi ; mais que les prêtres et le peuple sacerdotes autem et populus ne trans-
ne franchissent pas les limites et ne eant terminos, nec ascendant ad Do-
montent pas vers le Seigneur, de peur minum, ne forte interficiat illos.
qu'il ne les fasse mourir.
25. Et Moïse descendit vers le peu- 25. Descenditque Moyses ad popu-
ple et leur raconta tout. lum, et omnia narravit eis.
C'est un trait significatif, et qui marque bien 24. — Vade, descende *.. Dieu persiste
l'importance que Dieu attachait à la défense néanmoins dans l'ordre qu'il lui a donné,
qu'il avait déjà fait intimer au peuple de auquel il ajoute celui de prendre avec lui
monter sur la montagne, que Tordre qu'il Aaron son frère pour remonter, voulant
donne ici à Moise de descondre de la monta- qu'ils soient tous deux ses intermédiaires au-
nue pour Lui renouveler cotte défense. Cela près du peuple.
était bien propre à lui l'aire sentir combien 25. — Et omnia narravit eis. Gomme il
il était éloigne do la sainteté nécessaire pour n'est pas dît que, après avoir rempli son
oser s'approcher de Diou. message, Moïse soit retourné sur la monta-
22. — Sacerâotcs quoqm... sanctificen- gne, ot que, après la promulgation du Dé-
tur. Les prêtres dont il s'agit no sont ni les calogue, nous le retrouvons près du peuple,
fils d'Aaron ou prêtres lévitiquos, qui n'é- il y a tout lieu de croire qu'il était resté au
taient pas encore établis, ni, selon Baunv- bas de la montagne pendant cette promul-
garten ot Koil, les princes du peuple ou les gation. C'est le sentiment de Knobei et de
premiors-nés, mais ceux qui, d'après le droit Keil. Cornélius a Lapide est à peu près du
naturel et l'usage, avaient reznpli jusque-là même avis. Selon lui, après avoir porté au
les fonctions sacerdotales. Ces prêtres mêmes peuple la défense que Dieu l'avait chargé
ne sont pas assez saints pour pouvoir s'ap- de lui transmettre, « statim rursus cum
procher de Dieu. Il y a plus : même en res- fratro Aarone, uti ei jusserat Deus j¡\ 24,
tant dans le camp, ils sont exposés â la mort, ascondit aliquousque, ita ut a populo ad
s'ils no se sanctinent pas. radiées mentis stante distaret, ut patet cap.
23. — Non poterit vulgus ascendere... xx, y. 19, ibique Mo^os stans audivit Deca-
Il semblo que Moiso vont s'excuser de des- logum proclaman, indeque postea evocatus
cendre do la montag c en taisant à Dieu in verticem ascendit, cap. xx, 21, accep-
l'observation qu'il n'y a pas lieu de crain- turufi ibidem a DJO loges alias ceremoniales
dre que le peuple se hazarde à monter et judiciales, tumque Aaronem et populum
après la dé.ense qu'il lui en a faite. C'est ad castra remisit, ut patet Douter, cap. v,
l'explication de Cornélius a Lapide, que pa- f, 30 ». Cette explication de G>rnolius a La-
rait adopter D. Cal met. — Sanctifica illum : pide paraît assez satisfaisante. Voy. cepen-
sépare cette montagne par une barrière dant ci-après, xxiv, 4, note.
comme un lieu spécialement consacré à Dieu.
CHAPITRE XX LG3
CHAPITRE XX.
Promulgation solennelle des dix commandements, tt. 4-17.— Frayeur du peuple, v?. 18.
SI. — Prescriptions relatives au culte, y*. 22-26.
§ 2. Lois fondamentales ou conditions de loi si; Six-rrirx; kyYÎAWV, et S. Paul, Gai. m, 19,
l'alliance, xx — xxiu. reprenante de même la loi comme oi-xTzyïiç
Si *v i)ar/. U est vrai que cas expressions
T
1* Promulgation solennelle du décalogue ; frayeur laissent tout à fait in létorminéo la part des
du peuple, xx, 1 — 31.
anges dans sa promulgation ; mais le pas-
CHAP, XX — i.—Lonutusque est Domi- sage de répitre aux Hébreux, n, 2, où la loi
nus cumtos sermones hos. Ces paroles, qui ost représentée comme ofit' nYji>.ojv Xa^Osi;
furent prononcées encore avant que Mo.se XÔTO;, ne semble guère susceptible de s'expli-
retournât sur la montagne avec Aaron, sont quer que dans le SJHS i'e cette derniè.o opi-
celles qui sont rapportées dans les ver- nion. Koil en a essayé une autre explication ;
sets 2 - 17, et qui ren brment la loi fonda- mais j'avoue qu'elle ne me satisfait pas.—Le
mentale de l'alliance. Elles sont répétées avec décaloguo fut écrit par Dieu même su;' deux
quelques légères différences, qui nVn al- tables de pierre, et, comme résumé ot noyau
tèrent en rien le contenu, dans le D3utéro- do la loi, il est déjà appelé au chapitre xxiv,
nome, v, 6 - 18, et appelées ci-après xxxiv, 28, 12, <c la loi et le pre^opto ». Les opinions
Deut. iv, 13, et x, 4, les «parolesde l'alli- diffèront sur la manière da compter les com-
ance, les dix paroles, » d'où leur est venu le mandements et de les distribuer entre les
nom grec de decalogue. Dieu les a-t-il pro- deux tables, le texte ne fournissant à ret
mulgués immédiatement par lui même ou par égard aucun indice certain. La plus plausible
l'intermédiaire des anges? C'est une question est celle qui les partage d'après leurs objets
qui me paraît assez difficile à décider. Nulle principaux, plaçant sur la première table les
part dans l'Ancien Testament il n'est ques- commandements qui se rapportent directe-
tion de l'emploi de cet intermédiaire. Non ment à Dieu, ot sur la seconde ceux qui so
seulement ici celui qui prononce ces paroles rapportent directement au prochain. Mais
devant le peuple, c'est Jehovah, le Dieu parmi sas partisans il y a encoro une diver-
d'Israël, qui Va tiré de l'Egypte (c'est ainsi sité résultant de ce que les uns comptent
que lui même se désigne), mais encore dans quatre commandements relatifs à Dieu, pre-
le Djutéronome, v, 4, c'est Jehovah qui parle nant la défense d'adorer des dieux étrangers
face à face aux Israélites sur la monta- et celle de faire des imagos taillées pour doux
gne, du milieu du feu. Aussi, d'après J. Bux- commandements distincts, et ne faisant qu'un
torf, Dissert, de Dacal. in. çen., Us interprè- commandement de la prohibition des mauvais
tes hébreux enseignent-ils à la presque una- désirs, tandis que les autres, par une division
nimité « Deum verba Decaiogi per se im- inverse, n'attribuant que trois commando"-
mediate lo^utum es3e, Dei nempe potentiation ments à la première table et, séparant la dé-
autom a.igelorum opera ac mimsterio voces fense de convoiter la femme du prochain et
in aere formatas fuisse ». Cepondant, àen jugor celle do désirer son autre bien, en mettent
par un passage do J.isèph% Ant. X V , 5, 3, il sept à la seconde. Cotte dernière division a
semble qus de son temps l'opinion contraire pour elle l'autorité do S. Augustin, et est gé-
devait être assez répandue parmi les Ju-'fs, néralement reçue dans l'Eglise catholique.
C'est aussi la plus rationnelle. Il est évident,
nrisqu'il la metdans la bouche d'Hérode par- en effet, que la dé.enso do faire des images
Îant au peuple comme une vérité reconnue. taillées et d3 les adorer ne diffère pas par son
Elle paraît s'être formée comme u .e interpré- objet do cellj d'avoir d'autres dieux que J J -
tation de l'endroit du Deutéron., xxxui, 2, hovah ; elle n'en est qu'un détail explicatif,
où Moïse dit aux Israélites que Jéhovah «est proscrivant une forme particulière rte l'ido-
venu des myriades de la sainteté » sur le làtiio déjà défendue ea général. Le3 doux
Sinaï. Dans le Nouveau Testament, S. Etienne, défe-ises n'ayai_t dmc au ibml qu'un seul bt
Act. vu, 53, dit aux Juifô qu'ils ont re;u la
1C6 L'EXODE
-2. Je suis le Seigneur ton Dieu qui 2. Ego sum Dominus Deus tuus,
t'ai tiré de la terre d'Egypte, de la qui eduxi te de terra ¿Sgypti, de do-
maison de servitude. mo servkutis.
Deut. S. 6. Ps. 80. ii.
même objet, puisque celui de la seconde rentre proclame pas plutôt lo Créateur ot lo souve-
dans celui de la première, il s'ensuit qu'elles rain maître du ciel et de la terre. 'C'est.que
no forment qu'un seul ot môme commando- dans cette circonstance il adresse ses com-
mont. Par contre, la dhTéi once dos objets met mandements, non à tous les hommes, mais
entre les mauvais désirs une différence es- seulement aux Israélites.
sentielle, les uns étant principalement op- 3. — Non habebis deos alienos, dans
posés à la chasteté, les autres à lajustico, ce l'hébreu : « alios », coram me, littérale-
qui en fait naturellement la matière do deux ment d'apçès l'hébreu 1 3 3 IV : « en sus de
commandements distincts, d.mt l'un se rap- ma face », ou « on outre de moi ». by est
porte à ce'ui qui prohibe l'adultère, ot l'au-
tre à celui qui prohibe le vol, chacun inter- employé comme Gen. XLVIII, 22; Ps. xvi
disant l'acte intérieur du péché dont celui (Vulg. xv), 2 ; ou comme Gen. xxxi, 50;
qui lui correspond interdit l'acte extérieur. Deut. xix, 9 . « Hac lego ostendere voluit
Ajoutons à cota que le pou d'importance qu'a Doua rsraelitis se variarum religionum mix-
conservé dans la nouvelle loi la défense de turam nullo modo probare. Erat enim haec
faire dos images taillées, le danger de l'ido- vulgatissima illorum temporum superstitio
lâtrie grossière n'étant plus guère à crain- ut homines, prceter ejus terrse quam hahita-
dre, rend aussi pour nous ia division de bant deum, etiam alianim dcos coli passe
S. Augustin pi éférable. La seule chose, ce ac debere putarent ». Rosenm. Ce comman-
me semble, qui puisse causer quelque diffi- dement est tout à fait général, et ne défend
culté, c'est que ia défense de désirer la fbm- pas seulement le polythésme et l'idolâtrie
me du prochain est mêlée avec celle do dé- en pensée, en parole et en action, mais pros-
sirer ses autres biens. Mais elle en cbt séparée crit en mémo temps de craindre et d'aimer
dans le Deutéronomo, v, 20, ot ici même, où Jehovah lo vrai Dieu, de le sorv r et de
elle ne vient qu'après celle de désirer sa mai- s'attacher à lui. Cfr. Dent, vi, 5, 13, 17 ; x,
son, la répétitioa du mot : « tu ne délireras 12, 20. Presque tous les commandements
point », annonce un commandement distinct sont exprimés sous la forme négative de la
du précédent. Ce commandement comprend dé.'ense, paroe qu'ils supposent dans le cceur
aussi les autres porsonnos et les animaux qui humain la pente au péché.
lui appartiennent,cequi no veut pas dire que 4. — Non facies iibi sculplile, neque
le désir on soit défendu tout à fait an même omnem similitudinem... Le mot ruian,
titre. Du reste, rion n'empêche do préférer ici
l'ordre suivi dans le Deutéronomo à pelui de que la Vulgate rend par « simîlitudinsm »,
l'Exo 'e. signifie plutôt « figure ». Dieu dé end ici di
faire des images sculptées, ot en général tout)
2. — Ego sum Dominus Vcus tnus... figure représentant soit des divinités païen-
Ces naroïes, quoique ayant un rapport par- nes ou d-'ssymboles de ces divinités, sot
ticulier avec le premier commandement, lui-mê'no. Ca sens, quant au dernier point
sont néanmoins une préf 'ce commune au en particulier, ne paraîtra pas douteux si
i
décaloguc entier, toute piopieà inspirer au on rappro he la raison que Moïse, en reve-
peuple, par le souvenir d'un b.'e.ifnit tel que nant ailleurs sur cette dé.enso, apporte pou *
relui de sa délivrance de la servitude d E - la motiver. « Car vous n'avez vu, dit-il aux
gypte, le respect et l'obéissanre dus à la loi Israélites, aucune figure au jour où Jehovah
de son Dion ot de son libérateur. Elles sont vous a parlé à Horeb du milieu du îeu »,
souvent réjiétéos dans ce but, soit en e tior, Deut. iv, 15 et seq. Par ce « qui est dans
ci apr. xxix, 46 ; Lov. xrx, 36 ; xxm, 43 ; lo ciel », il faut entendre, non les anges,
xxv, 38,55 ; xxvr, 13, et aill. ; tantôt abré- mais, d'après la suite du môme passage, les
gées : « Je suis Jehovah, votre Dieu », Lov. oiseaux, et probablement aussi les astres;
xi, 44 ; XVIII, 2,4, 30 et aill. ; ou senloment : par ce « qui est sur la torre », les animaux
* .le suis Jehovah », Lev, xix, 12, (4,16,18, terrestres, grands ot petits, et par ce « qui*
ei aill On a demandé pourquoi Dieu ne se est dans les eaux », les poissons et autres
CHAPITRE XX 167
desuper, et queo in terra deorsum, dans le ciel, ni de ce qui est en bas
nec eorum quae sunt in aquis sub sur la terre, ni de ce qui est sous la
terra. terre dans les eaux.
Lev. 36. 1. Heul. 4. 15. Jos. 34. U : Pt. 96. *7.
•animaux aquatiques. « Sub terra » est ajou- non indiget ». Il préten:l néanmoins que
té à « in aquis •> pour rendre d'une ma- c'est faire injure à Dieu que de le repré-
nière pittoresque l'idée que Jes eaux sont senter sous une image corporelle ; a quoi
plus basses que la terre ferme. La raison de Cornelius a Lapide répond : « S. S;riptura
cette déibnse est le danger qu'il y aurait eu Deo injuria non est cum «-/ВРМТСОЯХОЛ; Doo
pour les Israélites de tombai' dan* les super- aures, nares, nculos, manus, pedes aliaque
stitions qu'ils avaient vues si longtemps et membra attribuii : quin vero n o i tantum
plus ou moins pratiquées eux-mêmes en dignatus est Daus ad humana verba et hu
Egypte. U y avait dans ce pays une grande manas imaginationis imaginem descuidero,
multiplicité de représentations des êtres di- sei ad ipsam otiam ibrmam humanani,
vins, provenant d'abord de la multiplicité quando Verbum Ciro factum ejus fíguram
de ces êtres mêmes, ensuite et surtout de ce admisit. Cur ergo Dei hominis facti memo-
que la même divinité était représentée sous riam imagine ser. are et venerari non Ii-
trois formes différentes : 1° la forme humai- ceat ? cur mrsnin menti nostrae ad ccelestia
ne pure avec les attributs spéciaux au dieu ; tardes ex visibili imagine ad invisibili^ as
2° le corps humain avec la tête do l'animal cendere пол liceat ? non enim de i la te m ejus-
spécialement consacré à ce dieu: 3° cet que attributa directe et perfecto expingere,
animal même avec les attributs spé- sed tantum aüquatonus adumbrare cona-
ciaux au dieu qu'il représentait. Ainsi, pour mur, ut Daum menti ot mémorisa objicere
ne donner des exemples que de cette dernière eusque conc.;ptum aliquem formare pissi-
forme, un serpent barbu avec deux jambes ìnus; alioqui enim nula ratione Donni con-
humaines symbolisait Chnouphis ; un tau- cipero possemus. Nam, ut ait Aristoteles,
reau avec un disque sur la tète, Apis ; une nini! est in intollectu quod non prius íuerit
vache avec un disque sur la tête. Hathôr in sensu et in phantas'a. lntelloctus enim ni-
(la Vénus égyptienne) ; un épervîer avec le hil concipere potest s'no phantasmale : Phan-
disque et un uraeus sur la tè:e, Flire (le so- tasma autemest imago rei visse vel alió sensu
leil), etc. Voy. C ïampollion-Figeac, Egypte pereeptse ». Ainsi ce serait faire injure à
ancienne, p. 25<3etsuiv.; Lenormant, Hist. Dieu que do croire le représenter tel quii
ans. de l'Or., t. III, p. 171 et suiv. (9' édit.).
1
est sous une forms corporelle, mais nulle-
M. Vigouroux, La Bible, etc. t. I , p. 5il et mont do transporter sur la toile ou le mar-
suiv. La défense de faire des image* sculp- bre les imagos par lesquelles il a daigné
tées ou autres était donc, on peut le dire, lui-тетэ, pour s'accommoder à la faiblesse
toute relative aux circonstances dans les- do notre mtell gence, se représenter dans
quelles se trouvaient les Israélites, pour qui les saintes Ecritures. Ces images doivent
elle n'était pas même absolue, puisque Moïse être, n o i adorées, mais honoréss d'un culto
lui-même fit faire dos chérnb ns qu'il plaça relatif qui ne prejudicio en rien au culte ab-
sur l'arche, et des voiles ornés d"* figures en solu que nous devons à Dieu, puisqu'il se
broderie pour le taliornacle. Du reste, le but rapporte à lui. Quant aux anges et aux
et la portée de cette défense sont clairement saints, puisque Dieu lui-même les honore
indiqués dans ce qui suit : « Tu ne les ado- homme sos amis, n'est-il pas juste de les ho-
reras pMnt et no les serviras point ». C'est norer aussi on cette qualité, et d'accorder
ce que reconnais ent aujourd'hui les plus aussi à leurs images un culte relatif qui se
savants commentateurs protestants, tels quo termine également à Dieu? De bonne foi,
Rosenniullcr, Keil, Lange, etc. Calvin lui- comment tivuver là l'ombre d'une idolâtrie ?
même n'a pu s'empêcher do faiie cet aveu :
« Quod stulte quidam pularunt hic damaari 5 et 6. — Non atfarabis ea ñeque coles .*
scuipturas et pîcturas quaslibet, rofutatione «tu ne les adoreras pas», proprement d'après
l'hébreu : «tu ne te prosterneras pas devant
t€8 L'EXODE
à l'égard de ceux qui m'aiment et gar- his qui diligunt me, et custodiunt prœ-
dent mes commandements. cepta mea.
elles» pour leur rendre tes hommages et pluie de feu et de souffre qui consuma les
les invoquer comme si c'étaient des divinités, villes infâmes do cette contrée. Il en fut do-
«et no les serviras pas*, d'après la lettre même des enfants du pays do Chauaan, qui
du texte très bien rendu pnr la Vulgate : tu furent enveloppée dans la sentenced'exter- '
ne les honoreras pas par des sacrifices et initiation que les habitants de ce pays 1
autres actes religieux, tu ne leur rendras s'étaient attirée de Dieu par leurs mœurs
aucun culte. — Ego sum Dominus Deus abominables. De pareils châtiments infligés
titus.*.; plus exactement d'après le texte: aux parents 'lans la personne do leurs en.ants.
«car moi, Jchovah ton Dieu, jo suis un Dieu leur sont très sensibles a causo de l'amour
jaloux, visitant l'iniquité des pères sur les qu'ils ont naturellement pour eux, et on rie
fils, sur la troisième et sur la quatrième peut pas dire qu'ils aient rien d'injuste pour
génération-, littéralement : «sur les troi- les enfants me i es, qui, par suito du pézhé
sièmes et les quatrièmes», sous-ent. «fils» origincl, sont déjà sujets à tous les maux
ou «descendants» qui se suivent en droite qui p3uvent alïligor L'humanité. C'est même
ligne, « à l'égard de ceux qui me haïssent « : souvent un bonheur pour eux de quitter ce
c'est ainsi qu'il faut traduire W 3 t e S , que la moiidc avant il*avoir pu y mériter les peines
Vulgate rend par « eorum qui oderunt me» : éternelles de l'autre. Quant aux enfants qui
«et usant de faveur envers la millième géné- ont déjà l'usage de raison, s'ils imitent les
ration», littéralement : «envers les mille», crimes de IWIIB parents, il est juste qu'ils en
pour «envers les millièmes », sous-ent. «fils» subissent aussi le châtiment, dans le cas
ou « descendants», » à r e g a r d do ceux qui contraire, leur? maux no sont que pour cette
m'aiment et gardent mes préceptes». L'ex- vie, et pauvont même, s'ils les supportent
pression «les mille», pour «les millièmes», avec patience, leur mériter le bonheur de
vient de ce que l'hébreu n'a pas do forme l'autre. Souvent aussi la prière jointe à la
particulière pour le nombre ordinal corres- pratique de la vertu leur en obtiendra la
pondant à «mille»». Dieu jûnt à ce premier délivrance. Une autre considération qu'il ne
commandement un motif bien puissant pour faut pas omettre, c'est que Les pères forment
imgager son peuple à l'observer fidèlement avec leurs enfants une sorte d'unité, un
et à ne pas se laisser aller à l'idolâtrie : ce corps moral, sur la tete duquel, lorsqu'ils
sont les châtiments ou les récompenses qu'il foulent aux pieds leurs devoirs, s'accumulent
lui prépare selon la manière dont il se con- des iniquités dont le châtiment temporel
duira envers lui. Il l'avertit qu'il est un reste plus ou moins en suspens jusqu'à ce
«Dieu jaloux >\ qui no souffre pas que L'hon- qu'elles soient arrivées à un cortaindegré et
neur qui lui est dû soit donné H un autre, que la mesure soit comble. Cest ce qui arriva,
ou seulement partage, et qui d'un côté est entre autres,commê l'Ecriture nousl'apprend,
sévère dans ses châtiments, et do l'autre, aux habitants du pays de Chanaan. Alors
magnifique dans ses réconmenses, avec cette ou le châtiment suit le crime comme un effet
différence toutelbis qu'il aune bien mieux qui résulte naturellement d'une telle cause,
exercer sa bonté que sa justice, et qu'il étend ou Dieu intervient d'une autre manière p^ur
beaucoup plus loin ses récompenses que ses exercer sas vengeances, ou, ce qui est le plus
châtiments. Ainsi tandis que ceux-ci ne ordinaire, ces deux modes de punition se-
suivent ses ennemis que jusqu'à la troisième réunissent. Cest ce dont toute l'histoire,,
ou à la quatrième génération, celles-là se mais particulièrement celle de notre époque,
répandent sur ceux qui l'aiment jusqu'à la nous offre des exemples frappants. Cetto
millième. Ces mots : «à l'égard de ceux qui espèce de solidarité en vertu de laquello les
me haïssent», et «à l'égard de ceux qui entants portent la peine des crimes de leurs
m'aiment», sont importants pour déterminer pères a toujours été plus ou moins admise
le véritable sons et la portée de ce passage, par toutes les nations; quelques-unes même,
en co qu'ils présentent les châtiments et les comme les Perses, l'ont oxagérée jusqu'à un
bienfaits comme répartis d'après les mérites, excès qui fait horreur, punissant certains
du moins en règle générale ; car il peut ar- crimes non seulement par la mort des cou-
river que Dieu, pour punir des parents cou- pables, mais encore par celle de leurs famil-
pables, frappe de différents maux temporels, les entières. Que Dieu récompense aussi les
. et même de mort, leurs enfants, quoique parents vertueux dans leurs enfants, â qui
innocents. C'est ce qui eut lieu, par exemple, il accorde des grâces et des faveurs particu-
dans la Pentapole, où les enfants mêmes qui lières en leur considération, c'est ce qui est
ne savaient pas encore distinguer le bien et également constaté par une multitude de
le mal périrent avec leurs parents dans la faits, et ne soulève pas d'objection, que je
CHAPITRE XX 169
7 . N O N ASSUMES NOMEN DOMINI DEI 7. Tu ne prendras pas le nom du
tui in vanum ; nec enim habebit inson- Seigneur ton Dieu en vain; car le Sei-
tem Dominus eum qui assumpserit no- gneur ne tiendra pas pour innocent celui
men Domini Dei sui frustra. qui aura pris le nom du Seigneur son
Lev. 1 9 . 1 2 . Dent. 5. 11. Mat th. 5. 33. Dieu en vain.
8. Memento ut diem sabbati sanc- 8. Souviens-toi de sanctifier le jour
tifiées. du sabbat.
Infr. 31. 13. Dent. 5. 13. Ezeek. SO. 12.
9. Scx diebus operaberis, et faciès 9. Tu travailleras six jours et tu
omnia opera ttía. feras tous tes travaux.
40. Séptimo autem die sabbatum 10. Mais le septième jour, c'est le
Domini Dei tui est; non faciès omne sabbat du Seigneur ton Dieu. Tu ne
opus in co, tu, et filius tuus et filia feras ce jour-là aucun travail, lui et
tua, servus tuus etancilla tua, jumen- ton fil, et ta fille, ton serviteur et
sache. Au reste, le nombre des générations pour très coupable et ne laissera pas jnip'iui
dans lesquelles les iniquités ou las vertus mais châtiera sévèrement celui qui so sera
des pères sont punis ou récompensés ne doit rendu coupable de ce péché. Cotte menace
pas se prendre à la lettre. Les .luils, par regarde particulièrement le'faux serment et
exemple, sont encore aujourd'hui sous le le blasphème.
poids du châtiment qu'a mérité le déicide 8. — Mémento ut diem sabbati sancti-
commis par leurs pères il y a plus de dix- fiées. La manière dont est présenté ce com-
huit cents ans, ce qui se conçoit sans peine, mandement suppose une connaissance anté-
puisqu'ils continuent à ac.opter retto parole : rieure du sabbat, mais non sa célébration
«Que son sang soit sur nous et sur nos en- Les Israélites savaient déji par la tra iilion
fants». Ci'r. Gornel. a Lap., D. Galmet, Keil que Dion, après avoir créé io mondo on six:
7. — *Von assumes, ou « non proie» PS ». jours, s'éta t reposé le septième et l'avait
nomen Domini Dei lui in vawnn, ou « ad sanctifie, Gen. n, 3 ; mais la sanctiflcr.Uon
vanum ». Quoique son être soit invisible, do ce jmr par les hommes n'avait pas encore
Dieu l'a néanmoins manifesté dans son nom été prescrite. Dieu avait préludé à ce com-
(plus haut m, 14 et suiv., vi, 2^, dont l'hom- mandement et préparé les Israélites à s:\ ré-
me no doit pas abuser en le pioîërant pour ception on ne faisant pas tomber la niiinne
des choses vainos, ou fausses, ou mauvaises. le septième jour; ce n'est que sur le Sinai
Ce commandement dérend ainsi non seule- qu'il en fit une loi formelle, à laquelle il joi-
ment le faux serment, mais encore le ser- gnit les explications nécessaires pour son
ment fait à la légère ef pour des choses sans observation.
importance, l'emploi du saint nom de Dieu 40. — Seplimo autem die sabbatum Do-
par manière d'imprécation, et en général mini Dei tui est; plus exactement d'après
toute profanation de ce saint n o m , qu'il ne l'hébreu : « mais le septième jour est le sab-
fautjamais prononcer qu'avec respect. Le Taux bat », le repos, « en l'honneur de Jehovah
serment renferme une grave injure contre ton Dieu » — Non faciès omne opus in eo...
Dieu, puisqu'il invoque son- témoignage en intra portas tuas. « Àu dedans de tes por-
confirmation du roensonge.il en estde même tes » signifie : dans tes villes, bourgs et vil-
du serment de faire une chose mauvaise» lages, et non : dans tes maisons; car yjw n e
puisque c'est mettre sous la garantie de Dieu
ce qu'il ne peut que délester et punir. Le se dit que de rentrée des villes, des grands
serment fait à la légère, pour des choses enclos et des palais, et non de celle des ha-
vraies, mais qui n'en valent pas la peine, bitations ordinaires.Telle est la manière dont
est sans doute moins coupable ; mais il ne Dieu veut que son peuple sanctifie le sabbat:
laisse de blesser Je respect dû au saint nom c'est en s'abstenant de tout travail, jusqu'à
de Dieu, et par conséquent de l'offenser. Je ne pas faire de feu pour préparer les repas.
ne parle pas du blasphème, chacun compre- Cette abstention était plus sévère pour le
nant assez combien c est une chose horrible. sabbat que pour les jours de fête, mi":me pour
— Nec enim habebit insontem Dominus... celui de Pâque. Du reste, « les sentiments
11 y a ici une litote fréquente dahs le style des juifs, dit D. Galmet, n'ont pas toujours
de l'Ecriture sainte comme dans celui d'Ho- été uniformes sur la manière dont ils se
mère; c'est pour dire : le Seigneur tiendra croyaient obligés d'observer le sabbat. lisse
sont permis en un temps ce qu'ils ont tenu
no LEXODE
ta. servante, ta bête de somme et turn tuum, etadvena qui est intra por-
l'étranger qui est à l'intérieur de tes tas tuas.
portes.
II. Car en six jours le Seigneur a 11. Sex enim diebus fecit Dominus
fait le ciel et la terre et la mer et tout ccelum et terram, et marc, et omnia
co qu'ils contiennent, et il s'est reposé quee in eis sunt, et requievit in die
pour défendu en un autre. Sous les Mâcha- n'en met que cinq, qui ne font que six cent
becs ils portaio.it lo respoct ilù au sabbat vingt-cinq pas. Ainsi il paraît que l'espace du
jusqu'à n'oser se défendre ce jour-lù même chemin du sabbat n'était pas bien fixe. Nous
dans une juste guerre et dans la j^lus pres- n'e itrorons point, sur ce? minuties, dans un
sante extrémité ; mais depu s ils ne se sont plus grand détail; co qui est certain, c'est
po:nt fait do strupulo de prendre les armes que los longs voyages étaient regardés corn me
pour leur f'éicns3 il Mach. ir, 34 etc.ï. Mai- incompatibles avec le repos du sibbat... —
monides enseigne même qu'il est permis aux ...La pane de la violation du sabbat était la
juifs d'assiéger les villes des paions et de mort (Exod. xxxv, 2); et l'on en voit l'exécu-
combattre contre eux le jour du sabbat. Du tion dans cet homme qui amassait du bois le
temps de J.-C. ils abreuvaient le bétail et le jour du sabbat (Num. xv, 32 et se-[.).., — Le
tiraient d'un fossé, s'il y était tom'-.é lo jour sabbat commençait au vendredi soir pt finis-
du sabbat (Matth. xn, 10-12); mais par une sait le samedi à la mémo heure (Levit. xxm,
délicatesse ridiculo, ils trouvaient mauvais 32) : «A vespara ad v e s p 3 r a m celubrabitis sab-
que le Sauveur, par sa seule parolo, guérît les «bata vestra ». L'on allumait une lampe dans
malades ce jour-là. Aujourd'hui ils ne veulent chaque maison au commencement ds la nuit,
pas que Ton tire d'un fossé un animal qui y qui commence cette fête. Gela parait par
serait tombé, mais seulement qu'on lui donne Sonèque. Les j.iifs le pratiquent encore au-
à manger au moine lieu où il so trouve. — jourd'hui. Voy. Léon de Mudène, part, ni, &
II parait par Moise que l'on faisait quelque 1 de Caremori. judas .r ».
chemin lo jour du sabbat. Chacun pouvait 11. — tSejp enim rlielms . . . et sanclifU
aller de sa tonte au tabernacle du Seigneur, cavil eum. Telle est la raison de l'institution
et Jes plus éloignés en étaient au moins à du sabbat : c'est que Dieu, après l'œuvre
deux mi líe pas; les rabbins enseignent qu'il des si xj jura s'est reposé le septième, l'a béni
était pormis de marcVsr jisquïi la longueur et sanctifié. Honorer ce repos divin en s'y
de douze mille pas; mais depuis on a aoourci associant do la manière dont c'est possible en
cet e^p ico, comme on la verra ci-apre*. Dans cette vij, et préluder ainsi au repos déftivtif
le Doutómnome (xvi, 7) il est dit qu'en im- daiwbqujl le peupb de Dieu doit entrer
molera l'agnoau pas?.hal le soir de la Pique, après rnchèvom mt de sesœuvres, c'est, avec
et qu ; La lendemain matin chacun pourra la signification U plus hauto du sabbat, so:i
S"Ü:I altor, sans déterminer la quantité de but manifeste. Un autre b'it plus immédiat,
chemin qu'il pourra faire ce jour-li : « Et c'est do procurer à l'homme les iniervalles da
« requos et cómodos, maneque coîisurgens a- repos nécessaires po'irp évenirl'a.cablemenl
"des i:i t.ihjiiincula tua ». L'lr.t.ï«j'd'Elisée qu'eniral'ieraii, poir lo coi'ps ei pour l'àma,
(iVReg., iv, 23) voulant aller ii'j.tw ri>» p*o-un Lravail saas relâche. Ainsi, p mr le iepo<
phèto pour lui demander qu'il rendît la vio comme pour lo travail, c'est D.ei qui Un ost
a son fils, S)n mari lui dit : « Pourquoi y donné pour modèle. 11 résulte déjà suffisam-
(f alloz-vons aujourd'hui, puisque co n'est ni ment de là que la cessation du travail n'est
<• le sabbat ni le premier .jour du mois » ? encore que la partie négative de la loi ; so i
Elle y allait donc quelquefois les jours de côté positif, c'est le culte divin, qui fait du
nconïcnio et de sabbat; et le chemin n'était sabbat un jour de fêle. Tous les jours, il est
pas court. De Sunani au mont Caimel, où vrai, sont à Dieu, et doivent être employés à
demeurait Elisée, il y avait au moins trois son service ; mais l'homme étant obligé,'pour
lieues de chemin. L'on n'avait donc pas se procurer les choses nécessaires à sa subsis-
alors fixé, comme on l'a fait depuis, tance, de s'occnperpresque continuellement
le chemin du jour du sabbat à deux d'affaires temporelles, il fallait qu'il y eût do
mille coudées des portes de la ville, qui temps en temps des jours spécialement des-
font mille pas ou huit stades. On lit tinés au culte divin, où il n'eût à songer qu'à
dans íes Actes (i, *2) que le mont des Dieu etaux intérêfsde son âme,faute de quoi,
Olives est éloigne de Jérusalem du chemin sans cesse courbé \ers la terre, il aurait
qui se peut faire le jour du sabbat. L'inter- fini par perdre entièrement le ciel de vue.
prète syrien y met sept stades,qui font huit Comme la détermination de ces jours ap-
cent soixante et quinze pas; mais Josèphe partient à la loi positive, elle n'est pas im-
О 1АР1ТПЕ XX
m
septimo; idoirco benedixit Dominus le septième jour; c'est pourquoi le
diei sabbati, et sanctificavit eum. Seigneur a béni le jour du sabbat et
GM. 2. 9.
l'a sanctifie.
12. Uonora patrem tuum et matrem 12. llooore ton pereet ta mere, afin
tuam, ut sis longeevus super terram que tu vives longtemps sur la terre
quam Dominus Deus tuus dabit tibi. que le Seigneur ton Dieu te donnera.
Deut. 5. 16. Matth. 15. 4. Ephes. 6. S
13, Non occides. 13. Tu ne tueras pas.
Matth. 5. 21.
ïnnable, de sorleque les apôtres, inspirés de ce qui, du reste, s'applique à toute l'ancienne
Dien, ont pu remplacer, pour la nouvelle loi, loi ; mais il n'exclut pas les bioos éternels,
le sabbat par le dimanche. dont la longue vie qu'il promet est uno figure
12. — Honora palrem tuum et matrem et un gage. A peine est-il besoin d'i dire que
tuam. Après lescommair!emen:s qui se rap- la terre qu'il donnera aux Israélites est la
portent immédiatement à lui-même, Dieu pro- Terra premise, le pays de Chanaan. — Dieu
pose en premier lieu celui qui renferme les na donne pas ici de commandement parti-
devoirs des enfants envers leurs parents. culier traçant les devoirs des parents envors
Ce son! eux en effet qui, après lui, mé- leurs enfants, tant parce qne cos devoirs sont
ritent le plus notre amour et nos respects, cor.élatifs à ceux de ces dernière, dans les-
parce qne c'est à eux, après lui, que nous de- quels, par conséquent, ils sont déjï impliqués,
vons l'existence. Sous les noms de pare et de que pai'ce que tous sont compris dans l'amour
mère, il faut entendre non seulement ceux que la nature leur inspire envers eux, pourvu
qui nous o.il donné la vie du corps, mais qu'il soit bien réglé.
encore ceux qui me! Lent leurs soins à pro- 13. — Non occides. Ce commandement et
duire, à conserver, à accroître en nous la les autres qui suivent ont pour objet de pro-
vie spirituelle, comme aussi les protecteurs téger la vie, l'union conjugale, la propriété
do celle dotib'e vie, ceux qui dans la société et l'honneur de l'homme contre toute action,
sontievêlus de l'autorité légitime. La ra san toute parole, et môme tout désir contraires.
en est que t us les rapports des hommes avec Il y a donc une gradation passant des choses
les ive.ses autorités qui Les îégisseni om plus graves à celles qui h font moins,
leurs moïfëLs dai s ceux qui unisse u les en- de manière à montrer clairement quo l'acte
fan's à leurs parenie, e'. en sont comme une ;
extérieur no doit pa» se réparer do r.nh rioui\
ex .option. L'honneur drt aux parents ei à p o- et que l'entier accompltesom jnt de la loi ne
роглоп aux aut:es supér'ems comp.ond J'a- se trouve que dans la .sainteté du cœur. Ainsi
п>олг, l'obéissance, l'asss'.anco dans, leurs le cinquième commandement na défend pas
besoins temporels et spirituels ; en un mot, lous seulement le meurtre par vio'once ou par ruse,
les dévo'TS que la nature impose à leur égard. mais en général tout ce qui mettrait en ]>é-
D.ou о donno de punir de mor^-celui qui frap ril la vie du prochain, tout sentiment volon-
pera ou i-eulemem maudir i son père ou sa taire de haine ou de vengeance. C'est l'homi-
mère, ei-ap.ès xxi, 15,17, ei il p-omei par cide qui est défonlu en premier lieu, moins
contre le plus grand des biens temporels, uno parce que la vie, qu'il ôte à l'hommo, est le
longue vie, a teux qui leur rendront l'hon- premier do-» lions terrestre*, qmpaivc qu'il
neur qu'ils leur doivent. Cette longue vie est renferma un attentat contre l'image do Dien,
la rëcom;onso promise ailleurs à ceux qui Oen. ix, fi,et indirectement, par suite, contre
accomplirent foute la loi ; mais elle convient Dieu mémo. La défense do tuer étant géné-
spécialement à ceux qui remplissent leurs rale comprend non seulement l'homicide, mais
devoiis envers сзпх do qui ils la tiennent. encore le suicide. Il n'est p 3 r m i s do tuer le
D'ailleurs celui qui observe exactement со prochain, do son autorité privée, quo dans lo
précepte donna dVji par là un excellent gage cas d'une légitime défense, et jamais do se tuer
de sa fidélité à observer les autres, parti- soi-même. Les païens mômes ont reconnu mie
culièrement à l'égard du prochain, d'autant ce n'est pas nous, mais Dieu qui est le maître
plus que la société domestique est le berceau de notre vie, et quec'est usurper sos droits ot
et le modèle de la société civile, et même re- se soustraira a Tordre de sa provklouee et â
ligieuse. Los Pères remarquent qu'à la lettre s)Sdoss9ins sur nous que d'y renoncer dt)
Dieu ne premet ici que des biens temporel*, notre propre gré.
L'EXODE
le. Us se résument tous dans ces deux pré- beaux ». — Steterunt procul : ils n'osèrent
ceptes : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu s'approcher de la montagne, probablement
de tout ton cœur, et ton. procha n comme pas même jusqu'à la barrière que Dieu avait
toi-même ». On peut môme dire que, comme ordonné de placer au pied, encore moins y
nous devons aimer le prochain à cause monter.
de Dieu, pour lui obéir et lui plaire, Га- 19. — Dlcentes Moysi : Loquere lu
mour du prochain rentre dans l'amour de nobis . . . Comme on le voit dans la Deuié-
Dieu, do sorte que tous les commandements ronome, v, 23, où les paroles du pjuple sont
se réduisent à un seul : aimer Dieu. rapportées plus au long, c'est par ses chefs
18. — Cunctus autem populus videbat et ses anciens qu'il le3 fit parvenir à Moyse.
voces et lampades.- Il arrive quelquefois Quoiqu'il eût entendu jusque là parler Dieu
en hébreu, comme dans les autres langues, sans mourir, il craignait, dans la conscience
qu'un verbe est jrint à plusieurs substantifs, de sa faiblesse et de ses péchés, qu'il ne pût
quoique sa signification propre ne convienne l'entendre davantage sans être consumé par
pas a tous. C'est ce qui a lieu ici,ou, aux ob le feu qui l'entourait.
jets qui lui conviennent, le verba « voir » en 20. — Ut enim probaret vos venii Deus.
réunit d'autres qui proprement appartien Moïse rassure le peuple en lui faisant com-
nent au verbe «entendre». Cela v.ent de prendre quo ce n'est pas pour le faire
l'analogie qui existe entre nos différents ma mourir qua Dieu lui a parlé dans un appa-
yens de perception, analogie par suite de la reil si terrible, mais pour mettre à l'épreuve
quelle l'esprit saisit sans рэте, dans le ver ses dispositions envers lui et lo détourner du
be emploj'é, le sens de celui dont il tient lieu. péché.
La vue, en particulier, se met d'autant plus 21. — Stetitque populus de longe :
facilement pour les autresтепs que c'est le comme plus haut, y. 18. D'après le Deutéron.,
plus excellent, celui dont lohjat est le plus v, 30, Moïse, par l'ordre do Dieu, fit retour-
étendu, et qui dans beaucoup de cas peut ner le peuple dans ses tente?; mais cela ost
effectivement remplacer les autres. <• Vidon- ici passé sous silence. — Moyses autant
di officium, dit S. Augu-tin, in quo prima- accessit ad caliginem in qua erat Deus.
tum oculi ténent, etiam cseteri sensussibi de
:
Il s'en approcha avec Aaron (cfr. xix, 24)
s militudine usurpant cum aliquîd cogni- pour aller recevoir les commandements
tionis explorant n. Confess. x, 35. Ainsi on ultérieure de Dieu. L'obscurité dans laquelle
dit à tout moment : Voyez quelle belle mu- est Dieu marquo rincompréhensibilité de
sique, quelle agréable odeur, etc. Par les son être. Dieu on lui-même est lumière et
« voix » il faut entendre, outre celle de Dieu S. Paul dit qu'il « habite la lumière », l t i m .
ubliant sa loi, le bruit du tonnerre qui
vi, 16; mais celle lumière étant « inacces-
F accompagnait, de môme que les éclairs sont
marques par les « lampes» ou les «flam-\ sible » à nos faibles yeux est pour nous de
véritables té n êtres.
« 4 L'EXODE
CHAPITRE XXI
Lois eoncarnant les psrsonnes, 1-32. — Lois relatives à la propriété, ft. 33-36.
26. — Non ascendes per gradus... fut bâti le temple ; il faut encore y compren-
« Quum, priusquam inter prsecepta de vesti- dre ceux on, par l'ordre de Dieu ou ensuite
mentis sacerdotum et l'emoralia confici pree- de ses apparitions, furent extraordinaire-
scriberentur (Exod. xxvm, 42), sacerdotes, ment construits des autols sur lesquels furent
aut qui eorum munia obirent (xix, 22), sine offerts des sacrifices, comme lo mont Hébal,
subligaculis sive fomoraIibus,Iaxioribus tan- Jos. vin, 30 (comp. avec Deut. xxvu, 5), lo
tum tunicis induti, sacra facerent, sublatis sommet du rocher d'Ophra, Jud. vi, 25, et
pedibus lacinise vestis adtollebantur, ita ut seq., etc.
nuda femora conspicereiïtur. Jam quia de-
nuclatio verendarum partium corporis ab 3* Lois fondamentales de* rapports civils et sociaux
ch. XXI, 1—XXIII, 13.
omnibus p£one gentibus antiquis valde pro-
brasa habobatur (Nah. m, 5, 6), Deus CHAP. XXI. — Cette section se distingue
bac lege sacerdotum honori et reverenti» manifestement des deux précédentes en ce
prospexit. Eadem ratio ab honostate ducta quo celles-là renferment la législation pure-
eamdem peporerat apud Romanos legem. ment religieuse et morale, et celle qui re-
Servius ad Mn&'A. îv, 646 : «Apud veteres garde lo culte, tandis que celle-ci présente
Kflaminicamplus tribus gradibus, nisi grae- la législation socialo et politique. Il est bon
«cas scalas, scandere non Jit'ebat, ne ulla de remarquer avec Lange que si dos pros-
« pars pedum qjus crurumve subter cons- criptions identiques so rencontrant dans
« piceretur»,etc. Kosenmull. Il en était de différentes sections de la loi, il ne faut pas
même, d'après Aulu-Gelle, Noct. att.X, 15,du los prendre pour do simples répétitions, ou
prêtre de Jupiter nommé ftamen diatis. — mémo pour do la confusion et du désordre.
Selon l'observation deKéil, ces prescriptions La loi morale du sabbat, par exemple, r e -
relatives à l'autel ne regardent pas unique- vient ici sous le point de vuo social, xxm,
ment celui qui fut construit pour ta conclusion 12, comme encore dans le Lévitique au point
de l'alliance, ci-apr. xxiv, comme le croit de vue du culte. Le sabbat repose donc sur
Bertheau; elles ne sont 'pas non plus en un motif moral, sur un motif liturgique, et
contradiction avec celles qui seront données sur un motif social et civil qui relie les deux
plus tard touchant l'unité de l'autel sur le- autres. De même les grandes fètes d'Israël
quel devront être offerts les sacrifices (Lev. paraissent ici au point do vuo national et
xvii, 8 et seq. ; Deut. xn, 5 et seq.), comme civil ; dans le Lévitique, c'est sous ridée du
le prétendent De Wette, Ewald, Knobel; culte. Les prescriptions relatives aux puri-
elles n'ont pas davantage un caractère pure- fications et aux sacrifices dans lo livre des
ment provisoire, comme le pense Baumgar- Nombres so rapportent à l'entretien do la pro-
ten ; mais elles posent, au sujet du culte, les preté sous le rapport social dans lo peuple
principes d'un développement ultérieur, sans de Dieu,*et ne sont par conséquent pas litur-
toutefois ni restreindre le culte à un seul giques en première ligne. Lo tabernacle se
lieu ni permettre de multiplier les autels à trouve dans l'Exode, et non dans le Léviti-
volonté. L'érection de l'autetest clairement que, parce gn'il est en première ligne la
restreinte aux lieux que Jehovah désignera, maison du législateur theocratique et ren-
mais sans qu'il faille entendre exclusivement ferme l'arche d'alliance ; ce n'est qu'en se-
par là ceux où dans la suite fut dressé le conde ligne qu'il est le liou du eu te, le lieu
tabernacle avec son autel et où plus tard où le législateur se réunit avec son peuple.
17G LE
1. Voici les jugements que tu leur 1. Haec sunt judicia quae propones
proposeras. eis.
2. Si tu achètes un esclave hébreu, 2. Si emeris scrvum hebreeum, sex
il te servira pendant six ans ; la sep- annis serviet tibi; in séptimo egredie-
tième année il s'en ira libre, sans rien tur liber gratis.
fayer. Deut. IS. 12. Jer. 34. 14.
3. Avec quelque vêtement qu'il 3. Cum quali veste intraverit, cum
soit entré, il s'en ira avec ce vêtement; tali exeat: si habens uxorem, et uxor
s'il avait une femme, sa femme egredietur simul.
s'en ira avec lui.
4. Mais si son maître lui a donné 4. Sin autem dominus dederit ill I
une femme et si elle a enfanté des uxorem, et pepererit filios et filias;
a) Lois concernant les personnes, XXI, « Moses nusquam, ubi de hac re loquitur,
t—39.
,
hune manumissionis amuim sabbaticum vo-
1. — /M£&c¿a,ai üDtfa. Ce sont ici les cat, sed somper septimum ; et ubi de auno
dispositions législatives qui donnent à un sabbatico agit, Lovit. xxv, 1-7, nil d-lcit
peuple la forme de la société civile et assu- de manumissione servorum. Etiam ante
rent l'ordre de l'Etat. Ces lois règlent d'abord Mosis tempora servitii tempus septimo quo-
les rapports des particuliers entre eux. que anno absolutum erat, coll. lîen. xxix.
2—11. — A la tête des lois dont il s'agit Sed si annus jubilseus, qui quinquagesimus
sont colles qui fixent les droits des person- quisque fuit, in annos caderet servitutis,
nes dépendantes, en premier lieu des es- servus, licet vel uno is anno ante jubilseum
claves, droits qui sont encore déterminés essetemptus,tamen dimittebatur. Vid. Mich.
d'une manière plus précise, avec les motifs Jus mes. p. Il, §127». Le nombre de six
qui les recommandent à l'observation du années fixe pour !a durée de l'esclavage et
peuple, dans le Deutéronomo, xv, 12—18. la mise on liberté la septième s'expliquent
2. — Si emeris servum habrœum. L'es- par l'analogie avec les six jours de la créa-
clave « hébreu » ou israélite est distingué tion suives du repos du sabbat, analogie qui
de l'étranger, auquel cette lof ne s'applique se remarque encore dans le repos que nous
pas. Un Israélite pouvait on acheter un avons déjà vu prescrit le septième jour,
autre, si celui-ci, s'étant rendu coupable de après six rie travail, pour les hommes et
vol et ne pouvant restituer autant que la pour les animaux, le repos de la terre cha-
loi prescrivait, était vendu par l'autorité" que saptième année, où le débiteur devait
judiciaire, ci-apr. xxu, ou qu'il se vendît aussi être laissé en repos par le créancier.
lui-mômo à cause de sa pauvreté, Lev. xxv, De m è m 3 l'esclave hébreu, après six années
39. II arrivait aussi qu'un Israé.ite réduit de service, devait arriver au repos ta sep-
en esclavage par des païens rïït racheté par tième. — Gratis, sans avoir à payer aucune
un autre Israélite, qui pouvait le reve.idre rançon. D'après le Deutéronome, le maître
.à quelqu'un de sa nation. En outre. los débi- devait même, en renvoyant son esclave li-
teurs insolvables étaient livres à leurs cré- bre, lui donner sa charge de provisions.
anciers comme esclaves, IV Rog. iv, 1. Cette 3. — Cum quali veste intraverit, cum
loi s'applique, dit D. Calmct,n tous les escla- tali exeat. l& véritable sens du texte hé-
ves hébreux, hommes ou femmes, de quelque breu est : « s'il entre avec son corps », c'est-
maniere qu'ils le fussent devenus. — Sex à-dire, seul, « avec son corps » seul «c il
anvis serviet tibi : in séptimo... La mise sortira «, ce qui est dit par opposition à ce
en liberté la septième année, dit Koil, est qui suit : « si habens uxorem...» Le légis-
dans un intime rapport avec l'année sabba- lateur énonce ici deux des cas qui peuvent
\ tique, sans cependant que par colle-là il faille se p r é s 3 n t e r lorsqu'un esclave est mis en
entendre cotte dernière. Il est vrai que plu- liberté. Ou il était célibataire en entrant et
sieurs commentateurs croient quo Tannée est resté tel, et dans ce cas U doit natu-
sabbatique rendait la libarte à tous les escla- rellement sortir seul ; ou il était marié et a
ves, quelle que tut la durée do leur servi- amené sa femme avec lui, et alors sa femme
1
tude; mais l'opinion d'après laquelle les doit être aussi rendue à la liberté.
esclaves devaient servir six années com- 4. — Sin autem dominus dederit iïli
plètes à partir du commencement de leur uxorem... Il peut encore arriver un troi-
esclavage s'accorde bien mieux avec le texte. sième cas : c'est que, l'esclave n'étant pas
.De plus, selon l'observation de Rosenmüller, marié eu entrant, son maître M ait donné,
CHAPITRE XXI 177
mulier et liberi ejus erunt domini sui, fils et des filles, la femme et ses en-
ipse vero exibit cum vestitu suo. fants seront à son maître, et lui
s'en ira avec son vêtement.
5. Quod si dixerit servus :' Diligo 5. Que si l'esclave dit : J'aime mon
dominum meum etuxorem ac liberos, maître et ma femme et mes enfants ;
non egrediar liber ; je ne m'en irai pas libre;
6. Offeret eum dominus diis, et ap-. 6. Le maître le présentera aux
plicabitur ad ostium et postcs, perfo- dieux, et il le fera approcher de la
rabitque aurem ejus subula ; et erit ei porte et des poteaux, et percera son
servus in saeculum. oreille avec un poinçon ; et il sera son
esclave pour toujours.
,7. Si quis vendiderit filiam suam in 7. Si quelqu'un vend sa fille comme
famulam, noncgredietur sicut ancillse servante, elle ne s'en ira pas comme
exire consueverunt. les servantes ont coutume de s'en al-
ler.
pandant son esclavage, une femme dont il a tion oh sa subsistance était a s 3 u r é o . O . ci-
des enfants. Dans ce cas, mulier et Uberi après xxiu, 12 ; Levit. xxv, 39 et seq. ;
ejus erunt domini sui, ipse vero exibit Deut. xn, id, et Keil, Archaeol., p. 551 et
cum veslitu suo ; d'après l'hébreu,comme au suiv.
verset précédent : « et lui, il sortira avec 6. — Offeret eum dominus diis. Le sens
son corps », c'est-à-dire, seul. Cette loi peut du texte-se rendrait plus clairement et plus
ssmbler dure ; mais elle est fondée sur la exactement ainsi : « et son maître l'amènera
nature même do l'esclavage. Elle suppose vers Dieu », c'est-à-dire, non au sanctuaire,
manifestement que la femme n'a pas droit mais, comme l'ont déji expliqué les Sentan-
à sa liberté, soit parce que les six années te, яро; то xpi-TQpiov той 0ÊOU, « au tribunal
après lesquelles, comme Israélite, elle doit de Dieu », au lieu où les juges rendent la
la recouvrer ne sont pas encore écoulées, justice en son nom. C'est ce qui paraît clai-
soit parce qu'elle est étrangère. « Hinc pa- rement par le Deut., xix, 17 : « Et les deux
tet, dit Corn, a Lapide, in lege veteri valde hommes (fui auront la querelle se présen c -
imperfecta fuisse matrimonia, quando conju- ront devant Jehovah, devant les prêtres et
ges tam facile ssparabantur, marito exeunto les juges qui seront en ces jours-là ». Là l'es-
libero, soluto et expedito a cura uxoris et clave déclarera qu'il renonce à sa liberté,
libarorum, uxore vero manente serva ejus- après quoi son maître, l'ayant fait appro-
dem domini, cui domino proinde tam serva? cher du battant ou du poteau de la porte de
quam prolium ejus educatio et cura incum- sa maison, lui percera l'oreille avec une
bebat. Nec id mi rum ; tum enim matrimo- alêne, et par cette marque de servitude,
nium non habebat rationom sacramenti, ob usitée chez plusieurs anciens peuples, l'atta-
quam maxime jam in lege nova est piane chera pour toujours à sa maison comme
indiss iubile ex sanctione Christi, Matth. esclave. Que со soit le sons de cette opéra-
xrx, f. 5 et 9 ». tion, c'est ce qui paraît clairement par l'ox-
5. — Qaod si dixerit servus. . . Pour pression du Douteronome, xv, 17 ; « Et tu
adoucir co qu'aurait do dur pour l'esclave prendras l'alêne, et tu la mottras dans so.i
marié et père de famille la nécessité de se oreille ot dans la porto, et il sera ton servi-
séparer do sa femme et de ses enfante s'il teur à jamais ». L'expression « à jamais »
recouvrait la liberté, il lui est laissé la fa- est restreinte par Josèphe, Ant. iv, 8, 28, au
culté de rester avec eux au serv.'ce de son temps qui restera encore jusqu'à Гаппбз du
j maître en cas qu'il veuille pour toujours jubilé; mais c'est sans raison suffisante et
renoncer à la liberté, il y a apparence que contrairement à l'usage de la langue, puis
c'est ce qui arrivait d'ordinaire, d'autant que cette expression est e m p l o y é 3 Lévit.
que, chez les Hébreux, l'esclavage, par suite xxv, 46, à propos d'un esclavage qui ne
de diverses dispositions législatives, n'était finissait pas l'année sabbatique.
guère plus dur quo ne l'est parmi nous la 7. — Si quis vendiderit filiam suam in
simple domesticité, surtout dans les campa- / b m u Z a m . . . I l e s t clair par la suite que
gnes, où la table même est commune et les cette vente se fait en vue et avec la per
besoins restreints. Un homme sans fortune spective du mariage de la j*une fille soit
pouvait déjà se trouver bien dans une posi- avec son maître, soit avec le fils de son mal-
S* BIBLE. — EXODE. — 1 2 .
118 L'EXODE
t. e. Choz les Romains et chez d'autres peu- tine paur femme à son fiïs, il la traitera
ples encoro, la loi accordait aussi au père le comme c'est l'usage de traiter les filles,
droit de vendre ses enfants. Chez les Israé- comme si c'était sa fille. *•« In calidioribtis
lites, d'après les rabbins, un père ne pou- Asiœ îegionibus, ubi pubertas mature adosse
vait vendre sa fille, sur laquelle la loi lui solot, frequentior hic mos est, ut pater tilio
accordait plus < e droits que sur un fils, à puberi concubinam tradat. Moyses igitur ca-
moins d'être réduit a la dernière pauvreté, vet ne talis concubina duriter tractetur, S3d
et seulement à un Hébreu ; hormis ce cas, vult potius ut ea filise loco habeatur ». Ro-
s'il l'avait vendue, les juges l'obligeaient senmull.
à la racheter. Kn la vendant comme il a 10. — Quod si alteram... non negabît.
été dit, outre le secours qu'il en retirait Le sens le plus naturel de la Vulgate est :
pour lui-même, il pourvoyait à son avenir, « que s'il en prend pour lui », s'il lui en fait
puisqu'elle devenait la femme, quoique d'un épouser « une autre », une femme légitime
rang inférieur, de celui qui Tachetait. — de son rang, « il procurera à Ja jeune fille
Non egredietur sicul ancillœ, dans l'hé- un » nouveau « mariage, et il ne lui refusera
breu : « sicut servi », eœire consueverunt, pas les vêtements et le prix de sa virginité »,
c'est à diro, après les six années de service, ce qui était déterminé par l'usage ou par les
mais son sort sora réglé d'après les dispo- juges comme compensation pour la virginité
sitions qui suivent, dans lesquelles il nest perdue. Mais la véritable traduction du texte
pas question du cas où son maître l'épouse, hébreu est : « s'il en prend pour lui une
parce qu'alors il n'y a pas de raison de la autre, il ne diminuera pas », ou « il ne
renvoyer. retranchera pas sa viande, son vêlement et
8. — Sin displieuerit... dimittet eam ; d'a- sou habitation », il continuera à lui fournir
près l'hébreu : « si elle déplaît aux yeux de son entrelien complet. La « viande » est
:
son maître qui se l'était \ est née, il la fera mise au lieu de « pain » comme un aliment
racheter», â savoir, par quoique autre Israé- de qualité supérieure, parce que le législa-
lite qui la prenne pour tomme; car il ne sau- teur a en vue des riches, qui peuvent entre-
rait guère être question d'un rachat par le tenir des femmes de second rang.La plupart
t.èra, qui sans doute no l'a vendue que pous- prennent rtàSTi que nous avons rendu par
sé par la pauvreté. Tel est le premier cas « habitation », pour la « cohabitation », ou
qui peut se présenter. Ce passage est un des la reddition du devoir conjugal. Mais Lange
fait observer avec raison qu'un père ne pou-
quinze marque^ par la Masore où est vait guère euf.rerdans un pareil engagement
pour iS, « à lui », ou « se, â soi ». Cfr. Auri- pour son fils. II y en a, il est vrai, comme
villii Dissertât., p. 409. — Populo autem Knobel, Reuss, qui rapportent tout ce verset
alieno... si spreverit eam. Au liou de ces au père, traduisant : « s'il en prend pour soi
derniers mots le texte dit : « lorsqu'il sera » une autre », etc.; mais si tel était le sens, ce
ainsi «perfide envers elle», soit en ne tenant versetaurait dû suivre immédiatement le 8«.
pas rengagement au moins implicite qu'il D'autres le rapportent au fils, qui prendrait
avait pris de l'épouser, soit plutôt en y de- lui-même une autre femme, ce qui serait
venant infidèle dans la suite. Chez les Grecs, beaucoupplus supportable; un inconvénient
il n'était pas non plus permis de vendre des de cette explication, c'est qu'elle suppose un
esclaves grecs à des étrangers. changementde personne que rien n indique;
9 . — Sin autem filio suo desponderit H . — Si tria ista non fecerit, à savoir,
eam... C'est le second cas possible.S'il la des- les trois choses marquées dans le verset pré-
CHAPITRE XXI 179
12. Qui perçussent hominem vo- 12. Celui qui frappera un homme,
lens uccidere, morte moriatur. voulant le tuer, mourra de mort.
levil. 2*. 17.
13. Qui autem non est insidiatus, sed 13. Mais s'il ne lui a pas dressé
Deus ilium tradidit in manus ejus; d'embûches, mais que Dieu Tait lîvivi!
constituant tibi locum in quem fugere entre ses mains, je te marquerai uV
debeat. lieu où il doit fuir.
Detti. 19. 3.
14. Si quis per industriam occide- 14. Si quelqu'un a tué son prochain
nt proximuni suum, et per insidias, par un complot et en dressant des
ab altari meo evelles eum, ut moria- embûches, tu l'arracheras de mon au-
tur.. tel afin qu'il meure.
15. Qui perçussent patrem suum 15. Celui qui frappera son pere ou
aut matrem, morte moriatur. sa mère mourra de mort.
16. Qui furatus fuerit hominem, et 16. Celui qui aura vole un homme
vendiderit eum, convictus noxœ, mor- et l'aura vendu, étant convaincu de
te moriatur. son crime, mourra de mort.
cjtlont, egredietur gratis absque pecunia, l'hébreu : « mais'quand un homme sera in-
sans qu'il y ait rien a payer pour son rachat. solent contre so.i compagnon pour le tuer
Comme on le voit, le sort d'une fille vendue par ruse», quand do propis dé.ibéré il le
dans les conditions qui viennent d'être ex- tuera frauduleusement, non seulement il no
pliquées était moins celui d'une esclave que jouira pas de ce droit d'asyie, mais ab alta-
d'une épouse de second rang. ri meo emtles eum, ut moriatur, le lieu
12. — Qui percusserit hominem volens même le plus saint, mon autel ne pourra lo
occidere...; littéralement d'après l'hébreu : soustraire au châtiment qu'il a mérité; il
«c celui qui frappera un homme de sorte qu'il faudra l'en arracher pour le mettre à mort.
meure...» La suite montre qu'il s'agit, comme 15. — Qui percusserit patrem suum...
l'explique la Vulgate, d'un homicide volon- Il ne s'agit pas do coups ayant entraîné la
taire; mais dans l'hébreu, l'expression est mort; autrement le législateur ajouterait,
tout a lait générale : ce n'est que plus bas comme clans le verset précédent : « do sorte
que vient la distinction entre l'homicido vo- qu'il meure » : il suint do mauvais traite-
lontaire et l'homicide par accident. Le ments gravement coupables. Moïse se tait
principe général sur lequel repose la peino sur lo parricide, comme s'il l'avait jugé
du meurtre est celui du talion, le seul qui impossible. Pour la môme raison, Solon n'en
réponde à l'idée d'une justice complète, etc. dit rien non plus dans ses lois. « Is cum in-
Gen. ix, 6. torrogaretur cur nullum supplicium consti-
tuisset in oum qui parentem nocasset, res-
13. — Qui autem... sedDeus illum tradidit pondit se id nominem l'acturum putasse. Sa-
in manus ejus, ou, pour rendre plus exacte- pienter fecisse dicitur cum do eo nihil san-
ment le texte ; « et celui qui n'a pas épié, et xorit quod antea commissum non orat, ne
Dieu a l'ait rencontrer sa main », c'est a dire, non tain prohibera quain admonero videre-
celui qui non seulement n'a pas cherché à tur ». Cic. pro Rose. Amer. xxv.
tuer l'autre, mais pas même à le frapper ou
à lui Taire du mal par haine et inimitié 16. — Qui furatus fuerit hominem... Au
(Num. xxxv, 16-23; Dent, xix, 4, 5;, do sorte lieu de ces mots : « convictus noxse », l'hé-
que le meurtre n'est arrivé que par mégarde, breu porte ; « et is », aàl. lurto ablatus « in-
en suite d'une disposition de la Providence voniatur in manu cjus », circoastanco inter-
qui, parce qu'elle est hors de la portée de prétée par la Vulgate comme une preuvo con-
notre vue, est ordinairement appelée hasard : vaincante de son crime. Mais dans ce membre
pour celui-là, Dieu établira des lieux de re- de phrase comme dans le précédant 1, et,^l
fuge où il sera en sûreté contre la poursuite pour sive, comme cela se fait dans de court JS
des vengeurs du sang. Voy. Num. xxxv, 9 propositions, de manière qu'il faut traduire :
et seq.; Deut. xix, 5. Le législateur veut « soit qu'il l'ait vendu, soit qu'il » (l'hommo
contenir dans de justes bornes la vengeance volé) H se trouve dans sa main », encore en sa
du meurtre en usage dans l'Orient. possession. Cfr. Ewald, Ausf. Sprachl., § 361.
14. — St quis per industriam oedderit C'est le crime appelé plagiat, qui renterme
proœimum suum**.; littéralement d'aprè3 une grave injure contre la dignité humaine.
180 L'EXODE
11. Celui qui aura maudit son père 17. Qui maledixerit patn suo, vel
ou sa mère mourra de mort. matri, morte moriatur.
Lev. 90. 9. Prov. 3 0 . 30. tiatlh. 15. 4 . Marc. 7. 10.
18. Si des hommes se sont querellés 18. Si rixati fuerint viri, et perçus-
et que l'un ait frappé son prochain sent alter proximum suum lapide vel
avec une pierre ou avec le poing et pugno, et ille mortuus non fuerit, sed
que l'autre ne soit pas mort, mais gi- jacuerit in lectulo ;
sant dans son lit ;
19. S'il se lève et marche dehors 19. Si surrexerit. et ambulaverit
sur son bâton, celui qui l'aura frappé foris super baculum suum, innocens
sera innocent, à condition cependant erit qui perçussent, ita tamen ut ope-
qu'il repare la cessation de travail et ras ejus et impensas in medicos resti-
les dépenses pour les médecins. tuât.
20. Celui qui aura frappé du bâton 20. Qui percusserit servum suum
son serviteur ou sa servante et les aura vel ancillam virga, et mortuî fuerint
fait mourir entre ses mains, sera cou- in manibus ejus, criminis reus erit.
pable de crime.
21. Mais s'ils survivent un jour 21. Sin autem uno die vel duobus
ou deux, il ne sera pas soumis aux châ- supervixerit, non subjacebit pœnae,
timents, parce qu'ils sont son argent. quia pecunia illius est.
et prive l'homme d'un bien qui peut être con- meurtrier. Le mot hébreu que la Vulgate
sidéré comme n'étant pas moins précieux que rend par « opéras ejus » est îrottf, littérale-
la vie même, surtout si on songo combien mont ; " sedero ejus «, c'est à dire, son repos
dur était souvent l'esclavage. A Athènes la forcé, son incapacité de travailler. Le sens
loi punissait aussi de mort le plagiat (Xenoph. revient au même. « Impensas in modicos
Mem. Socr. I, 2,62), et il en était de mémo restituât « est l'explication de cette expres-
à Home d'après la loi Fdbia (Digest. XLVIII, sion du texte : « il le fera guérir ».
tit, 15). 20. — Qui percusserit servum suum...
17. — Qui maledixerit patri suo... Le La loi n'est pas la même â l'égard des escla-
crime de maudire ses parents est mis sur le ves. Le maître paut les châtier; ce droit ré-
même pied que celui de les frapper, parce sulte pour lui de sa qualité do chef de mai-
qu'il procède des mêmes dispositions détesta- son. La loi n'a donc autre chose â faire que
bles. Tous doux sont punis de mort, parce de prévenir ou do réprimer les abus de ce
que tous deux violent la majesté de Dieu dro;t. Elle déclare que celui qui aura fait
dont Les parents sont les représentants. mourir son esclave sous les coups « c iminis-
18-32. Aux dispositions relatives au mour- rcus erit », ou, d'après l'hébreu, « de eo su-
ir.» et autres crimes contre les personnes metur ullio», mais sans déterminer la pei-
viennent se joindre colles qui concernent les ne qui lui sera infligée. Ce n'est sûrement
simples lésions corporo.les. pas la peine de mort, comme le croient les-
19. — Si sur vexer it... Dans les termes de interprètes juifs : si telle eût été la pensée
la loi est implicitement renfermé ce double du législateur, il n'aurait pas manque de
sens, d'un côté que si lo blessé ne se relève l'exprimer à son ordinaire. La détermination
pas do son lit, co cas rentre dans la règle de celte peine était sans doute laissée aux
générale qui î>unit de mort le meurtrier; juges, qui se réglaient en cela d'après les
d'un autre côté, que si, après s'être relevé^ circonstances. La peine du talion fixée plus- •
il ne laisse pas do mourir, celui qui l'a frap- haut, v. 12, paraît d'autant moins applicable
pé n'est passible d'aucune auttepoine que les ici qu'il n'était guère croyable qu'un maître
dédommagements marqués ici. On pout, en eût tué à dessein son esclave, qui était sa
effet, supposer dans ce cas que la mort est propriété ou, comme il est dit au verset sui- •
i résultée de la négligence du blessé â se soi- vaut, » son argent ».
gner, ou de quelque autre cause étrangère à 2'l. — Sin autem uno die vel duobus :
sa blessure. On comprend assez d'après le supervixerit... 11 devenait en effet manifesta
contexte que l'expression « innocens erit qui par là que le maître n'avait pas voulu tuer
perçussent », signifie seulement qu'il sera son esclave, dont la perte était déjà pour lui
exempt de la peine capitale portée contre le une punition suffisante. Du reste, il n'y a
CHAPITRE XXI 181
22. Si rixati fuerint viri, et perçus- 22. Si des hommes se querellent
sent quis mulierem praegnantem, et et que l'un frappe une femme encein-
abortivum quidem fecerit, sed ipsa te et cause un avortement, mais
vixerit; subjacebit damno quantum u'elle survive, il devra réparer le
maritus mulieris expetierit, et arbitri
judicaverint.
3 ommage autant que le mari de la
femme le demandera et que les arbi-
tres le détermineront.
23. Sin autem mors ejus fuerit sub- 23. Mais si la mort s'ensuit, il ren-
s ecu ta, reddet an imam pro anima, dra vie pour vie,
aucune raison, dit Keil, de n'entendre, avec que la femme enceinte accourue pour sépa-
les. rabbins, cette disposition de la loi que rer les combattants peut être Irappée ou
des esclaves qui n'étaient pas d'oriffine hé- par l'un d'oux*ou par l'un et l'autre, emploie
braïque. tantôt le singulier <ttNy\ vSï, iru), tantôt
22. — Et percusserit quis mulierem le pluriel 0333) ». Glaire.
prœgnantem. C-ette femme est supposée 23. — Sin autem mors ejw fuerit sub-
s'être jetée entre eux pour les séparer, ou secitia... Le texte dit soulement : «et s'il y
pour prêter secours au sien. « Vidotur apud a dommage», sans exprimer si c'est pour la
Israeiitas tomporibus antiquissimis moris mère seulement, ou s'il s'agit aussi do l'en-
fuisse ut feminse rixas et pugnas virorum fant. Keil l'app'ique également à l'un ou à
sedaturse inter eos se inferrent et ita eos l'autre, tandis que la Vulgate et la plupart
dimoverent, qui mos etiamnum apud non- des interprètes ne l'entendent que de la mère.
nullas Africae gentes viget. Ncmo autem Quoi qu'il en soit, dans le cas prévu, c'est la
apud illos populos talem feminam lsedit. Si eine du talion qui devra être appliquée :
idem mos apud Israeiitas erat, ut cum aliqua
veri specie ex hoc loco et ex Deut. xxv, i l ,
E )coupante rendra «animam pro anima»,
vie pour vie, etc. Cette peine, que Dieu lui-
12, colligi potest, faciîius est cogitatu quo- même avait prescrite psur l'homicide, était
modo femma lsedi potuerit, si coorto inter en usage, particulièrement pour le même
viros certamine res ad manum venisset». crime, chez beaucoup d'anciens peuples. Mais
Rosanmiill. — Et abortivum quidem fece- devait-elle tomours être appliqués rigou-
rit, sed ipsa vixerit : littéralement dans le reusement et à la lettre? C'est sur quoi on
texte hébreu : «et exieriut nati ejus, nec n'est pas d'accord. «Les Hébreux, dit D.
fuerit damnurn». Selon Keil, il s'agit du cas Calmet, sont partagés entre eux sur lo sons
ou l'accouchement ne serait que préma- de cette loi. Les sadducéens soutenaient
turé, sans qu'il en résultât rien de fâcheux qu'elle devait se prendre à la rigueur, et
ni pour la mère ni pour s n fruit, et le l'Ecriture, dans le Deutéronome, semble ex-
pluriel «nati ejus» est employé dans un sens clure toutes les mitigations qu'on pourrait y
indéterminé, parce qu'il est possible que la apporter : «Auferes malum de medio tui,
femme soit enceinte de plus cfun enfant. Mais « ut audientes cœteri timorem habeant...
la plupart croient que le texte doit s'entendre « Non miscreberis ejus; sed animam pro
d'une fausse couche proprement dite, qui a « anima, oculuin pro oculo », etc. (Deut. xix,
eu lieu sans grave inconvénient pour la 19-21). Les autres Juifs, qui donnent beau-
mère, avoj laquelle l'enfant qui n'est pas coup à la tradition, prétendent qu'on doit
encore né est considéré comme n'étant qu'une prendre cette loi dans un sens mitigé, et non
môme chose. Ce dernier sens est évidemment pas dans sa rigueur littérale, et qu'il faut
celui de la Vulgate. — Subjacebit da>mno.„\ l'entendre d'une amende pécuniaire, do.it
d'après l'hébreu : « il sera payé une amende on pouvait racheter la peine réello marquée
comme la lui imposera le mari de la femme, dans la loi ; par exemple, ce que l'on donne-
et il la donnera avec dos juges», c'est-à-dire, rait pour racheter un œil, si l'on se trouvait
telle qu'elle aura été définitivement arrêtée dans la nécessité de le perdre ou de le ra-
par eux. L'intervention de juges ou d'arbitres cheter. Ce sans paraît le plus juste et le
a pour but d'empêcher que l'amende ne dé- plus naturel à plusieurs habiles écrivains,
passe les bornes de l'équité, comme cela et l'opinion contraire emporte des inconvé-
aurait pu facilement arriver si la fixation nients qui ren 'ent cette loi d'une exécution
en avait été abandonnée à l'arbitraire du très difficile, et même très dommageable à
mari. Le taux de cette amende pouvait varier la république, dansplusieurs rencontres. Le
d'après les circonstances, suivant que le Targum de Jérusalem et Jonathan l'ont prise
mari était riche ou pauvre, qu'il avait plus dans ce dernier sens... Philon (De Lcgib.)
ou moins d'enfants, etc. « L'auteur, supposant assure que la loi du talion ne s'exécutait
182 L'EXODE
24. Œil pour œil, dent pour dent, 24. Oculum pro oculo, déntem pro
main pour main, pied pour pied, dente, manum pro manu, pedem pro
pede,
lev. n. 20. Drut. 10. 31. Matth. 3. 33.
25. Brûlure pour brûlure, blessu- 25. Adustionem pro adustione, vul-
re pour blessure, plaie pour plaie. nus pro vulnero, livorem pro livore.
26. Si quelqu'un frappe à l'œil 26. Si perçussent quispiam oculum
son serviteur ou sa.servante et les servi sui aut ancillaî, et luscos eos fe-
rend borgnes, il les laissera aller li- cerit, dimittet eos liberos pro oculo
bres pour l'œil qu'il a enlevé. quem eruit.
27. Et s'il a enlevé une dent à son 2*7. Dcntem quoque si excusserit
serviteur ou à sa servante, il les servo vel ancillse suee, similiter dimit-
laissera pareillement aller libres. tet eos liberos.
28. Si un bœuf frappe de sa corne 28. Si bos cornu perçussent virum
un homme ou une femme et qu'ils aut mulierem, et mortui fuerint, lapi-
meurent, il sera accablé de pierres, et dibus obruetur, et non comodentur
sa chair ne sera pas mangée; et le carnes ejus; dominus quoque bovis
maître du bœuf sera innocent. innocens erit.
29. Que si le bœuf frappait de ses 29. Quod si bos cornupeta fuerit ab
cornes depuis hier et avant-hier, et si heri et nudiustertius, et contestati
on s'en est plaint à son maître qui ne sunt dominum ejus, nec recluserit
Ta pas renfermé, et qu'il tueunhom- eum, occideritque virum aut mulie-
point â la rigueur, à moins que l'injure ne 28. — Si bos cornu percusserit w'rum...
tut faîte à un homme libre, et les rabbins Dieu veut que la vie do l'homme soit protégée
prétendent que les esclaves hébreux ont le et mise en sûreté autant que possible même
môme droit a cet égard que les hommes contre les animaux, ce qui a un rapport
libres. Josèpho enseigne qu'il était au pouvoir manifeste avec Gen. ix, 5. — Lapidibits
de celui qui était D essé d'en poursuivre la obruetur. En haine de l'homicide et p ur
vengeance réelle se on la teneur de la loi, et en inspirer plus d'horreur, l'animal même
qu'on ne pouvait l'obliger malgré lui â prendre qui l'aura commis, quoique incapable de
de l'argent pour ses intérêts (Antiq. IV, 8)». responsabilité moralo,sora mis à mort. Outre
Au reste, ce sorait une erreur que de croire que cette loi devait avoir pour eîïot d'obligé.'
que la loi du talion autorisait la vengeance. los hommes, par la considération de leur
Son objet était de inarquer aux juges la propre intérôt, à veiller plus soigneusement
sentence qu'ils devaient prononcer en vue du pour prévenir tout ce qui aurait pu être
bien public pour réprimer des crimes qui run?sto à la vie de lenrs semblables, il est
auraient compromis la sûreté généralo, et juste, puisque les aoimaux sont faits pour
non de tracer aux particuliers la règle do l'homme, que CÎUX qui lui deviennent nui-
leurs sentiments, los dispositions que Dieu sibles soient détruits. — Et non come-
voulait trouver dans leurs cœurs. Il y a denlur carnes ejus. La raison en est que
dans la loi d'autres proscriptions qui inter- cot animal est devenu impur à cause du
d isent expressément la vengeance. On sang qu'il a versé, et que co serait contracter
comprend parla que ce n'est pas la loi même en quelque façon sa souillure que d'en
du talion que Jésus-Christ a voulu corriger manger.
dans l'Evangile,- Matin, v, 38, niais l'inter- r
2 J et 30. — Et âtxninum ejus occident*
prétation abusive qu'on en faisait faute d'en Dans ce cas, en effet, il a contribué par sa
saisir l'esprit. négligence à l'acci lent causé par l'animal.
S6. — Si perçussent quispiam oadum Néanmoins, comme il ne Ta pas fait a dessein,
servi sui... La loi du talion, que nous avons mais soulemant par défaut do précaution,
déjà vu plus haut, y. 2«, n'être pas appli- il lui est laissé la faculté de racheter sa vie
cable au maître qui aurait tue sort es- par lo paieine.it d'une amende imposée par
clave, ne l'est pas non plus à celui qui lui tes juges ot sans doute agréée par fa famille
aurait fait quelque autre lésion corporelle de la personne tuée. Du reste, à peine est-il
notable : il en est puni par la perte de cet basoiu de faire observer que ce qui est dit
esclave qu'il est obligé de renvoyer libre. du bœuf doit s'entenrlre également de tout
CHAPITRÉ XXI 183
rem, et bos lapidibus obruetur, et do- me ou une femme, le bœuf sera acca-
minum ejus occident. blé de pierres et on donnera la mort
a son maître.
30. Quod si pretium fuerit ei impo- 30. Que si on lui impose une amen-
sition, dabit pro anima sua quidquid de, il donnera pour sa vie tout ce qu'on
fuerit postulatus. lui demandera.
31. Filium quoque et filiam si cornu 31. Si son bœuf frappe de sa corne
perçussent, simili sententise subjace- un fils ou une fille, il sera soumis à
bit. la même sentence.
32. Si servum, ancillamque invasc- 32. Si un breuf frappe un serviteur
rit, triginta siclbs argenti domino da- ou une servante, il donnera à leur
bit, bos vero lapidibus opprimctur. maître trente sicles d'argent, et le
bœuf sera accablé de pierres.
33. Si quis aperuerit cisternam, et 33. Si quelqu'un ouvre une citerne
foderit, et non operuerit earn, cecide- ou la creuse et ne la recouvre pas, et
ritque bos aut asinus in earn, qu'un bœuf ou un âne y tombe,
34. Reddet dominus cisterna3 pre- 34. Le maître de la citerne rendra
tium jumentorum; quod autem mor- le prix des bétes de somme; mais ce
tuum est, ipsius crit. qui est resté mort lui appartiendra.
35. Si bos alicnus bovem altcrius 35. Si un breuf étranger bles-
vulneraverit, et ille mortuus fuerit, se un autre bœuf et que celui-ci meu-
vendent "bovem vivum et divident re, ils vendront le bœuf vivant et s'en
pretium, cadaver autem mortui inter partageront le prix, et ils se divise-
se dispertient. ront le cadavre du bœuf mort.
36. Sin autem sciebat quod bos cor- 36. Mais si le maître savait que
nupeta esset ab heri et nudiustertius, son bœuf depuis hier et avant-hier
et non custodivit eum dominus suus; frappait des cornes et ne Ta pas
reddet bovem pro bove, et cadaver in- gardé, il rendra bœuf pour bœuf et re-
tegrum aeeipiet. cevra le cadavre entier.
autre animal domestique. Le bœuf, ou plu- pie n'avait de loi qui rendît responsable le
tôt le taureau, est spécialement nommé maître de l'animal, parce que aucun n'avait
comme était le plus dangereux, et celui qui apprécié la vie de l'homme comme celle
donnait le plus souvent lieu à de pareils ac- d'un être fait à l'image de Dieu ». Keil.
cidents. b) Lois relatives à la propriété, ff. 33 — xxn, l-lo.
32. — Si servum ancillamque inmserit ;
dans le texte : « ancillamve cornu petierit», * 33. — Si quis aperuerit cisternam...
triginta siclos argenti domino dabit. C'é- Passant de la vie à la propriété, le législa-
tait vraisemblablement le prix ordinaire teur pourvoit à la sûreté de la vie du" bétail,
d'un esclave, celui d'un Israélite libre étant la principale propriété des Israélites, contre
de 50 sicles, Levit. xxvn, 3. « Les codes les accidents qui pourraient résulter de la
d autres anciens p 3 u p l e s renfermaient aussi négligence. Le bœuf et Pane sont donnés
des lois contre les animaux qui auraient tué comme exemple, parce que c'était le bétail
ou blessé un homme ; mais aucun autre peu- le plus commun chez ce peuple.
1C4 L'EXODE
CHAPITRE XXII.
Suite dos lois relatives à la propriété, jty. 1-15. — Lois diverses, ff. 16-31.
le soleil s'était levé sur lui», sur le voleur, furatm est vivens... Voy. plus haut, f. I,
c'est à dire, si le vol a été connus de jour, noto.
«c le sang lui sera impité», savoir, à celui 5. — Si lœserit qnispiam... restituât; lit—
qui l'aura versé:il sera coupable de meur- téraloment d'aprô3 l'hébreu : « quand un
tre, parce que la vie du voleur même doit homme laissera brouter un champ ou une
être épargnée autant que possible : or dans ce vigne, et qu'il lâchera son bétail et lo laissera
cas, le voleur pouvait être réprimé et puni brouter dans le champ d'un autre, il rendra lo
autrement: traduit devant les tribunaux, meilleur de son champ et lo meilleur de sa
«il devait restituer; s'il n'avait pas de quoi, vigne». Lese:ond membre de phraso est ex-
il devait être vendu pour son vol », c'est à di- plicatif du premier et équivaut à : •« savoir,
re, pour la vabur de ce qu'il avait à ren- quand il lâchera »,etc. Selon Knobol, il s'agit
dre comme restitution et comme châtiment d'un dommnge causé à dessein, de sorte qu'il
de l'injustice commise. 11 n'y avait donc pas faudrait traduire : « quand un homme fera
de raison de le tuer. Le texte hébreu ne brouter..., et qu'il enverra son bétail et le fe-
s'explique pas sur la poino encourue dans ce ra brouter», etc. Mais Keil, Lange et autres
cas par le meurtrier : il paraît en laisser la croiont avec plus de vraisemblance que tou-
détermination aux juges. Gomme dn l'a déjà te la faute suppjsée ici est dans la négli-
compris, les motifs de la différence qui est gence mise à gardor le bétail, et que c'est
faite entre le voleur de jour et lo voleur de pour cette raison qu'il n'est exigé autre
nuit, c'est que quaud co dernier pénètre chose du coupable que la réparation du
avec effraction dans une maison, il donne dommage ; seulement, comme punition de sa
lieu, do lui supposer, avec <'cs pro„ots de vol, négligence, cette réparation doit se faire avec
tles projats d'assassinat, de sorte que calai ses meilleurs produits.
qui le tue petit être considéré comme se
trouvant dans le cas de légitime défense, 6. — Si egressus ignis... Les «épines»
tandis que de jour il n'y a généralement pas
auxquelles le feu prend peuvent être celles
le même danger, outrc qu'on peut avoir plus
dont est formée la haie qui entoure un
facilement ot plus promptement du secours,
champ, Is. v, 5 ; Eccli. xxvin, 28. Selon Ro-
connaître le malfaiteur et le livrer aux ma-
senmiiller, ce sont celles qui se trouvent sur
gistrats, qui le puniront selon les lois. Cola
un terrain qu'on défriche pour le cultiver.
n'empêche pas néanmoins que le jour aussi
« tfn?' Gcervus frugum quse in area jacent
bieiupie la nuit il ne soit p-jrmisjie repous-
antequamtriturentur: areae a u te m in Orien-
ser la viole.-jce par la. violence. C'est ainsi
te non sub tecto, sed subdio sunt. Hinc LXX
que la loi des douze Tables, qui ne permet-
&b>vaç, areas, verterunt ». Rosenm. A u lieu
aitt pas non plus de tuer un voleur do pur,
de « in agris l'hébreu dit : « ou le champ »
exceptait le» cas où il se défendrait avec des
cultivé quelconque, planté d'arbres, etc. C'est
armes. encore ici un cas de dommage résu 1 tant d'im-
4. — Si inventum fuerit apud eum gnod prudence, de manque de précaution.
186 L'EXODE
il ne restituera pas, surtout s'il était nus fuerit, non restituet, maxime si
loué pour le prix de son travail. conductum venerat prò mercede ope-
ris sui.
16. Si quelqu'un séduit une vierge 16. Si seduxerit quis virginem nec-
non encore fiancée et dort avec elle; dum desponsatam dormieritque cum
il la dotera et la prendra pour femme. ea, dotabit eam, et habebit eam uxo-
rem.
Deut. 33. 38.
17. Si le père de la vierge ne veut 17. Si pater virginis dare noluerît,.
pas la donner, il comptera tout l'ar- reddet pecuniam juxta modum dotis
gent de la dot que les vierges ont quani virgines accipereconsueverunt.
coutume de recevoir.
18. Tu ne laisseras pas vivre les 18. Maleficos non patieris vivere.
magiciens.
19. Celui qui péchera avec une 19. Qui coierit cum jumento, morte
bête mourra de mort. moriatur.
20. Celui qui immole à des dieux, 20. Qui immolât diis, occidetur,
autres que le Seigneur seul, sera mis praeterquam Domino soli.
à mort. Lev. 19. 4.
oporis sui », signifient selon Keil, Bunsen et 17'. — Si paler virginis dare noluerît...
autres, dont l'explication me paraît être la Le séducteur ne pouvait refuser d'épouser la
plus vraisemblable : «s'il était loué, il était fille qu'il avait séduite; mais le père de
venu pour son louage », c'est à dire que le celle-ci pouvait avoir do justes raisons de la
prix du louage devait servir au propriétaire lui refuser. Dans ce cas, il devait au pare la
de c o m p 3 n s a t i o n pour la perte de l'animal. valeur de la dot ou du mohar ordinaire des*
Ce prix était apparemment considéré en gé- filles. D ins le Deutôrouorne, xxir, 28, cette
néral comme couvrant suffisamment les somme est fixe â 50 sicles, et le droit réser-
risques d'accident. C'est aussi à peu près le vé ici au père de pouvoir refuser sa fille y
sens de la Vulgate, avoj cette différence est seulement supposé, sans qu'il en soit fait
qu'elle joint cette phrase à la précédente uno nouvelle mention. Selon Lange, par le
par l'adverbe « maxime » ; qui n'est pas paiement du mohar, la jiune fille était en
dans l'hébreu, et que des deux membres de quelque sorte réhabilitée comme si elle eût été
phrase eu texto elle n'en fait qu'un seul. régulièrement répudiée. La séduction d'une
fiancée était punie beaucoup plus sévère-
c) Lois diverses, fy. 16—xxin, 1—9. ment. Voy. Deut. xxn, 23 et seq.
16. — Si seduxerit quis virginem». 18. — Maleficos non patieris vivere.
Comme un tort grave à la famille doit aussi L'hébreu emploie le féminin : « Tu ne laisse-
être considérée la séduction d'une vierge, ras pas vivre une magicienne », ou « une
çmi, tant qu'elle n'est pas fiancée, appartient sorciero ». Ce n'est pas que la peine de la
a son père. Colui qui s'en rendra coupable magie ne dût pas être la même p.)ur l'hom-
sera tenu de dédommager autant que pos- me ; mais c'est que cet art diabolique est le
sible la jeune fille même, à qui il a enlevé le plus souvent pratiqué par des femmes. Cette
bien précieux de sa virginité, en l'épousant, tôine est si sévère non seulement parce que
et sa famille en payant le mohar, c'est â Îa magie, quand elle s'exerce sous forme de
dircv en faisant les présents de noces que maléfice, est la manière la plus détestable
c'était l'usage de faire non seulement à la- de nuire au prochain, mais surtout parca que,
jeune fille, mais encore à ses parents. Le renfermant une invocation au moins impli-
mohar n'était ni un prix d'achat propre- cite de la puissance des ténèbres, outre la
ment dit, ni une dot telle que nous Fenten- malice qui lui est propre, elle avait pour les
dons. Voy. Gen. xxxiv, 12, note. Il y a dans Israélites celle d'un crime de lèse-majesté'
le Deutéronomo, xxn, 18, une loi particulière contre Jehovah, le souverain d'Israël.
pour le cas de viol, et une autre dans le 19. — Qui coierit cum jumento... Sur le
Lévitique, xxi, 9, concernant les filles des crime de bestialité voy. Lévit. xvm, 23, et
prêtres qui se seraient -laissé corrompre. xx, 15.
Quant à la séduction d'une fiancée, voy. 20. — Qui immolâti « îd est, qui sacra
Deut. xxu, 23 et seq. facit ; quum enlm victimarum mactatio po-
CHAPITRE XXII 189
21. Àdvenam non contristabis, ne- 21. Tu ne contristeras pas l'étran-
que affliges eum ; advenee enim et ipsi ger et tu ne l'affligeras pas ; car vous
fuistis in terra iEgypti. avez été étrangers, vous aussi, dans
la terre d'Egypte.
22. Vidu&e et pupillo non nocebitis. 22. Vous ne nuirez pas à la veuve
Zach. 7. 10. et à l'orphelin.
23. Si laeseritis eos, vociferabuntur 23. Si vous les lésez, ils crieront
ad me, et ego audiam clamorem eo- vers moi, et moi j'écouterai leur cri ;
rum ;
24. Et indignabitur furor meus, pcr- 24. Et ma fureur s'indignera et je
cutiamque vos gladio, et erunt uxo- vous frapperai du glaive, et vos
res vestrse viduse, et filli vestri pu- épouses seront veuves, et vos fils
pilli. ' orphelins. %
tissima pars essot cultus divini, hac specie et ipsi fuistis... Ayant été eux-mêmes étran-
cu.tus ifliciti- reliquae omnos oontineutur ». gers et opprimés on cette qualité, ils savent
Hosenmüller. — Òccidetur. Le mot hébreu par expérience combien est pénible uno telle
quo la Vulgate rend par « occidetur » est situation, et doivent d'autant plus se gar-
Pint, « sera voué à l'anathème », à Texter- der de traiter les autres comme ils ont tant
mination. C'est la forme hophal de Din, gémi '.('être traités eux-mêmes. Cotte loi est
répétée Lov. xix, 3i ; Djut. x, 19.
«prohibait a communi usu, deo sacravit
(opp. SSn)»« Uiph. Q^nn, 1*' consecravit, 22. — Viduce et pupiUo... Dos étrangers
le législateur passe à ceux de son peuple
devovil Deo, ita quidam ut redimi non pos- qui sont plus faibles et plus dépourvus de
sit, Ldv. xxvii, 28 ; Mich. ìv, 13. Jn bollis secours.
internecionis contra Cananseos liunc in mo-
dum devovebantur urbes, quae captas, homi- 24.— Et indignabitur furor meus.»*
nibus bestiisque ad u.ium omnibus occisis, Cest Dieu lui-même qui se chargera d'in-
funditus ilelebantur; bine 2" internecione fliger aux oppresseurs des veuves et des
delevit, exstirpavit urbes, populos, Num. orphelins un châtiment en rapport avec leur
xxi, 3; Deut. il, 34 ; in, G », etc, Gesen. Thes. crime en suscitant des guerres dans lesquel-
ling. hebr. et chald., p. 521. Les Septante les ils périront en rendant ainsi leurs
traduisent ici : Oxvátw Uo/oOpauOifasTai. La femmes veuves et leurs enfants orphelins.
rigueur de ce châtiment fait assez voir ce C'est une espèce de talion avec usure.
que vaut aux yeux de Dieu la tolérance reli- 25. — Si pecuniam mutuam dederis...
gieuse dout notre siècle se i ait un si grand Voy. Levit. xxv, 35-43, et comp. Deut.
méiite, tolérance qui se confond trop avec xxin, 19.
Tindifférence, et qui, du reste, n'est guère 26. — Si pignus a proximo tuo accepe-
réelle que pour les fausses religions, tandis ris vestimenium... En Orient, les pauvres
que, en son nom, imeguprre d'extermination se servent de l'habit de dessus, .espèce de
est faite presque partout à la véritable. manteau qui consiste en une grande pièce
21. — Adoeimm non contristabis... «Ne- carrée d'étoffe, comme de couverture pour
mini supervacánea videbitur hsec lex qui la nuit. L'expression du texte traduite dans
cogitât quam contempti apud multos popu- la Vulgate par « ante solis occasum » signi-
losi* antiques peregrini fuennt, ut apud vËgyp- fie à la lettre : « jusqu'au couchor du soleil»,
tios, qui exteruin quamquam ut commuai c'est à dire, dans l'intervalle qui doit encore
secum mensa cibos sumeret prorsus indi- s'écouler jusque-là. Le manteau est mis
gnuin duxerunt ». Roseum. — Advenœ enim pour ce qu'il y a de plus nécessaire.
190 L'EXODE
- 21. Car c'est le seul dont il soit Ti. Ipsum enim est solum, quo ope-
couvert, c'est la couverture de sa ritur, indumentum carnis ejus, nec
chair, et il n'en a pas d'autre où il habet aliud in quo dormiat ; si clama-
dorme. S'il crie vers moi, je J'écou- verit ad me, exaudiam eum, quia mi-
terai, parce que je suis miséricor- sericors sum.
dieux.
28. Tu ne parleras pas mal des 28. Diis non detrahes, et principi
dieux, et tu ne maudiras pas le populi tui non maledices.
prince de ton peuple. Act. 23. 5.
29. Tu ne seras pas tardif à payer 29. Decimas tnas et primitias tuas
tes dîmes et tes prémices ; tu me non tardabis reddere; primogenitum
donneras le premier-né de tes fils. filiorum tuorum dabis mihi.
Sup. 13. 2. 12. Infr. 3 1 19. Rzeck. U. 30.
30. Tu en feras autant pour les 30. De bobus quoque, et ovibus si-
bœufs et les brebis ; qu'il soit sept militer facies; septem diebus sit cum
jours avec sa mère, le huitième jour matre sua, die octava reddes illuin
tu me le rendras. mihi.
31. Vous serez des hommes saints 31. Viri sancti eritis mihi ; carnem b
pour moi. Vous ne mangerez pas ce quse a bestiis fuerit pregustata non
qui aura été goûté auparavant par les coraedetis, sed projicietis canibus.
bètes, mais vous le jetterez aux chiens. Lev. 23.8.
28. — Diis non detrahes, littéralement c'est à dire, ce qui distille comme les lar-
d'aprôs lo texte : « non maledicos ». L'ex- mes, la liqueur qui découle du raisin, de
pi essiou que la Vulgate rend par « diis »• l'olive sous le pressoir, ton viu et ton huile ;
est CTmx, qui signifie ordinairement le tu ue différeras pas, dis-je, de me les offrir
vrai « Dieu », mais que Josèphe et Philon, dans leurs prémices. C'est ainsi que l'ont
8'accommodant aux circonstances de leur déjà entendu les Septante, qui traduisent :
'Anrapxa; aXwvo; aat ).i)vo*3 aou où *xa8'ja"Epï)-
temps, prennent ici pour les « dioux » des
nations, ce qui est sans analog.e dans la loi, ffetç. Que tel soit le sens, c'est ce que confir-
et répugne a des passages tels que le sui- me encore la suite, où est répétée la loi dé-
vant du ch. xxm, 13 : « Et per nomen ex- jà donnée on Egypta sur la consécration des
ternorum deorum non jurabitis, neque au- premiers-nés à Dieu, ci dessus xui, 2, 11 et
dietur ex ore vestro ». Selon d'autre3, com- seq. Pour les détails relatifs à l'offrande des
me Qnkelos. Jonathan, Abon-Ezra, etc., elle prémices des produits de la terre, voyez ci-
désigne les magistrats, les juges. C'est vrai- apivs xxm, 19, et Deut. xxvi, 2-11. — Pri-
semblablement dans ce dernier sens que l'a mogenilum filiorum tuorum dabis mihL..
entendue l'autour de la Vulgate. C(r. Ps. La loi concernant les premiers-nés est re-
LXXI, 1, 6 : « Ego dixi : Dii estis » ; et Joann. nouvelée ici comme formant une des condi-
x, 34. Voy. aussi plus haut ». 8 et 9, et tions de l'alliance du peuple d'Israël avec
xxi, G. Plusieurs, comme Knobel, Keil, Cook, Jehovah.
•etc., lui conservent sa signification accou- 30. — Septem diebus sit eum maire
tumée, ce qui ne me semble guère admissi- sua.... Gfr. Lévit. XXII, 27.
ble. Si on l'applique à Dieu, il faut du moins 31. — Carnem qicœ a bestiis fueritprœ-
reconnaître qu'avec lui elle comprend aussi gustata, ou, d'après l'hébreu : < carnem in
le tribunal qui rendait la justice en sou agro discerptam », non comedetis. Une telle
nom, qui le représentait, de sorte que l'in- viaudo était considérée comme impure, et
jure qui lui était faite retombait sur Dieu ne convenait par conséquent pas aux Israé-
même. lites, qui, étant consacres à un Dieu infini-
29. — Décimas tuas et primitias tuas ment saint, devaient avoir à cœur une gran-
non tardâtes reddere ; littéralement d'a- de sainteté, non seulement intérieure ou de
près l'hébreu : « tu ne différeras pas » de l'âme, mais encore extérieure ou corporelle.
m'oilïir « ta plénitude », c'est à dire, tous Gfr. Levit. xvu, 15.
tes fruits, tout ton grain, « et ta larme »,
CHAPITRE XXUI 101
CHAPITRE XXIÌI.
Suite des lois diverses, ff. 1-9 — Loi du repos sabbatique, ff. 10-12. — Lois sur les rapports
avec Dieu, ff, 13-19.— Récomponses promises à l'observation fidèle de rallian.e, ff 9
20-33.
hait gisant sous le faix, tu ne passe- cere sub onere, non pertransibis, sed
ras pas ton chemin, mais tu l'aideras sublevabis cum eo.
à le soulever.
6. Tu ne t'écarteras pas du droit 6. Non declinabis in judicium pau-
en jugeant le pauvre. peris.
7. .Tu fuiras le mensonge. Tu ne 1. Mendacium fugies. Insontem et
tueras pas l'innocent et le juste, car justum non occides; quia aversor im-
je déteste l'impie. pium.
Da». 13. S3.
8. Tu ne recevras pas de présents, 8. Nec accipies muñera, quae ctiam
qui aveuglent, même les prudents excsecant prudentes, et subvertunt
et troublent les paroles des justes. verba justorum.
Deut. 16. 10. Eccli. SO. 31.
9. Vous ne molesterez pas l'étran- 9. Peregrino molestus non cris; sci-
Non enim fortuna causas vel justas vel in- mouvement lorsque son ennemi a besoin de
justasfacit».(Inst orat. xn,7.) Gfr. Levit. secours.
xix. 15. 6. — Non declinabis in judicium paie-
4 et suiv. — Pas plus que l'opinion pu- péris ; d'aprèi l'hébreu : « tu n'inclineras
blique ou une compassion intempestive pour pas », ou « tu ne feras pas fléchir le droit de
le pauvre, l'antipathie ou la haine ne doit dé- ton indigent dans sa querelle », dans son
terminer la conduite envers les autres, faire procès. « Uti poster jus et fas pauperi f aven-
manquer aux devoirs qu'impose la justice ou dum non est, îta idem nec injuria propter
la charité. , paupertatem adficiendus ». Rosenm.
5, — Si videris asinum ... non pertran- 7. — Mendacium fugies. L'hébreu se tra-
sibis, sed sublevabis cum eo. Dans la tra- duirait mieux par : « tu te tiendras loin d'une
duction de ce passage difficile, S. Jérôme a parole » ou « cf une affaire de mensonge » : tu
suivi les Septante, qui le rendent ainsi : ne prendras point part à une affaire qui
'Eiv Sà ÏSTJÇ IO ÛTcoÇû-yiov • • • ' où îuapE>.EÛ<rr) repose sur le mensonge, sur de fausses accu-
auxd, àxxSt ' auvapEï;, ou, comme on lit dans sations. — Quia aversor impium \ dans le
plusieurs manuscrits, cuvs-yapsï; aÙTo ttea' texte : « car je ne tien Irai pas pour juste l'im-
aùtoû. n paraît que ces traducteurs, sans pie », le méchant, je ne le laisserai pas im-
s'inquiéter beaucoup des mots, ont exprimé le puni.
sens indiqué par la matière et le contexte, en 8. — Quœ etiam excœcant prudentes ^vi-
prenant aussi pour guide le passage pa- dantes, proprement : ceux qui ont les yeux
rallèle du Deutéronome,xxn, 4 : « tu ne ver- ouverts. « Judices qui munera a reis accepe-
ras pas l'âne do ton frère ou son bœuf tom- runt usque adeo occœcantur ut jus cum in-
ber en chemin et te cacheras d'eux : tu les re- juria, munus judici <cum latrocinio miscoant ».
lèveras avec lui ». Le texte hébreu, comme Rosenm. — El subvertunt, vel pervertunt
il résulte du rapprochement de ce passage, ne verba justorum, « scil. judicum, id est, eorura
peut avoir d'autre sens que celui-ci : « Quand qui justi habiti sunt quinque alios juste judi-
lu verras l'âne de ton ennemi couché sous son care solebant ». Rosenm. Ce sens s'accorde
i'ar loau, tu te garderas», littéralement : « tu bien avec le contexte. CependantKnobel, Keil
cesseras, de le lui abandonner » sans lui prê- et la plupart des commentateurs, prenant le
ter secours : « tu le dégageras avec lui », tu ipot - n i dans le sens de chose, t r a luisent ;
te joindras à lui pour le relever. Dans cette « et p3rvertissent les causes des justes», c'est-
phraso, le vorbe :ny est pris d'abord dans à-dire, les transforment en causes mauvaises
sasignification ordinaire de laisser,abandon- en faisant prononcer aux juges des sen-
ner, et en second lieu dans celle de laisser tences injustes. Le sens, pour le fond, reste
\aller, mettre en liberté, dégager. Il y a dans le même.
cette répétition du môme verbe avec des 9. — Peregrino molestus non eris. Cette
nuances de signification différentes une sorte défense diffère de celle qui précède, xxn, 21,]
de jeu de mots qui est tout à fait dans legénio en ce qu'elle se rapporte à l'oppression de
de ta langue hébraïque. L'expression : « tu l'étranger devant les tribu naux, soit pardéni
cesseras», pour « tu te garderas », vient de ce de justice, soit par des traitements durs et in-
que le premier mouvementde la nature est de justes. Cfr. Dent, xxrv, 17 ; xxvn, 19. — Scitis
laissersans secours un ennemi qu'on aperçoit enim advenarum animas. L'âme est considé-
dans rembarras. L'Israélite doit réprimor ce rée ici comme le siège du sentiment. L'étran -
CHAPITRE XXIII
H93
tis enim advenarum animas; quia et ger; car vous connaissez l'âme des
ipsi peregrini fuistis in terra iEgypti. étrangers, parce que vous, avez été
Gen. 43. 6. vous-mêmes étrangers dans la terre
d'Egypte.
10. Sex annis seminabis terram 10. Pendant six ans tu sèmeras la
tuam, et congregabis fruges ejus. terre et tu en récolteras les produits. 1
ger est naturellement timide et abandonne tionnerez pas le nom d'autres dieux >• ; loin
facilement, en lace du puissant, une partie de d'adorer des dieux étrangers, vous en aurez
son droit ou son droit tout entier. tant d'éloignenunt que leur nom même vous
d) Loi du repos sabbatique, ff. 10-13.
S3ra en horreur et que vous é /itérez do le
prononcer, comme si votre bouche devait en
1 0 - 1 2 . — Les préceptes relatif à Tannée être souillée. David va même encore plus
et au .jour de repos renfermés dans ces ver- loin, et étend cette horreur jusqu'aux noms
sets, préceptes dont le premier pose la base de leurs adorateurs, Ps. XV (hebr. XVI), 4.
de l'institution de-l'année sabbatique, Levit. 1 4 - 1 5 , — Tribus vicibus per singulos an-
xxv, et l'autre répète ce qui, dans le sab- nos. . . Il a déjà été parlé d'une de ces fêtes,
bat déjà établi, a trait au repos des esclaves colle de Pàque, instituée dès la sortie d'E-
et de3 ouvriers, des étrangers et dos bêtes gypte, ci-dessus xui, 3 et suiv. ; les deux
do somme, no sont pas du nombre de ceux autres qui vont être nommées ici p3ur la pre-
qui déterminent les rapports des Israélites mière lois seront plus exactemsnt détermi-
avec Dieu, mais continuent l'exposition do nées dans le Lévitique, xxui, 1 5 et suiv., et
leurs rapports entre eux. dans les Nombres, xxvm, 20 et suiv. — Non
1 1 . — Et quidquid reliquum fuerit, apparebis inconspeo.ta mco vacuus. C'est en-
dans rhébreu : « et leur restî », à savoir, core la coutnm3 en Orient do no pas paraître
des pauvres, ce qu'ils laisseront, devant un roi sans lui offrir des présents. Le3
4° Lois sur les rapports aven Dieu comme souverain, Israélites devaient suivre cet usage à l'é-
j ^ . 13-19. gard de Jjhovah, le reconnaissant ainsi
1 3 . — Omnia quœ dixi vobis custodile. pour leur roi et lui rendant lours homma-
Cet avertissement, par lequel est inculquée ges en cette qualité. Ces présents n'étaient
jTexacto observation de ce qui vient d'être du reste qu'une très patite partie des biens
f iroscrit touchant les rapports mutuels des qu'ils recevaient de Dieu, et en les lui of-
sraélites, l'orme la conclusion de cotte par- frant, ils eu profitaient encore dans les fes-
tie, en même temps qu3 la transition à l'ex- tins qui suivaient les sacrificas pour lesquels
posé de leurs rapparte avec Johovah. — Et ils avaient fpmui des victimes, ainsi que
per nomen externorum deorum non ju- par les nouveaux bienfaits qui en étaient la
rabitis ; d'après l'hébreu : « et vous ne meu- récjmponse.
U EXODE. — 13,
S CIBLE. —
194 L'EXODE
azymes. Pendant sept jours tu man- dies. Septem diebus comedes azyma,
geras des azymes, comme je te l'ai sicut prsccepi tibi, tempore mensis no-
ordonné, à l'époque du mois des fruits vorum, quando egressus es de Mgyp-
nouveaux, quand tu es sorti de l'E- to; non apparebis in conspectu meo
gypte: Tu n'apparaîtras pas vide en vacuus.
ma présence. Sup. 13. 3. 4. Infr. 34. 18. fletti. 16. 16. Eccti. 35. G
16. Et la solennité de la moisson 16. Et soIemnitaj,em messis primi-
des prémices de les travaux, quoi que tivorum operis tui, quaecumque semi-
tu aies semé dans ton champ; et la so- naveris in agro; solemnitatem quoque
lennité de la fin de l'année, quand tu in exitu anni, quando congregavo™
auras ramasse tons les fruits de ton omnes fruges tuas de agro.
champ.
11. Trois fois dans l'année tous les 17. Ter in anno apparebit omne
mâles apparaîtront devant le Sei- niasculinum tuum coram Domino Deo
gneur ton Dieu. tuo.
Infr. 34. 23. Dent. 1G. 16.
rant cette solennité que de pains sans le- dant la seconde est préférée par Knobel,
vain. On commençait la recherche du pain Lange, Cook, etc. — Non coques Iwedum
levé dès le jour qui précédait la pâque, et in lacté matris suce. On a donné les sens les
il ne devait plus y en avoir dans la maison plus forcés à ce passage, qu'il faut sans doute
à midi du 14 de Nisan ; car après midi on prendre à la lettre. Encore aujourd'hui les
immolait l'agneau de la pâque ». Cependant Arabes, pour rendre la chair dos chevreaux
Dillmann regarde la proscription dont il s'a- lus savoureuse, la font cuire dans du lait,
git comme générale et s'appliquant à tous
les sacrifices proprements dits. — Née ré-
E ieu défend ici do se servir pour cela du lait
de leurs mères. En rapprochant cette défense
manent adeps solemnitatis mece usque de celle qu'il fait ailleurs (Deut. XXII, 6 et 7)
mane. La « graisse do ma fête » est mise à celui qui aura trouvé un nid d'oiseau de
ici pour « la graisse du sacrifice de ma l'été », prendre la mère a vos ses petits, il est diffi-
•c'est à dire, de l'agneau pascal, comme le cile de ne pas lui donnor le même motif, ce-
montre le ch. xxxrv, 25, où au lieu de la lui d'empêcher un acte de dureté qui blesse
« graisse de ma fête » on lit : le « sacrifice le sentiment de la nature. N'y a-t-il pas, on
de la fête de Pâque ». Il faut entendre par effet, quelque chose qui répugne quo d'em-
là les morceaux de graisse de la victime qui, ployer à faire cuire le petit d'un animal le
dans certains sacrifices, étaient brûlés sur lait qui avait été donné à sa mère pour un
l'autel, quoique dans l'institution de la fête tout autre usage ?
de Pâque, ci-doss. xn, il n'en soit pas ques-
tion, parce que, dit Keil, lors de la première № Récompenses promises *i la fidèle observation de
Paliiance, ff 30-33.
célébration en Egypte, les Israélites n'a- t
vaient pas encore d'autel. Selon Dillmann, il 20. — Aux obligations que les Israélites,
en est de cette prescription comme de la par lieu? alliance avec Jehovah, contracte-
précédente : elle doit s'entendre en général ront envers lui répondent de sa part les
des sacrifices de chaque fête. plus magnifiques promesses. Ecce ego mit-
19. — Primitias frugum terras tum...\ tam angelum meum qui preecedat te.
d'après l'hébreu : « Tu apporteras le com- L'hébreu dit seulement : « Voici que j'en voio un
mencement des prémices de ta terre à la ange devant toi ». Mais que faut-il entendre
maison de Jehovah ton Dieu ». Cette pres- par cet ange? « On l'explique communément,
cription a rapport, dit Keil, à la fête de la dit D. Calmot, du Messio, qui est nommé
moisson ou de l a Pente:ôte : les « prémices dans l'Ecriture {Malach. ni, 1) VAnge de
d© la terre » rappellent les « prémices de UaUiance et 1 Envoyé du Soigneur, et qui est
ton ouvrage », 16. Cependant, de l'aveu désigné ici parMo.se lorsqu'il dit que le nom
du même commentateur,, les oxpressions de Dieu est en lui : « Est nomen moum in
sont si générales qu'il ost difficile de les «illo ». S. Paul semble aussi l'avoir eu on
restreindre aux pains qui devaient être vue lorsqu'il dit que les Hébreux, dans le
offerts le jour de la Pentecôte, et qu'il faut désert, « tentèrent Jésus-Christ et périrent
les entendre de l'offrande des prémices en « par les morsures dos serponts (I Cor. x,
général, que pieu a déjà défendu plus haut 9) », insinuant par là que Jésus-Christ était
de retarder, xxn, 28, et sur laquelle il don- cet ange qui conduisait le peuple dans lo dé-
nera dans la suite les règles à observer (Num. sert. On cite quelques docteurs hébreux qui
xvin, 12 et seq. ; Deut. xxvi, 2-11). L'expres- ont reconnu que Moïse désignait ici le Christ,
sion du texte : « le commencement des prémi- appelé dans l'Ecriture la Face du Pere
ces », signifie d'après les Septante', qui la ren- et VAnge rédempteur. Mais lo témoignago
dent par àîrapxàç TÛV jcpwToyevvijpàtTiDV TÎJÇ de JPhilon ne peut manquer d'être d'un tr^s
7 * i î « losprémicesdespremièresproductions grand poids en cette matière : c'est un té*
de la terre »; selon d'autres, qui fa prennent moin irréprochable et non suspect. Voici ce
dans le S9ns figuré, la partie la plus excel- qu'il dit sur, ce passage : « Dieu, comme le
lente des prémices. La première explication « pasteur et le roi de l'univers, gouverne et
€ conduit toutes choses avec régie et justice»
semble plus simple et plus naturelle; cepen-
496 L'EXODE
24. Tu n'adoreras pas leurs dieux 24. Non adorabis deos eorum, nec
et ne leur rendras aucun culte ; tu ne coles eos : non facies opera eorum, sed
feras pas leurs œuvres, mais tu les destrues eos, et confringes statuas eo-
détruiras et tu briseras leurs statues. rum.
25. Et vous servirez le Seigneur 25. ServietisqueDomino Deo vestro r
« ayant établi sur elles son propre fils uni- de la vertu de son Père, et qui en ce sens-
« que, son Verbe plein de droiture, qui, porte vraiment le nom de Dieu et en repré-
« comme un vice-roi, se charge du soin c!e sente la personne ».
« toutes ses creatures, et préside à ce grand 23. — Prœcedetque te angélus meus...
« et sacré troupeau qui lui a été confié; car D'après l'hébreu ce verset doit se joindre au
•« il est dit dans quelque endroit : Je vais suivant de cette manière : « Quand mon
« envoyer mon ange devant votre face, qui ang.ï ira devant toi et t'introduira chee l'E-
« vous'conduira dans votre voyage » (De morréen et I Héthéen..., et que je les exter-
' Agric). La plupart des anciens et des nou- minerai, tu n'adoreras pas leurs dieux.:.» On
veaux l'expliquent de même de la venue du po irrait aussi traduire : « Gar mon ange-
fils do Dieu, qui est la voie, la vérité et la ira..., et j3 les exterminerai. Tu n'adoreras,
vie. et qui éclaire do sa lumière tous ceux pas... ». La première manière semble pré'é-
qui sont dans ce monde comme dans un pe- rable et elle est suivie par la plupart des.
ler nage ». — Et introclULat in locum modernes. Dilhnann se prononce cependant
quem paravi : dans le pays de Ghanaan, la pour la seconde.
Terre promise.
2 1 . — Et est nomen meutu in illo, c'est 2 4 . — Non facies opéra eorum; dans le»
à dire que Jehovah se manifeste en lui, d'où texte : « et non faciès secundum opéra eo-
vient qu'au rlwp. xxxir, 15 ot suiv., il est rum », c'est à dire, tu n'imiteras pas ces
appelé la « Face do Jehovah ». Keil conclut peuples en l'ai, ant des idoles ; sed deslrues
au si de là que cet ange n'est pas un esprit - eos, scil. deos eorum, ou, comme il e*t plus
créé,mais la manheslation de Jehovah lui- naturel de traduire l'hébreu : « sed destrues.
même, qui, dans la colonne de fou et de ea », scil. opéra eorum, idola ; et confrin-
j>"ée, précédait les Israélites, les conduisant ges statuas eorum. Le mot rruara, que la
t t o s protégeant. * Personne, dit D. Cal met, Vulgate rend par « statuas », sig.iifie, non
• îi » remplit mieux ce caractère que J.-C., les statues des faux dieux, mais les colonnes-
dans qui résident toute la plénitude et l'es- ou stèles qui leur étaient consacrées. Voy» '
' sence de la divinité (Coloss. m, 9), qui est 1H Reg. xiv, 23.
égal en toutes choses à son Pore, qui dit 25. — Ut benedicam, d'après l'hébreu :
dans l'Evangile : « Je suis dans mon Pore, « et benedicet •> panibus luis... \/s pain et
. «comme mon Pèreestdansmoi(Joan.x.38)»; l'eau sont nommés ici comme représentant
qui est revêtu de la puissance, de l'autorité, tous les aliments nécessaires .à la vie.
s xxui 197
*ut benedicam panibus tuis et aquis, et votre Dieu, afin que je bénisse votre
•auferam infirmitatera de medio tui. pain et votre eau et quej'écarte la ma-
ladie du milieu de vous.
26. Non erit infecunda, nec sterilis 26. H n'y aura pas de femme
in térra tua; numerum dierum tuorum inféconde ni stérile dans ta terre ; je
implebo. rendrai plein le nombre de tes jours.
27. Terroremmeum mittam inprse- 27. J'enverrai ma terreur pour te
-cursum tuum, et occidam omnem popu- précéder, et je tuerai tout peuple chez
lum, ad quem ingredieris; cunctorum- lequel tu entreras, et je ferai tourner
que inimicorum tuorum coram te terga le dos devant toi à tous tes ennemis.
vertam;
28. Emittens crabrones prius, qui 28. J'enverrai devant toi des fre-
fugabunt Hevaaum, et Chananseum, lons, qui mettront en fuite THévcen,
et Hetheeum, antequam introeas. le Ghananéen et l'IIéthéep avant que
Beut. 7.20. tu entres.
26. — Non erit Infeeunda, clans lo texte, ut i líos paulatina exterminarent ». Néan-
< abortiens ». — Numerum dierum tuo- moins, comma dans l'histoire de la conquête
rum implebo, « c'est à dire, je forai que tu du pays de Chanaaa il n'est pas question de
vivras aussi longtemps que le cours de la cet auxiliaire des Israélites, plusieurs inter-
nature et que la constitution du corps hu- prètes, surtout parmi les modornes, croient
main le permettent, en te garantissant de devoir prendre le mot de « frelon » ou de
tous les accidents qui pourraient t empêcher « guêpe », dans un sens figuré, comme dési-
•d'arriver jusqu'à ce terme ». Glaire. gnant, selon l'expression de S. Augustin,
« acérrimos timoris acúleos, quibus quodam-
27. — Terrorem meum mittam... Cette modo volantibus rumoribus pungebantur ut
terreur est celle que causero.it inévitable- fugerent (Quaest. xxvn in Jos.; cfr. Quaest.
ment aux ennemis d'Israël les prodiges par xcni in Exod.) ». Mais « la guêpe » ou « les
lesquels Jehovah a déjà marque et marque- frelons » mis pour signifier « les aiguillons
ra encore sa protection sur lui, prodiges dont de la crainte» me semble une expression bien
le bruit se répandant avec celui de sa prochai- peu naturelle, et je crois cette explication,
ne arrivée, jettera parmi eux le trouble et qui n'est proposée par S Augustin que sous
l'effroi. C:'r. ci dess. xv, 14 et seq.; Deut. n, une forme très dubitative, d'autant moins
25, et Jos. IT, 11. Rien n'empêche de l'enten- admissible que, dans notre passage, les fre-
dre aussi d'une terreur panique dont Dieu lons sont expressément distingués de la ter-
les frappera à l'arrivée des Israélites. — reur, qui a déji été mentionnée. S'ils ne fi-
Cunctorumque inimicorum... terga ver- gurent pas dans l'histoire même de la guerre
tam ; littéralement dans l'hébreu : « et je contre les Chananéens, ce qui est la seule
mettrai tous tes ennemis le dos vers toi », raison alléguée pour ne pas les prendre dans
c'est à dire, je leur ferai prendre la fuite le sens propre, cela vient sans doute de ce
devant toi. que, d'après une autre conjectura de S. Au-
28. — Emittens crabrones prius... Le mot gustin, cette guerre n'étant pas racontée
njnx, que la Vulgate rend par « crabrones, dans tous ses détails, et le rôle qu'y ont jjué
frelons », et les Septante parff?*)*»*;,nids les frelons, quoique important, n'ayant pu
de guêpes, «3t pris généralement par les être que secondaire, le narrateur s'est con-
modornes dans le premier sens. Dieu l'ait la tenté de la mention qui en a été faite par
même promesse aux Israélites dans le Deu- Josué dans le discours cité. Du reste, des
téronome, vin, 21, 22, et Josué, dans un dis- événements pareils à ceux dont il s'agit ne
cours qu'il leur adresse quelque temps avant sont nullement inouïs dans l'histoire, comme
sa mort, lui met dans la bouche ces paroles, le prouvent les nombreux témoignages réu-
qui en rappellent l'accomplissement comme nis par Bochart, Hierozoic. I. iv, c. xm. Cet
-un fait connu de tous : « Et j'ai envoyé de- auteur regarde même comme vraisemblable
vant vous le frelon, et il les a chassés de de- que les Phasélides, contraints par desguêpas
vant vous, les deux rois de l'Amorrhéen : de quitter leur patrie, sont du nombre de
non avec ton glaive, et non avec ton arc ceux qui se trouvèrent dans ce cas au temps
(Jos. xxrv, 12) ». L'auteur du livre de la Sa- de Josué. Ils étaient certainement Phéniciens,
gesse, parlant à Dieu, lui dit aussi, xn, 8 : comme il le montre, et ils conservaient en-
4L Misisti antecessores exercitus tui ve3pas, core! d'après Ghserile cité par Josèphe, 1.1
198 L'EXODE
29. Je ne les chasserai pas de- 29. Non ejiciam eos a facie tua anno
vant ta face en un an, de peur que la uno; ne térra in solitudinem rediga-
terre ne soit réduite en désert et que tur, et crescant contra te bestise.
les bétes féroces ne se multiplient
contre toi.
30. Peu à peu je les chasserai de 30. Paulatina expellam eos de cons-
ta présence, jusqu'à ce que tu te sois pectu tuo, doñee augearis, et possideas
accru et que tu possèdes la terre. terram.
31. J'établirai tes limites de la mer 31. Ponam autem términos tuos a
Bougé à la mer de Palestine, et du dé- mari Rubro usquead mare Palsestinó-
sert jusqu'au fleuve. Je livrerai entre rum, et a deserto usque ad fluvium;
vos mains les habitants de la terre, et tradam in manibus vestris habitatores"
je les chasserai de votre présence. terree, et ejiciam eos de conspectu ve-
stro.
32. Tu ne contracteras aucune al- 32. Non inibis cum eis foedus, nec
liance avec eux ni avec leurs dieux. cum diis eorum.
Infr. 34. 18. 1)08/. 7. 3.
33. Qu'ils n'habitent pas dans ta 33. Non habitent in térra tua. ne
terre, de peur qu'ils ne te fassent pé- forte peccare te faciant in me, si ser-
cher contre moi, si tu sers leurs vieris diis eorum; quod tibi certe erit
dieux; ce qui sera certainement pour in scandalum.
toi un scandale
Contr. Ap., leur ancien langage au temps de de cetto tâche, et elles commencèrent a con-
Xerxès. On peut voir pour de plus amples clure des alliances avec les Chananéens età
explications rouvrage de Bochart que je viens se laisser séduire par leur culte idolâtrique,
do citer, où toute cette question est traitée en punition de quoi Dieu leur retira son as-
avec un soin et une solidité qui ne laissent, sistance, de sorte qu'elles turent opprimées
ce me semble, rien â désirer. — Aniequam et humiliées par les Chananéens, Jud. i et
introeas. La Vulsate, d'après laquelle il sem- n ». Keil.
blerait que les frelons seuls seront chargés 31. — Les promesses divines se terminent
de l'expulsion des Chananéens avant même par une indication générale des limites du
que les Israélites arrivent, va en cela plus pays dont les Israélites seront mis e.i pos-
loin que le texte, qui dit seulement: « de session, et par l'avertissement de ne pas
devant toi, a conspectu tuo ». l'aire d'alliance avec ses habitants et leurs
29. — Et crescant, multiplicentur, contra dieux, ce qui deviendrait funeste aux Israé-
te bestiœ, comme cela arriva après que lites. Ad mare Palœslinorum, sou Philisti-
les dix tribus eurent été transportées en norum. C'est la Méditerranée, dont les riva-
captivité, iv Rcg. xvn, 25 et seq- ges étaient habités par les Philistins. — A
30.— Pautatim eccpellam eos... et possi- déserta Arabico usque ad fluvium, « scîl.
deas terram totam. « Cette promesse s'ac- Euphratem, qui in ilïis regionibus xa-c ' è£o-
complit, d'après les livres de Josué et des X^v ita vocatur n. Rosenm. Comp. sur les li-
Juges, de cette manière que, après Ja défai- mites de la terre promise Gen. xv, 18.
te des Chananéens au sud et au nord du
pays, lorsque tous les rois qai avaient com- 32. — Non inibis cum eis fœdus nec
battu contre Israël eurent été vaincus et cum diis eorum. « Cum diis fœdus sanc:-
tués, et leurs villes conquises, tout le pays tur,si ii honore divino adficiuntur et pro
fut partagé entre les douze tribus, qui de- oo illorum auxilium exspectatur ». Ro-
vaient exterminer los restes des Chana- senm.
néens et prendre possession des parties du 33.—Quod tibi certe erit in scandalum,
pays non encore conquises, Jos., xiu 1-7. d'après l'hébreu : « In lamieum », c'est à di-
Mais bientôt les tribus particulières se mon- re, une cause de ruine, l'idolâtrie devant en-
trèrent négligentes dans l'accomplissement traîner de sévères châtiments.
CHAPITRE XXI? iî)0
CHAPITRE XXIV
Acceptation des toia fondamentales ou des conditions de l'alliance par lè peuple ; conclu-
sion de l'alliance, **. 1-11. — Moïse remonte sur le Sinai, où il passe quarante jours
et quarante nuits avec Dieu, Vv.
d'une voix : Nous accomplirons tou- voce : Omnia verba Domini, quse locu-
tes les paroles du Seigneur, qu'il a tus est, faciemus.
dites.
4. Or Moïse écrivit toutes les paro- 4. Scripsit autem Moyses universos
les du Seigneur, et le lendemain il se sermones Domini; et mane consurgens
leva et il édifia un autel au pied de la sedificavit altare ad radices montis, et
montagne et douze monuments selon duodecim titulos per duodecim tribus
les douze tribus d'Israël. Israel.
5. Et il envoya de'jeunes hommes 5. Misitque juvenes de filiis Israel,
des enfants d'Israël et ils offrirent, des et obtulerunt holocausta, immolave-
rémonies propres à ces sacrifices leur don- non pas avec la seule famille de Jacob, mais
%
naient une signification part culière relative ave tous les hommes, quïl a rachetés, non
â la circonstance. pas de l'Egypte, mais do la mort du péché
6. — Tuld itaque... et misit in crateras* et de la puissance du démon. L'ancienne al-
r é s 3 r v a n t ce sang pour l'usage qu'on va voir liance ne fut confirmée que par le sang des
au verset 8 : c'est la partie destinée au peu- boucs et des veaux ; mais la nouvelle est ra-
ple. — Partem autem residuam fudit su- tifiée par le sang du fils de Dieu lui-même,
per alfare. C'est la partie qui est pour Jeho- qui, dans cette importante cérémonie, est en
vah. En la répandant sur l'autel, Moïse même temps la vh-time, le p:êtro, le média-
accomplit symboliquement, dit Lango, la teur et le contractant. L'allianre de Dieu
remise du peuple à D'eu. Selon Baumgar- avec Israël ne se fit qu'une fois ; mais celle
ten, le même sang partrgé entre Dieu et le que J.-C. a faite avec nous se renouvelle
pauple marque l'unité dans une même vie tous les jours dans le sacrifice de nos autels.
qui doit s'établir entre eux. La première n'était que provisionnelle et
7. — Volumen fœderis, dans l'hébreu : pour un temps, et la seconde est absolue et
« le livre de l'alliance ». C'est sans nul doute pour toujours. Celle-ci nous donne l'esprit
le document que Moïse vient d'écrire, ci-dess. d'a'opVon ot de liberté ; mais l'autre ne lor-
f. 4, et qui renferme les conditions de l'al- mait que des esclaves et des mercenaires ».
liance "exposée dans les chapitres xx, 1 — D. Calmet. Ces rapports entre les deux al-
xxiii, 33. Les Hébi eux donnent le nom de liances, d'où résulte si clairement l'immense
livre, "i3D, même ^l'écrit le plus court, tel supériorité de la nouvelle sur l'ancienne,
qu'était, par ex., le billet de divorce. — le- qui n'en éta t que la figure et la prépara-
git audienlepopulo. Avant la conclusion tion, sont sans doute frappants ; mais il y
solennelle et définitive do, l'alliance, Moïse en a encore un autre qui ne l'est pas moins :
e » rappalle encore au peuple les conditions, c'est celui qu'on ne saurait méconnaître en-
afin qu'il sa he bien les engagements qui tre les paroles de l'institution de la sainte
vont être contractés de part ot d'autre, et Eucharistie : « Ceci est mon sang de la
que plus tard, s'il y manque, il ne puisse nouvelle alliance », ou « du nouveau testa-
prétexter ni la surpr'se ni Hgnoranco. Le ment, qui ost répandu pour plusieurs en ré-
peiple accepte encore une fois ces condi- mission des péchés (Matth. xxvi, 28) », et
. tions. colle de Mo se : « Voici le sang de l'at-
8. — Hic est sanguis foederis . . . « San- Uance que Jéhovah a contractée avec vous
guis foederis est sanguis quo effuso sancitur sur toutes ces paroles », c'est-à-dire, sur la
lfcedus Rotenm. « Cjtto alliance si remar- base dos paroles rapportées plus haut, par
quable et si solennelle du Dieu dTsraël avec lesquelles il en a énoncé les conditions. Ecou-
son peuplé était une figure de la nouvelle tons encore sur ce point Cornélius a Lapi-
alliance, que J.-C. a faite arec la nature hu- de : « Simili modo Christus Dominus novum
maine. L'autel sur lequel on immole les ho- fœdus et testamentum sancivitse ipso et san-
locaustes est la figure de la croix où J.-C. a guine suo quasi victima,et sanguine victimse
souffert la mort et où il a répandu ¿011 sang lœderalis, preeserttm quia hac victimaet san-
pour sceller la nouvelle alliance qu'il a faite, guine promeruit nobis redemptionem, gra-
sos L'EXODE
tractée avec vous sur toutes ces pa- nus vobiscum super cunctis sermonl-
roles. bus his.
Uebu 0. 20.
9. Et Moïse et Aaron, Nadsb et 9. Ascenderuntque Moyses et Aa-
Abiu et soixante-dix des vieillards ron, Nadab et Abiu, et septuaginta de
d'Israël montèrent Ï senioribus Israel :
40. Et ils virent le Dieu d'Israël, et 10. Et videruntDeum Israel; et sub
sous ses pieds était comme un ouvrage pedibus ejus quasi opus lapidis sapphi-
en pierre de saphir et comme le ciel rini, et quasi ccehim, cum serenum
lorsqu'il est serein. est.
11. Et il ne mit pas sa main sur 11. Nec super eos qui procul reces-
. ceux qui s'étaient retirés loin des en- serant de filiis Israel, misit manum
;
t am, hseroditatem et omnia bona quse in celle sous laquelle il le vit sur un trône éle-
hoc ioedero suo nobis promisit, ad Hebr. cap. vé, vi, 1, Ezechiel est le premier qui décrit
ix, f. 15 et seq. ; idque exprossit in institu- la forme de Jehovah qu'il avait vue dans
tione Eucharistie dicens : « Hie est sanguis une vision « comme la ressemblance d'un
« novi testamenti». Undecontra sacramenta- homme », i,26. Comp, encore Daniel vu, 9
nos validum pro voritate corporis Ghristi et 13. — Et subpedüms ejus erat quasi
intorqueas argumentum. Si enim vero san- opus lapidis sapphirini, ou mieux d'après
guine vetus sancitum est fcedus, isque intel- l'hébreu : « comme un ouvrage d'une blan-
ligitur cum dicitur hie f. 8 : « Hie est san- cheur» ou «d'une transparence de saphir ».
«guis foederis quod pepegit vobiscum Deus », Le mot лллЬ, que la Vulgate ren 1 par *t la
utique et vero sanguine sancitum est fœdus pidis », de'rmS, brique, est rappDrté par
novum, isque intelligitur cum dicitur : « Hie
« est sanguis novi testamenti » ; hic enim vo- Keil, Lange et autres a r m b , blancheur,
tus novi et veri erat typus, ad quern certum clarté, transparence, ce qui donne un sens
est Christum in verbis jam diet is respexisse». pré:érable. « Est sapphirus pellucidus, dit
9.—Ascenderuntqxte Moyses et Aaron... Rosenmüller, coloris caerulei, qualis est fa-
Tls ne montèrent cependant pas jusqu'au som- ciès coeli sereni, de quo hoc loco sermo est ».
mot de la montagne, mais seulement jusqu'à 11 y a aussi, comme l'observe le même au-
une certaine hauteur, qui ne saurait être teur, « genus sapphiri candidum, a colore
déterminée. Par l'espèce de consécration caeruleo ad album vergens ». « Signabatur
qu'il a reçue du sang de l'alliance, Israël est hoc symbole splendidissima et prestantissi-
devenu capable de monter sur la-montagne, ma Dei majestas, quse omnem cœli et gem-
d'y voir son Dieu et do célébrer le festin de marum (ulgorem et splendorem longe cran-
l'alliance, non, il est vrai, dans la totalité descendit et pedibus premit ». Corn, a Lap.
ses membres, cequinaturellemeut n'était pas 11. — Nec super eos qui procul recesse-
exécutable, mais dans ses représentants, les rant de fiais Israel, id est, « super seniores
soixante-dix anciens et Aaron avec ses deux qui a plebe recesserant et cum Mose ascen-
fils aînés. Cos derniers sont appelés spéciale- derantin montem », misit Deus manum
ment à cette solennité en considération de suam, « id est, Deus non percussit, non lae-
leur friture vo:atiou au sacerdoce, en vertu sit principes Israel qui illum viderant ; bibe-
duquel ils devront occuper une position in- runt enim et comodorunt p3stea quasi lseti
termédiaire entre Dieu et le peuple, qui est et exultantes hac angusta et delegabili v i -
déjà préparée ici. De tous les anciens, il en sione Dei ». Corn, a Lap, Mais la première
est choisi soixante-dix à cause de l'importance partie de cette phrase doit se traduire d'a-
historique et symbolique de ce nombre. Cfr. près l'hébreu : « et sur les nobles dosfilsd'Is-
Gen. x i i V i , 27. raël », sur les principaux d'entre les Israé-
10. — EL viderunl Deum Israel, « non lites qui étaient allés avec Moïse sur la mon-
poressentiam,dit Cornelius a Lapide, sed tagne, « il ne jeta pas sa main », — Vïcfc-
per uinbram, id est, in specie aliqua sensibi- runtque Deum, eleomederunt ac biberunt :
li quam Dei voluntas elegit et hum na Ira- après avoir vu Dieu, ils firent le festin du
gil i tas ierre potuit ». La forme sous laquelle sacrifice offert pour la conclusion de l'allian-
Dieu se montra est passée sous silence, afin ce, non sur la montagne, mais après en
de ne pas donner occasion au peuple de le être descendus, près de l'autel sur lequel
représenter sous cette l'orme et de tomber avait eu lieu ce sacrifice. Cette conclusion du
dans l'idolâtrie. Isaïe n'indique pas non plus traité était рэиг le pauple de Dieu i'annon-
CHAPITRE XXIV 203
suam, videruntque Deum, et comede- fants d'Israël ; et ils virent le Sei-
runt ac biberunt. gneur, et ils mangèrent et ils burent.
12. Dixit autem Dominus ad Moy- 12. Et le Seigneur dit à Moïse:
sen : Ascende ad me in montem et Monte vers moi sur la montagne et y
esto ibi: daboquetibi tabulas lapideas, demeures, et je te donnerai des tables
et legem ac mandata quae scripsi, ut de pierre et la loi et les commande-
•doceas eos. ments que j'ai écrits, afin que tu les
leur enseignes.
13. Surrexerunt Moyses et Josue 13. Moïse et Josué son ministre se
minister ejus : asccndensque Moyses levèrent. Et Moïse montant sur la
in montem Dei, montagne de Dieu,
14. Senioribus ait : Expectate hie 14. Dit aux vieillards : Attendez ici
donee revertamur ad vos. Habetis Aa- jusqu'à ce que nous retournions vers
ron et Hur vobiscum : si quid natum vous. Vous avez avec vous Aaron et
fuerit qusostionis, referetis ad eos. Hur; s'il surgit quelque discussion,
vous en référerez à eux.
18. Cumque asceridissct Moyses, 15. Et lorsque Moïse fut monte,
operuit nubes montem, une nuée couvrit la montagne.
16. Et habitavit gloria Domini su- 16. Et la gloire du Seigneur ha-
per Sinai, tegens ilium nube sex die- bita sur le Sinaï, le couvrant d'une
bus ; septimo autem die vocavit eum nuée pendant six jours. Mais le sep-
de medio caliginis. tième jour, il l'appela du milieu de
l'obscurité.
17. Erat autem species gloriae Do- 17. Or l'aspect de la gloire du Sei-
mini, quasi ignis ardens super verti- gneur était comme un feu brûlant
cem montis, in conspectu filiorum Is- sur le sommet de la montagne, en
rael. présence des enfants d'Israël.
18. Ingressusque Moyses medium 18. Et Moïse entra au milieu de la
nebulas, ascendit in montem; et fuit nuée et monta sur la montagne, et il
ce et le gage de l'heureux terme auquel il 13. — Et Josue minister ejus. Voy. plus
devait aboutir. Avec la vue de Dieu, Israël haut xvn, 9.
reçut, dans la personne de ses représentants, 14. — Expectate Aie,où ils se trouvaient,
un avant-goût de la vision beatifique réser- dans le camp. — Si quid natum fuerit
vée pour l'autre vie, et le festin qui suivit quœstionis ; littéralement d'après l'hébreu :
était une faible figure du festin^ des noces «qui dominus vorborum*, vel «negotio-
de l'agneau auquel, dans le ciel, Dieu fera rum », fuerit : celui qui aura quelque affaire,
asseoir ses élus, Apoc.xix, 7-9. quelque différend avec d'autres.
16. — Tegens illum nvJbe sex diebus.
§. 4. — Moïse remonte sur la montagne pour » Voluit Deus Der hos sex dies Mosen abstra-
y recevoir les tables de la loi et les or- hi et emundan ab omni terrena cogitatione
dres ultérieurs de Dieu, ff. 12—18. et cura, spsque et oratione^elevari ad su-
12. — Ce verset forme, avec le reste du pernorum contemplationom, itaquo ad Dei...
chaoitre, le passage à la révélation relative colloquium praeparari». Corn, a Lap. —
à l'érechon du sanctuaire, révélation qui Septimo autem die vocavit eum de medio
comprend les chapitras xxv-xxxi. Dabo- caliginis, hebr. « nubis ». il n'est pas dit si
que tibi tabulas lapideas et legem ac man- Josué suivit Moïse dans la nuée ; mais il est
data, dans l'hébreu : «mandatum», quœ plus probable qu'il resta à quelque distance.
scripsi. Les « tables de pierre et la loi»... 18. — Et fuit ibi quadraginta diebus et
sont pour : « les tables de pierre avec la quadraginta noctibus. Dans ce nombre sont
loi », ou renfermant la loi... Sous le double compris les six jours d'attente marqués plus
nom de « loi » et de « commandement » est haut, f. 16. Moïse passa tout ce temps sans
simplement désigné le décalogue, boire ni manger, Deut, re, 9, Le nombre <fe
L'EXODE
CHAPITRE XXV.
quarante est un nombre sacré, qui a quel- conséquent comme un sanctuaire dans le
que chose de mystérieux et de significatif, sanctuaire, xxv, 10-22. Elle est suivie de
vu qu'il se répète non seulement dans le celles des pains de proposition et du chan-
second séjour de Moï>e sur le Sinaï, ci-apr. delier, ff. 23-40 ; puis de celle du taberna-
xxxiv, 28 ; Deut. ix, 18, mais encore dans cle, avec indication de la place que devront
les quarante jours du voyage d'Elie vers la y occuper l o 3 - trois olyets précédents,
montagne d'Horeb, 111 Reg. xix, 8 ,• dans le xxvi ; enfin de celle de Tautel dos holocaus-
jeûne de J.-C. et da.is son séjour sur la terretes avec le parvis qui doit entourer le ta-
après sa résurrecti. n, et même dans les qua- bernacle, xxvn, 1-19. A cela se joint Tordre
rante années du séjour d'israël dans le désert.concernant la disposition du chandelier, ff.
La pluie du déluge avait aussi duré qua- 20 et '¿1, ordre qui forme la transition à
rante jours. l'institution du sacerdoce, de l'investiture
et de la consécration des prêtres, xxvm et
§.5. «—Prescriptions relatives au sanctuaire xxix. Enfin viennent les prescriptions rela-
et au sacerdoce, ch. xxv—xxxi. tives à l'autel des parfums, après lesquelles
il n'en reste plus que quelques unes d'une im-
CHAP. XXV. — Pour donner à l'alliance portance secondaire à ajouter comme complé-
contractée avec son peuple une forme exté- ment, xxx, li-xxxi, 17. «La description
rieure déterminée et en faire une société de tout le sanctuaire commence donc, selon
réelle, en vertu de laquelle il se montre le la remarque de Ranke, par l'arche d'al-
Dieu de ce peuple et ce peuple puisse s'ap- liance, par le lieu de manifestation de Jeho-
procher do lui comme de son Dieu, Jehovah vah, et Unit par l'autel des parfums, qui est
ordonne à Moïse de lui ériger un sanctuaire placé immédiatement devant. Autour du
où il établira sa demeure au milieu d'eux. siège de Jehovah est construit le tabernacle,
Il lui en trace lui-même le plan dans tous et autour de celui-ci le parvis. Les prêtres
ses détails et lui en montre un modèle, ainsi partent d'abord de l'autel des holocaustes,
que de tous les vases et autres ustensiles après avoir offert le sacrifice, pour se ren-
qui doivent servir au culte divin, avec l'in- dre dans le sanctuaire, et s'approchent de
dicatio i exacte de la matière et de la forme Jehovah. Ce qu'il y a de plus haut dans les
de chaque chose. Il descend à toutes ces par- fonctions quotidiennes du ministère sacerdo-
ticularités parce que toutes ont leur impor- tal est manifestement de se tenir ainsi de-
tance relativement à la fin o^u'il se propose. vant Jehovah à l'autel des parfums, sans
11 n'y a pas jusqu'à l'exécution qui ne soit être séparé que par un rideau du Saint des;
racontée en détail. — Le récit commence saints».
par l'invitation que Jehovah fait à son peu-
ple d'offrir des dons pour la construction du 1» Offrandes a demander au peuple pour le sanc-
tuaire, XXV, 1-0.
sanctuaire, xxv, 1-9. Ensuite vient la des-
cription de l'arche d'alliance, que Dieu des- 1-9. — Cf. xxxv, 1-9.
tine à être son trône dans le sanctuaire, par 2. — Ut tollant mihi primUias* Le mot
! xxv 205
milii primitias : ab omni homine qui qu'ils m'apportent les prémices. Vous
offeret ultroneus, accipietis eas. les recevrez de tout homme qui les
lnfr. 35. 5. offrira spontanément.
3. Heec sunt autem quœ accipere 3. Et voici ce que vous devez re-
debctis : aurum, et argcntum, et ees, cevoir : de l'or, de l'argent et de l'ai-
rain,
4. Hyacinthum et purpuram, coc- 4. De l'hyacinthe et de la pourpre.
que la Vulgate rend par «primitias» est seulement quant à la couleur, mais aussi
n n n n , (de an), présent qu'on prélève sur quant à la manière dont on les teint. La
ses biens pour l'offrir à Dieu. Cfr. Lev. n , pmrpre se teignait communément avec le
9.— Qui offeret ultroneus; littéralement sang d'un jnisson nommé murées, qu'on
d'après l'hébreu : «que son cœur y portera», trouvait principalement sur les côtes de la
savoir, à offrir à Dieu ce présent. mer de Tyr ; elle était d'un rouge foncé,
tirant sur la couleur du sa*ig caille. Mais le
3. — Aurum et argentum et ces. Parmi coccus ou coccineus était d'un rouge plus
ces métaux ne figure pas le 1er, dont l'usage gai, plus vif, plus brillant, tirant sur la
est .plus récent. couleur de feu : n'où vient que Josèphe,
4. — Iîyacinthum,rh^T). C'est la pourpre Philon, S. Jérôme, lorsqu'ils expliquent d'une
de couleur bleue foncée, se rapprochant plus manière allégorique les couleurs do.it il est
du noir que du bleu clair. — Et purpuram, parlé bi, comparent le coccus au feu. On le
^orw. C'est la pourpre proprement dite, teignait avec un ve: misseau nommé coccus,
ou simplement vermiculus, d'où vient le
d'une brillante couleur rouge foncée, « njgran- nom.de vermeil. Voici ce que dit Bellon de
tis rosso colore subluceus » ,dit Pline (N. H. îx,
ce vermisseau, 1. I Observât, c. 17 : Il y a
36), qui la décrit encore ainsi dans un autre dans l'ile de Crète beaucoup de coccus, dont
endroi UX, 38) : « Laus ei summa color san- il se fait un grand trafic dans cet endroit.
guinis' concreti nigricans aspectu, idem- On le trouve au mois Te .juin, sur une espèce
que suspecta refulgens, un "e et Homero pur- de p3t:t chêne qui porto un gland sans queue
pureut dicitur sanguis ».— Coceumque bis attaché à son tronc : ses feuilles sont épi-
tinclum. C'est ainsi que la Vulgate rend neuses, et chargées de certaines petites
l'expsression *jntf rwSin du texte. Mais on graines de la grosseur d'un patit pois et
oppose à cette traduction que » sola? purpu- pleines de petits vermisseaux rouges gros
reas vestes b!s tingebantur, nunquam eocci- comme une Iende; on détache ces gmine-;
neœ, praeterqiiaxn quod coceo aliquando pur- des feuilles, et les petits animaux dont elles
pura supn'aadebatur, quem colorem mixtum sont pleines en f-ortent par un trou qui s'y
hysginum vocabant, teste Plinio, Hist. nat. trouve du côté qu'elles étaient attachées à
ix, 41, san 25. Vide Braunium, De Vestitu la feuille ; on sépare ces petits animaux des
saeerd. p. 237 sqq. ; Bo?h. Hieroz. III, p. 527graines par le moyen d'un crible, et on les
sqq. ed. Lips. ; Winer, Bibl. Realwœrterb. met ensemble en les pressant légèrement, on
s. v. Carmesin». Oesen. Thes. p. 1452. L'ex- en fait des boules de la grosseur d'un œuf
pression hébraïque signifie à la lettre ver de poule. On trouve aussi de ces grains dans
de cranio sL « vermis cocci » ou « coccifer » ;la Palestine, comme le remarque le même
elle s'emploie pour marquer la couleur qui est auteur, 1. II, c. 88. Les Aralies nomment ce
vermisseau charmes (kermaz), d'où vient le
tirée de ce ver, et, par extension, l'étoffe qui en
est teinte. A sa place on trouve aussi iw nom de cramoisi ». Calmet. Ajoutons encore
uneobservation de Rosenmuller : « Cseterum
nySîn,à la lettre, cramoisi de ver, « coccus cavendum est ne hic color misjeatur cum eo
vermis » ou « vermium », id est, a vermi- uem nos scharlach » ( écarlate ) « vocamus.
bus petitus, qui se prend dans le même ic §
enim provenit ex coceniila, scarabseo
se.is, ainsi que 'jtf tout seul, coccus, de quodam nigricante, qui colligitur ex opuntia,
rua?, briller, éclater. On confond quelquefois genere ficus in Persia et India occidentali
la pourpre et le cramoisi. «-La robe dont frequenti. De hoc colore apud veteres nullum
J.-C. fut revêtu danssa passion est appelée extat vestigium, quum vel apud nos ex eo
«de couleur de cramoisi, coccínea», dans démuni tempore quo America détecta est color
S. Matthieu, xxvn, 28, et «de couleur de Ule innotuerit ». — Et byssum, fcrtf, fin lin,
«- pourpre » dans S. Marc, xv, 17, et dans S. de l'égyptien schensch, ou, selon d'autres,
Jean, xix. 2. Mais il est constant que le fine étoffe de coton, de Witti, être blanc. Kno-
coccus est fort différent de la pourpre, non bel, Cook, avec les rabbins soutiennent le pre-
206 L'EXODE
mier sentiment; D.Calmet ctKeil, Archaeol., et autres croient être le phoque ou vache*
§ 17, Anm. 5, allèguent d'assez fortes raisons marine, -qui se trouve dans la mer Rouge, et
en faveurdu second, de sorte qu'il est ditti-- dont on aune la peau pour faire des sandales.
ci le de décider quel est le vrai. Ctr. Champol- La peau supérieure et la peau inférieure de
lion-Figeac, Egypte ancienne, p. 192, et la note cet amphibio diffèrent en ce que celle-là est
sur Gen. XLI, 42. — Pilos caprarum. « Les plus épaisse et plus grossière, et que" celle-ci
anciens et les nouveaux écrivains nous par-, n'a que deux lignes d'épaisseur et est très co-
lent souvent du poil de chèvres qu'on trouve riace, de sorte que la même peau peut égale-
dans l'Asie Mineure, dans la Syrie, dans la ment s'employer pour d'épaisses couvertures
Cilicio et la Phrygie. Geilesdc Cilicio sont les de tente et pour de fines et élégantes sandales
plus célèbres; elles ont donné le nom a u « - (Ezech. xvi, 10). — Et ligna setim. Le bois
lïce, qui était une sorte de grosse étoffe dont de « setim », ruatti pour ntaaw, est le véri-
on faisait des tentos et des habits aux mate- table acacia, acacia vera, qui, en Egypte et
lots. Virgile, Georg, m, 311 : * dans la péninsule du Sinaï, devient un arbre
de la grosseur du noyer et encore plus fort.
Nec minus in te rea barbas incanaque menta C'est le seul de l'Arabie déserte dont on puisse
Cini phi i tondent hi rei setasquo cumantes faire des planches ; le bois en est tout en-
Usum in cas tram m et misens velamina nautis. semble très léger et très durable. « De sella
Varron, de Re rust,dit la même chose des tantum, dit S. Jérôme, inls. XLI, 19,hebraica
chèvres de Phrygie. Los nouveaux voyageurs odisseramus. Est autem genus arboris nas-
nous parlent aussi des chèvres d'Asie, dont centis in eremo, spime albse habens similitudi-
on tond le poil, qui sert à faire des camelots nom, unde omnia lignea arcao et tabernaculi
et d'autres étoffes très fines. Bellon, 1. II i'acta sunt instrumenta, quse appallantur set-
Observ. c. 121, dit que ces chèvres ont le poil tint ; quoJ lignum imputribile et levissimum
blanc, et Busbèquo parle en ces termes de omnium lignorum, tam in fortitudine quam
celles qu'il vit dans son voyage de Constan- in nitore, soliditatem superat et puîchritudi-
tinople à Amasée : «Leur poil, qui est très nem ». Le nom arabe de cet arbre est sanu
•«fin et très brillant,pend jusqu'à terre : il mot d'origine égyptienne. Si on ne trouve
« est d'une beauté qui ne le cède de guère à plus aujourd'hui dans la péninsule sinaitique
« la soie ; on ne le tond point, mais on l'ar- des acacias de la grandeur qui vient d'être
« rache avec des poignes. Les bergers ont soin marquée, la cause en est dans le commerce
«de laver souvent leurs chèvres dans les de charbon que t'ont les Bédouins, commerce
« fleuves. L'herbe dont elles se nourrissent qui empêche de plus en plus les arbres d'ar-
«est sèche et mince, et on croit que c'est ce river à leur pleine croissance, à leur complet
« qui contribue le plus à la délicatesse de leur développement.
« poil. Les femmes de ce pays-là filent ce poil
« et le portent à Angory, où on le met en 6. — Oleum adluminaria concinnanda;
«oeuvre et où Ton luj donne la teinture. Il d'après l'hébreu : « de t'huile pour le chan-
« s'en fait encore aujour'hui un grand trafic delier ». Voy. ci-après XXVII, 20. — Aromata
« à Angory et à Alep ». D. Calmet. in unguentum . . . ; dans l'hébreu : « des
5. — Pellesque ianthinas, id est, « viola- après xxx,pjur
aromates
22 et
l'huile de l'onction », ci-
seq. ; « et pour le parfum à
ceas ». C'est aussi le sens que donnent à l'hébreu brûler », littéralement ; » et in suffîmentum
D^nn rnv les Septante, Josèphe ( Ant. III, aromatum », ci-après xxx, 34 et seq.
6,1), Aquila et Symmaque. Mais tfnn est 7. — Lapides onychinos. La pierre pré-
cieuse appelée en hébreu orntf, que l'auteur
plutôt le nom d'un animal, que Kuobcl, Keil
CHAPITRE XXV 201
8. Facientque mihi sanetuarium, et 8. Et ils me feront un sanctuaire,
habitaho in medio eorum; et j'habiterai au milieu d'eux.
9. Juxta omnem similitudinem ta- 9. Vous ferez entièrement suivant
'bernaculi quod ostendam tibi, et om- la ressemblance du tabernacle que je
nium vasorum, in cultumejus; sicque te montrerai et de tous les vases pour
facietis iliud : son service; et vous le ferez ainsi :
Rebr. 9. 3 .
10. Arcam de lignis setim compin- 10. Faites une arche de bois de sé-
gite, cujus longitudo habeat duos et tim dont la longueur ait deux coudées
semis cubitos; iatitudo, cubitum et et demie, la largeur une coudée et
dimidiuin; altitudo, cubitum similiter demie, la hauteur pareillement une
ac semissem. coudée et demie.
11. Et deaurabis earn auro mun- 11. Et tu la doreras avec un or
dissimo intus et foris; facicsque su- 1res pur au dedans el au dehors; et
pra coronam aurcam per circuilum; lu feras au-dessus une couronne
d'or tout autour.
de la Vulgate, avec plusieurs autres inter- a lans operta magnificat rcligionis » (Àpul.
prètes, croit être l'onyx, est vraisembla- Metam. I. xi). Plularque, De Is. et Osir.,
blement, dlaprèsOnkelos, Jonathan, le Syria- parle aussi d'un coffre qui en renfermait un
que et l'Arabe, suivis par Keîl, le béryl (voy. autre d'or rempli d'eau à boire. Mais le coffre
,Gen. ii, M). — Et gemmas ad omandum... ; que Dieu ordonne que l'on fasse ici n'était
littéralement d'après l'hébreu : « et des pier- pa'nt pour y mettre des secrets honteux de
res d'enchâssement », à enchâssqr, « pour l'é- ces mystères ridicules, que Ton cachait avoe
phod .'..»• Les pierres de béryl étaient pour tant de soin parmi les païens : c'était pour y
l'éphod, ci-après xx\ m, 9, et les autres pierres conserver comme en dépôt les titres et les
précieuses pour le pectoral ( yon ), ibid. 16 monuments de son alliance avec Israël, o'esr
et seq. Ces pierres précieuses furent offertes à dire, les tables de la Loi qui en contenaient
par les princes du peuple, ci-après xxxv,27. les artic'es: d'où vient que ce coffre est
nommé VArche de VAlliance ou du Testa-
8. — Facientque mihi sanetuarium. . . ment, et que l'on dit au f. 1G que l'on y
•Comme roi d'Israël,Jehovah viendra habiter mettra le Témoignage, c'est à dire, les ac-
au milieu de son peuple, et le sanctuaire qu'il tes authentiques du traité ». D. Calmet.
ordonne de lui construire sera son patais, Pour cotte raison, il est aussi appelé VAr-
palais ou temple portatif et ambulant, comme che du Témoignage ou simplement le Té-
on en trouve des exemples chez différents moignage: dans quelques endroits, il est
peuples de l'antiquité, entre autres chez les désigné sous le nom d'Arche du Seigneur ou
Egyptiens. Voy. D. Calmet. de Dieu et d Arche sainte. C'était le point
9. — Juxia omnem similitudiwvi . .. central du sanctuaire. Il faut cependant re-
sicque facietis iliud ; littéralement d'après marquer que lo mot ГПУ, traduit dans la
l'hébreu : « Selon tout ce que je te montre,
le modèle du tabernacle et le modèle de tous Vulgate par teslificatio ou testtmonium,
ses ustensiles, ainsi ferez-vous ». Ce modèle est pris simplement par plusieurs, comme
que Dieu fera voir à Moïse consiste dans une Fürst, Dillmann, dans le sens de loi ; néan-
représentation exacte du tabernacle et de ses moins Keil, Lange et autres lui conservent
ustensiles tels qu'il les veut ; il a pour but decelui de témoignage.
faciliter l'intelligence de la description qu'il 11. — Et deaurabis eam auro mundissi-
lui en donnera et de prévenir tout danger mo; à la lotte d'après l'hébreu: « Et tu la
d'erreur et de malentendu qui pourrait en couvriras d'or pur », c'est à dire, de lames
vicier l'exécution. d'or pur. « C'est ainsi, dit D. Calmet, qu'il
2« I/arche d'alliance, ff, 1 0 — 3 3 .
faut entendre Moïse partout où il parle de
dorer ; car de son temps on n'avait point
10. — Arcam de lignis setim compingite. encore l'usage de dorer de la manière mie
« Dans la pompe ou la procession en l'honneur l'on fait aujourd'hui, avec des feuilles a'or
deladéesse Isis,ily avait un prêtre qui portait extrêmement minces ou avec de l'or liqui-
une cassette pleine de ce qu'il y avait de plus de ». — Cette remarque du savant bénédic-
secretdans ce cuite superstitieux : « Ferebatur tin n'est pas tout a mit exacte, puisque les
- ab alio cista seoretorum capax penitus ce- découvertes égyptologlques nous montrent
208 L'EXODE
12. Et quatre anneaux d'or que tu 12. Et quatuor círculos áureos, quos
poseras aux quatre angles de l'arche ; pones per quatuor árese ángulos : duo
qu'il y ait deux anneaux d'un côté et circuii sint in latere uno, et duo in
deux de l'autre. altero.
13. Tu feras aussi des perches de 13. Facies quoque vectes de lignis
bois de sétim et tu les couvriras d'or, setim, et operies eos auro;
14. Et tu les introduiras dans les 14. Inducesque per circuios qui sunt
anneaux qui sont aux côtés de l'arche, in arcas lateribus, ut portetur in eis :
afin qu'elle soit portée par elles :
i $ . Elles seront toujours dans les 15. Qui semper erunt in circulis,
anneaux, et jamais on ne les en enlè- nec uoquarn extrahentur ab eis.
vera.
16. Et tu mettras dans l'arche le 16. Ponesquein arca testificationem
témoignage que je te donnerai. quam dabo Ubi.
17. Et tu feras un propitiatoire 17. Facies et propitiatorium de auro
d'un or très pur ; il aura deux cou- mundissimo ; dúos cubitos et dimidium
dées et demie de long et une coudée tenebit longitudo ejus, et cubitum ac
et demie de large. semissem iatitudo.
18. Tu feras aussi deux chérubins 18. Duos quoque cherubim áureos
s'vos, mais creuses. Ils seront placés « ex te à lui comme le Dieu jaloux, qui pu lit le
utraque parte oraculi », seu « propitiatorii ». péché et fait grâce (xx, 5 et suiv.; xxxiv,
19. — Cherub unus... in altéra ; d'après 6 et suiv.), et en particulier, par la vertu du
l'hébreu : « Et l'ais un chérubin à l'extrémi- sang du sacrifl o pmir le pé -hé dont le prtv-
té » du propitiatoire « d'un côté, et un ché- pitiatoiro est aspergé au grand jour de PËX-
î _ i.! I_ 1_ .71. 1 . •
rubin à l'extrémité » du propitiatoire « do piation, lui accorde le pardon de toutes ses
l'autre côté; du propitiatoire », d'une même transgressions, Lev. xvi, 14 et scq. Par là
)ièce, formant un tout avec lui,« vous ferez l'escabeau des pieds de Dieu devient un trône
Î es chérub'ns à ses deux extrémités ». de grâce iHebr. îv, 16; cfr. ix, 5), qui tire
son nom de ni33, ftacrTifciov, de ce que c'est
20. — FA operientes oraculum, seu
« propitiatorium ». — Ver sis millibus in sur lui qu'est exercé l'acte de propitiation le
propitiatorium, c'est à dire quo leurs visa- plus haut ot le plus parfait de l'ancienne al-
ges r loi vent être inclinés vers le propitiatoire liance. Là Jehovah, qui s'unit à son paup'e
de manière à le regarder. Ce qui suit dans par une éternelle alliance do grâce ot de
Ja Vulgate : « quo operienda est arca », r é - miséricorde, siège sur les ailes des doux ché-
pond au commencement du verset suivant rubins qui se tiennent aux deux côtés de son
dans l'hébreu : « Et tu mettras le propitia- trône, de sorte qu'il est représenté d'apr.s
toire sur l'arche par en haut », qui sans cela cela comme asss sur los chérubins I Sam.
manquerait dans cette version. (Vulg. I Reg.) îv, 4; II Sam. (Vulg. II Reg.)
r
22. — In 'eprœcipiam et loquar ad te... ; VJ, 2; Ps. LXXX (Vulg. LXXIX), 2,ot aill. Mais
dans le texte : « Et ibi conveniam te et lo- les chérubins ne sont pas des composés do
quar tecum...» C'est le lieu où Jehovah se formes d'animaux, homme, lion, bœuf et ai-
rendra aup/ès de Moise,se rencontrera avec gle, comme on l'a souvent conclu d'Ëzéchiel
lui, pour lui parler ct lui donner ses ordres. i et x, puisque même les chérubins d'Ezéchiel,
« Par cette déclaration, dit Keil,et son accom- de formes très compliquées, avec quatre vi-
plissement (ci-après XL, 35; Lev. I, 1 : Num. sages, « d'un homme, d'un lion, d'un boeuf
i, 1 ; xvn, 19), l'arche d'alliance avec le pro- « et d'un aigle », avaient cependant, d'après
pitiatoire devient le trône de Dieu au milieu le ch. i, 5, la forme humaine, maie doivent
de son peuple choisi, l'escabeau des p'eds du être considérés comme des figures semblab'es
Dieu d'Israël, I Parai, xxvni, 2 ; cfr. Ps. à l'homme, qui so tenaient, non à genou*,
cxxxn (Vulg. cxxxi), 7 ; xcix (Vulg. xcvm), mais, d'après l'analogie de n Chron. (Vulg.
5; Lament. n, i. L'arche avec los tables de Parai.) m, 13, debout, de sorte que, comme
l'AlIianci forme le fondement de ce trône, la réunion de quatre visages dans un chéru-
surmarquer quo le royaume établi par l'ai- bin est particulière à Ezéchiel, et que les
Î iance avec Israël est fondé sur le droit et la chérubins de l'arche d'alliance, comme ceux
du temple de Salomon, n'en ont qu'un, non
justice, Ps. LXXXIX (Vulg. LXXXVIII), 15; XCVII
(Vulg. xevi;, 2. La plaque d'or étendue sur seulement en général le type huma.n était
l'arche forme l'escafisau du trône de celui leur forme fondamentale, mais, à part les
qui fait habiter son nom, c'est à dire, la réelle ailes, cette forme était celle de tout leur
résence de son être, dans un nuage entre les corps (Cr. Archaeol. § 19, Anm. 4). C'est
S eux chérubins, au-dessus de leurs ailes éten-
dues, et qui de là non seulement notifie à
aussi la seule qui reponde à l'idée des chéru-
bins comme êtres spirituels supra-terrestres,
son peuple sa volonté dans des commande- qui dans le royaume céleste entourent le
ments et des ordres, mais encore se maniies- trône de la divine présence esquissé sur l'ar-
S*« BIBLE. — EXODE. — 14.
L'EXODE
che d'alliance, comme témoins de la magni- gète II ou Physcon, vers l'an 147 avant J.-C.
ficence du royaume de Dieu, et qui représen- Une sorte de niche rectangulaire est profon-
tent au plus haut degré, parmi les créatures, dément taillée dans la pieire et lbrme la
la plénitude de la vie à laquolle Dieu veut chapelle. — A l'extérieur sont gravées des
conduire les hommes dans son royaume. Gft\ images de dieux et de déesses. Ainsi, sur ce-
Bibl. Archœol. p. 97 et suiv. de la 2° éd. ». lui d*Amasis, le fronton nous offre Les déesses
— Dans les proscriptions relatives à l'arche Isis et Nephthys avec les légendes du roi. A
d'alliance et aux chérubins, « il y a, dit droite de la porte sont Horus vengeur et
M. Vigouroux, quelques traits qui rappellent Anubis, les génies Tioumantef et Amset, Api
I Egypte, qu'Israël venait de quitter; mais ou le Dieu du Nil et la déesse Nekheb. A
ils sont en petit nombre. — Le temple égyp- gauche on voit le dieu Tahout... — Tel était"
tien se composait d'un pylône, d'une cour rec- le naos des temples d'Egypte. Si Ton compare
tangulaire, d'une salle plus largo que longue, ces données avec ce que nous apprend l'E-
sorte de pronaos, et enfin du sanctuaire ou xode sur l'arche d'alliance, il est impossible
ceUa. Dans le sanctuaire, il n'y avait pas de de ne pas y remarquer quelques ressemblan-
statues du diou, comme il en exista dans les ces, mais plus encore de différences. Le naos
temples grecs; mais il y avait un objet sacré, était quelquo'ois en bois, comme l'arche.
la bari ou barque sainte, et une petite cha- L'un et l'autre étaient faits pour recevoir
pelle à laquelle on donne le nom de naos. des objets sacrés: mais l'arche no rappelle
— Les barques sacrées étaient faites généra- eu aucune façon la bari ou barque sacrée.
lement en bois précieux, quelquefois même Dieu a complètement repoussé ce symbole,
en argent et en or. Elles avaient la l'orme qui avait une liaison si étroite, ainsi qu'il a
ordinaire des barques qui voguaient sur le été dit plus haut, avec les fausses idées de
Nil. On lit dans la salle hypostylo do Karnak TEîgypte sur la nature de Dieu ot sur la na-
la description suivante d'une barque dédiée ture de l'autre vie (voir La Bible, etc., t. II,
par Séti f" à Ammon-Râ : « Elle était garnie p. 543 et 555). L'arche elle-même n'a qu'une
« d'or étranger, éclatante de pierres pré- ressemblance tort vague pour la forme avec
u cieuses, ornée de lapis. Une image de Râ lo naos : le naos est un véritable petit tem-
« était placée à l'ayant. Elle illuminait le )Ie dans lequel est placé l'emblème divin:
« fleuve par sa sp'endeur comme un lever
« de soleil... » D'autres barques sacrées sont
Î 'arche est un simple coffre, dans lequel il
n'y a aucune image ni aucun symbole, mais
représentées à Karnak; lune d'elles n'a pas seulement les tables de la loi; le trône de
moins de quarante pieds de long. Au centre D.ou est au-dessus do l'arche, sur le propi-
s'élevait un naos, quelquefois placé entre tiatoire ou le couvercle. L'analogie la plus
deux images divines qui se regardaient lace importante que nous rencontrions entre le
à face et ombrageaient le naos de leurs ailes naos et l'arche, c'est la présence de déesses
tendues en avant. A la proue et à la poupe ailées d'une part, et de chérubins de l'autre.
étaient représentés des emblèmes divins ri- — Dieu fit en faveur de son arche et c'es
chement travaillés. Aux jours do féte on por- chérubins une exception à la défense qu'il
tait solennellement en procession les barques avait portée de représenter les créatures.
sacrées... — Au fond du sanctuaire s'élevait Pour que son peuple soit bien pénétré de la
le naos par excolJonce. Celui-ci est de granit vénération qui lui est due, il veut qu'il sa-
ou de basalte ot dJ proport ons colossales. Si che que les chérubins sont toujours en ado-
l'on étudie le plan du temple qui le contient, ration devant lui. La posture donnée aux
on voit que ce temple a été bâti pour lui et chérubins ressemble à celle des êtres ailés
qu'il en est comme une sorte de résumé. — que l'on voit sur quelques naos des dieux
Nous connaissons le naos par les exemplaires égyptiens, comme nous l'avons dit; il est
qui en ont été conservés. Le musée du Lou- probable même que leurs ailes étaient dispo-
vre en possède deux, qui sont en granit rose sées dâ la même manière... Cependant la res-
et monolithes. Ils sont do dimensions presque
m m
semblance est purement extérieure. Les ché-
opales : l'un a 2 36 de hauteur sur O 96 de
M
rubins sont complètement différents des gé-
largeur ot 1 15 deprofondeur; l'autre a 2"26
m
nies ou des divinités ailées qui figurent sur
de hauteur sur 0" 96 de largeur et i 15 de les baris de l'Egypte : ce ne sont point des
profondeur. Le premier est très bien gravé. dieux, mais des êtres d'un ordre supérieur
II avait été dédié par le roi Amasis vers l'an que le chapitre n r de la Genèse nous montre
5
580 avant J.-C, à la fin de la xxvr dynas- gardant la porte du paradis pour en fermer
tie. Le second, inférieur au précédent comme l'accès â l'homme prévaricateur. Le sens et
gravure, porte le nom de Ptolémee Ever- la portée, des deux représentations surtout,
CHAPITRE XXV 211
testimonü, cuneta quse mandabo per che du témoignage, tout ce que je
te íílüs Israel. commanderai par toi aux enfants d'Is-
raël.
23. Facies et mensam de Iignis se* 23. Tu feras aussi une table de
tim, hábentem dúos cubitos longitudi- bois de Sétim ayant deux coudées de
nis, et in latitudine cubitum, et in al- long, et une coudée de large, et une
titudine cubitum ac semissem. coudée et demie de haut.
24. Et inaurabis eam auro purissi- 24. Et tu la doreras avec un or
mo ; faciesque illi labium aureum per très pur, et tu lui feras un bord en or
circuitum, tout autour,
25. Et ipsi labio coronam interrasi- 25. Et sur le bord une couronne à
lem altam quatuor digitis ; et super jour haute de quatre doigts, et par-
illam, alteram coronam aureolam. dessus une autre petite couronne en
or.
26. Quatuor quoque circuios áureos 26. Tu prépareras aussi quatre an-
praeparabis, et pones eos in quatuor neaux d'or, et tu les mettras aux qua-
angulis ejusdem mensae per singulos tre angles de cette table, un à cha-
pedes. que pied.
?7. Subter coronam erunt circuii 21. Les anneaux d'or seront sous
aurei, ut mittantur vectes per eos, et la couronne, afin qu'on y introduise
possit mensa portan. des perches et que la table puisse' être
portée.
sont tout à fait divers. Les ailes étendues qui doit se traduire ainsj : « Et tu y feras »,
des chérubins, n'ombrageant aucun symbole a la table, et non « ipsi labio », comme Ta
visible, marquaient d'une manière frappante entendu l'auteur de la Vulgate, «une bor-
la nature invisible de Dieu. « L'arche hebraï- dure «, ou <s une clôture, d'une palme tout
« que, par là même qu'elle ne contenait au- autour, et tu feras une couronne d'or à sa
« cune image, pouvait être considérée comme bordure tout autour». Ainsi, d'après l'hé-
« une protestation permanente contre les breu, il doit y avoir, non pas deux couronnes
« idées que les Egyptiens attachaient à leurs l'une sur l'autre au bord de la tablo, mais
« arches ». (R. S. Poole, Ancient Egypt, d'abord une couronne d'or tout autour de
dans la Conlempor. Review, p. 757.) « La cette table, comrcw il est dit à la fin du ver-
Bible, Ibid. p. 560 et suiv. set précédent, puis une bordure qui l'entoure
3" Table des pains de proposition, ff. 23-30. également tout entière, et à cette bordure
23. — Facies, et mensam... Gfr. ci-apr. une autre couronne d'or. Il semble au pre-
xxxvii, 10-16. mier coup d'ueil que la bordure était sur la
24. — Faciesque illilabium aureum. Le table et qu'elle avait pour but de retenir les
mot du texte que la Vulgate rend ici par pains qui dorait y être placés, de les empê-
« labium » est T?, le même qui est traduit cher de tombsr, et c'est ainsi en effet que
plus haut, f. 11, par « coronam ». .Voy. la l'entendent beaucoup d'interprètes. Mais en
note sur ce verset. rapprochant ce qui est dit au verset 27, que
25. — Et ipsi labio coronam interrasi- les anneaux destinés à recevoir les barres
lem... « Ce terme inlerrasilis, dit D. Cal- qui serviront à porter la table et seront
met, signifie, selon quelques auteurs, un attachés à ses pieds devront être placés près
ouvrage embelli de distance en distance de de la lordure, on ne pourra guère s'empê-
quelques ornements en sculpture». Voici com- cher d'être de l'avis de Knobel, Keil, Reuss
ment l'explique un ancien vocabulaire dans et autres, qui entendent par cette bordure
Martini us : « Interrasile dicitur interpola- les aïs sur lesquels reposait la table, dont ils
te tum csßlatura et piano ; planum enim in- reliaient ensemble et tenaient fermes les
« ter caelaturas quasi rasum videtur ; vel, quatre pieds. Cette explication a encore pour
« secundum Papiam, interrasile est anagly- elle l'étymologie du mot hébreu rru:rn, bor-
« pha. Alexander voro dicit : dure, proprement clôture, fermeture, de
« Quod nunc sculptu ris, nunc planitie variatur, "UD, fermer, enclore. Quant aux deux cou-
* Hoc et non aliud opus ioterrasile dicas ». ronnes, l'une à la table et l'autre à.la bor-
Mais ce mot n'est pas dans le texte hébreu dure, elles étaient pour l'ornement.
212 L'EXODK
28. Tu feras aussi ces perches en 28. Ipsos quoque vectes facies de
bois de Sétim et tu les entoureras lignis setim, et circumdabis auro ad
d'or, pour porter la table. subvehendam mensam.
2Û. Tu prépareras aussi des plats 29. Parabis et acetabula, ac'phia-
et des fioles, des encensoirs, et des las, thuribula, et cyathos, iii'quibus
coupes en or très pur, dans lesquelles offerenda sunt libamina, ex auro pu-
les libations y seront offertes. rissimo.
30. Et tu mettras toujours sur la 30. Et pones super mensam panes
table les pains de proposition, en ma propositionis in conspectu meo sem-
présence. per.
31. Et tu feras un candélabre duc- 31. Facies et candelabrum ductile
tile en or très pur, sa tige et ses de auro mundissimo, hastile ejus, et
29. —11 doit être fait différents vases d'or la tonte du roi des Juifs, qui marchait au
pour cette table, sur laquel e ils sero.it pla- milieu de son peuple, et qu'on lui rendait
cés. Ce sont : acelabxUa, en hébreu rnyp, les mêmes services qu'on aurait rendus â la
que les Septante traduisent par ipufiMa, plats majesté du roi présont. Il y avait toujrirs
larges et profonds dans lesquels les pains de une table dressée dans son antichambre, et
proposition devaient être apportés sur la la nuit on y tenait toujours des lampos allu-
table et y rester placés.. Ces plats ne peu- mées. Les p êtres idolâtres de Babylono fai-
vent pas avoir été petits, puisque celui d'ar- saient dresser des tables chargées de toutes
gent qu'offrit le pnnee de tribu Nahasson, sortes de nourritures au dieu Bel.Ûiodore
Num. vu, 13, pesait 130 sicles. Phialas,ùBS parle de la table, des coupes et des encen-
coupes, ho mot que la Vulgate rend ainsi soirs du temple de Béius à Bahvlone, et
est nÈD, de «p, paume, creuœ de la main Lucien des tables du temple de la déesse de
y
Syrie». D'après cela on peut dire que les
et signifie des vases à mettre de l'encens. pains de proposition étaiont une offrande
« Cela paraît par le chap, vu des Nombres, que les Israélites aisaiout à Jehovah comme
où ces vaissaux sont toujours offerts pleins à leur roi, un hommage qu'ils lui rendaient en
d'encons. Dans les livres des Rois, ils sont cette qualité, offrande et hommage dont
joints aux encensoirs ; et on voit par le l'honneur seul était pour Jehovah, les avan-
Lévifiquo, xxiv, 7, qu'on mettait de l'encens tages pour eux-mêmes, puisque ces pains
par-dessus Ios pains de proposition : « Po- leur revenaient et se.varent â leur nourri-
« nés su per eos thus lucidissimum ». D. Cal- ture dans la personne dos prêtres qui les
met. Les Septante traduisent aussi ce mot par représentaient devant lui. C'était ainsi un
Bufoxij, c'est^ â dire, d'après VElymol. ma- symbole de leurs rapports avec lui, de l'es-
en,,ffxôfTir, T* BupiatTix beyopivr,. Ces vases pèce de communion qui existait entra eux,
étaiont petits, puisque d'après los Nombres, ot eu mémo temps une figure frappante de
vu, 14, ils ne pesaient que 10 sicles. Le mot la sainte Eucharistie. Dans ce mystère, en
hébreu traduit dans la Vulgate par thuri- effet, nous offrons d'abord à Dieu le pain et
bula est rrnDp, coupes à faire des libations, le vin comme un hommage ce notre dépea-
dance à son égard, et ces dons que nous lui
aïcovSeïa, comme l'ont déjà traduit les Sep-
avons présentes de.iennent ensuite pour
tante. Le mot iyïpM, rendu dans la Vul- nous une nourriture céleste, par laquelle
gate et les Septante par cyaOws, «vâeouî, nous sommes unis à Dieu de la manière la
marque des cruches da.is lesquelles on met- plus intime et devenons, pour ainsi dire,
tait .o vin sur la table des pains de propo- une même chose avoc lui.
sition.
30. — Et pones super mensam panes 4° Le chandelierd'or, ff. 31-49.
proposition^, littéralement d'après l'hébreu,
« des pains de la faco », ainsi appelés parce 31. — Faciès et candelabrum, ductile de
qu'ils étaient placés devant la face Je Jeh> auro mundissimo Cfr. ci-après xxxvn,
vah. La manière de les préparer et de les 17-&4. — Hostile ejus, vov ' Tpi, pro-
:
lacer est prescrite Lev. xxiv, 5 et seq. prement la région lombaire, lacu sse\ icila
£ es interprètes ne sont pas d'accord sur la base sur laquelle repose le chandelier. « Sca-
signification des pains de proposition. Je me pus, dit Iarchi, fuit pes inferior, qui factus
contenterai de rapporter l'explication de erat ad instar arcae, ac très pades egredie-
D. Caimet. « Nous avons déjà remarqué, dit- bantur ex illo (scapo) in partem inferiorem ».
il, que le tabernacle était considéré comme — Et calamos. Le mot hébreu est au sin-
CHAPITRE XXV 213
calamos, scyphos, et sphasrulas, ac branches, les calices et les petites
lilia, ex ipso procedencia. pommes et les lis qui en sortiront.
32. Sex calami egredientur de late- 32. Six branches sortiront des cô-
ribus, tres ex uno latere, et tres ex tés, trois d'un côté et trois de l'autre.
altero.
33. Tres scyphi quasi in nucis mo- 33. Il y aura trois coupes en forme
dum per calamos singulos, sphaerula- de noix et une petite pomme et un lis
que simul et lilium; et tres similiter à une branche, et pareillement trois
scyphi instar nucis in cálamo altero, coupes en forme de noix et une petite
sphferulaque simul et lilium; hoc erit pomme et un lis à une autre branche.
opus sex calamorüm, qui producendi Tel sera le travail des six branches
sunt de hastili; qui doivent sortir de la tige.
34. In ipso autem candelabro erunt 34. Dans le candélabre môme il
quatuor scyphi in nucis modum, sphae- y aura quatre coupes en forme de
rulseque per singulos, et lilia. noix, et autant de petites pommes et de
lis.
35. Spheerulse sub duobus calamis 35. Il y aura à trois endroits de la
per tria loca, qui simul sex fíunt, pro- tige de petites pommes au-dessous de
cedentes de hastili uno. deux des branches, qui en tout, sont
six, sortant d'une seule tige.
36. Et sphserulse igitur et calami 36. Les petites pommes donc et les
ex ipso erunt, universa ductilia de branches sortiront de la tige, et seront
auro purissimo. toutes ductiles en or très pur.
gulier : n3j3, <* sa tige ». « Is fait calamus 33. — Quasi in nucis modum ; d'après
ejus médius, dit larchi, qui egre'diebatur in l'hébreu : « en forme d'amande »;per cala-
inedio femore (soapo), erectus sursum ver- mos singulos, « â chacune des tiges » se-
sus ». — Scyphos, « ses calices », c'est à condaires ou branches sortant de la tige
dire, ses figures faites en forme de calices de principale, celledn milieu. Ancessi, Atlas
iltjurs. — Et sphœrulas, « et ses pommes », arah. IV.
ornements de forme sphérique, comme des 34. — In ipso autem candelabro, c'est à
pommes. — Ac lilia, en hébreu rpmsi, « et dire, à la tige principale ou du milieu.
35. — Sphcerulœ sub duibus calamis...
ses fleurs », ornement en forme de boutons La Vulgate abrège ici le texte, dont vo'ci la
de fburs qui s'épanouissent. — Ex ipso pro~ traduction littérale : « Et il y aura une
cedentia, « sortant de lui », du chandelier, pomme sous deux des tiges qui sorti a de
ne faisant Qu'une même pièce avec lui. Ainsi lui », du chandelier, de sa tige principale :
« leclundjiïer était composé d?un pied, d'une « et une pomme sous deux des tiges qui"
tige et de six branches, qui portaient chacune sortira de lui, et une pomme sous deux des
u:u lampe ». D. Calmet. En joignant la tige tiges qui sortira de lui : pour les six tiges
aux six branches proprement dites, on a donc sortant du chandelier » ; c'est à dire que sous
on tout sept branches et sept lampes. chacune de? trois paires de tiges secondaires
32. — Sex calami egredientur de late- ou de branches qui sortiront de distance en
ribus, « six tiges », ou « six branches sorti- distance de la tige principale, il y aura à
r ut de ses côtes », des côtés du chandelier, colle-ci uno pomme d'où elles se détar-lieront,
c'est â dire, des côtés de sa tige principale, au-dessus de laquelle elles prendront nais-
qui s'élèvera droite au milieu ; très ex uno sance. La quatrième pomme de cette tige
Ut 1ère et très ex altero. « trois d'un côté et sera au-dessus de la troisième paire de bran-
trois de l'autre », de manière qu'elles seront ches. Il s'entend qu'à chaque pomme seront
opposées entre elles, placées sur le même joints le calice et ta fleur.
pian fomme on éventai'. Les deux branchos
:
35. — Et sphœrulœ igitur et calami ex
qui s> arteront le plus de la tige en sorti- ipso erunt : « elles seront de la même masse
ront dans le bas, et toutes les branches s'é- que le chandelier; elles n'y seront point at-
lèveront à la môme hauteur. tachées ni soudées ». D. Calmet. D'après cette
description, on se représentera ainsi le chan-
214 L'E:
tre.
38. Que les mouchettes et les va- 38. Emunctoria quoque, et ubi qtiïc
ses pour éteindre ce qui aura été emuncta sunt extinguantur, fiant de
mouché soient d'un or très pur. auro purissimo.
39. Le candélabre avec tous ses 39. Omne pondus candelabri cum
vases aura en tout le poids d'un ta- universis vasis suis habebit talentum
lent d'or très pur. auri purissimi.
40. Regarde et fais suivant Texem- 40. Inspice, et facsecundum exem-
delier d'or. Sur la base s'élevait en ligne table de proposition, et l'autre celle du par-
droite une tige contra le, d'où sortaient de fum. Aizi:i les lampos éclairaient vis-à-vis les
chaque côté, au-dessus Tune de l'autre, trois deux tables ». C'est l'explication de D. Calmet.
paires de tiges latérales ou de branches, dont 38. — El ubi quœ emuncta sunt extin-
chacune formait avec la tige Cu milieu doux guantur, en hébreu ninrra, vases à mettre
quarts de cercle et était de même hauteur les cendres et le charbon des mèches enlevés
qu'elle. A cetto tige principale il y avait, avec les mouchettes.
comme ornement, quatre calices, chacun avec
une pomme et une fleur, de manière que, 39. — Omne pondus candélabri... habe-
à chacun des endroits où les trois paires de bit talentum. Le poids du talent était de
branches sortaient de la tige, il se trouvait 822000 grains. Avec cette masse d'or il y
une pomme et que la quatrième était au- avait de quoi faire un chandelier creux d'une
dessus. Chacune des six branches avait de grandeur considérable. Cette grandeur n'est
même trois calicos avec pommes et fleurs, indiquée nulle part dans l'Ecriture; mais
placés de distance en distance. Il y a appa- Baehr conjecture que, d'après la hauteur do
rence que la pomme était sous le calice, au- la table des pains de proposition, le chande-
dessus duquel s'épanouissait la fleur. lier avait environ une aune et demie de
37. — El pones eas super candelabrum, les haut et autant de lai ge au sommet entre
une sur chacune de ses sept branches. « Les l'autre. deux lampes les plus éloignées l'une de
Îamp3s n'étaient point adhérentes, ni du
même corps que le chandelier; on les met- 40. — Inspice, et foc... Ce verset se tra-
tait au haut des branches dans leurs bobè- duirait plus exactement d'après l'hébreu :
ches, et on les en ôtaît, quand la nécessité « Et vois, et fais d'après le modèle qui t'en
le demandait. Il serait difficile d'en marquer est montré sur la montagne ». Voy. plus
la figure. Les anciens en avaient d'une infi- haut f. 9, note. — La signification symboli-
nité de manières, et on en conserve dans les que du chandelier d'or a été exposée diver-
cabinets un très grand nombre et de dessins sement. Selo.i Lange, les sept lampes éclai-
fort différents. Les curieux pourront voir les' rent tout le sanctuaire, mais jattent particu-
estampes ou les bas-reliefs qui représentent lièrement leur lumière sur l'autel des par-
le chandelier d'or porté à Romo dans le triom- fums et la table des pains de proposition,
phe de Vespasien ». D. Calmet. — ut luceant pour marquer que la vie do prière et l'u don
ex adverso. Proprement d'après l'hébreu : avec Dieu a pour condition la lumière de la
« et elles éclaireront vis-à-vis de sa face », révélation. L'importance du nombre sept,
de la lace du chandelier, c'est à dire que comme nombre sacré, et de l'or pur, es*
chaque lampe projettera sa lumière vers la ré- mani este. Cornelius a Lapide donne une ex-
gion opposée à la partie antérieure du chande- plication analogue, mais beaucoup plus dé-
lier. 11 est aussi qucsLion dans les Nombres, vni, taillée, que je crois bon de rapporter. « / 1-
2,.3, d'un côte anterieurduchandelier.il legorice candelabrum est Chr.stus, vel poliu*
faut entendre par là le côté du nord, puisque Ecclesia, Apoc. cap. i, vers, ult., quœ lux est
le chandelier, dans le sanctuaire, était placé doctrixque veritatis. Primo et aptossimo.
du côté du mid.< et adossé à la paroi méridio- candelabrum est fides et tfoctr.'na Ëcclc-ix
nale du tabernacle, de s >rte que sa partie toti mundo praelucens eumque illumnairc.
antérieure regardait le nord. Les lampes Secundo, septem ejus Iucernas simt omnos
avaient sans doute, pour recevoir les mèches, doctores, qui tota nocte praesentis sseculi lu-
des h2cs tournés dans la même direction, cent vita et doctrina. Hsec omnia facta sunt
u Le chandelier était placé cl ans le Saint en ex talento auri, quod pon 'us plenum est v t
travers. L'une de ses branches regardait la parfectum, quia eorum doctriaa et vita pjr -
CHAPITRE XXVI 215
p'ar quod tibi in monte monstratum plaire qui t'a été montré sur la mon-
cst. tagne.
licbr. 8. S. AcL 7. M.
CHAPITRE XXVI.
IjO Tabernacle, avec l'indication do la place que les trois objets déjà décrits doivent y o:cu-
per, ft. 1—37.
fectaestin sapieatiaet charitate. Tertio, scy- Sur ]3izJn, que la Vulgate rend par « tàber-
phi significant sitim ad Deum et resdivinas, naculum », et qui signifie proprement habi-
sphterulae contemptum ter renom m (sp tirera tation, Rosenmuller fait l'observation sui-
enim sive globus terram tantum langit
in puncto), lilium -pulchritudinem virtiitum vante. « pttfn, habiiaculum, distînguit
et odorera bonœ vitse, quae tria doctores ha- Moyses ab SNX, intelligitque sub illo poitjs
beredebent... Haec omnia f'acta sunt ex auro,
quia virtutes jam dictae ex charitate manare et tabulas tahomaculî, sub hocopDrinuntum
debent. Rursum candelabrum ductile est, illud quod iis s.iperpo îitur, dtiodesim aul&a
non fusile, quia doctoresmultistentationibus ex pilis caprarum contexta; cfr. >. 7 ot \r,,
et persecutionibus lundi et poliri délient an- 10 >•. — ikscetn cortinat... « dix rideaux •»
tequam ad culmen virtutis pcrveoianf. ut ou « tapis do byssus rotors, MERO u?ÎZ7 ».
C33LCRISPRABLUCEANT.Quarlo,hoc candelabrum
illuminabat mensam, altare totumqiic Sanc- Sur tiJtï?, b3'ssus », voy. plus'hnut xxv, à.
tum nocUi, quia fuies et doclriua Ecclcsiœ Le « b.TSSU.5 retors » est le fil do byssus lait
débet îlluminare et dirigera oraliones, opcra de deux ou plusieurs fils retors, dont o;i tis-
misericordifeomniaquesanclaoperaiidcliiim sait le hjssus fin, travaU dans lequel les
in hacvila; nam in cœlo ea opus non eril, Egyptien* excellaient. — Variatas opère
ibi enim omnes erunt docibiles Dei cl Iheo- plumario, faciès. « Hobraice : Cherubim
didacLi Quinto, emunctoria suntdispulalio- opère (ou opus) cofjUantis faciès eas.
nés et explicaliones quibus erroresaiifcrun- « Cherubim », id est, figura ta 4 et multiplici
tur et sua verilatt lux redditnrt.. Ha ex S. filo ot imagine variatas ». Corn, a Lap. Le
Gregorio, Hom. 6 in Ezech., ctBeda, Ribera fil de byssus, d'une éclatante blancheur, avec
lib. II deTemplo, c. xnr ». les !• 1s dos diiïérentes sortes da pourpro in-
diquées, devait rurnur un lis»u dù divor&es
fi* Le tabernacle avec l'indication de la place que couleurs avec des figures en rolief, une ES-
les troi* objets déjà décrits doivent y occuper)
xxvi, 1-37. pèce d'étoffo damas*'éj.< S. Jérôme r^nd ici
par « opero pluniario » l'expression qu'il
CHAP. XXVI. — 4. — Tàbernaculum vero traduit ailleurs par « oporo polymitario »,
ita fades. Cfr. ci-après, xxxvi, 8-38. Lequi
ta- est son véritable sens. « RUTFN N S W O ,
bernacle sera fait de rideaux ou tapis soute* opus arlificis, quo hic spaciatim intelligitur
nus par une espèce de charpente en bois. La polymitarius, qui varietato liciorum inter-
description commence par les rideaux, qui currente in tela ipsa texturaque quascum-
en étaient la partie principale et parmi les que figuras exprimit aut fingit. Sicut alla 1
rideaux ceux de l'intérieur viennent en pre- artes, ita etiam haec innotu t procul dubio
mier lieu, comme étant ceux qui de la cons- Israelitis in /Egypto. Hac arte enim jfigyptios
truction faisaient une tente ou tabernacle. inclaruisseetinventoresejus habitos apparct
216 L'EXODE
qu'en largeur, un excédant de deux coudées, été transportables par les chemins du dé-
dont l'emploi est marqué dans ce verset et sert. Pour obtenir la largeur requise, deux
le suivant. ou trois ais, selon la grosseur des arbres, lu-
13. — Et cubitus ex una parte... ; à la rent sans douto joints ensemble. G'r. Keil.
lettre dans l'hébreu : « Et la coudée de deçà 17. — In lateribus tabulœ, dum incastra-
et la coudée de delà dans l'excédant en lon- turœ fient... Le sens de la Vulgate o^t
gueur des rideaux de la tente sera étendue ainsi expliqué par Cornélius a Lap'rte :
sur los.côtés du tabernacle deçà et delà pour « Singulae tabulée duabus sui partibus exca-
le couvrir H. La tenture entière, par suite vabuutur, ut vicina in cas per partem sui
de son prolongement d'un aune de chaque prominentem, quasi per manum, ut habant
côté, allait des trois côtés presque jusqu'à Î iebraca, subintrare possit itaque illi connec-
terre : il ne s'en manquait que de l'épais- ti ".Mais tel n'est pas celui du texte hébreu,
seur des planches. qui peut se traduire ainsi : « 11 y aura doux
14. — Faciès et operimentum aliud tenons à un ais, a. savoir, un do chaque côté
tecto, Sn«S, « à la tente », c'est à dire, à la du bout inférieur « reliés l'un à l'autie p:ir
tenture laito de poil de chèvre. des listels », et rendus ainsi plus fernvs et
16. — Quœ singulœ denos cubiios in
longitudine... L'épaisseur n'est pas indi-
g lus solides, plus propres à soutenir Tais a i
as duquel ils se trouveront. « fntelliguntur
quée ; mais quoiqu'il ne faille pas se repré- duo veli ti dente?, dit Rosanmrtller, divisi in
senter ces ais trop minces,comme Keil pdiiso, extrema parte ligni, qui duabus baseos tlu-
peut être encore à tort, que fait Josèphe, cis immittere îtur ».
Ant. III, 6, 3, qui ne loiu* donne que quatre 18. — In latere meridiano quod vergit
doigts d'épaisseur, nous avons encore moins ad austrum. A rnaa nxaS, « du côté d i
de fon .'émeut pour les croire, avec Raschi, midi », proprement, « du sec », est encore
Bœhr et autres, épais d'une coudée, et en
l'aire d'énormes poutres comme l'acacia ajouté : njDin, proprement, « du côté droit
n'aurait pu en îburnir, et qui n'auraient pas lorsqu'on est tourné vers l'orient, c'est à
CHAPITRE XXVI 210
19. Quibus quadraginta bases ar- 19. Tu fondras pour elles cinquante
génteas fundes, ut binse bases singu- bases d'argent, afin que ces bases
lis tabulis per duos ángulos subjician- soient placées deux à deux sous chaque
tur. planche aux deux angles.
2 0 . In latere quoque secundo taber- 2 0 . " Au second côté du tabernacle,
n á c u l o quod vergit ad aquilonem, vi- qui tourrje vers l'aquilon, il y aura
ginti tabuli© erunt, aussi vingt planches,
2 1 . Quadraginta habentes bases ar- 2 1 . Ayant quarante bases d'argent;
génteas; Linee bases singulis tabulis les bases seront placées deux à deux
supponentur. sous chaque planche.
22. Ad occidentalem vero plagam 22. Mais pour le côté occidental
tabernaculi facies sex tabulas ; du tabernacle, tu feras six plancher.
2 3 . Et rursum alias duas quae in 2 3 . Et de plus deux autres qui sero'. •
angulis erigantur post tergum taber- dressées aux angles sur le derrière d.i
naculi. tabernacle.
2 4 . Eruntque conjunctae a deorsum 2 4 . Elles seront jointes depuis h
usque sursum, et una omnes compago bas jusqu'au haut, et toutes retenue
retinebit. Duabus quoque tabulis quae par un même emboîtement. Et la m J -
dire, « du côté du midi », comme explication, traduction littérale : « Et ils seront doublu ;
preuve évidente, dit Keil, que na:, pour dé- depuis le bas, et ensemble ils seront en-
signer le midi, n'était pas encore passé en tiers », formant un tout, « à leur sommet -,
proprement : « à son sommet », à savoir, a i
usage, et que par conséquent ce n'est pas ici, sommet de chacun d'eux, ou au sommet d>i
comme le prétend Kaobel, un habitant de la tabernacle, » avec un seul anneau », sehrj
Palestine, mais du désert, qui écrit. Du res- Keil, ou, d'après Dillmanu, « pour le pro -
te, celte expression, comme plus bas, f. 22, mier anneau », c'est-à-dire qu'il y sera pln.é
celle do r r o \ proprement « vers la mer », le premier des anneaux à mettre de ohaqiu
pour dire « v e r 3 l'occident », pourrait pro- côté du tabernacle, dans Je sens de sa lo..
venir de la langue chananéenne et avoir gueur, d'ouest en est, le seul qui doivo >.i
conservé son emploi parmi les Israélites en trouver à chacun des ais formant les ro.iv,
Egypte. pour recevoir la barre qu'il y aura au mil eu
19. — Ut binœ lases singulis tabulis per (plus bas, y. 28); « a nsi sera-co pour les
duos angu'os, dans l hébreu : « pour ses deux, ils sero ït pour les deux coins », c'o^-
deux tenons », subjkianlur. Cela prouve à-diro,destinés à ibrmer les deux anglos du
que, comme nous l'avons dit sur le f. 17, les fond du tabernacle. Ces paroles, en parlio
tenons étaient au bas des plancher, et non le très obscures, ne peuvent signifier autre ch i-
long des côtés. La forme de ces basjs n'est se, selon Keil, sinon que les deux ais dos coins
marquée nulle part : il es* seulement re- du fond devront être composés chacui do
marqué ch. xxxvmi 27i dans le compte deux pièces jointes ensemble à angles droits
dos c!on3 offerts pour ces ouvrages, quo pour de manière à former un tout depuis lo bas
chacune des bases il fut employé un talent jusqu'au haut. Les déterminations : « depuis
d'arcent. le bas », et : « jusqu'à son sommet », sont
24.—Eruntque conjunctœ.., «Il somblo, parta^cos entre les deux attributs « doubles »
dit D. Caimet, que la première partie de ce et « entiers », mais appartiennent à tous les
verset regarde to is les ais des trois côtés » deux. Dans ces mots difficiles : n s n œ r r b a ,
(ou plutôt, comme i'entond Cornélius a La- n r u t n Keil ne croit guère passible d'expliquer
pide, les six du ibnd saulament), « qui doi-
vent être tous attachés fortement l'un à SK d'une manière satisfaisante' autrement
l'autre ; que le second membre du verset n'a qu'en le prenant dans le sens de quottd,
rapport qu'aux deux ais des coins de der- « relativement à », de cette manière: los ai*
rière le tabernaclo. Mais l'hébreu fait un des coins .brmeront un tout avec rapport à
autre sens». D'après 1 hébreu, en effet, il ceci, que chacun n'aura qu'un anneau, lequci
n'est question dans tout U verset que des sera disposé de manière à recevoir la bariv:
daux ais du verset précédent ; en voici la du milieu, qai s'étendra sur toute la longueu:-
220 1EXODE
me jointure sera observée pour les in angulis ponendse sunt, similis junc-
deux planches qui seront placées aux' ture servabitur.
angles.
25. Et il y aura en tout huit plan- 25. Et erunt simul tabulae octo,
ches avec leurs seize bases d'argent, bases earum argéntese sexdecim, dua-
en comptant deux bases pour chaque bus basibus per unam tabulam sup-
planche. putatis.
26. Tu feras aussi des barres de 26. Facies et vectes de lignis setim
bois de sétim, cinq pour maintenir les quinqué ad continendas tabulas in uno
planches sur un côté du tabernacle, latere tabernacoli,
21. Et autant pour Vautre côté, et le 27. Et quinqué alios in altero, et
même nombre pour le côté occidental. ejusdem numeri ad occidentalem pla-
gara;
28. Elles seront posées sur le mi- 28. Qui mittentur per medias ta-
lieu des planches d'un bout à l'autre. bulas a summo usque ad summum
29. Tu doreras aussi les planches 29. Ipsas quoque tabulas deaurabis,
et tu y poseras des anneaux d'or, par et fundes in eis annulos áureos, per
où passeront les barres de bois qui quos vectes tabulata contineant ; quos
tiendront les planches et que tu cou- operies laininis aureis.
vriras de lames d'or.
30. Et tu dresseras le tabernacle sui- 30. Et eriges tabernaculuni juxta
vant l'exemplaire qui t'a été montré exemplar quod tibi in monte monstra-
sur la montagne. tum est.
Supr. 25. 40.
31. Tu feras aussi un voile d'hia- 31. Facies et velum de hyacintho,
cinthe, de pourpre et d'écariate deux et purpura, coccoque bis tincto, et
fois teinte, de byssus retors, orné d'un bysso retorta, opere plumario et pul-
travail de broderie et d'une belle chra varietate contextual ;
variété.
dos parois du tabernacle. Cependant l'expli- roi il n'y avait que trois rangs de barres,
cation de Oillmann donnée plus haut, qui re- dont celui du haut et celui du bas étaient ,
viont à peu près au même sens, me paraît formés de deux pièces,
pré érable. D'autres croient qu'il s'agit d'un 30,— Et ériges tabernacultim juxta
anneau au moyen duquel les deux ais se- exemplar, dans l'hébreu : « jjxta normam
raient pints; mais il eit difficile de trouver ejus », quod tibi... L'érection même et la
ce sens dans le texte. manière de placer le tabernacle n'est pas
26. — Fades et vectes... Ces barres ont abandonnée â 1 arbitraire, mais doit avoir
pour but de consolider les ais, afin de I03 lieu conformément à son but et à sa s'gnifl-
empêcher de se disjxndie et de s'écarter cation. Gomma on le voit par la description
l'un de l'autre. On voit par le verset 29 qui précède, le tabernacle formait un rec-
qu'elles devaient être passées dans dos an- tan£l3 de 30 cou lées de long, 10 coudées de
neaux d'or attachés aux ais large et 10 coudées de haut. Cette longueur
résulta des 20 ais larges d'une coudée et
28. — Qui mitlentur per médias tabu- demie, ot nous obtenons la largeur si aux
las...; d'après l'hébreu: « Et la barre du neuf coudées que donnent les six ais du fond
milieu sera au milieu des ais, traversa.it du nous joignons la demi-coudée de largeur in-
bout au bout », d'un bout jusqu'à l'autre. De térieure de chaque ais des coins. Le taber-
cette observation particulière touchant la nacle était dressé d'après les points cardi-
barre du milieu, il faut conclure avec ' Ra- naux en sorte que le fond était tourné vers
schi et autres que les quatre autres barres l'occident et que l'entrée était à l'orient.
de chaque côté ne doivent pas s'étendre à toute 31. — Faciès et vélum, rois, proprement
la longueur dos parois, d'où l'on peut conj ÎC- 1
turer qu'elles étaient de moitié moins longues «uiu séparat.on », ou 7[TO r o ^ , ci-apr.
que celle du milieu, de sorte qu'à chaque pa- xxxv, 12 ; xxxix, 34 ; XL, 21, « une sépara-
CHAPITRE XXVI 22i
32. Quod appendes ante quatuor co- 32. Tu le suspendras devant qua-
lumnas de lignis setim, quae ipsse qui- tre colonnes de bois desétim, qui se-
dem deauratee erunt, et habebunt ca- ront elles-mêmes dorées et qui auront
pita aurea, sed bases argénteas. des chapitaux d'or et des bases d'ar-
gent.
33. Inseretur autem velum per cir- 33. C'est par des anneaux que sera
cuios, intra quod pones arcani testi- suspendu le voile, derrière lequel tu
monii, quo et Sanctuarium, et Sanc- mettras l'arche du témoignage, et par
tuarii sanctuaria dividcntur. lequel le sanctuaire et le Saint des
saints seront divisés.
34. Pones et propitiatorium super 34. Et tu mettras le propitiatoire
arcam testimonii in Sancto sancto- sur l'arche du témoignage dans le
rum: Saint des saints,
35. Mensamque extra velum ; et 35. Et la table hors du voile, et* vis-
contra mensam candelabrum in latere à-vis le chandelier, du côté méridio-
tabernaculi meridiano; mensa enim nal du tabernacle; car la table sera du
stabit in parte aquilonis. côté de l'aquilon.
36. Facies et tentorium in introitu 36. Et lu feras à l'entrée du taber-
tabernaculi de hyacintho, et purpura, nacle une tenture d'hyacinthe et de
coccoque bis tincto, et bysso retorta, pourpre et d'écarlatc deux fois teinte
opere plumarii. et de byssus retors avec un travail de
broderie.
tion de couverture », c'est à dire, couvrant, delier déjà décrits au chap. xxv.
voilant. Pour partager le tabernacle en deux 36. — Fades et lento rium, TjDO, pro-
parties, il doit être fait un rideau des mêmes prement « operimentum », un voile, une
étoffes que le tapis intérieur des parois (f. 1). tenture, pour fermer l'entrée du taberna ï'e.
32.— Et habebunt capta aurea. L'hébreu Ce voile, quoique fait des mêmes étoffes,
piVl, que la Vulgate rend par « capita », si- était cependant moins précieux que le voile
nifle les « crochets », par lesquels le rideau intérieur appelé ro^D, qui séparait los doux
f tait suspen !u aux colonnes. Telle est du
moins la significat on que lui donnent Ro-
parties du tabernacle, et présentait encore
quelques autres difT renées dans la manièro
senmüller, Keil, Lange, etc. ; Knobel le tra- dont il était suspen lu. « IUud enim, dit Rosen-
duit par «.clous ». müller, interius quatuor columnis suspen-
33. — Inseretur autem vélum per cir- sum erat, extorius quinque ; porro couim-
cuios. L'hébreu dit plus clairement : « Et tu nae -cou r o i s bases argenteas- liabebant, co-
mettras le voile sous les agrafes », à savoir, lumnae t o u rpo vero seneaj ; tum velo in-
sous celles qui, d'après le verset 6, doivent
joindre les deux parties du tapis intérieur. teriori cherubi intexti erant, oxtoriori non
Ce rideau devait ainsi partager le tabernacle item ; denique vélum interius erat rrttfyç
même dans sa longueur en deux parties, l'une mtfn opus polymitarii, extenus • ero ntf№
de 10, l'autre de 20 coulées. — Quo velo et
Sanctuarium... Ces deux parties du taber- • p i , opus versicolori ornatu pannos
nacle sont appelées en hébreu « le Saint » contexentis. Nomine capi pluros acupìo*
et « le Saint des Saints », c'est à dire, le lieu torem {den Sticker », le brodeur), « signifl-
saint-et le l.eu très saint. Ce dernier, qui se cari existimant.Sed quum a p " \ Ps. cxxxix»
trouvait dans le fond du tabernacle, devait
ce nom â l'arche d'alliance qu'il renfermait, (Vulg. cxxxvm), « 15, de artificiosa corpo-
et où Dieu restait comme sur le trône de sa ris Immani lòrmationo dìcatur, quod nervis,
grâce. ossibus fìlisquo et juncturis sibi invicem in-
34.— Pones et propitialorium... Sur le teitextis constat, verbum illud potius e ver-
propitiatoire voyez plus haut xxv, 17. sicoloribus liciis contexerc significare vide-
35. — Mensamque extra vélum, et con- tur. Recte Hebraei observant atfrt ntt?_Va,
tra menwm candelabrum... Il s'agit de la opus fuisse magia artificiosum, quod figuras
tablé des pains de proposition et du chan- easdem, etsi non versicolores, ab utraque par-
222 L*EXODE
31. Et tu doreras les cinq colonnes 31. Et quinque columnas deaurabis
deboisdesétim, devant lesquelles sera lignorum setim, ante quas duectur ten-
ie conspîciendas preebuerit, quale serîcum attachées à son alliance avec lui. Que si,,
damascenum (damast, » damas). « sed ntfVD par l'alliance de Jehovah avec le peuple
us
d'Israël, la séparation quo la révolte do nos-
npl o p minore artificio paratum, quod- premiers parents avait causée entre Dieu et
quo figuras ab uno tantum latere exhibue- le genre humain est entrée dans une phase
rit. Sane ros ipsa flagitabat ut veium exte- de rapprochement ; s'il a été formé une ins-
rius, quod pulvori et cœli in, uriis expositum titution tendant à réunir l'homme avec Dieu
esset, minus splendidum ot pretiosurn osset dans uno vraie ot pleine communauté dé-
quam volum intorioris ad \ti ». Gfr. Hart- via, et si par cotte institution Le royaume
t
mann ( D.o Hebrasorin, III, p. 138 etsuiv.), de Dieu, sous la forme qu'il devait avoir
Knobol, Kcil, Dilimann,etc„qui rejottent aus- dans le temps et dans l'espace, a été fondé sur-
si la signification do brodeur attribuée par la te Te, ce royaume de D.eu, établi dans le
plusieurs à Dpi. peuple d'Israël, a pris, pour ainsi dire, uni
37. — El quinque columnas deaura- corps et a paru, sous sa maní estation bor-
; littéralement d'après l'hébreu : « E t . née, dans le tabernacle. Cette signification est.
tu teras pour le voile cinq colonnes d'acacia, indiquéo non seulement par l'ordre de dis-
et tu les recouvriras d'or, avec leurs cro- oser le tabernacle d'après les points car-
chets en o r ; et tu fondras pour elles S inaux, avec l'entrée à l'orient et Le Saint
cinq bases d'airain ». Pour compléter ces in- des saints à l'occident, mais encore par lai
dications, il faut y ajouter ce qui est dit forme quadrangulaire qui domine toute la
dans la relation des travaux d'exécution, construction, et par suite de laquelle le ta-
ci-apr. xxxvi, 38, que l'ouvrier couvrit d'or bernacle, dans son ensemble, tbrmait un a
leurs chapitaux et leurs trmgbs De là suit rectangle de 30 coudées de long, de 10
d'abord que ces colonnes n'étaient pas en- coudéos de large et d'autant de haut, e t
tièrement dorées, mais seulement leurs cha- le Saint des saints en particulier un carré-
pitaux, ensuite qu'elles étaient reliées entre parfait, un cube de 10 coudées dans tous les
elles par des tringles — Keil expose ainsi sens. Le tetrágono, qui, dans les idées sym-
les raisons de cette structure du tabernacle boliques de l'antiquité, était une figure de
et sa signification : « Les parois en bois n'a- l'univers ou du xóap-o;, est, dans la symbo-
vaient sans doute pas d'autre but que de lique de l'Ecriture sainte, l'image du monde '
lui donner do la solidité. On y employa l'a- comme lieu do la révélation divine, comme
cacia parce que, dans le désert d'Arabie, territoire du royaume de Dieu, de ce royau-
c'était l e seul arbre dont on pût faire dos me auquel le monde avait été destiné
planches et des ais. et que d'ailleurs, par sa dans le principe, et pour lequel, après la
légèreté spécifique et sa durée, il était parti- chute de l'homme crée pour être le maître
culièrement propre pour un temple portatif. de la terre, il doit être renouvelé et trans-
Les tapis dont la boiserie était revêtue en formé par la rédemption de l'humanité. D'a-
dedans et en dehors et sos couvertures de- près cela, par sa forme quadrangulaire, le-
vaient donner au tabernacle le caractère sanctuaire est marqué du signe du royaume
d'une tonte, comme il est dé^à appelé au de Dieu. Tandis que la manière dont il est-
chap. XXVII, 21, et ensuite ordinairement. tourné vers les régions du ciel indique que le
Or le sanctuaire do Jebovah au milieu de royaume de Dieu établi dans Israël est des-
son peuple devait être une tonte, parce que, tiné à recevoir et à embrasser le monde
aussi longtemps que ce peuple, étant en voya- entier, la forme rectangulaire du ta-
ge, n'habitait que des tentes, son Dieu ne bernacle entier lui imprime l'idée d'une
pouvait pas non plus avoir d'autre demeure. formation encore inachevée de ce royaume,
La division du tabernacle en deux parties et dans la forme de cube parfait du Saint
répondait à la destination do cotte tente, où des saints est marqué son achèvement, l'i-
Jehovah ne voulait pas habiter seul, mais déal auquel il tend. Cependant, mêmesous la
se réunir avec son peuplo, ci-doss. xxv, 22. forme qu'il revêt dans le temps, il est déjà
Le Saint des saints était sa demeure pro- >arfait dans son genre, et de là vient que-
pre, où il siégeait dans un nuage (Lev. xvi, Ï es mesures des espaces quadrangulaires sont
2), comme symbole visible de sa présence, réglées d'après le nombre dix, marque de
sur le propitiatoire de l'arche d'alliance, au ce qui est complet. A cette signification
dessus des chérubins ; et le Saint, le lieu où du tabernacle répond la magnificence de sa
son peuple devait se présenter dovant lui construction comme reflet terrestre de la
avec ses dons, fruits de son travail, et avec splendeur du royaume de Dieu. Tout y est
ses prières, pour recevoir les bénédictions revêtu d'or ou en or pur ; l'argent n'est em-
CHAPITRE XXVll 223
lorium; quarura erunt capita aurea, placée la tenture; leurs chapitaux se-
ct bases œneae. seront en or et leurs bases en airain.
CHAPITRE XXVII.
ployé que pour les bases des ais et des co- Une chose remarquable en tout cas, c'est
lonnes intérieures. Dans l'or, avec son mer- le rapport qu'il y a entre sa forme et ses
veilleux éclat, se réfléchissait la magnificence dimensions et celles du temple de Salomon,
du royaume de Dieu, tandis que l'argent, du temple et de la cité sainte décrits dans
comme symbole de la pureté morale, figu- les prophéties d'Ezéchiel, ch. XL-XI/VIII, et
rait la sainteté du fondement de la maison de la Jérusalem céleste dans l'Apocalypse,
ou du royaume de Dieu. Non moins s'gniflca- ch. xxi. Voy. Keil.
t ves sont 163 quatre couleurs et les figures
6* I/autel des holocaustes, XXVII. f~8.
dos tapis qui Tonnaient le tabernacle et de
sas rideaux... Le bossus, d'une blancheur CHAP. XXVII—i.— Fades et altare. Got
éclatante, est l'emblème de la sainteté ; l'hya- autel est celui des holocaustes, comme on le
cinthe, d'un bleu sombre, couleur du ciel voit par le ch. xxxvm, 1 . Ancessi, Atlas
dans les contrées méridionales, celui de l'o- arch. IV
rigine et du caractère célestes; la pourpre, 2 . — Cormta autem per quatuor angu-
d'un rouge sombre et brillant, celui de la los... Gis « cornes » étaient des pointes faites
magnificence royale ; et le cramoisi, d'un à l'imitation des cornes d'animaux, vraisem-
rouge éclatant et luisant, couleur du sang blablement de bœul, et dans lesquelles se
et de la vie, celui dj l'impérissable vigueur concentrait, dit Keil, la signification de l'au-
du divin roi et de son royaume. Enfin, par tel, d'où vient que dans le sacrifiée propitia-
les figures des chérubins, le tabernacle de- toiie on y mettait du sang, Levit. iv, 7, et
vient une image du royaume de la gloire, que ceux qui cherchaient un asylo à l'autel
dans lequel les esprits célestes entourent le los saisissaient, comme on lo voitlIIReg. i,50.
trône de Dieu, ou de la Jérusalem céleste 3.—Fac/esque in usus ejus lebeles... Le
avec ses myriades d'anges, cette cité du texte hébreu mentionne cinq ustonsiles, quoi-
Dieu vivant où le peuple de Dieu doit arri- qu'il n'y en ait que quatre de nommés dans
ver comme au terme de sa céleste vocation, la Vulgate. Gesontrm'D,«dcs chaudrons»,
Hebr. xu, 2 2 et seq. ». — Quoi qu'il en soit
de ces interprétations, parmi lesquelles il ou comme traduit M. Glaire, «des cen-
y en a qui paraissent fort plausibles, on ne driers », des vases pour nettoyer l'autel des
saurait du moins douter qu'il n'y eût dans cendres qu'y laissaient les chairs brûlées des
la forme générale et dans les détails du victimes ; DW\ « des pelles « servant aussi
tabernacle quelque chose de symbolique. À onlever les cendres, de nv\ enlever ;
L'EXODE
rrip"VïE, « fies vases à répandre le sang » de portant à la Vulgate, croient que ce «foyer»
p"ïî, répandre ; rvuSto, « des fourchettes », était un vase d airain sur lequel on faisait le
feu, dont la flamme montait a la grille,
et ninnç, «dos braisiers». Gfr. xxv, 38. qu'ils supposent avoir été placée, non autour
K et 5. — Craiieulamque in modum re- des parois de l'autel, comme nous l'avons
fisœneam... Co grillnge rloit s'appliquer aux expliqué,, mais sur l'autel pour recevoir les
parois de l'autel, de manière à l'entourer do- chairs des victimes qui devaient être brû-
pus le bas jusqu'au milieu, au dessous d'une lées. Mais il vaut bon mieux s'en tenir au
espace de banc couraut autour des quatre sans de l'hébreu tel que nous l'avons exposé
paro s, auxquelles il sera solidement cloué avec Ko il et autres interprètes.
par dehors, et que le revêtement d'airain 8. — Non solidum,sedinaneet cavnm...:
qui lui sera commun avec elles y reliera littéralement d'après l'hébreu : « Tu le feras
encoró mieux. Ce ban?, appelé 2¿"D, cnlou- creux, on planches». II y a toute аррагепез
rage, de la racine quadrilitère im, entou- que, lorsqu'on devait se servir de l'autel, o:i
rer, servira au prêtre pour s'y tenir pen- le remplissait de terre ou de cailloux et rie
dant le; sacrifices afin d'être à portea de l'ai- pierres qu'on aplanissait pour y allumer le
re te qui pourra réclamer son ministère, do ieu. Par sa construction, l'autel des holocaus
remplir les fonctions qui demanderont sa tes reçut u :e forme correspondante aux au-
présence a l'autol. Pour y monter commodé- tres ustensiles du sanctuaire, et il put cepen-
ment, il suffira d'exhausser un peu le terrain dant être facilement transporté, dressé dans
voisin on y jetant une médiocre quantité do tous les endroits où lo peuple séjournait, et
\ terre. — Nous avons expliqué cos deux ver- employé pour les holocaustes sans que les
sets d'après l'hébreu. Dans la Vulgate, la parois en bois eussent à souffrir de l'action
première partió du verset 5 se lit ainsi : du feu.
Quos pones subter arulam altar is. On voit
que, d'après cette veision, ce sont les an- 7° Le parvis du tabernacle, ff. 0-18.
' neaux destinés au transport do l'autol qui
devraient être placés « au dessous du foyer » 9. — Faciès et atrium labernaeulL
(c'est ainsi que D. Calmet traduit » subter « r;n est locus subdialis aulaeis circumdatus
arulam »}. Plusieurs commentateurs, s'en rap- et quasi circumseptus». Rosenm.
CHAPITRE XXVn 228
40. Et columnas viginti cum basi- 10. II y aura vingt colonnes, avec
bus totidem sanéis, quae capita cum autant de bases en airain ; elles au-
csclaturis suis habebunt argentea. ront leurs chapiteaux en argent avec
des ciselures.
11. Similiter,et in latere aquilonis 11. II y aura pareillement du côté
per longum erunt tentoria centum cu- de l'aquilon, sur toute la longueur de
bitorum, columnse viginti, et bases cent coudées, des tentures, vingt co-
senese ejusdem numeri, et capita ea- lonnes, autant de bases d'airain et de
rum cum cselaturis suis argentea. chapiteaux d'argent avec leurs cise-
lures.
12. In latitudine vero atrii, quod 12. Et sur la largeur du parvis
respicit ad occidentem, erunt tentoria qui regarde à l'occident, il y aura des
per quinquaginta cubitos, et columnse tentures de cinquante coudées de long,
decern, basesque totidem. dix colonnes et autant de bases.
13. In ea quoque atrii latitudine, 13. Il y aura aussi sur la largeur
quae respicit ad orientem, quinqua- du parvis qui regarde à l'orient cin-
ginta cubiti erunt. quante coudées.
14. In quibus quindecim cubitorum 14. Là il y aura d'un côté des ten-
tentoria lateri uno deputabuntur, co- tures qui occuperont quinze coudées,
lumnreque tres et bases totidem. trois colonnes et autant de bases.
l o . Et in latere altero erunt tento- 15. Et de l'autre côté il y aura aussi
ria cubitos obtinentia quindecim, co- des tentures occupant quinze coudées,
lumnas tres, et bases totidem. trois colonnes et autant de bases.
16. In introitu vero atrii fiet tento- 16. Mais à l'entrée du parvis il y
rium cubitorum viginti ex hyacintho aura une tenture de vingt coudées, en
et purpura, coccoque bis tincto, et hyacinthe, pourpre, écarlate deux fois
bysso retorta, opere plumarii; colum- teinte, byssus retors et travail debro-
nas habebit quatuor, cum basibus to- derie. Elle aura quatre colonnes avec
tidem. autant de bases.
IT. Omnes columnas atrii per cir- 11. Toutes les colonnes, autour du
cuitum vestitae erunt argentéis lami- parvis, seront revêtues de lames d'ar-
nis, capitibus argentéis, et basibus gent ; elles auront des chapiteaux d'ar-
aeneis. gent et des bases d'airain.
10. — Quœ capita cura cœlaturis suis ha- l'entrée du tabernacle : même matière et
bebunt argentea ; d'après l'hébreu : « et les même travail. Le nombre total des colon-
crochets des colonnes et leurs tringles seront nes, d'après Phi Ion encore suivi par Knobel,
d'argent ». Ces crochets et ces tringles ser- était do 56 ; mais Friederich, Symbol, dor
viront à suspendre les rideaux ou tentures. Stutsh., p. 16 et suiv., et Keil ont fait voir
11. — Et capita earum cum cœlaturis qu'd était de 60.
suis argentea. Même observation qu'au ver- 17.— Omnes columnœ atrii...; d'après
set précédent. l'hébreu : « Toutes les colonnes du parvis à
l'entour seront reliées par des tringles
14. — In quibus quindecim cubitorum d'argent ; leurs crochets seront d'argent
tentoria... « La lace avait cinquante coudées, et leurs bases d'airain ». Comme les tringles
et il y en.avait vingt pour l'entrée ; les des colonnes du parvis étaient d'argent, et
trente coudées qui restent étaient fermées que par contre celles des colonnes cb l'en-
ar deux voiles de quinze coudées chacun ».
E >. Calmet. L'entrée ou la porte était natu-
rellement au milieu.
trée du tabernacle étaient de bois, seulement
recouvertes d'or (voy. xxvi, 36 et suiv.),
Keil en conclut qu'elles avaient en tout cas
16. — In introitu vero atrii... ; littérale- une destination différente ; selon lui, celles
ment d'après l'hébreu : « Et pour la porte du parvis ne servaient que pour porter les
du parvis il y aura un voile... » Le voile ser- voiles, tandis que les autres formaient une
vant de porte au parvis est pareil à celui de architrave au portail du tabernacle.
U
S BIBLE. — .ODE. — 1 5 .
226 L'EXODE
CHAPITRE XXVIH.
Dieu ordonne & Moïse de faire des vêtements sacerdotaux pour Aaron et ses fils, ff, 1-5.
L'éphod ou humerai, ff. 6-14. — Le pectoral ou rational, ff. 15-30. — La tunique
ou le manteau de l'éphod, ff. 31-35. — La lame d'or pour la tiare, la tunique propre-
ment dite, la tiare et l'écharpe, 7 7 . 36-39. — Vêtements des prêtres inférieurs; caleçons,
» . 40-43.
ces mots sont joints à ce qui précède. —- Hébreux presque toujours aux prêtres du
Perpétuas erit cultus; dans l'hébreu : « per- vrai Dieu, et seulement dans quelques en-
petuum eritstatutum ». droits à des officiers supérieurs qui appro-
chaient les rois de près et étaient en quoique
9» Dieu ordonne de faire des vêtements sacerdotaux sorte les intermédiaires entre eux et le peu-
pour Aaron et ses fils : l'éphod ou humerai, ple. Cfr. Gesen. Thesaur.,p. 661, et Keil,
XXVIII, 1-4.
Archaeol. §. 32, Anm. 3.
CHAP. XXVIII. — 1. — Utsacerdotio fan- 2. — Faciesque vesiem sanctam, dans
gantur mihù Dans l'hébreu •uns, le pronom l'hébreu : « vestes sanctas ». Comme l'expli-
suffixe \ qui représente le sujet du verbe, diciturque Cornelius a Lapide, «vestis sacerdotum
étant au singulier, ne se rapporte grammati- Deique cultui sancta quia oleo erat consocranda
calement qu'à Aaron, comme à celui qui est le removenda, atque dicanda et a profanis usibus
a soils S a n c t i s , id est, sa-
principal personnage : mais le contexte in- cerdotibus î)eo sanctuficatis,
dique assez qu'avec lui sont aussi comprisses tis, in loco sancto usurpanda ». seu, consecra-
fils. Cependant ce singulier peut être aussi riam et decorem « sacerdotum — et
In glo-
sacerdo-
considéré comme insinuant qu'en principe et talium munerum, uti in novo Testamonto
au fond il n'y a qu'un prêtre, ce qui se réa- (freinant licet hœretici) eadem de causa
lise dans la nouvelle alliance en la personne
de JéaiS-Christ. Cfr. Hebr. vu, 23 et seq. La recte cultui dïvino adbibentur. Nam, ut recte
argumentatur B. Ivo Carnotensis, Ep. 124, si
signification première et fondamentale de in loge veteri ita omatus fui sacerdos, ergo
yrô prêtre, s'est conservée, dit Keil, dans multo magis in lege nova oportuit sacerdo-
l'arabe, où il signifie administrator alieni tem uti sacris vesttbus ad divinùm cultum,
negotii, « celui qui agit comme intermédiaire ac prassertim ad consecrandum corpus et san-
ou médiateur pour quelqu'un ». L'usage a ap- guineus Domini : hoc enim postulat decentia,
pliqué ce mot principalement à ceux qui sequitas et reverentia naturalis, et secus fa-
exerçaient des fonctions sacerdotales, chez les cere esset incivile, profanum, rusticumet
Arabes païens surtout aux devins, chez les barbarum. Fuit et est alius quoque harum
228 L'EXODE
vestium usus, scilicet : primo, ut sacerdos avec raison que l'histoire de toutes les na-
populi memoriam semper animo, ut vestibus, tions en fait voir l'importance.
insci iptam gereret pro eoque Dominum in- 4. — Eatîonale et superhumerale, etc.
stanter deprecaretur; secundo, ut per eas sa- Ces diverses pièces de l'habillement des prê-
cerdos Justitiar et sanctitatis, seque ac doc- tres vont être décrites en détail.
trine et studii legis, atque omnis offlcii sui
admoneretur. Vide Bedam ». Com. a Lap. 6. — Superhumerale. C'est ainsi que la
3. — Sapientibus corde, intelligents et Vulgate rend ici l'hébreu nJDK (ÈPHOJD) ;
habiles, comme il devait y en avoir dans que dans plusieurs autres endroits elle se
un peuple qui avait vécu si longtemps par- contente de transcrire. Elle a suivi en cela
mi les Égyptiens, dont l'habileté dans tous' les Septante, qui l'ont souvent traduit éga-
les arts est attestée par tant de témoignages lement parfcwfLfe,dans ce passage entre
et paraît encore dans les monuments. Chez autres. — De auro, « d'or », c'est à dire, de
les Hébreux le cœur était regardé comme le fil d'or. Les autres matières sont les mêmes
siège de l'intelligence et la source des pen- que celles du tapis intérieur et du rideau de
sées. C(V. Delitzsch, Bibl. Psycho!., p. 249. séparation du tabernacle. Sur la manière
— Quos replevi spiritu pi*udentiœ, dans dont l'or devait y être employé, voy. plus
l'hébreu : « sapientiœ ». Ces expressions in- bas, xxxix, 3.
diquent assez clairement une sagesse, une 7. — Duas oras junctas habebit... ; lit-
habileté dépassant la portée naturelle de téralement d'après l'hébreu : « Il y aura
l'homme et, quant à cet excédant, inspiré de deux épaulettes joignantes », servant à
Dieu. — In quibus sattetificatus ministret joindre, « à ses deux bouts, et- il sera joint ».
mihi} littéralement dans le texte : « ad Munk décrit ainsi l'éphod : « Il so composait,
sanctificandum eum ut sacerdotio fungatur à ce qu'il parait, de deux pièces, dont Tune
• mihi ». Il semble que les vêtements sacrés était suspendue sur la poitrine, l'autre sur
devaient communiquer une sorte de sainteté le dos ; elles étaient jointes sur les épaules
à ceux qui les porteraient. Ils sont propres par deux agrafes ou épaulettes surmontées
en effet à élever l'âme vers Dieu et à faire chacune d'une pierre précieuse. Sur les deux
entrer les ministres sacrés dans l'esprit des pierres étaient graves les noms des douze
fonctions qrïila exercent. Clarke remarque tribus, rangés par ordre de naissance, six
CHAPITRE XXVIII 229
8. Ipsa guoque textnra et cuncta 8. Le tissu lui-même et toute la
opens varietas erit ex auro, et hyacin- variété ajoutée par le travail seront en
tho, et purpura, coccoque bis tincto, or et en hyacinthe, et en pourpre et
et bysso retorta. en écarlate deux fois teinte, et en
byssus retors.
9. Sumesque duos lapides onychi- 9. Et tu prendras deux pierres
nos, et sculpes in eis nomina filiorum d'onyx, et tu y graveras les noms des
Israel, enfants d'Israël,
10. Sex nomina in lapide uno, et 10. Six noms sur une pierre et les
sex relicpa in altero, juxta ordinem six autres sur l'autre, selon Tordre de
nativitatis eorum. leur naissance.
11. Opere sculptoris et cselatura 11 > Par le travail du sculpteur et
gemmarii, sculpes eos nominibus fi- la ciselure du lapidaire, tu y graveras
liorum Israel, inclusos auro atque cir- les noms des fils d'Israël, enchâssés et
cumdatos : entourés d'or;
12..Et pones in utroque latere su- 12. Et tu les mettras à chaque côté
perhumeralis, memoriale filiis Israel. de l'éphod, comme un mémorial pour
Portabitque Aaron nomina eorum co- les fils d'Israël ; et Àaron portera leurs
ram. Domino super utruraque hume- noms devant le Seigneur, sur chaque
ram, ob recordationem. épaule, en souvenir.
à droite et six à gauche. Les bonis des deux . ceux des six plus jeunes sur celle de l'épaule
pièces de l'éphod se joignaient par des cor- gauche.
dons et étaient resserrés par une ceinture 11. — Opère sculptoris et cœlatura gem-
du même tissu ». (Palestine, p. 176). marii... ; littéralement d'après l'hébreu :
8. — Ipsa quoque textura... ; littérale- « En ouvrage de sculpteur de pierre, en gra-
ment d'après 1 hébreu : « Et la ceinture à le vures de cachet, tu graveras les deux pierres
serrer, qu'il y aura dessus, sera, comme son selon les noms des fils d'Israël ; tu les feras
ouvrage, de môme tissu que lui : or, hya- entourées d'entrelacements d'or». Le «sculp-
cinthe », etc. 11 doit y avoir à l'éphod une teur de pierre » est ici le lapidaire, celui
ceinture du même travail et de la même qui taille et polit les pierres précieuses. Le
matière que l'éphod même, et ne faisant sens est : comme le lapidaire taille les pierres
avec lui qu'un seul tissu. Cette ceinture, précieuses et y grave des cachets, ainsi tu
par laquelle les deux pièces de l'éphod étaient feras graver ces deux pierres d'après les
serrées autour du corps, se trouvait à sa noms desfilsd'Israël, c'est-à-dire, de manière
partie inférieure. Le mot niIJn, qui ne se [ue la gravure réponde à leurs noms, que
rencontre qu'à propos de l'éphod, et que la
Î eurs noms soient gravés sur ces pierres. Et
tu ne feras pas enchâsser ces pierres dans
Vulgate, à la suite des Septante, a rendu de simples chatons d'or, mais dans des «en-
par « textura », doit être pris, d'après trelacements d'or», arn niynrçn, c'est-à-dire,
xxix, 5, comparé avec Lévit. vm, 7, comme
venant de iwn identique à itfan, attacher, dans des chatons formés d'or entrelacé. Selon
Keil, les chatons ainsi faits ne devaient pas
ceindre, et se traduire par attache, ceintu- seulement servir à l'ornement, mais encore
re. C'est ainsi que l'ont déjà entendu, parmi consolider les pierres précieuses sur l'étoffe,
les anciens, Josephe, le Ghaldéen, le Syria- et former des agrafes qui tiendraient réunies
que, larchi, et parmi les modernes, Gesenius, les deux bandes de l'éphod. Je pense que ces
Knobel, Keil, etc. chatons s'adaptaient mieux à l'étoffe, tant
9 . — Duos lapides onychinos. L'hébreu par leur forme que par une certaine sou-
D<TiZ7, que la Vulgate et autres rendent par plesse, que des chatons tout d'une pièce.
< onyx », signifie plus probablement « bé- 12. — Et pones in utroque latere.. ; plus
ryl ». Voy. plus haut, xxv, 7, note. clairement dans l'hébreu : «Et tu mettras
10. — Juxta ordinem nativitatis eo- les deux pierres sur les épaulettes de l'éphod
rum, ce que Josèphe explique en disant que comme pierres de souvenir pour les fils d'Is-
les noms des six plus âges étaient gravés raël ; et Aaron portera leurs noms devant
sur la pierre précieuse de l'épaule droite, et Jehovah sur ses épaules pour souvenir »,
830 L'EXODE
afin de lui rappeler leur souvenir lorsqu'il bricant, observe Gesenius, hoc vocabuio de-
paraîtra en sa présence revêtu do cet orne- scribi séries drationis docet. — Quas in-
ment. L'éphod était, dit Keil, l'habit officiel sères uncinis ; dans l'hébreu : « et tu met-
par excellence du grand prêtre. C'est sur tras ces chaînes en cordon sur les entrela-
l'épaule que reposent les fardeaux, c'est sur cements », c'est à dire, sur les anneaux ou
Tépaule qu'on portait aussi les insignes des crochets marqués au verset précédent.
emplois, Js. xxii, 22. L'emntoi du grand 10° Le pectoral ou rational, ff. 15-30.
ïrêtre était d'intercéder auprès de Dieu pour
Îe peuple : c'est ce qu'indiquaient les noms
des douze tri-bas qu'il portait gravés sur
15.— nationale quoque judicii. C'est ici le
plus saint et le plus important de tous les
ses épaules devant le Seigneur. ornements du grand prêtre. La signification
13. — Facies et uncinos ex auro; à la étymologique de l'hébreu -jum, que les Sep-
lettre dans l'hébreu : « Et tu feras des entre- tante traduisent par Xo-ystov, et la Vulgate à
lacements d'or •>, selon Keil, de petites leur imitation par «rationale»,est incertaine.
plaques d'or en forme de rosettes, mais plus Gesenius, suivi par Knobel, Keil, etc., le
vraisemblablement des espèces d'anneaux, rapproche d'une racine arabe qui signifie
ou, d'après la Vulgate, des crochets, des être beau, et l'explique par ornement. On
agrafes en fil d'or entrelacé, propres à rece- le rend aussi par pectoral, parce qu'il était
voir les chaînettes dont il va être question appliqué sur fa poitrine du grand prêtre. Le
au verset suivant. Comme on le voit plus grea XOYEÎOV, dont l'auteur de la Vulgate a
bas, f. 25, il devait y en avoir deux, qui, voulu rendre la force par «rationale», «peut
avec les chaînettes, étaient destinés à atta- marquer, dit D. Calmet, la raison ou la pa-
cher le pectoral ou rational sur le devant de role, comme si l'on voulait faire comprendre
l'éphod. que cet ornement éclairait l'esprit et la
14. — Sibi invicem cohœrentes. Dans le raison du grand prêtre, et lui faisait con-
texte hébreu correspondant à ces mots de la naître l'avenir et prononcer des oracles».
Vulgate, il y a une expression sur lésons de .11 se prend aussi pour oracle. L'addition ou
complément : «dujugement» a rapport à sa
laquelle on n'est pas d'accord : c'est rfibstìD. destination. «Il est nommé rational du ju-
Gesenius, et avec lui la plupart des moder- gement, dit encore Û. Calmet, ou à cause qu'il
nes, la rendent par torliles, «tordues», et découvrait le jugement et la volonté de Dieu
traduisent ainsi ce passage : « tu les feras au grand prêtre, ou parce que celui-ci le por-
tordues, en ouvrage », on forme, « de cordon ». tait comme une marque de sa qualité de juge,
Gesenius ajoute : « Intelligence, si quid vi- et qu'il ne prononçait point de jugement
deo, eateiîulse ex auri fllis ductilibus in funis dans des matières de conséquence sans le
jEbrmam plexse, schnurenfœrmige Kelt- rational». Voy. plus bas 30, et comp.
•chen, Gotdschnur^ et ntay TOîTO id accu- Corn, a Lap. : « nationale judicii, judicii,
rati us déclarât per ÈÇq-piacv». (Thes. p. 259). inquam, partim humain, hoc est, dobiti et
Cependant Keil, à la suite de Michaëlis et de ofàcii sacerdotis et populi Israël, cujus eos
Dietrich, pense que rhbxia signifie épaisses admonebat ; partim divini, quo scilicet Deus
sententiam suam dicebat per. pontificem.
(proprement épaisseurs), et traduit : «tu Pontifex ehim rationali indutus de rébus
lesteras épaisses, en ouvrage de cordon», dubiis consulebat Dominum, et ab eo de
cv'est à dire, non composées d'anneaux, mais iisdem erudiebatur, tanquam fungens mu-
de fil d'or tordu en forme de cordon. D'au- nere pontificio nomine totius populi, ac mox
tres encore autrement. « Sed catenarum fa-
CHAPITRE XXVIII 231
16. Quadrangulum erit et duplex; '16. Il sera quadrangulaire et double ;
mensuram palmi habebit tam in lon- il aura la dimension d'une palme, tani
gitudine quam in latitudine. en longueur qu'en largeur.
1 17. Ponesque in eo quatuor ordines 17. Et tu y mettras quatre rangs
Iapidum : in primo versueritlapissar- de pierres précieuses. Au premier
diùs, et topazius, et smaragdus; rang, il y aura une sardoine, une
topaze et une émeraude ;
18. In secundo carbunculus, sapphi- 18. Au second, un escarboucle, un
rus, et jaspis ; saphir et un jaspe ;
19. In tertio ligurius, achates, et 19. Au troisième, une hyacinthe,
amethystus ; une agate et une amethiste ;
ipse Dei judicium, id est, sententiam et ora- . ciel, transparente et plus dure que le rubis. —
culum, populo enuntiabat». Jaspis. C'est le mot qui, dans la Vulgate,
16. — Duplex, «puta duplicatura et du- répond par la place quTi occupe à l'hébreu
plici tela constans ad hoc ut sustinere possit n
'HI5 mais e s t
i l vraisemblable qu'il y a une
lapides sire gemmas in eo collocandas ». Gorn.
a Lap. — Mensuram palmi habebit. « rriT transposition, et que c'est en réalité la tra-
est spUhama, spatium-maximum ab expor- duction du mot nSUP, qui termine rénuméra-
recto pollice ad exporrectum digitum mini- tion (}. 20). Plusieurs prennent D'bïV pour
mum, a m i , spargere, ut rnT proprie sit le diamant ; selon d'autres, c'est l'onyx, espèce
sparsa, id est, dispersis digitis expansa de calcédoine, ainsi appelé parce qu'il ras-
manus. Vulgatus habet palmus. Sed monet semble par sa couleur à un ongle humain
Michaelis, Suppl. p. 654, Vulgatum palmi à travers lequel paraît la chair.
nomine latius usum fuisse, et spithamam 19. — Ligurius. C'est ainsi que la Vulga-
quoquo palmum vocasse videri, quum duplex te, après les Septante et Josèphe, générale-
sit latinorum palmus : minor, quatuor digi- ment suivis par les modernes, rend l'hébreu
torum ; major, spithamse sequalis, duodecim ». ûtsh. « Théophraste et Pline décrivent le li-
Rosenm. gurius comme une pierre semblable à l'escar-
17. — Ponesque in eo quatuor ordines boucle et d'un éclat luisant comme du feu :
Iapidum. Pour la détermination de ces pier- « carbunculis si mi les, igneo colore (ulgentes ».
res précieuses, autant qu'elle est possible Il y a des hyacinthes nui ont cette conlaur et
d'api ès les anciennes versions et les recher- cet éclat ; ce sont, collos* qu'on nomme en»
ches des savants modernes, on peut consul- français hyacinthe la belle ». D.Calrnet. —
ter Winer, Biblisch. Realioœrlerb., art. Edel- Achales, comme la Vulgate, après les Septan-
steine, — In primo versu, ordine, erit la-
pis sardites, « la pierre de Sarde» ou corna- te et Josèphe, rend tatt? est «l'agate», pier-
line, pierre demi-transparente, de la nature re ignescente, vitreuse et plus ou moins
de l'agate, mais dont on la distingue facile- transparente. Il y en a de. plusieurs sortes.
ment par son tissu, semblable à de la corne, « L'agate simplement dite est d'une seule cou-
et d'un rouge vif ou de couleur de chair, leur, ou nuancée de diverses couleurs sans
d'où lui vient son nom en -hébreu, QTM, ordre; le jeu de la nature s'y l'ait remarquer
d'une manière singulière, et il y est varié
rouge. — Topazius, « la topaze », pierre presque à l'infini, de sorte que dans ce mé-
diaphane, luisante, resplendissante, dont la lange et cette confusion il s'y rencontre des
couleur est d'un jÈume d'or mêlé d'une faible hasards aussi singuliers qu'imprévus. On
teinte de vert, très éclatant et plus ou moins croit y apercevoir quelquefois des ruisseaux,
foncé. La topaze orientale, qui se trouve en des gazons, des paysages, et l'imagination de
Arabie et dans lo Ceylan, est la plus dure et certaines personnes croit y remarquer quel-
la plus estimée ; sa couleur est une teinte quefois des tableaux entiers : teLle était la
! jonquille ou citron ; elle est très diaphane.— fameuse agate de Pyrrhus, sur laquelle, au
\Smaragdus, njrn, proprement, «la ful- rapport de Pline, on prétendait voir Apol-
gurante». C'est « l'émeraude », pierre dia- lon avec sa lyre, et les neuf muses, chacune
phane, resplendissante, d'une couleur verte avec ses attributs ». Valm. de Bom. — Ame-
plus ou moins foncée. ihyslus, «l'améthyste», dans laquelle les
Ì8.—Carbunculus, « l'escarboucle », notre interprètes croient généralement retrouver la
rubis, pierre de couleur de feu. — Sapphirus,
« le saphir », pierre d'une couleur de bleu de nnbriN des Hébreux, est une pierre transpa.
232 L'EXODE
rente, de couleur violette, ou violette pour- qui était un des principaux ornements du
prée Il s'en trouve dans la plupart dos lieux pontifia hébreu, dit M. Vigouroux, se retrouve
où il y a du cristal de roche. L'améthyste en Egypte et est propre à ce pays. Il nous
en a la dureté ; elle se forme aussi comme fournit ainsi une nouvelle preuve de l'authen-
le crystal, en aiguilles hexagones, terminées ticité de l'Exode, oit nous en lisons la descrip-
à chaque bout par une pointe à six faces. tion. Le plus célèbre pectoral est celui que
Elle était très estimée des anciens. M. Mariette a trouvé sur la momie de la reine
2 0 . — Chrysolithus, «la chrysolithe», Aah-Hotep, mère du roi Amasis, chef de .la
0
pierre transparente, de couleur d'or, comme XVIII dynastie, antérieure à Moïse. 11 est au-
l'indique son nom. Il s'en trouvait de fort jourd'hui au musée de Boulaq.« La formegéné-
grosses en Espagne, et c'est de là que lui est « raie du monument est celle d'un petit naos».
« Au centre, Amasis est représenté debout
venu son nom de nznn chez les Hébreux, « sur une barque. Deux divinités, Ammon et
qui désignaient ainsi ce pays. — Onychinus. « Phré, lui versent sur la tête l'eau de pu-
Le mot anitf que la Vulgate, avec laquelle « rification. Deux éperviers planent au-des-
s'accorde encore Knobel, rend ainsi, signifie « sus de la scène, comme des symboles du
plutôt « le béryl », comme nous l'avons déjà « soleil vivifiant. Le travail de ce monu-
observé plus haut, xxv, 7. — Beryllus. Le « ment est tout à fait hors ligne. Le fond
mot correspondant dans le texte hébreu est «f des figures est découpé à jour ; les figures
nstij^,qui désigne sans doute «le jaspe», « elles-mêmes sont dessinées par des cloi-
« sons d'or dans lesquelles on a introduit
cailloux de roche simple, de différentes cou- « des plaquettes de pierres dures : cornali-
leurs, dur et indestructible, et c'est apparem- « nés, turquoises, lapis, pâte imitant le
ment par suite d'une transposition qu'il se « feldspath vert. Ainsi disposée, cette sorte
trouve à cette place dans la Vulgate. Cfr. ci- « de mosaïque, où chaque couleur est sépa-
dess. f. 18. Le jaspe a été de tout temps « rée de celle qui l'avoisine par un bril-
une pierre sur laquelle le ciseau des plus « lant filet d'or, donne un ensemble aussi
habiles sculpteurs s'est exercé. La gravure « harmonieux que riche » (Mariette, Notice
relève beaucoup la beauté de cette pierre des monuments du musée de Boulaq,
opaque dans les bijoux qui en sont faits, tels p. 263) ». — M. Vigouroux donne ici la de-
que des cachets, des bagues, etc. Presque scription du pectoral du grand prêtre hébreu
tous les anciens avaient leurs cachets de jas- qu'on vient de lire, puis il ajoute : On
pe. — Inclusi auro erunt... ; dans le texte voit que le pectoral d'Aaron ressemble au
hébreu : « elles seront entrelacées d'or dans pectoral égyptien. Dieu veut que les artistes
leurs enchâssements». Sur mSDlzfD cfr.plus hébreux exécutent pour le grand prêtre une
h a u t # . 11 et 13. œuvre pareille à celles qu'ils ont vues dans
la terre des pharaons ; il destine au pontife
21.— Habebunique nomina... per duo- un des plus beaux ornements de l'orfèvrerie
deeim tribus; littéralement d'après l'hébreu : de cette époque, afin de rehausser ainsi
«Et les pierres seront d'après les noms l'éclat de son culte et des cérémonies. Mais
des fils d'Israël », correspondront à ces noms, il faut bien remarquer qu'à côté des res-
« douze selon leurs noms ; ellesserontengra- semblances, il y a des différen .-es notables.
vure de cachot, chacune selon son nom », Certains détails d'ornementation et d'exécu-
chacune ayant le nom particulier d'une tri- tion n'étaient pas les mêmes ; tout ce qui
bu, de manière que le nom do chaque tribu rappelait la mythologie était absent du pec-
se trouve sur une des douze pierres, « pour toral mosaïque ; il était exclusivement un
les douze tribus ». Moïse s'exprime briève- ornement sacerdotal chez les Hébreux, tandis
ment, parco que le reste peut aisément se que chez les Egyptiens il n'était pas réservé
suppléer d'après les versets 9-11. Les noms aux prêtres; il paraît avoir été porté seu-
des tribus étaient-ils gravés en entier sur lement par Les momies « Cet amulette était,
ces pierres, ou avec des abréviations, c'est « ainsi que l'indique son nom, placé sur la
ce qui ne peut être décidé. — « Le pectoral,
CHAPITRE XXVIII 333
22. Facies in rationali catenas sibi 22. Tu feras pour le rational des
invicem cohserentes ex auro purissi- chaînes d'or très pur, tenant Tune à
mo; l'autre ;
23. Et duos annulos aureos, quos 23. Et deux anneaux d'or, que tu
pones in utraque rationalis summitate ; mettras aux deux sommités du ratio-
nal.
24. Gatenasqueaureasjunges annu- 24. Et tu joindras les chaînes d'or
lis, qui sunt in marginibus ejus; aux anneaux qui sont aux extrémi-
tés du rational.
25. Et ipsarum catenarum extrema 2b. Et tu attacheras les deux extré-
duobus copulabis uncinis in utroquc mités de ces chaînes à deux agrafes
latere superhumeralis quod rationale à chaque côté de l'éphod qui regarde
respicit. le rational.
26. Facies et duos annulos aureos, 26. Et tu feras^deux anneaux d'or,
quos pones in summitatibus rationalis, que tu mettras aux extrémités du ra-
in oris quae e regione sunt superhu- tional, sur le bord opposé à l'éphod
meralis, et posteriory ejus aspiciunt; et tourné vers sa partie inférieure ;
27. Nec non et alios duos annulos 27. Et deux autres anneaux d'or,
aureos, qui ponendi sunt in utroque qui seront placés de chaque côté de
latere superhumeralis deorsum, quod l'éphod, vers le bas, du côté de la join-
respicit contra faciem juncturse infe- ture inférieure, pour que le rational
rioris, ut aptari possit cum superhu- puisse être fixé sur l'éphod,
merali,
28. Et stringatur rationale annulis 28. Et être attaché par ses anneaux
suis cum annulis superhumeralis vitta aux anneaux de l'éphod au moyen
hyacinthina, ut maneat junctura fa- d'une bande'd'hyacinthe, de telle sorte
brefacta, et a se invicem rationale et que la jonction demeure ferme, et que
superhumerale nequeant separari. le rational et l'éphod ne puissent pas
se séparer l'un de l'autre.
«poitrine du mort». M. Pierret, Dictionn. rational, sur son bord qui est vis-à-vis de
d'archéol. égypt., p. 126). Ce qui distingue l'éphod, en dedans », c'est à dire, aux deux
les prêtres égyptiens sur les monuments, coins du bord inférieur du rational, du côté
ce sont les peaux de panthère dont une tourné vers l'éphod.
classe d'entre eux sont couverts ». La Bible, 27.— Necnon et alios duos annulos... ; lit-
t. Il, p. 572 et suiv. téralement dans le texte hébreu : « Et tu
22. — Faciès in rationali... ; littérale- feras deux » autres « anneaux d'or, et tu les
ment d'après l'hébreu : « Et - tu feras sur le mettras sur les deux épaulettes de l'éphod,
rational des chaînes torses en ouvrage de en bas, sur le devant, près do sa jonction »,
cordon, en or jjur ». Ces chaînettes sont dé- près de l'endroit où ses doux parties, anté-
crites ici tout à fait commo au verset 14, rieure et postérieure, seront réunies (j^. 7),
dont celui-ci n'est qu'une repétition. « au dessus de l'attache de l'éphod » 8).
25. — Et ipsarum catenarum eœtre- Ces deux anneaux doivent correspond re à ceux
ma... ; littéralement d'après l'hébreu: «Et du rational mentionnés au verset précédent.
tu mettras », tu attacheras, « les deux bouts 28. — Ut maneat junctura fabrefacta...;
des deux cordons », des deux chaînettes en dans l'hébreu : « afin qu'il (le rational) soit
forme de cordons. « sur les deux entrelace- au dessus de l'attache de l'éphod, et crue le
ments», c'est à dire, sur les doux crochets rational ne s'écarte pas de dessus l'épnod »,
ou anneaux d'er entrelacé, f. 13 ; « et tu les y reste solidement fixé sans s'écarter ni d'un
mettras sur les épaulettes de l'éphod, vis-à- côté ni d'un autre. Ces cordons de pourpre
vis de sa face », a sa partie antérieure. violette doivent aller des deux anneaux in-
26. — Quos pones in summitatibus ra- férieurs du rational à ceux de l'éphod et
tionalis... : d'après l'hébreu : « et tu les met- attacher ainsi ensemble ces deux ornements,
tras aux deux extrémités » inférieures «du tandis que les cordons d'or iront des deux
L'EXODE
29. Et Aaron portera sur sa poi- 29. Portabitque Aaron nomina filio-
trine, dans le rational du jugement, rum Israel in rationali judicii super
les noms des enfants d'Israël, quand pectus suum, quando ingredietur Sanc-
il entrera dans le sanctuaire, comme tuarium, memoriale coram Domino in
un mémorial perpétuel devant le Sei- se ter num.
gneur.
30. Or tu mettras sur le rational 30. Pones autem in rationali judicii
du jugement : Doctrine et Vérité, qui Doctrinam et Veritàtem, quse erunt in
c'étaient deux figures représentant SvWiv voit par l'histoire des juges, de Saûl et de
TE v.a't àXT^Eiav, «manifestation et vérité», David, que cette manière de consulter Dieu
et que dans un autre endroit, De Monarch. était fort ordinaire dans ces temps-là. Mais
Il, 5, il donne pour des « tiSSUS, uoâffpLa-a n, depuis que le temple fut bâti, Dieugsuscila
c'est à dire, pour des ouvrages appartenant ordinairement des prophètes dans Israël,
à la trame d'une étoffe, et non, comme on le auxquels on s'adressait pour savoir la volon-
croit généralement, gravés sur des pierres té de Dieu sur ce qui regardait les affaires
précieuses. Ce dernier sentiment touteiois me de l'Etat et de la religion, et même celles
paraît plus vraisemblable; mais dans,une des particuliers; ce qui dura jusqu'au temps
hypothèse comme dans l'autre, rien n'indi- de la destruction du temple de Salomon par
querait la forme de ces figures. Plusieurs Nabuchodonosor. Les Hébreux enseignent
pensent, et D.' Galmet serait assez de cet que depuis le retour de la captivité, on ne vit
avis, que c'étaient des symboles analogues plus communément parmi les juifs des pro-
à celui que portait à son cou, comme on l'a phètes suscités de Dieu, on n'y consulta pas
vu plus haut, le chef dos juges en Egypte. non plus l'U ri m et Tummim ; mais on sui-
A en croire plusieurs rabbins, c'était le nom vait une autre sorte de révélation extraor-
de Jehovah gravé sur une lame d'or, ce que dinaire qu'ils appellent la fille de la vois;,
Wincr, Bibl. Realwœrterb., regarde avec qui se faisait par une voix entendue du ciel,
raison comme peu probable. La plupart des comme celle qui se fit entendre au baptême
anciens et des modernes ont cru que ce n'é- de Notre Seigneur, Matin. iv 45,46 :« Celui-
7
tait autre chose que les mots mêmes « Ou- ci est mon fils bien-aimé ». Ils ajoutent que
rim et Tummim » écrits d'une manière ou l'U ri m n'était pas dans le second temple,
d'une autre (car ils ne sont pas d'accord en et qu'il avait été caché sous terre avec les
ce point) sur le rational. — Mais que l'Ou- nerres du rational par Josiasavantsa mort.
rim et le Tummim figurassent sur le ratio-
nal par leurs noms ou par leurs symboles,
f I est certain par Esdras(l Esdr. n, 63) qu'ils
attendaient un prêtre qui répondit par l'U-
ce qui est certain, c'est que c'était l'oracle rim et Tummim; et on voit par les Macha-
d'Israël. C'est même le sens réel du grec bées (IMac h. iv, 45, 46) qu'ils espéraient un
XôYtov ou Xo^erov, que la Vulgate rend par prophète qui les instruisit de ce qu'il fallait
« rationale». Aussi les expressions « consul- faire des pierres de l'autel profane ; ce qui
ter Jehovah » et « consulter l'Ourim et le prouve qu'alors ils- n'avaient ni Urim ni pro-
Tummim » s'emploient-elles comme synony- phètes, mais qu'ils ne désespéraient pas d'en
mes, et on regardait comme une situation très avoir, et qu'ainsi ils ne croyaient pas l'U ri m
fâcheuse, comme une grande calamité, qu'il entièrement aboli ni la prophétie cessée. Ou
n'y eût ni prophète, ni roi, ni prêtre avec ne doute point que dans le second temple,
l'Ourim et le Tummim (Esdr. n, 03 ; Nehem. comme dans le premier, le grand prêtre
vn, 65), ou que l'oracle ne donnât pas de n'ait été revêtu de I éphod et du pectoral ;
réponse (I Reg. xiv, 37). Les savants diffè- mais Dieu voulait préparer les Juifs à écou-
rent aussi d'avis sur la manière dont cet ter la voix du Messie par ce long silence des
oracle rendait ses réponses. Sans outrer à ce prophètes et des révélations qui précéda sa
sujet dans dos détails et dos discussions que naissance ». Cfr. Braun,DeVestitu Sacerd.
je regarde comme inutiles, je m'en tiens à hebrœor., p. 588 etseq.; Winer, Bibl. Re-
l'explication la plus simple, et qui me pa- aïw., art. Urim u. Thummim; Keil, Bibl.
raît tout à fait satisfaisante, à savoir, que ArrhflBol., § 35, c, u. Anm. 9. —El gestabit
Dieu inspirait le grand prêtre qui le consul- judicium filiorum Israël... Selon Rosen-
tait par cet intermédiaire à peu près comme mûller, « Urim et Tummim vocaturQt^D,
il inspirait immédiatement les prophètes,
c'est à dire, par une lumière intérieure dont judicium Israclitarum, quia pontifex in gra-
il l'éclairait pour lui faire voir les choses vibus causisnon respondebat dejureautjus
Mures ou cachées. — « Dieu manifesta ordi- dicebat litigantibus nisi indutus sacerdotali
nairement sa volonté aux Hébreux par pallîo et pretioso monili de quo diximus.Sic
rUrim (Ourim) et Tummim, dit D. Calmet, ZtoSiov AXqOsfaç apud yEgyptios ex sacerdo-
tandis que le tabernacle subsista, et avant tis collo pend ère debuît antequam cognos-
qu'on eût bâti le temple de Jérusalem. On ceret et jus diceret ». Keil traduit ieiu2WD
236 L'EXODE
ar «droit», ce qu'il explique en disant que chirât facilement. D'après les rabbins, ce
Fré,Ourim et le Tummim était un moyen assu-
une garantie, que Dieu avait donné à
manteau n'avait pas de manches, mais seu-
lement des ouvertures pour les bras. Gfr.
son peuple pour recevoir ses lumières quand D. Galmet.
il en aurait besoin soit pour la conservation, 33. — Ejusdem tunicœ, seu « pallii». —
soit pour le rétablissement de son droit. Mais Quasi mata punica, des espèces de glands
cette explication me semble peu naturelle. en forme de grenades.
Voy. plus haut f. 15.
35. — Ut audiatur sonitus quando in-
11°. — La tunique ou le manteau de l'éphod, yf. greditur. . . L'Ecclésiastique, XLV, 9, indique
31- 35.
le but de ces sonnettes en disant que Dieu
31. — Faciès et tunicam superhume- voulut qu'Aaron les portât OXOUCTTOV KOI^VC»
ralis . . . Le mot que la Vulgate rend par TJ^OV àv veto» si* (ivijiidffuvov uïoï; Ixov aùtou,
« pour faire entendre un son dans le temple
« tunicam » est bwo, de Svn, couvrir, en souvenir pour lesfilsde son peuple », c'est
« manteau », habit de dessus, qui allait jus- à dire, comme l'explique Rosenmuller, « ut
qu'aux genoux, de manière à laisser encore populus prope atrium vel in illo congregatus
paraître la « tunique » qui se portait des- de pontiffeis întroitu in Sanctum admoneretur,
sous, % 39. Cet habit appartenait encore à suasque preces cum precibus pontificis con-
l'éphod. jungeret ». Ce motif ne suffit cependant pas
32. — Capitium, une ouverture pour pas- pour rendre complètement raison de ce qui
ser la tête en le mettant. — Ora . . . textilis, est ajouté : « et non moriatur » ; ce que Reuss
un bord appartenant au tissu, et non fait explique ainsi : « La mort attendait l e mortel /
après coup. — Sicut fieri solet in extremis qui osait paraître devant la majesté divine.
vestium partibus ; d'après l'hébreu : « ce Le prêtre Aaron, que son service mettait
sera comme l'ouverture d'une cuirasse », il journellement en présence de Dieu, devait
y aura un bord semblable à celui de l'ouver- être garanti contre cette éventualité par le
ture d'une cuirasse. Il s'agit d'une cuirasse de son des clochettes, qui annonçaient son entrée
lin, comme Ajax, par exemple, en portait une. et sa sortie et lui assuraient ainsi un privi-
U. ii, 529. Les Egyptiens avaient une habileté lège p 3 r s o m i e l ». L'importance de ces sonnet-
particulière à les faire. Ce bord avait pour tes consistait sans doute en ce qu'elles ren-
but d'empêcher que L'ouverture ne se dé- daient plus solennel, et par là même plus res-
CHAPITRE XXVIII 237
36. Facies et lamìnam de auro pu- 36. Tu feras aussi une lame d'or
rissimo ; in qua sculpes opere caelato- très pur où tu graveras, avec l'art
ris, Sanctum Domino. du ciseleur : Saint au Seigneur.
37. Ligabisque earn vitta hyacinthi- 37. Et tu l'attacheras avec une
na, et erit super tiaram, bandelette d'hyacinthe, et elle sera
sur la tiare,
38. Imminens fronti pontificis. Por- 38. S'élevant sur le front du pon-
tabitque Aaron iniquitates eorum, quae tife. Et Aaron portera toutes les ini-
obtulerunt et sanctificaverunt fili i Is- quités que les enfants d'Israël com-
rael, in cunctis muneribus et donariis mettront dans tous les dons et tous
suis. Erit autem lamina semper in les présents qu'ils offriront et consa-
fronte ejus, ut placatus sit eis "Domi- creront au Seigneur. Cette lame sera
nus. toujours sur son front, pour que le
Seigneur leur soit favorable.
39. Stringesque tunicam bysso, et 39. Et tu feras la tunique étroite
tiaram byssinam facies, et balteum en byssus, et une tiare en bys-
opere plumarii. sus, et une ceinture en travail de bro-
derie.
CHAPITRE XXIX.
1. Sed et hoc facies, ut mihi in sa- 1. Mais voici ce que tu feras, afin
cerdote consecren tur. Tolle vitulum qu'ils me soient consacres pour le
de armento, et arietes duos immacu- sacerdoce. Prends un veau du trou-
latos, peau et deux béliers sans tache,
Levit. 9. 2.
2. Panesque azymos, et crustulam 2. Et des pains azymes, et un gâ-
absque fermento, quae conspersa sit teau sans levain arrosé d'huile, et
oleo, lagaña quoque azyma oleo lita ; des biscuits azymes aussi oints d'hui-
de simila triticea cuneta facies. le ; tu les feras tous avec de la pure
farine.de froment.
3. Et posita in canistro offeres, vi- 3. Tu les mettras dans une cor-
tulum autem et duos arietes, beille et tu les présenteras, avec le ven n
et les deux béliers.
4. Et Aaron ac fìlios ejus applicabis 4. Et tu placeras Aaron et ses fils
ad ostium tabernaculi testimonii. à l'entrée du tabernacle du témoi-
Cumque laveria patrem cum filiis suis gnage. Et lorsque tu auras lavé dans
aqua, 1 eau le père et ses fils,
5. Indues Aaron vestimentis suis, 5. Tu revêtiras Aaron de ses vète-
id est, linea et tunica, et superhume- tements, c'est à dire, de la robe de lin,
rali et rationali, quod constringes bal- de la tunique et de l'huméral et du
teo. rational, que tu fixeras avec la cein-
ture.
C. Et pones tiaram in capite ejus, 6. Et tu mettras la tiare sur sa
et laminara sanctam super tiaram, tête, et la lame sainte sur la tiare.
7. Et oleum unctionis fundes super 7. Et tu verseras l'huile de l'onc-
caput ejus ; atque hoc rittf consecrabi- tion sur sa tête, et par ce rit il sera
tur. consacré.
8. Filios quoque illius applicabis, 8. Tu feras aussi approcher ses
fils, et tu les revêtiras d'une tunique et indues tunicis Iineis, cingesque bal-
de lin et tu les ceindras d'une cein- teo,
ture,
9. A savoir, Aaron et ses fils, et 9. Aaron scilicet et liberos ejus, et
tu mettras sur leur tête des mitres impones eis mitras ; eruntque sacer-
et ils seront mes prêtres pour un dotes mihi religione perpetua. Post-
culte éternel. Après que tu auras quam initiaveris manus eorum,
consacré leurs mains,
10. Tu amèneras le veau devant 10. Applicabis et vitulum coram ta-
le tabernacle du témoignage, et Aaron bernáculo testimoni!. Imponentque
et ses fils imposeront leurs mains Aaron et filii ejus manus super caput
sur sa tète, illius,
Letti, i. 3.
11. Et tu l'immoleras en présen- 11. Et mactabis eum in conspectu
ce du Seigneur près de l'entrée du Domini, juxta ostium tabernaculi tes-
tabernacle du témoignage. timonii.
12. Tu prendras du sang du veau 12. Sumptumque de sanguine vitu-
et tu en mettras avec ton doigt sur li, pones super cornua altaris digito
lescornesdel'autel, et tu répandras au tuo, reliquum autem sanguinem fun-
pied de l'autel le reste du sang. des juxta basim ejus.
13. Tu prendras toute la graisse 13. Sumes et adipem totum quiope-
qui couvre les intestins, et la taie du rit intestina, et reticulum jecoris, ac
foie, et les deux reins et la graisse duos renes, et adipem qui super eos
qui les couvre, et tu les offriras en est, et offeres incensum super altare.
les brûlant sur l'autel. Levit. 8. 3.
•14. Mais tu brûleras hors du camp 14. Carnes vero vituli et corium et
la chair du veau et le cuir et la fiente, fimum combures foris extra castra, eo
parce que c'est une hostie pour le quod pro peccato sit.
péché.
15. Tu prendras aussi un des bé- 15. Unum quoque arietem sumes,
liers, et Aaron et ses fils mettront super cujus caput ponent Aaron et
leurs mains sur sa tête. filli ejus manus.
16. Quand tu l'auras immolé, tu 16. Quern cum mactaveris, tolles de
prendras de son sang et tu le répan- sanguine ejus, et fundes circa altare,
dras autour de l'autel.
17. Tu couperas ensuite le bélier 11. Ipsum autem arietem secabis in
par morceaux, tu laveras les intestins frusta ; lotaque intestina ejus ac pedes
et les pieds, et tu les mettras sur les pones super concisas carnes, et super
chairs ainsi coupées et sur sa tète, caput illius,
18. Et tu offriras tout le bélier en 18. Et offeres totum arietem in in-
le brûlant sur l'autel. C'est une obla- censum super -altare ; oblatio est Do-
tion au Seigneur, une odeur très sua- mino, odor suavissimus victimas Do-
ve de la victime du Seigneur. mini.
1 9 . Tu prendras aussi l'autre bé- 19. Tolles quoque arietem alterum,
lier, et Aaron et ses fils mettront super cujus caput Aaron et fìlii ejus
leurs mains sur sa tête. ponent manus.
20. Lorsque tu l'auras égorgé, tu 20. Quern cum immolaveris, su-
10-14. — Voy. Levit. vm, 14-17 ;cfr. 15-18. — Voy. Levit. vin, 18-21.
Lev. îv, 3. 19-28. — Voy. Levit. vm, 22-29.
CHAPITRE XXIX 241
•mes de sanguine ejus, et pones super prendras de son sang et tu en mettras
extremum auriculae dextrse Aaron et sur l'extrémité de l'oreille droite d'Aa-
filiorum ejus, et super pollice smanus ron et de ses fils, et sur les pouces
^orum ac pedis dextri, fundesque de leur main et de leur pied droits,
^anguinem super altare per circuit urn. et tu répandras le sang sur l'autel'
tout autour.
21. Gumque tuleris de sanguine 21. Et tu prendras du sang qui est
qui est super altare, et de oleo unctio- sur l'autel et de l'huile de l'onction,
nis, asperges Aaron et vestes ejus, et tu aspergeras Aaron et ses vête-
filios et vestimenta eorum. Consecra-
( ments, ses fils et leurs vêtements.
tisque ipsis et vestibus, Lorsqu'ils seront consacrés, eux et
leurs vêtements,
22. Tolles adipem de ariete, et cau- 22. Tu prendras la graisse du bé-
dam, et arvinam quae operit vitalia, lier, et la queue, et la graisse qui
ac reticulum jecoris, et duos renes, couvre les entrailles, et la taie du foie,
atque adipem qui super eos est, ar- et les deux reins et la graisse qui est
mumque dextrum, eo quod sit aries au dessus, et l'épaule droite, parce que
consecrationis; c'est un bélier de consécration ;
:
23. Tortamque panis unius, crus- 23. Et une miche de pain, un gâ-
tulam conspersam oleo, laganum de teau arrosé d'huile, un biscuit de la
canistro azymorum, quod positum est corbeille des azymes qui a été placée
in conspectu Domini; en présence du Seigneur;
24. Ponesque omnia super manus 24. Et tu placeras.le tout sur les
Aaron et filiorum ejus, et sanctificabis mains d'Aaron et de ses fils, et tu les
eos, elevans coram Domino. sanctifieras en élevant ces dons de-
vant le Seigneur.
25. Suscipiesque universa de ma- 25. Puis tu prendras le tout de leurs
nibus eorum : et incendes super al- mains, et tu le brûleras sur l'autel en
tare in holocaustum, odorem suavis- holocauste et en odeur très suave en
simum in conspectu Domini, quia présence du Seigneur, parce que c'est
oblatio ejus est. son oblation.
26. Sumes quoque pectusculum de 26. Tu prendras aussi la poitrine du
ariete, quo initiatus est Aaron, sane- bélier par lequel Aaron a été consa-
•tificabisque illud elevatum coram Do- cré, et tu la sanctifieras en l'élevant
mino, et cedetin partem tuam. devant le Seigneur, et elle sera réser-
vée pour ta part.
27. Sanctificabisque et pectuscu- 27. Tu sanctifieras aussi la poitri-
lum consecratum, et armum quern de ne qui a été consacrée, et l'épaule que
ariete separasti tu as séparée du bélier
24. — Et sanctificabis eos elevans co- frir, qui va être mentionnée au verset 27,
consistait à élever d'abord ce qui devait
ram Domino. Le véritable sens de l'hé- être offert à Dieu avant de le mettre sur
breu est : « et agitabis ea agitatione coram l'autel ; de la vient qu'elle s'appelait nDff n,
Jehova ». Le verbe span signifie non « sanc-
tifier », mais « agiter », et marque une es- élévation. De plus, le pronom anit, « les »,
pèce d'offrande qui se faisait en agitant à se rapporte non à Aaron et à ses fils, mais
droite et à gauche, en avant et en arrière, aux choses qui viennent d'être mentionnées
selon les uns, de cette dernière manière comme placées sur leurs mains. Il ne de-
seulement selon les autres, ce qui était offert. vrait donc pas être traduit par « eos »,
D'après les rabbins, une autre manière d'of- mais par « ea ».
S BIBLE. — EXODE. — 16
TÊ
242 L
28. Par lequel Àaron et ses fils 28. Quo initiatus est Aaron et filii
ont été consacrés, et elles seront ré- ejus, cedentque in partem Aaron et fi-
servées pour la part d'Aaron et de ses liorum ejus jure pcrpetuo a filiis Is-
fils par un droit perpétuel parmi les rael, quia primitiva sunt et initia de
enfants d'Israël, parce que ce sont les victimis eorum pacificis quae offerunt
prémices et les premières parties des Domino.
victimes pacifiques qu'ils offrent au
Seigneur.
29. Or le vêtement saint dont se 29. Vestem autem sanctam qua
servira Aaron, ses fils l'auront après utetur Aaron habebunt filii ejus ptfst
lui, afin qu'en étant revêtus ils reçoi- eum, ut ungantur in ea, et conse-
vent l'onction et la consécration de crentur manus eorum.
leurs mains.
30. Il s'en servira sept jours, celui 30. Septem diebus utetur ilia qui
de ses fils qui sera établi pontife à sa pontifex pro eo fuerit constitutus de
place et qui entrera dans le tabernacle filiis ejus, et qui ingredietur taberna-
du témoignage pour exercer son mi- culum testimonii ut ministret in sanc-
nistère dans le sanctuaire. tuario.
31. Mais tu prendras le bélier de la 31. Arietem autem consecrationis
consécration, et tu feras cuire sa chair tolles, et coques carnes ejus in loco
dans le lieu saint. sancto.
32. Aaron et ses fils s'en nourriront. 32. Quibus vescetur Aaron et filii
Ils mangeront aussi, dans le parvis du ejus. Panes quoque, qui sunt in ca-
tabernacle du témoignage, les pains nistro, in vestibulo tabernaculi tes-
qui sont dans la corbeille, timonii comedent,
Levit. 8. 31. 24. 9. Matth. 12. 4.
28. — Geite loi est répétée Levit. vu, 34. qui n'est pas de la famille d'Aaron. Le mot
Cfr. Lev. x, 14,15- Num. vi, 20. hébreu "ïï est le môme qui est employé xxx„
29, 30. — Voy. Levit. vm, 30, 33. 33 ; Dout. xxv, 5.
31-34. — Voy. Levit. vin, 31,32.
33. — Alienigena, c'est-à-dire ici, celui 35,36. — Voy. Levit. vm, 33, 33,
CHAPITRE XXIX 243
37. Septem diebus expiabis altare, 97. Tu purifieras et tu sanctifieras
et sanctificabis, et erit Sanctum sanc- l'autel pendant sept jours, et il sera
torum : omnis, qui tetigerit illud, très saint. Quiconque le touchera
sanctificabitur. sera sanctifié.
38. Hoc est quod facies in altari : 38. Voici ce que tu feras sur Tau-
Agnos anniculos duos per singulos tel : tu sacrifieras deux agneaux d'un
dies jugiter : an, chaque jour perpétuellement :
Num. 98. 3.
39. Unum agnum mane et alterum 39. Un agneau le matin et un au-
vespere; tre le soir ;
4 0 . Decimam partem similae con- 40. Et avec le premier agneau la
spersoQ oleo tuso, quod habeat men- dixième partie de la plus pure farine
suram quartam partem hin, et vinum de froment arrosée d'huile d'olives pi-
ad libandum ejusdem mensurae in lées, qui aura pour mesure la qua-
agno uno. trième partie d'un hin, et la même
mesure de vin pour la libation.
41. Alterum vero agnum offeres ad 41. Et tu offriras l'autre agneau le
vesperam juxta ritum matutinse obla- soir, selon le rit de l'oblation du ma-
tionis, et juxta ea quae diximus, in tin, et selon ce que nous avons dit,
odorem suavitatis: en odeur de suavité.
42. Sacrificium est Domino, obla- 42. C'est le sacrifice au Seigneur,
tione perpetua in generationes ve- c'est l'oblation perpétuelle, pour toute
stras, ad ostium tabernaculi testimo- votre postérité, à l'entrée du taberna-
nii coram Domino, ubi constituam ut cle du témoignage, devant le Seigneur,
loquar ad te. où je me rendrai pour te parler.
37. — Voy. Levit. viu, 11. texte que la Vulgate rend par « sacrificium
38. — Hoc est quod facies in altari. Le est Domino » et qu'elle renvoio au verset
verbe ntfST), « tu feras », est pris ici dans suivant, appartiennent encore à celui-ci, et
le même sens que le grec péçetv, et le latin doivent se traduire par : « comme une
• faciam.» dans ce vers de Virgile, Bucol. ignition », c'est à dire, comme une offrande
ill, 77; consumée par le feu, « en l'honneur de Je-
hovah ». Par ce sacrifice du matin et du
Quum faciam vitula pro frugibus ipse venito. soir, en consacrant à Dieu chaque jour dans
ses prémices et dans sa fin, les Israélites
Cr. Levit. xxni, 12 ; Num. vi, 17. — Ar/nos devaient lui rendre de continuels hommages
anniculos... C'est le sacrifice perpétuel du et lui consacrer leur propre vie tout on-
matin et du soir, qui est souvent mentionné tière. C'est ce que marquait aussi la ma-
par le psalmiste et les prophètes. tière de ce- sacrifice, qui renfermait les
39. — Vespere, dans l'hébreu : « entre principales choses nécessaires à la vie, en
les deux soirs ». Sur cette expression voy. même temps qu'elles étaient les principales
plus haut xii, 6. • productions de la Palestine. Il était juste
40. — Decimam partem. L'expression qu'une faible partie des dons de Dieu lut
complète est : « le dixième de lëpha », employée à son culte. Ce sacrifice perpétuel
comme elle se trouve Num. xxvni, 5. C'est était une figure du sacrifice eucharistique
ce qu'on appelle aussi le hômer. L'épha est de la nouvelle loi, dans lequel le véritable
évalué, dit Reuss, à 20 litres. Les rabbins agneau de Dieu qui effaœ les péchés du
le définissent en disant qu'il contient 45 1/2 monde, immolé une fois d'une manière san-
œufs. — Oleo luso, rrro ; voy. plus haut glante sur la croix, est encore offert.chaque
rxvn, 20. — Quartam partem hin. Le jour sous les espèces du pain et du vin, et le
« nia », mesure d'origine égyptienne, con- sera jusqu'à la fin des siècles.
tient, selon Keil, 3,35 litres. Il est égal à la 42. — Oblatione perpetua... ; dans l'hé-
àxième partie de l'épha. • breu : « c'est un holocauste perpétuel.. - »
41. — In odorem suavitatis. Voy. sur — Ad oslium tabernaculi teslimoniî, « con*
cette expression Levit, i, 9. Les mots du ventus », c'est à dire, sur l'autel qui y sera
344 L'EXODE
43. Et là je donnerai mes ordres aux 43. Ibique prœcipiam filiis Israel)
enfants d'Israël, et l'autel sera sancti- et sanctifìcabitur altare in gloria mea.
fié par ma gloire.
44. Je sanctifierai aussi le taberna- 44. Sanctificabo et tabernaculum
cle du témoignage avec l'autel, et Aa- testimonii cum altari, et Aaron cum
ron avec ses fils, pour qu'ils exer- filiis suis, ut sacerdotio fungantur
cent les fonctions de mon sacer- mihi.
doce.
45. Et j'habiterai au milieu des en- 45. Et habitabo in medio filiorum
fants d'Israël, et je serai leur Dieu. Israel, eroque eis Deus.
46. Et ils sauront que je suis le Sei- 46. Et scient quia ego Dominus
gneur leur Dieu, qui les ai retirés de Deus eorum, qui eduxi eos de terra
la terre d'Egypte pour demeurer au iEgypti, ut manerem inter illos, ego
milieu d'eux, moi, le Seigneur .leur Dominus Deus ipsorum.
Dieu.
CHAPITRE XXX.
L'autel des parfums, ff. t - i O . — L'impôt pour les besoins du culte, ff. 11-16. — Le
bassin d'airain, ff. 17-21. — L'huile d'onction, ff. 22-33. — Les par/unis, ff. 34-38.
érigé. — Ubi constituam ut loquar ad te ; jugis sacrificii... Altare hoc erat in Sancto,
d'après l'hébreu : « Ubi vos conveniam ut m medio candelabri et monsse, eraique ob-
ibi loquar ad te ». versum propiliatorio sive oráculo, quod erat
43. — Ibique prœcipiam filiis Israel; in Sancio sanctorum supra arcam, sustenta-
dans l'hébreu : «Et ibi conveniam filios ï s - .tum a duobus Cherubim; hinc vocatur hoc
rael». Dieu explique et confirme ce qu'il altare oraculi: erat enim ita obversum orá-
vient-de dire.— Et sanclifi^abilur aliare culo ut p e r aperiuram quae erat superne in
in gloria mea. Le mot « altare » n'est pas pariete d i v í d e m e Sanctum a Sancto sancto-
clans le texte. Il esi vrai que la plupart dos rum fumus aromatum incensorum i n a l t a r i
interprètes le sous-entondent ; maisKeil croit thymiamatis a s s e n d e r e t et e v a p o r a r e t in i p -
iréferable de suppléer, avec Baumgarten, sum o r a c u l u m , u t s e d i c o t hoc suffitu honora-
Î'idée d'Israël comme peuple renierméo dans rstur Dens r e s i d e n s in oráculo. Voluit Deus
hos o d o r e s sibi adoleri non quod odoratu
l'expression «filsd'Israël »,qui précède, d'au-
tant plus que la consécration ou saïutifica- thymiamatis dolectetur, cum nullum habeat
tion de l'autel va être mentionnée au verset odoraLum, uti neo nares, n e e corpus, sed quia
suivant. magnus inter homines censetur honor sua-
15* L'autel des parfuma, XXX, 1-10. ves cuipiam apponerevel suffumigare odores:
hincDeus.quicum hominibus humano more
CHAP. xxx. — 1 - 5 . Cfr. ci-après xxxvu, agit, voluit eosdem ad sui cultum coram se
25-28. « Describí tur hic altare thymiama- adoleri. Sicomniumgentium consuetudineet
tis, in quo nullœvictimas,sed solum thymia- ritu thuris et odorum incensio alt rib uta est
ma, Deo incendebalur, non tantum a pontí- Deo: hinc poetas thuris honores vocant ho-
fice, sed etiam a minoribussacerdolibus, qui nores divinos, et tres magi hsec tria muñera
ordinarie hoc muñere fungebantur, idque dederunt Christo, scilicet« aurum regi, thu-
quotidie bis, scilicet mane et v espere, instar « raDeo,myrrhamquesepulto». Unde etnos
CHAPITRE XXX 245
2. Habens cubitum longitudinis, et 2. Il aura une coudée de long et
alterum latitudinis, id est, quadran- une coudée de large, c'est à dire qu'il
gulum, et duos cubitos in altitudine. sera carré, et il asra deux coudées de
Gornua ex ipso procedent. haut, et des cornes sortiront de ses
angles.
3. Vestiesque illud auro purissimo, 3. Tu le revêtiras d'or très pur, tant
tarn craticulam ejus, quam parietes sa grille que les parois tout autour et
per circuitura et cornua. Faciesque les cornes ; et tu lui feras une cou-
ei coronam aureolam per gyrum, ronne d'or tout autour,
4. Et duos annulos aureos sub co- 4. Et de chaque côté deux anneaux
rona per singula Iatera, ut mittantur d'or sous la couronne, pour qu'on y
in eos vectes, et altare portetur. passe des bâtons et que l'autel puisse
être porté.
8. Ipsos quoque vectes facies de 5. Tu feras aussi ces bâtons en bois
lignis setim, et inaurabis. de sétim, et tu les doreras.
6. Ponesque altare contra velum, 6. Tu mettras cet autel vis-à-vis du
quod ante arcam pendet testimonii voile qui est suspendu devant l'arche
coram propitiatorio quo tegitur testi- du témoignage, devant le propitia-
monium, ubi loquartibi. toire qui couvre le témoignage, où je
te parlerai.
1. Et adolebit incensum super eo h. Et Aaron y brûlera un encens
Aaron, suave fragrans mane. Quando d'une suave odeur le matin. Quand
componet lucernas, incendet illud ; il arrangera les lampes, il le brûlera ;
8. Et quando collocabit eas ad ves- 8. Et quand il les placera le soir,
perum, urct thymiama scmpiternum il brûlera devant le Seigneur le par-
coram Domino in generationes ves- fum éternel dans vos générations.
tras.
9. Non offeretis super eo thymia- 9. Vous n'offrirez pas sur cet autel
ma compositionis alterius, nec obla- des parfums d'une autre composition,
christiani thuriñcamus Deo. Inde ergo alta- lait l'arche, devant le propitiatoire, il était
re hoc vocatum est thymiamatis, sive, ut dans un étroit rapport avec ce dernier, de
hebraico est, altare 'suftitus incensi ». Corn, sorte qu'il est considéré comme appartenant
a Lapide. au Saint dos saints non seulement 111 Rog.
2. — Quadrangulum, comme l'autel des vi, 22, mais encore dans l'épître aux Hé-
holocaustes, plus haut xxvn, 1. — Cornua breux, ix, 4. Le jour de la lôte des expia-
ex ipso procedent, aussi comme à l'autel des tions, le grand prêtre devait prendre des par-
holocaustes, Ibid., 2. fums sur cet autel pour lesporter dans leSaint
3. — Craticulam ejus. Le mot hébreu des saints et les y brûler, Levit. xvi, 12,13.
que la Vulgate rend ainsi signifie « son toit», 7, — Et adolebit incensum super eo Aa-
c'est à dire ici, son côté supérieur ou sa sur- ron suave fragrans ; littéralement d'après
face, qui forme sa couverture. — Faciesque l'hébreu : « Et Aaron y fera fumer un par-
ei coronam aureolam per gyrum. Voy. fum d'aromates». La composition de ce par-
plus haiu xxv, 11, 25. Ainsi cet autel était fum est prescrite plus bas, f. 34 et suiv.
tout recouvert d'or, à cause de quoi il est 8. — Thymiama sempiternum, comme
souvent appelé « l'autel d'or », xxxix, 38 ; l'holocauste, xxix, 42.
/XL, 5, 26; Num. iv, i l . 9.— Thymiama compositionis alterius ;
4. — Et duos annulas áureos*.. Voy. xxv, littéralement dans le texte : «c un parfum
12 et seq. ; 26 et seq. étranger», c'est à dire, autre que celui qui
6. — Ponesque altare contra vélum... est prescrit par Johovah et préparé selon
Quoique l'autel des parfums ne fût pas dans ses ordres. — Nec obbaVonem et viclimam...
le Saint des saints, mais dans le Saint, entre Comme l'autel des parfums est déjà désigné
le chandelier et la table, néanmoins, comme par son nom même d'autel (on hébreu гпттэ,
il avait sa place en face du rideau qui voi- proprement « lieu d'immolation») commo un
246 L'EXODE
lieu où doivent être offerts des sacrifices, et Levit. cap. xvi, 18; et hoc est quod hic
que par sa forme il ressemble à l'autel des ait : « Deprecabitur in sanguine » (id est,
holocaustes, il importait de déterminer exac- per sanguinem, vel tingendo cornua aitaris
tement la nature de ces sacrifices. Elle con- sanguine ejus, scilicet animalis, puta vi-
sistait en ce que les parfums étaient brûlés tuk et hirci) « quod (animal) oblatum est pro
en l'honneur de Jehovah. L'expression jTnapn, peccato ». Fiebat enim haec aitaris lustratio
adotere, suffire, se dit aussi des sacrifices per sanguinis aspersionem ad hoc, ut per
sanglants et non sanglants offerts sur l'autel eam expiaretur altare, tanquam peccatis to-
des holocaustes. Une circonstance qui indique tiuspopuli incujus medio erat per totum
encore le rapport du sacrifice des parfums annum commissis contaminatum, ideoque
avec l'holocauste, c'est qu'il doit être offert lustrandum et reconciliandum hac lustratio-
en même temps. Les deux sacrifices sont des ne et expiatione ». Corn, a Lap. — Sanctum
symboles de l'offrande qu'Israël fait de lui- sanctorum erit Domino. Cest à l'autel qu'il
même à son Dieu, mais avec nette différence me parait le plus naturel de rappoi*ter cette
que par l'holocauste il lui consacre sa vie qualification, que d'autres appliquent à la
tout entièro, quant-à l'âme et quant au corps, cérémonie de l'expiation, d'autres encore au
tandis que dans le sacrifice des parfums sa jour où elle devait avoir lieu.
prière est figurée comme une élévation de 16°. L'impôt'pour les besoins du culte, ff. 41-16.
l'homme spirituel vers Dieu. Cfr. Ps. CXL, â \
Apoc. v, 8 ; vui, 3 et seq. Une différence ul- 11. — Avec l'autel des parfums se termi-
térieure qui se rattache a celle-là, c'est que nent les prescriptions relatives au sanctuai-
dans l'holocauste, cette offrande avait pour re. Celles qui suivent jusqu'au ch. xxxi, 17,
base l'expiation des péchés par le sang, au sont déjà indiquées par cette formule qui re-
lieu que l e sacrifice des parunns supposait vient pour chacune : *« Et le Seigneur parla à
déjà la réconciliation avec Dieu, par suite, Moïse », comme des ordonnances complémen-
de laquelle l'âme s'élevait vers lui. À ce taires.
point de vue, le sacrifice des parfums est le 43. — Quando tuleris summam... dabunt
complément de l'holocauste. singuli pretium pro animnbus suis Do-
40. — Et deprecabitur, d'après l'hébreu : mino. Cette contribution pour les besoins du
€ et expiabit » Aaron super cornua ejus culte devaitêtre levée toutes les fois qu'au-
semel per annum... « Transit hic Moses, in- rait lieu le recensemeatdu peuplé. Selon D.
quit Gajetanus, ab offîcio quotidiano allaris Calmet, c'était une espèce de capitation or-
hujus ad officium anniversarium super idem donnée par leroi d'Israël, en reconnaissance
altare peragendum, quod non ad minores de son souverain domaine, à tous ses sujets
sacerdotes, sed ad solum Aaronem, id est, compris dans le recensement. Cependant le
pontificem spectabat; peragendum inquam, nom de iJD3> expiation, qui lui est donné ici,
in die expiationis, qui celebrabatur décima sans exclure ce motif, en indique plutôt un
die mensîs septimi. Illo enim die ponli- autre. Par le recensement, les Israélites, ad-
fex, post expialionem Sancti sanctorum, mis au rang de citoyens de l'Etat théocra-
inde regrediens ad Sanctum et altare tique et de soldats de l'armée de Jehovah,
thymiaraatis, ibi precabatur pro peccatis entraient avec lui dans des rapports plus
suis, atque tin ge bat cornua al tans san- étroits; ils auraient eu besoin, comme Aaron
guine quem ferebat secum in vasculo, quo et ses fils, Lev. vin, 44 et seq., comme les
etiam jam asperserat Sancta sanctorum, lévites, Num. vin, 6 et seq., lorsqu'ils furent
CHAPITRE* XXX 247
Domino, et non erit plaga in eis, cum et aucune plaie ne les frappara lors-
fuerint recensiti. qu'ils seront dénombrés.
JVKS*. 1. 2.
13. Hoc autem dabit omnis qui 13. Or voici ce que donneront tous
transit ad nomen, dimidium sicli jux- ceux dont on prendra les noms : la
ta mensuram templi. Siclus viginti moitié d'un sicle, suivant la, mesure
obolos habet. Media pars sicli offere- du temple. Le sicle a vingt oboles. La
tur Domino. moitié d'un gicle sera offerte au Sei-
Levit. 27. 25. JSum. 3. 47. Excah. 48. 12. gneur.
14. Qui habetur in numero, a vi- 14. Celui qui sera compris dans le
ginti annis et supra, dabit preti um. dénombrement, depuis vingt an*s et
au dessus, donnera ce prix.
15. Dives non addet ad medium 15. Le riche n'ajoutera rien au
sicli, et pauper nihil minuet. demi sicle, et le pauvre n'en retran-
chera rien.
16. ' Susceptamque pecuniam, quse • 16. L'argent reçu et recueilli parmi
collata est a filiis Israel, trades in les enfants d'Israël, tu l'emploieras aux
appelés au saint ministère, d'être préalable- rence de poids, et pensent que le sicle du
ment soumis à des purifications ; mais pour sanctuaire n'était ainsi appelé que parce
eux, Dieu se contenta de ce léger tribut, qui qu'il était conservé dans ce lieu comme éta-
les remp açait. Knobel cite un usage romain lon. Us ajoutent qu'il fut aussi appelé plus
assez semblable. Les Romains faisaient tous los tard « sicle du roi », parce que les roi^
cinq ans un recensement, et le terminaient par avaient leurs officiers qui veillaient a la
des sacrifices expiatoires, accompagnés d une conservation dos poids et des mesures. Voy.
prière : « Ut dii populi romani res meliores D. Calmet. « Indicatur, dit auetri Rosonmuller,
amplioresque facerent »,et plus tard: «Ut siclus justi ponderis et puri argeuti, qualis
eas perpetuo incólumes servent». Val. Max. in sanctuario servabatur ut csetaronun nor-
iv, 1,10. —Et non erit plaga in eis... Cet- ma esset». Le demi-sicle est aussi appaié
te contribution, par laquelle ils se reconnaî- plus bas, XXXVIII, 26, yp_2 (BKQÀHJ, propre-
tront pécheurs, indignes de l'aire partie du ment fissure, de ypa, fendre, partager en
peuple do D.eu, sera reçue de lui comme
une expiation qui les préservera des châti- deux. Il en est déjà fait mention au temps
ments que leur attirerait leur indignité et des patriarches comme d'un poids en usage
leur présomption. pour resLimation de bijoux en or, Gen. xxiv,
22. — Siclus viginli obolos habet. Le mot
Í3. — Omnis gui transit ad nomen, dans du texte que la Vulgjate rend par « obolos »
l'hébreu: « ommsqui transitadrecensitos » est rnJ (GKRAH). Le gérah pesait 13,7 grains ;
qui ínter eos numeratur. — Dimidium sicli.
Le sicle des derniers temps était une mon- sa valeur était la même que celle de l'obole
naied'argentquiestévaluéc'environ 3 francs des Grecs, qu'on estime 15 centimes.
40 centimes. Mais au temps de Moïse, i! n'y 14. — A viginli annis et supra. C'est à
avait pas encore de monnaie proprement vingt ans que risraéiiteétait considéré com-
dite, quoique déjà longtemps auparavant on me un homme lait, comme citoyen, et était
trouve des pièces d'argent marquées d'un a imiâ à en exercer les droits. — Dabit pre-
certain signe qui leur donnait cours chez les tium. Le mot hébreu que la Vulgate rend
marchands, Gen. ххш, 13; le sicle ne comp ?ci par « pretium » est rravtfi, offrande.
tait que comme poids. Sous ce rapport, il est 15. D>'ves non addet... C'est un éloquent
évalué par Munk, d'après les sioles qui nous témoignage de l'égalité de toutes les amas,
restent de l'époque des Macha-bées, à 274 par leur nature, aux yeux de Dieu, sans que
grains (Palestine, p. 403). — Juxta mensu- des circonstances extérieures, telles que la
ram templi; dans le texte : « d'après le si- richesse et la pauvreté, en augmentent ou en
cle du sanctuaire ». Selon Keil, c'est le sicle diminuent le prix. Cet impôt, du reste, était
primitif, ayant son poids complet, à la diffé- si peu de chose que les plus pauvi-es même
rence de celui qui avait cours dans le com- ne pouvaient en être incommodés.
merce ordinaire, qui était plus léger. Mais Itf. — Trades in usus tabernacuU testi-
•d'autres, comme D. Calraet, nient cette diffé- moniï, dans l'hébreu : a conventns ». Cet
248 LEXODE
•culte, et pour laquelle il lui communique- plication qui semble plus naturelle : c'est
ra toute la sainteté convenable. — Un- que ces ustensiles consacrés par l'huile
guentum compositum opère unguentarii. u'onction seront si saints qu'ils communique-
Ce n'était donc pas un simple mélange des' ront même leur sainteté à ce qui les tou-
ingrédients, mais le produit d'un art pro- chera.
prement dit. D'après la tradition juive, les 32. — Caro hominis non ungetur ex eo :
essences des aromates solides en étaient d'a- cette huile ne sera employée pour oindre le
bord extraites, puis mêlées avec l'huile et la corps de parsonneà la manière ordinaire, mais
myrrhe. C(r. Bsehr II, p. 170 et suiv. La pré- seulement pour la consécration des prêtres; et
paration de l'huile d'onction, ainsi que celle juxta composilionem ejus nor. facietis
de l'encens, fut confiée à Bezéléel, ci-apr. aliud, et vous n'en ferez pas de semblable,
xxxvn, 29. en y employant les mêmes ingrédients dans
28. — Et universam supellectilem... ; les mêmes proportions. Par là Dieu ne dé-
d'après l'hébreu : « et tousses ustensiles » (de fend pas de se servir des mêmes aromates,
l'autel des holocaustes), « le bassin et sa mais seulement de le faire de manière à
base». obtenir la même composition, la même
29. — Qui teligerit ea, sanctificabitur, « id huile.
est, sanctificari débet, ita ut, si sit immun- 33. — Et dederit ex eo alieno; plus exac-
dus, expiet se aqua lustrationis, de qua Le- tement d'après l'hébreu : « et qui en mettra
vit. xrv et Num. xix, antequam altare vel surun étranger ». Sous le nomd « étranger »
alia vasa sancta tangat, inquit Abulensis». est ici désigné quiconque n'est pas de la
Corn, a Lap. Brentano donne une autre ex- famille d'Aaron.
CHAPITRE XXX
34. Dixitque Dominus ad Moysen : 34. Et le Seigneur dit à Moïse :
Sume tibi aromata, stacten et onycha, Prends des aromates, du stacten et de
CHAPITRE XXXI.
Dieu désigne Reséléel et Ooliab pour la construction du tabernacle et des autres ouvrages,
ff. 1-11. — Observation du sabbat de nouveau prescrite sous peine de mort, ff. 12-17.
— Les deux tables de pierre, f. 18.
1er, pour me communiquer à toi, c'est à dire, 2. — Vocavi ex nomine. Cette expression
non dans le Saint des saints, mais dans le marque le <*hoix spécial d'une personne pour
Saint, à rendrait où se trouvera l'autel dos une affaire importante. Cfr. Is. XLV, 3, 4. —
parfums. Le reste devra naturellement se Besèléel. C'est lui qui est mis à la tête des
conserver ailleurs. L'encens ainsi rappro- travaux, d'où vient qu'il est toujours nommé
ché de l'arche est dit <• très saint», tandis le premier, tpiand il ne l'est pas tout seul.
que l'huile d'onction n'est appelée que « sain- .Le Hur dont il est le petit fils est vraisem-
te», f. 32. blablement le même dont il a déjà été fait
37. — Talem compositionem non facie- mention au chap. xvn, 10, comme ayant
tis in usiis vestros . . . C'est la même dé- soutenu, conjointement avec Aaron, les mains
fense qu'à l'égard de l'huile d'onction, ci-des- de Moïse durant le combat contre Àmalec, et
sus 32 et 33. au chap. xxiv, 14, comme adjoint au même
38. — Peribii de populis suis ; littéra- Aaron pour l'administration des affaires pen-
lement dans le texte : « il sera retranché de dant que Moïse serait sur la montagne.
son peuple », il sera mis à mort ou excom- 3. — Et implëvi eum spiritu Dei, id est,
munié. meo. 0. Calmot observe qne les anciens attri-
buent à Dieu les talents naturels et acquis,
30" Ouvriers choisis de Dieu pour faire le tabernacle
et les autres ouvrages, xxxi, 1 — 11. et cite à ce propos Sénèque, qui dit, De Be-
nêt, iv, 4 : « Insita nobis omnium artium
CHAP. XXXI. — 1-11. Cfr. xxxv, 30 — semina, magisterque ex occulto Deus produ-
xxxvi, 1. Toutes les indications relatives à la cit ingénia ». Homère, Odyss. vi, 232, parle
construction du tabernacle et de ses usten- aussi d'un homme qui, instruit par Vulcain
siles, aux vêtements sacrés des prêtres, à la et Minerve, fait toute sorte d'excellents ou-
composition de l'huile sainte et des parfums, vrages. Mais l'expression employée ici doit
étant données-, il ne reste plus qu'à désigner s'entendre d'une aptitude, d'une habileté
les hommes qui seront chargés de l'exécution. extraordinaire, surnaturelle, qui toutefois
CHAPITRE XXXI 253
4. Ad excogitandum quidquid fa- 4. Pour imaginer tout ce qui peut
brefieri potest ex auro, et argento, et être fabriqué en or et en argent et en
sere, airain,
5. Marmore, et gemmis, et diversi- 5. Et en marbre, et en pierres
tate lignorura. précieuses et en bois divers.
6. Dediquc ei socium Ooliab filium 6. Et je lui ai donné pour compa-
Achisamech de tribù Dan. Et in corde gnon Ooliab fils d'Achisamech, de la
omnis eruditi posui sapientiam, ut fa- tribu de Dan ; et j'ai mis la sagesse
ciant cuncta quae prsecepi tibi : dans le cœur de tout homme habile,
pour qu'ils fassent tout ce que je t'ai
ordonné :
7. Tabernaculum foederis, et arcam 7. Le tabernacle de l'alliance, et
testimonii, et propitiatorium, quod l'arche du témoignage, et le propitia-
super earn est, et cuncta vasa taber- toire qui est sur l'arche, et tous les
náculo objets du tabernacle,
8. Mcnsamque et vasa ejus, cande- 8. La table avec ses vases, le
labrum purissimum cum vasis suis, chandelier d'or très pur avec ses us-
et altaría thymiamatis, tensiles, et l'autel des parfums,
9. Et holocausti, et omnia vasa eo- 9. Et celui des holocaustes avec
rum, labrum cum basi sua, tous leurs vases, le bassin avec sa
base;
10. Vestes sanctas in ministerio Aa- 10. Les vêtements saints pour le
ron sacerdoti et filiis ejus, ut fungan- ministère du prêtre Aaron et de ses
tur officio suo in sacris ; fils, afin qu'ils remplissent leurs fonc-
tions sacrées ;
11. Oleum unctionis, et thymiama 11. L'huile de l'onction, et les par-
aromatum in Sanctuario : omnia quae fums d'aromates dans le sanctuaire.
preecepi tibi, facient. Ils feront tout ce que je t'ai ordonné.
n'exclut nullement les talents naturels, mais bernacle ni de rien de ce qui s'y rattache.
plutôt les suppose comme en étant le complé- 6. — Ooliab. C'était, d'après le chap.
ment. Ce qui suit en détermine davantage xxxvin, 23, un excellent ouvrier sur bois, très
le sens, et indique le genre de communication habile aussi dans la confection des étoffes.
•de l'esprit de Dieu qui a été fait à Beséléel. 10. — Vestes sanctas in ministerio Aaron
4. — Ad excogitandum . . . Quoique Dieu sacerdoti. Le texte hébreu distingue ici deux
oût presert dans le plus grand détail ce sortes de vêtements, les uns qu'il désigne
qu'il y avait à faire, il n'en restait pas moins sous le nom de "nten n à a , « vêtements
une grande part au génie de l'artiste pour
rendra l'exécution digne du plan divin, con- d'office», et les autres sous celui de *na2
formo à l'idéal de chaque ouvrage. Il y tf^pn, «vêtements saints ». Le sens que nous
avait d'ailleurs différentes choses dont la donnons à la première expression est celui
forme n'était pas indiquée. dans lequel font dé„à prise les Septante,
5. — Marmore, et gemmis, et diversitate encore suivis par les meilleurs interprètes
lignorum. D'après l'hébreu : « et dans la modernes, tels que Keil, Clark, Rawlinson,
taille des pierres pour enchâsser, et dans la etc., quoique la signification précise de
taille du bois, pour travailler en toute sorte l l t o n'ait pas encore pu être déterminée avec
d'ouvrages ». La Vulgate, ainsi que les Sep- certitude. Voy. Keil. Par ces « vêtements d'of-
tante, a pris l'hébreu p » pour toutes espè- fice » on entend ceux qui étaient particuliers
ces de pierres ; mais il ne s'agit que dos au grand prêtre, à la différence des « vête-
pierres précieuses à enchâsser. ÎJG marbre ments saints », qui lui étaient communs avec
n'est pas entré dans la construction du ta- les simples prêtres.
254 L'EXODE
significationem. Dico ergo, solius sabbati qu'elle distinguait encore sous les Romains,
praeceptum repetit Deus, iiludque adjecta comme on le voit par Juvénal, Sat. vi, 159 ;
pœna mortis denuo saivit, tum quia praeci- xiv, 96, et qu'elle a continué a caractériser
pua erat coeremonialis lex hsec sabbati, re- jusqu'à nos jours. — Ut sciatis quia ego Do-
currens singulis hebdomadis, tum quia sab- minus qui sanctifico vos.Bn observant fidè-
batum erat cultus Dei maxime publiais et lement le repos du sabbat, les Israélites ap-
solemnis, unde subdit : « Quia signum est prendront par expérience que c'est Jehovah
• inter me et vos quasi diceret : Quia sab- qui les sanctifie au moyen de cette obser-
batum s'gnum est quod vos mihi sitis popu- vance ; leur sanctification sera particulière-
lus. et ego vobis sim Deus, utpote in cujus ment le résultat de leur obéissance à cette
honorem et ob cujus obedientiam Colitis sep- loi. De môme encore dans la nouvelle loi,
timum diem, puta sabbatum », etc. La vé- il est reconnu que l'observation du dimanche
ritablo raison delà répétition de ce précepte a une très grande influence sur la vie reli-
dans cet endroit est que le sabbat se ratta- gieuse et morale des peuples.
chait au tabernacle, et plus tard au temple, 14. — Qui polluerit iUud, morte morie-
comme faisant une partie essentielle du culte tur. La sévérité de cette peine vient de ce
divin, aussi bien que le dimanche dans la que la profanation du sabbat est considérée
nouvelle loi. D'ailleurs, comme l'a déjà fait comme une rupture de l'alliance avec Dieu.
observer Cornelius a Lapide, ce n'est pas 15. — Sabbatum est, requies sancta
une simple répétition ; aux ordres antérieurs Domino. Plus exactement d'après l'hébreu :
ooucemaut le sabbat sont maintenant ajoutés sabvalam sabbati, ou « quies requiei »,
CHAPITRF, XXXI 255
16. Custodiant fìlii Israel sabba tum, 16. Que les enfants d'Israël gardent
et celebreut illud in generationibus le sabbat et le célèbrent de génération
suis. Pactum est sempiternum en génération. C'est un pacte éter-
nel
17. Inter me et filios Israel, signum- 17. Entre moi et les enfants d'Is-
que perpetuimi ; sex enim diebus fecit raël, et un signe perpétuel. Car le
Dominus ccelum et terram, et in sép- Seigneur a fait en six jours le ciel et
timo ab opere cessavit. la terre, et le septième jour il a cessé
Gen. 1. 31. 3. 2. son œuvre.
48. Deditque Dominus Moysi, com- 18. Et lorsqu'il eut achevé de par-
pletis hujuscemodi sermonibus in ler ainsi sur le mont Sinaï, le Sei-
monte Sinai, duas tabulas testimonii gneur donna à Moïse les deux tables
lapídeas, scriptas digito Dei. de pierre du témoignage, écrites par
Deut. 9.10. le doigt de Dieu.
sanctum est Domino. La répétition du gne, ci-dess. xxiv, 12. De même que récri-
même mot, ou dune forme abstraite au lieu ture qu'elles renfermaient, elles étaient l'ou-
du nom concret, marque le superlatif, comme vrage immédiat de Diou. Il serait inutile de
dans « vanité des vanités », etc. Ainsi « sab- vouloir déterminer exactement le mode
batum sabbati » ou « quies requioi (nntf d'opéiation dont il avait usé, soit pour tail-
ler les tables, soit pour y graver les carac-
pruTI?) », signifie un sabbat ou un repos tères ; il doit nous suffire de savoir que, ni
complet. pour l'un ni pour l'autre point, il ne pou-
16. — Paetum est sempiternum. Dans vait éprouver la moindre difficulté, la na-
l'hébreu ces mots font encore partie de la ture entière lui étant soumise et parfaite-
phrase précédente, à laquelle ils se joignent ment obéissaîite. Combien saint et vénéra-
do cette manière : « pour faire », pour célé- ble devait être pour les Israélites un pareil
brer, « le sabbat dans leurs générations document ! L'Ecriture se tait sur ses dimen-
comme une alliance à jamais ». sions. Elles étaient sans doute en rapport
avec celles de l'arche destinée à le recevoir,
17. — Inter me et filios Israël, signum- uoiqu'on ne puisse pas supposer qu'il ait
que perpeiuum. Dans l'hébreu : « Entre
moi et les fils d'Israël, ce sera un signe à
S û la remplir entièrement. Comment, on ef-
iot, à moins d'avoir la force d'un Samson,
jamais ». Le sabbat taisait partio de l'al- Moïse aurait-il pu porter dans ses mains
liance et on était en même temps une mar- du haut de la montagne des tables de pierre
que. De même que le signe de la circonci- de deux coudées et demie de long, d'une
sion, celui du sabbat devait avoir une éter- coudée et demie de large et d'une épaisseur
nelle durée dans ce qu'il figurait, le repos correspondante ? Keil conJBcture qu'elles
du ciel. Cfr. Hebr. iv, f et seq. avaient tout au plus une coudée et demie
do long sur une coudée de large, et pense
§ 7. Les deux tables de pierre, f. 18. que, avec ces dimensions, leurs quatre
18. — Duas tabulas testimonii lapideas. surfaces présentaient un espace suffisant
Ces tables « du témoignage », c'est à dire, pour les 172 mots que renferme le décalo-
de la loi, sont celles que Dieu avait déjà an- gue avec les promesses et les menaces qui y
noncé à Moïse qu'il lui donnerait -lorsqu'il sont jointes, sans que les caractères lus-
l'avait appelé auprès de lui sur la monta- sent trop petits.
236 LEXODE
CHAPITRE XXXII
Le veau d'or, ff. 1-6. — Moïse intercède auprès de Dieu pour le peuple, ff. 7-14. — Il
brise les tables de la loi et réduit on poudre le veau d'or, 15-20. — Reproches qu'il
fait à Aaron, ft. 21-24. — Châtiment des coupables; les lévites récompensés de leur
zèle, ff. 25-29. — Moïse implore de nouveau la grâce du peuple, ff 30-35. m
quelles Dieu lui avait assez prouvé qu'il reille dans une bourse, et, quand même il
était fidèle à son alliance, et en essaya.it l'eût fait, à quoi bon ce détail tout à fait
de relever ainsi sa foi et son courage, il cède superflu. Kel et Dillmann se décident en
lâchement nar crainte à ses exigences. En conséquence pour la première, que jo crois
demandant les pendants d'oreilles des femmes aussi la véritable. L'objection la plus sérieu-
et des enfants, il espérait peut-être que la se qu'on lui opposa est quo, si on l'admet,
vanité, l'amour de la parure, si naturels l'historien semble dire que le ciseau a été
aux femmes, provoquerait de leur part une appliqué à l'idole avant quelle lut jatéo on
opposition qui amènerait le peuple à se dé- fonte, ce qui est absurde. Mais pour résou-
sister de son projet. C'est Topinion de S. Au- dre cette difficulté, il suffit de faire observer
gustin, de Théodoret et de la plupart des que ces deux membres de phrase : « et il le
modernes. Mais l'événement fit voir combien laçonna avec le ciseau, et il en fit un veau
il se trompait. en fonte », ne marquent pas la suite des
. 3. — Fecitque populus quœ jusserat, opérations, l'ordre dans lequel elles se sont
àeferens... Littéralement d'après l'hébreu : succédé : le premier ne fait qu'énoncer un
«Et tout le peuple s'arracha les pendants détail, une opération particulière, et le sui-
d'or qui étaient a leurs oreilles, et ils les vant donne lo résultat final de tout le tra-
apportèrent à Aaron». Ces paroles peignent vail. Au reste, et cette observation servira
bien plus vivement Par. leur et l'empresse- encore de réponse à d'autres objections,
ment de ce peuple aveugle. Il ne reste plus quoique le veau d'or ait été jïté en fonte, il
maintenant à Aaron d'autre parti à prendre ne s'ensuit pas qu'il fût en or massif. Outre
que de résister ouvertement à ses exigences que la'plupart des granies idoles dos an-
ou de lui sacrifier sa conscience et son honr ciens avaient un noyau en bois et n'étaient
neur. C'est malheureusement à ce dernier que recouvertes d'une plaque d'or, il y a des
qu'il 89 résout. passages, tels quo 1s. xxx, 22 ; xh, 19, qui
montrent que non S3uleme.it l'or fon:lu pour
4. — Formavit opere fusorio. Le mem- cet onjet n'était d'abord qu'une masse brute
bre de phrase que la Vulgate rend ainsi est gue l'orièvre battait au marteau de manière
m r n înk lïïl, qu'on explique diverse- a en faire une plaque dont il recouvrait le
ment. Mais de toutes les explications qu'on bois, mais encore que la figure ainsi obtenue
en a données, il n'y en a que deux qui mé- était appelée roDD, fusion, figure en
ritent d'être rapportées. La-première est
celle des anciens traducteurs, les Septante, fonte, en métal. Le veau d'or no futpas
Onkelos et le Svriaque, et de beaucoup de fait, selon Keil, par d'autres procédés. Cest
modernes, d'après lesquels il faut traduire : ce qui résulte déjà, dit-il, de la manière
« et il le forma », le façonna, à savoir, l'or dont il fut détruit, puisque l'idole fut brûlée
des pendants d'oreilles, « avec le ciseau •». et ensuite broyée et pulvérisée, c'est à dire
L'autre, qui se trouve déjà dans Jonathan, quo son noyau en b">is fut d'abord consumé
a été adoptée et défondue par Bochart, par le feu, carbonisé, après quoi la plaque
Hieroz. 1. Il, c. xxxiv, Schraeder, De Vestitu d'or fut broyée et réduite on poussiè.e.
mul., p. 285 et suiv., et plusieurs autres, Voyez cependant ci-après, 20. — Hisunt _
qui, prenant l ï j i (de l i ï = TIÏ) dans la du lui, Israël, qui te eduœerunt..., ou
signification de : « et il serra, il lia », qu'il au singulier : « Hic est Deus tuus, Israël,
a effectivement IV Reg. v, 23, et Tain comme qui te eduxit... » Voy. plus haut la note
sur le f. 1. Il semble résulter de ces paroles,
employé dans le sens de îsnn, bourse, tra- que, bien quo le veau d'or (SaV, jeune tau-
duisent : «et il le serra », ou • il le lia reau) fat tait à l'imitation du bœuf Ap's, ce
dans une bourse ». Mais on paut demander, n'était cependant pas une divinité égyptienne,
à propos de la seconde explication, pourquoi mais Jehovah, qu'on avait voulu représenter
Aaron aurait d'abord lié les pendants d'o- sous ce symbole. Cola parait encore découler
S " BIBLE. — Ex DE. —
1
17.
238 L'EXODE
dirent : Israël, voilà tes dieux, qui dii tui, Israel, qui te eduxerunt de
t'ont fait sortir de la terre d'Egypte. terra Mgypú.
Ps. 105. 19.
5. A cette vue, Aaron éleva un au- 5. Quod cum vidisset Aaron, sedifi-
tel devant le veau, et cria parla voix cavit altare coram eo, et prseconis voce
du héraut et dit : Demain c'est la so- clama vi t dicens : Cras solemnitas Do-
lennité du Seigneur. mini est.
6. Et le lendemain, se levant, ils 6. Surgentesque mane, obtulerunt
offrirent des holocaustes et des hos- holocausta et hostias pacificas, et se-
ties pacifiques ; et le peuple s'assit dit populus manducare et bibere, et
pour manger et boire, et ils se levè- surrexerunt ludere. •
rent pour jouer. J. Cor. M. 7.
T. Or le Seigneur parla à Moïse et 1. Locutus est autem Dominus ad
do la fête à laquelle il donne lieu, fête qu'Aaron >ar les Hébreux au pied du mont Sinal fut
annonce comme devant être célébréo en Îlesaitefemmes
avec les pendants d'oreilles donnés p a r
israélites. Ces bijoux étaient
l'honuour do Jehovah, ci-apr. f. 5 ; à moins
toutefois qu'on ne dise qu'Aaron exprime sa l'œuvre des artistes égyptiens. Les tombeaux
pensée, et non celle du peuple, et qu'il cher- les plus anciens de l'Egypte nous offrent de
che à rameuor au culte du vrai Dieu un nombreux pendants d'oreilles en or,quelques-'
culte idolâtrique par sa nature, ce qui uns incrustés de perles; une peinture de
n'est pas impossible. Mais même dans l'hy- Thèbes représente des dames égyptiennes
pothèse la plus favorable, le veau d'or faisant la comparaison des pendants qu'elles
avec son culte n'en était pas moins une portent; nos musées sont remplis d'anciens
violation flagrante dô la défense de faire bijoux de tout genre, pendants d'oreil-
des images taillées, un retour honteux les, bagues, quelques-unes très massives,
aux superstitions de l'Egypte, et par là chaînes, etc. Les filles et les femmes d'Israël
même une rupture manifeste de l'alliance avaient dans le désert dos ornements pré-
avec Dieu. D'ailleurs Dieu ne représente-t-il cieux en grand nombre, parce qu'elles en
as le veau même comme ayant été l'objet possédaient déjà elles mêmes pendant leur
u culte et de l'adoration des Israélites, séjour dans la terre de Gessen, et qu'elles en
plus bas f. 8 ? 11 y avait donc dans ce culte récurant probablement encore d'autres au
uno idolâtrie formelle. moment de leur départ. — Il ne fut pas dif-
5. — Prœconis voce. Ces deux mots ficile à Aaron de faire fondre l'or qui lui
sont une addition explicative de la Vulgate : avait été remis et de le façonner. Panai les
ils ne se lisent ni dans l'hébreu ni dans les Israélites, on comptait des ouvriers, habiles.
Septante. Nous savons de plus qu'il y avait des mines
6. — Obtulerunl holocausta et hostias dans le Sinaî, ou les Hébreux fondirent le
pacificas. Il est évident que c'étaient les veau d'or, et elles étaient exploitées par les
formes accoutumées des sacrifices, et que Egyptiens : ils y mettaient en œuvre ie mine-
ni l'une ni l'autre n'a été introduite par la rat qu'ilsen extrayaient longtemps déjà avant
loi, qui, sau fie «livre de l'alliance », c'est l'exode. On pouvait donc y trouver les ins-
à diro, récrit qui en renfermait les condi- truments nécessaires pour fabriquer cette
tions, ci-dess. xxiv, 3 et suiv., n'avait pas idole. L'adoration du veau d'or rappelle
encore été promulguée. Gfr. xvui, 12. — l'Egypte autant que sa fabrication même. On
SecUt populus manducare... Cest ainsi, ne peut méconnaître dans cette idole une
d'après Hérodote n, 60, et m, 27, que les imitation du culte du bœuf Apis. Les céré-
Egyptiens célébraient leurs iêtes d'Apis. monies par lesquelles on l'honore, les danses,
« Du reste, les sacrifices solennels étaient les chants, sont les mêmes par lesquelles en
suivis de festins, et les festins de concerts, Egypte on célébrait les fêles des dieux, telles
de jeux et de danses, parmi les Hébreux que nous les voyons représentées sur les mo-
comme parmi les autres peuples ». D. Cai- numents figurés, lorsque dans la procession
met. Cfr. ci-après yf. 17-19. Plusieurs pen- ou pauégyrie on approchait de l'enceinte sa-
sent que ces divertissements furent accom- crée du temple ». La Bible, etc., t. u, p. 586.
pagnés des désordres auxquels de pareilles
fêtes donnaient lieu chez les païens. — S" Moïse intercède auprès de Dieu pour le peuple
M. Vigoureux fait sur le veau d w des ob- coupable, ff. 7-14.
servations que je crois devoir reproduire ici : 7. — Peccavt't populus tuus, quem edu-
« Le texte sacré nous dit que l'idole adorée œisti... Dieu ne reconnaît plus ce peuple
CHAPITRE XXXII 259
Moysen, dicens : Vadc, descendc; lui dit : Va, descends ; ton peuple, que
peccavit populus tuus, quem eduxisti tu as retiré de la terre d'Egypte, a pé-
de terra iEgypti. ché.
Deut. 9. 19.
8. Recesserunt cito de via quam 8. Ils se sont écartés promptemcnt
ostendisti eis, feceruntque sibi vitu- de la voie que tu leur as montrée :
lum conflatilem et adoraverunt, atque ils ont fait un veau d'or fondu et l'ont
1
irnmolantes ci hostias, dixerunt : Isti adoré, et, lui immolant des hosties,
sunt dii tui, Israel, qui te eduxerunt ils ont dit : Israël, voilà tes dieux,
de terra iEgypti. qui t'ont fait sortir de la terre d'E-
III. Reg. 12. 23. gypte.
9. Rursumque ait Dominus ad Moy- 9. Et le Seigneur dit encore à Moï-
sen : Cerno quod populus iste dura) se : Je vois que ce peuple a la tète
cervicis sit. dure.
Infi'. 33. 3. Beut. 0. 13.
10. Dimitte me, ut irascatur furor 10. Laisse-moi, afin que ma fureur
meus contra eos, et deleam eos, faciam- s'irrite contre eux et que je les dé-
que te in gentem magnam. truise, et je te ferai chef d'un grand
peuple.
pour le sien depuis au'il l'a quitté pour un Ezech.). Dieu fait en même temps paraître
veau d'or. Ces paroles peuvent aussi avoir sa clémence infinie, et montre que, malgré
pour 1 ut d'exciter l'intérêt de Moïse, en fa- la grandeur du crime des Israélites, sa misé-
veur d'un peuple coupnble, auquel il vou- ricorde s'oppose à l'action de sa justice, qui
lait cependant faire grâce en ss laissant les anéantirait, Theodoret (Qusest. LXVII in
désarmer par ses prières. C'était d'ailleurs à Exod.) remarque que quand Dieu dit à Moïse:
Mo"se, comme médiateur de l'alliance, qu'il «Laisse-moi l'aire», c'est pour lui insinuer
appartenait de représenter ce peuple auprès qu'il peut l'apaisor par ses prières, et que
de lui. son désir est qu'il le fasse. S. Grégoire dit
8. — Recesserunt ciio de via quam os- de même, Moral. IX, 11 : «Quid est servo
tendisti eis. D'après l'hébreu : « Ils se sont clicere : Dimitte me, nisi deprecandi ansam
vite retirés de la voie que je leur ai pres- praebere ? Quasi : Pensa quantum apud me
crite ». Cette promptitude à abandonner la va leas, et cognosco quia obtinere poteris
voie que Dieu leur avait tracée augmente quidquid pro populo exoras ». Le sort de ce
leur crime, et rend d'autant plus criante peuple est donc remis entre les mains de
leur ingratitude envers leur libérateur et Moise, qui, sans se laisser ébranler par au-
leur bienfaiteur. — Et adoraverunt... Ce cune considération d'intérêt personnel, ne
n'est donc pas Jehovah, d'après Jehovah lui- songe qu'à obtenir grâce pour lui. On peut
môme, qu'ils ont adoré sous, le symbole du demander co qui serait arrivé si Moïse avait
veau d'or : c'est cette idole, accepté les offres de Dieu, ce que serait de-
venue, par exemple, la prophétie de Jacob
9 . — Cerno quod populus iste durœ cer- qui annonce á chaque tribu le sort qui l'at-
vicis sil c'est à dire, d'un caractère inflexi-
t tend, à celle de Juda, en particulier, l'hon-
ble, indocile, qui ne veut pas se plier à la neur qu'elle aura d'être en possession du
volonté de Dieu. C'est une expression méta- sceptre et de donner naissance au Messie. La
phorique prise d'une bête do somme intrai- réponse est que Dieu, en mettant ses ora-
table, qui résiste au,(rein et re.use d'obéir à cles dans la bouche de Jacob mourant, pré-
la main qui cherche à la diriger. voyait déjà avec une pleine certitude que
10. — Dimitte me, ut irascatur furor Moïse n'accepterait pas ces offi-es, qui p:ir
meus... II semble que Dieu ne puisse exer- conséquent ne devaient rien changer au
cer ses vengeances contre ce peuple ingrat cours des événements, mais seulement met-
et rebelle sans la permission de Moïse. Cola tre dans un jour éclatant la noblesse de ca-
peint bien le cas qu'il fait de ce fidèle servi- ractère de co grand homme, son désintéres-
teur, et en général de ses saints et de leurs sement, sa générosité et son admirable d é -
prières. « Sententia enim Dei sanctorum vouement pour le peuple de la conduite
duquel il était charge.
precibus frangitur», dit S. Jérôme (in xni
260 L'EXODE
11. Mais Moïse priait le Seigneur 11. Moyses autem orabat Dominumr
son Dieu, disant : Pourquoi, Seigneur, Deum suum, dicens : Cur, Domine,
votre fureur s'irrite-t-elle contre votre irascitur furor tuus contra populum
peuple, que vous avez tiré de la terre tuuin, quem eduxisti de terra Mgypti
d'Egypte avec une grande force et une in fortitudine magna, et in manu
main puissante? robusta?
Num. il. 13. Ps. 105. 23.
12. ïe vous en prie, que les Égyp- 12. Ne, quaeso, dicant Mgyptii :.
tiens ne disent pas : Il les a habile- Callide eduxit eos, ut interficeret in
ment fait sortir pour les faire périr montibus et deleret e terra : quiescat
dans les montagnes et les effacer de ira tua, et esto placabilis super ne-
la terre : que votre colère s'apaise, et quitia populi tui. *
soyez miséricordieux à l'égard de
l'iniquité de votre peuple.
13. Souvenez-vous d'Abraham, d'I- 13. Recordare Abraham, Isaac, et
saac et d'Israël, vos serviteurs, aux- Israel, servorum tuorum, quìbus ju-
quels vous avez juré par vous-même, rasti per temetipsum, dicens : Multi-
disant : 3e multiplierai votre race com- plicabo semen vestrum sicut stcllas.
me les étoiles du ciel ; et toute cette coeli ; et universam terram hanc, de
terre dont j'ai parlé, je la donnerai à qua locutus sum, dabo semini vestro
votre race, et vous la posséderez tou- et possidebitis cam semper.
jours. Gen. 18. 7. et 15. 7. et 48. 16.
14. Et le Seigneur fut apaisé, de 14. Placatusque est Dominus ne fa-
sorte qu'il ne fit pas à son peuple le ceret malum quod locutus fuerat ad-
mal dont il avait parlé. versus .populum suum.
11-13,— Orabal Dommum Deum su- miner, mais non, comme on verra plus loin,,
um. Proprement d'après" l'hébreu : «Et de- à lui infliger une sévère punition. Sur cette
mulsit Moses facîom Jehova3 Doi sui ». Moïse expression : « Jehovah se repentit», compa-
représente à Dieu les récents prodiges do sa rez Gon. vx, 6. « Ira, dit Cornelius a Lapide,,
toute-puissance en faveur d'Israël, son hon- furor, indignât io aliseque passiones, cum in
neur engagé vis-à-vis des Egyptiens, et ses Scripiura tribuuntur Doo, non signifleant
solennelles promesses aux patriarches, afin ullam periurbationem, sed puram Dei opera-
d'intéresser sa gloire même au pardon qu'il tionem et.energiam. Ita S. Augustinus üb. 1
sollicite pour ce peuple. Dans son humilité, contr. advers. logis, cap. xx Pcenitentia
il s'efface lui-même ; il ne lui vient pas à la" inquit, nod est post errorem ; ira Dei non
pensée qu'il y ait rien dans sa personne et habet perturbati animi ardorem ; misericor-
ses actes qu'il puisse faire valoir auprès de dia Dei non habet compationtis miserum cor,
lui. 11 voit toujours dans Israël, non pas son unde in latina lingua nomen accepit ; zelus-
)ropre peuple, comme Dieu Ta appelé, mais Dei non habet mentis livorem : sed pceniten-
e peuple de Dieu, pour qui cette considéra- tia Dei dicitur rerum in ejus potestate cons-
tion doit être un motif de miséricorde. titutarum hominibus inopinata mutatio ; ira
12. — Callide, runa» que la Vulgate rend Dei est vindicte p 3 c c a l i ; misericordia Dei est
honitas opitulantis; zelus Dei est Providentia
ainsi,signifie «pour leur malheur». — Et qua non sinit cos quos snbditos habet impu-
esto xflacabiUs super nequitia populi tui. ne amare quod prohibet ». Ces expressions
tLe véritable sens de l'hébreu est : « et repens- sont des anthropomorphismes par lesquels
toi du mal » quo tu voudrais faire « à ton l'Ecriture, s'accommodant à notre manière
peuple». Rapprochez le verset 14, où re- de parler, énonce ce qui en Dieu correspond
viennent, dans le texte, les mêmes expres- à ces passions des hommes, mais qui chez ;
sions. lui est sans passion. Au reste, selon Keîl, il '
14. — Placatusque est Dominus... A la y a ici une anticipatioxi, et le résultat des-
lettre dans l'hébreu : « Et Jehovah se repen- prières do Moïse, déjà annoncé ici, n'est ob-
tit du mal qu'il avait dit qu'il ferait à son tenu que plus tard, après de nouvelles priè-
peuple», il renonça au dessein de l'ex tor- res, cWaprès f. 30 et suiv. ; xxxm, i et.
CHAPITRE XXXÎt 261
18. Et reversas est Moyses de mon- 15. Et Moïse retourna de la mon-
te, portans duas tabulas testimonii in tagne, portant en ses mains les deux
s
manu sua, scriptas ex utraque parte, tables du témoignage écrites de cha-
que côté,
16. Et factas opere Dei ; scriptura 16. Et faites par l'œuvre de Dieu ;
-quoque Dei erat sculpta in tabulis. et récriture de Dieu était gravée sur
les tables.
17. Âudiens autem Josue tumul- 17. Or Josué, entendant le tumulte
túan populi vociferantis, dixit ad Moy- du peuple qui vociférait, dit à Moïse :
sen : Ululatus pugnse auditur in cas- On entend dans le camp le hurlement
tris. d'un combat.
18. Qui respondit : Non est clamor, ' 18. Il répondit : Ce n'est pas la cla-
adhortantium ad pugnam, ñeque vo- meur de gens excitant au combat, ni
ciferado compellentium ad fugam ; le cri de gens poussant à fuir ; mais
-sed vocem cantantium ego audio. j'entends la voix de gens qui chan-
tent.
19. Cumque appropinquasset ad 19. Et lorsqu'il se fut approché
castra, vidit vitulum et choros ; ira- du camp, il vit le veau et les danses,
-tusque valde, projecit de manu tabu- et, très irrité, il jeta les tables de ses
las et confregit eas ad radicem mon- mains et les brisa au pied de la mon-
tis ; tagne.
suiv. Mais la vérité est sans doute que Moï- vraisemblance, à quelque distance du lieu
se, en intercédant pour le peuple, a réussi où il devait s'entretenir avec Dieu pour y
à le préserver de la destruction dont il était attendre son retour. En descendant, Moïse le
menacé, mais non sans qu'il lui reste à su- retrouve à l'endroit où il l'avait laissé, et
bir de graves châtiments. C'est aussi le senti- tous deux se dirigent ensemble vers le
ment de Cornélius a Lapide, de Lange, de camp. C'est pendant qn'ils s'y rendent, et
Rawlinson, etc. lorsqu'ils n'en sont plus fort éloignés, que le
tumulte et les cris qui on partent font croire
3* Moïse brise les tables de la loi et réduit en pon- à Josué qu'on s'y bat. Des voyageurs ont re-
dre le veau d'or, ff. 15-20. marqué que, dans toute la dernière partie
de la descente du Sinaï, la plaine, à sa base,
15. — Et reversus est Moyses de monte. est invisible, et que les sons arrivent aux
Dans l'hébreu : « Et Moïse se retourna et oreilles longtemps avant qu'elle apparaisse
descendit de la montagne ». — In manu aux regards. 11 n'est donc pas étonnant que
sua. Dans le Deutéronome, rx, 15, il est dit : Josué, qui ignorait ce qui se passait, ait pris
« utraque manu ». Rawlinson regarde
i
des sons qui ne pouvaient encore être que
comme probable que dans chaque main il y plus ou moins confus pour dès cris de
ivait une des tables. — Scriptas eoo utra- guerre.
que parle. D'après l'hébreu : « les tables
étaient écrites de leurs deux côtés ; deçà et 18. — Non est clamor adhortantium...
delà elles étaient écrites ». Rawlinson ob- Plus exactement d'après l'hébreu : « Ce
serve que c'est généralement le cas pour les n'est pas la voix de cris de victoire, ni la
tablettes assyriennes et babyloniennes, mais voix de cris de défaite ; c'est la vo;x de chants
non pour aucune des égyptiennes, qui du alternatifs que . j'entends » ; n w , ici et
reste remontent rarement à cette date r e - PS. LXXXVIII (Vulg. Lxxxvn), 1, doit s'expli-
culée. Cela semble indiquer, ajoute-t-il, que quer d'après xv, 21.
quelques éléments de la civilisation israéli- 19. — Iratusque valde projecit de ma- '
tique sont venus d'Ur en Ghaldée. nu tabulas... «Fecit hoc Moses incttatus
16. — Et factas opère Dei, •. Voy. plus sancto zelo adversus publicam impietatem,
haut, xxxi, 18. absurdum ratus si legom Dei populo ebrio
17. — Audiens autem Josue iumul- legemque tam nefarie per idolum suum in-
tum... On se rappelle que Josué, comme mi- fringenti afferret. Ita S. Chrysostomus, Hie-
nistre de Moïse, l'avait accompagné sur la ronymus 1. 11 Contra Jovin., et Ambrosius
montagne, mais en s'arrêtant. selon toute 1. De Elia et jejuu. o, vi », Corn, a Lap.
862 L'EXODE
20. Et prenant le veau qu'ils avaient 20. Arripiensque vitulum quem fe-
fait, il le brûla, et le broya jusqu'à le cerant, combussit, et contrivit usque
réduire en poudre qu'il répandit dans ad pulverem, quem sparsit in aquam,
l'eau et qu'il donna à boire aux en- et dedit ex eo potum filiis Israel.
fants d'Israël. Deut. 9. SI.
21. Et il dit à Aaron : Que t'a fait 21. Dixitque ad Aaron : Quid tibi
ce peuple, pour attirer sur lui un très fecit hie populus, ut induceres super
grand péché ? eum peccatum maximum ?
22. Il lui répondit : Que mon maî- 22. Gui Ule respondit : Ne indigne-
tre ne s'indigne pas ; vous connaissez tur dominus meus;. tu enim nosti po-
ce peuple et combien il est enclin au pulum istum, quod pronus sit ad ma-
mal. lum.
23. Ils m'ont dit : Fais-nous des 23- Dixerunt mihi : Fac nobis
dieux qui nous précèdent ; car nous déos qui nos prascedant; huic enim
ne savons ce qui est arrivé à ce Moysi, qui nos eduxit de terra
Moïse qui nous a fait sortir de la terre ^Egypti, nescimus quid acciderit.
d'Egypte.
24. Je leur ai dit : Qui de vous à 24. Quibus ego dixi : Quis vestrum
de l'or? Ils en ont apporté et me híabet aurum ? Tulerunt, et dederunt
20. — Arripiensque vilulum... usque leur montrait la folie de leur culte par la
ad pulverem. Selon Keil, qui, comme nous vanité de leur idole.
l'avons déjà vu, tient quo cette idole n'était 4* Reproches quo Moïse fait & Aaron, ff. 21-34.
formée que d'une plaquo d'or qui recouvrait 21. — Dixitque ad Aaron ... Après avoir
un noyau en bois, Moïse, la jetant au feu, fait le plus pressant par la destruction de
réduisit ce noyau en charbon, fondit la pla- l'idole, Moïse se tourne vers Aaron, qu'il
que en tout ou en partie, et écrasa, ou, prend à partie comme ayant été complice du
comme s'exprime plus exactement le Deut. crime des Israélites, et en portant par consô-
ix, 21, moulut ce que le feu avait laissé, uent la responsabilité. En effet, chargé de
c'ost-à-dire, le broya entre des pierres jus- Î
à conduite du peuple pendant l'absence de
qu'à ce qu'il fut réduit en poussière. Mais il son frère, c'ét&it pour lui une obligation
est difficile de trouver ce sens dans les pa- grave de ne rien épargner pour le mainte-
roles du texte. Aussi Rosemnuller pense-t-il nir dans le devoir en Te faisant renoncer à
qu'elles ne peuvent s'entendre que de la sa coupable exigence, et peut-être y aurait-
calciuation de l'or, et c'est aussi le sentiment il réussi. Au lieu de cela, il s'est lâchement
de Rawlinson. « L'argent et l'or, dit ce der- prêté à la satisfaire, et a positivement con-
nier, soumis durant un court espace de couru à son idolâtrie en lui en fournissant
temps à une chaleur blanche, qui peut être la matière. Aussi voyons-nous dans le Deu-
aisément produite avec des soufflets, se cal- téronome, ix, 20, que ce n'est que grâce aux
cinent sans peine, et peuvent alors facile- prières de Moïse qu'il échappa au châtiment
mont être réduits en une fine poussière ». Il qu'il méritait.
est possible aussi d'obtenir le même résultat 22. — Ne indignetur dominus meus .
avec des agents chimiques, et rien n'empê- Moïse a parlé à Aaron avec la force que lui
che de croire que l'un ou l'autre de ces pro- inspirait son-zèle et avec autorité ; Aaron,
cédés ne fût déjà connu des Egyptiens au qui a maintenant la conscience de sa faute,
temps de Moïse, qui l'aura appris d'eux. — lui répond en termes humbles et soumis.
Quem sparsit in aquam. Gomme nous l'ap- Mais quelles misérables excuses il allègue !
prenons par le Deutéronome à l'endroit cita, Il semblerait, à l'entendre, qu'il n'ait fait
c'est dans l'eau du torrent qui descendait du que jeter l'or dans le lëu, et que le veau en
mont Horeb. — Et dedit ex eo potum filiis soit sorti comme de lui-même, sans qu'il l'eût
Israël. Gomme s'il leur avait dit : Vous êtes ni voulu ni prévu ! Faute de bonnes rai-
si insensés que d'adorer ce veau comme sons à faire valoir pour sa défense, il a re-
votre dieu : en bien l vous ferez plus : vous cours à des subterfuges. Mieux eût valu
le boirez, vous vous l'incorporerez ! Il leur avouer franchement son péché.
rendait en même temps sensible l'impuis- 23. — Foc nobis deos,ou «deum». Voy.
sance, le néant de leur prétendu dieu, et
plus haut h 1«
CHAPITRE XXXII 263
mihi ; et projeci illud in ignem, l'ont donné ; et je l'ai jeté dans le feu,
egressusque est hic vitulus. et il en est sorti ce veau.
25. Videns ergo Moyses populum 25. Moïse donc, voyant que le peu-
quod esset nudatus (spoliaverat enim ple était dépouillé (car Àaron l'avait
eum Aaron propter ignominiam sordis, dépouillé pour cette ignominie hon-
et inter hostes nudum coustituerat), teuse et l'avait placé nu au milieu de
ses ennemis),
26. Et stans in porta castrorum, 26. Et se tenant à la porte du camp,
ait : Si quis est Domini, jungatur mi- dit : Si quelqu'un est au Seigneur,
hi. Congregatique sunt ad eum om- qu'il se joigne à moi. Et tous les fils
v
VOU8 laisser arrêter par aucune considération viginti tria millia hominum. L'hébreu, le
soit de parenté, soit d'amitié. La sévérité du Samaritain, les versions grecques, chaldéen-
châtiment répond à l'énormité du crime. Par nes, arabes, la Vulgate môme dans les poly-
le culte du veau d'or, le peuple avait ouver- glottes d'Anvers et de Paris, ne disent que
tement rompu l'alliance avec Dieu et s'était « trois mille ». Le P. Martianay remarque
rendu coupable du crime de lèse-majesté, que la plupart des anciens manuscrits latins
qui entraînait l a peine de mort. Aussi avons- portent « vingt-trois mille » ; mais il a lu
nous vu quo Dieu voulait d'abord l'extermi- « trois mille » dans quelques uns, et c'est
ner tout entier. Apaisé en partie par les la leçon qu'il a adoptée dans son édition des
rières de Moïse, il se contente maintenant œuvi'es de S. Jérôme. 11 est fort croyable
S e faire subir ce châtiment aux plus cou-
ables, à ceux qui persistent dans leur r é -
que Tertullien et S. Ambroise avaient trou-
vé ce nombre de trois mille dans l'ancienne
S allion. Encore n'y en eut-il qu'un petit
nombre d'entre eux qui furent frappés, beau-
Vulgate, et que celui de vingt trois mille
s'est glissé dans les Bibles latines à l'occasion
coup moins que lorsqu'une armée séditieuse de ce qu'on lit I Cor. x, 7 et 8 : « Neque
est décimée. Mais comment so fit-il que le idololatrae effteiamini, sicut quidam ex ipsis,
peuple so laissa ainsi égorger sans opposer quemadmodum scriptum est : Sedit populus
de résistance ? Gela s'explique tant par la manducare et bibere, et surrexerunt ludere.
considération dont jouissait Moïse comme Neque fomicemur, sicut quidem ex ipsis for-
représentant de Dieu que par la crainte et nicati sunt, et ceciderunt una die viginti
le découragement qui s'empara des coupa- tria millia ». On aura cru qu'il ne s'agissait
bles et les rendit incapables de résister à dans ce passage que d'un seul et même évé-
des hommes énergiques et déterminés, qui nement, l'idolâtrie du veau d'or, tandis qu'il
avaient la conscience d'exécuter les ordres y est encore question d'un autre bien dis-
du Ciel. Dans le trouble dont ils furent saisis, tinct, la fornication avec les filles de Moab,
ils ne songèrent qu'à se sauver comme ils raconté Num. xxv, 1 - 9 , et c'est ce dernier
purent. D'un autre côté, il faut reconnaître qui amena'la mort de vingt-trois mille hom-
que l'obéissance dos lévites, daçs cetto occa- • mes, ou plus exactement, d'après le livre
sion, fut soumise à une rude épreuve ; et des Nombres, de vingt-quatre mille.
quant à Moïse, «le plus doux des hommes», 29. — Et ait Moyses : Consecrastis ma-
Num. xii, 3, S. Grégoire dit de lui à ce pro- nus vestras hodie Domino... Le sens du
pos : « Ecce qui vitain omnium cum sua texte hébreu, qui est assez diffìcile et qu'on
morte petivit, paucorum vitam gladio ex- explique diversement, est sans doute le sui-
tinxit : intus ignibus arhoris, foris acconsus vant : « Remplissez aujourd'hui votre main
est zelo severitatis : utrobique legatus fortis, pour Jéhovah »^c'est-à-dire, nourvoyez-vous
causam populi apud Deum precibus, causam d'une offrande, d'un sacrifice à lui faire, pré-
Dei apud populum gladiis allegavit : intus parez-vous à exorcer le sacerdoce, auquel
amans divina? iras supplicando obstitit, foris vous allez être initiés, « parce que chacun »
sseviens culpam feriendo consumpsit. Succur- a été « contre son fils et contre son frère;
rit citius omnibus in offensa paucorum ; sed et pour mettre », pour qu'on mette, « aujour-
ideirco Deus eum citius audivit agentem d'hui sur vous une bénédiction », c'est-à-dire,
pro populo, quia vidit quid super populum pour la recevoir. Moïse ne s'exprime qu'à
acturus esset prò Deo. In regimine ergo po- demi-mot ot ne construit pas sa phrase d'une
puli utrumque Moses miscuit, ut nec disci- manière fort régulière, ce qui s'explique tout
lina deesset misericordia^ noe misericordia naturellement par l'émotion qu'il éprouve.
S isciplinse ».
28. — Cecideruntque in die itta quasi
Il annonce aux lévites leur élévation au sa-
cerdoce comme devant être la récompense
CHAPITRE XXXII 265
que in filio, et infratresuo, ut detur Seigneur, sur son (ils et sur son frè-
vobis benedictio. re, afin que la bénédiction vous soit
donnée.
30. Facto autem altero die, locu- 30. Or le lendemain Moïse dit au
tus est Moyses ad populum : Peccas- peuple : Vous avez commis un très
tis peccatum maximum ; ascendam ad grand péché. Je monterai vers le Sei-
Dominum, si quo modo quivero eum gneur, si je puis de quelque manière
deprecari pro scelere vestro. l'apaiser touchant votre crime.
31. Reversusque ad Dominum, ait : 31. Et, retournant vers le Seigneur,
Obsecro, peccavit populus iste pecca- il dit : Je vous prie. : ce peuple a
tum maximum, feceruntque sibi deos commis un très grand péché, ils se
aureos ; aut dimitteeis hanc noxam, sont fait des dieuxd'or; ou pardonnez-
leur ce crime,
32. Aut si non facis, dele me de 32. Ou, si vous ne le faites pas,
libro tuo quem scripsisti. effacez-moi de votre livre, que vous
avez écrit.
du zèle qu'ils viennent de montrer pour vation, il n'a obtenu de lui, avant de des-
l'honneur et les intérêts de Dieu. Ce zèle, cendre de la montagne, que de ne pas l'ox-
b e n meilleur que celui de leur pèro Lévi terminer. L'alliance déjà conclue est brisée;
dans la vengeance qu'il avait tirée des Sichi- il s'agit de la rétablir.
mites, va changer en bénédiction pour eux 31 et 32. — Aut dimilte eis hanc noxam,
la malédiction que sa conJuite cruelle et per- aut, si non facis, dele me... Littéralement
fide à leur égard lui avait attirée, Gen. XLIX, d'après l'hébreu ; « Et maintenant, si tu par-
7. Sur l'expression « remplir la main de donnes leur péché...; et sinon, offace-moi,
? [uelqu'un », pour dire, l'initier au sacerdoce,
ui en con/érer les pouvoirs, voy. Levit. vu,
je te prie, de ton livre que tu as écrit ». La
première partie renferme une ellipse; après
37, et cfr. I Parai, xxix, 5, et II Parai, XXTX, ces mots : « si tu pardonnes leur péjhé », il
31. Plusieurs traduisant ici TDKfl parle plus- faut sous-entendre quelque chose comme :
que-par/ait : « Et Moïse avait dit », comme « c'est bien, jo suis content ». Da pareilles
s'il avait déjà adressé ces paroles aux lévites ellipses n3 sont pas rares, soit dans les écri-
en les envoyant mettre à mort les adorateurs vains sacrés, soit dans los écrivains profanes.
du veau d'or. Mais, outre qu'on ne voit pas Voy., par ex., Luc. xm, 9; Hom. I . I, 135.
pourquoi, s'il en était ainsi, elles n'auraient Les paroles qui suivent sont entoncues par
pas été rapportées avec les autres qu'il leur quelques uns comme si Moïse voit ait dire
dit alors, f. 27, l'auteur aurait sans doute, simplement : Mais si tu ne veux pas leur
dans ce cas, employé le pariait i o x , et non pardonner, ôte-moi la vie, que .je no puis
lus supporter. « Verum, dit Cornélius a
le i'utur conversii'. Knobel et Keil traduisent
aussi : « Et Moïse dit ». Plus loin, ce que E apide à propos de cette explication et de
quelques autres encore moins probables, h sec
nous avons reivlu par lo passé : « parce que
charnu » a été « contre son fils... », Koil le non satisfaciunt incensae charitati ot petitioni
traduit par le présent du subjonctif dans le Mosis, neque verbis hisce ac sequentibus, ip-
sens du uitur : « de manière que chacun soit sique responsioni Domini, qui respondot se
contre son fils... », c'est-à-dire que, lorsqu'il non Mosen, sed eos qui peccaverini deletu-
s'agira de la cause de Dieu, il continue à rum do libro suo, utiquo libro cetemae vît»
n'épargner pas même ses plus proches pa- et regni ccelorum. Nam liber vitae aut liber
rents. Mais ce sens me parait moins naturel, Dei unique in Scriptura significat cons^rîptio-
nem eorum qui electi sunt vol absolu te, vel
et peu en harmonie avec le second « aujour- inchoate, ad vitam aeternam ; cons^riptionem,
d'hui » de la fin du verset. Cfr. DiUmann. inquam, et consignationem in mente in me-
6* Moïse implore de nouveau la grâce du peuple moria divina, qui est libor aeternœ praedes-
ft. 30-35. tinationis ». C'est donc avec raison que le
30. — Ascendam ad Dominum. Après même commentateur regarde comme plus
avoir vengé l'honneur de Dieu, Moïse re- probable le sentiment de S. Augustin et de
tourne auprès de lui pour solliciter la grâce plusieurs autres qui « consent hic esse h y -
compléta ot définitive du peuple prévarica- p e r l i e n quae tantum significat vehemens
teur j car, comme nous en avons fait l'obser- desiderium salutis populi in Mose, perinde-
266 L'EXODE
33. Le Seigneur lui répondit : Ce- 33. Cui respondit Dominus : Qui
lui qui aura péché contre moi, je peceaverit mihi, delebo cum de libro
l'effacerai de mon livre. meo.
34. Mais toi, va et conduis ce peu- 34. Tu autem vade, et duc popu-
ple-là où je t'ai dit. Mon ange te pré- lum istum quo locutus sum tibi; an-
cédera. Pour moi, au jour de la ven- gelus meus prsecedet te. Ego autem
eance je les visiterai aussi à cause in die ultionis visitabo et hoc pecca-
f e ce péché.
35. Le Seigneur frappa donc le peu-
tum eornm.
35. Percussit ergo Dominus popu-
ple pour le crime du veau d'or qu'A- lum pro reatu vituli, quem fecerat
aron avait fait. Aaron.
que esse ac si n'Iras, vidons servum sibi ca- l'une et de l'autre, A. Bengel dit très bien :
risaimum juste domo cjici, dicat patri : Noli « De mensura amoris in Moso et Paulo no:i
hune ejicerc, aut, si eum ejicis, me quoque facile est existimaro. Eum enim modulus ra-
ejicito. Sic enim et Moses ait : Aut dimitte tiocinationum nostrarum non capit, sicut
populo, aut dele me, non quod vere doleri heroum bellicorum animos non capit parvu-
optet, illud enim erat impossibile, sed ut hac lus ». On peut cependant dire, comme il a
phrasi desiderium suum ingéras aliqua ra- déjà été expliqué plus haut, que les paroles
tiono pate aciat, quod aliter el'ficacitcr pate- étonnantes de ces deux grands hommes no
facere non poterat ». Pour expliquer d;une doivent pas s'entendre d'une demande ou
manière plus précise on quoi consiste le livre d'une offre formelle, mais seulement comme
de Dieu dont parle Moïse et ce que c'est que l'expression hyperbolique d'une extrême
d'en être effacé, nous dirons que ce livre est charité.
celui qui est aussi appelé le livre de la vie ou 33. — Qui peccaverît mihi... Cfr. Ezech.
idos vivants, Ps. LXVIIÏ, 29; Dan. xn, 1. Cotte XVIII, 20. L'offre de Moïse n'est pas acceptée ;
déa s'est formée, dit Koil, de l'usage d'inscrire mais la charité infinie ne peut résister à
les citoyens d'un royaume, d'une ville, dans une prière dictée par une telle charité.
un livre, d'en établir une liste, inscription en 34. — Duc populum istum quo locutus
vertu de laquelle ils sont reconnus comme sum tibi... Le pardon est accordé et l'al-
tels et jouissent de tous les droits attachés à liance rétablie, mais non complètement.
cette qualité. Le livre de la vie renferme la C'est désormais un ange, et non Jehovah
liste des justes, Ps. LXVIIÏ, 29, et assure à ceux lui-même, qui marchera devant le peuple
qui en font partie la vie dans le royaume de et lui servira de guide. Dieu révoqua néan-
Dieu, d'abord sur la terre, ensuite dans le moins encore cette punition en considération
ciel. C'est ce qui paraît clairement dans le du repentir du peuple et dos prières de
Nouveau Testament, où les héritiers de la Moïse, ci-après xxxni, 4-6, 14-16. — Ego
« vie éternelle » sont représentés comme autem in die ultionis... Ce jour, selon
écrits dans le livre de vie, Phil. iv, 3: Keil et beaucoup d'autres, est celui où Dieu,
Apoc. in, 5; xni, 8 et aill. Gfr. Is. iv, 3, et en punition de la révolte des Israélites con-
Dan. xu, 1. Effacer du livre de Jebovah si- tre Moïse et contre lui-même à la suite du
gnifie donc : exclure du royaume de Dieu et rapport des espions, les condamna a périr
par là-même de la vie qui lui est propre, tous dans le désert, Num. xiv, 1 et ssq. En
de la société avec ses citoyens et avec Dieu leur infligeant ce châtiment, il tint compte
même, et livrer à la mort impliquée dans aussi du crime dont ils s'étaient rendus cou-
cette exclusion. Tel est le sort que Moïse de- pables par l'adoration du veau d'or.
mande à Dieu pour lui-même, s'il refuse de
pardonner à son peuple. Quelle charité! quel 35. — Perîîussit ergo Dominas popu-
dévouement ! C'est un dévouement sans bor- lum. . . A la lettre dans l'hébreu : « Et Je-
ne, une charité qui va jusqu'à l'excès-et se hovah frappa le peuple », ou : « Je'iovah
sacrifie elle-même pour un peuple qui le frappa donc le peuple, parce qu'ils avaient
mérite si peu. Elle n'en est que plus admi- fait le veau qu'avait fait Aaron ». C'est dire
rable. On ne peut lui comparer que celle de clairement que ce n'était pas tant Aaron
S. Paul, qui n'a su également trouver son qui avait fait le veau d'or que les Israélites
expression que dans un souhait tout sembla- qui l'avaient fait par ses mains. Ce verset ne
ble en faveur du même peuple, non plus seu- marque pas un nouveau châtiment : il n'est
lement idolâtre, mais deicicle et son irrécon- que la conclusion et le résumé du récit pré-
ciliable ennemi, Rom. ix, 3. A propos de cèdent.
CHAPITRE XXXIII 267
CHAPITRE XXXIII
Changement dans les rapports de Dieu avec les Israélites; consternation de coux-ci, ». 1-6.
— Moïse transporte sa tente hors du camp ; familiarité de sas rapports avec Dieu, ». 7-11.
— II obtient de lui la grâce entière du peuple; il le prie de lui montrer sa gloire,
» . 12-23.
tuus... L'indignation de Dieu perce encore à qui il donnera ses ordres, sera chargé de
dans la manière dont il désigne les Israélites. ce soin.
Il ne les appelle plus « mon peuple », encore 4. — Auriiensque populus sermonem
moins « mon fils a î n é », comme autrefois, hune pessimum ... Moïse a communiqué
mais « ton peuple », à cause d e leur infidé- au peuple ce que Dieu lui a dit. L'hébreu SP
l i t é e t de leur idolâtrie. qui dans la Vulgate est traduit par «pessi-
Z. — Et mittam prœcursorem tui an- mum», signifie simplemont «malum». Le
gelum. I l n e dit p l u s comme plus h a u t peuple a bien sujat d'être affligé de cette
xxm, 20 e t 21, « u n a n g e dans lequel e s t résolution de Jehovah, qui, outre qu'elle
m o n n o m » , c e nom incommunicable à toute témoigne de l'indignation que lui a causé sa
créature ; un ange, par conséquent, qui e s t détestable conduite, le dépouille de privi-
u n m ê m e D i e u a v e c m o i , l ' a n g e d e l'alliance lèges également glorieux et consolants. —
268 L'EXODE
Et nullus ex more indutus est cultu suo. l'explication la plus vraisemblable, à partir
Plus littéralement d'après l'hébreu : « et de ce lieu et de cette circonstance, et cela
personne ne mit ses ornements sur soi ». Par pour un temps indéterminé, illimité, mon-
ces ornements il faut entendre non seule- trant ainsi par la durée de leur pénitence
ment les habits plus ou moins riches et élé- la vérité de leur repentir.
gants, mais encore les bracelets et autres
Bijoux qui en Egypte étaiont portés même 8* Moïse transporte sa tente hors du camp ; familia-
rité de ses rapports avec Dieu, ff. 7-11.
par les hommes. « Les hommes, dit F. Le-
normant, portaient certains bijoux comme 7. — Moyses quoque tollens tabernacu-
les femmes, quelquefois des bracelets, pres- lum... Quelle est la tente dont il s'agit ? Ce
que toujours do gros anneaux au chaton ne peut être le tabernacle dont la construc-
gravé, qui leur servaient de bijoux. Cer- tion a été prescrite plus haut, xxv et seq., puis-
tains colliers d'or étaient la récompense qu'il n'a été fait qu'après le rétablissement
des actions d'éclat à la guerre et des services de l'alliance. D'ailleurs l'expression propre
civils éminents. Us remplissaient le rôle pour désigner le tabernacle est " j ^ D , tan-
de décorations ». Hist. anc. de l'Or., t. III, p. dis que nous avons ici le mot plus commun
75 (9° édit.). On déposait ces ornements
pendant le deuil. brw, qui signifie tente. Plusieurs, comme
5. — Semel ascendam in medio tui, et J. B. Michaëlis, Rosenmûller, ont cru que
delebo te. Plus exactement d'après l'hébreu : c'était un ancien sanctuaire, une espèce de
« un moment je monterai au milieu de toi, temple portatif que les Israélites avaient
et je te consumerai », çonr dire : si j'y reçu de leurs ancêtres. Mais si un pareil
monte un seul moment, si je t'accompagne sanctuaire avait existé, il serait bien éton-
tant soit peu dans ta marche, indocile nant que jusqu'ici il n'en eût jamais été fait
et intraitable comme tu es, je ne pour- la moindre mention. Il faut remarquer que
rait m'empêcher de t'exterminer. Cé mes- dans le texte le nom bnâ, tente, est précé-
sage est envoyé au peuple après son re- dé do l'article, qui amonco une tonte dé-
pentir, comme une réponso que Dieu y terminée, et dont on ne peut rendre raison
fait. Ce n'est pas une nouvelle menace de d'une manière plus naturelle qu'en lui attri-
destruction -, ce n'ost d'abord que la réitéra- buant la valeur de l'adjectif possessif. D'a-
tion de la déclaration déjà faite auparavant, près cola, c'est sa propre tente que Moïse
y. 3, mais qui finit par devenir moins abso- transporta hors du camp et- à laquelle il
lue, puisque, en considération du repentir donna le nom de «tentede réunion» (c'est
du peuple, Dieu remet sa décision en sus- la signification de l'hébreu TVÎD Sns, que la
pens. — Jam nunc, dans l'hébreu : «et Vulgate rend par « tabernaculum foederis»),
maintenant », depone ornatum tuum; ut le même que celui du tabernacle, xxvii, 21,
sciam ... Dieu accepte ce témoignage de dont elle reçut en effet pour quelque temps
repentir que le peuple lui donne, et veut la destination, devenant un sanctuaire où
qu'il le continue. De sa sincérité dépend, du Dieu se rendait pour parler avec lui. Tel était
moins en partie, la résolution définitive déjà le sentiment des Septante, qui l'ont ex-
qu'il prendra. Quoiqu'il ne le dise pas ex-
pressément, c'est le sens que présentent na- primé dans leur version en rendant bnàtn
turellement ses paroles. par -"ÎV c/.T)VTïv OÙTOU ; de Philon, du Syria-
que ; c'est aussi celui de larchi, d'Aben-Ezra,
6. — A monte Eoreb, c'est à dire d'après
CHAPITRE XXXIII 26»
vocavitque nomen ejus, Tabernacu- I'appela le Tabernacle de l'alliance; et
lum foederis. Et omnis populus, qui quiconque dans le peuple avait quel-
habebat aliquam queestionem, egre- que question allait au Tabernacle de-
diebatur ad Tabernaculum foederis, l'alliance, hors du camp.
extra castra.
8. Cumque egrederetur Moyses ad 8. Lorsque Moïse sortait pour aller
•tabernaculum, surgebat universa au tabernacle, tout le peuple se levait,
'plebs, et stabat unusquisque in ostio et chacun se tenait à l'entrée de sa
papilionis sui, aspiciebantque tergum tente et regardait Moïse par derrière,
Moysi, donee ingrederetur tentorium. jusqu'à ce qu'il fut entré dans le ta-
bernacle.
9. Ingresso autem illo tabernacu- 9. Or dès qu'il était entré dans le
lum foederis, descendebat columna tabernacle du témoignage, la colonne
nubis, et stabat ad ostium, loqueba- de nuée descendait et se tenait à l'en-
turque cum Moyse, trée et parlait avec Moïse.
10. Gernentibus universis quod co- 10. Tous voyaient que la colonne
lumna nubis staret ad ostium taber- de nuée se tenait à l'entrée du taber-
náculo Stabantque ipsi, et adora- nacle ; et ils se levaient et ils ado-
bant per fores tabernaculorum suo- raient à la porte de leurs tentes.
rum.
11. Loquebatur autem Dominus ad 11. Or le Seigneur parlait à Moï-
Moysen facie ad faciem, sicut solet lo- se face, à face comme un homme a
de Clarke, de Keil, de Rawlinson, etc. Les a toute apparence que, tant que cette tente
motifs de la mesure que prit Moïse sont fa- servit de sanctuaire, la colonne de nuée al-
ciles à comprendre. Le camp était profané, terna entre elle et le sommet du Sinaï, des-
souillé par l'idolâtrie des Israélites, qui im- cendant â la porte de la tente quand Moïse
pliquait la rupture de l'alliance avec Dieu : y entrait et remontant sur le Sina; quand il
comment donc Dieu aurait-:l pu encore y la quittait. Le peuple, qui venait y prier,
habiter ? La mesure prise par Moïse devait n'aurait pas été admis à s'approcher ainsi
d'ailleurs faire sentir plus vivement aux de la colonne. — Loquebaturque cum Moy-
coupables l'énormité de lour crime et la se. Le sujat de «parlait» est proprement la
triste situation à laquelle il les réduisait, colonne de nuée, dans laquelle Dieu rendait
et par là-même contribuer à leur en ins- sa présence sensible et qui pour cette raison
pirer un plus profond repentir, très propre est prise PDUV lui-même. Comme la voix
a faciliter le rétablissement de leurs pré- partait de la colonne, c'e^t à elle qu'elle est
cédents rapports avec Dieu. — Et omnis attribuée L'expression propre revient au
populus ... extra castra. L'hébreu à la let- verset i l : « le Seigneur parlait... »
tre : « et il alvenait que quiconque cherchait 11. — Loqitebatur autem Dominus ad
Jehovah sortait vers la tento de réunion r
Moysen facie ad faciem, si .ul solet loqui
oui était hors du camp ». Cela se faisait homo ad amk um suum, c'est à dire, non
d'après les instructions de Moïse. L'ex- de loin et par quelque intermédiaire, mais,
pression « cherchor Jehovah », que la comme il est dit Num. xn, 8, « bouche à
Vulgate rend par « avoir quelquo question », bouche », immédiatement et familièrement,
marque plutôt ici retour à lui, le désir de à la manière d'un ami avec son ami, ce qui
l'apaiser et de regagner ses faveurs. Cette ne veut pas diro néanmoins qu'il lui parlât
tente, n'était pas seulement un oratoire pour sous une forme visible. Voy. plus bas ff. 20,
Moïse, elle était aussi ouverte au peuple. 23, et comp. Deut. iv, 12,15. Comme on le
8. — Cumque egrederetur Moyses ad ta- voit, parler face à face à quelqu'un, c'est à
bernaculum... Moïse avait probablement dire, adresser à une personne présente des
des heures fixées pour s'y rendre, ce qui ex- paroles qui sont saisies par elle, n'est pas la
plique comment tout le peuple pouvait alors même chose que voir face à face et ne l'im-
fe voir et lui donner de concert ces marques plique pas. — Cumque Ule reverteretur in
de respeet. Il sentait que Moïse y allait aûn castra, mînisier ejus Josue... Après chaque
d'intercéder auprès de Dieu pour lui. conférence avec Dieu, Moïse retournait au
9.—Descendebat columna nubis,.. Il y camp, où sa présence était nécessaire, et où
L'EXODE
coutume déparier à son ami. Et lors- qui homo ad amicum suum. Gumque
qu'il retournait au camp, son servi- illc revertcretur in castra, minister
teur Josué, fils de Nun, jeune encore, ejusJosue, filiusNun, puer, nonrece-
ne s'éloignait pas du tabernacle. debat de tabernáculo.
t 12. Or Moïse dit au Seigneur : Vous 12. Dixit autem Moyses ad Domi-
ordonnez que je conduise ce peuple, et num : Praecipis ut educam populum
i vous ne me faites pas connaître istum, et non indicas mihi quem
celui que vous enverrez avec moi, missurus es mecum, praesertim cum
quoique vous m'ayez dit : Je te con- dixeris : Novi te ex nomine, et inve-
nais par ton nom, et tu as trouvé grâ- nisti gratiam coram me.
ce devant moi.
13. Si doncj'ai trouvé grâce devant 13. Si ergo inveni gratiam in cons*-
vous, montrez-moi votre face, afin pectu tuo, ostendc mihi faciem tuam,
que je vous connaisse et que je trouve ut sciam te, et inveniam gratiam an-
grâce devant vos yeux ; regardez ce te oculos tuos ; réspice populum tuum
peuple, votre peuple. gentein hanc.
14. Et le Seigneur dit : Ma face te 14. Dixitque Dominus : Facies mea
précédera, et je te donnerai le repos. praecedet te, et requiem dabo tibi.
il avait sans doute dressé une autre tente par ton nom », d'une manière spéciale, com
pour lui-même. Pour garder la tente de réu- me t'ayant choisi et appelé pour l'exécution
nion en son absence, il y Laissait son minis- de mes desseins, et pour avoir avec moi des
tre Josué, qu'il préféra pour cette charge à rapports particuliers; « et aussi tu as trou-
son irëre Aaron vraisemblablement parce vé grâce a mes yeux », tu possèdes ma fa-
qu'il était resté pur de l'adoration du voau veur.
d'or, dans laquelle Aaron avait joué un si 13. — Moïse fait valoir auprès de Dieu de
triste rôle. Josué est qualifié de «jaune hom- si grands témoignages d'affection pour obte-
me», quoiqu'il n'eût pas alors moins do cin- nir do lui ce qu'il désire ave: tant d'ardeur.
quante "ans, tant parce qu'il pouvait être « Maintenant donc, lui dit-il d'après le texte
considéré comme j.nino par rapport à Moise hébreu, si vraiment j'ai trouvé grâce à tes
que parce qu'il était encore dans 7a fleur de yeux, fais-moi, je te prie, connaître ta
son âge. voie », la conduite que tu veux tenir envers
nous, à mon égard et à l'égard de ton peu-
9°. Moïse obtient de Dieu la grfice entière du peu- ple, « et que je te connaisse » comme fidèle
ple; il le prie de lai montrer sa gloire, ff lá-93.
t
a ta paro e, comme tel envers moi- que tu
12,— Disait autem Moyses ad Dominum. me l'as témoigné, « afin que je trouve grâce
Moïso profite du privilège dont Dieu le favo- à tes yeux » en réalité, que les faits ré-
rise, de parler avec lui comme un ami avec • pondent à tes paroles : « et vois, considère
son ami. Après avoir sollicité pendant quel- que cette nation », malgré le crime dont el-
ue temps le rétablissement de l'alliance le s'est souillée, « est cependant ton peu-
ans son état primitif, il le prie do lui faire ple », de sorte qu'il convient que tu la trai-
connaître enfin sa détermination définitive, tes comme telle et que tu te montres son
et il le fait, dit Koil, avec une liberté qu'ins- Diou. D'après la Vuigate, au lieu de dire à
iire seule une foi qui lutte avec Dieu et no Dieu : и lais-moi connaître ta voie », Moïse
Îe laisse pas aller avant d'avoir obtenu sa ce lui dirait : « ostende mini faciem tuam »,
que D. Galmet explique ainsi : « Puisque
bénédiction. Tu m'ordonnes, lui dit-il. <'e
conduire ce peuple dans la terre do Gha- vous m'avez dit que j'ai l'honneur d'être
naan ; mais tu ne m'as pas encore indiqué connu de vous et (l'être du nombre de vos
clairement qui tu enverras pour m'accom- amis, faites-moi la grâce que je puisse vous
pagner. Si c'est un ange, quel est cet ange ? connaître de même, que jje vous voie d'une
Sera-ce celui que tu nous avais d'abord des- manière sensible ». Mais cette demande
tiné (xxur, 20-23} ? Moïse ne regarde pas n'est gu^re en rapport avec le grand but
comme définitive la déclaration que Dieu lui que Moïse a ici en vue. Ce qui suit : « res-
a faite plus haut, ff. 2 et 3, qu'il enverrait pice populum tuum gentem hanc », ne rend
un ange et n'irait pas lui-même. «Cepen- pas non plus exactement -le texte hébreu,
dant, poursuit-il, tu m'as dit (c'est le sens dont nous avons donné plus haut la traduc-
.de l'hébreu que la Vulgaterend par : «prae- tion.
sertim cum dixeris») : Je te connais 14. — Dieu ne pouvait résister à de telles
CIIAPITR xxxill 271
15. Et ail Moyses : Si non tu ipse 15. Et Moïse dit ; Si vous ne mar-
pra»cedas, ne educes nos de loco isto. chez pas vous-même devant nous, ne
16. In quo enim scire polerimus nous faites pas sortir de ce lieu.
ego et populus luus invenisso nos 16. Car comment pourrons-nous
gratiam in conspectu luo, nisiambu- savoir, moi et votre peuple, que nous
laveris nobiscum, ut glorificcmur ab avons trouvé grâce devant vous, si
omnibus populis qui habitant super vous ne marchez pas avec nous, pour
terram? que nous'sayons glorifiés par tous les
peuples qui habitent sur la terre ?
17. Dixit autem Dominus ad Moy- 17. Or le Seigneur dit a Moïse :
sen : Et verbum istud, quod locutus J'accomplirai encore le vœu que tu
es, faciam; invenisti enim gratiam viens d'exprimer; car t u a s trouvé
coram me, et teipsum novi ex nomine. grâce disant moi et je te connais par
ton nom.
18. Qui ait: Ostende mihigloriam 18. II lui dit : Montrez-moi votre
tuam. gloire.
19. Respondit: Ego ostendam om- 19. Le Seigneur répondit : Je to
ne bonum tibi, et vocabo in. nomine montrerai tout bien, et j'appellerai au
Domini coram tc ; et miserebor cui nom du Seigneur devant toi ; et jan-
prières, qui partaient d'un cceur si géné- premier coup d'œll : la gloire du peuple de
reux, si charitable et si désintéressé. Il r é - Dieu n'est-elle pas la gloire de Dieu même ?
pond a Moïse : Faciès mua prmeedel te : 17. — Et verbum istud... faciam Moïse
•« ma face », c'est à dire, moi-même, et non a donc obtenu graduellement tout ce qu'il
simplome it un ange. La l'ace de Jehovah, demandait, et l'alliance est rétablie dans son-
c'est Jehovah pei-sonnelloment présent et état primitif.
Identique avec Tango dans lequel est le nom 18. — Ostende mihi gloriam tuam. En-
de Jehovah, ci-dess. XXIII, 20 et seq., et qui hardi par des témoignages si extraordinaires
par suite ^est appelé dans Isaie, LVI, 9, d'affection, après avoir vu ses'prières en fa-
«c l'ange de sa face ». — Et requiem dabo veur du peuple si pleinement exaucées, Moïse
tibù Go repos est celui dont les Israélites de- demande à Dieu une nouvelle grâce pour
vaient jouir lorsqu'ils seraient en possession lui-même : c'est de lui montrer sa gloire. 11
do la terre promise. Cfr. Deut. ni, 20. l'a déjà vue jusqu'à un certain point quand
15.—Cependant Moïse n'est pas encore Dieu descendit au milieu du feu sur la mon-
pleinement satis ait : il ne lui est pas clair tagne de Sinaï, ch. xix, 18 ; il fa vue encore
si la promesse qui vient de lui être faite, et >lus clairement quand il a été appelé par
qui, prise à la lettre, ne s'adresse qu'à lui,
s'applique à tous lo peuple. Il revient donc
Î ui à entrer daus la nuée, xxiv, 18 ; mais
cela ne lui suffit pas encore, il voudrait la
à la charge afin de faire disparaître cette voir dans tout son éclat, sans figure et sans
incertitude. Si non tu ipse prœcedas, ne voile, c'est-à-dire, comme il n'est pas possi-
educas nos de ioco isto. A la lettre dans ble â l'homme do la voir en cette vie. G'est
l'hébreu : « Si ta face ne va pas », sous-ent. ce qui résulte de la réponse de Dieu.
avec nous, si tu ne nous accompagnes pas en
personne, « ne nous fais pas monter d'ici », 19. — Respondit : Ego ostendam omne
aller dans la terre de Chanaan : cette terre bonum tibi. Dans l'hébreu : « Je ferai pas-
n'a plus pour nous aucun prix. ser toute ma beauté devant ta face ». Le
16. — In quo enim sciie poterimùs... mot mis, quo nous traduisons avec Knobel,
qui habitant super terram ? Quoique le texte Reuss et autres par <• beauté », signifie or-
original soit peu différent, il me paraît dinairement bien, bonté ; mais ici, où il ré-
cependant plus clair. Nous y lisons : « Et en pond à 7113, gloire, des versets 18 et 22, la
quoi connaitra-t-on que j'ai trouvé grâce à signification de beauté, splendeur, paraît
tes yeux, moi et ton peuple? N'est-ce pas beaucoup mieux convenir, et elle serait déjà
en ce que tu marches avec nous ? Et nous suffisamment jnstifiee par celle de beau dans
serons distingués-, moi et ton peuple, de tous laquelle est si souvent pris J'adjectif i r a ,
les peuples qui sont sur la face de la ter- bon, ainsi que, selon l'observation de
re ». Cette dernière considération a plus M. Glaire, « par la difficulté qu'il y a de
d'importance qu'elle ne paraît en avoir au concilier le sens de bonté avec Le contexte ;
272 L'EXODE
rai pitié de qui je voudrai, et je serai voluero, et clemens ero in quem mi-
dément envers qui il me plaira. hi placuerit.
Лот. 9.15.
20. Et il dit encore : Tu ne pourras 20. Rursumque ait : Non poteris
voir ma face; car nul homme ne me videre faciem meam ; non enim vide-
verra et vivra. bit me homo, et vivet.
21. Et il ajouta : Voici qu'il y a un 21. Et iterum : Ecce, inquit, est
lieu où je suis, et tu seras sur la locus apud me, et stabis supra petram ;
pierre ;
22. Et lorsque ma gloire passera 22. Cumque transibit gloria mea,
je te mettrai dans l'ouverture de la ропат te in foramine petrœ, et pro-
pierre, et ma main te couvrira jusqu'à tegam dextera mea donec transeam".
ce que je sois passé.
23. Et je lèverai ma main, et tu me 23. Tollamque manum meam, et
verras par derrière ; mais tu ne peux videbis posteriora mea ; faciem autem
voir ma face. meam videre non poteris.
car, à notre avis, les commentateurs qui dessus de lui-même et de sa condition, qu'il
soutiennent ce dernier sens ne l'ont pas éta- en est rendu capable. Pour voir des yeux de
bli d'une manière satisfaisante ; leurs expli- l'âme l'humanité sainto de Jésus-Christ,
8
cations sont par trop forcées ». Cornélius a S* Térèse eut besoin d'être préparée peu à
Lapide explique aussi l'expression « bonum » peu à cette faveur, qu'autrement, dit-elle, sa
delà Vulgate par « prsestantia, excellentia faiblesse naturelle n'aurait pu supporter.
et pulchritudo », et ramène ainsi à peu près Vida, cap. xxvm. Que doit-il donc en être à
cette version au sens de l'hébreu. — Et vo- l'égard de la divinité î — Non enim videbit
cabo in nomine Domini coram te : « et je me homo et vivet. « Dieu confirme ici l'opi-
prononcerai le nom de JEHOVAH devant toi ». nion où l'on était qu'un homme ne pouvait
C'est le signal que Dieu donnera de son pas- vivre après avoir vu Dieu ». D. Galmet.
sage à Moïse, afin que celui-ci puisse alors 21. — Ecce, inquit, est locus apud
regarder et le voir autant qu'il est possible me... Il n'est pas possible de déterminer cet
à rhomme dans un corps mortel. — Et mi- endroit avec certitude. Selon Rawlinson, tout
serebor oui voluero.» L'hébreu peut se tra- ce qu'on peut dire, c'est qu'il faisait proba-
duire plus littéralement : « et je suis gra- blement partie du Ras Sufsafeh. Voy. KeiL
cieux à qui je suis gracieux, et miséricor- 22. — Etprotegam dextera mea. Dieu lui
dieux à qui je suis miséricordieux », c'est-à- couvrira les yeux pour qu'il ne puisse voir
dire, à qui il me plaît, je suis le maître de sa gloire, sa face.
mes laveurs. Ces paroles, quoique rattachées 23. — Et videbis posteriora mea. Ainsi
seulement oar la conjonction 1, eU à co qui est désigné ce qu'on peut appeler le reflet de
précède, doivent cependant, dit Keil, s'en- la gloire de Dieu après son passage. Ces ex-
tendre comme exprimant la raison de la fa- pressions : « la face, le dos », sont transpor-
veur accordée à Moïse : c'est une pure grâce, tées de l'homme à Dieu, parce que l'esprit et
ai dépend uniquement du bon plaisir de le langage de l'homme ne peuvent se repré-
S ii eu, et à laquelle personne n'a le droit de
prétondre.
senter et exprimer la nature de l'être absolu
que d'après l'analogie de la forme humaine.
20. — Non poteris videre faciem meam. Dieu, dit D. Calmet, fit voir à Moise comme
Comme l'œil est incapable de soutenir la vue un rayon de la gloire qui le suivait, afin
du soleil, de même et plus encore l'homme qu'il pût se former quoique idée de celle qui
est ici bas dans l'impossibilité de voir la face l'accompagnait. — Faciem autem meam
de Dieu, de jouir de la vision intuitive. Dans videre non poteris. L'expression du texte
le ciel moue, co n'est qu'à l'aide d'un secours est générale : « et », ou •< mais ma face ne
surnaturel, par une grâce qui rélève au- sera pas vue », ne peut être vue.
CHAPITRE XXXIV «8
CHAPITRE XXXIV.
Nouvelles tables de la loi; D!eu fait voir à Moïse u.i reflet do sa gloire, ff. 1 - 8 . — Renou-
vellement de l'alliance; sommaire de ses conditions, ff. 9 - 2 8 . — Etat du visage de Moïse,
ft. 29-35.
du dans la nuée, Moïse demeura avec per nubem, stetit Moyses cum eo in-
lui, invoquant le nom du Seigneur. vocans nomen Domini.
6. Lorsqu'il passa devant lui, il 6. Quo transeúnte coram eo, ait :
dit : Souverain Seigneur, Dieu misé- Dominator Domine Deus, misericors
ricordieux et clément, patient et plein et démens, patiens et multee misera-
de compassion, et véridique, tionis, ac verax,
7. Qui gardez votre miséricorde 1. Qui custodis misericordiam in
jusqu'à mille générations; qui effacez millia ; qui aufers iniquitatem, et sce-
les iniquités et les crimes et les péchés, lera, atque peccata, nullusque apud
et auprès de qui nul par lui-même te per se innocens est; qui reddis ini-
n'est innocent; qui rendez l'iniquité quitatem patrum filiis ac nepotibus,
des pères aux enfants et aux petits en- in tertiam et quartam progeniem. .
fants jusqu'à la troisième et quatrième Deut. il. 10. Jer. 32. 18. Ps. US. 2. Dçut. S. 9.
génération !
8. Et Moïse se hâta de se courber et 8. Festinusque Moyses curvatus
de se prosterner contre terre, et ado- est pronus in terram, et adorans,
rant
9. 11 dit : Si j'ai trouvé grâce en 9. Ait : Si inveni gratiam in cons-
votre présence, Seigneur, je vous pectu tuo, Domine, obsecro utgradia-
supplie de marcher avec nous. (car ce ris nobiscum (populus enim dure cer-
table sens du texte hébreu est celui-ci : « Et que des oiue noms ou attributs que Dieu
Jehovah descendit dans la nuée, et il se pla- prend ici, lt« trois premiers regardent son
ça là près de lui ; et il cria le nom de Jeho- essence et sa puissance, les sept suivants
vah ». Ainsi c'est Dieu qui, descendant du concernent sa bonté et sa miséricorde, et les
ciel dans la nuée, s'arrêta près de Moïse deux derniers ont rapport à sa justice
et prononça le nom de Jehovah, comme il vengeresse. II est infiniment bon ; mais en
le lui avait annoncé, la veille, ci-dess. xxxni, lui cependant la bonté est accompagnée de
19, et non Moïse qui' se plaça près de lui in- la sainteté ot de la justice. II se plaît bien
voquant le même nom. C'est ce qui est ex- plus à répandre les bienfaits et les miséri-
posé plus en détail dans les deux versets cordes que les châtiments ; mais il ne faut
suivants. pas néanmoins que le pécheur prenne de
6 et 7. — Quo transeunte coram co ait : sa clémence occasion de croire qu'il puisse
Dnminaior Domine... Encore ici la Vul- impunément fouler aux pieds sa loi. Dieu
pate intervertit les rôles et, en désaccord s'est déjà manifesté à tout le peuple sous ce
ave: le contexte, met dans la bouche de double rapport du haut du Sinaï, ci-dess. xx,
Moïse les paroles prononcées par Jehovah 5 et seq\, mais avec cette différence que là
conformément à la promesse rappelée plus c'était la justice et la sévérité qui paraissait
haut. Le toxte hébreu doit ainsi se traduire : au premier plan, tandis qu'ici c'est la bonté
« Jehovah passa donc devant sa face et et la miséricorde.
cria : Jehovah ! Jehovah ! Dieu tendre et 11« Renouvellement de l'alliance ; sommaire de ses
miséricordieux, lent à la colère, et abon- conditions, t t - 9-28.
dant en bienveillance ot en vérité ; conser-
vant sa bienveillance jusqu'à des milliers de 9 . — Si inveni gratiam . . . obsecro ut
générations, pardonnant l'iniquité, la pré- graàtaris nobiscum. Littéralement dans
varication et le péché: et il ne laisse nulle- l'hébreu ; « Si j'ai trouvé grâce à tes yeux,
ment impuni, visitant l'iniquité des pères Seigneur, que le Soigneur, je te prie, mar-
sur les Jils et sur les ûls des fils, sur la troi- che au milieu de nous ». Le toxte exprime
sième et sur la quatrième génération » ! La les deux fois « Seigneur »parADONAÏ0:nN).
description de cet événement unique répond Dieu a déjà promis à Moïse d'accompagner
tout a fait à son caractère majestueux et les Israélites dans leur marche ; mais comme
mystérieux. Moïse passe sous silence ce qu'il Moïse lui a demandé, pour sceau de cette
a vu, sans doute parce que c'était ineffable, promesse, de voir sa gloire, il est assez na-
et ne rapporte que les paroles par lesquelles turel que, ayant obtenu cette faveur, il en
Jehovah a exprimé toute l'excellence et la rofite pour affermir de plus en plus l'al-
magnificence de son être. On a remarqué Ê ance. C'est le premier usage qu'il en fait. 11
CHAPITRE XXXIV 273
vicis est), et auferas iniquitates nos- peuple a la tète dure, et d'effacer nos
tras atque peccata, nosque possideas. iniquités et nos péchés, et de nous
posséder en propre.
10. Respondit Dominus : Ego inibo 10. Le Seigneur répondit : Je ferai
pactum videntibus cunctis, signa fa- alliance à la vue de tout le monde, je
ciam quae nuriquam visa sunt super ferai des prodiges qui n'ont jamais
terram, nec in ullis gentibus, ut cer- été vus sur la terre ni dans aucune
nât populus iste, in cujus es medio, nation, afin que ce peuple, au milieu
opus Domini terribile quod facturus du quel tu es, voie l'œuvre terrible
sum. du Seigneur que je ferai.
Deut. 3. 2. Jer. 32.40.
11. Observa cuncta quse Iiodie 11. Observe tout ce que je te com-
mando tibi ; ego ipse ejiciam ante fa- mande aujourd'hui. Je chasserai moi-
ciem luam Amorrhœum, et Chana- même devant ta face TAmorrhécn et
nseum, etllethceum, Phcrezseum quo- le Chananéen etl'Hcthéen, et le Phé-
que, et Hevœum, et Jcbusseum. rézéen et THévéen et le Jébuséen.
12. Cave ne unquam cum habita- 12. Garde-toi de contracter jamais
toribus terra illius jungas amicitias, avec les habitants de ce pays des
quse sint tibi in ruinam ; amitiés qui seraient ta ruine;
13. Sed aras eorum destrue, con- 13. Mais détruis leurs autels, brise
fringe statuas, lucosque succide. leurs statues, coupe leurs bois sacrés.
14. Noli adorare deum alienum ; 14. N'adore pas un dieu étranger;
Dominus zelotes nomen ejus, Deus le Seigneur s'appelle zélateur, c'est
est emulator. un Dieu jaloux.
15. Ne ineas pactum cum hominibus 15. Ne contracte aucune alliance
illarum regionum ; ne, cum fornicati avec les hommes de ces pays, de peur
renouvelle encore son intei cession pour le li ance, toute société avec les Chananéens
peuple, avec lequel il finit par se confondre idolâtras, et celui de lui rendre le cuite qu'il
entièrement. C'est une «harité, un dévouo- demande.
ment >ans borne. — Nosque possideas. 12. — Quœ sint Ubi in ruinam, propre-
Cfr. Deut. iv, 20 ; ix, 26. ment « in laqueum ».
10. — Ego inibo pacium : « je conclus », 13. — Confringe statuas . . . Los mots
ou « je conclurai l'alliance », c'est à dire, rrâarn et DvjtfM, que la Vulgate rend par
je la renouvellerai. L'accentuation du texte
hébreu et le sens veulent que ces mots: « statuas » et « Iucos », signifient, selon
videntibus cunctis ( dans l'hébreu : « de- Koil, le premier, des « colonnes mémorialos «
vant tout to.i peuple ») soient joints à ce qui (av. xxiii, 24) et le senond, des idoles
suit, et non à ce qui précède : « devant tout d'Astarté, la déesse de la Naturo chez les
ton peuple je ferai des merveilles qui n'ont Chananéens ( cfr. III Reg. xiv, 23). Cepen-
pas été produites sur toute la terre et dans dant plusieurs les traduisent encore comme
toute les nations ». Il faut entendre par là la Vulgate. « Tempia Chananasorum non
les merveilles que Dieu fit pour mettre les memorat Moses ; Chananaet enim illis tem-
Israélites en possossion de la Terre promise, poribus nondum tempia videntur habuisse :
telles que le passage du Jourdain, la prise id quod est indicium summee antiquitatis li-
de Jéricho, etc. —' Opus JDomini terribile : brorum mosaicorum ». Rosenm.
terrible pour les ennemis de son peuple, 14. — Dominus zelotes nomen e jus.
mais consolant et encourageant pour co Dieu est jaloux de l'honneur qui lui est dû ;
peuple, quoiqu'il n'ait pas pu voir de tels il ne souffre pas qu'il soit rendu à d'autres.
prodiges, bien qu'opérés en sa faveur, sans I.*e « nom » est mis ici, comme souvent ail-
éprouver aussi une certaine crainte. leurs, pour le caractère, la nature.
11. — Observa cuncta quœhodie mando 15 et 16. — Cum fornicati fuerint cum
tibi . . . Pour rappeler aussi au peuple les diis suis... Cette expression, qui se ren-
devoirs de ralliante, Dieu en répète ici deux contre ici pour la première fois, revient fré-
des principaux: celui d'éviter toute al- quemment plus tard, surtout dans les Pro-
276 L'EXODE
qu'après avoir rendu à CPS dieux un fuerint cum diis suis, et adoraverint
culte adultère et adoré leurs statues, simulacra eorum, vocet te quispiam,
quelqu'un ne t'appelle pour manger de ut comedas de immolatis.
ce qu'il aura immolé. Supi: 23. 33. fleut. 7. 3.
16. Tu neprendras parmi leurs fil- 16. Nec uxorem de filiabus eorum
les aucune femme pour tes fils, de accipies íiliis tuis; ne, postquam ip-
peur qu'après avoir rendu à leurs S8C fuerint fornicatsc, fornican faciant
dieux un culte adultère, elles ne ren- et filios tuos in déos suos.
dent tes fils coupables de la même /// Reg. 11. I. Deut. 7. 3.
fornication.
11. Tu ne te feras pas des dieux 17. Déos conflátiles non facies tibí.
en métal.
18. Tu observeras la solennité des 18. Solemnitatcm azymorum cus-
azymes. Pendant sept jours, à l'épo- todies. Scptem diebus vesccris azy-
que du mois des fruits nouveaux, tu mis, sicut prflRcepi libi, in temporo
te nourriras d'azymes, comme je te mensis novorum ; mense enim verni
l'ai ordonné; car c'est .dans un mois temporis egressus es de jEgypto.
du printemps que tu es sorti de l'E-
gypte.
19. Tout mâle premier-né sera à 19. Omnc quod aperit vulvam gc-
moi; dans les animaux de tout genre, neris masculini, meum erit; de cune-
qu'il fasse partie des bœufs ou des Lis animantibus, Lam de bobus, quam
brebis, il sera à moi. de ovibus, meum erit.
Supr. 13. 3. 12. et 22. 20.
20. Tu rachèteras le premier-né de 20. Primogenitum asini redimes
l'âne avec une brebis ; mais si tu ne ove; sin autem nec pretium pro co
donnes pas une rançon pour lui, il sera dederis, occidetur. Primogenitum fi-
tué. Tu rachèteras le premier né de liorum tuorum redimes ; nec apparc-
tes fils, et tu n'apparaîtras pas devant bis in conspectu meo vacuus.
moi les mains vides.
21. Tu travailleras pendant six 21. Sex diebus operaberis, die sép-
joars ; le septième jour tu cesseras de timo cessabis arare et meteré.
labourer et de moissonner.
ïhètes. Elle implique dans les rapports de Cette expression, qui ne revient plus que
Î'homme avec Dieu quelque chose d'analogue Lev. XÎX, 4, fait allusion au crime récent
de l'adoration du veau d'or.
à la société conjugale, de sorte qu'adorer un
autre dieu constitue une espèce d'adultère. 18. — Solemnitaiem àzymorum custo-
Cest on effet sous l'image du mariage qu'est dies. Voy. ch. xxm, 15, et comp. ch. XII,
souvent représentée l'alliance de la Synago- 14-20, et xiH, 3-10. — Mensis novorum,
gue, et plus tard, de l'Eglise chrétienne, seu « mensis Abib ». Voy. ch. xin, 4.
avec Dieu, avec Jésus-Christ. Cotte idée, mise 19. — Omne quod aperit vulvam...
dans un si beau jour par S. Paul, se retrou- Voy. xui, 2,12 et suiv.
ve encore dans l'Apocalypse. L'expression 20. — Nec apparebis in conpectu meo
employée ici est d'autant plus significative vacuus. Voy. xxm, 15.
que la prostitution faisait partie du culte 21. — Sex diebus operaberis.. . Ce pré-
de Baal et d'Astarté. Cfr. Levit. xvn, 7 ; xx, cepte est répété du livre de l'alliance,
5 et scq. ; III Reg. xiv, 23 ; IV Reg. xxui, 7. ci-dessus xxm, 12, mais avec une remar-
Le livre des Nombres, xxv, 1 et seq., nous quable addition : c'est que le repos du
apprend comment Israël, encore dans le sabbat doit être observé même pendant les
désert, succomba à la tentation contre la- semailles et la moisson,-c'est à dire, dans les
quelle Dieu voulait ici le prémunir. temps où il pourrait sembler le plus néces-
17. — Deos confiantes non facies tibi. saire de le rompre.
CHAPITRE XXXIV
22. Solemnitatèm Hebdomadarum 22. Tu célébreras la solennité des
facies tibi in primitiis frugum messis Semaines avec les prémices des fruits
tuae triticele, et solemnitatèm quan- de ta moisson de froment, et une autre
do redeunte anni tempore cuncta con- solennité, lorsque au retour des saisons
duntur. tout est recueilli.
Supr. 83. 15.
23. Tribus temporibus anni appa- 23. A trois époques de Tannée
rebit omnc masculinum tuum in con- tous tes mâles paraîtront en la pré-
spectu omnipotentis Domini Dei Is- sence du-Seigneur tout-puissant, Dieu
rael. d'Israël.
Supr: 23. ilt Deui. 16.18.
24. Cum enim tulero gentes a facie 24. Car lorsque j'aurai dissipé les
tua, et dilatavero terminos tuos, nul- nations devant ta face et que j'aurai
lus insidiabitur terree tuse ascendente dilaté tes frontières, nul ne tramera
te, et apparente in conspcctu Domini des complots contre ton pays, quand
Dei tui ter in anno. tu monteras et apparaîtras en présence
du Seigneur ton Dieu trois fois Tan-
née.
20. Non immolabis super fermen- 25. Tu n'immoleras pas sur du fer-
to sanguinem hostiae mese; neque re- ment le sang de mon hostie, et rien
siclcbit mane de vidima solemnitatis ne restera jusqu'au matin de la vic-
Phase. time de la solennité de Pâque.
Supr 23. 18.
26. Primitias frugum terrse tuse 26. Tu offriras dans la maison du
offeres in domo Domini Dei tui. Non Seigneur ton Dieu les prémices des
coques hœdum in Iacte matris suae. fruits de la terre. Tu ne cuiras pas le
Supr. 33.19. Dott. 14. 31. chevreau dans le lait de sa mère.
21. Dixitque Dominus ad Moysen : 21. Et le Seigneur dit à Moïse:
Scribe tibi verba heec, quibus et te- Écris ces paroles, par lesquelles j'ai
cum et cum Israel pepigi fœdus. contracté alliance avec toi et avec Is-
raël.
28. Fuit ergo ibi cum Domino qua- 28. Moïse demeura donc là avec le
draginta dies et quadraginta noctes ; Seigneur quarante jours et quarante
nuits ; il ne mangea pas de pain et ne panem non comedit et aquam non bi-
but pas d'eau, et le Seigneur écri- bit, et scripsit in tabulis verba foede-
vit sur les tables les dix paroles de ris decern.
l'alliance. Supt. 24. 18. Deui. 9. 9.18. Dettt. 4. 13.
29. Et lorsque Moïse descendit du 29. Cumque descenderct Moyscs
mont Sinaï, il tenait les deux tables de monte Sinai, tenebat duas tabulas
du témoignage, et il ignorait que sa testimortii, et ignorabat quod cornuta
l'ace était devenue radieuse pendant esset facies sua ex consortio scrmonis
son entretien avec le Seigneur. Domini.
30. Or Aaron et les enfants d'Is- 30. Videntes au lem Aaron et filii
i'aut entendre, selon l'usage de la langue hé- splendidissima et eminentissima ilia jam dicta
braïque, toute nourriture et toute boisson. visiono Mosen eos contraxisse,eique afflatos
— Et scrips il in tabulis verba foederis de- fuisse, scilicet ultimo et 40 die quo cum Deo
cern. « Puta decern prsecepta Decalogi in ta- fuit in Sina, quoque ab eo s^cun las legis ta-
bulis lapidéis scripsit, non Moses, uti voluit bulas accepit, inìque 1°, ut amorem suum
S. Cyprianus, tract, de Spiritu, S. Augusunus, erga Mosen de^lararot Deus amo omque
Quaest. cxvi, sed Deus. Nani licet de Mose amori ropenderet; 2 \ ut legem Israolitis pro-
proximus praecesserit sormo, hic tamen de mulgandam certissimo hoc character divi-
Deo est, qiio.l licet Latinis novum vidoatur, uam et a Deo manantem ostencleret, terro-
tamen Hebrseis non est, qui saepo vel inteili- remque incuterei ne earn deinceps violare
gunt verbi suppositum, voi romotius aliquod auderent : hanc causam assignat Apnsto'us
adsciscunt, maxime si id notum sit aut alias Il Cor. cap. m, 7 ; 3% ut auctoritatum Mosi
nominatum. Sed hic ex eo quod vers. 1 dixit apui populnm conciliarot; 4°, ut vim ot
Dominns se scripturum in tabulis hisco le- fructum orationis ostenderot ». Corn, a Lap.
gem mannostum relinquitur id quod hic di- L'Ecriture ne dit pas combien dura cet éclat
citur : et scripsit, do Domino, non de Mose de la face de Moïse; mais il est vraisembla-
accipiendum esso. Deinde id ita esse omnino ble que ce Ait jusqu'à sa mort, de sorte qu'il
patet Dout. x, i-i, ubi eadem hsec historia re- dut toujours voiler sa face pour parler au
petitur diciturque Dominus scripsisse legem, peuple. « Sic etiam sentit Ambronus, in
non Moses ». Corn, a Lap. Psalm. exiti, qui et allegoricam prosequitur
causam. Moses, ait, id est, lex votu?, semper
42*. Eclat du visage de Moïse, ff. 20-35. habuit velamen: Jesus, seu Josue, ejus suc-
29. — Ignorabal quodeornuta esset fa- cessor, nullum habuit : Christus enim abs-
ciès sua. L'expression « cornuta » ost prise tulit omne legis velamen, ut ait Apostolus
métaphoriquement pour marquer les rayons II Cor. cap. tu, f. 14... Moraliter nota : Deus
de lumière et de gloire qui partaient de la est lux immensa et increata, Ions omnis lu-
face de Moïse. Haba, uc, m, 4, désigne aussi cis et luminis; hinc lux nobilissima et cœle3-
les rayons de lumière sous le nom de DT3"3p, tis est qualitas qua Daus, cum apparuit,
- suam majestatem repraesentavit. » Lumen,
cornes, et les Arabes appellent également « ait S. Dionysius, de Divin. Nomin., ex îp30
les rayons du soleil levant la « corne de la « bono est. et bonitatis imago. Ideo ipsum
gazelle ». Los Septante ont déjà traduit dans « bonum luminis cognomento laudatur tan-
le même sens : ou* íjfiei 6xi OEOóCaatcei r¡> ti quam imagine quadam exemplar expres-
TOO ypu)[ia-coç tctu irpoatÓKou aÙToO, et S. Paul
k
« sum ». Hinc qui cum Deo versantur et
les a suivis, II Cor. ni, 7. — Ex consortia orantos cum eo saspe colloquuntur instar
sermonis Domini. « Hinc patet hase lucís Mosis radi is Doi afflantur, fLuutque lucidi in
cornua, id est, nos radios a 'flatos esse Mosi anima, et subinde in facie et .corpore... Ita
ex consortio Dei, maxime quando transi vit S. Antoni! in orationo pernoctantis facies as-
gloria Dei ante foramen petne... Nam inde vel sidue splcndebat, ut ex sola vultus luce et
maxime radiasse facem Mosis patet quod laatitia inter tot millia monachorum agnos-
prima vice, quando totidem diebuscollocutus ceretur Antoni us : videbatur enim esse quasi
cum Domino accepit primas tabulas, Exod. quidam sol inter stelias. Ita S. Fraaciscus
cap. XXXII, 15, nihil dehujusmoJi radiisloga- oratione ferventi sublatus in aera radiabat
mus; similiter noe in secundo hoc colloquio et fervebat, adeoque ex se n'animas et ignés
proxime ante i Ham Dei visionem, cum Moses vibrare videbatur », etc. Com. a Lap.
uescenderet de monte tabulas a I Deum alla-
turus, vers. 3 et 4, quoi contigit die 39 man- 30. — Timuerunt prope accedere,
dante secundas in Sina. Verisimile est ergo in « quia scilicet non valebant figere a:iem
CHAPITRE XXXIV 279
Israel cornutam Moysi faciem, timue- raël, voyant rayonner la face de Moïse,
runt prope accedere. craignirent de s'approcher de lui.
31. Vocatiqueab eo, reversi sunt 31. Appelés par lui ils revinrent,
tam Aaron quam principes synagogae. tant Aaron que les chefs de rassem-
Et postquam locutus est ad eos, blée ; et après qu'il leur eut parlé,
32. Venerunt ad eum etiam omnes 32. Tous les enfants d'Israël vinrent
filli Israel, quibus prsecepit cuncta quae aussi à lui, et il leur donna tous les
audierat a Domino in monte Sinai. commandements qu'il avait entendus
du Seigneur sur le mont Sinaï.
33. Impletisque sermonibus, posuit 33. Lorsqu'il eut achevé de parler
velamen super faciem suam ; il mit un voile sur son visage.
//. Cor. 3. 13.
34. Quod, ingressus ad Dominum, 34. Lorsque il s'approchait du Sei-
et loquens cum eo, auferebat donec gneur et lui parlait, il rotait jusqu'à
exiret, et tane Ioquebatur ad fìlios Is- ce qu'il sortît et alors il disait aux en-
rael omnia quae sibi fuerant imperata. fants d'Israël tout ce qui lui avait été
ordonné.
35 Qui videbant faciem egredien-
; 35. Eux voyaient que le visage de
tis Moysi esse cornutam ; sed operie- Moïse rayonnait quand il sortait; mais
bat ille rursus faciem suam, si quan- il couvrait de nouveau son visage
'do Ioquebatur ad eos. quand il leur parlait.
oculorum in vultum ejus ita fulgidum, sive 34. — Et tune loquebatur ad filios
in jubar hocfacieiejus,et q u a revereban- Israël.. • Après avoir rsçu les ordres de
tur Mosen quasi divinum jam hisce radiis Dieu dans ses entretiens avec lui, Moïso les
effoctum ». communiquait au peuple le visage encore
31.— Reversi sunt. Cette expression découvert ; es n'est que dans le commerce
donne clairement à entendre que, dans la ordinaire de la vie qu'il le tenait voilé.
crainte dont ils étaient saisis, ils lui avaient L'éclat au'il eu laissait paraître quand il
tourné le dos et s'enfuyaiont. parlait de la part de Dieu, en reflétant la
gloire et' la splendeur du ministère qu'il
32. — Venerunt ad eum etiam omnes exerçait, commandait le respect et accré-
filii Israel, « jam ex timoré confirmati, ditait ses paroles comme colles du représen-
cum vidissent Aaronem et principes cum tant et de l'ami de Jehovah.
Mose colloqui ». Corn, a Lap. 35. — Sed oçeriebat ille . . . ad eos.
33. — Impletisque sermonibus posuit L'hébreu, est différent ; nous y lisons : « et
velamen. . . Ainsi ce n'est qu'après avoir Moïso remettait le voile sur sa face jusqu'à
fait sin message au peuple que Moïse ce qu'il vînt » de nouveau « pour parier
couvrit son visage d'un voile. avec lui », à savoir, avec Jehovah.
280 L'EXODB
CHAPITRE XXXV.
L'observation du sabbat de nouveau inculquée, fjr. 1-3. — Dons des Israélites pour le taber-
nacle et les autres ouvrages prescrits, ff. 4-29. — Ouvriers choisis de Dieu, ff. 30-35.
g 9. Exécution des ouvrages prescrits, faut ajouter que, dans un climat tel que*
XXXV-XXXIX. celui de l'Arabie et do la Palestine, on
n'avait guère besoin de feu que pour la
1" L'observation du sabbat de nouveau inculquée, préparation des aliments, travail qu'on
xxxv, 1-3.
ouvait faire la veille, comme Dieu en a
CHAP. xxxv. — 2. — Sex diebvs facietis'
opus : sepiimus— Avant de communiquer
S éj i averti plus haut, ch. xvi, 23. De поз
joùre les juifs caraïtes continuent à observer
au peuple les ordres qu'il a reçus de Dieu ce précepte à la lettre, mémo dans des cli-
pour la construction du tabernacle et les mats froids, comme celui do la Crimée ;
autres ouvrages relatifs à son culte, Moïse mais les autres le regardent généralement
renouvelle encore le précepte déjà inculqué comme n'ayant eu qu'une valeur temporaire,
plusieurs fois de la sanctification du sabbat, et ils font du feu et de la lumière comme tout
soit pour y joindre sur un point particulier, le monde, même en Palestine. Josèphe,
celui do faire du feu ce jour-là, une explica- Bell. II, 8, 9, remarquait déjà comme u o- i
tion que quelque fait survenu pouvait avoir chose particu'ière aux Essémens qu'ils n'al-
rendue nécessaire, soit pour prévenir la lumaient pas de lëu le jour du sabbat.
pensée qui aurait pu se présenter, que les
4» Dons des Israélites pour le tabernacle et les '
ouvrages prescrits, comme se rapportant autres ouvrages, ff. 4-39. •
directement au culte divin, ne tombaient
pas sous la défense de la loi. Б. — Separate apud vos primitias Do
3. — Non succendetis ignem... Pour mino. Littéralement dans l'hébreu : « Prenez,
s'expliquer cette défense, il est bon de con- de chez vous une offrande рэиг Jehovah ».
sidérer qu'il n'en était pas dans ces anciens Voy. plus haut, xxv, 2. — Aurum et ar~
temps comme aujourd'hui : allumer du feu gentum...S\xr les matières énumérées ici
exigeait un travail considérable. A quoi il voy, ch. xxv, 3-7.
CHAPITRE XXXV
6. Hyacinthum et purpuram, coc- 6. De l'hyacinthe et de la pourpre
cumque bis tinctum, et byssum, pi- et de l'écarlate deux fois teinte et du
los caprarum, byssus, des poils de chèvre,
I. Pellesque arietum rubricatas et 1. Et des peaux de bélier teintes
ianthinas, ligna setim, en rouge et en bleu, du bois de se-
tim,
8. Et oleum ad luminaria concin- 8. Et de l'huile pmr garnir les
nanda, et ut conficiatur unguentum, lampes et pour confecJc n îer un bau-
et thymiama suavissimum, me et un parAi m très suave,
9. Lapides onychinos, et gemmas 9. Des pierres d'onyx et d'autres
ad ornatum superhumeralis et ratio- pierres précieuses, pour orner l'éphod
nalis. et le rational.
10. Quisquís vestrum sapiens est, 10. Quiconque parmi vous est ha-
veniat, et faciat quod Dominus impe- bile, qu'il vienne et fassï ce que le
ravit, Seigneur a commandé,
I I . Tabernaculum scilicet et tectum H , Savoir : le tabernacle et son-
ejus, atque operimentum, annulos et toit et sa couverture, les anneaux, les
tabulata cum vectibus, paxillos et ba- planches avec les perches, les pieux
ses ; et les bases ;
. 12. Arcam et vectes, propitiato- 12. L'arche ct les bâtons, le pro-
1
rium, et velum quod ante illud oppan- pitiatoire et le voile qui est suspendu
ditur; devant lui ;
13. Mensam cum vectibus et vasis, 13. La table avec les bâtons et les
et propositionis panibus ; vases et les pains de proposition ;
14. Candelabrum ad luminaria sus- 14. Le candélabre pour supporter
tentanda, vasa illius et lucernas, et les lampes, ses ustensiles et les lam-
oleum ad nutrimenta ignium ; pes, et l'huile pour entretenir le feu :
15. Altare thymiamatis, ct vectes, 15. L'autel des parfums et les bâ-
et oleum unctionis et thymiama, ex tons, et l'huile de l'onction et le par-
aromatibus : tentorium ad ostium ta- fum fait avec des aromates, la tenture
bernaculi; à l'entrée du tabernacle;
16. Altare holocausti, et craticu- 16. L'autel de l'holocauste et sa
lam ejus seneam cum vectibus et va- grille d'airain et ses bâtons et ses us-
sis suis ; labrum etbasim ejus; tensiles, le bassin avec sa base ;
17. Cortinas atrii cum columnis et 17. Les courtines du parvis avec
basibus, tentorium in foribus vesti- les colonnes et les bases, la tenture
buli ; pour l'entrée du vestibule;
18. Les pieux du' tabernacle et du 18. Paxillos tabernaculi et atrii cum
parvis avec leurs cordons ; funiculis suis ;
19. Les vêtements dont on se ser- 19. Vestimenta quorum usus est
vira pour le ministère du sanctuaire, in ministerio sanctuarii, vestes Aaron
les vêtements du pontife Aaron et de pontificis ac filiorum ejus, ut sacerdo-
ses fils, pour qu'ils remplissent les tio fungantur mihi.
fonctions de mon sacerdoce.
20. Et toute la multitude des en- 20. Egressaquc omnis multitud
fants d'Israël étant sorti de la présence filiorum Israel de conspectu Moysi,
de Moïse,
21. Ils offrirent d'un cœur très 21. Obtulerunt mente promptissima
prompt et dévoué des prémices au atque devota primitias Domino, ad fa-.
Seigneur pour exécuter l'œuvre du ta- ciendum opus tabernaculi téstimonii.
bernacle du témoignage. Tout ce qui Quidquid ad cultum et ad vestes sane-
était nécessaire au culte et aux vête-, tas necessarium erat,
ments sacrés,
22. Les hommes et les femmes le 22. Viri cum mulieribus preebue-
fournirent : des bracelets et des pen- runt; armillas et inaures, annulos et
dants d'oreille, des anneaux et des dextralia ; omne vas aureum in dona-
ornements de main. Tout vase en or ría Domini separatum est.
fut mis à part pour être donné au
Seigneur.
23. Si quelqu'un avait de l'hyacin- 23. Si quis habebat hyacinthum,
the et de la pourpre et de l'écarlate etpurpuram, coecumque bis tinctum,
deux fois teinte, du byssus et des byssum, et pilos caprarum, pelles
poils de chèvre, et des peaux de bé- arietum rubricatas, et ianthinas,
lier teintes en rouge et en bleu,
18. — Paxillos tabernaculi... Sur les cordon, comme en portaient les Israélites et
pieux du tabernacle et du parvis, voy. ch. les Madianites, Num. xxxi, 50, et crue Dio-
xxvii, 19. Les cordes, mentionnées ici dore de Sicile le rapporte des Arabes, in,
pour la première fois, devaient servir à at- 44. — Omne vas aureum, « toute sorte de
tacher Ta tente et les rideaux du parvis à bijoux en or », in donaría Domini sèpara-
ces pieux fixés dans le sol. tum est. D'après l'hébreu : « et tout homme
19. — Vestimenla quorum mus est in qui offrait une offrande d'or à Jehovah »,qui
minisierîo sanctuarii... Sur ces vêtements 'la lui avait destinée, sous-ent. rapporta.
voy. ch. xxvm. ^Jïï, agiter, marque une cérémonie parti-
21. — Primitias Domino. Dans l'hébreu : cu'ière, par laquelle certaines parties de la
« l'offrande de Jehovah », c'est à dire, l'of- victimo qui îïetaient pas destinées à être
frande qu'ils faisaient à Jehovah.
22. — ArmiUas. L'hébreu nn, ainsi traduit brûlées sur Tautel, mais à servir de nour-
riture aux prêtres, Num. xviii, 11, étaient
dans la Vulgate, signifie proprement croc, consacrées a Dieu, ou lui étaient présentées.
crochet ; ici agrafe, ou selon d'autres, bou- Voy. Lev. vu, 30. D'après cela nsian signifie
cle ; d'après Rosenmüller, Gesenius, Kalisch,
boucle de nez, comme en portaient les* proprement les parties des victiihes qui
Arabes et autres Asiatiques, surtout les revenaient aux prêtres; ensuite, dans un
femmes. — Inaures, a^, pendant d'oreille sens plus large, tout don consacré à Dieu,
ou de nez, Gen. xxxv, 4 ; xxiv, 47. — An- toute offrande pour rétablissement et l'en-
tretien du sanctuaire et du culte. C'est dans
nulos. rwaia, anneau pour doigt. — Dex- ce dernier sens qu'il est employé ici et ch.
tralia. îQ"D, globulus aureus, vraisembla- xxxvni, 24,29, et il ne diffère pas, pour le
blement bracelet, selon Fürst, Cook, ou fond, de rrann, comme s'appelle une of-
collier, d'après Gesenius, Knobel, Kalisch, frande qu'on z. prélevée sur ses biens pour
formé de grains en or rangés en forme de la môme fin.
CHAPITRE XXXV 283
24. Argenti serisque mctalla, obtu- 24. Des métaux d'argent et d'airain,
lerunt Domino, Hgnaque setim in va- il l'offrit au Seigneur, ainsi que du
rios usus. bois de sclim pour divers usages.
25. Sed et mulieres doctse, qu& ne- 25. Et les femmes habiles, qui
verant, dederunt hyacinthum, purpu- avaient filé, donnèrent de l'hyacin-
ram, et vermiculum, ac byssum, the, de la pourpre, du cramoisi et du
byssus,
26. Et pilos caprarum, sponte pro- 26. Et des poils de chèvre, offrant
pria cuneta tribuentes. tout de leur propre mouvement.
25. — Sed et millier es doctœ quœ neve- dre, tandis que les hommes avaient appris
rant âederunt hyaeinthum... Dans le texte cet art en Egypte, où il était très déve-
hébreu ; « Et toutes les femmes sages de loppé. — « Un tombeau de Beni-Hassan,
cœur », habiles, comme plus haut xxvux, dit M. Vigoureux, nous représente dans tous
3, « filèrent de leurs mains, et elles apportè- ses détails la fabrication du fil et le tissage
rent le filage, l'hyacinthe »... Il résulte delà tel que les femmes israélites avaient dû
en premier lieu que c'est seulement après l'apprendre sur les bords du Nil. « Les
que Moïse e it publié l'ordre de Jehovah que " Égyptiens ou bien ne connaissaient pas la
ces femmes firent ce travail : ensuite que " quenouille, ou bien ne remployaient que
les étoffes en couleur étaient déjà teintes d'a- « rarement. Ils se servaient presque exclu-
vance dans le fil ou dans la lame, comme il « sivement de fuseaux en bois, courts et
• paraît par d'anciennes étoffes égyptiennes surmontés d'une tête lenticulaire en plâ-
que cela se pratiquait en Egypto. Voy. « tre : uns ouvrière habilo maniait cfeux
Hengstenb., Die Bûcher Mos., p. 144. D. Gal- « fuseaux à la fois. Le fil allait d'ordinaire
met conclut aussi do ce passage qu'on tei- « retomber directement dans un petit vase
gnait les laines avant de les filer et de les « destiné à le recevoir. Souvent il passait
mettre en œuvre. Ou voit la même choso « d'abord par-dessus l'épaule de la uleuse,
dans Homère. Ce poète décrit la quenouille « ou par la fourche d'un pieu fixé en terre,
de la reine Hélène chargée de laine vio- «,et qui tenait tant bien quo mal la place
lette, Odyss. iv, 135. Areté, femme du roi « de a quenouille. Pour les fils forts, on se
Alcinous, avait aussi de la pourpre sur sa « contentait < l'une torsion soigneusement
quenouille, Ibid. vi, 53. Le même commenta- « faite : cette première opération portait
teur regarde comme possible que le rouge et « deux noms, ttrer ou tordre. Quand on
le violet fussent les couleurs naturelles de « voulait obtenir des qualités plus fines, on
ces laines, et il cite Pline et Homère à l'ap- « soumettait ce fil à une seconde opération
pui de cette coiijacture, qui cependant n'est « qu'on appelait le routage. Des mains de
guère admissible. « la fileuse de fil, le fil passait entre celles
26. — Et pilos caprarum, sponte pro- « de plusieurs femmes accroupies, qui l'ar-
pria cuncta tribuentes. A la lettre en hé- « rondissaient et le lissaient en le frottant sur
breu : « Et toutes les femmes qu'y portait « une large pierre avec un morceau d'une
leur cœur avec sagesse »,^avec Thabileté « substancs dure dont J3 ne puis déterminer
nécessaire, « filèrent le p a l de chèvre», i la nature. C'était le lissage. Une dernière
pour la couverture du tabernacle, xxvi, 7 « ouvrière mettait le fil en pelotons ou en
et suiv. Filer était déjà dans l'antiquité « écheveaux, et c'était Venroulage. Le tis-
l'affaire des femmes, nommément en Egypte, « sage se faisait sur un métier des plus
où les monuments en représentent avec le « simples, quelquefois vertical, comme ceux
fuseau à la main, et aussi plus tard chez les « dont on se sort encore aux Gobe-lins, le
Hébreux, Prov. xxxi, 19. Ce sont^ncoro au- « plus souvent horizontal. Le nombre des
jourd'hui, dans la péninsule du Sinaï, les <r ouvriers travaillant à la mêma pièce v a -
femmes qui filent le poil de chèvre ou de « rie d'un à quatre. Hérodote avait observé
chameau pour leurs tentes et travaillent la « qu'au lieu de pousser la trame en haut,
laine pour leur habillement. Voy. Keil. Ce « comme les autres pauples, ils la poussaient
furent des hommes, par contre, qui tissèrent « en bas (Hérod. II, 35) : c'était le procédé
les étoffes, moins parce que, d ' a p i s Héro- « habituel; mais il souffrait quelques oxcep-
dote u, 35, et lés monuments, ce travail « tions. Les pièces étaient tantôt unies et
était ordinairement fait par eux, que par la « d'une seule couleur, tantôt garnies de
raison que les tapis et les rideaux du tabsr- « frangas à l'extrémité, tantôt formées de
nacle étaient des ouvrages d'une habileté » bandes de couleurs alternées » (G. Mas-
à laquelle les femmes n'auraient pu attein- paro, Eluds sur quélq. peinlur. funér,,
284 L'EXODE
21. Mais les chefs offrirent des 27. Principes vero obtulerunt lapi-
pierres d'onyx et d'autres pierres pré- des onychinos, et gemmas ad super-
cieuses pour Véphod et le rational, humerale et rationale,
28. Et des aromates et de l'huile 28. Aromataque et oleum ad lumi-
pour garnir les lampes, et préparer naria concinnanda, et ad prseparan-
le baume, et composer un parfum dum unguentum, ac thymiaraa odoris
d'odeur très suave. suavissimi componendum.
29. Tous, hommes et femmes, of- 29. Omnes viri et mulieres mente
frirent d'un cœur dévoué, des dons devota obtulerunt donaría, ut fierent
pour faire les travaux que le Seigneur opera queejusserat Dominus per ma-
avait ordonnés par le ministère de num Moysi. Cuncti filii Israel volun-
Moïse. Tous les enfants d'Israël con- taria Domino dedicaverunt.
sacrèrent des dons volontaires au Sei-
gneur.
30. Et Moïse dit aux enfants d'Is- 30. Dixitque Moyses ad filios Is-
raël : Voilà que le Seigneur a appelé rael ; Ecce vocavit Dominus ex no-
par son nom Beséléel, fils d'Uri, fils mine Beseleel, filium Uri, filii Hur, de
de Hur, de la tribu de Juda, tribu Juda, Sup. 3i. s.
31. Et il Ta rempli de l'esprit de 31. Implevitque eum spiritu Dei,
Dieu, de sagesse et d'intelligence, et sapientia et intelligentia, et scientia
de science et de toute connaissance, et omni doctrina,
32. Pour concevoir et exécuter un 32. Ad excogitandum, et faciendum
travail en or et en argent et en ai- opus in auro et argento, et sere,
rain,
33. Et pour sculpter des pierres et 33. Sculpendisque lapidibus, ef
pour façonner le bois. Tout ce que opere carpentario ; quidquid labre
l'art peut inventer, adinveniri potest,
34. 11 Ta mis dans son cœur. Il a 34. Dedit in corde ' ejus : Ooliab
appelé aussi Ooliab, fils d'Achisamech, quoque filium Achisamcch de tribu
de la tribu de ûan. Dan.
35. Il les a remplis tout deux de 35. Ambos erudivit sapientia, ut
CHAPITRE XXXVI.
comme sculpteurs et artistes et recameurs... leel... Dans le texte hébreu le verlie est au
njTl est rendu dans la Vulgate par les futur, de sorto que ces paroles font encore
deux mots « polymitarii ac plumarii ». Lo partie du discours de Moïse et donnent ce
verbe, Dpi a passé dans l'espagnol ricamar, sens : « Et laciet », ou mieux : « faciet igi-
tur Reseleel... » Cela est bien plus en har-
dans l'italien ricamare, et dans le français monie arec le contexte.
recamer encore employé par S. François de 2. — Cumque m.:asset eos Moyses... Lit-
Sales, et qu'on a eu tort de laisser tomber téralement d après l'hébreu : « Et Moïse a p -
en désuétude. - pela Béséléel et Ooliab ot tout homme sage
de cœur, dans le cœur duquel Jehovah avait
-4° Commencement des travaux ; surabondance des
dons, XXXVI, 1-7. mis la sagesse », le talent, l'habileté, « tous
ceux que leur cœur portait à s'approcher de
CHAP. XXXVI. — 1. — Fecit ergo Bese- l'ouvrage pour le faire ».
286 L'EXODE
7. Parce que ce qui avait été offert 7. Eo quod oblata sufficerent, etsu-
suffisait et surabondait. perabundarent.
8. Et tous les hommes au cœur 8. Feceruntque omnes corde sa-
sage, pour accomplir l'œuvre du taber- pientes ad explendum opus taberna-
nacle, firent dix courtines de byssus culi, cortinas decern de bysso retorta,
retors et d'hyacinthe et de pourpre et et hyacintho, et purpura, coccoqutf
d'écarlate deux fois teinte, travail de bis tincto, opere vario, et arte poly-
plusieurs couleurs habilement variées. mita ;
9. Chacune avait vingt-huit cou- 9. Quartini una hahebat in longitu-
dées de long et quatre de large; tou- dine viginti octo cubitos, et in latitu-
tes les courtines avaient la même dine quatuor ; una mensura erat om-
mesure. nium cortinarum.
10. Il joignit cinq courtines Tune • 10. Gonjunxitque cortinas quinqué,
à l'autre, et il joignit les cinq autres alteram alteri, et alias quinqué sibi
ensemble. invicem copulavit.
H . Et sur le bord d'une courtine, 11. Fecit et ansas hyacinthinas in
de chaque côté il fit des lacets d'hya- ora eortinee unius ex utroquc latere,,
cinthe, et sur le bord d'une autre et in ora cortinas alterius similiter,
courtine, il en fit pareillement.
12. Afin que les lacets vinssent 12. Ut contra se invicem venirent
réciproquement l'un contre l'autre et ansae, et mutuo jungerentur ;
fussent joints ensemble.
13. Il fondit donc cinquante an- 13. Undeet quinquaginta fudit cir-
neaux d'or qui prenaient les lacets des cuios áureos, qui morderent cortina-
courjtines pour qu'elles ne fissent rum ansas, et fleret unum tabernacu-
toutes qu'un seul tabernacle. lum.
14. II fit aussi onze rideaux de 14. Fecit et saga undecim de pilis
poils de chèvre pour couvrir le toit caprarum ad operiendum tectum ta-
du tabernacle. bernacoli ;
15. Chaque rideau avait en lon- 15. Unum sagum in longitudine
gueur trente coudées et en largeur habebat cubitos triginta, et in latitu-
quatre coudées. Tous les rideaux dine cubitos quatuor ; unius mensurae
avaient la même mesure. erant omnia saga ;
16. H en joignit cinq ensemble et 16. Quorum quinqué junxit seor-
les six autres séparément. sum, et sex alia separatim.
17. Et il fit cinquante lacets sur le 17. Fecitque ansas quinquaginta
bord d'un rideau et cinquante sur in ora sagi unius, et quinquaginta
le bord de l'autre rideau pour qu'ils in ora sagi alterius, ut sibi invicem
se joignissent ensemble ; jungerentur.
20-34. — Sur les ais et les barres, voy, ch. xxvi, 15-30
588 h EXODE.
île sétim, cinq pour maintenir les quinqué ad continendas tabulas unius
planches d'un côté du tabernacle, lateris tabernaculi,
32. Et cinq autres pour consolider 32. Et quinqué alios ad alterius la-
les planches de l'autre côté ; et en teris coaptandas tabulas ; et extra hos,
outre, cinq autres barres pour le côté quinqué alios vectes ad occidentalem
occidental du tabernacle contre la plagam tabernaculi contra mare.
mer.
33. Il fit aussi une autre barre qui 33. Fecit quoque* vectem alium,
passait par le milieu des planches qui per medias tabulas ab ángulo us-
d'un angle à l'autre. que ad angulum perveniret.
34. Or il dora toutes ces planches et 34. Ipsa autem tabulata deauravit,
fit fondre pour elles des bases en ar- fusis basibus earum argentéis. Et cir-
gent, et il fit en or leurs anneaux par cuios eorum fecit áureos, per quos
lesquels pouvaient être passés les bâ- vectes induci possent, quos et ipses
tons, qu'il couvrit eux-mêmes de la- laminis aureis operuit.
mes d'or.
35. Il fit aussi un voile d'hyacinthe 35. Fecit et velum de hyacintho,
et de pourpre, et d'ccarlate et de bys- et purpura, vermículo, ac bysso re-
sus retors, ouvrage distingué et de torta, opere polymitario, varium at-
•couleurs variées. • que distinctum;
36. Et quatre colonnes de bois de 36. Et quatuor columnas de lignis
sétim qu'il dora, ainsi que leurs cha- setim, quas cum capitibus deauravit,
piteaux et dont il fondit les bases en fusis basibus earum argentéis.
argent.
37. II fit aussi une tenture, pour 37. Fecit et tentorium in introitu
J'entrée du tabernacle en hyacinthe, tabernaculi ex hyacintho, purpura,
en pourpre, en écarlate et en byssus vermículo, byssoque retorta, opere
xetors, ouvrage orné de broderies ; plumarii;
38. Et cinq colonnes avec leurs 38. Et columnas quinqué cum ca-
chapiteaux, qu'il couvrit d'or, et dont pitibus suis, quas operuit auro, ba-
il fondit les bases en airain. sesque earum fudit aeneas.
CIÏAPITRE XXXVII.
6« Fabrication de l'arche, du propitiatoire et des construisit. Comme c'était de tous C6S OU-
chorubinB, XXXVII, 1-3. j
v r a g e g 0 p l u s p p é c i e u x e t ] e p l u s g a i n t f U
CHAP. XXXVII. —1-9. — Sur l'arche d'al- était naturel que sa construction fût réser-
iiance, voy. ch. xxv, 10-22. Une remarque vée à l'ouvrier le plus habile. Cest aussi ce
particul'ère à l'arche dans ce récit, c'est que qui eut lieu, et c'est évidemment ce que
ce fut Beséléel, le chef des ouvriers, qui la signifie cette remarque.
TA
S BIBLE. — EXODE, — 1 9 .
890 L'EXODE
10-16. — Sur la table des pains de 17-24. — Sur le chandelier, voy. ch.
proposition avec ses ustensiles, voy. xxv, xxv, 31-40.
23-30.
CHAPITRE XXXVII
21. Et sphaBruIse sub duobus cala- 21. Il y avait en trois endroits de
mis per loca tria, qui simul sex fìunt petites pommes sous deux branches,
calami procedentes de vecte uno; ce qui faisait en tout six branches sor-
tant d'un seul tronc ;
22. Et sphasrulee igitur et calami 22. Les petites pommes et les bran-
ex ipso erant, universa ductilia ex au- ches sortaient donc du tronc, elles
ro purissimo. étaient toutes fabriquées en or très
pur.
23. Fecit et lucernas septem cum 23. Il fit aussi en or très pur sept
èmunctoriis suis, et vasa ubi ea quae lampes avec leur mouchettes, et les
emuncta sunt cxtinguantur, de auro vases où doit s'éteindre ce qui a été
mondissimo. mouché.
24. Talentum auri appendebat can- 24. Le chandelier avec tout ses us-
delabrum cum "omnibus vasis suis. tensiles pesait un talent d'or.
25. Fecit et altare thy-miamatìs de 25. Il fit aussi l'autel des parfums
lignis setim, per quadrum singulos en bois desétim, ayant une coudée en
habens cubitos, et i*• altitudine duos ; carré et deux coudées de haut. À ses
e cujus angulis procedebant cornua. angles s'élevaient des cornes.
26. Vestivitque illud auro purissi- 26. 11 le revêtit d'or très pur, ainsi
mo, cuín cratícula ac parietibus et que la grille, les parois et les cornes.
cornibus.
27. Fecitque ei coronata aureolam 27. Et H lui fit tout autour une cou-
per gyrum, et duos annulos áureos ronne en or et deux anneaux d'oc sous
sub corona per singula latera, ut mit- la couronne de chaque côté, pour y
tantur in eos vectes, et possit altare passer des bâtons, afin que l'autel pût
porta ri. être porté.
28. Ipsos autem vectes fecit de li- 28. H fit aussi les bâtons en bois de
gnis setim, et operuitlaminis aureis. sétim, et les couvrit de lames d'or.
29. Composuit et oleum ad sancti- 29. Et il composa l'huile pour l'onc-
ficationis unguentum, et thymiama de tion de la consécration, et des parfums
aromatibus mundissimis, opere pig- formes d'aromates très purs, avec l'art
mentaria du parfumeur.
9» Construction de l'autel « s parfums, ff. 25—28. 10* Confection de L'huile d'onction et des parfums, ^.99.
25 — 28. — Sur l'autel des parfums, voy. 29. — Sur l'huile d'onction et les parfums,
ch. xxx, i—10» avec leur préparation, voy. ch. xxx, 22-38.
L'EXODE
CHAPITRE XXXVIII.
L'autel des holocaustes et le bassin d'airain, ff. i-8. — Le parvis, }f. 9-20. — Coup d'oeil
rétrospectif ; quantité des métaux employés, 21-31.
toutes leurs ciselures étaient en ar- turis suis argentea ; sed et ipsas co-
gent, et quant aux colonnes du parvis lumnas atrii vestivit argento.
il les revêtit d'argent.
18. Et à l'entrée du parvis, il fit 18. Et in introitu ejus opere piuma-
avec l'art du brodeur, une tenture en rio fecit tentorium exhyaciruho, pur-
hyacinthe,cn pourpre, en écarlate et pura, vermículo, ac bysso retorta,
en byssus retors, qui avait vingt cou- quod habebat viginti cubitos in longi-
dées de long et cinq coudées de haut, tudine, alùtudo vero quinqué cubito-
selon la dimension qu'avaient toutes rum eral, juxta mensuram quam
les tentures du parvis. cuneta atrii tentoria habebant.
_ 19. Or il y avait à l'entrée quatre 19. Columnas autem in ingressu
colonnes avec leurs bases en airain, fuere quatuor cum basibusaeneis, ca-
leurs chapiteaux et leurs ciselures en pitaque earum et caelaturac argéntese.
argent.
20. 11 fit aussi des pieux en airain 20. Paxillos quoque tabernaculi et
autour du tabernacle et du parvis. atrii pergyrurn fecit sencos.
21. Telles sont les instruments du 21. Hsec sunt instrumenta taberna-
tabernacle du témoignage, qui ont été culi testimoniì, qua) enumerata sunt
énumérés, d'après l'ordre de Moïse, juxta praoceptum Moysi in caeremoniis
pour les cérémonies des lévites, par levitarum per manum Ithamar fìlii
le ministère d'Ithamar, fils du prêtre Aaron sacerdotis ;
Aaron ;
22. Et que Beséléel, fils d'Uri, fils 22. Quae Beseleel, filius Uri, fìlii
de Hur, de la tribu de Juda, avait Hur, de tribu Juda, Domino per Moy-
exécutés, le»Seigneur le lui ayant or- sen jubente, compleverat,
donné par Moïse,
23. Après s'être joint et associé Oo- 23. Juncto sibi socio Ooliab filio
Hab, fils d'Achisamech, de la tribu de Achisamech de tribu Dan ; qui et ipse
Dan, qui fut lui-même ouvrier en bois artifex lignorum egregius fuit, et po-
confection des habits sacerdotaux, sur deux vingt ans et au-dessus, pour six cent trois
desquels devaient être enchâssées plusieurs mille cinq csnt cinquante » hommes. H se
pierres précieuses, il semble assez natu- rencontre encore, dans la traduction de ces
rel de prendre ici ce mot comme dési- derniers chapitres, plusieurs autres abrévia-
gnant plus spécialement un graveur, un tions, occasionnées selon toute apparence
tailleur de pierres, un orfèvre. Rawlinson ar les répétitions do l'original, que l'auteur
ne lui donne que le sens général d'ou-
vrier.
S e la Vulgate aura voulu diminuer. « L'on
tire de cet endroit une démonstration pour
24. — Omne aurum quod exPensum la valeur du talent, qui devait être de trois
•est... viginti novem talentorum fuit et sep- mille sicles précisément, puisque 603, 550
tingentorum triginta siclorum. Le talent demi-sicles faisant 301, 775 sicles, les
se composait de 3000 sicles, de sorte que 29 300, 000 siclcs fout 100 talents de 1000 si-
talents et 730 sicles équivalent à 87,730 si- cles chacun ». D. Calmet. 11 n'est question
cles. Dans tout ce compte, le talent et le si- ici que de la contribution levée sur ceux qui
cle sont pris pour des poids- Le sicle d'or, avaient été CDmpris dans le recensement
d'après 1 estimation de Thenius, qui appro- (voy. xxx, 12 et suiv.), sans aucune men-
che beaucoup de la vérité, valant 10 tha- tion de dons volontaires on argent (ch. xxxv,
Jer, toute cette somme revient à 877, 300 24, cfr. xxv, 3), soit que cos dons fussent pou
thaler, ou, en comptant, avec l'annuaire du importants, soit qu'ils n'eussent pas été em-
Bureau des longitudes, le thaler pour 3 fr. ployés pour les ouvrages, mais rendus à
e
68 , 3, 228, m irancs. leurs auteurs c o m m e superflus, ou mis en
25. — Oblatum est autem ab his qui réserve pour les besoins futurs.
transierunt ad numerum... armalorum. 26 et 27 (dans l'hébreu 27). Fuerunt
La Vulgate abrège ici le récit en suppri- prmerea centum talenta argenli... M sem-
mant la somme d'argent obtenue par le re- blerait d'après cette traduction qu'il s'agit ici
censement, ce qui le rend plus obscur qu'il d'une somme d'argent пол encore mention
ne Test dans l'original, dont voici la traduc- née; mais, comme on le voit par le texte
tion : « Et l'argent des recensés de rassem- hébreu, qui doit se traduire : « Et il y out
blée fut cent talents et mille sept cent sep- cent talents d'argent pour fondre les bases
tante-cinq sicles, au poids du sanctuaire : du sanctuaire..., » l'Historien ne fait que
un bécah par tôle, la moitié du sicle, au marquer l'emploi de celle qu'a produite
poids du sanctuaire, pour tous ceux qui pas- le recensement. « Les bases du sanctuaire
seront parmi les recensés, depuis l'âge de et les bases du voile » ou rideau de sépara*
296 tEXODE
28. Avec mille sept cent soixante 28. De mille autem septingentis et
et quinze sicles il fit les chapiteaux septuaginia quinqué, fecit capita co-
des colonnes et les revêtit cllc-mèmes lumnarum, quas et ipsas vestivit ar-
d'argent. gento.
29. On offrit aussi soixante et douze 29. Mvis quoque oblata sunt talen-
mille talents d'airain et quatre cents ta septuaginta duo millia, et quadrin-
sicles, genti supra sicii,
30. Avec lesquels furent fondues 30. Ex quibus fusse sunt bases in
les bases à l'entrée du tabernacle du introitu tabernaculi tcstimonii, et al-
témoignage, l'autel d'airain avec sa tare seneum cum cratícula sua, omnia-
grille, et tous les ustensiles qui ser- que vasa quae ad usum ejus pertinente
vent à son usage,
31. Et les bases du parvis tant à 31. Et bases atri i tam in circuitu
tion soat pour : les bases des quarante- qui avait pesé sur eux dans les derniers
huit ais du sanctuaire et des quatre colonnes temps, il n'y a aucuns raison de les croire
du parvis intérieur, 96 pour ceux-là et 4 réduits à lamBiidlcitélorsquilsonsortiro-it:
pour celles-ci. d'un autre côti, rargo.it, sinon monnayé
28. — De mille autem septingentis et dans le sens actuel do C3 mot, du moins
septuaginta quinque, sous-ent. siclis rosi- servant pjur l'échange dans le commerce,
duis, fecii capita columnarum..., d'après avait déji cours dans l'Asio antérieure au
l'hébreu : « il fit des crochets pjur les co- tempi dos patriarches, Gen. xxni, 16. Rolati-
lonncs » auxquelles devait étro suspendu le veme it aux offrandes en or et en airain, nous
rideau, « e t couvrit leurs chapiteaux» de pourrions alléguer les immenses trésors accu-
lames d'argent, « et les joignit », fit le3 mulésdans les métropoles des anciens empires
tringles destinées à les joindre (ci-dess. xxvn, asiatiques. Ainsi, pour en citer quoique chose,
10 et suiv. ; XXXVIII, 10 et suiv.}. los statues des dieux dans le temple de Bel
20. — Talenta septuaginta, duo milita à Babylone se montaient déji seu:es à plu-
et quadringenti supra sicii : « septante sieurs milliers de talents d'or, sans compter
talents, et deux mille quatre cents sicles en les tables d'or, les lits et autres meublas en
sus ». C'est ainsi, selon la remarque de D. or et en argent (Hérod. i, 181,183 ; Diod. de
Calmet, qu'il faut ponctuer et traduire la Sic. n, 9). L rs du siège de Ninive, Sar.lana-
Vulgato pour la rondre conforme à l'hébreu, pale dressa un bûcher sur lequel il fit mettre
30. — Bases in int.roitu tabernaculi testi- ses trésors, entre autres 150 lits d'or, autant
moniL Sur ces bases, voy. ch. xxvi, 37. — de tables d'or, un million de talents d'or, dix
AUare ceneum... Sur « l'autel d'airain » ou fois autant d'argent, et autres bij IUX, pour
des holocaustes, voy. ci-dessus f. I et suiv. les anéantir avant l'arrivé J de l'ennemi
31. — Bases alrii.. Voy. ci-dess. ff. (Ctésias dans Athén. xii, 33). D'après Pline,
11, 14, 15, 17 et 19. — PaxilU taber- ' H. N. xxxin, 3, Gyrus, dans la conquête de
naculi... Voy. plis haut y. 20. Plusieurs l'Asie,-prit aux ennemis 34,000 livres d'or
trouvoront pout-être étonnante cette quan- outro les vases dbr, 500.030 talents d'argent,
tité de métaux précieux, qui a été effecti- et de plus ^coupa de Sémiramis, qui seule
vement présentés dans ces derniers temps pssait 15 ta ents. Alexandre le Grand trouva
comme un motif pour révoquer en doute dans le tréior royal de Suze plus do 40, 000
la vérité historique du récit de laçons- talents d'or et d'argent et 9000 talents d'or
truction du tabernacle. Mais on a repli- monnayé (Diod. de Sic. xvn, 66), et dans la
que avec raison qu'elle paraîtra peu consi- cita.lello do Persépolis un trésor de 120, 000/
dérable si on la compare aux masses d'or et talents d'or (Diod. do Sic. xvn, 71 ; Q. Gurce,
d'argent qui, dans l'antiquité et encore de V, 6, 9;. Voy. Baehr, Symbol. I, p. 25S et 1
nos jours, «e trouvent accumulées en Orient, suiv., ot Movers, Phreniz. il, 3, p. 40 et suiv.
L'argent employé pour cette œuvre fut le Mais il suffit de rappeler q;ua les rois d'E-
résuitat de la faible contribution d'un demi- gypte possédaient dans différents endroits de
sicla fournie par tous les hommes depuis riches mines d'or et de cuivre. Ainsi Usur-
3
l'âge de vingt ans et au dessus. Or qu'y a- tasen 1 (12 dynast.) exploitait déjà des mines
t-il dans mie pareille contribution qui puisse d'or dans la Nubie ; Amenh3met 1, des mines
donner lieu à une ohjoetion? Les îsraélitos de cuivre dans la péninsule du Sinaï, etc.
avaient habité longtemps la partie la plus Voy. Brugsch, Gesch. ^Egypt. p. 132,166, etc.
fertile de l'Egypte, et malgré roppre3Sion Lepsius, Briefe aus iE&ypt., p. 336. Un pa-
CHAPITRE XXXIX 297
quam in ingressu ejus, et paxilli ta- I'entour qu'à son entrée et les pieux
bernaculi atque atrii per gyrum. autour du tabernacle et du parvis.
CHAPITRE XXXIX.
Les vêtements sacerdotaux, }f. 1-30. — Tous les ouvrages sont remis à Moïse, qui les re-
çoit et bénit le peuple, fjr, 31-43.
ryrus de Turin renferme une carte sur leur départ une partie considérable des ri-
Îaquolle sont portées les mdnes d'or situées chessasde l'Egypte était pissée dans leurs
près du Nil : c'est la plus ancienne carte qui mains, ci-dess. xn. 35. Quant à l'encan? et
existe. A l'or provenant de ces sources il aux parfums qu'ils n'auraient pas eu em-
faut ajouter celui que les rois recevaient portes d'Egypte, ils pouvaient facilement s.i
comme tribut des nations de l'Asie, et les les procurer par le commerce avec les
richesses acquises par le commerce. En un Arabes, dont les caravanes traversaient déjà
mot, tout prouve que l'or était'très abondant le désert. Voy. Keil.
en Egypte à cette époque. Le trésor de
Rampsinite (Ramsès III), qui régna peu de 14* Confection des habits sacerdotaux, xxxix, 1-30-
temp3 apivs, était énorme (Hérod. n, 121).
L'Egyplo était aussi très riche on miné aux, GHAP. XXXIX. — 2-7. — Fecii igiiur
parmi lesquels se trouvaient des pierres superhumerale... Sur l'huméral ou éphod,
précieuses, telles que la topaze et le saphir ; voy. xxvnr, 6-12.
elle en tirait d'autres de l'Inde et autres 3 . — Inciditque bracleas áureas..* Il
contrées par le commerce (Kayser, JEgypt. résulte de là qa'a chacun de ces quatre
einst u n i ietzt, p. 108). Le goût des Egyp • fils étaient aussi joints des fils d'or qui en-
tiens pour les bijoux et ornements élégants traient dans leur composition pour former
et précieux ost assez connu par les monu- le tissu. L'art de tisser d3S étoffes arec d o 3
ments, et il serait très naturel que les Israé- 1
flls d'o. , cet art dont Pliue dit, H. N. xxxm,
lites, quand même il ne l'auraient pas en- 3,19 : <> Aurum natur ac lexitur lanse modo
core eu auparavant, l'eussent pris parmi et sine lana », était déjà connu dans 1' 'ilsienne
eux. Ils ne manquaient pas de moyo îs de lo Egypte. Voy. M. Vigouroux, La Bible, etc.,
satisfaire; d'ailleurs nous avons vu que, à T. Il, p. 538.
L'EXODE
8-20 (hehr. 21). — Fecit et rationale... Sur seulement l'Urim et le Tummim, ibid. $. 30,
le rational ou pectoral, voy. xxvin, 15-29 ; sont ici passés sous sileuoe.
CHAPITRE XXXIX 299
19. Stricta ad baltcum, et annulis 19. Resserrés vers la ceinture et
fortius copulata, quos jungebat viltà unis plus fortement par des anneaux,
hyacinthina, ne laxa fluerent, et a se que joignait une bandelette d'hyacin- |
invicem moverentur, sicut prœcepit the, pour qu'ils ne fussent pas lâches et '
Dominus Moysi. flottants et ne s'écartassent pas l'un
1
de l'autre, ainsi que le Seigneur l'a-
vait ordonné à Moïse.
20. Fecerunt quoque tunicam su- 20. Ils firent aussi la tunique de
perhumcralis totam hyacinthinam ; l'éphod toute d'hyacinthe;
21. Etcapitium in superiori parte 21. Et sur le milieu, à la partie
contra medium, oramque per gyrum supérieure, une ouverture pour la tète
capitii textilem; et un bord tissu autour de l'ouver-
ture ;
22. Deorsum autem ad pedes mala 22. Mais en bas, vers les pieds, des
punica ex byacintho, purpura, vermi- grenades en hyacinthe, eu pourpre,
culo, ac bysso retorta ; en écarlate et en byssus retors ;
23. Et tintinnatila de auro puris- 23. Et des clochettes en or très pur,
simo, qufT' posuerunt inter malagra- qu'ils placèrent entre les grenades,
nata in extrema parte tunicee per au bas de la tunique, tout autour.
gyrum ;
24. Tintinnabulum autem aureum, 24. llyavaituneclochettcenor,puis
et malum punicum, quibus ornatus une grenade; Le pontife en était orné
incedcbat pontifex, quando ministerio quand il marchait en remplissant les
fungebatur, sicut prseceperat Dominus fonctions de son ministère, comme le
Moysi. Seigneur l'avait ordonné à Morse.
25. Fecerunt et tunicas byssinas 25. Ils firent aussi pour Aaron et
opere textili Aaron et filiis ejus ; ses fils des tuniques de byssus tissu;
26. Et mitras cum coronulis suis 26. Et des mitres, avec leurs peti-
ex bysso ; tes couronnes, en byssus,
Ti. Feminalia quoque linea, bys- 27. Et des caleçons de lin de byssus ;
sina ;
28. Cingulum vero de bysso retorta, 28. Et une ceinture de byssus re-
hyacintho, purpura, ac vermículo bis tors, d'hyacinthe, de pourpre et d'é-
tincto arte plumaria, sicut prseceperat carlalc deux fois teinte, brodée avec
Dominus Movsi. art, comme le Seigneur l'avait ordon-
né h Moïse.
29. Fecerunt et laminanti sacra ve- 29. Et ils firent aussi, en or très pur,
nerationisde auro purissimo, scripsc- une lame, objet sacré de vénération, et
runtque in ca operege mmario : Sanc- ils y écrivirent avec l'art du lapidaire :
tum Domini ; Le saint du Seigneur;
30. Et strinxerunt earn cum mitra 30. Et ils l'attachèrent à la mitre
CHAPITRE XL
43. — Benediocit eis, scil. flliis Israel. nus ad Moysen. Quoique tous les ouvrages
L'empressement et la générosité avec les- fussent achevés, Moïse avait cependant cru,
quels les Israélites en général avaient four- our les disposer et les mettre en usage,
ni tout ce qui était nécessaire pour ces ou-
vrages, le zèle et les soins qu'avaient mis
S evoir attendre les ordres do Dieu.
les ouvriers à les exécuter avec toute la 2. — Mense primo, prima die mensis ;
perfection possible, avaient rempli Moïse do ainsi le premier jour de la seconde année
consolation il prie Dieu, en conséquence, après la sortie d'Egypte.
de répandre sur tous ses bénédictions. 3. — Et pones in eo arcam.» La pre-
§ 10. Erection du tabernacle ; la nuée le mière chose à placer dans le tabernacle, c'est
couvre, et la gloire do Seigneur le remplit, « l'arche du témoignage », comme renfer-
XL, 1-36. mant les bases* de l'alliance.de Dieu avec Is-
raël et étant le gage spécial de sa présence
CHAP. XL, — 1, — Locutusque est Domi- au milieu de son peuple. Voy. xxv, 10.
302 LEXODE
8. Et tu entoureras cle rideaux le 8. Circumdabisque atrium tento*
parvis et son entrée. riis, et jngressum ejus.
- 9. Et tu prendras l'huile de l'onc- 9. Et assumpto unctionis oleo
tion et tu en oindras le tabernacle unges tabernaculum cum yasis suis,
avec ses vases, pour qu'ils soient ut sanctificentur,
sanctifiés,
10. L'autel des holocaustes et tous 10. Altare-holocausti et omnia vasa
ses vases; ejus;
11. Le bassin avec sa base : tu con- 11. Labrum cum basi sua; omnia-
sacreras tous ces objets avec l'huile unctionis oleo consccrabis, ut sint
de l'onction pour qu'ils soient très sancta sanctorum.
saints.
12. Et tu placeras Àaron et ses fils 12. Applicabisque Aaron et filios
à lY.nircc du tabernacle du témoigna- ejus ad fores tabernaculitestimonii, et
ge, et quand ils auront été lavés dans lotos aqua,
l'eau,
13. Tu les revêtiras des vêtements 13. Indues Sanctis vestibus, ut mi-
saints, afin qu'ils me servent et que nistrent mihi, et unctio eorum in sa-
leur onction les consacre pour un cerdotium sempiternum proiiciat.
sacerdoce éternel. Supr. 29. 35. Lev. 8. 2.
14. Et Moïse fit tout ce que le Sei- 14. Fecitque Moyses omnia quae
gneur avait ordonné. prseceperat Dominus.
15. Donc le premier mois de la se- 15. Igitur mense priino anni sc-
conde année, le premier jour du mois, cundi, prima die mensis, collocatum.
le tabernacle fut placé. est tabernaculum.
16. Et Moïse l'érigea et posa les 16. Erexitque Moyses illud, et po-
planches et les bases et les barres, et suit tabulas ac bases et vectes, sta-
dressa les colonnes. tuitque columnas,
Num. 7 . 1 .
17. Et il étendit le toit sur le taber- 11. Et expandit tectum super taber-
nacle, et plaça par dessus la couver- naculum, imposito desuper operi-
ture, comme le Seigneur l'avait or- mento, sicut Dominus imperaverat.
donné.
14. — Fecitque Moyses omnia quœprœ- • tagne, chacun de quarante jours, avec l'in-
cepçrat Dominus. En ce qui .concerne la tervalle qui les sépare, mais encore les .jours
consécration d'Aaron et de ses fils, cela est employés à la publication de la loi et à la.
dit-p&r- anticipation i-car la suite du récit- conclusion de l'alliance (xix, 1-xxiv, II).
montre que cette consécration n'eut pas 17. — Et expandit teelum super taberna-
lieu en même temps que l'érection du taher- ' eulum... Littéralement dans l'hébreu : « Et
• nacle; mais un peu plias tard, lorsque lés il étendit la tente sur le tabernacle, et il
• lois relatives aux sacrifices -eurent été don- -mit la couverture de la tente sur elle par le
nées. № . Levit. vin, avec i,l et seq. haut ». Le mot que la Vulgate rend par
. . 15. — Mense primo anni secundi..* Au « tectum » est *7ïTbt, proprement tente. G est
joucquo Deu avait marqué, le tabernacle
"fut dresse. Gomme depuis l'arrivée des Israé- sous ce nom qu'est désigné plus haut, xxvi,.
lites au Sinaï, le troisième mois après leur 7,, ce qui servait à couvrir lo tabornac o et
•totftie-d'Kgypte (xix. 4), il ne s'était pas à le protéger contre les injures 'de l'air,
écoulé neuf mois entiers, sa construction parce que c'était en effet unj véritable tente
- avec tous les autres ouvrages n'avait pas placée sur Te jDtrftD, le tabernacle, propre-
- duré six mois, puisque de ces neuf mois non ment l'habitacle ou la demeure. La « couver-
complets il faut encore déduire non seule- ture de la tente » est le tapis de poil de=-
ment les deux séjours de Moïse sur la mon- chèvre qui la recouvrait.
CHAPITRE XL 303
18. Posuitet testimonium In arca, 18. Et il plaça le témoignage dans
sufoditrs infra vectibus, et oraculum l'arche, mit les bâtons au dessous et
desuper. l'oracle au dessus.
19. Cumque intulisset arcam in ta- 19. Et lorsque il eut porte l'arche
bernaculum, appenditante earn velum, dans le tabernacle, il suspendit devam
ut explcret Domini jussionem. elle le voile, pour accomplir l'ordre du
Seigneur.
20. Posuit et mensam in taberna- 20. Il plaça aussi la table dans le
culo tcstimonii ad plagam scptentrio- tabernacle du témoignage, du côté du
nalem extra velum, septentrion, en dehors du voile,
21. Ordinatis coram propositionis 21. Et y rangea les pains de propo-
panibus, sicut praeceperat Dominus sition comme le Seigneur l'avait or-
Moysi. donné à Moïse.
22. Posuit et candelabrum in taber- 22. Il plaça aussi le chandelier dans
náculo testimonii e regione mensse in le tabernacle du témoignage, vis-à-vis
parte austráli, de la table, du côté du midi,
23. Locatis per ordinem lucernis, 23. Et disposa les lampes dans Tor-
juxta prseceptum Domini. dre, selon le commandement du Sei-
gneur.
24. Posuit et altare aureum sub 24. Il plaça aussi l'autel d'or sous
tecto testimonii contra velum, le toit du témoignage, contre le voile,
25. Et adolevit super co incensum 25. Et il y brûla l'encens d'aro-
aromatum, sicut jusserat Dominus mates, comme le Seigneur l'avait or-
Moysi. donne à Moïse.
^¡0. Posuit et tentorium in introitu 26. Il plaça aussi le voile à l'entrée-
tabernaculi testimonii, du tabernacle du témoignage,
27. Et altare holocausti in vestí- 27. Et l'autel des holocaustes dans
bulo testimonii, offerens in eo holo- le vestibule du témoignage, y offrant
caustum ctsacrificia, ut Dominns im- l'holocauste et les sacrifices, comme le
peravcrat. Seigneur l'avait ordonné.
28. Labrum quoquc statuit inter 28. II plaça aussi le bassin, entre
tabernaculum testimonii et altare, le tabernacle du témoignage et l'au-
i m pi ens illud aqua. tel, et le remplit d'eau.
29. Laveruntque Moyses et Aaron 29. Et Moïse et Aaron et ses fils y
ac filii ejus manus suas et pedes, lavèrent leurs mains et leurs pieds,
30. Cum ingrederentur tectum foe- 30. Lorsqu'ils entrèrent sous le
deris, et accederent ad altare, sicut toit de l'alliance et s'approchèrent de
preeceperat Dominus Moysi. l'autel, comme le Seigneur l'avait or-
donné à Moïse.
31. Erexit et atrium per gyrum ta- 31. Et il dressa le parvis autour du
bernaculi et altaris, ducto in introitu tabernacle et de l'autel, et suspendit à
ejus tentorio. Postquam omnia per- l'entrée un rideau. Quand tout fut
fecta sunt, achevé,
8
m o S J . ¿2 M ^ L ^ ^ l * ™ ^ * « ^ Morse inaugure l'autel des holocaustes en y
fllîuSL!dn t E J S E T " W , ^
0 1 1
w r i t o d u soir, comme
o f f r a n t
JP^ 1 6 i e r
19 -Zwna^nTT * °? d e a
«o n v i e n t v o i r
<nrtl a inauguré la table-
fati™vZiï^™^ eamveium,lerideau des pains de proposition, et l'autel
de separaUon marque au ch. xxvi, 31. j ' r ou des ptâunaTr. 25, C'est luiquirem-
0
304 L'EXODE
plit les fonctions sacerdotales jusqu'à ce que Dieu témoignait' ainsi agréer la demeure
Aaron et ses fils soient sacrés. qui venait de lui être préparée et en pre-
32. — Operuit nubes tdbernaculum testi- nait possession. Plus tard la nuée se retira
motiii... Cest la nuée qui conduisait les Is- dans le Saint des saints pour y habiter sur
raélites depuis Soccoth, et qui récemment les ailes des chérubins, de sorte que Moïse
s"était placée sur la tente provisoire de réu- et plus tard les prêtres purent entrer dans
nion, ci-dess. xxxin, 9. La gloire de Dieu pa- le Saint et y remplir les fonctions de leur
rut dans le tabernacle avec un tel éclat que ministère.
Moïse lui-môme ne pouvait le soutenir.
FIN DE L'EXODE
T A B L E D E L ' E X O D E
PRÉFACE
Pages. rages
CHAPITRE I 1 nue néanmoins sa résistance ;
il finit par se rendre iv, 1-17. 33
3» Moïse retourne en Egypte;
PREMIÈRE PARTIE circoncision d'un de ses /Us.
Il est rejoint par son frère
Les Israélites sont délivrés de la servitude Aaron, et tous deux vont se
d'Egyte, i-xv, 21. présenter aux Israélites, tt.
18-31 38
INTRODUCTION
CHAPITRE V 44
Multiplication et oppression des Israélites
I, 1-22. B. DÉLIVRANCE DES ISRAÉLITES V-XV. 44
§.1. — Multiplication prodigieuse 5. I. — Première entrevue de Moïse
des Israélites, I, 1-7 i et d'Aaron avec Pharaon, qui,
3, — Oppression des 'Israélites, loin de coosentir au départ des
8-22 3 Israélites, aggrave encore leur
servitudo v, 1-23 44
CHAPITRE II 12
CHAPITRE VI 49
A. PRÉLIMINAIRES DE LA DÉLIVRANCE DES
ISRAÉLITES II-IV. §, II. — Dieu relève le courage de
Moïse, et l'envoie avec Aaron
§. 1. — Premiers temps de Moïse, réitérer ses ordres à Pharaon,
il, 1-22 12 ti, 1-13 49
1° Naissance et éducation de 5. III. — Gcuêalogio de Moiso et
Mo'ise, il, 1-10 12 d'Aaron, ff. 14-28 52
2° Fuite de Moue dans le pays de §. IV. — Moïse va de nouveau avec
Madian ; son Mariage, f}. 11-22 17 Aaron trouver Pharaon ; la
2. — Dieu prête l'oreille aux g é - vergo d'Aaron changée en ser-
missements et aux prières de pent, ff. 28-vii, 1-13 34
son peuple opprimé,^. 23-25 22
CHAPITRE VII S5
CHAPITRE III 24
§. I. — Vocation de Mo'ise ; son re- §. V. — Les dix plaies d'Egypte qui
tour en Egypte m, iv 24 amènent enfin le départ des
1° Dieu apparaît à Moïse dans Israélites,^. 14-xin, 1-16... 58
un buisson ardent et lui donne 1° Première plaie d'Egypte ;
ses ordres pour la délivrance Veau changée en sang, ff. 14-25 60
de son peuple; excuses de Moïse,
m, 1-22 W CHAPITRE V1ÏI 64
CHAPITRE IV 33 2° Deuxième plaie : les grenouil-
2° Mo'ise reçoit de Dieu plusieurs E
les vin, 1-5 64
signes de sa mission, et conti- 3 Troisième plaie : les mouche'
u
S Bible. — Exode. — 20
TABLE DE L'EXODE 307
races. Tages.
4 ron*,
B tt. 16-19plaie : les6 mouches,
Quatrième
v * . 20-32
7 l XVIII
Sujet
tions de
à sa visite
Moïse, tt,
148
:1-12
ses félic
68 14
a
5' les
Cinquième plaie
animaux, ix, 1-7 : la peste sur
7 1CHAPITRE XVIII 148
§. V. — A r r i v é e a u d é s e r t d u B i n a i ,
CHAPITRE IX 71
6° Sixième plaie : les ulcères, x i x , 1, 2 154
13-33
tt. 73
74 B. Dieu f a i t
XIX
alliance avec les
154
Israé-
8* relles,
Huitième plaie : les saute-
x, l-ÏÏO 74
lites, xix, 2-xxtv . . . • 158
§. I. — P r é p a r a t i o n rie la p u b l i c a -
t i o n o u lois f o n d a m e n t a l e s d e
CHAPITRE X 18 l'alliance, a p p a r e i l terrible d a n s
9° tt.
Neuvième plaie : les ténèbres*
21-49 tt 83
l e q u e l Dieu d e s c e n d s u r le S i n a i ,
3-23
10"premiers-nés*
Dixième plaiexi,: xn,
la30mort (les
8 61" Promulgation solennelle
§. I I . — L o i s f o n d a m e n t a l e s o u c o n -
d i t i o n s de l ' a l l i a n c e , x x - x x m 165
CHAPITRE XI 86 décalogue : frayeur du pe
a) Dimi annonce h Moïse la dixième
w , i-2i.......". iôs
p l a i e , x i , x n , 30 86
HAPITRE XII 89 CHAPITRE X X 165
tt
b) institution de la Pôqne, x n , 1-90
c) La p r e m i è r e p â q u e : m o r t d e s
p r e m i e r s - n é s , ff. 21-30
89
08
2 divin,
Prescriptions
tt relatives an 22-27 174
d) Départ précipitcdps I s r a é l i t e s , ff.
21-42 08
3° ports
Lois fondamentales
et sociaux ch.des
civils xxi,
e ) Antres prescriptions relatives à la
M q u e , if. 43-51 104 1-XXXHI, 1 3 175
fj Loi d e l a c o n s é c r a t i o n d e s p r e m i e r s - CHAPITRE XXI 115
n é s :i Dieu, XIII, 1-16 106
' a) ï,ois c o n c e r n a n t les personnes,
CHAPITRE XIII 106 XXI, 1-32.. 176
b) Lois relatives a l a p r o p r i é t é , ff.
§. V I . — C o m m e n c e m e n t d u v o y a g e 3 3 - x x n , 1-15 183
d o s I s r a é l i t e s : l a m or B o u g e ,
CHAPITRE XXII 184
tt. 1 7 - x v , 1-21..' 109
1* lites
Divers campements
de Socoth à la merdes Israé-
Rouge, c) Lois diverses ff, 6 - x x i u , 1-9 18S
tt 17-xiv, i - 4 109
CHAP1RE XXIII 191
CHAPITRE XIV 114
2*poursuite
Pharaon avec
des son armée
Israélites ; 4°àDieu
pas- la sur les rapports ave
Lois d) Lois du r e p o s s a b b a t i q u e , ff.