Lettre de Politique de l'Energie
Lettre de Politique de l'Energie
Lettre de Politique de l'Energie
- Septembre 2015 -
P
résent à la 70eme session de l’Assemblée générale
des Nations Unies, S.E.M. le Président Hery
RAJAONARIMAMPIANINA a souscrit au
nom de la République de Madagascar aux Objectifs de
Développement Durable, un programme ambitieux et de
long-terme pour améliorer de la vie de la population et
protéger la planète pour les générations futures. « L’accès
de tous à des services énergétiques fiables, durables,
modernes et abordables » figure en bonne place parmi les
17 objectifs retenus par l’Assemblée le 25 septembre 2015,
semblables à plusieurs égards aux grandes orientations stratégiques du Plan National
de Développement de Madagascar.
Il n’y a, dit-on, pas de vent favorable pour qui ne connaît pas son port. La nouvelle
politique de l’énergie choisie pour les 15 prochaines années à Madagascar fixe
des objectifs convenus suivant un processus participatif ayant associé plusieurs
départements ministériels, nos principaux partenaires techniques et financiers (PTF),
les représentants des groupements professionnels, des acteurs du secteur de l’Energie
et des usagers, ainsi que des experts internationaux. Cette démarche a été soutenue par
plusieurs pays de l’Union européenne. Nous tenons à remercier chaleureusement tous
ces intervenants.
La présente Lettre de politique résume les orientations, objectifs et stratégies adoptés
en vue de faire passer de 15 à 70% le taux de desserte des ménages en électricité ou
éclairage moderne à des prix abordables, recourant massivement aux sources d’énergies
renouvelables, dans le but de préserver notre patrimoine écologique et participer à
l’effort mondial de lutte contre les changements climatiques et leurs répercussions.
Les objectifs que nous nous sommes fixés sont certes ambitieux mais atteignables. La
volonté affirmée par les plus hautes instances politiques, l’accompagnement des PTF,
l’engagement du secteur privé par la voix notamment de l’Association Madagascar
4ER et l’Association professionnelle des Banques,… sont les gages de notre réussite.
Nul doute que la population, soucieuse de son confort et de son avenir, fera équipe
avec nous dans cette stimulante entreprise.
Gatien HORACE
Ministre de l’Energie et des Hydrocarbures
Sommaire
A. Introduction 7
A. Introduction
La Nouvelle Politique de l’Energie 2015-2030 répond aux défis d’urgence
économique, sociale et environnementale du pays
5. Depuis les années 2000, le secteur de l’Energie n’a pas été épargné par les
effets fragilisant des différentes crises politiques qu’a traversées le pays. Le
Gouvernement souhaite à présent, à travers la présente Nouvelle Politique
de l’Energie (NPE), redynamiser le secteur pour ainsi permettre un progrès
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LETTRE DE POLITIQUE DE L’ENERGIE DE MADAGASCAR 2015-2030
13. Pour la cuisson, l’objectif sera un taux d’adoption de foyers économes par 70%
des ménages en 2030, contre environ 4% actuellement, , 50% des besoins en
bois couverts par des ressources forestières licites et durables, et l’application
de techniques de transformation performantes comme la production de
charbon« vert » provenant pour les ressources licites et durables à 100% de
meules de carbonisation avec un objectif de rendement supérieur à 20%.
15. Pour l’énergie moderne (électricité et éclairage) l’objectif est de fournir un accès
durable à 70% des ménages à l’horizon 2030.
16. Pour le développement des types de centrales, la NPE estime que la production
d’électricité proviendra à 75% de l’hydroélectricité, 5% de l’éolien, et 5% du
solaire, soit 85% de sources d’énergie propres, le restant, 15%, étant du thermique
en complément et en appui aux énergies renouvelables, à l’horizon 2030. Pour
les mini-réseaux des exploitations relativement moins importantes, le mix
prévisible sera composé au moins à moitié d’énergie de sources renouvelables
(hydroélectricité, biogaz, solaire, éolien), et d’autres énergies y compris
thermique, pour l’autre moitié au plus.
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LETTRE DE POLITIQUE DE L’ENERGIE DE MADAGASCAR 2015-2030
18. Pour les ménages, des mesures d’efficacité énergétiques dans la consommation
d’électricité (ampoules et équipements électriques basse consommation) seront
adoptées par 60% d’entre eux à l’horizon 2030 et des programmes d’appui à la
l’information sur l’accès aux technologies adaptées seront conduits.
19. Ces objectifs définissent une politique d’efficacité énergétique ambitieuse pour le
secteur, tout en restant réaliste compte tenu du point de départ. Il sera nécessaire
de doter le pays d’une politique d’efficacité énergétique qui couvrira toutes les
catégories de consommation.
21. La régulation et la gestion du secteur sont assurées par plusieurs entités sous
contrôle gouvernemental :
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30. Une fiscalité incitative et limitative sera promue, complétée par des financements
climatiques. Les collectivités locales seront responsabilisées, tant en matière
fiscale qu’en matière d’application de la règlementation. Les informations
concernant la biomasse forestière seront diffusées aux producteurs, investisseurs,
et consommateurs, et des formations seront dispensées. Un programme de
financement des reboisements sera conçu avec l’appui de la communauté
internationale. Les options de biomasse agricole les plus adaptées seront
identifiées et promues. La gestion de l’information forestière et foncière sera
améliorée.
31. La biomasse autre que le bois, les plantations à des fins d’agro combustibles
(jatropha, canne à sucre, autres) seront développées en considérant les meilleures
utilisations du sol et des besoins en produits agricoles.
33. Un système d’information incitatif sur les techniques, les opportunités, les
impacts des foyers économes en bois-énergie pourra attirer les opérateurs et les
artisans et les inciter à investir dans la production de ces foyers. Cette activité
constituera une source de revenu stable face à la conjoncture économique.
35. L’aménagement des espaces commerciaux en milieu rural et en ville pour la vente
des combustibles ligneux (bois de chauffe et charbon de bois) visera à contribuer
à une répartition plus équitable entre les acteurs de la valeur ajoutée économique
générée par la filière, et permettre un réinvestissement dans le sous-secteur. Ces
espaces commerciaux permettront de présenter des produits labélisés et certifiés
sur le marché, et faciliteront la diversification des gammes de produits.
37. Des incitations à la production et à la vente des foyers de cuisson économes seront
adoptées et l’accès au financement facilité par le système de micro finance.
38. Les ressources de biomasse agricole à partir par exemple de la balle de riz et de
la canne à sucre ainsi que les déchets organiques pour produire de la chaleur,
de l’électricité et du carburant pourront alimenter la production électrique et
la cuisson dans les zones urbaines et rurales et devront continuer à faire l’objet
d’études.
39. La ressource bois/biomasse est aussi utilisée dans les processus industriels. Les
informations devront être collectées afin de préciser le potentiel.
Electricité
41. L’atteinte de l’objectif d’accès à l’électricité ou à une forme d’éclairage moderne
par 70% de la population impliquerait une production électrique de 7 900 GWh
à l’horizon 2030 par rapport aux 1 500GWh produits actuellement.
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43. Les réseaux seront étendus grâce au développement des capacités potentielles des
sites hydroélectriques, à l’exploitation optimale et rationnelle de leur efficacité
énergétique, à travers une amélioration de l’espace des « Affaires » pour pouvoir
promouvoir des partenariats publics privés et une allocation conséquente
d’investissements publics pour le secteur Energie.
i. Selon la Loi 98-032, les concessionnaires des réseaux interconnectés et des
réseaux de transport sont sélectionnés par voie d’appel d’offre par l’Autorité
concédante. L’exploitant titulaire d’une concession de transport dans un
réseau interconnecté est l’acheteur unique dans son réseau. Les fournisseurs
des capacités de production sont sélectionnés par appels d’offres lancés par le
Concessionnaire du réseau ou l’Autorité concédante selon un plan indicatif
élaboré par l’ORE ; les tarifs seront déterminés afin de couvrir les coûts,
en respectant l’équité, et en promouvant la solidarité entre les différentes
catégories de consommateurs. Une attention particulière sera portée à la
transition vers de nouveaux tarifs tenant compte de la capacité à payer des
consommateurs (cf Etude tarifaire du projet PAGOSE, avec la Banque
Mondiale).
ii. Pour la promotion de la participation du privé dans le développement de l’h
ydroélecticitéhydroélectricité à grande échelle, la présente politique se réfère
à la Loi 98-032 en matière de processus d’appels d’offres compétitifs. Les
règles s’y appliquant seront définies afin d’assurer la transparence et l’équité
du processus de décision, assorties éventuellement de garanties. Pour le
développement des autres sources d’énergies renouvelables, des mesures telles
que des feed-in tarifs (tarifs de rachat) et des obligations d’achat pourront
être envisagées.
iii. Le Gouvernement s’assurera que les obstacles réglementaires et fiscaux au
développement des marchés soient levés.
48. Les sites hydroélectriques potentiels des différentes régions seront développés
pour augmenter l’accès des populations au service Electricité en vue d’améliorer
leur niveau de vie. De l’énergie électrique à quantité et à qualité suffisantes
constituerait des opportunités que l’on peut offrir aux agents économiques,
en matière de transformation de produits locaux, de mécanisation et
d’industrialisation dans les régions même.
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50. Le potentiel solaire est particulièrement important dans les régions de l’Ouest
et au Sud du pays. L’exploitation de l’Energie solaire permettra de générer de
l’électricité peu couteuse notamment à travers l’autoproduction urbaine et les
installations hors réseau en zone rurale grâce aux nouvelles technologies de
production électrique et d’éclairage dont les prix iront en diminuant.
Hydrocarbures
51. Les actions envisagées seront harmonisées avec celles développées dans la
Politique Nationale Minière et Pétrolière 2014.
54. Des normes et des contrôles d’importation des hydrocarbures devront être
homologués, et les normes de sécurité régulièrement mises à jour et appliquées.
58. Un cadre réglementaire général des énergies renouvelables sera mis en place et
mettra l’accent sur :
i. la diversification des ressources ;
ii. la production, le transport, le stockage et la distribution ;
iii. Les procédures de passation de marché, les institutions responsables de leur
gestion et la tarification ;
iv. le démantèlement des installations et la gestion des déchets ;
v. les instruments, mesures d’accompagnement et moyens de promotion, tels
que l’appui à la recherche, l’utilisation de systèmes hybrides et la mise à
disposition du secteur d’instruments financiers adaptés.
Efficacité Energétique
59. Le gain économique s’élèvera à 265 millions USD par an en 2030 (autre que
le bénéfice sanitaire difficile à quantifier), dont 232 millions USD provenant
de mesures électriques et 33 millions USD de mesures thermiques. Le bénéfice
économique est mesuré par la réduction significative des consommations grâce à
l’efficacité énergétique, qui a un impact financier direct.
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Electrification Rurale
61. L’électrification Rurale recouvre l’ensemble des zones rurales ou périurbaines
du territoire de la République de Madagascar sur lesquelles aucune installation
n’est implantée.
62. Le programme d’électrification rurale est mis en œuvre par l’ADER suivant
des règles claires et transparentes conformément aux dispositions du cadre
légal et règlementaire en vigueur. A ce titre, elle sélectionne et réalise de
projets sur la base des plans directeurs régionaux qui priorisent les ressources
d’énergies renouvelables disponibles localement, dont la l’hydroélectricité, la
biomasse, le solaire et l’éolienne, afin de desservir en électricité les localités
pôles de développement (ménages, les activités productives et commerciales à
développer).
63. L’ADER fait réaliser l’électrification des zones rurales et périurbaines, soit par
l’extension des réseaux, soit en mode décentralisé avec mini-réseaux en favorisant
le développement des interconnexions régionales, en partenariat avec la JIRAMA
et les opérateurs privés. L’ADER apportera des soutiens techniques et financiers
à ces opérateurs du secteur.
64. Par ailleurs, l’ADER réalisera des études en vue de la substitution progressive des
centrales thermiques existantes par des énergies renouvelables dans les Régions
concernés,
66. L’ADER suivrait et évaluerait les systèmes établis et offrirait une assistance à la
gestion.
67. Une approche mieux coordonnée du financement telle que décrite dans la NPE
permettra de passer de 4,7% de la population rurale ayant accès à l’électricité
en 2015 à une part 8 fois supérieure voire plus à l’horizon 2030, à travers le
renforcement institutionnel de l’ADER, l’amélioration de la planification
énergétique régionale et la promotion du secteur privé et de la mise en œuvre de
projets.
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LETTRE DE POLITIQUE DE L’ENERGIE DE MADAGASCAR 2015-2030
71. Le mise á jour et révision des statuts de l’ADER devrait donner à l’établissement
plus d’autonomie financière et administrative et renforcer ses moyens et ressources
pour mieux gérer le Fonds National de l’Electricité (FNE) conformément à ses
décrets d’application.
75. Ces subventions seront octroyées de façon responsable c.à.d. des montants et
calendriers réalistes, efficace c.à.d. des allocations compétitives pour maximiser
l’effet des montants prévus, transparente c.à.d. des procédés et règles claires et
accessibles à tous et non-discriminatoires c.à.d. mêmes opportunités d’accéder
aux instruments prévus.
76. Le lancement d’appels d’offres pour les projets d’électrification rurale devra
inclure comme critère d’évaluation le prix unitaire par kWh ainsi que la prime
fixe ou de redevance puissance proposées afin de cibler les subventions par
rapport au pouvoir d’achat des consommateurs.
77. L’Etat devra assurer que les ajustements de tarifs tels que prévus dans la loi 98-
032 (art 52) soient mis en œuvre afin de permettre l’assainissement financier de
la JIRAMA ainsi que la viabilité financière des opérateurs qui s’engageront dans
le secteur.
80. Le financement nécessaire pour les actions d’efficacité énergétique est estimé
à 1,2 milliards USD sur la période 2015-2030. Cette estimation couvre les
efficacités électriques ainsi que thermiques.
82. Il sera nécessaire d’orienter les ressources budgétaires de l’Etat ainsi que les fonds
levés auprès des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) vers :
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i. des études qui rendent viables les projets à financer par les privés ;
ii. l’appui financier et technique à de nouveaux programmes pilotes ;
iii. la conduite de programmes de formation ;
iv. l’élaboration d‘incitations fiscales sur les importations d’équipements
énergétiques qui sont économiquement justifiées ;
v. la négociation et mise en place de mécanismes financiers décentralisés avec
les partenaires publics et privés.
84. L’engagement des PTF sur un programme sectoriel, sur la base du Plan de Mise
en Œuvre de la NPE, permettra de mieux coordonner les interventions, tout
en soutenant les conditions crédibles pour la levée de dons et des prêts à taux
bonifiés.
87. Les financements seront mobilisés grâce au secteur privé, aux PTF, et au
Gouvernement. Les partenariats public-privé (PPP) seront encouragés par la mise
en place de fonds dédiés aux études, aux garanties et aux écarts de viabilité. Le
Gouvernement aura principalement pour tâche la mise en place de projets pilotes,
et le renforcement de ses propres effectifs afin de rendre efficients les processus
décisionnels. Les subventions seront utilisées avec toute la précaution nécessaire
en suivant des principes de responsabilité fiscale, efficacité, non-discrimination,
et transparence dans leur octroi. Les PTF seront invités à contribuer à la fois
sous forme de dons et de prêts bonifiés.
89. Un cadre de mise en œuvre de la NPE sera créé, notamment grâce au renforcement
des capacités humaines et techniques des institutions, la création de procédures
spécifiques pour les décisions et le suivi, et l’identification des besoins d’assistance
technique.
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101. La NPE cible un renforcement des relations avec les collectivités décentralisées
ainsi que les structures déconcentrées. Les directions régionales du Ministère en
charge de l’Energie seront renforcées et impliquées dans la communication et la
sensibilisation sur la NPE et aussi dans les activités entreprises dans les régions,
en coopération avec les autorités locales et les autres directions régionales
pertinentes.
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