chapitre 1

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Cours de

Programmation
Mathématique I
Sadibou Aidara
sadibou.aidara@ugb.edu.sn

Version du 4 mai 2024


2
Chapitre I
Ensembles Convexes

I. Rappels sur les barycentres

I-1) Barycentres de deux points

Point pondéré
Un point pondéré est un couple (A, α) formé d’un point A et
d’un coefficient réel α.

Par exemple, on a (A, 2), (B, −5) et (C , 13) trois points pondérés.

Barycentres de deux points


Soit A et B deux points et a et b deux réels tels que a + b 6= 0.
Le barycentre G des points pondérés {(A; a); (B ; b)} est l’unique
−−→ −−→ →

point tel que : aG A + bGB = 0 .

Exemple 1. Soient A et B deux points et soit G le barycentre des points


pondérés (A; 2) et (B ; −1).
−−→ −−→ → − −−→ −→ −−→ → − −−→ −→
2G A − GB = 0 =⇒ 2(GB + B A) − GB = 0 puis BG = 2B A

3
4 CHAPITRE I. ENSEMBLES CONVEXES

Homogénéité
Si G est le barycentre de {(A; a); (B ; b)} et k 6= 0 un réel, alors G
est aussi le barycentre de {(A; ka); (B ; kb)}.

Exemple 2. Comme G est le barycentre des points pondérés (A; 2) et


(B ; −1). Alors G est le barycentre des points pondérés (A; 6) et (B ; −3).
−−→ −−→ → − −−→ −→ −−→ →− −−→ −→ → −
6G A − 3GB = 0 =⇒ 6(GB + B A) − 3GB = 0 =⇒ 3GB + 6B A = 0 puis
−−→ 6 −→ −→
BG = B A = 2B A
3

Réduction vectorielle
Si G est le barycentre de {(A; a); (B ; b)} alors pour un point M
arbitraire nous avons
−−→ −−→
−−→ a M A + b M B
MG =
a +b

Exemple 3. Soient A et B deux points et soit G le barycentre des points


pondérés (A; 2) et (B ; 5).
−−→ −−→ → −
2G A + 5GB = 0 et pour tout point M on a
−−→ −−→ −−→ −−→ → − −−→ −−→ −−→ → −
2(G M + M A) + 5(G M + M B ) = 0 =⇒ 7G M + 2M A + 5M B = 0 puis

−−→ −−→
−−→ 2M A + 5M B
MG =
7

Coordonnées dans le plan


Soit G le
³ barycentre de {(A; a); (B ; b)}. Dans le plan muni d’un

− →−´ ¡ ¢ ¡ ¢
repère o, i , j , si x A ; y A et x B ; y B sont respectivement les
coordonnées des points A et B , alors les coordonnées du point
G sont
ax A + bx B a y A + b yB
xG = et yG =
a +b a +b
I. RAPPELS SUR LES BARYCENTRES 5

Exemple
³ → 4. On donne deux points A (1; 2) et B (−3; −2) dans un repère
− → −´
o, i , j . Trouver les coordonnées du barycentre G des points pondérés
(A, −2) et (B, 4).

Les coordonnées du point G sont

ax A + bx B −2 × 1 + 4 × (−3)
xG = = = −7
a +b −2 + 4
a y A + b y B −2 × 2 + 4 × (−2)
yG = = = −6.
a +b −2 + 4
On a donc G (−7; −6)

Coordonnées dans l’espace


Soit G le
³ barycentre de {(A; a); (B ; b)}. Dans l’espace muni d’un

− →− → −´ ¡ ¢ ¡ ¢
repère o, i , j , k , si x A ; y A ; z A et x B ; y B ; z B sont respective-
ment les coordonnées des points A et B , alors les coordonnées
du point G sont

ax A + bx B a y A + b yB az A + bz B
xG = ; yG = ; zG =
a +b a +b a +b

Exemple 5. On donne deux points A (1; 2; 5) et B (−3; −2; 3) dans un


³ →− → − → −´
repère o, i , j , k . Trouver les coordonnées du barycentre G des points
pondérés (A, −2) et (B, 4).

Les coordonnées du point G sont :

ax A + bx B −2 × 1 + 4 × (−3)
xG = = = −7
a +b −2 + 4
a y A + b y B −2 × 2 + 4 × (−2)
yG = = = −6
a +b −2 + 4
az A + bz B −2 × 5 + 4 × 3
zG = = = 1.
a +b −2 + 4
On a donc G (−7; −6; 1).

I-2) Barycentres de n points


6 CHAPITRE I. ENSEMBLES CONVEXES

Barycentres de n points
Soient A 1 , A 2 , . . ., A n n points et a 1 , a 2 , . . .a n n réels tels que
a 1 + a 2 + · · · + a n 6= 0. Le barycentre des points pondérés
{(A 1;a 1 ); (A 2;a 2 ) . . . (A n;a n )} est l’unique point G tel que :
−−→ −−→ −−−→ → −
a 1G A 1 + a 2G A 2 + . . . a n G A n = 0

Homogénéité
Si G est le barycentre de {(A 1 ; a 1 ); (A 2 ; a 2 ) . . . (A n ; a n )} et k 6= 0 un
réel, alors G est aussi le barycentre de
{(A 1 ; ka 1 ); (A 2 ; ka 2 ) . . . (A n ; ka n )}

Réduction vectorielle
Si G est le barycentre de {(A 1 ; a 1 ); (A 2 ; a 2 ) . . . (A n ; a n )}, alors pour
un point M arbitraire nous avons
−−−→ −−−→ −−−→
−−→ a 1 M A 1 + a 2 M A 2 + . . . a n M A n
MG =
a1 + a2 + · · · + an

Exemple 6. Soit G le barycentre de {(A 1 ; 2); (A 2 ; −3) . . . (A 3 ; 5)}. Pour tout


point M , montrer que
−−−→ −−−→ −−−→
−−→ 2M A 1 − 3M A 2 + 5M A 3
MG =
4
Comme G est le barycentre de {(A 1 ; 2); (A 2 ; −3) . . . (A 3 ; 5)}, on a alors
−−→ −−→ −−→ → −
2G A 1 + (−3)G A 1 + 5G A 3 = 0
³−−→ −−−→´ ³−−→ −−−→´ ³−−→ −−−→´ →

2 G M + M A1 − 3 G M + M A2 + 5 G M + M A3 = 0
−−→ −−−→ −−−→ −−−→ → −
4G M + 2M A 1 − 3M A 2 + 5M A 3 = 0
−−→ −−−→ −−−→ −−−→
4MG = +2M A 1 − 3M A 2 + 5M A 3
−−−→ −−−→ −−−→
−−→ 2M A 1 − 3M A 2 + 5M A 3
MG =
4
I. RAPPELS SUR LES BARYCENTRES 7

Coordonnées dans le plan


Soit G le barycentre de
³ {(A 1; a 1 ); (A 2 ; a 2 ) . . . (A n ; a n )}. Dans le

− → −´ ¡ ¢ ¡ ¢
plan muni d’un repère o, i , j , Si x 1 ; y 1 ; · · · ; x n ; y n sont res-
pectivement les coordonnées des points A 1 , · · · , A n , alors les
coordonnées du point G sont :
a1 x1 + · · · + an xn a1 y 1 + · · · + an y n
xG = et yG =
a1 + · · · + an a1 + · · · + an

Exemple 7. On donne quatre points A 1 (1; 2), A 2 (3; 2), A 3 (3; −1) et A 4 (−3; −2)
³ →− → − → −´
dans un repère o, i , j , k . Trouver les coordonnées du barycentre G
des points pondérés {(A 1 , −2) ; (A 2 , 4) ; (A 3 , 1) ; (A 4 , 2)}.

Les coordonnées du point G sont :

a 1 x 1 + · · · + a 4 x 4 −2 × 1 + 4 × 3 + 1 × 3 + 2 × (−3) 7
xG = = =
a1 + · · · + a4 −2 + 4 + 1 + 2 5
a 1 y 1 + · · · + a 4 y 4 −2 × 2 + 4 × 2 + 1 × (−1) + 2 × (−2) 1
yG = = =−
a1 + · · · + a4 −2 + 4 + 1 + 2 5
¡7 1¢
On a donc G 5 ; − 5 .

Coordonnées dans l’espace


Soit G le barycentre de³ {(A 1 ; a 1 ); (A 2 ; a 2 ) . . . (A n ; a n )}. Dans l’es-

− → − → −´ ¡ ¢ ¡ ¢
pace muni d’un repère o, i , j , k , Si x 1 ; y 1 ; z 1 ; · · · ; x n ; y n ; z n
sont respectivement les coordonnées des points A 1 , · · · , A n , alors
les coordonnées du point G sont
a1 x1 + · · · + an xn a1 y 1 + · · · + an y n
xG = , yG =
a1 + · · · + an a1 + · · · + an
a1 z1 + · · · + an zn
et zG =
a1 + · · · + an

Exemple 8. On donne quatre points A 1 (1; 2;´ 1), A 2 (3; 2; 1), A 3 (3; −1; 1)
³ →− → − → −
et A 4 (−3; −2; 1) dans un repère o, i , j , k . Trouver les coordonnées
du barycentre G des points pondérés {(A 1 , −2) ; (A 2 , 4) ; (A 3 , 1) ; (A 4 , 2)}.
8 CHAPITRE I. ENSEMBLES CONVEXES

Les coordonnées du point G sont :

a 1 x 1 + · · · + a 4 x 4 −2 × 1 + 4 × 3 + 1 × 3 + 2 × (−3) 7
xG = = =
a1 + · · · + a4 −2 + 4 + 1 + 2 5
a 1 y 1 + · · · + a 4 y 4 −2 × 2 + 4 × 2 + 1 × (−1) + 2 × (−2) 1
yG = = =−
a1 + · · · + a4 −2 + 4 + 1 + 2 5
a 1 z 1 + · · · + a 4 z 4 −2 × 1 + 4 × 1 + 1 × 1 + 2 × 1
zG = = = 1.
a1 + · · · + a4 −2 + 4 + 1 + 2

On a donc G 57 ; − 15 ; 1 .
¡ ¢

Associativité
Le barycentre G de {(A 1 ; a 1 ); . . . ; (A n ; a n ); (B 1 ; b 1 ); . . . ; (B m ; b m )}
est aussi le barycentre de {(G A ; a); (B 1 ; b 1 ); . . . ; (B m ; b m )} où, G A
est le barycentre de {(A 1 ; a 1 ); . . . ; (A n ; a n )} et a = a 1 + a 2 + · · · +
a n 6= 0.

La propriété d’associativité est bien utile pour placer le barycentre


de trois points car il permet de placer le barycentre de trois points en
plaçant coup sur coup le barycentre de deux points.

Exemple 9. Soient A, B et C trois points et soient G le barycentre des


points pondérés {(A; 2); (B ; 4); (C ; 3)} et H le barycentre des points pon-
dérés {(A; 2); (B ; 4)}.
Comme H est le barycentre de {(A; 2); (B ; 4)}, alors
−−→ −−→ → − −−→ −→ −−→ → −
2 H A + 4 H B = 0 =⇒ 2( H B + B A) + 4 H B = 0 puis

−−→ 1 −→
BH = B A
3

Par associativité, on a alors : G est le barycentre de {(H ; 6); (C ; 3)}.


−−→ −−→ → − −−→ −−→ −−→ → − −−→ −−→ → −
6G H + 3GC = 0 =⇒ 6(GC + C H ) + 3GC = 0 =⇒ 9GC + 3C H = 0
puis
−−→ 1 −−→
CG = C H
3
I. RAPPELS SUR LES BARYCENTRES 9

Isobarycentre
Pour tout nombre réel α 6= 0, le barycentre G de
{(A 1 ; α); . . . ; (A n ; α)} est appelé isobarycentre

Exercice 1. Soit ABC un triangle, I est le point de la droite (BC ) tel que
−→ −→ → − −→ −→ → −
3 I B + IC = 0 , J est le point de la droite (AC ) tel que, 3 J A + JC = 0 , K
est le milieu de [AB ]. On pose G = bar {(A, 3); (B, 3); (C , 1)}

1. Montrer que G est aussi le barycentre de {(I , 4); (A, 3)}. En déduire
que G ∈ (AI ).

2. Montrer que G ∈ (B J ).

3. Les droites (AI ) , (B J ) et (C K ) sont-elles concourantes ?

4. Faire une figure précise.

I-3) Exemple d’application du Barycentre


Le barycentre sert entre autres à déterminer l’emplacement géo-
graphique stratégique d’une entreprise, d’un bâtiment, d’un poste de
travail ou d’une plateforme de distribution unique, qui permettra de
minimiser les coûts de distribution vers les différentes destinations.
Une entreprise doit souvent faire face à un accroissement d’acti-
vité, à un manque de place, à une recherche de réduction des coûts et
à une modification de la politique de distribution. Son action consiste
alors à trouver un emplacement pour lequel les coûts sont minimisés :
la méthode du barycentre répond à cette attente.

Exemple 10. Une entreprise ALPHA compte distribuer ses produits dans
les villes de Dakar, Ziguinchor, Louga, Kafrine, Saint-Louis et Matam et
dont les tonnages journaliers seront respectivement 2250, 650, 400, 600, 800
et 300. Elle veut dans le but de minimiser ses coûts de trafic, implanter
une zone de stockage au Sénégal et cherche donc un emplacement stra-
tégique.
Dans le cadre de cet exemple, on supposera la représentation graphique
suivante :
10 CHAPITRE I. ENSEMBLES CONVEXES

Soit G le barycentre des points pondérés (Dakar,2250), (Ziguin-


chor,650), (Louga,400), (Kafrine,600), (Saint-Louis,800), (Matam,300).
Les coordonnées (X i , Yi ) de ces points sont respectivement :
µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶
3 9 5 3 11 9 7
, , , , 3, , , , (5, 7) , (7, 5)
2 2 2 2 2 2 2

Les coordonnées X G et YG du barycentre G s’obtiennent en sommant


les coordonnées pondérées de chaque ville et en les divisant par la
somme des pondérations :

3 5 9
P6 2250 × + 650 × + 400 × 3 + 600 × + 800 × 5 + 300 × 7
i =1 αi X i 2 2 2
XG = P6 =
i =1 αi
2250 + 650 + 400 + 600 + 800 + 300
=3
9 3 11 7
P6 2250 × + 650 × + 400 × + 600 × + 800 × 7 + 300 × 5
i =1 αi Yi 2 2 2 2
YG = P6 =
i =1 αi
2250 + 650 + 400 + 600 + 800 + 300
9
=
2
Les coordonnées du barycentre G coïncident avec celles de la ville de
Diourbel.
Ainsi, il serait plus judicieux d’implanter cette zone de stockage au
niveau de la ville de Diourbel

II. Sous-espace affine (s.e.a)


II. SOUS-ESPACE AFFINE (S.E.A) 11

Sous-espace affine
Soit A ⊂ Rn un ensemble non vide. On dit que A est un s.e.a de
Rn si :
∀x, y ∈ A, ∀λ ∈ R, λx + (1 − λ)y ∈ A.

Propriétés des s.e.a


— Si A est un s.e.a de Rn , α ∈ R et x ∈ Rn , alors x + αA est
un s.e.a de Rn
— Si A est un s.e.a de Rn qui contient 0, alors A est un s.e.v
de Rn .
— Si A est un s.e.a de Rn et a ∈ A, alors B = A −a est un s.e.v
de Rn .
— Si B est un s.e.v de Rn et a ∈ Rn , alors A = a + B est un
s.e.a de Rn .

Combinaison affine
Soient k ∈ N∗ et x 1 , x 2 , · · · , x k ∈ Rn . Une combinaison affine des
points x 1 , x 2 , · · · , x k est le point

k
αi x i = α1 x 1 + α2 x 2 + · · · + αk x k ,
X
x=
i =1

Pk
tels que αi ∈ R et x = i =1 αi = 1.

Remarque 1. En particulier, si x, y ∈ IRn alors z = αx + (1 − α)y où


α ∈ R est une combinaison affine des points x et y.

Proposition 1. Soit A ⊂ Rn un ensemble non vide. Si A est un s.e.a de


Rn alors A contient toutes les combinaisons affines de ses éléments.

Supposons que A est un s.e.a de Rn . Pour tout x 1 , · · · , x k ∈ A et


α1 , · · · , αk ∈ R, on pose z = ki=1 αi x i avec ki=1 αi = 1.
P P

Montrons par récurrence que z ∈ A.


12 CHAPITRE I. ENSEMBLES CONVEXES

— Si k = 2 ; alors pour tout x 1 , x 2 ∈ A et α1 , α2 ∈ R,


on a z = α1 x 1 + α2 x 2 avec α1 = 1 − α2 .
Comme x 1 , x 2 ∈ A, α1 ∈ R et A est un s.e.a de Rn on a alors

z = α1 x 1 + (1 − α1 )x 2 ∈ A.

— On suppose que toutes les combinaisons affines de k éléments


de A appartiennent à A, c’est-à-dire :

k
αi x i ∈ A
X
i =1

— Montre que toute combinaison affines de k + 1 éléments de A


appartiennent à A, c’est-à-dire :

k+1
αi x i ∈ A
X
Montre que
i =1

Soient x 1 , · · · , x k , x k+1 ∈ A et α1 , · · · , αk , αk+1 ∈ R tel que


Pk+1
i =1 αi = 1, on pose
k+1
αi x i .
X
z=
i =1

Comme on ne peux pas avoir α1 = α2 = · · · = αk = αk+1 = 1, on


suppose donc que α1 6= 1.

k+1 k+1
αi x i = α1 x 1 + αi x i
X X
z=
i =1 i =2
k+1 αi x i
= α1 x 1 + (1 − α1 )
X
i =2 1 − α1
k+1 αi x i
= α1 x 1 + (1 − α1 )y
X
avec y=
i =2 1 − α1

On a y ∈ A car y est une combinaison affine de k éléments de


A. Comme x 1 , y ∈ A et α1 ∈ R, on a alors

z = α1 x 1 + (1 − α1 )y ∈ A.
III. ENSEMBLES CONVEXES 13

Enveloppe affine
Soit A ⊂ Rn un ensemble non vide. On appelle enveloppe affine
de A, notée a f f (A), l’ensemble
( )
k k

αi x i tel que αi = 1, αi ∈ R, x i ∈ A, k ∈ N
X X
a f f (A) = x =
i =1 i =1

Proposition 2. Soit A ⊂ Rn un ensemble non vide. L’enveloppe affine de


A est le plus petit s.e.a contenant A.

III. Ensembles Convexes

Segment
Soient x et y deux points de Rn . Le segment x y, noté [x y], est
l’ensemble des barycentres de x et y affectés de coefficients
tous deux positifs, c’est-à-dire :

[x y] = λx + (1 − λ)y tel que ∀λ ∈ [0, 1] .


© ª

Ensemble convexe
Soit C ⊂ Rn un ensemble non vide. On dit que C est un ensemble
convexe si et seulement si

∀x, y ∈ C , ∀λ ∈ [0, 1], λx + (1 − λ)y ∈ C .

C’est-à-dire : pour tout x, y ∈ C le segment [x y] est dans C .


14 CHAPITRE I. ENSEMBLES CONVEXES

Proposition 3. Soit C un ensemble non vide de Rn . Si C est convexe,



alors l’intérieur de C noté C et la fermeture de C notée C sont des en-
sembles convexes.

Combinaison convexe
Soient k ∈ N∗ et x 1 , x 2 , · · · , x k ∈ Rn . Une combinaison convexe
des points x 1 , x 2 , · · · , x k est le point

k
αi x i = α1 x 1 + α2 x 2 + · · · + αk x k ,
X
x=
i =1

Pk
tels que αi ∈ [0, 1] et x = i =1 αi = 1.

Remarque 2. Dans le modèle d’équilibre général, les agents sont sup-


posés avoir des ensembles budgétaires convexes et des préférences
convexes. Ces hypothèses de convexité en économie peuvent être
utilisées pour prouver l’existence d’un équilibre.

Exercice 2. On
¡ considère n¢ biens de consommation dont le vecteur de
prix est p = p 1 , p 2 , · · · , p n et le revenu est r . Montrer que l’ensemble
du budget d’un consommateur

B (r ) = x ∈ Rn tel que p, x ≤ r
© ­ ® ª

est convexe.

Soient x, y ∈ B (r ) et λ ∈ [0, 1] on a alors p, x ≤ r et p, y ≤ r .


­ ® ­ ®

Pour tout λ ∈ [0, 1], montrons­ que ® z = λx + (1 − λ)y ∈ B (r ).


Il s’agit donc de montrer que p, z ≤ r. On a

p, z = p, λx + (1 − λ)y = p, λx + p, (1 − λ)y
­ ® ­ ® ­ ® ­ ®

= λ p, x + (1 − λ) p, y
­ ® ­ ®

≤ λr + (1 − λ)r
≤r

D’où le résultat.
IV. ENVELOPPES CONVEXES 15

IV. Enveloppes Convexes

L’enveloppe convexe peut être définie soit comme l’intersection


de tous les ensembles convexes contenant un sous-ensemble donné
d’un espace euclidien, soit de manière équivalente comme l’ensemble
de toutes les combinaisons convexes de points dans le sous-ensemble.
Lorsque les données économiques réelles ne sont pas convexes, elles
peuvent être rendues convexes en prenant des enveloppes convexes.

Enveloppe convexe
Soit C ⊂ Rn un ensemble non vide. On appelle enveloppe convexe
(ou coques convexe) de C , notée C onv(C ), l’ensemble
( )
k k

αi x i tel que αi = 1, αi ≥, x i ∈ C , k ∈ N
X X
C onv(C ) = x =
i =1 i =1

Proposition 4. Soit C ⊂ Rn un ensemble non vide. L’enveloppe convexe


de C est l’intersection de tous les sous-ensembles convexes de IRn qui
contiennent C .

Proposition 5. Soit C ⊂ Rn un ensemble non vide. Alors C onv(C ) est


égale à l’ensemble des combinaisons convexes d’éléments de C .

Proposition 6. Soit C ⊂ Rn un ensemble non vide. Alors C onv(C ) est


un ensemble convexe.

Soient x, y ∈ C onv(C ) tels que x = ki=1 αi x i et y = ki=1 βi x i et


P P

λ ∈ [0, 1].
Montrons que λx + (1 − λ)y ∈ C onv(C ).

k k
λx + (1 − λ)y = λ αi x i + (1 − λ) βi x i
X X
i =1 i =1
k £
λαi + (1 − λ)βi x i ∈ C onv(C ),
X ¤
=
i =1
k £ k k
λαi + (1 − λ)βi = λ αi + (1 − λ) βi = 1.
X ¤ X X
car
i =1 i =1 i =1

et x 1 , x 2 , · · · , x k ∈ C .
16 CHAPITRE I. ENSEMBLES CONVEXES

Proposition 7. Soit C ⊂ Rn un ensemble non vide. Alors, C onv(C ) est


le plus petit ensemble convexe contenant C .

Proposition 8. Soit C ⊂ Rn un ensemble non vide. Si C est convexe alors


C onv(C ) = C .

Proposition 9. Soient A et B deux ensembles non vides de IRn . Si A ⊂ B


alors C onv(A) ⊂ C onv(B ).

Un sous-ensemble C d’un espace vectoriel E est un cône (ou par-


fois appelé un cône linéaire ) si pour tout x ∈ C et scalaire positif α ∈ R,
on a αx ∈ C .

cône convexe
Un cône C est un cône convexe si αx + βy ∈ C pour tous les
scalaires positifs α, β ∈ R et tout x, y ∈ C .
Chapitre II
Fonctions Convexes Univariées

Les concepts mathématiques des fonctions concaves et convexes


nous permettent dapprofondir notre compréhension des propriétés
économiques des fonctions de production, des fonctions d’utilité,...

I. Définitions et exemples

Fonction affine
Soit I une partie de R. Une fonction f : I → R est dite affine sur
I si :

∀x, y ∈ I , ∀λ ∈ [0, 1] =⇒ f (λx + (1 − λ)y) = λ f (x) + (1 − λ) f (y)

Exemple 11. La fonction f : R → R définie par f (x) = 2x − 3 est une


fonction affine sur R. En effet, ∀x, y ∈ R, ∀λ ∈ [0, 1], on a

f (λx + (1 − λ)y) = 2(λx + (1 − λ)y) − 3


= λ2x + (1 − λ)2y − 3
λ f (x) + (1 − λ) f (y) = λ(2x − 3) + (1 − λ)(2y − 3)
= 2λx − 3λ + (1 − λ)2y − 3(1 − λ)
= 2λx − 3λ + (1 − λ)2y − 3 + 3λ
= 2λx + (1 − λ)2y − 3

=⇒ f (λx + (1 − λ)y) = λ f (x) + (1 − λ) f (y)

17
18 CHAPITRE II. FONCTIONS CONVEXES UNIVARIÉES

Fonction convexe
Soit I une partie de R. Une fonction f : I → R est dite convexe
sur I si :

∀x, y ∈ I , ∀λ ∈ [0, 1] =⇒ f (λx + (1 − λ)y) ≤ λ f (x) + (1 − λ) f (y)

Exemple 12. La fonction f : R → R+ définie par f (x) = |x| est une fonc-
tion convexe sur R. En effet, ∀x, y ∈ R, ∀λ ∈ [0, 1], on a

f (λx + (1 − λ)y) = ¯λx + (1 − λ)y ¯


¯ ¯

D’après l’inégalité triangulaire, on a

f (λx + (1 − λ)y) = ¯λx + (1 − λ)y ¯


¯ ¯

≤ |λx| + ¯(1 − λ)y ¯


¯ ¯

≤ λ |x| + (1 − λ) ¯ y ¯
¯ ¯

≤ λ f (x) + (1 − λ) f (y)

Exemple 13. La fonction f : R → R+ définie par f (x) = x 2 est une fonc-


I. DÉFINITIONS ET EXEMPLES 19

tion convexe sur R. En effet, ∀x, y ∈ R, ∀λ ∈ [0, 1], on a


¢2
f λx + (1 − λ)y = λx + (1 − λ)y
¡ ¢ ¡

= λ2 x 2 + 2λ(1 − λ)x y + (1 − λ)2 y 2


= λ2 x 2 + λx 2 − λx 2 + 2λ(1 − λ)x y + (1 − 2λ + λ2 )y 2
= λx 2 + λ2 − λ x 2 + 2λ(1 − λ)x y + (1 − λ)y 2 + (λ2 − λ)y 2
¡ ¢

= λx 2 + (1 − λ)y 2 + λ2 − λ x 2 + 2λ(1 − λ)x y + λ(λ − 1)y 2


¡ ¢

= λ f (x) + (1 − λ) f (y) + λ2 − λ x 2 + 2λ(1 − λ)x y + λ(λ − 1)y 2


¡ ¢

= λ f (x) + (1 − λ) f (y) + λ2 − λ x 2 − 2x y + y 2
¡ ¢£ ¤
¢2
= λ f (x) + (1 − λ) f (y) + λ2 − λ x − y
¡ ¢¡

≤ λ f (x) + (1 − λ) f (y)

Fonction concave
Soit I une partie de R. Une fonction f : I → R est dite concave
sur I si :

∀x, y ∈ I , ∀λ ∈ [0, 1] =⇒ f (λx + (1 − λ)y) ≥ λ f (x) + (1 − λ) f (y)

Le concept de productivité marginale décroissante correspond à la


propriété mathématique de la concavité.

Remarque 3.
— Une fonction affine est à la fois convexe et concave ;
— Si f est une fonction convexe sur I alors − f est une fonction
concave sur I .
— Si f est une fonction concave sur I alors − f est une fonction
convexe sur I .

Fonction strictement convexe


Soit I une partie de R. Une fonction f : I → R est dite strictement
convexe sur I si ∀x, y ∈ I , x 6= y, ∀λ ∈]0, 1[, on a
f (λx + (1 − λ)y) < λ f (x) + (1 − λ) f (y)
20 CHAPITRE II. FONCTIONS CONVEXES UNIVARIÉES

Fonction strictement concave


Soit I une partie de R. Une fonction f : I → R est dite strictement
concave sur I si ∀x, y ∈ I , x 6= y, ∀λ ∈]0, 1[, on a

f (λx + (1 − λ)y) > λ f (x) + (1 − λ) f (y)

Fonction quasi-convexe
Soit I une partie de R. Une fonction f : I → R est dite quasi-
convexe sur I si ∀x, y ∈ I , ∀λ ∈ [0, 1], on a

f (λx + (1 − λ)y) ≤ max f (x), f (y)


© ª

Elle est strictement quasi-convexe si

f (λx + (1 − λ)y) < max f (x), f (y)


© ª

Fonction quasi-concave
Soit I une partie de R. Une fonction f : I → R est dite quasi-
concave sur I si ∀x, y ∈ I , ∀λ ∈ [0, 1], on a

f (λx + (1 − λ)y) ≥ min f (x), f (y)


© ª

Elle est strictement quasi-concave si

f (λx + (1 − λ)y) > min f (x), f (y)


© ª

Remarque 4.
— Une fonction convexe sur I est une fonction quasi-convexe sur
I;
— Une fonction concave sur I est une fonction quasi-concave sur
I.

II. Propriétés élémentaires

Proposition 10. Soit f : I → R une fonction dérivable sur I . On dit que


— la fonction f est convexe sur I si et seulement si sa dérivée est
croissante.
II. PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTAIRES 21

— la fonction f est concave sur I si et seulement si sa dérivée est


décroissante.
— la fonction f est affine sur I si et seulement si sa dérivée est
constante.
Proposition 11. Soit f : I → R une fonction au moins deux fois déri-
vable sur I . On dit que
— la fonction f est convexe sur I si et seulement si sa dérivée se-
conde est positive
— la fonction f est concave sur I si et seulement si sa dérivée se-
conde est négative
— la fonction f est affine sur I si et seulement si sa dérivée seconde
est nulle.

Épigraphe d’une fonction


Soit f : I → R une fonction. On appelle épigraphe de f , noté
epi ( f ), l’ensemble
n ¯ o
epi ( f ) = (x, y) ∈ I × R ¯ f (x) ≤ y
¯

Proposition 12. Une fonction f : I → R est convexe sur I si et seulement


si son épigraphe epi ( f ) est convexe.
Proposition 13. Soit f : R → R une fonction convexe et croissante et
soit g : R → R une fonction convexe. Alors la fonction f ◦ g : R → R est
convexe.
22 CHAPITRE II. FONCTIONS CONVEXES UNIVARIÉES

Comme la fonction g est convexe, on a

∀x, y ∈ R, λ ∈ [0, 1], g λx + (1 − λ)y ≤ λg (x) + (1 − λ)g (y)


¡ ¢
=⇒
h ¡ ¢i
f ◦ g λx + (1 − λ)y = f g λx + (1 − λ)y
¡ ¢

h i
≤ f λg (x) + (1 − λ)g (y) car f est croissante
h i h i
≤ λ f g (x) + (1 − λ) f g (y) car f est convexe

≤ λ f ◦ g (x) + (1 − λ) f ◦ g (y)

=⇒ f ◦ g est convexe sur R.

Proposition 14. Si f i : I → R est une fonction convexe pour i = 1, · · · , n


et si α1 , · · · , αn sont des scalaires positifs, alors la fonction
n
αi f i (x) est convexe sur I
X
g (x) =
i =1

Pour tout x, y ∈ I et λ ∈ [0, 1] on a

n
g λx + (1 − λ)y = αi f i λx + (1 − λ)y
¡ ¢ X ¡ ¢
i =1
n ³ ´
αi λ f i (x) + (1 − λ) f i (y) car f i convexe et αi positif
X

i =1
n n
αi λ f i (x) + αi (1 − λ) f i (y)
X X

i =1 i =1
n n
≤λ αi f i (x) + (1 − λ) αi f i (y)
X X
i =1 i =1
≤ λg (x) + (1 − λ)g (y)

=⇒ g est convexe sur I .

Proposition 15. Soient f , g : I → R deux fonctions convexes. Alors :


i) α f est convexe sur I pour α ≥ 0 ;
ii) f + g est convexe sur I .

Soient f , g : I → R deux fonctions convexes. Alors :


i) Posons h(x) = α f (x) pour tout x ∈ I et α ≥ 0.
Montrons que la fonction h est convexe sur I .
III. CARACTÉRISATIONS DE LA CONVEXITÉS 23

Pour tout x, y ∈ I et λ ∈ [0, 1] on a

h λx + (1 − λ)y = α f λx + (1 − λ)y
¡ ¢ ¡ ¢
³ ´
≤ α λ f (x) + (1 − λ) f (y) car f convexe et α positif

≤ αλ f (x) + α(1 − λ) f (y)


≤ λh(x) + (1 − λ)h(y)

ii) Comme les fonctions f et g sont convexes sur I , alors pour tout
x, y ∈ I et λ ∈ [0, 1] on a

f λx + (1 − λ)y ≤ λ f (x) + (1 − λ) f (y)


¡ ¢
(II.1)

g λx + (1 − λ)y ≤ λg (x) + (1 − λ)g (y)


¡ ¢
(II.2)

En sommant (I I .1) et (I I .2), on obtient

f λx + (1 − λ)y + g λx + (1 − λ)y ≤ λ f (x) + (1 − λ) f (y) + λg (x) + (1 − λ)g (y)


¡ ¢ ¡ ¢

≤ λ f (x) + g (x) + (1 − λ) f (y) + g (y)


¡ ¢ ¡ ¢

=⇒ f + g est convexe sur I .

III. Caractérisations de la convexités

Proposition 16. Soit f : I ⊆ R → R une fonction. f est convexe sur I si


et seulement si
f (y) − f (x) f (z) − f (y)
∀x, y, z ∈ I , avec x < y < z =⇒ ≤
y −x z−y

Voir TD

Proposition 17. Soit f : I ⊆ R → R une fonction. Pour tout α ∈ I , on


pose
f (x) − f (α)
φα (x) = , ∀x ∈ I \{α}.
x −α
f est convexe sur I si et seulement si ∀α ∈ I , φα est croissante sur I \{α}.

Voir TD

Proposition 18. Soit f : I ⊆ R → R une fonction dérivable sur I . Alors,


f est convexe sur I si et seulement si f 0 est croissante sur I .
24 CHAPITRE II. FONCTIONS CONVEXES UNIVARIÉES

Voir TD

Proposition 19. Soit f : I ⊆ R → R une fonction deux fois dérivable sur


I . Alors, f est convexe sur I si et seulement si f " ≥ 0 sur I .

Exemple 14.
— La fonction exponentielle est convexe sur R ;
— La fonction logarithme népérien est concave sur ]0, +∞[.

La convexité est souvent utilisée pour établir des inégalités. Par


exemple lorsqu’on sait qu’une fonction est convexe ou concave, on
peut utiliser l’inégalité de Jensen, qui est en quelque sorte une généra-
lisation de la définition de convexité.

Inégalité de Jensen
Soit f : I → R une fonction. Si f est convexe sur I , alors pour
tous x 1 , · · · , x n ∈ I et tous λ1 , · · · , λn ∈ R+ tels que ni=1 = 1, on a
P

f (λ1 x 1 + λ2 x 2 + · · · + λn x n ) ≤ λ1 f (x 1 ) + λ2 f (x 2 ) + · · · + λn f (x n )

ce qui s’écrit, à l’aide des signes somme


n
³X ´ Xn
f λi x i ≤ λi f (x i )
i =1 i =1

Si f est concave sur I , alors on a


n
³X ´ Xn
f λi x i ≥ λi f (x i )
i =1 i =1

Voir TD

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