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Politique et Sociétés

Politiques publiques. Fondements et prospective pour l’analyse


de l’action publique, sous la direction de Steve Jacob et
Nathalie Schiffino, Bruxelles, Bruylant, coll. « Traités de
science politique », 2021, 956 p.
Catherine Xhardez

Volume 42, numéro 1, 2023

URI : https://id.erudit.org/iderudit/1097174ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1097174ar

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Éditeur(s)
Société québécoise de science politique

ISSN
1203-9438 (imprimé)
1703-8480 (numérique)

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Citer ce compte rendu


Xhardez, C. (2023). Compte rendu de [Politiques publiques. Fondements et
prospective pour l’analyse de l’action publique, sous la direction de Steve Jacob
et Nathalie Schiffino, Bruxelles, Bruylant, coll. « Traités de science politique »,
2021, 956 p.] Politique et Sociétés, 42(1), 186–187.
https://doi.org/10.7202/1097174ar

© Société québécoise de science politique, 2023 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
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les particularités françaises de cette (sous-)


Politiques publiques. Fondements et
discipline, mais aussi sur ses paradoxes.
prospective pour l’analyse de l’action
Pour revisiter les fondements de l’ana-
publique, sous la direction de Steve
lyse des politiques publiques, les chapitres
Jacob et Nathalie Schiffino, Bruxelles,
de la première partie approfondissent les
Bruylant, coll. « Traités de science poli-
moments clés de l’action publique à travers
tique », 2021, 956 p.
l’étude de la politisation (Philippe Zittoun,
Publié dans la collection des « Traités de p. 77-115), de la construction des problèmes
science politique », cet ouvrage présente publics (Patrick Hassenteufel, p. 195-228),
un état des lieux compréhensif de l’analyse de la mise en œuvre (Jacques de Maillard
des politiques publiques. Comptant près de et Daniel Kübler, p. 229-264) ou encore de
1000 pages, il regroupe des contributions de l’évaluation (Marie-Hélène L’Heureux et
33 auteur·es et est constitué de 18 chapitres, Steve Jacobs, p. 265-327). La deuxième partie
qui sont additionnés d’une préface, d’un se concentre pour sa part sur les acteurs en
avant-propos, d’une introduction et d’une interaction, avec des réflexions originales sur
conclusion. Ce traité s’articule autour de des acteurs moins souvent ou moins directe-
trois volets : 1) les moments liés aux inter- ment associés à l’action publique, à savoir les
ventions publiques (mise à l’agenda, prise de citoyens (Nathalie Schiffino et Virginie Van
décision, mise en œuvre, évaluation, etc.) ; Ingelgom, p. 332-384), les sondeurs (Céline
2) les acteurs variés qui gravitent autour Belot et Tinette Schnatterer, p. 385-431),
de ces interventions (des plus classiques les mécènes (Sylvain A. Lefèvre, Jean-Marc
– tels que les experts, les agents publics, les Fontan et Peter Elson, p. 511-551) ou encore
groupes d’intérêts – à des acteurs moins les juges (Christine Rothmayr Allison,
étudiés – comme les fondations philan- p. 679-716). La troisième partie prend en
thropiques ou les instituts de sondage) ; compte les différentes échelles qui donnent
3) les lieux de l’action publique à diffé- corps à l’action publique dans nos sociétés
rentes échelles (du local au transnational, contemporaines : villes (Guillaume Gourges
en passant par les interfaces numériques et Alice Mazeaud, p. 719-771), régions (Claire
dématérialisées). De manière transversale, Dupuy et Michael Keating, p. 773-811), États
comme l’indique son sous-titre, cet ouvrage (Romain Pasquier, p. 813-847), entités supra-
affiche une double ambition : développer les nationales (Martino Maggetti, p. 849-876)
fondements mais aussi la prospective pour ou même lieux dématérialisés (Clément
l’analyse de l’action publique. Mabi, p. 877-917). Ces contributions dis-
Un premier pan conséquent de l’ouvrage cutent ainsi du rééchelonnement de l’action
s’intéresse aux fondations de l’étude de l’ac- publique, opérant une mise en contexte des
tion publique, que ce soit à travers le temps, composantes de l’action publique dans leur
les échelles, les moments, les acteurs ou les environnement et mettant aussi en évidence
lieux. Les directeurs de l’ouvrage, Nathalie les interactions qui existent entre diverses
Schiffino et Steve Jacobs, ouvrent la discus- échelles de pouvoir.
sion par un avant-propos (p. 17-30) fouillé Regroupant des notions et des concepts
qui revient sur les notions, les modèles de à la fois classiques et hétérogènes, ces trois
base et les auteur·es (tant anglo-saxons que parties fournissent au lectorat une boîte à
francophones) qui ont construit l’analyse outils qui permet d’étudier de manière cri-
des politiques publiques en tant que (sous-) tique et informée les politiques publiques.
discipline de la science politique, aux XXe et À travers l’ouvrage, tous les chapitres sont
XXIe siècles. Dans la continuité, Jean Leca construits de manière relativement ana-
(p. 33-73) signe une introduction orientée logue : ils font à chaque fois la part belle à
sur la genèse de cette (sous-)discipline à un retour théorique – voire généalogique
travers ses pionniers mais aussi les « pas- ou historique – et réflexif sur la littérature
seurs » qui ont introduit l’analyse des poli- associée aux thématiques abordées, tout
tiques publiques en France, revenant sur en l’actualisant au regard des transforma-

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tions contemporaines de nos sociétés – Réaliser un tel ouvrage est sans nul doute
ouvrant sur la dimension prospective de un pari osé, que ce soit par rapport à son
l’ouvrage. Au fil des pages de ce triptyque, envergure, à la multiplicité des auteur·es, à
plusieurs lignes transversales se dégagent. leurs différentes provenances géographiques
Par exemple, on relèvera que l’analyse (Belgique, Canada, Suisse, France), à leurs
de l’action publique, à la fois son origine parcours universitaires variés (des ténors
comme son futur et même la manière dont du domaine côtoient leur relève). Avec des
on la nomme, a des frontières mouvantes chapitres solides et des lignes conductrices
(comme discuté par Laurie Boussaguet dans qui permettent de tisser certains liens entre
la conclusion, p. 921-938) avec des concepts, les trois parties, cet ouvrage constitue un
des méthodes, des théories et des visées outil de travail de référence pour celles et
(pratique, évaluative, scientifique, critique, ceux qui étudient ou enseignent les poli-
etc.) souvent en tension. On remarquera tiques publiques. Politiques publiques.
également que plusieurs enjeux d’actualité Fondements et prospective pour l’analyse de
traversent différents chapitres (par exemple : l’action publique se démarque par sa couver-
le populisme, le rôle de l’Union européenne, ture extensive de plusieurs dimensions de
la place des citoyens, la « digitalisation »), l’action publique (moments, acteurs, lieux)
comme le mettent en avant les nombreux et par sa double perspective (fondements
exemples et encadrés détaillant des cas pra- et prospective). Le revers d’une telle œuvre
tiques exposés dans l’ouvrage. est d’aboutir à une somme de près de mille
Au-delà de ces éléments qui penchent pages qui rendent (très) costaude sa lecture
clairement du côté de l’étude des fondements complète. Cependant, les professeur·es et les
de l’action publique, l’ouvrage s’assume éga- étudiant·es pourront y choisir leurs lectures
lement comme prospectif, pour interroger en fonction de leurs domaines d’intérêt. En
le futur des politiques publiques. En faisant effet, la densité de chaque chapitre (toujours
cela, cet ouvrage est plus qu’un manuel qui agrémenté d’une bibliographie) fait de cha-
offrirait uniquement « les bases de ce qu’il cun d’eux une contribution à part entière.
“faut” savoir », il a pour ambition d’aller plus On peut cependant regretter qu’un index ne
loin « en inventant la discipline de demain, soit pas présent afin d’aider à mieux navi-
en en posant les défis, les enjeux, les tenants guer entre les différentes contributions et
et aboutissants » (Schiffino et Jacob, p. 27). leurs recoupements. Le manuel reflète éga-
L’intérêt est alors de déceler et de mettre lement un positionnement épistémologique
en doute des lames de fond qui pourraient de la part de ses directeurs, qui – tout en
fortement modifier les rivages de l’action s’adressant à un lectorat francophone – ont
publique. C’est notamment le cas lorsqu’on décidé de faire des ponts avec la tradition
réfléchit aux conséquences de la numérisa- plus anglo-saxonne de l’étude des politiques
tion ou de l’introduction de l’intelligence publiques. C’est à remarquer, car il ne s’agit
artificielle dans des dispositifs (par exemple, dès lors pas de construire ou d’appuyer la
la plateforme Web Parcoursup en France) : « touche française » dans l’analyse des poli-
s’agit-il d’un changement de paradigme ou tiques publiques, mais au contraire d’être
d’une évolution technologique qui s’addi- plus large et inclusif. Pour conclure, l’aspect
tionne à d’autres déjà présentes ? De même, innovant de ce large ouvrage est certaine-
l’évolution du rôle de l’État dans nos sociétés ment de plonger dans l’ingénierie de l’action
contemporaines est remise en question, sur- publique, mais aussi de s’en détacher grâce
tout en ce qui concerne son avenir : va-t-on à son ambition prospective qui invite à une
assister une recomposition de l’État ou à son réflexion plus profonde sur nos sociétés et
plus grand effacement ? Il est intéressant l’avenir des interventions publiques.
de noter que les réponses apportées par les
Catherine Xhardez
auteur·es à ces questions peuvent varier, avec
Brussels School of Governance,
des appréhensions divergentes concernant le Vrije Universiteit Brussel (VUB)
futur des interventions publiques. catherine.xhardez@vub.be

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