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2024 03:22
Politique et Sociétés
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1097174ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1097174ar
Éditeur(s)
Société québécoise de science politique
ISSN
1203-9438 (imprimé)
1703-8480 (numérique)
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© Société québécoise de science politique, 2023 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
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tions contemporaines de nos sociétés – Réaliser un tel ouvrage est sans nul doute
ouvrant sur la dimension prospective de un pari osé, que ce soit par rapport à son
l’ouvrage. Au fil des pages de ce triptyque, envergure, à la multiplicité des auteur·es, à
plusieurs lignes transversales se dégagent. leurs différentes provenances géographiques
Par exemple, on relèvera que l’analyse (Belgique, Canada, Suisse, France), à leurs
de l’action publique, à la fois son origine parcours universitaires variés (des ténors
comme son futur et même la manière dont du domaine côtoient leur relève). Avec des
on la nomme, a des frontières mouvantes chapitres solides et des lignes conductrices
(comme discuté par Laurie Boussaguet dans qui permettent de tisser certains liens entre
la conclusion, p. 921-938) avec des concepts, les trois parties, cet ouvrage constitue un
des méthodes, des théories et des visées outil de travail de référence pour celles et
(pratique, évaluative, scientifique, critique, ceux qui étudient ou enseignent les poli-
etc.) souvent en tension. On remarquera tiques publiques. Politiques publiques.
également que plusieurs enjeux d’actualité Fondements et prospective pour l’analyse de
traversent différents chapitres (par exemple : l’action publique se démarque par sa couver-
le populisme, le rôle de l’Union européenne, ture extensive de plusieurs dimensions de
la place des citoyens, la « digitalisation »), l’action publique (moments, acteurs, lieux)
comme le mettent en avant les nombreux et par sa double perspective (fondements
exemples et encadrés détaillant des cas pra- et prospective). Le revers d’une telle œuvre
tiques exposés dans l’ouvrage. est d’aboutir à une somme de près de mille
Au-delà de ces éléments qui penchent pages qui rendent (très) costaude sa lecture
clairement du côté de l’étude des fondements complète. Cependant, les professeur·es et les
de l’action publique, l’ouvrage s’assume éga- étudiant·es pourront y choisir leurs lectures
lement comme prospectif, pour interroger en fonction de leurs domaines d’intérêt. En
le futur des politiques publiques. En faisant effet, la densité de chaque chapitre (toujours
cela, cet ouvrage est plus qu’un manuel qui agrémenté d’une bibliographie) fait de cha-
offrirait uniquement « les bases de ce qu’il cun d’eux une contribution à part entière.
“faut” savoir », il a pour ambition d’aller plus On peut cependant regretter qu’un index ne
loin « en inventant la discipline de demain, soit pas présent afin d’aider à mieux navi-
en en posant les défis, les enjeux, les tenants guer entre les différentes contributions et
et aboutissants » (Schiffino et Jacob, p. 27). leurs recoupements. Le manuel reflète éga-
L’intérêt est alors de déceler et de mettre lement un positionnement épistémologique
en doute des lames de fond qui pourraient de la part de ses directeurs, qui – tout en
fortement modifier les rivages de l’action s’adressant à un lectorat francophone – ont
publique. C’est notamment le cas lorsqu’on décidé de faire des ponts avec la tradition
réfléchit aux conséquences de la numérisa- plus anglo-saxonne de l’étude des politiques
tion ou de l’introduction de l’intelligence publiques. C’est à remarquer, car il ne s’agit
artificielle dans des dispositifs (par exemple, dès lors pas de construire ou d’appuyer la
la plateforme Web Parcoursup en France) : « touche française » dans l’analyse des poli-
s’agit-il d’un changement de paradigme ou tiques publiques, mais au contraire d’être
d’une évolution technologique qui s’addi- plus large et inclusif. Pour conclure, l’aspect
tionne à d’autres déjà présentes ? De même, innovant de ce large ouvrage est certaine-
l’évolution du rôle de l’État dans nos sociétés ment de plonger dans l’ingénierie de l’action
contemporaines est remise en question, sur- publique, mais aussi de s’en détacher grâce
tout en ce qui concerne son avenir : va-t-on à son ambition prospective qui invite à une
assister une recomposition de l’État ou à son réflexion plus profonde sur nos sociétés et
plus grand effacement ? Il est intéressant l’avenir des interventions publiques.
de noter que les réponses apportées par les
Catherine Xhardez
auteur·es à ces questions peuvent varier, avec
Brussels School of Governance,
des appréhensions divergentes concernant le Vrije Universiteit Brussel (VUB)
futur des interventions publiques. catherine.xhardez@vub.be