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NOTES DE REALIA POUR

LES CLASSES LITTERAIRES

KIMBITI NDABASHWA

Bukavu, décembre 2023


REALIA
Définition

Realia, nom masculin pluriel, du latin médiéval, realia, les choses réelles, de
realis réel. En linguistique, ce terme est en rapport avec toute réalité non linguistique
qui permet de retrouver le signifié d’un mot (par exemple dans un dictionnaire une
illustration représentant un objet)1.

Par ailleurs, le mot « realia » renvoie à l’ensemble des choses romaines : vie
politique, sociale, morale, économique, artistique et religieuse. Bref, c’est l’étude de
l’histoire romaine.

CHAP I. LA NAISSANCE LEGENDAIRE DE ROME

Rome est un ensemble de sept collines isolées au milieu d’une vaste plaine (le
Palatin, le Capitole, le Quirinal, le Viminal, l’Esquelin, le Caelius et l’Aventin). Située
au milieu de cette magnifique péninsule, la Rome antique jouit d’incontestables
avantages. Le climat y est tempéré : hivers cléments et étés moins accablants. Cette
position géographique stratégique permettra à l’urbs romana de dominer tout le
bassin méditerranéen et d’étendre aux horizons lointains sa puissance et son génie
culturel. La Méditerranée n’est-elle pas nommée non sans orgueil « mare
nostrum ? ».

De façon historique, les plus anciens habitants de l’Italie sont les Ligures,
d’origine inconnue et les Ombriens venus du Nord. Vers l’an 1000 ( ?), apparaissent
les Etrusques, refoulés d’Asie Mineure. A partir du VIIIè siècle, des colons grecs
s’installent progressivement dans le Sud de la péninsule, puis en Sicile.

Les origines et la fondation de la ville de Rome nous sont présentées dans une
légende bien attachante de Virgile, « L’Enéide » et de Tite-Live, Ab urbe condita libri
(l’histoire romaine).

1. Enée, le fugitif troyen

En effet, l’ancêtre lointain des habitants de Rome est Enée, fils du Troyen
Anchise et de la déesse Vénus. A la fin de la fameuse guerre de Troie, qui a opposé,
voici plus de mille ans avant notre ère les Grecs aux Troyens, Enée fuit la ville de
Troie embrasée par les Grecs. C’est l’Iliade d’Homère qui raconte la guerre de Troie.
Deux grandes familles s’affrontent : celle de Priam, le roi de Troie et celle de Ménélas,
le roi de Spartes. Il y a à l’origine du conflit le fameux concours de beauté des déesses
Junon, Minerve et Vénus. Le berger Pâris, Fils de Priam, chargé de trancher cette

1
Grand dictionnaire encyclopédique, tome 8, Paris, Larousse, 1984, p. 8758.

1
discorde divine, remit la pomme d’or à Vénus, la déclarant ainsi la plus belle. En
retour, Vénus promet à Pâris la plus belle femme du monde. Celle-ci c’est Hélène,
femme du roi grec Ménélas. Ménélas voudra réparer l’injure et reprendre son épouse.
Mais Pâris s’entête. Là, commence un siège qui durera dix longues années où les
grands guerriers grecs Achille, Ulysse, Agamemnon… affrontent les troupes
troyennes.

Comment les Troyens furent-ils vaincus ? Après une longue et pénible


guerre, les Grecs offrent un cadeau empoisonné aux Troyens. Ils leur laissent un
cheval comme un présent à Pallas. Mais l’intérieur du cheval est rempli de meilleurs
soldats grecs.

Les Troyens se montrent naïfs ! Pourtant, le grand prêtre d’Apollon et de


Nepturne, Laocoon les avait bel et bien prévenus : craignez, craignez, Troyens, les
Grecs et leurs présents.

Mais les Troyens introduisent le cheval mortifère jusqu’au temple de


Minerve. C’est là qu’il vomit en pleine nuit de ses entrailles les meilleurs guerriers
grecs qui vont embraser et mettre à sac la Troie du vieux roi Priam. Pendant ce
temps, Enée voit en songe le vaillant Hoctor qui lui dit :

« Fuis, évite la mort, fuis malheureux Enée :

Sur nos remparts surpris la flamme est promenée,

Les Grecs sont dans nos murs, et la fière Ilion,


Va voir s’évanouir sa domination.
Tes mains ont assez fait pour elle et sa défense ;
Ne cherche pas des dieux à braver la puissance ;
Si les bras d’un mortel l’avait pu protéger,
Le mien l’aurait su mettre à l’abri du danger.
Tu n’as plus qu’un devoir : sauve les dieux de Troie,
Fais-en tes compagnons et donne-leur la joie de retrouver un jour, sous les cieux plus
humains, leurs temples et leurs autels relevés par tes mains ». (L’Enéide, livre II)

Enée prend donc son père Anchise, son fils Ascagne et quelques rescapés. Il emporte
également les pénales. Et au bout de longues et pénibles pérégrinations, ils
débarquent en Italie, sur les bords du fleuve Tibre. Là, Enée entre en contact avec le
roi Latinus, épouse sa fille Lavinia et succède plus tard à son beau-père sur le trône
royal. Quand meurt le fugitif troyen, c’est son fils Ascagne qui fonde la ville d’Albe-
la-longue.

2
2. D’Enée au roi Romulus

Voici l’arbre généalogique qui relie Enée à Romulus :

Anchise La déesse Vénus

Creuse Enée

Ascagne

Numitor et Amulius (Plusieurs rois se succèdent entre


Ascagne et Numitor).

Rhéa Silvia Le dieu Mars

Romulus et Remus

Rhéa Silvia était une jeune fille consacrée à la déesse Vesta. Mais cette Vestale
infortunée se trouve enceinte du dieu Mars. Son oncle Amulius, qui avait déjà chassé
du trône Numitor son frère, ordonne que les jumeaux nés d’elle soient jetés dans
l’eau. Mais la barque qui contenait les enfants s’échoue sur la rive du Tibre au pied
du mont Palatin. Là une louve prit soin d’eux, les allaita jusqu’au moment où le
berger Faustulus les découvre et les prend pour les élever chez lui. A dix-huit ans, les
deux frères ont la révélation de leur naissance. Ils ne tardent pas à réhabiliter
Numitor sur le trône d’Albe. Amulius est tué. Dès lors, suivis d’une foule d’Albains
et de Latins, Romulus et Remus fondent leur ville sur le site et ils se divisent le
territoire.

Hélas, Remus franchit par bravade le territoire de son frère. Celui-ci lui fend
le crâne et devient le premier roi de Rome. Et lui-même, après des guerres heureuses,
disparut dans un orage au cours d’une cérémonie religieuse et sera promu au rang
des dieux. C’est le dieux Quirinus. Rome était née !

3
CHAP. II. LA ROME ROYALE (753-509 av. J.-C.)

1. Les rois successeurs de Romulus

Tout ce que l’on dit de la période royale de Rome relève plus des hypothèses
des récits fabuleux que de la certitude. Après donc Romulus, l’on raconte qu’il y
aurait eu successivement six rois, trois Sabins et trois Etrusques.

a) Les trois rois Sabins


1. Numa Pompilius, le Pieux (715-672 av. J.-C.)

Pieux et pacifique, il organise la vie religieuse des Romains (temple de Vesta et


les vestales ; temple de Janus ouvert en temps de guerre …)

2. Tullus Hostilius, le Belliqueux (672-640 av. J.-C.)

Son règne est marqué par la lutte de Rome contre Albe, une métropole qui va
devenir une vassale. En effet, une légende raconte que les romains, représentés par
trois jumeaux, les Horaces, vont livrer la guerre aux Albains dont les représentants
sont les trois jumeaux Curiaces. Deux Horaces périssent très tôt. Alors le troisième
feignant de s’évader, crée de remarquables intervalles entre les Curiaces qui se sont
mis à la poursuite. C’est alors que revenant sur ses pas, le malin Horace affronte
séparément les trois Curiaces qu’il élimine sans peine. A Rome la victoire !

3. Ancus Martius, le Bâtisseur (640-616 av. J.-C.)

C’est lui qui aurait jeté le pont sur le Tibre.

b) Les trois rois Etrusques


1. Tarquin l’Ancien, le Parvenu (616-578 av. J.-C.)

Il introduit à Rome la civilisation étrusque. On lui attribue également la


construction du Forum et le grand cirque, l’ouverture des boutiques, des écoles et
des égouts.

2. Servius Tullius, le Constituant (578-534 av. J.-C.)

Il offre à Rome la première constitution politique. Il répartit la population en


classes et étend les limites de la ville.

3. Tarquin le Superbe (534-509 av. J.-C.)

Il abolit la construction de son prédécesseur, mais achève les grands travaux


de la ville. Il bâtit également sur le Capitole.

Le roi et sa famille seront chassés plus tard de Rome pour se réfugier en


Etrurie. La république est proclamée (509 av. J-C.)

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2. Les cadres de la société

L’époque royale est caractérisée par les inégalités sociales, lesquelles sont
déterminées par la naissance et la religion. Voici comment sont réparties les classes
sociales :

- Les hommes libres :


a) Les privilégiés : les Patriciens
b) Les non privilégiés : les clients, les plébéiens et les affranchis.
- Les hommes non libres : les esclaves.

En effet, le patriciat est composé des cent premières familles qui se sont
installées à Rome, se réclamant chacune d’un ancêtre (pater familias) plus ou moins
divinisé. Chacune est une « gens » dont les membres portent le même nomen
gentilicium et célèbrent le même culte (sacra gentilicia). Les gentes sont composées
de plusieurs familiae. Les clients quant à eux, sont des parasites oisifs, juridiquement
liés aux patriciens et probablement des étrangers. Leur situation rappelle la vassalité
de la période féodale. En effet, le client est lié à son patron par le « jus patronatus ».
Il reste dévoué à son patron, l’accompagne à la guerre, vote pour lui et a le devoir de
le saluer chaque matin (la salutatio). En revanche, le patron doit représenter son
client en justice et subvenir à ses besoins par la sportula (un petit panier avec ration
de vivres).

La plèbe est l’ensemble des classes inférieures de la société romaine. C’est tout
le contraire du patriciat.

En effet, les plébéiens sont de simples cultivateurs sans aucun droit. Ils sont de
simples spectateurs de la vie publique. Cette classe sociale comprend donc les
paysans, les commerçants, les artisans…

Enfin, l’esclave est une chose. Il devient ainsi par la naissance (c’est le verna),
par la guerre ou à cause de la justice (citoyen déchu, frappé de capitis diminutio
maxima). Il n’a pas de nom ; on le désigne par son pays d’origine (par exemple : Afer,
l’Africain). Il n’a ni droits politiques, ni droits privés. Son maître dispose de lui et de
ses biens. Il peut donc être donné, vendu, loué ou même abandonné.

Cependant, l’esclave peut thésauriser son revenu et racheter sa liberté.


L’affranchissement (manumissio) se fait par testament, par inscription ou par
décision judiciaire. Mais l’affranchi (le libertus) demeure sous le patronat de son
maître dont il continue à porter le praenomen et le nomen.

La loi ne lui reconnaît que le concubinage. Cependant son fils peut parvenir à
la condition d’homme vraiment libre.

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3. Les organes du gouvernement
1. Le roi : non héréditaire, le roi est proposé par le Sénat après consultation des
dieux et élu par les comices curiates. Le roi est non seulement le chef politique
et militaire, mais aussi religieux et judiciaire.
2. Le Sénat : C’est un conseil de 100, puis 300 vieillards choisis par le roi parmi
les chefs de grandes familles ayant fondé la cité, le patriciat. D’où leur nom de
« Patres conseripti ».

Cet organe a pour rôle de :

- Conseiller le roi (consilium) ;


- Sauvegarder les coutumes des ancêtres (mos majorum) ;
- Exercer de la tutelle sur l’assemblée des curies, en ratifiant tous les actes ;
- Assurer l’interrègne à la mort du Roi (interregnum).
3. Les comices curiates (comitia curiata) : C’est l’assemblée solennelle du
populus, un populus qui est formé d’ailleurs des seuls patriciens. En effet, le
populus romanus est divisé en trois tribus avec chacune 10 curies (Ramnes,
Tities et Luceres) en souvenir des trois populations primitives de Rome.

Les curies ont pour rôle :

- Elire le roi sur proposition du Sénat et lui conférer l’imperium (le pouvoir
suprême) ; accepter les lois, décider de la paix ou de la guerre ;
- Participer au pouvoir judiciaire ;
- Faire office d’assemblées religieuses sous l’égide du grand Pontife. Ils se
réunissent alors au Capitole.

CHAP. III. LA REPUBLIQUE ROMAINE (509-27 av. J.-C.)

1. Les cadres de la société

Dès le Vème siècle, la hiérarchie sociale est fondée sur la fortune. Désormais, les
patriciens et les plébéiens riches s’entendent au détriment des plébéiens pauvres. Par
conséquent, sous la République, il n’existe qu’une minorité de citoyens, les autres
étant les mi-citoyens (les affranchis et les esclaves). Et, le droit de cité (jus civitatis)
comme en Grèce, demeure un privilège de quelques-uns.

Nous distinguons ainsi deux classes sociales : les citoyens (patriciens et


plébéiens) et les non-citoyens (affranchis et esclaves). Au début, est citoyen romain
(civis romanus), tout homme libre né d’un citoyen libre. A partir de 49 avant Jésus-
Christ, tout homme libre qui habite l’Italie, des Alpes à la mer d’Afrique, jouit de la
citoyenneté romaine.

6
Le Romain est citoyen complet (civis optimo jure ) et l’Italien, qui reçoit le droit
de cité par étapes, est « citoyen incomplet » (civis minuto jure).

Voici les droits et charges du citoyen complet :

a) Droits politiques (jura publica)


- Droit de vote (jus suffragii) ;
- Droit d’être élu (jus honorum) ;
- Droit de participer aux sacerdoces (jus sacrorum) ;
- Droit d’appel au peuple dans les procès criminels (jus provocationis).
b) Droits civils (jura privata)
- Droit de propriété (jus commercii) ;
- Droit du mariage (jus conubii) ;
- Droit d’intenter une action judiciaire (jus legis actionis).
c) Charges civiles (munera)
- Obligatoire de se présenter au recensement (census) ;
- Obligation de servir aux armées (militia) ;
- Obligation (jusqu’en 167 av. J.-C.) de payer le tribut (tributum).

Ainsi donc, c’est soit par la naissance, soit par l’attribution que l’on devient
citoyen romain sous la République.

Par la naissance, il suffit que l’on soit né d’un mariage régulier. Quant aux
étrangers (peregrini) et aux esclaves (servi), ce droit est attribué. Les peregrini
l’obtiennent par une loi expresse appelée « civitatis donatio » tandis que les servi l’ont
par manumissio (affranchissement).

Devenu citoyen, le peregrinus peut l’être sous une forme complète (optimo
jure) ou moins complète (sine suffragio). Mais l’esclave affranchi (libertinus ou libertus)
ne jouit que d’un droit de cité incomplet.

Il convient de noter que les mineurs (17 ans au plus), les femmes et les
malades mentaux, même s’ils sont libres-nés (ingenui) ne jouissent pas de la civitas,
parce qu’ils sont sous tutelle.

2. Les organes du gouvernement sous la République

L’administration de la République romaine repose sur l’équilibre de trois


organes politiques qui se contrôlent mutuellement à savoir, les magistrats, le Sénat et
l’assemblée du peuple. Cette administration est régie par deux sortes de lois : la « lex
rogata » (celle votée par le peuple) et la « lex data » (le décret promulgué par le
magistrat suprême).

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1°) Les magistrats

Sous la Rome républicaine, la fonction du roi est exercée par deux magistrats
primitivement appelés « praetores », nommés par le peuple et ratifiés par le Sénat.
Au milieu du Vème siècle ils se nomment « consuls » (consules).

Lorsque les deux consuls sont absents de Rome, ils lèguent l’intérim au
« praefectus urbi ».

En outre, les magistrats représentent le pouvoir exécutif de la république. Ils sont


revêtus des pouvoirs politiques et religieux que voici :

a) les pouvoirs politiques

Les magistrats jouissent tous de la potestas (le pouvoir administratif, chacun à


son niveau). La potestas permet en effet à un magistrat de faire des ordonnances, de
convoquer le peuple, de saisir des gages et de dissoudre les comices. En plus, seuls
les magistrats suprêmes (les consuls, les préteurs et les dictateurs) jouissent de
l’imperium (pouvoir suprême de vie ou de mort). L’imperium est pour ainsi dire ce
pouvoir politique, judiciaire et militaire qui leur permet de convoquer l’assemblée du
peuple (agere cum populo), de citer en justice (aliquem vocare) ou de jeter en prison
(aliquem prendere).

b) Les pouvoirs religieux

Tous les magistrats ont le droit d’auspices2. Mais les uns ont le « jus
auspiciorum majorum » qui leur permet de prendre les auspices en tout lieu, les
autres n’ont que le jus auspiciorum minorum, valable seulement à Rome.

Cette pratique qui relève de l’âme religieuse du peuple romain est fort
répandue. L’on ne peut poser un acte ni prendre une décision sans consulter au
préalable ceux qui sont chargés de dire la volonté des dieux, d’interpréter les
auspices (les signes des temps). D’où l’expansion de l’art augural à Rome.

L’art augural est donc une science occulte réservée aux augures et aux
haruspices, pour l’interprétation des signes que les dieux donnent aux hommes afin
de manifester leur volonté. Les haruspices sont spécialisés dans l’observation des
entrailles d’animaux sacrifiés. Et les augures, experts officiels des signes célestes,
prennent les auspices en observant le vol des oiseaux ou l’appétit des poulets sacrés.

2
Auspice (n.m.), du latin avis, oiseau, et spicere, examiner. Terme générique désignant chez les Romains, les
divers présages qui se tiraient en général du vol, du chant des oiseaux et la manière dont ils mangeaient. Prêtre
qui prenait ces présages.

8
Voici par ailleurs les différentes magistratures qui constituent le cursus
honorum romain (la carrière politique) que l’on gravit dans l’intervalle d’au moins
deux ans :

a) La questure 40 au 1er siècle avant Jésus-Christ) : La garde du trésor public, la


responsabilité des dépenses et des recettes de l’état, la vérification des comptes
des agents publics et des magistrats, sont du ressort de la questure.
b) L’édilité (4 : 2 curules et 2 plébéiens) : la direction de la police urbaine, la
surveillance de la ville et des marchés, l’organisation des fêtes publiques, des
jeux comme le cirque3, dans l’amphithéâtre4, la garde des archives de l’état et
l’approvisionnement de Rome sont les charges dévolues à l’édilité.
c) La préture (2, puis 16) : ils sont les chefs du système judiciaire.
d) Le consulat : les consuls gouvernent la République à deux pour un mandat
d’un an. Ils convoquent et président le Sénat, les comices curiates et
centuriates ; ils lèvent et commandent les armées. Ils donnent leurs noms à
l’année de leur mandat (éponymie).

En dehors de ces magistratures du cursus honorum, il existe d’autres fonctions


politiques non moins importantes telles que :

1. La censure : deux censeurs sont élus tous les cinq ans parmi les anciens
consuls (consulares) pour 18 mois.

Ils sont chargés de :

- Faire le cens (le recensement quinquennal des citoyens et leur classification


d’après le chiffre de fortune) ;
- Recruter les membres du Sénat ;
- Surveiller les mœurs.
2. Le tribunat de la plèbe : le tribunat de la plèbe est institué dès 493 av. J.-C.
pour régler le vieux conflit d’inégalité sociale qui opposait la plèbe à la
noblesse.

Choisis parmi les plébéiens, les tribuns peuvent seuls convoquer les conciles
plébéiens (concila plebis) et des comices tributes. Ils ont le « jus intercessionis » (droit
de veto) contre le dictateur. De plus, ils sont inviolables ; qui les touche est déclaré
« sacer » et est voué aux dieux infernaux.

3. Le dictateur : le dictateur romain, loin d’être un tyran, est un sauveur. On le


recherche en temps de crise pour rétablir la paix. Il est désigné par un des

3
Cirque (n.m.) du latin, circus, cercle : lieu destiné aux jeux publics, chez les anciens Romains. Enceinte
circulaire et couverte, où se donnent des spectacles équestres et acrobatiques.
4
Amphithéâtre (n.m.) : chez les Romains, vaste enceinte ronde ou ovale, avec des gradins, pour les fêtes
publiques.

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consuls parmi les anciens consuls pour une durée de six mois et avec pleins
pouvoirs, après que le Sénat eut proclamé l’état d’exception. L’on se rappelle
l’échec du consul Minucius devant les Eques. Lorsque Rome était sans espoir,
le Sénat décida de créer L. Quinctius Cincinnatus dictateur en 458 av. J.-C. On
alla le tirer de derrière la charrue au-delà du Tibre. Et aussitôt qu’il fit la paix,
Cincinnatus s’en retourna aux bœufs (ad boves suos libenter rediit).

4. L’interroi : en cas d’absence (vacance) de hautes magistratures, il est nommé


pour cinq jours par le Sénat. Lui-même se choisit un successeur à la fin de son
mandat et ainsi de suite jusqu’à l’élection d’un nouveau titulaire.
5. Les proconsuls (ou les propréteurs) : ce sont les anciens magistrats que l’on
envoie généralement pour commander une province ou une colonie.

2°) Les comices

Ce sont les assemblées du peuple. L’on distingue trois sortes des comices :

a) Les comices curiates (comita curiata) : ils confèrent l’imperium aux magistrats,
valident les lois des autres comices et tiennent leur réunion au forum.
b) Les comices centuriates (comitia centuriata) : c’est le peuple en arme qui se
réunit sur le terrain de manœuvres du champ de Mars. Ils votent certaines
lois, les déclarations de guerre (lex de bello indicendo) et jugent en appel sur
les sentences des magistrats lorsqu’il y a provocatio ad populum.
c) Les comices tributes (comitia tributa) : c’est la présentation du peuple entier et
le véritable organe de la souveraineté populaire. Ils élisent édiles curules et
questeurs et votent la plupart des lois.

3°) Le Sénat

Le Sénat est le parlement romain. C’est l’autorité permanente et la plus haute


de la république. Il est composé de dictatorii, censorii consulares, aedilicii, tribunici
et quaestorii. C’est le Sénat, et non les consuls, qui incarne la volonté et la voix du
peuple romain ou l’Etat (Senatus populusque romanus).

Age requis : 46 ans, puis 27 et 30 à partir de Sylla. Ils sont 300 jusqu’à Sylla,
600 sous Sylla, 900 sous César, 1000 sous les triumvirs.

Voici les attributions du Sénat :

- Etre consulté en toute matière en tant que publicum consilium populi romani
(conseil de la République) ;
- Surveiller la religion nationale ;
- Gérer totalement les finances avec l’aide des questeurs ;
- Diriger la politique extérieure ;

10
- S’occuper des effectifs et des commandements militaires, de l’organisation et
du gouvernement des provinces ;
- Décréter les mesures du salut public.

Les Sénateurs, en tunique laticlave, en anneau d’or et avec des chaussures


spéciales en cuir noir ou rouge, siègent à la curia hostilia ou dans un temple. Ils
s’assoient sur des bancs, sans places fixes.

Qui sont les chevaliers ?

A l’origine, c’est une classe plébéienne issue des familles riches qui alimente les
rangs de la cavalerie. Celle-ci est composée des plus riches citoyens devant exercer le
service militaire à cheval.

Devenus insuffisants en nombre, ils furent remplacés dans leurs obligations


militaires par des soldats recrutés de partout. Ils ne formèrent plus désormais qu’une
riche bourgeoisie, dont quelques-uns s’adonnèrent à la politique (homo novus, c’est-
à-dire sans ancêtres, parvenus).

Mais la plupart d’entre eux préfèrent se tourner vers les affaires, notamment la
ferme des impôts et le grand négoce. C’est à ceux-ci que fut donné, à partir de la fin
du IIIème siècle, le nom de chevaliers (equites). Aussi, l’ordo equester apparaît-il
comme la cheville ouvrière de la prospérité matérielle de Rome.

CHAP. IV. CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS SOUS LA REPUBLIQUE ET


L’EMPIRE

Sous la République, tous les pouvoirs du roi, à l’exception de ses pouvoirs


religieux qu’exerce désormais le rex sacrorum, sont attribués à des consuls élus pour
un an ou, en cas de péril, à un dictateur dont les pouvoirs n’excèdent pas six mois. A
côté d’eux naissent plusieurs autres magistrats avec des particularités suivantes :

- Ils sont tous élus par le peuple pour un an ;


- Ils sont toujours au moins deux à exercer les mêmes fonctions ;
- Ils peuvent intervenir pour s’opposer par une « intercessio » à une décision
prise par leur collègue ou un magistrat qui leur est inférieur.

La Rome républicaine est confrontée au problème de la plèbe, cette classe en


prolifération, sans accès à la vie publique, ne pouvant se défendre en justice que par
l’intermédiaire d’un patricien. Cette situation provoque la révolte des plébéiens en
494 av. J.-C. Ce qui donnera lieu l’année suivante à la création du tribunat de la
plèbe. Il y aura donc deux tribuns de la plèbe, ces deux protecteurs du bas peuple

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dont la personne est inviolable et avec un droit général d’intercession leur
permettant d’arrêter entièrement toute la vie publique.

Dans la ligne de la réhabilitation de la plèbe, fut rédigée et promulguée vers


450 av. J.-C., la loi des douze tables par dix anciens consuls (les decemviri). Cette loi
établissait l’égalité civile des patriciens et des plébéiens devant la loi. Elle permettait
en outre au père de mettre à mort ou de vendre son fils, d’exposer un enfant
difforme…

En 445 av. J.-C., paraît la lex canuleia autorisant le mariage entre les deux
classes sociales. En 367, le tribun Licinius fit voter les lois liciniennes qui décidèrent
qu’au moins un des deux consuls soit un plébéien. Vers l’an 300, cette églité tant
désirée sera complète : les magistratures menant au Sénat sont enfin ouvertes aux
plébéiens.

Notons également en faveur de la plèbe, la fameuse réforme agraire défendue


par les deux frères Gracques, Tiberius Gracchus (133 av. J.-C.) et Caius. L’afflux du
blé à vil prix décourage les agriculteurs italiens ; et les sénateurs, qui ont racheté les
petits domaines, usurpent les terres confisquées aux vaincus (l’ager publicus).

Les affaires négociées aux dépens des provinciaux enrichissent la classe de


chevaliers, habiles manieurs d’argent. Toute une paysannerie ruinée vient s’entasser
à Rome. D’un côté, la misère et de l’autre une opulence insolente !

C’est dans ce contexte que les frères Gracques s’efforcent de trouver des
solutions moyennes :

a) En distribuant aux pauvres une fraction de l’ager publicus (terrain de l’Etat) :


lex agraria ;
b) En organisant la propriété des Sénateurs sur tout le reste de l’ager publicus ;
c) En faisant baisser le prix du blé (lex frumentaria) ;
d) En accordant aux chevaliers la perception des impôts d’Asie.

Hélas ! Tiberius est assassiné en 133 et son frère Caius en 121. Mais plusieurs guerres
tant externes qu’internes viendront vite ruiner la stabilité de la République.
Toutefois, de la cité, Rome deviendra la capitale d’un vaste Empire. La plupart des
peuples conquis étaient plus civilisés qu’elle. Elle subit leur influence.

De pauvre, Rome devient riche. La transformation sociale suivit la


transformation politique. La vie s’agrandit avec une foule immense d’étrangers ;
l’esclavage s’accroît prodigieusement. Et tous se passionnent pour les jeux publics.
Les amphithéâtres et les cirques sont devenus des lieux privilégiés des retrouvailles.
La paresse, favorisée par d’aveugles distributions de blé, gâte le peuple.

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De plus, la République est éprouvée par cent ans de trois fameuses guerres
civiles : Marius contre Sylla (112-63 av. J.-C.) Pompée contre César (63-44 av. J.-C.) et
Octave contre Antoine (43-31 av. J.-C.).

La période de la République romaine est l’époque des visées expansionnistes


démesurées pour Rome, de la question agaçante de la plèbe et des guerres civiles. En
voici les dates imposantes :

509 : Création de la République (consulat). Tarquinius Collatinus et L. Iunius Brutus


furent les deux premiers consuls. A ce dernier, on attribue ces paroles historiques :
« Dura lex, sed lex ».

507 : Guerre contre le roi étrusque Porsenna (vengeur de Tarquin ?). Exploits
légendaires d’Horatius Cocles, de Mucius Scaevola, de Clélie.

488-486 : Geurre contre les Volsques (coriolan).


458 : Guerre contre les Eques (Cincinnatus dictateur).
451-449 : Loi des XII tables (égalité civile des patriciens et des plébéiens) rédigée par
les Décemvirs (dix anciens consuls investis de l’autorité absolue jusqu’à la rédaction
définitive. Une fois la loi édictée, leurs abus les font chasser par le peuple).
390 : Invasion gauloise (défaite romaine sur l’Allia, les Oies du Capitole).
343-341 : Première guerre samnite ; Rome victorieuse.
328-312 : Deuxième guerre samnite ; Rome victorieuse (malgré les fourches
caudines5, 311).
310-304 : Troisième guerre samnite, soumission définitive.
264-256 : Lutte contre Carthage, victoires romaines en Sicile ; sur terre (Messine 264 ;
Agrigente 262) et sur mer (Myles 260 ; Ecnome 256).
219 : Prise de Sagonte (alliée des Romains) par Hannibal.
218 : Hanibal traverse les Pyrénées etles Alpes ; il bat les Romains au Tessin et à la
Trebbie.
204 : Scipion en Afrique. Le roi de Numidie Syphax, allié de Carthage, est remplacé
par Massinissa, ami des Romains.
202 : Victoire de Zama (Sciption l’Africain).
149 : Guerre entre Carthage et Massinissa. Rome intervient.
146 : Prise et fin de Carthage.
133 : Tribunat de Tiberius Gracchus (assassiné).
123 : Tribunat de Caius Gracchus.
121 : Assassinat de Caius Gracchus

5
Fourches caudines : défilés voisins de Caudium, où l’armée romaine, cernée par le général samnite Pontius
Herennius, fut réduite à passer sous le joug (321 av. J.-C.).
L’expression « passer sous les Frourches Caudines » caractérise toute concession onéreuse ou humiliante
arrachée aux vaincus.

13
112 : En Numidie, Jugurtha assiège son cousin Adherbal, petit-fils de Massinissa.
Dans Cirta (massacre des commerçants italiens).
107 : Marius (lieutenant de Métellus) est élu consul et prend le commandement de
l’armée.
105 : Jugurtha livré à Marius par Sylla.
104-101 : Réélections consécutives de Marius au consulat.
102 : Invasion teutonne exterminée à Aix-en-Provence.
101 : Victoire de Verceil sur les Cimbres.
90 : Guerre sociale.
88 : Sylla consul.
Emeute fomentée par Marius : Sylla chassé de Rome. Sylla rentre à Rome avec
ses légions et proscrit Marius.
86 : Mort subite de Marius.
82 : Dictature illimitée de Sylla et nouvelle constitution.
79 : Abdication de Sylla qui meurt en 78.
73 : Guerre servile (Spartacus).
70 : Pompée et Crassus consuls : abolition des lois de Sylla.
67 : Guerre de Pompée contre les Pirates.
63 : Conjuration de Catilina.
62 : Catilina tué à la tête de ses troupes, à Pistoia (Etrurie).
60 : Premier triumvirat (triumvirat non officiel) : Pompée, Crassus, César.
59 : César consul.
58-51 : Début de la guerre des Gaules (défaite du chef germain Arioviste) par César.
54 : Guerre contre les Parthes.
52 : Pompée consul unique
49 : Pompée rappelle César : passage du Rubicon, une petite rivière entre la Gaule
Cisalpine et l’Italie (guerre civile Pompée-César).
- César chasse Pompée.
- César dictateur poursuit les Pompéiens en Espagne, puis en Thessalie.
48 : Pharsale. Assassinat de Pompée.
44 (15 mars) : Assassinat de César. Le jour où le Sénat va permettre à César de
prendre le titre royal en Orient (aux Ides de Mars) une cinquantaine de sénateurs
dont son fils adoptif Brutus, Cassius, les frères Casca… vont l’assassiner.
« Tu quoque fili » (Toi aussi mon fils) sont les paroles d’indignation prononcées par
César en grec en voyant Brutus au premier rang de ses meurtriers.
43 : Second triumvirat : Octave, Antoine et Lépide
-Assassinat de Cicéron.
31 : Victoire des Romains sur la flotte égyptienne à Actium.
- Suicide d’Antoine et de la reine Cléopâtre d’Egypte, derniers adversaires
farouches d’Octave.

14
29 : Octave seul maître de l’Empire.
16 janvier 27 : Le Sénat concède le titre d’Auguste à Octave. Ce dernier est aidé dans
sa réforme politique, militaire, financière, religieuse et morale par Agrippa,
Marcellus, Drusus, Tibère, Mécène et quelques artistes de grand talent : Virgile, Tite-
Live, Horace, Properce, Tibulle, Ovide, Vitruve.
Sous l’empire, nous retiendrons par ailleurs les dates ci-après :
14 : Mort d’Auguste à 76 ans.
29 : Condamnation à mort de Jésus de Nazareth.
37 : Mort de Tibère, étouffé sur ordre du préfet du prétoire Macran à 78 ans.
41 : - Assassinat de Caligula à 29 ans par un Tribun de cohorte prétorienne.
- Avènement de Claude à 50 ans.
54 : Claude empoisonné par Agrippine à 63 ans.
59 : Néron fait assassiner sa mère.
64 : Incendie de Rome.
68 : Suicide de Néron à 31 ans.
69-79 : Vespasien
69 : Assassinat de Galba, proclamation d’Othon.
70 : Titus active l’œuvre de son père en Palestine.
78-83 : Agricola fait la conquête de la Bretagne jusqu’à l’Ecosse (Calédonie).
79 : Mort de Vespasien à 70 ans, avènement de Titus à 40 ans.
81 : Mort de Titus à 42 ans, avènement de Domitien.
96 : Assassinat de Domitien à 45 ans, avènement de Nerva à 70 ans.
98 : Mort de Nerva à 72 ans, avènement de Trajan à 45 ans.
117 : Mort de Trajan à 64 ans, avènement d’Hadrien à 43 ans.
138 : Mort d’Hadrien à 62 ans, avènement d’Antonin à 52 ans.
169 : Mort de Verus à 38 ans (aux armées).
180 : Mort de Marc-Aurèle à 59 ans, avènement de Commode à 19 ans.
192 : Assassinat de Commode (Conjuration animée par sa favorite, Marcia).
96-192 : C’est le siècle d’or de l’empire romain grâce à Trajan, Hadrien et Marc-
Aurèle.
212 : Edit de Caracalla donne le droit de cité à tous les hommes libres de l’empire.
293 : Dioclétien établit le régime de la tétrarchie (deux Augustes et deux Césars).
313 : L’Edit de Milan de Constantin accorde aux chrétiens le droit de pratiquer leur
religion
410 : Invasion de Rome par le roi barbare Alaric.
476 : Odoacre, roi barbare, dépose le dernier empereur Romulus Augustule, et signe
la fin de l’empire romain d’Occident.

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CHAP. V. CRISES DE CROISSANCES, GRANDES CONQUETES ET GUERRES
CIVILES (509-30 av. J.-C.)

a) Crises de croissance (509-272 av. J.-C.)


1) A l’intérieur : lutte des plébéiens
A l’époque royale, seuls les patriciens avaient des droits civils et politiques.
A l’époque républicaine, la plèbe réclame des droits, qu’elle obtient un peu à la fois.
- En 493, la plèbe se retire hors de Rome, sur le Mont Sacré, pour obtenir
l’égalité avec les patriciens ; elle obtient la création des tribuns de la plèbe.
- En 471 sont organisés les conciles de la plèbe (concila plebis).
- De 451 à 449, les coutumes orales, tenues jusque-là secrètes par les patriciens
sont mises par écrit, elles sont contenues dans la Loi des XII tables. De cette
manière est assurée l’égalité civile.
- En 449 les conciles de la plèbe se transforment en Comices tributes, assemblées
du peuple disposant de pouvoirs législatifs : cet évènement représente un
début d’égalité politique.
- En 445, les mariages mixtes entre patriciens et plébéiens sont reconnus
valides, ceci assure l’égalité sociale.
- En 367, 336, 300, les plébéiens peuvent être élus successivement au consulat, à
la préture, aux sacerdoces. Ils jouissent donc dès 300 de l’égalité politique et
religieuse.

2) A l’extérieur : conquête de l’Italie

-Rome se rend maîtresse du Latium grâce à plusieurs guerres :


 Contre les Etrusques en 507 ;
 Contre la ligue latine en 496 ;
 Contre les Volsques de 488 à 486 ;
 Contre les Eques en 458.
- Une longue période de guerres contre les Samnites lui permet de conquérir
l’Italie centrale : en 343, 328, 310, en 304, malgré de grandes défaites, Rome
remporte la victoire finale.
Entretemps, de 340 à338, la guerre reprend contre les latins : vaincus, ils deviennent
citoyens romains.
- En 281, c’est la guerre contre Tarente et le roi d’Epire, Pyrrhus : celui-ci est
vaincu à Bénévent. Tarente est prise en 212.

A ce moment, Rome est devenue maîtresse de l’Italie centrale et méridionale.


Le contact de Rome avec la culture grecque en Grande-Grèce (colonies grecques
d’Italie du sud) influencera beaucoup la civilisation romaine.

16
b) Grandes conquêtes (272-118 av. J.-C.)

L’Italie soumise, Rome regarde vers l’extérieur et remarque la puissance de


Carthage qui lui apparaît comme rivale dangereuse. Elle cherche donc à l’anéantir, et
en même temps elle étend ses conquêtes dans toutes les directions autour de la
Méditerranée. Mais ces conquêtes elles-mêmes amènent à Rome tant de richesse que
l’équilibre social finit par se rompre et que ce déséquilibre laisse prévoir des guerres
civiles.

1. A l’extérieur : les conquêtes


- Lutte contre Carthage
Pendant la première guerre punique (264-241), les deux cités luttent pour la
possession de la Sicile. Carthage, vaincue, doit céder ses possessions siciliennes et
payer un tribut. Entre la première et la seconde guerre, Rome se fait donner la Corse
et la Sardaigne. En 218, c’est la seconde guerre punique : Hnnibal part d’Espagne,
traverse les Pyrénées et les Alpes, remporte des victoires en Italie, en Afrique.
Carthage est vaincue à Zama : elle doit renoncer à l’Espagne et à sa flotte (202). A ce
moment, la puissance romaine s’étend sur tout le bassin occidental de la
Méditerranée.

- Développement des conquêtes (208-111)


L’appétit des conquêtes vient aux Romains : en Orient, Rome annexe la
Macédoine et la Grèce en Asie Mineure, hérite du royaume de Pergame en 129 et
institue la Province d’Asie. En Occident, Carthage redevenue prospère provoque la
troisième guerre punique (148-146). Carthage, vaincue, doit être complètement
détruite. Rome institue la Province d’Afrique. En outre, elle s’empare de Numance en
Espagne (133) et conquiert la Gaule méridionale, qui devient Province Narbonnaise,
pour contrôler les communications avec l’Espagne.

2. A l’intérieur : rupture de l’équilibre social


Le développement de l’esclave et la concurrence des produits venus des
provinces conquises provoquent la ruine des petits agriculteurs et la disparition de la
classe moyenne, entraînant la formation de très grandes propriétés (latifundia) et
l’enrichissement de la classe des chevaliers. C’est la source d’un déséquilibre social
qui menera aux guerres civiles.
Malgré les tendances aristocratiques du Sénat, le gouvernement reste
démocratique. Tous les citoyens peuvent avoir accès aux magistratures : les comices
tributes, qui votent la plupart des lois, prennent une importance croissante.

Deux tribuns, Tiberius et Caius Gracchus, s’efforcent de remédier au


déséquilibre social par des réformes dont certaines sont favorables aux pauvres :
réforme agraire, baisse du prix du blé ; d’autres sont favorables aux chevaliers : droit
de fournir les juges aux tribunaux, perception des impôts en Asie. Ils sont assassinés,
17
Tiberius en 133, Caius en 121, par les sénateurs qui ne veulent rien céder. La noblesse
paralyse les lois agraires. La mort des Gracchus est suivie d’une période de
gouvernement autoritaire du Sénat, jusqu’en 106.

c) Les Guerres Civiles (118-30 av. J.-C.)


A la fin du 2ème siècle et surtout au premier siècle avant le Christ, des hommes
ambitieux n’hésitent plus à commettre des actions illégales pour prendre le pouvoir
et abattre leurs rivaux, lutter contre l’autorité du Sénat et ruiner la République, ce qui
finira par faire tomber le pouvoir entre les mains du seul Octave-Auguste.
Toute l’histoire du premier siècle av. J.-C. est marquée par les problèmes suivants :

- Le besoin de recréer une classe moyenne pour freiner le pouvoir de la


noblesse ;
- L’ambition des chevaliers qui veulent davantage de pouvoir dans l’Etat ;
- Le désir des cités alliées d’obtenir le droit de cité romaine ;
- Le grand nombre et la condition misérable des esclaves ;
- La pénurie des soldats qui résulte de la disparition de la classe moyenne ; elle
appelle une réforme de l’armée.
1. Epoque de Marius et Sylla
a) Marius
Caius Marius né à Cereatae en 156/157 près d’Arpinum, décédé à Rome en 86
av. J.-C., fut général et homme politique romain. Plébéien, il rompt avec Metellus,
l’un des chefs aristocrates, et se pose en champion du peuple. En 107 av. J.-C., il
obtient le consulat et le commandement de l’armée d’Afrique ; il constitue une
véritable armée de métier, grâce à laquelle il vient à bout de Jugurtha (105), des
Teutons à Aix (102) et des Cimbres à Verceil (101). Mais le parti aristocratique
reprend l’avantage avec Sylla, qui, vainqueur en Orient, marche sur Rome (88).
Marius doit alors s’exiler en Afrique. Sylla étant reparti pour l’Orient, Marius rentre à
Rome (86) avec l’aide de Cinna. Consul pour la septième fois il meurt peu après.
Archias vint à Rome sous le consulat de Lutatius Catulus. Marius était un
chevalier, frère de Cicéron. Avec la rivalité Marius-Sylla, Rome entra dans une
longue période de cent ans dominée par des guerres civiles (Pompée-César ; Octave-
Antoine ; Marius-Sylla).

b) Sylla

Lucius Cornelius Sylla, général et homme politique romain (138-78) est de la


gens Cornelia. Il mena une vie d’esthète débauché. Légat de Marius en Numidie, il
réussit à se faire livrer Jugurtha en 105. Cela lui valut la jalousie de Marius. Il mit fin
à la guerre sociale par sa victoire sur les Samnites, qui étaient des « Alliés » révoltés,
et leur fait accorder le droit de cité (90-98).

18
Nommé alors consul en 88, il obtient du Sénat la conduite de la guerre contre
Mithridate. Mais le tribun P. Sulpicius le fit destituer de sa charge au profit de
Marius. Informé de cela, il rentre à Rome et fait abolir les lois de Sulpicius Rufus et
assassiner le tribun, tandis que Marius s’enfuit en Afrique. Ensuite, il partit
combattre Mithridate et remporta beaucoup de victoires en Asie, en Grèce. Chaque
victoire s’accompagnait de pillage. Avec un immense butin, il débarqua à Rome en
83 avec son armée après la mort de Marius en 86. Il mena la guerre contre les
partisans de Marius pendant un an (83) et les ayant vaincus, proscrits et massacrés en
cette année, il se rendit maître (dictateur avec nouvelle constitution) de Rome en 82.
Il faisait vendre à l’encan les biens des proscrits. Nommé dictateur à vie par la « lex
Valeria », il se fit donner le titre de « Felix » pour souligner les faveurs lui accordées
par les dieux et tenta d’instaurer un nouveau régime monarchique impérial. Il
réforma la constitution au profit de l’aristocratie, son parti politique, et limita les
pouvoirs des tribuns. En 79, il renonça à tous ses pouvoirs et se retira à Cumes où il
mourut en 78.

2. Epoque de Pompée et César (73-44 av. J.-C.)

La lutte entre Marius et Sylla terminée, le Sénat, au lieu de pouvoir rétablir le


régime républicain, est obligé de mener plusieurs guerres, donc de dépendre de
généraux ambitieux. Ces guerres sont les suivantes :

- 74-63 : Lucullus, puis Pompée, mènent la seconde guerre contre Mithridate.


- 73-71 : Pompée et Crassus luttent contre les esclaves révoltés, entraînés pat
Spartacus.
- 72 : Guerre pour mater la révolte de l’Espagne : Pompée.
- 67 : Guerre contre les pirates en Méditerranée : Pompée.
- 63 : Pompée met fin à la guerre contre Mithridate, Catilina, vaincu par
Cicéron aux élections consulaires, tente un coup d’Etat ; Cicéron le démasque.

Ces généraux couverts de gloire aspirent à un pouvoir personnel.

60 : Pompée, Crassus et César s’entendent secrètement pour un partage


d’influence : c’est le premier triumvirat non officiel.

59 : César est consul. Il fait voter des lois agraires, mesures favorables aux gens
du peuple.

58 : les Comices tributes lui donnent le proconsulat en Gaule Cisalpine et en


Illyrie pour 5 ans ; le Sénat lui accorde la même fonction en Gaule Norbonnaise pour
5 ans également. C’est cette année-là qu’il commence la conquête de la Gaule.

55 : Pompée et Crassus sont consuls. Crassus meurt en 53.

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52 : Pompée est consul unique, gardien de l’ordre public, il est décidé à
empêcher César de redevenir consul.

49 : César qui n’a pas pu faire prolonger son mandat de proconsul, rentre à
Rome illégalement avec son armée, en chasse Pompée, le bat en Grèce en 48, et défait
également ses partisans en 45. Il prend peu à peu tous les pouvoirs, en s’appuyant
sur le peuple.

Etapes de son ascension

48 : consul.

47 : dictateur pour 1 an et consul pour 5 ans.

46 : dictateur et consul pour 10 ans, préfet des mœurs pour 3 ans.

44 : Dictateur à vie.

Il s’efforce de donner au peuple pain et travail ; il protège les provinciaux, dont


il fait entrer les représentants au Sénat. Mais le parti de Pompée reprend vie (Brutus
et Cassius) et fait assassiner César le jour des Ides de Mars 44.

Cette fois encore, le retour au fonctionnement normal du régime républicain est


impossible parce que le parti de César veut continuer dans la ligne du grand
dictateur.

3. Epoque d’Octave et Antoine

Tout d’abord, Cicéron cherche à diviser les Césariens en persuadant les


républicains de soutenir Octave, petit-neveu et fils adoptif de César, contre Antoine,
ami du dictateur. Octave lève une armée privée, Antoine est battu en 43.

Octave alors réclame le consulat, qui lui est refusé. Il marche sur Rome, se fait
élire et obtient des pouvoirs extraordinaires qui en font le maître de Rome.

Antoine s’entend avec Lépide pour lutter contre Octave. Mais comme Octave a
d’autres ennemis, Brutus et Cassius, héritiers de Pompée, il préfère se réconcilier
avec Antoine et Lépide. Ils se font nommer triumvirs pour 5 ans en 43. C’est le
second triumvirat, fonction officielle cette fois. Brutus et Cassius sont vaincus à
Philippes en 42. En 43, Cicéron avait été une des victimes de la réconciliation.

Les triumvirs se partagent les attributions du pouvoir : Antoine gouverne


l’Orient, Octave l’Occident, Lépide l’Afrique, selon un accord conclu à Brindes.

Les années écoulées, le triumvirat est renouvelé, mais en 36, Lépide est déposé
pour avoir comploté contre Octave. Antoine qui réorganise l‘Orient, travaille en

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réalité au profit de la reine d’Egypte, Cléopâtre. Il répudie sa femme Octavie, sœur
d’Octave. Octave déclare la guerre à Cléopâtre. La bataille d’Actium, en 31, voit la
victoire d’Octave, la mort d’Antoine et de Cléopâtre. L’Egypte est annexée.

Octave, avant de livrer cette guerre, s’était fait prêter serment de fidélité par
l’Italie et les provinces. Le 16 janvier 27, le Sénat lui accorde le titre d’Augustus qui
devient son nouveau nom.

CHAP. VI. LA RELIGION A ROME


Voici comment se présente l’arbre théogonique romano-grec :

La terre Le Ciel(Uranus)

Douze Titans dont,

Cronos (Saturne) Rhéa (Cybèle)

Aphrodite
Hestia Poséidon Hadès Déméter Zeus Héra
(Vénus)
(Vesta) (Neptune) (Pluton) (Cérès) (Jupiter) (Junon)

Athéna Apollon Artémis Hermès Dionysos


Arès Héphaïstos
(Minerve) (Apollon) (Diane) (Mercure) (Bacchus)
(Mars) (Vulcain)

A toutes les époques, même à la fin de la République, la religion domine et


interprète toutes les formes de la vie publique, c’est-à-dire la vie politique et la vie
militaire.

« C’est par la religion, affirme Cicéron, que nous avons vaincu l’univers ». Ainsi, par
exemple, dans leur signification première, toutes les fêtes romaines sont des fêtes
religieuses : par les luttes, les courses, les représentations théâtrales, … le Romain
veut réjouir l’âme des dieux, se les rendre favorables et capter leur énergie un instant
incarnée dans les divers actes de la fête.

La religion sous la République est placée sous la surveillance du Sénat. Et le


peuple romain est profondément polythéiste. On le voit s’assimiler au cours des âges

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plusieurs divinités étrangères appartenant aux peuples vaincus. C’est ainsi que
plusieurs dieux grecs ont été romanisés.

Il existe plus de 30 000 divinités adorées dans Rome antique. Il en existe douze
considérées comme les plus importantes et habitant l’Olympe.

L’Olympe était une haute montagne de Thessalie, sur la cime de laquelle les
Grecs avaient placé le séjour des dieux.

Ceux-ci y menaient une existence de délices, se nourrissant d’ambroisie et de nectar,


et conservant une éternelle jeunesse, bien que leurs corps fussent vulnérables aux
armes des hommes.

Les douze grands dieux appelés dieux conseillers (di consentes), de l’Olympe
sont :

Dieux romains Forces et idées représentées Attributs


Jupiter Ciel et Toute-Puissance Aigle, sceptre, foudre
Junon Ciel et Mariage Paon, grenade
Minerve Intelligence Chouette, égide, olivier
Apollon Soleil et Arts Arc, lyre
Diane Lune, Chasse, Chasteté Croissant, arc, biche
Mercure Commerce, Eloquence Ailes, caducée
Vulcain Feu (forgeron) Enclume, marteau
Vesta Foyer (Protectrice de la ville) Flamme
Mars Guerre Casque, armes
Vénus Amour et Beauté Colombe
Cérès Terre et Fécondité Gerbe, faucille
Nepturne Mer Trident, cheval

- Pales : génie protecteur des bergers et des troupeaux.


- Priapus : dieu protecteur des jardins et des fruits.
- Proserpina : déesse des enfers, femme de Pluton.
- Quirinus : Confondu avec Mars et avec Romulus déifié.
- Saturnus : Fondateur de la race latine, dieu des semences.
- Tallus : déesse des semenses et des moissons.
- Vertumnus : dieu des saisons et du commerce.
- Plutus : dieu de la richesse.

22
- Vaticanus : dieu qui préside aux premiers cris de l’enfance.
- Themis : déesse de la justice.
- Hebe : déesse de la jeunesse.
- Hecate : déesse de la magie.
- Hymen : dieu du mariage.
- Lucina : déesse de la lumière.
- Mnemosyne : déesse de la mémoire et mère des muses6.
- Pam : dieu des bergers et des champs.
- Protée : dieu de la mer.
- Rumina : déesse adorée près du figuier où Romulus et Remus avaient été
allaités par une louve.
- Suada : déesse de la persuasion.

Par ailleurs, innombrables étaient les dieux domestiques qui présidaient aux
actes les plus minimes. Les plus importants étaient le Genius qui était attaché à
chaque individu, les Pénates et les Lares, protecteurs de la maison. En outre, il faut
distinguer nettement la religion familiale et la religion de la cité.

Le culte familial (sacra privata) s’adressait principalement aux lares, les dieux
du foyer, et aux Mânes, les âmes des ancêtres héroïsées. C’étaient les dieux tutélaires
de la famille. Il faut ajouter les Pénates (penates), qui étaient plutôt les génies
protecteurs de la maison, du ménage. C’est devant le lararium, une petite chapelle de
l’atrium, souvent surélevée, qu’on rendait un culte à ces dieux familiaux. Le pater
familias assisté de ses fils et de ses filles accomplissait les rites, formulait les prières et
offrait en sacrifice du vin, du miel et des fruits.

De même que, dans la maison, le foyer est le centre de la vie familiale, ainsi
dans le culte de la cité (sacra publica), un feu perpétuel était entretenu dans le vieux
temple de Vesta, déesse du foyer, par six prêtresses appelées vestales ; elles juraient
de ne pas se marier et de rester pendant trente ans au service de la déesse. Si elles
manquaient à leur serment ou si elles laissaient s’éteindre le feu (ce qui passait pour
un présage de malheur), elles étaient enterrées vives. Les Lares de la ville étaient
Romulus et Remus. Les Pénates publici veillaient à l’approvisionnement de la cité.

Le centre du culte officiel était le Capitole, où se trouvait le temple de Jupiter


(Jupiter optimus, Maximus capitolinus).

Les magistrats, à l’origine le roi, sous la république, les consuls ou le dictateur,


étaient seul qualifiés pour offrir aux dieux des sacrifices au nom de l’Etat.
Généralement, ils se faisaient assister des prêtres. Ceux-ci étaient des fonctionnaires
6
Muses (lat. musae) : nom donné aux neuf divinités (muses) gréco-romaines des arts et des lettres : 1) Euterpe :
musique ; 2) Polymnie : hymnes (poésie lyrique) ; 3) Terpsichore : danse ; 4) Calliope : éloquence ; 5) Thalie :
comédie ; 6) Erato : poésie érotique (élégie) ; 7) Uranie : astronomie ; 8) Clio : histoire ; 9) Melpomène : tragédie.

23
chargés de remplir les devoirs de la cité à l’égard de ses dieux et de maintenir en
honneur les rites traditionnels.

Ces flamines (prêtres) étaient nommés, pour un temps déterminé, par un


collège de grands-prêtres à la tête desquels se trouvait le pontifex maximus (le grand
pontife). C’est lui aussi qui désignait les vestales.

Par ailleurs, les dieux et les déesses des romains sont entourés de beaux récits
mythiques, généralement empruntés chez les Grecs, que l’on ne peut épuiser. Nous
pouvons citer quelques-uns.

1. Cronos (Saturne) : il dévorait ses fils à mesure qu’ils naissaient. Quand Zeus
vint au monde, Rhéa trompa Cronos en lui présentant une pierre emmaillotée
et sauva ainsi son fils. Devenu grand, Zeus détrôna Cronos, qu’il l’obligea à
restituer les enfants qu’il avait engloutis, et se partagea l’univers avec ses deux
frères, se réservant les cieux et attribuant à Poséidon l’empire des mers, et à
Hadès celui des régions souteraines. Mais Zeus eut encore à lutter contre les
Titans, qu’il précipita dans le Tartare ; contre les géants, issus du sang
d’Ouranos, enfin contre le monstre Typhocus, fils de Gaia et du Tartare, qui
fut foudroyé et enseveli sous Etna.
2. Héra (Junon) : elle est souvent en conflit avec son époux qu’elle tente un jour
d’enchaîner, et qui la suspend à son tour dans les airs. Elle exerce trop de
vengeances sur ses rivales : elle persécute IO métamorphosée en vache, cause
la mort de Sémélé, mère de Dionysos, poursuis Héraclès, fils d’Alcmène ;
s’efforce d’empêcher l’accouchement de Léto. Contre cette dernière, Junon
lança un serpent monstrueux, le python. Mais Léto mettra au monde Diane et
Apollon. Ce dernier, encore enfant, tuera le python dans son antre, à Delphes,
où il rendait des oracles. Il le remplace par un oracle qui représente ses
paroles. Pythie est la prêtresse renommée d’Apollon, qui rendait ces oracles à
l’époque de Socrate.
3. Athéna ou Pallas (Minerva) : fille de Zeus, sortie toute armée de la tête de son
père qu’Héphaïstos avait fendue d’un coup de hâche. Elle change Arachné en
araignée pour l’avoir surpassé dans l’art de tisser.
4. Artémis ou Phoibé (Diane) : sœur d’Apollon, déesse de la chasse et des forêts,
elle parcourt les bois avec ses flèches, ses chiens, et son cortège des nymphes.
Belle et vierge, elle exige la virginité de ses prêtresses et de ses adorateurs. Elle
punit le chasseur Actéon qui l’avait surprise au bain, en le changeant en cerf
et en le faisant dévorer par ses chiens. Elle fait mortellement piquer d’un
scorpion Orion qui avait osé porter la main sur elle.
5. Hermès (Mercure) : Fils de Zeus et de Maïa, né sur le mont Cyllène. Tout
enfant, il déroba les bœufs d’Apollon, fabriqua la première lyre avec une

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carapace de tortue et en fit don à Apollon. Devenu le messager de Zeus, il
remplit de délicates missions.
6. Arès (Mars) : Fils de Zeus, dieu brutal et amoureux du carnage. Mais il se fit
aimer d’Aphrodite, se fut surprendre par l’époux de celle-ci, Héphaïstos, qui
enserra les deux amants dans un filet aux mailles invisibles et les exposa à la
risée des dieux.
7. Héphaïstos (Vulcain) : fils de Zeus et d’Héra, contrefait et boiteux. Il est mal
vu de ses parents qui le jettent du haut de l’Olympe. Il tombe dans l’île de
Lemnos ou au fond de l’océan où il reste neuf ans. Revenu à l’Olympe, il
épouse Aphrodite. Il y a sa forge où il fabrique pour les dieux des objets
merveilleux et même des êtres animés.
8. Aphrodite : elle est la personnification de la beauté féminine. Aussi quand
Héra, Athéna et elle, sur le mont Ida, firent le concours de beauté, c’est à elle
que le berger Pâris, pris pour arbitre, décerne la pomme, la fameuse pomme
de discorde.
9. Hadès (Pluton) : son empire communique par certains passages avec la terre.
Mais il est entouré par les fleuves infernaux : le Styx, par lequel les dieux ne
jurent jamais vainement, l’Achéron, le Pyriphlégéton, le Cooyte. Lorsque les
âmes des morts conduites par Hermès Pychopompe arrivent au sombre bord,
elles rencontrent d’abord le chien Cerbère, à la triple gueule, qui flatte ceux
qui entrent, mais dévore ceux qui tenteraient de sortir. Puis le vieux rocher
Charon, moyennant le paiement d’une obole, leur fait franchir dans sa barque
les fleuves infernaux. Ensuite, elles sont conduites devant les trois juges des
enfers : Minos, Eaque, Rhadamanthe, trois rois légendaires auxquels la
réputation de justice a valu ce poste d’honneur. Les justes sont envoyés dans
l’Elysée ou l’île des bienheureux. Les méchants sont jetés dans les ténébreux
Tartare : c’est là que les grands coupables subissent leur châtiment, que
Sisyphe pousse son rocher, qu’Ixion tourne sur sa roue enflammée, que Tityos,
fils de Jupiter, est dévoré par deux vautours, que Tantale voit les fruits et l’eau
reculer sans cesse devant sa faim et sa soif inextinguibles.
10. Neptune : règne sur les mers et sur les fleuves ; armé de son trident, il
déchaîne les tempêtes ou calme les flots, assisté d’Ecole, le dieu des vents. Il a
les chevaux marins qui le traînent en char sur les vagues.

25
CHAP. VII. L’EMPIRE ROMAIN
1. D’Auguste à Commode (27 avant – 192 après Jésus-Christ)
a) Les Julio-claudiens

Il s’agit de la dynastie qui a succédé à Auguste, de 14 à 68 après Jésus-Christ.


Ces quatre successeurs immédiats d’Auguste (Tibère, Caligula, Claude et Néron)
appartiennent par naissance ou par adoption, à sa famille. Ils descendent de Livie,
femme d’Auguste, par son premier mari Claudius Nero : d’où le nom de la dynastie
« julio-claudienne ».
Le premier empereur de Rome fut en effet Octave, le « princeps », le divin
« Auguste », titre jusqu’alors réservé aux dieux. Avec ce titre, tous les pouvoirs
répartis entre différents magistrats sont entre ses mains. Avec l’aide de Mécène et de
son gendre Agrippa, Auguste veut réparer le passé et organiser l’avenir.

A son actif, il a :
- Restauré la famille et la religion ;
- Créé une société hiérarchisée et une nouvelle armée ;
- Créé des organismes gouvernementaux (conseil du prince, préfets) ;
- Divisé Rome en 14 régions pour faciliter le cens et la perception de l’impôt ;
- Réorganisé l’administration des provinces, partagées en provinces sénatoriales
et provinces impériales ;
- Instauré le culte impérial : de son vivant, des temples lui sont élevés en
Orient ; à sa mort, les Romains lui rendent un culte par reconnaissance pour
un régime qui a donné au monde la paix romaine. Le règne d’Auguste (siècle
d’Auguste) apparaît comme l’une des périodes les plus brillantes de l’histoire
romaine.

Après la mort de tous les légitimes successeurs : Marcellus (25), Agrippa (12),
Drusus (9) et ses petits-fils Caius et Lucius César, Auguste adopte Tibère, fils de sa
femme Livie, pour lui succéder. Auguste meurt en disant : « Acta est fabula » (la
pièce est jouée).

1. Tibère (14-37)
Excellent général et juge sévère. Impopulaire, Tibère se retira dès 27 à Capri,
d’où il exerça une dictature sanguinaire. Parole historique : « Un bon berger tond son
troupeau et ne l’écorche pas ».
2. Caligula (37-41)
Seul fils épargné de Germanicus, ce demi-fou fut adopté par Tibère. Les
débuts furent sages ; mais il se livra très tôt à la griserie du pouvoir, aux caprices et à
de vaines prodigalités, jusqu’à faire manger son cheval à sa table et à vouloir qu’on le
nomme consul !

26
Parole historique : « Oderint dum metuant » (Qu’ils me haïssent pourvu
qu’ils me craignent).

3. Claude (41-54)
Forte organisation bureaucratique et début de la conquête de la Bretagne. Il fit
périr sa femme Messaline et la remplaça par Agrippine, qui l’empoisonna, après
avoir imposé son fils Néron comme héritier à la place de son propre fils Britannicus.
4. Néron (54-68)
Ce fils de l’empoisonneuse débauchée Agrippine est lui-même un monstre. Il
a eu de bons maîtres, Sénèque et Burrhus. Mais il a manqué de bon sens et de
mesure. Faux, hypocrite, débauché et cruel.
Il empoisonne Britannicus, tue sa mère et son maître Burrhus, enjoint à
Sénèque de se donner la mort. Il se construit la maison d’or, un palais au luxe
insensé.
En 64, il incendie dix de quatorze quartiers de Rome. Il détourna le soupçon
sur les chrétiens qui, transformés en torches vivantes, éclaireront une fête donnée
dans ses jardins du Vatican (64). Trois ans après, Saint Pierre et Saint Paul sont
martyrisés à Rome. Sur son lit de mort où il se faisait égorger par un affranchi, il dit
désespérément : « Qualis artifex pereo » (quel artiste meurt avec moi).

5. Galba, Othon et Vitellius (68-70)


Un règne anarchique de trois empereurs opposés.

b)Les Flaviens et Antonins (69-193)


6. Vespasien (69-79)
Caractère énergique et mœurs simples. Il pacifia la Judée, restaura l’Empire,
réforma le sénat et l’ordre équestre. C’est lui qui construit le colisée ou
« amphithéâtre flavien » et envoya Agricola, beau-père de Tacite en Bretagne.
Notons-le, le Colisée est le monument le plus prestigieux de la Rome antique : 48,
50m et avec la capacité actuellement parmi les grandes merveilles du monde.
Sous le règne de Vespasien, Jérusalem et son temple sont rasés par le prince
Titus (70). Vespasien meurt en 79, l’année de la célèbre éruption du Vésuve qui
engloutit Pompei, Herculanum et Stabies, avec ces paroles : « decet imperatorem
statem mori » (Il convient qu’un chef meurt débout).
Autres paroles : « Non olet ! » (Il n’a pas d’odeur !). A propos de l’argent
procuré par impôt sur les latrines publiques, les fameuses vespasiennes.

7. Titus (79-81)
Empereur très aimé, Titus fut un sage administrateur. C’est sous son régime
que Pompei et Herculanum furent détruits par l’éruption du Vésure en 79.
27
Son régime conduit la peste et l’incendie de nouveau Capitole.
8. Domitien (81-96)
Ce frère de Titus fut le nouveau Néron. Il succomba avec la complicité de sa
femme, sous le poignard. Le sénat abolit sa mémoire. Il avait poursuivi la conquête
de la Grande-Bretagne. Il déchaîna une persécution violente contre les chrétiens et es
stoïciens.
9. Nerva (janvier 96-98)
Il distribue des terres à cultiver aux plébéiens nécessiteux et arrête les persécutions
contre les chrétiens.
10. Trajan (98-117)

L’espagnol Trajan, ami à Pline le jeune, excellent administrateur et grand bâtisseurs,


passe pour le meilleur des empereurs romains. Par un rescrit, Trajan avait fixé la
procédure à observer à l’égard des chrétiens.

11. Adrien (117-138)


Il était un empereur pacifique et voyageur. Il organisa le régime impérial,
renonce à la Mésopotamie et dispersa les juifs hors de leur pays.
12. Antonin le Pieux (138-161)
Il améliora juridiquement la condition des humbles et embellit Rome de riches
monuments. Sa modération, son respect des cultes anciens de Rome et son
observation rigoureuse des rites lui valent le surnom de « Pius ».
13. Marc-Aurèle (161-180)
Voilà un stoïcien à une législation humanisante : il institua le Praetor tutelaris,
chargé de surveiller la tutelle des orphelins. Mais les chrétiens sont persécutés
(martyre de sainte Blandine et compagnons à Lyon).
14. Commode (180-192)
C’est un prince débauché et indigne. Une conjuration met fin à sa tyrannie le 31
décembre 192. Le sénat abolit sa mémoire.

2. Le Bas-Empire (192-376)
Le régime, qui a vu succéder peu à peu au pouvoir suprême des affranchis et
des hommes d’origine barbare, connaît de longs moments d’anarchie ; des empereurs
tentent un partage du pouvoir pour éviter l’éclatement, mais alors que l’Empire
d’Occident finit par tomber de sa décadence et des coups répétés des Barbares.

28
a) Crise du troisième siècle (192-284)

La dynastie des Sévères (192-235) se caractérise d’abord par l’absolutisme


militaire (192-235). Les empereurs successifs sont Septime-Sévère, Caracalla, Elagabal
et Alexandre-Sévère. En 212 Caracalla promulgue un édit de droit de cité à tout
homme libre habitant l’empire. Elle dégénéra ensuite en archie militaire (235-268).
C’est l’époque des premières invasions germaniques dans l’empire, de la guerre des
Parthes. Le christianisme progresse ; Dèce le persécute.

Les Illyriens : Auréliens (270-275) redressent la situation et ramène la paix.


Dioclétien (284-305) donne à l’empire le caractère d’une monarchie orientale absolue ;
il associe 4 personnes à la direction de l’Empire, mais cette tétrarchie échoue : elle se
constituait de Dioclétien, Maximin, Galère et Constance Chlore. Dioclétien persécute
systématiquement les chrétiens.

b) Dislocation de l’Empire (305-476)

Constantin (305-361) prend le pouvoir à la suite d’une guerre civile ; il


centralise très fort le pouvoir, il bâtit Constantinople, qui devient la capitale de
l’Empire en 330.
En 313, il promulgue l’édit de Milan qui accorde la liberté de culte aux chrétiens. A
l’extérieur, il poursuit la lutte contre les Barbares.
Julien l’Apostat (361-383) essaya, mais en vain, de rénover le paganisme et fit
entrer des Barbares dans l’armée après avoir lutté contre eux.
Théodose (386-395) est le dernier à régner sur tout l’empire, il partage entre ses
fils, Arcadius et Honorius en 395. Il fait du christianisme la religion d’Etat.
Au 5èmesiècle, de plus, les Barbares pénètrent dans l’Empire. En 476, Odoacre,
Chef barbare détrône le dernier empereur, Romulus Augustule et met ainsi fin à
l’Empire Romain d’Occident.

1. Les cadres de la société


Comme sous la république, la société romaine sous l’Empire se répartit en
deux cadres : les citoyens et les non-citoyens. Cependant, les citoyens sous l’Empire
sont répartis en Honestiores (les riches) et Humiliores (les pauvres). Quant aux non-
citoyens, ils sont formés des affranchis et des esclaves. Les critères de hiérarchisation
est la richesse. Et sur cette base, les citoyens romains forment deux ordres :
a) Les citoyens : l’on distingue ici :
- L’ordo senatorius : formé des citoyens possédant un million de sesterces. Leur
rôle dans la société est honorifique : exercer les anciennes magistratures
républicaines.
- Ordo equester : (à ne pas confondre avec l’ordo equester sous la République)
formé de citoyens possédant 400 000 sesterces. C’est la noblesse officielle

29
exerçant les charges nouvelles. Outre ces deux ordres, aux citoyens de la Rome
impériales se rattachent aussi les clients, qui, comme sous la Royauté ou la
République, sont seulement des prolétaires.
b) Les non-citoyens : les esclaves de la Rome impériale sont des « homines » et
non des « res ». Leur sort est plus humain. Grâce aux empereurs, les esclaves
libres ou affranchis peuvent devenir citoyens par la restitutio natalium en leur
conférant le jus commercii.
2. Les organes du gouvernement
Le gouvernement romain devient une sorte de monarchie qui tâche de
conserver le régime républicain. En effet, l’Empire a vu le jour avec Octave. Son
régime repose sur deux faits :
- La concentration des dignités et des pouvoirs républicains entre les mains
d’un seul homme, à savoir le Prince en personne. De la sorte, les organes du
gouvernement connaîtront un grand changement. On le voit porter plusieurs
titres. Il est Imperator (Commandant de l’Armée), Sacrosanctus (inviolable),
Princeps (le premier à s’être inscrit dans l’album sénatorial), Pontifex maximus
(pour ses pouvoirs religieux), Pater patriae (un peu à la manière de Cicéron, il
est le père de la nation), Augustus (titre religieux et cognomen des empereurs,
en tant que descendants des dieux).
- La création de nouveaux organes d’administration relevant de lui seul.

Ainsi par exemple, les magistratures républicaines deviennent impuissantes et


n’ont plus de pouvoir réel. Le conseil en est chargé pour deux ou quatre mois
seulement au lieu d’une année. En outre, la carrière politique dite cursus honorum
débute par le vigintivirat pour les fonctions civiles et le tribunat militaire pour des
fonctions militaires.
Tandis que les comices perdent leur pouvoir législatif, le sénat est pris en
otage. Il est formé de six cents membres choisis par le Prince lui-même. Leur rôle est
très vil :
- Faire les lois ;
- Elire les magistrats.
Voici les différents organes du régime impérial :

2.1. L’empereur
L’avènement d’Auguste est en fait la restauration du pouvoir monarchique
avec la concentration des dignités et des pouvoirs républicains entre les mains du
Prince.
L’empereur est l’autorité suprême du gouvernement. Seul, il décide de
tout sans consulter le sénat.

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Le premier de l’empire, l’empereur regroupe en sa personne les pouvoirs
suivants :

a) Pouvoirs politiques
Il reçoit le pouvoir législatif et judiciaire par la lex de imperio et le pouvoir des
tribuns par la lex de tribunicia potestate, nomme les fonctionnaires et recrute le
Sénat.
b) Pouvoirs militaires : l’empereur a :
- Le commandement des armées ;
- Tous les pouvoirs dans les provinces impériales ;
- Le droit de surveillance dans les provinces sénatoriales,cela, conformément au
jus proconsulare.

c) Pouvoirs financiers : il assure la gestion du trésor public.


d) Pouvoir religieux : En tant que Grand Pontife et descendant des dieux, il est le
chef de la religion nationale.
2.2. Le consilium Principis : C’est une sorte de conseil privé organisé par
Auguste pour préparer les projets de loi, dont la composition a varié.
2.3. Le Sénat : Auguste en a accru l’importance au détriment des comices. En
effet, le Sénat exerce avec l’empereur le pouvoir législatif et collabore
même avec lui au gouvernement de l’empire puisqu’il a un pouvoir
administratif et financier sur les provinces sénatoriales.
2.4. Les comices : Auguste les a conservés comme toutes les autres institutions
républicaines. Mais ils disparaîtront dès Tibère, étant donné que leur
pouvoir électoral est annihilé par la recommandation et que leur pouvoir
législatif est paralysé par le veto de l’empereur.
2.5. Les magistrats : Ce n’est plus qu’une charge honorifique. Les différentes
magistratures sont minutieusement hiérarchisées (cursus honorum).
Cependant, la réalité du pouvoir tend à passer aux grands fonctionnaires :
- Les préfets du prétoire : (praefecti praetorio) : d’ordre équestre, chef de la
garde impériale et des garnisons de Rome et de l’Italie, les premiers après
l’empereur qu’ils suppléent à la présidence du conseil et dans ses fonctions
judiciaires (il y eut généralement, par prudence, deux préfets du prétoire). Ils
jouent le rôle de vice-empereur.
- Le préfet de la ville (praefectus urbi) : d’ordre sénatorial, il est chargé de la
police et de l’administration urbaine avec une charge compétente judiciaire. Il
a sous ses ordres la milice urbaine ;

- Le préfet des vigiles : chargé de la police nocturne et des incendies ;

31
- Le préfet de l’aumône : il veille à l’approvisionnement de Rome ;
- Les curateurs : à eux sont confiés les services des eaux, des bâtiments et des
routes.
- Dans les provinces impériales, préfets et procurateurs, choisis dans l’ordre
équestre. Provinces impériales (provinciae Caesaris) encore mal soumises où
campent les légions. Les gouverneurs sont des délégués de l’Empereur (legati
Augusti pro praetore) et non des magistrats. Ils conservent leur fonction
autant qu’il plaît à l’Empereur.

ADDENDUM

I. MOTS HISTORIQUES
1. Non olet ! (Il n’a pas d’odeur !), au sujet de l’argent procuré par un impôt sur
les latrines publiques (Vespasien).
2. Decet imperatorem stantem mori ! (Il convient qu’un chef meure debout !)
dernière parole de Vespasien (Vespasien).
3. Qualis artifex pareo ! (Quel artiste meurt avec moi !) dernière parole de
Néron (Néron).
4. Un bon berger tond son troupeau et ne l’écorche pas : Tibère
5. Oderint dum metuant ! (Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me eraignent !)
(Caligula).
6. Acta est fabula (La pièce est jouée), dernière parole d’Auguste sur son lit de
mort) (Auguste).
7. Cedant arma togae (Que les armes cèdent à la toge, c’est-à-dire : que le
pouvoir militaire soit subordonné au pouvoir civil) (Cicéron).
8. Alea jacta est ! (Le dé est jeté), lors du passage du Rubicon (César).
9. Veni, vidi, vici ! (venu, vu, vaincu !)au retour d’une guerre-éclair de 5 jours
contre le fils de Mithridate Pharnace (César).
10. Tu quoque fili ! (Toi aussi, mon fils !) (quand César aperçut Brutus au
premier rang de ses meurtriers) (Prononcé en grec kai su teknon !) (César).
11. Je n’ai qu’à frapper par la terre du pied : il en sortira de légions (Pompée).
12. Delenda Carthago ! (Il faut détruire Carthage !) (Caton l’Ancien).
13. Nous (les chrétiens) ne sommes que d’hier, et déjà nous remplissons vos
cadres …, le palais, le sénat, le Forum (Tertullien).

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II. L’ENFANT ROMAIN
L’enfant romain est reconnu par son père au « dies lustricus » (huitième jour
pour les filles et neuvième jour pour les garçons).
En ce jour, le pater familias ou son digne représentant soulève l’enfant de terre
(tollere filium) pour le reconnaître et le prend dans ses bras.
Au cas contraire, l’enfant est exposé et voué à la mort. Le puer a désormais
autour du cou une bulle, porte une toge prétexte et on lui donne un praenomen.
En effet,le praenomen désigne la personne au sein de la famille ; le nomen
gentilicium désigne la gens ; le cognomen (surnom) désigne la famille au sein de la
gens.
A ces trois noms s’ajoutait parfois l’agnomen (titre personnel ou trace d’une
adoption). Le garçon romain est appelé progressivement infans (0 à 7 ans), puer (7 à
17 ans), senior (46 à 60 ans) et aetate provectus (après 80 ans).
La jeune fille quant à elle, s’appelle virgo ou puella jusqu’à son mariage. Elle est
appelée uxor au mariage, mater familias ou matrona (mère de famille) et enfin anus
(vieille femme).

III. EXPRESSIONS LATINES

1) Amare parentes prima naturae lex (aimer les parents est la première loi de la
nature).
2) Bis dat qui cito dat (celui qui donne vite donne deux fois)
3) Carpe diem (mets à profit le jour présent) (Horace).
4) Cedant arma togae = Cicéron : que les armes laissent place à la toge
(gouvernement civil).
5) Divide et impera : divise pour régner.
6) Dura lex, sed lex : (la loi est dure mais c’est la loi).
7) Fronti nulla fides : ne jamais se fier aux apparences.
8) Ira furor brevis est : la colère est une courte folie.
9) Manu militari : par la force armée, par la force.
10) Medice, cura te ipsum : médecin, guéris-toi toi-même.
11) Mens sana in corpore sano (Juvénal) : un esprit sain dans un corps sain.
12) Mors certa, hora mortis incerta : la mort est certaine, mais l’heure de la mort.
est incertaine.
13) Ne puero glaudium dederis : on ne donne pas l’épée à un enfant.
14) Nil novis sub sole (Salomon) : rien de nouveau sous le soleil.
15) Non omnia possumus omnes : nous ne pouvons tous faire toute chose.
16) Non progredi est regredi : qui n’avance pas recule.

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17) Non scholae, sed vitae discimus : nous n’étudions pas pour l’école mais pour
la vie.
18) Oderint dum metuant : qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent
(Caligula).
19) Qui scribit, bis legit : celui qui écrit, lit deux fois.
20) Quot homines, tot sententiae : autant d’hommes, autant d’opinions.
21) Requiescat in pace : qu’il repose en paix.
22) Sine die : renvoyé aux calendes grecques.
23) Tarde venientibus ossa : aux tard venus les os = ceux qui viennent tard à table
ne trouvent que des os.
24) Vade in pace : va en paix.
25) Verba volant, scripta manent : les paroles s’envolent mais les écrits restent.
26) Vox populi, vox Dei : la voix du peuple c’est la voix de Dieu.
27) Qui bene amat bene castigat : qui aime bien châtie bien.
28) Silent leges inter arma : pas de lois en temps de guerre.
29) Nascitur poeta, fit orator : on naît poète, on devient orateur.
30) Homo ad duas res, ad intellegendum et agendum natus est (Cicéron) :
l’homme est né pour deux choses : réfléchir et agir.
31) Hodie tibi, cras mihi : aujourd’hui t’appartient et demain sera mon tour.
32) Modus vivendi :la manière de vivre, les règles du jeu.

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IV. CALENDRIER ROMAIN

Mars, Mai, Juillet, Janvier, Août, Avril, Juin, Septembre, Février (28 jours ;
Octobre (31 jpours) Décembre (31jours) Novembre (30 jours) année bissextile : 29)
1 Kalendis Martiis Kal. Ianuariis Kal. Aprilibus Kal. Februariis
2 a.d. VI a.d. IV a.d. IV a.d. IV

Non.

Non.
Non.

Feb.
Ian.

Ian.
Mart.
Non.
3 a.d. V a.d. III a.d. III a.d. III
4 a.d. IV pridie Non. Ian. pridie Non. Apr. pridie Non. Febr.
5 a.d. III Nonis Ian. Nonis Aprilibus. Nonis Febr.
6 pridie Non. Mart. a.d. VIII a.d. VIII a.d. VIII

Idus Februarias.
Idus Ianuarias.

Idus Apriles.
7 Nonis Mart. a.d. VII a.d. VII a.d. VII
8 a.d. VIII a.d. VI a.d. VI a.d. VI
Idus Martias.

9 a.d. VII a.d. V a.d. V a.d. V


10 a.d. VI a.d. IV a.d. IV a.d. IV
11 a.d. V a.d. III a.d. III a.d. III
12 a.d. IV pridie Id. Ian. pridie Id. Apr. pridie Id. Febr.
13 a.d. III Idibus Ian. Idibus Aprilibus Idibus Febr.
14 pridie Idus Mart. a.d. XIX a.d. XVIII a.d. XVI
15 Idibus Mart. a.d. XVIII a.d. XVII a.d. XV
16 a.d. XVII a.d. XVII a.d. XVI a.d. XIV
17 a.d. XVI a.d. XVI a.d. XV a.d. XIII
18 a.d. XV a.d. XV a.d. XIV a.d. XII
Kalendas (du mois suivant)

19 a.d. XIV a.d. XIV a.d. XIII a.d. XI

Kalendas Martias
Kalendas (du mois suivant)

Kalendas (du mois suivant)

20 a.d. XIII a.d. XIII a.d. XII a.d. X


21 a.d. XII a.d. XII a.d. XI a.d. IX
22 a.d. XI a.d. XI a.d. X a.d.VIII
23 a.d. X a.d. X a.d. IX a.d. VII
24 a.d. IX a.d. IX a.d.VIII a.d. VI
25 a.d.VIII a.d.VIII a.d. VII a.d. V
26 a.d. VII a.d. VII a.d. VI a.d. IV
27 a.d. VI a.d. VI a.d. V a.d. III
28 a.d. V a.d. V a.d. IV pr. Kal. Martias
29 a.d. IV a.d. IV a.d. III
30 a.d. III a.d. III pridie Kal. (du mois
31 pridie Kal. (du mois pridie Kal. (du mois suivant)
suivant) suivant)

Trois jours du mois avaient un nom spécial :


Kalendae (Kal.) = le 1er jour du mois.
Nonae(Non.) = le 5ème jour, mais le 7ème de mars, mai, juillet, octobre.
Idus (Id.) ) le 13ème jour, mais le 15ème de mars, mai, juillet, octobre.

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1) Jusqu’à la réforme du calendrier par Jules César, les Romains se servaient
d’une année lunaire de 355 jours, tous les mois avaient une durée de 29 jours,
à l’exception de mars, mai, juillet, octobre, qui avaient 31 jours, et de février,
qui n’en comptait que 28. Pour mettre cette année d’accord avec l’année
solaire, on intercalait tous les deux ans, après le 23 février, alternativement 23
et 22 jours ; on y ajoutait les 5 jours qui restaient après le 23 février et au total
de 27 ou 28 jours ainsi obtenu, on donnait le nom de mensis intercalaris ou
mercedonius.
Lorsqu’au 1er janvier 45 (709 de Rome), le calendrier Julien entra en vigueur,
les mois eurent désormais le même nombre de jours que maintenant ; tous les 4 ans
on intercala un jour après le 6ème des calendes de mars : a.d. bis VI Kal. Mart., d’où le
nom d’année bissextile. La réforme grégorienne du calendrier date de 1582.
Il faut remarquer que la majeure partie de la correspondance de Cicéron est
antérieure à la réforme de César.
Kalendis Ianuariis (Kal. Ian.) = le 1er janvier.
Nonis Decembribus (Non. Dec.) = le 5 décembre.
Idibus Martiis (Id. Mart.) = le 15 mars.
2. Les autres jours du mois étaient indiqués d’après ces trois jours ; mais ils se
comptaient à rebours, en y comprenant le jour même à partir duquel on compte. La
veille des calendes, des ides et des nones se marque par pridie et l’accusatif : pridie
Kalendas Frebruarias, le 31 janvier ; pridie Idus Ianuarias, le 12 janvier.

Le jour précédent s’appelait le troisième avant les calendes, les ides et les nones,
c’est-à-dire le troisième, y compris le jour même des calendes, etc. En remontant le
mois, on disait à la question quando : pridie, tertio quarto, quinto (ante) Nonas
Martias.
Mais, pour une espèce d’inverion, on disait plus souvent : ante diem octavum
Kalendas Decembres ; et on écrivait : a.d. VIII Kal. Dec., le 8ème jour avant les calendes de
décembre, c’est-à-dire le 24 novembre.
En considérant cette expression comme un seul mot, on la fait précéder des
prépositions in et ex : in ante dies octavum et septimum Kalendas Octobres comitiis
dicta dies (Liv. 43,16), on fixa les comices au 8ème et au 7ème jour avant calendes de décembre,
c’est-à-dire au 24 et au 25 septembre.
3. Pour transposer dans notre calendrier une date du calendrier Romain, il suffit
de défalquer le chiffre donné dans la date, du jour où tombent les nones ou les
ides + 1, et s’il s’agit des calendes, du nombre de jours contenus dans le mois +
2:
le 3ème des ides d’octobre = 15 + 1 -3 = 13 octobre ;
le 5ème des nones de juillet = 7 + 1-5 = 3 juillet ;
le 4ème des calendes de novembre = 31 + 2-4 = 29 octobre.

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Remarque. - Le jour civil des Romains, qui servait à fixer les dates, s’étendait de
minuit à minuit. Leur jour naturel, compris entre le lever et le coucher du soleil, était
partagé en 12 heures. La durée de ces heures variait avec les saisons. La fin de la 6 ème
heure,sexta, coïncidait toujours avec midi. A l’équinoxe, prima se terminait à 7
heures de notre cedran ; secunda, à 8h. ; tertia, à 9h. ; duodecima, à 6h. du soir.
La nuit était partagée de même en 12 heures ou en quatre veilles de trois
heures chacune. La prima vigilia commençait au coucher du soleil ; la tertia, à minuit.

V. GEOGRAPHIE DE L’ITALIE ET DE L’EMPIRE ROMAIN

CHAP. Ier. L’ITALIE

I. HAUTE ITALIE

Avant l’époque impériale, le nom d’Italie ne s’appliquait pas à la plaine du


Pô, mais seulement à la longue péninsule où s’étendent les Apennins. Plus tard,
l’Italie comprit tout le pays situé entre les Alpes et les Apennins, donc aussi la vallée
du Pô.

La PLAINE DU PO, longtemps occupée par les Gaulois et appelée Gaule


cisalpine jusqu’en 42 av. J.-C, se divisait en deux parties : au Nord du fleuve, la Gaule
transpadane, capitale MILAN ; au sud du fleuve, la Gaule cispadane, capitale,
RAVENNE. La Gaule cispadane fut appelée Emilie (Aemilia) ; elle devait ce nom à la
via Aemilia qui la traversait.

A l’est se trouvait la VENETIE, entre les Alpes carniques et la côte nord de


l’Adriatique, avec deux villes importantes : AQUILEE et PADOUE (Patavium).
Encore un peu plus à l’est, le petit pays de l’ISTRIE, capitale POLA.

A l’ouest, la LIGURIE était un pays montagneux, couvert d’épaisses forêts ;


ses habitants agriculteurs ou bergers, descendaient d’une population antérieure aux
invasions celtiques ; ils étaient renommés pour leur rudesse laborieuse. Il n’y eut
longtemps aucune ville importante. Puis s’y élevèrent TURIN (Augusta Taurinorum)
et GENES (Genua). Des colonies grecques de Marseille, comme MONACO
(Monoecos) et NIE (Nicaea), s’étendaient sur la côte.

II. ITALIE CENTRALE

L’Italie centrale est traversée d’un bout à l’autre par la chaîne des Apennins.
Les plaines situées sur le versant sud-ouest des montagnes, vers la mer

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Tyrrhénienne, sont les plus favorisées que celles du nord-est ; plus étendues et plus
tempérées. C’est aussi de ce côté que se trouvent les principaux fleuves ; ceux-ci
mêmes sont peu considérables.

L’ETRURIE (Toscane), pays de collines propre à la culture et au sous-sol riche en


cuivre (volaterra et populonia), était habitée par les Etrusques avant la conquête
romaine. VELES (VEII) fut pour Rome, toute proche, une puissance rivale. Bien
d’autres villes s’y élevaient dès l’époque ancienne : PISE et FIESOLE (Faesulae), au
nord ; PEROUSE (Perusia), TARQUINIES (Tarquinii), FALERES (Falerii, pays des
Falisques), CAERE. FLORENCE, colonie militaire, bâtie au premier siècle av. J.-C.,
devint sous l’empire la ville la plus peuplée d’Etrurie.

C’est en Etrurie que se trouve le lac TRASIMENE illustré par la victoire


d’Hannibal.

L’OMBRIE, séparée de l’Etrurie par le Tibre, est un pays en grande partie


montagneux, mais où quelques anciens lacs desséchés forment des plaines très
fertiles. Quelques petites villes : GUBBIO (Iguvium) où furent trouvées en 1444 des
inscriptions en langue ombrienne (« Tables Eugubines » ; ASSISE (Asisium),
SPOLETE (Spoletium).

Le PICENUM est un pays de riches plaines ; à partir de 380, il possède sur


l’Adriatique le port très florissant d’ANCONE.

LA SABINE, région montagneuse au nord-est et à l’est de Rome, possède à


la fois un climat rude et un sol pauvre ; mais ses habitants étaient courageux et
endurcis à la fatigue. Principales villes : REATES, CURES (patrie de Numa
Pompilius), AMITERNE, SULMONE. Dans la Sabine se trouve ce lac FUCIN, que
l’empereur Claude entreprit de dessécher en dérivant ses eaux dans la rivière Liris.

LE LATIUM, comprend les environs de Rome et le pays s’étendant au sud-


est. Sa superficie ne dépassait pas d’abord 400Km² (kilomètres carrés) (moins que le
département de la Seine). Les marais semblent avoir été dans l’antiquité moins
étendus qu’ils ne le furent dans la suite. Villes principales : ALBE, qui existait avant
Rome, mais fut détruite par les Romains (665 av. J.-C.), LANUVIUM, FIDENES,
VELLETRI (Velitrae), TIVOLI (Tibur), PRENESTE, TUSCULUM (où beaucoup de
riches Romains avaient des maisons de campagne).

Dans le Latium agrandi habitaient, outre les Latins, plusieurs autres peuples :
les Volsques, les Herniques, les Aurunci.

Le SAMNIUM est un pays montagneux, d’accès difficile (la via Appia y


pénètre par le défilé des FOURCHES CAUDINES) ; la capitale Maleventum fut
appelée plus tard Beneventum.

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La CAMPANIE comprenait de vastes territoires cultivés où les Romains
établirent des colonies. La capitale, CAPOUE, fondée avant l’arrivée des Romains, est
très peuplée et puissamment fortifiée. Autres villes : NOLE, CASILINUM,
ATTELLA. De nombreuses colonies grecques étaient établies sur le littoral : NAPLES
(Neapolis) placée dans l’un des plus beaux sites du monde, CUMES (cumae),
POUZZOLES (Puteoli), SORRENTE (Surrentum), SALERNE (Salernum),
HERCULANUM et POMPEI, ces deux dernières englouties par l’éruption du Vésuve
en 79 ap. J.-C.

III. ITALIE MERIDIONALE

L’APULIE est un pays de plaines s’étendant entre le Samnium et l’Adriatique.


Villes principales. LUCERIE, ASCULUM, VENOUSE (Venusia), CANNES (Cannae)
célèbre par la victoire d’Hannibal.

La MESSAPIE (ou Calabria) la presqu’île rocheuse qui forme le talon de la


botte italienne. Sa capitale TARENTE, puissante colonie grecque, la plus florissante
de l’Italie méridionale, était habitée par une population opulente et amolie par le
luxe. BRINDES (Brundisium) était, comme aujourd’hui, le point d’aboutissement de
lignes de navigation importantes. C’était là qu’on abordait en venant de Grèce à
Rome, et l’on trouvait à Brindes l’extrémité de la voie Appienne.

La LUCANIE : pays situé entre la mer Tyrrhénienne et la mer Ionienne ; des


deux côtés se trouvaient de nombreuses colonies grecques. PAESTUM est surtout
célèbre par les ruines de ses temples doriques, et ses roserdies. Autres villes :
METAPONTE, HERACLEE.

Le BRUTTIUM (actuelle Calabre) forme l’extrémité de la presqu’île italienne.


Là encore, les colonies grecques étaient nombreuses. Sybaris les surpassait toutes par
la richesse, mais aussi par le caractère efféminé de ses habitants. Elle fut détruite en
510 av. J.-C. par les Crotoniates, mais, en 443av.J.-C., les Grecs y fondèrent une
nouvelle colonie appelée THURII. Autres villes : REGGIO (Rhegium) en face du
détroit de Messine, CROTONE, LOCRES.

IV. ITALIE INSULAIRE

La SICILE avait été de bonne heure colonisée par les Grecs ; elle était toute
pénétrée de civilisation grecque quand Rome s’en empara et en fit une province
romaine en 241. C’étaient des villes grecques et la plus belle de toutes, SYRACUSE.
Celle-ci possédait deux ports et se divisait en cinq quartiers qu’on appelait cinq
villes.

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L’intérieur du pays était, comme aujourd’hui, très fertile en froment. La Sicile
produisait une énorme quantité de blé et, par là, servait à l’approvisionnement de
Rome.

La SARDAIGNE (Sardinia) était considéré à tort par les anciens comme la


plus grande île de la Méditerranée ; en réalité, elle est moins étendue que la Sicile.
Presque aussi fertile en froment que celle-ci, elle était réputée insalubre et formait un
séjour peu enviable, malgré sa prospérité. Ses habitants, en partie de race
phénicienne, avaient une fâcheuse renommée. Un seul bon port, CAGLIARI
(Caralis), au sud.

La CORSE (Corsica), rude, hérissée de bois et de forêts, peu productive, sans routes
et sans cultures, était réputée pour la sauvagerie de ses habitants, leur défiance à
l’égard des étrangers. Sous l’empire, Sénèque et plusieurs autres personnages y
furent relégués.

CHAP. II. L’EMPIRE ROMAIN

I. ESPAGNE

L’Espagne avait été peu connue des Grecs, sauf en quelques points de ses
côtes. Les Romains la conquirent ; mais ses montagnes offraient des ressources aux
vaincus pour la guerre de guérillas ; sous la conduite de Sertorius, les habitants
purent tenir longtemps en échec leurs vainqueurs, comme plus tard leurs
descendants usèrent les armées de Napoléon.

Le pays était surtout riche en mines (argent, cuivre et fer), mais d’une fertilité
très inégale. Les régions montagneuses en occupent une grande partie ; les vallées,
surtout celles du midi, produisaient une belle et riche végétation : palmiers et plantes
tropicales, vignes, oliviers, figuiers, etc. L’Espagne possédait de bonnes races
d’animaux domestiques : ânes, porcs, moutons.

Les Romains y fondèrent de nombreux établissements, construisirent des


routes à travers toute la péninsule, et laissèrent de nombreux monuments
d’architecture dont il subsiste malheureusement peu de chose.

L’Espagne se composait de trois parties, embrassant un territoire trois fois


plus grand que celui de la péninsule italienne : la TARRACONAISE du nord, la
BETIQUE au sud, la LUSITANIE (à peu près le Portugal actuel)à l’ouest. On
distinguait aussi l’Espagne citérienne et ultérienne : en deça ou au-delà de l’Ebre (par
rapport à Rome).

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Parmi les ports, le plus célèbre était Gadès (auj. Cadix) situé sur l’Occan et
qu’on citait proverbialement comme l’extrémité du monde connu. Un établissement
phénicien y avait été fondé de bonne heure, peut-être vers 1100 av. J.-C.

CARTHAGENE (Carthago nova), fondée par le Carthaginois Hasdrubal en


242 av. J.-C., était munie de solides fortifications ; mais, port de commerce autant que
place de guerre, elle conserva sa prospérité sous la domination romaine. C’était la
plus grande ville de l’Espagne citérieure.

A l’est de l’Espagne, les îles BALEARES, peu étendues, mais fertiles, furent
possédées successivement par les Phéniciens, les Carthaginois et les Romains. Ses
habitants étaient surtout renommés pour leur habileté à manier la fronde.

II. GAULE

Depuis l’époque de César, on désignait communément sous ce nom le pays


compris entre le Rhin, les Alpes et les Pyrénées. Sa structure naturelle faisait
l’admiration du géographe grec Strabon. La direction des vallées et des cours d’eau
formait une route commerciale facile, et la situation de la Gaule en faisait un lieu de
passage fréquenté.

La fertilité d’un sol aux ressources complémentaires (terres à blé vers le nord,
terres propres à la culture de la vigne et de l’olive au sud) en faisait un objet d’envie.
Certains métaux (fer, plomb, argent, or) s’y trouvaient en abondance. Mais les forêts
couvraient encore une grande partie du territoire et y avait aussi beaucoup de
marais.

Les Romains occupèrent d’abord au sud une large bande de terrain, chemin
nécessaire vers leur province d’Espagne. Elargi, il devint la « province » qui
s’étendait au nord jusqu’au Rhône et au lac Lénan ; enfin César conquit tout le reste.

Au temps de César, la Gaule comprit, outre « province », trois parties


principales : BELGIQUE, entre le Rhin et la Seine ; CELTIQUE, de la Seine à la
Garone AQUITAINE, au sud de la Garonne.

A partir d’Auguste, l’ancienne « province » s’appelle NARBONNAISE ;


l’AQUITAINE s’étend au nord de la Garonne presque jusqu’à la Loire ; l’espace
compris entre le Rhône la Loire et le Nord de la Seine s’appelle GAULE
LYONNAISE, tandis que la BELGIQUE comprend le bassin de la Meuse et celui du
Rhin.

PRINCIPALES VILLES

LUTECE n’était qu’une petite ville d’importance secondaire, longtemps


limitée à l’île qui a gardé le nom de cité. LYON était la capitale de la Gaule. C’était

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une colonie romaine fondée en 43 av. J.-C. par L. Munatius Plancus, sur la colline
actuellement appelée Fourvière. Son développement fut extrêmement rapide et elle
atteignit un haut degré de prospérité. Les grandes voies romaines de la Gaule y
aboutissaient. Elle était en même temps le centre politique où l’on célébrait des fêtes
solennelles à l’ « autel de Rome et d’Auguste », autel établi par Drusus en 12 ap. J.-C.,
au confluent de la Saône et du Rhône.

NARBONNE (Narbo), bien plus considérable qu’aujourd’hui, était déjà le


centre d’un grand commerce de vins ; elle resta florissante vendant tout l’empire,
quoique la fondation de Lyon l’ait fait passer au second rang.

Autres villes principales : AIX (Aquae Sextiae), NIMES, protégée d’Auguste,


VIENNE, voisine et rivale de Lyon, maîtresse d’un vaste territoire et riche en objets
d’art, AUTUN (Augustodonum), BORDEAUX (Burdigala).

FREJUS (Forum Julii) possédait un des ports les plus vastes de toute la Méditerranée,
plus spacieux même que celui de Marseille. Une flotte romaine y séjournait ; son rôle
était analogue à celui du port militaire de Toulon.

MARSEILLE, fondée vers 600 par les Phocéens, fut longtemps une ville toute
grecque et même d’une des plus florissantes de la Méditerranée. Amie des Romains,
elle garda le titre d’alliée et une indépendance assez réelle jusqu’à la guerre civile où
elle fut prise par César, en 49, après un long siège.

III. AUTRES PROVINCES D’EUROPE

GERMANIE. – Au nord du Rhin et au nord du Danube supérieur


s’étendait la Germanie, terre pauvre et couverte d’immenses forêts, acquisition peu
souhaitable, mais menace perpétuelle par les millions d’hommes qu’elle recélait. Les
Romains tentèrent à plusieurs reprises de la conquérir pour se préserver des
invasions barbares. N’ayant pu y réussir, ils donnèrent le nom de GERMANIE
SUPERIEURE et de GERMANIE INFERIEURE aux contrées de la Gaule Belgique
avoisinant le cours supérieur et le cours inférieur du Rhin. Les populations qui
l’habitaient étaient en partie germaines, mais en partie aussi celtiques.

I. LES BRITANNIQUES. – Les anciens connaissaient assez mal l’Irlande


(Hibernia) et l’Ecosse (Caledonia, Britannia barbara). Les Romains
colonisèrent l’Angleterre actuelle (Britannia romana).

César y fit deux expéditions (55 et 54 av. J.-C.). Mais elle fut conquise
seulement au premier siècle ap. J.-C. (en 43 et en 85). En 122, Hadrien fit construire
au nord un immense rempart, afin de protéger la province romaine contre les
barbares qui habitaient la partie septentrionale de l’île.

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Les auteurs latins décrivent le climat anglais comme humide et brumeux, ce
qui n’a pas beaucoup changé ; cependant l’humidité devait être autrefois encore plus
grande qu’aujourd’hui : les forêts et les marais étaient alors plus étendus.

Une grande partie du sol était en pâturages ; la culture du blé était peu
développée, au moins avant l’arrivée des Romains. Les mines, surtout celles d’étain
en Cornouailles, étaient connues des Phéniciens bien des siècles avant l’ère
chrétienne et furent très tôt à l’origine d’un commerce international par mer ou à
travers la Gaule.

La civilisation romaine se répandit rapidement en Bretagne. De nombreux


monuments en sont encore la preuve : temples, amphithéâtres, murs de fortifications,
basiliques, thermes, luxueuses villas, vastes manufactures.

LONDRES (Londrinium) était la plus grande ville commerciale, au temps de


Tacite. Fondée d’abord au nord de la Tamise, elle s’étendit ensuite sur les deux rives
et était à peu près aussi vaste à l’époque romaine qu’au moyen âge.

La route qui joignait Londres à la côte se divisait à CANTORBERY


(Durovernum) en plusieurs tronçons dont l’un aboutissait au port de
DOUVRES (Dubris), un autre à RICHBOROUGH (Rutupiae), célèbre pour ses huîtres
qu’on exportait en conserves jusqu’à Rome. YORK (Eburacum) fut le quartier général
de l’armée romaine.

PROVINCES DANUBIENNES. – Danube forma, à partir du temps


d’Auguste, la frontière nord de l’Empire. Le long du fleuve se trouvaient les
provinces suivantes, en allant de l’ouest à l’est : VINDELICIE (Vindelicia), RETIE
(Raetia), NORIQUE (Noricum), PANNONIE (Pannonia), les premières surtout
montagneuses, la dernière comprenant de vastes plaines qui passaient pour
infécondes et sont pourtant aujourd’hui parmi les plus fertiles d’Europe.

Des camps fortifiés surveillent la rive ennemie et protégaient la population


romaine. Les restes de CARNUNTUM (Deutsch Altenburg, non loin de Vienne) font
bien comprendre ce qu’étaient ces villes frontalières.

ILLYRIE (Illyricum, Dalmatica). - Plus tranquille et plus sûre, l’Illyrie


s’étendait entre ces provinces et la mer Adriatique. Son port de Dyrrachium était le
lieu ordinaire de débarquement pour les passagers qui venaient de Brindes.

MESIE. – A l’est de l’Illyrie, la Mésie (Moesia superior et inferior) suivait le


cours du bas Danube et s’étendait sur une partie du rivage du Pont-Euxin. Conquise
en 72 av. J.-C. par M. Lucullus, la ville de TOMES reçut le poète Ovide exilé par
Auguste, vers 10 ap. J.-C.

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DACIE. – Durant quelque temps (107-210 ap. J.-C. environ), la Mésie ne fut
plus frontière de l’Empire : les Romains possédaient au-delà du Danube une autre
province, la Dacie (Dacia superior et inferior), conquise par Trajan en 107. Vers 210,
sous Aurélien, force fut d’abandonner la Dacie dont le nom fut donné à une partie de
la Mésie. Cependant la civilisation romaine était assez solidement implantée pour
que se maintienne dans ce pays (aujourd’hui Roumanie) une langue latine.

THARCE. – Partie nord-est de la péninsule des Balkans, peuplée de tribus


guerrières et cruelles, puis colonisée par les Grecs. On ignore à quelle époque elle
devient province romaine.

GRECE ET MACEDOINE. – Elles deviennent provinces romaines en 146. La


Grèce, province romaine, porte le nom d’Achaïe.

IV. PROVINCES D’ASIE

ASIE PROPREMENT DITE (Asia). – Les Romains appelaient ASIE la patrie


occidentale de l’Asie mineure : ils y formèrent une province avec l’ancien royaume
de PERGAME (légué par Attale III en 130av. J.-C. ) et les colonies grecques de la côte
et des îles voisines.

Outre d’importantes villes grecques comme PHOCEE, EPHESE, MILET, c’est


là que se trouvait l’ancienne TROIE (aujourd’hui Hissarlik) située près des rivières
appelées Xanthe (ou Scamandre) et Simoïs. On y a trouvé les restes de villes
superposées (sept et même neuf au dire des archéologues). L’une d’elles (la sixième,
à ce que l’on croit) est la Troie homérique. La plus récente est une colonie romaine
qui y avait été fondée en souvenir d’Enée.

PONT. – le Pont, qui s’étale en fer à cheval le long de la côte, est beaucoup
plus favorisé de la nature que les pays environnants. Quoique situé au nord de la
Cappadoce, il a un climat plus doux. La végétation y est abondante ; vignobles,
vergers, blés, prairies, forêts verdoyantes contrastent avec l’aridité d’une grande
partie de l’Asie mineure. Bien d’autres richesses y abondent : gibier, pêches fluviales
et maritimes. Carrières de marbre, de calcaires, de sel gemme, mines de fer, cuivres
d’argent.

Ancien royaume de Mithridate, patrie d’un des plus grands ennemis de


Rome, le Pont devient à son tour province romaine, mais seulement en 63 après J.-C.
La patrie occidentale avait été réunie à la Bithynie dès 64 av. J.-C.

BITHYNIE. – Située au nord-ouest de l’Asie mineure, elle nous est bien


connue par les lettres de Pline le Jeune à Trajan. Ses terres étaient fertiles, mais
traversées de montagnes boisées.

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Principale villes : PRUSE, NICOMEDIE, HERACLEE, NICEE.

On appelle PAPHLAGONIE la partie de la côte nord de l’Asie mineure qui


s’avance le plus vers la mer. Son port de SINOPE, occupé par une colonie grecque
eut une grande importance au temps de Xénophon : les flottes de Sinope étaient
maîtresses du Pont-Euxin. Plus tard la ville fut occupée par une colonie romaine.

GALATIE. – A l’Est de la province d’Asie, se trouvait un pays de hauts


plateaux, de montagnes et de pâturages, renommé pour ses troupeaux de moutons et
de chèvres. Il devait son nom aux Gaulois ou Galates, qui s’y étaient établis au
IIIème siècle av. J.-C., après avoir traversé, dans une immense invasion, presque
toute l’Europe.

CAPPADOCE. – Plus à l’est encore : la Cappadoce, montagneuse comme la


Galatie et, comme elle, pays de pâturages plus que de culture ; on y élevait surtout
des chevaux et des moutons. Le climat était rude, les étés très chauds, les hivers très
froids.

LYCIE ET PAMPHYLIE. – Ces contrées forment la partie ouest des côtes


méridionales de l’Asie mineure. C’étaient, la Lycie surtout, des pays tout hellénisés
quand les Romains en firent une province romaine. La PISIDIE, territoire
montagneux au nord de la Pamphylie, fit partie de la même province.

CILICIE. – Quoique bande de terre assez étroite, resserrée entre la mer, la


chaîne de TAURUS (au nord) et celle de l’AMANUS (à l’est), elle a une grande
importance : elle commande l’entrée de l’Asie mineure par les défilés des PORTES
CILICIENNES (ciliciae Portae, Pylae) ; et quand les Parthes, éternels ennemis de
l’Empire, avaient franchi l’Euphrate, c’était là qu’on pouvait espérer les arrêter.

La Cilicie, particulièrement bien connue par la correspondance de Cicéron


(année 51 et 50 av. J.-C.), comprenant, dans un espace relativement restreint, des pays
très différents : d’après montagnes (Cilicia trachea) et des plaines fertiles où l’on
récoltait froment, vin, huile, etc.

Placée sur la grande route commerciale qui faisait communiquer l’Orient et


l’Occident, la Cilicie était enrichie aussi par les visiteurs qu’elle attirait. Sa capitale
Tarse fut fréquentée comme centre intellectuel.

L’île de CHYPRE, célèbre dans l’antiquité pour ses mines de cuivre et pour son
vin, fit d’abord partie de la province de Cicilie ; plus tard, elle forma une province
séparée.

SYRIE. – Elle se divise en trois parties :

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1. Au nord, la SYRIE proprement-dite, en partie protégée par l’EUPHRATE. Les
villes principales, y sont : DAMAS, l’une des plus belles villes du monde,
entourée d’une luxuriante végétation qui contraste avec l’aridité des régions
voisines ; ANTIOCHE, capitale du pays à l’époque des Séleucides ;
PALMYRE, la « ville des palmiers », située dans une oasis ; ses ruines ; encore
imposantes, ont été souvent célébrées.
2. Plus au sud, la PHENICIE (Phoenice) ainsi nommée à cause de ses premiers
colonisations. Villes principales TYR et SIDON, très anciennes et autrefois très
riches cités commerciales, mais bien moins prospères à l’époque romaine ;
BEYROUTH (Berytus) où exista, au temps de l’empire, une université
renommée surtout pour l’enseignement du droit.
3. La PALESTINE. - Elle forma à diverses reprises une province spéciale,
gouvernée par un procurator, puis par un legatus. A JERUSALEM, le temple,
embelli par Hérode, formait un spectacle grandiose ; construit en marbre blanc
avec des revêtements et des ornements d’or, il éblouissait le voyageur qui, à
un détour de la route, le voyait apparaître soudain.

ARABIE. – Dans cette vaste péninsule, les Romains possédèrent seulement


une très petite partie, voisine de la Syrie, l’ARABIE PETREE, capitale PETRA. Cette
ville était importante comme centre de commerce pour les caravanes apportant
certains produits recherchés des Indes et de l’Extrême-Orient, tels que le poivre et le
cinname.

ARMENIE. – Située au-dessous du Caucase, elle fut tantôt conquise, tantôt


vendue. Laissée à des rois amis de Rome ou réduite en province, elle ne fut jamais
pleinement incorporée à l’Empire.

MESOPOTAMIE. – C’est la région située entre le Tigre et l’Euphrate (MESOS


« qui est au milieu », POTAMOS « fleuve »). Sa conquête subit aussi beaucoup de
vicissitudes. Elle fut plutôt un lieu de combat perpétuel qu’une acquisition véritable.

V. PROVINCES D’AFRIQUE

EGYPTE. – L’Egypte, dit Hérodote, est un « don du Nil ». En effet, c’est à ce


fleuve qu’elle doit sa fécondité. La partie fertile n’est qu’une longue bande de terrain,
détrempée chaque année par les inondations, enrichie par les dépôts de limon
qu’elles laissent en se retirant. Des deux côtés s’étend un désert aride.

On divise l’Egypte en trois parties : BASSE EGYPTE ou Delta, partie voisine


de la Méditerranée et la plus commerçante, EGYPTE CENTRALE et HAUTE
EGYPTE (ou THEBAÏDE) ; c’est dans cette dernière que s’étendaient les vastes
solitudes où les anachorètes chrétiens se retirèrent. Dans l’antiquité, un canal faisait
communiquer la Méditerranée avec la mer Rouge, non par l’isthme de suez mais

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parle Nil. Grâce à la fécondité de son sol, l’Egypte devient une des provinces qui
faisaient à Rome les plus importantes provisions de blé. Aussi quand, au moment
d’une famine, Trajan envoya du froment dans ce pays, le fait parut tout à fait
surprenant.

Bien avant la Grèce, l’Egypte possédait une civilisation très avancée, dont
témoignent encore ses monuments étranges et grandioses, pyramides, sphinx, statues
colossales, temples qui sont des forêts de colonnes. A partir du temps d’Alexandre,
elle adopte la langue et la culture helléniques. Les fragments de papyrus que ses
sables livrent par milliers sont le plus souvent couverts d’écriture grecque. Enfin
quand l’Egypte fut passée sous la domination romaine, bien des éléments romains y
pénètrent ; mais elle reste plus grecque que latine.

Ses anciennes cités subsistaient encore au temps des Grecs et des Romains.
HELIOPOLIS dans la Basse Egypte, MEMPHIS gardant son immense enceinte de
murailles, THEBES moins vaste qu’autrefois mais encore habitée. Toutes ces villes
furent éclipsées par la splendeur et la richesse d’ALEXANDRE. Fondée par
Alexandre dans une situation particulièrement favorable, elle prit un rapide
développement et fut bientôt une des villes commerciales les plus importantes de la
Méditerranée en même temps qu’elle était le centre intellectuel du monde grec.

AFRIQUE PROPREMENT DITE. – Le nom d’Africa s’appliquait


spécialement chez les Romains à la province formée de l’ancien territoire de
Carthage (actuelle Tunisie).

CARTHAGE, colonie de Phéniciens fondée vers le IXème siècle av. J.-C.,


surpassa bientôt tous les autres établissements de cette race. A l’époque de sa lutte
contre Rome, c’était une place forte de premier ordre en même temps qu’une
populeuse et très riche cité commerciale. Certaines parties de son enceinte
comprenaient jusqu’à trois lignes de murailles, dont chacune avait environ quinze
mètres de hauteur.

Il y avait deux ports : en avant le port marchand dont l’entrée pouvait être fermée
par des chaînes de fer ; en arrière le port militaire au milieu duquel s’élevait une île
où résidait l’amiral. Tout autour de ce second bassin et de l’île, les quais portaient des
loges pouvant contenir 220 vaisseaux. Détruite par Scipion en 146 av. J.-C., elle fut
relevée en 122 par C. Gracchus qui y fit envoyer une colonie romaine. C’est surtout à
partir du 1er siècle de l’ère chrétienne que sa propriété reprit ; au IIIème et au IVème
siècles, elle fut la ville la plus peuplée de l’Afrique romaine.

Autres villes fameuses : UTIQUE (Utica), la plus grande ville après Carthage,
HADRUMETE et THAPSUS, ports excellents bien que de faibles dimensions, sur la
côte est.

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AUTRES PAYS

1. LYBIE. A l’ouest de l’Egypte s’étendait une contrée aride et rocheuse de Lybie


(mot qui désigna aussi tout le continent africain). Elle se divise en
MARMARIQUE et CYRENAÏQUE. Cette dernière a pour capitale CYRENE,
colonie grecque, puis romaine, patrie de plusieurs philosophes grecs.
2. PAYS DES SYRTES (actuelle Tripolitaine). Plus à l’ouest s’ouvre un golfe
profond, appelé aujourd’hui encore la GRANDE SYRTE. Des colonies
phéniciennes s’élevèrent sur les bords : les trois principales étaient LEPTIS,
OEA et SABRATHA. La province romaine dont elles firent partie fut appelée
TRIPOLIS (trois villes). C’est l’ancienne province qui porte aujourd’hui le nom
de Tripoli.
3. NUMIDIE (plus MAURETANIE CESARIENNE) : pays qui s’étend du
territoire de Carthage et qui correspond à peu près à l’Algérie actuelle. Ses
hautes montagnes, ses collines rocheuses, ses vastes plateaux étaient habités
par des populations nomades ; d’où le nom de Numides. La capitale Cirta
(actuelle Constantine) se dressait, haute et presque imprenable, derrière la
gorge profonde où coulait la rivière Ampsaga. Elle fut restaurée par
Constantin.
4. MAURETANIE (plus tard Maurétanie tingitane, c’est-à-dire de Tanger) est la
contrée la plus à l’ouest de l’Afrique du Nord et correspond au Maroc actuel.
Région fertile et peuplée, mais qui semble avoir été peu sûre et dont les
Romains occupèrent surtout les côtes, en vue d’assurer la sécurité des côtes
espagnoles. Un grand port avait servi d’escale aux navigateurs carthaginois
avant d’être occupé par les Romains, TINGS (Tanger).
5. ETHIOPIE. - Le nom d’Ethiopiens (Aethiopes) a souvent, chez les auteurs
anciens, un sens très vague et on l’applique à tous les habitants de terres
méridionales très éloignées. Dans un sens moins indéterminé, l’Ethiopie
désigne le pays situé en Afrique au-delà de l’Egypte (Haut Nil).

LA VILLE DE ROME

SITUATION. - Rome s’étendait sur les « sept collines » (Palatin, Capitole,


Aventin, Quirinal, Viminal, Esquilin, Caelius) et la partie avoisinante. Placée au bord
du Tibre, non loin de la mer, à peu près au centre de l’Italie et de la méditerranée, elle
était dans une situation exceptionnellement favorable à la capitale d’un grand
empire : port fluvial et ville de « premier pont » sur le Tibre, c’était un carrefour des
grandes routes naturelles d’Italie, à peu près également distant de Brindes, de
Reggio, de Turin et d’Aquilée.

48
BIBLIOGRAPHIE

1. DUMORTIER, M.J., Civilisation romaine, Manuel de Realia pour la 5ème et la


6ème littéraire, Editions Loyola, 1993.
2. HACQUARD, G., DAUTRY, J. et MAISANI, O., Guide romain antique, Paris,
Hachette, 1952.
3. Laurand, L., et Lauras, A., Manuel des études grecques et latines, Tome II, Paris,
Edition A. et J. Picard et Cie, 1955.
4. Gariel, A., Dictionnaire Latin-Français, Paris, Hatier, 1960.
5. Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, Tome 8, Paris 1984.
6. Gaston KANKOLONGO MUPOYI, Le Latin en 6ème Littéraire, Kinshasa, CRP,
2007.
7. JANSSENS, J. & VAN DE VORST, CH., douzième édition, Grammaire Latine,
Liège, Dessain, 1927.

49
TABLE DES MATIERES

CHAP I. LA NAISSANCE LEGENDAIRE DE ROME ................................................................. 1


CHAP. II. LA ROME ROYALE (753-509 av. J.-C.) ........................................................................... 4
CHAP. III. LA REPUBLIQUE ROMAINE (509-27 av. J.-C.) ........................................................... 6
CHAP. IV. CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS SOUS LA REPUBLIQUE ET L’EMPIRE . 11
CHAP. V. CRISES DE CROISSANCES, GRANDES CONQUETES ET GUERRES CIVILES
(509-30 av. J.-C.) .................................................................................................................................. 16
CHAP. VI. LA RELIGION A ROME ............................................................................................... 21
CHAP. VII. L’EMPIRE ROMAIN ..................................................................................................... 26
ADDENDUM ..................................................................................................................................... 32
I. MOTS HISTORIQUES .................................................................................................................. 32
II. L’ENFANT ROMAIN ........................................................................................................................ 33
III. EXPRESSIONS LATINES .................................................................................................................. 33
IV. CALENDRIER ROMAIN .................................................................................................................. 35
GEOGRAPHIE DE L'ITALIE ET DE L'EMPIRE ROMAIN …………………………………......37

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................. 49
TABLE DES MATIERES………………………………….………………………………………….39

50

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