Sujet d'Odre General Sami

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de façon pertinente : « Un très grand nombre de candidats ne mobilisent que des faits

issus d’une actualité très récente, d’autres plaquent littéralement des références
apprises sur tel ou tel domaine (l’État, l’école, la justice…) sans même faire l’effort
minimal de les raccrocher au sujet, sans vrai recul, sans mise à distance ou perspective
» (rapport du jury EN3S 2013).

Exercice 3
Ayant à traiter le sujet « La solidarité intergénérationnelle », quels exemples vous
paraissent étayer son existence et quels autres exemples peuvent vous aider à soutenir
la thèse adverse ?
(Voir corrigé pages 55-57).
Pour rendre plus agréable la lecture de la copie, on peut d'ailleurs jouer sur la place
respective de l'idée maîtresse et de l'exemple. Si la démarche la plus courante consiste
à faire suivre l'idée de l'exemple, on peut aussi, parfois, procéder à l'inverse et faire
précéder l'idée par l'exemple.

La première démarche, dite déductive, conduit à passer de l'idée à l'exemple grâce à


des mots de liaison comme « donc, c'est ainsi que, par conséquent, voilà pourquoi »,
etc. (car la transition de l'idée à l'exemple mérite d'être soignée). La seconde démarche,
dite inductive (la pensée va des faits à la théorie), conduit à utiliser des formules
comme : « Ce malheureux exemple prouve... », « Ces faits donnent raison à ceux qui
estiment que... »

Il découle de ces derniers paragraphes qu'une copie offrant un catalogue d'exemples est
totalement proscrite et, de fait, sévèrement sanctionnée au concours. Par « catalogue
d'exemples », les correcteurs entendent une copie dont les exemples se succèdent les
uns après les autres sans que l'argumentation ait avancé, où ces derniers ne viennent
pas illustrer et étayer une argumentation mais s'y substituer.

3. La valeur intrinsèque des exemples


Les correcteurs sont également sensibles à l’effort que fait le candidat pour
sélectionner ses exemples, car tous n'ont pas la même valeur. Ceux qui figurent dans
une copie de concours ont pour objectif implicite de montrer que le candidat possède
un bon niveau de culture générale. Mais, du point...
2. Seconde catégorie de sujet
La seconde catégorie de sujet porte sur des problématiques de société plus vastes
intéressant le domaine social, économique, culturel, etc. L’énoncé s’apparente alors
davantage au sujet de culture générale classique. Mais leur champ d’analyse n’est pas
dépourvu de lien avec les problématiques auxquelles sont confrontés les pouvoirs
publics, aussi bien sur le plan national que local.
Plusieurs épreuves de composition font référence à ce type de sujet :
« Composition portant sur un sujet relatif à l'évolution des idées et
des faits politiques, économiques, sociologiques et culturels en France et dans
le monde. » (École nationale supérieure de Sécurité sociale - EN3S)
« Composition portant sur les aspects sociaux, juridiques,
politiques, économiques et culturels du monde actuel. » (École nationale de la
magistrature)
« Dissertation sur un sujet d'ordre général relatif à l'évolution des
idées et des faits politiques, économiques et sociaux en France et dans le
monde depuis 1900 jusqu'à nos jours. » (Commissaire de police)
Une composition portant sur l’évolution générale politique,
économique et sociale du monde ainsi que sur le mouvement des idées depuis
le milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours, devant permettre d’apprécier
l’aptitude du candidat à exprimer, sur le sujet proposé, tant une analyse des
faits et des événements qu’une interprétation personnelle et argumentée. » -
(Administrateur territorial)
Mais, quels que soient les sujets proposés, ils doivent être traités à l’aune de l’action
des pouvoirs publics en intégrant des analyses sur la démarche adoptée ou susceptible
d'être adoptée par les autorités publiques. En quoi les pouvoirs publics sont-ils
concernés ? Quelles sont, en ce domaine, leurs responsabilités ? Quels sont leurs
pouvoirs et leurs limites ? Autrement dit, dans le cadre d'un concours, un sujet d'ordre
général est donné afin que le candidat puisse comprendre, analyser et apprécier l'action
des pouvoirs publics.
UN SUJET D’ORDRE GENERAL
I. Qu'est-ce qu’un sujet d’ordre général ?
La notion de sujet général introduit un élément d'ambiguïté qu'il convient de clarifier.
D'abord, il faut rappeler qu’un sujet d’ordre général n'est pas un sujet technique
relevant d'un seul champ disciplinaire, cloisonné et matérialisé par un programme
énonçant les matières de façon exhaustive (droit, histoire, économie, etc.). Les thèmes
proposés à la réflexion relèvent d’une très grande diversité de domaines dont les
problématiques transversales peuvent se rapporter à de multiples centres d’intérêt
(politique, économique, social, culturel). Le libellé du sujet peut être tellement
imprécis qu'il ouvre tous les champs du possible dans son traitement, ce qui a parfois
pu conduire un jury de concours à revoir les critères de correction initialement
envisagés.
En témoignent les propos contenus dans le rapport du jury du concours IRA (2010) de
Lyon concernant le sujet - « Protéger le territoire : quels enjeux et quelles orientations
pour un pays comme la France ? » - : « Le sujet se prêtait en effet à un champ
d'investigation très large, d'autant que, suite à la lecture d'un premier panel de copies,
le domaine de l'économie et de l'emploi, considéré dans un premier temps comme hors
sujet, a été admis dans le champ du sujet. »
Nature des évolutions actuelles. Parce qu’elle a vocation à éclairer le présent et,
modestement, à faire un peu de prospective, la culture générale ne peut ignorer la
perspective temporelle : tandis que le présent ne peut se comprendre qu’à la lumière du
passé, les véritables enjeux du présent sont à chercher dans le futur : ne dit-on pas,
comme Émile de Girardin, que « gouverner, c’est prévoir » ?
Cela dit, une composition de culture générale ne doit en aucun cas se transformer en
une composition d’histoire et il faut se garder de tout confusion : l’actualité des
problèmes doit rester au cœur de votre réflexion. Si le passé est invoqué, analysé,
c’est uniquement dans la mesure où il éclaire le présent. L’évocation du passé joue un
rôle important dans l’analyse, mais elle ne doit évidemment pas envahir la copie. C’est
ainsi que le premier sujet ne doit jamais rapport « Lorsque un sujet se focalise sur
l’actualité, il est inutile de rédiger deux pages d’histoire, comme ceci ou cela et dans
de nombreux copies. »
Le passé n’ayant d'autre fonction que d'expliquer ce qu'est modernité et, s'il n'est qu'un
point d’appui, tant pour le candidat que pour le jury, celui-ci ne doit pas suffire à se
replonger dans une période plus lointaine que celle qui est présentée à la Renaissance
(Réforme et dépendance de religion) et il ne doit pas permettre d’imposer « références
axu » : selon le sujet, il s’agit plutôt d’un sujet sur l’autonomie des universités
françaises n’exige pas que l’on remonte avant 1968.

Exercice 4
Si vous aviez comme sujet de composition « Les droits des femmes », combinez-vous
votre réflexion, votre argumentation, pour éviter de rédiger une composition
d’histoire ?
(Voir corrigé pages 33-34.)
4. Une approche comparative
Il peut arriver que des intitulés prennent la peine de délimiter le cadre de référence, à
savoir la France. Mais la plupart des intitulés officiels restent dans un flou commode,
employant l’expression passe-partout de « monde (contemporain) », d’autres évitant
même toute référence à un quelconque cadre spatiotemporel. En réalité, ce flou ou ce
silence sont éloquents : le cadre de référence est la France (ce qui va de soi, dans le
cadre des concours administratifs) et, à certains égards, il paraît superflu de le préciser.
Mais, de même qu’on ne peut découvrir la spécificité du présent sans l’appréhender à
la lumière du passé, il est exclu d’envisager de réfléchir sur la société française, ses
institutions, sa culture, sans établir des comparaisons - au moins ponctuelles - avec
d’autres pays, analogues (car développés et démocratiques) ou différents.
C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre, par exemple, les commentaires du
jury de l'épreuve de dissertation de culture générale au concours d'entrée 2009 de
l'École nationale supérieure de Sécurité sociale. Le sujet à traiter était : « La pauvreté,
où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous ». Cette déclaration de
Philadelphie (déclaration concernant les buts et les objectifs de l'Organisation
internationale du travail, 1944) vous paraît-elle toujours d'actualité ? Dans son rapport,
le jury déplorait que - trop souvent, les candidats s'arrêtent sur les points d'actualité
sociale française (ici, en majorité le RSA) -.
Pour traiter les sujets dans toutes leurs dimensions et faire saisir la spécificité du cas
français, vous pourrez, selon les cas, comparer la France à d'autres pays similaires
(politiquement, socialement, culturellement, économiquement...) ou, au contraire, très
différents.
Ainsi est-il classique de juger les caractéristiques de la société française à la lumière de
la société américaine. « Modèle » des nations occidentales. Mais il faut aussi savoir
établir des rapprochements avec d'autres pays proches du nôtre à bien des égards, à
commencer par ceux de l'Union européenne, en n'oubliant pas que l'intégration
européenne ne cesse de s'approfondir. D'autant que cette intégration conduit les
Européens à être plus attentifs À ce qui les rapproche ou les distingue des autres
peuples de l'Union.
« Nant est essentiel de la réussite scolaire (voir les analyses critiques de Pierre
Bourdieu et Jean-Claude Passeron concernant le rôle de l’école dans la reproduction
des inégalités sociales).

Par ailleurs, qu’il s’agisse de sortie précoce du système scolaire ou de choix de filière,
le statut social des parents reste un facteur déterminant de la réussite scolaire des
enfants. Ainsi, en matière d’équité scolaire, lors de la dernière enquête internationale
PISA (2012), la France figurait au 27ème rang des 34 pays de l’OCDE, tandis qu’au
sein de l’Union européenne, le système éducatif français occupe une place
intermédiaire en ce qui concerne les inégalités préexistantes à l’école et la capacité de
la France à les réduire. La Suède, l’Irlande, le Danemark et la Finlande présentent les
systèmes éducatifs les plus équitables, alors que la Belgique, l’Italie et la Grèce
enregistrent les plus fortes inégalités.

De même, l’école française affiche des performances relativement moyennes lorsqu’on


les compare à celles obtenues dans les autres pays industrialisés. Ainsi, la France a été
classée au 15ème rang sur les 34 pays de l’OCDE pour la culture de l’écrit, au 10ème
rang pour la culture mathématique et au 12ème pour la culture scientifique. En outre,
l’école ne parvient plus à faire diminuer le nombre de sorties sans qualification du
système scolaire - environ 140 000 jeunes sortent chaque année du système éducatif
sans avoir obtenu le baccalauréat ou un diplôme professionnel.

En conclusion, si la démocratisation de l’école demeure au centre de la politique


éducative, des interrogations sur la capacité de l’institution à placer élevée ne cessent
de se poser pour permettre à chacun d’accéder sans distinction à la société et pour
réduire les inégalités face à la réussite scolaire. »

De vue fonctionnel, l'exemple a pour objet d'établir un “espace” dans lequel l'auteur et
le lecteur de la copie, partageant les mêmes références culturelles, communiqueront.
Un exemple digne de figurer dans une copie doit être un trait d'union entre des
personnes et des esprits différents, un moyen d'établir une connivence culturelle. Les
exemples doivent donc être choisis avec soin. »

« Il est des exemples “incontournables” que le correcteur attend plus ou moins


consciemment. Ils constituent des références obligées et leur absence dans une copie
ne peut que vous pénaliser. Ainsi, comment parler de l’erreur judiciaire née de
l’intolérance et de la discrimination religieuse ou politique sans évoquer l’affaire
Calas, dont Voltaire fut le défenseur, ou l’affaire Dreyfus, à la fin du XIXe siècle ?
Comment disserter sur le terrorisme international sans évoquer les attentats du 11
septembre 2001 aux États-Unis ou l’attaque meurtrière contre le siège de Charlie
Hebdo à Paris, le 7 janvier 2015 ?

Si, inversement, le fait a toutes les chances de n’être connu que de vous parce qu’il est
minuscule, il vaut mieux l’écarter au profit d'un exemple que l’histoire a retenu. À cet
égard, évitez de citer des faits – surtout des faits divers – fournis par l’actualité la plus
immédiate et qui appartiennent à l’« écurie des poissons » ; le journalisme n’est pas
l’histoire oubliée. Et si vous êtes tenté d’insérer dans une copie une information toute
fraîche, il doit savoir résister à la tentation. Car rien n’est plus futile que d’altérer le
thème de l’actualité du présent. »
De fait, seule une solide culture générale permet de distinguer, dans le flot
incessant des événements, le fait qui peut avoir valeur d’exemple, voire de
deviner ce qui passera à la postérité. Dès lors, s’il ne faut pas vous interdire de
citer tout fait récent, vous devez réfléchir à son exemplarité en vous projetant
dans l’avenir et en essayant d’imaginer ce qu’il en restera un an plus tard. Si
vous pressentez qu’il s’agit d’un fait majeur, gardez-le ; sinon, éliminez-le et
cherchez-en un autre qui soit déjà validé par la mémoire collective.

Repères

 Découverte des institutions


 Dossiers de politique publique
 Évaluation des politiques publiques
 Chronologies de la vie publique

Ressources

 Rapports publics
 Discours publics
 Discours dans l’actualité
 Débats et consultations.

Il vous faut, enfin, avoir une vue d’ensemble des diverses conceptions
philosophiques et politiques de l’État, de manière à pouvoir traiter, selon
les cas, de l’État-Nation, de l’État jacobin ou décentralisé, de l’État
planificateur, aménageur, opérateur, régulateur, stratégique, de l’État-
providence ou de l’État « modeste ». C’est à cette seule condition que
vous pourrez comprendre et apprécier les politiques publiques, évoquer
les missions de l’État et de ses partenaires, les collectivités territoriales.

Remarque
On ne peut pas analyser les pouvoirs sans analyser les contre-pouvoirs.
Même si la réflexion sur le rôle de l’État et celui des collectivités
territoriales est absolument fondamentale, vous devez traiter aussi des
autres formes de pouvoir à l’œuvre dans la société. Il vous faudra,
d’abord, indiquer comment ces pouvoirs, ses prorogatives, ses limites, se
définissent constamment par rapport à ces autres acteurs intervenant de
la société civile que sont les partis politiques, les syndicats, les
organisations patronales, les associations, les mouvements de citoyens,
les ONG, les intellectuels, les journalistes, etc.
De même, il convient de savoir différencier les trois pouvoirs (exécutif,
législatif, judiciaire), de distinguer entre l’État et les collectivités
territoriales puisque ces différents pouvoirs se complètent et s'excluent
également.

6. Le cadre local est le support des politiques publiques locales


conçues comme des politiques d'un territoire, bâties à partir
d'enjeux et de compétences locaux, sous l'impulsion et la
responsabilité des collectivités territoriales ou d'entités les
regroupant. Des pans entiers de l'action publique sont devenus des
domaines d'intervention des acteurs locaux ; par exemple, une
politique régionale de l'aide à l'innovation ou du développement
touristique, une politique départementale d'accueil des personnes
âgées, une politique intercommunale de gestion des déchets, une
politique municipale sportive, culturelle ou éducative.

En conclusion, le local est de plus en plus un « territoire de projet », le lieu


d’où émergent des projets de développement (économique,
aménagement de l'espace, politique des transports) ou d'appui aux
personnes (services de proximité, aide sociale, lutte contre l'exclusion).
EXERCICE 4
Si vous aviez comme sujet de composition « Les droits des femmes »,
comment mèneriez-vous votre réflexion, votre argumentation, pour éviter
de rédiger une composition d’histoire ?

La réponse est simple : en évitant l’exposé (qui dégénérerait


inévitablement en exposé historique) et en choisissant résolument
d’argumenter.

Le thème (« Les droits des femmes ») doit donc devenir problématique


(par exemple : « Sans même évoquer le cas des femmes qui, dans de
nombreux pays, sont privées de leurs droits élémentaires pour des raisons
culturelles ou religieuses, les femmes vivant dans des démocraties
modernes ont-elles encore des droits à conquérir pour être les égales des
hommes ? ») et la composition doit s’employer à défendre une thèse. Par
exemple, celle-ci, peu originale mais facile à argumenter : « Les femmes
dans les pays démocratiques modernes ont, en théorie, acquis les droits
qui leur permettraient d’être et de se sentir les égales. »

Troisième domaine : les sciences humaines. Dans une approche


sociologique, la gratuité n’est qu’un moyen d’étendre l’accès de la culture
à des publics plus diversifiés afin de ne pas laisser se creuser un fossé
culturel entre ceux qui accèdent aisément à la culture et ceux au devant
desquels elle doit aller. Néanmoins, l’impact de la gratuité sur le processus
de démocratisation est tempéré par des pesanteurs sociales –
environnement familial, origines sociales – qui peuvent jouer en défaveur
de la consommation des produits culturels.

Par ailleurs, la prégnance des clivages sociaux dans la fréquentation des


équipements culturels montre que la gratuité n’est pas toujours synonyme
d’équité. En effet, bien que destinées en principe à tous, la gratuité
favorise paradoxalement, dans la pratique, un public nanti qui fréquente
fidèlement et de manière récurrente les équipements culturels comme les
musées et les monuments historiques. Ainsi, en 2012, le musée du Louvre
a supprimé la gratuité le premier dimanche de chaque mois en haute
saison après avoir constaté que, loin d’attirer un nouveau public, elle
bénéficiait surtout aux touristes et aux visiteurs réguliers.

Quatrième domaine : l’économie. Le modèle idéal d’une culture à l’abri de


toute considération économique ne correspond pas à la réalité. La notion
de gratuité n’existe pas en économie car tout bien ou service, y compris
culturel, a un coût économique qu’il faut financer – coût de l’exploitation,
le périmètre d’action et de la distribution. Par ailleurs, le secteur culturel
s’inscrit dans une économie de marché, fondée sur la loi de l’offre et de la
demande, qui fixe les prix des biens et services dans un contexte
concurrentiel où la culture n’est pas une exception.

Ayant à traiter le sujet « La politique familiale est-elle efficace en France ?


», vous auriez à citer des faits objectifs à l’appui de votre argumentation.
Rappelez quels sont les objectifs de la politique familiale en France.

En vous appuyant sur des faits objectifs, évaluez les résultats obtenus et
montrez les limites de cette politique.

(Voir corrigé pages 57-60.)

Retenir l’essentiel

Ne confondez pas « originalité à tout prix » et réflexion personnelle. La


discrète personnalisation de la question, en la tenant à la manière
particulière dont, sur un sujet donné, vous aurez confronté et commenté
vos analyses, sera essentielle pour montrer les avis différents que vous
pouvez connaître.

Le questionnement auquel vous devez vous livrer dans la composition


repose sur votre culture et intelligence, mais également sur votre capacité
à apprécier d’un point de vue éthique les problèmes auxquels sont soumis.

Dans une composition, le savoir n’est jamais une fin en soi : il est un
moyen au service d’une réflexion, même déterminée par un sujet précis.
Sans prétention exagérée, une composition s’efforce de conduire «
démonstration » et donc d’argumenter grâce à un va-et-vient constant
entre les idées et les faits cités à titre d’exemples.

Le point sur la notion d’originalité, les citations et les références

Que faut-il entendre par « originalité » ?

Appliquée à la composition, la célèbre formule de La Bruyère (1645-1696),


« Tout est dit, et l’on vient trop tard », s’avère tout à la fois juste et
trompeuse. Juste car il n’existe sans doute pas de sujet proposé dans les
divers concours qui n’ait déjà été traité par d’autres esprits. Trompeuse
parce qu’elle pourrait sembler condamner les copies à toutes se
ressembler. Or l’expérience prouve qu’il n’en est rien et que,
paradoxalement, les copies les plus originales sont précisément celles qui
font un usage pertinent du savoir accumulé jusqu’à nos jours. En effet,
même si les bonnes copies s’appuient effectivement sur la pensée des
autres, elles savent ne pas être impersonnelles ; elles parviennent (avec
modestie) à se positionner par rapport à des analyses ou à des thèses
qu’elles commentent, complètement, approfondissent, relativisent,
apprennent, désapprennent, etc.

Comme l’a fait remarquer le jury du concours de l’ENA en 2011, « les


candidates doivent être conscientes que, si l’originalité n’est pas une
qualité en soi et ne doit pas être recherchée par… »
Il est souvent pertinent aussi de chercher des éléments de comparaison dans des
pays politiquement, économiquement et socialement éloignés (on songe ici au
fameux « modèle social scandinave », à la lumière duquel on peut juger le «
modèle social français ») ou, à l’inverse, en retard. Ainsi, l’exemple de la Chine,
qui allie aujourd’hui à une économie ultralibérale un modèle politique hérité du
communisme totalitaire, est nécessairement éclairant sur de nombreux sujets.

Exercice 5

Afin de traiter le sujet « Démocratiser l’école : de quoi parle-t-on ? », quels


rapprochements avec d’autres pays pourraient servir à la réflexion ?

(Voir corrigé pages 34-36.)

5. Ce que vous devez connaître

Il vous faut donc bien connaître l’organisation des institutions centrales et des
institutions locales en France, les moyens dont disposent l’État et les
collectivités territoriales, l’histoire de l’action de l’État ainsi que celle des
rapports qu’il entretient avec les pouvoirs régionaux, départementaux ou locaux.

Il vous faut aussi acquérir une bonne connaissance des politiques publiques en
France. À cet égard, nous vous renvoyons au site de La Documentation française
vie-publique.fr, qui vous donne une vue d’ensemble en trois grandes rubriques :
« Actualités », « Repères » et « Ressources » – comprenant chacune quatre sous-
rubriques :

Actualités

Brèves

Dossiers d’actualité

Panorama des lois

FAQ citoyens

Les chapitres 5 et 6, enfin, révèlent les grands principes de composition qui


permettent de construire rapidement un plan adapté à la problématique et les
règles simples présidant à la rédaction de l’introduction et de la conclusion.

Comme la composition elle-même, cet ouvrage s’efforce d’être bref et précis.


Par sa concision, il nous semble adapté à notre époque, exigeante et pressée.
Par conséquent, il s’agit bien d’un sujet de culture générale, mais pas n’im-
porte quel sujet. Ce sont des sujets qui soulèvent des problématiques de société
et, plus précisément, qui intéressent peu ou prou l’action publique, en prônant
une réflexion sur le rôle de l’État et des collectivités territoriales. Nous pouvons
parler de sujets « politiques », au sens noble du terme, ou de sujets susceptibles
d’avoir une incidence sur les décisions prises par les détenteurs du pouvoir
politique – nationaux ou locaux. À ce propos, la réforme du concours d’accès à
l’École nationale d’administration (ENA), entrée en vigueur à la session 2015, a
réorienté l’épreuve de composition de culture générale dans le sens que nous
venons de préciser, en la libellant de la façon suivante : « Composition sur une
question contemporaine d’ordre général portant sur le rôle des pouvoirs publics
et leurs rapports à la société ».

À la lumière des différents libellés de l’épreuve de composition, nous pouvons


cerner deux grandes catégories de sujet d’ordre général.

I. Première catégorie de sujet


La première catégorie concerne des sujets dont le champ est explicitement axé
sur des problématiques relatives aux politiques publiques nationales ou locales.

L’arrêté du 27 juillet 2012 (modifiant celui du 6 juin 2008) déterminant la


première épreuve écrite du concours externe d’accès aux IRA ainsi que le décret
du 22 juin 2009 fixant les modalités d’organisation des concours pour le
recrutement des attachés territoriaux indiquent clairement la teneur des sujets et
ce vers quoi doit tendre votre culture générale.

Pour accéder aux IRA, il faut être capable de rédiger une « composition sur un
sujet d’ordre général portant sur la place des pouvoirs publics et leur rôle dans
les grands domaines de l’intervention publique (société, économie, emploi,
santé, culture, territoires, relations extérieures…) » permettant d’évaluer
l’ouverture au monde des candidats, leur aptitude à l’analyse et au
questionnement ainsi que leur capacité à se projeter dans leur futur
environnement professionnel (article 1er).
Il reste à définir par ailleurs les modalités de financement des produits culturels.
Qui doit en assumer la charge ? Les pouvoirs publics ont un choix politique à
effectuer en décidant soit de faire peser la charge du financement sur l’usager
qui consomme le bien culturel – dans ce cas, l’accès à la culture se payant sous
forme d’un prix, d’un tarif ou d’un abonnement –, soit de grever la collectivité à
l’impôt – la prestation culturelle est alors gratuite pour l’usager du service mais
son coût est pris en charge par le contribuable.

Cinquième domaine : les politiques publiques. Les pouvoirs publics ont pris des
mesures pour répondre aux revendications prônant la gratuité d’accès aux
produits et institutions culturels, notamment aux musées et aux monuments
historiques. Or, à la différence d’autres pays tels que la Grande-Bretagne, où
tous les musées et galeries d’art nationaux sont gratuits, la France n’a retenu au
plan national qu’une gratuité partielle, réservée à des catégories de la population
que l’on souhaite sensibiliser davantage, en particulier les jeunes. Ainsi, depuis
avril 2009, l’accès aux monuments nationaux et aux collections permanentes des
musées est gratuit pour les moins de 26 ans ressortissants de l’un des pays
membres de l’Union européenne.
En outre, l’État entend protéger la création artistique d’éventuels effets pervers
de la gratuité. C’est ainsi que la protection des œuvres de l’esprit s’inspire de
deux systèmes possibles : les droits d’auteur et le copyright. Le premier,
appliqué en France, protège la création culturelle en reconnaissant aux auteurs
(personnes physiques) des droits patrimoniaux et moraux sur leur œuvre, ce qui
leur permet de percevoir une rémunération en contrepartie de l’utilisation de leur
œuvre par des tiers. En revanche, dans le système du copyright, qui s’applique
en particulier dans les pays anglo-saxons, les personnes morales telles que les
éditeurs ou les producteurs peuvent aussi être considérées comme des auteurs.
La composition revient d'abord à penser contre soi-même. Sans pour autant,
évidemment, croire qu'on a « pensé » parce qu'on prend le contre-pied de ce qui
est communément admis : l'originalité de la copie doit être la résultante d'une
pensée approfondie et argumentée, et non un but en soi.
2. Un regard aussi objectif que possible

Le traitement du sujet doit conduire le candidat à exprimer non pas une opinion,
mais un véritable jugement. En somme, tout candidat à un droit et un devoir : le
droit d’être libre de ses jugements à condition, toutefois, de s’être acquitté
préalablement d’un devoir, celui d'avoir surmonté sa subjectivité.
Il faut reconnaître que l’approche objective du sujet n’est pas toujours aisée,
d’autant que certains sujets semblent favoriser les prises de position partisanes :
par exemple, s’il est facile (presque trop) de prendre position sur un sujet
comme « Le civisme est-il une valeur dépassée ? », il n’en va pas de même pour
celui-ci : « Y a-t-il, actuellement, trop de fonctionnaires en France ? » Dans le
premier cas, il semble assez aisée de défendre l’idée que, quoi qu’il en soit, le
civisme n’est pas une valeur dépassée. En revanche, dans le second cas, on sent
bien que la pente est glissante et peut facilement mener, y compris à son corps
défendant, à une critique des gouvernants en place. À ce sujet, il faut noter les
mises en garde adressées aux candidats par les jurys, en particulier celui du
concours 2014 de l’EN3S, recommandant de « faire attention à ne pas tenir des
propos trop partisans » et d’éviter de donner « des exemples ou des arguments
caricaturaux et/ou polémiques (sur le plan politique, par exemple, ou religieux)
».

Disons-le nettement : même si vous avez mobilisé le meilleur de vous- même


lors de la rédaction de votre composition, vous ne pourrez jamais en sortir
d’avoir exprimé un « véritable jugement » (comme l’attendent les jurys) et non
pas une « simple opinion » (ce qui est à la portée de tout le monde). Néanmoins,
vous pouvez optimiser toutes les chances de votre côté si vous restez lucide sur
le sujet traité.
2. Des faits au service des idées
La force de l’argumentation (argumentation préparant une conclusion nuancée
mais ferme) tient, d’une part, aux arguments eux-mêmes et, d’autre part, à
l’organisation de ces mêmes arguments au sein d’un ensemble cohérent et
dynamique.
Nous reviendrons dans le chapitre 5 sur « l’art d’enchaîner des raisonnements
destinés à prouver ou à réfuter une proposition » (définition du mot «
argumentation » par Le Robert) mais, dès maintenant et dans la continuité du
chapitre précédent, nous insistons sur ceci : la composition doit concilier sens
des réalités et capacité d’abstraction ; les faits et les idées doivent s’articuler
entre eux et il n’est pas d’argumentation convaincante sans un va-et-vient
constant entre les analyses et les exemples. Sans exemples, réduite aux seuls
idées et jugements, la copie paraîtra au mieux brillante mais désincarnée, au pire
bavarde et fumeuse. Réduite aux seuls faits objectifs, une dissertation devient
inintéressante.
La copie idéale est celle qui présente des analyses, des thèses, des jugements,
mais qui, simultanément, s’enracine en permanence dans la réalité sociologique,
morale et politique de notre société passée et, surtout, présente. La bonne copie
est celle qui sait tirer argument des faits comme des analyses, et qui met
constamment en rapport les idées et les exemples ; l’exemple permet, d’une part,
de vérifier la légitimité d’une affirmation générale et, d’autre part, de constituer
une respiration dans le développement. Une respiration, mais pas un temps mort
ou un moment faible puisque l’exemple est, en définitive, la preuve de la
validité d’un raisonnement et que c’est lui qui donne du « poids » et de la
visibilité à la pensée.
Si l’on peut dire d’une copie totalement ou largement abstraite qu’elle est «
désincarnée » (les idées constituant le « squelette » du propos et les exemples la
« chair »), on aurait tort d’en déduire que les exemples constituent la « partie
molle » de la copie et qu’ils nécessitent donc pas une grande attention. S’il faut
mettre l’accent sur l’importance du raisonnement, il est aussi crucial d’insister
sur le danger de citer le premier exemple qui passe par la tête : la force de
conviction d’une copie tient pour moi aussi à l’explicitation de ceux-ci et à
l’explication de leurs liens avec les idées et les jugements qu’ils sont censés
illustrer.
Chirac lui demandant le droit à mourir pour « éviter de souffrir » et celles de ses
proches. Aussi la justice, appelée à se prononcer sur des cas d’euthanasie
(administration de produits létaux à des malades en fin de vie), a parfois déclaré
des non-lieux ou des peines de principe, ce qui peut être interprété comme un
appel du juge au législateur afin qu’il débatte d’une réforme des règles en
vigueur.
- Quelle est l'attitude des pouvoirs publics ? L'État ne peut pas rester indifférent
à la fin de vie, d’autant qu’elle est de plus en plus médicale et hospitalière – en
France, 60 % des décès ont lieu en milieu hospitalier. Le législateur a ainsi été
amené à réguler l’accompagnement de la fin de vie : une loi du 22 avril 2005,
dite « loi Leonetti », autorise, à la demande du patient, l’arrêt des traitements ou
le rejet de l’acharnement thérapeutique (refus de l’obstination déraisonnable).
Mais la démarche active de donner ou de faciliter la mort – l’euthanasie active –
reste interdite. Cependant, le dispositif législatif de 2005 a fait l’objet
d’interprétations divergentes, comme le montre le cas de Vincent Lambert,
plongé dans un état de conscience minimal depuis un accident de la route. Son
maintien en vie a été au centre d’un long contentieux devant la justice : alors que
le Conseil d’État avait autorisé, en juin 2014, l’arrêt de son alimentation, la Cour
européenne des droits de l’homme, saisie par des membres de la famille opposés
à l’arrêt du conseil d’État, a décidé en janvier 2015 son maintien en vie en tant
que mesure conservatoire d’urgence en attendant que la Cour se prononce sur le
fond de l’affaire. Or, en juin 2015, la Cour a validé l’arrêt de l’alimentation
prononcé par le Conseil d’État, en estimant qu’il n’était pas contraire à la
Convention européenne des droits de l’homme.
Les pouvoirs publics ont renforcé la politique des soins palliatifs. Ces soins
constituent un maillon essentiel pour garantir les droits des malades en fin de
vie, car l’éventuel arrêt des traitements ne saurait être confondu avec la
suspension des soins.
Enfin, les plus hautes autorités de l’État restent très sensibilisées au problème de
l’accompagnement en fin de vie, en témoigne la création par le président
François Hollande, en juillet 2012, d’une Mission présidentielle de réflexion sur
la fin de vie. Dans son rapport, remis en décembre 2012, la Mission constate les
difficultés rencontrées dans l’organisation de la réponse chargée de la fin de vie
et rappelle que l’évolution des mentalités est ainsi au cœur de la volonté
exprimée par les
CORRIGÉ DES EXERCICES DU CHAPITRE 1
EXERCICE 1
Si vous aviez à traiter le sujet « La fin de vie », comment le traiteriez-vous en
intégrant des éléments liés à l’action publique ?
Afin d’y intégrer des éléments de l’action publique, l’énoncé du sujet peut être
reformulé de la façon suivante : « En quoi la fin de vie concernerait-elle les
pouvoirs publics ? »
La fin de vie est un épisode de l’existence d’une personne qui ne relève en
principe que de sa vie privée. Mais l’approche de la fin de vie change de nature
lorsqu’on soulève la question du droit de mourir dans la dignité. Un être humain
a-t-il le droit de décider du moment de sa mort ? A-t-il le droit de décider des
conditions de sa mort ? Ce double questionnement est apparu à ses débuts sous
un angle différent, intéressant les pouvoirs publics, voire leur intervention.
Ainsi, la décision de mettre fin à ses jours d’une personne souffrant d’une
maladie incurable, d’un lourd handicap ou en phase terminale n’est pas neutre
aux yeux de l’État.
Une série de constatations vont nous permettre de cerner la place de l’action
publique à la problématique de la fin de vie.
La fin de vie est une question liminaire qui se mêlent enchevêtrées des
considérations juridiques, philosophiques, médicales et politiques qui se
cristallisent autour de la notion d’euthanasie – définie comme l’acte ou
l’omission dont l’intention première vise la mort d’un malade pour supprimer sa
souffrance. Pendant longtemps, l’État est intervenu en régulant de fin de vie
dans une optique de droit pénal, par les biais d’interdictions et de sanctions
pénales. L’euthanasie est réprimée en tant qu’infraction pénale classifiée sous
des formes diverses selon les moyens utilisés : aide au suicide, empoisonnement,
administration de substances illicites, non-assistance à personne en danger, etc.
La revendication du droit à mourir dans la dignité a été interpelée les pouvoirs
publics, y compris les plus hautes autorités de l’État. À ce propos, on songe
notamment à la démarche de Vincent Lambert, un homme devenu tétraplégique,
éveillé et mute à la suite d’un accident de la route : en 2002, il a adressé une
requête au président Jacques.
Si, de cette manière, on conçoit la composition sur le mode de la «
démonstration » et non de l’exposé gratuit, les références historiques ne
seront appelées qu’en appui de l’argumentation et, au lieu d’obéir à un
ordre chronologique, relèveront de la logique du raisonnement.

Ainsi, la première partie pourrait rappeler trois dates récentes importantes


– 1975 : loi Veil légalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ;
2000 : loi modifiant le Code électoral pour les élections municipales et
régionales et obligeant les formations politiques à présenter, dans les
communes de plus de 3 500 habitants, autant de femmes que d’hommes sur
leurs listes, et, depuis 2015, à présenter des candidatures binomiales
composées d’une femme et d’un homme lors des élections départementales ;
2004 : loi encadrant « le port de signes ou tenues manifestant une
apparence religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics », appelée
parfois « loi sur le voile islamique ». Puis, en seconde partie, on pourrait
établir (entre autres) un rapprochement entre les difficultés rencontrées
aujourd’hui par les jeunes filles des « cités » pour s’habiller comme elles le
souhaitent (voir le combat de l’association « Ni putes ni soumises » sur le
port de la jupe) et le combat mené par Molière, au xvii e siècle dans
Tartuffe, par exemple, contre l’Église catholique, qui entendait empêcher
en particulier « l’immodestie des toilettes féminines » et l’émancipation des
femmes en général.
EXERCICE 5

Afin de traiter le sujet « Démocratiser l’école : de quoi parle-t-on ? », quels


rapprochements avec d’autres pays pourraient servir à la réflexion ?
Le sujet posé soulève une double interrogation : comment appréhender et
saisir le sens du verbe « démocratiser » ? Et à partir de quels critères
évaluer la démocratisation de l’école ?
« Démocratiser » signifie ouvrir l’école à tous. Depuis 1945, l’école accueille
un nombre croissant d’élèves aux profils scolaires et sociologiques toujours
plus diversifiés. Ainsi, la France, comme l’ensemble des pays développés, a
fait le choix d’une scolarisation de masse dont...
Il est désormais traditionnel de répartir les droits de l’homme en trois
générations : les « droits-libertés », nés au xvii e siècle et sens lesquels aucun
exercice démocratique n’est possible ; les « droits-créances », nés au xxe
siècle (1948 en France) qui permettent le passage des droits définis au plan
des droits réels (droit de grève, droit au travail, à l’éducation, droit à la
protection contre les risques sociaux…) ; les droits de la troisième
génération, nés au xx e siècle et qui, paradoxalement, envisagent l’homme
de façon plus intime (droits spécifiques aux femmes, droit à disposer de son
propre corps, droit à la différence…) et plus globale (droit à la paix, droit
au développement, droit à un environnement sain…).
L’émergence continue de ces derniers droits est source de conflits (car les
différents droits peuvent entrer en concurrence : ainsi en va-t-il du « droit à
l’égalité » et du « droit à la différence »). Et, sans évidemment remettre en
cause les droits fondamentaux garantis par la Constitution et par la
République, vous pourriez être conduit à vous demander en quoi
l’extension des droits représente, certes, un progrès dans l’histoire de
l’humanité, mais aussi en quoi elle ne peut se poursuivre indéfiniment, et
pourquoi il faut parfois hiérarchiser les droits et permettre leur coexistence
heureuse. C’est dans cette perspective, par exemple, qu’avait été proposé le
sujet suivant à l’institut d’études politiques (IEP) de Paris, en 1993 : «
L’idée de droit à la différence a-t-elle un sens ? »
Plus subtilement encore, si vous voulez dépasser les lieux communs, il vous
faudra parfois savoir réfléchir sur le concept de « valeur », sur la légitimité
des valeurs (qui dépendent toujours d’une époque et d’une civilisation
données), sur leur hiérarchie et sur les conflits qui peuvent les opposer.
Exemple à ce sujet : « Peut-on tout dire sur internet ? » (Office de police,
2011) ou « Le travail dans le système de valeurs contemporains » – (IRA,
1996).
Grâce à une bonne connaissance des idées politiques depuis le xvi e siècle,
vous devrez être en capacité de montrer comment, pour lutter contre le
passé « esclavagiste », comment, pour d’autres, le bonheur n’est pas une
valeur en soi ; comment faire que « ce principe » puisse s’avérer pernicieux,
etc.
Sachant que réfléchir sur la seule France revient aujourd’hui à réfléchir
sur un pays confronté à l’éclatement des valeurs (lié lui-même à la diversité
croissante des choix de vie, des opinions, des croyances et des itinéraires
individuels), vous imaginez sans peine à quels distinctions, à quelles mises..
es grandes lignes de l’administration de l’État sur les plans national et
local ;
les principaux caractères de l’organisation des collectivités territoriales et
des établissements publics ;
les grands axes des interventions publiques dans les domaines économique,
social et culturel ;
les contraintes auxquelles est assujettie l’action publique
(organisationnelles, juridiques, humaines, budgétaires) ;
les problématiques actuelles liées aux politiques publiques de l’État, en
particulier celles de l’administration postulée ;
les problématiques liées aux politiques territoriales, surtout si vous êtes
candidat à un concours de la fonction publique territoriale ;
les problématiques liées aux politiques hospitalières et de santé, notamment
si vous êtes candidat à un concours hospitalier.
Exercice 3
Afin d’analyser le sujet « En quoi le cadre local est-il devenu un support
privilégié de l’action publique ? », vous ferez appel à des connaissances
issues de votre « culture administrative ». (Voir corrigé pages 31-33.)
3. Un regard sur les grandes évolutions
Quelle que soit leur formulation (et quels que soient les concours
concernés), les intitulés des épreuves de culture générale vont tous dans le
même sens : ce n’est pas l’instant T qui doit intéresser le rédacteur de la
copie, mais les évolutions – celles qui sont à l’œuvre dans le monde en
général et dans notre pays en particulier, dont il faut cerner l’origine en
remontant le cours du temps, et essayer de comprendre à quoi elles
pourraient aboutir dans un avenir plus ou moins proche.
Et même si la tendance à la professionnalisation des concours administratifs
met plus que jamais l’accent sur le présent, le passé ne peut être ignoré
puisqu’il est en fonction de lui que s’apprécient l’existence et le rôle de «
l’action publique ».
La séquence historique est bien connue : gratuité de l’enseignement
primaire dès la fin du xixe siècle (lois Ferry de 1881-1882), gratuité de
l’enseignement secondaire en 1933, unification du second cycle avec les
collèges d’enseignement secondaire (1963) et le collège unique (1975), puis
fixation de l’objectif d’amener 80 % d’une classe d’âge au niveau du
baccalauréat (1989). Ainsi, la proportion de bacheliers sur une génération
est passée de 3 % en 1945 à 25 % en 1975, pour atteindre 77,3 % en 2014.
Pourtant, bien des pays font mieux que la France en matière de certification
au secondaire. Même s’il est difficile d’établir des comparaisons
européennes du fait de la disparité des systèmes scolaires, certains pays ont
dépassé le pourcentage de 80 %, notamment l’Allemagne, bien que ce pays,
à la différence de la France, bénéficie d’un enseignement professionnel fort
après le niveau scolaire correspondant au collège français.
L’ouverture de l’enseignement à tous s’est opérée grâce à un effort
financier significatif. En 2011, la dépense en éducation représentait 6,1 %
du PIB, ce qui place la France dans la moyenne des pays développés
membres de l’OCDE. Le budget consacré à l’éducation nationale atteignait
66,3 milliards d’euros en 2015, redevenant ainsi le premier poste du budget
de l’État, devant celui du financement de la dette. Mais la France se
distingue des autres pays développés par un « déséquilibre » dans la
répartition de ses dépenses d’éducation entre le primaire et le secondaire :
les dépenses par élève du secondaire sont 20 % plus élevées en France que
dans la moyenne des pays de l’OCDE, tandis que les dépenses par élève du
primaire sont inférieures de 20 % à la moyenne de l’OCDE. Il faut
remarquer que ces chiffres datent de 2011, donc avant que le gouvernement
n’ait privilégié au primaire comme un axe majeur de la loi de juillet 2013 «
pour la refondation de l’école ».
Mais l’école ouverte à tous est-elle obligatoirement démocratique ? Force
est d’admettre que si démocratiser suppose la nécessité d’assurer la réussite
de tous les jeunes scolarisés, le maintien des inégalités sociales devant l’école
reflète en effet une démarche inaboutie. En France, l’origine sociale
demeure en effet déterminante.
Retenir l'essentiel
La culture dont vous avez besoin pour l’épreuve de composition suppose
des connaissances générales en sciences humaines et en science politique
(notamment sur l’organisation des différents pouvoirs publics en France)
ainsi qu’un suivi régulier de l’actualité.
Quelle que soit leur formulation, les sujets à traiter sont nécessairement
inspirés par la situation actuelle en France, par l’état présent de notre
société. Toutefois, ces sujets ne peuvent être pleinement cernés que par des
rapprochements avec un passé plus ou moins lointain ainsi qu’avec d’autres
pays, d’autres sociétés.
Votre réflexion ne doit jamais être « gratuite » : il vous faut chercher à
anticiper les évolutions futures et suggérer des solutions aux problèmes
soulevés. Selon les sujets, cette portée intellectuelle vous conduira à prendre
en compte l’action (réalisée, possible, souhaitable...) de l’État, des pouvoirs
publics, des collectivités territoriales, de la société civile ou encore de la
communauté internationale
II. Néanmoins, la rue reste une menace permanente pour une démocratie : la
démocratie moderne suppose que soient respectées la représentativité des élus
(citer Montesquieu) et la légitimité du gouvernement sorti des urnes (a).
La rue est d’autant plus dangereuse qu’elle consacre souvent le triomphe des
passions sur la raison (voir l’Essai sur les libertés de Raymond Aron, les
analyses de Machiavel sur le Prince et la popu-lation), qu’elle peut conduire au
triomphe de la démagogie et à la fin des libertés publiques (voir le coup de force
du 6 février 1934 contre la République française) (b).
La rue exige donc, de la part du pouvoir démocratique, une vigilance extrême :
un maintien de l’ordre intelligent et responsable (voir la manière dont le
pouvoir, en mai 1968, a su éviter le pire lors des émeutes étudiantes) et, plus
encore, une intelligence politique per-mettant d’éviter que la rue ne soit le seul
recours. Voir notamment le lien qu’on peut établir entre des adultes qui, dans les
quartiers difficiles, refusent de participer aux élections et ne se sentent plus
concernés par la vie démocratique, et des bandes de jeunes qui, sous divers
prétextes, exercent une violence contre des biens, des bâtiments ayant valeur de
symboles ou contre des personnes, en particulier des policiers (c).

Remarque
On peut imaginer l’ouverture finale de la conclusion sur ce mode : « S’il est
toujours inquiétant de voir la rue prendre le pouvoir, même temporairement, aux
dépens des institutions légitimes, un tel basculement des rapports de force ne
doit pas manquer d’interpeller les dirigeants des démocraties : puisque, à
l’évidence, la rue tire son pouvoir d’une insatisfaction de vie démocratique,
puisqu’une part des citoyens ressentent le besoin de s’exprimer autrement que
par le vote, ne pourrait-on pas voir dans la démocratie participative le meilleur
rempart contre les débordements démagogiques de la rue ? »
4. Une logique de « démonstration »
Parce qu'elle naît d'un questionnement et donc de questions (elles-mêmes
dépendant d'une problématique précise), toute composition doit être menée
comme une « démonstration » argumentée aboutissant à des éléments de
réponse.
1. Que faut-il entendre par « démonstration » ?
Si nous utilisons le mot « démonstration » avec des guillemets, c’est qu’une
composition sur un sujet d’ordre général, même dense et riche en arguments, n’a
rien de comparable avec une démonstration mathématique. Il faut être lucide et
refuser cette représentation, chimérique et dangereuse.
Chimérique car il est impossible, dans une composition mobilisant à la fois
l’intelligence et le jugement éthique, de parvenir à une démonstration
irréfutable. Dangereuse parce que cette ambition n'est guère émancipante : ainsi
paraissent périlleuses les copies qui abondent en formules préemptoires telles
que « Nous avons déjà fait le tour des trois raisons pour lesquelles ce sociologue
tient à affirmer... » ou « Puisque nous avons démontré la réalité d'un retard
démocratique, nous pouvons maintenir... ».
De même, les copies saturées de notes de liaison sont pénibles à lire. Et
notamment de ceux qui marquent la cause – car, en effet, etc. – au consé-quence
– donc, ainsi, c’est pourquoi, par conséquent... Ainsi est légitime et même
indispensable d’employer des notes de liaison qui balisent le cheminement
intellectual (voir chapitre 6, page 139), il est insuffisante de saturer de
événements et d’articulations logiques.
Il ressort de ce qui précède qu’une argumentation discrète et consciente de ses
limites est plus efficace que une argumentation démesurée.
Il convient, certes, d’imaginer en lecteur ou en récipiendaire cet écart entre un
sens à la logique et un éclat réticulé. Toutefois, fondamentalement, le lecteur (et
correcteur) n'est pas un vulgaire exécuteur, ni un maitre, sensible aux efforts
d'argumentation sans assise ni fondement, paradoxalement, lorsque l’on ne
constitue pas des confirmations, de cession, que c’est tout le travail qui apparaît
superflu.
Chirac lui demandant le droit de mourir pour abréger ses souffrances et celles de ses
proches. Aussi la justice, appelée à se prononcer sur des cas d'euthanasie
(administration de produits aux malades en fin de vie), a parfois déclaré des non-
lieux ou des peines de principe, ce qui peut être interprété comme un appel du juge
au législateur afin qu'il débatte d'une réforme des règles en vigueur.

– Quelle est l'attitude des pouvoirs publics ? L'État ne peut pas rester indifférent à la
fin de vie, d'autant qu'elle est de plus en plus médicale et hospitalière – en France,
60 % des décès ont lieu en milieu hospitalier. Le législateur a ainsi été amené à
réguler l'accompagnement de la fin de vie : une loi du 22 avril 2005, dite « loi
Leonetti », autorise, à la demande du patient, l'arrêt des traitements ou le rejet de
l'acharnement thérapeutique (refus de l'« obstination déraisonnable »). Mais la
démarche active de donner ou de faciliter la mort – l’euthanasie active – reste
interdite. Cependant, le dispositif législatif de 2005 a fait l'objet d'interprétations
divergentes, comme le montre le cas de Vincent Lambert, plongé dans un état de
conscience minimal depuis un accident de la route. Son maintien en vie a été au
centre d’un long contentieux devant la justice : alors que le Conseil d’État avait
autorisé, en juin 2014, l’arrêt de son alimentation, la Cour européenne des droits de
l’homme, saisie par des membres de la famille opposés à l’arrêt du conseil d’État, a
décidé en janvier 2015 son maintien en vie en tant que mesure conservatoire
d’urgence en attendant que la Cour se prononce sur le fond de l'affaire. Or, en juin
2015, la Cour a validé l’arrêt de l’alimentation prononcé par le Conseil d’État, en
estimant qu’il n’était pas contraire à la Convention européenne des droits de
l’homme.

Les pouvoirs publics ont renforcé la politique des soins palliatifs. Ces soins
constituent un maillon essentiel pour garantir les droits des malades en fin de vie,
car l’éventuel arrêt des traitements ne saurait être confondu avec la suspension des
soins.

Enfin, les plus hautes autorités de l’État restent très sensibilisées au problème de
l’accompagnement en fin de vie, comme en témoigne la création par le président
François Hollande, en juillet 2012, d’une Mission présidentielle de réflexion sur la fin
de vie. Dans son rapport, remis en décembre 2012, la Mission constate les difficultés
et les retards dans l’organisation de la prise en charge des soins palliatifs, préconise
de mieux prendre en compte la volonté des patients...

2. Une « culture administrative »


La dimension administrative de la culture générale est a fortiori
indispensable pour traiter les sujets focalisés sur des problématiques
inhérentes aux politiques publiques. Face à ce type de sujet, vous devez
montrer au jury que les grandes orientations des politiques publiques ne
vous sont pas inconnues, que vous vous intéressez à leurs enjeux et que vous
n’ignorez rien des défis qui se posent aux pouvoirs publics dans leurs
domaines d’activité. Un candidat bien préparé doit étayer son propos en
mobilisant le cas échéant des données relatives à l’organisation, au
fonctionnement et aux compétences des pouvoirs publics sur les plans
national et local, voire faire état des connaissances relatives au champ
professionnel auquel le concours postulé donne accès.
Mais, rassurez-vous, cette culture administrative ne suppose pas la maîtrise
d’un savoir technique ni de connaissances approfondies. L’épreuve de
composition n’est pas un exercice de contrôle de connaissances mais une
réflexion argumentée et étayée par des connaissances générales, y compris
administratives.
À titre indicatif, nous pouvons citer les domaines de connaissances
suivants :
les traits généraux de l’organisation politique et administrative de la France
;

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