Alose
Alosa
Alosa (les aloses) est un genre de poissons migrateurs anadromes (remontant depuis la mer les cours d'eau pour y frayer) de la famille des Alosidae, laquelle comprend notamment la sardine.
Répartition
[modifier | modifier le code]La grande alose (alose vraie) et l'alose feinte fréquentent l'Atlantique nord et la mer Baltique ainsi que les bassins versants correspondants, cette dernière étant également présente dans le bassin méditerranéen.
En revanche, les aloses des Amériques et du Pacifique font partie du genre Dorosoma (alose américaine, alose de rivière mexicaine, alose du Nicaragua, etc.).
Biologie
[modifier | modifier le code]L'alose savoureuse (Alosa sapidissima) est la première espèce de poissons pour laquelle la capacité de détecter les ultrasons a été découverte, par Boyd Kynard en 1982[n 1] ; découverte confirmée par Mann, Lu et Popper en 1997. Les fréquences détectées vont jusqu'à 180 kHz[1] (la limite de l'audition humaine étant de 20 kHz) et sont peut-être plus élevées. Depuis cette découverte, d'autres espèces ont été étudiées montrant la même capacité, dont Alosa aestivalis (en), Brevoortia patronus (en)[2], grande alose (Alosa alosa)[3],[n 2] — et certaines grenouilles (les anoures)[4],[n 3]. Ces poissons pourraient ainsi échapper aux dauphins, qui utilisent l'écholocation pour détecter leurs proies[5]. L'organe détecteur est vraisemblablement l'utricule (en), située à l'extrémité de l'oreille interne : chez ces poissons, elle est extrêmement spécialisée[2].
Cette capacité pourrait être utilisée pour réduire à moindre coût l'entraînement de ces poissons dans les turbines des centrales hydroélectriques[6].
Reproduction
[modifier | modifier le code]D'avril à juin, l'alose remonte le cours des fleuves côtiers et de leurs affluents pour s'y reproduire. La ponte est dite « active ». La durée de ponte s’étend de 23 h à 5 h du matin, mais la période de plus forte activité se situe entre 1 h et 3 h du matin, quand la température de l’eau atteint au moins 18 °C. Le mâle et la femelle remontent en surface, se positionnent face à face et tournent sur eux-mêmes en frappant violemment la surface de l’eau avec leur nageoire caudale, créant beaucoup de bruit et de remous. C’est pendant cette phase, appelée « bull », que la femelle expulse ses œufs et que le mâle les féconde[7]. Le comptage acoustique des bulls est utilisé pour évaluer l'intensité de la reproduction et son évolution dans le temps[8].
Réintroduction
[modifier | modifier le code]Le projet Life grande alose visait à réintroduire la grande alose dans le système rhénan. Cofinancé à 50 % par l'UE, le projet est officiellement terminé début 2011[9].
Dans la gastronomie française
[modifier | modifier le code]En Val de Loire et Pays nantais, l'alose est traditionnellement pochée et nappée d'une sauce au beurre blanc.
Dans le Gard et le Vaucluse rhodaniens, l'alose fait l'objet d'une préparation culinaire spécifique : l'alose à l'étouffée. Découpée en tranches, elle est cuite de très longues heures (douze ou plus) à couvert entre des couches d'oseille arrosées d'alcool (marc, cognac…). Le but de cette préparation est de fondre intégralement les nombreuses arêtes de ce poisson par ailleurs excellent.
L'alose pêchée en Gironde se prépare grillée sur des sarments de vigne et nappée de sauce-verte[10] ou cuite longuement au vin rouge, ce qui a l'avantage de faire fondre les arêtes du poisson[11].
Espèces
[modifier | modifier le code]Selon World Register of Marine Species (19 novembre 2023)[14] :
- Alosa aestivalis (Mitchill, 1814) - Alose d'été
- Alosa alabamae Jordan & Evermann, 1896
- Alosa algeriensis Regan, 1916
- Alosa alosa (Linnaeus, 1758) - Grande alose ou alose vraie
- Alosa braschnikowi (Borodin, 1904)
- Alosa caspia (Eichwald, 1838) - Alose caspienne (également présente en mer Noire)
- Alosa chrysochloris (Rafinesque, 1820)
- Alosa curensis (Suvorov, 1907)
- Alosa fallax (Lacépède, 1803) - Alose feinte
- Alosa immaculata Bennett, 1835
- Alosa kessleri (Grimm, 1887)
- Alosa maeotica (Grimm, 1901)
- Alosa mediocris (Mitchill, 1814)
- Alosa pseudoharengus (Wilson, 1811) - Gaspareau, faux hareng
- Alosa sapidissima (Wilson, 1811) - Alose savoureuse
- Alosa saposchnikowii (Grimm, 1887)
- Alosa sphaerocephala (Berg, 1913)
- Alosa tanaica (Grimm, 1901)
- Alosa volgensis (Berg, 1913)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Référence Fauna Europaea : Alosa Linck, 1790 (consulté le )
- (en) Référence FishBase :
- (en) Référence Animal Diversity Web : Alosa
- (fr + en) Référence ITIS : Alosa Linck, 1790
- (en) Référence NCBI : Alosa (taxons inclus)
- (en) Référence Catalogue of Life : Alosa Linck, 1790 (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Alosa Linck 1790
- (en) Référence WoRMS : Alosa Linck, 1790 (+ liste espèces)
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- En 1982, découvre que les ultrasons à environ 160 kHz modifient le comportement de l'alose savoureuse (Alosa sapidissima). Voir Narins, Wilson et Mann 2013, Introduction.
- L'anchois américain (Anchoa mitchilli), l'harengule écailleux (en) (Harengula jaguana) et la sardinelle ronde (Sardinella aurita) ne détectent les sons que jusqu'à environ 4 kHz. Voir Mann et al. 2001, Abstract.
- Chez les grenouilles, la capacité de détecter les ultrasons sert à moduler les comportements territoriaux chez les mâles. Voir l'article Anoures, section « Organes des sens ».
Références
[modifier | modifier le code]- [Mann 1997] (en) David A. Mann, Zhongmin Lu et Arthur N. Popper, « A clupeid fish can detect ultrasound », Nature, vol. 389, , p. 341 (lire en ligne [sur nature.com], consulté en ).
- [Popper et al. 2004] (en) Arthur N. Popper, Dennis T.T. Plachta, David A. Mann et Dennis Higgs, « Response of clupeid fish to ultrasound: a review », ICES Journal of Marine Science, vol. 61, no 7, , p. 1057–1061 (lire en ligne [sur academic.oup.com], consulté en ).
- Maria Wilson, Marie-Laure Acolas, Marie-Laure Bégout, Peter T. Madsen et Magnus Wahlberg, « Allis shad (Alosa alosa) exhibit an intensity-graded behavioral response when exposed to ultrasound », Journal of the Acoustical Society of America, vol. 124, no 4, , EL243-EL247 (lire en ligne [PDF] sur archimer.ifremer.fr, consulté en ).
- [Narins, Wilson et Mann 2013] Peter M. Narins, Maria Wilson et David Mann, « Ultrasound Detection in Fishes and Frogs: Discovery and Mechanisms », dans C. Köppl et al. (éds.), Insights from Comparative Hearing Research,Chapter: Ultrasound Detection in Fishes and Frogs: Discovery and Mechanisms, , sur researchgate.net (lire en ligne).
- [Mann et al. 2001] (en) David Allen Mann, Dennis M. Higgs, William N. Tavolga, M. J. Souza et Arthur N. Popper, « Ultrasound detection by clupeiform fishes », Journal of the Acoustical Society of America, vol. 109, no 6, , p. 3048–3054 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
- [Nestler et al. 2011] (en) John M. Nestler, Gene R. Ploskey, James Pickens, John Menezes et Carl Schilt, « Responses of Blueback Herring to High-Frequency Sound and Implications for Reducing Entrainment at Hydropower Dams », North American Journal of Fisheries Management, vol. 12, no 4, , p. 667-683 (résumé).
- « La reproduction de la grande alose »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur sites-nature.aquitaine.fr.
- « Suivi automatique des frayères d'aloses - 5 ans d'expérimentations acoustiques »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) [PDF], sur rhone-mediterranee.eaufrance.fr.
- « La réintroduction de la grande alose dans le système rhénan », sur lanuv.nrw.de (consulté en ).
- « Alose grillée aux sarments de vigne »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur josephjanoueix.com (consulté le ).
- « Alose à la bordelaise », sur marmiton.org (consulté le ).
- « Alosa elongata Anonymous [Bennett], 1830 », sur marinespecies.org (consulté en ).
- « † Alosa elongata Agassiz 1842 (hering) », sur fossilworks.org (consulté en ).
- World Register of Marine Species, consulté le 19 novembre 2023