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Jean de Viguerie

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Jean de Viguerie
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Fonction
Doyen
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
MontaubanVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Formation
Activité
Fratrie
Paul de Viguerie (d)
Philippe de Viguerie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Académie des Jeux floraux ()
Conseil scientifique du Front national (d)
Société française d'histoire des idées et d'histoire religieuse (d)
Magnificat (d)
Académie des sciences, belles lettres et arts d'AngersVoir et modifier les données sur Wikidata
Maître
Directeur de thèse
Distinctions
Liste détaillée
Prix Marcelin-Guérin ()
Prix Saint-Louis (d) ()
Prix Renaissance des lettres ()
Prix des intellectuels indépendants ()
Prix Hugues-Capet (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Jean de Viguerie, né le à Rome et mort le [1] à Montauban, est un historien français.

Spécialiste de l'histoire de l'éducation et de l'histoire de l'Église catholique au siècle des Lumières, il s'est également engagé dans le catholicisme traditionaliste et au sein de la contre-révolution.

Milieu social et formation

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Jean de Viguerie est le fils de l'ingénieur Nicolas de Viguerie, fonctionnaire au sein de l'institution qui deviendra bientôt l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Sa famille — profondément catholique — appartient à la noblesse française et entretient une proximité intellectuelle avec le maurrassisme. Dans ses mémoires, Viguerie rappelle notamment l'admiration de sa famille pour le pape anti-moderniste Pie X et le rejet par ses parents du pangermanisme autant que du « paganisme hitlérien ». En 1938, lors de la visite d'Adolf Hitler à Rome, où elle vit, sa famille s'installe même temporairement à Florence pour éviter les rassemblements pro-nazis de la capitale[2].

Parcours professionnel

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Après avoir soutenu son diplôme d'études supérieures en 1956[3], Jean de Viguerie obtient l'agrégation d'histoire en 1959[4], et effectue son service militaire en Algérie en 1961-1962. Selon lui, il est alors employé par l'armée française « à enseigner à de jeunes Maghrébins des bidonvilles d'Alger »[5].

Il est docteur d'État en 1973[6]. Sa thèse porte sur les prêtres de la doctrine chrétienne. Selon Raymond Darricau, spécialiste de la spiritualité et de l'histoire religieuse du XVIIe siècle français[7], elle constitue « un progrès énorme dans notre connaissance du mouvement philosophique de l'époque moderne »[8].

Il devient doyen[Quand ?] de la faculté des lettres de l'université d'Angers[9],[10].

Ses travaux portent notamment sur l'histoire de l'éducation et de l'Église au siècle des Lumières. Il a également contribué au Livre noir de la Révolution française de Pierre Chaunu en 2008.

Professeur émérite de l'université Lille-III, il est membre de l'Académie des jeux floraux. Il anime également la Société française d'histoire des idées et d'histoire religieuse.

Courant historique

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Élisabeth de France, à laquelle Jean de Viguerie consacra un ouvrage de référence, Le Sacrifice du soir (2010).

Comme il l'explique lui-même dans ses mémoires, Itinéraire d’un historien (2000), Jean de Viguerie refuse, tout au long de sa carrière, les « dogmes du structuralisme et du sociologisme » qui dominent selon lui l'enseignement de l'histoire en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Viguerie, lui, s'intéresse « à la formation des intelligences, à l'étude des croyances et des mentalités, à l'influence des idées sur le cours des événements ». L'ensemble de son œuvre est consacrée à l'intelligence chrétienne, mais aussi à la crise de l'intelligence qui marque (toujours selon lui) le monde occidental à partir de la rupture du « dialogue nécessaire » entre la foi et la raison au XVIIe siècle. C'est ainsi qu'il publia nombre d'études consacrées à l'histoire de l'éducation, dans le prolongement de sa thèse, comme L'Église et l'éducation (2001), Les Pédagogues (2011) ou La Dégradation de l'école en France (2020), ainsi que plusieurs ouvrages sur le XVIIIe siècle comme Le catholicisme des Français de l'Ancienne France (1988), Christianisme et Révolution (1986), Histoire et Dictionnaire du temps des Lumières (1995), Louis XVI, le Roi bienfaisant (2003) ou encore Le Sacrifice du soir (2010), qui sert, selon l'historien du droit Philippe Pichot-Bravard, de référence principale aux travaux de la commission historique pour la cause de béatification de la princesse Élisabeth de France[11].

Pour Pichot-Bravard, « Jean de Viguerie avait aussi entrepris de décortiquer les principaux mythes de notre vie institutionnelle », et selon lui Les Deux Patries (1998) est l'un de ses chefs-d'œuvre. Dans ce livre, Pichot-Bravard analyse que Viguerie oppose les deux conceptions de la patrie, « d'une part, la terre des pères, fondée sur l'enracinement et les vertus morales, d'autre part, la patrie révolutionnaire, fondée sur l'adhésion aux idées de la Révolution, idole à laquelle sont dressés des autels ». À travers cet essai, Viguerie exprimerait aussi que « l'idolâtrie de la patrie révolutionnaire [a] abîmé, ruiné et saigné la France », notamment via les Première et Seconde Guerres mondiales. L'ouvrage fut suivi d'une Histoire du citoyen (2014), « qui est le ressortissant de ladite patrie révolutionnaire » toujours selon Pichot-Bravard. Le troisième volet du triptyque, inachevé à la mort de l'auteur, devait porter sur la République. D'après Pichot-Bravard, « longtemps, ces livres resteront les références incontournables de ceux qui cherchent à comprendre le combat des idées et la crise de l'intelligence que traverse le monde occidental depuis la révolution cartésienne du XVIIe siècle »[11].

Pour le journaliste Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, les écrits de Viguerie sont liés à la Contre-révolution[12].

Engagements politiques et religieux

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En 1973, il intègre comme vice-président le comité directeur du Centre d'études politiques et civiques[13] pour lequel il a été conférencier en 1968. En 1992, il devient membre du conseil scientifique du Front national (FN)[14].

Catholique traditionaliste

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Pour Pichot-Bravard, « la foi irriguait toute la vie de Jean de Viguerie et nourrissait sa vie de professeur, [mais] cette foi publiquement assumée l'exposa à de multiples avanies, à un certain isolement ». C'est notamment à cette foi traditionnelle — associée à son refus du marxisme — que Pichot-Bravard attribue le refus de la Sorbonne, où Viguerie devait enseigner, d'accueillir ce dernier en son sein[11].

Proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, Viguerie rédige la « Déclaration des trente universitaires catholiques » du , notamment signée par Guy Augé, Yvonne Bongert, Jean-Pierre Brancourt, Jean Barbey, Marguerite Boulet-Sautel, Marcel De Corte, Hubert Guillotel, l'historien Roland Mousnier ou encore Georges-Henri Soutou. Dans cette déclaration, lesdits universitaires rappellent « la communion de pensée qui les unit à Mgr Lefebvre », leur profond regret du « mépris affiché par tant de clercs pour la culture gréco-latine » et « que de nombreux prêtres et la plupart des évêques n'enseignent plus aux chrétiens ce qu'il faut croire pour être sauvé ». Enfin, ils « espèrent en une renaissance de l'Église » et demandent « au pape l'entière justice pour le peuple fidèle ». La déclaration est publiée intégralement dans Le Monde du , puis dans L'Aurore du et, de façon partielle, dans Le Figaro du [15]. Viguerie renouvelle publiquement cet engagement en 2005, lors d'une conférence intitulée L'année 1976 de Mgr Lefebvre, donnée dans le cadre des Journées de la Tradition à Villepreux, dans les Yvelines : « je signerais encore aujourd’hui ce texte des deux mains. Je regrette seulement de n'y avoir pas fait mention de la messe »[16].

Il fait par ailleurs partie des premiers contributeurs du journal Présent, fondé en 1982[17], et des chroniqueurs de L'Homme nouveau de 2012 à sa mort.

En 1995, il intègre également le Conseil d'études hispaniques Philippe II — sur invitation de son président, le juriste et philosophe Miguel Ayuso — et contribue activement à sa revue, Verbo, jusqu'au début du XXIe siècle. C'est une revue bimensuelle fondée en 1961 à Madrid, qui diffuse un catholicisme traditionaliste[18],[19].

Jean de Viguerie meurt le à Montauban, aux côtés de sa fille Constance[20]. Ses obsèques sont célébrées le suivant, par l'abbé Daniel Séguy, en l'église Saint-Barthélemy de Verlhac-Tescou, dans le Rouergue, où il est enterré[17].

Publications

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  • Trois semaines vécues à la Sorbonne : mai-, texte de l'exposé fait à la réunion privée d'information du C.E.P.E.C. le… . Le Sens des événements, par Louis Salleron, Centre d'études politiques et civiques, 1968
  • Les Missions intérieures des Doctrinaires toulousains au début du XVIIIe siècle : un missionnaire, le père Jean-Baptiste Badou, Paris, Presses universitaires de France, 1969.
  • Une œuvre d'éducation sous l'Ancien Régime : les Pères de la Doctrine chrétienne en France et en Italie, 1592-1792, Publications de la Sorbonne, éd. de la Nouvelle Aurore, 1976, 705 p.
  • L'Institution des enfants : l'éducation en France XVIe – XVIIIe siècle, Calmann-Lévy, 1978
  • Avec Raymond Darricau et Bernard Peyrous, Sainte Jeanne Delanoue, servante des pauvres, Chambray-lès-Tours, C.L.D., 1982 (ISBN 9782854430257).
  • Avec Philippe Evanno et Dominique Lambert de La Douasnerie, Les martyrs d’Avrillé. Catholicisme et Révolution, Chambray-lès-Tours, C.L.D., 1983 (ISBN 2-85023-078-2).
  • Mgr Cazaux : un combat pour Dieu et pour l'école libre, Paris, Action familiale et scolaire, 1984, 14 p.
  • Christianisme et Révolution : Cinq Leçons d'Histoire de la Révolution française Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1986, 264 p.
  • Notre-Dame des Ardilliers : le Pèlerinage de Loire, O.E.I.L, coll. « Pèlerinages », 1986
  • Le Catholicisme des Français dans l'ancienne France, Nouvelles Éditions latines, 1988
  • Histoire et dictionnaire du temps des Lumières, 1715-1789, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1995
  • Les Deux Patries : Essai historique sur l'idée de patrie en France, Éditions Dominique Martin Morin, 1998
  • Itinéraire d'un historien : Études sur une crise de l'intelligence, XVIIe – XXe siècle, Éditions Dominique Martin Morin, 2000
  • L'Église et l'Éducation, Éditions Dominique Martin Morin, 2001
  • Louis XVI, le roi bienfaisant, Éd. du Rocher, coll. « Le présent de l'histoire », 2003
  • Filles des Lumières : Femmes et sociétés d'esprit à Paris au XVIIIe siècle, Éditions Dominique Martin Morin, 2007, 302 p. (ISBN 9782856523063)
  • Le Sacrifice du soir : vie et mort de Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, Éditions du Cerf, 2010
  • L'Église et l'éducation, Éditions Dominique Martin Morin, 2010, 176 p. (ISBN 9782856523155)
  • Les Pédagogues : Essai historique sur l'utopie pédagogique, Éditions du Cerf, 2011, 158 p. (ISBN 2-204-09588-5)
  • Histoire du citoyen, Versailles, Via Romana, 2014, 299 p. (ISBN 979-10-90029-89-7)
  • Le passé ne meurt pas, Versailles, Via Romana, 2016, 172 p. (ISBN 978-2-37271-044-2)
  • Un village en Quercy : Verlhac-Tescou, Verlhac-Tescou, Hier, aujourd'hui, demain à Verlhac-Tescou, 2017, 112 p. (ISBN 9782956031208).
  • La Dégradation de l'école en France, Paris, L'Homme Nouveau, 2020, 50 p. (ISBN 979-10-97507-18-3).
  • Les travaux et les jours d'un historien : chroniques, Paris, L'Homme Nouveau, 2021, 124 p. (ISBN 979-10-97507-30-5).
  • Cinq portraits : Colbert, Benoît-Joseph Labre, Mgr Cazaux, André Chénier et Montesquieu, septembre 2022, préface de Remi Perrin, Versailles, Via Romana, 103 p. (ISBN 978-2-37271-211-8).

Distinctions

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Décorations

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Notes et références

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  1. « Jean de Viguerie, historien engagé, est mort », sur famillechretienne.fr (consulté le ).
  2. (en) Jean-Yves Camus, « Jean de Viguerie, a Counter-Revolutionary Historian in Post-1968 France », Fair Observer (de),‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Une famille milanaise au XVIIe siècle : les Carcano / Jean de Viguerie - Sudoc », sur sudoc.fr (consulté le ).
  4. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 / Ressources numériques en histoire de l'éducation », sur cnrs.fr (consulté le ).
  5. « Entretien avec Jean de Viguerie », sur La Nouvelle Revue d'Histoire, (consulté le )
  6. « Les doctrinaires en France et en Italie aux XVIIe et XVIIIe siècles / Jean de Viguerie ; sous la direction de Roland Mousnier - Sudoc », sur sudoc.fr (consulté le ).
  7. Hélène Himelfarb, « Raymond Darricau », Cahiers Saint-Simon, vol. 22, no 1,‎ , p. 97–97 (lire en ligne, consulté le )
  8. Raymond Darricau, « Jean de Viguerie. Une œuvre d'éducation sous l'Ancien Régime : les Pères de la Doctrine chrétienne en France et en Italie, 1592-1792 », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 63, no 170,‎ , p. 125–128 (lire en ligne, consulté le )
  9. L'Information historique, Volumes 39 à 40, J.-B. Baillière fils, 1977, p.81
  10. Michel Demelin, Sorèze: au cœur du Languedoc, une histoire dans l'histoire, Talaïa éd., 2004
  11. a b et c Philippe Pichot-Bravard, « In Memoriam, Jean de Viguerie (1935-2019) », Conflits,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Jean-Yves Camus, Le Front National: histoire et analyses, O. Laurens, (ISBN 978-2-911838-05-7, lire en ligne)
  13. Les Cahiers du CEPEC, n° 44, 1973
  14. « La « force intellectuelle » du conseil scientifique », sur lemonde.fr, .
  15. « Décès de l’historien Jean de Viguerie », FFSPX-News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Nouvelles de Chrétienté, n° 96, novembre/décembre 2005, p. 12.
  17. a et b « Décès du professeur Jean de Viguerie », Présent,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. (es) Miguel Ayuso, « Jean de Viguerie (1935-2019). Un gran historiador tradicionalista francés », ABC,‎ , p. 50.
  19. « VERBO : 60 ANS D’EXISTENCE AU SERVICE DE LA PENSÉE POLITIQUE TRADITIONNELLE », hommenouveau.fr, 23 novembre 2022
  20. « In memoriam », sur Parlement(s) de Paris et d'ailleurs (XIIIe-XVIIIe s.) (consulté le ).
  21. « Jean de Viguerie / Académie française », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  22. « Prix Renaissance (lettres) », sur cerclerenaissance.info.
  23. a b et c « Jean de Viguerie - Académie des Jeux floraux », sur jeuxfloraux.fr (consulté le ).
  24. « La remise des prix littéraires 2011 », Gazette de l'A.E.C., no 121,‎ , p. 16 (lire en ligne, consulté le ).

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Bibliographie

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Liens externes

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