Le Jeu de la dame
Type de série | mini-série |
---|---|
Titre original | The Queen's Gambit |
Genre | Drame |
Création |
Scott Frank Allan Scott |
Acteurs principaux |
Anya Taylor-Joy Marielle Heller Thomas Brodie-Sangster Harry Melling Bill Camp |
Musique | Carlos Rafael Rivera |
Pays d'origine | États-Unis |
Chaîne d'origine | Netflix |
Nb. de saisons | 1 |
Nb. d'épisodes | 7 |
Durée | 46-67 minutes |
Diff. originale |
Le Jeu de la dame (The Queen's Gambit) est une mini-série américaine en sept parties d'environ 56 minutes chacune, créée par Scott Frank et Allan Scott, adaptée du roman éponyme de Walter Tevis publié en 1983, et mise en ligne le sur Netflix.
Synopsis
[modifier | modifier le code]Cette fiction suit Elisabeth Harmon, une prodige des échecs orpheline, de neuf à vingt-deux ans, dans sa quête pour devenir la meilleure joueuse d'échecs du monde, tout en luttant contre des problèmes émotionnels et une dépendance aux drogues et à l'alcool. L'histoire commence au milieu des années 1950 et se poursuit dans les années 1960[1].
Distribution
[modifier | modifier le code]Acteurs principaux
[modifier | modifier le code]- Anya Taylor-Joy (VF : Diane Kristanek) : Beth Harmon, jeune joueuse d'échecs
- Isla Johnston (VF : Elisa Bardeau) : Beth, jeune
- Annabeth Kelly : Beth, à cinq ans
- Bill Camp (VF : Bruno Dubernat) : Monsieur Shaibel, le gardien de l'orphelinat qui a appris à Beth à jouer aux échecs
- Moses Ingram (VF : Corinne Wellong) : Jolene, une orpheline amie de Beth à l'orphelinat
- Christiane Seidel (VF : Rafaèle Moutier) : Helen Deardorff, la directrice de l'orphelinat
- Rebecca Root (VF : Marie Bouvier) : Mlle Lonsdale
- Chloe Pirrie (VF : Marie Giraudon) : Alice Harmon, la mère biologique de Beth
- Akemnji Ndifornyen (en) (VF : Martin Faliu) : M. Fergusson
- Marielle Heller (VF : Flora Brunier) : Alma Wheatley, mère adoptive de Beth
- Harry Melling (VF : Tony Marot) : Harry Beltik, ami, adversaire et amant de Beth dans le Kentucky
- Patrick Kennedy (VF : Edgar Givry) : Allston Wheatley, mari d'Alma et père adoptif de Beth
- Jacob Fortune-Lloyd (VF : Thomas Roditi) : Townes, un joueur d'échecs pour qui Beth développe un amour non partagé
- Thomas Brodie-Sangster (VF : Gabriel Bismuth-Bienaimé) : Benny Watts, ami, adversaire et amant de Beth
- Marcin Dorociński : Vasily Borgov, champion du monde russe d'échecs
- Sophie McShera : Miss Graham
Version française
[modifier | modifier le code]- Direction artistique : Thomas Charlet
- Société de doublage : Cinephase
Source et légende : version française (VF) sur RS Doublage[2]
Production
[modifier | modifier le code]Le , Netflix commande à la production une série composée de sept épisodes[3]. Créée par Allan Scott et Scott Frank, elle est réalisée par ce dernier et sort le [4]. Scott et Frank sont les producteurs délégués de la série aux côtés de William Horberg. La production bénéficie des conseils de l'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov et de l'entraîneur d'échecs Bruce Pandolfini en tant que consultants[5],[6].
Dès la commande de la série, Anya Taylor-Joy est annoncée dans le rôle principal[7]. L'actrice aurait accepté de jouer Beth Harmon avant même d’avoir lu le script, donnant son accord au créateur de la série, Scott Franck, après avoir lu le roman de Walter Tevis, dont la série est adaptée, en moins d'une heure[8].
En , Moses Ingram est annoncée parmi la distribution[9].
Le tournage commence en à Cambridge (Ontario)[10]. Certaines scènes sont également tournées à Berlin[11], notamment Kino International pour les scènes à Paris, le zoo de Berlin et le Friedrichstadt-Palast[12].
Résumé des épisodes
[modifier | modifier le code]№ | # | Titre | Réalisation | Scénario | Première diffusion |
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1 | 1 | Ouvertures Openings | Scott Frank | Scott Frank | |
À la suite du décès d'Alice, sa mère, dans un accident de voiture, la petite Elizabeth « Beth » Harmon, âgée de 9 ans, arrive dans un orphelinat. Un jour, une professeur lui demande d'aller nettoyer les tampons du tableau dans le sous-sol. Là, elle découvre Monsieur Shaibel, le concierge de l'orphelinat, qui joue tout seul aux échecs. Tout de suite intéressée par le jeu, elle lui demande si elle peut jouer avec lui, mais il refuse catégoriquement, prétextant que les échecs ne sont pas pour les femmes. | |||||
2 | 2 | Échanges Exchanges | Scott Frank | Scott Frank | |
Six ans plus tard, Beth est adoptée par la famille Wheatley. Allston Wheatley, le mari, est souvent absent pour son travail, et Alma, l'épouse, est mère au foyer. Beth découvre sa nouvelle chambre. Le lendemain, alors qu'elle a du mal à s'intégrer dans son nouveau lycée, principalement auprès d'un groupe de filles dont Margaret, la leader populaire, elle cherche un club d'échecs, en vain. | |||||
3 | 3 | Pions doublés Doubled Pawns | Scott Frank | Scott Frank | |
Cincinnati 1963. | |||||
4 | 4 | Milieu de jeu Middle Game | Scott Frank | Scott Frank | |
Beth a 17 ans. Elle prend des cours de russe et fait la connaissance d’un groupe de jeunes. Elle passe la soirée chez eux et finit par coucher avec un garçon. Sa première expérience sexuelle n’est pas des plus plaisantes, car le garçon a trop fumé. | |||||
5 | 5 | Fourchette Fork | Scott Frank | Scott Frank | |
Beth revient dans le Kentucky, et retourne dans la maison des Wheatley, vide, que son père adoptif lui a donnée. Harry Beltik, le joueur que Beth a battu il y a 5 ans, lors de la finale du tournoi du Kentucky, l’appelle. Il arrive chez elle et ils discutent des stratégies d’échecs. | |||||
6 | 6 | Ajournement Adjournment | Scott Frank | Scott Frank | |
Benny et Beth arrivent à New York. Beth s’installe chez Benny, qui vit dans un appartement en sous-sol au confort minimal, et dort dans le salon, sur un matelas gonflable. Ils passent leurs journées à répéter les parties des grands maîtres et des meilleurs joueurs au monde. | |||||
7 | 7 | Finale End Game | Scott Frank | Scott Frank | |
Jolene annonce à Beth que M. Shaibel est mort. Alors que Jolene loge chez Beth pour la nuit, cette dernière lui avoue qu’elle continue à prendre des tranquillisants et boire de l’alcool. Après s’être remémorés leurs souvenirs, elles retournent à l’orphelinat, pour l’enterrement de Shaibel. Ensuite Beth pénètre à nouveau dans les locaux, remplis de souvenirs, et recroise l’ancienne directrice qui ne la reconnait pas. Puis elle descend dans les sous-sols, là où elle a découvert les échecs pour la première fois avec M. Shaibel. Elle découvre qu’il l’a toujours suivi, collectionnant les articles de presse à son sujet et les photos d’elle. De retour dans la voiture, elle pleure dans les bras de Jolene. |
Accueil
[modifier | modifier le code]Audience
[modifier | modifier le code]Le , la série devient la plus regardée sur Netflix[13],[14]. Pendant le mois suivant sa mise en ligne, la série est vue par 62 millions de téléspectateurs dans le monde[15].
Critique
[modifier | modifier le code]États-Unis
[modifier | modifier le code]L'agrégateur de critiques Rotten Tomatoes donne une cote d'approbation de 100 % sur la base de 42 avis, avec une note moyenne de 8,04 / 10, et écrit : « Ses mouvements ne sont pas toujours parfaits, mais entre les performances magnétiques d'Anya Taylor-Joy, les détails d'époque incroyablement réalisés et l'écriture émotionnellement intelligente, The Queen's Gambit est une victoire absolue[16]. » Metacritic a attribué à la série une note moyenne pondérée de 79 sur 100 sur la base de 27 avis[17].
Entertainment Weekly donne un B à la série : « Taylor-Joy excelle dans les moments calmes, ses paupières se rétrécissant lorsqu'elle décime un adversaire, tout son corps matérialisant le désespoir de colère lorsque le jeu se retourne contre elle[18]. » Rolling Stone lui a attribué 3 étoiles sur 5, soulignant « un projet esthétiquement beau avec plusieurs superbes performances »[19]. Variety écrit : « The Queen's Gambit parvient à personnaliser le jeu et ses joueurs grâce à une narration intelligente. Anya Taylor-Joy est une actrice principale si magnétique que lorsqu'elle regarde l'objectif de la caméra, son éclat de silex menace de le traverser[20]. »
France
[modifier | modifier le code]Sur le site AlloCiné, la série obtient une note de presse de 3,9⁄5 pour 7 titres de presse recensés[21] et une note spectateur de 4,6⁄5 pour 2 772 notes[22]. Elle se classe ainsi cinquième meilleure série, derrière Game of Thrones, Breaking Bad, Chernobyl et Notre planète.
Pour Télérama, c'est « un drame solide et féministe qui réussit à glamouriser un jeu pas facile à porter à l’écran » et qui « passionnera même les profanes »[23]. Le site Écran Large donne une note de 3,5 sur 5 et précise : « Scott Frank réussit à rendre ce jeu palpitant, explore la complexité de Beth et capte la richesse de son personnage[24]. »
Thèmes et analyses
[modifier | modifier le code]Les échecs
[modifier | modifier le code]Le titre de la série
[modifier | modifier le code]Le Jeu de la dame se nomme en anglais The Queen's Gambit, qui désigne une ouverture très populaire aux échecs, appelée en français le gambit dame (ou gambit de la dame). Le titre anglais se réfère ainsi à l'ouverture de la dernière partie de la série, mais aussi à la position de Beth qui doit s'imposer dans un monde d'hommes[25].
Réalisme de la série
[modifier | modifier le code]Les parties d'échecs
[modifier | modifier le code]Les créateurs de la série, Scott Frank et Allan Scott, souhaitaient que les parties d'échecs présentes dans la série puissent être jugées réalistes par les joueurs d'échecs. Ils firent donc appel aux conseils de divers experts, dont l'entraîneur Bruce Pandolfini et l'ancien champion du monde d'échecs, Garry Kasparov[26]. Le rôle de Vasily Borgov fut proposé à Garry Kasparov, mais il dut décliner car son emploi du temps ne le permettait pas. Il accepta cependant d'être consultant[27].
Garry Kasparov voulait s'assurer que les parties d'échecs soient le plus réaliste possible car « de nombreux joueurs seraient amenés à regarder la série et pourraient dire : c'est complètement illogique »[27]. Il aida à revoir chaque partie. La plus compliquée fut la dernière partie de Beth Harmon contre le champion Vasily Borgov. La partie ainsi que sa conclusion devaient être complexes, reflétant le niveau des joueurs. Après plusieurs recherches, Kasparov s'inspira de la partie de Patrick Wolff contre Vassili Ivantchouk, durant le Festival d'échecs de Bienne en 1993[27].
Mathilde Choisy, joueuse d'échecs, indique que quasiment toutes les parties sont inspirées de parties ayant été réellement jouées : notamment, tous les champions du monde ont pratiqué l'ouverture « sicilienne ». Elle estime que la gestuelle des joueurs dans la série n'est pas du tout semblable à celle des joueurs professionnels : ceux-ci ont une façon très assurée de bouger les pièces, ce qui est un moyen d'envoyer un message à leur adversaire. Mathilde Choisy compare les parties d'échecs à de « vrais combats de boxe », où lorsqu'un joueur réalise un coup qui « fait mal » à l'adversaire, il peut effectuer par exemple une pression avec la pièce sur l'échiquier ou la faire pivoter sur elle-même sur la case pour insister[26].
Autres aspects
[modifier | modifier le code]Mathilde Choisy, directrice générale de la Fédération française des échecs, donne son avis sur le réalisme de divers aspects de la série. Elle note que le comportement de Beth Harmon, qui consiste à visualiser sur le plafond de sa chambre ses parties d'échecs, correspond à une capacité habituelle chez les joueurs d'échecs d'un certain niveau : tous peuvent faire appel à une visualisation mentale et n'ont pas besoin d'un échiquier réel pour jouer[26]. Romuald De Labaca, ancien joueur national et entraîneur, affirme : « Les joueurs anticipent tout et font beaucoup de calculs et de combinaisons. Ils peuvent préparer jusqu’à 10 coups à l’avance. Ils visualisent sans cesse, c’est omniprésent pour eux[28]. »
Lors du deuxième épisode, Beth affronte de façon simultanée une dizaine de joueurs. Il s'agit d'une pratique très commune et tous les joueurs d'un certain niveau en sont capables. Même un joueur amateur est capable de jouer simultanément contre des joueurs débutants[26]. Romuald De Labaca explique qu'il arrive qu'un seul joueur affronte simultanément jusqu'à 40 joueurs et que des jeunes de 14 ans peuvent affronter des joueurs de 40 ans[28].
Concernant les tics des joueurs dans la série, ou leurs tentatives de déstabiliser l'adversaire, Mathilde Choisy estime qu'en général les joueurs se comportent correctement mais qu'il existe effectivement certains joueurs connus pour être « insupportables ». Mathilde Choisy cite Garry Kasparov : il se montrait désagréable en soufflant ou secouant la tête, et retirait sa montre dès qu'il savait avoir gagné la partie, ce qui était également déstabilisant pour l'autre joueur. Sa simple présence physique représentait une difficulté mentale pour ses adversaires[26].
Concernant le blitz (« éclair » en allemand), un genre de parties d'échecs auquel est initiée Beth Harmon par le joueur Benny Watts, Mathilde Choisy explique que ce type de parties jouées à toute vitesse a d'abord été considéré comme un loisir puis est devenu une discipline à part entière avec des tournois spécifiques. Le blitz est également utilisé comme entraînement à la vitesse de réflexion[26]. Une partie peut durer cinq minutes, deux minutes ou même une minute[26],[28].
Il est exact que dans les années 1960, les échecs étaient joués par les hommes, comme cela est le cas dans la série[28]. Mathilde Choisy estime que la série, qui met en scène des adversaires qui se comportent quasiment tous comme de « parfaits gentlemen », ne représente pas la réalité, qui est « un peu plus compliquée que cela »[26]. Judith Polgar témoigne que certains joueurs qu'elle a battus refusaient de lui serrer la main, contrairement à ce que veut la coutume. Elle rapporte également que l'un de ses adversaires « se tapait la tête contre l'échiquier après sa défaite »[29],[30].
Inspirations de la série
[modifier | modifier le code]Dans la préface du roman original, l'auteur, Walter Tevis, amateur féru d'échecs, indique s'être inspiré également pour son grand maître fictif Vasily Borgov[31] du grand maître Anatoli Karpov (plusieurs fois champion du monde de 1975 à 1998). L'héroïne de la série est une personne de nationalité américaine qui défie la suprématie échiquéenne russe d'après-guerre, ce qui peut évoquer Bobby Fischer affrontant Boris Spassky. Le match qui clôt la série ferait alors écho au « match du siècle » qui opposa les deux joueurs pour le titre de champion du monde d'échecs en 1972, un match gagné par Bobby Fisher, qui, tout comme l'héroïne de la série brise ainsi l’hégémonie soviétique dans la discipline. Les similitudes entre l'héroïne de la série et Bobby Fischer ne s'arrêtent pas là. Tout d'abord la période couverte par la série, de 1958 à 1968, correspond à celle de la période la plus active de la carrière du Bobby Fischer. Fischer était également un joueur très précoce, tout comme Beth Harmon, et il avait également, comme elle, des difficultés dans ses interactions sociales. Comme elle, il lisait les revues d'échecs, et comme elle, il avait appris à parler le russe. Il désirait en effet pouvoir lire les revues russes, considérées comme les meilleures sources d'information sur les échecs. Bobby Fischer avait également le même type de jeu que l'héroïne de la série Beth Harmon : il était très agressif et passait rapidement à l'attaque contre ses adversaires. Il n'était pas dépendant à des médicaments comme Beth Harmon. L'auteur du livre dont est tiré la mini-série, Walter Tevis, s'est inspiré de sa propre expérience concernant cet aspect de son héroïne : hospitalisé pour un cœur rhumatismal, il a reçu de très fortes doses de médicaments et il est devenu dépendant[32],[33],[34]. Une autre différence est que Bobby Fischer n'a pas été dans un orphelinat. Il vécut dans un environnement familial difficile, son père étant absent et sa mère étant une femme complexe, ce qui nourrit sa volonté de s'évader grâce aux échecs, qu'il découvre à l'âge de six ans[35].
Deux noms de joueuses moins connues qui ont pu servir d'inspiration au personnage de Beth dans le roman ont été proposés : Lisa Lane, championne des États-Unis au début des années 1960 qui fit la une de Sports Illustrated en 1961, et Diana Lanni, une joueuse américaine née en 1955 qui lutta contre sa toxicomanie et fit nulle contre la Championne du monde soviétique Nona Gaprindachvili à l'Olympiade d'échecs de 1982, au moment où l'auteur écrivait son livre[36],[37].
Il y a également des ressemblances avec Judit Polgár. Cette dernière a évolué dans un univers encore plus masculin que dans la série, les hommes doutant de sa réelle capacité à jouer à un haut niveau. Notamment, le grand maître russe Garry Kasparov, l'un des meilleurs joueurs de tous les temps, avait estimé qu'il était « impossible » qu'il soit battu par Judit Polgár. Selon cette dernière, Garry Kasparov a déclaré que « les femmes ne sont pas capables de gérer ce type de pression ». Tout comme l'héroïne de la série Beth Harmon, Judit Polgár a connu une ascension brillante, cumulant les succès et a battu le joueur russe. Selon Jennifer Shahade, championne américaine, Judit Polgár avait comme Beth Harmon un style de jeu très agressif. Une différence notable est que Judit Polgár a commencé à apprendre à jouer à partir de trois ans, et que son père la programmait pour devenir une championne. Beth Harmon, elle, commence dans la série à jouer aux alentours de neuf ans, et découvre les échecs par hasard[29],[30]. Une autre différence est que Judit Polgár ne consommait pas de stupéfiants[30].
Réaction de la communauté des échecs
[modifier | modifier le code]La série a reçu les éloges de la communauté des échecs pour sa représentation du jeu et des joueurs et relancé la popularité du jeu, notamment en ligne sur des sites comme Chess.com ou Lichess et en streaming sur la plateforme Twitch[38],[39]. Selon The Independent, les recherches « jeu d’échecs » ont augmenté de 273 % entre le 23 octobre et le 2 novembre[40].
L’ancienne championne d’échecs Judit Polgár a qualifié la série de « spectacle incroyable »[41].
D’après plusieurs joueurs, Beth Harmon « ne perd pas assez » pendant ses débuts aux échecs, ce qui n'est pas réaliste[42].
Costumes
[modifier | modifier le code]La série a aussi été louée pour la qualité des costumes. La costumière Gabriele Binder, connue également pour son travail dans La vie des autres (2006) et Au pays du sang et du miel (2011), s’est inspirée de Edie Sedgwick, Jean Seberg, Pierre Cardin ou encore Balenciaga. Pour la visite de Beth Harmon à Paris, Gabriele Binder s’est directement inspirée de Pierre Cardin[43]. La tenue a « une sorte d’élégance qui n’existe plus aujourd’hui ». La tenue « robe à nœud » fut aussi inspirée de Pierre Cardin[44].
Les tenues de Beth Harmon sont le reflet de son évolution en tant que personne et joueuse d’échecs. De nombreuses tenues sont ornées de lignes ou de carreaux rappelant le plateau de jeu. Les tenues de Beth Harmon dans l’épisode un et sept peuvent être comparées. Dans le premier épisode, Beth porte une robe cousue par sa mère et portant son nom. Pour le dernier épisode, Beth porte une robe de la même couleur pour sa victoire contre le champion du monde. Cette couleur permet de rappeler « que sa mère est là avec elle » affirme Gabriele Binder, Beth n’est plus effrayée par son passé[43].
La dernière tenue de la série portée par Beth Harmon est un manteau et chapeau blanc. Le chapeau symbolise la couronne de « la reine » des échecs[43].
Le style du joueur d’échecs Benny Watts (joué par Thomas Brodie-Sangster) est inspiré de la Factory d’Andy Warhol. C’est un joueur qui est différent des autres dans sa personnalité[43].
Alma porte aussi une robe créée par Christian Dior pour les grandes occasions comme la remise des diplômes de Beth ou sa visite à Mexico[44].
Le Brooklyn Museum maintient une exposition virtuelle sur les costumes du Le Jeu de la Dame et la série The Crown d’octobre à décembre 2020[44].
Féminisation des échecs
[modifier | modifier le code]Une femme au niveau de l'élite mondiale masculine évoque la joueuse hongroise Judit Polgár, et par exemple ses affrontements contre Anatoli Karpov et Garry Kasparov.
Judit Polgár, championne d’échecs venue de Hongrie a battu à plusieurs reprises certains des champions du monde des échecs. C’est la seule femme à avoir été classée dans le top 10 mondial. Si Judit Polgár convient de l’excellence de la série, elle confie ne pas reconnaître le comportement des joueurs masculins qui sont « trop gentils avec elle [Beth Harmon] ». En effet, certains des compétiteurs de Judit Polgár ont refusé de lui serrer la main après leurs défaites[41].
Il y a très peu de femmes dans le top du classement mondial mixte des joueurs d'échecs. Seule la joueuse Hou Yifan est classée 84e dans le top 100 mondial mixte en 2020[45]. La Fédération française des échecs (FFE) comptabilisait 20,22 % de licences prises par des femmes sur 54 860 licenciés, regroupés dans 897 clubs en 2018. La FFE a lancé un « Plan de Féminisation » depuis 2019[46].
Le Jeu de la Dame a ainsi rouvert le débat sur la place des femmes dans les échecs.[réf. nécessaire]
Plainte en justice contre Netflix
[modifier | modifier le code]Le 16 septembre 2021, Nona Gaprindashvili, ancienne championne du monde d'échecs (chez les femmes), âgée de 80 ans, porte plainte contre Netflix pour diffamation. Dans le dernier épisode de la série, Nona Gaprindashvili est mentionnée comme n'ayant « jamais affronté d’hommes » en compétition. Elle accuse Netflix d'avoir ainsi « menti effrontément et délibérément » sur ses succès et considère que sa carrière est par conséquent montrée de façon « sexiste et dénigrante ». Nona Gaprindashvili estime que Netflix a agi ainsi dans le but « mesquin et cynique » de faire apparaître l’héroïne de la série comme ayant fait ce que personne n'aurait fait avant elle. Elle réclame 5 millions de dollars. Elle rappelle qu'elle a battu 28 hommes au cours de sa carrière[15],[47]. Libération indique qu'elle a été première ex aequo aux tournois masculins de Hastings en 1964 et de Lone Pine en 1977[48].
En septembre 2022, Netflix affirme être parvenu à un accord financier avec Nona Gaprindashvili, sans en préciser le montant[49].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Récompenses
[modifier | modifier le code]- IGN Awards 2020 : Meilleure série dramatique[50]
- Golden Globes 2021 [51] :
- AACTA International Awards 2021[52] :
- Meilleure série dramatique
- Meilleure actrice dans une série pour Anya Taylor-Joy
- Critic's Choice Television Awards 2021[53] :
- Meilleure série limitée
- Meilleure actrice dans une mini-série ou un téléfilm pour Anya Taylor-Joy
- Screen Actors Guild Awards 2021[54] : Meilleure actrice dans une mini-série ou un téléfilm pour Anya Taylor-Joy
- Primetimes Emmy Awards 2021[55] :
- Meilleure mini-série
- Meilleur maquillage d'époque ou d'un personnage
- Meilleur montage à caméra unique pour une minisérie, anthologique ou un téléfilm
- Meilleure réalisation pour une mini-série ou un téléfilm
- Meilleurs costumes d'époque
- Meilleure photographie pour une minisérie ou anthologique
- Meilleur casting pour une minisérie, anthologique ou un téléfilm
- Meilleurs décors pour un récit d'époque ou un programme fantastique (d'une heure ou plus)
- Meilleur mixage du son pour une minisérie, anthologique ou un téléfilm
- Meilleur montage sonore pour une minisérie, anthologique ou un téléfilm
- Meilleure composition musicale pour une minisérie, anthologique ou un téléfilm pour Carlos Rafael Rivera
Nominations
[modifier | modifier le code]- IGN Awards 2020 :
- Satellite Awards 2021[59] :
- Meilleure mini-série
- Meilleure actrice dans une mini-série ou un téléfilm pour Anya Taylor-Joy
- Critic's Choice Television Awards 2021[60] : Meilleure actrice dans un second rôle dans une mini-série ou un téléfilm pour Marielle Heller
- Screen Actors Guild Awards 2021[54] : Meilleur acteur dans une mini-série ou un téléfilm pour Bill Camp
- Primetimes Emmy Awards 2021 [61]:
- Meilleure actrice principale dans une mini-série pour Anya Taylor-Joy
- Meilleur design du générique
- Meilleur supervision musicale
- Meilleur scénario pour une mini-série ou un téléfilm
- Meilleure actrice dans un second rôle dans une mini-série ou un téléfilm pour Moses Ingram
- Meilleur acteur principal dans une mini-série pour Thomas Brodie-Sangster
- Meilleures musiques et paroles originales pour Adjournment - I Can't Remember Love
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « Netflix orders limited series The Queen's Gambit from Scott Frank » [archive du ], Netflix Media Center, (consulté le ).
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- (en) Denise Petski, « Netflix Orders The Queen's Gambit Limited Series From Scott Frank; Anya Taylor-Joy To Star » [archive du ], Deadline Hollywood, (consulté le ).
- (en) Jackson McHenry, « The Queen's Gambit Trailer: Anya Taylor-Joy Dives Into Chess, Drugs, and More Chess » [archive du ], sur Vulture, (consulté le ).
- (en) Judy Berman, « Netflix's Marvelous The Queen's Gambit Is the Kind of Prestige Drama TV Doesn't Make Anymore » [archive du ], sur Time, (consulté le ).
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- (en) Will Thorne, « Anya Taylor-Joy to Star in The Queen's Gambit Limited Series at Netflix » [archive du ], Variety, (consulté le ).
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Liens externes
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- (en) Site officiel
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