Littérature biélorusse
La littérature biélorusse désigne la littérature en biélorusse, ou en Biélorussie, ou par les Biélorusses (dont minorités, diasporas, exils).
Les œuvres produites en russe ou ukrainien (langues slaves orientales) ou en polonais (langues slaves occidentales) sont généralement considérées comme faisant partie des littératures russe, ukrainienne ou polonaise respectivement. Idem des œuvres en yiddish, en tatar, en grec, etc.
Contexte
[modifier | modifier le code]Le pays, rarement indépendant, souvent éclaté, est de fait multiethnique et multilingue.
- Langues slaves occidentales (polonais...), langues slaves orientales (biélorusse, russe, rusyn, ukrainien)
- Slaves et Proto-Slaves
- Liste des principautés slaves de l'Est (du IXe siècle au XVIe siècle)
- Ruthénie
- Langues en Biélorussie, Langues de Biélorussie, Trasianka
- Alphabet łacinka, orthographe classique biélorusse
- Rus' de Kiev (838c-1242)
- Principauté de Polotsk (850c-1307)
- Grand-duché de Lituanie (1263-1569)
- République des Deux Nations (1569-1795)
- République tripartite de Pologne-Lituanie-Ruthénie (projet 17e siècle)
- Empire russe (1721-1917)
- Partages de la Pologne
- République socialiste soviétique lituano-biélorusse (1919)
- République socialiste soviétique de Biélorussie (1919-1991)
- République de Biélorussie (Bélarus), depuis 1991
Tradition orale
[modifier | modifier le code]- Onomastique
- Contes, légendes, mythes
- Mythologie slave
- Mythologie chrétienne
Moyen-Âge
[modifier | modifier le code]Les principaux centres culturels religieux sont des monastères : Monastère du Sauveur-Sainte-Euphrosyne (Polotsk), Monastère de la Sainte-Trinité-de-Boldine (Smolensk), Monastère de Lauryshava (en) (Navahroudak), Monastère du Saint-Esprit de Vitebsk (en) (Vitebsk), Monastère Markov de la Sainte Trinité (en) (Vitebsk).
Parmi les réalisations : copies, traductions, lettres, épîtres, psautiers, évangéliaires : collection de livres anciens de la Bibliothèque nationale biélorusse[1].
- Euphrosyne de Polotsk (1110-1173), princesse, moniale, sainte, patronne protectrice de la ville et du pays
- Cyrille de Tourov Kyril Turovski (1130c-1182c), moine, prêcheur
- Principale dynastie d'Europe centrale : Maison Jagellon, Via Jagiellonica (de)
- Casimir IV Jagellon (1427-1492), Sudiebnik Kazimira
- Joannis Vislicensis (en) (1490c-1520), poète épique, La guerre de Prusse
- Les Trois Royaumes (conte)
- Chronique biélorusse-lituanienne (be) (1446)
À la différence de l'Ukraine, il ne semble pas avoir existé de récits épiques transmis par des musiciens itinérants aveugles (kobzari, bandouriste (en)), s'accompagnant à la kobza, à la bandoura ou à la vielle à roue (lira ukrainienne (en)).
Du fait des relations commerciales internationales, le pays (Grand-duché de Lituanie) s'ouvre à l'influence allemande (Ordre Teutonique, Hanse, Drang nach Osten) et juive (histoire des Juifs en Biélorussie).
Temps modernes
[modifier | modifier le code]16e siècle
[modifier | modifier le code]- Statuts lituaniens (1529, 1566, 1588)
- Francysk Skaryna (1486c-1540-1550), Le Psautier (1517), Petit Guide de Voyage, Apôtre (1525)
- Traductions de la Bible en biélorusse (en), dont la première date de 1517
- Simon Boudny (1530–1593), noble, polonais, humaniste, traducteur, pédagogue, réformateur, calviniste, écrivant en polonais et en biélorusse, Le droit de glaive, De bello sententia, Catéchisme (1562)
- Vassil Tsiapinski (en) (1540c–1604), Chronique
- Teodor Jewłaszewski (be) (1546-1616), Mémoires
- Andreï Rymcha (be) (1550c–1604)
- Lew Sapieha (1557-1633)
Vers 1550, environ 100 000 Tatars polono-lituaniens vivent sur le territoire du grand-duché de Lituanie (1263-1569), et il existe pour eux des traductions de textes musulmans en caractères arabes : histoire de l'Islam en Biélorussie.
Dans la république des Deux Nations (1569-1795), multi-ethnique et multilinguistique, qui réunit les populations de vastes territoires (Prusse, Pologne, Lituanie, Ukraine, Lettonie, Livonie), de nouveaux mélanges culturels se produisent, avec des conflits religieux (catholicisme/orthodoxie), mais aussi le développement du sarmatisme.
17e siècle
[modifier | modifier le code]Ce siècle voit la suprématie de la langue écrite polonaise. La polonisation d'une partie de la population s'appuie sur la subordination de l'église orthodoxe du Grand-Duché à la papauté (et au latin). Toute une littérature populaire fleurit en biélorusse : contes, comptines, chants, chansons, incantations, énigmes, etc.
Parmi les écrivains remarquables de la période, actifs en Biélorussie, parfois d'origine extérieure :
- Mélétius Smotritski (en) (1577-1633)
- Longin Karpowicz (pl) (1580-1620)
- Athanase de Brest-Litovsk (1597-1648)
- Siméon de Polotsk (1629-1680), transfuge biélorusse, poète savant, panégyriste, Rhytmologion, psaumes, sermons, traductions, adaptations
- Stefan et Lavrentiy Zyzaniyiv, d'origine ukrainienne, actifs en Biélorussie
XVIIIe siècle
[modifier | modifier le code]- Franciszka Urszula Radziwiłłowa (1705-1753)
- Pawliouk Bahrym (be)
19e siècle
[modifier | modifier le code]Premier 19e siècle
[modifier | modifier le code]Le romantisme permet la redécouverte (par une partie de la minorité dominante) du peuple, de la langue, des légendes et des chants biélorusses.
- Teodor Narbutt (en) (1784-1864), historien, romantique, Les chansons communales rassemblées en Russie lituanienne
- Vikientsi Ravinski (be) (1786c-1855)[2]
- Faddeï Boulgarine (1789-1859), journaliste, polémiste
- Jan Barszczewski (en) (1794-1851), poète, bilingue, Le Noble de Zavalnia
- Jan Czeczot (en) (1796-1847), poète et ethnologue polonais
- Adam Mickiewicz (1798-1855), poète, romantique, polonais
- Napoleon Orda (1807-1883), polonais, compositeur, artiste
- Vintsent Dounine-Martsinkiévitch (en) (1808-1884), poète, dramaturge, traducteur, activiste, un des fondateurs de la littérature biélorusse moderne et du théâtre scolaire
- L'Énéide à rebours, poème burlesque des années 1820
Second 19e siècle
[modifier | modifier le code]- Aleksander Rypiński (pl) (1809-1886), poète polonais
- Władysław Syrokomla (en) (1823-1862), poète, prosateur, traducteur
- Wincenty Korotyński (pl) (1831-1891), poète, traducteur
- Constantin Vérénitsyne (ru) (1834-1904), Tarass sur le Parnasse (1855)[3],[4],[5]
- Kastous Kalinowski (1838-1864), journaliste
- Franciszek Boguszewicz (en) (1840-1900), poète, avocat, folkloriste, également sous les pseudonymes de "Maciej Buračok" et "Symon Reŭka z-pad Barysava"
- Ianka Loutchyna (en) (1851-1897), poète
- Adam Hourynovitch (en) (1869-1894), poète, folkloriste
1880-1918
[modifier | modifier le code]- Frantsichak Bahouchévitch (en) (1840-1900)
- Eliza Orzeszkowa (1842-1910), polonaise, romancière, positiviste
- Karous Kahanez (de) (1868-1918), poète, romancier, dramaturge
- Iadvihine Ch. (de) (1868-1922), écrivain, journaliste
- Alexandre Bogdanov (1873-1928), médecin, écrivain, politique
- Alaïza Pachkievitch dite « Tsiotka » (1876-1916), poète, activiste
- Ianka Koupala (Ivan Loutsévitch, 1882-1942), poète, pilier de la langue biélorusse moderne
- Iakoub Kolas (1882-1956), poète, dramaturge
- Vatslaw Lastowski (1883-1938), prosateur, historien
- Ianka Mawr (1883-1971), physicien, enseignant, poète, prosateur, nouvelliste, dramaturge
- Zmitrok Biadoulia (1886-1941), poète, prosateur, activiste
- Alès Haroun (en) (1887-1920), poète, prosateur, traducteur, compositeur de chansons, journaliste
- Zmitsier Jylounovitch (en) ou Tyshko Gartny/Tsichka Hartny (Ciška Hartny, Цішка Гартны), (1887-1937), poète, prosateur, journaliste, leader politique
- Leib Naidus (1890-1918), poète
- Maxime Bahdanovitch (1891-1917) (Bogdanovitch), poète, symboliste, traducteur, journaliste, critique
- Maxime Haretski (en) (1893-1938), prosateur, poète, folkloriste, lexicographe
- Revues : Nacha Dolia (1906), Nacha Niva (1907-1915)
20e siècle
[modifier | modifier le code]1918-1939
[modifier | modifier le code]- Frantsichak Oumiastowski (ru) (1882-1940)
- Ivan Loutsévitch, dit Ianka Koupala (1882-1942)
- Frantsichak Aliakhnovitch (en) (1883-1944), écrivain, journaliste
- Maxime Haretski (en) (1893-1938), écrivain, journaliste
- Kandrat Krapiva (1896–1991)
- Adam Babareka (de) (1899-1938), historien, critique
- Kouzma Tchorny (1900-1944), prosateur, dramaturge
- Ouladzimir Doubowka (en) (1900-1976), poète, prosateur, traducteur, critique
- Pilip Pestrak (ru) (1903–1978), poète
- Alès Proudnikaw (en) (1910-1941), écrivain
- Revues : Maladnyak (1923-1928)[6], Uzvyshsha (1926-1931)[7]
- Avant-gardistes : Pawliouk Choukaïla (be), Todar Kliachtorny, Valéry Marakow (en), Ouladzimir Khadyka (be), Mikhas Tcharot
- Alès Doudar (en) (1904-1937), Iourka Liavonny (be)
- Iourka Vitsbitch (en) (1905–1975)
- poètes : Mikhas Tcharot, Ouladzimir Doubowka (en), Alès Doudar (en)…
- écrivains : Maxime Haretski (en), Tsichka Hartny (en), Kouzma Tchorny…
- en exil : Mikhas Machara (ru), Kazimir Svaïak (ru), Ouladzimir Jylka…
- Litaratoura i mastatstva (ru) (1932-)
Soviétisation et réalisme socialiste influent sur le développement de la prose romanesque, peu présente jusqu'en 1920.
1940-1960
[modifier | modifier le code]-
Natalla Arsieńnieva (1927)
Réalisme socialiste, russification et Grande Guerre patriotique (1941-1945) constituent durablement l'arrière-plan intellectuel et littéraire. Les massacres de Kourapaty (1937-1941) forment un autre motif.
- Ryhor Krouchyna (be) (1907–1978)
- Laryssa Héniouch Miklachévitch (1910-1983), écrivaine, poétesse
- Pavel Proudnikaw (en) (1911-2000), poète, écrivain
- Maxime Tank (en) (1912-1995), journaliste, poète, traducteur
- Ryhor Rélès (en) (1913–2004)
- Ianka Bryl (de) (1917-2006), écrivain
- Andreï Makaïonak (ru) (1920–1982)
- Aliaksieï Karpiouk (en) (1920-1992), dramaturge
- Ivan Mélej (en) (1921–1976)
- Ivan Chamiakine (en) (1921-2004)
- Vassil Bykaw (1924-2003), mémorialiste, nouvelliste, romancier, Tretja raketa (1961), Le Mur
- Kastous Akoula (en) (1925-2008)
- Alès Adamovitch (1927-1994)
- Ouladzimir Karatkievitch (1930-1984)
- Hienadz Kliawko (en) (1931-1979)
- Revue : Polymia (ru) (Flamme, 1922-), revue mensuelle littéraire, artistique et sociopolitique de l'Union des écrivains de Biélorussie
1960-2000
[modifier | modifier le code]Parmi les voix de cette seconde moitié du siècle :
- Natallia Arsienieva (1903-1997), dramaturge, poétesse, traductrice, en exil
- Ivan Mélej (en) (1921-1976)
- Ivan Chamiakine (en) (1921-2004)
- Alès Salavieï (be) (1922-1978), en exil
- Vassil Bykaw (1924-2003)
- Ouladzimir Karatkievitch (1930-1984)
- Carlos Sherman (en) (1934-2005), écrivain, traducteur
- Ryhor Baradouline (1935-2014)
- Édouard Skobieliew (ru) (1935-2017)
- Sakrat Ianovitch (ru) (1936-2013)
- Raïssa Baravikova (ru) (1947-)
- Héorhi Martchouk (ru) (1947-)
- Alès Razanaw (en) (1947-2021)
- Ouladzimir Arlow (1953-)
21e siècle
[modifier | modifier le code]- Ouladzimir Niakliaïew (1946-)
- Alès Razanaw (en) (1947-2021)
- Svetlana Alexievitch (1948-), La Fin de l'homme rouge (2013), Prix de la paix des libraires allemands (2013), Prix Nobel de littérature (2016)
- Elena Kazantseva (en) (1956-), poétesse, chanteuse
- Yelena Trofimenko (1964-), réalisatrice, scénariste, poétesse
- Artour Klinaw (de) (1965-)
- Natalka Babina (1966-)
- Zmitsier Vichniow (de) (1973-), écrivain, artiste
- Alhierd Bakharévitch (en) (1975-), écrivain, traducteur
- Valzhyna Mort (de) (1981-), poétesse, traductrice
- Volha Hapeïeva (en) (1982-), écrivaine, poétesse, traductrice, linguiste
- Oleg Grouchetski (be) (1974-), écrivain pour enfants, poète, journaliste, personnalité publique
Auteurs
[modifier | modifier le code]Institutions
[modifier | modifier le code]- Bibliothèque nationale de Biélorussie
- Francis Skaryna Belarusian Library and Museum (en)
- Théâtre national académique de Biélorussie Ianka Koupala (Minsk, 1920)
- Théâtre national d'opéra et de ballet de Minsk (1939)
- Théâtre libre de Minsk (2005, Belarus Free Theatre)
- Liste des théâtres de Minsk
Autres langues
[modifier | modifier le code]- Langues en Biélorussie, Langues de Biélorussie, Langues slaves
- Latin, Latin médiéval, Latin humaniste, Latin ecclésiastique, Néolatin
- Littérature yiddish
- Littérature de langue allemande
- Littérature polonaise, Littérature russe, Littérature ukrainienne
- Yiddish, littérature yiddish
- Théâtre yiddish, dont Troupe du théâtre juif de Vilna (en) (1915), à Vilnius, Hrodn, Białystok
- Romani baltique, littérature rom
Annexes
[modifier | modifier le code]Sources
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Maria Delapierre (dir.), Histoire littéraire de l'Europe médiane (des origines à nos jours), Paris, L'Harmattan, 1998, pages 29-38
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Slaves, Slavistique, Slavophilisme, Antislavisme, Panslavisme
- Culture de la Biélorussie
- Histoire de la Biélorussie
- (en) Belarusian diaspora
- Littérature européenne
- Histoire des Juifs en Biélorussie, Shaagas Aryeh (1695-1785), Haim de Volozhin (1749-1821), Yechiva de Volojine, Shoah en Biélorussie
- Groupes ethniques en Biélorussie
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Кніга Беларусі XIV-XVIII стагоддзяў », sur nlb.by (consulté le ).
- (en) « Vikientsi Ravinski », sur wikidata.org (consulté le ).
- « "Taras on Parnassus" : un résumé. Konstantin Verenitsyn "Taras sur Parnasse" », sur taylrrenee.com (consulté le ).
- « « Taras sur le Parnasse » : un résumé. Konstantin Verenitsyn "Taras sur le… », sur nextews.com (consulté le ).
- « knihi.com/none/Taras_on_Parnas… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- « Новости », sur nlb.by (consulté le ).
- « June 24 - 120th Anniversary of the Birth of the Classic of Belarusian Literature Kuzma Chorny », sur National Library of Belarus (consulté le ).