Aller au contenu

Ursula Gauthier

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ursula Gauthier
Description de l'image Defaut.svg.
Activité principale
journaliste, sinologue, écrivaine
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Œuvres principales

Vent et poussière
Le Volcan chinois

Ursula Gauthier est une journaliste et écrivaine française, spécialiste de la Chine, du Tibet et de l'Arménie.

En 1998, elle publie Le Volcan chinois : dans les entrailles du Grand Dragon pour lequel elle reçoit le prix Auguste Pavie. En 2002, Ursula Gauthier est lauréate du prix Louis Hachette pour son traitement du dossier du sang contaminé au Henan en Chine. Depuis 2009, elle fait notamment partie de la rédaction de l'hebdomadaire L'Obs.

Le , Ursula Gauthier est expulsée, de facto, de Chine à la suite d'un article de presse, publié le sur le site internet de L'Obs et ayant déplu aux autorités chinoises. Ces dernières lui reprochent d'avoir défendu de «manière flagrante des actes terroristes » dans la province chinoise du Xinjiang. Ursula Gauthier affirmant que la violence des Ouïghours avait pour cause la politique de la Chine à l'égard de ses minorités ethniques.

Ursula Gauthier a été journaliste du magazine Elle[1]. Elle vit 10 ans en Chine, de 1979 à 1989 et pratique le mandarin qu'elle a étudié à l'université de Pékin[2],[3]. Elle est aujourd'hui reporter et journaliste au service étranger de L'Obs, spécialiste, en particulier, de la Chine[4], du Tibet et de l'Arménie[5],[6]. Elle se déplace régulièrement dans les régions tibétaines et au Xinjiang, où des oppositions aux autorités chinoises sont « réprimées »[7]. Elle est, de 2009 à 2015, correspondante permanente de L'Obs à Pékin.

Expulsion de Chine

[modifier | modifier le code]

Son visa de presse ne lui était toujours pas renouvelé le après un article critique expliquant que la solidarité de la Chine avec la France à propos des attentats du 13 novembre à Paris n'était pas dénuée de l'arrière-pensée d'établir un amalgame entre la lutte contre le terrorisme international et la répression contre la minorité ouïghoure, dans le Xinjiang. Le , un groupe de ouïghours, armés de couperets et d'armes blanches, avaient tué des douzaines de mineurs Han travaillant dans une mine de charbon de la région d’Aksou. La chasse à l'homme engagée par la police s'était soldée par la mort de 28 des assaillants[8]. La nouvelle ne fut divulguée qu'en novembre, après les attentats de Paris. Alors que pour la Chine ce massacre est un acte de terrorisme, Ursula Gauthier déclare que ce qui s'est passé au Xinjiang n'a rien de commun avec les attentats parisiens, affirmant que la violence des Ouïghours avait pour cause la politique de la Chine à l'égard de ses minorités ethniques[9].

La dernière journaliste expulsée de Chine est Melissa Chan en 2012, celle-ci travaillait pour la chaîne de télévision Al Jazeera[10]. Ursula Gauthier a reçu le soutien d'organisations de défenses de la liberté de la presse dont Reporters sans frontières. Par ailleurs, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français indique : « Nous sommes attentifs à la situation de Mme Ursula Gauthier. Nous espérons qu'une solution satisfaisante pour toutes les parties puisse être rapidement trouvée. La France est attachée au libre exercice par les journalistes de leur métier partout dans le monde. »[11],[12],[13]. Ursula Gauthier estime qu'il s'agit : « Après la mise au pas générale de la presse chinoise » depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, d'« intimider les correspondants étrangers, notamment sur les questions concernant les minorités, particulièrement au Tibet et au Xinjiang »[14]. Le quotidien Global Times (proche du Parti communiste chinois), après avoir réalisé un sondage sur son site internet, annonce que 94,5 % des chinois sont favorables à l'expulsion de la journaliste. Faute de traduction dans son intégralité, la majorité des Chinois n'ont pas lu l'article et la version française est inaccessible en Chine[15]. Une quarantaine de professionnels des médias français lui apportent leur soutien[7] ainsi que les syndicats français de journalistes (SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes, membres de la FIJ/FEJ), indignés par les méthodes utilisées par Pékin[16].

La sinologue Marie Holzman a pris aussi la défense de la journaliste, se rangeant à son avis que le gouvernement chinois fait l'amalgame entre les attentats violents et meurtriers commis au Xinjiang et ceux de Paris. Pour elle, les attentats de la gare de Kunming, de la place Tiananmen ou de la mine de Sogan sont non pas « le fait d’une mouvance islamique organisée qui se référerait à une idéologie prônant la fin de la civilisation occidentale [...] » mais celui « de mouvements d’exaspération ou de résistance aux innombrables brimades dont est victime la population ouïghoure, turcophone, majoritairement musulmane [...] » (en 2015, entre autres, interdiction du port du voile pour les femmes ou de la barbe pour les hommes, fonctionnaires ouïghours tenus de ne pas respecter le jeûne du ramadan, interdiction de donner certains prénoms inspirés du Coran). « C'est bien parce qu'Ursula Gauthier a fait la différence entre terrorisme et résistance que le gouvernement chinois s'est mis en rage », déclare-t-elle[17].

Accueil critique

[modifier | modifier le code]

En 1998, la journaliste sinologue[18] publie chez Denoël Le Volcan chinois, ouvrage sur la Chine post-maoïste. La perspective d'une Chine première puissance au XXIe siècle est, aux yeux d'Ursula Gauthier, loin d'être assurée : contre les nouveaux riches à la tête de fortunes colossales, « la révolte gronde de toutes parts ». Le démographe Jean-Claude Chesnais considère Le Volcan chinois comme un « ouvrage essentiel, décapant, documenté » dont la lecture permet de décrypter le monde chinois[19].

Marie-Jeanne Marti trouve « scandaleux » « le dossier du Nouvel Observateur, sous la plume d'Ursula Gauthier à la suite de la sortie du Livre noir de la psychanalyse. La journaliste », écrit-elle, « y produit un amas grisâtre, vague résumé du livre, ne donnant ni tort ni raison à personne en terminant son dossier par une sage joute oratoire de deux universitaires des camps adverses[20] ».

Publications

[modifier | modifier le code]

Ouvrages en propre

[modifier | modifier le code]
  • Vent et poussière, 368 pages, collection Romans français, Denoël, 1995 (ISBN 2207243591).
  • Le Volcan chinois : dans les entrailles du Grand Dragon, 304 pages, collection Documents actualité, Denoël, 1998 (ISBN 2207244156)[21].

Collaborations

[modifier | modifier le code]
  • Le Mortel Business des seigneurs du sang, publié dans Le Nouvel Observateur en .
  • Psy ou médicaments : Comment choisir, dossier de 9 pages publié dans Le Nouvel Observateur, n° 2 093, du [22].
  • Faut-il en finir avec la psychanalyse ?, dossier de 9 pages publié dans Le Nouvel Observateur, n° 2130, du , pp. 10-12 (OCLC 420218905) (voir aussi Correspondance au sujet du livre noir de la psychanalyse, sur le site recalcitrance.com)

Filmographie

[modifier | modifier le code]
  • Les Yeux neufs de l'Arménie (documentaire télé) coréalisé avec Michaëla Watteaux en 1995.
  • Et BB créa la femme (documentaire télé) coréalisé avec Michaëla Watteaux en 1996.
  • La Fracture chinoise (documentaire télé) 26 min, Gédéon Programmes Auteur du documentaire diffusé sur Arte en 2008.
  • Chine, vaincre sans combattre, co-auteur avec Antoine Roux, documentaire, 26 min, Gédéon Programmes 2008, diffusé sur Arte en 2008[23].

Récompenses

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Laurence de Cambronne, Votre premier mois avec bébé (livre numérique Google), Le Livre de poche, 2013, 192 p. : « Il y a quelques années, deux journalistes de Elle, Marie-Françoise Colombani et Ursula Gauthier, sont parties en reportage pendant trois semaines en Chine ».
  2. « Ursula Gauthier parle couramment le chinois qu'elle a étudié à l'université de Pékin (Beida). Elle avait déjà passé 10 ans en Chine, de 1979 à 1989, avant d'être accréditée en 2009 pour L'Obs », La Chine expulse une journaliste française
  3. Chine: la journaliste Ursula Gauthier menacée d’expulsion RFI, 24 décembre 2015
  4. Présentation de U. Gauthier
  5. Ursula Gauthier, France Inter
  6. La lettre du Tibet, CSPT, 27 nov. 2007 « journaliste Ursula Gauthier, spécialiste de la Chine et du Tibet »
  7. a et b L’expulsion de Chine de notre consœur Ursula Gauthier est injustifiable » Le Monde, 30 décembre 2015
  8. « Chine. Opérations antiterroristes tous azimuts dans le Xinjiang », Courrier International,‎ (lire en ligne).
  9. (en) Michael Forsythe,Journalist Says China May Expel Her for Article on Uighurs, The New York Times, 22 décembre 2015 : « Pushed to the limit, a small group of Uighurs armed with cleavers set upon a coal mine and its Han Chinese workers, probably in revenge for an abuse, an injustice or an expropriation, she wrote. »
  10. Des « excuses publiques » ou l'expulsion pour une journaliste française en Chine France24, 25 décembre 2015
  11. « Chine. Une journaliste française risque l’expulsion après un article sur les Ouïgours », Courrier International,‎ (lire en ligne).
  12. Brice Pedroletti, « La correspondante de L'Obs à Pékin expulsée de Chine », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  13. Notre correspondante à Pékin, Ursula Gauthier, a reçu la confirmation par les autorités chinoises qu'elle serait de facto expulsée du pays le 31 décembre à la suite du non-renouvellement de sa carte de presse et de son visa L'Obs, 25 décembre 2015
  14. AFP La Chine expulse une journaliste française en poste à Pékin, Libération (journal), 25 décembre 2015
  15. Chine : 95 % des internautes « soutiennent l'expulsion » de la journaliste française Ursula Gauthier, selon la presse officielle FranceTVInfo, 28 décembre 2015 : « La plupart des internautes chinois n'ont cependant pas pu lire l'article de la journaliste, qui n'a pas été traduit intégralement en mandarin et qui est désormais inaccessible dans sa version française sur le web en Chine, où les autorités maintiennent une stricte censure des contenus en ligne. »
  16. Chine Les syndicats français de journalistes indignés par Pékin L'Humanité, 29 décembre 2015 « La Fédération internationale des journalistes avait condamné les campagnes contre la journaliste française. Les syndicats de journalistes français apportent leur solidarité à Ursula Gauthier et appellent les autorités chinoises à revenir sans conditions sur leur décision et à renouveler son accréditation ainsi que son visa. »
  17. Marie Holzman, Ursula Gauthier expulsée, la Chine révélée, sur liberation.fr, 5 janvier 2016.
  18. Chine: cabale médiatique contre la journaliste Ursula Gauthier RFI, 4 décembre 2015
  19. Jean-Claude Chesnais, compte rendu de Ursula Gauthier, Le Volcan chinois, in Politique étrangère, 1998, vol. 63, n° 3, pp. 681-682 : « Cet ouvrage présente une caractéristique exceptionnelle, c'est une analyse de la Chine vue de l'intérieur. Sinologue et romancière, l'auteur a en effet vécu dix ans en Chine. »
  20. Marie-Jeanne Marti, Les Marchands d'illusions : dérives, abus, incompétences de la nébuleuse « psy » française, Mardaga, 2006, 162 p., p. 69 (Les Psys cautions des médias, semaine du jeudi 1 septembre 2005 - No 2130 - Dossier : « Ce que dit le Livre noir de la psycho ».
  21. Le Volcan chinois
  22. Psy ou médicaments : Comment choisi
  23. Vaincre sans combattre Arte
  24. Prix Louis Hachette pour la presse écrite

Article connexe

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]
pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy