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G. DELATOUR

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G. DELATOUR né au Bec-Hellouin (Eure) le 22 Septembre 1973, est un écrivain français exerçant des fonctions managériales au sein d'une grande entreprise française.

Il est remarqué pour ses premiers ouvrages "Aphorismes" [1]en 2014, suivi de "Aphorismes et autres variations"[2] en 2015, puis "Aphorismes des quatre saisons"[3] en 2016 et "Philaphorismes"[4] en 2017.

Il est régulièrement sollicité et cité pour des interventions écrites ou sous forme de conférences dans lesquelles il associe son goût pour la littérature et la philosophie à des thèmes managériaux (narratif et leadership, poésie et connaissance de soi, rhétorique des leaders, etc.). Ses aphorismes sont cités dans divers articles managériaux ([1] [2]) ou dans le domaine de la promotion de la langue française ([3]), mais aussi en préface de plusieurs ouvrages dans le domaine managérial [2][3][5] ou à destination des entreprises [6][7][8] pour y illustrer les sujets qui y sont traités.

La date de naissance de G. Delatour est juste présumée à ce jour. La seule certitude au regard de son arrivée au monde est qu'âgé de seulement quelques heures, il fut découvert en ses langes, par un moine en mal de sommeil, au pied de la grande tour de l'abbaye du Bec-Hellouin dans l'Eure, un soir tardif du 22 septembre 1973.De parents inconnus, les premières années de sa vie au sein de l'abbaye dans laquelle il a grandi, lui ont, à n'en point douter, laissé le goût de l'élévation spirituelle dont il fera une quête, porté par une soif insatiable de connaissances intellectuelles, physiques et morales. Il s'est ouvert au monde en partant étudier, puis officier loin de ses terres natales, mais pour toujours mieux y revenir. Il décrit ses plus beaux voyages comme ceux qu'il a effectués à l'intérieur de lui-même, à la manière d'un Baudelaire des temps modernes engagé de son époque.

Enfance et Jeunesse

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Ses parents adoptifs, qu'il décrit comme un couple "d'originaux adaptés" ont beaucoup influencé son parcours de vie. Enfant adopté, mais élevé comme s'ils l'avaient fait, il baigne dans un milieu caractérisé par l'ouverture et la curiosité intellectuelle. Son beau-père, dirigeant dans une entreprise internationale, lui a transmis très jeune le goût des voyages, facilité par un bilinguisme anglais instillé très jeune. Sa belle-mère, enseignante et thérapeute reconnue, l'a pour sa part, initié aux voyages intérieurs et au goût des autres.

Enfant éveillé et nourri de l'éclectisme de ses parents, il a précocement exprimé son intérêt pour toutes sortes de sujets, mais avec toutefois le besoin d'être canalisé par ce couple, pour ne pas se disperser.

Formé de manière à la fois rigoureuse et très ouverte, ce "touche à tout" compulsif n'est pas indécis entre une opinion et une autre; mais toujours décidé à les choisir toutes les deux! Ce qu'il retraduit d'ailleurs dans de nombreux aphorismes dont un notamment sur le fait "d'associer le geste du professionnel et le cœur de l'amateur", ou encore; "ce qui compte, c'est moins de tout mettre en équation, qu'en adéquation".

De ces deux êtres aimants, qui l'ont élevé et préparé à la vie, il ne parle jamais, mais il déclare dès qu'il le peut, leur vouer une profonde affection et reconnaissance. Adulte, il gardera de ce couple un peu "excentrique" un côté enfant créatif, que l'on retrouve dans ses œuvres et ses interventions.

Héritier culturel de cette famille d'accueil, ce "funambule contorsionniste" ne pouvait se contenter d'une seule vie professionnelle longiligne et exclusive.

Très tôt, il a concilié le besoin de gagner sa vie, avec l'envie de donner un sens à sa vie, malis aussi le besoin et l'envie d'enchanter sa vie; en conciliant toujours les trois dans tous ses engagements

Pour gagner sa vie, il a imité ce beau-père en s'investissant et se construisant lui aussi un parcours professionnel de cadre dirigeant international. Lui qui avait un temps songé à devenir prêtre, sans doute influencé par le monastère où il fut trouvé à la naissance, a travaillé par nécessité.

S'il n'a pas suivi sa vocation spirituelle, il s'est mis à vraiment aimer se rendre utile par son travail pour les autres, tout en les découvrant en leurs pays. Porté par la globalisation et aidé de son bilinguisme et sa curiosité, il a servi son employeur lors d'expatriations aux Etat-Unis et en Suède, ou plus ponctuellement dans diverses missions aux quatre coins du monde (Brésil, Argentine, Liban, Royaume-Uni, Arménie). Toujours très investi dans son travail et son pays d'accueil, il a pu nourrir sa curiosité avec sagacité lors de ses nombreux périples, au point de devenir suédois au gré de l'un d'eux.

Pour donner un sens complémentaire à sa vie professionnelle, c'est cette fois-ci sa mère, qui sans doute l'influence à enseigner très précocement et durablement. il poursuit en amateur éclairé un engagement universitaire associant recherche et enseignement sur des hèmes toujours liés à la nature humaine (leadership, management, RH, RSE) et pour nourrir son goût prononcé pour l'apprentissage pour lui-même et la transmission intergénérationnelle pour les étudiant(e)s. C'est sans doute ce qui lui fit écrire dans un ouvrage qu'un "bon enseignant est comme un compositeur qui interprète lui-même son œuvre".

Et enfin, dans une troisième vie contingente des deux autres, pour enchanter l'ensemble, il se livre depuis longtemps à l'écriture, mais en toute discrétion, au point que même ses parents ont longuement été tenus dans l'ignorance de cette activité. Sans doute par déférence pour eux et crainte de ne pas être à la hauteur. De même, s'il a adopté ce patronyme tronqué de G. Delatour, c'est que son beau-père se prénomme Guillaume et qu'il lui a juste emprunté cette initiale, sans jamais oser porter lui aussi ce prénom. En écrivain clandestin, il a commencé par écrire quelques chroniques dans des revues professionnelles, avant de se consacrer aux genres qui correspondaient sans doute le mieux à ses parcours de vies; les aphorismes et la poésie. G. Delatour pratiques les aphorismes comme une seconde nature. Il exprime son regard sur la vie, au travers de ces figures de style popularisées au 18ème siècle.

Humaniste déclaré, ses thèmes de réflexion sont de portée universelle. Il les articule, cette fois-ci autour de plusieurs thèmes tels que le rapport aux autres, la connaissance de soi, le temps qui passe, la vie publique ou le rôle du passeur de vision. Il partage une pensée personnelle, mais propre au toucher de chacun. Ses thèmes de réflexion s'articulent autour du rapport au temps ("Aphorismes et autres variations"[2]), l'altérité, l'amour ("Philaphorismes"[4]). Parmi ses aphorismes les plus cités figurent par exemple ceux-ci : "Le peintre est un passeur auquel le sujet se livre et qu'il doit délivrer au regard du public", "Entre l'auteur et son sujet, il est permis de se demander lequel fait vivre l'autre", "C'est fou comme les enfants ont du génie et comme les adules qui en sont dotés sont comme des enfants", "Le besoin de plaire est une pathologie qui tue la joie d'être soi-même", "le véritable amour ne se révèle que lorsque la conquête se transforme en apprivoisement", "S'émerveiller c'est à la fois aimer et se réveiller d'aimer".

Genres littéraires

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G. Delatour mobilise l'aphorisme comme pratique rhétorique, notamment parce qu'il s'est passionné depuis de longues années pour cette forme discursive; là encore sans doute influencé par sa famille adoptive, au sein de laquelle dictons et autres proverbes étaient toujours de mise pour qualifier la situation vécue. Ainsi, dès jeune enfant, l'intérêt à ses yeux de l'aphorisme comme forme discursive, tenait au fait qu'il était un complément naturel à la métaphore pour mieux définir ce qu'il vivait. Quand la métaphore image le sujet, l'aphorisme le définit. Ou plutôt, lorsque la métaphore met en lumière le sujet, l'aphorisme invite le lecteur à se forger une opinion dessus. En ce sens l'aphorisme de Karl Krauss sur les aphorismes est particulièrement éclairant "l'aphorisme n'est ni la vérité, ni une demie-vérité, il est une vérité et demie".

Ainsi à l'âge adulte, s'est-il mis à pratiquer les aphorismes comme une "deuxième langue", voire à écrire sous et sur cette forme rhétorique. Ainsi écrit-il que, l'aphorisme peut-être une phrase ouverte qui donne à penser, ou fermée qui rend libre de penser l'opposé. Il peut être une expérience de réflexivité, car on croît communément que le discours va dans le sens du rédacteur (orateur) vers le lecteur (l’auditoire), mais si on « écoute » bien l’auditoire ou le futur lecteur, il est tout à la fois pour l’auditoire et avec l’auditoire, car les pratiques rhétoriques font échos aux attentes de l’auditoire. En ce sens, en se mettant en position « basse » par rapport à l’auditoire, le locuteur-leader qu’on imagine communément en position « haute », comprend mieux son auditoire, ses attentes, ses aspirations, pour mieux préparer la rencontre avec un potentiel. Ainsi écrit-il sur cette « danse » avec l’auditoire: "Entre l'auteur et son lecteur, il est permis de se demander lequel fait vivre l'autre" (G.Delatour)

Certains pourraient voir en cela une forme de duplicité ou d'ambiguïté, alors que lui y voit un moyen de révéler le monde tel qu'il se présente. Complexe, flou, indéterminé et qui de ce fait appelle des regards croisés d'une part, nuancés d'autre part. Différent du dicton, l'aphorisme procède souvent du chiasme. C'est ce qu'il explore dans son deuxième ouvrage "Aphorismes et autres variations"[2] où, sans entrer dans une définition et une description érudite du chiasme, il présente l'intérêt d'associer l'auditeur ou le lecteur à une réflexion, certes définie, mais ouverte, plutôt qu'une prescription définitive. A titre d'exemples de chiasmes : "Ce n'est pas parce qu'il est difficile que nous n'osons pas; c'est parce que nous n'osons pas qu'il est difficile" (Sénèque). Ou encore "Qui craint de souffrir, il souffre déjà de ce qu'il craint" (Michel de Montaigne)

G. Delatour pratique l'aphorisme comme un contrepoint (et un contrepoids) utile à la métaphore. Le chiasme aphorique lui semble adapté aux pratiques discursives du leader coach (qu'il enseigne), qui n'impose pas un discours, mais en propose un, voire invite l'audience à en composer un dans un débat ensemble pour faire sens d'une situations complexe ou à dilemme. "Débattre, c'est ce qu'il faut faire pour ne pas se battre"[4] (Etienne Klein). L'étymologie de débattre date du 12ème siècle. C'est une manière de permettre aux positions différentes de s'afficher et de trouver un terrain entre la militance et la compétence.

Ainsi G. Delatour considère t-il que l'aphorisme est une forme rhétorique constituant un outil utile de communication pour le leader, car susceptible de créer le consensus sur des valeurs partagées. Le tout alors même que son environnement est caractérisé par des tensions liées à la complexité et l'ambiguïté et que de surcroît, il lui est demandé de se prononcer sur un avenir de plus en plus imprévisible. Ce contexte d’incertitude est en effet paradoxal pour le leader. D’une part, il doit prononcer un diagnostic responsable et engagé pour entraîner l’entreprise vers l’avenir. D'autre part il sait que l'aphorisme d'Alphonse Karr n'a jamais été aussi prémonitoire : "Rien ne se passe jamais, ni comme on le craint, ni comme on l'espère". Dans ce cadre, il peut dresser des orientations pour son discours en évitant une logique d'enfermement et de s'inspirer d'Héraclite : "Le maître à qui appartient l'oracle, celui de Delphes, ni ne dit ni ne cache; il indique".

Baigné depuis son enfance dans cette culture des Lumières et de l'honnête homme, G. Delatour cherche toujours à faire une synthèse des contraires, dans le souci de dresser une voie "raisonnable", comme un chemin entre les excès. Aussi, en conclut-il que l'aphorisme est bien une forme narrative :

  • D'intermédiation espace/temps ou entre d'autres éléments pour donner un sens à une situation complexe et à des éléments épars et pas forcément reliés entre eux par l'évidence.
  • Il est une "histoire" courte de soi, en vecteur de sens,
  • Sa dualité répond aux situations ambiguës et complexes,
  • Il adresse la complexité d'une situation avec une économie de mots, pour la rendre intelligible à la communauté,
  • Il peut révéler une synergie des intérêts (Daphne A Jameson - Narrative discourse and Management Action)

Tant dans ses ouvrages que ses interventions, il mobilise cette forme rhétorique adaptée aux dilemmes toujours plus nombreux aujourd'hui et aux injonctions contradictoires qui les accompagnent : "Aujourd'hui, le phénomène s'amplifie en raison de l'attente faite aux entreprises de contribuer aux transitions sociétales en plus de leur rôle économique : gérer en permanence le triptyque "People-Planet-Profit". Les décisions entraînent de plus en plus de paramètres (quantitatif ET qualitatifs) et s'éloignent du monde dans lequel "gouverner c'était choisir et choisir c'est renoncer"[5] pour entrer dans un nouveau paradigme décisionnel où "gouverner c'est équilibrer et de ce fait concilier avec justesse" et en pleine conscience d'un risque d'inadéquation ultérieure du choix. On passe de l'éternel diptyque Droit-Morale (Légal-Légitime) à l'émergence de situations inédites qui amènent à compléter la pratique réglementaire normée d'un questionnement éthique (une morale intelligente et responsable dont on peut répondre au mieux de sa conscience)" (Hippocrate et Isocrate : pour une éthique professionnelle [6]- C Karyotis et G. Lefebvre)

Mais, au final, malgré la nuance, le discours n’est pas dénué de l’objectif de faire un impact sur l’auditoire ; ce qui est quand même l’effet recherché. Comme “histoire résumée”, l’aphorisme est à la fois sentence et proposition pour que l’auditeur le fasse sien ou non. En ce sens, l’aphorisme est sans doute plus neutre et moins « prescriptif », que l’histoire racontée. Il est souvent une thèse avec son antithèse et sa synthèse réunies, auxquelles l’auteur est invité à réfléchir et/ou s’identifier, tout en ayant au final un parti pris. Sans entrer dans le débat s’il s’agit d’une forme littéraire qui relève de l’art ou de la science, il est clair qu’il vise plus à transmettre un sens, que la vérité absolue. Souvent utilisé en propos conclusif, il est utilisé pour résumer le sens principal de l’histoire.

Se livrant également à la poésie, G. Delatour a considère plus propice que jamais pour lire le monde tel qu’il devient. Comme s’il était nécessaire d’aller lentement pour en comprendre la vitesse, de faire un pas de côté pour lire le fil de l’actualité, de s’élever au ciel pour mieux interpréter ce qui se joue sur terre.

Pour cela, il remonte très loin en arrière dans l'histoire du monde chez les sumériens 3000 ans avant Jésus Christ. Outre la roue, cette civilisation trop méconnue a aussi inventé l'écriture cunéiforme. Elle induit une véritable révolution avec la capacité à communiquer du sens partagé, de l'innovation et de la propagation des idées; bref des schémas relationnels rendus plus aisés par l'existence de signes et de langues partagés. La suite de l'histoire s'accélère avec l'écriture qui "nous permet de comprendre comment les mots écrits modifient la vision du monde et agissent sur nos rapport sociaux. Il y a 5000 ans..., des scribes ont eu l'idée d'imprimer sur un bloc d'agile molle, à l'aide d'un "stylo" en forme de roseau taillé, quelques signes abstraits, des conventions arbitraires pour représenter des objets ou des animaux achetés...Quand la parole parlée est un acte de rencontre, la parole écrite donne plutôt une sensation de matérialité, comme une force capable d'agir sur la matière, de guérir les corps blessés et de structurer les rapports sociaux" (Boris Cyrulnik - La nuit j'écrirai des soleils[5])

Plus tard à la fin du Moyen Age, "la société a pris l'habitude d’enregistrer et de chiffrer ses actes et ses projets" (Georges Duby – Histoire de la vie privée [9]). Le fait est que la fin du Moyen Age, puis la Renaissance, se traduit non seulement par des changements majeurs, à commencer par l’imprimerie, qui permettra un accès plus large aux écrits. Le fait est que cette période connaît tout autant un bel élan poétique avec, notamment, du Bellay et Ronsard. Déjà, si la société est ce qu’elle est, elle se décrit telle qu’elle se voit et désire être au travers des écrits poétiques de l’époque.

Ainsi va le monde jusqu’à la révolution industrielle et une nouvelle invention majeure et disruptive (la machine à vapeur). Elle permet un formidable élan de productivité et de production, mais nous guide aussi insensiblement vers un monde caractérisé par la vitesse, la pression temporelle, l’interdépendance et la complexité. C’est-à-dire un monde dans lequel demain sera de moins en moins comme hier.

De même, dans ce siècle de changements majeurs, qu’est le 19ème, avec un élan incomparable d’innovations jusqu’à présent, la poésie se renouvelle et fleurit avec un florilège d’auteurs, qui certes par ellipses et images, à l’instar des impressionnistes contemporains, décrivent le monde tel qu’il s’écrit et même s’écrie, avec notamment « le Dormeur du val » d'Arthur Rimbaud.

Jusqu’à nos jours où nous sommes passés d’un monde moderne à un monde postmoderne avec « une nouvelle économie, une nouvelle sensibilité, de nouvelles idéologies : à l’image de la grande transformation qu’avait produite la révolution industrielle, la révolution numérique est en train de provoquer une remise à plat radicale de la société et de ses représentations…Ce n’est pas seulement la gestion des corps qui est optimisée, c’est la psyché des humains qui est « taylorisée » ». (Daniel Cohen – Homo numericus – La « civilisation qui vient »[10]).

Selon lui, nous vivons sans doute à la fois la fin d’un monde et une Renaissance, mais sans savoir l’identifier, la nommer, la dessiner, voire, lui donner un dessein. Entre les changements permanents et de toutes sortes, nous sommes en perte de sens et ressentons comme une peur (l’inquiétude est devenue un mot très fréquemment utilisé) de lendemains, dont nous devinons, qu’ils ne seront pas comme hier, mais n’avons aucune idée de ce à quoi ils ressembleront.

Dans ce contexte associant à la fois abondance et anxiété, G. Delatour invite à produire de nouvelles clefs de lecture, à formuler une vision partagée d’un futur ensemble, imaginer (littéralement poser des images, par des métaphores par exemple) demain, à ouvrir le jeu en ouvrant les esprits. Ou encore à « réagir, être réceptif à des situations inédites et singulières, qui savoir trouver un chemin là où le système paraît surdéterminé, en aucun cas être celui qui recopie les recettes d’un recueil de pratiques, fussent-elles bonnes » (Pierre-Olivier Monteil – Ethique et philosophie du management – Erès[11]). En ce sens, selon lui, l’Intelligence Artificielle, qui présente un formidable potentiel de soutien, voire de substitution à notre intelligence analytique, se révèle par construction décevante pour atteindre le niveau de l’humain sur son intelligence créative et émotionnelle (création d’un sens) et sur son intelligence pratique (le bon sens). Il prône de passer d’une logique de reproduction à une logique de représentation, un peu à l’image des impressionnistes au 19ème, de création, puis d’adoption de nouveaux paradigmes. A l’instar de cette citation de Milan Kundera ; « La vie humaine est comme une pièce de théâtre que l’on doit jouer sans l’avoir jamais répétée ».

Aussi pense-t-il que la poésie est plus que jamais d’actualité et nécessaire dans ce monde, pour faire de nous plus encore qu’hier, des catalyseurs, des révélateurs et des transmetteurs de sens, pour le partager et le diffuser, voire susciter l’adhésion de personnes, elles-mêmes en quête de sens. Ceci alors même que nos opinions sont de moins en moins alignées, que nous faisons face à des thèmes, de plus en plus inédits et de ce fait sans précédents et inconnus. Dans un monde de paradoxes (coexistence de deux propositions mutuellement exclusives ou ressenties comme telles) et des dilemmes (indécision), le quantitativisme, hérité de la révolution industrielle et d’un monde, qui n’est plus prédictif, se révèle de moins en moins pertinent.

Voilà pourquoi, même si cela peut ne pas sembler « très sérieux » aux yeux des « grandes personnes », il aime et pratique la poésie et écoute sa « poésie intérieure ». Comme pour les aphorismes, par ses messages elliptiques, la poésie ne prétend pas servir un « sens tout prêt à consommer », une pensée unique, mais permettre à chacun d’y trouver un sens, qui emprunte tant au personnel, qu’à l’universel. Boris Cyrulnik verbalise combien la perception d’un sens peut mettre en mouvement, voire est précisément le moteur d’une mise en mouvement : « Celui qui a un « pourquoi » peut supporter n’importe quel « comment ». Le pourquoi de la souffrance est à l’origine d’un grand nombre de motivations pour la philosophie, la médecine, la psychologie, la poésie et bien d’autres productions artistiques. La rage de comprendre est un acte de résistance qui mène au plaisir de comprendre » (Boris Cyrulnik – La nuit, j’écrirai des soleils[12] ). Ou encore « Face à l’absurde, les plus fragiles avaient développé une vie intérieure qui leur laissait une place pour garder l’espoir et questionner le sens (Victor Frankl - Donner un sens à sa vie[13] ). Ce phénomène est régulièrement constaté quand les hommes doivent vivre dans des conditions extrêmes. Plus forte que la force physique, la force mentale organise la résistance à l’épreuve et la reprise d’un développement résilient. Cette force s’organise autour d’un projet à réaliser et non pas d’un bien-être immédiat » (Ibid.).

Certes, l’ouverture par la poésie au champ spirituel, symbolique et rhétorique est aux antipodes de l’illusion d’objectivité. Pour G. Delatour, accepter d’être subjectif, cela signifie d’assumer totalement son intuition. L’intuition dans sa pureté est toujours juste. C’est-à-dire accepter de s’affranchir de l’ordinateur préprogrammé qui est en nous et se poser la question du curseur entre objectivité et subjectivité. Comme l’exprime si merveilleusement Barack Obama dans son fameux discours du New Hampshire de 2008[14], « there’s never been anything false about hope ». Par un regard poétique, il y a moyen de passer de la reproduction à la représentation, d’accepter que c’est par l’émotion, sa traduction en métaphores, en images, en mots, que l’exercice de cette subjectivité est le chemin vers une nouvelle réalité.

En laissant simplement exprimer sa poésie intérieure, il fait mieux résonance avec son audience. La comparaison peut sembler audacieuse ou insolite, mais après tout, l’expression et le partage de la vibration de cette poésie est ce qu’attend un peu le public d’un artiste au théâtre ou lors d’un tour de chant. C’est sans doute aussi une des clefs de l’adhésion à un rhéteur, mélange de ce qu’il est et de ce qu’il dit. Pour autant, la poésie n’est pas un genre naturel ou débridé. Elle est l’expression mise en forme d’une musique intérieure qui fera écho chez l’autre (les autres). Comme Victor Hugo le qualifie bien dans son aphorisme sur la forme poétique : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface ».

Cadre dirigeant habitué à sillonner le monde et voir sa diversité, mais aussi sa versatilité, G. Delatour s’est convaincu que le futur ressemblerait insensiblement de moins en moins à hier, contrairement à l’illusion que l’on nourrit à son sujet. Et si les statistiques décrivent le passé jusqu’à l’instant présent, la poésie et les métaphores qu’elle charrie peuvent ouvrir les yeux du présent vers un futur mieux accepté après une « séance d’élévation poétique » ! Dans ce monde où la seule certitude est l’incertain, il s’est résolu à cesser de toujours faire la même chose et à mener des raisonnements conditionnés par l’ère industrielle qui nous a vus naître et a fait de nous des « homo numericus ». Oser s’essayer à la pensée poétique est pour lui une manière d’exprimer des images sensibles et plausibles d’un futur commun, même si cela ne « fait pas très sérieux ». Il suffit de méditer ce que le Petit Prince exprime sur les gens sérieux, pour se convaincre que le regard poétique a de beaux jours devant lui pour faire office de « passeur de vision » dans un monde qui en manque cruellement.

Ainsi poursuit-il sa vie, tel un Ulysse moderne, dans un monde on l’on sait de plus en plus de chose sur la masse, souvent au détriment du singulier. La poésie est, à ses yeux, une source d’inspiration du singulier à laquelle il est très sensible. En faisant remonter l’inconscient (individuel et collectif) à la surface, elle lui paraît en soi une belle expérience d’élévation de conscience et de lucidité, si nécessaire en ce monde. Jean Monbourquette l’exprime très bien au sujet de : « L’écrivain Julien Green, faisant allusion à l’activité de son ombre, notait : « Il y a quelqu’un qui écrit mes livres que je ne connais pas, mais que je voudrais connaître ». Ou encore : « Devrais-je me contenter de changer seulement l’extérieur de moi-même ? Ne faudrait-il pas que je plonge aussi à l’intérieur de moi ? ». (Jean Monbourquette – Apprivoiser son ombre - Le côté mal aimé de soi)[15].

Ce que G. Delatour complète dans une vision optimiste et engagée du monde en s’y investissant tout en poursuivant sa quête poétique : « la vérité d’aujourd’hui, c’est de reconnaître le monde tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit. Et celle demain, c’est de ne pas l’accepter tel qu’il est aujourd’hui et de le construire tel qu’on voudrait qu’il soit » (G. Delatour).

  1. G. Delatour, Aphorismes, les Éditions Zigzag, coll. « Collection Aphorismes », , 94 p. (ISBN 978-2-9543915-0-2)
  2. a b c et d G. Delatour, Aphorismes et autres variations, les Éditions Zigzag, coll. « Collection Aphorismes », , 94 p. (ISBN 978-2-9543915-2-6)
  3. a et b G. Delatour, Aphorismes des 4 saisons, les Éditions Zigzag, coll. « Collection Aphorismes », , 84 p. (ISBN 978-2-9543915-4-0)
  4. a et b G. Delatour, Philaphorismes, Les Editions ZigZag, coll. « Collection Aphorismes », , 96 p. (ISBN 978-2-9543915-5-7)
  5. a et b Boris Cyrulnik, La nuit, j'écrirai des soleils, Odile Jacob, coll. « Odile Jacob poches », (ISBN 978-2-415-00582-5)
  6. Collaborateurs de Crédit Agricole CIB Nordics, Visa pour l'Europe du Nord - Petit guide pratique du startupper dans les pays nordiques, Uni Médias, , 132 p. (ISBN 978-2-37762-042-5, lire en ligne)
  7. Collaborateurs de Crédit agricole CIB, Visa pour l'Asie du Sud-Est - petit guide pratique du startupper en Asie du Sud-Est, Uni Médias, (ISBN ISBN 978-2-37762-064-7[à vérifier : ISBN invalide])
  8. Collaborateurs de Crédit agricole CIB, Visa pour les Etats -Unis - Petit guide pratique du startupper aux Etats-Unis, Uni Médias, (ISBN ISBN 978-2-37762-089-0[à vérifier : ISBN invalide])
  9. Georges Duby, Histoire de la vie privée, tome 1 - De L'Empire romain à l'an mil, Seuil, , 668 p. (ISBN 978-2020364171)
  10. Daniel Cohen, Homo numericus: la civilisation qui vient, Albin Michel, (ISBN 978-2-226-47639-5)
  11. Pierre-Olivier Monteil et Dominique Méda, Éthique et philosophie du management, Éditions Érès, coll. « Espace éthique », (ISBN 978-2-7492-5050-2)
  12. Boris Cyrulnik, La nuit, j'écrirai des soleils, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-4828-5)
  13. Viktor Emil Frankl, Clifford J. Bacon et Louise Drolet, Découvrir un sens à sa vie: avec la logothérapie, J'ai lu, coll. « J'ai lu », (ISBN 978-2-290-02482-9)
  14. « American Rhetoric: Barack Obama - New Hampshire Primary Concession Speech », sur www.americanrhetoric.com (consulté le )
  15. Jean Monbourquette, Apprivoiser son ombre: le côté mal aimé de soi, Éditions Points, coll. « Points », (ISBN 978-2-7578-5204-0)
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