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Fiscalite Des Entreprises Cours

Cours de fiscalité des entreprises UCAC

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AREPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix - Travail - Patrie Peace - Work - Fatherland


---------- ----------

UNIVERSITE CATHOLIQUE D’AFRIQUE CENTRALE


Institut Catholique de Yaoundé

MASTER 1
Droit des affaires et fiscalité
2021 - 2022

Cours de Fiscalité des entreprises


PLAN DU COURS SUR LA FISCALITE DES ENTREPRISES

INTRODUCTION

TITRE PRELIMINAIRE : DES GENERALITES

I- NOTIONS GENERALES SUR LA FISCALITE


II- NOTIONS GENERALES SUR LES ENTREPRISES
III- ORGANISATION DU SYSTEME FISCAL CAMEROUNAIS

TITRE I : L’IMPOSITION DU REVENU DES ENTREPRISES

CHAPITRE 1 : L’IMPOT SUR LE REVENU DES PERSONNES PHYSIQUES (IRPP)

SECTION 1 : LES PRINCIPES GENERAUX APPLICABLES A L’IRPP


SECTION 2 : LA DETERMINATION DE L’ASSIETTE DE L’IMPOT SUR LE REVENU
DES PERSONNES PHYSIQUES

CHAPITRE 2 : L’IMPOT SUR LES SOCIETES (IS)

SECTION 1 : CHAMP D’APPLICATION ET PERSONNES SOUMISES A L’IS


SECTION 2 : DES EXONERATIONS
SECTION 3 : DETERMINATION DU BENEFICE IMPOSABLE

CHAPITRE 3 : LA TAXE SPECIALE SUR LE REVENU

SECTION I : DU CHAMP D’APPLICATION


SECTION 2 : LIQUIDATION ET PAIEMENT DE LA TSR

TITRE II : L’IMPOSITION DE LA CONSOMMATION

CHAPITRE 1 : LA TAXE SUR LA VALEUR AJOUTEE ET LES DROITS D’ACCISES

SECTION 1 : CARACTERISTIQUES ET AVANTAGES DE LA TVA ET DES DA


SECTION 2 : LE CHAMP D’APPLICATION DE LA TVA ET DA
SECTION 3 : FAIT GENERATEUR ET EXIGIBILITE
SECTION 4 : LA BASE D’IMPOSITION
SECTION 5 : LES TAUX DE LA TVA ET DES DROITS D’ACCISES
SECTION 6 : LES DEDUCTIONS
SECTION 7 : MODALITES DE PERCEPTION DE LA TVA ET DES DROITS D’ACCISES

TITRE III : L’IMPOSITION DU PATRIMOINE DES ENTREPRISES

CHAPITRE 1 : LES DROITS D’ENREGISTREMENT

SECTION 1 : GENERALITES SUR LES DROITS D’ENREGISTREMENT


SECTION 2 : LE REGIME FISCAL DES ACTES DE SOCIETES
SECTION 3 : LES TARIFS DES DROITS D’ENREGISTREMENT

CHAPITRE 2 : LA TAXE SUR LA PROPRIETE FONCIERE


1
SECTION 1 : CHAMP D’APPLICATION
SECTION 2 : MODALITES DE PERCEPTION DE LA TAXE SUR LA PROPRIETE FONCIERE

TITRE V : LES OBLIGATIONS FISCALES DES ENTREPRISES ET LES SACTIONS

CHAPITRE 1 : LES OBLIGATIONS FISCALES

SECTION 1 : L’OBLIGATION D’IMMATRICULATION


SECTION 2 : LES OBLIGATIONS DECLARATIVES
SECTION 3 : LES OBLIGATIONS COMPTABLES
SECTION 4 : L’OBLIGATION DE PAIEMENT

CHAPITRE 2 : DES SANCTIONS EN CAS DE NON RESPECT DES OBLIGATIONS


FISCALES

SECTION 1 : LA PRESCRIPTION
SECTION 2 : DES SANCTIONS EN CAS DE NON RESPECT DE SES OBLIGATIONS
SECTION 3 : DES SANCTIONS PENALES

2
INTRODUCTION

Les classiques présentaient les finances publiques comme une simple technique de couverture
des charges publiques. La vérité est cependant que les préoccupations politiques n’ont jamais été
étrangères aux débats et aux choix fiscaux. Par définition en effet, l’impôt n’est neutre ni
socialement, ni économiquement. Il en est ainsi parce que la fiscalité est un instrument au service
d’une politique, d’une vision de la vie en commun, organisée par des pouvoirs publics
gestionnaires de services publics.

A l’origine de tout impôt, il y a pratiquement toujours un problème de politique budgétaire. La


question se pose toujours en effet de savoir si une dépense sera ou non autorisée. Si cette
question est résolue par l’affirmative, il faut encore examiner si la dépense sera couverte par
l’impôt, par l’emprunt ou par des ressources de trésorerie. La politique budgétaire comporte donc
deux catégories d’objet : décider les dépenses et déterminer le mode de couverture de ces
dépenses.

Les dépenses étant décidées, il faut déterminer leur mode de couverture. Il se pose alors un
problème de gestion budgétaire. Concrètement, il s’agit de savoir si, compte tenu de la nature de
la dépense et du souci d’en répartir la charge entre tous les citoyens de la manière la plus
équitable, il convient de recourir à l’impôt ou à l’emprunt.

En effet, il s’avère opportun qu’une dépense d’investissement, qui met entre les mains de la
collectivité un instrument durable, soit couverte par l’emprunt. Ce faisant, bien qu’accomplie à
l’époque présente, elle profitera aux générations futures ; son poids ne doit donc pas être
supporté uniquement par la génération actuelle.

Inversement, il demeure plus opérant qu’une dépense de consommation, c’est-à-dire une dépense
qui ne laisse aucune richesse durable entre les mains de l’Etat, soit couverte par l’impôt : elle
profite immédiatement à tous les citoyens, et ce serait indûment rejeter sur les générations
futures le poids d’une satisfaction présente que d’en financer la dépense par l’emprunt.

C’est donc pour cela que les recettes fiscales demeurent à ce jour le poste le plus élevé dans la
structure des recettes publiques. C’est dire l’importance pour l’administration fiscale de
mobiliser les recettes relatives aux impôts et taxes pour couvrir les dépenses de l’Etat.

En conséquence, il est important que l'impôt doit corresponde aux services rendus, c'est-à-dire au
paiement de l'Etat pour la protection des droits qu'il dispense. On est ici à l'origine de la doctrine
du bénéfice selon laquelle il doit y avoir équivalence entre l'utilité que retirent les citoyens
des services publics qu'ils consomment et le "prix" fiscal qu'ils acquittent.

Avec le développement des fonctions de l'Etat, justifié soit par la nécessité de pallier les échecs
du marché, soit pour assurer un développement harmonieux du capitalisme industriel, les
dépenses publiques se sont accrues, en particulier les dépenses d'infrastructures et d'éducation,
réclamant ainsi un renforcement du rôle et des techniques de mobilisation de cet impôt, aussi
bien auprès de particuliers, que des entreprises.

Ce cours qui ne constitue qu’une partie de la fiscalité camerounaise nous aidera donc à nous
approprier quelques notions voisines à la fiscalité (I) des entreprises et sur l’organisation du
système fiscal camerounais (III).

Aussi, nous permettra-t-il de commercer sur des questions liées à l’imposition du revenu des
entreprises (titre 1) et à celle de leur consommation (titre 2). Après s’être appesanti sur la

1
fiscalité inhérente au patrimoine des entreprises (titre 3) et à leur résultat (titre 4), l’on s’attardera
sur les obligations fiscales (titre 5) auxquelles elles sont astreintes.

2
TITRE PRELIMINAIRE : DES GENERALITES

Des généralités dont il est question dans ce cours se rapportent, aussi bien aux notions liées à la
fiscalité (I), qu’à celles relatives aux entreprises (II) ainsi qu’à la configuration du système fiscal
camerounais (III).

IV- NOTIONS GENERALES SUR LA FISCALITE

La fiscalité est une des sciences juridiques située au confluent de plusieurs autres branches des
sciences juridiques à tel point qu’un observateur fiscal avisé a pu dire que « derrière chaque acte
juridique de la vie d’un individu ou derrière chaque écriture comptable de l’entreprise, se cache
un traitement fiscal dont le non-respect peut être lourd de conséquences pour celle-ci ou encore,
que la méconnaissance des dispositions fiscales favorables peut générer un manque à gagner
important ».

Traiter de quelques-unes de ses généralités ici reviendra donc à nous accorder sur la notion
d’impôt, ses caractéristiques, ses objectifs, sa différence avec les taxes et redevances, afin de bien
différencier les impôts directs de ceux indirects, tout en ayant une idée des sources du droit
fiscal.

1) L’impôt
Parmi les nombreuses définitions, on peut retenir celle de Gaston Jèze selon laquelle, l’impôt est
une prestation pécuniaire requise des particuliers, par voie d’autorité, à titre définitif et sans
contrepartie, en vue de la couverture des charges publiques.
Cette définition nous attire au regard de sa neutralité compte tenu du fait que, l’impôt pourrait
avoir d’autres aspects comme instrument de politique publique, facteur social ou moral et facteur
de politique étrangère.
A tout prendre, on peut retenir que l’impôt est un prélèvement « pécuniaire » obligatoire opéré
par l’Etat ou les collectivités Locales à titre définitif, sans contrepartie directe dans l’objectif
d’assurer la couverture des dépenses publiques et de réaliser d’autres objectifs économiques et
sociaux.

2) Les caractéristiques de l’impôt


 L’impôt est un prélèvement (transfert de fonds).
 Le prélèvement est obligatoire (sanctions et pénalités en cas de retard ou non-
paiement).
 L’impôt n’est pas affecté (financement du budget publique sans affectation préalable).
 L’impôt est sans contrepartie directe (la personne physique et morale acquittant
l’impôt n’est pas en droit d’exiger des avantages directs immédiats en contrepartie des sommes
acquittées).

3) Les objectifs de l’impôt


L’impôt a pour objet principal le financement des dépenses publiques de l’Etat.

Il peut également avoir pour objectif la redistribution des revenus. Sur ce postulat, l’impôt peut
se présenter comme un mécanisme correcteur dans la mesure où il répond aux imperfections du

1
libre jeu du marché qui n’aboutit pas à une allocation équitable de la richesse (objectif de
réduction des inégalités sociales).

Il a par ailleurs un objectif économique, en ce qu’il peut permettre à l’Etat d’intervenir dans la
vie économique et sociale d’un pays. Cela se fait par la création, l’annulation, l’augmentation ou
la diminution d’impôts dans l’objectif de favoriser ou de défavoriser un bien, un secteur
d’activité, un groupe de personnes, etc.

4) La distinction impôts/taxes/redevances

Pendant que l’'impôt est liée à la réalisation d'un revenu ou d'un profit et sans contrepartie. Par
exemple : impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés… sa principale caractéristique réside dans
le fait qu’il est proportionnel aux revenus (ou aux résultats).

Une taxe par contre est une charge fiscale payée en contrepartie d’un service rendu. Comme
l’impôt, elle est payée à titre obligatoire (taxe d’enlèvement des ordures, ticket de parking, etc).

La redevance quant à elle n’est payée que par les seuls utilisateurs du service fourni par la l’Etat
ou la collectivité.

En pratique, l’emploi des mots impôt ou taxe résulte plutôt des hasards de la dénomination
prévue par le législateur lors de leur consécration.

5) La distinction impôts directs/impôts indirects


L’impôt direct est une somme supportée à titre définitif par le contribuable.

L’impôt indirect est relatif aux impôts payés au fisc par un redevable, qui ne joue qu’un RÔLE
D’INTERMÉDIAIRE en se bornant à faire l’avance de l’impôt qu’il répercute sur le véritable
contribuable.

6) Les sources du droit fiscal


La fiscalité est créée par des textes sur lesquels elle repose. Il s’agit de :

La loi fiscale :
Elle fixe les règles de l’assiette de l’impôt ainsi que son taux et les modalités de recouvrement.
L’impôt est du domaine de la loi. Ce qui veut dire que seul le parlement est compétent pour
établir ou lever de nouveaux impôts.

La loi fiscale peut faire l’objet d’amendement par une loi spécifique appelée : loi de finances.

Les règlements :
Les lois établis sont souvent complétées par des règlements c’est-à-dire des décrets ou des
Arrêtés ministériels.

La doctrine administrative :
Il s’agit de l’ensemble des commentaires et prises de décision formelles que l’administration
produits en vue de l’application des textes fiscaux (Instructions, circulaires, rescrits).

La jurisprudence fiscale :

2
L’ensemble des jugements rendus en matière fiscale suite aux requêtes introduites par les
contribuables contestant l’interprétation faite par l’administration à propos d’une ou plusieurs
dispositions fiscales.

3
V- NOTIONS GENERALES SUR LES ENTREPRISES

Les entreprises sont au cœur de nos vies, il est donc essentiel de mieux les connaître. Elles
rythment la vie économique et sociale et animent notre quotidien. En fait, bien qu’étant au cœur
de l’actualité et du débat public, le monde de l’entreprise et sa définition semble échapper à
l’opinion publique.

1) La notion d’entreprise

Selon Wikipédia, une entreprise également appelée firme, compagnie société et familièrement
boite ou business est une organisation ou une unité institutionnelle, mue par un projet décliné en
stratégie, en politiques et en plans d'action, dont le but est de produire et de fournir des biens ou
des services à destination d'un ensemble de clients, en réalisant un équilibre de ses comptes de
charges et de produits.

D’après l’INSEE en France, l’entreprise est une « unité économique, juridiquement autonome
dont la fonction principale est de produire des biens ou des services pour le marché ».

Autrement dit, il y a entreprise dès que des personnes mobilisent leur talent et leur énergie,
rassemblent des moyens matériels et de l’argent pour apporter un produit ou un service à des
clients.

2) Les objectifs d’une entreprise

Toutes les entreprises, peu importe leur taille, sont des organisations. Il existe de nombreuses
définitions des organisations, mais on retiendra la suivante : « une organisation est la
coordination rationnelle d’un certain nombre de personnes et de moyens en vue d’atteindre les
objectifs qu’elle s’est fixée ». Autrement dit, une organisation regroupe des personnes, des idées,
des capitaux, pour atteindre un objectif.

Pour les économistes, l’objectif de l’entreprise se limitait alors essentiellement à la


maximisation du profit.

Au regard des gestionnaires, l’objectif de l’entreprise peut également se résumer à la


maximisation du profit ou de sa taille.

Du point de vue de la société, si les objectifs des entreprises devaient répondre aux attentes de
la société, elle aurait donc pour objectif de contribuer au bonheur de la société.
L’entreprise étant un acteur majeur de l’économie et de la société, son comportement peut avoir
des conséquences (positives ou négatives) sur l’ensemble de la société.

3) Les différences entre une société et une entreprise individuelle

L’entreprise individuelle ne forme qu’une seule et même personne avec l’entrepreneur, tandis
que la société est une personne « morale » distincte de son associé, même s’il est seul.
D’ailleurs :

S’agissant des formalités de constitution :


Les formalités de création sont plus légères pour une entreprise individuelle que pour une
société. En effet, il suffit de déposer un dossier auprès du CFE. Il est possible d’y procéder en

4
ligne.
Les sociétés doivent établir des statuts et procéder à des formalités complémentaires telles que la
publicité dans un journal d’annonces légales.

Pour ce qui est du patrimoine :


L’entrepreneur individuel est responsable sur son patrimoine personnel de l’ensemble des dettes
professionnelles.

Les biens acquis en commun avec le conjoint sont également concernés.


La résidence principale d’un entrepreneur individuel est insaisissable par les créanciers
professionnels.

De plus, la loi permet de protéger ses autres biens immobiliers non affectés à un usage
professionnel en procédant à une « déclaration d’insaisissabilité devant notaire ».
Celle-ci est publiée au bureau des hypothèques et selon les cas, au registre du commerce et des
sociétés, au répertoire des métiers ou dans un journal d’annonces légales.

Alors que la société ayant une personnalité autonome, elle dispose d’un patrimoine propre.
En cas de pertes, les associés ne sont pas inquiétés sur le patrimoine personnel, sauf en cas de
faute de gestion prouvée ayant conduit à un dépôt de bilan ou si la société est en responsabilité
indéfinie (société en nom collectif, société civile…).

4) Bref rappel sur les formes de sociétés au Cameroun

L’Acte Uniforme OHADA relatif aux Sociétés commerciales et Groupements d’Intérêt


Economique prévoit principalement cinq formes de sociétés :

 les Sociétés Anonymes ;


 les Sociétés à Responsabilité Limitée ;
 Société par Actions Simplifiées ;
 les Sociétés en Nom Collectif ;
 les Sociétés en Commandite Simple.

Au Cameroun ces sociétés sont regroupées en deux groupes selon qu’elles soient personnes
physiques ou personnes morales.

a) Les personnes morales :

 La Société Anonyme (S.A) :


Elle peut être unipersonnelle ou pluripersonnelle. Le capital minimum est de FCFA 10 000 000
et doit être divisé en actions. Les actionnaires sont solidairement liés pour les pertes de la société
à concurrence de leur contribution au capital.

Elle peut être administrée par un conseil d’administration soit par un administrateur général dont
les membres sont élus pour un mandat ne pouvant excéder six ans.

Dans la Société Anonyme Unipersonnelle, l’actionnaire unique prend les décisions relevant de la
compétence des assemblées générales.

 La Société à Responsabilité Limitée (SARL) :

5
Comme la SA, la SARL peut être unipersonnelle ou pluripersonnelle. Pour la SARL le capital
minimum est fixé à un million de FCFA par l’Acte Uniforme.

Cependant, la Loi N°2016/014 du 14 décembre 2016 institue un nouveau minimum de capital


pour la SARL à 100 000 FCFA.

Elle est dirigée par un gérant nommé pour un mandat de 4 ans renouvelable et une assemblée
Générale d’associé.

 La Société en Commandite Simple :


Dans la Société en Commandite Simple on distingue deux types d’associés : les commandités et
les commanditaires.

Les commanditaires fournissent l’essentiel des fonds et sont responsables des dettes sociales à
concurrence de leur participation et les commandités quant à eux, qui sont indéfiniment et
solidairement liés pour les dettes de la société et ont la charge de gérer la société. Les décisions
collectives sont prises à l’unanimité sauf disposition contraire des statuts.

En cas de décès d’un associé commandité, la société cesse d’exister s’il n’a pas d’héritier. Par
ailleurs, Si l’associé décédé était le seul associé commandité et ses héritiers tous mineurs, les
associés survivants disposent d’un délai d’un (1) an à compter du décès pour en nommer un
nouveau, faute de quoi la société sera dissoute de plein droit.

 La Société en Nom Collectif


La Société en Nom Collectif est principalement constituée par les commerçants. Les associés
sont solidairement liés pour les dettes de la société. Les décisions collectives sont prises
unanimement par les associés.

La société prend fin en cas de décès d’un des associés sauf disposition contraire des statuts, de
liquidation judiciaire de faillite ou d’interdiction d’exercer une activité commerciale.

 La Société par Actions Simplifiée (SAS)


La SAS est une nouvelle forme de société introduite par la réforme de l’Acte Uniforme
OHADA relatif aux sociétés commerciales. Elle est caractérisée par la liberté accordée aux
associés relativement à l’organisation dans les statuts du capital social ainsi que les règles
d’organisation de la société à savoir la nomination ou la révocation des dirigeants, les modalités
d’adoption des décisions collectives.

La SAS peut être constitué d’un ou plusieurs associés personnes physiques ou morales.

b) Les personnes physiques :

Lorsqu’une entreprise n’est pas une société elle n’est pas une personne morale mais une
personne physique. L’entrepreneur possède la personnalité juridique de l’entreprise. Autrement
dit, il n’y a pas de dissociation entre le patrimoine de la société et celui de l’associé et les deux
sont engagés en cas de perte ou de dette.

5) Les régimes d’imposition et la taille des entreprises

Le Code Général des Impôts du Cameroun prévoit trois régimes d’imposition au Cameroun à
savoir :

6
 le régime de l’impôt libératoire ;
 le régime du simplifié ;
 le régime du réel.

L’assujettissement à un régime ou un autre dépend du chiffre d’affaire annuel de l’entreprise.

a) Le régime de l’impôt libératoire (article C45 à C47 CGI) :

Les contribuables soumis à l’Impôt Libératoire sont ceux exerçant une activité commerciale,
industrielle, artisanale ou agropastorale ne relevant ni du régime du bénéfice réel, ni du régime
simplifié, et dont le chiffre d’affaire n’excède pas 10 millions de FCFA.
Le paiement de l’impôt libératoire dispense du paiement de la patente, de l’Impôt sur le Revenu
des Personnes Physiques et de la Taxe sur la Valeur Ajoutée sauf en cas de retenue à la source.
L’impôt à payer est fixé par catégorie d’activités allant de A à D :

 Catégorie A : de 0 F CFA à 20 000 F CFA ;


 Catégorie B : de 10 001 F CFA à 40 000 F CFA ;
 Catégorie C : de 20 001 F CFA à 50 000 F CFA ;
 Catégorie D : de 25 001 F CFA à 100 000 F CFA.

Le paiement de l’impôt libératoire se fait trimestriellement, au plus tard quinze jours après la fin
du trimestre.

b) Le régime simplifié :

Les contribuables réalisant un chiffre d’affaire supérieur à 10 millions et inférieur à 50 millions


relève du régime simplifié d’imposition.

Les contribuables du régime du simplifié sont soumis au paiement de l’impôt sur les sociétés et
l’impôt sur les revenus des personnes physiques (IRPP).

L’IRPP et l’impôt sur les sociétés constituent les impôts directs s’imposant aux contribuables du
simplifié.

Au titre des impôts indirects, les contribuables du simplifié sont soumis au paiement de la
patente qui est un impôt perçu au profit des communes et payé par les contribuables personnes
physiques ou morales exerçant une activité commerciale, industrielle ou toute autre activité
n’étant pas exonérée.

En plus, les entreprises au régime du simplifié possédant en leur nom des terrains bâtis ou non
sont soumis au paiement de la taxe foncière sur des terrains et des constructions dont
l’entreprise est propriétaire.

c) Le régime du réel
Les contribuables réalisant un chiffre d’affaire supérieur à 50 millions de FCFA sont soumis au
régime du réel.

Ceux-ci sont assujettis au paiement de l’Impôt sur les Sociétés ou de l’IRPP au taux de
33.3% dont un acompte mensuel de 2.2% sur le chiffre d’affaire ainsi que et de la patente.

7
VI- ORGANISATION DU SYSTEME FISCAL CAMEROUNAIS

Le système fiscal camerounais est bâti sur (1) une politique fiscal dynamique et d’une (2)
administration fiscale en pleine modernisation pour la mise en œuvre efficiente des

1) LA POLITIQUE FISCALE DU CAMEROUN

Une politique fiscale désigne l'ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics en termes de
fiscalité. Après avoir défini les objectifs à atteindre, les pouvoirs publics modifient, suppriment
ou créent des mesures fiscales dans le but d'atteindre ces objectifs.

L’idée de l'État étant d'encaisser suffisamment de recettes pour financer la mise en œuvre des
politiques publiques pour lesquelles les recettes fiscales représentent la principale ressource.

a) La configuration de la fiscalité Camerounaise

Le système fiscal camerounais établit une distinction entre les impôts sur le revenu, les impôts
sur la consommation et les impôts sur le patrimoine. Il existe également une fiscalité spécifique
aux activités liées à l’exploitation des ressources naturelles.

Les principaux impôts sur le revenu sont l’Impôt sur les Sociétés (IS), l’Impôt sur le Revenu des
Personnes Physiques (IRPP).
Toujours dans le cadre de l’imposition du revenu, il est institué une Taxe Spéciale sur le Revenu
(TSR) pour les personnes domiciliées à l’étranger et qui réalisent des bénéfices au Cameroun.

Les principaux impôts sur la consommation sont : la Taxe sur la Valeur ajoutée (TVA), les
Droits d’Accises.

Les prélèvements sur le patrimoine intègrent la Taxe sur la Propriété Foncière (TPF) et les droits
d’enregistrement (fixes, proportionnels, progressifs ou dégressifs).

Par ailleurs, on a des fiscalités spécifiques telles la fiscalité forestière, la fiscalité pétrolière et la
fiscalité minière.

b) Les enjeux de la politique fiscale camerounaise

L’attractivité du système fiscale camerounais résulte des différentes mesures incitatives


contenues dans différents instruments juridiques dont la plus importante est la loi de 2013 qui
prévoit des incitations à l'investissement privé et les divers codes pétrolier, gazier et minier.

c) Les objectifs du système fiscal camerounais

- Favoriser, promouvoir et attirer les investissements productifs en vue de développer les


activités ;
- La sécurisation des recettes de l’Etat ;
- L’élargissement de l’assiette fiscale ;
- La lutte contre l’évasion et la fraude fiscales ;
- La simplification des procédures ;
- L’amélioration du climat des affaires.

8
2) L’ADMINISTRATION FISCALE

a) Missions de la Direction Générale des Impôts (DGI)

De manière globale, les missions de la Direction Générale des Impôts peuvent se décliner en
quatre grandes fonctions qui consistent en :
- la conception et la détermination de l’assiette de l’impôt ;
- la gestion de l’impôt et des contribuables ;
- le contrôle fiscal ;
- le recouvrement des impôts et taxes ;
- le traitement du contentieux d’assiette et du des différents impôts, droits et taxes relevant
de sa compétence.

b) Organisation de la Direction Générale des Impôts :

 Les services centraux de la Direction Générale des Impôts :

Ils sont constitués de l’Inspection des Services des Impôts, de 03 Directions, de 07 Divisions et
de 02 services directement rattachés au DGI, à savoir le Service d’Ordre et la Cellule de
l’Information et de la Communication. A ces structures peuvent s’ajouter les programmes de
sécurisation des recettes.

 Les services déconcentrés relevant de la DGI comprennent :

Ils sont constitués de 14 centres régionaux des impôts regroupant un certain nombre de services
opérationnels, à savoir :

- Des Centres des Impôts des Moyennes Entreprises (CIME) ;


- Des Centres Spécialisés des Impôts (CSI) ;
- Des Centres Divisionnaires des Impôts (CDI).
- Un personnel constitué de 5 427 agents (métiers et supports).

9
TITRE I : L’IMPOSITION DU REVENU DES ENTREPRISES

Entre autres prélèvements concernés par la fiscalisation du revenu des entreprises, nous nous
attarderons, dans le cadre de cet enseignement, sur l’impôt sur le revenu des personnes physiques
(chapitre 1), l’impôt sur les sociétés (chapitre 2) et sur la taxe spéciale sur le revenu (chapitre 3).

CHAPITRE 1 : L’IMPOT SUR LE REVENU DES PERSONNES PHYSIQUES (IRPP)

L’Impôt sur le Revenu des Personnes physiques a institué au Cameroun en 1973 sous le modèle
du régime fiscal français en vigueur de 1917 à 1949. La taxation du revenu était basée d’une part
sur l’imposition cédulaire du revenu et l’application de la surtaxe progressive à l’ensemble des
revenus nets catégoriels, et d’autre part, sur la règle de l’imposition par foyer.

Il a connu des modifications, suite à la réforme fiscale de 1994 qui a abouti à l’instauration dès le
1er juillet 1996 d’un impôt général sur le revenu, avec comme principales innovations la
suppression de l’impôt forfaitaire sur le revenu des personnes physiques et la mise en place d’un
système de taxation d’après les signes extérieurs de richesse.

La loi de finances pour l’exercice 2003 a consacré une autre réforme (la dernière en date) de
l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques et a posé le principe de son application à compter
du 1er janvier 2004.

La mise en place du nouvel IRPP, conforme à la politique fiscale de l’heure a permis aux
pouvoirs publics de repenser un système d’imposition vieux de 30 ans. Cette mutation s’inscrit
dans le sillage des réformes générales engagées par l’Administration fiscale en vue de
moderniser le système fiscal camerounais.

SECTION 1 : LES PRINCIPES GENERAUX APPLICABLES A L’IRPP

I- LES CARACTERISTIQUES GENERALES DE L’IRPP

L’impôt sur le revenu des personnes physiques est un impôt :

A- ANNUEL : l’IRPP est dû au titre de chaque année civile. Sauf exceptions, l’impôt est
calculé et payé au cours de l’année civile suivante.
Exceptions :
1- début d’activité en cours d’année
- Commencement de l’activité avant le 6ème mois : déclaration et calcul de l’impôt au titre
de cette année. Toutefois, le revenu sera ramené à l’année avant calcul de l’impôt, puis
application du prorata temporis pour la détermination de l’impôt dû.

- Commencement de l’activité après le 6ème mois : le contribuable est fondé à souscrire une
déclaration à la fin de la 2ème année (sur un exercice de plus de 12 mois).

2- Cessation d’activité en cours d’année : le contribuable est tenu de souscrire une


déclaration d’impôt sur le nombre de mois courus. Toutefois, le revenu sera ramené à
l’année avant calcul de l’impôt, puis application du prorata temporis pour la détermination
de l’impôt dû.

10
B- DECLARATIF : les contribuables sont tenus de souscrire une déclaration d’ensemble de
leurs revenus, et éventuellement, des déclarations annexes et des déclarations spéciales. Les
modèles de ces déclarations sont fournis par l’Administration Fiscale. Bien entendu, ces
déclarations sont soumises au droit de contrôle de l'administration.

C- UNIQUE : les revenus et bénéfices des diverses catégories doivent en principe être totalisés
pour être imposés ensemble à l'impôt unique sur le revenu. Aussi, les personnes physiques
sont-elles redevables de l’IRPP qui n’est plus un impôt cédulaire.

D- GLOBAL : L'impôt sur le revenu est établi d'après la situation générale de fortune des
assujettis. En principe, l’IRPP frappe la somme des différents revenus catégoriels dont
dispose le contribuable au cours de la période d’imposition, diminuée des charges ayant
concouru à sa formation. Toutefois, certains revenus peuvent dans certains cas être exclus de
la base d’imposition, soit en vertu des conventions internationales sur les doubles
impositions, soit lorsque leur bénéficiaire n'est pas domicilié au Cameroun. De même,
certains revenus sont expressément exonérés de l'impôt, notamment pour des motifs d'ordre
social, économique ou financier.

E- ASSIS SUR UN REVENU NET : l’IRPP frappe en principe la somme arithmétique des
revenus nets catégoriels, sur laquelle est appliqué ensuite un abattement forfaitaire de
500 000 FCFA.

F- PROGRESSIF : L'impôt sur le revenu est un impôt progressif. Il comporte, non pas un taux
uniforme, mais un barème gradué selon lequel les taux applicables à chaque tranche de
revenu varient par paliers successifs. Ainsi, la charge fiscale incombant en définitive au
contribuable représente une fraction d'autant plus importante de son revenu que celui-ci est
plus élevé.

II- LES CARACTERISTIQUES GENERALES DU REVENU IMPOSSIBLE

Il faut entendre par revenu imposable tous les produits susceptibles d’être renouvelés, y compris
les bénéfices de toutes les opérations lucratives auxquelles se livre un assujetti.

L’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP) est dû chaque année, à raison des
bénéfices ou revenus de source camerounaise ou étrangère que le contribuable réalise ou dont il a
disposé au cours de la même année.

Le revenu imposable est un revenu :

A- ANNUEL : l'impôt sur le revenu est dû chaque année à raison des bénéfices ou revenus que
le contribuable réalise ou dont il dispose au cours de la même année. C'est ainsi que les
revenus de l'année N sont imposés « au titre de N » bien que la déclaration soit souscrite
normalement par le contribuable en mars de l'année N + 1, sauf dispositions particulières en
matière de revenus exceptionnels et différés.

B- GLOBAL : Par revenu, on entend en principe tous les produits qui se renouvellent ou sont
susceptibles de se renouveler quel que soit leur montant. Il s'ensuit que, dès lors qu'elles
présentent ce caractère, les sommes perçues ou acquises par le contribuable sont, de plein
droit, soumises à l'impôt à défaut d'une disposition législative expresse les exonérant. Mais
divers textes étendent le champ d'application de l'impôt à des profits ne répondant pas
strictement à cette définition. Tel est le cas des plus-values effectivement réalisées par des
11
particuliers lors de la cession à titre onéreux de biens ou de droits de toute nature, des gains
nets en capital réalisés à l'occasion de cessions à titre onéreux de valeurs mobilières et de
droits sociaux le revenu imposable est constitué par la somme algébrique de tous les revenus
non exonérés du contribuable.

C- DIFFERENCIE : six catégories de revenus participent à la formation du revenu imposable.


Il s’agit des :

- traitements, salaires, pensions, et rentes viagères ;


- revenus de capitaux mobiliers ;
- revenus fonciers ;
- bénéfices des activités artisanales, industrielles et commerciales ;
- bénéfices des exploitations agricoles ;
- bénéfices des professions non commerciales et assimilées.

Chaque catégorie présente des caractéristiques particulières et fait l’objet d’une évaluation
distincte. Son domaine est délimité par des dispositions qui lui sont propres.

Les revenus concernés dans le cadre de cet enseignement visent exclusivement :

 Les Revenus de capitaux mobiliers (RCM) ;


 Les Bénéfices artisanaux, industriels et commerciaux (BAIC) ;
 Les Bénéfices agricoles (BA) ;
 Les Revenus Fonciers ;
 Les Bénéfices non commerciaux (BNC).

D- NET : en règle générale, le revenu global imposable est un revenu net à double titre :

- il est formé par le total des revenus nets de chaque catégorie ;


- de ce total sont déduits les dépenses effectuées en vue de l’acquisition ou de la
conservation du revenu en cause. Ces charges sont prises en compte, soit pour leur
montant réel, soit par le biais d’un abattement forfaitaire.

E- DISPONIBLE : Un revenu est disponible lorsque sa perception ne dépend que de la seule


volonté du bénéficiaire. Sauf exceptions, les revenus imposables sont ceux dont le
contribuable a eu la disposition au cours de l’année d’imposition.

III- LES PERSONNES IMPOSABLES A L’IRPP ET LA NOTION DE DOMICILE FISCAL

L'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) est un impôt unique établi sur l'ensemble
des revenus dont bénéficient les personnes physiques au cours d'une année déterminée.

Il s'applique à l'intérieur des limites de la souveraineté camerounaise. Le champ d'application de


l'IRPP est déterminé par référence aux seules notions de domicile fiscal ou de source du revenu.

On distingue donc quatre catégories de personnes passibles de l'IRPP au Cameroun :

- les personnes domiciliées au Cameroun, qui sont imposables à raison de l'ensemble de


leurs revenus ;
- les personnes ayant leur domicile fiscal hors du Cameroun qui sont imposables au
Cameroun sur les revenus de source camerounaise ;
12
- les personnes dont le droit d’imposition est attribué à la République du Cameroun par
une convention fiscale internationale ;
- les personnes qui sont soumises à l’IRPP camerounais du fait de leur statut.

A- LES PERSONNES DOMICILIEES AU CAMEROUN

Conformément à l’article 25 du CGI, les personnes physiques sont passibles de l’IRPP au


Cameroun dès lors que l’un des critères déterminés ci-après est réalisé, sous réserve des
dispositions prévues par une convention fiscale internationale.

1) Critère d’ordre personnel

Sont considérées comme ayant leur domicile fiscal au Cameroun les personnes qui ont au
Cameroun leur foyer ou le lieu de leur séjour principal.

a) Foyer au Cameroun

Le foyer s'entend du lieu où les intéressés habitent normalement, c'est-à-dire du lieu de la


résidence habituelle, à condition que cette résidence au Cameroun ait un caractère permanent.

b) Séjour principal au Cameroun

La condition de séjour principal est réputée remplie lorsque les contribuables sont
personnellement et effectivement présents à titre principal au Cameroun. Peu importe que les
intéressés vivent à l'hôtel ou dans un logement mis gratuitement à leur disposition.

En règle générale, doivent être considérés comme ayant au Cameroun le lieu de leur séjour
principal, les contribuables qui y séjournent pendant plus de six mois au cours d'une année
donnée.

c) Fonctionnaires et agents de l'État en service à l'étranger

Les agents de l'État qui exercent leurs fonctions ou sont chargés de mission dans un pays
étranger, et qui ne sont pas soumis dans ce pays à un impôt personnel sur l'ensemble de
leurs revenus, sont considérés comme fiscalement domiciliés au Cameroun.

Il s'agit des agents de l'État (personnels civils et militaires, fonctionnaires statutaires et employés
de nationalité camerounaise ou étrangère placés sous contrat de travail avec l'État camerounais),
exerçant leur activité à l'étranger en cette qualité.

Les intéressés sont considérés comme fiscalement domiciliés au Cameroun et, par suite, imposés
dans les mêmes conditions que les fonctionnaires en service au Cameroun, lorsqu'ils ne peuvent
apporter la preuve qu'ils ont été effectivement soumis à l'étranger à un impôt personnel sur
l'ensemble des éléments de leur rémunération qui seraient taxables selon la législation
camerounaise.

Pour apprécier si la condition d'imposition de l'ensemble des revenus dans le pays étranger est ou
non remplie, il y a lieu de faire abstraction des revenus de source camerounaise autres que la
rémunération proprement dite (revenus fonciers ou mobiliers, etc.).

13
2) Critère d’ordre professionnel

Il s’agit des personnes qui exercent au Cameroun une activité professionnelle, salariée ou
non, à moins qu'elles ne justifient que cette activité y est exercée à titre accessoire.

Pour les salariés, le domicile est fonction du lieu où ils exercent effectivement et régulièrement
leur activité professionnelle.

Pour les contribuables non-salariés, il convient de rechercher s'ils ont au Cameroun un point
d'attache fixe, un établissement stable ou une exploitation.

Lorsque les contribuables exercent simultanément plusieurs professions ou la même profession


dans plusieurs pays, les intéressés sont considérés comme domiciliés au Cameroun s'ils y
exercent leur activité principale. L’activité principale s'entend de celle à laquelle ils consacrent le
plus de temps effectif, même si elle ne dégage pas l'essentiel de leurs revenus. Si un tel critère ne
peut être appliqué, il convient de considérer que l'activité principale est celle qui procure aux
intéressés la plus grande part de leurs revenus « mondiaux ».

3) Critère d’ordre économique

Il s’agit de personnes qui ont au Cameroun le centre de leurs intérêts économiques.

Le centre des intérêts économiques est le lieu où les contribuables ont effectué leurs principaux
investissements, où ils possèdent le siège de leurs affaires, d'où ils administrent leurs biens. Ce
peut être également le lieu où les contribuables ont le centre de leurs activités professionnelles,
ou d'où ils tirent la majeure partie de leurs revenus.

B- LES PERSONNES DOMICILIEES HORS DU CAMEROUN AYANT DES


REVENUS DE SOURCE CAMEROUNAISE

Sont considérés comme revenus de source camerounaise au sens de l’article 25 du CGI (4ème
tiret) :
- les revenus d’immeubles situés au Cameroun ou de droits relatifs à ces immeubles ;
- les revenus de capitaux mobiliers et de valeurs mobilières placées au Cameroun ;
- les revenus d’activités professionnelles exercées au Cameroun ;
- les plus-values réalisées sur cession d’immeubles, de fonds de commerce, droits
incorporels et droits sociaux, exploités au Cameroun ;
- les pensions et rentes viagères, à condition que le débiteur ait son domicile fiscal ou soit
établi au Cameroun.

1) les personnes dont le droit d’imposition est attribué à la République du Cameroun


par une convention fiscale internationale

Les règles de droit interne peuvent être infirmées par l’application des conventions fiscales
internationales, conformément à l’article 45 de la constitution qui dispose que «les traités
ou accords internationaux régulièrement approuvés ou ratifiés ont, dès leur publication, une
autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque accord ou traité, de son application
par l’autre partie».

14
Ainsi, suivant les dispositions de l’article 25 du Code Général des Impôts, les personnes
ressortissantes des pays liés au Cameroun par une convention fiscale régulièrement ratifiée sont
soumises à l’IRPP sur les revenus dont le droit d’imposition est attribué au Cameroun par ladite
convention.

2) L’incidence du statut de la personne

En vertu de la règle de la transparence fiscale et en application des dispositions de l’article 26 du


CGI, les associés des sociétés en nom collectif, les commandités des sociétés en commandite
simple et les membres des sociétés civiles (personnes physiques), des sociétés en
participation et des sociétés de fait non passibles de l’Impôt sur les Sociétés ou n’ayant pas opté
pour cet impôt sont personnellement soumis à l’IRPP pour la part des bénéfices sociaux
correspondant à leurs droits dans la société.

Ces personnes sont imposées dans la catégorie des revenus correspondant à la nature de
l’activité de la personne morale.

C- Les personnes affranchies de l’impôt

Conformément aux dispositions de l’article 27 du CGI, les personnes ci-après sont affranchies de
l’IRPP :
- Les personnels diplomatiques et consulaires de nationalité étrangère pour les
activités exercées dans le cadre de leur mission officielle, sous réserve de réciprocité,
- Les personnes soumises à l’Impôt Libératoire sont également exemptées de l’IRPP
pour leurs seules activités relevant de l’Impôt Libératoire.

IV- LE FAIT GENERATEUR ET L’EXIGIBILITE

Notions cardinales sous tendant les modalités de détermination de la base d’imposition à l’IRPP,
le fait générateur et l’exigibilité méritent d’être définies (1). C’est également le lieu de rappeler
les applications particulières en matière d’IRPP (2).

1) Le Fait générateur de l’impôt se définit comme l’événement par lequel sont réalisées les
conditions légales nécessaires pour son exigibilité.
Chaque contribuable est imposable à l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques à raison de
ses revenus personnels acquis. Est considéré comme revenu acquis, le revenu dont le bénéficiaire
peut se prévaloir d’un droit certain même si le fait qui le rend disponible ne s’est pas encore
produit.

2) L’Exigibilité de l’impôt est définie comme le droit que l’administration peut faire valoir à un
moment donné auprès du contribuable pour obtenir le paiement de l’impôt.
L’exigibilité de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques en matière des bénéfices
industriels et commerciaux, des bénéfices agricoles, et des bénéfices non commerciaux pour les
contribuables relevant du régime du réel intervient lors de la réalisation du fait générateur.
C’est le principe de l’imposition des revenus acquis qui s’applique, même s’ils ne sont pas
encore disponibles.

En pratique, le bénéfice imposable pour ces catégories de revenu est déterminé conformément
aux règles de la comptabilité commerciale, c’est-à-dire à partir des notions de créances acquises
et de dépenses engagées.

15
SECTION 2 : LA DETERMINATION DE L’ASSIETTE DE L’IMPOT SUR LE
REVENU DES PERSONNES PHYSIQUES

Outre les revenus provenant des traitements, des salaires, indemnités, émoluments, des pensions
et rentes viagères, mais également les gains réalisés par les producteurs d’assurance, les
voyageurs représentants placiers, lorsque l’activité rétribuée s’exerce au Cameroun qui ne sont
pas visés par cet enseignement, nous étudierons la détermination de l’assiette de l’IRPP pour ce
qui est des cédules relatives aux seuls :

 Les Revenus de capitaux mobiliers (RCM) ;


 Les Revenus Fonciers ;
 Les Bénéfices artisanaux, industriels et commerciaux (BAIC) ;
 Les Bénéfices agricoles (BA) ;
 Les Bénéfices non commerciaux (BNC).

PARAGRAPHE 1 : LES REVENUS DE CAPITAUX MOBILIERS

I- DES REVENUS IMPOSABLES

Relève de la catégorie des revenus de capitaux mobiliers (RCM) :

 Les revenus de placements effectués au Cameroun ou à l’étranger par des personnes


physiques ou morales non passibles de l’impôt sur les sociétés :

- constitués de sommes d’argent ou de biens meubles,


- et mis à la disposition de tiers dans le but d’en tirer un revenu.

 Les revenus qualifiés comme tels par une disposition expresse de la loi, notamment :

- les avances, prêts ou acomptes mis à la disposition des associés,


- les sommes ou valeurs attribuées aux porteurs de parts bénéficiaires ou de fondateur ;
- les rémunérations non déductibles (art 6-A-1-a) ;
- les rémunérations et autres avantages divers alloués aux associés des sociétés anonymes
ou à responsabilité limitée, et réintégrés au résultat ;
- les rémunérations allouées aux membres des conseils d’administration des sociétés
anonymes, des établissements publics, des entreprises du secteur public et parapublic à
quelque titre que ce soit, à l’exclusion des salaires et redevances de propriété
industrielle ;
- les rémunérations et avantages occultes.

II- DU CHAMP D’APPLICATION DES REVENUS DE CAPITAUX MOBILIERS

Le champ d’application des RCM distingue :

- les produits de placements à revenu variable.


- les produits de placements à revenu fixe.

1) Les produits de placement à revenu variable

Les PPRV sont composés des revenus des actions et parts sociales et revenus assimilés distribués
par les personnes morales relevant de l’impôt sur les sociétés.
16
a) Les produits des actions, parts de capital et revenus assimilés ou revenus distribués

D’une manière générale, sont considérés comme revenus distribués :

- tous les bénéfices ou produits non mis en réserve ou incorporés au capital


(désinvestissement) ;
- toutes les sommes ou valeurs mises à la disposition des associés, actionnaires ou
porteurs de parts et non prélevées sur les bénéfices.

 Classification fiscal des revenus distribués

 Les distributions officielles

- Les dividendes

Les dividendes représentent les sommes distribuées par les sociétés passibles de l’impôt sur les
sociétés par prélèvement sur le bénéfice ou sur les réserves, en vertu des décisions régulières des
organes délibérants de ces sociétés, à tous les associés au prorata de leurs droits sociaux.

 Les produits assimilés aux dividendes

Il s’agit notamment :

- des distributions pures et simples de réserves,


- des bonis de liquidation,
- certains produits consécutifs aux opérations particulières, entre autres l’amortissement du
capital, la transformation de société, le remboursement d’apports.

 Les distributions officieuses ou irrégulières

Elles sont constituées notamment par :

- Des répartitions des sommes prélevées sur les bénéfices ;


- Les distributions présumées par détermination de la loi, c’est-à-dire, les sommes mises à
la disposition des associés à titre d’avances, de prêts ou d’acomptes, qui sont considérées
comme revenus distribués en l’absence de preuve contraire, les rémunérations jugées
excessives, les redressements consécutifs à un contrôle fiscal, les rémunérations et
distributions occultes, les dépenses somptuaires.

b) Les gains sur cession d’actions, d’obligations et autres parts de capital

Sont imposables à l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques, les plus-values nettes
globales réalisées à l’occasion de la cession d’actions, d’obligations et autres parts de capital
effectuée par les particuliers et les personnes morales, à titre occasionnel ou habituel soit
directement, soit par l’intermédiaire d’un établissement financier.

- Les produits de placement à revenu fixe

Les produits de placement à revenu fixe sont constitués par les revenus de capitaux mis à la
disposition sous forme de prêt à un emprunteur ou un dépositaire personne physique ou

17
personne morale de droit public ou privé, par un prêteur (tiers – créancier) pour une durée
déterminée, moyennant une rémunération en principe fixe (un intérêt) d’un montant convenu
dans le contrat de prêt. Les PPRF sont pour l’essentiel constitués par toutes les formes de prêts
d’argent rémunérés par un intérêt.

Le revenu est FIXE, c’est-à-dire qu’il est fixé à l’avance par les parties et ne dépend pas de
l’activité du débiteur.

Les produits de placements à revenu fixe comprennent les produits des obligations, les
revenus des créances, dépôts, cautionnements et comptes courants.

- Les revenus des obligations

Les obligations sont des valeurs mobilières représentant une fraction d'un emprunt émis par une
personne morale de droit public ou de droit privé. Les obligations sont caractérisées par :

- une valeur nominale identique ;


- un taux de rémunération ;
- une date de remboursement (moyen ou long terme).

Sont notamment considérés comme revenus obligataires au sens de l’article 40 du CGI :

- les intérêts, arrérages (Les arrérages correspondent à des sommes d'argent


versées périodiquement par un organisme social ou par une compagnie
d’assurance à un créancier au titre d'une rente ou d'une pension). et tous autres
produits des obligations, effets publics et tous autres titres d’emprunt
négociables émis par les communes et les établissements publics, les
associations de toutes natures et les sociétés, compagnies et entreprises
quelconques, financières, industrielles, commerciales ou civiles ;
- les lots et primes de remboursement payés aux porteurs d’obligations émises au
Cameroun. Un lot étant un avantage accordé à certains porteurs d’obligations
dont les titres désignés par tirage au sort sont remboursés pour un montant
supérieur au prix de remboursement garanti.

- Les revenus de créances, dépôts, cautionnements et comptes courants

Ces revenus représentent la contrepartie de sommes mises à la disposition de tiers pour des
périodes et selon des modalités variables. Au sens de l’article 41 du CGI, cette catégorie
intègre les intérêts, arrérages et tous autres produits :

- des créances hypothécaires privilégiées ou chirographaires, à l’exclusion de celles


représentées par les obligations, effets publics et autres titres d’emprunt
négociables visés ci-avant ;
- des dépôts de sommes d’argent à vue ou à échéance fixe quel que soit le
dépositaire et quelle que soit l’affectation du dépôt ;
- des cautionnements en numéraire ;
- des comptes courants.

Toutefois, si les revenus ci-dessus figurent dans les recettes provenant de l’exercice d’une
activité industrielle, commerciale, non commerciale, artisanale ou agricole, ils ne seront plus

18
considérés comme revenus de capitaux mobiliers mais seront imposés selon les règles de la
catégorie dont relève la profession.

III- DES REVENUS EXONERES

Conformément aux dispositions de l’article 43 du CGI, sont dispensés de l’Impôt sur le revenu
des capitaux immobiliers, les revenus ci-après :

1) Des exonérations partielles :

- les intérêts des comptes d’épargne pour les placements ne dépassant pas 50 millions de
francs ;
- les plus-values nettes globales résultant de cessions d’actions, d’obligations et autres
parts de capital effectuées par des particuliers, dès lors que leur montant est inférieur
ou égal à 500 000 francs CFA.

2) Des exonérations totales :

- les intérêts des titres d’emprunts négociables émis par l’Etat et les collectivités
territoriales décentralisées ;
- les intérêts des comptes d’épargne logement ;
- les intérêts rémunérant les emprunts extérieurs d’une durée au moins égale à sept (07)
ans
- les intérêts de bons de caisse.

IV- DETERMINATION DU REVENU IMPOSABLE

La détermination du revenu imposable obéit, d’une manière générale, aux principes de droit
commun. Ce revenu est ainsi constitué, sauf exceptions, par l’excédent du produit brut sur les
dépenses effectuées en vue de son acquisition ou de sa conservation.

En pratique et conformément aux dispositions de l’article 44 du CGI, le revenu imposable est


déterminé :

- pour les produits des actions, parts de capital, et revenus assimilés, par le montant brut
des dividendes versés ;

- pour les obligations, les effets publics et emprunts, les lots, par l’intérêt ou le revenu
distribué durant l’exercice, le montant du lot ;

- pour les primes de remboursement, par la différence entre les sommes à recevoir et
celles versées lors de l’acquisition (ou entre les sommes remboursées et le taux
d’émission des emprunts) ;

- pour les revenus des créances, dépôts et cautionnements, par le montant brut des
intérêts, arrérages et tous autres produits des valeurs désignées à l’article 41 du CGI ;

- pour les cessions d’actions, d’obligations et autres parts de capital, par la plus-value
nette globale résultant de la compensation effectuée entre les plus ou moins-values
réalisées au cours de l’exercice sur chaque catégorie de titres détenus par le
contribuable.
19
La plus ou moins-value de chaque opération de cession effectuée au cours de l’exercice s’obtient
par la différence entre le prix de cession des titres concernés et leur prix d’achat ou leur valeur
d’attribution en cas d’acquisition de ces titres lors de la constitution d’une société ou de
l’augmentation de son capital.

PARAGRAPHE 2 : LES REVENUS FONCIERS


Les revenus fonciers sont ceux tirés de la mise à la disposition d’un locataire à titre onéreux d’un
immeuble bâti ou non bâti appartenant en propre au propriétaire moyennant une somme d’argent
ou une compensation en nature. Nous examinerons tout à tour la matière imposable, la personne
imposable, les revenus exonérés et les limites avec les autres catégories de revenus.

I- LES REVENUS IMPOSABLES


Sont compris dans la catégorie des revenus fonciers, lorsqu'ils ne sont pas inclus dans les
bénéfices d'une entreprise industrielle, commerciale ou artisanale, d'une exploitation agricole ou
d'une profession non commerciale :

1) Les revenus tirés de la location proprement dite


Il s’agit notamment :
- de la location des propriétés bâties ou non bâties ;
- de la location de l’outillage fixe des établissements industriels, des installations
commerciales ou industrielles assimilables à des constructions.

2) Les recettes accessoires à ces locations


Il s’agit notamment :
- de la location du droit d'affichage, c'est à dire de toutes les redevances perçues pour
l'utilisation de balcons, toitures ou pignons d'immeubles en vue de l'affichage ou de la
publicité lumineuse ;
- de la location du droit de chasse sur des terres affermées ou sur des terres dépendant
d'une propriété d'agrément dont le propriétaire se réserve la jouissance et qu'il
conserve dans son patrimoine privé ;
- de toutes autres redevances ayant leur origine dans le droit de propriété ou d'usufruit
et qui résultent de la mise à la disposition de tiers, par le propriétaire, de certains
droits attachés aux propriétés bâties ou de biens assimilés lui appartenant (location de
toit pour les antennes de téléphonie mobile, par exemple).
3) Les revenus recueillis par les membres de sociétés civiles dotées de la
transparence fiscale et n’ayant pas opté pour leur assujettissement à l’impôt sur
les sociétés
4) Les revenus issus des plus-values réalisées par les personnes physiques sur les
immeubles bâtis ou non bâtis acquis à titre onéreux ou gratuit.

II- LES PERSONNES IMPOSABLES


Sont visées par l’imposition les personnes physiques et les sociétés.

1) Les personnes physiques notamment :


20
- des propriétaires fonciers proprement dits ;
- des propriétaires indivis : chacun des indivisaires participe aux produits des biens
indivis au prorata de ses droits dans l'indivision et, corrélativement, il n'est tenu aux
charges que dans la même proportion. Il s'ensuit que chacun d'eux doit être soumis à
l'impôt sur le revenu pour la quote-part correspondant à ses droits dans le revenu net
total de l'indivision ;
- des usufruitiers : en cas de démembrement du droit de propriété, l'usufruitier est seul
bénéficiaire des fruits que l'immeuble peut produire. Les revenus procurés par la
location de cet immeuble sont donc imposables à son nom.

2) Les sociétés

Lorsqu'un immeuble appartient à une société, les modalités d'imposition des revenus de la
location diffèrent selon que cette personne morale bénéficie ou non du régime dit de la
transparence fiscale.

Ainsi, les membres des sociétés dotées de la transparence fiscale sont considérés, sur le plan
fiscal, comme personnellement propriétaires des locaux à la jouissance desquels leurs actions ou
parts sociales leur donnent vocation.

Aussi, l'imposition des revenus des immeubles construits, acquis ou gérés par les sociétés
transparentes est donc établie au nom des associés eux-mêmes en tenant compte exclusivement
du régime fiscal auquel ceux-ci sont personnellement soumis.

III- LES REVENUS EXONERES

Conformément aux dispositions de l’article 47 du CGI, ne sont pas soumis à l’IRPP, les revenus
des immeubles :
- appartenant à l’Etat et aux collectivités territoriales décentralisées ;
- dont le propriétaire se réserve la jouissance ou ceux occupés par ses ascendants ou
descendants en ligne directe, sous réserve qu’ils ne soient pas inclus dans les
bénéfices d'une entreprise industrielle, commerciale, artisanale, d'une exploitation
agricole ou de titulaires de bénéfices non commerciaux.

IV- LIMITES AVEC LES AUTRES CATEGORIES DE REVENUS

Relèvent de la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux :

- les revenus des immeubles inscrits à l’actif des entreprises industrielles,


commerciales ou artisanales;
- la location ou sous-location en meublé ainsi que la location des établissements
industriels ou commerciaux munis du mobilier ou du matériel nécessaire à leur
exploitation ;

Relèvent de la catégorie des bénéfices agricoles :

21
- les revenus procurés par l’exploitation d’un domaine agricole lorsque la mise en
valeur est assurée soit par le propriétaire exploitant lui-même, soit dans le cadre
d’un contrat de métayage ;
- les revenus procurés par des immeubles donnés en location qui figurent à l’actif
d’une exploitation agricole.

Relèvent de la catégorie des bénéfices non commerciaux :

- les revenus tirés de locaux utilisés dans le cadre de leur profession par les
titulaires de revenus non commerciaux que les exploitants ont choisi d’inscrire sur
leur registre des immobilisations ;
- les profits réalisés par des personnes qui sous-louent, à des tiers, des immeubles
non meublés dont elles sont locataires. Toutefois, si la sous-location est consentie
en meublé, les loyers ont le caractère de revenus commerciaux.

V- LA DETERMINATION DU REVENU FONCIER NET IMPOSABLE

Conformément aux dispositions de l’article 48 du CGI, le revenu net foncier à comprendre dans
la base de l'impôt sur le revenu est égal à la différence entre le montant du revenu brut et le total
des charges de la propriété.

Les recettes à retenir pour déterminer le revenu brut foncier sont celles qui ont été effectivement
encaissées au cours de l’année d’imposition quelle que soit la période à laquelle elles se
rapportent.

De même, les charges à déduire du revenu brut foncier s’entendent de celles qui ont
effectivement été payées ou supportées au cours de l’exercice quelle que soit la date à laquelle la
dette a pris naissance ou est venue à échéance.

PARAGRAPHE 3 : LES BENEFICES ARTISANAUX, INDUSTRIELS ET


COMMERCIAUX (BAIC)

L’Impôt sur le revenu frappe dans cette catégorie les bénéfices qui proviennent de l’exercice
d’une profession commerciale, industrielle ou assimilé lorsque cette profession est exercée
par une personne physique ou une société ne relevant pas de l’impôt sur les sociétés.

I- DES REVENUS IMPOSABLES AUX BAIC


Le Cham d’application de cette catégorie de revenu permet de cerner la nature des activités
imposables d’une part et les formes d’exploitation desdites activités d’autre part.

1) La nature des activités imposables

En application des dispositions de l’article 50 du CGI, Sont considérés comme bénéfices


industriels et commerciaux, pour l'application de l'impôt sur le revenu des personnes
physiques, les bénéfices réalisés par des personnes physiques dans des entreprises exploitées
au Cameroun et provenant de l'exercice d'une profession commerciale, industrielle ou
artisanale ou d’une exploitation minière ou forestière.

22
Par personnes physiques, il faut entendre non seulement les exploitants individuels, mais
encore les membres des sociétés de personnes et assimilées n'ayant pas opté pour l'impôt sur
les sociétés, lorsque ces sociétés exercent une activité réputée industrielle ou commerciale.

L'exercice d'une profession commerciale et industrielle s'entend de l'accomplissement


habituel, par des personnes agissant pour leur propre compte et poursuivant un but lucratif,
d'opérations de caractère industriel ou commercial ou artisanal.

a) Les bénéfices des professions commerciales, industrielles et artisanales par nature

 les activités commerciales

Elles consistent d’une manière générale en l’achat de matières ou des marchandises en vue de
la revente en l’état ou après transformation, en l’achat d’objets en vue de les louer.

Il s’agit notamment :

- les acquisitions de meubles en vue de la location ;


- les fournitures de logement, de nourriture ou les distractions ;
- les activités de transports ;
- les opérations de commission et de courtage ;
- les activités financières (opérations de banque, assurances, …) ;
- l’exploitation de mines et de carrières.

 les activités industrielles

Elles sont caractérisées par l’importance des moyens mis en œuvre pour parvenir soit à la
production de biens ou de services, soit à la réalisation de constructions, des transports et des
extractions.

Elles comprennent notamment les activités :


- des industries de transformation
- des industries extractives ;
- des entreprises de manutention et de magasinage ;
- de l’industrie du transport ;
- des travaux immobiliers.

 Les activités artisanales

Les activités artisanales et assimilées sont celles des contribuables qui exercent pour leur
propre compte une activité manuelle, et qui tirent principalement leur profit de la
rémunération de leur propre travail.
Sont ainsi considérées comme artisans les personnes ci-après :
- les fabricants et ouvriers travaillant chez eux avec ou sans force motrice à façon ou non,
utilisant le concours de cinq employés au plus, compagnons ou apprentis et ne vendant
que le produit de leur propre travail ;
- les pêcheurs se livrant personnellement à la pêche sans autre concours que celui de deux
aides.

23
b) Les bénéfices des professions commerciales, industrielles et artisanales par
détermination de la loi
Certaines activités relèvent de la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux en vertu
de dispositions légales particulières. Il en est ainsi en application des dispositions de l’article
51 du CGI, des bénéfices réalisés par :
- les personnes se livrant à des opérations d’intermédiaire pour l’achat ou la vente
d’immeuble ou de fonds de commerce ;
- les personnes qui procèdent au lotissement et à la vente après exécution des travaux
d’aménagement et de viabilité de terrains leur appartenant ;
- les personnes qui donnent en location un établissement commercial ou industriel
muni du mobilier ou du matériel nécessaire à son exploitation, que la location
comprenne ou non tout ou partie des éléments incorporels du fonds de commerce ou
d'industrie ;
- les personnes qui louent ou sous-louent en meublé tout ou partie des immeubles leur
appartenant ;
- les personnes qui, à titre principal ou accessoire, exploitent les jeux de hasard et de
divertissement.

2) Les formes de l’exploitation

Outre les exploitants individuels, sont passibles de l’IRPP dans la catégorie des BAIC les
membres des sociétés de personnes et assimilées n’ayant pas opté pour l’impôt sur les
sociétés, lorsque ces personnes exercent une activité commerciale, industrielle, artisanale ou
considérée comme tel par la loi fiscale.

a) Les Exploitants individuels

Est considéré comme exploitant, celui qui apparaît comme tel :

- par l’accomplissement d’obligations commerciales ou fiscales,


- à la lumière de certaines circonstances de droit ou de fait (conventions fictives ou
occultes).

b) Les Associés des sociétés de personnes et assimilées

Il s’agit de :
- sociétés en nom collectif ;
- sociétés en commandite simple (pour la part de bénéfices revenant aux
commandités) étant entendu que la part de bénéfices correspondant aux droits des
commanditaires est passible de l’IS ;
- sociétés en participation à raison des droits des associés indéfiniment responsables et
dont les noms et adresse ont été communiqués à l’Administration, les droits des
associés inconnus de l’administration restent soumis à l’IS ;
- syndicats financiers.

24
Il convient de relevé que s’agissant des sociétés de personnes, le principe fiscal de
transparence ou de translucidité commande que la société ne soit pas soumise ni à l’IS, ni à
l’IR. Seuls les associés sont soumis à l’IR dans la catégorie propre à l’activité exercée, que les
bénéfices soient distribués ou non.
De fait le bénéfice doit être obligatoirement réparti chaque année. En outre, tant qu’ils
travaillent dans l’entreprise, les associés ne sont pas considérés comme des salariés mais
comme un conglomérat d’entrepreneurs individuels juxtaposés. Ils sont par conséquent
imposés à l’IRPP tant pour leur part de capital que pour leurs salaires.
II- DETERMINATION DU BENEFICE IMPOSABLE

La détermination du résultat fiscal des entreprises relevant de l'impôt sur le revenu dans la
catégorie des bénéfices industriels et commerciaux met en œuvre des règles liées aux limites
avec les autres catégories de revenus ainsi que qu’aux modalités de détermination de la base
d’imposition.

1) Limites avec les autres catégories de revenus

 Limites avec la catégorie des revenus fonciers


Relèvent notamment des bénéfices industriels et commerciaux :
- les revenus des propriétés inscrites à l’actif du bilan d’une entreprise industrielle,
commerciale ou artisanale ;
- les produits de la location des établissements industriels et commerciaux munis du
matériel et du mobilier nécessaires à l’exploitation ;
- les profits tirés de la location en meublé, de la location d’un fonds de commerce et
des locaux où il est exploité.

 Limite avec la catégorie des BNC


Lorsque l’importance des capitaux investis dans l’exploitation, de la main d’œuvre employée
et des moyens matériels utilisés est telle que l’activité exercée procède plus de la spéculation
sur divers éléments mis en œuvre que l’exercice d’un art ou d’une science, il y a alors
imposition dans la catégorie des BIC. Il en est de même lorsqu’une profession libérale ne peut
être exercée personnellement par le propriétaire du cabinet en l’absence du titre ou du
diplôme correspondant (clinique gérée par un non Médecin par exemple).
Lorsqu'une activité commerciale et une activité non commerciale sont exercées
concurremment, les distinctions suivantes doivent être établies :
 L'activité non commerciale constitue l'accessoire de la profession commerciale :
dans ce cas, les profits retirés de l'activité non commerciale accessoire sont soumis à
l'impôt sur le revenu au titre de la catégorie des bénéfices industriels et
commerciaux.
 L'activité non commerciale est prépondérante : L’ensemble des bénéfices réalisés
sera soumis à l’impôt dans la catégorie des BNC à condition que les opérations
accessoires à caractère commercial ainsi réalisées soient directement liées à
l’exercice de l’activité libérale et constitue strictement le prolongement de cette
dernière.

25
 Les activités sont réputées distinctes : les bénéfices ou profits afférents à chacune
de ces activités (commerciale et non commerciale) doivent être soumis à l'impôt sur
le revenu dans la catégorie qui leur est propre.
 Limite avec les traitements et salaires
Alors que l’industriel, le commerçant ou l’artisan réalisent des opérations lucratives pour leur
compte, le salarié exerce pour le compte d’un employeur dont il reçoit une rémunération pour le
travail fourni. Le salarié est en effet lié à son employeur par un contrat de louage de services qui
implique un lien de subordination étroite et l’absence de spéculation.
 Limite avec la catégorie des bénéfices agricoles
Les revenus tirés de la vente par les agriculteurs des produits de leur propre exploitation et même
le cas échéant de certains produits accessoires sont imposés dans la catégorie des bénéfices
agricoles.
Lorsque l’activité agricole est accessoire à l’activité commerciale, la totalité des bénéfices
professionnels est imposée dans la catégorie des BIC.

Lorsque les agriculteurs vendent en même temps que les produits de leur exploitation les
produits achetés, les profits réalisés sur la vente de ces derniers entrent dans la catégorie des
BIC. De même, les contribuables qui ne participent pas eux-mêmes à la culture des produits
qu’ils vendent réalisent des profits de nature commerciale.

Les produits transformés relèvent des BIC lorsque les ventes sont effectuées dans un magasin de
vente au détail distinct de l’exploitation agricole, lorsque les opérations de transformation portent
sur les produits qui peuvent être utilisés comme matières premières dans l’agriculture ou dans
l’industrie.

2) La détermination de la base d’imposition


La détermination de la base d’imposition dans la catégorie des BAIC obéit aux règles générales
applicables à l’impôt sur les sociétés notamment pour les entreprises imposées d’après leur
bénéfice réel.

En effet, le bénéfice imposable dans la catégorie des BAIC est un bénéfice net, égal à la
différence entre les produits perçus par l’entreprise et les charges supportées par elle.

PARAGRAPHE 4 : LES BENEFICES AGRICOLES

Sont considérés comme bénéfices agricoles pour l’application de l’impôt sur le revenu des
personnes physiques, les revenus que l’exploitation des biens ruraux procure soit aux fermiers,
métayers, soit aux propriétaires exploitant eux-mêmes leurs domaines.

I- LES REVENUS IMPOSABLES DANS LA CATEGORIE DES BA


Les revenus à retenir comprennent les produits des exploitations agricoles et, le cas échéant, les
revenus qui trouvent leur origine dans le droit de propriété ou d’usufruit établis sur de tels biens.

1) Les produits de l’exploitation agricole


D’une manière générale, les bénéfices de l’exploitation agricole comprennent les profits résultant
pour l’exploitant de la vente (ou de la consommation) des produits de tous terrains propres à la
culture et des produits de l’élevage.

La catégorie des bénéfices agricoles comprend notamment les profits tirés :


26
- des exploitations agricoles ;
- des exploitations apicoles (élevage des abeilles), avicoles (volailles et oiseaux de toutes
espèces), piscicoles (élevage des poissons), ostréicoles (élevage des huitres), mytilicoles
(élevage des moules) ;
- de l’élevage du gros et du petit bétail ;
- de la recherche et de l’obtention de nouvelles variétés animales et végétales.

2) Les revenus de la propriété


Lorsque l’exploitation de biens ruraux est le fait du propriétaire, les revenus imposés dans la
catégorie des bénéfices agricoles comprennent, outre les produits de l’exploitation
proprement dite ci-dessus, les revenus accessoires.

Les revenus accessoires trouvent leur origine dans le droit de propriété ou d’usufruit, c’est-à-
dire, les produits tirés notamment :
- de la location du droit de chasse, de pêche, de cueillette, d’affichage ;
- de la concession du droit d’exploitation de carrières lorsque les parcelles sur lesquelles
elles sont situées restent affectées à l’exploitation agricole ;
- de la rente du sol, entendue comme le produit tiré de la mise en valeur du sol et dont une
part échoit au propriétaire à titre de rémunération de capital.

 LES LIMITES AVEC LES AUTRES CATEGORIES


Des frontières existent entre les bénéfices agricoles et les BIC, les revenus fonciers.

 Limite avec la catégorie des bénéfices artisanaux, industriels et commerciaux :


Lorsqu’une entreprise commerciale ou industrielle étend son activité à des opérations dont les
résultats entrent notamment dans la catégorie des bénéfices agricoles, il est tenu compte de ces
revenus pour la détermination des BIC. C’est le cas par exemple d’un fabricant de beurre ou de
fromage qui utilise le lait tiré de son étable comme matière première servant à son industrie.
De même, les contribuables ne participant pas eux-mêmes à la culture des produits ou à l’élevage
des animaux qu’ils vendent, réalisent à raison de ces ventes des profits de nature commerciale.
Enfin, l’achat pour revendre les produits agricoles constitue un acte commercial normal qui
relève de l’imposition dans la catégorie des BIC.

 Limite avec la catégorie des revenus fonciers


Les revenus des immeubles par nature dépendant d’un domaine agricole sont rangés dans la
catégorie des bénéfices agricoles si le domaine est exploité par le propriétaire lui-même. Par
contre, si le domaine est donné en location, le revenu du propriétaire est passible de l’impôt dans
la catégorie des revenus fonciers.
Toutefois, lorsque le domaine mis en location est la propriété d’une entreprise agricole soumise
au régime du réel, les loyers des immeubles correspondants inscrits à l’actif du bilan seront
réputés revenus agricoles.

27
 Limites avec les bénéfices non commerciaux
Les propriétaires de chevaux de course qui exploitent un domaine agricole dans lequel ils élèvent
des chevaux engagés dans les épreuves sportives soit directement, soit en ayant recours à un
entraineur public ou particulier, relèvent des bénéfices agricoles.
Lorsqu’ils exercent l’activité d’entraineur public des chevaux de course, les produits provenant
des prix gagnés et de la vente des chevaux ainsi entrainés relèvent des bénéfices non
commerciaux.

II- LA DETERMINATION DU RESULTAT AGRICOLE IMPOSABLE

La détermination du résultat agricole imposable obéit, d’une manière générale, aux principes de
droit commun en matière de BIC. Aussi, le bénéfice net de l’exploitation agricole (soumis au
régime simplifié ou du réel d’imposition) est-il constitué par l’excédent des recettes provenant
de l’agriculture, de l’élevage et des autres produits, sur les dépenses nécessitées par
l’exploitation.

 Produits bruts

Les produits de l’exploitation comprennent notamment :


- les ventes liées aux opérations de caractère agricole ;
- les produits accessoires notamment les redevances de propriété (cf. supra) ;
- l’autoconsommation : le bénéfice est déterminé en ajoutant aux recettes la valeur au prix
de revient, des produits consommés par l’exploitant et sa famille ;
- la production stockée, c’est-à-dire la variation des stocks au cours de l’exercice établie
d’après les règles applicables en matière de BIC.
- les plus-values de cession d’éléments d’actif.

 Les frais et charges déductibles

Les frais et charges admis en déduction des bénéfices agricoles sont celles nécessitées
directement par l’exploitation et qui entraine une diminution de l’actif net.

En ce sens, les règles applicables aux exploitants agricoles sont celles en vigueur aux entreprises
industrielles et commerciales.

Les frais et charges nécessités par l’acquisition ou la conservation du revenu sont déductibles
pour leur montant réel et justifié. C’est le cas notamment :

- des amortissements des biens d’exploitation ;


- des dépenses relatives aux immeubles (charges foncières des terres et autres bâtiments
d’exploitation inscrits à l’actif du bilan) ;
- des salaires et autres rémunérations versées au personnel à condition qu’ils correspondent
à un travail réel et ne soient pas exagérés.

PARAGRAPHE 5 : LES BENEFICES NON COMMERCIAUX (BNC)

28
Les bénéfices des professions non commerciales et revenus assimilés désignés par
l’expression « bénéfices non commerciaux » constituent l'une des catégories de revenus
professionnels retenus pour asseoir l'impôt sur le revenu. Ils sont constitués par tout profit
ayant le caractère d’un revenu et ayant leur source dans les actes ou opérations susceptibles de
renouvellement non expressément exonérés et non soumis à l’impôt dans une autre catégorie
de revenu.

I- DES REVENUS IMPOSABLES AUX BNC

Les BNC peuvent être rangés dans trois groupes à savoir :

- les bénéfices des professions libérales ;


- les revenus des charges et offices ;
- les produits ne relevant d’aucune autre catégorie de revenu.
1) Les bénéfices des professions libérales
D’une manière générale, Il s'agit des bénéfices provenant des professions dans lesquelles
l'activité intellectuelle joue le principal rôle et qui consistent en la pratique personnelle, en toute
indépendance, d'une science ou d'un art. Source du capital= cerveau et plume.

Exemples : médecin, chirurgien, chirurgien-dentiste, avocat, expert-comptable et comptable


agréé, géomètre, vétérinaire, dentiste, sage-femme, masseur-kinésithérapeute, architecte,
professeur libre, artiste-peintre, sculpteur, ingénieur-conseil, commissaire aux comptes, etc.

2) Les revenus des charges et offices


Il s'agit des revenus des charges et offices, dont les titulaires n'ont pas la qualité de commerçant
en vertu des dispositions légales. Ce sont en général des agents assermentés titulaires de charge
ou office, nommés par le Président de la République sur proposition du Garde des sceaux, avec
un droit de désignation de leur successeur.

Exemples : avocats, notaires, huissiers, commissaires-priseurs, greffiers titulaires de charge.

3) Les profits ne relevant d’aucune autre catégorie de revenus


Sont également considérés comme BNC, les bénéfices provenant de toutes occupations,
exploitations lucratives et autres sources ne se rattachant pas à une autre catégorie de revenus.

Il en est ainsi notamment :


- des droits d’auteurs perçus par les écrivains et compositeurs ;
- des produits de la propriété intellectuelle et industrielle (brevets, procédés, marques, …)
perçus par les inventeurs particuliers ;
- des produits des opérations de bourses effectuées par les particuliers ;
- des revenus tirés de l’exercice des professions diverses (guérisseurs, évangélistes,
musiciens, sportifs professionnels, etc.).

II- DETERMINATION DU BENEFICE IMPOSABLE

1) Limites avec les autres catégories de revenus


29
 Limites avec la catégorie des traitements et salaires
L’exercice d’un art ou d’une science peut être soumis à la catégorie des traitements et salaires
dès lors qu’il est établit le lien de subordination et d’étroite dépendance. Relèvent ainsi de la
catégorie des traitements et salaires les rémunérations des médecins des hôpitaux publics ou
privés ou des entreprises.

Mais, lorsque des activités salariées et non commerciales sont exercées concurremment, les
revenus afférents à celles-ci sont imposables distinctement dans la catégorie qui leur est propre.
C’est le cas des médecins ci-dessus qui disposent par ailleurs de cabinets privés.

 Limites avec la catégorie des BAIC


(Cf. paragraphe 3)

 Limites avec la catégorie des revenus fonciers


Relèvent de la catégorie des bénéfices non commerciaux :
- les revenus principaux et accessoires tirés de la location d'immeubles utilisés dans le
cadre de la profession des titulaires de revenus non commerciaux et que l'exploitant a
choisi d'inscrire sur le registre des immobilisations ;
- les profits de la sous-location d'un immeuble ; toutefois, si la sous-location est consentie
en meublé, les loyers ont le caractère de revenus commerciaux.

III- LES MODALITES DE DETERMINATION DE LA BASE D’IMPOSITION

A l’exception des professions libérales soumises d’office au régime du réel, le bénéfice non
commercial est constitué par l’excédent des recettes totales sur les dépenses nécessitées par
l’exercice de la profession.

Les recettes professionnelles sont constituées par les sommes effectivement encaissées par le
contribuable ou dont il a eu la disposition dans le cadre de l'exercice de son activité ou à
l'occasion de toutes opérations lucratives qui s'y rattachent, quels que soient le mode de
perception desdites sommes (espèces, chèques, inscription au crédit d'un compte) et l'année au
cours de laquelle ont été effectuées les opérations génératrices de ces recettes.

Ainsi, doivent être retenus dans la base d’imposition :

- les recettes proprement dites, c'est-à-dire les sommes reçues à l'occasion d'actes ou de
prestations effectués à titre habituel ou occasionnel (honoraires, commissions, vacations,
ristournes, intéressements) ;
- les provisions ou avances sur honoraires, à l'exception, toutefois des sommes reçues par
les avoués, avocats ou notaires qui constituent de simples dépôts de fonds destinés à
couvrir des frais de procédure ou d'actes et enregistrés généralement dans un compte
spécial ;
- les avances sur des prestations futures ;
- les sommes versées par les clients à titre de remboursements de frais (frais de
déplacement, frais de correspondance, etc.) ;
- les profits financiers : il s'agit des revenus de créances, dépôts, cautionnements ou
comptes courants se rattachant à l'exercice de la profession,

30
- les recettes diverses : indemnité d'éviction destinée à réparer le préjudice lié à la nécessité
d'une autre installation ; indemnité allouée en contrepartie d'une perte de recettes
professionnelles ; cadeaux ou dons représentant la rémunération d'actes professionnels ;
profits réalisés à l'occasion de la suppléance d'un confrère ; profits accessoires.
1) Les recettes à exclure de la base d’imposition

Pour la détermination du bénéfice professionnel, il convient de déduire du montant des sommes


encaissées, les débours payés pour le compte du client et les honoraires rétrocédés.

Le critère du débours est constitué par le fait qu'en cas de non-paiement, le client est
directement poursuivi et non le membre de la profession libérale (ex. : droits d'enregistrement et
sommes versées aux impôts par les notaires pour le compte de leurs clients).

Les rétrocessions d'honoraires sont constituées par les sommes reversées par un membre d'une
profession libérale, de sa propre initiative et dans le cadre de la mission qui lui est confiée par
son client, soit à un confrère, soit à une autre personne exerçant une profession libérale
complémentaire à la sienne. Pour être déductibles, ces honoraires doivent être régulièrement
déclarés.

2) Les dépenses déductibles

Sont admises en déduction des recettes, pour l'assiette de l'impôt, les dépenses effectuées en vue
de l'acquisition ou de la conservation du revenu et qui sont nécessitées directement par l'exercice
de la profession.

Il s'ensuit que ne peuvent pas être prises en compte :

- les dépenses d'ordre personnel ou la fraction des dépenses ayant un tel caractère : frais de
logement du contribuable et de sa famille, dépenses courantes d'entretien, d'habillement,
impôts personnels (impôt sur le revenu), par exemple ;
- les dépenses ayant le caractère d'un placement ; le prix d'acquisition d'un office, d'une
clientèle, des locaux ou du matériel nécessaires à l'activité professionnelle. Toutefois, des
amortissements peuvent être pratiqués suivant les règles applicables aux bénéfices
industriels et commerciaux ;
- les dépenses se rapportant à une activité exercée à titre bénévole ;
- les charges se rapportant à l'acquisition et à la propriété des biens figurant dans le
patrimoine privé du contribuable. Toutefois, lorsque ces biens sont utilisés dans le cadre
de la profession, à l'exclusion de tout élément n'ayant aucun lien direct avec l'exercice de
l'activité, le contribuable peut déduire les charges qui correspondent à leur utilisation et
qui incomberaient normalement à un locataire s'ils étaient loués (réparations locatives,
entretien courant...).

Lorsque les dépenses revêtent un caractère mixte (usage privé et professionnel), (assurance du
véhicule, entretien et réparation, carburant, téléphone, …), il convient de procéder à une
ventilation pour déterminer la part desdites dépenses se rattachant effectivement à l'exercice de
l'activité.

31
CHAPITRE 2 : L’IMPOT SUR LES SOCIETES (IS)

Pour mémoire, une entreprise est un organisme autonome, combinaison de deux cellules (une
cellule économique composée essentiellement des matériels et financiers et une cellule sociale
composée des éléments humains) en vue de la production des biens et services marchands.

L’IS pour sa part est un impôt assit sur le revenu des personnes morales réalisant une activité à
but lucratif. Seuls sont imposables, les bénéfices des entreprises exploitées au Cameroun sous
réserve des conventions fiscales internationales.

SECTION 1: CHAMP D’APPLICATION DE L’IMPOT SUR LES SOCIETES

L’impôt sur les sociétés (IS) est un impôt assit sur le revenu des personnes morales réalisant une
activité à but lucratif. Seuls sont imposables, les bénéfices des entreprises exploitées au
Cameroun sous réserve des conventions fiscales internationales.
Toutefois, toutes les personnes morales ne sont cependant pas assujetties à cet impôt. On
distingue ainsi les personnes assujetties (A), et celles exonérées (B).

PARAGRAPHE 1 : PERSONNES SOUMISES A L’IS


Sous réserve des dispositions de l’article 4 du Code Général des Impôts et des régimes fiscaux
particuliers, l’assujettissement à l’IS est fonction du statut juridique de l’entreprise, de l’activité
exercée ou du choix du contribuable.

A- PERSONNES SOUMISES DE PLEIN DROIT A L’IS


Ces personnes sont soumises à l’IS dès qu’il est établi qu’elles effectuent une activité lucrative,
quel que soit leur objet.
Ainsi, sont soumises de plein droit à l’IS :
- Quel que soit leur objet, les sociétés anonymes, même unipersonnelles, les sociétés à
responsabilité limitée, même unipersonnelles, les sociétés de fait, les sociétés
coopératives et leurs unions ;
- Les établissements publics, les organismes d'Etat jouissant de l’autonomie financière et
toutes autres personnes morales se livrant à une exploitation ou à des opérations à
caractère lucratif.

B- LES PERSONNES ASSUJETTIES SOUS CERTAINES CONDITIONS


Il s’agit de structures qui ne sont pas par nature assujetties à l’IS. La loi les assujettit au régime
de l’IS lorsque certaines conditions sont remplies.
Sont concernées, les sociétés civiles et les sociétés de personnes.
 Les sociétés civiles
Même lorsqu’elles ne revêtent pas l’une des formes visées ci-dessus, les sociétés civiles qui se
livrent à une exploitation ou à des opérations de nature commerciale, industrielle, agricole ou
artisanale sont assujetties à l’IS.
 Les établissements publics et collectivités territoriales décentralisées
Les établissements publics autres que les établissements scientifiques, d’enseignement et
d’assistance, ainsi que les associations et collectivités territoriales décentralisées, en principe non
32
soumises à l’impôt sur les sociétés en vertu d’une autre disposition, y sont assujettis à raison de
la location de leurs immeubles bâtis et non bâtis, des revenus de capitaux mobiliers non soumis à
l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières dont ils disposent ainsi que de toute autre activité à
but lucratif.

C- L’OPTION A L’IMPOT SUR LES SOCIETE


La possibilité est également offerte aux sociétés relevant d’un autre régime, d‘opter pour leur
imposition à l’IS. Il s’agit:
 Des sociétés civiles dans les conditions fixées pour les sociétés de personnes ;
 Des sociétés de personnes (les sociétés en nom collectif ; les sociétés en commandite
simple ; les sociétés en participation ; etc).
L’option est irrévocable n’est pas ouverte aux sociétés de fait et aux sociétés de personnes issues
de la transformation antérieure de sociétés de capitaux. La validité de l'option est conditionnée
par sa signature par tous les associés et sa notification à l'inspecteur du lieu d'imposition dans les
trois mois du début de l’exercice fiscal.
À défaut d’option, l’impôt sur les sociétés s’applique uniquement à la part de bénéfices
correspondant aux droits :
- Des commanditaires dans les sociétés en commandite simple ;
- Des associés non indéfiniment responsables ou dont les noms et adresses n'ont pas été
communiqués à l'Administration dans les sociétés en nom collectif.
L’assujettissement à l’IS dans ce cas précis est fonction de la nature dite « opaques » ou
« transparente » de la société.
La maîtrise de ces deux concepts est fondamentale dans la détermination des personnes
imposables à l’IS dans les sociétés hybrides. Cet impôt visant de par sa nature, les bénéfices ou
revenus des personnes morales.

1) Notions de transparence et d’opacité fiscales


On dit d’une société qu’elle est opaque sur le plan fiscal, lorsque l’actionnaire s’efface derrière
l’action. On ne connaît pas l’actionnaire, les actions ou part sociales faisant écran. Selon ce
principe, c’est la société qui est le sujet fiscal dont les revenus sont soumis à l’impôt. L’associé
qui disparaît derrière l’entreprise « opaque » n’apparaît pas comme un sujet fiscal et n’est par
conséquent pas visé par l’IS. C’est notamment le cas des sociétés commerciales par actions, les
SA notamment.
La transparence fiscale quant à elle laisse entrevoir l’associé. Ce dernier est de ce fait le sujet
fiscal visé par l’impôt. Ce principe fonde l’imposition des personnes visées à l’Impôt sur le
Revenu des Personnes Physiques, à moins pour celles-ci d’opter pour leur imposition à l’IS.

2) Conséquences de l’opacité et de la transparence dans l’imposition à l’IS


Au plan de l’IS, les sociétés « opaques » sont imposables de plein droit. Ainsi, le bénéfice réalisé
par ces structures est soumis à l’IS, la part distribuée aux associés étant imposable entre leurs
mains à l’impôt sur le revenu des capitaux mobiliers (IRCM).
Le bénéfice réalisé par les sociétés « transparentes » échappe à l’IS, les revenus distribués étant
imposés à l’IRPP dans les différentes catégories. Ce régime s’applique par excellence aux
Sociétés en Non Collectif. L’IS n’est dû que dans les conditions visées à l’article 3 (2) du CGI,
ou sur option.
33
Le régime d’imposition des bénéfices distribués aux associés des sociétés en commandite simple
est davantage significatif de la transparence et de l’opacité fiscale. La part de revenus distribuée
aux associés commandités, du fait de leur statut d’associés indéfiniment et solidairement
responsables des dettes sociales, obéit à un régime fiscal de transparence. Cette quote-part de
bénéfices n’est pas imposable à l’IS, mais à l’IRPP entre leurs mains.
S’agissant des associés commanditaires dont la responsabilité est limitée à leurs apports, la
quote-part de bénéfice qui leur est versée est soumise à l’IS. Cette part de bénéfice supporte
d’abord l’IS et ensuite l’IRPP dans la catégorie des revenus des capitaux mobiliers (IRCM).
Il en résulte que les personnes assujetties à l’IS peuvent l’être de plein droit ou sur option.
Cependant, certaines personnes morales sont exonérées de l’IS du fait de la loi ou d’autres
dispositions textuelles.

SECTION 2 : DES EXONERATIONS


Certaines personnes morales, bien qu’étant dans le champ d’application de l’IS, sont exonérées
de son paiement. Pour la plupart, ces exonérations sont directement prévues par les dispositions
du CGI relatives à l’IS, tandis que d’autres sont visées par d’autres dispositions spécifiques du
CGI ou d’autres textes législatifs ou conventionnels.

A- LES EXONERATIONS D’ORDRE GENERAL


Sont exonérées de l’impôt sur le Sociétés :
1) Les sociétés coopératives agricoles
L’article 4 (1) du CGI exonère de l’IS les sociétés coopératives de production, de transformation,
de conservation et de vente des produits agricoles, de l’élevage, ainsi que leurs unions dès lors
qu’elles fonctionnent conformément aux dispositions légales qui les régissent.
Toutefois, certaines de leurs opérations limitativement énumérées sont imposables à l’IS en dépit
de l’exonération de l’entreprise qui les réalise. C’est le cas lorsqu’elles réalisent les opérations
ci-après :
 les ventes effectuées dans un magasin de détail distinct de leur établissement
principal ;
 les opérations de transformation portant sur les produits ou sous-produits autres que
ceux destinés à l'alimentation de l'homme et des animaux ou pouvant être utilisés à
titre de matières premières dans l'agriculture, l’élevage ou l'industrie ;
 leurs opérations effectuées avec des non sociétaires.

2) Les syndicats agricoles, pastoraux et les coopératives


Elles sont exonérées de l’IS lorsqu’elles fonctionnent conformément aux dispositions qui les
régissent.
3) Les caisses de crédit agricole mutuel.
Les bénéfices réalisés par ces structures sont exonérés d’IS. Toutefois, les intérêts générés par les
crédits accordés aux non membres imposables.
4) Les sociétés et unions de sociétés de secours mutuel.

34
L’exonération des sociétés et unions de sociétés mutuelles, n’est admise que lorsque celles-ci ne
recherchent pas un but lucratif et ne réalisent pas des bénéfices pour leur propre compte. Dans
l’hypothèse contraire, elles sont soumises à l’IS.
5) Les bénéfices réalisés par les associations sans but lucratif
Lorsque ces associations organisent avec le concours des communes ou des organismes publics
locaux, des foires, des expositions, des réunions sportives et autres manifestations publiques
correspondant à l’objet défini par leurs statuts et présentant un intérêt économique et social
certain, les revenus de ces activités sont exonérés de l’IS.
Cette exonération n’est valable que lorsque les revenus tirés desdites activités sont utilisés
conformément à leur objet.
6) Les collectivités territoriales décentralisées ainsi que leurs régies de services
publics.
Il faut préciser que cette exonération ne vise nullement les établissements publics qui demeurent
imposables aux termes de l’article 3 (1) du CGI à l’IS lorsqu’ils se livrent à une exploitation ou à
des opérations à caractère lucratif.
L’exonération n’est applicable qu’aux activités directement réalisées par les collectivités
territoriales décentralisées ou à travers leurs régies de service public.
7) Les sociétés ou organismes reconnus d’utilité publique chargés du
développement rural.
Leurs activités ne sont exonérées que lorsqu’ les opérations réalisées ne revêtent pas un caractère
lucratif, l’administration pouvant faire la preuve du caractère de l’opération par tous moyens.
8) Les offices publics d’habitation à bon marché.
C’est une exonération visant à encourager la promotion de l’habitat social. Le critère permettant
de déterminer le caractère social est le loyer pratiqué.
9) Les clubs et cercles privés pour leurs activités à but non lucratif.
Les cercles et clubs privés sont exonérés de l’IS pour leurs activités à but non lucratif à l’instar
des services accordés à leurs membres. A contrario, ne sont pas concernées par cette
exonération les activités de bar, de restaurant et de location de leurs locaux pour les fêtes et
autres services fournies &aux tiers contre rémunération.
- par ailleurs ils doivent tenir une comptabilité séparée pour les activités de bar et de restaurant,
ainsi que des autres prestations assujetties à l’IS.
10) Les établissements privés d’enseignement ne poursuivant pas un but lucratif.
Dès lors que les établissements privés d’enseignement pratiquent des tarifs compris dans des
fourchettes arrêtées par l’Etat, l’IS n’est pas due sur les bénéfices réalisés. Cette exonération ne
s’applique qu’aux revenus tirés de l’activité principale d’enseignement, notamment les frais de
scolarité, d’inscription. Par contre, les revenus issus d’activités lucratives autres que l’activité
d’enseignement et de formation sont passibles de l’IS. C’est le cas de la vente de fournitures
scolaires, de tenues et uniformes, de prestations comme la mise en location de salles de fête etc.
Cette exonération s’applique également dans les mêmes conditions en matière de bénéfices
industriels et commerciaux.

11) La Caisse Nationale de Prévoyance Sociale pour la partie des bénéfices


provenant des cotisations sur salaires.

35
Cette exonération ne porte que sur les contributions provenant des retenues sur salaires et des
cotisations destinées à la consolidation des paiements des pensions et autres allocations.
12) Les sociétés d’investissement à capital variable (SICAV), les fonds communs
de placement et les fonds communs de créances.
Les SICAV et fonds communs de placement et de créances sont exonérés de l’IS pour les
bénéfices réalisés dans le cadre de leur objet légal.
13) Les groupements d’intérêt économique, pour la quote-part de leur bénéfice
distribuée à leurs membres personnes physiques.
Un groupement d'intérêt économique (GIE) est un groupement doté de la personnalité morale qui
permet à ses membres de mettre en commun certaines de leurs activités afin de faciliter ou de
développer leur activité, d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette activité et ceci tout en
conservant leur individualité.
Au plan fiscal, les GIE sont des sociétés transparentes et sont de ce fait exonérés de l’impôt sur
les sociétés pour la quote-part de leurs bénéfices distribuée à leurs membres personnes
physiques, conformément à l’article 4(13) du Code Général des Impôts.
En revanche, lesdits bénéfices sont imposables à l’impôt sur le revenu des personnes physiques
(IRPP) ou à l’impôt sur les sociétés (IS) entre les mains des membres des GIE, pour autant que
ces organismes fonctionnent conformément aux textes qui les régissent.
Quelque soit la nature des revenus distribués par le GIE, celle-ci est tenue de retenir l’impôt à la
source.
14) Les sociétés civiles à objet non commercial
A la lecture des dispositions de l’article 3 du CGI, les sociétés civiles sont assujetties à l’IS
lorsqu’elles ont un objet commercial, ont parmi leurs membres des assujettis à l’IS ou ont opté
pour l’imposition à cet impôt.
A contrario, lorsqu’elles ne remplissent pas ces critères, les sociétés civiles à objet purement
civil sont exonérées de l’IS. Les bénéfices réalisés sont imposables à l’IRPP dans la catégorie
dans laquelle l’activité est exercée, entre les mains des associés. Ainsi, une société civile
immobilière ne réalisant pas les opérations commerciales telles qu’énumérées à l’article 3(2) du
CGI et ne comprenant pas parmi ses membres des personnes assujetties à l’IS, n’est pas soumis à
cet impôt, sauf si elle en fait l’option. Les revenus distribués aux membres seront imposés entre
leurs mains dans la catégorie des revenus fonciers.

B- LES EXONERATIONS SPECIFIQUES


Hormis les exonérations contenues dans le Code Général des Impôts, l’Etat dans le souci
d’encourager certains secteurs d’activités ou certains types d’entreprises, a institué des dispenses
spécifiques du paiement de l’Impôt sur les sociétés. Ils découlent soit de textes législatifs, soit de
conventions.
Exemple : Code minier, Code pétrolier, Code gazier, loi de 2013 sur les incitations à
l’investissement privé au Cameroun, etc.

SECTION III- DETERMINATION DU BENEFICE IMPOSABLE

I- MODES DE DETERMINATION DU BENEFICE IMPOSABLE

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A- LA NOTION DE BENEFICE
Le bénéfice peut se définir de manière simple comme un gain pécuniaire ou matériel qui vient
s’ajouter à la fortune des associés par l’intermédiaire de l’entreprise.
Cette définition nous permet de distinguer les personnes imposables des autres formes de
regroupements. Ainsi lorsqu’un groupement cherche directement à réaliser un bénéfice, on dit
que cette personne est imposable à l’IS.
En revanche, si le groupement poursuit plutôt un but désintéressé, il s’agira plutôt d’une
association, laquelle ne peut être soumise à l’IS que de manière exceptionnelle et sous certaines
conditions.
Dans l’hypothèse où un groupement recherche la réalisation des économies, le bénéfice ne
pouvant être réalisé qu’indirectement, il n’y a pas imposition à l’IS. C’est le cas des
coopératives.
Sont considérés comme des bénéfices industriels et commerciaux (BIC), les produits des
locations des biens meubles, les locations des locaux meublés, les entreprises des spectacles, les
transports, les constructions, bref toutes les prestations de services à l’exclusion de celles dont la
formation du produit vendu réserve un rôle prépondérant à l’activité intellectuelle.
Sont également considérées comme des bénéfices industriels et commerciaux (BIC), les activités
agricoles, accessoires ou étroitement liées à l’activité commerciale. En raison de la règle de la
globalité de l’IS et en vertu du principe selon lequel le sort de l’accessoire suit celui du principal,
toutes les opérations ayant eu lieu avec une société commerciale génèrent des BIC. La moindre
commercialité de l’opération suffit pour l’imposition à l’IS sans qu’on puisse rechercher si
l’activité commerciale est prépondérante ou non.

1) Détermination du bénéfice imposable


Le bénéfice imposable à l’IS est déterminé de deux manières différentes selon qu’on se fonde sur
le résultat de l’entreprise ou sur l’exploitation du bilan.
Le bénéfice imposable peut être déterminé à partir du résultat comptable de l’entreprise
conformément aux articles 6 et 7 du CGI. Ce bénéfice est déterminé en tenant compte
uniquement des opérations réalisées par les exploitations situées au Cameroun y compris celles
dont le pouvoir d’imposition est attribué au Cameroun par une convention internationale.
Pour bien cadrer la notion de bénéfice imposable, le CGI a prescrit deux démarches conduisant
au même résultat : La méthode du résultat et la méthode du bilan.
 La méthode du résultat
C’est la démarche descriptive. D’après cette méthode, le bénéfice imposable est la différence
résultant de l’ensemble des opérations effectuées au cours de l’exercice, quelle que soit leur
nature et auxquelles il faut ajouter le produit des éléments de l’actif qu’on a pu céder soit en
cours, soit en fin de l’exploitation.
Il résulte de cette définition que le bénéfice imposable est avant tout un solde obtenu en faisant la
somme algébrique des produits réalisés et des charges exposées par l’entreprise au cours de
l’exercice. Ce qui se résume comme suit :
Bénéfice imposable = produits réalisés – charges supportées.

 La méthode du bilan

37
L’autre démarche de détermination du bénéfice imposable à l’IS prévu par le CGI est la
démarche du bilan dite démarche comptable ou synthétique basée sur la théorie des bilans.
D’après cette méthode, le bénéfice net est la différence entre la valeur d’actif net à la clôture de
l’exercice et la valeur de l’actif net en début du même exercice, de laquelle il faut diminuer les
différents apports réalisés au cours de l’exercice par les tiers et les associés, et ajouter les divers
prélèvements effectués par les associés au cours du même exercice.
Cette deuxième démarche est plus rigoureuse et plus précise. C’est celle que les juridictions
fiscales retiennent généralement pour trancher un certain nombre de litiges nés du fait qu’une
entreprise se voit imposée à l’IS sans avoir réalisé des opérations au cours de la période.
C’est le cas par exemple d’une entreprise créée et mise en veilleuse qui bénéficie d’une
indemnité d’éviction pour cause d’expropriation. Cette indemnité constitue un produit imposable
bien même qu’aucune opération n’a été réalisée par l’entreprise.

B- LES CHARGES DEDUCTIBLES EN MATIERE D’IS


Dans la détermination du bénéfice imposable à l’IS, quelle que soit la méthode utilisée, les
éléments rentrant en ligne de compte sont les produits imposables et les charges déductibles.
Par charges déductibles de l’IS au titre d’un exercice, il faut entendre toutes les charges liées à
l’exploitation exposées par l’entreprise au cours de cet exercice. Il faut également y ajouter
certaines charges nées antérieurement mais qui, du fait de la loi peuvent être déduites au titre
d’un exercice postérieur. C’est le cas des déficits des exercices antérieurs admis comme charges
des 4 exercices suivants.
Toutes les charges d’exploitation ne sont pas déductibles du résultat imposable à l’IS. Le CGI a
prévu pour leur déductibilité, des conditions particulières. Certaines sont d’ordre général,
d’autres sont spécifiques aux différents types de charges concernées. Pour des raisons de
commodité, les conditions spécifiques à chaque type de charge d’exploitation seront examinées
plus loin en même temps que les charges en question. Seules les conditions générales seront
exposées ici, à savoir les conditions de fond et de temps.
La loi a déterminé avec précision les charges qui sont déductibles en matière d’impôt sur les
sociétés. Certaines sont intégralement déductibles dès lors qu’elles sont rattachables à
l’exploitation, d’autres le sont sous certaines conditions supplémentaires ou selon des modalités
spécifiques exposées ci-dessous.

1) Les conditions de fond de la déductibilité des charges d’exploitation


Pour être déductibles, les charges doivent :
- être engagées dans l’intérêt direct de l’exploitation et se rattacher à la gestion normale de
l’entreprise. Ainsi, ne seront pas admises en déduction du résultat imposable à l’IS, les
dépenses ayant bénéficié aux seuls dirigeants. De même, la déduction devrait être refusée
aux dépenses liées aux libéralités et autres dépenses ne relevant pas de l’objet de
l’entreprise.
Toutefois, la loi a prévu pour certaines libéralités, leur déduction sous des conditions précises.
- traduire une diminution de l’actif net de l’entreprise. A ce titre, seront non déductibles
toutes les dépenses sans incidence sur l’actif net, telles que les pertes non supportées par
l’entreprise elle-même ou encore les dépenses ayant pour contrepartie la disparition d’un
élément du passif. C’est le cas d’une dette qui s’éteint par son paiement ou sa
compensation.

38
- être rattachées à un revenu imposable et ne pas être expressément exclues des déductions.
Les dépenses expressément exclues du droit à déduction par la loi rentrent dans cette
catégorie (dépenses somptuaires comme l’achat d’un bateau de plaisance).

2) Les conditions de forme


Pour être déductibles, les charges doivent être justifiées et comptabilisées.
- les charges doivent être justifiées par des pièces permettant d’apporter la preuve de leur
effectivité et leur montant, à l’instar des factures, procès-verbaux de réception des
travaux, etc. ;
- les charges doivent être comptabilisées. La déductibilité d’une charge est également
conditionnée par la passation des écritures comptables retraçant les opérations réalisées.

3) Les conditions de temps


Les charges ne sont déductibles au titre d’un exercice que si elles sont engagées et
comptabilisées au cours de cet exercice. C’est le principe de l’indépendance ou de la
spécialisation des exercices fiscaux. Ce principe veut que les charges soient déductibles au cours
de l’exercice au cours duquel elles ont été engagées. Afin de mieux appréhender l’indépendance
des exercices, il est nécessaire d’examiner ses contours et de relever les dérogations existantes.

C- DES CHARGES DEDUCTIBLES


Le résultat fiscal étant déterminé à partir du résultat comptable, il est nécessaire d’identifier les
charges déductibles au plan fiscal, toutes les charges n’étant pas admises en déduction du résultat
imposable à l’IS. Les charges non déductibles doivent être en conséquence réintégrées dans le
résultat.
Ainsi de manière générale, l’article 7 du CGI distingue comme charges déductibles, les frais
généraux, les charges financières, les pertes proprement dites, les amortissements, les provisions,
les créances et dettes libellées en devises, les bonis des opérations avec les associés.

a) Les frais généraux


Sont considérées comme frais généraux toutes les charges et dépenses qui entraînent directement
une diminution de l’actif net. On cite à ce titre les dépenses de personnel et de main-d’œuvre,
les dépenses relatives aux locaux, matériels et mobiliers, les frais divers et exceptionnels, les
primes d’assurance, les libéralités, dons et subventions, etc.
La déductibilité de certaines charges rentrant dans la catégorie des frais généraux est, par la
volonté du législateur, traitée de manière spécifique. Il s’agit de :
4) Les rémunérations directes ou indirectes versées aux personnels et assimilés
Les rémunérations directes ou indirectes allouées à un salarié, y compris les indemnités,
allocations, avantages en nature, les cotisations sociales obligatoires effectuées pour le compte
des salariés et autres remboursements de frais, ne sont admises en déduction des résultats de
l’entreprise, que dans la mesure où, n’étant pas excessives par rapport au service rendu, elles
correspondent à un travail effectif et sont conformes aux normes conventionnelles.
Plusieurs conditions cumulatives sont requises pour l’admission en déduction des charges sus
citées :
- elles ne doivent pas être excessives par rapport au service rendu ;

39
- elles doivent correspondre à un travail effectif dont elles représentent la
contrepartie ;
- elles doivent être conformes aux conventions collectives du secteur d’appartenance.
S’agissant des cotisations patronales obligatoires versées à l’étranger en vue de la constitution
de la retraite des travailleurs expatriés sont admis en déduction dans la limite de 15% du salaire
de base.
5) Les jetons de présence alloués aux membres des Conseils d’Administration
Ils sont déductibles du résultat imposable à condition d’être la contrepartie d’un travail effectif.
A contrario, s’il est établi qu’ils ont été versés à un administrateur n’ayant participé à aucun
travail effectif, les sommes versées seront réintégrées dans le résultat imposable.
6) Les remboursements de frais et les allocations forfaitaires
Les remboursements de frais justifiées et de certains frais engagés par des salariés pour le
compte de l’entreprise sont admis en déduction.
Il en est de même des allocations forfaitaires allouées aux dirigeants et aux cadres par
l’entreprise au titre de frais de représentation ou de déplacement. Toutefois, dans l’un ou l’autre
des cas sus évoqués, il ne doit pas exister des frais de même nature habituellement remboursés
aux intéressés, en raison de la règle non bis in idem. En aucun cas une entreprise ne devrait
déduire en même temps les allocations forfaitaires et les remboursements de frais réels relatifs
aux mêmes destinations.
7) Les frais de siège
Les frais de siège s’entendent des frais généraux engagés en rémunération de certains services
effectifs, notamment l’assistance technique financière ou comptable, de même que les études et
les frais de coordination au profit d’entreprises étrangères qui sont généralement leur société-
mère.
L’assistance technique s’analyse comme la fourniture ou le transfert d’une expertise avérée dans
le cadre d’une prestation effective. L’assistance financière renvoie à l’intermédiation financière
ou la fourniture d’un service financier, à l’instar d’un aval ou d’une caution.
L’assistance comptable quant à elle peut être considérée comme une mission d’audit, un appui
dans la mise en œuvre ou le suivi de la comptabilité.
Les frais d’étude se rapportent aux études de toutes natures réalisées dans l’intérêt certain de
l’entreprise camerounaise.
8) Les commissions sur achats et sur ventes de marchandises
Les commissions ou courtages portant sur les marchandises achetées ou vendues pour le compte
des entreprises situées au Cameroun, sont déductibles dans la limite de 5 % du montant des
achats ou des produits des ventes.
Par produits des ventes, il faut entendre le prix de vente majoré des frais d’assurance et de fret.,
Par contre, s’agissant des commissions déductibles sur achats, le montant des achats concernés
est constitué par la valeur nette des achats, non compris les frais accessoires tels que transport,
assurance, fret…
Ces commissions doivent faire l'objet d'une facture particulière jointe à celle des fournisseurs ou
des clients, à condition de faire l’objet d’une facturation régulière dans la forme et dans le fond.

9) Les redevances pour utilisation des brevets et assimilés

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Les sommes versées en contrepartie de l’utilisation des brevets, marques, dessins et modèles en
cours de validité sont déductibles. Toutefois, si le bénéficiaire est domicilié hors de la CEMAC
et participe directement ou indirectement à la gestion ou au capital de l’entreprise, les redevances
ne sont pas déductibles et sont considérées comme des distributions de bénéfices. Dans ce cas,
les redevances, plutôt que d’être admises en déduction, seront réintégrées au résultat et imposées
à l’IRCM au titre des distributions versées.
10) Les frais de voyage pour congés payés
A la condition que le voyage ait été effectivement effectué, les frais de transport pour congé payé
aller- retour des associés salariés, de leurs épouses et de leurs enfants à charge, sont déductibles.
11) Les dépenses locatives
Aux termes de l’article 7-A (2) du CGI, le montant des charges locatives des entreprises
assujetties à l’IS sont admis dans les charges, à condition qu’elles ne présentent aucun caractère
d’exagération par rapport aux locations habituellement pratiquées pour les immeubles ou
installations similaires.
12) Les impôts, taxes et amendes
Seuls sont en principe déductibles, les impôts professionnels mis en recouvrement au cours de
l’exercice et qui sont bien à la charge de l’entreprise pour la part incombant aux opérations faites
au Cameroun.
Ne sont par contre pas admis en déduction au titre de l’IS :
- L’IS et l’IRPP ;
- les majorations de toute nature, y compris les amendes, intérêts de retard, pénalités de
toute nature infligées pour atteintes à des dispositions légales d’ordre économique et
fiscal, transactions, confiscations et autres droits payés pour infractions diverses ;
- les taxes indirectes définitivement à la charge des tiers ;
- les impôts dus par les partenaires et retenus à la source (TSR, IRCM, précomptes sur
achats, etc.), dans la mesure où ils sont à la charge de ces partenaires.
13) Primes d’assurance
Sont déductibles des bénéfices imposables et pour la part incombant aux opérations faites au
Cameroun :
- les primes d’assurance contractées au profit de l’entreprise, si la réalisation du
risque couvert entraîne, directement et par elle-même, une diminution de l’actif net, à
l’exemple des primes d’assurance incendie des locaux professionnels ;
- les primes d’assurance constituant par elles-mêmes une charge d’exploitation, à l’instar
des primes d’assurance automobile sur les véhicules liés à l’exploitation ;
- les primes d’assurance maladie versées aux compagnies d’assurances locales au profit du
personnel lorsque ne figurent pas dans les charges déductibles les remboursements de
frais au profit des mêmes personnes ;
- les primes versées par l’entreprise aux compagnies d’assurance locales dans le cadre de
contrats relatifs aux indemnités de fin de carrière et celles versées dans le cadre de
contrats d’assurance conclus avec des établissements bancaires locaux offrant des
produits d’assurance, d’ordre et pour le compte des compagnies d’assurance établies au
Cameroun.

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L’indemnité de fin de carrière est une somme versée au salarié lors de son départ en retraite par
la compagnie d’assurance, sur les primes constituées par l’employeur. Elle est distincte de
l’indemnité de licenciement qui elle, est une prestation pécuniaire versée à un employé en
réparation du préjudice subi du fait de la rupture abusive du contrat de travail par l’employeur.
Pour que les primes versées au titre de l’indemnité de fin de carrière soient déductibles, trois
conditions cumulatives doivent être réunies :
- le contrat d’assurance doit être conclu avec une compagnie d’assurance établie au
Cameroun ;
- le contrat d’assurance doit avoir un caractère général, c’est-à-dire qu’il doit concerner
soit l’ensemble du personnel, soit une ou plusieurs catégories déterminées de celui-ci, à
l’instar des cadres, des agents de maîtrise ou des ouvriers ;
- la prime constituée ne doit pas être discriminatoire à position professionnelle et
ancienneté égales.
Dans tous les cas, les primes versées dans le cadre de contrats souscrits à titre individuel ne sont
pas déductibles. La déductibilité des primes n’est néanmoins pas subordonnée à leur inscription
dans une convention d’entreprise.
Les trois conditions sus citées sont également valables en ce qui concerne les primes versées au
titre de l’assurance maladie au profit des salariés.

14) Libéralités, dons et subventions


En règle générale, les libéralités, dons et subventions ne constituent pas des charges déductibles
du bénéfice imposable de l’entreprise. Toutefois, la loi admet en déduction certaines libéralités
sous certaines conditions.

b) Les charges financières


Les charges financières renvoient aux intérêts alloués aux associés à raison des sommes qu’ils
mettent à la disposition de la société en sus de leurs parts de capital, par exemple à la suite
d’emprunts ou de capitaux servis à l’entreprise et les comptes courants associés.
Elles sont déductibles dans les conditions suivantes :
- la dette doit être apparue nécessaire et contractée dans l’intérêt de l’entreprise ;
- les sommes versées doivent présenter le caractère d’intérêt et non de simple
remboursement des sommes empruntées ;
- la dette doit être justifiée par tout moyen de preuve, notamment un contrat de prêt.

c) Les pertes proprement dites


Sont déductibles du bénéfice imposable :
- les pertes proprement dites constatées sur des éléments de l’actif immobilisé ou réalisable ;
- les pertes relatives aux créances irrécouvrables ayant fait l’objet d’épuisement de
l’ensemble des voies et moyens de recouvrement amiable ou forcé prévus par l’Acte
Uniforme OHADA portant Organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et
des Voies d’exécution.

d) Les amortissements
L’amortissement s’analyse comme la constatation comptable d’un amoindrissement de la valeur
d’une immobilisation résultant de l’usage, du temps ou du changement technologique
42
(obsolescence). Il s’agit donc d’une perte irréversible subie par une immobilisation du fait de
l’usage, du temps et du dépassement par le progrès technologique.
En pratique, l’amortissement consiste en un étalement dans le temps de la valeur d’une
immobilisation sujette à dépréciation.
Au plan fiscal, l’amortissement constitue une charge déductible pour la détermination du
bénéfice imposable à l’IS. L’article 7 D dispose à cet effet que les amortissements réellement
comptabilisés sur la base de la durée probable d’usage telle qu’elle ressort des normes accusées
par chaque nature d’exploitation, y compris ceux qui auraient été antérieurement différés en
période déficitaire, sont déductibles du résultat imposable à l’IS. Toutefois, le même article
prévoit des taux maxima d’amortissement en fonction de la nature de l’immobilisation.
Pour pouvoir procéder aux amortissements déductibles, certaines conditions devraient être
remplies, tous les biens n’étant pas amortissables.
Par ailleurs, les amortissements s’opèrent selon des modalités particulières et sur des bases
précises qui ouvrent droit à déduction.

e) Les provisions
Les provisions sont des dotations de charges constitués au cours d’un exercice afin de pallier
ultérieurement à une perte ou une charge dont l’objet est nettement précisé et dont la réalisation,
quoique incertaine, apparaît probable en raison d’événements survenus au cours de l’exercice et
encore pendants à sa clôture.
Les provisions ne sont pas des charges constatées d’avance, ni des amortissements, encore moins
des réserves.
A la différence des charges constatées d’avance qui sont certaines et confirmées dans leur
principe et dans leur montant, mais non encore susceptibles d’être apurées, les provisions
couvrent des charges simplement probables et leur déductibilité demeure provisoire.
Contrairement aux amortissements qui renvoient à une dépréciation définitive ou réputée réelle
des éléments de l’actif, dans le cadre des provisions, la réalisation de la dépréciation demeure
incertaine.
Les réserves quant à elles constituent une affectation du résultat après paiement de l’impôt, alors
que les provisions sont constatées avant paiement de l’impôt.
Ainsi distinguées des notions voisines, les provisions sont déductibles du résultat imposable sous
certaines conditions, leur traitement fiscal devant par ailleurs être précisé pour les différents
types de provisions.

f) Les créances et dettes libellées en devises


Les pertes de change ne peuvent donner lieu à constitution des provisions déductibles. Toutefois,
les écarts de conversion des devises ainsi que les créances et dettes libellées en monnaies
étrangères par rapport aux montants initialement comptabilisés, sont évalués à la clôture de
chaque exercice en fonction du cours de change. Ils sont pris en compte pour la
détermination du résultat imposable de l’exercice.
Les écarts de conversion constatés sur les dettes de moins d’un an libellées en devises sont
déductibles pour la détermination du résultat imposable du même exercice.

g) Les bonis des opérations avec les associés


Lorsqu’une société par actions ou une SARL possède soit des actions nominatives d’une société
par actions, soit des parts d’intérêts d’une SARL, les produits nets des actions ou des parts
43
d’intérêts de la seconde société touchés par la première au cours de l’exercice, sont retranchés du
bénéfice net total de celle-ci, défalcation faite d’une quote-part de frais et charges, fixée par la
loi.

h) Les dépenses d’entretien et de réparation


Les dépenses d’entretien et de réparation ayant pour objet de maintenir les éléments de l’actif en
bon état (dépenses de maintenance) ou de les remettre en état de fonctionnement (dépenses de
réparation) sont déductibles à condition qu’elles n’entraînent pas une augmentation de la valeur
ou de la durée d’utilisation du bien. Si elles entraînent de telles augmentations, elles doivent être
immobilisée et ne peuvent être déduits que par le biais d’amortissement.

i) Les frais de recherche et de développement technologique


Les dépenses consacrées à la recherche fondamentale sont déductibles. Si la recherche aboutit à
un projet opérationnel (une invention ou un brevet), elle doit être comptabilisée comme une
immobilisation incorporelle. Si par contre la recherche n’aboutit pas à un projet opérationnel les
dépenses doivent être déduites comme des charges courantes.
S’il s’agit par contre d’un site de transaction procédant à la vente des produits et des services, les
charges y afférentes doivent être passées en immobilisations incorporelles.

D- LES PRODUITS IMPOSABLES A L’IS


On appelle produits, les sommes reçues ou à recevoir en contrepartie de la livraison des
marchandises ou de l’exécution des services. Parmi ces sommes, l’on peut énumérer :
- Les produits d’exploitation courante
- les produits exceptionnels d’exploitation.

1) Les produits d’exploitation courante


a) les recettes directes d’exploitation
 Les ventes
Les ventes sont constituées par les prix des marchandises vendues, des travaux effectués, ou
des services fournis par l’entreprise.
Les ventes à retenir pour chaque exercice sont celles qui se rapportent aux opérations nées au
cours de cet exercice, c’est-à-dire les créances acquises et certaines dans leur principe et dans
leur montant, même si le prix ne sera payé qu’ultérieurement. Le fait générateur ici étant la
livraison ou l’exécution.
Ces ventes correspondent pour une période donnée à ce qu’il conviendrait d’appeler le
Chiffre d’Affaires (CA) réalisé avec les tiers dans le cadre de l’exercice de l’activité
professionnelle de l’entreprise.
Ces ventes sont influencées par les réductions (remises, rabais et ristournes) accordées hors
facture et dûment justifiées dans leur matérialité et leur principe.
Toutefois, même justifiées, ces réductions pour être déductibles doivent faire l’objet d’une
déclaration conformément aux articles 101 et 102 du CGI.
Les acomptes de règlement n’influencent plus le CA mais passent directement dans les
charges financières de l’entreprise.
Les ventes en devises doivent être comptabilisées au jour de l’opération pour leur
contrevaleur en FCFA (règle du nominalisme monétaire). Les fluctuations des cours de la
44
devise de référence n’influent pas sur le total des ventes de la période. Toutefois, en fin
d’exercice et lors des inventaires, on tire les conséquences de l’influence des fluctuations
monétaire à travers les gains et pertes de change.
Dans les pays où la pratique des pourboires est obligatoire, ces pourboires doivent être inclus
dans les recettes de l’entreprise, même si ceux-ci sont directement perçus par les employés.
Les ventes pour les opérations imposables doivent être comptabilisées pour leur montant hors
taxes (HT). En conséquence, le calcul d l’acompte de 1,1% se fait sur les bases hors taxes du
Chiffre d’affaires.

 Les prestations de services


Le produit des prestations de services réalisées par les entreprises est imposable à l’IS,
conformément aux dispositions de l’article 6 du CGI puisque sont imposables les résultats
d’ensemble des opérations de toute nature effectuées au cours de l’exercice.
b) Les produits accessoires
On entend par produits accessoires les revenus qui, sans être tirés de l’activité principale de
l’entreprise, participent à la formation du résultat comptable.
Les produits accessoires et exceptionnels doivent être intégrés et pris en compte dans la
détermination du résultat imposable des entreprises soumises à l’IS. Il s’agit entre autres :
- des revenus fonciers provenant de la location d’immeubles figurant à l’actif du bilan ;
- des plus-values ;
- des produits financiers et des gains de change ;
- des commissions, courtages et honoraires ;
- des redevances ;
- des subventions, dons et legs ;
- des indemnités exceptionnelles, notamment d’assurance ;
- des dégrèvements d’impôts et taxes précédemment admis en charge.

NB : les exonérations étant d’interprétation stricte, un produit ne peut suivre ce sort que s’il
a été expressément énoncé ainsi dans la loi.

45
CHAPITRE 3 : LA TAXE SPECIALE SUR LE REVENU

Sous réserve des conventions fiscales internationales, la taxe spéciale sur le revenu est assise
sur les rémunérations versées aux personnes morales ou physiques domiciliées hors du
Cameroun, par des entreprises ou établissements situés au Cameroun, l’Etat ou les collectivités
territoriales décentralisées.

SECTION I : DU CHAMP D’APPLICATION

I- DES PERSONNES ASSUJETTIES


- Les personnes physiques ou morales domiciliées hors du Cameroun (redevable réels) ;
- Entreprises ou établissements situés au Cameroun (redevable égal) ;
- L’Etat ou les collectivités territoriales décentralisées (redevable légal).

II- DES REVENUS TAXABLES


Les rémunérations versées aux personnes morales ou physiques domiciliées hors du Cameroun
au titre de :
- des droits d’auteurs concernant toutes les œuvres du domaine littéraire ou artistique quels
qu’en soient le mode, la valeur, le genre ou la destination de l’expression, notamment les
œuvres littéraires, les compositions musicales avec ou sans paroles, les œuvres
dramatiques, dramatico-musicales, chorégraphiques, pantomimiques créées pour la scène,
les œuvres
audiovisuelles, les œuvres de dessin, de peinture, de lithographie, de gravure à l’eau forte
ou sur le bois et œuvres du même gendre, les sculptures, bas-reliefs et mosaïques de
toutes sortes, les œuvres d’architecture, aussi bien les dessins et maquettes que la
construction elle-même, les tapisseries et les objets créés par les métiers artistiques et les
arts appliqués, aussi bien le croquis ou le modèle que l’œuvre elle-même, les cartes ainsi
que les dessins et reproductions graphiques et plastiques de nature scientifique ou
technique, les œuvres photographiques auxquelles sont assimilées les œuvres exprimées
par un procédé analogue à la photographie ;
- des rémunérations de toutes natures dans le cadre de la commande publique à l’exception
de celle relative aux médicaments et consommables médicaux, lorsque
l’adjudicataire n’est pas domicilié au Cameroun ;
- des rémunérations versées pour l’usage ou la concession de l’usage des logiciels,
entendus comme applications et programmes informatiques relatifs à l’exploitation ou au
fonctionnement de l’entreprise ;
- de la vente ou de la location de licence d’exploitation de brevets, marques de fabrique,
procédés et formules secrets ;
- de la location ou du droit d’utilisation des films cinématographiques, des émissions ou
des films de télévision ;
- des rémunérations pour fournitures d’informations concernant les expériences d’ordre
industriel commercial ou scientifique ainsi que pour la location d’équipements
industriels, commerciaux ou scientifiques ;
- des rémunérations pour études, consultations, assistance technique, financière ou
comptable ;
- des rémunérations versées aux entreprises effectuant des travaux de forage, de recherche
ou d’assistance pour le compte des compagnies pétrolières et de manière générale les
prestations ponctuelles de toutes natures lorsque ces entreprises renoncent à l’imposition
d’après la déclaration, conformément aux dispositions de l’article 18 du Code Général
46
des Impôts, qui doivent au préalable obtenir à cet effet une autorisation du Directeur
Général des Impôts ;
- des prestations audiovisuelles à contenu numérique ;
- des rémunérations des prestations d’assistance, de location d’équipement et de matériel,
et de toutes prestations de services rendues aux compagnies pétrolières y
compris pendant les phases de recherche et de développement ;
- d’une manière générale, des sommes versées à l’étranger, en rémunération des prestations
de toute nature fournies ou utilisées au Cameroun.
SECTION 2 : LIQUIDATION ET PAIEMENT DE LA TSR
I- LES TAUX DE LA TSR (article 225 ter CGI)
Sous réserve des conventions fiscales internationales, les taux de la Taxe Spéciale sur les
revenus sont fixés ainsi qu’il suit :
- un taux général de 15% ;
- un taux moyen de 10% ;
- un taux réduit de 5% ;
- un taux super réduit de 2%.
Le taux général de TSR s’applique à toutes les rémunérations soumises à cet impôt.
Le taux moyen de TSR s’applique aux rémunérations des prestations matérielles ponctuelles
versées aux entreprises non domiciliées ayant renoncé à l’imposition d’après la déclaration.
Le taux réduit de TSR s’applique aux :
 rémunérations dans le cadre de la commande publique dont les adjudicataires ne sont
pas domiciliés au Cameroun ;
 rémunérations versées à l’étranger pour la fourniture de l’accès aux prestations
audiovisuelles à contenu numérique ;
 rémunérations des prestations de toutes natures fournies aux compagnies pétrolières lors
des
phases de recherche et de développement.
Le taux super réduit de TSR s’applique aux :
 rémunérations versées par les sociétés de transport maritime de droit camerounais pour
la location et l’affrètement des navires ;
 rémunérations versées par les sociétés de transport maritime de droit camerounais pour
la location d’espaces sur les navires étrangers ;
 rémunérations versées par les sociétés de transport maritime de droit camerounais au
titre des commissions servies aux agents portuaires à l’étranger.

II- DETERMINATION DE LA BASE IMPOSABLE ET MODE DE PERCEPTION


La base d’imposition est constituée par le montant brut des redevances et autres rémunérations
visées ci-dessus. Par montant brut, il faut entendre les rémunérations de toute nature, Taxe
Spéciale sur le Revenu incluse.
Le prélèvement sur les redevances et autres rémunérations doit être retenu par le débiteur des
sommes imposables, à charge pour lui d’en verser le produit au Trésor public. Le versement de cet
impôt doit s’effectuer au plus tard le 15 du mois suivant le fait générateur auprès de la Recette des
Impôts compétente.

47
TITRE II : L’IMPOSITION DE LA CONSOMMATION

L’imposition de la consommation soulève deux questions essentielles : chez qui prélever


l’impôt et à quel stade le prélever ?

II- QUI EST LE REDEVABLE DE L’IMPOT ?

En réponse à cette question, l’Etat dispose de deux possibilités pour collecter l’impôt :

- Soit il le réclame à l’acheteur qui est le consommateur final et on parle ici de


taxation directe, système dans lequel le contribuable acquitte directement sa dette
auprès du Trésor public ;
- soit l’Etat s’adresse au vendeur pour recouvrer l’impôt ; c’est le système de la
taxation indirecte dans lequel le vendeur incorpore le montant de la taxe dans le
prix du produit et se présente comme un collecteur d’impôt.

La taxation directe présente l’inconvénient de la multiplicité des intervenants dans le


système, ce qui entraîne des lourdeurs dans le recouvrement de l’impôt. Par ailleurs, il paraît
impossible d’astreindre chaque intervenant de la chaîne aux obligations déclarative et de
paiement de l’impôt.

La taxation indirecte quant à elle offre l’avantage de réduire le nombre d’interlocuteurs de


l’Etat dans la chaîne et facilite ainsi les contrôles ultérieurs de l’administration. Il convient
de préciser que le Cameroun a opté pour le système de taxation indirecte.

III- A QUEL STADE DE LA CHAINE DE CONSOMMATION


L’IMPOT DOIT-IL ETRE PRELEVE ?

L’impôt peut être perçu à chaque étape de la chaîne de consommation, à chaque transaction ;
c’est le système de la taxe cumulative qui présente l’inconvénient de taxer le même produit
plusieurs fois en raison de l’adjonction des marges successives des intervenants.

Pr contre, le système de la taxe unique veut que le bien soit taxé une seule fois sur sa valeur
finale. Cela suppose soit que l’ensemble du système est détaxé jusqu’à la dernière
transaction, soit que la taxation se fasse à chaque transaction sur la valeur ajoutée au produit
par le vendeur.

48
CHAPITRE 1 : LA TAXE SUR LA VALEUR AJOUTEE ET LES DROITS D’ACCISES

La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) est une taxe d’essence communautaire mise en place par
la Directive n°1/99/CEMAC-028-CM-03 du 17 décembre 1999 votée par le Conseil des
Ministres de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale.

Entrée en vigueur le 1er janvier 1999, la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), constitue une étape
importante du processus de modernisation de la fiscalité camerounaise, amorcé en 1994 avec la
réforme fiscalo-douanière qui a abouti entre autres, à l’harmonisation de l’imposition du chiffre
d’affaires.

Les Droits d’accises (DA) quant à eux ont été institués par l’Acte n°1/92-UDEAC-556-CD-SE1
et ont également été repris dans le dispositif fiscal camerounais en 1994.

SECTION 1 : CARACTERISTIQUES ET AVANTAGES DE LA TVA ET DES DA

I- LES CARACTERISTIQUES DE LA TVA ET DES DROITS D’ACCISES

1) La TVA est un impôt unique

Ceci en ce que à l’issue d’un circuit économique, la charge fiscale est assise sur le montant
final de la vente. Tout se passe comme si le bien ou le service n’était taxé qu’au dernier stade,
c'est-à-dire celui de la consommation finale.

Le nombre des intervenants dans la détermination du coût final n’influe pas sur le montant de la
taxe.

- La TVA est un impôt à paiement fractionné

La TVA est un impôt à paiement fractionné car chaque opérateur facture la TVA sur sa propre
valeur ajoutée.

- Les Droits d’accises sont un impôt sur la production et l’importation

Les Droits d’accises sont un prélèvement qui frappe l’importation et la production de certains
biens de luxe ou considérés comme dangereux pour la santé. Ce prélèvement est tantôt assis sur
la valeur du bien, tantôt sur d’autres variables tels que le volume ou le taux d’alcool.

Les Droits d’accises sont dits spécifiques lorsqu’ils sont assis sur une base autre que la valeur,
et ad valorem lorsqu’ils sont assis sur la valeur du bien. C’est cette dernière catégorie
applicable en CEMAC et au Cameroun qui sera étudiée dans le présent précis.

II- LES AVANTAGES DE LA TVA ET DES DROITS D’ACCISES

L’introduction de la TVA apporte des innovations qui représentent autant d’avantages pour les
opérateurs économiques que pour l’Etat.

1) L’élargissement de l’assiette

Au moment de l’introduction de la TVA au Cameroun, la législation y relative comportait de


nombreuses exonérations qui traduisaient la volonté du gouvernement de promouvoir certains

49
secteurs ou encore de faciliter l’accès du plus grand nombre à certains biens.

Outre le fait que ces multiples exonérations faisaient perdre d’importantes recettes à l’Etat,
elles étaient également dommageables pour les entreprises qui en bénéficiaient. En effet, la
caractéristique de l’exonération est qu’elle prive l’assujetti du droit à déduction de la TVA qui
a grevé le prix de revient de ses opérations.

L’administration s’est engagée dans une politique d’élargissement de l’assiette fiscale dont l’un
des corollaires est la maîtrise des exonérations. Cette politique permet d’assurer une meilleure
répartition de la charge fiscale sur un plus grand nombre de consommateurs tout en tenant
compte de la situation des contribuables les plus modestes.

2) Le droit à déduction

Le droit à déduction permet aux entreprises de récupérer la TVA brute payée en amont lors des
achats auprès des fournisseurs. Il a pour objet d’assurer à la taxe sa neutralité économique à
tous les stades de la production ou de la distribution.

3) L’institution du taux zéro

A côté du taux général de TVA qui est de 19,25%, l’on retrouve un taux zéro applicable à
certaines opérations telles que les exportations ou encore les livraisons effectuées pour le
compte des entreprises situées en zone franche industrielle. Il s’agit d’une taxation fictive
aboutissant à la collecte d’une TVA nulle. A la base de son institution, il y a le souci d’offrir
aux entreprises qui y sont soumises la possibilité de demander le remboursement de la TVA
payée à leurs fournisseurs.

En effet, pour bénéficier de l’exercice du droit à déduction, ou le cas échéant du


remboursement de la TVA d’amont, l’entreprise doit avoir elle-même réalisé des opérations
taxables en aval. La taxation au taux zéro, quoiqu’aboutissant à la collecte d’une TVA nulle,
garantit cette possibilité.

4) Le soutien aux investissements et la compétitivité des entreprises

Grâce au mécanisme de déduction de la taxe payée sur les investissements, les entreprises
bénéficient d’une aide non négligeable. Le mécanisme de récupération de la TVA par les
entreprises leur permet en effet de disposer de capacités de financements supplémentaires pour
moderniser leur outil industriel et commercial.

5) L’équité fiscale et la protection de la santé des consommateurs

Sans doute, les Droits d’accise visent principalement à pourvoir aux recettes budgétaires de
l’Etat. Mais d’autres objectifs lui sont assignés à titre accessoire. Ainsi, la soumission aux
Droits d’accise des produits de luxe et ceux nocifs à la santé participe de l’équité fiscale, et de
la protection de la santé des consommateurs.

SECTION 2 : LE CHAMP D’APPLICATION DE LA TVA ET DA

Le champ d’application de la TVA et des droits d’accises s’analyse au regard :


- des personnes imposables ou assujetties;
- des opérations imposables;

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- des opérations exonérées;
- du cas particulier des exportations ;
- de la territorialité.

III- LES PERSONNES IMPOSABLES OU ASSUJETTIES A LA TVA

Les personnes imposables ou assujetties à la TVA s’entendent de toutes personnes physiques


ou morales, de droit public ou de droit privé, qui réalisent à titre habituel ou occasionnel et
d’une manière indépendante des opérations imposables à la TVA.

Par personnes morales de droit public imposables, il faut entendre :

- l’Etat ;
- les Collectivités territoriales décentralisées ;
- les Etablissements publics administratifs.

Quant aux personnes morales de droit privé, il s’agit :

- des sociétés de capitaux ;


- des sociétés de personnes ;
- des associations ;
- des groupements d’intérêt économique ;
- des groupements d’intérêt collectif ;
- les Sociétés à capital public ;
- les Sociétés d’économie mixte.

L’assujettissement des personnes de droit public vise à éviter une distorsion de concurrence
avec les opérateurs privés notamment pour certaines activités qui pourraient être considérées
comme imposables de plein droit ; l’on peut citer à titre d’illustration, la fourniture de
télécommunications, de prestations portuaires ou aéroportuaires, le transport …

Les personnes physiques et morales sus mentionnées sont assujetties à la TVA quels que soit
leur statut juridique, leur situation au regard d’autres impôts, ainsi que la forme ou la nature de
leurs interventions dans le processus économique.

Par contre, comme on le verra plus loin, le régime d’imposition peut être un élément
déterminant dans les critères d’imposition à la TVA.

Dans le cadre des opérations soumises à la TVA, deux notions sont essentielles : les notions de
redevable légal et de redevable réel de la taxe.

1) Redevable légal et redevable réel

Le redevable réel de la TVA est la personne qui supporte effectivement la taxe ; en général,
c’est le bénéficiaire de l’opération ou le client.

Le redevable légal de la TVA est la personne physique ou morale tenue par la loi de collecter la
taxe et de la reverser à l’État. Il s’agira par exemple de la personne qui exécute l’opération,
c'est-à-dire le fournisseur ou le prestataire de services.

Au Cameroun, comme il sera décrit ci-après, certains contribuables, pour une même opération,

51
sont à la fois redevable réel et redevable légal de la taxe. C’est le cas lorsque la loi leur fait
obligation de retenir la taxe due pour la reverser directement au trésor public (système de la
retenue à la source).

2) Exercice d’une activité indépendante

Dans ce cadre, sont réputées agir de manière indépendante, les personnes qui exercent une
activité sous leur propre responsabilité et jouissent d’une totale liberté dans l’organisation et
l’exécution des travaux qu’induit ladite activité.

En revanche, toute personne qui est liée par un contrat de travail ou tout autre rapport juridique
créant des liens de subordination en ce qui concerne les conditions de travail, les modalités de
rémunération et la responsabilité de l’employeur, ne peut être considérée pour l’exécution de
son activité comme assujettie à la TVA. C’est le cas notamment des salariés et des travailleurs
à domicile dont les gains peuvent être assimilés à un salaire.

3) Exercice d’une activité à titre habituel ou occasionnel

Le caractère habituel des opérations est établi par leur répétition. Il suppose également qu’une
organisation est mise en place pour leur réalisation notamment par l’existence de structures
destinées à l’exercice de l’activité.

Cependant, une opération peut être imposable à la TVA même si elle n’a pas de caractère
répétitif dès lors que les conditions dans lesquelles elle est réalisée, ne laissent aucun doute sur
la qualité d’assujetti de la personne qui la réalise. Les critères d’appréciation peuvent être liés à
la nature du bien vendu ou de la prestation effectuée, à l’importance de la transaction ou à la
nature même de l’opération.

4) Le chiffre d’affaires minimum

La loi a défini un champ d’application restrictif pour la TVA. L’assujettissement d’un


contribuable à cette taxe est conditionné par la réalisation d’un chiffre d’affaires égal ou
supérieur à 50 millions de francs CFA hors taxes.

Les contribuables dont le chiffre d’affaires est inférieur à cette limite n’entrent pas dans le
champ d’application de la TVA et peuvent à ce titre être considérés comme des consommateurs
finaux ; ainsi, ils ne sont pas autorisés à facturer la TVA et ne peuvent pas non plus déduire la
taxe qu’ils supportent lors de l’acquisition des biens et services nécessaires à leur activité.

IV- LES PERSONNES IMPOSABLES AUX DROITS D’ACCISES

Les personnes imposables aux droits d’accises sont essentiellement les producteurs des biens
soumis auxdits droits ou leurs distributeurs ainsi que les importateurs desdits biens.

Le producteur ou son distributeur est donc tenu de prélever les droits d’accises lors de la vente
des biens et marchandises de même que l’importateur au moment du franchissement du cordon
douanier.

V- LES OPERATIONS IMPOSABLES (articles 126 et 127)

En général, les opérations imposables s’entendent des opérations réalisées à titre onéreux par

52
un assujetti dans le cadre d’une activité économique.

Toutefois, au-delà de ce critère d’ordre général, il existe des opérations taxables en vertu d’une
disposition expresse de la loi.

1) Les opérations réalisées à titre onéreux

C’est la catégorie la plus importante d’opérations imposables à la TVA. Elle regroupe les
livraisons de biens et les prestations de services effectuées à titre onéreux par un assujetti dans
le cadre d’une activité économique.

2) Les livraisons de biens

Est considérée comme une livraison de biens, le transfert du pouvoir de disposer d’un bien
meuble corporel comme propriétaire, même si ce transfert est opéré en vertu d’une réquisition
de l’autorité publique. En général, les livraisons de biens meubles consistent en des ventes
pures et simples de biens matériels.

Il convient de préciser que l’électricité, l’eau, le gaz et les biens similaires sont considérés
comme des biens meubles corporels au sens de la TVA.

Sont également considérés comme des livraisons de biens meubles corporels :

- l’apport en société ;
- l’échange d’un bien contre un autre bien qui s’analyse juridiquement comme une double
vente ;
- le prêt à la consommation à condition qu’il constitue un acte de commerce.

Dans certains cas, la simple remise matérielle d’un bien meuble corporel est assimilée à une
livraison ; c’est le cas notamment dans les contrats de vente avec clause de réserve de propriété,
de location-vente ou de vente à terme.

3) Les prestations de services

La notion de prestation de services est très large et recouvre toutes les opérations autres que les
livraisons de biens meubles corporels. Elle comprend notamment :

- les cessions de biens meubles incorporels : marques de fabriques, brevets, fonds de


commerce ;
- la location de biens meubles ou immeubles ;
- les opérations de commissions, de courtage ;
- les travaux à façon ;
- les travaux d’études, de recherche et d’expertise ;
- le transport de personnes et de marchandises ;
- les ventes à consommer sur place de produits alimentaires ou de boissons…

Et, d’une manière générale, toute les activités qui relèvent du louage d’industrie ou du contrat
d’entreprise par lequel une personne s’oblige à faire, moyennant une rémunération déterminée
ou en échange d’un autre service, un travail d’ordre quelconque ou à exercer des activités qui
donnent lieu à la perception de profits divers (honoraires, primes, participations, redevances…).

53
VI- LES OPERATIONS IMPOSABLES EN VERTU D’UNE DISPOSITION LEGALE
Il arrive que la loi déclare expressément imposable une opération qui en vertu du critère de
droit commun ne l’aurait pas été. C’est le cas s’agissant des livraisons à soi-même et des
prestations à soi-même.

1) les livraisons à soi-même

Les livraisons à soi-même de biens sont imposables lorsque les biens, propriété de l’entreprise
et qui ont fait l’objet d’une déduction de TVA, sont affectés à des besoins autres que ceux de
l’entreprise. Il peut s’agir de biens affectés aux besoins des dirigeants, du personnel, ou de tiers
(distribution gratuite de biens, prélèvement dans le stock…)

L’on considère qu’il y a également livraison à soi-même, donc perception de la TVA, lorsque
l’entreprise fabrique elle-même les biens et se les livre en l’état. Il s’agit pour le législateur
d’assurer la neutralité de la TVA.

2) Les prestations à soi-même

L’on distingue deux cas de prestations à soi-même :

- l’utilisation d’un bien affecté à l’entreprise pour les besoins privés de l’assujetti, ceux de son
personnel ou à des fins étrangères à l’entreprise ;
- prestations effectuées à titre gratuit par l’assujetti pour ses besoins privés, ceux de son
personnel ou à des fins étrangères à l’entreprise (Exemple : prestation de conseil rendue
gratuitement par un cabinet d’avocats à l’un de ses membres).

En toute hypothèse, l’imposition n’est exigible que si la TVA afférente au bien ou au service a
fait l’objet d’une déduction totale ou partielle.

3) les autres opérations imposables

Outre les opérations examinées ci avant, la loi a soumis à la TVA :

- les opérations d’importations de marchandises ;


- les travaux immobiliers ;
- les ventes d’articles et de matériels d’occasion faites par les professionnels ;
- les cessions d’immobilisations corporelles non comprises dans la liste des biens exonérés
visés à l’article 241 du Code des Douanes ;
- les opérations immobilières de toute nature réalisées par les professionnels de
l’immobilier ;
- les ventes de produits pétroliers importés ou produits au Cameroun ;
- les jeux de hasard et de divertissement…

VII- LES OPERATIONS IMPOSABLES AUX DROITS D’ACCISES

Les opérations imposables aux droits d’accises consistent en la vente et en l’importation par les
producteurs, distributeurs et autres grossistes des biens et marchandises soumis auxdits droits.

Les biens et marchandises sus mentionnés sont ceux prévus à l’annexe II du titre II du CGI,
notamment les véhicules de tourisme d’une cylindrée supérieure à 2000 cm3, les tabacs,
boissons alcoolisées, joailleries, parfums...

54
A l’occasion de la vente des biens en cause, le producteur, les distributeurs ou grossistes sont
tenus de prélever les droits d’accises et de les reverser au Trésor public. De même,
l’importateur est tenu d’acquitter lesdits droits lors de la mise à la consommation des biens
importés.

VIII- DES EXONERATIONS (article 128)

Les opérations exonérées sont celles qui, bien que remplissant les critères de l’imposition, ne
sont pas soumises à la TVA par le fait d’une disposition légale.

Dans l’optique de préserver le caractère d’impôt à haut rendement de la TVA, une politique de
maîtrise des exonérations a été mise en place avec pour finalité l’élargissement à terme de
l’assiette fiscale. Cette dernière a abouti à la suppression progressive de certaines exonérations
jugées non pertinentes.

Mais au-delà des raisons qui militent en faveur de la suppression de certaines exonérations, il y
a lieu de souligner qu’il existe des exonérations incompressibles.

1) Les exonérations d’ordre technique

Elles concernent en général les activités soumises à une taxation spécifique. En principe, le fait
qu’une activité soit soumise à une taxation spécifique n’empêche pas sa soumission à la TVA.

En effet, le Code Général des Impôts prévoit que sont à comprendre dans la base d’imposition à
la TVA les impôts et taxes ainsi que les prélèvements de toute nature, à l’exception de la TVA
elle-même. Toutefois, dans certains cas, le législateur a expressément voulu éviter un cumul
d’imposition pour certaines activités soumises à une taxation spécifique.

C’est le cas notamment :

- de la vente des produits de certaines activités extractives ;


- des mutations de droits réels immobiliers et des mutations de fonds de commerce passibles
des droits d’enregistrement ;
- des opérations immobilières de toute nature réalisées par des non professionnels de
l’immobilier…

2) Les exonérations d’ordre socio-économique

Les exonérations d’ordre socio-économique obéissent au souci du législateur de ne pas alourdir


le coût de certains biens et services jugés nécessaires ou prioritaires.

Au rang des exonérations d’ordre économique, l’on peut citer :

- l’exonération des intérêts rémunérant les emprunts extérieurs qui vise à ne pas alourdir le
coût du crédit ;
- l’exonération des opérations de composition, impression, importation ou vente des
journaux et périodiques, à l’exception des recettes de publicité, qui vise à alléger le coût
des activités du secteur de la presse ;

55
- l’exonération des petits matériels agricoles et de pêche ainsi que des intrants d’agriculture,
de pêche et d’élevage qui vise à alléger les coûts de production et donc à améliorer les
revenus des producteurs…

En ce qui concerne les exonérations d’ordre social, elles portent sur :

- les produits de première nécessité figurant à l’annexe I du titre II du CGI ainsi que leurs
intrants ;
- les tranches de consommation d’eau et d’électricité dites sociales, à hauteur de 10 m3 par
mois pour l’eau et 110 KW par mois pour l’électricité ;
- les examens, soins, consultations, hospitalisation, travaux d’analyse et de biologie
médicale ;
- les matériels servant à la lutte contre le VIH/SIDA dans les conditions fixées par voie
règlementaire ;
- les frais de scolarité ou pensions perçus dans le cadre normal de l’activité des
établissements d’enseignement régulièrement autorisés ;
- les contrats et commissions d’assurance-vie ou d’assurance maladie…

3) Les exonérations de souveraineté

Sont concernées ici les missions diplomatiques et consulaires étrangères et les organisations
internationales.

1) S’agissant des missions diplomatiques

Sous réserve de réciprocité, la mission diplomatique bénéficie de :

- l’exonération de TVA sur les achats concernant les biens mobiliers effectués pour
l’équipement des locaux de la mission ;
- l’exonération de TVA sur les dépenses d’entretien des véhicules administratifs ou de
fonction, les prestations d’électricité, de gaz, de télécommunication, de télédistribution ;
- l’exonération de TVA sur l’acquisition des biens et services à l’occasion des circonstances
exceptionnelles telles que la célébration des fêtes officielles des pays ayant leurs
représentations diplomatiques au Cameroun.

IX- LE CAS PARTICULIER DES EXPORTATIONS

Les exportations s’entendent de toutes les livraisons de biens expédiés ou transportés hors du
Cameroun.

En matière de TVA, les exportations sont taxées au taux zéro, ce qui aboutit, dans les faits, à
une situation analogue à une exonération. Cependant, l’application d’un tel taux ne remet pas
en cause le principe de la taxation et présente un avantage certain. Il offre en effet la possibilité
de déduction de la taxe d’amont qui n’est pas autorisée dans le cas d’opérations exonérées de
TVA.

VIII- LA TERRITORIALITE DE LA TVA

1) Cas général

Toute opération entrant dans le champ d’application de la TVA est soumise à cette taxe dès lors

56
qu’elle peut être considérée comme réalisée sur le territoire de la République du Cameroun sans
que l’on tienne compte de la domiciliation du redevable réel.

Dès lors, il convient de localiser le lieu de réalisation de l’opération. Ainsi, dans le cas d’une
vente, elle sera taxable si elle est réalisée aux conditions de livraison de la marchandise au
Cameroun. Dans les faits, le lieu de la livraison doit être situé au Cameroun.

Pour les autres opérations, telles que les services rendus, les droits cédés ou les objets faisant
l’objet d’une location, elles sont taxables au Cameroun, si lesdits services ou droits y sont
utilisés ou exploités.

En ce qui concerne les prestations de services, elles font l’objet d’une taxation à la TVA dès
lors que l’une, au moins, des trois conditions suivantes est réalisée :

- le prestataire est domicilié au Cameroun ;


- la prestation est localisable au Cameroun ;
- le bénéficiaire de la prestation est domicilié au Cameroun ;
- le bénéficiaire est immatriculé au Numéro d’Identifiant Unique (N.I.U.) au Cameroun.

2) Particularités

 Transport inter-CEMAC (article 129 (3) du CGI)

Le transport de marchandises au sein de la CEMAC est taxable au Cameroun si le transporteur


y est domicilié ou y a fixé son siège social et cela, même dans l’hypothèse où le principal de
l’opération s’effectuerait en dehors du territoire national du Cameroun.

Autrement dit, le lieu de départ ou de livraison des biens est sans incidence sur
l’assujettissement à la TVA.

3) Entreprises étrangères

Les entreprises étrangères qui exercent au Cameroun une activité taxable à la TVA sont
soumises aux mêmes obligations et formalités que les entreprises camerounaises. Si elles n’ont
pas d’établissement fixe ou de base d’affaires, elles sont tenues de désigner un représentant
solvable et accrédité, résidant au Cameroun qui accomplira pour leur compte toutes les
obligations fiscales.

SECTION 3 : FAIT GENERATEUR ET EXIGIBILITE

I- DEFINITIONS

1) du Fait générateur

Le fait générateur de la taxe se définit comme l’événement par lequel sont réalisées les
conditions légales nécessaires pour l’exigibilité de la taxe.

En d’autres termes, c’est l’évènement qui donne naissance à la créance fiscale du Trésor public
à l’égard de l’assujetti.

2) L’Exigibilité

57
L’exigibilité de la taxe est définie comme le droit que l’administration peut faire valoir à un
moment donné auprès du redevable pour obtenir le paiement de la taxe.

En effet, l’exigibilité détermine à la fois la période au titre de laquelle le fournisseur doit


déclarer la taxe et le moment à partir duquel le client est en droit de déduire la TVA qu’il a
supportée sur ses acquisitions de biens et services.

En principe, le fait générateur et l’exigibilité de la taxe interviennent au même moment.


Cependant, ce principe supporte un certain nombre de dérogations.

II- FAIT GENERATEUR ET EXIGIBILITE EN MATIERE DE LIVRAISON DE BIENS

En matière de livraison de biens meubles corporels, le fait générateur et l’exigibilité coïncident.


Ils interviennent tous deux lors de la livraison du bien, entendue comme le transfert du pouvoir
de disposer du bien comme propriétaire.

En pratique, l’on considère que le fait générateur et l’exigibilité se produisent au moment de la


facturation de la transaction par le fournisseur. Il n’y a donc pas lieu de s’attarder sur la date du
règlement de la facture par le client.

Il faut toutefois relever que certaines clauses contenues dans un contrat peuvent avoir une
influence sur le transfert de propriété et donc sur le fait générateur et l’exigibilité. Il s’agit
notamment de la condition suspensive ou de la clause de réserve de propriété.

Ainsi lorsqu’un contrat de vente est assorti d’une condition suspensive, le transfert de propriété
est différé jusqu’à la réalisation de la condition.

Par ailleurs, dans certains cas, la simple remise matérielle d’un bien est assimilée à un transfert
de propriété et suffit pour la constatation du fait générateur et de l’exigibilité ; il en est ainsi
notamment en matière de location-vente d’un bien meuble.

III- FAIT GENERATEUR ET EXIGIBILITE EN MATIERE DE PRESTATIONS


DE SERVICES

En matière de prestations de services, le fait générateur et l’exigibilité interviennent à des


moments différents.

En ce qui concerne le fait générateur, il intervient au moment de l’achèvement de la prestation


ou d’une partie de celle-ci. S’agissant de l’exigibilité, elle intervient lors de l’encaissement de
tout ou partie du prix ou de la rémunération (avance, acompte, règlement pour compte). Ledit
encaissement est constaté par la remise des espèces, du chèque ou encore de l’inscription du
montant au crédit du compte bancaire du fournisseur.

Il convient de préciser que le principe exposé ci avant connaît quelques exceptions. Certaines
opérations obéissent en effet à des règles particulières en matière de fait générateur et
d’exigibilité. L’on peut à ce titre citer :

1) Les mutations de propriété d’immeuble

58
Dans ce cas, le fait générateur et l’exigibilité interviennent à la date de l’acte de mutation ou du
transfert de propriété.

2) Les opérations de crédit à la consommation ou de crédit-bail

Pour ces opérations, le fait générateur est constitué par la date de conclusion du contrat.
L’exigibilité quant à elle, intervient à l’échéance des intérêts ou des loyers. Le défaut de
paiement à l’échéance n’a aucune incidence sur le droit de l’administration à exiger la taxe.

3) La location-vente par les promoteurs immobiliers

En l’espèce, le fait générateur est constaté à la date de conclusion du contrat, cependant que
l’exigibilité interviendra à l’échéance des loyers.

4) Les importations de biens

En matière d’importation de biens, le fait générateur est constitué par l’introduction du bien sur
le territoire national ; la taxe est exigible au moment de l’enregistrement de la déclaration de
mise à la consommation du bien (document douanier).

NB : En ce qui concerne les opérations imposables en vertu d’une disposition légale,


notamment les livraisons et prestations à soi-même, le fait générateur et l’exigibilité sont
constatés lors de la première utilisation du bien ou du service.

En tout état de cause, en matière de livraison de biens ou de prestations de services, un principe


essentiel en matière de TVA doit être obligatoirement appliqué en toutes circonstances, à savoir
que toute TVA, même facturée à tort, doit obligatoirement être reversée.

IV – REGIME DEROGATOIRE : OPTION POUR LE DEBIT (article 133 (2) (b))

En matière de prestations de services, le fait générateur et l’exigibilité de la TVA ne coïncident


pas automatiquement comme dans le cas des livraisons de biens. En effet, le fait générateur se
réalise au moment de l’exécution de la prestation, alors que l’exigibilité quant à elle
n’intervient qu’au moment de l’encaissement.

Le régime du débit tend à pallier les difficultés posées par cette règle aux prestataires de
services, notamment les entrepreneurs immobiliers. Il leur permet de porter immédiatement en
déduction la TVA d’amont à compter de la facturation des travaux, et dans le même temps, de
déclarer et éventuellement de reverser dans la caisse du Trésor public, la taxe facturée au client
au titre desdits travaux, compte non tenu de la date d’encaissement.

Cette option n’est offerte dans la législation camerounaise qu’aux entrepreneurs de travaux
immobiliers. Ainsi, un contribuable peut, sur autorisation de l’Administration fiscale, acquitter
la TVA d’après les débits, c’est-à-dire au moment de l’inscription en comptabilité des factures
sans en attendre le paiement.

V- FAIT GENERATEUR ET EXIGIBILITE EN MATIERE DE DROITS D’ACCISES


En matière de droits d’accises, le fait générateur et l’exigibilité se déterminent de la
manière suivante :

59
- s’agissant de la vente par un producteur ou un distributeur de biens et marchandises
taxables, le fait générateur et l’exigibilité coïncident et se situent au moment de la
livraison entendue comme la facturation.

- En ce qui concerne les importations de biens et marchandises soumis aux droits d’accises,
le fait générateur et l’exigibilité sont séparés. Le fait générateur est réalisé au moment de
l’introduction des biens sur le territoire national tandis que l’exigibilité intervient au
moment de la mise à la consommation constatée par un document douanier.

SECTION 4 : LA BASE D’IMPOSITION (articles 135 à 141)

I- DEFINITION DE LA BASE D’IMPOSITION

La base d’imposition à la TVA est constituée par toutes les sommes, valeurs, biens ou services
reçus ou à recevoir par le fournisseur ou le prestataire de service en contrepartie de la livraison
de biens ou de la prestation de services.

Les frais, taxes et prélèvements de toute nature sont à inclure dans la base imposable, à
l’exception de la TVA elle-même.

Les éléments sus mentionnés, à l’exclusion de la TVA, constituent ainsi la base d’imposition à
la TVA.

Quelquefois la base d’imposition correspond au chiffre d’affaires hors taxes. A ce sujet, par
« chiffre d’affaires hors taxes », il faut entendre chiffre d’affaires « HORS TVA » uniquement.

C’est sur la base imposable encore appelée assiette qu’est appliqué le taux en vue de déterminer
le montant de la taxe.

II- CONSTITUTION DE LA BASE D’IMPOSITION

Pour les livraisons de biens, la base d’imposition est constituée par le prix convenu entre les
parties alors qu’en matière de prestations de services, elle est constituée par l’intégralité des
sommes reçues par le fournisseur en contrepartie de la prestation. Lorsque le paiement est fait
en nature, c’est la valeur du bien ou du service qui constitue la contrepartie de la livraison ou de
la prestation qui sert de base imposable.

Il convient toutefois de préciser que, outre le prix ou la rémunération, certains éléments


additionnels doivent être pris en compte dans la détermination de la base imposable à la TVA.
A cet effet, le législateur a expressément désigné les éléments constitutifs de la base imposable
ainsi que ceux qui devaient en être exclus.

1) Les éléments entrant dans la base imposable

Des éléments accessoires viennent en complément du prix ou de la rémunération pour la


détermination de la base d’imposition. Il s’agit :
- des impôts et taxes
- des frais accessoires (frais d’emballage, de transport, d’assurance, de consignation
d’emballages non identifiables, de cautionnement etc).

60
De manière générale, tous les compléments de prix acquittés à des titres divers par l’acquéreur
des biens ou par des tiers (versement de subventions, unique contrepartie d’une opération
taxable ou complément direct du prix destiné à compenser une insuffisance de recettes) doivent
être inclus dans la base imposable.

2) Les éléments exclus de la base d’imposition


Sont expressément exclus de la base d’imposition :

- les remises, rabais, ristournes et escomptes de caisse : A condition qu’ils ne représentent pas
la contrepartie d’un service, les remises, rabais et ristournes constituent une réduction de prix et
doivent à ce titre entraîner une diminution de la base imposable. Dans tous les cas, selon qu’ils
sont accordés avant ou après la facturation, les remises, rabais ou ristournes doivent figurer sur
une facture initiale, une facture rectificative ou une note d’avoir destinée à justifier la
diminution du prix ;

 les distributions de biens pour raisons de publicité : distributions gratuites de biens dans le
cadre de la publicité ou de la promotion commerciale sont exclues de la base imposable à la
TVA. Il convient toutefois de préciser que lorsque les quantités distribuées sont
disproportionnées par rapport à l’objet de la distribution, l’opération peut être remise en cause
et imposée ;

 les débours : les sommes facturées pour leur montant exact à l’acquéreur des biens ou du
service et qui ne constituent qu’un remboursement de frais engagés par l’intermédiaire sont
exclues de la base d’imposition.
Il faut toutefois souligner qu’il ne suffit pas qu’une entreprise répercute au franc près les
dépenses qu’elle engage pour qu’elles soient exclues de la base imposable. En effet, les débours
sont strictement liés à la notion de mandat ; en clair, les actions doivent avoir été menées au
nom et pour le compte du mandant.

En tout état de cause les conditions ci-après doivent être remplies :


- les intermédiaires doivent avoir eu mandat préalable et explicite d'engager ces dépenses ;
- ils doivent rendre compte à leurs commettants du montant et de l'engagement des dépenses ;
- ils doivent inscrire ces dépenses dans des comptes de passage ;
- ils doivent justifier auprès de l'administration des impôts de la nature ou du montant exact de
ces débours.

 les indemnités ou toutes sommes perçues à titre de dommages intérêts :

Les sommes reçues par un assujetti en réparation d’un préjudice sont à mettre hors du champ
d’application de la TVA et doivent par conséquent être exclues de la base imposable.

 les intérêts moratoires :

Les intérêts acquittés à l’issue d’une procédure juridictionnelle ou non par un client qui n’a pas
payé le prix à l’échéance sont hors champ d’application de la TVA. N’étant en effet pas la
contrepartie d’une affaire, ils ne sont pas inclus dans la base imposable.

 les frais de consignation d’emballages identifiables :


Les sommes que perçoit l’assujetti à titre de consignation d’emballages récupérables,
réutilisables et identifiables sont exclues de la base d’imposition. Lorsqu’au terme des délais

61
d’usage dans la profession, les emballages consignés ne sont pas rendus, ils sont considérés
comme cédés et la TVA est due en conséquence au prix de cession.

 les subventions d’équipement :


Les subventions d’équipement sont en principe exclues de la base d’imposition à la TVA. Mais
il y a lieu de préciser que les subventions qui se rattachent à l’activité taxable sont imposables.
Exemple : aides destinées à compenser des pertes d’exploitation ou qui constituent un
complément de prix (subventions d’exploitation ou d’équilibre).

 les pourboires directement versés par la clientèle au personnel :

Les pourboires versés directement au personnel ne sauraient être pris en compte pour la
détermination de la base d’imposition ; en effet, ils ne peuvent être considérés comme un
élément du chiffre d’affaires de l’entreprise puisqu’ils ne profitent pas à cette dernière mais au
personnel.

Toutefois, s’il est avéré que lesdits pourboires sont rétrocédés à l’entreprise par le personnel, ils
seront considérés comme un complément du prix de la prestation et soumis à la TVA.

II- CAS PARTICULIERS DE DETERMINATION DE LA BASE IMPOSABLE

Pour certains types d’opérations, la détermination de la base imposable obéit à des mécanismes
particuliers. C’est le cas en ce qui concerne :

1) Les échanges

L’échange s’apparente à une double vente dont le prix est payé en nature. Ainsi, en cas
d’échanges, la base imposable est constituée par la valeur des objets reçus ou à recevoir en
contrepartie de ceux livrés, des services rendus ou à rendre, majorée éventuellement de la
soulte.

2) Les marchés publics

L’assiette de la TVA des marchés financés par le budget de l’Etat ou par des prêts ou
subventions, quelle qu’en soit l’origine, est constituée par le montant du marché toutes taxes
comprises (TTC), diminuée du montant de la TVA.

3) Les livraisons et prestations à soi-même

La base imposable des livraisons à soi-même est constituée par le prix d’achat hors taxes des
biens achetés ou utilisés en l’état ou par le coût de revient des biens extraits, fabriqués ou
transformés. S’il s’agit de prestations de services à soi-même, la base imposable est définie par
le montant des dépenses engagées pour leur réalisation.

4) Les jeux de hasard

La base imposable en ce qui concerne les entreprises de jeux de hasard et de divertissement est
constituée par le produit intégral des jeux, y compris les distributions faites aux gagnants.

5) Les importations et introductions de biens

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La base imposable en ce qui concerne les importations est constituée par la valeur imposable
telle que définie par le Code des Douanes. Il s’agit du prix Coût-Assurance-Fret (CAF) auquel
on ajoute le montant des droits de douane et, le cas échéant, des droits d’accises.

S’agissant des introductions de biens sur le territoire d’un Etat membre de la CEMAC,
l’assiette de la TVA est constituée de la valeur « sortie usine » à l’exclusion des frais
d’approche.

6) Opérations réalisées par les intermédiaires


Les opérations effectuées par les commissionnaires, mandataires et autres intermédiaires ne
sont soumises à la TVA que sur la marge ou la commission réalisée par ces derniers et qui
constitue leur rémunération, à condition qu’ils ne soient pas propriétaires des biens et qu’ils
agissent au nom et pour le compte du commettant. C’est le cas des gérants de stations-service,
des distributeurs de boissons…

IV- DETERMINATION DE LA BASE IMPOSABLE AUX DROITS D’ACCISES

La base imposable aux droits d’accises est constituée par les sommes ou valeurs perçues ou à
percevoir en contrepartie du bien livré ou importé, telles que définies pour la TVA.

- Le cas des importations et introductions de biens

La base imposable aux droits d’accises en matière d’importation est constituée de la valeur
imposable telle que définie par le Code des Douanes. Il s’agit du prix Coût-Assurance-Fret
(CAF) auquel il convient d’ajouter le montant des droits de douane.

Toutefois, en ce qui concerne l’importation de boissons alcoolisées, comme c’est le cas en


matière de TVA, la base d’imposition aux droits d’accises est constituée de la valeur
transactionnelle telle que définie plus haut.

En ce qui concerne l’introduction sur le territoire de biens et marchandises en provenance d’un


Etat membre de la CEMAC, elle est constituée par la valeur « sortie usine », à l’exclusion des
frais d’approche.

SECTION 5 : LES TAUX DE LA TVA ET DES DROITS D’ACCISES

I- TAUX APPLICABLES (article 142)

1) Les taux de la TVA

En matière de TVA, il existe deux taux d’imposition :

- le taux général de 17,5%, auquel il faut ajouter 1,75% au titre des centimes additionnels
communaux, soit un taux effectif de 19,25% ;
- le taux spécifique de 0%.

a) Le taux général

Le taux général majoré des centimes additionnels communaux s’applique à toutes les
opérations et produits soumis à la TVA à l’exclusion des exportations.

63
b) Le taux zéro

Le taux zéro s’applique exclusivement aux exportations de produits taxables, et aux livraisons
et prestations effectuées pour le compte des entreprises situées en zones franches et points
francs industriels.

2°) Les taux des droits d’accises

Il existe deux taux en matière de droits d’accises :


- Taux super élevé …………..... 50 % ;
- Taux élevé ……………………. 30 % ;
- Taux général …………………25 % ;
- Taux moyen ……………….. 12,5 % ;
- Taux réduit ………………….…. 5% ;
- Taux super réduit ……………...2 %

Pour les cas spécifiques des tabacs, des boissons alcoolisées, boissons gazeuses, des emballages
non retournables, des droits d’accises spécifiques leur sont également applicables selon les
tarifs fixés par la loi (voir article 142 (7-10)

SECTION 6 : LES DEDUCTIONS

I- LE PRINCIPE (article 143)

La TVA qui a grevé en amont les éléments du prix d’une opération imposable est déductible de
celle applicable à cette opération.

Autrement dit, pour la détermination de l’impôt à payer, le redevable doit procéder par étapes :

1) Il calcule et collecte la TVA sur ses ventes et autres recettes imposables : c’est la
TVA brute ou TVA d’aval ;

2) Il récapitule et récupère la TVA qu’il a lui-même payée à ses fournisseurs de biens et


services sur ses dépenses professionnelles (achats de marchandises, les services, les fournitures
de toutes sortes, les investissements) : c’est la TVA déductible ou TVA d’amont ;

3) Il déclare et paye à la Recette des impôts la différence entre la TVA brute et la TVA
déductible lorsque le solde est positif : c’est la TVA nette.

Le droit à déduction ne se justifie que si le coût des biens et des services acquis par le
redevable se répercute effectivement et directement sur le prix des opérations imposables qu’il
réalise.

Ne sont autorisés à déduire la totalité de la taxe ayant grevé l’ensemble de leurs dépenses
professionnelles que les assujettis réalisant exclusivement des ouvrant droit à déduction.

II- OPERATIONS OUVRANT DROIT À DEDUCTION (article 143) :

En principe, l’assujetti ne peut exercer son droit à déduction de la taxe d’amont que s’il réalise
des opérations imposables. Toutefois, certaines opérations exonérées ouvrent droit à déduction
par détermination de la loi.
64
1) Opérations imposables à la TVA

- Les livraisons de biens et prestations de services ;


- Les Exportations

2) Les opérations exonérées ;

En principe, les opérations exonérées n’ouvrent pas droit à déduction de la taxe d’amont.
Cependant, dans le but d’annihiler l’effet du prorata de déduction, le législateur permet dans
certains cas à l’assujetti qui réalise des opérations exonérées de récupérer intégralement la TVA
supportée en amont.

III- NAISSANCE DU DROIT À DEDUCTION (article 143) :

Le droit à déduction de la TVA prend naissance chez le client lorsque la taxe d’amont devient
exigible chez son fournisseur de biens et services.

La naissance du droit à déduction coïncide donc avec la date d’exigibilité de la taxe d’amont
correspondante. Cette date d’exigibilité varie selon la nature des opérations.

Pour les livraisons de biens, elle est fixée au moment de la réalisation de l’opération, c’est-à-
dire à la date de livraison.

Pour les prestations de services, elle est fixée au moment de l’encaissement du prix ou des
fractions de prix, notamment les avances, décomptes ou acomptes.

Dans tous les cas, la loi préconise le respect de la règle du décalage d’un mois. En
conséquence, le droit à déduction s’exercera le mois suivant soit la livraison des biens, soit
l’encaissement du prix pour les prestations de services.

IV- CONDITIONS D’EXERCICE DU DROIT À DEDUCTION (article 143)

Pour exercer valablement son droit à déduction, l’assujetti doit obligatoirement se faire
immatriculer en ligne. Cette procédure donne lieu à délivrance d’une attestation
d’immatriculation et d’un Numéro Identifiant Unique (N.I.U).

En outre, pour qu’un bien ou un service ouvre droit à déduction, il doit simultanément remplir
des conditions de forme et de fond.

1) Les conditions de forme

Les conditions de forme sont de deux ordres :

- Facturation régulière : Le montant de la TVA dont la déduction est demandée doit être
mentionné distinctement sur une facture régulièrement établie ou sur un document en tenant
lieu. La facture doit donc faire apparaître le montant HT et la TVA sur deux lignes séparées
ainsi que le montant TTC de l’opération.

- Le délai : La TVA supportée en amont par un assujetti au cours du mois duquel eelle se
rapporte.

65
2) Les conditions de fond

Pour l’exercice du droit à déduction, l’opération doit :

- concourir à la réalisation des opérations ouvrant droit à déduction ;


- être nécessaire à l’exploitation ;
- ne pas être exclu du droit à déduction.

V- LES ASSUJETTIS PARTIELS (article 147)

1) Le principe
Les entreprises qui ne réalisent pas exclusivement les opérations ouvrant droit à déduction
peuvent opter soit pour l’application d’un prorata de déduction, soit pour le régime des secteurs
distincts d’activités.

Le prorata de déduction est applicable à la TVA grevant tant les immobilisations que les biens
et services. Il est calculé à partir de la fraction de chiffre d’affaires imposable à la TVA.

2) La détermination du prorata

La fraction de la TVA déductible par les assujettis partiels est déterminée par le rapport entre,
au numérateur, les opérations soumises à la taxe y compris celles soumises au taux zéro et, au
dénominateur, l’ensemble des opérations réalisées par l’entreprise y compris les exonérations.

Formule de calcul du prorata :

Chiffre d’affaires taxable + exportations


Prorata = ---------------------------------------------------------
Chiffre d’affaires total

3) Cas spécifiques des transporteurs réalisant des opérations de transit inter-CEMAC et


les services y afférents :

Le chiffre d’affaires réalisé au titre de ces opérations figure à la fois au numérateur et au


dénominateur. Il s’agit d’un régime de faveur visant à permettre auxdits transporteurs de
récupérer l’intégralité de la taxe supportée au titre de leurs activités de transport.

4) Cas particulier des secteurs distincts d’activité

La loi prévoit la possibilité de tenir compte des secteurs distincts d’activité pour un redevable
qui exerce une pluralité d’activités dont certaines sont soumises à la taxe et d’autres exonérées.

Dans cette hypothèse, il peut sur demande adressée à l’administration, ne pas appliquer le
prorata, afin de déduire l’intégralité de la TVA supportée sur ses activités imposables. Dans le
même temps, il s’abstient de déduire la taxe d’amont facturée au titre de l’activité non taxable.
Pour l’application de ce régime, l’assujetti doit être à même de tenir une comptabilité séparée,
pour les opérations imposables et pour celles qui sont exonérées. De plus, il ne doit y avoir
aucune confusion dans l’affectation, entre les différentes activités, des immobilisations et biens
et services pouvant donner lieu à déduction de la TVA.

66
VI- CAS DES CREDITS NON IMPUTABLES

Dans certains cas, le mécanisme général d’imputation ne permet pas d’absorber l’intégralité du
crédit de TVA, qui peut ainsi s’étaler sur une très longue période, au risque d’entraîner des
tensions de trésorerie pour l’entreprise.

Pour remédier à cette situation, le législateur a prévu deux mécanismes :


- la compensation ;
- le remboursement.

Pour bénéficier du remboursement ou de la compensation, les contribuables doivent remplir


cumulativement les conditions ci-après :

- justifier d’une activité ininterrompue pendant deux ans ;


- ne pas faire l’objet d’une procédure de vérification ;
- produire les justificatifs du crédit dont la compensation ou le remboursement est réclamé ;
- ne pas être débiteurs d’impôts et taxes de quelque nature que soit.

SECTION 7 : MODALITES DE PERCEPTION DE LA TVA ET DES DROITS D’ACCISES

La loi définit deux modes de perception de la TVA et des droits d’accises :

- cas général ;
- cas particulier : la retenue à la source.

1) CAS GENERAL

Le montant de TVA nette et des droits d’accises est acquitté directement et spontanément par le
redevable au moment du dépôt de la déclaration.

2) RETENUE A LA SOURCE DE LA TVA (article 149)

Le mécanisme de la retenue à la source consiste à faire collecter la TVA par le client ou le


bénéficiaire de la prestation de services dont le règlement est effectué hors taxe. Dans ce cas
spécifique, il y a confusion entre le redevable réel et le redevable légal.

En pratique, la TVA retenue à la source doit faire l’objet d’une déclaration et reversée dans les
caisses du Trésor public au plus tard le 15 du mois qui suit le règlement de la facture.

67
TITRE III : L’IMPOSITION DU PATRIMOINE DES ENTREPRISES

Dans le cadre de cet enseignement, l’exposé relatif à l’imposition du patrimoine des entreprises
a été réduit aux seuls droits d’enregistrement applicables aux actes de sociétés (chapitre 1) et à
la taxe sur la propriété foncière (chapitre 2).

CHAPITRE 1 : LES DROITS D’ENREGISTREMENT

L’enregistrement est la transcription textuelle des actes ou déclarations dans un registre public
tenu par un agent de l’administration fiscale, moyennant paiement d’un impôt appelé droits
d’enregistrement. Les droits d’enregistrement portent essentiellement sur des mouvements de
patrimoines et c’est pourquoi ils sont souvent classés dans la catégorie des impôts sur le capital.

Initialement simple formalité juridique visant à protéger les particuliers des éventuelles fraudes
par antidates ou des modifications inattendues, l’enregistrement conférait une date certaine aux
actes sous seing privé.

Aujourd’hui l’enregistrement représente beaucoup dans la part réservée à l’impôt dans le


budget de l’Etat et occupe une place de choix dans la vie fiscale de l’entreprise.

SECTION 1 : GENERALITES SUR LES DROITS D’ENREGISTREMENT

I- LA DOUBLE NATURE DES DROITS D’ENREGISTREMENT

L’enregistrement est une formalité et un impôt

1) Une formalité

L’enregistrement consiste à mentionner, en général au moyen d’une mention, le bureau, et la


date où l’acte est enregistré, la référence du registre où l’acte est mentionné par le
fonctionnaire, le nombre de rôles (c’est-à-dire de pages) de l’acte, et le montant total des droits
perçus.

2) Un impôt

Cela en ce que la formalité donne lieu à la perception d’un impôt, dénommé droits
d’enregistrement.

II- LES CARACTERES ET EFFETS DE L’ENREGISTREMENT

1) Les caractères

- Indivisibilité et paiement préalable : La formalité et le paiement des droits sont un et


indivisible. Sauf en cas de fractionnement des droits prévu à l’article 314 du Code Général
des Impôts.

- Les dispositions fiscales y relatives sont d’ordre public. En conséquence toute modération
des droits en principal est impossible.

68
- la loi fiscale relative aux droits d’enregistrement ne peut être abrogée que par une loi de
même nature dont les dispositions lui sont lui est contraires.
2- Les effets de la formalité

Effets civils : l’enregistrement donne date certaine aux actes sous seing privé.

Autres effets : la publicité. Certains actes doivent être obligatoirement présentés à la formalité
pour être opposable aux tiers.

III- DOMAINE DES DROITS D’ENREGISTREMENT

Les droits d’enregistrement portent sur les ACTES ET LES MUTATIONS qui constituent
l’assiette de l’impôt.

1) L’acte

Par définition : L’acte fait référence à tout écrit susceptible de faire la preuve d’un fait ou
d’une opération juridique.

Les différents types d’actes : Les actes peuvent être classés en plusieurs catégories suivant
leur forme
- Les actes civils : actes sous seing privé et actes authentiques
- L’acte unilatéral et l’acte synallagmatique ;
- Les actes judiciaires ;
- Les actes extrajudiciaires ;
- Les actes administratifs ;
- Les actes de l’état civil.

1) La mutation

En droit fiscal, la mutation s’entend de tout transfert d’un droit réel c’est-à-dire la transmission
à une autre personne d’un droit dont on dispose sur une chose.
Il peut s’agit du droit de propriété ou de ses démembrements, de l’usufruit, de la nue-propriété
ou la servitude.

Les types de mutation possible :


On distingue entre les mutations les mutations à titre onéreux et les mutations à titre gratuit :
- La mutation à titre onéreux ;
- La mutation à titre gratuit : succession et donation.

IV- LE FAIT GENERATEUR EN MATIERE D’ENREGISTREMENT

C’est l’élément déclencheur de l’exigibilité des droits. Exemple : pour les ventes d’immeubles,
c’est le transfert de propriété.

V- CLASSIFICATION DES DROITS D’ENREGISTREMENT

Les droits d’enregistrement sont fixes ou proportionnels, progressifs ou dégressifs suivant la


nature des actes et mutations qui y sont assujettis.

1) Le régime de droit commun

69
Les droits d’enregistrement sont caractérisés par une variété de droits dont les modalités sont
fonctions de leur assiette et des orientations de politique fiscale qu’elles matérialisent.

- Le droit fixe : celui dont la quotité est invariable quelle que soit l’importance juridique
de l’acte assujetti au droit.

- Le droit proportionnel : qui est déterminé par l'application d'un taux constant et fixe
quelle que soit l’importance de la base d’imposition.

- Le droit progressif : celui dont le taux est croissant à mesure que la base imposable,
appréciée par tranche, augmente.

- Le droit dégressif : celui dont le taux de l’impôt diminue au fur et à mesure que la base
d’imposition, divisée en tranches, augmente.

2) Les dispenses du paiement préalable des droits d’enregistrement

- L’exemption : Elle consiste en la mise hors du champ d’application des droits


d’enregistrement d’un acte ou d’une mutation. Exemple : les actes et jugements en
matière d’état civil, les extraits de casier judiciaires art 338 CGI.

- L’enregistrement gratis : C’est un traitement de faveur qui consiste à apposer la


formalité à un acte gratuitement.

- L’enregistrement en débet : Il consiste à apposer la formalité et à reporter dans le


temps le paiement des droits jusqu’à la survenance d’un évènement qui détermine le
débiteur des droits enregistrement.

VI - PAIEMENT DES DROITS ET CEUX QUI DOIVENT LES ACQUITTER

1) L’obligation de paiement

Les droits des actes et ceux des mutations sont payés avant l’enregistrement. Ils doivent être
acquittés par :

 les notaires ;
 les huissiers et autres agents d’exécution ;
 les greffiers ;
 les secrétaires des administrations ;
 les parties, solidairement entre elles pour les actes sous seing privé ;
 les héritiers, donataires ou légataires, leurs tuteurs et curateurs et les exécuteurs
testamentaires.

2) La contribution au paiement
Les parties à l’acte disposent de la liberté de prévoir dans la convention la contribution au
paiement de la dette fiscale.

3) L'annulation

70
Dans le cas où l'annulation résulte d'une décision de justice passée en force de chose jugée,
l'impôt est restituable, quel que soit le délai dans lequel la procédure en annulation a été
introduite.

En revanche, si l'annulation a lieu à l'amiable, non seulement il n'y a aucune restitution des
droits mais en outre, l'administration considère que cette annulation implique une vente en sens
inverse (de l'acheteur initial au vendeur initial), et la perception d'un nouveau droit.

4) La résolution
La résolution diffère de l'annulation, en droit civil, du fait que l'annulation ( pour dol, erreur ou
violence lors de la conclusion du contrat, ou pour contrariété du contrat à l'ordre public) a pour
conséquence que le contrat annulé est censé ne jamais avoir existé, tandis que la résolution
résulte du fait qu'un contrat qui a existé et qui sera toujours réputé avoir existé, est ensuite
anéanti sans rétroactivité, soit parce que les parties en ont convenu ainsi, soit par décision
judiciaire en raison de l’inexécution des obligations contractuelles par les parties.
Si la résolution est amiable, il n'y a, comme en matière d'annulation amiable, aucune restitution
de droits, mais au contraire de nouveaux droits sont dus pour la rétrocession du bien de
l'acheteur au vendeur puisqu’il y a bel et bien une nouvelle mutation c'est-à-dire transfert d’un
droit réel.
Par contre, si la résolution est judiciaire, les droits payés à l'origine sont restitués suivant les
modalités y afférentes.
5) La restitution de droits
Le principe est que les droits régulièrement perçus ne peuvent être restitués, quels que soient
les événements ultérieurs.
La loi prévoit toutefois un certain nombre d'exceptions limitatives dont les principales sont les
suivantes (trop perçu, double emploi, annulation ou résolution judiciaire).

SECTION 2 : LE REGIME FISCAL DES ACTES DE SOCIETES

Le contrat de société génère une personne morale dont le patrimoine est représenté par le
capital social. Celui-ci peut par la suite, suivant la volonté des acteurs ou les aléas
économiques, être modifié.

Suivant les cas, les conséquences fiscales seront variées :

I- LE REGIME FISCAL DE LA CONSTITUTION DE SOCIETE (art 346 CGI)

1) La constitution de société
La constitution de société nécessite un acte juridique particulier, le contrat de société, qui est
généralement formalisé dans les statuts.

Selon l’article 1832 du Code Civil et l’acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés
commerciales et du GIE, un contrat de société comporte quatre (4) éléments : les associés, les
apports, la participation aux résultats, l’affectio societatis.

Il s’agit donc de mettre ensemble les associés qui font des apports à la société en vue de
participer aux résultats (bénéfices ou pertes) et qui témoignent d’un affectio societatis.

La société est constituée dès la signature des statuts, même si elle n’existe pas encore en tant
que telle. Son existence est en effet conditionnée par son insertion au journal d’annonces
légales, et l’enregistrement des statuts auprès du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

71
L’acte de constitution de société renvoie donc à la création de la société, matérialisée par la
rédaction des statuts par acte authentique, lesquels déterminent la forme, la durée, la
dénomination, le siège, l’objet social, le montant et la répartition du capital.

Le capital social est formé par la somme des apports réalisés par les associés tel que figurant
dans l’acte constitutif de la société et constitue la base du droit d’enregistrement.

2) Le traitement fiscal de la constitution de société


Les actes de constitution et même de prorogation de société ne contenant ni obligation, ni
libération, ni transmission de biens meubles et immeubles entre les associés ou autres
personnes sont soumis au paiement d’un droit dégressif, suivant les tranches du capital.

II- LE REGIME FISCAL DE L’AUGMENTATION DU CAPITAL (art 346 CGI)

1) L’augmentation du capital
L’augmentation du capital consiste en un accroissement du capital social soit par incorporation
des réserves, soit par émission de titres sociaux nouveaux, soit par augmentation de la valeur
nominale des actions. Elle peut également résulter des opérations de fusion ou apport partiel
d’actif.
2) Le traitement fiscal de l’augmentation de capital
Le traitement fiscal de l’augmentation de capital est identique à celui de la constitution de
société.

Il en résulte donc que les actes portant augmentation de capital sont soumis au paiement d’un
droit dégressif.
Aussi, les droits de timbre de dimension demeurent-ils exigibles.

III- LE REGIME FISCAL DE LA FUSION DES SOCIETES (Art 346 et 350 CGI)

1) La fusion et ou scission des sociétés

La fusion est une opération de concentration. L'opération financière est dite aussi absorption
par laquelle les associés de deux ou plusieurs sociétés commerciales décident de confondre les
actifs des entreprises au capital desquelles ils participent, pour ne former qu'une seule personne
morale.

Une opération de fusion-absorption, entraîne la dissolution sans liquidation de la société


absorbée et la transmission universelle de son patrimoine à la société absorbante.
Alors que la scission d'une société est l'opération juridique par laquelle une société apporte, à
l'occasion de sa dissolution sans liquidation, l'ensemble de son patrimoine à au moins deux
sociétés nouvelles ou préexistantes, moyennant l'attribution, aux associés de la société scindée,
de droits sociaux dans le capital des sociétés bénéficiant de la scission.

2) Le traitement fiscal des actes de fusion des sociétés

Dans les actes de fusion et de cession de sociétés anonymes, en commandite ou à responsabilité


limitée, la prise en charge par la société absorbante ou par la société nouvelle de tout ou partie
du passif des sociétés anciennes est soumis au droit fixe.

72
Sont assimilés à une fusion pour l’application du présent article, les actes qui constatent
l’apport par une société anonyme ou à responsabilité limitée à une autre société constituée, sous
l’une de ces formes, d’une partie de ses éléments d’actif à condition :
- que la société absorbante ou nouvelle ait son siège dans un pays de la Communauté ;
- que l’apport ait été préalablement agréé par le ministre compétent de l’État concerné ;
- que la société soit admise au bénéfice des dispositions du code des investissements.

IV- LE REGIME FISCAL DES MUTATIONS DE PROPRIETES

On distingue :
- les droits d’enregistrement générés par la cession des biens meubles ;
- les droits d’enregistrement générés par la cession d’immeubles ;
- les droits d’enregistrement générés par la cession du fonds de commerce.

V- LE REGIME FISCAL DES MUTATIONS DE JOUISSANCE


On distingue :
- les droits d’enregistrement générés par la location des biens meubles ;
- les droits d’enregistrement générés par la location d’immeubles ;
- les droits d’enregistrement générés par la location du fonds de commerce.

SECTION 3 : LES TARIFS DES DROITS D’ENREGISTREMENT

I- DROITS PROPORTIONNELS
1) Le taux élevé de 15% est applicable aux :
- Les actes et mutations de fonds de commerce prévus à l’article 341 du CGI, à l’exclusion des
marchandises neuves qui sont soumises au taux réduit de 2%.

2) Le taux intermédiaire de 10% est applicables aux :


- les actes et mutations d’immeubles urbains bâtis ;
- les actes et mutations à titre onéreux de fonds de commerce ou de clientèle ;
- les mutations de jouissance de fonds de commerce et de clientèle.

3) Le taux moyen 5% est applicable aux :


- les actes et mutations d’immeubles urbains non bâtis et ruraux bâtis ;
- les baux, sous-baux, leur prorogation et leur location ;
- tous les actes visés à l’article 342 du CGI.

4) Le taux réduit de 2% est applicable aux :


- les actes et mutations d’immeubles ruraux non bâtis ;
- les actes et mutations prévus à l’article 343 du CGI y compris les conventions synallagmatiques
de prêt sans garantie, lorsque ces dernières ne sont pas appréciées comme actes de commerce
de par leur nature ;
- les cessions, même indirectes, au Cameroun ou à l’étranger, d’actions, de parts et d’obligations
de sociétés dont le siège social est au Cameroun.

5) Le taux super réduit de 1% est applicable aux :


- Les prises d’hypothèque ;
73
- Les mains levées d’hypothèque ;
- Les cautionnements des sommes et objets mobiliers, les garanties mobilières, les indemnités de
même nature, les affectations à titre de nantissement, les gages mobiliers.

II- DROITS DEGRESSIFS


Applicables aux actes de constitution et même de prorogation de société ne contenant ni
obligation, ni libération, ni transmission de biens meubles et immeubles entre les associés ou
autres personnes.

Les droits dégressifs sont fixés comme suit :

- 2 % avec un maximum de 750 000 F CFA pour la tranche comprise entre 0 et 750 000 000 F
CFA de capital ;
- 1,5 % avec un maximum 1 500 000 F CFA pour la tranche comprise entre 750 000 001 et 1 500
000 000 F CFA de capital ;
- 1 % avec un maximum de 3 000 000 F CFA pour la tranche comprise entre 1 500 000 001 et 3
000 000 000 F CFA de capital ;
- 0,5 % avec un maximum de 5 000 000 F CFA pour la tranche comprise entre 3 000 000 001 et
5 000 000 000 F CFA de capital ;
- 0,25 % avec un maximum de 2 500 000 F CFA pour la tranche supérieure à 5 000 000 000 de F
CFA de capital.

III- DROITS PROGRESSIFS

Ils sont applicables aux mutations en vue de la construction-vente ou de la location-vente.

Les droits progressifs sont fixés comme suit :


- droit fixe 2000 pour la tranche de prix de 0 à 5 000 000 F CFA ;
- droit proportionnel de 2 % pour la tranche de prix de 5 000 001 à 10 000 000 F CFA ;
- droit proportionnel de 5 % pour la tranche de prix de 10 000 001 à 15 000 000 F CFA ;
- droit proportionnel de 10 % pour la tranche de prix de 15 000 001 à 20 000 000 F CFA ;
- droit proportionnel prévu à l’article 543 (a) ci-dessus pour la tranche au-dessus de 20 000 000
F CFA.

IV- DROITS FIXES

1) Les Droits fixes donnant ouverture au droit de timbre gradué

Il s’agit ici des droits fixes de 50 000, 20 000 et 4000 FCFA.

 Droits fixes de 50 000 FCFA


Ils concernent la prise en charge du passif dans l’acte de fusion.

 Droits fixes de 20 000 FCFA


Ils concernent :
- Les conventions de compte courant ;
- Les affectations hypothécaires pour garantie du solde débiteur éventuel de compte courant ou
pour garantie d’engagement de caution, de cautionnement, etc.
- Les affectations à titre de nantissement au gage des sommes dues sur un marché ;
- Les délégations à titre de nantissement ;
- Les actes d’aval ;
74
- Les conventions de crédit automobile passé avec les organismes agréés de crédit automobile.

 Droits fixes de 4 000 FCFA


Ils concernent les ordonnances d’injonction de payer prises conformément à la loi.

2) Droits fixes ne donnant pas ouverture au droit de timbre gradué

Il s’agit des droits fixes de 20 000, 12 000, 10 000 et 4 000 FCFA.

 Droits fixes de 20 000 FCFA


Ils concernent :
- Les arrêts définitifs de la Cour d’Appel et de la Cour Suprême ;
- Toute immatriculation au registre de tout commerçant ou société commerciale.

 Droits fixes de 12 000 FCFA qui concernent les actes de dissolution de société.

 Droits fixes de 10 000 FCFA qui concernent :


- Les actes notariés ;
- Les résiliations de baux emphytéotiques.

 Droits fixes de 4 000 FCFA qui s’appliquent aux actes innomés c’est à dire qui ne sont
pas prévus par le CGI ou pour lesquels le montant des droits proportionnels est inférieur
à 2 000 FCFA.

75
CHAPITRE 2 : LA TAXE SUR LA PROPRIETE FONCIERE

SECTION 1 : CHAMP D’APPLICATION

La taxe sur la propriété foncière est un impôt payable annuellement sur les propriétés
immobilières, bâties ou non, situées au Cameroun, dans les chefs-lieux d’unités administratives.

Relèvent également de la taxe sur la propriété foncière, les propriétés immobilières ci-dessus
lorsqu’elles sont situées dans les agglomérations bénéficiant d’infrastructures et de services
urbains.

Par infrastructures et services urbains, il faut entendre les réseaux de voies carrossables ou
bitumées, d’adduction d’eau, d’électricité et/ou de téléphone.

I- DES PERSONNES REDEVABLES

Est redevable de la taxe sur la propriété foncière :

- toute personne physique ou morale propriétaire d’immeuble (s) bâti (s) ou non bâti
(s), y compris tout propriétaire de fait
- l’emphytéote, du preneur à bail à construction ou à réhabilitation et ou le titulaire de
l’autorisation, lorsqu’un immeuble est loué soit par bail emphytéotique, soit par bail à
construction, soit par bail à réhabilitation, ou a fait l’objet d’une autorisation
d’occupation temporaire du domaine public constitutive d’un droit réel.

II- DES EXONERATIONS (art 578 CGI)

Sont exonérées de la taxe sur la propriété foncière, les propriétés appartenant :

 à l’Etat, aux collectivités territoriales décentralisées et aux établissements publics n’ayant


pas un caractère industriel et commercial ;
 aux établissements hospitaliers et scolaires publics ou privés ;
 aux organismes confessionnels et aux associations culturelles ou de bienfaisances
déclarées d’utilité publique, en ce qui concerne leurs immeubles affectés à un usage non
lucratif ;
 aux entreprises industrielles, agricoles, d’élevage et de pêche en ce qui concerne leurs
constructions à usage d’usine, de hangars ou de magasins de stockage, à l’exception des
constructions à usage de bureau qui y sont érigées ;
 aux organismes internationaux ayant signé un accord de siège avec le Cameroun ;
 aux représentations diplomatiques, sous réserve de réciprocité ;
 aux clubs, associations ou organismes sportifs agréés, les propriétés destinées aux
activités sportives ainsi que les infrastructures sportives.

Sont également exonérés, les terrains exclusivement affectés à l’agriculture, à l’élevage et/ou à la
pêche, ainsi que les infrastructures sportives.

SECTION 2 : MODALITES DE PERCEPTION DE LA TAXE SUR LA PROPRIETE


FONCIERE

76
I- DU FAIT GENERATEUR

Le fait générateur de la taxe sur la propriété foncière est constitué par la propriété de droit ou de
fait d’un immeuble.

La taxe sur la propriété foncière est EXIGIBLE LE 1ER JANVIER DE L’ANNEE


D’IMPOSITION.

Elle doit être acquittée spontanément au plus tard le 30 juin sur déclaration du redevable ou de
son représentant, ou sur la base d’une déclaration pré-remplie.

II- DETERMINATION DE L’ASSIETTE

1) La base d’imposition

La taxe sur la propriété foncière est assise sur la valeur des terrains et des constructions telle que
déclarée par le propriétaire.

À défaut de déclaration ou en cas de minoration, la valeur administrative de l’immeuble


déterminée conformément aux dispositions de l’Article 546 bis du Code Général des Impôts sert
de base à l’imposition.

2) Le taux de la TPF

Le taux de la taxe sur la propriété foncière est fixé à 0,1 %.


La déclaration de la taxe sur la propriété foncière est souscrite et l’impôt payé auprès du Centre
des Impôts du lieu de situation de l’immeuble.

Toutefois, pour les entreprises relevant d’une unité de gestion spécialisée, la déclaration et le
paiement sont effectués auprès de celle-ci.

77
TITRE V : LES OBLIGATIONS FISCALES DES ENTREPRISES ET LES SACTIONS

En matière fiscale, les redevables de l’impôt sont, aux termes du Code Général des Impôts,
tenus à un certain nombre d’obligations (chapitre 1), assorties de sanctions (chapitre 2) en cas
de non-respect.

CHAPITRE 1 : LES OBLIGATIONS FISCALES

Les obligations fiscales qui incombent aux contribuables sont de trois ordres, à savoir :

- Obligation d’immatriculation ;
- Obligations déclaratives et de paiement ;
- Obligations comptables.

SECTION 1 : L’OBLIGATION D’IMMATRICULATION

Le principe de l’immatriculation des contribuables a été institué au Cameroun par la loi de


finances pour l’exercice 95/96. A cet effet, la législation en vigueur oblige tout assujetti à
l’impôt sur les sociétés au Cameroun à souscrire une immatriculation en ligne et d’éditer son
attestation d’immatriculation.

Les articles L1 bis et L1 ter du Code Général des Impôts tels qu’issus de la Loi de Finances
pour l’exercice 2020 instaurent l’inscription obligatoire du Numéro Identifiant Unique (NIU)
sur tout document matérialisant les transactions économiques.

Ce NIU est requis par les personnes morales, publiques ou privées, lors des paiements qu’elles
effectuent ou, en tant que de besoin, pour toutes autres opérations, matérielles ou immatérielles.

Toute personne physique ou morale ne peut effectuer des opérations ci-après s'il ne dispose
d'un numéro identifiant unique : l'ouverture d'un compte auprès des établissements de crédit et
de microfinance, la souscription de tout type de contrat d'assurance, la signature des contrats de
branchement ou d'abonnement aux réseaux d'eau et/ou d'électricité, l'immatriculation foncière,
l'agrément à une profession réglementée.

Ainsi, le contribuable doit se connecter sur le site web de la DGI pour effectuer son
immatriculation en ligne.

Ladite immatriculation donne lieu à attribution d’un Numéro Identifiant Unique (NIU) qui doit
figurer sur chaque facture du contribuable concerné, et, à l’édition d’une attestation
d’immatriculation qui tient lieu de carte d’identité fiscale.

SECTION 2 : LES OBLIGATIONS DECLARATIVES

L’obligation déclarative à laquelle est astreint tout assujetti à l’impôt sur les sociétés est suivant
le régime d’imposition mensuelle ou trimestrielle et annuelle.

1) Des déclarations mensuelles ou trimestrielles

78
Les délais de déclaration sont fixés ainsi qu’il suit en fonction de leur appartenance à un régime
d’imposition :
Les redevables relevant du régime de l’impôt libératoire doivent, suivant leur catégorie
d’imposition, déposer leur déclaration au plus tard le 15 du mois qui suit la fin de chaque
trimestre.

Ceux appartenant au régime du réel simplifié et au régime du réel quant à eux sont tenus de
déposer leur déclaration mensuelle de TVA et d’acompte d’impôt sur le revenu au plus tard, le
15 du mois suivant celui de la réalisation des opérations.

2) De la déclaration de fin d’exercice

Tout contribuable assujetti à l’impôt sur le revenu des personnes physiques ou à l’impôt sur les
sociétés est tenu en fin d’exercice, de souscrire auprès de son centre de rattachement et en
ligne, une déclaration des résultats obtenues dans son exploitation au cours de l’exercice fiscale
servant de base à l’imposition au plus tard le 15 Mars de l’exercice suivant l’exercice cause.
A cet effet, la déclaration statistique et fiscale (DSF) de l’assujetti doit, bien qu’étant un état
récapitulatif des déclarations déposées en cours d’exercice, être présentée conformément aux
exigences du système comptable OHADA.
Il est à relever que les personnes morales même exonérées ou n’ayant pas opté pour l’impôt sur
les sociétés sont également astreintes aux obligations déclaratives susvisées.

3) Les autres obligations déclaratives

En dehors des obligations susvisées, d’autres obligations déclaratives auxquelles est astreint
l’assujetti sont entre autres :

- L’obligation de localisation ;
- L’obligation de conservation des documents ;
- L’obligation de communication ;
- L’obligation de déclaration du début d’activité : elle est faite au centre des impôts de
rattachement du contribuable et en ligne au plus tard dans les 15 jours ouvrables qui
suivent le début de ses activités ;
- L’obligation de déclaration de cession, de cessation, de changement de dirigeant ou du
lieu d’activité, dans les 15 jours suivant la modification.

4) La modernisation des outils de déclarations

Pour l’Administration fiscale, les téléprocédures participent du processus de modernisation en


ce qu’elles permettent l’élimination des saisies manuelles par les agents et renforcent la sécurité
et la conservation des données.

C’est dans ce cadre qu’on parle de télédéclaration, entendue comme une opération par laquelle
le contribuable peut sourire de façon électronique sa déclaration d’impôts.

Ce faisant, deux modes de télédéclaration des impôts et taxes ont été mis en place par
l’administration fiscale camerounaise. Il s’agit :

- de la télédéclaration à partir du site internet de la DGI : Une déclaration en ligne des


impôts et taxes peut être effectuée depuis n’importe quel ordinateur, tablette ou
Smartphone à partir du site internet de la DGI (www.impots.cm).

79
- de la télédéclaration à partir du tyéléphone portable (Mobile Tax) : Possibilité
offerte au contribuable de pouvoir souscrire sa déclaration à partir de tout type de
téléphone portable.

- Toutefois, l’offre de service aux contribuables eut été incomplète en l’absence d’une
déclaration préremplie des impôts et taxes (DPR) servie notamment à l’attention des
particuliers et leur permettant de bénéficier d’un appui personnalisé pour le respect de
leurs obligations déclaratives.

5) Les délais de déclaration

- 15 jours suivant le début des activités pour l’immatriculation ;


- au plus tard le 28 février pour la patente ;
- au plus tard le 15 mars pour l’impôt sur les sociétés et l’IRPP ;
- au plus tard le 15 du mois suivant celui de réalisation des opérations pour ce qui est de
la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) et les droits d’accise, l’acompte de l’impôt sur les
sociétés et de l’IRPP ;
- au plus tard les 31 octobre, 31 janvier et 30 avril pour l’impôt sur les bénéfices des
sociétés pétrolières ;
- 15 à un mois pour l’enregistrement des baux et sous baux, leurs cession, réalisation,
subrogation, ventes, marché ;
- un à trois mois pour l’enregistrement des constitutions, prorogations, dissolutions de
sociétés et transmissions de créances ;
- trois à six mois pour l’enregistrement des testaments.

SECTION 3 : LES OBLIGATIONS COMPTABLES

Ces obligations diffèrent suivant le régime d’imposition auquel relève le redevable


conformément au droit comptable OHADA ainsi qu’il suit :

1) Pour le régime simplifié

Les contribuables doivent tenir une comptabilité conforme au système minimal de trésorerie
ayant pour rubriques :

- Un tableau de trésorerie ;
- un bilan simplifié ;
- un compte de résultat simplifié.

2) Pour le régime du réel

Les contribuables doivent tenir une comptabilité conforme au système normal qui exige au
contribuable, une nomenclature ressortant les rubriques suivantes :

- Un tableau financier des ressources et des emplois ;


- un bilan ;
- une annexe ;
- un état statistique supplémentaire ;
- un compte de résultat.

80
Les documents comptables obligatoires y attachés doivent être présentés à toute réquisition de
l’Administration fiscale, et être complétés le cas échéant, par les éléments de la comptabilité
spécifiques à la nature de l’activité exercée. Ces documents doivent être conservés pendant 10
ans.

SECTION 4 : L’OBLIGATION DE PAIEMENT

1) Les délais de paiement des impôts

Les impôts, droits et taxes sont acquittés ou reversés spontanément au moment du dépôt de la
déclaration. Les délais de paiement sont les mêmes que ceux afférents aux déclarations.

2) Les nouveaux modes de paiement des impôts

Les impôts peuvent être payés :

- En espèces : L’achat en ligne du timbre de dimension à partir du Mobile Tax étant en


cours de développement, une possibilité de perception des espèces à la Recette des impôts
demeure ouverte pour ce seul impôt.

- Par virement bancaire : Premier mode par excellence utilisé par l’administration fiscale
pour réduire la manipulation des espèces et sécuriser les recettes fiscales. Il est utilisé par
les contribuables relevant des Centres des Impôts des Moyennes Entreprises (CIME) et
ceux des Centres Divisionnaires des Impôts (CDI).

- Par Téléphone portable (Mobile Tax) : Mis en place en 2015 et rénové en 2020, le
« Mobile Tax » est également une plateforme de paiement de la Taxe sur la Propriété
Foncière à partir d’un téléphone portable.

- En espèces auprès des guichets de banques : Cette nouvelle procédure de paiement


concerne les droits d'enregistrement sur les véhicules importés et tous les impôts et taxes
dus par les contribuables relevant des CDI et ne disposant pas de compte bancaire.

- A travers le télépaiement : qui est un dispositif de paiement électronique multicanal


(carte bancaire, Mobile, virement bancaire, etc) compatible avec les protocoles des
systèmes de la BEAC, et interfacé au réseau de la Direction Générale du Trésor
(DGTCFM) et aux systèmes informatiques bancaires.

Il permet à un redevable de procéder au paiement de ses impôts, à partir de son ordinateur et de


pouvoir éditer la quittance correspondante dès validation dudit paiement.

81
CHAPITRE 2 : PRESCRIPTION ET SANCTIONS EN CAS DE NON RESPECT
DES OBLIGATIONS FISCALES

SECTION 1 : LA PRESCRIPTION

Avant de présenter les délais de prescription (II), il est important de savoir de quoi il en est
question (I) pour une meilleure appropriation de la notion.

I- DEFINITION

En matière civile, la "prescription" est une présomption dont l'effet est, tantôt extinctif, tantôt
créatif d'un droit, ne peut s'établir à l'origine que par des actes matériels d'occupation réelle et
se conserve tant que le cours n'en est pas interrompu ou suspendu.

La prescription ne court pas ou est suspendue contre celui qui est dans l'impossibilité d'agir par
suite d'un empêchement résultant de la loi, de la convention ou de la force majeure.

En matière fiscale, la prescription est perçue comme un mode d’extinction de la créance fiscale
qui libère entièrement le contribuable de toute poursuite et une perte de ses droits à restitution.

II- LES DELAIS DE PRESCRIPTION

Les délais de prescription varient suivant que les créances en cause concernent les impôts de
droit commun ou les droits d’enregistrement.

1) Pour les impôts de droit commun

Les sommes dues par les contribuables pour les impôts, droits et taxes assis ou liquidés en vertu
des dispositions du Code Général des Impôts sont prescrites à leur profit après un délai de
quatre (04) ans suivant la date d’exigibilité, si aucun acte n’est venu interrompre la
prescription.

En effet, le Receveur des Impôts qui n’a engagé aucune poursuite contre les redevables
retardataires pendant quatre années consécutives, à partir du jour de la mise en recouvrement,
perd son recours et est déchu de tous droits et de toutes actions contre ces redevables.

La prescription ne peut être invoquée dans le cas des impôts retenus à la source ou ceux
dont le redevable n’est que collecteur.

La prescription est acquise au profit de l’Etat contre toute demande de restitution de


sommes payées au titre des impôts, droits et taxes prévus dans le Code Général des Impôts,
après un délai de deux (02) ans à partir du paiement desdits impôts, droits et taxes.

En ce qui concerne les demandes de remboursements de crédits de TVA, le délai de


prescription est porté à trois (03) ans.

2) Pour les droits d’enregistrement

On distingue trois prescriptions en droit d’enregistrement : trentenaire, décennale et


quinquennale.

82
 La prescription trentenaire : La prescription de trente (30) ans (trentenaire), conforme au
droit civil, vaut également en matière fiscale. Ses applications concernent aussi la prescription
acquisitive en matière de successions vacantes et de biens sans maitre.

 La prescription décennale et quinquennale : Il y a prescription pour la demande des


droits après dix (10) ans à compter du décès pour les transmissions par décès non déclarées, et
du jour de l’enregistrement pour les droits des actes enregistrés en débet (article 334 §2 du
CGI).

Pour tous les autres actes, la prescription est de cinq (5) ans.

 Interruption de la prescription :
Les prescriptions sont interrompues par les demandes signifiées, les versements d’acompte, par
le dépôt d’une pétition en remise des pénalités ou par la notification d’un titre de perception.

SECTION 2 : DES SANCTIONS EN CAS DE NON RESPECT DE SES OBLIGATIONS

Si un contribuable utilise délibérément un quelconque procédé pour tenter ou échapper, en


partie ou en totalité, à l’impôt qui lui est dû, alors il est en infraction et reconnu par
l’administration comme l’auteur d’une fraude fiscale, qui sera sanctionné selon la gravité de
son acte frauduleux.

Entre autres comportements jugés frauduleux, les principales attitudes rencontrées et jugées
comme telles tournent autour des actes destinés posés en vue :

- d’omettre délibérément ses déclarations fiscales ;


- de dissimuler volontairement des biens ou rémunérations soumises à l’impôt ;
- d’organiser son insolvabilité ;
- de Faire obstacle par tous les moyens au recouvrement de l’impôt.

En effet, toute dissimulation de rémunérations ou de biens à prendre en compte lors du calcul


du montant de l’impôt représente, selon le cas, un délit ou un crime condamnable par la loi.

L’auteur de la fraude encourt des sanctions dont l’application selon les cas et qui peuvent être
administratives (I), pécuniaires (II) ou pénales (III).

Après la mise en demeure de déclarer restée sans suite, le contribuable s’expose aux sanctions
ci-après :

I- DES SANCTIONS ADMINISTRATIVES

Au rang des principales sanctions administratives, on peut citer entre autres :

- la fermeture d’établissement ;
- la détermination des bases d’imposition d’office par l’Administration fiscale ;
- la déchéance du droit d’exercer ;
- la non déduction de la TVA en cas d’absence du NIU sur une facture ;
- la perte du droit à déduire la TVA en cas de taxation d’office ;
- l’interdiction d’importer ;
- le blocage des comptes bancaires ;
83
- l’interdiction de soumissionner aux marchés et commandes publics.

II- DES SANCTIONS PECUNIAIRES

Elles sont constituées des pénalités d’assiette (1) et de recouvrement (2) ainsi que des sanctions
particulières (3).

1) DES PENALITES D’ASSIETTE

 En cas d’insuffisance de déclaration (voir article L95 du CGI)

Les insuffisances, omissions ou inexactitudes qui affectent la base ou les éléments d’imposition
et qui ont conduit l’Administration à effectuer des redressements donnent lieu à l’application
d’un intérêt de retard de 1,5% par mois, plafonné à 50 %, calculé sur la base des droits mis
à la charge du contribuable, à la suite de la notification du dernier acte de procédure en cas de
contrôle.

Ces intérêts de retard donnent droit à l’application des majorations suivantes :

- 30% en cas de bonne foi ;


- 100% en cas de mauvaise foi ;
- 150% en cas de manœuvres frauduleuses, sans préjudice des poursuites pénales.

 En cas d’absence de déclaration (art L97 du CGI)

Le contribuable qui, après une mise en demeure de déclarer, n’a pas souscrit sa déclaration, fait
l’objet d’une taxation d’office et sa cotisation est majorée de 100%.

La majoration est portée à 150% en cas de récidive.

Par ailleurs, le dépôt après mise en demeure, d’une déclaration faisant apparaître un impôt
néant ou un crédit, donne lieu à une amende forfaitaire égale à 1 000 000 F CFA.

Aussi, le non dépôt dans les délais des déclarations liées à la communication des informations à
but fiscal donne lieu à l’application d’une amende de 1 000 000 F CFA par mois, après mise
en demeure.

D’autre part, le non dépôt ou la non transmission dans les délais prévus par la loi de la
déclaration statistique et fiscale, donne lieu à l’application d’une amende forfaitaire non
susceptible de remise, suivant le détail ci-après :

- Pour les entreprises relevant de la DGE : F CFA 5 000 000 ;


- Pour les entreprises relevant des CIME et CSI: F CFA 1 000 000 ;
- Pour les entreprises relevant des CDI : F CFA 250 000.

Donne lieu à des amendes forfaitaires égales :

- 250 000 F CFA pour le non-dépôt, dans les délais légaux, d’une demande
d’immatriculation ou de modification des éléments ayant servi à une immatriculation
initiale ainsi que toute déclaration d’immatriculation comportant des indications
manifestement erronées ;

84
- 100 000 F CFA pour la non-immatriculation des personnes ne disposant que de revenus
salariaux et non immatriculées dans un délai de trois (03) mois ;

- 5 000 000 FCFA par opération, la réalisation des démarches économiques (compte
bancaire, contrat d’assurance, eau, électricité, téléphone, terrain, etc) avec les personnes
ne disposant pas d’un numéro Identifiant unique.

 En cas d’absence d’indication du Numéro Identifiant Unique

L’absence d’indication sur une facture, du Numéro d’Identifiant Unique, entraîne la non
déduction de la TVA mentionnée sur cette facture.

 En cas d’absence de facture ou fausse facture :

- Une amende égale à 100% de la valeur de la transaction avec un minimum de 100 000
F CFA ;
- tout remboursement de crédits de TVA obtenu sur la base de fausses factures donne
lieu à restitution immédiate des sommes indûment perçues, assortie de pénalités de
100% non susceptibles de transaction.

1) DES PENALITES DE RECOUVREMENT (généralement pour défaut ou retard de


paiement)

Le paiement tardif de l’impôt entraîne l’application d’un intérêt de retard de 1,5 % par
mois de retard.

Pour le cas particulier des impôts à versement spontané, toute déclaration ou paiement tardif
entraînent l’application d’une pénalité de 10 % par mois de retard, sans excéder 30 % de
l’impôt dû en principal.

Pour les droits d’enregistrement, le défaut ou le retard de paiement entraine l’application


d’un droit en sus égal au droit simple.

Sans préjudice des sanctions sus indiquées, le non reversement dans les délais prescrits par la
loi, des impôts, droits et taxes retenus à la source, donne lieu à l’application d’une amende
forfaitaire non susceptible de remise ou de modération suivant le barème ci-après :

- de 0 à 5 000 000 : F CFA 500 000 ;


- de 5 000 001 à 25 000 000 : F CFA 2 000 000 ;
- de 25 000 001 à 50 000 000 : F CFA 5 000 000 ;
- plus de 50 000 000 : F CFA 10 000 000.

2) DES SANCTIONS PARTICULIERES

Le non-dépôt d’une déclaration donnant lieu à Taxation d’Office, entraîne :

- En matière de TVA, la perte du droit à déduction de la taxe d’amont et du crédit de TVA se


rapportant à la période antérieure ;

85
- En matière d’Impôt sur le Revenu, la perte du droit à imputation des déficits des exercices
antérieurs ainsi que des crédits d’impôt ;

Des amendes forfaitaires :

- pouvant aller jusqu’à 5 000 000 de F CFA est appliquée à toute personne ayant
communiqué de fausses informations, qui s’est opposée au droit de communication ou à
l’avis à tiers détenteur, ou qui s’est abstenue de communiquer les informations ou
documents requis par l’Administration fiscale ;
- de 100 000 F CFA par jour de retard, au-delà des délais indiqués sur la demande, est
appliquée à toute tentative de différer l’exécution du droit de communication ou de l’avis à
tiers détenteur ;
- de 100 000 F CFA par mois, pour l’exercice d’une activité économique sans
immatriculation préalable ;
- de 1 000 000 F CFA par opération, l’utilisation frauduleuse d’un Numéro Identifiant
Unique ;
- pouvant aller jusqu’à FCFA 100.000 000 à toute personne ayant frauduleusement facilité,
procédé ou tenté de procéder à l’accomplissement d’une obligation fiscale ou l’obtention
de documents fiscaux en ligne ;
- de 10% du montant transféré, à la charge de l’établissement bancaire, pour tout transfert de
fonds à l’étranger par un contribuable professionnel sans présentation préalable d’une
attestation de non-redevance en cours de validité.

SECTION 3 : DES SANCTIONS PENALES

Les sanctions pénales en matière fiscale sont constituées des peines principales (1) et
éventuellement des peines complémentaires dont l’application peut être conditionnée par le
dépôt d’une plainte (3) par l’administration fiscale.

1) DES PEINES PRINCIPALES

Sans préjudice des sanctions fiscales applicables, est passible d’un emprisonnement de 1 à 5
ans et d’une amende de 500 000 à 5 000 000 F CFA ou de l’une de ces deux peines
seulement, quiconque :

- se soustrait frauduleusement ou tente de se soustraire frauduleusement à


l’établissement, au paiement, au reversement total ou partiel des impôts, droits et taxes
visés dans le Code Général des Impôts ;
- refuse expressément de faire sa déclaration dans les délais prescrits ;
- dissimule une part des sommes sujettes à l’impôt ;
- organise son insolvabilité ou met obstacle au recouvrement de l’impôt ;
- obtient par des manœuvres frauduleuses un remboursement de crédits de TVA.

Est également puni des même peines quiconque qui :

- omet de passer ou de faire passer des écritures ou fait passer des écritures inexactes ou
fictives, dans les livres-journaux et d’inventaire, ou dans les documents qui en tiennent
lieu ;
- qui est convaincue d’avoir établi ou aidé à établir de faux bilans ;

86
- qui, par voies de fait, de menaces ou manœuvres concertées, organise ou tente
d’organiser le refus collectif de l’impôt, ou incite le public à refuser ou à retarder le
paiement de l’impôt ;
- qui produit des pièces fausses ou reconnues inexactes en vue d’obtenir, en matière
d’impôts et taxes, des dégrèvements ou remboursements de quelque nature que ce soit.

En cas de récidive, les peines prévues ci-dessus visées sont doublées.

2) PEINES COMPLEMENTAIRES

Le tribunal correctionnel peut à titre de peine complémentaire :

- prononcer les déchéances prévues aux articles 30 et 31 du Code Pénal ;


- interdire temporairement, pendant une période n’excédant pas cinq (5) ans, le droit
d’exercer, directement ou par personne interposée, pour son compte ou le compte
d’autrui, toute profession industrielle, commerciale ou libérale.

3) DEPOT DE PLAINTES

Sous peine d’irrecevabilité, les plaintes visant l’application des sanctions prévues la loi fiscale,
sont déposées par le ministre chargé des Finances, après avis de la Commission des Infractions
Fiscales, suite aux procès-verbaux établis par les agents assermentés de l’Administration
fiscale, ayant au moins le grade d’inspecteur et ayant pris une part personnelle et directe à la
constatation des faits constitutifs de l’infraction.

Les plaintes peuvent être déposées sans qu’il soit nécessaire de mettre au préalable le
contribuable en demeure de régulariser sa situation.

Elles peuvent être déposées jusqu’à la fin de la quatrième année au cours de laquelle
l’infraction a été commise.

La prescription de l’action publique est suspendue pendant une durée maximale de six mois
entre la date de la saisine de la Commission des Infractions Fiscales et la date à laquelle cette
Commission émet son avis.

Les poursuites, en vue de l’application des sanctions pénales, sont portées devant le tribunal
correctionnel dans le ressort duquel l’un quelconque des impôts en cause aurait dû être établi
ou acquitté.

Au demeurant, le contribuable qui se croit imposé à tort ou surtaxé peut en faire la réclamation,
par écrit, au Chef de Centre Régional des Impôts, au Directeur en charge des grandes
entreprises ou au Directeur Général des Impôts, dans un délai de trente (30) jours à partir de la
date d’émission de l’AMR ou de la connaissance certaine de l’imposition.

Lorsque la décision du Chef de Centre Régional, du Directeur chargé de la gestion de grandes


entreprises ou du Directeur Général des Impôts, ne donne pas entièrement satisfaction au
demandeur, ou en cas de silence de ces derniers au terme du délai de trente (30) jours, la
contribuable doit adresser sa réclamation qui tient lieu de recours gracieux préalable au
ministre chargé des finances.

Pour ce faire, ledit contribuable a la faculté de se faire assister par un conseil de son choix.

87
Lorsque la décision du Ministre en charge des finances ne donne pas entièrement satisfaction
au demandeur, ou en cas de silence du Ministre des Finances aux termes du délai de deux (02)
mois, le contribuable peut saisir d’office le Tribunal administratif du Centre des impôts de
rattachement ou le Tribunal administratif de sa résidence ou de son siège social.

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