Tyl Benjamin 2011
Tyl Benjamin 2011
Tyl Benjamin 2011
THSE
PRSENTE A
LUNIVERSIT BORDEAUX 1
COLE DOCTORALE DES SCIENCES PHYSIQUES ET DE LINGENIEUR
Professeur
Professeur
Docteur
Professeur
Professeur
Professeur
Docteur
Rapporteur
Rapporteur
Examinateur
Examinateur
Directeur
Co-directeur
Invit
Universit Bordeaux 1
Les Sciences et les Technologies au service de lHomme et de lenvironnement
REMERCIEMENTS
Je voudrais avant tout remercier lensemble des personnes qui mont aid, de prs ou de loin,
mener bien ma thse.
Je souhaite remercier Jrmy Legardeur pour mavoir encadr durant ces trois annes. Ses
conseils, sa vision du sujet, et la confiance quil ma accorde ont largement contribu la ralisation
de cette thse. Merci Jrmy pour tout le temps que tu mas consacr et pour ton soutien.
Je remercie galement Dominique Millet davoir co-encadr ma thse. Malgr la distance
gographique, les conseils quil ma prodigus ainsi que nos discussions varies mont fait avancer
dans ma rflexion.
Merci vous deux pour cette exprience particulirement enrichissante. Vos approches
respectives mont donn le got de la recherche.
Je remercie lensemble des membres du jury, M. Bernard Yannou et Mme Peggy Zwolinski
davoir accept dtre rapporteurs, M. Nicolas Perry davoir accept de prsider le jury, M. Stphane
Le Pochat davoir accept dtre examinateur, et enfin M. Andr Falchi davoir accept linvitation mais
aussi davoir t lencadrant industriel de la thse et mavoir accord sa confiance.
Je remercie la structure daccueil de cette thse, APESA, de mavoir offert des conditions
exceptionnelles pour raliser mes travaux. Plus particulirement, je remercie le ple APESAInnovation, au sein duquel jai t intgr.
Un grand merci Cyril, Valentin et Stphanie arrivs en cours de route, mais galement
Franck, Bertrand et Romain, le futur docteur ... courage !
Une mention particulire la britannico-landaise Nathalie pour sa disponibilit, sa bonne
humeur, les diffrentes discussions ( consommer ou ne pas consommer ? ), elle a largement
contribu au bon droulement de ces 3 annes passes au sein du ple.
Merci vous tous pour cette ambiance de travail.
Je remercie galement lESTIA, et plus particulirement son directeur Jean Roch Guiresse pour
sa disponibilit.
Je remercie aussi lensemble des personnes ayant contribu enrichir ces travaux et/ou
particip aux diffrents tests effectus : SolidCreativity, Rseau National EcoSD, lUTT, Renault,
membres du projet CREATINN
Une thse, cest avant tout un ensemble de rencontres. Je remercie les diffrents thsards que
jai pu rencontrer durant ces 3 ans. Merci vous pour toutes ces discussions et dbats passionns
que nous avons eus. Jadresse des remerciements particuliers Flore pour toute laide quelle ma
apporte.
Je pense aussi mes amis de Lyon, Grenoble, Chambry, Paris, Biarritz ... Ils se
reconnatront. Merci Fouad pour ta vision extrme et enrichissante de lco-conception !
Enfin, je conclurai en ayant une pense pour ma famille, mes parents, mes frres, oncles et
tantes qui mont soutenu pendant toute ma scolarit et particulirement ces trois dernires annes.
RESUME
Lapport de la crativit dans les processus dco-innovation
Proposition de loutil EcoASIT pour favoriser lco-idation de systmes durables
Aujourdhui les challenges ports par le dveloppement durable ncessitent de dvelopper de
nouvelles offres et de nouveaux usages dans le cadre dun processus dco-innovation intgrant les
approches environnementales et socitales.
Cette thse a pour objectif dtudier lintrt dutiliser des outils daide la crativit afin
dinstrumenter les phases de gnration dides et de nouveaux concepts lors des processus dcoinnovation.
A partir dun tat de lart sur le concept dco-innovation et sur les outils daide lcoinnovation, nous montrons ainsi que, sil existe de nombreux outils, peu dentre eux sont prcisment
focaliss sur la phase de gnration dides, ou idation. De mme, peu dentre eux permettent de
stimuler lensemble des axes du dveloppement durable.
Pour rpondre cette lacune, nos recherches s'appuient sur une adaptation de loutil de
crativit ASIT en EcoASIT.
.
Cette adaptation est argumente sur le plan conceptuel en montrant les affiliations thoriques
entre les deux outils et sur le plan exprimental en prsentant les rsultats de nos diffrentes
exprimentations. Nous montrons ainsi que loutil EcoASIT prsente un fort potentiel dans le
processus dco-innovation en proposant de stimuler efficacement les phases didation sur
lensemble des axes du dveloppement durable.
ABSTRACT
Contribution of creativity in the eco-innovation process
Proposition of an EcoASIT tool to foster the eco-ideation of sustainable systems
Today the challenges of sustainable development require new offers and new uses to be
developed within the framework of an eco-innovation process, integrating environmental and societal
approaches.
The aim of this thesis is to study the advantages of using creativity tools to foster new concepts
and idea generation phases in eco-innovation processes.
From a state of the art of the concept of eco-innovation and of the eco-innovation tools, we
show that although there are many tools, few of them actually focus on the idea generation stage, or
ideation, and few make it possible to stimulate all the axes of sustainable development.
To fix this, our research relies on an adaptation of the creativity ASIT tool to EcoASIT.
This adaptation is defended conceptually by showing the theoretical affiliations between the two
methods, and experimentally by presenting the results of our different tests. We prove that the
EcoASIT tool has great potential in terms of eco-innovation by efficiently stimulating the ideation
stages with regard to all the aspects of sustainable development.
Key words: eco-design, eco-innovation, innovation, creativity, eco-ideation, experimentation, ASIT,
EcoASIT.
1.1.1.
1.1.2.
1.1.3.
1.2.
1.2.1.
1.2.2.
1.3.
1.3.1.
1.3.2.
1.3.3.
1.3.4.
Synthse ........................................................................................................................ 30
1.4.
1.4.1.
1.4.2.
1.4.3.
1.4.4.
1.5.
1.5.1.
1.5.2.
1.5.3.
1.5.4.
Synthse ........................................................................................................................ 47
1.6.
1.6.1.
1.6.2.
1.7.
1.8.
CHAPITRE 2.
2.1.
2.1.1.
2.1.2.
Synthse ........................................................................................................................ 60
2.2.
2.2.1.
2.2.2.
2.2.3.
Synthse ........................................................................................................................ 70
2.3.
2.3.1.
2.3.2.
2.3.3.
2.4.
2.5.
2.6.
Vers une stimulation des diffrents aspects du dveloppement durable .......................... 101
CHAPITRE 3.
3.1.
3.2.
Revue des outils de crativit existants Mise en perspective de loutil ASIT................... 109
3.2.1.
3.2.2.
3.3. Les approches SIT (Structured Inventive Thinking) et ASIT (Advanced Systematic Inventive
Thinking) .......................................................................................................................................... 117
3.3.1.
3.3.2.
3.4.
3.4.1.
3.4.2.
Limites dASIT pour lco-innovation en vue dune adaptation en outil EcoASIT ....... 124
3.4.3.
3.5.
3.5.1.
3.5.2.
3.5.3.
Mise en place dindicateurs adapts pour lvaluation des phases didation en coinnovation lors des tests exprimentaux .................................................................................... 133
3.6.
CHAPITRE 4.
4.1.
4.2.
4.2.1.
1re approche : Intgration des dimensions de dveloppement dans loutil ASIT .... 145
4.2.2.
4.3.
4.4.
4.4.1.
4.4.2.
Discussion sur les diffrences entre ASIT et EcoASIT (Version 5) ............................... 174
CHAPITRE 5.
5.1.
5.2. Tester les outils de crativit sur des problmatiques environnementales : Test 1
Luminaire extrieur ................................................................................................................... 181
5.2.1.
5.2.2.
5.2.3.
5.2.4.
5.2.5.
5.2.6.
5.3.
5.3.1.
5.3.2.
5.3.3.
5.3.4.
5.4.
5.4.1.
5.4.2.
5.4.3.
5.4.4.
5.4.5.
5.5.
FIGURE 100 PERCEPTION DES UTILISATEURS SUR LES OBJETS ECOASIT ............................................................................... 202
FIGURE 101 PERCEPTION DES UTILISATEURS QUANT A UNE UTILISATION AUTONOME DE LOUTIL ET LA CLARIFICATION DE LOBJECTIF203
FIGURE 102 PERCEPTION DES UTILISATEURS SUR LA PERTINENCE ENVIRONNEMENTALE ET LORIGINALITE DES IDEES GENEREES ....... 204
FIGURE 103 PERIMETRE DETUDE PRIS EN COMPTE DANS LE TEST 3 .................................................................................... 205
FIGURE 104 FREQUENCE DE GENERATION DES IDEES EMISES PAR LE GROUPE DURANT LE WORKSHOP ........................................ 206
FIGURE 105 VERS LA MISE EN PLACE DUNE BIBLIOTHEQUE DOUTILS.................................................................................. 217
FIGURE 106 VERS UN ACCOMPAGNEMENT DES INNOVATIONS........................................................................................... 218
FIGURE 107 PROCESSUS GLOBAL DE CONCEPTION.......................................................................................................... 219
FIGURE 108 UVRE DE BARBARA KRUGER ................................................................................................................... 221
10
11
TABLEAU 49 COEFFICIENT DIRECTEUR ET COEFFICIENT DE CORRELATION DES COURBES DE TENDANCES SUR LES 3 TESTS ................ 206
TABLEAU 50 VARIETE DES IDEES GENEREES TEST 3 (EN POURCENTAGE) .............................................................................. 207
TABLEAU 51 CRITERE DE PERTINENCE ENVIRONNEMENTALE ET PERTINENCE SOCIALE ............................................................. 216
12
INTRODUCTION GENERALE
13
INTRODUCTION GENERALE
LA NECESSITE DECO-INNOVER
Par nos activits anthropiques et notamment la production dobjets impactant lenvironnement,
notre plante est aujourdhui confronte une dgradation importante de son milieu naturel. Le
rapport rcent du centre danalyse stratgique sur la consommation responsable (Centre danalyse
stratgique, 2011) met ainsi un constat dimportance en soulignant que les amliorations actuelles
qui sont apportes dans les modes de production et dutilisation des ressources ne suffisent pas
enrayer ces dgradations.
Nous sommes donc aujourdhui confronts une urgence environnementale et socitale
ncessitant la remise en cause de nos systmes de production, de nos manires de concevoir nos
offres de produits, de services, mais galement nos habitudes de consommation, nos pratiques et
usages. Le dfi qui se prsente dsormais nous nest pas seulement de trouver et de dvelopper de
nouvelles alternatives plus durables pour satisfaire nos besoins (Mulder, 2007) mais ncessite une
remise en cause systmique et interactive du triptyque Conception/Production/Utilisation dans une
logique de dveloppement durable.
Lune des premires rponses apportes aux problmes poss a conduit la mise en place
dactions curatives, aux fins de rparer les dommages environnementaux causs par les activits
industrielles, comme la dpollution des sols. Les annes 1980, marques par les catastrophes
industrielles de Seveso (1976), Bhopal (1984) et Tchernobyl (1986), ont vu se dvelopper des
approches plus prventives, avec, notamment les rglementations ICPE (Installation Classe pour la
Protection de lEnvironnement), compltes par les directives SEVESO I et SEVESO II, qui ont
rglement davantage les risques majeurs daccidents.
En parallle, avec les normes ISO14001 et EMAS, place a t donne la dimension
environnementale dans les systmes de management des entreprises, avec le souci daider ces
entreprises pour une meilleure gestion de leurs impacts environnementaux.
Dans les annes 2000, nous avons vu se dvelopper une approche intgre, plus oriente vers
le produit, avec linstauration dune politique globale de lUnion europenne (Politique Intgre Produit
- PIP), qui invite notamment au dveloppement de lco-conception chez les industriels, sans omettre
de mentionner des directives plus spcifiques telles que la directive sur la valorisation des vhicules
en fin de vie (directive VHU), ou encore celle dfinissant des exigences dco-conception sur les
produits consommateurs dnergie (directive EuP).
Tout cet ensemble rglementaire, ainsi quune opinion publique de plus en plus sensible aux
questions environnementales ont favoris la prise en compte de critres environnementaux dans la
conception des produits, ou co-conception, et notamment, llaboration et le dveloppement doutils,
de mthodes et de stratgies adapts ces nouveaux enjeux.
En tudiant les premiers articles parus dans la revue scientifique Journal of Cleaner Production,
traitant des problmatiques environnementales en conception, on se rend compte que les stratgies
dco-conception, si elles sont dsormais bien identifies et discutes comme par exemple dans
larticle de Jrgen Hanssen qui, ds 1995, propose 4 grandes stratgies dans ce domaine (Jrgen
Hanssen, 1995), leurs applications restent encore aujourdhui trop limites.
Lune des consquences est que la pratique actuelle de lco-conception tend plutt vers des
amliorations incrmentales, et ne propose que trop rarement de relles alternatives, ce qui aboutit
ne rpondre que partiellement aux dfis qui se posent nous.
Face ces enjeux, les entreprises se doivent dinnover toujours plus pour faire face la
concurrence, avec cette ralit que linnovation doit tre considre comme un facteur essentiel de
dveloppement et de diffrenciation dune entreprise lautre, et que lun des moyens de sortie de
crise actuelle va dpendre de la capacit que nous aurons de transformer nos pratiques courantes,
pour les rendre compatibles avec de nouveaux modles conomiques (Uzunidis, 2004). LOCDE
souligne que linnovation est essentielle pour permettre aux pays et aux entreprises de sortir de la
rcession et de prosprer dans une conomie mondiale aujourdhui fortement concurrentielle et
rticulaire (OCDE, 2010).
14
INTRODUCTION GENERALE
Nanmoins, il nous faut reconnatre que cette recherche de linnovation tout prix a
particip lacclration de la consommation de ressources naturelles, tout en gnrant plus de
dchets. Cette course linnovation des entreprises a ainsi perptu une dynamique de
renouvellement permanent des produits, en faonnant lre du tout jetable , cette re o la
consommation ne se rsume plus de lacquis et de la possession, mais galement toujours plus
de mouvement , et de linsatisfaction cre par larrive sur le march, de manire de plus en
plus frquente, de produits innovants (Bauman, 2008). Thierry Gaudin parle ainsi de rituels
innovateurs (Gaudin, 2008), pour qualifier ces innovations, lesquelles sont programmes et
attendues, avec, pour consquence, lobsolescence programme, dont lobjectif est de stimuler le
renouvellement de lachat par les consommateurs en programmant lobsolescence des produits
(Guiltinan, 2008).
Si, pour diminuer limpact environnemental des produits, les entreprises prennent certaines
mesures, et lon peut citer les oprations de recyclage des produits, la politique gnrale de ces
mmes entreprises continue entretenir une hausse de la consommation de ressources, et de
production des dchets. La conception de produits durables qui serait amene saturer le march
viendrait, ds lors, en contradiction avec la ncessit pour lentreprise de maintenir sa croissance
(Guiltinan, 2008). Pour ces raisons, lenvironnement nest toujours pas peru comme un facteur
diffrenciateur par les entreprises ; ce qui explique quentre 2000 et 2002, seulement 14% des
firmes innovantes de lUnion Europenne plaaient lenvironnement comme facteur-cl dans leur
activit innovante (Reid et Miedzinski, 2008).
Cependant, face la concurrence actuelle, et pour rester comptitives, les entreprises doivent
aujourdhui rpondre la ncessit de mettre en place de nouvelles formes dinnovation et de cration
de valeur par des changements plus systmiques. Linnovation doit ainsi tre considre comme
moteur daction, en mobilisant lensemble des parties prenantes (du citoyen, aux entreprises, ), au
service de la socit.
Pour ce faire, il apparat aujourdhui essentiel de travailler sur de nouvelles approches
(mthodes, outils, organisations) qui tendent vers une innovation plus responsable, favorisant le
dveloppement de produits et services utiles, et qui ont un sens pour la socit.
Cest dans cette logique dapproche que nous avons focalis notre rflexion et dvelopp notre
recherche avec, pour ambition premire de cette thse, de chercher hybrider les approches pour
favoriser linnovation avec celles permettant dencourager le dveloppement durable. Notre
objectif est de dpasser les amliorations incrmentales des pratiques actuelles de lco-conception
pour viser la stimulation et laccompagnement de changements plus radicaux que nous pourrons ainsi
qualifier dco-innovation.
POSITIONNEMENT DE LA THESE
Ce travail a t ralis dans le cadre dune thse CIFRE au sein du Centre de Ressources
Technologiques APESA-Innovation (ex ESTIA-Innovation), spcialis en co-conception, conception
et crativit.
Lencadrement scientifique de cette thse a t effectu dans le cadre dune collaboration entre
plusieurs parties prenantes :
(1) Cette thse est rattache au laboratoire Intgration de Matriaux au Systme (IMS) de
lUniversit Bordeaux 1, au sein de lquipe Ingnierie de la Conception (ICO).
(2) Lencadrement de proximit est assur par ESTIA Recherche, dont le projet scientifique
dune partie de lquipe porte sur linnovation et le management, et notamment ltude des
phases cratives des projets de conception innovante.
(3) Le co-encadrement de cette thse est assur galement par le laboratoire de Supmca
Toulon.
(4) Par ailleurs, il est noter que, du fait de lparpillement des recherches sur les
thmatiques de lco-conception, un Rseau Eco-conception de Systme Durable a t cr,
runissant priodiquement la communaut franaise en co-conception, loccasion de
sminaires. Les principales thmatiques abordes dans ces sminaires concernent :
- LACV et valuation environnementale (mono-critre, multicritres, simplifie ) ;
15
INTRODUCTION GENERALE
-
La fin de vie, et les thmatiques tels que le Design for recycling, remanufacturing, reuse Design for Disassembly / Recycling / Remanufacture, ou encore ltude des Procds de
recyclage, de tri ou de remanufacturing ;
Ltude des co-technologies et co-matriaux ;
Lco-innovation, les Systme Produit Service ou encore le Design For Sustainability.
Notre recherche sest inscrite dans le cadre de ce rseau, et a port, dans le cadre de la
dernire thmatique mentionne, sur ltude des phases de crativit en co-innovation, cest--dire,
le moment o les concepteurs doivent gnrer des ides.
Critre
dintgration
des outils
Processus
dcoinnovation
Systme coinnovant
Exprimentation
Outils dcoconception
Intgration de
lco-conception
en entreprise
Sustainable
behaviour
Eco-conception
Approche
environnementale
Processus
dinnovation
Ecoinnovation
Engineering
design
Processus de
conception
Analyse
environnementale
Sustainable
design
Approche sociale
Social
design
Consommation
responsable
Modle
conomi
que
Conception
prliminaire
Innovation
Outils
dco-innovation
Obsolescence
programme
Crativit
Outils de
crativit
Exprimentation
Critre
dintgration
des outils
Technique
didation
PSS
Domaine majeur
Domaine important
Impact des recherches
Dans le cadre de cette thse, nous proposons des avances sur la comprhension du
processus dco-innovation et, particulirement, sur limportance des phases de crativit en coinnovation.
De ces recherches, nous constatons quelles conduisent un double apport :
Dans un premier temps, nous prsentons ladaptation dun outil de crativit ASIT, pour
Advanced Systematic Inventive Thinking (Horowitz, 1999 ; Horowitz, 2001a ; Horowitz, 2001b) en outil
dco-innovation EcoASIT focalis sur les phases didation. Cette adaptation propose, elle-mme,
16
INTRODUCTION GENERALE
deux types de rsultat : le dveloppement dun ensemble de micro-outils issus des diffrentes
approches empruntes par lquipe de recherche, et le dveloppement dun outil final valid par
lentreprise partenaire. Ce dveloppement de loutil EcoASIT intgre des dimensions
environnementales et socitales dans le processus de crativit ASIT, afin de stimuler efficacement
les concepteurs sur lensemble des axes du dveloppement durable.
Dans un deuxime temps, au terme de cette thse, nous proposons une validation
exprimentale de loutil EcoASIT travers la mise en place dun protocole exprimental qui permet le
dploiement dun ensemble de tests exprimentaux.
Pour conclure, nous souhaitons dans ce mmoire dfendre la thse suivante: lutilisation lors
des phases dco-idation des mcanismes de stimulation dun outil de crativit adapt
(EcoASIT) encourage une rflexion systmique sur les diffrents axes du dveloppement
durable et augmente la performance crative des phases amont des processus dcoinnovation.
STRUCTURE DU DOCUMENT
Afin de rpondre nos objectifs de recherche, et dcrire nos apports, ce document est divis en
5 chapitres.
Dans un premier chapitre, nous ferons un tat des lieux de lintgration de la dimension
environnementale au sein du processus de conception. Pour ce faire, nous identifierons tout dabord
les principales problmatiques rsultant de notre systme de production industrielle, pour mieux faire
apparatre le rle de la conception face ces problmatiques.
Puis, nous focaliserons sur lco-conception, ce qui nous permettra didentifier les principales
limites dans sa pratique actuelle. Cette approche, en deux temps, aura pour finalit de prciser
lobjectif de notre thse, et la ncessit dhybrider ce concept dco-conception avec le processus
dinnovation.
Dans un deuxime chapitre, nous reviendrons sur le concept dco-innovation, en montrant
qu linstar de linnovation, lco-innovation peut se dfinir par le processus qui le supporte, et le
rsultat quil permet datteindre. Cela nous conduira, au dpart, revenir sur la dfinition de lcoinnovation, et souligner le caractre polysmique de cette notion qui sinscrit dans des concepts plus
ou moins globaux. Puis nous alimenterons notre rflexion en nous appuyant sur la notion de produit
co-innovant, travers un ensemble de dfinitions, mais aussi un panel dexemples, ceux-ci illustrant
nos propos et notre perception de lco-innovation.
Ce chapitre sera galement loccasion deffectuer un tat de lart et une revue critique de
lensemble des approches qui ont t dveloppes dans ce domaine sous forme de workshops,
doutils et mthodes qui instrumentent lco-innovation.
Nous montrerons ainsi les insuffisances des outils actuels dco-innovation dans les phases de
gnration dides et ferons le constat que ces outils ne proposent pas assez de mcanismes de
stimulation adapts pour lco-innovation,
Nous aborderons galement la question de lintrt de dvelopper un outil qui stimule
lensemble des axes du dveloppement durable, tels que lapproche socitale, et la rflexion avoir
sur le besoin ou le comportement. Ces dernires rflexions nous permettront de poser notre
problmatique de recherche.
Dans un troisime chapitre, nous exposerons notre approche mthodologique. Pour cela,
nous soulignerons lapport mthodologique de cette thse : le dveloppement dun outil dcoinnovation EcoASIT focalis sur les phases de gnration dides, ainsi que la mise en place dun
protocole pour valuer les phases didation en co-innovation.
Ainsi, ce chapitre nous conduira tudier loutil de crativit ASIT, considr, dans la littrature,
comme un outil valid exprimentalement et le mettre en perspective avec un panel doutils de
crativit. Puis nous proposerons une stratgie dadaptation de loutil ASIT en outil EcoASIT.
Enfin, nous mettrons en place notre protocole exprimental, laide dun jeu dindicateurs nous
permettant dtudier les performances des phases de gnration dides en co-innovation, mais
aussi laide dun questionnaire nous permettant de recueillir la perception des utilisateurs vis--vis
de loutil.
17
INTRODUCTION GENERALE
Dans un quatrime chapitre, nous nous consacrerons au dveloppement de loutil EcoASIT.
Ce chapitre, portant sur la validation thorique de loutil EcoASIT, nous amnera prsenter
laffiliation thorique entre cet outil et loutil de rfrence ASIT. Nous mettrons en valeur lvolution de
loutil, ainsi que les diffrentes approches et versions qui ont t dveloppes tout au long du
processus de recherche. Nous prsenterons les diffrents tests qualitatifs effectus et les
connaissances que nous en avons retires, et qui nous ont permis une meilleure comprhension du
processus dco-innovation issu de loutil EcoASIT.
Enfin, dans ce chapitre, nous prsenterons une version de loutil valide par lentreprise
daccueil de cette thse CIFRE.
Dans un cinquime chapitre, nous prsenterons 3 tests exprimentaux majeurs qui ont t les
principaux jalons de nos recherches. Ces tests auront pour objectif de valider exprimentalement
notre outil EcoASIT, en soulignant ses qualits et ses apports pour un groupe de conception.
Par le premier test, nous comparerons sur des problmatiques environnementales, loutil de
crativit ASIT avec des outils dco-innovation et dco-conception. Nous pourrons confirmer ainsi
lintrt des outils de crativit sur ces mmes problmatiques environnementales.
Par le deuxime test, nous chercherons tudier loutil EcoASIT en total autonomie , cest-dire sans la prsence des chercheurs, la sance de crativit tant anime par des encadrants
pralablement forms sur loutil.
Par le troisime et dernier test, nous prsenterons les rsultats dune sance de crativit
effectue avec loutil valid EcoASIT lors dune sance anime par des chercheurs et avec des
participants novices sur les problmatiques environnementales.
Au terme de ces cinq chapitres, nous conclurons sur les principaux apports de cette thse mais
galement nous soulignerons les principales limites et perspectives de nos travaux.
18
19
Introduction
Dans ce premier chapitre, nous proposons dintroduire le cadre dtude gnrale de cette thse en
prsentant les enjeux de nos travaux de recherche ainsi que leur positionnement scientifique et industriel
dans les diffrents domaines dtude que sont lco-conception, la conception et linnovation.
Dans une premire partie, nous revisiterons le concept global de dveloppement durable et son
appropriation par le monde industriel et acadmique. A partir de cette vue trs large du contexte de nos
travaux, nous nous focaliserons progressivement sur la thmatique particulire de la conception
innovante de produits et services en spcifiant en quoi le domaine de la conception, au sens large, et
plus spcifiquement ltude des processus de conception, peuvent tre une rponse adquate aux
enjeux du dveloppement durable, et aux grands dfis sous-jacents lis notamment la remise en cause
des modes de production et de consommation.
Dans une deuxime partie, nous proposerons un bref tat de lart des diffrentes approches de
lintgration du critre environnemental en conception ainsi que quelques outils qui instrumentent cette
dmarche. Ceci nous amnera prsenter, par la suite, les principales limites des approches actuelles
concernant lintgration de lenvironnement lors des phases de dveloppement et de conception de
nouvelles offres (produits, services, mthodes).
Enfin, dans la dernire partie de ce chapitre, nous introduirons le dernier domaine impact par
notre recherche en proposant une lecture du processus dinnovation et les raisons pour lesquelles
linnovation est ncessaire pour faire face aux enjeux actuels. Ce chapitre vise en effet souligner
limportance dhybrider les processus dco-conception et dinnovation en montrant lintrt dune
intgration plus importante des processus de crativit et dinnovation comme rponse adquate face
aux limites de lco-conception.
20
Les dommages sur lcosystme peuvent se traduire par la dgradation des sols ou encore la
perte de biodiversit. Ainsi, 30% de la surface terrestre sont dsormais converties en aires urbaines ou
semi-urbaines, ayant pour consquence la perte dun tiers de notre biodiversit (animale et vgtale)
depuis 1970 (WWF, 2006). Par ailleurs, on considre que prs de la moiti des sols cultivables serait
dgrade (Latlas de lenvironnement, 2007). Ces dgradations sont des consquences des activits
humaines et sont issues de diffrents facteurs dont lrosion, laltration chimique (acidification des sols,
effluents industriels, salinisation) ou encore une dgradation physique (tassement des sols).
Les dommages sur la consommation des ressources se traduisent par une consommation
excessive de trois ressources principales :
21
Monde
Total
Minerais
mtalliques
Combustibles
fossiles
Biomasse
Quantits
extraites
en 2002
(milliards
de tonnes)
volution
prvisible
2002-2020
(en %)
Quantits
extraites
en 2002
(milliards
de tonnes)
volution
1980-2002
(en %)
volution
1980-2002
(en %)
volution
prvisible
2002-2020
(en %)
55
36
48
22,9
19
19
5,8
56
92
1,8
41
70
10,6
30
39
4,1
12
15,6
28
31
4,5
11
Cette hausse de la consommation, couple une diminution des ressources, entrane une
rarfaction des ressources, qui deviennent ainsi un enjeu majeur (UNEP, 2010). Un rcent rapport du
PNUE souligne que, sans des amliorations notables dans les systmes dextraction et de production
des ressources, il ne sera pas possible de satisfaire les besoins de 9 milliards dindividus en 2050
(UNEP, 2011).
Enfin, lensemble de ces problmatiques environnementales ne peuvent avoir de sens que dans
leur rapport la sant humaine. Les consquences de ces impacts environnementaux sont ds prsent
visibles. En considrant des impacts environnementaux locaux, selon lOrganisation Mondiale de la
Sant, plus de 2 millions de dcs prmaturs peuvent chaque anne tre attribus aux effets de la
pollution de lair extrieur dans les villes, et de la pollution de lair lintrieur des habitations, dont plus
de la moiti supporte par les populations des pays en dveloppement (OMS, 2006). De mme,
concernant leau, 1,1 milliard de personnes souffrent dun accs insuffisant leau potable et 1,8 millions
meurent en raison de son insalubrit (OMS, 2004).
Ainsi pour Louise Vandelac, le dveloppement durable est une invitation intgrer larticulation
des questions de sant et denvironnement au cur des dispositifs publics dans une perspective de
1
justice environnementale .
Le tableau 2 ci-dessous reprend les principaux impacts sur les socits :
Impact
environnemental
Augmentation de
leffet de serre
Diminution de la
couche dozone
Formation
dozone
troposphrique
1
Description
Cet Impact est d aux missions de gaz effet de serre rpertories
par le protocole de Kyoto sont : le CO2, N2O, CH4, SF6, HFC, PFC.
Daprs les rapports du GIEC, les activits anthropiques sont trs
probablement une cause majeure de cette augmentation (GIEC, 2007)
La couche dozone est une couche de gaz prsente dans la
stratosphre et qui a pour principal effet de filtrer les rayons UV du
soleil. Les gaz responsables de sa destruction sont principalement les
hydrocarbures halogns (CFC, HCFC, HFC, HBFC, N2O, etc.). On les
retrouve dans les mousses isolantes, les climatiseurs et rfrigrateurs.
Lozone troposphrique est notamment d la prsence de COV
(Composs Organiques Volatiles). Ces composs proviennent
gnralement des rservoirs de ptrole et d'essence, des procds
industriels et de la combustion d'essence. Les COV peuvent causer
divers effets sur la sant, en fonction du type de composant prsent et
Dommages
engendrs
Climatiques,
conomiques,
sociales,
gopolitiques
Sant humaine,
cosystmes,
conomiques
Sant humaine,
conomiques,
cosystmes
Confrence de Louise Vandelac le 17 novembre 2008, Journe Annuelle de Sant Publique 2008
22
Acidification
Eutrophisation
Epuisement des
ressources
Toxicit,
cotoxicit
cosystmes, sant
humaine,
conomiques
cosystmes, sant
humaine,
conomiques
conomiques,
sociales,
gopolitiques
cosystmes, sant
humaine,
conomiques
23
Si lempreinte cologique semble tre une notion trs rductrice de notre vision de
lenvironnement, elle a le mrite de permettre de quantifier de faon simple notre impact environnemental
et de le mettre en relation avec une valuation des capacits de notre plante. Elle souligne avant tout
nos excs et un dveloppement actuel non soutenable.
Elle appelle par ailleurs le concept de facteur X , qui a pour but de donner une valeur concrte
de facteur de rduction de limpact environnemental et aider ainsi la mise en place des politiques
environnementales. Selon Reijnders, le facteur X est qualitativement similaire aux concepts de
dmatrialisation, dco-efficacit et daccroissement de la productivit des ressources naturelles
(Reijnders 1998). Le facteur X peut donc tre li un produit, un service, un besoin, ou une conomie
globale. Nous trouvons dans la littrature des facteurs allant de 4 50.
Ainsi, la France, durant le Grenelle de lenvironnement qui a eu pour objectif de donner une
nouvelle impulsion la politique environnementale franaise, a notamment conduit la mise en place
3
dune politique de facteur 4 .
Rapport Gnral de M. Thierry Tuot fond sur les rapports des six groupes de travail et des deux intergroupes du
Grenelle, lanalyse des contributions volontaires et les synthses des dbats en province et de la consultation
internet.
4
Lunion europenne a notamment dit un manuel sur les marchs publics cologiques, disponible sur
http://ec.europa.eu/environment/gpp/pdf/buying_green_handbook_fr.pdf (dernier accs Aout 2001)
24
25
26
27
Bnfices environnementaux
- Amlioration des performances
environnementales de
lentreprise
- Respect de la rglementation
- Amlioration de lefficience de
lentreprise (nergtique et
ressources naturelles)
- Amlioration du taux de
recyclage
- Rduction de la pollution
Bnfices en communication
- Mise en place dune image
positive de lentreprise
- Amlioration des relations avec
les clients
- Amlioration des cooprations
avec les partenaires publics
- Amlioration de la
communication avec les parties
prenantes
- Exemplarit envers les
concurrents
Tableau 3 Bnfices externes potentiels de la mise en place dun systme de management environnemental (Hillary, 2004)
Il est noter que lunion europenne a mis en place sa propre norme de Systme de management
environnementale, lEMAS (Eco Management and Audit Scheme), qui savre tre plus restrictive, en
demandant notamment aux entreprises de publier leurs rsultats.
Pour conclure, nous avons souhait, dans cette thse, clarifier 2 types dintgration des critres
environnementaux au sein des entreprises. Ils constituent en effet souvent une premire approche
mme didentifier les impacts environnementaux de manire globale et peuvent tre prcurseurs dune
approche plus cible. Lorsquil sagit dindustries, elles peuvent galement prconiser des approches
cibles sur leurs productions. Une deuxime approche identifie concerne donc lintervention lors de la
conception mme du produit ou du service. Cette thse sinscrit dans cette approche, qui consiste
intgrer les contraintes environnementales directement travers la conception de produits et services.
Cest le sujet de la partie suivante.
28
Cette tape consiste en lidentification des besoins des clients et du march. Elle permet de dfinir
des problmes et des objectifs atteindre. Lun des jalons de cette tape est gnralement la mise en
place dun cahier des charges qui va permettre de bien fixer les spcifications de conception.
La conception gnrale
La conception gnrale consiste en une phase dexploration du problme pos par le cahier des
charges dans le but de proposer des pistes de solutions. Par consquent, il sagit avant tout dune phase
crative, le but tant dexplorer au maximum lensemble des pistes envisages. Cette exploration aboutit
la gnration des ides et des concepts qui seront affins dans les tapes suivantes.
La conception dtaille
La conception dtaille a pour objectif de reprendre les concepts qui sont gnrs et slectionns
et qui, par dfinition, ne sont dfinis que par leurs structures gnrales. Ainsi lobjectif de cette tape est
29
Dveloppement et production
1.3.4. SYNTHESE
En cherchant comparer ces diffrentes approches, lapproche de rflexion-action semble la
plus adapte la gnration des connaissances par la prise en compte des aspects sociaux et
environnementaux et les interactions possibles entre les problmatiques tandis que selon (Visser, 2004)
lapproche rsolution de problme sapplique plus aux phases de conception dtaille. Cette approche
permet en effet de faciliter le processus itratif ncessaire aux processus cratifs, mais aussi de prendre
en compte la complexit des innovations qui, comme nous le verrons par la suite, doivent intgrer une
approche plus globale. Lapproche Rflexion-action est donc assez flexible et adaptable pour
supporter un processus dynamique et une remise en cause permanente du problme.
Ces caractristiques correspondent donc davantage un processus qui prend en compte les
principes du dveloppement durable en conception. Ce processus permet en effet aux concepteurs
dintgrer plus aisment les diffrents enjeux du dveloppement durable (enjeux sociaux et
environnementaux par exemple) et permet aussi de supporter les notions de transfert dimpacts, vues
prcdemment.
30
31
Figure 6 Reprsentation des paramtres influenant les impacts environnementaux (Le Pochat, 2005)
Une approche plus globale est ncessaire pour considrer des gains environnementaux rels
(Cucuzella, 2008). Cette approche globale, qui prend en compte les effets de la consommation ds la
conception des produits, permettrait dintgrer les effets rebonds de diffrents niveaux :
des effets rebonds primaires qui sont focaliss sur le cycle de vie du produit et
correspondent des transferts dimpact entre phases du cycle de vie ou entre impacts
environnementaux. Ces effets rebonds peuvent tre analyss laide dune analyse de cycle de vie
(ACV).
des effets rebonds secondaires qui correspondent laugmentation globale de la
consommation du produit. Ceux-ci doivent tre considrs dans une approche plus globale et
stratgique. Ce principe est illustr sur la figure 7 o lon peut observer une rduction du poids des
8
tlphones portables entre 1994 et 2008 , permettant de penser une rduction de limpact
environnemental du produit. Cependant, le graphique montre que par la diminution du poids et des prix
en parallle, nous avons assist une dmocratisation et une croissance importante du nombre de
tlphones produits, et donc un impact environnemental bien plus important.
des effets rebonds tertiaires qui correspondent des effets psychologiques. Par exemple,
des personnes se sentant concernes par les thmatiques du dveloppement durables peuvent choisir
de consommer un produit uniquement parce quil est co-conu, sans se soucier de la pertinence de leur
besoin et de ce produit (Paech, 2000).
Nous pouvons extrapoler la courbe de la figure 157 avec la premire gnration de cellulaire (1G) apparue en
1986 et pesant presque un kilo
32
Figure 7 Evolution du poids moyen et du volume de production des tlphones portables de 1994 2006
Pour modliser le diagramme propos sur la figure 6, Erlich a propos une quation mettant en
relation la consommation, la population et la technologie (Ehlrich et Holdren, 1972). Cette quation
montre que limpact environnemental est li non seulement aux technologies employes, mais aussi aux
modes de consommation et la population :
Par consquent, la conception responsable doit jouer sur ces trois principes :
-
une amlioration des techniques de production des produits tout au long de son cycle de vie,
une remise en cause des produits en revenant aux besoins mme des consommateurs,
une amlioration du mode dutilisation de ces produits travers le comportement de
lutilisateur et la manire dont les produits sont utiliss.
La dmarche de conception environnementale doit donc sortir du cadre du produit seul pour
imaginer de relles alternatives. Sans une prise de conscience du rle majeur de la conception et une
contribution des concepteurs, les perspectives de transition vers un dveloppement durable ne peuvent
tre envisages (Spangenberg et al., 2010).
33
Paramtre de classification
Frontire spatiale (Niveau dorganisation pris en compte : cycle de
vie du produit, gamme de produit, entreprise, socit)
Frontire temporelle (Dure de vie du produit, dure de vie
humaine, civilisation)
Niveau
dco-efficacit
(Brezet,
1997)
ou
Bnfices
environnementaux (Charter et Chick, 1997) en fonction du temps
Niveau dorganisation
5. Dveloppement durable
Socit
X entreprises
4. Ecologie industrielle
Entreprise
Gamme de produit
Fin de vie
3. Eco-conception
Design For Environment
Lif e Cycle Design
Usage
Fabrication
1. Ingnierie
environnementale
Fabrication
Usage
2. Prvention
de la pollution
Fin de vie
Civilisation
Echelle de temps
34
Charter
Brezet se focalise notamment sur les diffrents types dinnovations et leurs co-efficacits
potentielles.
Ainsi, le niveau 1 dinnovation correspond lamlioration incrmentale dun produit. Par similitude,
Charter le nomme Re-PAIR . Il sagit donc avant tout de rparation des dommages dj tablis. Ce
premier niveau se positionne sur un produit dj tabli et dont la marge de manuvre est trs faible. Par
exemple, un produit peut tre amlior par lintgration de matriaux recyclables.
Le niveau 2 concerne la re-conception dun produit, ou Re-FINE . Dans ce cas, le produit peut
tre repens en vue dune re-conception moins impactante sur lenvironnement. Les marges de
manuvre sont donc plus grandes. Par exemple, au-del de lintgration de matriaux recyclable, cette
tape revient re-concevoir le produit en vue de faciliter son dmantlement. Le produit est donc
repens pour favoriser une fin de vie moins impactante.
Le niveau 3 concerne une innovation fonctionnelle sur le produit. Par similitude, cela revient au ReDESIGN de Charter. Dans ce cas, le processus doit dmarrer en amont du processus de conception pour
redfinir la fonction mme du produit et y rpondre de manire moins impactante. Ce niveau remet donc
en cause la structure mme du produit. Par exemple, ce niveau peut conduire imaginer un produit
beaucoup plus modulable afin de permettre damliorer la dure de vie mme du produit. Dans ce cas, le
produit est totalement repens et la problmatique de fin de vie est aborde totalement diffremment.
Le niveau 4 est le plus audacieux. Il correspond au Re-THINK de Charter et concerne avant tout
une innovation sur le systme. Il semble donc tre plus compliqu au niveau industriel car il demande
lintervention de nouvelles parties prenantes, telles que les institutions ou de nouvelles entreprises, mais
ncessite aussi un profond changement culturel de la socit. Ce dernier niveau reviendrait dans notre
exemple mettre en place un systme de services de partage ou dchange entre utilisateurs de produits
en vue dtre rpars. On se rend ainsi bien compte que lentreprise seule ne peut agir. Cela ncessite
35
Niveau
Reconception des
produits et services
Innovation
fonctionnelle
Innovation
institutionnelle
Innovation du systme
Modification du
produit
Modification de
linfrastructure
Modification dans le
comportement de
lutilisateur
Nulle ou mineure
Non
Non
Importante
Nulle ou mineure
Mineure
Nulle ou mineure
Importante
Importante
Importante
Importante
Importante
Tableau 5 Caractristiques des diffrentes catgories dinnovation dfinies par Brezet (Ehrenfeld, 2008)
36
37
Innovation
1. Reconception.
2. ACV,
Modification sur
le cycle de vie du
produit
3. Modification du
concept,
dmatrialisation,
nouvelles
manires de
rpondre aux
besoins
4. Modification
des
infrastructures,
dans
lorganisation des
socits, des
institutions, de
lconomie
38
Intgration de lenvironnement
Envisager les aspects environnementaux
Formuler les exigences environnementales
Brainstorming
Analyse oriente cycle de vie
Finaliser les spcifications du produit en incluant
le cycle de vie
Vrifier les spcifications environnementales
Communiquer sur les aspects environnementaux
Prendre en considration le cycle de vie
39
Lapproche multicritre
Lapproche globale
Cette notion consiste considrer non pas un produit seul, mais un systme de produits. En effet,
un produit nest jamais isol mais au contraire fait partie dun systme global de produits auxiliaires, de
consommables et de services.
Lco-conception correspond donc en ralit diffrentes approches telles que lanalyse
environnementale, le Design For Environment (DFE) englobant galement des approches DFX (Design
for Assembly/disassembly, Design for Recycling,), et qui aboutissent gnralement des propositions
ou des pistes damliorations afin de reconcevoir le produit.
Parmi les outils quantitatifs, lanalyse de cycle de vie (ACV) est la plus reconnue dans les
communauts scientifique et industrielle.
LACV se dfinit suivant la norme ISO 14 040 comme une compilation et valuation des entrants
et des sortants, ainsi que des impacts potentiels environnementaux dun systme de produits au cours de
40
La matrice MET a t conue avec lobjectif de faire linventaire des principales informations
environnementales concernant un systme, en un minimum de temps et defforts (Brezet et Van Hemel,
2007). Cet outil est constitu dune matrice qui recueille les informations en fonction de la phase du cycle
de vie concerne et selon 3 types dimpacts environnementaux :
Le cycle des matriaux : cette catgorie recense le type de matriau utilis, la
consommation de ressources ou encore la gnration des dchets ;
Lutilisation dnergie : cette catgorie recense la quantit et le type dnergie utiliss sur
chaque phase du cycle de vie ;
Les missions toxiques : cette catgorie recense lensemble des missions toxiques tout au
long du cycle de vie du produit, quelles soient dans leau, lair ou le sol.
Alors quinitialement la matrice MET distinguait seulement trois tapes sur le cycle de vie
(Production, Utilisation et Fin de vie), on retrouve dsormais une distinction des 5 principales tapes.
41
Lapproche ESQCV est une approche dveloppe en France, qui reprend et gnralise les
principes de la matrice MET, tout sinspirant fortement de la dmarche ACV. Le cadre gnral de
lESQCV est dfini dans le document FD X 30-310 de lAFNOR.
Cette approche repose sur 3 tapes principales :
(1) Une premire tape, tout comme lACV, concerne lidentification de lobjectif de ltude ainsi
que la dfinition de lunit fonctionnelle.
Lors de cette tape, lvaluateur est appel galement identifier les principaux problmes
environnementaux du produit tudi. Ces problmes environnementaux, indics Pi, correspondent en
ralit au terme plus spcifique d impacts environnementaux (dans lexemple de la figure 13 cidessous, ces problmes environnementaux sont : pollutions et dchets, puisement des ressources
naturelles, bruits et odeurs). Nous remarquons ainsi que lapproche ESQCV accorde, dun ct, plus
de libert lvaluateur en lui laissant lidentification du problme, mais dun autre ct, elle sappuie
davantage sur son expertise. Cette tude demande donc une recherche approfondie, en amont, des
problmes pertinents sur le produit tudi..
(2) Une deuxime tape concerne la visualisation des contributions des tapes du cycle de vie
sur ces diffrents problmes, comme illustr dans la figure 14.
(3) Enfin, dans une troisime tape, lapproche ESQCV demande par la suite des donnes
chiffres sur ces problmes puis des solutions pour les rsoudre.
Extraction
des
matires
premires
Production
Distribution
Utilisation
Traitement
du produit
Transport
P1
Ex : pollutions et
dchets
P2
Ex : puisement
des ressources
naturelles
Pi :
Ex : bruits,
odeurs
Figure 14 Exemple de matrice ESQCV
42
Destin prioritairement aux PME, loutil ATEP et la mthode MAEICO qui en rsulte, ont t
dvelopps par (Le Pochat, 2005), qui propose une dmarche complte dco-conception.
Le logiciel ATEP est en effet une mthode dco-conception intgre qui propose une valuation
du produit afin de hirarchiser les tapes du cycle de vie les plus impactantes dans le but de soumettre
des pistes de reconception.
Il sagit donc dun algorithme qui repose sur le principe dune analyse typologique des produits
permettant de hirarchiser limportance des aspects environnementaux.
Ces aspects environnementaux sont : les Matires premires, la Fabrication, lUtilisation, lAspect
recyclabilit de la fin de vie, lAspect substances dangereuses de la fin de vie, les Transports et les
Emballages.
ATEP propose donc au concepteur de rpondre un jeu de questions concernant lentreprise et le
produit en question, sous forme qualitative et quantitative. A partir de ce questionnaire, le logiciel peut
ainsi hirarchiser les 7 aspects environnementaux et dans un dernier temps proposer un ensemble de
Ligne Directrices dans un souci de reconception du produit (figure 15). Par exemple, une ligne
directrice peut tre : Eviter les matriaux ayant un contenu nergtique lev (ex : aluminium pour des
produits dure de vie courte, ) .
Le logiciel ATEP propose, plus gnralement, une dmarche allant de lvaluation du produit par
une hirarchisation des impacts environnementaux, des pistes de solutions en vue dune reconception
du produit. Cet outil prsente lintrt dtre simple, rapidement comprhensible et appropriable, grce
notamment une valuation du produit se rduisant un questionnaire.
Outre ce logiciel, un ensemble doutils dco-conception a t labor (guideline, checklist,
diagramme). Nous verrons plus spcifiquement dans ltat de lart du chapitre 2 certains de ces outils que
nous analyserons suivant une grille de lecture spcifique notre thmatique de lco-innovation.
43
44
Pre-design
Re-THINK
Industrial
design
Re-DESIGN
Engineering
design
Post design
Re-FINE
Re-PAIR
Les innovations permettant des bnfices environnementaux les plus intressants, correspondent
aux tapes Re-THINK et Re-DESIGN des phases amont de projet (Pre-design et industrial design).
Les dmarches existantes en co-conception, et en particulier les outils dco-conception qui ont
t dvelopps, sont trs largement conduites lors des dernires tapes du processus de conception
(Sherwin, 2000 ; McAloone, 2000 ; Jones, 2003).
Or comme nous lavons vu il est reconnu que les phases amont de projet sont primordiales pour
orienter le processus vers des stratgies soutenables (Jones, 2003).Nous savons en effet que la capacit
dinfluencer la performance environnementale sur lensemble du cycle de vie dun produit chute
extrmement vite en fonction de lavance du projet (figure 17). Les phases amont de projet se
caractrisent notamment par la faible quantit de donnes dont disposent les concepteurs qui doivent
galement accepter le caractre souvent incertain des donnes et des informations disponibles.
Figure 17 Influence de lavance du processus sur la capacit influencer les cots du cycle de vie (Dewulf, 2003)
Les outils dvelopps sont donc souvent inadquats pour les phases amont de conception car
ils requirent souvent une quantit importante de donnes, en particulier en ce qui concerne les outils se
basant sur une analyse environnementale (Lagerstedt, 2003 ; Kobayashi, 2006). Cette intgration trop
tardive de lco-conception entrane par ailleurs des freins et des limites dans son utilisation par les
industriels.
Nous pouvons tablir un parallle avec les mtiers de lergonomie. En effet, (Minel et al., 2006),
montrent par exemple que lergonome lorsquil est appel, propose souvent une remise en cause du
produit en identifiant des problmes de conception, alors que le concept est dj valid. Les seuls
45
DECONTEXTUALISEE
VERS
UNE
APPROCHE
PLUS
Les conceptions prliminaires ont pour objectif ltude dun produit ou dun service dans son
environnement et dans son contexte dutilisation.
Cependant, les pratiques actuelles de lco-conception semblent relativement dcontextualiser le
produit. Souvent, le produit nest pas peru comme un lment dynamique voluant dans un contexte
social et culturel mais plutt comme un lment fig dans son unit fonctionnelle, universel, sans rapport
avec lutilisateur.
Cette dcontextualisation sexplique par un focus apport gnralement sur les technologies au
dtriment dune analyse des usages et des fonctionnalits mme du produit.
En effet, la plupart des outils dco-conception visent minimiser les impacts environnementaux,
en gardant les fonctionnalits inchanges (Lagerstedt, 2003). Or on sait bien que les performances
environnementales dpendent largement des fonctionnalits mme du produit et des usages.
Il est donc important de reconsidrer le produit, ses usages, et les fonctions quil remplit vis--vis
de lutilisateur. On peut par exemple prendre comme illustration lune des tendances actuelles qui prne
la multifonctionnalit des systmes. Lune des justifications possibles serait quun objet multifonctionnel
permet doptimiser limpact environnemental en regroupant en une seule entit diffrents produits
remplissant des fonctions spares. Il sagit notamment des tlphones portables qui dornavant font
office dappareil photo. Nanmoins, ces mmes tlphones nempchent pas dacheter des appareils
photo sparment. Travailler sur la fonctionnalit dun produit ne se traite pas en fonction quivalente ,
ou en ajout de fonctions , mais plutt en ajustement . Le contexte dutilisation est donc primordial.
Il est aussi important de considrer le contexte socio-culturel dans lequel volue le produit ou le
service considr. Lilley et Lagerstedt soulignent que la fonction du produit ne peut se justifier quen
comprenant le cadre dans lequel volue le produit. Limportant est avant tout dtudier le contexte, et de
ne pas se focaliser uniquement sur le produit (Lagerstedt, 2003 ; Lilley, 2007). Cette limite fait cho la
difficult de bien dfinir ce quest un produit co-conu qui est notamment li la prise en compte dun
contexte gographique, temporel et culturel.
Prenons le cas dune voiture de type petite citadine . Si lon fait lhypothse que ce produit
bnficie largement des pratiques dco-conception, peut-on nanmoins parler dune voiture co-conue
si cette voiture citadine est utilise dans de grandes villes disposant dalternatives plus durables telles
que des solutions de transport en commun ?
Un produit co-conu ne peut donc se dfinir de manire universelle et intrinsque mais plutt
dans une logique de qualification extrinsque lie notamment aux contextes et aux usages associs.
Si une dmarche dco-conception sattache uniquement des principes environnementaux et des
chelles trop restreintes, il y a un risque de ne pas considrer certains impacts et notamment les impacts
sociaux potentiels (Knight et Jenkins, 2009). On peut citer par exemple le cas des matriaux lectriques
qui se retrouvent rgulirement dans les pays en voie de dveloppement o les habitants utilisent des
processus dangereux pour extraire les matriaux recyclables (Associated Press, 2007).
Ainsi, lintroduction dun produit peut avoir des multiples rpercussions une chelle locale,
nationale ou internationale (Cucuzella, 2008).
46
Integration of functions
Energy-efficient logistics
Dematerialisation
Safer incineration
Recyling of materials
Re-use product
Classic design
Reduction in weight
Recycled materials
Renewable materials
Cleaner materials
Cleaner consumables
10
20
30
40
50
60
70
80
10 20 30 40 50 60 70 80 90
1.5.4. SYNTHESE
Nous avons cherch dans ce paragraphe souligner les limites dans les pratiques actuelles de
lco-conception. Entre lurgence environnementale vue dans le premier paragraphe, et les solutions
proposes dans le prsent paragraphe, nous voyons que nous ne pouvons envisager datteindre un
quilibre.
Par son intgration tardive dans le processus de conception, et par sa focalisation sur les enjeux
purement environnementaux et limits au produit mme, lco-conception routinire engendre
souvent des modifications techniques sur les produits et ne favorise donc pas lclosion de changements
plus radicaux. Pour atteindre les objectifs dun dveloppement durable, la plupart des tudes montrent le
besoin dinnover et de proposer des ruptures afin de raliser des objectifs qui ne seront pas atteignables
par des trajectoires asymptotiques damliorations continues. Il est ncessaire dsormais dintgrer de
nouvelles approches pour rpondre ces nouveaux dfis (Panarotto, 2010).
Ainsi, notre hypothse initiale est de considrer que le dveloppement de nouvelles offres
(produits, services, usages) performantes au regard du triptyque dvaluation (conomique,
environnemental, social) du dveloppement durable, demande tre apprhend comme un processus
complexe dinnovation au sein des parties prenantes.
Il convient alors de complter notre tat de lart en analysant les approches existantes
concernant laccompagnement des processus dinnovation et de conception innovante. Cest lobjet du
prochain paragraphe.
47
Nous traiterons plus spcifiquement lapproche de la crativit et des outils qui linstrumentent dans le chapitre
3 de ce mmoire.
48
49
Innovations
Changement
qualitatif dun
produit/process
Ex: boite de vitesse
automatique, air
conditionn
45%
23%
Innovations lies
aux dcouvertes
scientifiques
Ex: transistor,
pnicilline
0,3%
Innovations
cration dun
nouveau concept
Ex: circuit intgr,
Ordinateur personnel
4%
Innovations
Changement radical
dun produit/process
Ex: stylo bille, VTT
19%
Innovations
amlioration
dun produit/process
32%
77%
Comme nous lavons vu prcdemment, notre objectif est de tendre vers des changements
radicaux, ce qui implique des innovations de rupture. Il est donc important de bien dfinir les
caractristiques du processus dinnovation permettant datteindre cet objectif. Verzyer a notamment
travaill sur les innovations radicales, et en a dduit plusieurs caractristiques essentielles sur le
processus dinnovation (Verzyer 1998). Cinq de celles-ci paraissent majeures :
Une innovation radicale entrane une grande part de risque et volue dans un contexte de
grande incertitude ;
Une innovation radicale doit tre moins focalise sur le consommateur mais demande une
vision plus systmique ;
Les phases amont de projet sont essentielles pour obtenir une innovation radicale ;
Le processus de conception doit tre moins formalis, moins rationnel et doit permettre une
itration entre les diffrentes phases de conception ;
Le point de dpart du processus de conception, savoir les informations manipules en
phase amont de projet sont des lments majeurs pour linnovation radicale.
50
Cette thorie prsente donc lavantage de pouvoir sappliquer tout domaine de la conception
innovante. La premire tape consiste en la formalisation dune proposition initiale sous forme dun
concept C0 (dans le cas dun processus de rsolution de problme, celui-ci devra donc tre traduit sous
forme de concept). Ce concept est donc issu dune disjonction KC (1 sur la figure 21). Cette
disjonction doit rpondre deux principes : (1) que tous les termes de cette proposition appartiennent
des propositions de K, et (2) que cette proposition nait pas de statut logique, sinon elle serait une
connaissance de K. Parce quelle appartient au domaine des concepts, cette proposition na pas de statut
logique. Elle est neutre, ni fausse ni vraie.
Le raisonnement de conception peut donc se poursuivre. Pour cela, la thorie C-K propose
dajouter ce concept initial des attributs, des proprits qui sont issues du domaine des connaissances.
Ces proprits, qui agrmentent le concept C0, permettent ainsi lexpansion du domaine des concepts en
proposant de nouveaux concepts.
A partir de ceux-ci, deux possibilits sont envisageables:
Soit les concepteurs peuvent considrer quils savent comment concevoir lun de ces
concepts, dans ce cas, ce concept acquiert un statut logique, il est vrai et il devient une
connaissance. Le raisonnement de conception peut sarrter. On obtient une conjonction CK
(4 sur la figure 21).
Soit ces concepts sont neutres , auquel cas il est ncessaire de prolonger le
raisonnement en effectuant une nouvelle partition laide des connaissances.
La thorie C-K implique donc plusieurs oprateurs qui permettent soit une interaction entre les
deux domaines (oprateurs externes), soit une expansion des domaines (oprateurs internes). Ces
oprateurs forment le design square (Hatchuel, 2004) (figure 22).
51
52
53
54
55
Introduction
Lco-innovation nest pas un concept rcent mais il a pris de lampleur ces dernires annes.
Depuis les annes 1990 et les travaux prcurseurs de Fussler, travers le livre Driving coinnovation (Fussler et James, 1996), et jusquaux travaux rcents de lOCDE (OCDE, 2009), le
concept dco-innovation a largement volu, couvrant ainsi, selon les dfinitions, de lespace des
innovations purement technologiques, jusqu celles de nature sociale des innovations socitales.
Lobjectif de ce chapitre est, ds lors, dtudier plus prcisment le concept dco-innovation et,
plus gnralement de prsenter notre vision dans le cadre du dveloppement durable.
Pour ce faire, nous proposons dans un premier temps un tat de lart des recherches actuelles
sur la notion mme du principe dco-innovation.
Nous montrerons ainsi que si linnovation se caractrise par une sanction positive par le
march, lco-innovation demande aussi une externalit positive dordre environnemental de mme
quune sanction positive par lensemble des parties prenantes.
Aprs avoir tudi lco-innovation en tant que processus, nous ltudierons en tant que
rsultat. En effet, si lco-innovation est notre objectif, il parat essentiel de pouvoir projeter notre
rflexion sur ce que nous entendons par produit ou service co-innovant.
Pour cela, nous proposerons notre point de vue travers un panel dexemples que nous
considrerons co-innovant .
Dans un second temps, nous proposerons le rsultat de notre tat de lart sur les outils et
mthodes qui instrumentent lco-innovation. Et, dans ce but, nous prsenterons des tudes globales
travers diffrents cas dtudes effectues en entreprises, puis, plus spcifiquement, nous
prsenterons les diffrents outils dco-innovation dvelopps.
Pour conclure, nous prsenterons les deux problmatiques de recherche rsultant de notre
analyse.
56
57
Thmatique
Parties prenantes
Externalit positive
Motivations
Motivations socitales et
environnemental en plus des buts
classiques
58
Green design
Eco-design
Sustainable
design
Niveau
Type
Micro-level
Approche process
Vision industrielle avec
des solutions courtterme
Meso-level
Approche produit
Vision globale avec des
solutions court et
moyen-terme
Macro-level
Approche Systme
Vision plus globale
avec des solutions
court, moyen, long et
trs long terme
Stratgie
Approche qui comprend avant tout des
solutions end-of-pipe .
Le travail est focalis sur la rduction des
missions de polluants du processus de
fabrication
La motivation est avant tout le respect des
rglementations
Approche stratgique qui considre tous
les niveaux de lentreprise.
Tous les impacts environnementaux sont
pris en compte et les actions entreprises sont
partie intgrantes de la politique de lentreprise.
La motivation de lentreprise est de se
diffrencier de ses concurrents et de respecter
la rglementation
Approche globale qui considre les
aspects environnementaux, sociaux, culturels et
thique.
Dans cette approche, lorganisation nest
plus isole mais considr comme une partie
intgrante de lenvironnement global et de la
socit qui lentoure
La motivation est ici en phase avec les
principes de dveloppement durable
59
On remarque donc que pour tendre vers lco-innovation et au sustainable design , il est
ncessaire de sortir de la vision technique du produit pour travailler sur des notions plus abstraites,
telle quune meilleure prise en compte du comportement de lutilisateur.
2.1.2. SYNTHESE
En synthse, nous constatons que toutes ces dfinitions permettent de saisir la complexit et la
diversit du concept-mme de dveloppement durable . Elles montrent galement une grande
polysmie dans lanalyse de ce concept.
Cette complexit, pouvant engendrer une certaine confusion, peut notamment tre constate
dans les tentatives deffectuer une taxonomie de lco-innovation. Ainsi, le rapport tabli dans le cadre
du projet Measuring eco-innovation, propose dy intgrer des technologies environnementales
jusquaux modifications conomiques (Kemp et al., 2009). Tout ce qui peut se rapporter, de prs ou
de loin lenvironnement est considr comme co-innovation, montrant ainsi la faiblesse dans
lanalyse thorique du concept.
Par ailleurs, ce mme rapport propose dintgrer dans lco-innovation toutes les innovations
co-efficientes, depuis le modle conomique jusquaux centrales charbon co-efficientes. Il
demande avant tout une tude au cas par cas, avec comme lment discriminant une tude
environnementale et une tude des risques associs. Nanmoins, ces comparaisons, dans le cas
dinnovation radicale, ne peuvent tre faites.
Pourtant, si cette subjectivit dans linterprtation dun produit ou service co-innovant peut tre
considre comme une faiblesse thorique, car elle risque dentrainer des abus dinterprtation, de
rcupration et de communication de la part des parties-prenantes, cette-mme subjectivit est aussi
une force car elle est une opportunit lexpression de solutions possibles, et diverses, permettant de
se rapprocher des idaux-types du dveloppement durable.
Notre tat de lart sur le concept dco-innovation souligne quil ne faut pas considrer
lensemble de ces approches comme opposes, ou comme ayant des frontires ou avec des
frontires tanches, avec dun ct lco-conception et de lautre extrme le sustainable design .
60
DUNE
ECO-INNOVATION
EN
TANT
QUE
Aprs avoir abord les diffrentes dfinitions de lco-innovation en tant que processus et les
diffrents concepts qui lui sont associs, nous avons souhait dans un second temps, adopter une
approche de type bottom-up , en exposant certains exemples dco-innovation recenss ici en tant
que rsultat sur le march, ou qui sont en cours de dveloppement. Ces exemples contiennent les
lments caractrisant une co-innovation.
En effet, il est important de se nourrir de lensemble des connaissances mme de
caractriser, et de diffrencier, les co-innovations quelles soient radicales, incrmentales,
architecturales, et ce, avec lobjectif de pouvoir crer une vision raliste des moyens pour co-innover
(Hellstrm, 2007).
Pour ce faire, nous avons labor, une grille de lecture des offres (produits, services)
qualifies dco-innovations. Cette grille a t construite laide des diffrentes caractristiques et des
classements retrouvs dans la littrature scientifique.
La question premire se poser est de dterminer comment qualifier une offre (produit,
service) co-innovante.
A travers son tude bibliographique, OHare, dfinit un produit co-innovant en ce quil rduit
significativement les impacts environnementaux, en comparaison avec un produit alternatif :
An eco-innovative product is one that is significantly less environmentally harmful than the use
of relevant alternative products. (OHare, 2010). Il prcise, par cette dfinition, que le significatif
manque de prcision, car il peut donner lieu diffrentes interprtations en fonction des entreprises
concernes. Il nen reste pas moins que les caractristiques quil recense reprennent le caractre de
61
62
Dans ses travaux, Hellstrm propose quant lui une analyse suivant 3 dimensions (Hellstrm,
2007) :
(1) La premire dimension est la graduation propose par Schumpeter, savoir : si
linnovation consiste en lintroduction dun nouveau bien, lintroduction dune nouvelle mthode de
production qui na pas encore t teste dans le domaine dapplication concern, louverture dun
nouveau march, lappropriation dune nouvelle source dapprovisionnement de matire premire ou
semi-manufacture, la mise en place dune nouvelle organisation.
(2) La deuxime dimension rside dans la diffrenciation entre les niveaux dinnovation,
savoir : sagit-il dune innovation incrmentale, c'est--dire une amlioration dun systme existant, ou
dune innovation radicale avec une modification profonde dun systme ?
(3) La troisime dimension correspond au type de modification propose par linnovation :
une modification dun composant uniquement ou une modification du systme.
Le tableau 10 ci-dessous recense alors les principales composantes dun produit co-innovant
trouv dans la littrature.
Auteur
Hellstrm, 2007
OCDE, 2009
Manzini, 2006
Ohare (issus de diffrents
travaux), 2010
Caractristiques proposes
Type dinnovation selon la classification de Schumpeter
Innovation incrmentale ou radicale
Niveau dinnovation (composant ou architecturale)
Cible de linnovation (produits, procds, mthodes de
commercialisation, organisations, institutions)
Mcanisme (modification des pratiques, reconception,
remplacement, cration de nouvelles pratiques)
Types dimpacts environnementaux
Dimension design (Composant, sous systme, systme)
Dimension utilisateur
Dimension Systme produit-service
Implication de linstitutionnel
Rduction en consommations de ressources naturelles
Amlioration du contexte dutilisation
Rduction de limpact environnemental
Nouveaut
63
Type dinnovation
(Hellstrom, 2007, OCDE, 2009)
Potentiel de rduction dimpact
environnemental
(OHare, 2010 ; OCDE, 2009 ;
Manzini, 2006)
Intgration de la dimension
utilisateur
(Carillo-Hermillosa et al., 2010)
Niveau systmique de
linnovation
(Helltrom, 2007 ; Carillo, 2010 ;
OCDE, 2009)
Amlioration du contexte de
linnovation
(Manzini, 2006)
Intervention des institutions
(Carillo-Hermillosa et al., 2010)
Explication
La nouveaut porte sur un produit, un service, un processus de
conception, une nouvelle organisation, un nouveau march ou
usage
Quels sont les bnfices environnementaux potentiels ?
Linnovation permet ou engendre une modification du
comportement de lutilisateur
Linnovation porte sur un composant du produit, sur une partie
du produit, sur lensemble du systme sur lequel est insr le
produit ou sur lenvironnement global.
Quels sont les impacts potentiels sur le contexte dans lequel
sinsre linnovation ?
Linnovation est-elle envisageable sans intervention des
institutions (administration, rglementation, normalisation,
aides financires ) ?
Nous avons choisi de ne pas prendre en compte laspect incrmental ou radical de linnovation,
sur lequel il est difficile de se positionner, ou de quantifier, car il apparait en quelque sorte comme une
consquence des diffrentes caractristiques proposes.
Il sagit dun projet de conception de mobilier urbain qui tient compte des paramtres
cologiques, conomiques et sociaux dun territoire donn (Marin et al., 2008).
Ce projet a pour origine le problme environnemental caractristique des les Canaries,
savoir la difficult de traitement des dchets industriels, et notamment des dchets issus des
entreprises du BTP. Le rsultat recherch consiste, en particulier, en la mise au point de nouveau
mobilier urbain dont un banc public fait partir de gravas de btons, comme illustr dans la figure 25
ci-aprs.
La premire tape a consist en llaboration dune rflexion engage dans le cadre dun
campus citoyen CVAG (Campus de Verano de las Artes de Gua) organis par la ville.
Cette rflexion, ainsi que les enqutes menes travers lagenda 21 local, ont permis davoir
une reprsentation de la perception des habitants de leur village, et de recenser une srie daspects
environnementaux et sociaux. Les donnes recueillies ont permis de mettre en exergue deux
problmatiques apparentes :
Pour les aspects environnementaux, la collecte et la valorisation des dchets ;
Pour les aspects sociaux, labsence despace commun (parcs, jardin commun ), ainsi
que labsence de travail.
64
Ce projet illustre bien nos propos sur lco-innovation, travers le processus mis en uvre
pour lobtention du produit final.
Il souligne lintrt de lier le problme au contexte spcifique du produit, et se fonde sur le
principe de communaut crative , cest dire un groupe de citoyens qui sauto-organise pour
rsoudre un problme ou pour entrouvrir dautres perspectives, en les abordant de manire positive,
et dans un processus dapprentissage social sinscrivant vers le dveloppement durable (Manzini,
2006).
Ce projet prsente galement une forte dimension environnementale et sociale. Tout en
rduisant limpact environnemental du produit tout au long de son cycle de vie ( travers lemploi de
matriaux faiblement impactant, une fabrication uniquement manuelle, un produit modulable,
totalement dmontable et recyclable par une entreprise locale), il permet damliorer une relle
perception sociale de la valorisation des dchets.
Enfin, il considre la dimension socitale du produit en favorisant lducation la citoyennet et
en visant la mise en place de formations pour les adultes dans les mtiers lis au produit (bniste,
soudure ).
Pour finir, dun point de vue conomique, il permet une rduction des cots de lentreprise
gnratrice des dchets par une nouvelle source de revenu et les dchets comme matire premires.
65
Dans sa thse, OHare reprend cet exemple comme produit co-innovant (OHare, 2010), en
soulignant deux donnes intressantes:
La premire est que ce produit dmontre la possibilit de coupler des bnfices
environnementaux avec des bnfices fonctionnels. En effet, il permet de remplir sa fonction (scher
les mains) en moins de temps quun produit classique, tout en rduisant significativement son impact
environnemental. et en particulier sur la phase dutilisation avec une conomie dnergie de 80%. Par
ailleurs, Dyson met en place des filires de recyclage pour son produit.
La deuxime est que ce produit permet de se focaliser et de revenir la fonction mme
du produit, scher les mains , plutt que damliorer une fonction existante de chauffage tel que le
font la plupart des soufflants du march.
2.2.2.3.
Par rseaux alternatifs dalimentation locale , nous regroupons lensemble des initiatives qui
ont permis de favoriser la mise en relation immdiate entre les producteurs et les consommateurs.
Ces initiatives peuvent aussi tre reprises, dans leur ensemble sous le nom de Short Food
Supply chain (Watts et al., 2006).
En France, ces alternatives aux circuits alimentaires de grande consommation se sont traduites
13
notamment par la mise en place des AMAP (Associations pour le maintien de l'Agriculture
Paysanne) qui sont selon la charte qui a t mise en place, dfinies ainsi :
10
http://www.dysonairblade.co.uk/technology/default.asp
http://www.carbontrust.co.uk/about-carbon-trust/case-studies/carbon-reduction-label/pages/dyson.aspx
12
Source : http://www.dysonairblade.fr
13
AMAP est lun des nombreux rseaux. Il est anim par Alliance Provence
11
66
2.2.2.4.
La valorisation du bton
Ce projet est issu dun constat qui montre que dune part, les fournisseurs de bton industriel
doivent jeter ou recycler quotidiennement une quantit non ngligeable de bton qui nest pas utilis
et dautre part, il existe de nombreux particuliers ou responsables de petits chantiers (mairies,
associations, agriculteurs, collectivits locales) ou des petites entreprises qui ncessitent seulement
quelques mtres-cube de bton pour des applications minimes (amlioration daccs, remblais, ...).
15
Ainsi, la plateforme dchange Kypple permet de valoriser ce bton non utilis directement
auprs de ces utilisateurs. Pour cela, ceux-ci sont invits entrer dans une base de donnes la
quantit dsire, leur disponibilit et le prix qu'ils sont prts y consacrer. Kyyple met alors en
contact, en temps rel, la personne qui doit jeter son bton avec celle qui en a besoin.
Lintrt de la dmarche rside dans la mise en contact de diffrentes parties prenantes,
lesquelles nvoluent pas sur les mmes quantits de bton utilises. Il se cre ainsi un vritable
partenariat, donnant la possibilit aux petits utilisateurs davoir accs un bton moindre frais,
tandis que, pour les groupes industriels, ce partenariat un effet galement positif en valorisant leur
excdent de bton.
Ainsi, les bnfices attendus sont une rduction des dchets et de consommation de matires
premires.
14
15
67
Les exemples de Xerox et de lentreprise Electrolux font partie des cas emblmatiques
dentreprises dont le modle conomique est pass de la vente dun produit sa location. Ces
entreprises ne vendent plus un produit aux consommateurs, mais uniquement, le service rendu. Ce
modle offre plusieurs avantages : lutilisateur a lassurance davoir un produit qui fonctionne en
permanence. De son ct, lentreprise, par le fait quelle reste propritaire du produit, doit concevoir
des produits en vue doptimiser leur fonctionnement et leur dure de vie, pour en assurer leur
rentabilit. Donc, pour ne pas perdre la valeur ajoute des pices encore en tat de marche, elle doit
mettre en place des stratgies de remanufacturing afin, titre dexemple, de rintroduire des pices
usages ou reconditionnes dans dautres quipements.
Lentreprise Xerox sest, pour ce faire, dirige vers une stratgie cible sur la vente de services
et peroit donc des revenus de son activit de remanufacturing et de location. En cela, elle ne vend
plus une photocopieuse, mais plutt la fonction de la machine (qui est de faire des photocopies). Cette
stratgie englobait 50% de son activit en 1999 (Mont, 2002).
En ce qui concerne Electrolux, lentreprise ne vend plus de machines laver, mais plutt des
cycles de lavage aux particuliers. Nanmoins, contrairement aux systmes de laverie automatique, le
client dispose de la machine son domicile. Si une panne intervient, un technicien se dplace
directement chez le client pour diagnostiquer et dpanner le produit. Ce produit est remplac
systmatiquement au bout de 5 annes dutilisation.
Ces innovations prsentent plusieurs intrts. Comme lexplique Mac Aloone, il sagit dune
innovation institutionnelle qui demande un changement dans linfrastructure et une nouvelle relation
entre lutilisateur et le produit (Mc Aloone, 2004). Elles demandent donc la mise en place dun
nouveau modle conomique, en revisitant le concept-mme de consommation. Le client nest en
effet plus propritaire de son produit, il en est uniquement locataire. Elles demandent aussi de la part
du client une volution de son comportement. Limpact environnemental est donc potentiellement
rduit. En effet, en restant propritaire de ses produits, lentreprise doit chercher les optimiser par
des stratgies daugmentation de la dure de vie des produits, ou encore de remanufacturing. De
plus, cela facilite la mise en place de nouvelles filires de recyclage.
Plus gnralement, cet exemple reprend le principe de Systme Produit Service (SPS). Il sagit
dun des points essentiels et largement tudis dans la littrature environnementale. En effet, une des
critiques des pratiques de lco-conception actuelle est la trop grande focalisation sur le produit et non
sur le service associ (Sakao et Shimomura, 2007).
Cette prise en compte du service sest notamment concrtis par la mise en place du concept
de Systme Produit Service SPS (Rocchi, 2005 ; Tang, 2007 ; Maussang, 2008) (figure 27). Les SPS
sont dfinis ainsi :
Product/service-systems (PSS) are innovation strategies where instead of focusing on the
value of selling physical products, one focuses on the value of the utility of products and services
throughout the products life period(Tan et al., 2007).
Cette solution apparait donc comme une possibilit de dcoupler croissance conomique et
impacts environnementaux. Wiggum parle de cette solution comme des non-material solutions.
(Wiggum, 2005), tandis que Sakao parle de Service Engineering (Sakao et Shimomura, 2007).
68
2.2.2.6.
Linnovation montaire fait partie des innovations forte rpercussion, en particulier sur le
mode de consommation.
Elle consiste en particulier en un dveloppement des monnaies locales ou sociales, qui sont
dfinies comme des dispositifs dchanges locaux de biens, de services et de savoirs, organiss
autour dune monnaie spcifique permettant la foi dvaluer et de rgler ces changes (Blanc et
Fare, 2010a).
Il existe dans le monde, et en particulier en Europe, de trs nombreuses exprimentations qui
16
fonctionnent des degrs diffrents. Ainsi, le dispositif SEL consiste en un change organis de
17
temps entre les particuliers qui sont affilis au rseau ; le SOL est une monnaie alternative et sociale
ayant pour objectif de favoriser les changes de proximit (par exemple, la monnaie est mise dans
lagglomration de Toulouse).
Ces monnaies, ou plus gnralement ces nouveaux systmes dchanges, permettent ainsi
de mettre en place des nouveaux partenariats et de favoriser les commerces et les entreprises de
proximit. Ils ont pour but la mise en place dun nouveau systme dchanges, en parallle de la
monnaie relle, dans le but de promouvoir des aspects sociaux et environnementaux.
Nous nous sommes attachs prsenter le systme de la carte NU, qui, sans tre directement
une monnaie locale, sinspire de ce principe.
Expriment dans la ville de Rotterdam entre mai 2002 et octobre 2003, ce systme est
considr comme un systme incitatif qui permet de favoriser un comportement et une consommation
responsable (van Sambeek et Kampers, 2004).
Le principe est simple : il agit comme une carte de fidlit qui rtribue des points que les
utilisateurs peuvent changer sous forme de produits et services responsables (telle des cartes de
transport gratuites).
Il sagit, ds lors dune monnaie valeur ajoute sociale et environnementale , qui vient
sajouter la monnaie nationale dans le but dorienter lusage et qui sappuie sur trois principes :
- une monnaie de fidlisation (distribution de points des clients fidliss comme la carte NU) ;
- une monnaie rtribuant des actions bnvoles ;
- une monnaie affecte (systme de bons dachat) (Blanc et Fare, 2010a).
Ce dispositif a t mis en place grce une collaboration entre le secteur public (mairie de
Rotterdam et des ministres concerns), et le secteur priv. Les transports publics ont t associs
au projet en transformant les points de la carte NU en abonnement aux transports.
De mme la banque a t associe pour apporter son expertise et son exprience, et donner
laccs son rseau de PME.
Ce projet correspond donc au domaine de linnovation institutionnelle, et doit sinscrire dans une
approche ncessaire dadaptation au territoire sur lequel il est implant. Il se caractrise par la
diversit des acteurs ncessaires pour son bon dveloppement (diversit des PME, des commerces,
des administrations concernes).
16
69
Ce type de projet souligne lintrt dinstaurer de nouvelles organisations globales pour la mise
en place de systmes plus durables. De plus lintrt grandissant des collectivits locales pour ces
monnaies locales peut sanalyser comme une preuve de la pertinence de cette solution (Blanc et
Fare, 2010b).
Il sagit ici dun cas limite des co-innovations, dans les modifications du systme demandes. Il
sagit pour Blanc dune innovation sociale, en ceci que les monnaies locales rpondent des
aspirations et des besoins qui ne sont pas satisfaits par le march ou par lEtat (Blanc et Fare.,
2010a). Par ailleurs, cette innovation sinscrit sur du long-terme et rpond la problmatique de
dynamisation du territoire et dincitation une consommation plus responsable, notamment en
utilisant les commerces et entreprises affilies. En cela, elle encourage lactivit responsable de ces
diffrents commerces, tout en tant garant du bon fonctionnement de ce systme en changeant et
en faisant circuler rgulirement cette monnaie.
2.2.3. SYNTHESE
Nous allons passer en revue les innovations prsentes ci-dessus afin de les caractriser en
fonction de notre grille danalyse (tableau 12).
70
Ecoinnovation
Mobilier
urbain
Dyson
Airblade
AMAP
Valorisation
du bton
Xerox Electrolux
Monnaies
locales
Type
dinnovation
Potentiel de
rduction
dimpact
environnemental
Intgration de
la dimension
utilisateur
Linnovation
porte sur le
processus de
conception du
produit
Valorisation des
dchets
Oui, travers la
mise en place
de
communauts
cratives
Le produit final
est adapt aux
utilisateurs
Linnovation
porte sur le
produit
Rduction
dnergie en
phase dutilisation
Filire de
recyclage
Linnovation
porte ici sur une
nouvelle
organisation pour
les agriculteurs
mais aussi sur
lintroduction
dun nouveau
service pour les
consommateurs
Linnovation
porte ici sur un
nouveau service
Linnovation
porte ici sur une
nouvelle
organisation dans
lentreprise mais
aussi sur
lintroduction
dun nouveau
service pour les
consommateurs
Linnovation
porte sur une
nouvelle
organisation au
sein de la
communaut
Rduction de
limpact de la
logistique
Promotion de
lagriculture
biologique
Valorisation des
dchets
Niveau
systmique
Niveau
systmique
Le projet
ncessite de sortir
du cadre du
mobilier mme et
de considrer
lenvironnement
local
Niveau du produit
Amlioration du
Contexte social
de linnovation
Emploi
Intervention des
entreprises
Education
Non
Accs des
produits
respectueux pour
le plus grand
nombre
Lien social entre
les agriculteurs et
les
consommateurs
Intervention
des
institutions
Oui, travers
lintervention
de la
collectivit
Non
Niveau du
systme car il
joue sur une
relation
consommateur /
agriculteurs
Non
Niveau du produit
Non
Non
Non
Rduction de la
consommation de
ressources
Valorisation des
dchets
Niveau
systmique car il
intgre un
ensemble de
parties prenantes
Cration de
nouveaux emplois
Relocalisation de
lactivit
Non
Rduction globale
par une
diminution des
impacts lis aux
transports, la
consommation de
produits moins
impactant
Lutilisateur est
partie
intgrante du
projet des
monnaies
locales
Niveau
systmique car il
agit sur
lensemble dun
territoire
Favoriser la
relocalisation des
activits et la
promotion
dactivits
durables
Dpend du
projet. Le
systme NU
fait intervenir
la mairie
concerne.
Ces diffrents exemples permettent de caractriser les co-innovations qui nous paraissent
prometteuses et proches de notre vision de changement du systme actuel. Mis en parallle avec les
travaux mens par Carrillo-Hermosilla ou Hellstrm, ils nous permettent dmettre quelques
conclusions intressantes :
La diversit en co-innovation. Cette diversit joue un rle majeur dans la transition vers
une conomie durable, dans le sens que les co-innovations doivent tre dveloppes diffrentes
chelles en laissant toute leur place au court, moyen et long-terme (Carrillo-Hermosilla, 2010) :
o Le court-terme, par linnovation fonctionnelle (le produit Dyson) ;
71
le moyen terme, par la mise en place dun processus de conception qui permet de favoriser
lintgration de parties prenantes et de sattacher un contexte particulier (projet Relaja) ;
Le long terme telle la mise en place de nouveaux modles (les monnaies locales).
Elle montre aussi limportance de promouvoir des innovations qui vont permettre un
changement du systme. La figure 28 montre en effet que des innovations des niveaux de
changement du systme permettent dobtenir des bnfices sociaux et environnementaux plus
importants car elles correspondent la cration de nouvelles alternatives, ce qui est crucial pour
remodeler des modles existants et favoriser des transitions plus durables (Falks et al., 2006 ; CarilloHermillosa et al., 2010 ).
Ces premires tudes montrent bien que lco-innovation est une forme particulire de
linnovation par le fait quelle ne peut que rarement se caractriser par la seule lecture conomique et
financire, ou encore, par le degr dinventivit dune nouveaut.
Lco-innovation se caractrise, avant toute autre considration, par la diversit de ses
opportunits, et par une dimension qui laisse place la subjectivit. Elle implique, par ailleurs,
lintgration de nombreuses parties prenantes au projet densemble.
Enfin, lco-innovation montre limportance quil y a de prendre en compte, ds llaboration
dun projet, le contexte li linnovation. Elle demande ainsi une restructuration et de nouvelles
relations entre les diffrents lments du systme. Une solution durable est en effet un processus qui
permet un usage appropri de produits, services et connaissances, qui transforment un systme
existant pour en gnrer un plus durable (Vezzoli et Manzini 2008).
2.3. PRESENTATION
INNOVATION
DES
DEMARCHES
ET
OUTILS
POUR
LECO-
72
Principales rfrences
Lindahl, 2005, Lofthouse, 2005, Knight et
Jenkins, 2009
Jones, 2001, Lofhtouse, 2005, Collado-Ruiz et
Hesamedin, 2010
Sherwin, 2000, OHare, 2010, Rocchi, 2005
A cette classification, nous pouvons proposer un autre type de recherche o un outil est
dvelopp mais reste ltat conceptuel, plus ou moins bien dcrit. Parmi ces outils, nous pouvons
retrouver par exemple la roue de Brezet, qui bien qutudie et reconnue, ne bnficie pas en tant que
tel dexprimentations et de retour dutilisation.
2.3.2.1.
73
Lintrt de cette recherche pour notre tude sur lco-innovation porte donc sur lobservation
dune dmarche relevant dune stratgie SPS, ainsi que sur des problmatiques dominante sociale.
Cette approche qualitative avait pour objectif de proposer un processus de crativit orient
vers des solutions adaptes dun point de vue conomique et dun point de vue utilisateur, tout en
respectant les approches de dveloppement durable. Par ailleurs, ce modle permettait de gnrer
des nouveaux modles conomiques plutt que se focaliser directement sur le march actuel.
Ces workshops ont permis didentifier des problmes rcurrents lors des sessions de crativit
et de tirer les enseignements suivants :
(1) Un des premiers problmes identifis a t celui de crer un langage commun autour de
la thmatique du dveloppement durable. Rocchi note en effet la difficult saccorder sur des
objectifs communs dans le temps imparti, diminuant lefficacit de la session.
(2) Rocchi a aussi attir lattention sur la multidisciplinarit du groupe avec la prsence de
designers, dingnieurs, de chercheurs, de commerciaux et dexperts techniques. Ces travaux
soulignent lavantage de cette mixit tout en pointant du doigt le manque dorganisation dans le
processus, souvent interrompu par un manque de coordination et soulignant le besoin dune meilleure
allocation du temps pour lexpertise. Il tait donc difficile de maintenir un flux constant dides
74
3
4
5
10
11
12
Avant le workshop
Mise en place dun dialogue
commun
Avant le workshop
Prparation de la session
Workshop
Dfinir une vision commune
Workshop
Comprhension des besoins
des utilisateurs
Workshop
Explorer et gnrer les ides
Workshop
Crer des propositions en
prenant en compte laspect
conomique
Workshop
Evaluation des premiers
concepts
Workshop
Revue critiques des concepts
Objectif
Dfinir prcisment les frontires de la session, partager une
vision commune du dveloppement durable et les opportunits
pour lentreprise
Dfinir le droulement de la session, les objectifs, le rle de
chaque partie prenante, et rsumer les principales informations
sur le systme tudi ainsi que des opportunits pour lcoinnovation.
Saccorder sur un objectif commun et les diffrents lments qui
vont permettre de latteindre.
Dfinir les caractristiques et les besoins des utilisateurs, et en
retirer ainsi les opportunits de dveloppement du futur systme
Proposer de nouvelles ides visionnaires, laide notamment de
brainstorming
Retravailler les concepts gnrs pour mettre en place des offres
ralistes dun point de vue conomique, rentables court et
moyen terme.
Identifier les concepts les plus prometteurs en prenant en compte
la valeur du concept pour lutilisateur, pour lentreprise, et pour le
dveloppement durable.
Spcifier le potentiel des diffrents concepts qui sont gnrs afin
de dfinir des stratgies damlioration.
Ces potentiels peuvent se dcliner ainsi : design for longevity, for
dematerializatiion, for renewable energy
Workshop
Prcision sur les concepts et les
scnarios
Workshop
Feedback des utilisateurs
Visualiser plus clairement les concepts qui ont merg et qui sont
les plus pertinents, mieux spcifier les contextes dapplication.
Aprs le workshop
Articulations des concepts
Aprs le workshop
Retour auprs des partenaires
Ce travail proposait un processus clair, visant bien structurer le workshop travers une
slection doutils qui seraient utiliss. Nanmoins, ce processus pouvait savrer complexe,
notamment par le temps ncessaire sa mise en uvre, ou la diversit des parties prenantes
intgrer. De plus, cette forme de recherche-action ne proposait pas daide spcifique dans le
droulement de chacune des tapes et semblait donc difficilement appropriable par une entreprise
extrieure. Enfin, bien que les critres de dveloppement durable aient t souvent mis en valeur
durant le processus, il existait toujours un risque quils ne soient plus considrs, voire oublis, car le
processus mis en place ne dpendait pas de ces critres.
75
Sherwin a t lun des premiers dvelopper un cas dtude approfondi. Son tude sest
notamment dcompose en deux parties :
une premire partie dcrivant un projet pilote dune cuisine intgrant les aspects
environnementaux ;
une deuxime partie de recherche plus approfondie concernant diffrents projets avec
Electrolux (Sherwin, 2000).
Le projet considr tait un projet de conception de cuisine qui rpondait plusieurs
caractristiques : il sagissait dun projet ouvert et innovant, et il prsentait lavantage de considrer un
systme plutt quun produit uniquement. Son tude pilote sest articule autour de trois tapes.
Une premire tape consistait en lidentification du problme, travers notamment la recherche
dinformations sur les impacts environnementaux dune cuisine, des analyses environnementales de
certains des produits ou encore des informations sur les consommateurs.
Une deuxime tape visait dterminer et dcrire des profils dutilisateur, tout en schmatisant
le systme tudi, savoir une cuisine.
Enfin, une troisime tape sarticulait autour de la gnration dides, notamment laide de
carte conceptuelle ou mindmap, comme illustre ci-dessous (figure 30).
Lintrt majeur de ce cas dtude rsidait dans les spcifications gnrales et des stratgies
adopter qui peuvent agrmenter des processus de conception et constituaient en cela une marche
suivre pour le dveloppement dun outil.
A partir de projet pilote, ces recherches ont permis de dgager plusieurs caractristiques
importantes pour la mise en place de processus dco-innovation :
(1) Le processus dinnovation qui a t utilis tait avant tout orient et bas sur une vision
consommateur et non une vision environnementale . Ainsi, les considrations environnementales
ont t utilises comme points dentre dans le processus mais nont pas forcement t des fils
conducteurs du projet dco-conception. Elles ont t souvent relgues au second plan. Il tait donc
ncessaire de clairement maintenir cette dimension environnementale tout au long du processus de
conception.
(2) Du point de vue des informations requises pour les concepteurs et designers, le projet a
permis de souligner limportance de prsenter les principes et les informations relatives lcoinnovation de faon simple, avec des exemples pour faciliter le transfert de connaissances, plutt
quen des donnes quantitatives.
(3) Enfin, le projet a mis en valeur la ncessit dune vision systmique, en considrant le
produit dans un systme de production et de consommation.
76
Objectifs
Exploratoire
Eduquer & communiquer
Stratgique
Bas sur le systme
Participation
Pre Design
Prioriser la dimension
co
Design
Process
Identification du cur de
mtier
Des besoins des
consommateurs
Ouverture desprit
Elargir le champs de
conception
Post Design
Mettre en forme la
dimension durable du
projet
Eduquer/Communiquer
avec les parties prenantes
2.3.2.3.
77
Identification
dopportunits
Outils slectionns
- Diagramme BEC : Outil mis en place par lauteur qui a pour
but de reprsenter et classer les relations existantes entre les plusvalues pour lentreprise (Business), pour lenvironnement
(Environnement) et pour le consommateur (Consumer).
- Future scenario : Cette mthode a pour objectif daider les
entreprises mettre en place des stratgies en considrant le futur.
- Rsultat Idal Final : Issu de TRIZ, cet outil a pour objectif
daider le groupe formuler les problmatiques lies au systme
tudi en dcrivant un systme idal.
- 9 crans : Cet outil a pour but de dcrire le systme dans le
temps
(pass/prsent/futur)
et
dans
lespace
(soussystme/systme/mta-systme)
- Eco value : Cet outil a pour but de dfinir le ratio entre le prix
de vente dun produit et son impact environnemental.
Cette thse correspond donc directement nos travaux, en cherchant dvelopper des outils
dco-innovation par la customisation doutils existants plutt quen la gnration doutils ex nihilo.
Cette tude prsente nanmoins certaines limites. En effet, ladaptation de ces outils pour lcoinnovation est intressante mais lefficacit de cette adaptation nest pas clairement identifie et
dmontre.
De plus, nous navons pas de vision sur du long terme, malgr lobjectif initial de la thse. Or,
nous verrons en effet par la suite quaprs une priode dapprentissage, si loutil ne prsente pas des
critres spcifiques, son taux dutilisation peut dcroitre et loutil reste ltat de concept.
18
Nous verrons plus en dtails certains de ces outils dans le paragraphe suivant.
78
2.3.2.4.
Ces diffrents cas dtude ont permis de recueillir des premiers axes de recherche. Le tableau
ci-aprs recense les principaux apports et limites des 3 cas tudis (tableau 16).
Un constat essentiel de lensemble des travaux analyss est que nous ne connaissons pas
laboutissement des concepts gnrs alors quil sagit de cas dtudes industriels.
Une co-innovation est une innovation sanctionne positivement par les utilisateurs. Or dans
les diffrents cas dtudes, nous restons ltat de concepts. Sherwin affirme clairement quune des
suites de ces travaux serait de voir lvolution des projets. Il est ncessaire de passer de innovation
concept innovative result (Sherwin, 2000).
Apports de ltude
Rocchi, 2005
Phillips
Sherwin, 2000
Electrolux
OHare, 2010
Mix
dentreprise
Les travaux de Rocchi et Sherwin ont t effectus dans des entreprises qui ont une forte
culture de linnovation, mais aussi de lintgration des dimensions de dveloppement durable dans le
processus de conception. Ce constat ressort galement dans les travaux de Josphine Green (Green
2005) ou de Smith sur lco-innovation radicale au sein dElectrolux (Smith, 2008).
Ils semblent donc peu exploitables, et difficilement applicables, ou transfrables, dans des
entreprises plus novices dans le domaine.
Ainsi, il est important aujourdhui de travailler sur des outils pouvant tre appropriables dans de
bonnes conditions dutilisation, et, par la mme, efficaces. A dfaut, la gnralisation des rsultats
obtenus ne pourra se faire car ces rsultats restent lis la socit daccueil, lexemple de Philips.
De plus, les analyses effectues ne permettent pas danalyser lutilisation des multiples outils utiliss
dans la mthode de (Rocchi, 2005).
Enfin, le cas dtude propos dans (Sherwin, 2000) est un cas issu dun projet trait en milieu
industriel et non dun cas proprement industriel. De plus, il sagit ici dune vision fortement oriente
pour les designers, et non pour lensemble des concepteurs.
79
80
Eco-compass (Fussler et James, 1997) et la roue de Brezet (Brezet, 1997) font partie des
outils classiques utiliss en co-conception et en co-innovation. De par leur similarit, nous avons
choisi de regrouper notre analyse. Ce sont des outils qui ont cette particularit de condenser les
informations environnementales dans un modle simple et robuste, potentiellement rapidement
adoptable par les entreprises.
Eco-compass
a) Eco-compass
Eco-compass est un outil dvelopp par Fussler et James en 1997, et qui a t largement
dcrit dans la littrature sur lco-conception et lco-innovation (Fussler et James, 1997). Il sagit dun
outil centr sur un diagramme dvaluation (figure 33a) qui propose une valuation du systme autour
de 5 axes environnementaux :
-
Use intensity;
Reuse and revalorization;
Energy intensity;
Mass intensity;
Health potential risk reduction;
Resource conservation.
Ces cinq axes prsentent les caractristique de mixer et de faire interfrer une approche
oriente sur le cycle de vie du produit (tels que les axes Reuse and Revalorization, ou Use intensity),
avec une approche oriente sur limpact (tels que les axes Health potential risk reduction ou encore
Resource conservation).
La prsentation de cette mthode a conduit proposer une dmarche globale dco-innovation
depuis la dfinition dobjectifs jusqu lvaluation des concepts gnrs. On peut ainsi distinguer
plusieurs tapes :
-
Nanmoins, notons que cet outil est souvent considr comme un outil dco-conception, limit
une valuation du produit.
19
81
2.3.3.2.
Diagramme PIT
Le diagramme PIT, pour Product Ideas Tree, est un outil mis en place dans le cadre de la thse
de Elies Jones, et a pour objectif principal de structurer les sances de crativit en co-innovation, et
ainsi favoriser lmergence des nouveaux concepts co-innovants (Jones et al., 2001).
Pour cela, cet outil reprend la technique des cartes conceptuelles ou mindmapping (propos
par Tony Buzan), tout en articulant la rflexion autour de deux dimensions :
Des points dentre dco-innovation de la mindmap issus de loutil Eco-compass et
permettant de dbuter les sances de crativit.
Une structuration radiale reprenant le processus de conception.
82
Ainsi, loutil permet didentifier efficacement au cours de la session des clusters ou grappes
dides qui ont t dveloppes, ainsi que leur niveau de dtail. Il prsente lintrt de structurer la
gnration dides et les rsultats, permettant une mmoire du projet et lidentification rapide des
pistes explores ou quil convient dexplorer.
Nanmoins, les tests effectus sur cette mthode montrent clairement les problmes
engendrs par une structuration trop forte, qui semble inhiber la dmarche et qui ne permet pas
loutil dtre flexible. Par ailleurs, si cet outil structure le rsultat de la gnration dides, il ne propose
pas daide pour gnrer ces ides.
En analysant cet outil avec notre grille de lecture, nous obtenons donc :
Intgration des dimensions environnementales et sociales :
En reprenant les axes de loutil Eco-compass, le diagramme PIT intgre parfaitement la dimension
environnementale (cycle de vie et impact environnementaux) mais ne permet pas daborder les
dimensions sociales du produit.
Niveau systmique de loutil :
Loutil ne se favorise pas la mise en place dune rflexion systmique. Nanmoins, en structurant
radialement la mindmap laide notamment du processus de conception, il incite le groupe faire
merger des concepts plus gnraux et potentiellement sortir du cadre du produit mme.
Apport principal de loutil dans le processus dco-innovation :
Lapport principal de loutil rside dans la phase de gnration dide. Il cherche stimuler le groupe
en forant la rflexion autour des points dentre dEco-compass et en suivant le processus de
conception. Nanmoins, il ne propose pas une aide prcise pour faire merger les nouveaux
concepts.
2.3.3.3.
La mthode TRIZ est une mthode dinnovation, issue des travaux de G.A. Althsuller, qui a
20
pour objectif de systmatiser la dmarche de rsolution de problme . Cette mthode TRIZ a t
20
Le lecteur pourra se rfrer au chapitre 3 qui dcrit plus en dtail la mthode TRIZ
83
Figure 35 Comparaison des paramtres TRIZ avec les axes Eco-compass (Jones, 2003)
Outre ces travaux prliminaires, les travaux dadaptation de TRIZ en outil dco-innovation
peuvent se dcomposer selon trois types :
Les travaux spcifiques sur un outil de TRIZ en particulier ; ainsi, nous pouvons citer les
travaux de Chen sur la matrice de contradiction (Chen, 2001) ou encore ceux de Russo sur
les lois dvolution (Russo et Regazzoni, 2008) ;
Les travaux de simplification de la mthode (Jones, 2003) ;
Les travaux sur une mthodologie gnrale dco-innovation base sur TRIZ (Kobayashi,
2006 ; Samet, 2010; Yang et al., 2011).
84
Rfrence
Les principaux rsultats de ces recherches sur TRIZ et lco-innovation sont repris ci-aprs :
a) Travaux sur la matrice de contradiction de TRIZ (Chen et Liu, 2001)
Les travaux de Chen et Liu se sont focaliss sur la matrice de contradiction de TRIZ. Les
auteurs ont cherch dans un premier temps mettre en place un tableau de correspondance entre les
7 principes dco-efficience par le WBCSD (Word Business Council For Sustainable Development)
dcrits dans le tableau 18 et les paramtres de la matrice TRIZ.
Principes proposs par le WBCSD (1995)
A/ la rduction de la demande de matriaux pour les produits et services;
B/ la rduction de lintensit nergtique des produits et services;
C/ la rduction de la dispersion des substances toxiques;
D/ lamlioration de la recyclabilit des matriaux;
E/ loptimisation de lutilisation durable des ressources renouvelables;
F/ la prolongation de la durabilit des produits;
G/ laccroissement de lintensit de service des produits et services.
Tableau 18 Principe du WBCSD
Extrait de la matrice
Tableau 19 Matrice de corrlation entre les principes du WBCSD et les paramtres TRIZ
85
Paramtre
amliorer
OU
Paramtre qui se
dgrade
Principe
Paramtre
Figure 36 Matrice TRIZ sans les contradictions
A laide de ces deux matrices, la dmarche se simplifie. En effet, laide du paramtre choisi
laide de la matrice 1, le concepteur peut alors directement choisir un principe dinnovation grce la
matrice 2 lui permettant dinnover.
Cette mthode prsente donc lavantage de proposer une simplification de la dmarche de la
matrice TRIZ en supprimant la matrice de contradiction. Par ailleurs, en sappuyant sur la force des
principes dinnovation de TRIZ, cette mthode propose au concepteur une relle aide pour
linnovation. Cependant, les travaux supprimant le principe de contradiction ne semblent pas avoir de
fondement thorique solide, rendant ds lors la dmarche instable.
Par ailleurs Samet, dans sa critique de la mthode, fait remarquer que les correspondances
entre les paramtres de TRIZ et les critres du WBCSD sont totalement arbitraires et ne semblent pas
toujours justifis. A titre dexemple, il est ainsi soulign que:
le choix des paramtres 9 (vitesse), 10 (force), 11 (pression) pour modifier un concept dans laxe D
(recyclabilit) nest pas justifi et ne semble pas vident de prime abord (Samet, 2010).
En analysant cette mthode avec notre grille de lecture, nous obtenons donc :
Intgration des dimensions environnementales et sociales :
La dimension environnementale dans cette mthode est intgre travers la prise en compte en
amont des principes dco-efficience du WBCSD. Nanmoins, si cette dimension nest pas clairement
exprime tout au long du processus, elle risque de passer en sous critre lors de la phase de
gnration dides. La matrice de contradiction ne permet pas dintgrer la dimension sociale du
systme dans la rflexion.
Niveau systmique de loutil :
Les paramtres de la matrice de contradiction de TRIZ savrent tre extrmement techniques et donc
destins la rsolution de problme avant tout technique. Cette mthode ne permet pas de travailler
des niveaux systmiques levs, et favorise une tude du systme et du sous-systme.
Apport principal de loutil dans le processus dco-innovation :
Cette mthode dco-innovation sarticule autour de la matrice de contradiction. Son apport majeur
rside dans la phase de gnration dides et notamment des principes de contradiction.
b) Loi dvolution (Russo et Regazzoni, 2008 ; Fresner et al., 2010)
Les lois dvolution ont t tudies dans une logique dco-innovation. Russo a ainsi travaill
sur une adaptation des lois dvolution de TRIZ pour dvelopper un nouveau guideline dcoinnovation. Bien que cet outil ne soit rest quen ltat de concept, lauteur a compar thoriquement
86
Cette dmarche, avant tout destine ltude des systmes de production durable, prsente
donc lintrt de proposer un jeu de questions extrmement gnriques. En cela, elle prsente
lavantage dtre simple et, selon les auteurs, dtre accessible des concepteurs sans grande
exprience dans le domaine tudi. Enfin, elle peut aider efficacement lidentification de stratgies.
En analysant cette dmarche avec notre grille de lecture, nous obtenons donc :
Intgration des dimensions environnementales et sociales :
Cet outil intgre de faon indirecte la dimension environnementale en adaptant les lois dvolution
pour lco-innovation. Nanmoins, la dimension sociale nest pas aborde.
Niveau systmique de loutil :
Les lois dvolution proposes par (Russo et Regazzoni, 2008) ne favorisent pas une rflexion des
niveaux systmiques levs, mais ne la bloquent pas non plus.
Concernant lapproche de Fresnel, celle-ci elle est destine une innovation sur les systmes de
production et donc une rflexion au niveau du produit.
Apport principal de loutil dans le processus dco-innovation :
Ces deux outils permettent avant tout dtablir de nouvelles stratgies en vue dune nouvelle
conception du produit et de la gnration de nouveaux concepts.
c) 9 crans (O Hare, 2010)
Comme nous lavons vu pralablement dans la description de son tude, OHare a travaill
notamment sur un ensemble doutils dont une adaptation des 9 crans de TRIZ. Cet outil, prsent
87
Ainsi, au lieu de proposer une rflexion sur un axe temporel et un axe systmatique, les neufs
crans adapts pour lco-innovation se dcomposent en 6 cases :
Materials extraction, manufacturing & assembly;
Design of system;
System in operation;
Components in operation;
User and operating environment;
End of useful life.
Cette adaptation des 9 crans pour lco-innovation permet donc de mettre en vidence, et de
rincorporer, des notions de cycle de vie dans le processus de rflexion.
Nanmoins, la puissance initiale de cet outil est avant tout de permettre de sortir du niveau
systmique du produit considr, et cette caractristique semble oublie avec les travaux proposs.
En analysant ces deux outils avec notre grille de lecture, nous obtenons donc :
Intgration des dimensions environnementales et sociales :
En adaptant les 9 crans avec la notion de cycle de vie, cet outil permet dintgrer dans la rflexion de
lutilisateur la dimension environnementale.
De plus, si elle ne favorise pas la rflexion sur la dimension sociale du systme, cet outil ne semble
pas non plus la bloquer.
Niveau systmique de loutil :
Loutil des 9 crans permet aux utilisateurs de rflchir au systme et au mta systme. Par contre,
cette adaptation diminue ce potentiel dexploration des diffrents niveaux systmiques.
Nanmoins, les terminologies employes dans les diffrents crans ne bloquent pas une rflexion
un haut niveau systmique.
- Apport principal de loutil dans le processus dco-innovation :
OHare a dvelopp cet outil dans le but de clarifier le problme initial. Ainsi, lapport de cet outil
rside avant tout dans la phase de mise en place et dvaluation du problme.
d) TRIZ et le CBR (Yang et al., 2011)
Les travaux de Yang ont consist intgrer les outils TRIZ avec lapproche CBR (Case Based
Reasoning) dans le but de favoriser la gnration de concepts dco-innovation.
88
Ces travaux sont donc intressants car ils proposent une mthode complte. Il ne sagit pas
dadaptation spcifique de lapproche CBR et de TRIZ, mais plutt dune suite logique entre divers
outils, montrant ainsi lintrt de combiner diffrents outils.
En reprenant les travaux de Chen sur la matrice, cette mthodologie en reprend donc les limites
pour lco-innovation, telle une approche technique du produit.
En analysant cette mthode combinant les outils TRIZ et lapproche CBR avec notre grille de
lecture, nous obtenons donc :
89
Industrialisation
Distribution
Utilisation
Fin de vie
Tableau 21 Matrice Eco-MALIN : relations entre les phases du cycle de vie et les paramtre co-efficacit
(2) Une phase danalyse et structuration du problme, qui permet daffiner le raisonnement
du groupe et prparer le groupe la rsolution du problme. Cette phase sappuie notamment sur des
90
Cet outil semble tre plus destin de la crativit technique car ne permettant pas de remise
en cause de lusage mme du produit. On reste extrmement proche du produit lui-mme et la
matrice Eco-MALIN, cur mme de la mthode, est trs oriente produit et pas forcment
pertinente sur dautres applications de type services.
Une partie de la thse consiste nanmoins dmontrer que Eco-MALIN peut servir de
support des designers, en intgrant notamment lusage. Nanmoins, cette intgration du designer
se fait par interprtation , envisage comme possibilit et non comme valeur porte par loutil.
En analysant ces deux outils avec notre grille de lecture, nous obtenons donc :
Intgration des dimensions environnementales et sociales :
La matrice Eco-MALIN tablissant les correspondances entre les tapes du cycle de vie et les
principes dco-efficience, de mme que les fiches connaissances associes au produit, permettent
une intgration de la dimension environnementale tout au long du processus dco-innovation.
Nanmoins, la dimension socitale nest pas considre dans cette mthode.
Niveau systmique de loutil :
De par lutilisation des outils TRIZ, mais aussi de la matrice Eco-MALIN tablissant les
correspondances entre les tapes du cycle de vie et les principes dco-efficience, cette mthode ne
favorise pas une remise en cause et une rflexion avec un haut niveau systmique.
91
Jones a travaill sur la simplification de TRIZ (figure 40) dans le cadre de lorganisation dun
workshop.
Les outils utiliss correspondaient :
-
Contradiction technique
Contradiction physique
Ce workshop consistait avant tout valuer la pertinence dune simplification de TRIZ pour
lco-innovation. Il parait donc hasardeux de lvaluer suivant notre grille de lecture. Les principales
conclusions de ce workshop montrent nanmoins que le principe global de TRIZ est intressant pour
lco-innovation. Le principe mme de rsolution sans compromis est parfaitement adapt aux enjeux
de lco-innovation.
Pour conclure, Jones remarque une distinction entre outils. Ainsi, travailler sur la matrice de
contradiction focalise lattention sur le produit, tandis que les lois dvolution ou le principe du rsultat
idal final permettent de sortir du cadre en envisageant des solutions plus radicales.
g) Conclusions sur lapproche TRIZ en co-innovation
Lensemble de ces travaux nous permettent dlaborer des premires conclusions sur
lutilisation de TRIZ en co-innovation.
En dpit des travaux raliss dans leur ensemble, certains des outils dvelopps paraissent
peu pertinents eu gard aux problmatiques que pose lco-innovation. Il sagit avant tout de crativit
technique, qui ne semble pas forcment vidente mettre en uvre. Si les travaux de Low montrent
quil est envisageable de travailler sur des systmes autres que le produit (Low et al., 2000), TRIZ doit
tre adapt dans le but de passer dune mthodologie issue dun contexte purement technologique,
un contexte orient sur une diversit dapplications (produit, service, usage).
De plus, ltude de ces outils ne dmontre pas clairement et scientifiquement lavantage de
ladaptation de ces outils pour lco-innovation, vis--vis des outils originaux. Les stratgies actuelles
de modification de TRIZ pour lco-innovation ont avant tout cherch adapter les diffrents outils,
comme par exemple, utiliser la matrice de contradiction des fins dco-innovation.
92
2.3.3.4.
Information/Inspiration est un outil sous forme de site internet dvelopp par Lofthouse.
Lapproche de cet outil est pertinente car il sagissait alors de donner au designer des outils
spcifiques qui rpondent leur besoins.
Caractristiques dun bon outil dco-conception
Principes de Information/Inspiration
INFORMATION
INSPIRATION
Getting Started
Tools
New Ways of Doing It
Materials
Distribution
Use
Optimal Life
End of life
Legislation
Eco Labels
Figure 41 Information/Inspiration
Cet outil prsente lavantage doffrir aux utilisateurs un ensemble dinformation sur lcoconception ainsi quun ensemble dexemples sources dinspiration pour le concepteur (figure 41).
Lutilisateur peut ainsi se renseigner sur la phase de distribution et sorienter directement sur des
exemples et des bonnes pratiques dco-conception concernant la distribution.
Le fonctionnement de loutil nest donc pas formel. Il sagit plus dune navigation entre ces deux
blocs afin de crer son propre processus de crativit et dapprentissage. Cet outil a notamment t
test sous la forme de deux workshops, acadmiques et industriels (Lofthouse, 2005).
En analysant cet outil avec notre grille de lecture, nous obtenons donc :
Intgration des dimensions environnementales et sociales :
Cet outil propose aux utilisateurs un ensemble dinformations concernant limpact environnemental du
produit. Nanmoins, la dimension socitale nest pas considre.
Niveau systmique de loutil :
Cet outil sarticule autour du cycle de vie du produit. Il engendre donc une rflexion davantage porte
sur la modification du produit en lui-mme sans pour autant totalement bloquer une rflexion des
niveaux systmiques plus levs.
Apport principal de loutil dans le processus dco-innovation :
Loutil Information-Inspiration est avant tout un outil proposant un ensemble dinformations
environnementales et dexemples visant gnrer de nouveaux concepts et favoriser lapprentissage
des utilisateurs.
93
La mthode QFD consiste en une matrice ayant pour objet de dcomposer le systme en
divers sous-lments : consommateur / fonction du produit afin dmettre des priorits daction. Le
principe de cette mthode est de dpasser les barrires entre les diffrents acteurs de la conception
en proposant un langage commun.
Certains chercheurs ont donc travaill sur une adaptation de la mthode avec des principes
environnementaux et des exemples dapplication (Rahimi et Weidner, 2002 ; Wolniak et Sedek, 2008)
Ils ont notamment travaill sur lvolution de la mthode QFD avec une dimension
environnementale. La figure ci-dessous montre un exemple de modification.
94
Profil environnementale
A.
B.
C.
D.
E.
F.
G.
H.
Nombre de produits/an
Taille (Poids/volume)
Nombre de matriaux diffrents
Mlange de matriaux
Matriaux rares
Matriaux toxiques
Energie
Source dnergie
Lagerstedt dmontre par ses travaux quil est inutile de travailler sur les impacts
environnementaux sans comprendre la fonctionnalit du produit.
.
Principe
Matrice
Profil environnemental
Nombre de
produit/an
Taille
Nombre de
matriaux
diffrents
Mlange
de
matriaux
Matriaux
rares
Matriaux
toxiques
Energie
Source
dnergie
Dure de vie
Dure
dutilisation
Fiabilit
Scurit
Ergonomie
Economie
Flexibilit
technique
Demande
environneme
ntale
Profil fonctionnel
Lavantage de cette mthode est son universalit, tout en permettant galement de mettre un
zoom plus ou moins important en fonction de ltape dans le processus de conception (figure 44 ).
95
2.3.3.6.
Au-del de ces outils, il existe dans la littrature un ensemble de guides comme les Ten Golden
Rules de Luttrop (Luttropp et Lagerstedt, 2006) ou encore le guide spcifique au design durable
dit par le Eco Design Foundation (Mellick, 2004). Ce dernier est un processus de rflexion sur 10
tapes permettant de comprendre les enjeux du dveloppement durable lgard de la conception et
permettant galement de bien connecter la dimension matrielle et la dimension plus
subjective du produit (tableau 23). Le travail de Mellick reste ltat conceptuel. (Mellick, 2004).
Ce guide a pour objectif ltude du produit, travers les habitudes, les dsirs et le comportement.
Etape du guide
Objectif
Design Precedents
Secondary Products
Some Questions about need
Projected Use-Life
Lean Design
Manufacture Issues
Distribution Issues
Product styling
Retail and Use-Life Management
Post-use Management
Ces guides sont davantage destins la reconception de produits. Nanmoins, lune des
critiques majeures est selon Olundh, que lorsquil est ncessaire de dvelopper des produits
innovants, il parait plus ncessaire de proposer des cibles atteindre, des stratgies et non des
check-lists (Olundh, 2008).
2.3.3.7.
Synthse
Ltude de ces outils nous amne constater la difficult de classer les diffrentes mthodes et
outils en fonction de leur approche co-innovation/co-conception/analyse. Cette classification est
donc extrmement subjective. Le choix a donc t, pour ltude, de slectionner ces outils dcoinnovation partir de leur prsentation par leurs auteurs, ce qui a permis davoir un panel
reprsentatif de la littrature actuelle.
96
97
Evaluation
du problme
Diagramme PIT
(Jones et al, 2003)
Eco-compass
(Fussler et al., 1996)
LiDS Wheel
(Brezet, 1997)
Ten golden rules
(Luttrop et al., 2006)
Matrice eco-fontionnelle
(Lagersted, 2003)
ecoQFD
(Rahimi et al., 2002)
Environnementales
X (faible)
Approche produit
Approche produit
Approche produit
X (faible)
Approche produit
X (faible)
Approche produit
X (fort)
Approche produit
X (faible)
Approche globale
X (selon
lutilisateur)
Approche produit
X (selon
lutilisateur)
X
X (fort)
Approche produit
X (faible)
Approche produit
Approche
processus
X (fort)
Approche produit
TRIZ - Eco-MALIN
(Samet, 2010)
X (fort)
Approche produit
Justification
Socitales
Approche
produit/utilisateur
Approche
produit/utilisateur
TRIZ Matrice de
contradiction
(Chen et al., 2001)
TRIZ - CBR
(Yan et al., 2011)
TRIZ Loi dvolution
(Russo, 2008)
Aide la
gnration
dide
Information-Inspiration
(Lofthouse, 2004)
TRIZ 9 crans
(OHare, 2010)
Loutil aide avant tout structurer la phase de gnration dide mais naide pas le groupe
gnrer des concepts.
La force de loutil rside dans le diagramme dvaluation qui permet de condenser les
informations environnementales sur le systme tudi. En phase de gnration dide, il nest
propos lutilisateur quun brainstorming sur chacun des axes du diagramme.
La force de loutil rside dans le diagramme dvaluation. Loutil propose nanmoins des pistes
de recherche de solutions sur chacun des axes du digramme.
La force de loutil rside dans les rgles dco-conception. Loutil ne propose aucune aide quant
lexploitation de ses rgles pour le systme tudi.
Ces outils permettent de mettre en relation lapproche fonctionnelle dun produit avec lapproche
environnementale. En cela, ils permettent de sortir du cadre de la reconception de produit.
Nanmoins, cet outil permet didentifier des couples de problmes plutt que la gnration de
solution.
Cet outil est avant tout destin un public de designer qui souhaite naviguer librement entre des
informations dco-conception et des exemples qui peuvent servir de stimulus. Il suit une logique
dco-conception et propose des pistes de recherche de solutions qui restent gnrales.
Cet outil permet de spcifier les principes innovants en relation avec le systme tudi. En cela,
il propose une aide forte la stimulation. Nanmoins, les diffrents paramtres de la matrice
sont trs centrs sur une approche technique du produit.
Cet outil permet dimaginer un systme qui remplit les fonctions tout en nayant aucun impact sur
lenvironnement. En cela, nous le positionnons comme un outil de gnration dides.
Nanmoins, cet outil seul noffre quune aide faible en ne proposant pas de dmarche claire pour
atteindre ces solutions.
Cet outil permet de positionner le problme suivant les diffrentes phases de son cycle de vie. Il
est donc avant tout un outil dvaluation et ne permet pas de sortir du cadre du cycle de vie du
systme.
Cet outil se base avant tout sur la matrice de contradiction et le rsultat idal final. Laide a la
stimulation est donc forte mais axe sur le produit.
Cet outil se base sur les lois dvolutions de TRIZ. Il permet donc la gnration dides mais est
trop gnral pour tre considr comme une forte aide la stimulation.
Cet outil est destin avant tout des approches processus, telle la minimisation de production
de dchets. Nanmoins, il permet par un jeu de questions drives des lois dvolution de
sorienter rapidement et simplement vers des stratgies efficaces en vue dune optimisation du
process.
Le processus propose un ensemble doutils (QFD, Factor X, TRIZ) qui permettent dvaluer le
systme puis gnrer des ides. La gnration dides est base sur les outils TRIZ (matrice de
contradiction par exemple) et donc il propose une aide forte la stimulation.
Cet outil permet de bien valuer le problme pour ensuite proposer des pistes de solutions et
utiliser les outils TRIZ pour la recherche de solutions. En cela, il offre une forte aide la
stimulation. Nanmoins, tout comme les autres outils sur TRIZ, il est trs ax sur une approche
produit.
98
Comportement
de lutilisateur
Potentiel
dinnovation
Systme de reprise
du produit
Produit
Le troisime et dernier champ de notre tat de lart a t loccasion de dcrire les diffrentes
mthodes, et autres outils, permettant dinstrumenter lco-innovation. Cest ainsi que les diffrents
cas dtude de Sherwin, Rocchi ou OHare nous ont permis de bien illustrer la complexit dans la mise
en place de la dmarche dco-innovation.
Sherwin a notamment ax son tude sur une vision plus globale de lco-conception innovante,
avec des recommandations gnrales sur les phases amont de projet, et sur les caractristiques
majeures dun processus dco-innovation (Sherwin, 2000).
Rocchi, quant elle, a plus orient ses recherches vers lapproche sociale de lco-innovation
(pour le compte de Phillips), et plus axe sa dmarche vers les systmes produits services (Rocchi,
2005). OHare, pour sa part, a fait une tude plus applique avec 5 cas dtudes croiss, et le
dveloppement dune boite outils en co-innovation (OHare, 2010).
Il faut reconnatre que ces recherches, dans leur ensemble, restent difficilement reproductibles.
Elles prsentent des processus globaux dinnovation, faisant ainsi entrer en jeu de nombreux
paramtres et elles ne reprsentent que des tudes de cas uniques qui restent trs spcifiques et
limites (1 entreprise pour Sherwin et Rocchi, 5 entreprises pour OHare).
99
100
DES
DIFFERENTS
ASPECTS
DU
Outre les mcanismes propres de stimulation, une sance de crativit dpend des
informations et des objets qui sont manipuls en sance, car ceux-ci transmettent des valeurs
que lon souhaite justement transmettre dans les ides changes. Do limportance, loccasion
101
102
Problmatique 2 : Les dimensions sociales et comportementales doivent tre prises en compte dans
les outils dco-innovation.
103
104
CHAPITRE 3. Approche
mthodologique
105
Introduction
Dans ce chapitre, nous prsentons notre approche mthodologique permettant de rpondre
notre problmatique de recherche :
Dans un premier temps, nous prsenterons les diffrentes tapes de notre approche
mthodologique.
Cette prsentation nous conduira prciser les principaux apports de la thse : le
dveloppement dun outil dco-innovation focalis sur les phases de crativit, ainsi que le
dveloppement dun protocole exprimental nous permettant dargumenter la performance de cet outil
dco-innovation. Cet outil dco-innovation est une adaptation dun outil de crativit dj existant,
loutil ASIT (Horowitz, 1999 ; Horowitz, 2001a ; Horowitz, 2001b).
Dans un second temps, afin de mieux mettre en perspective loutil ASIT, nous le replacerons
avec les autres outils daide la crativit. Cette tude nous conduira prsenter notre stratgie
dadaptation de loutil ASIT en un outil dco-innovation EcoASIT, par une analyse de ses forces et
faiblesses sur les problmatiques dco-innovation.
Puis nous prsenterons un tat de lart des diffrents critres de performance dun outil dcoinnovation qui nous serviront de contraintes dans le dveloppement de loutil.
Enfin, nous proposerons un protocole exprimental comprenant un ensemble dindicateurs
mesurant la performance des phases de crativit en co-innovation, ainsi quun questionnaire
permettant dvaluer la perception des utilisateurs sur loutil.
106
107
108
Etude des
outils dcoinnovation
existants
1. Identification
dun outil de
crativit (ASIT)
4. Test de
ASIT en coinnovation
5. Adaptation
de ASIT pour
lcoinnovation
6. Tests des
volutions de
loutil dcoinnovation
EcoASIT
Chapitre 5
8. Outil
Final
EcoASIT
valid
Retour
dexprience
Chapitre 4
7. Version
conceptuelle
doutils
EcoASIT
9. Test de
loutil final
EcoASIT
EXISTANTS
MISE
EN
Dans le chapitre prcdent, nous avons pos la problmatique des insuffisances des outils
dco-innovation actuels sur les phases de gnration dides.
Au regard de cette problmatique, lhypothse de dpart de notre approche mthodologique est
que le processus de crativit sur les thmatiques de lco-innovation peut sinspirer des processus
de crativit de la conception innovante.
109
La crativit est souvent perue comme un concept, relativement abstrait, assimil souvent de
manire trop restrictive, une simple session de brainstorming dont il suffirait alors pour les uns, de
regrouper des personnes, gnrer des ides et en slectionner les plus pertinentes par rapport
lobjectif fix, et, pour les autres, de se confronter des processus infiniment complexes, mlant
diffrentes donnes, caractre cognitif, organisationnel, social, ou encore, technique.
Thiebaud introduit dans sa thse la crativit comme la capacit apporter de la nouveaut
(Thiebaud, 2003). La crativit consiste galement faire merger de nouveaux concepts, ou
donner une nouvelle signification aux faits dj connus (Wallish, 2003).
Cette complexit de la crativit peut se retrouver dans les diffrentes disciplines qui ltudient :
psychologie, sociologie, management et sciences de lingnieur, cognitique, philosophie
Koeslter dfinit, comme base commune de la crativit, le phnomne de bissociation, lequel
consiste combiner, relier, intgrer des ides existantes mais qui n'avaient, jusqualors, pas de
rapport entre elles (Koestler, 1976).
La crativit est galement dfinie comme un processus intellectuel qui vise provoquer le
plus dassociations possibles, afin darriver une nouvelle synthse, un nouvel arrangement, do
surgiront des nouveauts conceptuelles, des stratgies inattendues, des innovations (Roy 1978).
Le concept de crativit reste cependant difficile apprhender, les grands inventeurs euxmmes ne sexpliquant pas bien le processus, en amont, de ce qui leur a permis de gnrer leur
invention. Nanmoins, dans un contexte industriel, qui peut tre complexe, la crativit ne sapparente
en rien un trait de gnie, la dcouverte instantane (Bertoluci, 2006).
me
Depuis le dbut du 20
sicle, de nombreux auteurs ont donc essay de modliser ce qui se
passe chez un individu, entre le moment o il est confront un problme et celui o il trouve une
solution crative. Dans (Edward, 1986), il est fait notamment rfrence ces diffrentes volutions de
la modlisation du processus cratif.
Lun des premiers modles du processus cratif est le modle de Wallas qui voit dans ce
processus 4 tapes (Wallas, 1926) :
(1) une phase de prparation, durant laquelle le problme est formul et tudi;
(2) Une phase d'incubation, conduisant prendre de la distance avec la problmatique, en
laissant la thmatique de ct ;
(3) Une phase dillumination, qui est celle du fameux flash of insight , synonyme
dmergence de solutions cratives ; et cest principalement durant cette phase que vont
intervenir les outils de crativit ;
(4) Une phase de vrification, afin dvaluer la pertinence des concepts gnrs.
Nanmoins, on peut noter dans (Cortes Robles, 2006), que dans lapproche du processus de
crativit, certains travaux vont rfuter cette vision segmente de la crativit, soulignant quon ne
peut considrer la crativit comme une succession dtapes. A linverse, certains chercheurs ont
essay, au contraire, de systmatiser le processus cratif, en ltudiant comme une science exacte
(Altshuller 1999).
3.2.1.2.
La crativit, et son amlioration, impliquent donc quil faut imaginer des techniques et
mthodes qui mettent lhomme dans un environnement propice lamlioration de son potentiel cratif
(Thiebaud, 2003). De son ct, Mougenot, en citant notamment (Casakin et al., 1999), montre que les
performances dun concepteur ne sont pas figes dans le temps, quelles sont mallables, et quelles
samliorent avec le temps (Mougenot, 2008).
21
110
111
112
SCAMPERR
La mthode SCAMPERR est une mthode labore par Elberle (Elberle, 1995) consistant en
lintroduction de diffrents mcanismes de stimulation visant dstructurer le problme initial pos et
aider le concepteur gnrer de nouveaux concepts.
Les mcanismes ainsi proposs correspondent chacun une lettre de lintitul de la mthode,
savoir : Substitute, Combine, Adapt, Modify, Put to other uses, Eliminate, and Rearrange/Reverse.
Cette mthode prsente lavantage de proposer une technique simple et efficace facilement
adoptable et utilisable par les concepteurs.
Nanmoins, comme le souligne Yilmaz, cette technique se limite un rappel mnmotechnique
des mcanismes permettant de dstructurer un problme ; elle ne propose aucune aide permettant de
guider le concepteur quant lapplication de ces mcanismes sur le problme identifi (Yilmaz et
Seifert, 2010).
La matrice de dcouverte
La matrice de dcouverte est une technique propose par Abraham Moles. Elle propose de
stimuler la gnration dides dun groupe de concepteurs en forant la mise en place de relations
entre deux ensembles de variables du problme. Pour cela, il propose de mettre en place une matrice
comprenant en ordonne, lensemble des lments dun premier ensemble, et en abscisse, les
lments dun deuxime ensemble (figure 49).
Cette technique apparat donc extrmement simple dutilisation, et, bien que limitant
lapproche un mcanisme de stimulation (la mise en relation dlments), elle propose une
dmarche qui prsente lavantage dtre potentiellement contextualisable la problmatique traite.
Univers A
Variable A1
Variable A2
Variable A3
Variable A4
Univers B
Variable B1
Variable B2
Ides
issues
du
croisement entre les
variables A3 et B2
Variable B3
Variable B4
Figure 49 Exemple Matrice de dcouverte
113
La mthode synectique
La mthode synectique est une dmarche propose par Gordon (Gordon, 1961) qui reprend le
principe des analogies.
Cette mthode vise rapprocher, et mettre en parallle, deux univers a priori totalement
distincts. La dmarche analogique consiste sloigner du problme de dpart et le transposer dans
un nouveau champ, avant de retraduire les solutions trouves dans le champ du problme initial (Sol,
1974).
Cette mthode propose ainsi trois types danalogie :
(1) Lanalogie directe qui consiste transposer le problme sur un objet semblable ;
(2) Lanalogie symbolique, qui, comme son nom lindique, reprsente le produit sous forme
symbolique ;
(3) Lanalogie personnelle, qui fait que le concepteur cherche sidentifier personnellement
au problme, les diverses caractristiques du problme tant alors prises en compte de
lintrieur .
La mthode synectique dpend fortement de la capacit du concepteur forcer ces analogies.
Elle ne parait donc pas tre, de premier abord, une mthode simple et ncessite, pour une bonne
utilisation, un animateur ou un groupe expriment, afin de bien conduire la sance.
Lanalyse morphologique
Lanalyse morphologique est une mthode formalise par le chercheur Zwicky. Cette mthode
a pour premier objectif dtudier les systmes complexes et multidimensionnels. Lapport de Zwicky
dans cette analyse vient de ce que le systme tudi peut tre un objet physique (une anatomie, une
organisation, un produit,), ou encore un objet mental (concepts, ides, ) (Aloui, 2007).
Cette mthode a pour principe de dcomposer un systme en diverses composantes (par
exemple, une composante conomique, dmographique, sociale, technique dans le cas dune
approche systmique et qui peut galement tre une composante utilisateur, nergtique, matires
premires, dans le cas de ltude dun produit ) en considrant toutes les variations possibles de
ces composantes (figure 50). Cette analyse consiste donc, ensuite, combiner ces diffrentes
composantes suivant de multiples variations, et envisager ainsi de nouveaux scnarii.
Lanalyse morphologique, selon le schma ci-dessous, vise ainsi explorer lensemble des
possibilits et des scnarii envisageables, laide des multiples composants et variables. Ces scnarii
se feront partir de combinaisons associant une variable de chaque composante. Cette mthode
prsente lintrt de permettre davoir une vision globale du systme, et de ses multiples composantes
et variables ainsi que denvisager des scnarii innovants. Nanmoins, la dcomposition peut tre
fastidieuse et complique mettre en uvre.
114
La mthode TRIZ
22
Dans le chapitre prcdent, nous avions dj pu mettre en vidence les outils dco-innovation
adapts de TRIZ. TRIZ, en russe Teorija Rezhenija Izobretatelstich Zadach (traduit par Thorie
de Rsolution de Problmes dInnovation ou parfois par Thorie de Rsolution des Problmes
Inventifs ), est une mthode qui a t dveloppe par Guenrich Altshuller en 1946 (Altshuller,1999).
Cette mthode a pour finalit de systmatiser, voire de matriser, le processus de crativit et
la recherche de solutions. La crativit est ici aborde comme une science exacte et se pose donc
en alternative aux mthodes de crativit alatoires , de type brainstorming. TRIZ se fonde sur
plusieurs travaux portant, notamment, sur plusieurs analyses et tude: analyse de brevets, tude du
comportement psychologique des inventeurs, analyse de la littrature scientifique, analyse des
mthodes de rsolution de problme.
La mthode TRIZ sappuie, ds lors sur une capitalisation de connaissances et, avant tout, sur
une remise en forme de ces connaissances, pour les rendre utilisables (Choulier, 20002). Au terme de
ses travaux, Altshuller va notamment constater que la majorit des inventions, dans un domaine dfini
reprend les principes des inventions dun domaine distinct. Le processus de rsolution de problme
de TRIZ sinspire de ce constat (figure 51).
Au lieu de chercher directement une solution spcifique un problme donn, TRIZ propose
dans un premier temps de transformer le problme spcifique que lon cherche rsoudre en un
problme standard. Puis, laide des outils de TRIZ, le concepteur est appel trouver une solution
standard ce problme standard. Enfin, la dernire tape consiste adapter cette solution standard
au problme initial.
Plusieurs concepts cls sont associs la mthode TRIZ ; Boldrini en recense 5. (Boldrini, 2005):
(1) Le concept didalit et en particulier du Rsultat Idal Final
Ce concept stipule quun systme idal est un systme qui accomplit sa fonction sans utiliser de
ressources. Ce concept pousse donc lutilisateur aux limites , et facilite, notamment, la mise en
place du problme, ainsi que lidentification de lobjectif (Choulier, 2002).
(2) Le concept de contradiction
Avec la mthode TRIZ, tout problme doit tre formul sous forme de contradiction entre deux
paramtres dun systme. Or, en rgle gnrale, la rsolution de problme passe par llaboration
dun compromis entre deux proprits, qui paraissent contradictoires (vitesse/poids, rigidit/masse).
Au contraire, TRIZ propose de dpasser ce compromis, en rsolvant cette contradiction.
(3) Le concept de ressources
TRIZ instaure le concept de ressources, dfini comme un lment disponible dans le systme ou dans
son environnement, gnralement inactif, et capable de produire une action utile sans cot, ou
moindre cot (Cortes Robles, 2006), lobjectif tant doptimiser lutilisation de ces ressources.
22
Ce paragraphe est une synthse entre plusieurs sources. Pour plus dinformations, le lecteur pourra se
rfrer entre autres aux travaux de Choulier (Choulier, 2000), Bertoluci (Bertoluci, 2001), Boldrini (Boldrini,
2005) et Cortes Robles (Cortes Robles, 2006).
115
116
amliorer
Principes
117
Durant cette phase, le groupe est stimul par lutilisation de phrases construites autour des
oprateurs et des objets dcrits pralablement.
118
Par la suite, une srie darticles dHorowitz ont permis de formaliser loutil ASIT de faon
extrmement simple (Horowitz, 2001a ; Horowitz, 2001b).
Il y expose notamment la filiation entre la mthode TRIZ et loutil ASIT (tableau 25).
Ainsi, la condition du monde clos, qui considre que le monde de la solution nintroduit pas de
nouveaux objets vis--vis du monde du problme, correspond au principe didalit de TRIZ, lequel
souligne quun systme idal nintroduit aucune ressource extrieure. De mme, la condition de
changement qualitatif de loutil ASIT correspond au principe de surpasser les contradictions de TRIZ.
Horowitz fait ainsi la proposition de condenser les 40 principes de TRIZ en 5 outils, ou oprateurs
dans ASIT.
TRIZ
Principe didalit
Surmonter les contradictions
40 principes
ASIT
Condition du monde clos
Changement qualitatif
5 outils
Des tudes empiriques ont permis de montrer que la mthodologie SIT permet damliorer le
taux de rsolution de problme (Horowitz, 1999), si bien que lon peut considrer que loutil rsultant,
ASIT est valid acadmiquement (Reich et al., 2010).
119
Principe de stimulation
Brainstorming
Mthode 6-3-5
C-Sketch
TRIZ
SCAMPERR
Synectique
Matrice de
dcouverte
Analyse
morphologique
SIT - ASIT
A travers cette tude, nous remarquons quil est intressant de travailler sur un outil proposant
des principes forts de stimulation, tout en restant simple dutilisation et de comprhension limitant le
rle de lanimateur.
Ainsi, linstar dautres travaux (OHare, 2010), nous avons cherch identifier un outil de
crativit dj existant, rpondant cette analyse, pour le tester dans un processus dco-innovation.
Lavantage dadapter un tel outil est de permettre de capitaliser sur les performances existantes de cet
outil, et ainsi de tirer parti de la confiance quont les utilisateurs de cet outil et de ses capacits
(Lindahl, 2005).
Dans cette optique, nous avons fait lhypothse quASIT pouvait tre un outil pertinent comme
outil daide la crativit en co-innovation, et le lecteur trouvera ci-aprs les principales justifications.
La mthode ASIT (comme la mthode TRIZ), remet en effet en cause le mythe sappuyant sur
la formule : la quantit mne la qualit , suivant lequel plus on a dides considrer, plus on
augmente nos chances de dcouvrir de nouvelles choses (Grossman et al., 1988) ; avec pour effet
quon ne sappuie donc pas sur la pense latrale ou divergente, ou sur une rflexion hors du cadre.
Pour contourner les fixations , linertie psychologique, ASIT propose justement un nouveau
cadre au lieu de nous dire de penser en dehors dun cadre (Horowitz, 2004).
Lun des points forts de ces mthodes ASIT et TRIZ est de fixer des directives quant la qualit
des solutions trouves : dans TRIZ, ce cadre est dlimit par une modlisation particulire du
problme; dans ASIT, la condition du Monde Clos selon laquelle il ne faut pas ajouter dobjet dun
nouveau type fixe lide dun monde de la solution utilisant les mmes composants que le monde du
problme.
Puisque les solutions cratives sont trs proches dans leur gnalogie des solutions
conventionnelles, il est ncessaire de rester proche du centre de la spirale qui reprsente les solutions
existantes. Ainsi, la mthode ASIT permet de traiter un grand nombre de problmes, et se rvle peu
coteuse en temps, car son usage est trs simple par rapport TRIZ.
Loutil ASIT parat pour cela, extrmement pertinent, car issu dune grande simplification de
TRIZ., mthode qui prsente en effet linconvnient dtre relativement complexe, lourde et
chronovore dans son utilisation (Cortes Robles, 2006). La mthode TRIZ est efficace, mais sous
120
121
Plus rcemment, une tude a t effectue dans le but dtudier loutil ASIT sous
langle de la thorie C-K (Reich et al, 2010). Les auteurs ont illustr leurs propos en expliquant le
fonctionnement et les principes dASIT (conditions du monde clos, changement qualitatif, oprateurs)
travers les oprateurs de conception de la thorie C-K (figure 55). Cette tude a montr que loutil
ASIT ne prend pas en compte la notion dexpansion des connaissances, ni le caractre itratif entre la
mise en place du problme et la recherche de solution. Ainsi, la thorie CK introduit de nouvelles
perspectives dans lvaluation de la conception crative (Reich et al., 2010).
Ces travaux proposent donc dinclure cette notion dexpansion des connaissances dans une
version amliore dASIT, en considrant notamment une expansion incrmentale du monde clos
permettant au fur et mesure lintroduction dobjets supplmentaires. Ces travaux introduisent ainsi
des degrs proches du monde clos .
Sa proposition consiste donc en une procdure gnrale en 4 tapes :
Etape 1 : Slectionner un systme et lobjectif dsir.
Le concept initial, C0, consiste donc en : Il existe une transformation du systme qui permet
datteindre lobjectif dsir .
Etape 2 : Construire un premier espace des connaissances K0 comprenant lensemble
des objets et relations du systme. Il sagit ainsi du monde clos .
122
123
Phase de prparation
Lco-innovation ncessite une bonne identification et une formulation initiale du problme. Elle
demande notamment de placer les problmes des niveaux systmiques levs. Or Horowitz
propose dans la mthodologie SIT de dcomposer le systme en problmes lmentaires, en
micro-problmes . Pour cela, la mthode SIT se situe un micro-level de produit (Horowitz,
1999). Ce micro-level vient notamment de la taille des objets qui sont manipuls lors de la phase
crative.
Ainsi, mme si la nature de ces objets est relativement multiforme et ouverte dans ASIT, car il
est possible dutiliser des objets physiques, de type acteur humain ou encore organisation, il importe
de retravailler la formulation du problme, notamment en adaptant la taille des objets du monde du
problme , afin dencourager les utilisateurs travailler sur des niveaux systmiques levs.
De plus, il a t soulign prcdemment le besoin dorienter la rflexion vers des approches
cycle de vie, mais aussi sociales, et comportementales. Or si ASIT ne bloque pas ces approches, cet
outil ne lencourage pas. Il est donc ncessaire dencourager les utilisateurs porter leurs rflexions
cratives sur lensemble des piliers du dveloppement durable qui sont autant de points dentre en
co-innovation.
o
Gnration dides
Les mcanismes de stimulation dASIT sont bass sur une combinaison entre les phases
issues des oprateurs ASIT et les objets dcrits laide de la condition du monde clos . Ces
mcanismes permettent ainsi de gnrer des solutions innovantes.
124
Afin dviter cette baisse du taux dutilisation, il est donc ncessaire que loutil rponde un
ensemble de critres cls.
Enfin, notons que ces critres nous ont permis par la suite de dvelopper un questionnaire
permettant de recueillir les impressions des utilisateurs sur loutil aprs les tests exprimentaux (cf.
& 3.5.3.4).
Nous avons donc entrepris deffectuer une analyse bibliographique dans la littrature
spcifique la conception et dans la littrature spcifique aux Design For Environment , pour
identifier ces critres de performance dcrits dans les paragraphes suivants (3.4.3.1 3.4.3.11).
125
Littrature en
conception
Littrature en
conception
environnementale
Critres en coinnovation
Figure 57 Principe de la dmarche
3.4.3.1.
Une sance de crativit est avant tout un travail de groupe. Tout processus de conception
innovante ncessite la mise en uvre dun groupe projet. Cela permet dtre naturellement plus
cratif grce aux nouvelles associations dide permises, et de crer une stimulation commune dans
le groupe (Molineux, 2007).
Santanen a ainsi montr que lattention apporte aux ides gnres par autrui, en conflit lors
de la session, aux styles opposs, tout cet ensemble amliore la crativit (Santanen, 2004).
Le travail en collaboration est donc primordial pour une session efficace en crativit (Cook et
al., 2005).
Cette ncessit de travail en groupe implique: des supports de collaboration (Resnick et al.,
2005), et linstauration dun langage commun (Knight et Jenkins, 2009).
Le langage commun permet en effet lensemble du groupe de se comprendre et de travailler
sur un pied dgalit, sans sentiment de frustration, de mme quil permet de rendre accessible loutil
dexpert des novices du domaine, et de les faire travailler ensemble, vers un mme objectif (Resnick
et al., 2005).
Plus spcifiquement, la session dco-innovation doit chercher instaurer un langage sur des
thmatiques environnementales. Celle-ci peut alors devenir une opportunit de partage dune mme
vision, sans faire disparatre pour autant la contrainte pouvant rsulter de la multitude dinterprtations
possibles. Rocchi explique notamment quun des freins lors des workshops organiss en coinnovation venait du temps pass dterminer une vision commune. (Rocchi, 2005). Aussi est-il
important de repenser lenvironnement de faon simple, logique et comprhensible par tous.
Outre le langage commun, loutil doit proposer de vrais supports de collaboration permettant
de donner chacun sa part de contribution, en utilisant galement ses propres talents (Resnicket al.,
2005). Enfin, la structure-mme de loutil ne doit pas tre trop contraignante, mais plutt, tre ouverte
linterprtation.
3.4.3.2.
126
Il existe selon Baumann plus de 150 outils dans la thmatique du Design For Environnent
(Baumann, 2002). Certains concepteurs se plaignent du trop grand nombre doutils, car il devient
compliqu de choisir les plus adapts. Resnick explique que la question de lvaluation de la
performance dun outil est, en cela, importante (Resnick, 2005).
Loutil doit pouvoir clairement permettre didentifier les bnfices rsultant de son emploi, avec
ses forces et ses faiblesses (Hewett, 2005), et galement prsenter, les donnes ncessaires pour
son utilisation et les rsultats potentiels quil peut apporter, tout cela amenant identifier rapidement
loutil le plus efficace pour une situation donne.
Loutil doit aussi clarifier rapidement les bnfices de son emploi, en comparaison avec leffort
demand, afin quil soit peru comme utile lors du processus de conception (Knight et Jenkins, 2009).
Dans un processus de conception qui fait intervenir de multiples outils, il est ncessaire de bien
comprendre ce que peuvent apporter les mthodes de crativit dans la rsolution des problmes
(Vidal, 2007).
Au cours de la session, lobjectif doit tre clairement dfini pour tous les participants afin de ne
pas crer une session plusieurs vitesses, et ralentir ainsi la gnration dides (Beckhaus, 2006).
3.4.3.4.
Lexploration est la capacit de loutil explorer de nouvelles alternatives. Il sagit donc dun
critre en conception crative, qui se dfinit comme tant lexploration de nouveaux espaces de
recherche (Stal et George, 1996 ; Resnick et al., 2005 ; Chakrabarti, 2009).
Cette capacit dexploration permet la production de multiples problmes, ides, alternatives et
solutions (Vidal, 2007).
Lexploration de lespace de recherche se fait en co-innovation en deux temps. Dans un
premier temps, loutil doit permettre dexplorer le cycle de vie du produit, afin de ne pas se focaliser
sur une phase particulire et denvisager ses rpercussions sur tout le cycle (Sherwin, 2000). Dans un
deuxime temps, loutil doit aussi pouvoir apprhender lensemble des niveaux systmiques du
produit, en se focalisant sur un systme, tout en conservant, si ncessaire, la possibilit de se
recentrer sur le produit ou ses composants (OHare, 2010).
3.4.3.5.
Un outil de conception nest utile que si les utilisateurs ont confiance dans la performance de
celui-ci, ainsi que sur ses capacits (Lindahl, 2005). La part psychologique dans les processus de
crativit est importante.
Ainsi, loutil doit permettre aux utilisateurs de se sentir, eux-mmes, cratifs, afin quils le
soient effectivement (Beckhaus, 2006). Pour cela, ils doivent se surprendre eux-mmes lorsquils
explorent lespace des possibilits (Resnick et al., 2005). OHare identifie comme solution le fait
dutiliser en co-innovation un outil dj rput en crativit afin quil soit plus rapidement adopt par
lentreprise (OHare, 2010).
La thmatique de lco-innovation amplifie limportance de ce critre. La conception
environnementale parait souvent complexe, partir de notions trop abstraites, comme, par exemple,
le rchauffement climatique, conduisant ainsi les entreprises faire rgulirement appel des experts
pour traiter de ces thmatiques.
Loutil doit donc permettre de proposer une vue globale et simple de lenvironnement afin que
les utilisateurs aient confiance dans leur aptitude apporter de bons concepts.
3.4.3.6.
Un requis important de loutil dco-innovation, est sa capacit tre flexible, afin daider
son adoption par lquipe de concepteurs, et permettre son implmentation dans les processus de
conception. Ce critre de flexibilit dun outil peut tre compris partir de trois paramtres :
Un outil doit tre flexible au sein mme de lentreprise. Loutil ne doit pas tre trop
spcifique comme des check-lists, et doit sadapter la diversit des entreprises, et des produits et
sajuster diffrents contextes ainsi qu la culture de la Compagnie (Lindahl, 2005).
127
3.4.3.7.
Nous avons vu prcdemment que les informations manipules en phase amont de conception
jouent un rle prpondrant dans lorientation du processus de conception. Or ces phases amont ne
donnent encore que de peu dinformations. Les outils spcifiques ces phases doivent donc pouvoir
tre utiliss avec des lments globaux, et non spcifiques au sujet dtude.
La gnration de concept doit tre efficace partir de donnes gnriques relativement simples
(Lindahl, 2005 ; Self, 2009). Collado-Ruiz montre dailleurs, dans son tude sur linfluence des
donnes environnementales en session de crativit, quun simple mail suffit pour donner de bons
rsultats (Collado-Ruiz et Hesamedin, 2010).
3.4.3.8.
Un outil dco-innovation a une double fonction. La premire est daider gnrer des ides
originales qui vont vers une rduction dimpact environnemental. La seconde est dapporter de
nouvelles connaissances aux utilisateurs, que ce soit par la manire de raisonner, ou par des
informations sur lco-conception.
Bras a fait notamment remarquer que la promotion des critres environnementaux passe par
lducation des concepteurs (Bras, 1997), tandis que lenqute mene par Lofthouse a identifi
clairement ce besoin des designers dacqurir des informations environnementales (Lofthouse, 2005).
Loutil doit donc apporter des notions simples des pratiques en co-conception (Resnick et al, 2005).
3.4.3.9.
Linnovation et la crativit sont des processus qui ont pour finalit de gnrer des ides et
sortir des sentiers battus . Le cadre dans lequel se droule la sance joue donc un rle majeur
pour favoriser lmergence de ces ides.
Lagerstedt explique que les outils dco-conception doivent tre efficaces et adapts
lutilisateur (Lagerstedt, 2003), mais aussi tre agrables utiliser (Resnick et al., 2005). Ce critre
passe notamment par lergonomie de loutil permettant lutilisateur de se sentir laise tout au long
du processus de crativit. (Lindahl, 2005 ; Knight et Jenkins, 2009) Lergonomie sexprime aussi,
selon Simona Rocchi, par le format des informations utilises dans loutil, lequel doit tre adapt au
niveau dexpertise de chaque utilisateur (Rocchi, 2005).
128
Facilit dusage
dexcution
et
rapidit
Performance dexploration
Confiance
Flexibilit
Niveau de dtails
Apprentissage
Ergonomie
loutil
Convivialit
Supporter lhybridation
de
Rfrence
Cook, 2005
Resnick et al, 2005
Molineux, 2007
Santanen, 2004
Rocchi, 2005
Knight et Jenkins, 2009
Briggs et Reining, 2007
Lindahl, 2005
Cook et al., 2005
Thiebaud, 2003
Thouvenin, 2002
Stempfle, 2002
Knight et Jenkins, 2009
Beckhaus, 2006
Hewett, 2005
Resnick et al, 2005
Vidal, 2007
Lindahl, 2005
Sherwin, 2000
Chakrabarti, 2009
Resnick et al , 2005
Shah et Vargas-Hernandez ,
2003
Sherwin, 2000
Beckhaus, 2006
Dallman et al., 2005
Lindhal, 2005
Lindahl, 2005
Jones, 2001
Van Handoeven, 1999
Resnick, 2005
Knight et Jenkins, 2009
Collado-Ruiz, 2010
Self, 2009
Bras, 1997
Resnick et al , 2005
van der Lugt, 2000
Lofthouse, 2005
Knight et Jenkins, 2009
Molineux, 2007
Resnick et al, 2005
Vidal, 2007
Thouvenin, 2002
Legardeur 2009
129
Rsultat
Processus
Utilisateur
Perception du processus
Perception du rsultat
Chercheur
Evaluation du processus
Evaluation du rsultat
En ce qui concerne la mise en place de lexprimentation, la littrature nous montre que lon
peut classer les exprimentations en plusieurs niveaux (figure 58):
un niveau cas dtude rel , ltude se focalisant sur lexprience industrielle, avec des
contrles limits ;
un niveau macro , ltude pouvant porter sur des mthodes compltes avec un
contrle qui reste assez limit ;
un niveau intermdiaire , o il est ncessaire daligner les mthodes et les
mcanismes didation afin de modliser prcisment ces phases didation ;
un niveau micro , o lenvironnement est extrmement contrl et qui sapproche
dune tude purement cognitive de la phase didation (Vargas-Hernandez et al., 2010).
La plupart des outils dco-innovation se focalisent soit sur la mise en place du problme, soit
sur lvaluation de concept et trs peu sur les phases didation.
Notre but ici nest donc pas daborder une approche cognitive sur lco-innovation, mais, au
contraire, de montrer lintrt du processus cratif en co-innovation. Ainsi, dans le souci dlargir
ltude plusieurs outils dco-conception/co-innovation, et dtudier loutil EcoASIT vis vis doutils
dj dvelopps, il est apparu plus pertinent de se placer un niveau macro .
130
131
VargasHernandez
et al.,
2010
Jones,
2001
Jones,
2003
ColladoRuiz et
Hesamedin,
2010
Lockton,
2010
(spcialise dans le
packaging)
30 min pour prsenter le
projet, 30 70 min de
brainstorming puis 40
min avec stimuli.
Le chercheur a particip
au projet.
Les participants taient
supposs avoir le mme
type de niveau
dexpertise pour la
demande
20 participants
4 groupes alatoires
avec analyse sur leur
intrt
Ide crire sur post it
Mme identification de
problme
56 tudiants
Score de crativit
132
3.5.3.1.
La quantit dides est rgulirement utilise pour mesurer les phases didation. Dans
certaines dmarches, comme le brainstorming (Osborn, 1953) il est gnralement admis que la
quantit dide mne la qualit . Or certaines mthodes, telle que la mthode TRIZ, remettent en
cause ce mythe suivant lequel plus on a dides considrer, plus on augmente nos chances de
dcouvrir de nouvelles choses (Grossman et al., 1988).
Ainsi, allons-nous proposer, dans ce protocole exprimental, de prendre en compte la
frquence de gnration des ides, qui permet de caractriser leffort du groupe durant toute la
session et ainsi observer les temps de relchement du groupe.
Cet indicateur nous parait essentiel pour caractriser un outil de crativit. Il permet en effet de
sassurer quun groupe de crativit gnrera des ides durant tout le temps de la session de
crativit, caractrisant le dynamisme de loutil, sans avoir considrer la quantit dides gnres.
3.5.3.2.
La varit des ides est un critre important de prise en compte de la capacit dexploration
dun problme lors dune session crative. En effet, Dylla a trouv une corrlation signifiante entre le
pourcentage du champ despace couvert et la qualit du produit final (Dylla, 1991). Ce critre permet
de caractriser la capacit de loutil aider le groupe dstructurer le problme, et envisager
lensemble des solutions possibles.
Dans le cas de lco-innovation, nous proposons une chelle adapte ce critre. En effet,
nous considrons que le champ de conception en co-innovation revient pouvoir envisager 6
caractristiques possibles :
-
Cette chelle permet de classer lensemble des ides gnres et caractriser la capacit de
loutil envisager une varit de ces solutions.
133
Mthode
Nouvel usage
Service
Explication et exemple
Lide est oriente uniquement sur le produit.
Ex : utilisation de matriaux recyclables dans un
produit
Lide est oriente sur une modification des mthodes
de conception.
Ex : Nouveau systme de vente du produit
Lide est oriente sur une modification du produit en
vue d'y associer un service.
Ex : Produit rparable domicile
Lide est oriente sur une modification de l'usage
associ au produit.
Ex : Mutualisation du produit
Lide est oriente sur un service associ au produit.
Ex : Service aprs-vente
Lide est oriente sur de nouveaux types
dorganisation, de stratgies globales.
Ex : Mise en place de filire de recyclage, cologie
industrielle
3.5.3.3.
En ce qui concerne les critres permettant dvaluer les rsultats, les critres doriginalit et
de pertinence environnementale sont adapts aux thmatiques de lco-innovation, comme le montre
le tableau 2 ci-dessous, qui rsume les divers critres utiliss lors des tests exprimentaux.
Notes
0
1
2
3
0
1
2
3
Explication
Originalit
Aucune originalit - Dj vue
Originale et cette ide a dj t vue dans d'autre secteur
Trs original
Innovation de rupture
Pertinence environnementale
Pas du tout pertinent et nuisible
N'apporte pas de rduction d'impact environnemental
Possible rduction d'impact environnemental
Montre un grand potentiel de rduction d'impact environnemental
Tableau 31 Description des indicateurs orients rsultats
3.5.3.4.
Questionnaire
Comme nous lavons dcrit prcdemment, il est essentiel de recueillir la perception des
utilisateurs quant loutil quils viennent de manipuler. Pour cela, nous avons construit un
questionnaire spcifique dans le but de le remettre aux utilisateurs quelques jours aprs les tests.
Dans le tableau 27 nous avons numr un ensemble de critres de performance de loutil
pour guider le dveloppement de loutil. Ces critres nous ont aussi permis llaboration dun
questionnaire
Le tableau ci-dessous reprend la trame du questionnaire.
134
Expertise
Collaboration
Mise en uvre
Objectif
Exploration
Questions
Quelle est votre connaissance en co-conception ?
Avez-vous pratiqu les outils suivants ?
Avez-vous pratiqu les outils suivants ?
L'outil favorise-t-il l'interaction et la discussion entre les participants ?
D'aprs vous, l'outil favorise-t-il la comprhension multidisciplinaire ?
La notion de produit durable et co-innovant tait-t-elle claire pour le groupe ?
Comment jugez-vous la prise en main de l'outil, lapprentissage ?
Que pensez-vous du temps de mise en uvre de l'outil, de la rapidit de
gnration dide?
9.
Avez-vous compris la dmarche, lobjectif tait-il clair ?
10. Avez-vous eu l'impression d'avoir fait globalement le tour du problme ?
11. Trouvez-vous les solutions que le groupe a gnres pertinentes d'un point du
vue environnemental?
12. Trouvez-vous les solutions que le groupe a gnres originales?
Confiance
3.5.3.1.
Le tableau 33 ci-aprs fait la synthse, avec description, des diffrents indicateurs mis en place
pour le protocole exprimental. Afin dobtenir une valuation objective des phases dco-idation,
nous avons donc des indicateurs orients processus , qui permettent de caractriser le
dveloppement du processus de loutil et des indicateurs orients rsultats , permettant dvaluer
la qualit des ides.
En parallle, il a t dvelopp un questionnaire pour recueillir les impressions des utilisateurs.
135
Critres
Description
Frquence
Critres orients
processus
Dfinition du critre : Diversit des concepts gnrs..
Mthode de calcul : Chaque ide est classe suivant le type
de nouveaut sur lequel porte lide :
Varit
Pertinence
environnementale
Dfinition
du
critre :
Rduction
de
limpact
environnemental du concept gnr vis--vis du concept de
rfrence.
Mthode de calcul : Chaque ide est classe suivant une
chelle porte de 0 3
Critres orients
rsultats
Perception
utilisateurs
des
Expertise
Collaboration
Mise en uvre
Objectif
Exploration
Confiance
3.6. CONCLUSION
Dans ce chapitre, nous avons prsent notre approche mthodologique, et en cela dcrit les
moyens qui nous ont permis darriver aux principaux apports de cette thse qui seront dcrits dans les
chapitres suivants.
Notre approche sarticule ainsi autour de 2 processus :
(1) Le premier processus est le dveloppement dun outil dco-innovation EcoASIT. Cet
outil sappuie sur loutil de crativit ASIT, lequel a pour objectif de rpondre aux problmatiques
pralablement identifies : focalisation sur les phases didation des niveaux systmiques levs, et
stimulation sur lensemble des axes du dveloppement durable.
Pour cela, nous avons prsent une stratgie dadaptation de loutil ASIT, tout en prsentant ses
limites dans un contexte dco-innovation. Cette stratgie peut tre rappele, et se rsumer, travers
les questions suivantes :
136
Comment orienter la rflexion de loutil ASIT vers des niveaux systmiques levs,
tant sur la mise en place du problme que sur les objets manipuls ?
Comment orienter la rflexion de loutil ASIT vers les approches environnementale
travers notamment la notion de cycle de vie et les approches sociales, notamment
travers les objets manipuls et les oprateurs utiliss ?
En parallle, nous nous sommes fix des contraintes dans le dveloppement de loutil,
contraintes issues dun tat de lart sur les critres de performance et dintgration des outils dcoinnovation. Elles ont constitu un fil directeur dans le processus de dveloppement des diffrents
prototypes de EcoASIT.
(2) Le deuxime processus de notre approche mthodologique correspond la mise en
place dun protocole exprimental permettant dvaluer les phases dco-idation et en particulier pour
effectuer des tests exprimentaux et ainsi valuer de loutil EcoASIT.
Ce protocole sappuie sur le postulat suivant :
Un outil de crativit performant doit maintenir un flux constant dides durant toute la session,
et permettre au groupe dexplorer efficacement le champ de conception, c'est--dire, lensemble des
alternatives envisageables.
Il sappuie galement sur lide quun outil ne sera utilis que si les utilisateurs le peroivent
comme outil performant.
Pour ce faire, ce protocole est compos dun ensemble dindicateurs objectifs , dont les
principaux permettent dtudier la frquence de gnration dides, de mme que la varit des ides
gnres par le groupe, et dun questionnaire permettant de recueillir les impressions plus subjectives
des utilisateurs de loutil.
137
138
CHAPITRE 4. Dveloppement
dEcoASIT, un nouvel outil dcoinnovation
139
Introduction
Notre tat de lart a permis didentifier les insuffisances des outils dco-innovation dans les
phases de gnration dides, avec pour consquence, lintrt de focaliser le dveloppement dun
nouvel outil dco-innovation sur la phase didation.
Pour cela, nous avons entrepris une dmarche visant identifier un outil de crativit dj
existant, afin de ladapter aux problmatiques de lco-innovation.
Cest ainsi que, dans ce quatrime chapitre, nous prsenterons cet outil dco-innovation, dans
son utilisation plus prcisment oriente sur la stimulation dun groupe dutilisateurs sur lensemble
des axes du dveloppement durable (environnemental, social, ou encore sur le comportement des
diverses parties prenantes).
Avec la prsentation de cet outil, nous souhaitons apporter une rponse adquate aux lacunes
des outils actuels en dveloppant un outil de crativit spcifique lco-innovation.
Le dveloppement de cet outil a t initi grce la collaboration entre le centre daccueil de
cette thse, APESA-Innovation, et le laboratoire ESTIA Recherche23. Le premier travail qui en a
rsult, visait montrer la pertinence dutilisation de loutil de crativit ASIT, dvelopp par Roni
Horowitz (Horowitz, 1999), la suite dune analyse environnementale simplifie.
Dans cette approche, les auteurs de ces travaux, publis dans (Legardeur et al. 2009) ont
propos dhybrider loutil de hirarchisation des impacts environnementaux ATEP (Le pochat, 2005)
pour lidentification du problme pos avec loutil ASIT pour la phase de gnration dides. Lobjet de
la prsente thse sinscrit, ds lors, dans la continuit de cette dmarche.
Au regard de notre tat de lart, et, notamment, des limites actuelles concernant
linstrumentation des processus dco-innovation, nous avons fait le choix de continuer ladaptation de
loutil ASIT en EcoASIT, et ce en intgrant dans nos travaux 3 notions cls : lapproche cycle de vie,
lapproche sociale et comportementale, et la ncessit de travailler des niveaux systmiques levs.
Cette partie sarticule en deux tapes. Dans un premier temps, ce chapitre sattachera
prsenter notre adaptation et lvolution de loutil EcoASIT tout au long de cette thse 24. Nous
souhaitons ainsi proposer une validation scientifique de notre contribution sur un double plan la fois
thorique et exprimental.
Sur le plan thorique, nous expliciterons les fondements conceptuels de loutil EcoASIT en
soulignant son affiliation et ses distances avec loutil ASIT.
Sur le plan exprimental, nous avons choisi de retracer lvolution dEcoASIT en prsentant les
diffrentes approches et versions doutils proposes, de manire interactive avec les connaissances
apports par lensemble des tests effectus au sein du centre APESA Innovation, mais galement
dans des milieux acadmiques et industriels.
Dans un deuxime temps, il permettra de prsenter, de manire plus dtaille, lultime version
de loutil EcoASIT, qui correspond un prototype valide par lentreprise partenaire. Cette dernire
version sera plus largement teste.
Ceci nous amnera la fin de ce chapitre, faire une synthse de notre dmarche, notamment
en mettant en vidence les principales diffrences entre loutil ASIT et loutil EcoASIT.
Ce chapitre, plus gnralement, va tre loccasion de prsenter les diffrentes approches
dEcoASIT suivies durant le cadre de dveloppement de cet outil.
(1) Une premire approche, correspondant une version initiale dEcoASIT, et qui consiste
essentiellement en lintgration dans le processus ASIT des caractristiques de lco-innovation que
sont : la notion de cycle de vie, lapproche sociale et comportementale. Il sagira dune approche
essentiellement focalise sur une mise en place approfondie du problme pos, afin dapprhender la
complexit des problmes envisags.
23
Cette thse est issue de travaux prliminaire de R&D initi par APESA-Innovation qui dsirait coupler
lanalyse environnementale et les outils de crativit.
24
Cette volution de loutil EcoASIT est issue dun travail conjoint entre le centre APESA-Innovation et ESTIA
Recherche en collaboration avec lentreprise SolidCreativity, entreprise experte sur lutilisation de loutil ASIT.
140
141
Nous verrons, dans la suite de notre dmarche, que nous avons toujours souhait plac nos
recherches dans un processus ditrations entre des exprimentations sur loutil EcoASIT, une
observation des rsultats qualitatifs et/ou quantitatifs, et une correction de loutil et/ou la mise en place
de nouvelles approches.
Etant prcis que les exprimentations relevaient de par leur nature et leur objet, de deux
catgories :
(1) La premire catgorie concerne les exprimentations dites de dveloppement , en
vert et orange sur la figure ci-dessus, et ayant eu lieu essentiellement en interne (au sein mme du
centre). Celles-ci, conduites par lquipe de recherche, ont permis de tester lensemble des versions
de loutil, et de recueillir les ractions des participants (ractions recueillies en direct et/ou sous forme
de mini-questionnaires).
Parmi ces tests, nous retrouvons chronologiquement :
une tude de cas sur une cabine de douche, ralise en interne, dont lobjectif tait de
gnrer des concepts en vue dune reconception innovante de ce produit. Ce premier test
sest focalis sur la phase de mise en place du problme.
une tude de cas sur une lampe de bureau, ralise en interne, dont la finalit tait de rduire
la consommation dnergie de la lampe.
une tude de cas sur une veste de ski, ralise en interne, partir de donnes relles,afin de
rduire limpact environnemental de la veste. Ce test a consist avant tout tudier la fluidit
du processus EcoASIT.
une tude de cas sur une combinaison en noprne, ralise en interne, visant rduire
limpact de la fin de vie du produit.
une tude de cas sur un rasoir jetable, ralise en prsence de participants non-initis la
mthode, dans le but de rduire la consommation de ressources inhrentes ce produit.
En parallle, nous avons effectu 3 cas industriels :
une tude de cas issu dun projet avec la socit de mobilier ALKI, permettant de concevoir
une nouvelle gamme de mobilier extrieur. Cette tude a t faite en interne.
142
Concernant ces tests, nous reviendrons plus prcisment sur certains dentre eux pour
illustrer nos propos et justifier les volutions donnes loutil.
(2)
La deuxime catgorie se rapporte des exprimentations dites de validation en
bleu sur la mme figure ci-dessus. Elles montrent les principales tapes de dveloppement de loutil,
avec un protocole plus prcis. Ces dernires se sont droules en milieu extrieur.
Le chapitre 5 de cette thse leur est consacr .
(3)
Le tableau 34 ci-dessous reprend, dans toutes leurs composantes, les diffrents tests
raliss.
143
Test
Cas dtude
Objectif
Luminaire extrieur
HOLIGHT
Chercheurs + Consultants +
Industriels / Experts en coconception et crativit (20p)
Test acadmique
Tester le concept C0 : ASIT est pertinent sur
des thmatiques dco-innovation
Cabine de douche
Ingnieur co-conception /
Ingnieur conception (5p)
Test de dveloppement
Test de la version 1
Lampe de bureau
Ingnieur co-conception /
Ingnieur conception (5p)
Test de dveloppement
Test de la version 1
Veste de ski
Ingnieur co-conception /
Ingnieur conception (5p)
Test de dveloppement
Test de la version 1
Renault
Test de dveloppement:
Test de la version 2+ Intgration des 9
crans (Problme dj pos)
Combinaison
Ingnieur co-conception /
Ingnieur conception (5p)
Test de dveloppement
Test de la version 2
Meuble de jardin
ALKI
Ingnieur co-conception /
Ingnieur conception (5p)
Test de dveloppement
Test de la version 2
Ingnieur co-conception /
Ingnieur conception (5p)
Test de dveloppement
Test de loutil final / ASIT
Panneau dautoroute
AXIMUM
Ingnieur co-conception /
Ingnieur conception (5p)
Test de dveloppement
Test de loutil final / ASIT
10
Bouilloire
Etudiants en co-conception
(20p)
Test acadmique
Validation acadmique de loutil final
11
Test acadmique
Test de loutil final
NB : Test acadmique : test avec protocole dcrit dans le chapitre ; Test de dveloppement : Test qualitatif permettant dexprimenter des concepts doutils
144
4.2.1. 1ERE
APPROCHE :
INTEGRATION
DEVELOPPEMENT DANS LOUTIL ASIT
DES
DIMENSIONS
DE
Loutil ASIT ne propose pas, en tant que tel, daide lidentification de la problmatique traiter
ou de la recherche dun objectif de la session. Le groupe dutilisateurs doit donc utiliser ses
connaissances sur le produit ou service tudi, et ses comptences, pour dfinir les problmatiques
adquates traiter.
De par la diversit des parties intervenantes, et des dimensions impliques dans le cadre dun
processus dco-innovation, la mise en place du problme ne peut pas dpendre uniquement des
connaissances du groupe, ainsi que de sa manire daborder et dapprhender les thmatiques
environnementales et socitales. Dans le cas contraire, il y aurait un risque que le groupe ne se
focalise que sur les sujets quil matrise, ou quil a lhabitude de traiter (Matthews et al., 2002), avec,
pour consquence, un manque de pertinence sur des thmatiques dco-innovation qui demandent
une remise en cause approfondie du systme, et lintgration de nouvelles dimensions. Ainsi, des
alternatives intressantes peuvent tre cartes parce quelles ne sont pas connues, usuelles ou
values (Scavaretti, 2004).
Prenant en compte ces considrations, nous avons cherch, en travaillant sur loutil EcoASIT,
rpondre deux questions se poser ds le dpart :
(1) Comment aider le groupe identifier et formuler un problme en co-innovation ?
(2) Comment aider le groupe intgrer les notions environnementales et socitales durant le
processus de crativit ?
Dans cette approche, les rponses doivent sarticuler autour de deux versions de
loutil EcoASIT :
- Une version v1, qui a eu pour objectif dintgrer la dimension environnementale et
socitale dans le processus de loutil ASIT. Nous avons donc cherch accompagner lutilisateur
dans la mise en place du problme laide de lintroduction dune carte conceptuelle ou mindmap des
problmes, et dune matrice permettant de croiser les diffrentes dimensions nonces
prcdemment. Puis nous avons adapt les objets et les oprateurs ASIT dans une logique dcoinnovation.
- Une version v2, qui a rpondu un souci de simplification de la dmarche visant
identifier le problme, tout en rendant le processus de loutil plus flexible.
25
145
26
Cette version de loutil a fait lobjet de deux articles : (Tyl et al., 2009) et (Tyl et al., 2011a)
146
147
Matire premire
Fabrication
Dimension
environnementale
Logistique - Vente
Utilisation
Fin de vie
Comportement responsable
Objectif
Dimension
utilisateur
Perception - Esthtique
Valeur destime
dynamisme local
Dimension socitale
Emploi
Accessibilit
Besoin
Figure 61 Architecture de la mindmap
Les 3 dimensions rassembles dans cette mindmap ont pour objectif de forcer une rflexion
globale des utilisateurs lors de lidentification et la formalisation des problmatiques dco-innovation
au sein de lentreprise.
Lillustration ci-dessous (figure 62) est un extrait de la mindmap.
27
148
149
Ainsi, par lapproche matricielle, nous proposons dvaluer le produit dans ces 3 dimensions,
pour ensuite les croiser en identifiant des couples de problmes/objectifs pour la session dcoinnovation.
Une premire tape du processus consiste alors en une double valuation du produit, tape qui
se droule en groupe, laide des outils suivants :
(1) Une premier valuation est oriente vers limpact environnemental du produit rfrence,
valuation suivant les phases du cycle de vie et les impacts environnementaux de celui-ci. Pour cela,
t choisi loutil ESQCV dj prsent, celui-ci permet une vision exhaustive du produit. Le groupe
peut donc en avoir une vue globale, ainsi que les impacts privilgier.
(2) Une deuxime valuation concerne les dimensions comportementales et sociales du
produit. Cela a conduit crer un tableau expliquant lensemble des points cls des dimensions
comportementales et socitales prendre en compte. Pour chaque point cl, une dfinition et des
exemples sont mis et des priorits sont donnes pour aider le groupe dans son valuation.
Le tableau ci-dessous reprend le tableau daide lvaluation.
150
Points cls
Bon usage
(apprentissage
/incitation)
Perception Valeur
destime
Dynamisme
local Cohsion
sociale
Redfinition
du besoin
Condition de
travail
Priorit faible F
- Le systme implique
naturellement une bonne
utilisation
- La dure de vie du
systme ne dpend pas
dun effet de mode.
- La dure de vie du
systme correspond
son obsolescence
technique
- Le systme sintgre
bien dans son
environnement local et
est en cohrence avec le
tissu social.
- Le systme est
accessible au plus grand
nombre
- Le systme et ses
composants se justifient
parfaitement
- Le systme rpond
un besoin concret de la
socit et ce besoin ne
peut tre satisfait de
manire plus efficace
Un travail a dj t
effectu pour garantir de
bonnes conditions de
travail sur lensemble du
cycle de vie
Priorit moyenne M
Le
systme
correctement utilis
est
Le systme peut se
renouveler rgulirement
et donc dpend en partie
de la valeur destime quon
lui attribue.
Priorit leve E
Mon systme peut tre
facilement
utilis
de
manire irresponsable
- Le systme est associ
un effet de mode
- Le systme peut se
changer rgulirement
Utilisateur, contact direct
avec le systme
- Systme directement en
interaction avec
lutilisateur
Un travail a t effectu
pour mieux insrer le
systme dans son
environnement
Le systme ne se justifie
pas et le besoin quil
remplit peut tre satisfait
de manire plus efficace
(3) Ces valuations, partir des dimensions prendre en compte, sont compltes,
graphiquement, par une matrice qui prsente, sur ces deux axes, lensemble des points cls ; le
but tant de les croiser afin de dterminer ceux qui sont interdpendants et qui, donc, prsentent un
intrt particulier pour tablir des correspondances et des rorientations (figure 65) (voir annexe 2).
Comme nous lavons constat, lentreprise nira gnralement pas vers des approches
comportementales et sociales. Lintrt de cette matrice porte sur sa capacit croiser les diffrentes
151
152
Deux tapes dans lidentification et le choix des objets par le groupe sont considrer :
(1) Une premire tape, consistant dcrire les objets qui se rapportent directement, ou
indirectement, au systme tudi, et sur lensemble de son cycle de vie du systme et en intgrant
spcifiquement les parties prenantes du systme, savoir, celles qui influencent le systme lui-mme.
Pour cela, a t labor le document suivant, afin daider le groupe dans sa description des objets du
systme sur le cycle de vie (figure 67).
Ce document permet donc de recenser lensemble des objets du monde clos EcoASIT sur
les diffrentes tapes du cycle de vie du produit, qui permettent de dfinir le problme (ce document
est mis en annexe 3). Sur chacune de ces tapes, des objets gnriques ont t prdfinis afin de
faciliter le travail du groupe. Par exemple, dans la phase dusage, nous appelons le groupe dfinir
des objets concernant divers consommables et accessoires du systme, le contexte dutilisation, ou
encore des parties prenantes telles les utilisateurs potentiels, lentourage, ou encore des parties
prenantes lies la rparation et maintenance du produit.
(2) Une deuxime tape, consistant intgrer la dimension Environnement au sein du
monde clos. Pour cela, un travail a t fait, lors de session crative, de mise en place des objets,
aisment manipulables, mme dintroduire la notion Environnementale (au sens large du terme)
dans la rflexion.
Nous avons ainsi labor un jeu de 6 objets reprsentant limpact potentiel dun produit sur
son environnement :
les ressources (eau, nergie, matires,), les dchets (pollution,), le milieu naturel, la
culture locale, lactivit locale et la perception.
A partir des deux dclinaisons du monde clos (cycle de vie du produit et impact sur
lenvironnement), le groupe a donc en possession un ensemble dobjets, manipuler lors de la phase
de gnration dides, pour gnrer de nouvelles solutions.
153
Dans un premier temps, la phase de gnration dides tait base sur lutilisation de
lensemble des oprateurs ASIT : Unification, Suppression, Multiplication, Division et Casser la
symtrie.
Nous avons par ailleurs mis en place un nouvel oprateur, inspir notamment des logiques de
combinaisons de SCAMPERR, ou de la matrice de dcouverte.
En effet, les mcanismes de stimulation de ASIT visent travailler sur un objet en particulier
afin dengendrer des solutions innovantes. Il sagit donc dune vision linaire de rsolution de
problme. Ainsi, titre dexemple, loutil Unification va-t-il permettre de rechercher, pour un objet dj
existant, un nouvel usage.
Or, la dmarche dco-innovation introduit une notion de cycle de vie du produit, et donc une
approche temporelle ncessitant la construction de nouveaux scnarii, et un travail sur de nouveaux
concepts de cycle de vie, approche qui ncessite de rflchir sur linterdpendance entre les
diffrentes tapes du cycle de vie et les nouvelles combinaisons entre objets.
De plus, lanalyse de produits co-innovants montre que de nombreuses solutions ont t le
rsultat de relations entre objets : lcologie industrielle, la notion de Systme Produit-Service.
Ces nouvelles relations entre les diffrents objets du problme (produit, environnement,
utilisateur) ont pour consquence des modifications sur lenvironnement et la socit ; et il est donc
important de concevoir ces relations (Mellick, 2004).
Une tude des oprateurs de ASIT ne permet donc pas de mettre en valeur ces nouvelles
combinaisons, et il est donc ncessaire de crer un mcanisme supplmentaire pour favoriser cette
logique.
Nous avons ainsi mis en place un nouvel outil : Intgration, dont la finalit est de mettre en
relation deux objets entre eux. Cet outil consiste construire une phrase de stimulation du modle
suivant :
Mettre en relation {un objet 1} et {un objet 2} va me permettre datteindre mon objectif vis
(4) Tests sur la premire version dEcoASIT (tests 2 et 3)
Pour tester cette premire version de loutil, deux tests ont t raliss. Ces deux premiers
tests se sont drouls au sein du centre daccueil de la thse, en prsence des salaris du centre.
Ils se sont drouls en 3 phases :
une prsentation des objectifs de la sance de 15min (objectif de la sance, principe de
loutil, prsentation du cas dtude) ;
une session crative de 2h30 ;
un dbriefing ds la fin de la session.
Comme indiqu dans le tableau 34, les cas dtude taient fictifs, et prsents de la manire
suivante :
Socit spcialise dans la fabrication de cabine de douches. La socit soccupe de lassemblage
de la cabine avec pour caractristiques :
- 1 site de production (Gironde, France)
- Vente en magasin spcialis
- Produit monter soi mme
- Produit sans garantie
Aujourdhui: Demande dco-conception pour une nouvelle gamme de produit
Ces deux tests ont rpondu au mme processus et leur analyse, pour chacun dentre eux, a
t ralise laide dun questionnaire remis aux participants, ainsi que par un dbriefing chaud.
De ces tests, il ressort trois enseignements:
Le premier concerne lvaluation initiale du produit.
Elle est apparue relativement contraignante, et peu adapte pour lidentification daspects
prioritaires. La complexit de loutil, due la double lecture de la matrice (impact environnemental et
154
4.2.1.2.
Lapproche prcdente nous a permis dlaborer une premire version EcoASIT, et den tirer
une double conclusion :
La contradiction entre les problmatiques que nous avons mises et les rsultats
rencontrs lissu des tests.
Le travail concernant la mise en place du problme a demand, lors des tests prcdents, un effort
cognitif trs important et un temps trop long, avec, pour consquence, lors de la phase de gnration
dides, un groupe peu efficace et moins attentif aux diffrents mcanismes de stimulation propos
par loutil. Or, lun des objectifs de loutil EcoASIT est de se focaliser sur la phase de gnration
dides, do la ncessit de rendre loutil plus simple et efficace.
Il est ncessaire de rendre plus flexible loutil, flexibilit qui doit, la fois, prendre en
compte le systme tudi, ainsi que les comptences du groupe intervenant sur ces problmatiques.
a. Travaux sur la mise en place du problme : Le diagramme dvaluation
Le deuxime prototype doutil sest donc ax sur deux modifications principales :
Nous avons cherch simplifier la mise en place du problme. Pour ce faire, la matrice de
croisement, qui savrait chronovore, a t carte, avec pour consquence, une rappropriation de
lapproche adopte par la mthode Eco-compass (cf. & 2.3.3.1).
Le test 1, qui sera prsent au chapitre 5 et qui met en uvre cet outil, a en effet confort
lintrt de Eco-compass dans la mise en place du problme La mthode Eco-compass propose, en
effet, de consolider la mise en place du problme par un diagramme de flux entrants et sortants sur le
cycle de vie du produit, et une valuation du produit de rfrence par ce mme diagramme.
155
Pollution du milieu naturel : pollution des eaux, pollution de lair, pollution des sols
Consommation de ressources : consommation deau, dnergie, de matires premires
Rponse aux usages : le produit est-il adapt son usage et rpond-t-il aux besoins ?
Intgration dans lActivit locale : le produit favorise t-t-il le dynamisme local ? (cration de
lien social, emploi, conditions de travail)
Cohrence avec la perception de lutilisateur : le produit est-il peru comme systme
durable ?
Lvaluation du systme sur ces 5 axes permet de donner toute limportance au problme, et
didentifier un objectif, sans trop de perte dnergie, et deffort dans cette phase, favorisant ainsi celle
relative la gnration dides. Ce diagramme dvaluation est directement reli la mindmap
expose prcdemment (cf. figure 62 ) dans le but de favoriser la formulation de lobjectif.
Afin de faciliter lvaluation sur ce diagramme, nous avons en parallle propos un support
capable de recueillir les donnes ncessaires sur les diffrentes tapes du cycle de vie du produit,
partir dun produit-service rfrence. Ce support a pour but de favoriser le partage des informations
dans le groupe et dinstaurer un langage commun entre les participants.
Ce support se prsente sous la forme dun cycle de vie du produit. Sur chacune des tapes du
cycle de vie du produit, le groupe est interrog, partir de 4 questions reprises dans le tableau 35.
156
Question
Qui ?
Quoi ?
Comment ?
Ou ?
Rponse vise
Quels sont les acteurs concerns par cette
tape ? Quelles parties prenantes sont pris
en compte ?
Quel est lobjectif de cette tape ? Quels
sont les modifications engendres sur le
produit-service concern ?
Quels sont les flux entrant et sortants ?
matires, nergies, eau
Dans quels lieux se passe cette tape ?
Tableau 35 Questions proposes sur chacune des tapes du cycle de vie du produit-service tudi
La figure 69 illustre nos propos. A laide dun jeu de pictogrammes communs entre ce support et le
diagramme dvaluation, le groupe peut ainsi faire le pont entre ces deux outils.
b. Flexibilit
Dans un deuxime temps, le travail a surtout port sur la flexibilit de loutil, avec
lintgration des connaissances et des comptences du groupe dans le processus dEcoASIT. En
effet, lexpertise de la structure APESA-Innovation, dans la conduite de projet avec des PME, nous a
permis de nous rendre compte de la ncessit dadapter la rponse apporte par loutil dcoinnovation en fonction, non seulement, de la demande de lentreprise, mais galement de la
connaissance du groupe sur le produit de rfrence.
157
Connaissance du produit
Prcis
Jai identifi ou imagin un
concept et souhaite intgrer les
dimensions dco-innovation
Je connais mon offre et ses
principaux
impacts
environnementaux
Diffus
Je
souhaite
trouver
des
concepts
dinnovation
responsable
Jai une connaissance faible de
mon systme
En croisant les deux critres, nous obtenons quatre possibilits de processus, que lon
retrouve dans la figure ci-dessous.
Ainsi, dans le cas dune demande diffuse, par exemple une entreprise qui souhaite gnrer un
nouveau concept co-innovant, deux situations sont envisageables :
Une premire situation : lentreprise connat bien son systme rfrence, travers les
impacts environnementaux du produit, ou encore, les diffrentes parties prenantes tout au long du
cycle de vie du produit. Dans ce cas, le processus dbute directement par le diagramme dvaluation
afin didentifier lobjectif de la session. Lentreprise peut ,en cas de besoin, saider de la mindmap, en
regroupant les principaux problmes pour ensuite dfinir les objets du monde clos, et entrer en
gnration dides suivant le mme principe que la premire version de loutil.
Une deuxime situation : lentreprise connat mal son systme rfrence, ou souhaite le
re-explorer. Dans ce cas, le processus dbute par une description du systme pour ensuite, valuer
son produit sur le diagramme dvaluation. Le groupe peut alors identifier son objectif, dfinir les
objets du monde clos, et entrer en phase gnration dides suivant le mme principe que la premire
version de loutil.
Dans le cas dune demande prcise, par exemple une entreprise qui souhaite rduire la
consommation de matires premires, deux possibilits sont envisageables :
Une premire situation : Lentreprise connat bien son systme de rfrence. Il est alors
possible didentifier, ds le dbut du processus, le problme et lobjectif de la session, en naviguant
dans la mindmap prvue cet effet, puis dcrire le monde clos, et entrer en gnration dides
suivant le mme principe que la premire version de loutil.
158
Afin de tester ce nouveau processus EcoASIT, nous avons procd deux tests raliss une
nouvelle fois au sein du centre daccueil de la thse, en prsence des salaris du centre.
(1) Le premier test reposait sur un cas dtude fictif, dont le sujet tait le suivant :
Trouver une co-innovation sur la combinaison en noprne, utilise notamment par les pratiquants
de sports de glisse .
Ce cas dtude correspondait une demande diffuse (sans objectif identifi), et un produit
bien connu par les participants.
(2) Le deuxime test prsentait un cas relevant dun projet industriel, dont le sujet tait le
suivant :
Trouver une co-innovation pour un nouveau concept de meuble pouvant tre utilis en intrieur et
en extrieur .
Ce cas dtude correspondait une demande prcise (meuble intrieur/extrieur) et un produit
peu connu des participants.
Les deux tests se sont drouls en 2h30, et en deux phases : une prsentation du processus
EcoASIT, et une session crative.
Suite aux problmatiques souleves loccasion des deux tests prcdents (une phase de
mise en place du problme trop longue pour exploiter correctement la phase suivante de gnration
dides), lobjectif des tests tait deffectuer le processus EcoASIT dans son intgralit (mise en place
du problme, gnration dides, valuation des ides).
Prenant en compte les caractristiques des deux nouveaux cas dtudes, deux processus ont
t utiliss :
a. Le premier test, correspondant la gnration dune co-innovation au sujet de la
combinaison Noprne, reprenait le processus Demande diffuse/ Produit connu . En consquence,
le groupe sest engag directement sur le diagramme dvaluation pour dterminer un objectif de la
session et entrer en phase de gnration dides (cf. figure 71). Dans la pratique, le groupe sest donc
appuy sur ses connaissances pour lister lensemble des informations ncessaires sur chacun des 5
axes dvaluation du diagramme, et a t ainsi mme de dterminer rapidement le profil du produit,
propos dans la figure ci-dessous.
159
160
A partir de cette description dtaille, le groupe a t capable de dcrire les objets du monde
clos, et dentrer en gnration dides.
Lun et lautre test ont t loccasion de conforter lintrt quil y a de simplifier la mise en place
du problme, ce qui a permis au groupe de saccorder plus rapidement sur la dfinition de lobjectif de
la session, tout en favorisant lchange parmi les participants et, plus gnralement, de comprendre et
de sapproprier le processus, avec une consquence dimportance pour le groupe : entrer plus
rapidement en phase de gnration dides.
Concernant plus prcisment la phase de gnration dides, ces tests ont montr lintrt du
nouvel oprateur spcifique EcoASIT, Intgration, lequel permet de forcer de nouvelles relations,
notamment entre diffrentes phases du cycle de vie du produit, et ainsi, casser laspect linaire du
cycle de vie.
Nanmoins, ce nouvel oprateur demande un nombre consquent de phrases, et multiplie ainsi
les possibilits de phrases stimulantes, qui dpendent du nombre dobjets manipuler. Cet oprateur
cre donc un facteur alatoire lloignant du caractre systmatique et de compltude de ASIT,
qui par le faible nombre dobjets utiliss et ses 5 oprateurs, permet plus facilement denvisager
lensemble des possibilits.
161
4.2.2.1.
Afin de faciliter la mise en place du problme, ainsi quune rflexion systmique, nous avons
commenc par utiliser loutil 9 crans. Comme nous avons pu le voir prcdemment, cet outil est issu
des travaux dAltshuller, et permet de recontextualiser le produit dans un cadre spatial et temporel.
(Altshuller, 1988).
Il permet au groupe de positionner le systme non seulement dans le temps (pass-prsentfutur) mais galement dans lenvironnement au sein duquel il sinsre (sous-systme / systme /
super-systme). On obtient alors une vision globale du problme, dans ce cadre spatial et temporel,
prcdemment voqu, et qui permet de prendre en compte les lments souhaits.
Lintrt dutiliser cet outil pour cette reprsentation est double:
il propose un cadre de rflexion pour expliquer les deux axes (niveaux systmiques /
temps), de faon raisonnablement simplifie (rduction neuf cases) ;
il favorise l'mergence de tendances d'volution (par comparaison hier / aujourd'hui),
permettant ainsi daider mettre en place une stratgie pour les systmes futurs.
(Chambon et al., 2009).
Cet outil nous permet de dcrire le systme sur son cycle de vie de faon plus systmatique, et
de se projeter vers le systme futur, dans le but de dterminer lobjectif de la session.
Il joue ainsi le rle dinterface en formulant des questions, chaque cran introduisant alors un
jeu de questions guidant les concepteurs vers lidentification du systme et sa problmatique.
Test exprimental sur la version 3 de EcoASIT
Afin de tester lemploi des 9 crans au sein du processus mis en uvre dans EcoASIT, nous
avons effectu un test au sein du technocentre de Renault sur lun de leur projet. La sance sest
droule en 5 tapes :
1. Une dfinition du primtre dtude laide des 9 crans.
Le rsultat obtenu est prsent dans la figure 73.
162
163
4.2.2.2.
Nous avons, dans la continuit de nos recherches, abord le processus de loutil EcoASIT sous
un deuxime angle, tant rappel que les premiers tests prsents dans une premire approche
avaient mis en vidence la complexit de loutil EcoASIT, complexit rsultant dune superposition
doutils priphriques rendant le processus global de EcoASIT difficilement comprhensible.
Dans cette nouvelle approche, nous avons introduit, en reprenant la version prcdente, loutil 9
crans, donnant ainsi une vision plus globale du problme. Cette nouvelle approche, partir de la
prcdente version, a consist :
d une part, rintgrer la notion de cycle de vie ds loutil 9 cran ;
dautre part rechercher une automatisation du processus pour simplifier la dmarche, et
faciliter lintgration de loutil en entreprise.
Il y a lieu dobserver, ce sujet, le nombre consquent doutils dinnovations prsent sous la
forme informatique : logiciel CREATRIZ28, logiciel EcoMALIN (Samet, 2010). Lindhal montre par
ailleurs, au sujet des outils dco-conception, que linformatisation de ces outils est un critre
dappropriation de loutil par les concepteurs (Lindhal, 2005).
Nous avons donc cherch combiner de manire efficace, la mise en place du monde clos
avec lidentification du problme et, ces fins, nous nous sommes appuys, sur loutil 9 crans
comme interface commune pour ltape de mise en place du problme, cette approche devant
permettre de guider, de manire plus intuitive, lutilisateur.
a. Travaux sur la mise en place du problme et la dfinition du monde clos:
La figure 72 permet de comprendre lutilisation de loutil 9 crans dans le processus EcoASIT,
chacun des crans renvoyant une phase du processus, et permettant de dcrire les objets du
monde clos et le problme.
28
164
Mta
systme
Systme
Sous
systme
2
Pass
Prsent
Futur
(1) 1
Cet cran renvoie directement une fiche de rcolte de donnes permettant de dcrire le
systme de rfrence actuel Les donnes rcoltes correspondent aux objets du monde clos ,et le
groupe est amen rflchir sur les utilisateurs du produit, les consommables et les accessoires lis
au produit.
me
(2) 2
Cet cran renvoie directement une fiche de rcolte de donnes permettant de dcrire les
composants du systme (matires premires, ). Les donnes rcoltes correspondent aux objets
du monde clos.
me
(3) 3
Cet cran permet dlargir la vision de lutilisateur au cycle de vie du produit. Il propose de
dcrire les diffrentes phases du cycle de vie du systme, savoir les objets et parties prenantes qui
interviennent tout au long de ce cycle de vie.
Cet cran renvoie aussi, en parallle, lenvironnement du systme, lui permettant ainsi de
dcrire les objets du monde clos li lenvironnement (les ressources, les dchets, le milieu naturel,
la culture locale, lactivit locale et la perception).
me
(4) 4
Dans cette nouvelle version, nous avons cherch introduire dans EcoASIT des objets qui ne
sont pas directement lis au systme, mais qui pourraient ltre dans le futur. En effet, Niemann
montre lintrt dintgrer tout lment futur pour llaboration de nouveaux concepts de cycle de
vie (Niemann et al. 2009). Par la mise en place de ces objets, nous amenons le concepteur rflchir
sur lvolution du contexte dans lequel sera insr le futur concept.
165
(5) 5
Ce dernier cran a pour finalit de mettre en place lobjectif de la session, qui correspond une
stratgie pour le futur produit. Cet cran fait donc directement rfrence au diagramme dvaluation
prcdemment dcrit.
A la suite de lutilisation des 9 crans, et de ces 5 tapes, lutilisateur peut entrer en gnration
dides. La figure 76 ci-dessous illustre ainsi linterface mise en place pour guider lutilisateur dans sa
mise en place du problme et sa gnration dides.
Cette approche intgre na pas t teste. Elle est donc encore au stade exprimental et reste
dsormais valider et complter dans de futures recherches. Larchitecture de cette version a
nanmoins permis dinitier rapidement un premier prototype. Le prototype test (version 5) consiste en
une simplification radicale de la dmarche.
Cest le sujet du prochain paragraphe, qui propose un premier prototype de rfrence sur loutil
EcoASIT.
4.3. PROPOSITION
(VERSION 5)
DUN
PREMIER
PROTOTYPE
DOUTIL
ECOASIT
Nous proposons dans ce paragraphe de dcrire le processus de loutil EcoASIT version 5 qui a
t valid par le partenaire industriel.
Cette version de loutil a abouti deux versions, une premire version tant une version papier,
et lautre version, informatise qui a t dveloppe dans le cadre dun stage au sein de la structure
daccueil APESA-Innovation.
Ce prototype a t valu par une srie de tests internes, qui seront dcrits au chapitre 5. Nous
y retrouvons les principales composantes releves dans les deux prcdentes.
Le processus EcoASIT reprend donc les donnes de base dun outil de crativit, tout en y
ajoutant une dimension durable. Le processus de loutil (Figure 77) comprend une phase de
formalisation du problme, qui permet de dfinir les frontires du systme soumis ltude, et
dlaborer une stratgie de rflexion avec le groupe, phase initiale suivie par une phase de gnration
dides, durant laquelle le groupe va chercher dformer le systme pour atteindre lobjectif souhait,
laide de mcanismes de stimulation appropris.
166
Prparation
Comme nous avons pu le voir, loutil ASIT ne propose pas daide la formalisation du
problme. Il nest pas dpendant non plus des connaissances du groupe, contrairement TRIZ
(Horowitz, 1999).
Par consquent, loutil EcoASIT ncessite de formaliser le problme en co-innovation. Nous
avons donc repris, et travaill nouveau, le premier diagramme mis en place dans la version 3 afin de
lorienter sous langle du rsultat idal final propos dans les outils issus de TRIZ.
Ainsi, aprs avoir dfini le cadre du problme, EcoASIT va proposer une valuation du
systme de rfrence laide dun diagramme comprenant 5 axes dapproche. Ce diagramme va
permettre didentifier et de hirarchiser les conditions qui font que le systme actuel nest pas un
systme idal et durable (figure 78).
167
Lvaluation du systme sur ces 5 axes permet donc de formaliser rapidement le problme et
didentifier un objectif, sans laisser trop deffort en la formalisation du problme, mais plutt donner la
priorit dans la gnration dides.
A partir de cette valuation, lutilisateur pourra se rfrer la mindmap des problmes, dcrite
prcdemment, venant alors en aide dans llaboration de son objectif.
168
Loutil EcoASIT utilise les 2 stratgies dASIT pour stimuler le groupe en proposant des phases
-type permettant de dstructurer le problme.
Il y a lieu de souligner que les oprateurs de ces deux stratgies ont t adapts lcoinnovation:
La stratgie extension qui cherche rsoudre le problme en modifiant lusage dun objet
existant.
Outil Modification :
Modifier {les ressources naturelles, la production, la vente, les dchets, la perception, lutilisation et
lactivit locale} va me permettre datteindre mon objectif vis.
Outil Suppression :
Supprimer {les ressources naturelles, la production, la vente, les dchets, la perception, lutilisation et
lactivit locale} va me permettre datteindre mon objectif vis.
169
A partir du processus mis en place, nous avons dvelopp un outil directement sous la forme
papier, afin de faciliter son accs et souligner le caractre simple et rapidement utilisable, de cet outil.
Ce document se prsente sous forme de lignes directrices directement utilisable en entreprise, afin de
favoriser une diffusion en libre accs de loutil. Ce document est prsent dans lannexe 4.
Par ailleurs, comme nous avons pu le voir, cet outil est issu dune simplification de loutil
informatique mis en place sur la version 3, dans le but de faciliter son intgration en entreprise et
automatiser le processus.
Cette version finale a donc t dcline sous version informatique, laide du tableau Excel, et
optimise par la suite au sein du centre APESA-innovation29.
Cette version informatique prsente un premier avantage, celui dtre plus ergonomique, en
permettant lutilisateur de drouler le processus de loutil de faon intuitive, et un deuxime
avantage, celui dtre suffisamment flexible pour permettre lutilisateur de ladapter selon ses
besoins (notamment dans le choix des objets utiliser).
La figure 80 ci-dessous illustre lune des pages de loutil informatique Excel ddie la mise en
place dEcoASIT. Lutilisateur est appel valuer sur une chelle de 1 5 le produit de rfrence sur
les 5 axes prcdemment dcrits. Cette valuation consiste sinterroger sur les causes de non
durabilit du produit.
Loutil propose ensuite diffrentes pages permettant daider lutilisateur dans son choix, partir
dexemples ou de dfinitions. Puis, le rsultat de son valuation apparait directement sur le
diagramme dvaluation permettant ainsi dtablir une cartographie du produit Afin de dterminer
lobjectif de la session, lutilisateur peut sinspirer donglet apparaissant ct des 5 pictogrammes du
diagramme. Ces onglets sont issus de la mindmap des problmes et proposent diffrents axes de
travail.
29
170
La figure ci-aprs correspond lune des pages de loutil sur la phase de gnration dides
(dans le cas prsent, loutil Modification). Les phrases de stimulation sont gnres automatiquement
laide des 7 objets gnriques dfinissant le monde clos dEcoASIT. Lutilisateur peut ainsi
uniquement se concentrer sur la gnration des ides.
171
172
173
EcoASIT
Principe du rsultat idal final
9 crans
Diagramme EcoASIT : En quoi mon produit
nest pas un produit idal ?
Monde clos
Objets directs et indirects
174
175
176
CHAPITRE 5.
de loutil
Validation
exprimentale
177
Introduction
Dans les chapitres prcdents, nous avons montr limportance des phases didation en coinnovation, tout en soulignant les insuffisances, et lacunes, des outils dco-innovation actuels sur ces
phases de gnration dides.
La problmatique tant ainsi pose, et pour y rpondre, nous avons mis en place un ensemble de
tests, dont lobjectif tait de dvelopper loutil dco-innovation EcoASIT focalis sur ces phases
didation.
Loutil, tel que prsent aujourdhui, est laboutissement dun processus de rflexion et de
maturation qui a conduit lanalyse et au dveloppement dapproches diversifies, parfois
complmentaires, et qui, elles-mmes, intgraient diffrentes versions doutils.
Les tests, repris et expliqus dans ce chapitre vont nous permettre de mieux apprhender notre
outil final, outil utilisable rapidement par les entreprises, et valid par le centre daccueil de notre thse,
APESA-Innovation.
Dans ce cinquime chapitre, nous porterons lattention sur 3 tests, qui ont accompagn lensemble
du processus de dveloppement de loutil, en loccurrence :
(1) Un premier test, pour exprimenter loutil de crativit ASIT, une version 1 de loutil
EcoASIT, et deux outils dco-conception/co-innovation ;
(2) Un second test, pour exprimenter loutil EcoASIT final (version 5) auprs dun public
tudiant en co-conception ;
(3) Un troisime test dexprimentation de loutil EcoASIT final (version 5), dans le cadre dun
workshop organis en co-conception.
178
179
Mthode de
collection de
donnes
Rle du chercheur
dans ltude
Contrainte de
temps
Echantillonnage
des donnes
Dure du test
exploit
Point de dpart
Contexte du test
Participants
Objet dtude
Codage et analyse
du test
Test 2 : Bouilloire
Test 3, Rasoir
Etudiant co-conception
Expertise en innovation
180
Ce questionnaire permettait avant tout de comparer les rsultats quantitatifs de ltude avec la
perception de lutilisateur.
Ce test a fait lobjet de deux articles : (Tyl et al., 2010) et (Tyl et al., 2011b)
181
182
183
temps
4752
4850
4900
Participants
P1
P2
P3
P3
P1
P4
P5
P1
P2
P1
P2
Un deuxime type de donnes correspond aux documents produits par chaque groupe durant le
test. Ces documents sont par exemple les diagrammes dvaluation pour les groupes utilisant les outils
Eco-compass et LiDS Wheel, mais aussi les ides mises.
Un troisime type de donnes a t constitu par les rponses aux questionnaires envoys
chaque participant, pour recueillir les perceptions et avis sur les outils quils ont utiliss.
5.2.5. RESULTATS
Comme nous lavons dj indiqu, les diffrentes donnes recueillies durant ce test ont permis de
mettre en place :
une analyse quantitative pour rpondre nos deux hypothse H1 et H2, partir des
indicateurs orients processus (frquence de gnration dides et varit des ides), et des
indicateurs orients rsultats (pertinence environnementale et originalits ;
une analyse qualitative, base sur les rponses au questionnaire des utilisateurs, le corpus
des sessions et lobservation des vidos.
184
Analyse quantitative
(H1)
Pour traiter lhypothse H1, nous avons utilis deux critres orients processus dcrits dans le
tableau 33 du chapitre 3 :
(1) La frquence de gnration des ides, qui permet de caractriser le dynamisme du groupe.
Cet indicateur a t calcul en recensant lensemble des ides mises par les groupes en
fonction du temps. La courbe y rsultant permet ainsi dvaluer le rythme de gnration
dides du groupe ;
(2) La varit des ides mises, qui permet dvaluer la capacit du groupe explorer le champ
des possibles partir de la problmatique initiale.
Un premier travail a donc consist lister lensemble des ides gnres par le groupe. Tous les
groupes nayant pas crit lensemble de ses ides, nous avons utilis toutes les ides gnres partir
des enregistrements vido et des scripts sy rapportant.
Nous avons considr quune ide devait tre considre comme gnre ds quelle tait mise
dans une intervention verbale suffisamment prcise (verbe et complment) et donc, sans aller jusqu
rechercher le niveau de dtail de lide (par exemple, une ide mise durant le test a t Si on relie
automobiliste et sol, on peut rcuprer lclairage des voitures , ou encore Allumer lintrieur avec la
lampe de jour et lextrieur avec la mme lampe la nuit ).
Un premier rsultat a concern la frquence de gnration des ides de chaque groupe, durant la
phase didation. Le graphique ci-dessous (figure 88) permet de visualiser le rythme de gnration
dides mises lors de la session par les diffrents groupes. Le point de dpart de cette analyse
correspond au moment o le groupe sest entendu pour commencer gnrer des ides.
Nous avons pu remarquer que les deux groupes qui ont utilis loutil ASIT et EcoASIT v1 ont
conserv, durant toute la session, un rythme constant et linaire de gnration dides (coefficient
-1
directeur moyen : 126 ide.min , coefficient de dtermination=0,98), tandis que les groupes ayant utilis
les outils dvaluation LiDS Wheel et Eco-compass ont prsent rapidement une asymptote, tmoignant
dune baisse dans le rythme de gnration dides.
Ainsi, une premire constatation peut tre faite, savoir que les outils spcifiques de crativit
permettent de stimuler une gnration dides de faon constante sur des problmatiques
environnementales, stimulant efficacement le groupe. Cette constatation confirme par ailleurs lintrt
dincorporer rgulirement des stimuli lors des sessions de crativit, afin de maintenir la production du
groupe, et son effort constant dans la dmarche de gnration dides.
185
Temps (min)
Figure 88 Quantit dides gnres en fonction du temps
Afin de mettre en perspective ce rsultat, nous avons cherch mettre en place un critre
secondaire destin indiquer le nombre dides uniques gnres par chaque groupe. Pour cela, toutes
les ides ont t analyses comparativement. Le tableau 41 ci-dessous prsente les rsultats obtenus.
ASIT
9
EcoASIT v1
16
Eco-compass
7
LiDS wheel
15
10
16
11
On peut noter que dans le groupe utilisant loutil EcoASIT v1, un nombre consquent dides
uniques a t gnr, comparativement aux autres groupes. Cela peut tre expliqu par le fait que cet
outil demande un effort additionnel pour dcrire efficacement le monde du problme, et mettre ainsi le
produit dans son contexte, ce qui permet aux participants de considrer de nouvelles possibilits, de
nouvelles combinaisons et de nouveaux stimuli.
Loutil LiDS Wheel gnre lui aussi, pour le groupe qui lutilise, de nombreuses ides, car il
propose un guideline qui peut tre utilis comme source de crativit. Nous pouvons par ailleurs noter
lun des paramtres partags par les deux groupes :la proposition dun nombre important de stimuli.
Une deuxime analyse, qui permet de caractriser loutil, est celle portant sur la varit des ides
gnres. Pour cette analyse, nous avons repris lchelle propose au chapitre 3, et prsente dans le
tableau ci-dessous, avec un exemple spcifique au cas dtude de ce test.
186
Produit
Produit-Service
Service
Usage
Mthode
Stratgie
Pour effectuer cette analyse, il a t demand deux experts de classer lensemble des ides
mises suivant cette chelle. Le tableau 43 montre ainsi le pourcentage des ides gnres par les 4
groupes dans les diffrents champs possibles.
On constate ainsi que les groupes utilisant loutil ASIT et EcoASITv1 ont gnr des ides sur les
diffrents champs, tandis que les groupes utilisant les outils Eco-compass et LiDS Wheel sont rests
focaliss sur une approche produit.
Ce test permet ainsi de confirmer 2 tendances : Eco-compass et loutil LiDS Wheel sont davantage
focaliss sur une approche technique oriente sur le produit-mme (80 90% des ides mises) et les
outils ASIT et EcoASITv1, permettent dexplorer diverses alternatives, et rpondent plus une logique
dco-innovation dont lobjectif est de travailler et de naviguer entre les diffrents niveaux systmiques du
produit.
Produit
Produit-Service
Service
Usage
Mthode
Stratgie
ASIT
62
5
19
5
3
5
EcoASIT v1
55
9
9
12
6
9
LiDS wheel
94
6
0
0
0
0
Eco-compass
81
4
8
0
8
0
(H2)
Pour vrifier cette hypothse, lensemble des ides mises par les groupes a t valu par 3
experts en co-conception et Analyse de Cycle de Vie nayant pas particip au test (2 valuateurs
acadmiques et 1 valuateur industriel). A ces fins, toutes les ides leur ont t transmises, ainsi quun
document dcrivant le produit de rfrence. Il leur a t demand de noter chacune de ces ides selon
leur pertinence environnementale, et leur originalit.
Dans un premier temps, nous avons tudi la corrlation entre les notes des experts dsigns, afin
de pouvoir sassurer de la pertinence de cette valuation. Le tableau 44 reprend ainsi les rsultats
statistiques du test, et de la corrlation des notes entre deux valuations.
Etant donn la taille de lchantillon (correspondant au nombre total dides mises), et un seuil
derreur gnralement utilis de 5%, nous nous rendons compte que seules les valuations
correspondant aux critres doriginalit montrent des corrlations significatives (mais faibles) entres les
trois valuations E1, E2, et E3.
Originalit
Pertinence
environnementale
*Significatif pour p=0,05
C (E1&E2)
Corrlation
C (E1&E3)
C (E2&E3)
0,44*
0,32*
0,39*
0,18
0,19
0,28*
187
Figure 89 Nombre dides mises par chaque groupe en fonction de lvaluation (originalit et pertinence environnementale)
des experts
Les rsultats de cette analyse quantitative permettent ainsi de constater que les principes de
stimulation de la dmarche de crativit ASIT sont performants dans une session dco-innovation, tant
sur les critres orients sur le processus (Frquence de gnration des ides et Varit) que sur les
critres orients sur le rsultat (Originalit et Pertinence environnementale). Ils confirment lintrt des
outils de crativit en co-innovation, de mme que le choix dutiliser ASIT comme base de travail pour le
dveloppement dun outil dco-innovation.
Les rsultats obtenus lors de cette exprimentation ont t corrls avec diffrents autres tests,
mais non prsents dans ce document ;
5.2.5.2.
Analyse qualitative
Dans une deuxime approche, nous avons souhait connatre la perception par les utilisateurs de
loutil utilis durant le test. Pour cela, nous avons dabord effectu une analyse du processus de chaque
outil (mise en place du problme et gnration dides), avant de nous pencher plus directement sur 2
critres du questionnaire, choisis car reprsentatifs de la perception des utilisateurs :
- la confiance des utilisateurs dans loutil ;
- leur perception de lexploration du problme, travers lapproche systmique et cycle de vie de
loutil.
Analyse du processus des outils (Mise en place du problme et Gnration des ides)
En introduction, nous pouvons prendre connaissance, par lecture du graphique 90, du temps
pass par chaque groupe la mise en place du problme, sur la phase didation, ainsi que sur leur
perception quant la mise en uvre de loutil.
188
a) Eco-compass
Loutil Eco-compass propose une tape de mise en place du problme relativement longue
comprenant 2 parties :
une premire partie, qui consiste en ltude des diffrents flux entrants et sortants du produit,
sur lensemble des tapes du cycle de vie du produit (figure 91a) ;
une seconde partie, qui se rapporte lvaluation du produit sur le diagramme Eco-compass
(figure 91b).
Ce diagramme prsente plusieurs avantages.
Il permet, en tant quoutil, et comme lexplique lun des participants, une approche rapide
pour faire le tour du problme et tirer les axes principaux d'co-amlioration . Il offre en
effet la possibilit dentretenir les interactions entre les diffrents participants, et, surtout de
dfinir un objectif identifi, et une stratgie commune.
Cet outil permet galement de mixer les impacts environnementaux et les phases du cycle
de vie, facilitant ainsi la confrontation entre les participants, qui peuvent avoir une vision
diffrente de lco-conception.
Enfin, reprenant les termes dun autre participant, les terminologies sont parlantes -mais
pas toujours prcises- et donc accessibles au plus grand nombre, y compris les non
spcialistes ;
Durant la session, on peut distinguer la phase de mise en place du problme et celle de gnration
dides, cette deuxime phase consistant, avant tout, reprendre les axes dfinis comme prioritaires
(mass intensity, ressource conservation et use intensity), et ainsi gnrer des ides.
Cependant, contrairement aux autres outils, les deux phases de mise en place du problme et de
gnration dides sont trs interdpendantes. Ce qui fait dire un troisime participant que La phase
de gnration dides et la phase de mise en place du problme sont extrmement similaires, et peu
dissociables . On remarque en effet que les bauches dides, pour une grande part, ont t gnres
ds la phase de mise en place des problmes.
Lintrt majeur de loutil vient donc de cette phase dvaluation du produit, et notamment du
croisement entre une approche cycle de vie et impacts environnementaux permettant selon les
participants de de mixer et de trouver des solutions globales .
189
b/ Diagramme Eco-compass
190
Figure 92 Diagramme dvaluation issu des travaux du groupe utilisant loutil LiDS Wheel
191
Focus sur les indicateurs de confiance dans loutil et sur la perception de lapproche systmique
et environnementale de loutil
Nous allons plus prcisment nous focaliser sur deux critres du questionnaire remis aux
participants :
La confiance dans les outils ;
Lexploration du champ de conception, traduit dans les termes dapproches systmatiques,
cycle de vie et multicritres.
La confiance du groupe en ses capacits de gnrer des rsultats originaux et pertinents est
essentielle.
Le graphique ci-dessous (figure 93) montre ainsi la perception des utilisateurs sur les rsultats
gnrs par le groupe. Comme pour le paragraphe prcdent, nous avons reprsent la distribution des
rsultats (le diamtre des cercles correspond au nombre de rponses sur lchelle) et la moyenne des
rsultats ( par la croix). Les groupes qui ont utilis Eco-compass et LiDS Wheel ont considr leurs
rsultats pertinents dun point de vue environnemental, ce qui montre limportance de mettre en valeur le
cycle de vie du produit. Au contraire, le groupe ASIT et, dans une moindre mesure, le groupe EcoASIT
v1, nont pas considr leurs rsultats pertinents dun point de vue environnemental.
Ces rsultats viennent donc en contradiction avec ceux recueillis dans lanalyse quantitative, et
notamment, avec les notes des experts sur les performances environnementales et loriginalit. Cela peut
sexpliquer, notamment, par le fait que loutil ASIT ne propose pas de rfrence explicite lcoconception et lACV , ce qui peut donner limpression de ne pas prendre en compte lenvironnement
dans les solutions gnres.
En ce qui concerne les rsultats du groupe ayant utilis loutil LiDS Wheel, on peut remarquer
une contradiction entre la perception du groupe sur la pertinence environnementale des ides, et la
perception sur loriginalit.
Cette contradiction entre pertinence environnementale et originalit a dj t souligne par
Jones (Jones, 2001), et peut sexpliquer par le fait que loutil oriente le groupe vers des solutions
connues, avec les guidelines, ce qui rassure quant la lgitimit environnementale de la solution,
mais qui limite dautant lapport de crativit.
Or, nous avons vu quil est ncessaire que les rsultats rels de loutil soient en corrlation avec
les perceptions des utilisateurs, un outil ntant utilis que si les utilisateurs en peroivent, et retirent, les
bnfices. Il y a donc un effort porter sur lintgration explicite des critres environnementaux dans
les outils. Ainsi, autant un outil de crativit a pour objectif principal la gnration dides, autant un outil
dco-innovation doit, en plus, intgrer une notion dapprentissage et montrer au groupe lintrt des
ides gnres.
Figure 93 Perception des groupes sur loriginalit et la pertinence environnementale des ides quils ont gnres
192
Figure 94 Perception des groupes sur la prise en compte par loutil de lapproche cycle de vie, multicritre, et systmique
5.2.6. SYNTHESE
Ce premier test, comme dj rappel, a t effectu en dbut de recherche, afin de valider notre
hypothse sur la pertinence de lutilisation des outils de crativit lors des processus dco-innovation et
en prsentant lintrt dune focalisation particulire sur les phases didation.
Lanalyse quantitative de ce test, travers notamment, ltude de la frquence de gnration des
ides, et la varit des ides gnres, a permis de montrer que les principes de stimulation de loutil de
crativit ASIT sont source de stimulation efficace sur des problmatiques environnementales.
Ces principes permettent galement au groupe de gnrer des ides un rythme constant, ainsi
que dexplorer une varit des solutions possibles (produits, services, modification de lusage, des
mthodes de conception).
Ce test montre aussi les possibilits dvolution de loutil ASIT, en permettant de dvelopper loutil
EcoASIT. En effet, Loutil ASIT apparat alors pertinent pour des utilisateurs experts en co-conception,
comme ce fut le cas lors de ce test. Cependant, pour des utilisateurs novices, il reste ncessaire de
forcer le groupe sorienter vers une rflexion globale, ce qui passe par une formalisation des objets et
notamment des objets permettant davoir une relle approche systmique et durable.
Il montre aussi la ncessit de formaliser la mise en place de lobjectif de la session afin daider le
groupe saccorder sur une stratgie identique et instaurer une comprhension commune. En cela, loutil
Eco-compass savre particulirement efficace travers un diagramme mlant cycle de vie et impacts
environnementaux. Ces observations, et enseignements, ont notamment t incorpors dans la version
finale de loutil EcoASIT.
Enfin, nous pouvons souligner que ce test a mis en exergue certaines limites prendre en
compte, dont deux ont particulirement attir notre attention.
La premire concerne la prise en compte du niveau de dtail des ides gnres par les
groupes. Nous avons valu lensemble des ides qui ont t mises sans faire la distinction
de leurs niveaux de dtail et /ou de finition .
La seconde se rapporte au recours, dans lapproche dvaluation, des experts. Comme
nous lavons vu, ces diffrentes valuations ntaient que faiblement corrles, soulignant
ainsi les diffrences dinterprtation des concepts. Une description plus approfondie de ces
193
5.3.2. PROCEDURE
Le test sest droul au cours dune formation donne des dtudiants en mastre dcoconception lUniversit Technologique de Troyes, et son intrt a rsult avant tout dans le fait que
loutil EcoASIT a t utilis par plusieurs groupes en autonomie , c'est--dire hors la prsence, et
lanimation, des dveloppeurs de loutil.
(1) Etape prliminaire :
Une tape prliminaire est intervenue, en amont, consistant en une prsentation rapide (de 2
heures), et distance avec les 2 enseignants en charge dencadrer le test. Cette prsentation, qui a eu
lieu les jours prcdant le test, a rpondu la ncessit de prsenter loutil EcoASIT dans ses diffrentes
composantes, le droulement dtaill du test lui-mme, ainsi que ses retombes attendues. Durant cette
tape, tous les documents ncessaires pour un bon droulement du test ont t fournis.
Les tapes suivantes ont concern concrtement le droulement du test, qui est synthtis sur la
figure 95.
(2) Etape 1(15 min) :
Cette tape a consist en une prsentation aux tudiants, par lun des enseignants, de loutil
EcoASIT, ainsi que la prsentation du cas dtude. La prsentation du cas a consist prsenter le
produit, ici une bouilloire, de ses composants, ainsi que des informations sur son cycle de vie. A lissue
de cette tape, les groupes ont t forms (G1, G2, G3, G4).
194
195
5.3.4. RESULTATS
5.3.4.1.
Analyse quantitative
196
Temps (min)
En regroupant ces rsultats avec les donnes des tests prcdents exprimentant loutil ASIT et
EcoASIT, on obtient le tableau suivant (tableau 45). Ce tableau indique les coefficients directeurs des
courbes de tendance rsultant de ces tests, ainsi que les coefficients de dtermination caractrisant la
fiabilit de la courbe de tendance.
On remarque ainsi que, hormis le groupe G4, les outils EcoASIT et ASIT ont un rythme de
-1
-1
gnration dides relativement identique (1,26 ides.min pour ASIT et 1,18 ides.min pour EcoASIT).
Test
Test 1
Luminaire extrieur
Test 2
Rasoir
ASIT
EcoASIT v1
EcoASIT G1
EcoASIT G2
EcoASIT G3
EcoASIT G4
Coefficient
directeur
1,23
1,29
1,23
1,19
1,14
0,77
R
0,98
0,98
0,99
0,99
0,99
0,99
Tableau 45 Coefficient directeur et coefficient de corrlation des courbes de tendances des tests 1 et 2
Ce test permet de constater, une nouvelle fois, que loutil EcoASIT conserve les mmes
caractristiques de stimulation que loutil de crativit ASIT ; le rsultat analys permettant, galement,
de sassurer que loutil EcoASIT ne perd pas la dynamique positive de ASIT, tout en focalisant la rflexion
sur des problmatiques dco-innovation.
Dans un deuxime temps, nous avons cherch caractriser la varit des ides. Le tableau 45
expose des ides gnres pour chacune des catgories tandis que le tableau 46 dcrit les rsultats du
test pour les 4 groupes.
On peut remarquer que loutil EcoASIT a permis de sortir du cadre du produit initial pour orienter la
rflexion vers des concepts plus globaux, orients vers du produit-service ou de la stratgie. En effet,
bien que le sujet initial ait port sur un produit, seulement 45% (en moyenne) des ides mises
correspondent des ides relevant directement du produit. Ce rsultat confirme que loutil EcoASIT
permet de sortir du cadre technique, et du produit seul, pour considrer le systme dans sa globalit.
197
Produit
Produit-Service
Service
Usage
Mthode
Stratgie
Produit
Produit-Service
Service
Usage
Mthode
Stratgie
G1
50
6
5
12
19
8
G2
45
5
2
8
23
17
G3
54
1
4
6
22
13
G4
33
0
6
10
30
21
Ce test, dont les rsultats sont ici simplifis, permet de confirmer que ladaptation de loutil ASIT en
outil dco-innovation EcoASIT na pas fait perdre les caractristiques initiales de stimulation de loutil
ASIT. Loutil permet au groupe de garder une dynamique constante tout au long de la session, tout en
donnant au groupe la possibilit denvisager des alternatives au produit, par exemple pour des concepts
plus dmatrialiss de services associs, ou encore de stratgie dentreprise.
5.3.4.2.
Ce test nous a permis de recueillir un ensemble dimpressions concernant le test, mais aussi
concernant son utilisation. Pour cela, deux questionnaires ont t distribus aux participants des 4
groupes :
- un premier questionnaire, rempli et rcupr ds la fin du test, rpondait la dmarche
visant recueillir les impressions chaud des intervenants ce test questionnaire
portant essentiellement sur les diffrentes tapes du processus EcoASIT ;
- un deuxime questionnaire, envoy 7 jours plus tard, concernait les principales
caractristiques de loutil EcoASIT.
En parallle, les retours des enseignants permettaient de connatre les impressions gnrales sur
la manipulation de loutil par les participants.
198
a. 9 crans
b. Graphique dvaluation
Figure 98 Perception des utilisateurs sur lutilisation des 9 crans et le graphique dvaluation
Ainsi, dans la premire phase, qui consistait en la manipulation de loutil 9 crans, lobjectif majeur
tait de permettre un groupe htrogne de saccorder sur le primtre du systme prendre en
compte pour la phase de gnration dides. Nous avons donc considr cet outil comme un micro-outil
permettant une rflexion sur les frontires du systme.
Une analyse qualitative de lutilisation de cet outil par les diffrents groupes nous conduit, par
ailleurs, mettre en avant certaines observations :
Lanalyse de Chambon montrait que lutilisation des 9 crans rvlait des acceptions diffrentes
de la notion de super-systme (Chambon et al., 2010), et dans notre exprimentation, nous retrouvons
ces diffrences dinterprtation de la notion de super-systme. Lun des groupes a par exemple dfini le
super-systme travers lenvironnement immdiat du produit, en loccurrence la cuisine. Cette vision ne
propose que peu de remise en cause du produit et des frontires du systme. Un exemple est propos
dans la figure 99.
Un autre groupe a, quant lui, traduit ce super-systme en redfinissant la fonction mme de la
bouilloire, savoir, faire de leau chaude. Le groupe ne parle donc plus de produit, mais de service rendu.
Ces carts dinterprtation soulignent la difficult de comprhension de cet outil, et la ncessit
de mieux accompagner le groupe pour dfinir les frontires du systme quil souhaite tudier.
199
200
une facilit et une concordance de lensemble des groupes pour lanalyse des aspects
orients vers des thmatiques classiques de lco-conception : ressources et dchets ;
une grande dispersion pour les aspects usage, activit locale et perception, qui sont
subjectives et difficilement quantifiables.
On retrouve donc cette opposition entre les notions objectives, lies aux performances
environnementales du produit, telles que sa consommation de ressources et les pollutions quil
engendre, et les notions subjectives, plus ouvertes la discussion et linterprtation.
Ainsi, en tenant compte uniquement des objectifs des groupes, nous obtenons le tableau suivant
(tableau 48) qui rsume lobjectif des 4 groupes avant la mise en commun.
Ce tableau illustre ainsi une focalisation sur les approches immdiates orientes coconception , en oubliant, par exemple, des rflexions sur lusage. Ce tableau rpond donc une
hypothse logique mise dans le chapitre de dveloppement qui montrait que le groupe allait
naturellement se tourner vers des problmatiques plus simples daccs, orientes sur des
problmatiques environnementale.
On remarque aussi une volont du groupe de travailler en simultan sur deux problmatiques
(ressource et durabilit, par exemple), ce qui revient notre premire approche de loutil, qui cherchait
coupler des problmatiques (approche 1 de loutil).
Il serait intressant, par la suite de travailler, sur cette mise en place de lobjectif et,
particulirement, sur lorientation du groupe, en partant dun objectif classique (ressources/ dchets) pour
aller vers un objectif plus novateur de rflexion sur lusage, ou lactivit locale.
Groupe
Groupe G1
Groupe G2
Groupe G3
Groupe G4
Objectif
Diminuer la consommation de ressources
Diminuer la consommation de ressources (tout en limitant lactivit globale)
Rduire la consommation de ressources tout en amliorant la durabilit
Rduire la consommation de ressources tout en amliorant la durabilit
Optimiser lutilisation locale de la bouilloire
Tableau 48 Objectifs des 4 groupes
Enfin, les commentaires des enseignants ont permis de souligner la difficult des participants
passer du graphique dvaluation la formalisation de lobjectif, ce qui souligne lintrt dune mindmap
des objectifs (non utilise dans ce test) laquelle, chacun des axes du diagramme, peut proposer des
objectifs potentiels, de plus en plus prcis, afin dorienter le groupe vers cette formalisation.
201
Par ailleurs, on peut noter, suite au test, dans les rponses des participants, une difficult dans la
manipulation de certains oprateurs, en particulier, loprateur Intgration. Celui-ci a t mis en place
dans lobjectif de casser laspect linaire dASIT, qui ne propose que la manipulation dun objet par
oprateur, pour envisager, au contraire, la mise en place de nouveaux modles et le travail sur deux
objets.
Ainsi, cet oprateur a pour objectif de faciliter une gnration dides plus systmiques. Un
participant note que cet oprateur dveloppe l'esprit crateur dans ces diffrentes mises en relation
proposes . Nanmoins, il a t peru comme un oprateur compliqu manipuler et interprter. Il
demande en effet un effort cognitif plus important que les autres oprateurs.
Enfin, lune des principales limites, constates tant par les enseignants que par les participants lors
du test, vient dune impression de redondance entre les diffrentes phrases stimulantes. En effet, chaque
objet est utilis par les 3 oprateurs EcoASIT, ce qui peut gnrer cette impression de redondance. Cela
peut sexpliquer notamment par le fait que la focalisation du groupe sest porte sur lobjet tudi (par
exemple, Supprimer lutilisation ), et non la phrase compose de lobjet et de lobjectif de la session
(par exemple Supprimer lutilisation du produit va me permettre datteindre mon objectif ).
De plus, EcoASIT a t dvelopp dans le but de favoriser lco-innovation au sein de groupes non
experts sur les thmatiques environnementales. Or les participants de ce test taient des tudiants en
co-conception, et donc familiers de ces thmatiques, ce qui peut expliquer ce sentiment de rptition.
Focus sur la perception des participants quant la rutilisation autonome de loutil et la confiance
dans les rsultats
Comme nous lavons annonc prcdemment, nous avons envoy lensemble des participants
un questionnaire, une semaine aprs le test, afin de recueillir leurs impressions sur loutil EcoASIT.
Ce questionnaire reprend les principales caractristiques proposes au chapitre 3. Nous avons
plus particulirement analys les rponses du questionnaire sur deux points particuliers :
la rutilisation future de loutil de manire autonome,.
la perception des rsultats engendrs.
La figure 101 reprend ces rsultats.
Lune des questions pose aux participants concernait le sentiment quils avaient de pouvoir
rutiliser loutil de manire autonome. On constate que la majorit des participants pensent pouvoir
utiliser loutil sans formation supplmentaire, ou avec un court supplment de formation.
202
b. Clarification de lobjectif
Figure 101 Perception des utilisateurs quant une utilisation autonome de loutil et la clarification de lobjectif
Dans un deuxime temps, nous nous sommes focaliss sur les rponses des participants
concernant leur perception des ides quils ont gnres (figure 102), ainsi que sur leurs commentaires
des rsultats.
Les deux graphiques, ci-dessus, nous permettent de faire deux constatations :
les participants ont, dans leur grande majorit, peru leurs ides comme pertinentes dun
point de vue environnemental ;
31
leur perception de loriginalit des ides gnres est plus mitige.
Nous pouvons mettre lhypothse que ce retour mitig, quant la perception de loriginalit des
ides, correspond une attente de la part des tudiants dune ppite . Lun des participants fait, dans
ce sens, lobservation quil na pas trouv dinnovation miracle . Le groupe attend en effet souvent
dtre totalement surpris par une ide durant la phase de gnration dides. Or, Boldrini remet en cause
ce mythe , en expliquant quune innovation ne peut venir dune phase ponctuelle sur un projet, mais
plutt dun processus global (Boldrini, 2005).
31
203
a. Pertinence environnementale
b. Originalit
Figure 102 Perception des utilisateurs sur la pertinence environnementale et loriginalit des ides gnres
32
http://www.creatinn.eu/
204
5.4.4. RESULTATS
Etant donn le contexte de ce workshop (groupe bilingue) nous nous sommes focaliss sur une
approche quantitative. Pour ce faire, nous avons utilis deux critres orients processus , dailleurs
utiliss dans les tests prcdents:
205
Figure 104 Frquence de gnration des ides mises par le groupe durant le workshop
Le tableau ci-dessous, qui reprend lensemble des rsultats issus des diffrents tests, permet
ainsi de constater une constance dans la frquence de gnration dides, rendant ainsi notre
observation robuste.
Test
Test 1
Test 2
Test 3
ASIT
EcoASIT v1
EcoASIT G1
EcoASIT G2
EcoASIT G3
EcoASIT G4
EcoASIT
Coefficient
directeur
1,23
1,29
1,23
1,19
1,14
0,77
1,48
R
0,98
0,98
0,99
0,99
0,99
0,99
0,97
Tableau 49 Coefficient directeur et coefficient de corrlation des courbes de tendances sur les 3 tests
Un deuxime rsultat porte sur lanalyse de la capacit de loutil aider le groupe explorer le
champ des possibles. Pour cela, lchelle propose au chapitre 3 a t utilise, permettant de classer les
diffrentes ides mises (Produit/ Produit-Service/ Service/ Usage/ Mthode/ Stratgie).
Le tableau 50 nous permet de visualiser les rsultats, ainsi que des exemples dides gnres
pour chacune des catgories. Il nous conduit remarquer que les ides gnres permettent de sortir du
cadre du produit, et ainsi denvisager lensemble des possibilits.
206
Produit
Produit-Service
Service
Usage
Mthode
Stratgie
5.4.5. SYNTHESE
Ce test, anim par les dveloppeurs de loutil, dans le cadre dun projet europen avec des
participants franais et espagnols, visait confirmer notre approche mthodologique de loutil EcoASIT.
Le contexte multilingue, qui a ncessit lapport dune traduction simultane, a t un lment
important de ltude. Il a notamment favoris le retour sur des principes simples de loutil, ce qui a pu
contribuer une gnration dides plus efficace. Il a ainsi pu mettre en valeur lintrt du diagramme
dvaluation qui permet dinstaurer une vision commune de lco-innovation et ainsi trouver rapidement
un objectif commun.
Les deuxime et troisime tests ont permis de confirmer que loutil EcoASIT conservait les
caractristiques bnfiques de loutil ASIT, tout en focalisant la rflexion sur les thmatiques dcoinnovation.
Malgr un nombre restreint de cas dtude, qui ne permettent de conclure que sur des
observations de tendances et non des rsultats approfondis, notre tude exprimentale permet
nanmoins dentrevoir les forces et les faiblesses de loutil EcoASIT, et ainsi denvisager son optimisation
future.
Ainsi, lune des conclusions majeures tirer de loutil EcoASIT, et de son utilisation, est que bien
quil sagisse dun outil se caractrisant par un processus bas sur lutilisation de phases stimulantes
gnriques et plus cbles que celles dASIT, ses utilisateurs parviennent adapter ce processus au
cas dtude qui leur est propos. Les rsultats obtenus montrent, en effet, que les groupes arrivent, non
seulement, gnrer des ides trs focalises sur le systme tudi, mais galement, gnrer dautres
ides ayant des niveaux systmiques et de varit beaucoup plus levs.
Par ailleurs, la taille des objets manipuls lors des sances dinnovation, qui, dans le cas
dEcoASIT, restent trs gnraux (fabrication, ressources ) permet nanmoins de gnrer des
concepts de niveau sous-systme .
Ces diffrents tests ont galement permis la mise en valeur dun processus dco-innovation
simple et stimulant efficacement le groupe, et cela, tout au long de la sance de crativit et sans quil y
ait flchissement du taux de gnration des ides. Ainsi, cet outil permet de structurer une sance de
crativit et garantit aux groupes qui lutilisent une sance efficace tant en terme de frquence de
gnration quen terme de varit des ides.
Le deuxime test en prsence dtudiants, a t particulirement intressant du fait que loutil
EcoASIT a t manipul par des personnes sans vritable formation lutilisation doutils de crativit.
207
208
209
210
CONCLUSIONS GENERALES ET
PERSPECTIVES
211
212
213
214
En attendant la poursuite de cette question de recherche, nous avons malgr tout construit un jeu
de 4 indicateurs. Les deux premiers critres classiques se rapportaient loriginalit et la faisabilit
du concept. Les deux autres critres, plus spcifiques aux thmatiques de lco-innovation,
concernaient la pertinence environnementale et la pertinence sociale du concept.
215
Pertinence sociale
Notation
0: Restreint l'usage du systme, Influence ngative sur le comportement; Ne participe pas au dynamisme social
(cohsion, accessibilit, dveloppement local).
1: Aucune influence sur l'usage, le comportement; Aucune influence sur le dynamisme social (cohsion,
accessibilit, dveloppement local).
2: Perspective d'extension d'usage et d'influence positive sur le comportement; Possible participation au
dynamisme social (cohsion, accessibilit, dveloppement local).
3 : Permet un usage tendu, influence fortement positive sur lusage et le comportement ; Forte participation au
dynamisme social (cohsion, accessibilit, dveloppement local).
Tableau 51 Critre de pertinence environnementale et pertinence sociale
Au-del du travail ncessaire lvaluation des concepts en phase amont, une deuxime limite de
notre tude concerne le manque de visibilit sur les retours moyen et long terme de loutil et,
notamment, sur son appropriation par les entreprises.
Il est donc dsormais indispensable de mettre en uvre un ensemble de critres permettant de
juger du succs de lutilisation de cet outil, ainsi que de son appropriation et de ses possibilits
dadaptation dans lentreprise.
Cette tude pourrait sarticuler autour de deux tapes successives :
Une premire tape, consistant en une capitalisation des pratiques et des rsultats obtenus
par les entreprises, laide de loutil ;
Une seconde tape, impliquant un dveloppement dune stratgie dadaptation de loutil aux
besoins de chaque entreprise en vue de son adaptation et de son optimisation.
Enfin, comme nous avons pu le constater, lefficacit dun outil ne se mesure par uniquement
lefficacit des solutions engendres, mais galement par lapport de cet outil sur le processus de
conception.
A travers le dveloppement de loutil EcoASIT, et dans une logique d apprentissage , nous
avons en effet cherch orienter la rflexion des utilisateurs, sur une vision plus globale de lcoinnovation ; et ainsi placer ces principes de faon durable dans le processus de conception. Il serait
alors intressant de travailler sur lvolution de la prise en compte long terme des critres de
dveloppement durable au sein des entreprises la suite de la mise en place dune dmarche dcoinnovation.
Pour finir, si nous avons eu la volont de mettre en place un outil permettant dco-innover tant sur
un produit quun service, notre approche sest avant tout oriente sur ltude des produits et ne peut donc
trouver application sur un service quaprs un effort dinterprtation des diffrents objets dEcoASIT.
Pour faire face cette dernire limite, il parait donc essentiel de favoriser cette interprtation des
objets.
PERSPECTIVES
Lhybridation des outils proposs
Les travaux mens durant cette thse ouvrent de nouvelles perspectives. Nos contributions se
rapprochent des travaux initis par (Legardeur, 2009) qui visent favoriser lhybridation entre outils et
mthodes, dans le but de favoriser une meilleure flexibilit et une meilleure intgration dans les
216
Nous avons prsent cette approche dans le cadre dun congrs ACV, (Tyl et al., 2011c)
217
Dans une vision plus gnrale, la mise en place de cette bibliothque de micro-outils demanderait,
elle-mme, la mise en place dune interface dynamique permettant de favoriser une bonne connexion
entre ces outils, un bon change des donnes, et, par voie de consquence, la construction dun
processus efficace.
Ces perspectives permettraient denvisager des connexions avec les travaux entrepris notamment
par (Rio et al, 2011), lobjectif tant, ds lors, de mettre en place une dmarche proactive dcoconception / co-innovation pour faire face la multitude et la complexit grandissante des outils daide
lco-conception.
Ces travaux devraient aboutir concrtement la mise en place dune interface dynamique
favorisant, notamment, le partage de connaissances et linteraction entre les mtiers et les outils
appropris.
Laccompagnement des co-innovations
En deuxime perspective, il parait galement pertinent de chercher accompagner durablement
lentreprise dans son processus dco-innovation et, en particulier, accompagner le processus de
maturation des ides gnres la suite des premires sances dco idation.
Nous avons pu voir quEcoASIT permet de gnrer des concepts qui couvrent lensemble du
champ des possibles, depuis la mise en place dun systme Produit-Service, ou encore une remise en
cause du modle conomique actuel de lentreprise.
Alors que certaines des ides mises paraissaient particulirement sduisantes, nos travaux nont
pas port sur laccompagnement des entreprises pour la maturation et laccompagnement de ces
concepts co-innovants.
218
.
Figure 107 Processus global de conception
La figure 105 reprend un modle propos par (Wiggum, 2004) et adapt une logique dcoinnovation.
Une perspective de travaux pourrait sappuyer sur ce modle dans un but daccompagnement de
lentreprise dans la le processus de dveloppement des co-innovations gnres. Cette dmarche
daccompagnement pourrait sappuyer sur trois tapes itratives :
1. Une dfinition des principes dco-innovation
Cette premire tape consisterait redfinir un cadre gnral mme daccompagner lvolution du
concept co-innovant gnr durant la sance de crativit. Elle reprendrait et affinerait notamment les 5
axes du diagramme dvaluation dEcoASIT. Elle pourrait consister par exemple travailler sur un cadre
exprimental visant dfinir et accompagner la mise en place de nouvelles parties prenantes.
2. Une dfinition des lignes directrices de dveloppement
Cette deuxime tape interviendrait partir des principes dfinis prcdemment et conduirait dfinir
les stratgies adquates, en couplant la vision long-terme, correspondant au cadre gnral de la
premire tape, avec une vision ralisable court et moyen terme.
219
34
220
Maintenir lutilisateur en mouvement , et donc insatisfait, ncessite, par le fait mme, un march
de linnovation lui-mme en constant mouvement. Gaudin parle de rituel innovateur telles des
innovations attendues, ou encore, une certaine forme de programmation de linnovation (dicte par
exemple par lobsolescence programme, et dnuant de sens le principe mme dinnovation (Gaudin,
2008).
Dans (Aries, 2007), il est fait allusion la junkproduction , qui favorise la valeur marchande par
rapport la valeur dusage.
Celle-ci passe, notamment, par certains mcanismes dont la banalisation et la multitude des
objets, la production en srie, la dgradation de la qualit, la gnralisation de lartifice, leffet de mode ou
encore le dni des besoins.
Plus spcifiquement, Aries dnonce les fausses innovations, phnomne qui rsulte de ce que les
utilisateurs ont peu de maitrise sur lusage du produit prcdent, et narrivent donc pas faire la
comparaison entre lancien et le nouveau, empchant ainsi de prendre en compte la nouveaut
allgue.
Il nous faut donc repenser nos systmes de valeurs, et notamment retrouver une harmonie avec
la consommation des ressources, tout en reconsidrant lusage mme que lon doit faire de ces
35
ressources. Aries parle ainsi de msusage de certaines ressources (Aries, 2007). Outre une rflexion
sur lusage, il nous revient de reconsidrer une meilleure gestion du temps. Thackara considre en effet
que nos vies sont rgles sur une acclration perptuelle, qui faonne nos manires de manger,
voyager, dinnover (Thackara, 2008).
Ainsi, travers le dveloppement dune innovation plus responsable, une nouvelle approche du
temps savre ncessaire. Le cycle de vie de linnovation doit pouvoir saccorder nos modes de vie et
au cycle de vie de lapprentissage et de lapprivoisement de ces innovations.
En cela, linnovation peut tre porteuse dalternatives, en favorisant un meilleur rapport entre le
producteur/consommateur.
Cette rappropriation fait cho la thorie du Slow design, lequel encourage une rduction des
mtabolismes conomique, industriel et urbain (Fuad-Luke, 2004). Sadapter au temps, sans forcment
ralentir permettrait de favoriser lmergence de situation (Thackara, 2008).
Ainsi, le slow design propose-t-il de repositionner la conception dans un triptyque bien-tre
individuel, bien-tre socio-culturel, et bien-tre environnemental, et de se refocaliser sur le prsent plutt
que sur le futur.
Cette nouvelle approche a pour objectif de chercher se rapproprier nos modes de vies et sortir
de cette lthargie des innovations actuelles pour rexaminer vritablement ce que lon souhaite
promouvoir derrire les objets. Linnovation doit donc tre au service des utilisateurs, et sadapter des
besoins concrets. En cela, elle ne pourra qutre mieux accepte par les utilisateurs, en leur offrant des
avantages, dabord individuels, tout en sortant du cadre restrictif habituel.
Les rsultats de nos recherches sont enfin tributaires de changements globaux qui prennent
leur source dans le domaine politique ou culturel.
35
Pourquoi doit-on payer autant pour de leau pour boire que pour de leau destine remplir sa piscine ?
221
222
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236
ANNEXES
ANNEXES
Langage commun
Interaction
Collaboration
Expertise en outil de crativit
Expertise en co-conception
Facilit
dusage
Expertise
Confiance
dans loutil
Clarification
de loutil
Mise en uvre
Prise en main
Exploration
Tour du problme
ii
ANNEXES
EXPERTISE
COLLABORATION
iii
EXPLORATION
OBJECTIF
ANNEXES
7. Comment jugez-vous LA PRISE EN MAIN de l'outil, lapprentissage ?
La mthode est facile prendre en main et manipuler. Je saurai facilement la rutiliser
Jai mis un peu de temps prendre en main loutil, mais cela ne ma pas marqu
Jai eu du mal prendre en main loutil et aurai du mal le rutiliser sans aide
La prise en main est complique
8. Que pensez-vous du
gnration dide?
CONFIANCE
11. Trouvez-vous les solutions que le groupe a gnres PERTINENTES d'un point du vue
environnemental?
Le groupe a gnr des solutions qui me paraissent trs pertinentes dun point de vue
environnemental. Lapport de loutil est important.
Loutil a gnr des solutions qui a priori paraissent pertinentes mais lapport de loutil est
moins vident.
Certaines des solutions paraissent intressantes, mais pas plus que pour tout autre outil. Un
guideline en co-conception aurait suffit.
La dimension environnementale des solutions gnres ne ma pas marqu.
12. Trouvez-vous les solutions que le groupe a gnres ORIGINALES?
Les solutions gnres mont vraiment surpris par leur originalit.
Le groupe a gnr des ides originales.
Certaines ides semblent originales mais pas plus que pour tout autre outil.
Jai limpression dtre rest dans ce qui se fait actuellement.
iv
ANNEXES
13. Quels sont les forces de loutil?
Mise en place du problme
Gnration dides
Autre
ANNEXES
(Proprit, Mise
en forme,
Toxicit, Fin de
Vie)
Logistique
Fabrication
(Consommation,
toxicit, impact
sonore, dchet)
(Poids et
volume,
Emballage,
Transport,
dchet)
Utilisation
(Conso. de
ressources,
Toxicit,
Maintenance)
Fin de vie
(Dmantl.,
Recyclage,
Dure de vie,
Rparabilit,
Rutilisation)
Apprentissa
ge
Incitation
Priorit
Matire premire
(Proprit, Mise en forme,
Toxicit, Fin de vie)
Fabrication
(Consommation, toxicit,
impact sonore, dchet)
Logistique
(Poids et volume,
Emballage, Transport,
dchet)
Utilisation
(Conso. de ressources,
Toxicit, Maintenance)
Fin de vie
(Dmantl.,Recyclage,
Dure de vie, Reparabilit,
Rutilisation)
Apprentissage
Incitation
Valeur destime
Bon usage
Besoin
Emploi
Condition de travail
Cohsion sociale
vi
Valeur
destime
Bon usage
Besoin
Emploi
Condition de
travail
Cohsion
sociale
ANNEXES
vii
ANNEXES
Droulement de la session
dco-innovation
viii
ANNEXES
ix
ANNEXES
ANNEXES
xi
ANNEXES
Le milieu naturel
Les ressources
xii
ANNEXES
A parti de ce cadre, nous avons group ces deux approches pour dfinir notre systme, le monde clos de
EcoASIT :
Les ressources naturelles (leau- lnergie - les matires premires) / La production / Les dchets / La
logistique, la vente / Lutilisation - usage (le comportement, laccessibilit, le besoin) / La perception (effet de
mode) / Lactivit locale (le dveloppement local)
xiii
ANNEXES
GENERATION DIDEES
Cette tape consiste gnrer des phrases simples laide dobjets et doprateurs qui peuvent tre utiliss
lors dune sance collective de type brainstorming pour provoquer des ides.
Rappel de lobjectif:
...................................................................................................................................................................
Rappel des objets:
Les ressources naturelles (leau- lnergie - les matires premires) / La production / Les dchets / La
logistique, la vente / L utilisation - usage (le comportement, laccessibilit, le besoin) / La perception (effet de
mode) / Lactivit locale (le dveloppement local)
Loutil EcoASIT propose 2 outils principaux afin de faciliter la gnration dides (et un outil
supplmentaire Modification)
1. INTEGRATION
Loutil Intgration propose de mettre en relation diffrents objets entre eux afin de crer de nouvelles
combinaisons et de nouveaux chemins pour atteindre lobjectif dsir.
Construire la phrase:
METTRE EN RELATION <lobjet1> et <lobjet2> va <me permettre datteindre mon objectif>
(Par exemple : Mettre en relation lusage et la vente va Rduire la consommation de ressources.)
Prendre deux objets, crire la phrase et gnrer les ides. Une fois que vous navez plus dide, prendre deux
objets diffrents et crire la phrase.
2. SUPPRESSION
Loutil Suppression propose denlever un objet du cadre dfini prcdemment afin datteindre lobjectif dsir.
Construire la phrase:
SUPPRIMER <lobjet> va <me permettre datteindre mon objectif>
(Par exemple : Supprimer les ressources naturelles (matires premires) va Rduire la consommation de
ressources.)
Prendre un premier objet, crire la phrase et gnrer les ides. Une fois que vous navez plus dide, passez
un nouvel objet et crire la phrase.
3. MODIFICATION
Loutil Modification propose de modifier un objet du cadre dfini prcdemment afin datteindre lobjectif
dsir.
Construire la phrase:
MODIFIER <lobjet> va <me permettre datteindre mon objectif>
(Par exemple : Modifier lutilisation du produit va va Rduire la consommation de ressources.)
Prendre le premier objet, crire la phrase et gnrer les ides. Une foi que vous navez plus dide, passez
un nouvel objet et crire la phrase.
xiv
ANNEXES
xv
ANNEXES
0
1
2
3
0
1
2
3
Pertinence environnementale
Pas du tout pertinent et nuisible.
N'apporte pas de rduction d'impact environnemental.
Possible rduction d'impact environnemental. Risque de transfert d'impact.
Montre un grand potentiel de rduction d'impact environnemental et un faible risque de transfert
d'impact.
Pertinence sociale
Restreint l'usage du systme, Influence ngative sur le comportement; Ne participe pas au
dynamisme social (cohsion, accessibilit, dveloppement local).
Aucune influence sur l'usage, le comportement; Aucune influence sur le dynamisme social
(cohsion, accessibilit, dveloppement local).
Perspective d'extension d'usage et d'influence positive sur le comportement; Possible participation
au dynamisme local (cohsion, accessibilit, dveloppement local).
Permet un usage tendu, influence fortement positive sur lusage et le comportement ; Forte
participation au dynamisme local (cohsion, accessibilit, dveloppement local).
0
1
2
3
Originalit
Aucune originalit.
Intressant, mais une sance de crativit n'est pas forcment ncessaire pour cette ide.
Originale mais cette ide a dj t vue dans d'autres secteurs industriels.
Trs original: Jamais vu. Surprenant.
0
1
2
3
Faisabilit
Pas faisable.
Faisable avec des modifications profondes des pratiques industrielles.
Faisable avec de lgres modifications des pratiques industrielles.
Parfaitement applicable en industriel.
xvi