Analyse À L'ombre Des Jeunes Filles en Fleurs
Analyse À L'ombre Des Jeunes Filles en Fleurs
Analyse À L'ombre Des Jeunes Filles en Fleurs
Extrait
Marcel Proust
Introduction
Le prsent travail est ralis pour le cours : Littrature I du Professorat de Franais
Au cours de cette matire, nous avons abord le genre romanesque. Pour cela nous
avons ralis notre tude partir de la bibliographie suivante: Littrature et Langages.
Tome I Le roman qui comporte une tude thorique : Le roman et son public, le
roman et le rel et le roman et fantasme et des applications pratiques : un recueil
dexercices pratiquer sur des extraits des uvres des plus grands romanciers franais
et trangers, du XVII e sicle nous jours.
Cet ouvrage nous montre une srie dextraits de romans et un guide pour ltude de
textes structur en Disposition, structures et sens et effets. Les propositions de
Recherches et essais permettent dapprofondir sur un aspect choisi.
Dans ce travail nous raliserons lanalyse propose sur un extrait de Marcel Proust qui
appartient au chapitre trois : Les personnages de la deuxime partie de cet ouvrage : les
techniques du roman.
Pour arriver une interprtation plus complte de certains aspects que lauteur dcrit
dans lextrait, nous avons fait une lecture intgrale de tout ce qui peut nous aider dans
notre travail: la biographie de Proust, les caractristiques de son uvre, ses influences
et les caractristiques des personnages, thme prsent dans la partie thorique du
roman.
Afin de justifier et complter notre tude nous faisons un bref relev de quelques
dveloppements thoriques prsents dans le manuel.
Ensuite, dans ltude du texte, nous suivrons le guide pour appliquer la mthode
propose par Henri Mitterrand1.
Selon Genevive Idt les personnages reprsentent aussi lillusion dun personnage
rel obtenue laide de moyens trs divers; ainsi, un personnage peut tre un rle dans
laction ou une constante dans le comportement ; une identit (un nom, un pass, une
situation sociale, un aspect physique) ; un point de vue (une restriction du champ, une
intriorit,) ; une voix, un style (style, crit, oral, indirect, indirect libre, monologue
intrieur).
1
Dans le cas de lextrait choisi du texte de Proust, le personnage dAlbertine
reprsente une identit, un aspect physique.
Le personnage dAlbertine
Dans l'ombre des jeunes filles en fleurs3, le pote raconte une tape de sa vie
pendant sa jeunesse, quand il connait Albertine Simonet, un des personnages
principaux.
Pour mieux comprendre le rapport entre lcrivain el le personnage de lextrait qui
nous avons choisi, nous relevons le suivant rsum du livre :
17 ans, Marcel est Balbec en vacances pour l't. Un jour, quand il se promenait
sur la plage, il aperoit un groupe de jeunes filles, entre elles Albertine. Elle tait sur
une bicyclette et elle portait un polo noir. Il tombe rapidement amoureux, la fois
repouss et fascin par les doutes qu'il prouve quant au lesbianisme dAlbertine. Il la
revoit peu aprs sur la digue ; ses bonnes manires ont laiss la place au ton rude et aux
manires petite bande . Il fixe son grain de beaut sur sa lvre suprieure. Elle aime
la peinture et la musique. Un jour, Albertine crit Marcel Je vous aime bien Puis,
elle l'invite passer la voir dans sa chambre au Grand-Htel mais elle refuse de se
laisser embrasser et les rves de Marcel se dtournent d'elle. Finalement les jeunes
filles quittent Balbec.
ALBERTINE
Albertine4 est la nice de Mme Bontemps et elle fait partie de la bourgeoisie (son oncle
est Conseiller d'ambassade). Elle est une femme Intelligente et impertinente qui aime
faire des sports en plein air, notamment faire de la bicyclette.
Proust la dcrit comme une jeune fille aux cheveux bruns pais, avec des yeux verts,
bleus ou violets, de grosses joues mates et un petit nez rose de chatte .
Le narrateur est attir par son langage argotique mais galement par ses gots raffins
en peinture et en matire de toilettes.
3
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%80_la_recherche_du_temps_perdu
4
http://fr.wikipedia.org/wiki/Albertine_Simonet
2
seule capable de ressusciter le pass, et que luvre dart permet de vivre une vraie vie,
loin des mondanits, quelle permet aussi dabolir les limites imposes par le Temps.
3
Lextrait slectionn est accompagn par limage dune peinture de Monet et une
citation :
Monet (1840 1925), Femme lombrelle.: .des vissages, peut-tre construits de
faon peu dissemblable, selon quils taient clairs, par les feux dune rousse
chevelure, dun teint rose, par la lumire blanche, dun mate pleur, stiraient ou
slargissaient, devenaient une autre choseAinsi, en prenant connaissances des
visages, nous les mesurons bien, mais en peintres, non en arpenteurs. (M. Proust, A
lombre des jeunes filles en fleurs)
Pour mieux comprendre la citation faite par Proust nous avons ajout les images de
deux peintures de Monet ralises en 1886 : femme lombrelle tourne vers la gauche
et femme lombrelle tourne vers la droite. La femme qui a pos pour le peintre cest
Alice Hosched.
ETUDE DU TEXTE
DISPOSITION
A la fin de lextrait le narrateur fait une conclusion : il voit en Albertine des personnes
diffrentes avec des attitudes diverses ; alors il fait le portrait de ces divers tats dme
de la femme. la fin il devient lui-mme comme elle : un tre compos de beaucoup
dtres selon son tat de lme : un jaloux, un indiffrent, un voluptueux, un
mlancolique, un furieux. Tous ces sentiments que Proust prouve chaque fois quil se
souvient delle, comment il lapprcie. Il lvoque dans sa pense dune manire
diffrente : ces variations des sentiments sont appels par lui-mme les intermittences
du cur en faisant un analyse de pourquoi il exprimente ces sentiments sur un mme
objet, Albertine.
STRUCTURES
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Le narrateur dcompose limage dAlbertine comme sil sagissait de femmes
diffrentes ; pour cela il emploie plusieurs locutions temporelles qui indiquent un
changement, une frquence, les tapes dun droulement, sans prciser la chronologie ni
la dure exacte : certains jours, quelquefois, dautres jours, dautres fois, il arrivait
que, parfois, souvent, plus que, le plus souvent, parfois mme, chacune, plus tard Ces
locutions donnent lide dune rptition, dune dure vague, inexacte.
Quelles sont les parties du visage qui ont retenu lattention du peintre ?
Le peintre sest dtenu sur quelques parties du visage qui attirent son attention : le
teint, les yeux tandis que lcrivain dcrit les yeux, le teint, les joues et le nez.
En prenant connaissances des visages, nous les mesurons bien, mais en peintres,
non en arpenteurs , crit Proust quelques lignes plus haut.
L, le pote affirme que les visages peuvent tre diffrents selon les aspects qui les
traversent : les feux, la lumire, mais comme un peintre qui observe les lments qui
font changer ce visage et non comme un arpenteur qui mesure un objet selon des rgles
tablis.
La couleur : transparence violette, blanche cire, papillon azur, sombre pourpre, rouge
presque noir, rose violac, mail rose, pierre brune, plus colore, figure blanche teint
gris, joues mates roses par transparence, petits points bruns, taches plus bleues,
La matire : peau fluide et vague, surface vernie, surface rose par transparence, agate
opaline
, pierre brune, figure blanche.
La lumire: projecteur lumineux, clart si mobile, plus colore, sombre pourpre,
luisaient, miroir.
Pour mieux apprcier la description nous avons ajout limage du Papillon Azur
bleu cleste, du bijou en agate opaline et du cyclamen rose violac.
5
Relevez les relations entre lhumeur du personnage et la carnation de sa
peau. Montrez que chaque variation de son teint est le signe dun tat
dme.
Il y a dans le texte une relation entre lhumeur du personnage et la carnation de sa
peau. Par exemple, quand Albertine est maussade, leur teint est gris, la couleur associ
la tristesse, la solitude et la mlancolie. Cela est appuye par la phrase :. elle
semblait prouver une tristesse dexile.
Quand elle est pensive en empchant ses dsirs daller plus loin, sa surface est vernie
et ses joues mates, mais si le pote la surprend tout coup de ct elle exprime la
surprise car ses joues deviennent roses par transparence.
Quand elle exprime du bonheur, ses joues sont claires et sa peau devient fluide et
vague ; quand elle est plus anime sa peau se montre plus colore.
Au contraire, quand elle est congestionne ou fivreuse en donnant une ide de
faiblesse mais aussi dune certaine perversit, le teint de ses joues deviennent pourpres,
dun rouge presque noir, une couleur froide, symbole de la puissance, de la richesse.
6
faon diffrente dont je lapprciais . L, il justifie son propre changement en le
considrant comme une habitude et non comme une raction propre de ltre humain : la
jalousie, lindiffrence, la volupt, la mlancolie, la furie. Ces sentiments sont
provoqus selon les diffrents moments ou situations quand le pote se souvient
delle.
SENS ET EFFETS
Le narrateur utilise des mtaphores pour rvler des aspects inattendus du visage de
la femme ce qui oblige au lecteur penser.
Ces figures de sens voquent le plus souvent de prcieux objets dart comme par
exemple : le regard glissait comme sur celui dune miniature... Au sujet de lart
Proust a crit : Ce travail de lartiste, de chercher apercevoir sous de la matire,
sous de lexprience, sous des mots, quelque chose de diffrent, cest exactement le
travail inverse de celui que, chaque minute, quand nous vivons dtourns de nous-
mmes, lamour-propre, la passion, lintelligence, et lhabitude aussi accomplissent en
nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher
entirement, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la
vie . 5
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A travers la multiplicit de ces apparences, la personnalit dAlbertine est-
elle saisissable6 ? A quoi se rduit-elle ? Daprs vous, le narrateur croit-il
la possibilit de la communication entre les tres ? Comment, malgr la
prcision de la description, le narrateur donne-t-il limpression presque
douloureuse du mystre de lindividu ?
Proust nous donne une srie de caractristiques dAlbertine selon leurs tats dme
mais sa personnalit reste encore vague, elle ne peut tre entirement saisissable. Le
pote veut savoir ce quelle pense, ce quelle sent mais il voit et dcrit tout ce quil voit
lextrieur, en la rduisant un objet dart.
Le pote dit que les sentiments de la femme sont quelquefois transparents, quil peut
sapprocher de lme travers ses yeux mais que cela est seulement une illusion, parce
quelle garde pour elle mme des penses secrets, notamment quand elle est
mlancolique, loigne, distante.
Malgr la prcision de la description, le narrateur donne limpression presque
douloureuse du mystre de lindividu quand il rflchit sur les divers tres quil y a
dans une mme personne et sur le paradoxe de se transformer lui- mme en un
personnage avec les mmes caractristiques changeantes de la femme quil aime.
RECHERCHES ET ESSAIS
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Qui surprend, faire une impression vive et forte sur qqn
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Monet arrive Venise le 1 octobre de 1908 (en automne) et peint des sries qui seront exposes dans la galerie
Bernheim-Jeune de Paris en 1912. Nous avons ajout dans lannexe des images des quelques peintures du peintre
ralises Venise pour mieux noter les variations selon la lumire.
8 lhiver 1893 Monet achte Giverny, un village situ sur la rive droite du Seine, un jardin deau chevauch par