tude dun conte de Perrault

Le Petit Chaperon rouge

Par Andr CAMLONG
Professeur titulaire des Universits

Rsum. Nous allons procder lanalyse du Petit Chaperon rouge, le plus court des 8 contes en prose de
Charles Perrault, intituls Contes de ma mre lOye, que tout le monde connat.
Pour ce faire, nous allons soumettre le texte au traitement analytique de STABLEX, non dans le but de le
desscher, mais au contraire den dcouvrir toutes les structures, den faire ressortir toutes les caractristiques et
den faire vibrer toutes les finesses que lon ne peroit pas toujours la premire lecture, et parfois mme au
terme de plusieurs lectures ou relectures.
Notre intention est de familiariser le lecteur avec les nouvelles techniques et les nouveaux procds
danalyse qui sont rendus possibles grce au potentiel informatique largement divulgu, en lui faisant dcouvrir
par le biais de quelques graphiques les qualits de lACP (Analyse en Composantes Principales) et surtout
lintrt de lAFD (Analyse Factorielle Discriminante) o il pourra mesurer, comparer, estimer, valuer,
apprcier tous et chacun des lments lexicaux qui font la trame du texte et du discours.
En fin de parcours, et malgr la brivet de deux tapes, nous esprons que le lecteur aura une ide plus
prcise de ce que reprsente lanalyse exploratoire de donnes et la recherche mme et y compris dans le
domaine littraire, o lon raisonne, hlas ! trop souvent, comme des sophistes.

Resumo. Vamos proceder anlise do conto Le Petit Chaperon rouge, o mais curto dos 8 contos de Charles
Perrault, intitulados Contes de ma mre lOye, bem conhecidos de todos.
O texto vai ser analisado com o STABLEX, no na perspectiva de enfraquec-lo, mas pelo contrrio de
descobrir todas as estruturas, destacar todas as caractersticas, salientar todas as riquezas que no aparecem de
imediato primeira leitura, e muitas vezes at depois da vrias leituras ou releituras.
A nossa inteno de familiarizar o leitor com as novas tcnicas e os novos procedimentos de anlise
disponibilizados hoje em dia pela potncia informtica, dando-lhe a possibilidade de descobrir atravs de
grficos representativos as qualidades da ACP (Anlise em Componentes Principais) e, sobretudo o interesse da
AFD (Anlise Fatorial Descriminante) para poder medir, comparar, estimar, avaliar, apreciar todos os elementos
lexicais que formam a trama do texto e do discurso.
Afinal, apesar da rapidez das duas etapas, desejamos que o leitor tenha uma idia precisa do que so a
anlise exploratria de dados e a pesquisa inclusive na literatura, quando a gente se contenta muitas vezes
infelizmente de meros sofismas.

Summary. We will carry out the analysis of the Little Red Riding Hood, shortest of the 8 tales in prose of
Charles Perrault, entitled Contes of my mother Oye, that everyone knows.
With this intention, we will subject the text to the analytical treatment of STABLEX, not with an aim of
desiccating it, but on the contrary to discover all the structures of them, to emphasize some all the characteristics
and to make some vibrate all the smoothness which one always does not perceive with the first reading, and
sometimes even at the end of several readings or second readings.
Our intention is to familiarize the reader with the new technical and the new processes of analysis which
possible are made thanks to the largely revealed dated-processing potential, while making him discover by the
means of some graphs qualities of the ACP STATE (Analysis in Principal components) and especially the
interest of the AFD (Discriminating Analysis Factorial) where it will Be whitebait to measure, compares,
estimate, evaluate, appreciate all and each lexical element which makes the screen of the text and the speech.
At the end of the course, and in spite of the brevity of two stages, we hope that the reader will have a more
precise idea of than represents the analysis and research even and including in the literary field, where one
reasons, alas! too much often, like sophists.

1. Introduction
Nous allons procder lanalyse lexicale, textuelle et discursive du deuxime des 8 contes
de Perrault, Le Petit Chaperon rouge, publis sous le titre de Conte de ma mre lOye, en

1
1697. Ces contes connurent un succs immdiat. Peu aprs la mort de Charles Perrault le 16
mai 1703, la plupart de ces contes furent transcrits, par Grimm, ou mis en musique par
Offenbach, Rossini, Bartok. Et Gustave Dor en fit une magnifique dition illustre. Plus prs
de nous, Henri Galeron a continu selon la tradition

Nous allons soumettre le texte au traitement analytique de STABLEX, non dans le but de
le desscher, mais au contraire den dcouvrir toutes les structures, den faire ressortir toutes
les caractristiques et den faire vibrer toutes les finesses que lon ne peroit pas toujours la
premire lecture, et parfois mme au terme de plusieurs lectures ou relectures.

Nous commencerons donc par prsenter le texte du Petit Chaperon rouge, le rsumer et le
dfinir dans ses grandes lignes.

Mais pourquoi avoir choisi Le Petit Chaperon rouge, me direz-vous ? Pour des raisons
toutes simples. Dabord, parce que cest un texte court, agrable lire, un conte connu et
apprci. Ensuite, parce quon croit le connatre, alors que lanalyse va nous montrer que lon
est bien souvent loin de compte. Enfin, parce quil va nous permettre, croyant le connatre, de
mieux saisir la mthode danalyse, de nous familiariser avec STABLEX et avec le traitement
analytique que nous proposons.

Pour ce faire, nous prsenterons dans un premier temps les graphiques qui mettent en
vidence la place de ce deuxime conte dans le concert des huit contes en prose de ma mre
lOye , par le biais de lACP (lAnalyse en Composantes Principales). Dans un deuxime
temps, nous irons directement lAFD (lAnalyse Factorielle Discriminante) pour en saisir
toutes les subtilits, mme si la longueur de larticle nous oblige procder de faon
synthtique. Enfin, nous irons tranquillement vers les relevs squentiels, non dans le but de
montrer comment faire des dictionnaires ou des lexiques, mais plus simplement, en restant
dans le cadre de notre analyse, voir combien tous les lments comptent dans une analyse, et
quon ne peut surtout pas les couper de leur environnement textuel et encore moins
bouleverser lordre naturel du texte, sous peine de tout dnaturer, et de prendre le texte pour
un prtexte lucubration , ce qui serait tout fait contraire la mthode et la
mthodologie dveloppe par STABLEX.

Bien entendu, il ne sagit nullement ici de prsenter le soft et de le dtailler dans ses
structures analytiques, de quelque ordre que ce soit dailleurs, pas plus lexicales,
grammaticales ou smantiques, ou autres, que dans ses structures techniques, informatiques,
mathmatiques, statistiques ou graphiques. Tout, ou peu prs tout, sur ce chapitre est dj
crit dans les ouvrages qui accompagnent le soft : ils sont inclus dans le CD distribu par la
Pirus et disponible sur le web : pedropaulo@pirus.com.br . On pourra trouver des
renseignements utiles au www.pirus.com.br . Nous tenons nous-mmes des copies de travaux
ou douvrages disposition de tout utilisateur, moyennant une participation aux frais, bien
entendu, ladresse suivante : camlong.andre@wanadoo.fr

toutes fins utiles, le lecteur trouvera une bibliographie sommaire la fin de cet article.

2. Le texte, rsum et prsentation

Voici le texte intgral du conte du Petit Chaperon rouge, que nous avons retranscrit
partir de luvre de Gallimard, mais en changeant la prsentation de faon en faire ressortir

2
au mieux les qualits narratives, notamment celles inhrentes au dialogue entre le Loup et le
Chaperon rouge, l o se joue le drame qui fait la leon et la morale du conte.

Le Petit Chaperon rouge.

Il tait une fois une petite fille de Village, la plus jolie quon et su voir ;
sa mre en tait folle, et sa mre-grand plus folle encore. Cette bonne femme
lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on
l'appelait le Petit Chaperon rouge.
Un jour sa mre ayant cuit et fait des galettes, lui dit :
Va voir comme se porte ta mre-grand, car on ma dit quelle tait
malade, porte-lui une galette et ce petit pot de beurre.
Le Petit Chaperon rouge partit aussitt pour aller chez sa mre-grand,
qui demeurait dans un autre Village. En passant dans un bois elle rencontra
compre le Loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il nosa, cause de
quelques bcherons qui taient dans la Fort. Il lui demanda o elle allait ; la
pauvre enfant qui ne savait pas quil est dangereux de s'arrter couter un
Loup, lui dit :
Je vais voir ma Mre-grand, et lui porter une galette avec un petit pot
de beurre que ma Mre lui envoie.
Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le Loup.
Oh ! oui, dit le Petit Chaperon rouge, cest par-del le Moulin que vous
voyez tout l-bas, l-bas, la premire maison du Village.
Eh bien, dit le Loup, je veux laller voir aussi ; je my en vais par ce
chemin ici, et toi par ce chemin-l, et nous verrons qui plus tt y sera.
Le Loup se mit courir de toute sa force par le chemin qui tait le plus
court, et la petite fille sen alla par le chemin le plus long, samusant cueillir
des noisettes, courir aprs des papillons, et faire des bouquets des petites
fleurs quelle rencontrait.
Le Loup ne fut pas longtemps arriver la maison de la mre-grand ; il
heurte : Toc, toc.
Qui est l ?
Cest votre fille, le Petit Chaperon rouge, dit le Loup, en contrefaisant
sa voix, qui vous apporte une galette, et un petit pot de beurre que ma Mre
vous envoie.
La bonne mre-grand qui tait dans son lit cause quelle se trouvait un
peu mal, lui cria :
Tire la chevillette, la bobinette cherra.
Le Loup tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Il se jeta sur la bonne
femme, et la dvora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours quil
navait mang. Ensuite il ferma la porte, et salla coucher dans le lit de la
mre-grand, en attendant le Petit Chaperon rouge, qui quelque temps aprs,
vint heurter la porte : Toc, toc.
Qui est l ?
Le Petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup, eut peur
dabord, mais croyant que sa mre-grand tait enrhume, rpondit :
Cest votre fille, le Petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette
et un petit pot de beurre que ma Mre vous envoie.
Le Loup lui cria, en adoucissant un peu sa voix :
Tire la chevillette, la bobinette cherra.

3
 Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte souvrit.
Le Loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la
couverture :
Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher
avec moi.
Le Petit Chaperon rouge se dshabille, et va se mettre dans le lit, o elle
fut bien tonne de voir comment sa mre-grand tait faite en son dshabill
; elle lui dit :
Ma mre-grand, que vous avez de grands bras !
Cest pour mieux tembrasser, ma fille.
Ma mre-grand, que vous avez de grandes jambes !
Cest pour mieux courir, mon enfant.
Ma mre-grand, que vous avez de grandes oreilles !
Cest pour mieux couter, mon enfant.
Ma mre-grand, que vous avez de grands yeux !
Cest pour mieux voir, mon enfant.
Ma mre-grand, que vous avez de grandes dents !
Cest pour te manger.
Et, en disant ces mots, ce mchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon
rouge, et la mangea.

MORALIT

On voit ici que de jeunes enfants,

Surtout de jeunes filles,
Belles, bien faites, et gentilles,
Font trs mal dcouter toute sorte de gens,
Et que ce nest pas chose trange,
Sil en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la mme sorte :
Il en est d'une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privs, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hlas ! qui ne sait que ces loups doucereux,
De tous les loups sont les plus dangereux.

Rsum du conte. Il est facile de rsumer ce conte, que tout le monde connat :

Cest lhistoire du mchant Loup, qui ruse autant quil peut, pour abuser de la jeune fille
quil convoite, une jeune fille innocente et pure. Tant et si bien qu la fin, il mange le Petit
Chaperon rouge, cette belle jeune fille de Village, pure et innocente, dont le seul tort a t de
ne pas se mfier de ce Loup vicieux, de ce Loup doucereux et dangereux , une mtaphore
qui est, hlas ! dune actualit ternelle.

La leon de morale est dite et faite. Il suffit de la lire la fin du conte. Cest un
avertissement aux parents et aux jeunes filles innocentes et pures, qui doivent se garder de

4
frquenter ces loups doucereux, / (qui) De tous les loups sont les plus dangereux , comme
il est dit dans la leon de Morale, qui fait de ce conte un exemplum, au sens strict du terme.
Cest lhistoire dun Loup qui veut manger une oie blanche : un prdateur et une proie.
Cest la fable dun Loup vicieux qui va dvorer le Petit Chaperon rouge, une jeune fille
de Village, parce quelle est innocente et pure.
Cest le mythe de lternel retour, ou le retour de lternel mythe, un mythe ternel, qui se
passe de tout commentaire.

Analyse logique du conte. Lanalyse logique se fonde sur le rapport ordonn /intention/ +
/action/ pour dfinir la fois /lacte/ et la responsabilit de son auteur. savoir, la formule :
{/intention/ + /action/ /acte/} ayant pour corollaire la dfinition de la responsabilit de
lacte, en fonction des valeurs dautodtermination qui la caractrisent. En fin de compte, on
forme le jugement de valeur morale qui est un jugement de droit, et non un jugement de fait.
Ainsi, dans le Petit Chaperon rouge, on voit que les intentions des trois femmes (de la
mre, de la grand-mre et de la petite fille, le Petit Chaperon rouge ) sont des intentions
saines : elles sont gnreuses et sans arrire-penses. Aussi leur comportement est-il purement
et simplement dune haute qualit morale.
En revanche, pour ce qui est du Loup (pris mtaphoriquement pour lhomme pervers
ou vicieux ), il en va tout autrement. Les intentions quil affiche sont des intentions
pernicieuses, camoufles, il vite surtout de se dmasquer trop vite, et de se faire surprendre
par les bcherons ou de se faire remarquer par la petite fille de Village . Aussi ruse-t-il
jusqu' tromper dabord la mre-grand , puis le Petit Chaperon rouge quil dvore lune
aprs lautre. Du point de vue logique, les intentions affiches sont linverse de ce quelles
sont dans la ralit, laquelle est dvoile par laction de manger les deux femmes.
Bref, dun point de vue logique et aussi mtaphorique, le thme du conte est dans lesprit
de ladage latin qui dit : homo homini lupus est, lhomme est un loup pour lhomme.

Lanalyse logique ne peut tre remise en cause par lanalyse lexicale, textuelle et
discursive faite au moyen du STABLEX. Au contraire, elle doit tre conforte, prcise et
dtaille, dans la mesure o elle va dvoiler avec minutie les qualits techniques dcriture et
de composition qui font le charme du conte.

3. LACP (Analyse en Composantes Principales)

LACP est une technique graphique qui consiste configurer la position des variables
dans un nuage de points en fonction des distances qui les sparent, lesquelles distances
prfigurent les liaisons structurales des donnes.
Cest ainsi que lACP ouvre la voie lAFD (Analyse Factorielle Discriminante), qui
reprsente lanalyse qualitative par excellence.
Cest ce titre que les 8 contes en prose de Perrault sont appels T1, T2, T3 T8, selon
les 8 Contes de ma mre lOye :
T1 La Belle au bois dormant
T2 Le Petit Chaperon rouge
T3 La Barbe-bleue
T4 La Matre Chat, ou le Chat bott
T5 Les fes
T6 Cendrillon, ou la Petite Pantoufle de verre
T7 Riquet la Houppe
T8 Le Petit Poucet

5
 Voyons dabord les donnes statistiques de base rsumes dans le tableau suivant :

Total T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8
Occurrences 18094 3618 769 2002 1742 940 2509 2704 3810
Vocables 2687 969 271 622 543 347 714 726 951
Hapax 1484 341 42 156 142 61 198 221 323
Rptition 0,4477 0,6481 0,8450 0,7492 0,7385 0,8242 0,7227 0,6956 0,6604

Dans la premire ligne figure le nombre total doccurrences de chaque variable. Dans la
deuxime, figure le nombre total de vocables. Dans la troisime, le nombre dhapax (ou
vocables de frquence 1 propres chaque variable) ; et, dans la quatrime, en fonction du
nombre dhapax, le taux de rptition propre chaque variable.
Au vu des rsultats de lanalyse fournis par STABLEX, on voit que le texte T2 du Petit
Chaperon rouge tient une place part dans le corpus : cest le texte le plus court, mais qui a le
plus fort taux de rptition.
Les donnes statistiques le mettent immdiatement en exergue.
Est-ce pour autant un texte singulier, diffrent des autres ? Un texte de facture diffrente
ou dune autre plume ?
Compte tenu de ce que nous savons du soin apport par Perrault la publication de ses
contes, personne noserait contester la paternit et lauthenticit des 8 contes de ma mre
lOye : ils sont bel et bien de la mme veine et de la mme plume.
Nanmoins, pour nous en assurer, nous soumettons le corpus aux diffrents tests que nous
propose la statistique, et qui sont effectus par la MACRO associe STABLEX. Nous
pouvons ainsi contrler toute la chane danalyse et dtude. la base, il y a les textes et les
lexiques, qui donnent lieu aux 2 tables de contingence fondamentales dans la description
statistique : la TDF (Table de Distribution des Frquences) et la TDR (Table des carts
Centrs Rduits ou des densits). Il y a ensuite llaboration des donnes qui ouvrent la voie,
entre autres, lACP (Analyse en Composantes Principales, cest--dire des variables
considres dans leur intgralit) et lAFD (Analyse Factorielle Discriminante, cest--dire
des lments constitutifs de la variable). Le tout accompagn des graphiques descriptifs qui
permettent de visualiser les phnomnes inhrents au corpus et aux variables qui le
constituent : le tout sexplique par la partie et la partie par le tout.
Le corpus est normalement distribu au vu du test du 2 de Fisher qui affiche une valeur
de 100%. Ce qui signifie que les contes sont de la mme veine. Chose dont personne na
jamais dout, et quil serait en effet difficile de contester ou de remettre en cause.
Toutefois, pour rpondre la premire question qui vient lesprit, de savoir si le texte T2
du Petit Chaperon rouge appartient bien au groupe des 8 contes, nous observons le graphique
des botes moustaches (ou la Box-plot de Tukey, en termes techniques) :

6
 Box-plot des 8 contes de Perrault

120
100 Q1
80 Lsup
Linf
60
Q3
40 Moy
20 Md
0
T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8

Les botes moustaches sont identiques pour toutes les variables, mais elles affichent
des valeurs propres qui prfigurent des dispersions propres chacune delles : asymtrie,
dispersion, tendue des distributions. On voit notamment que la moyenne et la mdiane se
projettent toujours de la mme faon dans linterquartile : la moyenne tend toujours vers le
3me quartile (le plus grand). Mais on voit aussi que la variable T2 du Petit Chaperon rouge
est resserre sur elle-mme, suivant une forte concentration des lments lexicaux.
Mais on peut encore mettre en vidence les valeurs aberrantes de chaque variable :

Box-plot des 8 contes de Perrault

Q1
Max
400
Min
350 Q3
Moy
300 Q2
Srie7
250
Srie8
200 Srie9
Srie10
150 Srie11
Srie12
100 Srie13
Srie14
50
Srie15
0
T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8

Ce graphique met en vidence les lments remarquables, dits atypiques, de chaque

variable cause de leur valeur hautement significative1 : on peut ainsi dnombrer les lments

1
Les graphiques ne sont l que pour montrer les qualits des dispersions. Nanmoins, pour affiner lanalyse et
cibler avec prcision les valeurs des outliers, il vaut mieux se rapporter aux valeurs centres rduites fournies par
la TDR, sachant que les limites suprieure et infrieure des barrires correspondent sensiblement au z = 2,7 des
valeurs centres rduites. Alors, comme il est ais de faire varier les limites suprieure et infrieure des valeurs
centres rduites dans la MACRO, il est facile de reprer, et avec quelle prcision, les valeurs aberrantes ou
atypiques de la matrice, et donc didentifier les lments forte variation statistique (hautement significatifs).
Tout cela est expliqu dans les ouvrages de rfrence.
NB : Les valeurs qui servent former les graphiques sont des valeurs relles, puisque le corpus est parfaitement
dfini, et quil sagit dune statistique descriptive, et non dune statistique hypothtique qui travaille sur des

7
des outliers et voir que T1, T3 et T4 en comptent 6 chacun ; que T2, T5, T7 et T8 nen
comptent que 5 ; mais que T6 en revanche en compte 9. La comparaison est immdiate : on en
a une vision synthtique, cest le but recherch.
Voil un ensemble de traits gnriques qui napparaissent certainement pas premire vue
ni la premire lecture, notamment en ce qui concerne le conte T2 du Petit Chaperon rouge.

Box-plot de T2

45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
T2

Aussi convient-il de pousser lanalyse et lobservation pour en dcouvrir les raisons.

Certes, on pourrait aller dentre de jeu vers les valeurs centres rduites et considrer les
lments lexicaux qui font la singularit de cette variable par rapport aux autres, mais,
rappelons-le, nous laissons prsentement de ct les descriptions statistiques de base
concernant lanalyse lexicale, textuelle et discursive (dont on trouvera la description dans les
diffrents ouvrages de rfrence), pour nous tourner vers lACP et lAFD, qui vont retenir
toute notre attention.

Voyons dabord les qualits et les caractristiques de T2 par le biais de lACP, sans
toutefois entrer dans tous les dtails techniques qui sont dcrits dans les ouvrages techniques
qui accompagnent le soft STABLEX.

Le graphique en nuage de points confirme que les 8 variables sont troitement lies, bien
que lune delles semble se dtacher du groupe, comme il apparat dans le premier graphique
ci-aprs :

chantillons (o les statisticiens travaillent de faon tautologique partir de variables artificielles (sic) cres
pour des raisons tout aussi artificielles do on ne retire que ce quon a artificiellement introduit).

8
 ACP
Cercle des corrlations

1,00

0,50

0,00 O A

-0,50

-1,00
-1,00 -0,50 0,00 0,50 1,00

On voit que les 8 contes sont regroups dans un mme espace restreint du cercle de centre
O et de rayon 1.

Voir galement le cercle des projections orthogonales (cos2 + sin2 = 1) :

ACP
Projections orthogonales

1,00

0,50
2
4
5

0,00 O A
1
8

-0,50

-1,00
-1,00 -0,50 0,00 0,50 1,00

Poussons encore plus loin lobservation du corpus, en examinant la loupe la distribution

des 8 variables autour du centre de gravit (dans une inertie totale) afin davoir une vision et
une ide exacte des distances qui les sparent, telles quon peut les observer travers une
projection oblique, une projection orthogonale, un dendrogramme et une distribution isotrope,
par exemple.

La projection oblique, qui largit le champ de vision, montre clairement la position de

T2, le Petit Chaperon rouge, par rapport aux 7 autres contes du corpus, tels quils se
distribuent autour du centre de gravit dans une inertie totale :

9
 Projection oblique
Inertie totale

0,200

T2
0,100

T4
T5
0,000 G
T6
T8
T7
T3
T1
-0,100
-0,100 -0,050 0,000 0,050

Les valeurs de calcul ne sont pas des valeurs de mesure, mais des valeurs de
positionnement, qui refltent le nuage de points autour du centre de gravit G (0 ; 0).

La projection orthogonale accentue encore davantage lloignement de T2 qui est rejet

dans la partie haute gauche du graphique, mettant le Petit Chaperon rouge dans une position
part par rapport aux 7 autres contes qui se situent majoritairement en dessous de laxe des
abscisses passant par le centre de gravit G (0,505 ; 0,015).

Projection orthogonale

0,100

0,080
T2

0,060

0,040

0,020 T4
G
T1
T5 T3
0,000 T7
T6
T8
0,200 0,300 0,400 0,500 0,600 0,700

Le dendrogramme ci-aprs confirme cette position haute de T2 dans la hirarchie

structurale des 8 contes (3 contes au-dessus de la moyenne, T2, T4 et T5, et 5 en dessous,
avec T3 et T1 en bas de lchelle) :

10
 Hirarchie

0,300
T2
0,250

0,200

0,150
T4
0,100
T5
0,050

0,000
T6
T8
T7
-0,050
T3
-0,100 T1

-0,150
0,000 0,001 0,002

La distribution des vecteurs isotropes2 des 8 variables montre combien T2 est projet par
une force centrifuge lextrieur du groupe, lui confrant ainsi une place part dans le
concert des 8 contes :

Rsistances isotropes
T1
0,2

T8 0,1 T2

0,0

T7 -0,1 T3

T6 T4

T5

Sachant que le texte du Petit Chaperon rouge est le texte le plus court, toutes les questions
que lon est en droit de se poser partir des graphiques prcdents, vont trouver une raison,
une explication et une justification dans lAFD (lAnaslyse Factorielle Discriminante) qui
suit.

4. LAFD (Analyse Factorielle Discriminante)

LAnalyse Factorielle Discriminante (AFD) nest rien moins quune rgression multiple
rduite deux lments : la variable estime Y comme critre et la variable explicative X

2
Voir Cap. 8 du Livre de statistique, publi en 2006. Disponible sur CD.

11
comme prdicteur . Bref, pour faire court, disons que lestimation, bien quayant lallure
dune rgression multiple, nest en ralit quune rgression simple, que la MACRO traite
automatiquement.
Lestimation met en vidence un certain nombre de caractres dune importance
fondamentale pour une analyse factorielle discriminante :
1. le nombre de facteurs, qui est de 271 vocables pour T2
2. lindice de corrlation est moyen r = 0,822 (< 0,866 = 3 / 2 = cos 30)
3. lindice de dtermination, qui vaut r2 = 0,676
4. la variabilit de Y par rapport X vaut 0,431
5. le pourcentage de facteurs de Y lis X est donc de 43,1%
6. la proportion dlments de Y lis X est de 117 / 271
7. le pourcentage de facteurs de Y indpendants de X est de 56,9%
8. la proportion dlments de Y non lis X est de 154 / 271
9. le taux de facteurs ayant un khi2 hautement significatif : 10,33%
10. lindice du seuil de signification de dt vaut 0,384
11. le test F est hautement significatif : F = 560,681 < f (0,05 ; 1 ; 269) = 3,876.
12. do lacceptation de lhypothse H1 : T2 se dtache nettement du corpus.

Retenons, en gros, que lhypothse dune relation linaire entre T2 et le corpus des 8
contes permet dexpliquer concurrence de 67,6% la variance du Petit Chaperon rouge, avec
une variabilit de T2 de lordre 43,1% par rapport lensemble : do les 117 vocables sur les
271.

Cest au vu de toutes ces indications dune grande cohrence que lanalyse peut tre
engage coup sr : elle doit permettre didentifier, dobserver, dexpliquer, de justifier et de
vrifier les raisons qui font que tous ces lments sont dtermins et/ou prdtermins, que
certains occupent une place de choix, voire prpondrante, dans la composition, dans
lcriture, dans la logique, dans le raisonnement, dans lesprit du conte, pour ne pas dire dans
lesprit de lauteur.

Rgression de T2

35

30

25

20

15

10

0
0 200 400 600 800

12
 La distribution des lments (en bleu) autour de la droite de rgression (en rouge) montre
bien que T2 offre une certaine rsistance lintgration parfaite.

Pour avoir une ide exacte du contenu lexical du conte, nous donnons en annexe la page
complte de lestimation de T2, Le Petit Chaperon rouge, en fonction des 8 Contes de ma
mre lOye .

Nanmoins, titre dexemple et pour plus ample aperu, voyons le nuage des points des
moindres carrs des densits qui illustrent nettement la qualit de la distribution de T2 par
rapport lensemble des donnes du corpus : en fonction des valeurs centres rduites, on
repre immdiatement les lments dits aberrants , remarquables , atypiques , ou
encore forte valeur thmatique ou grammaticale , ils sont parfaitement identifis.

Distances quadratiques des densits

8,000

7,000

6,000

5,000

4,000

3,000

2,000

1,000

0,000

-1,000
-6,000 -4,000 -2,000 0,000 2,000 4,000 6,000

Plus les distances sont grandes et plus les rsistances lintgration sont fortes. Ces
rsistances sont positives ou ngatives en fonction de la distance verticale qui spare
lordonne de chaque facteur (en bleu, favorable au critre Y (T2), et en rouge, favorable au
prdicteur X).

Les valeurs centres rduites (de z ou de Vr) mettent en vidence les choix (prfrentiels,
thmatiques, logiques, grammaticaux) qui appartiennent aux motivations et au style de
Perrault au moment o il a crit et compos (cum-ponere = mettre ensemble, ajuster,
assembler) Le Petit Chaperon rouge.

Voici le spectre isotrope sous forme de spirale logarithmique qui sen dgage :

13
 Vr en spirale
1
88899091
4,000 2345
87 67
848586 89
8283 3,000 1011
81
80 12
13
79 2,000 14
78 15
77 1,000 16
76 17
75 18
74 0,000 19
73 20
72 -1,000 21
71 22
70 23
69 -2,000 24
68 25
67 26
66 27
65 28
64 29
63 30
62 31
61 32
60 33
59 34
58
57 35
36
5655 3837
5453 39
525150 4140
494847 4645444342

Nanmoins, pour faciliter la lecture lexicale et linitiation la mthode STABLEX, nous

allons examiner les lments constitutifs du lexique en fonction des deux branches de la
parabole dinertie qui en donne la configuration complte :

Parabole d'inertie de T2

30,000

25,000

20,000

15,000

10,000

5,000

0,000
-6 -4 -2 0 2 4 6

Sur la branche positive figurent les lments caractristiques qui font lobjet dun choix
prfrentiel ou thmatique, dune logique de composition, ou de tout ce qui fait lart et la
manire dcriture du Petit Chaperon rouge.
Sur la branche ngative figurent, au contraire, les lments de base, communs
lcriture des contes et propres au style de Perrault.
Observons le vocabulaire port par les deux branches de la parabole en nous laissant
guider par les valeurs des densits (des rsidus Vr et des carts centrs rduits z) et des
distances dt du khi2).

4.1 Le vocabulaire thmatique et le vocabulaire de prdilection ports par la branche

positive de la parabole

14
 Paramtres de slection : dabord on slectionne les valeurs positives de Vr 0 que
lon range suivant lordre dcroissant de dt.

Vocabulaire thmatique et prfrentiel

30,000

25,000

20,000

15,000

10,000

5,000

0,000
0 1 2 3 4 5 6

La branche positive de la parabole porte les 79 vocables que voici, classs par ordre
dcroissant de dt.

Mot Occ T2 z Vt Vr Vc dt Vr^2

Loup 14 14 17,760 2,709 5,207 -0,312 3,152 27,113
Mre-grand 15 14 17,103 2,709 5,191 -0,300 3,138 26,943
Petit Chaperon rouge 12 12 16,442 2,223 4,388 -0,334 2,685 19,251
de 615 25 -0,227 5,377 0,082 6,484 2,563 0,007
est 75 14 6,189 2,709 4,211 0,378 2,296 17,734
et 533 23 0,075 4,892 0,569 5,557 1,907 0,323
ma 39 10 6,622 1,738 3,095 -0,029 1,811 9,578
le 450 31 2,775 6,832 5,332 4,618 1,240 28,427
c 46 8 4,418 1,253 2,129 0,050 1,217 4,531
beurre 5 5 10,613 0,525 1,520 -0,414 1,050 2,310
galette 5 5 10,613 0,525 1,520 -0,414 1,050 2,310
pot 5 5 10,613 0,525 1,520 -0,414 1,050 2,310
la 594 30 0,967 6,590 2,555 6,246 1,030 6,528
que 320 15 0,388 2,951 0,638 3,148 0,897 0,407
porte 18 5 4,948 0,525 1,308 -0,267 0,867 1,710
voir 36 6 3,693 0,768 1,440 -0,063 0,862 2,073
avez 19 5 4,768 0,525 1,291 -0,255 0,853 1,667
chevillette 4 4 9,493 0,283 1,110 -0,425 0,816 1,232
Toc 4 4 9,493 0,283 1,110 -0,425 0,816 1,232
petit 23 5 4,158 0,525 1,226 -0,210 0,797 1,503
fille 29 5 3,468 0,525 1,128 -0,142 0,713 1,272
dit 100 9 2,355 1,496 1,673 0,661 0,706 2,799
enfant 12 4 4,994 0,283 0,980 -0,334 0,704 0,959
mre 32 5 3,190 0,525 1,079 -0,108 0,671 1,164
mieux 15 4 4,304 0,283 0,931 -0,300 0,662 0,866

15
lit 17 4 3,941 0,283 0,898 -0,278 0,634 0,806
envoie 4 3 7,014 0,040 0,684 -0,425 0,569 0,468
courir 5 3 6,180 0,040 0,668 -0,414 0,555 0,446
couter 5 3 6,180 0,040 0,668 -0,414 0,555 0,446
village 5 3 6,180 0,040 0,668 -0,414 0,555 0,446
voix 5 3 6,180 0,040 0,668 -0,414 0,555 0,446
un 206 10 0,430 1,738 0,369 1,859 0,534 0,136
qui 236 16 1,926 3,194 2,435 2,198 0,530 5,929
grandes 7 3 5,064 0,040 0,635 -0,391 0,527 0,403
jeunes 7 3 5,064 0,040 0,635 -0,391 0,527 0,403
loups 7 3 5,064 0,040 0,635 -0,391 0,527 0,403
vous 132 10 1,894 1,738 1,577 1,022 0,505 2,486
en 256 13 0,657 2,466 0,830 2,425 0,493 0,690
chemin 10 3 4,037 0,040 0,586 -0,357 0,484 0,344
tait 147 7 0,308 1,011 0,054 1,192 0,449 0,003
dans 123 9 1,686 1,496 1,298 0,921 0,384 1,684
par 35 4 2,105 0,283 0,604 -0,074 0,381 0,365
apporte 2 2 6,713 -0,202 0,291 -0,447 0,349 0,085
bobinette 2 2 6,713 -0,202 0,291 -0,447 0,349 0,085
cherra 2 2 6,713 -0,202 0,291 -0,447 0,349 0,085
dangereux 2 2 6,713 -0,202 0,291 -0,447 0,349 0,085
jusque 2 2 6,713 -0,202 0,291 -0,447 0,349 0,085
l-bas 2 2 6,713 -0,202 0,291 -0,447 0,349 0,085
tire 2 2 6,713 -0,202 0,291 -0,447 0,349 0,085
cria 3 2 5,359 -0,202 0,274 -0,436 0,335 0,075
folle 5 2 3,963 -0,202 0,242 -0,414 0,307 0,058
ouvrit 5 2 3,963 -0,202 0,242 -0,414 0,307 0,058
mon 23 3 2,091 0,040 0,374 -0,210 0,302 0,140
vais 6 2 3,531 -0,202 0,225 -0,402 0,293 0,051
ici 7 2 3,190 -0,202 0,209 -0,391 0,279 0,044
jeta 7 2 3,190 -0,202 0,209 -0,391 0,279 0,044
te 7 2 3,190 -0,202 0,209 -0,391 0,279 0,044
tira 7 2 3,190 -0,202 0,209 -0,391 0,279 0,044
lui 184 12 1,528 2,223 1,580 1,610 0,270 2,496
cause 9 2 2,673 -0,202 0,176 -0,368 0,251 0,031
coucher 9 2 2,673 -0,202 0,176 -0,368 0,251 0,031
mal 9 2 2,673 -0,202 0,176 -0,368 0,251 0,031
sorte 9 2 2,673 -0,202 0,176 -0,368 0,251 0,031
va 9 2 2,673 -0,202 0,176 -0,368 0,251 0,031
grands 11 2 2,291 -0,202 0,144 -0,346 0,223 0,021
sont 11 2 2,291 -0,202 0,144 -0,346 0,223 0,021
bien 111 6 0,603 0,768 0,215 0,785 0,191 0,046
bonne 31 3 1,498 0,040 0,243 -0,120 0,190 0,059
plus 128 7 0,684 1,011 0,364 0,977 0,182 0,132
sa 139 9 1,300 1,496 1,036 1,102 0,159 1,074
manger 16 2 1,636 -0,202 0,062 -0,289 0,153 0,004
votre 16 2 1,636 -0,202 0,062 -0,289 0,153 0,004
maison 18 2 1,443 -0,202 0,030 -0,267 0,124 0,001
s 123 7 0,792 1,011 0,446 0,921 0,112 0,198
petite 19 2 1,356 -0,202 0,013 -0,255 0,110 0,000
se 139 8 0,880 1,253 0,610 1,102 0,089 0,373
car 41 3 0,974 0,040 0,080 -0,006 0,049 0,006

16
 sans 41 3 0,974 0,040 0,080 -0,006 0,049 0,006
sur 44 3 0,844 0,040 0,031 0,027 0,007 0,001

Ce rangement appelle quelques remarques prliminaires3 :

1. les valeurs de dt ranges par ordre dcroissant rorganisent les valeurs des rsidus
de Vr (les densits de prdilection) et les valeurs des carts rduits centrs de z (les
densits absolues), pour donner le nouvel ordre des vocables caractristiques de T2
2. les vocables sont ainsi regroups par strates : en tte, les lments forte dominante
thmatique (13 vocables en gras ayant un dt > 1, en rouge) ; puis, les vocables de la
sous-dominante thmatique (24 lments en gras et en italique, ayant un 0,500 dt
< 1), et enfin les lments de dveloppement et denrichissement du discours (ayant
un 0 dt < 0,500). Soit au total 79 vocables dont la trajectoire se projette dans la
partie suprieure du cne isotrope.

Faisons un rapide commentaire pour souligner combien le chemin trac par les valeurs
statistiques est hautement significatif de la structure du conte, tous compartiments et tous
registres dcriture confondus.

a) Les 13 lments fondamentaux de la dominante thmatique

En tte figurent les trois personnages qui forment lintrigue du conte : le Loup, la Mre-
grand et le petit Chaperon rouge. Les valeurs des densits de z et de Vr ne laissent aucun
doute ce sujet.
Le Loup (z = 17,760) est bien le protagoniste, suivi de la Mre-grand (z = 17,103), bien
quil faille noter ici lambigut du personnage partiellement doubl par le Loup qui se glisse
dans le lit de la grand-mre pour dvorer la petite fille. Enfin vient le Petit Chaperon rouge (z
= 16,442).
Le relev chronologique des squences donne la juste mesure du rle de chaque
personnage :

Le Loup est un lment actif, un agent, la fois sujet grammatical et sujet thmatique.
Cest un Loup qui parle, qui coute, qui agit, qui manuvre, qui manipule, qui ruse, qui
trompe ; qui dvore et qui mange . Bref, cest le Loup qui mne la danse4. Aussi est-ce
sur lui quest braqu le projecteur de lobservation.

La Mre-grand nest quun faire-valoir pour le Loup. Cest le stratagme dont se sert
Perrault pour ourdir la trame du conte. Le rle de la grand-mre est de prime abord limit,
puisquelle est dvore en moins de deux, mais en fait dcupl, puisquil permet au Loup de
se glisser dans sa peau et dans son lit, en lui fournissant les cls du pige qui va se refermer
sur la petite fille.

Le Petit Chaperon rouge est alors la victime expiatoire, ou propitiatoire.

3
Lalgbre, selon Descartes, est la cl des autres sciences. Cest un instrument de mesure, destimation et de
comparaison.
4
Mener la danse = tre responsable de laction ou linstigateur. Le Loup va mener son action sa guise, en
rusant et trompant son monde. Lhypertexte cr par les densits en fait le protagoniste : toutes les densits
convergent, celle de z, celle de Vr et celle de dt ; elles le placent toues en tte de liste. Do lexpression
employe pour le caractriser : car il y avait plus de trois quil navait pas mang , nous dit le texte.

17
 Aprs les trois personnages viennent trois substantifs beurre, galette, pot qui sont
llment moteur de la tragdie : ils constituent le mobile , non pas du crime, mais de
lexposition dangereuse quencourt la petite fille. Trois lments cls que le Loup va exploiter
son avantage, en y associant les cls qui lui permettent de sintroduire dans la maison de
la Mre-grand et de se glisser dans son lit pour manger le Petit Chaperon rouge. Ce sont
les quatre vocables du chiasme qui figurent dans la sous-dominante :

Tire la chevillette, la bobinette cherra.

Le Loup a bien retenu la leon. Le Petit Chaperon rouge lui a fourni la premire cl qui lui
permet de sintroduire chez la Mre-grand :

Toc toc. Qui est l ?

Cest votre fille, le Petit Chaperon rouge (dit le Loup en contrefaisant sa voix),
qui vous apporte une galette, et un petit pot de beurre que ma Mre vous envoie .

Ce faisant, le Loup obtient par la ruse la deuxime cl qui va lui permettre de faire tomber
le Petit Chaperon rouge dans ses bras :

Tire la chevillette, la bobinette cherra.

On peut dire que le Loup a pu manuvrer sa guise, et mettre la pauvre enfant dans de
beaux draps 5 ou dans de sales draps en la fourrant dans son lit 6 pour la manger 7.

Limportance du vocabulaire de frquence 2 est de livrer au lecteur la cl du succs du

Loup qui, par un tour de passe-passe, va dvorer successivement la Mre-grand et le Petit
Chaperon rouge, ds linstant quil sest gliss dans le lit de la Mre-grand.
Ce vocabulaire de frquence 2 augmente le rythme et la densit du discours, tenant ainsi le
lecteur en haleine.

Parmi les mots grammaticaux qui figurent dans la zone de la thmatique dominante, on
remarque, au-del des vocables de frquence 2, la prposition de et la conjonction et, ou
encore, dans la panoplie grammaticale qui entre dans le jeu du style direct, des vocables
dapparence tout aussi banale, cest, le, la, ma, que, avez, mieux mais qui jouent un rle
fondamental dans llaboration du discours :

Ma mre-grand, que vous avez de grands bras !

Cest pour mieux tembrasser, ma fille.
Ma mre-grand, que vous avez de grandes jambes !
Cest pour mieux courir, mon enfant.

5
Signifie la mettre dans une situation critique .
6
Mettre dans son lit ou jeter dans son lit signifie avoir des rapports sexuels illicites par allusion la
pauvre enfant qui est dflore . Cest toute la symbolique du conte quil faudrait encore commenter.
7
Nous utilisons dessein des expressions, devenues lgendaires ou proverbiales, parce quelles sont dans lesprit
du conte qui est tourn vers la leon de morale, une leon de vie ou de simple bon sens. Parmi ces expressions
retenons : avoir une faim de loup = tre vorace, insatiable ; se fourrer, se jeter, se prcipiter dans la gueule
du loup = courir sa propre perte ; enfermer, laisser entrer le loup dans la bergerie = agir de faon
inconsciente ; avoir vu le loup = pour une jeune fille, ne plus tre vierge ; la faim fait sortir le loup du
bois = se dcouvrir, se dvoiler ; lhomme est un loup pour lhomme = tre froce, impitoyable ; avancer
pas de loup = pas feutr, sournoisement. Autant dexpressions qui pourraient faire lobjet dun
commentaire dans le cadre du Petit Chaperon rouge.

18
 Ma mre-grand, que vous avez de grandes oreilles !
Cest pour mieux couter, mon enfant.
Ma mre-grand, que vous avez de grands yeux !
Cest pour mieux voir, mon enfant.
Ma mre-grand, que vous avez de grandes dents !
Cest pour te manger.

Comme on le voit, le lien entre la dominante et la sous-dominante thmatique est trs

troit.

b) Les 24 lments de la sous-dominante thmatique

Nous laissons au lecteur le soin didentifier les vocables en fonction du droulement de

lhistoire. On repre aisment les verbes : voir, courir, couter, coucher, manger, ils suivent
la trajectoire dramatique. Auxquels sajoutent les flexions : dit, envoie, apporte, tire, cherra,
souvrit, qui tracent une ligne complmentaire de la trajectoire.

Bref, ce sont tous les vocables que lon peut examiner la loupe pour redcouvrir le
texte, analyser le discours dans ses moindres dtails et en percevoir toutes les finesses.

Mais, nous tenons le souligner encore une fois, lanalyse doit mettre le texte au cur de
la composition pour en retirer tout le bnfice analytique, car analyser ( = dfaire,
dcomposer) ne signifie pas dfaire pour dfaire , pour sparer ou pour isoler, mais pour
observer les liens et les agencements des lments qui senchevtrent pour former la trame du
texte et du discours.

Aussi pour illustrer ce fait retiendrons-nous lexemple des squences relatives aux 23
emplois de la conjonction de coordination et , qui sont automatiquement extraites par
STABLEX en respectant ce que nous appelons lordre chronologique du texte :

Extraits de squences concernant lemploi de et

sa mre en tait folle, et sa mre-grand plus folle encore.

Un jour sa mre ayant cuit et fait des galettes, lui dit :
Va voir comme se porte ta mre-grand, car on m'a dit qu'elle tait malade,
porte-lui une galette et ce petit pot de beurre.
Je vais voir ma Mre-grand, et lui porter une galette avec un petit pot de
beurre que ma Mre lui envoie.
je m'y en vais par ce chemin ici, et toi par ce chemin-l, et nous verrons qui
plus tt y sera.
Le Loup se mit courir de toute sa force par le chemin qui tait le plus court, et
la petite fille s'en alla par le chemin le plus long, s'amusant cueillir des
noisettes, courir aprs des papillons, et faire des bouquets des petites fleurs
qu'elle rencontrait.
C'est votre fille, le Petit Chaperon rouge, dit le Loup, en contrefaisant sa voix,
qui vous apporte une galette, et un petit pot de beurre que ma Mre vous envoie.
Le Loup tira la chevillette, et la porte s'ouvrit.
Il se jeta sur la bonne femme, et la dvora en moins de rien;
Ensuite il ferma la porte, et s'alla coucher dans le lit de la mre-grand, en
attendant le Petit Chaperon rouge, qui quelque temps aprs, vint heurter la

19
 porte.
C'est votre fille, le Petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un
petit pot de beurre que ma Mre vous envoie.
Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s'ouvrit.
Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec
moi.
Le Petit Chaperon rouge se dshabille, et va se mettre dans le lit, o elle fut
bien tonne de voir comment sa mre-grand tait faite en son dshabill;
Et, en disant ces mots, ce mchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et
la mangea.
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles,
Belles, bien faites, et gentilles,
Font trs mal d'couter toute sorte de gens,
Et que ce n'est pas chose trange,
S'il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la mme sorte:
Il en est d'une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privs, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles

Nous laissons au lecteur le soin de lire attentivement ces squences pour voir quel point
cette conjonction de coordination, qui est somme toute banale dans la typologie grammaticale,
ne revt pas toujours et systmatiquement la mme et unique valeur. On peut en retenir
quelques-unes, par exemple :

1. une valeur dopposition et aussi de renchrissement entre la mre et la grand-mre :

sa mre en tait folle, et sa mre-grand plus folle encore ;
2. une valeur dabondance cuit et fait des galettes ;
3. une valeur dopposition et de dfiance : je m'y en vais par ce chemin ici, et toi par
ce chemin-l, et nous verrons qui plus tt y sera.
4. une valeur de conclusion : Le Loup tira la chevillette, et la porte s'ouvrit.
5. une valeur hyperbolique : Belles, bien faites, et gentilles ; Sans bruit, sans fiel
et sans courroux, / Qui privs, complaisants et doux

Chacun se fera une ide de ce quil faut faire pour mener bien une analyse correcte, la
fois vrifie et vrifiable, au vu des conclusions qui retiennent notre attention sur un mot
grammatical aussi simple que la conjonction de coordination et .

Cest ainsi quon peut passer en revue les 79 vocables qui forment la trame du discours du
Petit Chaperon rouge.

4.2 Le vocabulaire de base

Paramtres de slection : on slectionne les valeurs ngatives des rsidus, Vr < 0, que
lon range suivant lordre croissant de dt

20
 La branche ngative de la parabole porte ainsi 192 vocables, dont 42 hapax qui font partie
du vocabulaire propre de T2 :

Vocabulaire de base

1,000

0,900

0,800

0,700

0,600

0,500

0,400

0,300

0,200

0,100

0,000
-4 -3 -2 -1 0

Sur les 192 vocables que lon retient dans la partie ngative, on dnombre 155 vocables de
frquence 1 dans T2 et 87 vocables avec une densit absolue hautement significative (z > 2,
en gras sur la liste).

Mot Occ T2 z Vt Vr Vc dt Vr^2

peu 27 2 0,813 -0,202 -0,117 -0,165 0,002 0,014
entendit 9 1 1,020 -0,445 -0,250 -0,368 0,003 0,062
savait 9 1 1,020 -0,445 -0,250 -0,368 0,003 0,062
belles 10 1 0,901 -0,445 -0,266 -0,357 0,011 0,071
comment 10 1 0,901 -0,445 -0,266 -0,357 0,011 0,071
entrer 10 1 0,901 -0,445 -0,266 -0,357 0,011 0,071
moi 10 1 0,901 -0,445 -0,266 -0,357 0,011 0,071
peur 10 1 0,901 -0,445 -0,266 -0,357 0,011 0,071
premire 10 1 0,901 -0,445 -0,266 -0,357 0,011 0,071
mettre 8 1 1,157 -0,445 -0,233 -0,380 0,017 0,054
quelques 8 1 1,157 -0,445 -0,233 -0,380 0,017 0,054
veux 8 1 1,157 -0,445 -0,233 -0,380 0,017 0,054
voyant 8 1 1,157 -0,445 -0,233 -0,380 0,017 0,054
ensuite 11 1 0,796 -0,445 -0,282 -0,346 0,025 0,080
force 11 1 0,796 -0,445 -0,282 -0,346 0,025 0,080
hlas 11 1 0,796 -0,445 -0,282 -0,346 0,025 0,080
jours 11 1 0,796 -0,445 -0,282 -0,346 0,025 0,080
longtemps 11 1 0,796 -0,445 -0,282 -0,346 0,025 0,080
ces 29 2 0,706 -0,202 -0,150 -0,142 0,030 0,023
eut 29 2 0,706 -0,202 -0,150 -0,142 0,030 0,023
dabord 7 1 1,316 -0,445 -0,217 -0,391 0,031 0,047
faites 7 1 1,316 -0,445 -0,217 -0,391 0,031 0,047
loin 7 1 1,316 -0,445 -0,217 -0,391 0,031 0,047

21
trs 7 1 1,316 -0,445 -0,217 -0,391 0,031 0,047
chez 12 1 0,701 -0,445 -0,299 -0,334 0,039 0,089
fort 12 1 0,701 -0,445 -0,299 -0,334 0,039 0,089
gens 12 1 0,701 -0,445 -0,299 -0,334 0,039 0,089
moins 12 1 0,701 -0,445 -0,299 -0,334 0,039 0,089
bruit 6 1 1,508 -0,445 -0,201 -0,402 0,045 0,040
disant 6 1 1,508 -0,445 -0,201 -0,402 0,045 0,040
grosse 6 1 1,508 -0,445 -0,201 -0,402 0,045 0,040
humeur 6 1 1,508 -0,445 -0,201 -0,402 0,045 0,040
long 6 1 1,508 -0,445 -0,201 -0,402 0,045 0,040
mange 6 1 1,508 -0,445 -0,201 -0,402 0,045 0,040
mang 6 1 1,508 -0,445 -0,201 -0,402 0,045 0,040
partout 6 1 1,508 -0,445 -0,201 -0,402 0,045 0,040
sous 6 1 1,508 -0,445 -0,201 -0,402 0,045 0,040
allait 13 1 0,615 -0,445 -0,315 -0,323 0,053 0,099
moralit 13 1 0,615 -0,445 -0,315 -0,323 0,053 0,099
vint 13 1 0,615 -0,445 -0,315 -0,323 0,053 0,099
yeux 13 1 0,615 -0,445 -0,315 -0,323 0,053 0,099
toute 31 2 0,608 -0,202 -0,183 -0,120 0,058 0,033
arriver 5 1 1,746 -0,445 -0,184 -0,414 0,059 0,034
envie 5 1 1,746 -0,445 -0,184 -0,414 0,059 0,034
voit 5 1 1,746 -0,445 -0,184 -0,414 0,059 0,034
chose 14 1 0,537 -0,445 -0,331 -0,312 0,067 0,110
appelait 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
tonne 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
faite 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
maisons 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
mangea 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
mots 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
oui 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
partit 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
sera 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
su 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
t 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
tt 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
trouvait 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
voyez 4 1 2,057 -0,445 -0,168 -0,425 0,073 0,028
bois 15 1 0,464 -0,445 -0,348 -0,300 0,081 0,121
demanda 15 1 0,464 -0,445 -0,348 -0,300 0,081 0,121
trois 15 1 0,464 -0,445 -0,348 -0,300 0,081 0,121
demeurait 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
dents 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
doux 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
embrasser 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
moulin 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
petites 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
porter 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
rencontra 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
toi 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
viens 3 1 2,497 -0,445 -0,152 -0,436 0,087 0,023
aller 20 2 1,275 -0,202 -0,003 -0,244 0,096 0,000
m 20 2 1,275 -0,202 -0,003 -0,244 0,096 0,000

22
aprs 34 2 0,472 -0,202 -0,232 -0,086 0,100 0,054
bras 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
court 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
croyant 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
cueillir 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
demoiselles 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
dis 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
eh 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
fleurs 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
heurter 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
jambes 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
jolie 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
mchant 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
mets 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
osa 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
par-del 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
passant 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
rencontrait 2 1 3,207 -0,445 -0,135 -0,447 0,102 0,018
accorte 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
adoucissant 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
amusant 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
arrter 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
attendant 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
bouquets 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
bcherons 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
cachant 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
chemin-l 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
compare 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
complaisants 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
contrefaisant 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
courroux 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
couverture 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
cuit 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
demeure-t-elle 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
dshabille 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
dshabill 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
dvora 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
doucereux 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
enrhume 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
trange 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
ferma 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
fiel 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
font 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
galettes 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
gentilles 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
heurte 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
huche 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
malade 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
noisettes 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
oh 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
oreilles 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
papillons 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014

23
porte-lui 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
privs 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
ruelles 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
sait 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
seyait 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
suivent 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
surtout 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
ta 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
verrons 1 1 4,746 -0,445 -0,119 -0,459 0,116 0,014
filles 19 1 0,219 -0,445 -0,413 -0,255 0,137 0,170
mit 20 1 0,166 -0,445 -0,429 -0,244 0,151 0,184
a 38 2 0,310 -0,202 -0,297 -0,040 0,156 0,088
jour 21 1 0,116 -0,445 -0,445 -0,233 0,165 0,198
quelque 21 1 0,116 -0,445 -0,445 -0,233 0,165 0,198
fut 39 2 0,272 -0,202 -0,313 -0,029 0,170 0,098
et 22 1 0,069 -0,445 -0,462 -0,221 0,179 0,213
l 22 1 0,069 -0,445 -0,462 -0,221 0,179 0,213
nous 22 1 0,069 -0,445 -0,462 -0,221 0,179 0,213
rpondit 22 1 0,069 -0,445 -0,462 -0,221 0,179 0,213
aussitt 24 1 -0,020 -0,445 -0,494 -0,199 0,207 0,244
pauvre 24 1 -0,020 -0,445 -0,494 -0,199 0,207 0,244
alla 42 2 0,164 -0,202 -0,362 0,005 0,213 0,131
tant 25 1 -0,062 -0,445 -0,511 -0,187 0,221 0,261
aussi 26 1 -0,102 -0,445 -0,527 -0,176 0,235 0,278
faire 44 2 0,097 -0,202 -0,395 0,027 0,241 0,156
autre 27 1 -0,141 -0,445 -0,543 -0,165 0,250 0,295
fois 27 1 -0,141 -0,445 -0,543 -0,165 0,250 0,295
ayant 28 1 -0,178 -0,445 -0,560 -0,153 0,264 0,313
temps 32 1 -0,315 -0,445 -0,625 -0,108 0,320 0,391
des 103 5 0,304 0,525 -0,080 0,695 0,326 0,006
tous 51 2 -0,116 -0,202 -0,509 0,107 0,339 0,259
rien 35 1 -0,408 -0,445 -0,674 -0,074 0,362 0,454
mme 37 1 -0,467 -0,445 -0,707 -0,052 0,390 0,499
avec 55 2 -0,226 -0,202 -0,574 0,152 0,395 0,330
femme 55 2 -0,226 -0,202 -0,574 0,152 0,395 0,330
cette 40 1 -0,549 -0,445 -0,756 -0,018 0,432 0,571
o 59 2 -0,328 -0,202 -0,640 0,197 0,451 0,409
encore 44 1 -0,650 -0,445 -0,821 0,027 0,488 0,674
y 80 3 -0,222 0,040 -0,557 0,435 0,498 0,310
mais 81 3 -0,244 0,040 -0,573 0,446 0,513 0,328
enfants 46 1 -0,698 -0,445 -0,854 0,050 0,516 0,729
taient 46 1 -0,698 -0,445 -0,854 0,050 0,516 0,729
fit 46 1 -0,698 -0,445 -0,854 0,050 0,516 0,729
fait 47 1 -0,721 -0,445 -0,870 0,061 0,530 0,757
pour 137 6 0,075 0,768 -0,209 1,079 0,556 0,044
comme 51 1 -0,810 -0,445 -0,935 0,107 0,587 0,875
une 158 7 0,112 1,011 -0,126 1,316 0,603 0,016
je 106 4 -0,243 0,283 -0,555 0,729 0,616 0,308
pas 109 4 -0,300 0,283 -0,604 0,762 0,658 0,365
ce 130 5 -0,228 0,525 -0,521 1,000 0,705 0,271
tout 82 1 -1,360 -0,445 -1,441 0,457 1,022 2,077
du 100 2 -1,115 -0,202 -1,309 0,661 1,027 1,714

24
 on 138 4 -0,787 0,283 -1,077 1,090 1,065 1,161
son 109 2 -1,250 -0,202 -1,456 0,762 1,153 2,120
n 133 3 -1,140 0,040 -1,422 1,034 1,243 2,021
si 99 1 -1,598 -0,445 -1,719 0,649 1,261 2,954
ne 181 4 -1,361 0,283 -1,779 1,577 1,669 3,166
avait 150 2 -1,771 -0,202 -2,125 1,226 1,729 4,517
331 11 -0,836 1,981 -1,246 3,273 2,042 1,552
les 249 6 -1,440 0,768 -2,037 2,345 2,129 4,151
d 194 2 -2,223 -0,202 -2,844 1,724 2,347 8,086
elle 290 7 -1,550 1,011 -2,281 2,809 2,457 5,201
il 376 11 -1,273 1,981 -1,981 3,781 2,674 3,923
l 225 2 -2,499 -0,202 -3,350 2,074 2,782 11,220
qu 346 6 -2,320 0,768 -3,621 3,442 3,491 13,111

Les valeurs des densits nous montrent avec quelle prcision et avec quel soin le conteur
cisle son texte, la recherche du mot ou du terme prcis ou appropri, comme le disent les
156 vocables de frquence 1 (dont 42 hapax) sur un total de 271 vocables (58% des effectifs).

Loin de nous lide de vouloir tout dire ou tout analyser. Procdons plutt comme
prcdemment en relevant quelques squences propos des vocables que lon peut facilement
replacer dans le contexte.

Les hapax et les vocables de frquence 1 mettent en relief le ct pictural de lcriture,

qui est comme une espce de broderie dans lcriture du texte :

bcherons , fort , bois sont des vocables qui marquent lembarras du

Loup lorsque les circonstances ne lui sont pas favorables. Pour Perrault, cest aussi
loccasion de faire sortir le Loup du bois 8, cest--dire de lobliger se
dmasquer.

En passant dans un bois elle rencontra compre le Loup, qui eut bien envie de
la manger ; mais il nosa, cause de quelques bcherons qui taient dans la
Fort.

papillons , noisettes , bouquets , fleurs , cueillir , sont autant de

vocables qui mettent en vidence le contraste entre la nonchalance de la
petite fille qui flne en chemin et lempressement du Loup qui veut arriver le
premier, press quil est darriver ses fins :

Le Loup se mit courir de toute sa force par le chemin qui tait le plus court,
et la petite fille sen alla par le chemin le plus long, samusant cueillir des
noisettes, courir aprs des papillons, et faire des bouquets des petites
fleurs quelle rencontrait.

bras , jambes , oreilles , yeux , dents sont autant de vocables qui

marquent ltonnement de la petite fille devant le dshabill de la grand-mre,
savoir du Loup qui sest gliss dans les draps de la Mre-grand :

8
La faim fait sortir le loup du bois , sortir du bois , cest se manifester. Or, notre Loup tait bel et bien
affam.

25
 Ma mre-grand, que vous avez de grands bras !
Ma mre-grand, que vous avez de grandes jambes !
Ma mre-grand, que vous avez de grandes oreilles !
Ma mre-grand, que vous avez de grands yeux !
Ma mre-grand, que vous avez de grandes dents !

embrasser , courir , couter , voir , manger sont, linverse, autant

de vocables qui singularisent les rponses du Loup :

Cest pour mieux tembrasser, ma fille.

Cest pour mieux courir, mon enfant.
Cest pour mieux couter, mon enfant.
Cest pour mieux voir, mon enfant.
Cest pour te manger.

Les vocables de haute frquence sont l pour retenir lattention du lecteur sur les
faits marquants. Cest le cas, par exemple, des rptitions que lon observe dans les citations
prcdentes : cest pour mieux cest pour mieux cest pour mieux qui accentuent (par
gradation) lempressement du Loup manger la pauvre enfant, quil vint de mettre en
confiance, qui il donne du ma fille , du mon enfant par trois fois, avant de se jeter sur
elle, non sans avoir dvor auparavant la grand-mre. Cest toute une stratgie discursive qui
se dessine derrire ce style apparemment dpouille, mais combien labor.

La rptition de chemin au dbut du conte, assortie des adverbes ici et l , met

en vidence la ruse du Loup qui choisit le chemin le plus court aprs avoir ou les
explications de la petite fille :

Eh bien, dit le Loup, je veux laller voir aussi ; je my en vais par ce chemin
ici, et toi par ce chemin-l, et nous verrons qui plus tt y sera.
Le Loup se mit courir de toute sa force par le chemin qui tait le plus court,
et la petite fille sen alla par le chemin le plus long,

Bref, aucun dtail ne nous chappe. Il faut suivre le chemin trac par le vocabulaire et
entrer dans le texte pour dcouvrir toutes les subtilits du discours, et en apprcier la finesse
par une re-lecture soigne et attentive.

5. La lemmatisation
La lemmatisation est un procd technique qui consiste rassembler les squences daprs
une racine ou un lemme, qui peut aller du phonme le plus simple aux expressions les plus
complexes, en passant par les vocables ayant la mme isotopie smique ou smantique.

5.1 La lemmatisation par la MACRO

On choisit une racine dans la colonne des mots et on la fait apparatre dans la liste
du vocabulaire extrait.

Prenons, par exemple, le cas de manger que lon mesure sur toute ltendue du
corpus :

26
 Mot Occ T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8
manger 16 8 2 1 1 1 3
mang 8 2 1 2 3
mange 4 1 3
mangea 4 1 1 1 1
mangeaient 1 1
manget 1 1
mangrent 1 1
mangs 1 1
MANGER 36 11 5 0 4 1 2 0 13
densit 0,241 1,584 2,867 -2,116 0,302 -0,654 -1,443 -2,515 2,215

On peut observer les diffrentes flexions en fonction des contes, assorties des densits
appropries. Cest ainsi que dans T2, Le Petit Chaperon rouge, (et aussi dans T8, Le Petit
Poucet), le verbe MANGER revt une importance capitale, malgr lemploi limit 5
occurrences, avec une densit de z = 2,867. La densit est en rapport direct avec lintensit, et
donc avec lintention.

La rgle qui figure dans la MACRO permet de mesurer la densit et den configurer
limage de distribution, suivant la parabole dinertie :

MANGER

9,000
8,000 T2

7,000
T7
6,000
5,000 T8
T3
4,000
3,000
T1
2,000 T6

1,000
T5
0,000 T4
-3 -2 -1 0 1 2 3 4

On suit parfaitement la trajectoire demploi du vocable manger dans le corpus tout

entier, qui, de plus, est assorti des diffrentes flexions que lon ne manquera pas dtudier
selon les perspectives danalyse que lon retient.

largissons lanalyse aux 8 contes du corpus en prenant, par exemple, le cas de OGRE,
un congnre du Loup :

Mot Occ T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8
ogre 41 1 9 31
ogresse 7 6 1
ogres 3 1 2

27
 ogresses 1 1
OGRE 52 8 0 0 9 0 0 0 35
densit -2,440 -0,831 -1,519 -2,543 1,878 -1,688 -2,893 -3,023 8,180

Le cas est immdiatement analys et enregistr par le biais de limage qui sen dgage. La
densit globale est ngative : z = -2,440. Or, le personnage, sous ses diffrents aspects,
napparat que dans 3 contes, et noccupe une place prpondrante que dans T8, Le Petit
Poucet :

OGRE

80,000

70,000
T8
60,000

50,000

40,000

30,000

20,000

10,000 T7
T6
T3
T5
T2T1 T4
0,000
-5 0 5 10

Il ny a pas de limite la recherche, laquelle est aise, cohrente et riche, et en

permanence vrifie et vrifiable. De sorte quelle ne fait aucune place aux divagations ou
aux improvisations . Lanalyse doit tre rigoureuse, vrifiable et vrifie. Les conclusions
doivent tre constantes.

Certes, nous avons opr sur des vocables notionnels, mais nous aurions pu aussi bien
analyser lemploi des possessifs, des dmonstratifs, des adverbes, etc., ou encore oprer des
regroupements plus vastes, suivant des familles grammaticales, thmatiques, smantiques

5.2 La lemmatisation par STABLEX

Comme nous avons dj vu les relevs demploi de la conjonction et , nous pouvons

passer au relev des squences concernant le lemme MANGER dans T2, Le Petit Chaperon
rouge :

Mot : 'manger '

Extrait n 1
En passant dans un bois elle rencontra compre le Loup, qui eut bien envie de la
manger;

Extrait n 2
car il y avait plus de trois jours qu'il n'avait mang.

Extrait n 3

28
 C'est pour te manger.

Extrait n 4
Et, en disant ces mots, ce mchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la
mangea.

Extrait n 5
MORALIT
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles,
Belles, bien faites, et gentilles,
Font trs mal d'couter toute sorte de gens,
Et que ce n'est pas chose trange,
S'il en est tant que le loup mange.

Voil une faon pratique de faire des dictionnaires, sachant que lon peut largir en
permanence les champs de recherche, comme prcdemment avec manger et ogre .

Les dictionnaires peuvent aussi tre enrichis en permanence par des extraits provenant
dautres sources, si lon veut mener bien, par exemple, des tudes comparatives.

La place du lit dans le corpus de T2. Cest un espace hautement significatif en

fonction du double crime commis par le Loup :

Mot Occ T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8
lit 17 3 4 10
lits 2 1 1
LIT 19 3 4 1 0 0 1 0 10
densit 0,387 -0,458 3,631 -0,806 -1,423 -1,020 -1,085 -1,827 3,376

LIT

14,000
T2
12,000
T8
10,000

8,000

6,000

4,000
T7
2,000 T4
T6
T5T3
0,000 T1
-4 -2 0 2 4

Dans le cas prsent, il conviendra de vrifier si le lit a une place identique dans les 2
contes, dans T8 et dans T2 o le vocable ne laisse aucun doute quant la densit demploi, et
donc lintensit du discours et lintention du conteur.

29
 La place de coucher dans le corpus de T2 :

Mot Occ T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8
coucher 9 2 7
couch 3 2 1
couchait 1 1
couchs 1 1
COUCHER 14 2 2 0 1 0 1 0 8
densit -0,168 -0,534 1,861 -1,320 -0,315 -0,876 -0,728 -1,568 3,312

COUCHER

12,000
T8
10,000

8,000

6,000

4,000
T2
T7
2,000 T3
T5
T6T1
0,000 T4
-2 -1 0 1 2 3 4

Inutile daller plus loin dans les recherches et dans les commentaires. On voit combien
lanalyse est prcise, rigoureuse et incontestable. Tout est toujours vrifi et toujours
vrifiable. Les nuages de points et les paraboles sont on ne peut lus parlants.

5.3 La discrimination par STABLEX

Discriminer revient isoler un lment dans un ensemble complexe ou htrogne. Cest

une dmarche oppose celle de la lemmatisation. Il sagit de diffrencier les emplois de
termes homographes ou homonymes, comme entre le possessif son et le substantif
son , entre la forme verbale excellent et ladjectif excellent , ou encore, entre des
vocables de mme frquence.

titre dexemple, nous pouvons regarder ce qui ce passe au niveau de la frquence 5 :

Mot Occ T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8
arriver 5 1 1 1 1 1
beurre 5 5
courir 5 3 1 1
couter 5 3 2
envie 5 2 1 1 1
folle 5 2 1 1 1

30
 galette 5 5
souvrit 5 2 2 1
pot 5 5
village 5 3 1 1
voit 5 1 3 1
voix 5 2 3
Total 60 5 34 6 2 2 3 4 4
densit 8,800 -2,266 20,142 -0,260 -1,653 -0,648 -1,987 -1,796 -2,732

Inutile dinsister pour voir combien les vocables de frquence 5 revtent une importance
capitale dans Le Petit Chaperon rouge, ctait annonc dans la TDE (Table de contingence de
Distribution des carts centrs rduits ou densits).

Densit la frquence " 5 "

500,000

400,000 T2

300,000

200,000

100,000

0,000 T8
T1
T6
T7
T4T5
T3
-5,000 0,000 5,000 10,000 15,000 20,000 25,000

On peut alors isoler, par exemple, le qualificatif folle de forte densit de z = 3,996
dans T2. Le sens tropologique de ce qualificatif dit toute laffection de la mre et de la
grand-mre pour la chre enfant : sa mre en tait folle, et sa mre-grand plus folle
encore .

On peut galement voir que le sens du substantif voix qui se rapporte au Loup, fait la
part belle la rhtorique par le biais de la prosopope :

Mot : voix

Extrait n 1

C'est votre fille, le Petit Chaperon rouge, dit le Loup, en contrefaisant sa voix, qui vous apporte
une galette, et un petit pot de beurre que ma Mre vous envoie.

Extrait n 2

Le Petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup, eut peur dabord, mais croyant que sa
mre-grand tait enrhume, rpondit : C'est votre fille, le Petit Chaperon rouge, qui vous apporte
une galette, et un petit pot de beurre que ma Mre vous envoie.

Extrait n 3

Le Loup lui cria, en adoucissant un peu sa voix : Tire la chevillette, la bobinette cherra.

La recherche sur la page du Lexique de la MACRO peut dj faciliter la tche en donnant

la localisation dans le corpus. Mais cest avec STABLEX que lon va oprer les relevs et les
slections.

31
 Inutile dalourdir cette prsentation, on a compris de quoi il sagissait. Seule la pratique
peut ouvrir des horizons et montrer que la recherche scientifique nest pas un vain mot,
mme en matire danalyse littraire et discursive.

6. Conclusion
La conclusion sera rapide. Il nest nullement besoin de grands commentaires pour voir
quelles sont les performances de STABLEX dans la manipulation du texte et de lhypertexte.
Encore faut-il souligner que nous navons procd que par petites touches pour ouvrir la voie
une analyse simple du Petit Chaperon rouge, le plus court des 8 contes de Perrault, et sans
doute le plus facilement mmorisable.

Que dire alors des performances de STABLEX lorsquon aborde ltude dun large corpus
o lon analyse toutes les variables, dans toute leur richesse et leur complexit !

Le studieux qui refuserait de se contenter de redites incontrles, de lieux communs,

dapproximations ou dlucubrations, qui souhaiterait mener bien une tude srieuse o tous
les lments sont mesurs, contrls et vrifis, et, par voix de consquence, formuler des
conclusions fondes sur des prmisses tablies et vrifiables, bref, qui souhaiterait discuter et
raisonner avec des arguments lappui, sans jamais perdre de vue les questionnements
appropris, nhsitera pas se lancer dans le bain et se laisser guider dans les labyrinthes
des matrices et des calculs matriciels, sans jamais perdre de vue quil sagit de donnes
qualitatives et non purement quantitatives : les densits et les intensits sont rvlatrices des
intentions.

Voyons, titre dexemple, le tableau comparatif des densits du corpus au vu des 10

valeurs les plus hautement significatives de T2, extraites de la TDR (Table des Valeurs
Centres Rduites) :

Rang Densit T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 Frq

78 3,291 -2,808 6,519 -2,449 -0,583 -0,778 9,036 -1,970 -3,676 15
41 2,983 -3,182 6,196 0,262 -0,086 -0,464 -0,468 1,231 -0,505 75
81 2,193 -1,637 5,741 -2,104 0,039 0,950 -2,162 -2,456 3,822 12
56 3,007 -0,745 4,880 0,859 -2,499 2,528 -0,267 -0,523 -1,226 39
70 1,230 2,129 4,423 -0,040 -0,214 -1,587 -1,015 -0,773 -1,693 23
88 1,045 1,467 4,144 0,513 -2,525 -0,900 0,984 -1,879 -0,759 5
79 2,148 -1,702 3,797 5,263 1,296 -2,006 -2,057 -0,689 -1,755 14
86 1,937 -0,276 3,504 -0,477 -2,178 2,528 -2,438 0,811 0,463 7
64 2,527 -0,921 2,823 -1,920 1,681 3,135 -2,191 0,003 -0,081 29
4 1,725 -1,201 2,783 -1,765 9,538 -2,625 -3,328 -1,481 -0,197 450

En bleu apparaissent les densits significatives ngatives et en rouge les densits

significatives positives. Bien entendu, nous laissons tout commentaire de ct. Il suffit de lire
ces 10 lignes au gr des couleurs en suivant le fil des valeurs, pour se rendre compte de la
prcision que lon apporte lanalyse.

Plus encore, nous conseillons, pour toute initiation la mthode, doprer sur des textes
dj connus, pour deux raisons videntes : la premire, cest quon a la possibilit de vrifier
les calculs, les donnes, le raisonnement et les conclusions ; la deuxime, cest que, ce faisant,

32
on entre de plain-pied dans la mthode, on la contrle parfaitement et on se contrle soi-
mme. Que chacun en fasse lexprience. Qui dit mieux ? Le jeu en vaut la chandelle.

7. Bibliographie
Le CD de STABLEX Version PC 2004, disponible la Pirus de So Paulo au Brsil (sur
le net ou sur le web : pedropaulo@pirus.com.br ou www.pirus.com.br ) contient dj une
documentation riche, voire indispensable.

cela, ajoutons, outre les livres de statistique ou de mathmatiques que lon pourra
consulter pour approfondir des connaissances ou revoir des formules, nous conseillons les
ouvrages qui se rapportent directement la mthode :

1. CAMLONG, Andr, Stablex pratique, Toulouse, Teknea, 1991, 160 p.

2. CAMLONG, Andr, Mthode danalyse lexicale, textuelle et discursive, Paris, Ophrys,
1996, 201 p.
3. CAMLONG, Andr, La Statistique pratique, Toulouse, CD, 2006, 700 p.
4. CAMLONG, Andr, Structures disponibles (interactives) sur CD, Toulouse, 2007. Pour
manipulations et exercices. Disponibles sur le net : camlong.andre@wanadoo.fr

On pourrait citer de nombreuses thses, de nombreux travaux ou de nombreuses

recherches, mais rien ne vaut la pratique et la propre exprience.

Nanmoins, juste titre dindication, citons quelques ouvrages remarquables de langue

portugaise (parmi beaucoup dautres) o lon pourra vrifier la diversit dapplication de la
mthode :

1. Carlos Quiroga (Galice), une tude des pomes de Fernando Pessoa

2. Olinda Santana (Portugal), une tude des Chartes au Portugal (Forais)
3. Antnio Brbolo Alves (Portugal), une tude de lidentit mirandaise
4. Zilda Zapparoli (Brsil), une tude du NURC (langue culte de So Paulo)
5. Maria Adlia Ferreira Mauro (Brsil), une tude de la presse (campagne prsidentielle
de Collor)
6. Joo Martins Ferreira (Brsil), une tude de la musique (entre autres tudes littraires)
7. Maria Cristina Hennes Sampaio (Brsil), une tude du discours syndicaliste
8. Marly Gondim Cavalcanti de Souza (Brsil), une tude comparative de posie de 3
potes de langues diffrentes (franaise, portugaise et irlandaise)

Disons, pour terminer, que STABLEX est disponible pour PC et pour MACINTOSH

Toulouse, 30 septembre 2008

AC

33