Fcticheurs I T Mcdecimes Traditionnelles Congo (Erazzavilled
Fcticheurs I T Mcdecimes Traditionnelles Congo (Erazzavilled
Fcticheurs I T Mcdecimes Traditionnelles Congo (Erazzavilled
BOUQUET
FCTICHEURS I T MCDECIMES
TRADITIONNELLES
DU CONGO (ERAZZAVILLED
ET TECHNIQUE OUTRE-MER
OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE OUTRE-MER
CATALOGUE SOMMAIRE des Publications (l)
DIFFUSION - VENTES
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1. ANNUAIRE HYDROLOGIQUE
Première série de 1949 à 1959. 1 volume entoilé : Nouvelle série depuis 1959, en deux tomes :
France 55 F ; Étranger 60 F. Tome 1. États africains d'expression française et République Malgache.
Le volume relié, 18 x 27 : France 70 F ; Étranger 75 F.
Tome II. Territoires et départements d'outre-Mer.
Le volume relié, 18 x 27 : France 16 F ; Étranger 22 F.
II. BULLE'I'INS ET INDEX BIBLIOGRAPHIQUES (format rogné : 21 x 27, couverture bleue) (2)
i
- Bulletin bibliographique de Pédologie. - Index bibliographique de Botanique tropicale. 1
Trimestriel. Abonnement : France 55 F ; Étranger 60 F. Semestriel. Abonnement : France 10 F ; Étranger 11 F. Le numéro 6 F.
i
- Bulletin signalétique d'Entomologie médicale et vétérinaire.
Mensuel. Abonnement : France 55 F ; Étranger 60 F. Le numéro 6 F.
(1) Tous renseignements compléméntaires dans l e catalogue général des publications, à demander : S C D ORSTOM - 70-74, route d'Aulnay, 93-Bondy.
(2) L'expddition de ces périodiques peut être faite par avion : les frais de port sont facturés en plus.
(3) En vente chez Gauthier-Villars, 55, quai des Grands-Augustins, Paris VIE.
FÉTICHEURS ET MÉDECINES
TRADITIONNELLES DU CONGO
(BRAZZAVILLE)
MÉMOIRES O.R.S.T.O.M. N" 36
FÉTICHEURS ET MÉDECINES
TRADITIONNELLES DU C O N G O
(BRAZZAVILLE)
Armand BOUWET
Pharmacien-Colonel des T.D.M.
Directeur de Recherches de 1'O.R.S.T.O.M.
O.R.S.T.O.M.
PARIS
1969
SOMMAIRE
1 . L A N A T U R E ET L E S H O M M E S . . . . . . . . . . . . . . . . 11
I I . C R O Y A N C E S ET M É D E C I N E . . . . . . . . . . . . . . . . 23
III . CONNAISSANCES ET PRATIQUES MÉDICALES. . . . . . . . . . . . 33
. LES
D E U X I È M E PARTIE . SIMPLES ET LEURS APPLICATIONS MÉDICO-
MAGIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . 45
CATALOGUEPAR O R D R E ALPHABÉTIQUE
. .
Familles . Genres . Espèces
Phanérogames . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
. . . . . . . . . . . . . . . .
Cryptogames vasculaires 247
Champignons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250
H O R S T E X T E (photographies ethno.botaniques) .
PLANCHES . . . . . . . . 283
A V A N T -PROPOS
La République du Congo-Brazzaville est de tous les pays francophones d'Afrique
tropicale celui dont la flore est la moins bien connue : pourtant, du fait de sa position géo-
graphique, de la nature de son sol et de son climat, elle possède une végétation extrêmement
variée alliant divers types de savanes à des formations forestières très différentes.
Par ailleurs, à part les Kongo nord-occidentaux, aucun des autres groupes ethniques
n'a fait l'objet de monographies importantes; ils sont eux aussi bien mal connus. Enfin on
ne sait rien ou presque de la médecine traditionnelle e t des drogues dont les féticheurs
congolais se servent journellement.
Dans ces conditions, une étude ethno-botanique des plantes médicinales doit s'avérer
extrêmement fructueuse : elle contribuerait à la connaissance de la flore locale e t en ré ci-
serait les applications médico-magiques : elle permettrait de sauver un certain nombre
d'acquisitions ancestrales menacées par l'évolution d'un pays pour lequel ces choses ne sont
ni vitales ni primordiales.
E n dressant un catalogue des végétaux congolais physiologiquement actifs ce travail
pourrait amener chimistes e t physiologistes à les étudier et, peut-être, à y découvrir des
produits nouveaux susceptibles d'entrer dans l'arsenal thérapeutique moderne. Cette éven-
tualité pourrait avoir d'heureuses répercussions sur l'économie congolaise ptir la vente de
produits d e cueillette d'abord, par le développement de cultures nouvelles ensuite e t peut-
être un jour par l'installation sur place d'une industrie chimique d'extraction e t de trans-
formation.
Ces raisons ont déterminé le choix du Congo-Brazzaville comme sujet de ce travail qui
me fut confié au printemps 1964 par la Commission de Biologie Végétale de 1'O.R.S.T.O.M.
Pendant deux ans je me suis efforcé de rassembler le plus de matériaux possible parti-
culièrement dans les régions les plus mal connues, comme le massif du Chaillu e t la Cuvette
congolaise; cela représente 35 000 kilomètres de routes parcourues daiis des conditions
souvent difficiles, la récolte et la préparation de plus de 2 000 numéros d'herbier; e t près de
200 enquêtes menées auprès des féticheurs appartenant a u x différents groupes ethniques
congolais.
Les renseignements ethno-botaniques recueillis sui- le terrain devaient être complétés
e t vérifiés par des recherches chimiques effectuées sur les plantes signalées.
Il s'est très vite avéré qu'il était impossible de mener à bien cette partie de mon pro-
gramme, en raison de l'importance des renseignements obtenus e t de la multiplication des
plantes à étudier. 11 a donc été décidé, en plein accord avec la Commission de Biologie Végétale,
de scinder ce travail en deux parties : ce premier volume consacré à l'étude de la Médecine
traditionnelle pratiquée au Congo-Brazzaville; la deuxième partie, entièrement réservée à
l'étude chimique e t si possible physiologique des plantes médicinales congolaises, fera l'objet
d'une ~ u b l i c a t i o nultérieure.
Avant d'exposer le résultat de mes recherches sur le terrain, c'est pour moi un agréable
devoir de remercier ici les autorités congolaises d e l'aide qu'elles m'ont toujours apportée
dans la préparation e t l'accomplissement de ma mission. J e tiens tout particulièrement à
exprimer ma respectueuse gratitude I$ Monsieur le Ministre de la Santé Publique dont le
patronage m'a été d'un précieux secours ainsi qu'à Monsieur TCHIKOUNDZI, Directeur de la
Santé Publique, qui m'a si aimablement fait profiter des ressources matérielles de son
service; son autorité morale m'a assuré, dans les postes les plus éloignés, u n accueil parti-
culièrement sympathique.
Mes remerciements vont aussi à MM. les Préfets e t Sous-Préfets qui malgré leurs mul-
tiples e t absorbantes occupations ont toujours su me réserver une partie de leur temps pour
expliquer eux-mêmes, a u x différents chefs coutumiers, le but de mon travail e t l'intérêt qu'il
pouvait présenter pour le Congo.
8 A. B O U Q U E T
de Paris, auquel me lie une amitié qui m'honore : il a bien voulu se charger de l'étude chi-
mique des échantillons que j'avais récoltés a u Congo.
J e ne saurais oublier mes camarades du Centre O.R.S.T.O.M. de Brazzaville qui, par
leurs connaissances du pays e t des hommes, m'ont été d'un précieux secours; MM. SORET,
V E N N E . ~ I EetR Mme J.-F. VINCENT ont bien voulu me communiquer des documents per-
sonnels, parfois inédits, Monsieur JACQUOT a accepté de revoir les noms vernaculaires Kongo,
MA.! DESCOINGS et F A R R O N
m'ont aidé dans mon travail de détermination botanique.
J e suis heureux de pouvoir citer mes proches collaborateurs dont l'aide sur le terrain
et a u Laboratoire m'a permis de mener à bien ce travail : Monsieur Paul SITA,assistant a u
Laboratoire de Botanique, dont les connaissances ne sont jamais en défaut, MM. MALONGA
Anatole e t MAIIOUNGOU Nicolas, sans oublier OUSMANE le chauffeur e t FAUSTINle cuisinier
dont la technicité était indispensable au bon déroulement de mes recherches.
PREMIERE PARTIE
~orêt.-marécageuse
Savane à Andropogûn.
Sav.à Trachypogon
Sav. à Trachyp. et H yparhenia
Entre le Mayombe et la mer s'étend une plaine sédimentaire crétacée tandis que le
Niari e t ses amuents au sud, la Nyanga au nord, occupent les zones alluvionnaires situées
entre le Mayombe e t le Chaillu.
Toute la partie montagneuse précambrienne est le domaine de la grande forêt primaire
ombrophile de type gabonais, parfois secondarisée ainsi qu'en témoignent les formations
forestières à Aucoumea, Saccoglotis e t Klainedoxa ( l ) ,e t même assez souvent dégradée par
-
des cultures anciennes ou récentes. surtout le long des grands axes de communication
u
Cette forêt se prolonge dans les formations alluvionnaires (Niari et Bouenza) tant que
l'on reste sur les argiles e t les schistes our disparaître sur les formations gréseuses. On ne
la retrouve plus alors que sous la forme, d9,ilots isolés, de petites galeries forestières encaissées;
le reste de la végétation étant constitué par des savanes claires à Rhynchelytrum dans la zone
côtière, à Anadelphia ou à Loudetia dans la vallée de la Nyanga, à Hyparrhenia dans celle
du Niari e t de ses amuents (2).
Le plateau des Cataractes, dans la région brazzavilloise présente un aspect différent,
du fait que savanes et forêts se partagent le terrain dans des proportions à peu près égales
en liaison très étroite avec le relief et la nature géologique du sous-sol.
C'est ainsi que l'on rencontre des associations typiques comme les savanes à Loudetia
et Trachypogon sur les recouvrements de sable batéké, à Aristida sur les grès, à Pobeguinea
sur les ameurements schistogréseux, ainsi que toute une série de formations intermédiaires.
Les forêts occupent en général le fond des vallées, sous forme de galeries plus ou moins
importantes, plus ou moins dégradées, rarement primitives; mais on les retrouve aussi sur
le sommet des collines ou sur les Dentes les ~ l u sa b r u ~ t e s .
Elles appartiennent à des types très variés puisqu'on rencontre des formations t a n t
ombrophiles à Gilbertiodendron, que mésophiles caducifoliées, ou que des forêts marécageuses
à Ra.phia et à Mitragyna.
Les plateaux batéké présentent un changement brutal entre le sud et le nord du pays :
vaste formation gréseuse recouverte de limons sableux s'étendant depuis le Congo jusqu'à
la frontière du Gabon sur une largeur de 250 kilomètres, ils offrent un aspect subtabulaire
aux vallées profondément découpées e t encaissées. D'une altitiide assez élevée (de 600 à
800 mètres) ils sont recouverts d'une pauvre végétation herbacée parsemée d'arbustes
rabougris constituée par de la savane à Hyparrhenia e t Trachypogon, remplacée dans les
parties les plus basses par des formations où domine Loudetia demeusii (3).
La forêt, lorsqu'elle existe, paraît s'être réfugiée dans les ravins ou sur les pentes les
plus abruptes, le long des cours d'eau ou autour des mares.
A l'est des plateaux batéké, la transition se fait plus lentement vers le paysage typique
de la Cuvette congolaise formée par les amuents de la rive droite du Congo et de l'Oubangui.
Dans toute cette région le paysage est légèrement vallonné e t la savane s'enrichit en
espèces arbustives rappelant alors celle des environs de Brazzaville, à cette exception près
que l'on n'y rencontre plus Strychnos innocua, Strychnos cocculoïdes, ni Garcinia huillensis
e t qu'apparaît Lophira alatn dans les formations fermées; le tapis herbacé, dominé par
Trachypogon dans le sud e t par Andropogon dans le nord, est entrecoupé de nombreux îlots
forestiers (4).
Au nord-est la savane s'éclaircit pour devenir une steppe herbeuse plus ou moins maré-
cageuse, tandis que les ilots forestiers se multiplient e t que les galeries forestières gagnent
de l'importance jusqu'aux environs de l'équateur où la forêt occupe pratiquement toute la
surface des terres.
A l'est, le passage s'effectue plus rapidement : dès qu'on a franchi 1'Alima on entre dans
le domaine de la forêt inondée typique de la Cuvette congolaise proprement dite e t l'on
remarque les premières raphiales envahissant les berges des rivières.
(1) AWBREVILLE A. - Flore du Gabon - III, 8, carte, 1, 1962.
(2) KOECHLIN J. - La végétation des savanes dans le Sud de la République du Congo-Brazzaville, - O.R.S.T.O.M.,
Mém. I.E.C., no 10, 1961.
(3) DESCOINGS B . - Quelques données phyloaociologiques aur la végélalion dea plaleam Batéké - I.E.C., Brazzaville,
rapport no 12 (janv. 1964). 18 p. roneo.
-
(4) D ~ s c o r ~ B
c s.
(janv. 1964), 61 p . roneo.
Rapport de Mieaion bolanigue dans la cuvette congolaise - I.E.C., Brazzaville, rapport no 11
LA NATURE ET LES H O M M E S 13
10 Groupe Koongo
Vili 1 Kaamba 4 Keenge 7 Koongo 10
Yoombe 2 Doondo 5 Suundi 8 Nyaanga 11
Kunyi 3 Beembe 6 Ghangala 9 Laadi 12
20 Groupe Punu
Punu 13 Lumbu 14 Bwisi 15
30 Groupe Duma
Nzabi 16 Tsaamgi 17
40 Groupe Mbéré
Mbéré 18 Mbaamba 19
50 Groupe Téké
Yaa 20 Tio 24 Nzyunzyu 28
Laali 21 Kukwa 25 Boon 39
Tié 22 Nsinséké 26 Ngungwei 20
Tsaayi 23 Ngwogwoni 27 Tege 31
60 Groupe Mbôsi
Mbôsi 33 Ngaré 36 Likuba 39 Bubangi 42
K6y Ô 34 Nbakhô 37 Moy 40
Akwa 35 Likwala 38 Bonga 41
70 Groupe Sangha
Bôngili 43 Bondongo 47 Pomo 51 Ngundi 55
Ngala 44 Kabonga 48 Bomasa 52
Bondjo 45 Bomitaba 48 Ikenga 53
Enyélé 46 Babole 50 Kako 54
80 Groupe Kôta
Kôta 56 Wumwu 58 Bokiba 60
Ndasa 57 Ngungulu 59
90 Groupe Kélé
Mbangwé 61 Ngom 62
Partant de ces différentes têtes de pont, ils occupent progressivement la vallée du Niari
qu'ils suivirent au sud jusqu'à Louessé e t au Nord jusqu'à la Bouenza, puis celle du Djoué.
Les ethnologues les divisent en onze tribus principales qui présentent souvent de très
grandes similitudes raciales :
- Vili e t Yoombé occupent toute la plaine côtière et une grande partie du Rlayombe.
Ils constituent presque uniquement la population de Pointe-Noire.
- Kunyi sont établis dans la basse vallée du Niari jusqu'à Kibangou avec les centres
importants de Dolisie e t de Loudima.
- Kaamba, Doondo, Beembe, Icerie, e t Gângala se partagent la moyenne vallée du
Niari autour des villes de Rladingou, Mouyondzi, Boko-Songo et Mindouli.
- Laali, Suundi, et Koongo forment la majorité de la population de la préfecture du
Pool, de Brazzaville e t de ses environs ainsi que de la sous-préfecture de Mayama.
Si a u xve siècle, le royaume de Koongo occupait près de 500 km de côtes des environs
de Loango a u Zaïre e t étendait sa domination à l'est jusqu'au haut Kwango ainsi que sur les
royaumes vassaux de Angoy, Kakongo et Loango, cette hégémonie fut de courte durée, et,
très rapidement dès le milieu du siècle, les Princes sujets prirent leur indépendance, suivis
peu à peu par chacune des provinces en attendant que celles-ci se désagrègent en une mul-
titudes de chefferies.
Cette dispersion du groupe initial n'a fait que s'amplifier a u cours des siècles : seul
existe à l'heure actuelle le groupement familial constitué par les individus issus d'un même
ancêtre connu, le chef de lignage devenu complètement autonome des autres groupes.
Parallèlement, ou peut-être à cause de cette dispersion de l'autorité s'est poursuivie la
dégradation de la pensée religieuse et des structures traditionnelles ancestrales (1).
Si on est relativement bien renseigné sur les Koongo nord-occidentaux, on est par contre
souvent réduit à des hypothèses en ce qui concerne les races qui ont peuplé le centre e t le
nord du Congo.
Les Téké seraient sinon autochtones, du moins très anciennemerit installés dans le
centre du pays. Ils en débordent largement sur le Gabon à l'ouest e t sur le Congo-Kinshasa
a u sud-est. Leur installation dans ce pays remonterait a u xve siècle si l'on en croit la suc-
cession des Rois Batéké de la région du lac Léopold II.
Il est certain aussi qu'ils ont occupé anciennement un territoire beaucoup plus vaste
qu'à l'heure actuelle puisque au X V I I I ~ siècle le royaume d'Anzique (ou de Makoko)
voisinait et commerçait avec celui de Loango qui occupait la région côtiere du Congo.
Depuis deux ou trois siècles, ils ont peu à peu abandonné ces régions sous la poussée
des Koongo à qui ils ont dû laisser progressivement la vallBe du Niari et ses mines de cuivre,
celles de la basse Bouenza e t du Djoué. Actuellement encore les Téké reculent lentement
mais sûrement devant la poussée des Laadi que l'on retrouve maintenant à 45 km a u nord-est
de Brazzaville.
Cette retraite ne semble pas être le fait de guerres mais le résultat de la pénétration
lente d'une race plus entreprenante e t plus active, ou plus nombreuse démographiquement :
elle est à coup sûr à l'origine de la hargne e t du mépris que les deux groupes ont l'un pour
l'autre encore actuellement et qui animent les discussions lorsque les deux antagonistes
sont en présence le soir au campement : les Téké étant qualifiés de rustres balourds e t mal
dégrossis, tandis que les Koongo sont traités de voleurs qui prennent jusqu'au nom des gens
(allusion à la confusion possible entre Laali et Laadi).
De leurs anciennes possessions, les Téké n'occupent plus à l'heure actuelle que la région
des hauts plateaux s'étendant de Brazzaville jusqu'à l'est de Gamboma e t vers l'ouest, la
vallée de la Bouenza e t celle du haut Ogooué, le long de la frontière gabonaise, où ils
débordent largement. Dans toute cette région ils sont intimement mêlés à différents groupes
Kota avec lesquels ils vivent en bonne intelligence.
Quoique tous se disent Téké e t semblent reconnaître l'autorité morale du Makoko de
Ngabé, les diverses tribus sont sufisainment différenciées par la langue e t par certaines
coutumes pour paraître souvent étrangères l'une à l'autre.
( 1 ) S O ~ E T-
. Les Koongo nord-occidenlauz - Paris, 1959, P.U.F., 144 p., 1 carte h. t., bibl.
LA NATURE ET LES HOMMES 17
nellement.
Les Mbôsi ont aussi cette particularité rare au Congo d'avoir conservé relativement
intactes coutumes et organisation sociale avec leur contenu mystique et religieux, dans
lesquels le « Kani » joue un rôle primordial : gardien de la propriété foncière e t de la coutume,
il représente l'autorité supérieure de l'unité de base constituée par le groupement d'individus
soumis à sa juridiction (3).
Les Kani sont assistés dans leurs fonctions juridiques par les Twere qui tranchent les
litiges concrets et font exécuter les sentences rendues par le Kani.
Kani et Twere sont sous l'autorité spirituelle et religieuse du N'go Na Twere ou « Mère
des Twere »,qui résume l'unité du clan; il est l'interprète entre le peuple et les forces imma-
térielles; il préside les cérémonies rituelles, peint de rouge et de jaune, coiffé d'un bonnet
de peau de panthère, tenant à la main hache de commandement et queue d'éléphant, la
poitrine ornée d'un collier de dents d'hippopotame ou de panthère.
Les principales tribus Mbôsi sont :
- les Mbôsi proprement dits qui occupent pratiquement toute la préfecture de 1'Alima
avec Boundji comme centre.
- les Kôyô répandus autour de Fort-Rousset et le long du Kouyou;
- les Akwa peuplent la sous-préfecture de Makwa jusqu'à la Mambili;
- Mbôkho et Ngaré forment les groupes les plus septentrionaux autour d'Etoumbi;
- les Kwala sont restés sur le fleuve et tout le long des basses Likouala avec Mossaka
comme centre.
Venant eux aussi de la rive gauche du fleuve, les tribus Sangha ont remonté par vagues
successives les différents amuents de la rive droite du Congo et de l'Oubangui : les plus
récentes repoussant au nord ou plus à l'intérieur les premiers arrivants.
A l'heure actuelle, elles sont ainsi réparties :
- sur le Sangha e t jusqu'à Ouesso : les Bôngili;
(1) Andsrson, E. - Contribution à l'Ethnographie des Koto I . Etudia Ethnographioa Upsaliensia VI, 1953, 1. vol.
364 p., bibl., III, pl. h . t .
LA N A T U R E ET LES HOMMES 19
Les Punu se situent surtout dans la vallée de la Nyanga, le nord du massif du Mayombe
et la partie gabonaise de la plaine côtière, ils gagnent rapidement du terrain vers le sud en
descendant la vallée du Niari; on les trouve par petits groupes encore isolés tout le long de
la voie de chemin de fer dans le Mayombe entre Dolisie et Pointe-Noire, ainsi que dans le
nord de la région de Madingo-Kayes vers Sintou et Nkola. Cette expansion se fait lentement
mais sûrement aux dépens des Yoombé et des Vili, auprès desquels ils ont eux aussi une
réputation bien établie de « grands féticheurs » et, pratiquement, dans toutes ces régions,
quoiqu'ils soient d'implantation récente, ils (( trustent )), si je puis dire, toute cette profession.
Kôta. Duma et Punu conservent des liens extrêmement vivaces avec leurs frères restés -~ -~
sur le territoire gabonais, de même qu'ils se souviennent encore du temps où ils habitaient
ce pays. Beaucoup de féticheurs que j'ai interrogé avaient appris leur métier, et allaient
se perfectionner dans les régions de Franceville, Mouila, Tchibanga d'où ils étaierit origi-
naires. C'est par eux que certains fétiches gabonais comme le Nzobi sont entrés au Congo,
pour être ensuite adoptés par d'autres ethnies.
A l'extrême nord du Congo, le long de la frontière camerounaise, se situe le dernier des
groupes minoritaires ayant une certaine importance du Congo : celui des Maka.
Venant de l'est ils se seraient d'abord fixés dans la région d'Ebolowa, Sangmelina, d'où
ils auraient été chassés Dar les invasions aho ou in es. Les Bekwil auraient été refoulés les
- de Souanké, d'où ils auraient été, à leur tour chassés par les Diem
premiers dans la région
eux-mêmes poussés par les Boulous, à une époque remontant à peine à cinq générations
(120
' à 150 ans) (1).
~ctuellemekt'ils occupent une bande d'environ 100 km de large le long de toute la
frontière Congo-Cameroun depuis Ouesso jusqu'au Gabon : la délimitation entre les deux
tribus se faisant à peu près à l'ouest de la route Sembé - Fort Soumay.
Vivant presque entièrement dans la zone de la grande forêt ombrophile qui couvre toute
cette région, ils représentent eux aussi une population très intéressante qui a gardé encore
beau cou^ de traditions et de coutumes ~articulières. Malheureusement cette rénion de
l'extrême nord du Congo est d'un accès particulièrement difficile, rendu impossible depuis
deux ans, à une voiture légère, même tout terrain, par les constructions d'ouvrage d'art et
les défoncements qui ont suivi l'ouverture de ces chantiers. C'est pour cette seule raison que
je n'ai pu étudier cette importante minorité.
Il ne saurait être question dans ce tableau de la population du Congo de passer sous
silence les Pygmées appelés plus couramment Babinga, présents dans toutes les régions de
grande forêt : Mayombe, Chaillu, Sangha et Likouala, où ils constituent la fraction la plus
travailleuse de la population. Il est très difficile de connaître le nombre exact de Babinga
existant a u Congo : dans le nord du territoire, ils sont estimés à 12 ou 13 000 et à 5 ou 6 000
dans le sud.
Souvent nomadisants, ils tendent de plus en plus à se fixer dans les villages, qu'ils
quittent de moins en moins pour aller chasser, et où ils passent progressivement du stade
de la chasse-cueillette à celui de l'agriculture. Cette évolution est particulièrement sensible
dans le massif du Chaillu, où les villages Babinga ne se distinguent des agglomérations Kôta
ou Téké que par la moins grande finition des cases et la façon dont le village est entretenu.
Malheureusement, cette évolution de la vie matérielle se fait aux dépens des connais-
sances ancestrales des choses de la forêt : exemple typique de ce fait, lors de mon passage
en 1965 les Babinga de la région de Komono, se plaignaient de manquer de viande parce
qu'ils n'avaient pas de cartouches et qu'ils ne savaient plus chasser autrement : s'ils s'étaient
souvenus que leurs pères utilisaient arcs et flèches, eux-mêmes ne savaient plus les fabriquer
e t ignoraient les poisons de chasse.
D'après ce que j'ai pu constater au cours des enquêtes que j'ai menées auprès de diverses
tribus Babinga dans des régions assez différentes, leur connaissance de la végétation s'étend
surtout à celle des plantes alimentaires ou utiles.
Ce sont de remarquables guides, capables de repérer n'importe quelle plante dails les
taillis les plus épais, mais leur connaissance des plantes médicinales ne me paraît pas supé-
rieure à celle d'autres races qui ont l'habitude de vivre en forêt, comme les Kôta par exemple.
(1) VINCENTJ.-F.- La culture du cacao et non reientiosemnt social dans la région de Sownké - I.R.S.C. Brazzaville,
1961, 106 p. ronbo, 6 cartes et croquis.
20 A. B O U Q U E T
Ce rapide aperçu montre que, comme pour beaucoup de pays africains, le peuplement
du Congo s'est fait par vagues successives, à des périodes plus ou moins anciennes, de
populations d'origines différentes au détriment de races moins dynamiques ou plus faibles.
Si quelquefois ces invasions ont donné lieu à de véritables guerres tribales, elles se sont
le plus souvent effectuées lentement, pacifiquement et insensiblement au cours des géné-
rations : ce fut le cas par exemple pour les Kongo nord-occidentaux aux dépens des Téké
et sans doute aussi pour les Mbôsi à l'égard des Mbéré.
Qu'elle soit brutale ou pacifique, la conquête est en général suivie par une colonisation
en retour de l'envahisseur par le vaincu qui se traduit par des métissages raciaux et surtout
par des emprunts aux connaissances, aux habitudes et parfois à la langue du plus faible.
Celui-ci a la supériorité de connaitre son pays parce qu'il y a vécu depuis des générations et,
il faut avoir séjourné sous les tropiques, pour se rendre compte que « connaitre » un pays est
pour l'habitant une question vitale : nourriture (en dehors des cultures), boisson, vêtements,
objets ménagers sont toujours fournis par la nature; l'industrie ou l'art ne résident le plus
souvent qu'en une adaptation à la vie matérielle de produits bruts.
Ce phénomène est particulièrement sensible lorsqu'il y a changement de cadre botanique
comme c'est le cas pour une race de savane amenée à vivre en forêt ou l'inverse. Mais si
l'adaptation se fait rapidement pour les besoins de la vie courante, elle sera beaucoup plus
difficile et délicate dans le domaine des plantes médicinales où le choix des médicaments et
de leur utilisation sera vraiment une question de vie ou de mort.
Le changement de milieu physique se traduit en général par un appauvrissement des
connaissances médicales ancestrales de la race transplantée qui sera obligée d'emprunter
et d'assimiler les connaissances de l'autochtone.
Ce fait se conçoit facilement lorsqu'une population de forêt arrive dans une zone de
végétation extrêmement différente et beaucoup plus pauvre en espèces comme l'est la
savane par rapport à la forêt. Il serait logique de penser que le cas inverse c'est-à-dire le
passage de la savane à la forêt produise un enrichissement des connaissances empiriques.
Or, au cours de mes enquêtes je n'ai jamais constaté un tel phénomène : il y a toujours
appauvrissement et dans les cas les plus favorables stagnation ou plutôt conservation des
connaissances acquises lors de la migration, mais jamais d'acquisition nouvelle par le fait
d'une expérimentation ou d'une découverte propre à l'individu transplanté.
Voici deux exemples typiques de ce fait :
- sur un total de 130 espèces médicinales que m'a indiquées un féticheur Téké, vivant
à proximité immédiate de la forêt de Bangou, il n'y avait que 10 plantes appartenant à la
flore forestière, contre 50 rudérales et 70 espèces banales de savane ou de recrûs forestiers;
- sur les 77 plantes qu'utilisent un féticheur Mbôsi dans le domaine de transition
savane-forêt où existent pourtant de très beaux îlots forestiers il y a 29 rudérales, 21 esphes
typiques des formations de savane et seulement 7 espèces de forêt dense.
A titre de comparaison, voici les chiffres obtenus avec un informateur Mbaamba vivant
dans une zone forestière ayant une végétation à peu près identique à celle de la forêt de
Bangou : 55 plantes de forêt dense, 24 des formations secondaires ou recrûs forestiers, 6 de
savane et 20 rudérales.
Transplanté dans un domaine qui lui est étranger l'Africain essaiera d'abord de trouver,
ce qui est normal, les plantes qu'il a l'habitude d'employer (c'est ainsi qu'en pleine forêt du
Mayombe, un féticheur Koongo m'a conduit à la seule savane qui existe dans la région, sur
un ameurement granitique) et utilisera davantage de rudérales : il y a normalement entre
14 et 20 % de rudérales dans l'arsenal thérapeutique des féticheurs congolais; lorsque les
enquêtes sont effectuées auprès des gens vivant en dehors de leur pays d'origine ce chiffre
passe de 25 à 40 %.
Lorsque le féticheur n'a pas trouvé, ou très peu, ou encore trop difficilement les esphces
connues traditionnellement. son effort Dortera sur la recherche d'es~ècesforestières voisines
ou très proches de celles de savane : ridel lia atroviridis ou rnicran>ha en remplacement de
B. ferruginea, Vernonia conferta pour V. brazzavilliensis, Trichilia rubescens à la place de
T. heudelotii, etc., ou alors par des genres différents mais présentant de grandes analogies
avec le genre connu : Afrostyrax et H u a toutes deux plantes à ail, Drypetes gossweileri et
L A N A T U R E ET L E S H O M M E S 21
Pentadiplandra qui ont aussi tous les deux la même odeur, Hippocratea sp. à la place
de Morinda morindoides (même aspect de la liane) Sorindeia e t Quassia africana.
Ces assimilations se retrouvent assez facilement en comparant les noms vernaculaires :
les plantes ont le même nom qui est souvent, mais pas forcément, suivi d'un qualificatif,
tel que wasangi (1) : « de la forêt D, wambaknla :« le mâle » ou encore wamamba :« d e l'eau ))
précisant l'origine de la plante.
Elles représentent le seul effort de recherche nouvelle que j'ai pu constater.
Des cas analogues se retrouvent moins fréquemment il est vrai entre les Koongo et les
Téké, les Sangha et les Kôta. Il est probable que les emprunts d'une race à l'autre ne se
limitent pas aux plantes médicinales et il serait très intéressant de les étudier dans d'autres
domaines (coutumes, usages et croyances).
Si le nom vernaculaire de ces plantes permet de se faire une idée des emprunts effectués
par une race à une autre, il est un autre enseignement que l'on peut tirer de ces mêmes plantes.
E n tenant compte du fait que depuis des générations il n'y a pas eu dans ce domaine
d'acquisition nouvelle, on peut supposer que le classement des espèces d'après leur appar-
tenance à un type de formation végétale déterminée doit correspondre au faciès botanique
du pays dont est ancestralement originaire la race étudiée.
Partant de renseignements fournis par des féticheurs qui ont une égale réputation et
une somme de connaissances comparables, il est facile de déterminer le nombre d'espèces
de la forêt dense, des formations secondaires ou des recrûs forestiers, de savane, la quantité
de rudérales ou d e plantes cultivées, que chaque féticheur utilise.
Le tableau ci-dessous résume les pourcentages obtenus en faisant les moyennes des
renseignements fournis par des informateurs appartenant a u x principales races représentées
a u Congo.
Koongo . . . . .
Mbôsi . . . . .
Téké . . . . . .
Vili . . . . . .
Sangha . . . . .
Duma . . . . .
Kôta . . . . . .
Punu . . . . . .
Babinga . . . .
Il apparaît immédiatement que les Koongo, Téké et Mb6si sont des races de savane h
îlots forestiers ou galeries forestières.
Vili, Sangha et Duma ont une origine se situant dans un pays de savane boisée mais ont
vécu depuis très longtemps dans une zone de grande forêt tandis que les Kôta, Punu et les
Babinga n'ont certainement jamais quitté le domaine de la grande forêt ombrophile.
Ces constatations ne sont peut-être pas nouvelles, mais illustrent bien l'interdépendance
qu'il y a dans le domaine des plantes médicinales entre les hommes et la végétation du pays
qu'ils habitent e t méritent d'être mises en relief.
Si la végétation a une influence considérable sur les connaissances humaines. les hommes
0
h leur tour sont capables de modifier profondément cette végétation. J e n'insisterai pas sur
ce fait trop connu e t bien étudié par des personnalités plus compétentes que moi, s'il ne posait
au Congo le problème particulièrement grave de la savanisation du pays.
Cette destruction de la végétation primitive est particulièrement importante dans les
zones à forte densité de population correspondant surtout a u domaine des Koongo nord-
occidentaux.
Dans le Mayombe, par exemple, t o u t le long de la voie de chemin de fer e t de la route
Pointe Noire - Dolisie, on observe, jusqu'à environ une quinzaine de kilomètres avant
M'Vouti, une disparition presque complète de la forêt sur une largeur pouvant atteindre
15 à 30 k m ; elle est remplacée par des cultures trés souvent abandonnées e t recouvertes par
de la brousse secondaire à Parasolier, T r e n ~ a guineensis, Alchornea cordifolia, Harungana
madagascariensis, etc., e t j'ai pu observer à Les Saras e t à Guéna de véritables petites savanes
claires à Annona arenaria, Bridelia ferruginea, Hymenocardia acida et tapis herbacé. Quoique
de trés faible étendue e t encore assez éloignées les unes des autres, elles sont significatives
de l'évolution de la végétation dans cette rénion.
O O
îlots forestiers, et même de galeries entières existant encore dans la région. Près du village
de Moutampa, il y avait en juin 1964 une magnifique galerie forestière renfermant les rares
plants d'Avodiré (Turraeanthus africanus) e t de Schummaniophyton connus dans la région;
un a n après, les trois quarts de cette formation étaient convertis en champ de manioc. De même
le long du Congo, ainsi qu'entre Kinkala e t Hamon, beaucoup de forêts disparaissent chaque
année pour être transformées en plantations qui, abandonnées quelques années plus tard,
deviendront l'un de ces innombrables recrûs forestiers qui parsèment toute la région.
A l'heure actuelle,. pour trouver une formation fermée à caractère primitif, présentant
une certaine étendue, il faut aller à plus de 200 k m de Brazzaville.
Cette dégradation de la végétation primitive e t son remplacement par la brousse secon-
daire fait que les espèces de forêt lorsqu'elles ont survécu, se sont réfugiées dans les lieux
accidentés à l'abri des destructions humaines. C'est pour cette raison qu'il est très rare de
trouver des peuplements importants de plantes forestières; elles existent dans de nombreux
endroits mais toujours par individus isolés e t toujours très dispersés. Tout espoir d'exploi-
tation industrielle sera de ce fait aléatoire car il sera très difficile de récolter plusieurs tonnes
de drogues à des prix capables d'intéresser l'industrie de produits pharmaceutiques.
Si dégradée soit-elle. la véeétation.
u " A , Dar sa variété. offre encore aux féticheurs des
ressources considérables pour la mise en pratique de leurs connaissances ancestrales.
La diversité des peuples qui se sont mêlés sur la rive droite du Congo va elle aussi,
contribuer à l'élaboration de ces connaissances qui feront de la pharmacopée congolaise une
des pliis riches d'Afrique.
II. Croyances et Médecine
Si les différentes races qui ont peuplé le Congo ont conservé leur particularisme ethnique,
linguistique ainsi que leurs coutumes propres, elles ont par contre en commun, à quelques
variantes près, une série de croyance relative à la vie, la maladie e t la mort qu'elles doivent
vraisemblablement à u n vieux fonds Bantou e t peut-être même Africain.
La majesté d'un fleuve, la violence d'une chute d'eau, la solidité d'un arbre, la puissance
d'un fauve frappent l'homme le plus primitif : les croire capable d'agir e t de penser comme
lui est un acte logique de l'intelligence humaine. Tout aussi logique est le fait de les imaginer
agissant avec une puissance bien supérieure à sa propre force, Ct lui qui, dans ce domaine, est
certainement l'être le moins doté par la nature. De même sur le plan humain, la pensée d'une
force inconnue et mystérieuse agissant sur son propre organisme en le poussant à l'action
ou a u contraire en inhibant ses possibilités vitales est un concept facile à imaginer.
Dès que lui est venue la conscience de ces notions primaires, la nécessité de se protéger
contre elles, le désir de les avoir à son service pour renforcer sa faiblesse ou combattre ses
ennemis, a immédiatement suivi dans son esprit.
Il est très difficile Ct un esprit comme le nôtre de se faire une idée de ce que représentent
pour les Africains ces notions de Forces Vitales, d'Esprits, de Génies, d'autant plus que
leur pensée n'est pas discursive e t qu'elle répugne à l'élaboration d'un système. Les structures
sociales comme la religion ne sont pas le fruit du travail d'un cerveau humain qui aurait
réfléchi Ct tout cela pour en faire une construction, mais le fruit d'une expérience ancestrale
vécue.
La religion n'est pas conceptualisée, ne comporte pas d e dogme, mais se caractérise
particulièrement par la notion de puissance surnaturelle et par l'imbrication intime d u
naturel e t du surnaturel; il en résulte que la religion est intimement liée Ct toutes les structures
culturelles africaines (1).
Très justement D A M M A N(2) N emploie à propos de cette puissance surnaturelle, base
des religions africaines le mot de « Transcendance »,qu'il précise ainsi : « Elle contient deux
choses essentielles. D'une part il y a une Puissance supérieure à l'homme et en face de
laquelle il est objet. D'autre part, cette Puissance n'existe pas indépendamment de tout :
I'homme est avec elle dans une relation (positive ou négative). Cette définition inclut
également les notions d'actif ou de passif, qui sont liées l'une à l'autre dans toutes les
conceptions religieuses. Le passif est l'expérience de la Transcendance, l'actif, le compor-
tement de l'homme envers elle ... )). Cette définition (( permet de concevoir la Transcendance
comme étant soit spirituelle, soit matérielle, soit statique, soit dynamique, soit morale,
soit ambivalente, e t même soit transcendante, soit immanente. Cela permet aussi de traiter
de la magie qui tient en Afrique une si grande place (la magie étant l'action « de » ou « par ))
des forces impersonnelles) )).
Cette Transcendance est impersonnelle lorsqu'elle a une base, organique ou non, mais
matérielle (sécrétion d u corps humain, animal, végétal ou minéral). La caractéristique de
cette Puissance est d'être conçue comme magique, c'est-à-dire que l'on peut la coiitrôler,
voire lui commander A condition de connaître ses lois et de savoir les utiliser, et d'être essen-
tiellement dynamique, c'est-A-dire posséder en soi l'idée de force et d'action, e t de fait être
capable de concentration.
(1) Tradition et Modernisme en Afrique Noire -- Rencontres internationales de Bouaké - Éd. du Scuil, Paris, 1965,
1 vol., 318 p., (pp. 49-50).
(2) DAMMANN -
E. Le8 religion8 àe l'Afrique - Traduct. par L. JOSPIN,Payot, Paris, 1964, 270 p., bibliographie.
24 A. BOUQUET
Elle est personnelle lorsqu'elle se rapporte à des choses inimatérielles comme l'âme d'un
individu vivant ou mort, les esprits, les Dieux e t les héros. Cette notion de Transcendance
personnelle est très importante chez les Africains qui la sentent ou plutôt la « réceptionnent n
à la façon d'un médium selon un processus physiologique qui nous est inconnu e t que l'on
peut attribuer à une hypersensibilité nerveuse particulière.
Pour beaucoup de primitifs, le syncrétisme religieux s'arrête à ce stade. Concevoir des
forces supérieures capables d'organiser le monde e t la causalité des choses exige une pensée
beaucoup plus affinée, de même que la spiritualisation de la divinité dans le verbe représente
l'aboutissement de la pensée religieuse e t mystique.
Mystiques, les Congolais ne le sont sûrement pas; la preuve en est dans les difficultés
d'assimilation réelle que rencontrent les religions occidentales pourtant implantées depuis
longtemps dans le pays, avec un prosélytisme qui ne le cède en rien a u x efforts accomplis,
avec des résultats parfois spectaculaires, dans d'autres contrées : l'Afrique Occidentale par
exemple.
Il est aussi un fait certain, c'est que si la notion d'une divinité unique e t supérieure
créatrice de l'eau e t du feu, du ciel e t de la terre, des animaux e t des plantes, organisatrice
de toutes choses, source du savoir, inspiratrice du bien comme du mal, a existé dans la
cosmologie congolaise, ce n'est plus aujourd'hui qu'un souvenir si vague que l'on est tenté
de nier son existence même.
P a r contre on retrouve encore la croyance à l'ancêtre unique, mystique évidemment,
dont les enfants furent à l'origine des différentes tribus. Cet ancêtre, Nzambi pour les Koongo,
est plus un principe qu'une divinité e t s'il est l'origine e t l'inspiration de tout, on ne lui
demande jamais rien, on en parle très peu : il est.
En définitive on observe au Congo, par suite d'une dégradation extrêmement poussée
de la pensée religieuse élaborée, un retour presque exclusif à la notion primaire de Trans-
cendance représenté dans la pratique par l'âme des ancêtres, les génies familiaux, les
puissances de la Nature.
A mon avis il faut attribuer cette dégradation religieuse, à la disparition de la société
étatique e t hiérarchisée qui a existé au xve siècle pour les Kongo nord-occidentaux e t les
Téké e t dont le roi incarnait la puissance religieuse suprême.
De même que cette société s'est scindée en principautés, puis en chefferies plus ou moins
indépendantes pour tendre à l'heure actuelle a u groupement des individus descendant d'un
même ancêtre connu e t même dans les villes arriver à l'autonomie de la famille conjugale,
de même « la religion traditionnelle a dégénéré au point de se présenter comme une entrave
à tout progrès, t a n t matériel que spirituel : elle a cédé le pas à la magie; les rituels coupés
les uns des autres ne débouchent plus sur une cosmogonie cohérente ...; de plus en plus la
vie sociale se déroule à l'écart du sacré ..., ce qui était croyance à un ordre universel est
devenu un nœud de superstitions » (1).
Si bien qu'on ne peut plus parler de fétichisme mais uniquement de fétiches, par les
cultes, s'il en est encore, se placent à l'échelon familial, voire individuel, e t que la pensée
religieuse n'est plus que superstition e t crainte.
Sans cosmologie, privé des ressources d'un système religieux cohérent, le Congolais se
retrouve perpétuellement a u x prises avec des forces déchaînées, le plus souvent néfastes,
qui depuis sa naissance jusqu'à sa mort, e t même au-delà, vont présider à sa destinée, régler
ses actions e t expliquer ce qui lui parait incompréhensible.
Causalité de toutes choses, ce sont elles qu'il faut chercher à capter si l'on veut obtenir
quoi que ce soit : une jolie fille, un championnat de football, un procès, une place, ou a u
contraire se venger de quelqu'un. Ce sont elles qu'il faudra combattre si l'on est malade, si la
malchance vous poursuit, si la femme est stérile, si la récolte est détruite ou si l'orage endom-
mage la case.
Comme l'homme de la rue n'a pas la possibilité d'exercer une influence sur ces forces
occultes, chacun ira à propos de tout e t de rien trouver le spécialiste de la question : le
féticheur.
M.
(1) SYNDA - Note pour servir Al 'étude des Mouvements messianiques congolais; These Sorbonne, 1960.
Devenu ainsi une nécessité, le féticheur joue dans la vie sociale congolaise un rôle très
important : c'est lui qui devra déterminer la cause ou l'origine des événements de la vie
publique ou privée, sera chargé d'apporter le remède psychique ou naturel a u x malheurs
des hommes ou du village. C'est aussi à lui que l'on demandera d'apaiser les esprits cour-
roucés, ou de les interroger pour connaître l'avenir. C'est éventuellement lui qu'on ira trouver
pour lui demander de capter ces forces vitales pour pouvoir s'en servir à son usage personnel
dans un but souvent inavouable. Enfin c'est encore au féticheur qu'on aura recours pour
déterminer le coupable dans certaines affaires judiciaires. C'est ainsi que le « Nganga » sera
tour à tour prêtre, devin, médecin, juge ou sorcier sans qu'il soit possible de séparer l'homme
de ses fonctions.
Dans la pratique, il est peu fréquent de voir le même individu remplir toutes ces
fonctions, et la profession sera divisée en spécialités : c'est ainsi que MAMBEKE-BOUCHER (1)
distingue plusieurs catégories distinctes de Nganga : le Nganga ekiya (dial. Mbôsi) impose
les interdits e t de ce fait est seul habilité à soigner les individus atteints de troubles mentaux
pour avoir enfreint ces interdits.
L'Ekondza et le Nketa (la mère des jumeaux et les jumeaux eux-mêmes qui sont
considérés comme moitié homme moitié esprits) sont habilités à soigner les maladies
infantiles.
Le Mobotisi possède des connaissances dans tout ce qui touche la gynécologie e t les
soins à donner a u x nourrissons.
Le Nganga kissi est l'homme formé pendant plusieurs années à l'art de guérir e t qui
est souvent spécialisé dans le traitement d'une ou de plusieurs maladies : chaque spécialiste
étant classé dans une catégorie à part.
Le Nganga kombe est le devin des Laadi.
Le Nganga ewe représente chez les Bobangui le « grand initié » e t de ce fait exerce dans
tous les domaines : magie, voyance, divination e t médecine. Chez les Likouba le Nganga
edzo est l'exerciseur, il est, paraît-il, si puissant qu'il peut (( arracher des méchantes gens,
l'âme vendue par quelques parents mus par la jalousie, la haine ou l'esprit de vengeance n.
Mais si le féticheur tient son savoir d'un long apprentissage, son pouvoir réside essen-
tiellement dans son fétiche qui représente essentiellement la concentration de la Transcendance
et. l'incarnation de son pouvoir magique.
Ceci est tellement vivace dans l'esprit des féticheurs eux-mêmes, que si pour une raison
quelconque le fétiche vient à disparaître, ils cesseront du jour a u lendemain toute activité
considérant que leurs médications n'auront plus aucun pouvoir. De même qu'ils ne chercheront
pas à le reconstituer du fait que ce fétiche est un héritage ancestral, e t qu'il est impossible
de refaire les esprits.
J'ai pu constater ces faits dans le Mayombe par exemple où s'étant convertis à la secte
de Nzambi-bougie e t ayant, à ce moment là, brûlé leurs fétiches, plusieurs féticheurs,
pourtant très réputés dans la région ont immédiatement cessé d'exercer.
Y... Ant ..., que j'ai interrogé à Impfondo, non seulement ne pratique plus son a r t depuis
que son fétiche e t l'arbre sacré qui l'abritait ont été détruits par un prophète de passage dans
la région, mais encore a été tenu pour responsable, par la justice, des meurtres de son lion
familier : l'animal, ayant été subitement libéré des pouvoirs magiques qui l'avaient domes-
tiqué et l'obligeaient à chasser pour le féticheur, avait tué plusieurs habitants du village.
Incarnation de la Puissance, le fétiche est rarement une représentation figurative
telle qu'on a l'habitude de l'imaginer sous forme de statuette de bois sculpté. Dans la plupart
des cas, il sera constitué par u n assemblage de divers fragments végétaux ou animaux, voire
humains, rassemblés dails un morceau de tissu de raphia, chacun représentant une des forces
dont procédera le fétiche.
A titre d'exemple voici la composition (ou du moins ce que j'ai pu en reconnaître) du
fétiche Nzobi, l'un des plus puissant e t des plus redouté de l'est du Congo :
Cheveux et os d'un blanc Graines de « Ngongo ))
Os de pygmée Graines de « Nvouesi ))
Chaque élément doit apporter sa puissance au fétiche : l'os de blanc assurera la justice
devant un tribunal ; le pygmée, sa connaissance de la forêt; aigle, panthère, loutre serviront
à attraper le sorcier qui se cache dans les airs, la forêt ou les eaux; la pierre de foudre
protègera du tonnerre; la graine de palme donnera la nourriture, la perle représentera les
ancêtres (l), etc., le symbolisme de tous ces ingrédients étant facile à imaginer.
Symbole de la Puissance, le fétiche n'est pas l'objet d'un culte défini par des offrandes,
des libations matérielles ou des sacrifices rituels, mais il servira surtout à établir la commu-
nication entre les esprits qu'il représente e t le féticheur qui devra, lui, se mettre en état
réce~tif.
Les cérémonies du Nzobi, auxquelles j'ai assisté sont typiques de ce fait : elles débutent
par des sonneries de trompe faite dans une corne de « Bongo », destinées à rassembler les
esprits épars dans la nature.
Avant de pénétrer dans l'enclos sacré, pour ne pas les surprendre et éviter que troublés
par une arrivée insolite, ils ne fuient, les adeptes doivent manifester leur présence par un
bruit sec obtenu en tapant avec la main droite sur une feuille placée sur la main gauche
formant un cornet.
A l'intérieur du sanctuaire ce sont d'abord des chants à plusieurs voix, avec réponses
des assistants, puis des danses sur un rythme de plus en plus rapide des tam-tam, jusqu'à
ce que l'esprit se manifeste par la bouche de 1'1111 d'entre eux.
-
La communication s'établit en général très vite et la ri se de oss session de l ' e s ~ r i tdu
féticheur se traduit selon le cas par des visions plus ou moins nettes des choses ou des
personnes, par des paroles prophétiques et dans les cas extrêmes par des transes convulsives.
La facilité et la rapidité avec laquelle les féticheurs arrivent à cet état est tout à fait
remarquable : le plus bel exemple qu'il m'a été donné de voir est une féticheuse des enviror~s
de Sounda dans le Mayombe, qui fut prise d'une crise de transes extatiques avec décubitus
de la tête, sous l'effet des éclairs du flash électronique.
C'est en raison de cette ~ossibilitéd'être ou de devenir l'intermédiaire (ou lu tôt le
(( medium ») entre le visible et l'invisible, entre les vivants et les morts, que le féticheur sera
, .
consulter pour rechercher la causalité des choses et pour prédire l'avenir.
Il est curieux de constater que dans un pays où la connaissance de l'avenir ou du
mystère est si importante, les méthodes divinatoires soient si peu variées : la géomancie
vraie ou sous ses formes dérivées, cauris, souris, bâtonnets, gouttes ou taches de liquides,
pourtant si répandue en Afrique, est totalement inconnue au Congo. Le vol des oiseaux,
l'examen des viscères d'animaux sacrifiés ne sont pas non plus utilisés pour connaître les
décisions des génies. Le féticheur congolais ne connaît pratiquement qu'un seul moyen de
déterminer les origines des événements et de prédire l'avenir : c'est la voyance et l'inter-
prétation des songes (qui est une forme de voyance).
La technique varie peu : penché sur ses fétiches, revêtu de ses gris-gris, brandissant son
chasse-mouches, peint parfois de rouge, de noir et de blanc, le féticheur commence par
invoquer les esprits par des prières ou des incantations qu'il chante en s'accompagnant de
clochettes, grelots, « maracas » faits dans un morceau de gousse d'Entada gigas, dans une
(1) Sur ces perles tres particulieres que l'on trouve dans la région de Komono-Zanaga; voir : FOURNEAU J. - Sur bd
perles ancrennes de pâte de verre provenant de Zanaga - Bull. I.F.A.N., XIV, no 3, série B, juillet 1952.
FOURNEAU J. - Recherches sur l'origine des perles de Zanaga - Bull. I.F.A.N., XVI, no 12, serie B, avril 1954.
calebasse (ou plus prosaïquement dans une vieille boîte de coiiserve) contenant quelques
graines, tandis que l'assistance scande son chant en battant des mains e t reprend certain
refrain en chœur. Il s'agite, se penche sur ses fétiches, les touche, brandit une peau de civette
jusqu'à ce que, inspiré par les génies, il se lance dans les révélations de l'inconnu.
C'est parfois dans un miroir que le féticheur voit passer les hommes et les choses, devine
leurs actions et peut révéler l'avenir mais là aussi il faut qu'il soit eii état réceptif et en
présence de ses fétiches.
La même technique est utilisée pour l'interprétation des songes, soit que ce soit le client,
qui vienne lui raconter ses rêves et en demande la signification, soit que le féticheur explique
lui-même ses propres visions nocturnes.
C'est au cours de ces séances de voyance que le féticheur reconnaîtra les fauteurs de
trouble, découvrira les sorciers, déterminera l'origine des maux, connaîtra les remèdes
efficaces pour déjouer les sorts, calmer les esprits et guérir les hommes.
Très généralement en Afrique et plus particulièrement a u Congo, un évènement même
minime, ne peut avoir une cause naturelle; il sera la conséquence, s'il est heureux, d'un
accroissement des forces vitales, ou a u contraire s'il est malheureux d'une diminution de
ces forces, ce sera le cas de la maladie et de la mort.
L'origine des maux peut être extrêmement variée : les cas les plus fréquents que j'ai
observés sont :
- la violation d'un tabou ou d'un interdit : avortement d'une femme parce qu'elle a
mangé des viandes interdites comme des anguilles, du singe; fièvre vespérale des bébés
provoquée par des visiteurs ayant eu récemment des relations sexuelles;
- offense à des fétiches : citons pour le pays Laadi Matompa qui provoque la maladie
du sommeil, Wumba qui rend les femmes stériles, Malari qui attaque les petits enfants qui
dorment au soleil, Kénéné qui provoque fièvre et amaigrissement, Makodia qui est à l'origine
des hernies ou des maux de ventre, etc.;
- vengeance ou mauvais œil d'une personne malveillante ou envieuse, le plus souvent
un parent que l'on n'a pas suffisamment honoré ou « satisfait » ou d'un esprit, généralement
celui d'un parent aussi, mort depuis un certain temps et dont la tombe n'a été ni visitée, ni
convenablement entretenue ou auquel on a oublié d'apporter les offrandes traditionnelles.
- envoûtement ou sortilège provoqués par opération volontaire de magie noire : sort
déposé dans la maison ou sur le passage de la personne visée, sort lancé par incantation,
envofitement classique au moyen de figurine percée de pointes ou mutilée ...
- attaque de sorciers qui ont besoin d'apporter leur contribution aux agapes de la
société secrète à laquelle ils appartiennent (esprit caïman, esprit panthère). Ces sociétés
secrPtes n'existent pratiquement plus a u Congo, mais leur souvenir est encore vivace :
l'appartenance à une telle confrérie entraînait lors de l'initiation, et au cours de réunions
périodiques, l'obligation de consommer de la chair humaine. A l'origine ce fut une anthro-
pophagie réelle, très vite remplacée par une pâture de chair spirituelle obligeant le sociétaire
à ravir l'esprit d'un être vivant, souvent un proche parent et à l'offrir en cadeau à la
société; si par le fait du hasard, un des membres venait à mourir subitement sans avoir pu
apporter sa contribution à la société, celle-ci tenait l'héritier légal comme débiteur e t le
faisait payer de sa vie, la dette du testataire.
Comme la maladie, la mort est rarement considérée comme naturelle, surtout s'il s'agit
d'un personnage important. La aussi, il appartient au féticheur de découvrir le responsable
et de le punir pour éviter que par vengeance l'esprit du mort ne revienne tourmenter les
vivants.
Une coutume, très répandue, en Afrique et encore pratiquée au Congo, veut que ce soit
le cadavre lui-même qui désigne le responsable de son décès.
Le cercueil est amené à dos d'homme devant la famille réunie. Muni d'un paquet de
feuilles d'Ocimum, le féticheur, ou un membre de l a famille, tape trois fois de suite sur le
cercueil en demandant : « Est-ce Uri tel qui t'a fait mourir »? Si ce n'est pas la personne
appelée, le cercueil se dandine sur les épaules de ses porteurs. Si par hasard le coupable est
présent, le cerceuil s'avance vers lui, menaçant de l'écraser; on l'arrête en le frappant trois
28 A. BOUQUET
fois avec le paquet de feuilles d'ocimum, e t l'on continue l'interrogatoire pour voir s'il n'y
a Das d'autre c o u ~ a b l edans l'assistance.
Si le responsable n'appartient pas à la famille présente, on continue l'interrogatoire en
procédant, comme au jeu des portraits, par éliminations successives : u n homme, une femme,
de tel ou tel village, un sorcier, un esprit, un animal, une chose etc., jusqu'à ce qu'on ait trouvé
le fautif.
-~ -~
La cérémonie est alors terminée, le mort dit adieu à sa famille, à ses amis en s'inclinant
plusieurs fois, puis il est reconduit dans la case. On pourra alors procéder à l'inhumation,
à la date e t selon les rites fixés par la tradition coutumière.
Mais si le cadavre est bien enterré, son âme n'a pas encore disparu e t elle errera encore
sur terre plus ou moins longtemps selon l'importance du personnage. Pour éviter qu'elle ne
revienne tourmenter les vivants e t surtout pour éloigner les mauvais esprits qui voudraient
s'en emparer pour pouvoir accaparer sa puissance, sa richesse, ou s'en servir à des fins
criminelles, il faut la contraindre à rester près de son corps. Pour arriver à ce résultat les
formules sont aussi nombreuses que variées mais procèdent toutes du même symbole qui
est d'employer une plante à essence (Ocimum, Chenopodium, Pentadiplendra, par exemple)
ou toxique (Dioscorea) e t de la même technique qui est d'interdire l'entrée d'un lieu ou la
sortie de la tombe en repoussant les esprits loin de leur voisinage : liquides servant à asperger
ou arroser tombes e t lieux fréquentés; récipients contenant des poudres végétales enterrés
près du mort ou suspendus dans la case; espèces vivantes plantées autour de la maison ou
sur la sé~ulture.
r ~ ~ - ~
Mais ces précautions seront insuffisantes si le mort n'est pas vengé par le châtiment du
coupable, ce qui évidemment présentera quelques difficultés dans les cas, rares il est vrai,
où le cadavre n'a pas désigné nommément une personne ou une chose. Il appartiendra alors
au féticheur de s'en charger : ce sera toujours un sorcier ou un esprit diabolique qu'il faudra
tuer à distance par des incantations, des maléfices ou des sorts.
Un féticheur de Boundji m'a dit opérer ainsi : il prélève les ongles e t u n morceau de la
plante du pied du mort, en fait un paquet qu'il place dans les anfractuosités d'un Barterin
fistulosa en demandant à l'arbre (et a u x fourmis qui vivent dans les branches) de dévorer
le criminel. Pour plus de sécurité il faut, quelques jours après, faire brûler l'arbre : il parait
que le sorcier meurt immédiatement.
C'est une cartouche remplie de poudre de charbon d'écorces de Erythropleum guineense,
Stychnos icaja, Piptadeniastrum, Enantia chlorantha en guise de plomb de chasse, qu'un
féticheur de la région de Mouyondzi emploie pour tuer à distance les sorciers coupables de
la mort d'un villageois.
Si le coupable est identifié et s'il reconnaît son crime, il devra demander pardon au mort
et payer une amende; s'il nie, il sera accusé de sorcellerie e t n'aura alors, pour se laver de
cette accusation, qu'à accepter de se soumettre au jugement de Dieu.
Réservée aux sorciers, l'épreuve par le poison est à l'heure actuelle très rarement e t très
discrètement appliquée à des humains; la plupart du temps l'accusé est représenté par un
animal, généralement un poulet à qui on administre le poison.
Les plantes utilisées sont au Congo, comme d'ailleurs dans toute l'Afrique centrale,
surtout Erythropleum guineense e t Strychnos icajn.
Dans la Sangha e t le Likoula, plusieurs féticheurs m'ont dit que la sève de Piptade-
niastrum africanum servait parfois dans ce but : le jus obtenu par expression des écorces
serait instillé dans l'œil du suspect; seuls les innocents seraient capables de supporter la
douleur causée par ce traitement. Il est à noter, à propos d'épreuve par instillations oculaires
de suc de plantes, que 1'Elaephorbia drupifera n'est pas employée a u Congo.
L'opération elle-même ne présente rien d'original : sorciers ou coupables convaincus
meurent immédiatement après avoir ingurgité le breuvage toxique, tandis que les innocents
sont blanchis de l'accusation en le vomissant ravidement.
Si l'épreuve par le poison est actuellement à peu près abandonnée, le principe en est
conservé sous des formes différentes et il n'est pas rare de voir des plaignants se soumettre
soit sur ordonnance du juge coutumier, soit de leur plein gré au jugement de Dieu.
J'ai eu l'occasion d'assister au mois d'août 1964, au village de Hamon, à l'épreuve du
feu (ou de l'huile bouillante) que les Laadi appellent Nkiba ou Luiiga. Très courante au
Congo, elle consiste à prendre par trois fois, un bracelet de fil de fer et de cuivre, plongé dans
de l'huile de palme enflammée. En voici le processus.
Le féticheur qui préside à l'opération place sur les trois pierres d'un foyer, garni de bois
sec une marmite dans laquelle il verse u i ~litre d'huile de palme; puis il allume le feu sous
la marmite et l'huile elle-même lorsque celle-ci commence à bouillir.
Ayant ensuite tracé une croix sur le sol, il invoque l'esprit du feu, lui explique le cas
qu'il doit juger et lui offre des libations de vin de palme. Il interroge alors le feu pour savoir
si celui-ci est disposé à parler : la flamme doit s'élever trois fois au-dessus de la marmite à
l ' a ~ ~ edul féticheur.
I I
Toujours en psalmodiant, il prend de la main gauche un gros tampon fait d'un tronc
de bananier pourri, sur lequel il pose le bracelet; puis s'approchant de la marmite enflammée,
trois fois de suite il y place le bracelet, qu'il retire au bout de quelques secondes se sou-
mettant ainsi lui-même à l'é~reuve.
Tout étant prêt pour le jugement, il en fixe alors le prix (70 F par plaignant dans le cas
présent) et la cérémonie commence par le plaignant.
Placé devant la croix, il déclare accepter l'épreuve, et expose l'objet de sa plainte; par
trois fois il retrace le dessin de la croix de l'index de la main droite, pilis se le passe sur le
cou et le pointe vers le ciel semblant dire aux esprits : si je mens vous pouvez me trancher
la gorge (1).Il se tourne alors devant la marmite qu'il adjure encore de montrer son innocence.
Le féticheur lui remet le tampon de bananier et place lui-même le bracelet dans les flammes.
Au bout de quelques secondes, le plaignant doit de la main droite sortir le bracelet de la
marmite et le poser sur le tampon qu'il tient de l'autre. Pour que l'épreuve soit valable il
faut renouveler trois fois cette opération.
S'il en sort vainqueur, le féticheur le marque au front ainsi que son premier témoin d'un
trait de kaolin; tandis que l'assistance manifeste sa joie par des cris et des applaudissements.
L'accusé se présente ensuite e t en suivant strictement le même cérémonial, subit à son
tour l'épreuve du feu. S'il en sort vainqueur (ce qui fut le cas dans la cérémonie à laquelle
j'ai assisté) c'est qu'il était innocent des crimes dont on l'avait accusé, il n'y a donc plus
qu'à trouver un autre coupable; les affaires de ce genre peuvent souvent durer toute une vie.
Une épreuve de pratique courante, surtout dans l'est et le nord du Congo est celle des
« Mains Nouées » : le féticheur place devant les plaignants une cuvette contenant de l'eau
dans laquelle il a écrasé des feuilles de Scoparia dulcis, petite rudérale assez commune dans
ces régions. Chacun son tour doit se laver les mains en frottant les paumes l'une contre
l'autre e t naturellement en exposant son cas. Très rapidement, le coupable voit ses mains
s'entrecroiser et au bout de quelques instants, il ne peut plus les bouger, donnant l'impres-
sion d'avoir les mains attachées l'une contre l'autre, les paumes tournées vers l'extérieur.
Cette épreuve n'est pas réservée aux seules affaires judiciaires, mais permet aussi
d'avoir, moyennant quatre francs, une réponse aux questions qui vous tracassent et
éventuellement de connaitre l'avenir : il suffit de se laver les mains, en pensant intensément
à ce que l'on veut connaitre. Une réponse affirmative à la question posée entraînant l'impos-
sibilité de bouger les mains. J'ai naturellement consulté l'oracle qui a bien voulu répondre
à mes questions; c'est une bien curieuse sensation que de se sentir les muscles des bras
tétanisés et les mains nouées.
Épreuves judiciaires, interrogatoires des morts, voyance, toutes ces cérémonies seront
pour le féticheur autant d'occasions de manifester ses rapports avec les Esprits et les Forces
Naturelles qu'il représente. De même qu'il a déterminé par la voyance les causes du malheur
des hommes, de même il établira le pronostic et le diagnostic d'une maladie; c'est souvent
avec les mêmes méthodes qui lui ont servi à combattre les sorciers, qu'il soignera les hommes.
Mais s'il est facile de rattacher le traitement de certaines maladies à des rites ou à des
concepts plus ou moins religieux, il est plus difficile par contre de se faire une idée de la
pensée qui a présidé à la création de la médecine congolaise e t à l'élaboration des traitements
souvent complexes des diverses maladies.
11 est très vraisemblable que la médecine traditionnelle n'est pas le fruit de l'élaboration
conceptuelle d'un individu, mais qu'elle a été créée de manière empirique au contact de la
(1) C'est le geste classique en pays Laadi pour a 5 m e r une opinion, ou prêter serment.
30 A. B O U Q U E T
nature,.par des expériences individuelles ou collectives qui se sont transmises à travers les
générations, en se modifiant au contact d'autres collectivités.
S'il est normal, dans un pays qui est resté à l'écart des grands courants de pensées et
de peuples, qui ont parcouru l'Afrique d'est en ouest et du nord a u sud à travers le Sahara,
de ne pas trouver traces des théories médicales, égyptiennes, grecques ou arabes qui ont
donné naissance à la médecine moderne, il est par contre logique de penser que ces expé-
riences originales se sont a u cours des siècles, en contact avec les croyances diverses, peu à peu
intégrées avec la pensée religieuse pour s'en dissocier par la suite en raison de la dégradation
de cette pensée elle-même causée par la désintégration de la hiérarchie sociale primitive.
De même que le Royaume Congolais qui s'étendait de Loanga au Zaïre s'est éparpillé
en une infinité de chefferies et que la pensée religieuse s'est transformée en une croyance
superstitieuse en une multitude de génies, d'esprits e t de fétiches, la médecine traditionnelle
perd son caractère de magie religieuse pour tendre vers le seul a r t de soigner les hommes.
A l'heure actuelle la médecine congolaise est loin d'être arrivée à ce stade, malgré
l'étendue e t la valeur de ses connaissances empiriques, uniquement du fait de la croyance
indéracinable des hommes aux sorts e t a u x esprits; ils sont tellement persuadés d'avoir été
envoûtés ou empoisonnés, que beaucoup des maladies que le féticheur aura à soigner, sont unique-
ment d'origine psychosomatique e t relèvent plus de la psychiatrie que de la médecine générale.
Il faut d'ailleurs reconnaître que la plupart des féticheurs, comme leurs malades, ou
peut-être à cause d'eux n'ont pas abandonné ces croyances et que dans de très nombreux
cas la maladie conservera son origine surnaturelle e t que le traitement sera très souvent
précédé de cérémonies à caractère religieux de purification ou d'exorcisme, ou aura lui-même
de tels caractères.
C'est ainsi que si le féticheur attribue l'origine de la maladie à une violation de tabou
ou d'interdit, le traitement sera précédé d'une purification.
Voici à titre d'exemple un traitement mbamba recueilli dans la sous-préfecture de
Zanaga.
Appelé a u chevet d'un bébé malade (fièvre vespérale, amaigrissement) le féticheur
diagnostique la cause du mal : le père a, pendant la grossesse de sa femme, connu d'autres
femmes et ne s'en est pas confessé a u moment de l'accouchement. Pour procéder à la puri-
fication des parents et de l'enfant, le féticheur attache à une basse branche, un cercle fait
d'une tige de Marantacée fendue entre deux nœuds e t maintenue écartée par des liens. D'un
côté il place une cuvette remplie d'eau stagnante ou recueillie a u creux d'un arbre, dans
laquelle il a fait préalablement macérer diverses plantes. Le père e t la mère se placent de
part et d'autre d u cercle magique; le père à côté de la cuvette.
Le féticheur y met le bébé, le lave abondamment, puis avec une branche feuillue asperge
de liquide les parents, le cercle, les environs; il donne alors l'enfant au père qui le passe à la
mkre a u travers du cercle. La purification ayant eu lieu, la guérison d e l'enfant sera assurée
par l'application d'un traitement médical.
Lorsqu'un malade est agité, parle inconsidérément, fait des mouvements incoordonnés,
c'est qu'il est possédé par un esprit e t sera passible du traitement suivant :
Repérer un morceau de bois mort, immobile dans le fond d'un ruisseau; le caler avec
deux branches plantées dans le sable, puis le prendre doucement. Cracher dessus le produit
de la mastication d'une noix de kola e t en racler une partie en disant : (( je viens t e prendre
pour que X... repose calmement comme t u dors a u fond de l'eau 1). Remettre ensuite le
morceau de bois en place en disant : « Reste tranquille, comme t u étais »,enlever alors les
deux bâtons qui calaient le morceau d e bois e t les jeter à droite e t à gauche le plus loin
possible. De retour a u village incorporer la poudre recueillie a u x aliments d u malade. (Formule
Batéké-Laali).
Le symbolisme de ce traitement est très significatif par le fait de choisir quelque chose
d'immobile a u milieu d'un courant d'eau e t par l'action de jeter a u loin, pour disperser
les esprits, les deux cales.
Si la maladie a été provoquée par les fétiches Ngoiya, Mugizila, ou Matompa, il faut
se frictionner tout le corps avec le jus des feuilles de Costus délayées dans du vin de palme,
e t instiller dans chaque œil quelques gouttes de jus de la tige de cette même plante : il s'agit
là aussi d'une purification. Cette idée présidera d'ailleurs à la prescription de nombreux trai-
tements sous forme de bains ou de lotions.
En cas de vengeance ou de (( jettature »,il suffira de connaître la personne qui est à l'origine
du mal et soit lui demander pardon des offenses ou du mal que l'on a pu lui faire et qui ont
justifié son action en retour et a u besoin apaiser son courroux par des cadeaux appropriés,
soit protéger sa personne ou sa maison par des amulettes, e t des plantes qui éloigneront le mal.
Beaucoup plus grave sera la maladie causée par les envoûtements et autres pratiques
de magie noire, il faudra alors appliquer des traitements très particuliers, ou recourir a des
féticheurs plus puissants que ceux qui ont provoqué le mal.
Dans le premier cas, il s'agit d'un garçon dont le père était mort débiteur de viande
spirituelle à la communauté des sorciers dont il faisait partie; ayant hérité du défunt,
responsable de ses dettes, le fils selon la croyance devait les payer de sa vie. Pour sauver le
malade, il faut trouver en forêt une liane, poussant si possible au creux d'un arbre et dont
deux branches sont entrelacées; muni de ce morceau de bois, se rendre avec le malade sur
la tombe du défunt sorcier. La, sacrifier un poulet, offrir du vin de palme en disant : « je t e
donne à manger e t a boire, je te demande de laisser X... tranquille ».Ceci dit, désenrouler
avec le malade les deux morceaux de liane que chacun doit jeter a u loin en disant : « je paye
ta dette, je ne dois plus rien D.
Ce traitement est très symbolique par les deux lianes enroulées intimement comme
l'esprit du père l'est autour de celui du malade, la dette sera payée par un sacrifice, tandis
que les deux esprits seront dissociés et éloignés en déroulant et en jetant les morceaux de liane.
Le traitement suivant est encore plus représentatif des croyances e t des pratiques que
l'on trouve encore vivantes au Congo :
Le malade est cette fois-ci la proie d'un esprit caïman et ne peut guérir que si l'esprit
est capturé e t tué. Voici comment s'y prend le féticheur : avant le premier chant du coq, il
se rend sur le bord du marigot fréquenté par le caïman muni d'un poulet et de feuilles de
Rhecktophyllym; sur le bord de l'eau il sacrifie le poulet sur les feuilles en invoquant l'esprit :
(( je viens t'apporter à manger » (idée d'appât). Remonté au village, il creuse un trou qu'il
garnit, comme l'est le fond de la rivière, de galets e t de sable et qu'il entoure d'une liane
(idée de piège) et dans lequel il met un os de caïman qu'il a préalablement pulvérisé avec le
produit de la mastication d'un cola, d'un fragment d'amende du fruit Buchholzia et d'un morceau
d'écorce prélevé sur un arbre foudroyé en disant : « Caïman, viens t e réfugier dans ce trou ».
Ayant ainsi capturé l'esprit animal, il pourra facilement le tuer en tirant dessus une
cartouche faite de poudre de charbon d'Prythrophleum, de Strychnos icaja, de maïs, de
manioc et de poudre de chasse.
Le malade ainsi exorcisé pourra guérir facilement avec un traitement symptomatique.
Les traitements que je viens de décrire sont destinés a laver les malades d'une souillure
ou a essayer de les déliver de l'emprise d'un esprit malfaisant, inspiré par les symboles
religieux de purification e t d'exorcisme. Il est une autre croyance dérivant elle aussi du
pouvoir des esprits qui se retrouve dans un certain nombre de prescriptions médicales :
c'est la notion de transfert.
Bien connue des ethnologues qui ont étudié les sociétés primitives, elle réside dans le
fait qu'il est possible dans certaines conditions et évidemment si l'on possède un pouvoir
magique, de faire passer un esprit, en général malfaisant, d'une personne à autre chose,
objet, animal, ou être humain, qui en se chargeant du mal libèreront alors le malade.
Cette croyance n'est pas très répandue au Congo, mais je l'ai trouvée très nettement
exprimée chez les Kata e t les Téké, en particulier dans le traitement suivant :
Contre les maux de côtes, un féticheur Ndasa utilise un certain nombre de plantes en
applications locales. Le traitement a lieu a la fin d u jour : au moment où le soleil va se
coucher, il prend une tige de Trema guineensis qu'il appuie et casse sur la poitrine du malade
en disant : « je suis venu pour soigner cette maladie, que le soleil l'emmène »,puis il jette les
morceaux de bois vers l'ouest.
On retrouve cette idée dans le fait symbolique de jeter au loin les deux bâtons qui ont
servi a maintenir immobile une branche morte a u fond de l'eau, ou les deux morceaux de
liane désenroulée sur la tombe du sorcier, dont j'ai parlé plus haut.
Le fait de placer sur un chemin fréquenté, les plantes ayant servi a traiter un malade,
ou un morceau de bois l'ayant touché, n'a d'autre but que faire emporter le mal, par un
passant inconnu et innocent.
32 A. BOUQUET
S'il est possible de débarrasser quelqu'un de l'esprit du mal qui l'habite temporairement,
pour en charger une tierce personne, la technique inverse pourra se pratiquer : ce sera alors,
selon le cas, envoûtement ou sortilège, si tenté que l'on puisse différencier réellement ces
deux pratiques : l'envoûtement se pratiquant sur l'esprit même de la personne visée; tandis
que le sort consiste à ordonner à un esprit malfaisant de nuire à un être humain.
C'est à des pratiques d'envoûtement qu'il faut attribuer les clous, et autres objets tran-
chants ou piquants dont étaient criblés certains fétiches Yoombe ou Vili tels que les « Kombe ))
et les « Pezo 1). Ces fétiches très redoutés, étaient priés lorsqu'on voulait se venger de
quelqu'un : il suffisait d'invoquer l'esprit en enfonçant dans la statuette un objet tranchant
quelconque et d'exprimer le vœu que celui qui était à l'origine du mal soit puni et pris par
le « nkoki » et sa maladie (1).
A l'heure actuelle, on ne retrouve plus au Congo aucune de ces statuettes; il est
probable que cette technique de l'envoûtement a disparu avec elles, en tout cas, je ne l'ai
jamais rencontrée au cours de mes prospections. Il est d'ailleurs assez difficile d'obtenir sur
cette question des renseignements complets, les informateurs évitant soigneusement ce sujet
qui pourrait les faire prendre pour des sorciers.
Il semblerait qu'à l'heure actuelle ce soit les techniques des sorts envoyés à distance
qui soient pratiquées. Voici quelques façons de procéder :
Mettre dans une feuille de la poudre de Dabéma (Piptadeniastrum africanum), un
morceau de caméléon, une aiguille de couturière; fermer la feuille autour de ces produits
et l'attacher avec du fil noir. Casser l'aiguille en invoquant le nom de la personne visée,
~ u i senterrer le tout sur son passage.
Faire macérer dans du vin de palme les épines du tronc d'un Macaranga et en donner
à boire à la victime.
Prendre des graines de Canna bidentata, faire les incantations d'usage et les lancer au
loin; la personne visée souffrira de maux de côtes.
Sortilèges ou envoûtements destinés à nuire à autrui, représentent les cas extrêmes de
l'utilisation des esprits dans un but malfaisant, mais il est des pratiques beaucoup plus
courantes, moins secrètes qui résultent de la même idée; le fait de s'attacher par des
pratiques occultes un esprit destiné à renforcer ses propres possibilités vitales ou à faire
triompher sa cause, et l'on tombe alors dans toute la catégorie des gris-gris, amulettes dont
les Africains, si évolués soient-ils, font une consommation invraisemblable.
Dans ce domaine, tous les féticheurs connaissent des quantités de recettes, car s'ils
n'ont pas toujours des malades à soigner, ils trouveront toujours des « gogos » qui voudront
séduire une femme, avoir une place, obtenir de l'avancement, gagner leur procès devant un
tribunal. Cela représente aussi pour le féticheur une source de profits non négligeable. Presque
toujours à base de plantes, quelquefois de produits animaux, ces recettes n'offrent rien de
particulièrement remarquable : ce sera la feuille à mâcher pendant l'audience du tribunal,
le parfum à faire respirer à une fille, le sachet de poudre à porter sur soi ou à placer sous
son lit pour avoir la chance, etc. Ils seront indiqués dans la 20 partie de ce travail réservée
aux usages médico-magiques des plantes.
Si ces pratiques ne présentent aucun danger pour les usagers, sinon celui de mettre leur
bourse à plat, elles en font courir de bien plus grands aux féticheurs et à la médecine tradi-
tionnelle congolaise.
Très sollicité par la crédulité populaire, y trouvant une source de profit intéressant,
le féticheur est appelé en négligeant son vrai travail, à perdre sa place dans la société
traditionnelle. Cette tendance se dessine déjà parmi les jeunes de moins de quarante ans qui
vivant dans une société en pleine évolution, ont perdu la notion de ce qu'il pouvait y avoir
de religieux dans la médecine ancestrale, méconnaissant souvent les vertus curatives des
simples, semblent n'être plus que des charlatans.
Ce fait n'est heureusement pas général, et il existe encore à travers le Congo, des gens qui
tout en tenant peut-être moins compte des notions de forces vitales, de fétiches et d'esprits,
ont su garder intactes les connaissances médicales acquises par leurs ancêtres.
à reconnaître et à récolter les drogues dans la forêt, c'est en voyant son ancêtre mélanger
les herbes, préparer les médicaments, donner les soins a u x malades qu'il acquérera les rudi-
ments de la pharmacopée traditionnelle. Plus tard encore, il participera, sous la tutelle de
l'ancien, au traitement proprement dit, pour arriver à le remplacer petit à petit, sans pour
autant être féticheur en titre. Ce titre e t le droit d'exercer librement ne lui sera reconnu que
lorsqu'il sera en possession des fétiches proprement dits qui seuls confèrent aux plantes les
. . -
~ r o ~ r i é t éde
s guérir.
C'est au moment de sa mort, ou lorsqu'il se juge vraiment incapable d'exercer son
métier.* aue le féticheur les transmet au ~ l u sdoué de ses roches en resDectant dans la
1
mesure du possible l'ordre successoral traditionnel : c'est ainsi qu'une de mes informatrices
de la sous-préfecture de M'Vouti avait hérité des fétiches de sa mère par l'intermédiaire de
sa tante.
Cette transmission familiale des connaissances traditionnelles est de pratique courante
au Congo : la plupart des féticheurs que j'ai rencontrés avaient été formés à cette école. C'est
aussi la meilleure; car, plus lentement assimilé, mieux retenu, cet enseignement allie la
formation médicale à une connaissance approfondie du milieu végétal, ce qui donne a u x
guérisseurs un éventail de remèdes plus vaste et des solutions de remplacement : connaissant
pour un même traitement des espèces différentes, il pourra varier ses prescriptions en
fonction de l'évolution de la maladie, des réactions du malade, ou plus simplement des
facilités d'approvisionnement en plantes fraîches, même s'il quitte son pays d'origine.
A l'heure actuelle l'enrichissement des connaissances ne se fait plus par expérimen-
tation de plantes nouvelles, mais par acquisition d'autres traitements auprès de féticheurs
de la même race ou de races différentes, sous forme d'échange pur et simple, chacun
enseignant à l'autre ses propres remède.s, ou bien sous forme de vente de secret.
C'est par l'achat aussi que n'importe qui peut devenir féticheur : malade guéri désirant
connaître les remèdes qui l'ont sauvé e t éventuellement s'en servir pour soigner à son tour
ses concitoyens, néophyte désirant embrasser la carrière. Il s'agit là d'un fait trop général
à l'Afrique pour insister davantage.
Un fait particulier au Congo, surtout en pays Laadi et Suundi est l'utilisation par les
débutants d'une brochure intitulée « Makaya ma nsi » rédigée en Kikongo par le Frère
Tata Paul e t publiée par la Mission Catholique de Tumba au Congo-Kinshasa. Cet opuscule
à l'usage des Missions de brousse, traite des soins médicaux d'urgence, donne des conseils
d'hygiène et consigne l'emploi thérapeutique d'une cinquantaine de plantes communes dans
les savanes arborées de la région du Pool.
34 A. BOUQUET
J e l'ai vu employer dans la région de Brazzaville, à Baratier, Hamon e t Kinkala par des
féticheurs qui débutaient ainsi dans le métier par des pratiques simples, ne comportant
aucun risque e t d'une efficacité à peu près certaine (plantes à tanin pour soigner les diarrhées,
à anthraquinones comme purgatif, à essence comme antiseptique, etc.), ce qui leur permettait
d'asseoir leur réputation e t de gagner sufisamment d'argent pour pouvoir, par la suite,
acheter les secrets de féticheurs chevronnés.
Il s'agit là de cas sporadiques au Congo, mais intéressants, car ils représentent l'amorce
d'une dissociation entre le féticheur dans son sens le plus large e t le guérisseur proprement
dit.
A côté de ces modes naturels de transmission des connaissances médicales. un certain
nombre tie mes informateurs prétendaient avoir eu la révélation surnaturelle des plantes
à employer e t des traitements à appliquer au cours de songes, grâce à des apparitions ou
dans un accès de voyance. A quelques variantes près, c'est soit l'esprit d u père (ou de l'oncle,
ou de la grand-mère) qui est apparu au féticheur endormi en lui disant : « Va chercher telle
plante pour soigner un tel 1) ou bien « Voici la plante que je t e donne pour traiter telle
maladie )), soit la plante elle-même que le féticheur a vue en rêve à côté du malade.
C'es1 en priant ses fétiches e t grâce à ses dons de voyance que O... Ed ... des environs
d e Roundji, trouve les médicaments nécessaires à ses malades. Chaque fois que N... G... de
Tsiaki (sous-préfecture de Mouyondzi) va sur la tombe de son père, féticheur notoire, il voit
une plante nouvelle e t a alors la révélation de son emploi.
M... A... de Zanaga prétend lui ne rien savoir, mais tout voir dans un miroir de poche
qu'il a toujours avec lui : au nioment où la plante apparaît dans le miroir, il ressent une
vive douleur à l'organe à traiter. C'est à travers le prisme à réflexion totale d'une défunte
paire de jumelle que L... de Tchisseka voit lui aussi plantes et traitements.
Il s'agit là évidemment de pratiques ou de légendes destinées à impressionner les foules
et à accréditer le pouvoir surnaturel du féticheur en masquant des connaissances réelles
transmises ou acquises naturellement : les renseignements fournis par le miroir de A... ou le
prisme de L... ont été suffisamment recoupés par ceux d'autres féticheurs, dans des régions
différentes pour prouver qu'ils n'étaient pas entièrement dus au pouvoir magique de ces
instruments d ' o ~ t i a u e .
1 1
Reposant sur la seule tradition orale, les connaissances des féticheurs congolais sont
fragiles e t risquent de disparaître très rapidement. E n dehors de la mort prématurée ou
subite du maître emportant avec lui ses secrets dans la tombe, de la désaffection des jeunes,
plus instruits e t plus évolués, à l'égard de la médecine traditionnelle, qui sont des phéno-
mènes généraux en Afrique, je dois signaler un danger bien plus grave que courent au
Congo les traditions médico-magiques, surtout si l'on se rappelle que pour la plupart des
féticheurs la plante n'a de valeur thérapeutique que si elle fait partie du fétiche : ce sont
les Prophètes.
Depuis une trentaine d'années environ, on voit apparaître e t se développer au Congo
des mouveriients d'inspiration religieuse plus ou riioins chrétienne dont le chef se dit
prophète e t se prétend inspiré directement de Dieu qui lui recommande, pour le plus grand
bien de la population congolaise de les délivrer de l'emprise des fétiches, de détruire les
superstitions, de réprimer l'inconduite des femmes, de dénoncer les abus, etc.
La secle des Matswanistes (1)représentent le plus ancien de ces mouvements. Persécutés
et dispersbs, en raison de leur comporternent politique par l'ancienne administration
coloniale, ils ont à l'heure actuelle peu de contact avec le reste de la population et peu
d'influence sur le fétichisrrie : le fait d'adhérer à cette secte n'est plus maintenant qu'un
phénomène individuel, mais il entraîne de la part du néophyte l'obligation de brûler ses
fétiches et de cesser toutes pratiques médico-magiques.
Créé en pays Vili, à Pointe-Noire par Zéphyrin Lassy, le « Lassisme » ou (( Bou-
gisme » (2) (3) (4) s'est rapidement répandu chez les Kongo nord-occidentaux, en remontant
( 1 ) B A L A N D I EGR. - Naissance d'un rnoi~vemenl polifico-religieux chez les u Bakongo n d u Moyen-Congo, dans Procee-
dings o f the I I I intern. W e s t Africain confereiicc - Lagos, Nigrria Museum, 1956, 1 v o l . , 360 1). ill. ( p p . 324-336).
( 2 ) D E R S A R E17. - Zephyrii*- Les Bougies, prophélcs africnir~s,Sprctacles d u Moridr, juillct 1964, pp. 36/39 (des-
cription d Urie séance Bougiste à Pointe-Noire).
(3) SORETM . - Les Kongo nord-occidenlurrr, p. 98.
( 4 ) W A G R E TJ:M. - IIisloire el sociologie poliligue de la I l i l > . d u Congo ( p . 203) avec sa carte dc répartition, en 1958,
des Temples Bougisles.
C O N N A I S S A N C E S ET PRATIQUES MÉDICALES 35
dont la création a été annoncée par cominuniqué à la presse e t à la radio en janvier 1966,
avec culte inspiré de Néo-christianisme, églises e t costumes liturgiques, se propose, elle
aussi, de détruire les fétiches responsables de tout le mal, d'interdire toutes pratiques médico-
magiques sous peine de mort subite par intervention de l'Esprit Saint et de purifier les
adeptes en les lavant de toutes souillures et de leur assurer une vie à l'abri des forces du Mal.
Ce nouveau mouvement parait obtenir un assez grand succès, mais il est encore trop
récent pour pouvoir juger des conséquences qu'il aura sur les connaissances médicales des
Koongo e t des Laadi.
Dans la Haute Sangha et dans la Likouala, c'est « Mademoiselle » qui est chargée de
sauver les populations vouées à une disparition rapide e t certaine par « suite des pratiques
de sorcellerie, de l'anthropophagie, d u fétichisme e t de l'inconduite des femmes ».
On attribue la création du culte de « Mademoiselle 1) à un nommé Emane Jean
Boncœur ( l ) , originaire de Souanké dans la Sangha, vers 1952 : une Demoiselle blanche,
d'origine divine lui aurait révélé au cours de fréquentes apparitions nocturnes le sort épou-
vantable réservé aux populations de la région e t lui aurait ordonné d'aller dans les villages
pour « faire cesser toutes ces honteuses pratiques, détruire les fétiches, interdire l'accomplis-
sement de l'acte sexuel entre le lever e t le coucher du soleil, confesser en public les habitants
pour les forcer à abjurer leurs fautes ».
11 semble qu'Emane ait surtout travaillé au Gabon, tandis que ses disciples descendaient
la Sangha vers Mossalta, pour remonter ensuite le Congo et l'Oubangui en direction de Bangui.
Dans la Likouala, j'ai retrouvé dans tous les villages, même ceux situés sur le cours supérieur
de la Mossaka e t l'Ibenga, l'effigie de « Mademoiselle )) implantée par Iltiki d'abord, puis par
Saka-Saka de 1963 à 1965.
D'après les renseignements que j'ai recueillis dans la région d'Impfondo, Ikiki opérait
de la façon suivante : avec l'appui du chef ou des notables, il s'établissait dans le village e t
rassemblait la population pour procéder à l'implantation de « Mademoiselle ». Au centre d'un
cercle de 60 centimètres de rayon, enclos d'une barrière de lianes tressées, il creusait un trou
d'une trentaine de centimètres de profondeur, y plaçait une photo de femme blanche, découpée
dans un vieux journal qu'il auréolait de neuf allumettes symboles du feu purificateur; sur
les yeux il posait deux morceaux de verre pour lui permettre de voir le coupable, puis
arrosait le tout d'eau « magique » destinée à noyer les délinquants. Dans le trou était ensuite
planté un pieux de 1,50 m environ de hauteur sur lequel était grossièrement gravé un visage
souligné de blanc; au-dessous était cloué, en forme de croix, un morceau de bois de cin-
quante centimètres environ de long.
(1) VINCENT J.-F. - L e mouvernent Croiz-Koma, une nouvelle forrne de lutte contre la Sorcellerie en P a y s Kongo - Cnliiers
d'Études Africaines, iiO 2 4 , v o l . VI, 4e cahier (1966), p . 527, bibl.
(1) FERNANDEZ James W. - Christian Accullura/iort urul Farig Il'ilchrrnft - Caliirrs d'Études Africaines, no 6, v o l . II,
2° cahier (1961), p . 244-70.
36 A. BOUQUET
Après cette cérémonie, les habitants devaient confesser leurs fautes, livrer leurs
fétiches, amulettes et autres (( gris-gris )); en signe de purification, ils étaient alors aspergés
d'eau magique et saupoudrés de talc. S'il y avait des récalcitrants, Ikiki les désignaient nom-
mément devant tout le village, les accusant publiquement de tel ou tel méfait, déterrant
lui-même les fétiches. Bien peu de féticheurs osaient alors résister à une population surexcitée
par la danse, exaltée par l'admiration de t a n t de miracles, horrifiée par la révélation de
tant de méfaits, et n'hésitaient pas à confesser leurs fautes, brûler leurs fétiches, renoncer
à toutes pratiques et naturellement payer l'amende.
Au cours de cette opération Ikiki aurait récolté plusieurs centaines de milliers de francs,
ce qui lui valut d'être inquiété par la police et obligé de quitter brusquement le pays.
Si le succès de ces mouvements prophétiques est important, il est en général limité
géographiquement et son prosélytisme s'émousse rapidement pour peu que le prophète
vienne à disparaître brusquement, mais les craintes des gens subsistent, leurs malheurs
continuent, si bien que reniant les prophètes qu'ils ont honorés, ils font de nouveau appel
aux féticheurs traditionnels; s'il n'en reste plus dans le village, ce sont alors des étrangers
qui sont demandés : c'est ainsi que j'ai trouvé à Dolisie, M'Vouti, Les Saras des féticheurs
Téké, Kôta, Duma, Punu originaires de Zanaga, Mossendjo, Kibangou et même du Gabon,
appelés en consultation ou venus de leur plein gré. Souvent itinérants, parfois fixés, ils
assurent la pérennité de la tradition ancestrale et le brassage des connaissances.
Si comme je l'ai dit plus haut les croyances relatives à la médecine sont inséparables
des concepts religieux, les connaissances médicales (1) représentent en fait le résultat d'un
long empirisme ancestral basé sur l'observation des malades.
L'anatomie du corps humain est, comme partout ailleurs en Afrique, relativement
bien connue, ainsi qu'en atteste le fait que, dans presque tous les dialectes parlés au Congo,
les différentes parties du corps e t les principaux organes portent un nom spécifique :
estomac, cœur, foie, rate, intestins, reins et vessie sont rarement confondus. Par contre il
est plus dificile de faire préciser les noms vernaculaires des organes génitaux et de leurs
annexes : mais il s'agit là plus d'une question de pudeur que de méconnaissance anatomique,
informateurs ou assistants sont toujours très gênés de parler de ces choses-là et de les
nommer devant un étranger comme si cela était frappé d'interdit.
Les noms donnés aux maladies reflètent par contre une connaissance plus symptoma-
tique que réelle de la maladie; dans la plupart des cas elle est évoquée par une périphrase
indiquant l'endroit du corps ou l'organe dont on souffre. Malades et guérisseurs n'emploieront
pas l'équivalent de céphalgie, gastralgie, anémie mais diront : j'ai mal à la tête, je suis faible,
l'estomac est malade.
Lorsque la maladie présente un symptôme suffisamment net et précis, c'est lui qui sert
à désigner l'affection pathologique : c'est ainsi que la tuberculose sera (( la toux du sang ))
e t la coqueluche (( la toux du coq ». Comme en français, l'éléphantiasis sera dans la plupart
des langues vernaculaires congolaises : la jambe de l'éléphant; de même la blennoragie et les
rhumatismes sont très souvent désignés par des mots dérivés du français : sopisi (chaude-
pisse) et marmatis.
Par contre les affections bien caractérisées portant des noms spécifiques : c'est ainsi
que Laadi, Kunyi, Mbôsi, Bomitaba distinguent des affections oculaires la conjonctivite,
la cataracte et les taies qui portent des noms différents. Il en sera de même pour les abcès,
les furoncles et le panaris ainsi que pour les vertiges, les convulsions et l'épilepsie qui ne
seront jamais confondus.
Il est assez curieux de noter que tous les guérisseurs diagnostiquent par la façon dont
ils réagissent à la pression du doigt et distinguent parfaitement les œdèmes mous des
œdèmes durs alors qu'ils les désignent de la même façon.
Les maladies infectieuses ou parasitaires les mieux connues sont celles qui présentent
une forte endémicité : lèpre, pian et trypanosomiase ainsi que variole, varicelle et rougeole
sont parfaitement diagnostiquées par tous les féticheurs, mais, surtout pour les trois
premières, il existe assez peu de spécialistes qui savent réellement les soigner.
(1) OCEOTIEM. - L'art médical indighne au Congo Français. - Ann. méd. ph. col., 1934, no 4, pp. 581-590.
Les parasitoses viscérales ne sont attribuées à un parasite que lorsque celui-ci est ou
devient visible : la filariose par exemple n est traitée que lorsque, au hasard de ses migra-
tions dans l'organisme, la filaire passe dans le globe oculaire ou la paupière; les autres
manifestations pathologiques sont considérées, selon les symptômes constatés (( de visu »,
comme des œdèmes ou des céphalgies. La bilharziose, quoique très fréquente puisque dans
certaines régions du Congo la population est contaminée à 95 %, est considérée comme une
hématurie.
Parmi les vers intestinaux, seuls les ascaris portent un nom vernaculaire; les oxyures
quoique parfaitement visibles à l'œil nu, sont considérés comme de petits ascaris et de ce fait
ne portent pas de nom spécifique. Il semble que le tænia, soit ignoré : en tous cas il n'a pas
de nom propre, il est très possible que les Congolais, en mangeant la viande bouillie ou
boucanée, donc toujours très cuite, évitent la contamination.
Les dermatoses sont peu différenciées et selon l'aspect qu'elles présentent sont considérées
comme des plaies, ou d'une façon très générale comme des <( gales )) ou des (( teignes 1) : ces
vocables englobant aussi bien la gale ou la teigne que les mycoses et urticaires ou que toute
autre affection cutanée, ou plus générale mais se traduisant par une éruption plus ou moins
généralisée de petits boutons accompagnée de démangeaisons.
Parmi les maladies très fréquentes au Congo, il faut signaler les affections vaginales
que les guérisseurs désignent d'une façon assez imagée (( vagin en eau )) et constituées par des
leucorrhées et des vaginites d'origine variée.
Par contre les ictères, en particulier la fièvre bilieuse hémaglobinurique, p:raissent peu
répandus sauf dans le nord de la République où quelques guérisseurs m'ont indiqué certaines
médications intéressantes.
La chirurgie n'est plus actuellement de pratique courante et semble ignorée, mais de
vieux congolais m'ont afirmé que certaines interventions comme les sutures de plaies de
guerre et certaines ablations se faisaient du temps de leurs parents : un important personnage,
dont la parole ne saurait être mise en doute m'a raconté que sa mère avait, dans sa jeunesse,
été opérée au niveau de l'estomac par un féticheur du village décédé depuis de nombreuses
années; malheureusement les enquêtes effectuées dans ce village, ne m'ont pas permis de
retrouver traces de ces pratiques dont le souvenir paraît disparu à jamais.
Les seules manifestations de cet art, encore vivantes au Congo, sont représentées par le
traitement des fractures, l'incision des abcès et la circoncision qui, dans la plupart des cas,
n'est même plus effectuée par le féticheur mais par l'infirmier du dispensaire le plus proche.
S'il est facile au cours des enquêtes de se rendre compte de l'étendue des connaissances
relatives aux maladies et à leur symptomatologie il est beaucoup plus dificile de se faire une
idée de la façon dont a été élaboré, en dehors de toutes considérations religieuses ou magiques,
le traitement médical lui-même.
Il est vraisemblable, sans que cette idée soit nettement exprimée, que le choix d'un
certain nombre de remèdes végétaux ait été effectué en application de la théorie de la
signature qui veut que la plante soit un remède spécifique du mal dont elle possède certaines
caractéristiques : c'est ainsi que les plantes à latex seront considérées comme galactogène,
la sève rouge sera l'indice des propriétés antihémorragiques, etc. Lorsque ces allusions
seront particulièrement évidentes, elles seront signalées dans la deuxième partie de ce travail
consacrée aux plantes médicinales.
Bien exprimé par contre est le fait de prescrire soit en début, soit en cours de traitement
des médications évacuatrices destinées à faire sortir le mal de l'intérieur d u corps : c'est
ainsi que presque toutes les affections broncho-pulmonaires seront soignées par des expec-
torants ou des vomitifs; beaucoup de traitements de la stérilité des femmes ou des troubles
ovariens débuteront par l'administration d'un purgatif ou d'un diurétique destiné à nettoyer
le ventre de la malade avant la prescription d'une médication spécifique. On retrouve ces
médications diurétiques ou purgatives dans le traitement des maladies vénériennes et chose
plus curieuse quelques fois dans celui de la lèpre! qui est le plus souvent au Congo considérée
comme une maladie de peau et traitée par voie externe. Ces faits sont à reprocher de la
vieille théorie hippocratique de la dérivation des humeurs ou plus vraisemblablement de
l'idée d'exorcisme plus valable dans cette région de l'Afrique.
La notion de contagion et d'épidémie n'existe pas, ou du moins elle n'a jamais été
constatée au cours des enquêtes au Congo. Lorsqu'il y a une série de décès dans un village,
38 A. B O U Q U E T
les Congolais voient l'intervention d'un mauvais esprit, d'un (( diable )), e t ont recours a u
féticheur pour exorciser les habitants. Ils abandonnent leurs maisons e t transportent
ailleurs leurs pénates, sans prendre aucune mesure prophylactique réelle (isolement des
malades, interdictions de circulation, etc.), pratiques pourtant courantes dans d'autres
territoires africains.
D'une façon générale, c'est le malade qui se déplace pour venir consulter le féticheur,
qui l'héberge et le nourrit pendant la durée du traitement et il n'est pas rare de trouver,
dans les campements des féticheurs renommés huit à dix malades hospitalisés. J e n'ai vu
que dans les grandes villes comme Brazzaville ou Pointe-Noire les féticheurs traiter les
malades à domicile, e t encore s'agissait-il chaque fois de malades grabataires. Il arrive ailx
féticheurs de se déplacer d'un village à l'autre mais rarement de leur propre initiative, plus
généralement à la suite de la demande d'un chef ou de personnages importants; ces dépla-
cements durent souvent plusieurs mois, le féticheur en profitant pour faire bénéficier de sa
science toute la région visitée.
Ayant examiné le malade et diagnostiqué la maladie, le féticheur prépare lui-même les
remèdes ou, dans les cas bénins, donne les drogues au patient ou à ses proches qui s'en
servent selon les indications du praticien. Lorsqu'il s'agit de produits très rares il appar-
tient au malade ou à sa famille de se les procurer en les achetant dans les échoppes spécialisées
des marchés : ce sont d'ailleurs le plus souvent des drogues destinées à des préparations
médico-magiques comme des doigts de gorille, certaines racines ou bois, coquillage, caméléon,
têtes de serpent, etc. P a r contre la famille fournit toujours les ingrédients produits localement
comme l'huile e t le vin de palme, le miel, le sucre destinés à la préparation des remèdes.
Lorsqu'il est dans son village, le féticheur récolte les drogues qui lui sont nécessaires
dans le courant de la journée, en revenant de ses champs ou de faire sa récolte de vin de
palme. Il sait parfaitement où les trouver. E n forêt il a soigneusement repéré les arbres ou
les lianes dont il a besoin : lorsqu'il y a plusieurs féticheurs dans un village, chacun a son
arbre, même s'il s'agit d'espèces identiques : j'ai constaté ce fait chez les Kôta, Duma e t dans
la Sangha, sans avoir pu obtenir d'explications valables.
E n général les plantes sont employées aussitôt récoltées, il n'y a que les plantes rares
ou très éloignées dont le féticheur fait provisions; écorces ou racines soigneusement nettoyées,
sont séchées au soleil e t conservées dans un coin de la case. De même lorsqu'il est appelé en
consultation loin de son fief, dans une région botaniquement différente ou qu'il ne connaît
pas, il emporte toujours avec lui une provision des bois jugés (( les plus nécessaires 1). L'utili-
sation des drogues sèches devient générale dans certaines régions du Congo par suite de la
destruction massive des forêts ou de la végétation primitive : c'est ainsi que les féticheurs
installés dans les savanes côtières du bas Kouilou vont ou envoient chercher dans le
Mayombe les écorces dont ils ont besoin; c'est dans la forêt de Bangou ou dans la région
de Mayama que s'approvisionnent certains guérisseurs brazzavillois.
Dans la plupart des cas la récolte des simples se fait sans précaution particulière, si ce
n'est la discrétion nécessaire à la conservation du secret des traitements. P a r contre il est
indispensable pour traiter certaines maladies ou récolter certaines plantes, d'observer des
règles strictes.
Offrandes e t prières à la plante sont les pratiques les plus courantes du Congo : je les
ai observées chez les Laadi, les Téké, les Kôta, les Mbôsi, plus rarement dans la Sangha e t
dans le Mayombe. Pour beaucoup de Congolais certains arbres sont considérés comme
sacrés : on ne peut les couper, ni les amputer sans risquer d'offenser leur esprit qui se
vengera soit sur la personne qui a commis le sacrilège, soit sur le malade à qui est destiné
le traitement.
Dans toute la région de Brazzaville, l'arbre sacré le plus connu est situé près d'un petit
village sur la route de Kinkala a u milieu d'un boqueteau rappelant beaucoup les bois sacrés
de Haute-Volta ou du Mali. Cet arbre que les Laadi appelle « respectueusement (( Bibidi s, ce
qui veut dire courroux, porterait mille espèces différentes de feuilles » e t se mettrait à gronder
sous la menace de l'orage mais celui-ci (( ne ~ o u r r a i tlui arracher ses feuilles ni briser ses
c7
branches qui se détacheraient d'elles-mêmes pour annoncer la mort d'un personnage connu
dorit l'importance e t la qualité dépendra de la grosseur de la branche cassée 1) (1).Il s'agit
(1) BANDIO
J.-A. - Ribidi
CI s et u Uoulou dia Ndongo » - I,iaisons, 1956, no 51, pp. 24-26.
d'un Ficus sp. dont les branches sont couvertes d'épiphytes (mousses, lichens, orchidées,
fougères, etc.) ce qui explique la légende des mille feuilles.
Parmi les autres espèces considérées comme sacrées signalons Ficus thonningii,
Anonidium mannii, Quassia africana, etc. Comme aucune tradition, ni légende n'existe à ce sujet,
il est impossible de savoir d'où provient le caractère religieux de ces plantes qui n'ont par
ailleurs rien de particulièrement remarquable, ni dans leur port, ni dans leur forme, ni par
leurs sécrétions.
Chez les Laadi, l'offrande consiste le plus souvent en une pièce de monnaie (cinq ou
dix francs) qui est enterrée au pied de l'arbre : Mbôsi et Kôta se contentent de planter autour
de la plante 3 ou 4 bâtonnets symboliques; je n'ai vu que deux fois, dans la région de Brazza-
ville allumer des bougies au pied de l'arbre.
Plus rarement l'offrande est constituée Dar une libation de vin de al me ou de nourriture:
elle est parfois représentée par un simple morceau de noix de cola.
Le cadeau ne suffit pas, le féticheur est tenu d'expliquer à la plante ce qu'il attend
d'elle : (( je viens t e chercher pour que t u fasses telle ou telle chose » ou encore « je viens t e
prendre pour un tel qui souffre de telle maladie »; c'est parfois aussi à l'esprit de l'arbre que
l'on s'adresse en lui demandant telle ou telle chose.
Au moment de la récolte, le féticheur doit parfois revêtir un costume particulier (M... V...
de Mpassa s'habille de blanc, dans certaines occasions N... S... de Boundji doit au contraire
se mettre tout nu) et le plus souvent opérer seul à un moment bien déterminé : par exemple
en lei ne nuit. ou avant le ~ r e m i e rchant du cou. ou bien au contraire au lever du soleil :
1,
c'est-à-dire au moment où les mauvais esprits sont répandus dans la forêt, à celui où ils
regagnent
.. leur tanière, ou au contraire lorsque les forces vitales bénéfiques font leur appa-
rition.
La façon de récolter les écorces importe parfois; je n'ai jamais trouvé mention au Congo
du prélèvement est-ouest si fréquent en Afrique Occidentale dans les pays influencés par le
mythe solaire. Ce que le féticheur observe surtout c'est la façon dont les écorces tombent
à terre : il y voit une réponse aux questions posées ou un pronostic, quant à l'évolution de la
maladie : en général seules les écorces tombées la face intérieure à l'air sont utilisables.
Ayant observé toutes ces précautions, il n'y a plus qu'à prélever écorces ou racines :
si les Kongo nord-occidentaux entaillent l'arbre jusqu'au cambium e t prélèvent des frag-
ments importants de l'écorce, les autres ethnies préfèrent, après les avoir débarrassées de
la couche libérienne superficielle ainsi que des mousses, lichens ou épiphytes qu'il peut y
avoir, gratter l'arbre en tenant la machette à deux mains perpendiculairement au tronc.
La sciure ainsi obtenue est recueillie dans une feuille de Marantacées, servant ensuite à faire
un paquet proprement ficelé d'une liane.
Les feuilles sont soigneusement choisies et inondées avant d'être ficelées en un petit
Daauet.
1 I
La sève ou les latex sont obtenus par entaille en biais de l'écorce e t recueillis dans une
feuille enroulée en cornet ou dans un verre. Dans le cas particulier d u Parasolier ou du
Myrianthus arboreu, son coupe une grosse racine en biseau et on laisse la sève s'écouler pendant
24 ou 48 heures selon la quantité désirée dans un seau placé dessous. Pour les lianes du genre
liane à eau (Tetracera sp.), il faut prélever un morceau de 1 à 2 mètres e t le tenir vertica-
lement au-dessus du récipient.
Les fruits sont ris sur l'arbre s'ils sont facilement accessibles. sinon ramassés dessous.
Ayant respecté tous les rites coutumiers, assuré de l'efficacité de la drogue qu'il vient
de - récolter
- le féticheur n'a plus qu'à préparer ses remèdes avant de les administrer aux
malades.
Pour beaucoup de guérisseurs, surtout des régions nord du Congo, le médicament est
plus eficace s'il est consommé cru additionné le plus souvent de sel e t d'huile de palme : les
écorces déjà rapées ou non sont finement pulvérisées pour en faciliter l'absorption par le
malade; les feuilles sont très finement coupées en lanière de deux ou trois millimètres d'épais-
seur: elles sont consommées soit crues assaisonnées de sel et d'huile de al me. soit cuites
comme légume avec les assaisonnements de la cuisine normale e t accompagnées de viande
ou de ois son seloii l'a~i~rovisioniiemeiit
L 1
de la famille.
Par ailleurs presque toutes les forrries galéniques classiques sont couramment utilisées
dans la préparation des remèdes.
40 A. BOUQUET
J,es sucs médicamenteux sont en général obtenus en écrasant les feuilles entre les paumes
de la main et en exprimant la pulpe entre les doigts; les organes plus résistants sont broyés
Ci la meule dormante ou plus rarement au mortier d'un usage peu courant au Congo; le suc
est recueilli par expression des marcs à travers une toile. Certains organes végétaux tels que
les tiges de Costus, les feuilles de Kalanchoe sont préalablement placés auprès du feu pendant
quelques minutes de façon à être ramollis par la chaleur.
Rien de particulier dans la préparation des décoctés, macérés, ou infusés si ce n'est
le choix du véhicule; le plus couramment employé est l'eau : eau de la rivière, eau stagnante,
eau de pluie recueillie au creux d'un arbre ou d'une anfractuosité de rocher selon le cas.
Vient ensuite selon la région le vin de palme (sève fernientée de différents palmiers) ou
d'ananas e t moins fréquemment le vin rouge, la bière, oii l'alcool de fabrication locale (par
distillation du vin de palme oii d'ananas) ou d'importation (whisky, cognac, très rarement
rhum e t gin peu appréciés au Congo). Dans certains cas le véhicule employé sera la sève
d'arbre (Parasolier, Myrianthus) ou de liane (Tetracera sp., Cissus divers).
Les électuaires sont obtenus en broyant ensemble plante et canne Ci sucre, plus rarement
en mélangeant du miel à la poudre végétale; le sucre, rare en brousse, est très parcimonieu-
sement employé. C'est la forme de choix pour les su1)stances amères ou dangereuses tel que
le latex d'Euphorbiacées.
Les pommades sont préparées par mélange du principe médicamenteux (suc, poudre)
Ci un corps gras en général l'huile de palme quelquefois l'huile d'arachide et plus rarement
l'huile de palmiste. La graine oléagineuse de Pentaclethra macrophylla sert parfois d'excipient
dans certaines formules d'onguent.
Les formules magistrales sont rarement simples : d'abord parce que le féticheur
congolais utilise presque toujours un mélange de plusieurs plantes pour une même théra-
peutique (certains traitements comprennent jusqu'à 20 espèces différentes) et ensuite parce
qu'il incorpore souvent à ses médicaments toute une série d'ingrédients à caractère magique
destinés à en augmenter l'efficacité.
- ce sont : des produits minéraux tels que le sel gemme appelé aussi sel de Lamy
(parce qu'il provient du Tchad par Fort-Lamy), le sel dit (( de batterie n (obtenu en grattant
les crosses d'une vieille batterie d'automobile), le sel de palmier (c'est la préparation
ancestrale obtenue par lessivage e t évaporation du produit de la combustion de bois et de
certaines plantes), le kaolin et enfin la poudre de chasse. Peuvent être considérées comme
minéraux les coquilles de certains Lamellibranches marins,
- des produits végétaux en particulier un champignon de la famille des Polyporées
poussant sur les arbres, de couleur blanche et de consistance rappelant l'amadou, des
graines de certaines plantes comme Garcinia kola, Antrocaryon nannanii, Monodora
myristica, Aframomum melegueta.
Une mention spéciale doit être faite du (( Toukoula )) appelé aussi kaolin rouge : c'est
un produit solide, rouge, extrêmement friable constitué par de la sciure très fine obtenue en
frottant l'une contre l'autre deux morceaux de bois de Padouk (Pterocarpus sp.) humectés
d'eau e t saupoudrés de sable fin. La pâte recueillie est pressée à la main, roulée en magdaléon
et séchée au soleil. Elle sert surtout à colorer l'épiderme lors de cérémonies diverses (danses,
initiation) : certains malades doivent, pendant toute la durée du traitement avoir le corps
entièrement passé au rouge.
Pour obtenir ce résultat il suffit de prendre un morceau de Toukala, de le délayer dans
un peu d'eau entre les paumes de la main ou dans un petit récipient e t de s'en enduire la
peau. Cette peinture présente quelques inconvénients pour le malade qui, du fait qu'il teint
en rouge tout ce qu'il approche ou touche, est obligé de vivre à part, le moins vêtu possible.
- des produits animaux, qui ajouteront aux remèdes une action bénéfique ou malé-
fique selon la puissance du pouvoir de concentration des forces vitales que la croyance
générale leur attribue.
Crapaux, serpents et surtout caméléons, émanations des puissances du mal, seront
présents dans toutes les préparations destinées à la magie noire e t à la sorcellerie.
Fourmis e t foiirmilières, en raison vraisemblablement des croyances chtoniennes qui
s'y rattachent, jouent un r6le important dans les médications médico-magiques. Les fourmis
noires, à la morsure extrêmement douloureuse qui vivent dans les branches e t les jeunes
tiges creuses de Barteria fistulosa sont chargées de manger le sorcier responsable de la mort
d'autrui (cf. : supra).
Les Eucophiles sont plus particulièrement réservées à des fins thérapeutiques : le
féticheur ramasse le nid complet, le passe au-dessus d'une flamme pour tuer les fourmis e t
écrase le tout. Le produit obtenu, riche en acide formique, assez souvent mélangé à des
plantes à sévenol ou à essences irritantes, est utilisé en instillations nasales comme décongestif
des voies respiratoires supérieures, ou comme révulsif en applications locales en cas d e
douleurs musculaires ou rhumatismales.
Les nids de Crematogasters passént pour combattre des œdèmes de la face (décoction
en lotion).
Les termitières entrent, elles aussi dans de nombreux remèdes, surtout lorsqu'il s'agit
de blessures internes se caractérisant par des hémoptysies, en particulier celles reçues dans
les combats nocturnes qui opposent les sorciers entre eux. Selon la région les féticheurs se
servent soit de la termitière cathédrale, soit des petites termitières de forêt élevées près des
arbres. La poudre de termitière, mélangée à l'huile de palme est donnée à manger deux fois
par jour a u malade.
Dans tout le nord d u Congo et la Sangha, les tort,illons de ver de vase que l'on trouve
sur le bord des marigots passent pour combattre les hémorragies de quelque nature qu'elles
soient (hémoptysie, règles trop abondantes, hémorragies post-partum, etc.).
Pour améliorer la vue il est recommandé de délayer une toile d'araignée dans de l'eau
et d'instiller matin e t soir, qiielqiies gouttes de ce liquide dans chaque œil.
Pour combattre la stérilité des femmes, il faut ajouter à leur nourriture la poudre
obtenue en broyant 9 nids de mante religieuse préalablement grillés sur une tôle.
Parmi les autres produits animaux à action thérapeutique signalons encore que la fumée
produite par l'incinération des nids de gendarmes 1) (Ploceus sp.) guérit de l'épilepsie; les
((
excréments d'éléphant additionnés de kaolin ainsi d'ailleurs que le nid de divers I( oiseaux-
mouches II (Cyneris sp.) constitue un remède spécifique de la lèpre.
Les poissons Nkoko, Nsula (poisson électrique), Mutikatika entre autres, sont parfois
employés comme remède mais très rarement seuls.
Signalons enfin l'usage de l'estomac e t des testicules de Porc-épic, de certaines antilopes
comme aphrodisiaque, ainsi que toute une série d'ingrédients, accessoires inévitables de
toutes les préparations médico-magiques tels que fragments de peau, de poils, de corne e t
d'os de divers mammifères ou oiseaux.
Ainsi préparés les médicaments sont administrés aux malades par les voies les plus
diverses.
La voie orale est le plus souvent employée pour les sucs végétaux, les pâtes ainsi que les
macérés, infusés e t décoctés. Les quantités prescrites sont absorbées selon le cas en une fois
ou en prises fractionnées au cours de la journée : généralement le matin de bonne heure e t
le soir au coucher du soleil.
Les instillations, qu'elles soient nasales, oculaires ou auriculaires sont de pratiques
courantes : elles sont faites au moyen d ' m e feuille roulée en cornet, pour que le liquide
s'écoule goutte à goutte.
La voie rectale ou vaginale n'est utilisée que pour des cas particuliers : ovules, suppo-
sitoires, lavements, injections vaginales e t parfois uréthrales. Contrairement à l'Afrique
Occidentale où le lavement est de pratique quasi quotidienne, les Congolais le réservent
vraiment aux cas médicaux nécessitant l'application d'un tel procédé (purgation, traitement
des hémorroïdes, etc.). L'emploi des injections vaginales e t uréthrales est préconisé dans le
traitement des vaginites et de la blennorragie, ainsi d'ailleurs que dans la stérilité e t les
troubles de l'ovulation. Dans ces cas, il n'est pas rare de voir prescrire en alternance injections
e t ovules faits de plantes écrasées à conserver en général la nuit; la malade se protégeant
avec u n morceau de pagne attaché entre les cuisses.
La voie épidermique ou intradermique représente un mode d'administration très en
faveur a u Congo dans le traitement des affections des voies respiratoires, des céphalgies,
des courbatures et des douleurs osseuses ou musculaires d'origines diverses ainsi que des
42 A. BOUQUET
(1) DAONTY. - Les budgets familiaux dans les villages du Niari. - Rapport O.R.S.T.O.M.Scienïrs Humaines,
juillet 1965,ronho, 195 p.
(2) VINCENTJ.-F.- (Op.cit. p . 555).
DEUXIÈME PARTIE
LES SIMPLES
ET LEURS APPLICATIONS
MEDICO-MAGIQ~ES
Après avoir essayé de dégager les idées et les croyances qui ont présidé à l'élaboration
des niédecines congolaises e t en avoir décrit les pratiques les plus courantes, il me faut
maintenant étudier les simples qui sont à la base de cette médecine et en indiquer les
applications ~nédico-magiques.
Pour que ce catalogue soit plus facile à consulter, j'ai préféré ne pas tenir compte des
affinités botaniques et classer les familles par ordre alphabétique en séparant cependant les
Fougères e t les Champignons des Phanérogammes traités en priorité. A l'intérieur de chaque
famille, le classement par ordre alphabétique est maintenu pour les genres e t espèces.
Pour chaque plante! j'ai donné comme références botaniques, celles de l'herbier que j'ai
constitué sous la direction des féticheurs eux-mêmes a u moment où ils m'indiquaient les
propriétés de ces plantes e t les usages qu'ils en faisaient. Cet herbier est déposé a u Laboratoire
de Phanérogamie du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris, où il a été incorporé
à l'herbier d'hfriaue. Un double esiste au Centre O.R.S.T.O.h,Z. de Brazzaville. Certaines
espèces banales ou ciiltivées clont l'identification botanique ne pouvait donner matière à
discussion n'ont pas d'herbier de référence. 11 en est de même pour les plantes signalées par
différents auteurs et pour lesquelles je n'ai pu obtenir aucuii recoupement lors de mes
enuuêtes.
Après les références botaniques, j'indiquerais les divers noms vernaculaires de la plante
ainsi que leur signification lorsqu'elle est connue. Pour la transcription de ces noms, ainsi
que ceux des différentes ethnies, j.e me suis efforcé de suivre les règles e t les graphies indiquées
par A. JACQUOT dans son Essai. de systématisation de la graphie pratique des ethnonymes
d u Congo ( 1 ) .
En ce qui concerne les utilisations pharmacologiques des plantes je me suis borné A
n'indiquer que les renseignements recueillis au seul Congo-Brazzaville, même si la race étudiée
déborde largement sur des territoires limitrophes, car il faut des limites à toute étude.
Dans ces conditions, la littérature fournit très peu de données sur la pharmacopée
congolaise : en dehors de l'indication des plantes utilisées cornme excitants ou poison de
chasse, de pêche ou d'épreuve, les ethnologues signalent rarement les usages médicamenteux
d'un végétal correctement déterminé. A notre connaissance, il n'y a que deux publications
qui traitent de la pharmacopée congolaise avec une réelle certitude des déterminatioris
botaniques : ce sont les travaux de DESCOINGS (2) e t de SANDBERG (3) qui seront fréquemment
mentionnés dans les pages suivantes sous le simple nom des auteurs. Lorsque des renseigne-
ments cités auront une origiiie différente, ils seront référencés après chaque plante concernée.
(1) Centre O.R.S.T.O.M. de Brazzaville, Service dcs Sciences Humaines (Linguistique), multigr., p. 21, déc. 1966.
(2) DESCOINGSB. -- Essai d8lnven&ire des PlanLes hle'dicinoles d'Airiqirc fiqual»riale - Bull. de l'Institut (le
Recherches Scientifiques au Congo, vol. II, 1963, pp. 7-24.
(3) S * ~ n n s n cF. - Éluiles sur les Plantes Midicinales d ï'origues d'Afrique ï'rol)irale - Cahier d e Maboké. tome III,
fasc. 1, 1965, pp. 5-49.
Acanthus montanus (Nees) T. Anders
HERBIER: 140-Vouanza - 635, galerie foreslibre de la Loualou, km 16 route de 31ouyondzi-Kindamba -
1552 vill. de Mondeko, km 30 route de hfakoua-Ouesso.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Laadi: nzala muindo; Laali : balingaya; Mbaamba : kupa : ilibôsi : tsana
na nkoi; Bôngili: ikoku; Songo : bokaa sende, yangbe; Bomitnba: ikelede.
Espèce banale de l'Afrique Tropicale humide, A. montanus pousse aussi bien en savane
qu'en forêt dense : on le trouve au Congo, près des villages, a u x bords des routes, aussi
fréquemment que dans les régions périodiquement inondées de la cuvette congolaise ; il est
présent à la fois sur les plateaux batéké e t dans les forêts liydrophiles du Chaillu et du
Mayombe.
Dans la pratique médicale, il est recommandé, comme purgatif, de boire le décocté des
tiges feuillées et, comme calmant de la toux, de manger les feuilles accommodées en légume.
E n délayant dans du vin de palme la pulpe obtenue en les pilant, avec des tiges de
Costus, et un jeune fruit d'ananas, on obtient un liquide qui passe pour un bon remède des
uréthrites hlennorragiques. Pour faire mûrir les abcès, on applique un emplâtre fait avec
l'intérieur des tiges ou des feuilles préalablement chauffées.
Pour se protéger des démons, écraser les feuilles, mélanger le jus à du parfum et s'en
passer quelques gouttes sur les sourcils. Avec Cissus aralioides, Setaria chevalieri, Rhekto-
phyllum mirabile, la plante sert à préparer des mixtures employées pour des cérémonies de
purification et d'exorcisme.
Très commune dans les formations secondaires, autour des villages le long des routes,
dans les plantations abandonnées, cette Acanthacée est assez souvent utilisée dans la
thérapeutique locale.
Le décocté des feuilles est donné en boisson contre les courbatures fébriles, l'épilepsie,
les maux de ventre, de cœur e t la blennorragie. Le jus des feuilles est employé en instillations
nasales, contre les hémorragies, en friction, contre le torticolis et la grosse rate des enfants,
en suppositoires contre les hémorroïdes.
Dans l'Alima, il sert à masser le ventre des femmes en couches, pour faciliter le travail.
Cet Asystasia entre aussi dans divers -traitements complexes destinés à protéger les
enfants des attaques des fétiches Nzoumba ou Wuma e t des maladies qu'ils provoquent.
Cette espèce, plus ou moins lianescente, à grandes fleurs mauves, passe, dans la région
de Komono, pour faciliter l'accouchement.
Nulle part au Congo, je n'ai retrouvé son emploi comine poison de pêche, signalé, a u
Gabon, par WALKER et SILLANS.
Ce Justicia, extrêmement banal, est très souvent prescrit par les féticheurs congolais,
dans le traitement des affections cardiaques : les feuilles sont accornmodées avec de l'huile,
du sel, et consommées, comme légume, avec de la viande ou du ois son.
50 A. B O U Q U E T
Contre les douleurs rhumatismales, les épanchements de synovie, ou les œdèmes des
articulations, appliquer un emplâtre de tiges et de feuilles pilées et réchauffées; le maintenir
en place, par une bande.
Elle est répartie dans le secteur forestier sud-ouest où elle paraît remonter le I<ouilou-
Niari, depuis le Mayombe, jusqu'aux forêts de la préfecture du Pool.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Mbôsi: bernba; Bongili: bangwa; Babingu: ndolu; Rondjo: nti)ke bonge;
Bomitaba: rnokoto bonge; Songo: tongo lengr., tugenge.
Cette espèce, à très belles fleurs blanches, ns se rencontre au Congo, qu'à l'est des
plateaux batéké, dans toute la zone forestière du secteur périphérique et de la Cuvette
congolaise; elle est particulièrement abondante dans 1'Alima et dans 1'Equateur.
La décoction des feuilles dans du vin de palme est donnée à boire, contre les maux de
ventre et les empoisonnements alimentaires; la pulpe des feuillcs, préalablement passées
au-dessus du feu, sert à masser les malades atteints de bronchite; dans la Likouala, les femmes
qui veulent concevoir, doivent les manger comme légume.
(1) Déterminations botaniques effectuées par A. CAVACO(Laboratoire de Phanérogamie - Muséum national d'histoire
-
naturelle Paris).
Cyathula achrysantoides ( H . B. & K.) Moq.
I ~ E R B I E: R520 bord de la Biboté; 2008 Impfondo.
Ces deux rudérales sont indifféremment utilisées pour traiter les affections bronchiques
(douleurs intercostales, points pleuraux, bronchites); une partie de la drogue, crue ou cuite
sur des braises, est mangée avec quelques graines de maniguette, l'autre partie, pulpée, sert
à frictionner la poitrine du malade. Elles auraient aussi des propriétés antidiarrhéiques.
Les I<ôta emploient le décocté pour laver les lépreux e t les galeux; leurs plaies sont
ensuite enduites d'une pommade à base de charbon de Cyathula et d'huile de palme.
Un féticheur Icôyô, spécialiste du traitement des fractures, se sert ainsi d e ces plantes :
il en ramasse une grande quantité qu'il fait bouillir dans une marmite, avec des feuilles de
Sansevière e t un fragment de tronc de bananier coupé en morceaux. Après cuisson, il lave
la partie fracturée avec le liquide tiède, puis réduit la fracture en la massant doucement
avec les marcs et pose des attelles ou un bandage pour l'immobiliser. D'après cet informateur,
cette médication serait aussi très eficace sur la cicatrisation des plaies.
Toujours en frictions, ou en applications, le jus des Cyathula est donné comme calmant
des douleurs lombaires e t des céphalgies; leurs cendres, diluées dans de l'eau, sont données
en boisson contre la blennorragie (Descoings).
Lorsqu'un jeune homme de la Likouala veut augmenter ses chances de séduire une belle,
il doit d'abord se laver le visage avec le jus de la plante, puis mâchonner, tout en faisant sa
cour, un morceau de tige en guise de cure-dents.
Pendiaka sp.
Noni VERNACULAIRE : Téké: lekuli.
Dans tout le Nord du Congo, dans les bassins d e lYAlima,de la Sangha e t de la Likouala,
les féticheurs utilisent très souvent les bulbes de divers Crinum de forêt, d'ailleurs fréquemment
plantés dans les villages, pour leurs propriétés émeto-purgatives. Sous forme de décocté
ou plus souvent de macéré, la drogue est prescrite en boisson dans le traitement des œdèmes
du ventre, des empoisonnements, des affections broncho-pneumoniques, des troubles ovariens
ainsi que les débuts d e hernie.
Le jus du bulbe est aussi employé en friction pour soigner les enfants qui ont une grosse
rate. Comme aphrodisiaque, manger les feuilles crues avec des amandes de palmistes. Ce
remède serait aussi eficace, dit-on dans les environs de Dongou, contre les morsures d e
serpents.
54 A. BOUQUET
Haemanthus sp.
HERBIER
: 869 du vill. de XIoutampa aux bords du Congo.
Cette Amaryllidacée à fleur d'un beau rouge orangé est très souvent plantée dans les
jardins comme espèce ornementale. Dans la région de Mouyondzi elle est employée comme
l'espèce précédente pour soigner la tachycardie. Dans la Likouala elle sert surtout à confec-
tionner des philtres destinés à séduire les filles.
Commun dans les recrûs, les galeries forestières e t les formations secondaires de la
préfecture du Pool e t des bords du Congo, cet arbre est employé pour soigner les troubles
ovariens et la stérilité des femmes (elles doivent boire le décocté des écorces). Ce remède sert
aussi au traitement des diarrhées dysentériformes, de la blennorragie et des hémorroïdes.
Le décocté des racines aurait des propriétés expectorantes ou vomitives qui le font prescrire
contre la toux e t les congestions pulmonaires, ainsi que comme contre-poison. Il est assez
souvent recommandé en bains de bouche contre les gingivites e t autres affections des
muqueuses buccales.
La pulpe des écorces est appliquée en pansement humide pour soigner les œdèmcs des
jambes; délayée dans du vin de palme, elle passe pour guérir l'épilepsie.
La décoction des écorces de Manguier est utilisée en boisson et en bains de siège pour
soigner les diarrhées dysentériformes e t en bains de bouche contre les aphtes, les gingivites
et autres plaies de la bouche.
Cet arbre est très commun dans toute la zone forestière, aussi bien dans les recrûs, que
dans les galeries ou dans les forêts plus ou moins denses. Êcorces e t feuilles sont d'un emploi
courant dans la thérapeutique traditionnelle : la poudre d'écorces est consommée contre la
toux, les courbatures fébriles, les maux de côtes et l'asthénie; le décocté est donné en boisson
contre les maux de ventre, la diarrhée, les intoxications alimentaires, les états sub-ictériques
avec urines troubles e t fortement colorées, ainsi que dans le traitement des affections gono-
cocciques. E n bains de vapeur et frictions avec les marcs résiduels, elle est aussi employée
contre les douleurs rhumatismales, plus ou moins chroniqes.
Dans la région de Brazzaville, lorsqu'une jeune femme se met à ((courir après les garçons »,
parce qu'elle a été ensorcelée, il faut lui donner à boire le jus des écorces cuites dans une feuille,
pour lui faire (( vomir le fétiche )).
Sorindeia sp.
HERBIER : 290 chu1.e~de la Foulakari; 477 îorét de Baiigou; 576 bords de la Loufini.
Nonr V E R N A C U L A I R E : Laadi: nsibu, niupersi, luambakala.
Si le genre se distingue bien des autres Anacardiacées par l'anastomose très particulière
des nervures tertiaires d e la feuille, il est, par contre, très dificile, sans autre moyen de
diagnose, d e reconnaître les différentes espèces qui existent a u Congo.
Les Sorindeia sont parfois employés par les féticheurs pour soigner les affections grippales,
avec céphalgies et courbatures fébriles : le traitement consiste à boire le jus des feuilles, à
se frictionner avec la pulpe e t à prendre un bain de vapeur avec le décocté des écorces.
Dans le Mayombr, le décocté des feuilles est utilisé en bains de boiiche, comme anti-
odontalgique.
56 A. B O U Q U E T
Trichoscypha sp.
H I . : R B I E: ~608 galerie de la Loualou; 760 fcrêt galerie de la RIoabi, route de Tsiaki au bac; 1048 piste
de Bouba.
Dans des cas analogues, les féticheurs de plusieurs régions prescrivent l'emploi
d'autres espèces de Trichoscypha que je n'ai pu déterminer, faüte d'échantillons hotaniques
sufisants.
une feuille de Marantacée, pour les ramollir, ajouter du « tukula » et s'en servir comme
cataplasme; on peut aussi les délayer dans de l'eau bouillante et, enveloppé d'une couverture,
se soumettre à l'action bienfaisante de la vapeur.
La poudre d'écorces sert à panser les plaies, faire mûrir les bubons, traiter les morsures
de serpents; on la donne à manger aux épileptiques e t aux malades atteints de vertiges.
L'arbre a la réputation d'éloigner les revenants e t les mauvais esprits, d'empêcher les
cauchemars : pour protéger la maison e t ses habitants, il s u f i t d'asperger la case avec le
décocté des écorces, de mettre des feuilles dans le toit, ou d'enterrer un morceau du tronc
sous le seuil. Comme protection individuelle, il faut se laver avec de l'eau dans laquelle on
aura fait macérer des morceaux d'écorces, ou mettre des feuilles sous son matelas. C'est en
raison de ce pouvoir magique que beaucoup de féticheurs, avant de récolter feuilles ou
écorces, font une offrande à l'arbre et lui adressent une courte priére.
du Chaillu e t du Mayombe où il est assez abondant; partout ailleurs les féticheurs m'ont
montré et ne se servent que de Polyalthia suaveolens, beaucoup plus fréquent.
Les emplois de ces deux espèces sont identiques, sauf certains cas particuliers : c'est
ainsi que les Mbaamba se servent de la poudre d'écorces fraîches d'Enanthia chloranta pour
traiter les plaies; dans le Mayombe le décocté est prescrit aux tuberculeux ou aux malades
ayant des vomissements sanglants.
Punu et Lumbu utilisent le décocté des écorces en bains comme défatigant, e t en
boisson et bains de vapeur contre les rhumatismes, les douleurs intercostales et pour favoriser
la conception.
Pour rencontrer beaucoup de gibier et tirer juste, il est recommandé, avant de partir
à la chasse, de se laver avec de l'eau dans laquelle auront macéré des écorces de hloarnba
rouge.
La graine représente la partie la plus estimée de l'arbre; elle entre dans la préparation
de très nombreux médicaments dont elle renforce l'action par les pouvoirs magiques qu'on
lui attribue. Après les avoir mâchées, le féticheur les pulvérise avec la bouche sur les autres
drogues ou sur la peau d u malade.
Céphalées, rhino-pharyngites, extinction de voix sont traitées par des inhalations à base
de graines pilées; ainsi préparées elles servent à saupoudrer les plaies; on les donne à manger
comme antivomitif, apéritif e t reconstituant.
Grand arbre à écorce claire à fissures anastomosées, ce Xylopin est caractérisé par des
feuilles étroites, lancéolées, cunéiformes à la base, acuminées atténuées au sommet, couvertes
à la face iriférieure de longs poils soyeux et dorés. Les fruits se fendent à la maturité en lanières
se recourbant à l'extérieur en présentant un endocarpe rouge vif sur lequel tranchent les graines
noires.
Le décocté des écorces est prescrit comme diurétique, vermifuge et contre les maux d e
ventre à raison d'un verre par jour. Les Bôngili font boire le macéré pour prévenir les crises
d'asthme e t calmer les toux convulsives.
Lorsqu'un féticheur Mbaamba diagnostique chez un malade une affection d'origine surna-
turelle ou diabolique, il doit aller jusqu'à l'arbre, lui expliquer ce qu'il attend de ses services;
il plante au pied un bâton qu'il devra exporter avec lui après avoir prélevé les écorces. Avant
de rentrer au village, il devra jeter ce b i t o n en traversant une rivière pour que le courant
l'entraîne. Les écorces de Xybopia serviront, mélangées avec de l'huile, à frictionner le malade.
E n cas de migraines très Lenaces, certains féticheurs Laadi font respirer le jus des écorces
de ce petit arbre.
Cette liane est très fréquente dans toute la zone humide de l'Afrique tropicale; le décocté
de feuilles est donné à boire contre les maux de ventre. Il sert aussi à laver les plaies.
Très commun dans toute la région forestière, cet arbre est particulièremeiit abondant
daris les zones inondées de la Cuvette congolaise, où il existe souvent à l'état de peuplement
pur. Dans ces conditions écologiques, il ne dépasse guère une dizaine de mètres de hauteur,
alors que dans les régions exo~idéesil atteint facilement le double.
Les différents groupes ethniques s'en servent généralement pour traiter les affectioiis
génito-urinaires le plus souvent représentées chez les femmes par les leucorrhées, les troubles
ovariens e t les doiileurs post partuin e l par la blennorragie chez les hommes. Ces divers trai-
tements sont à base de latex -- plus rarement du décocté des écorces - délayé dans du jus
de canne à sucre, du vin de palme ou d'ananas et absorbé à doses fractionnées dans le courant
de la journée.
Cette médication est très souveiit complétée par la prescription de lavements, d'injections
vaginales ou urétlirales, de bains de siège, effectués avec la décoction tiède des écorces.
Accessoiren~ent,elle est appliquée aux affections gastro-intestinales telles que gastralgie,
troubles spléniques, hernie et diarrhée.
Le niacéré ou le décocté des écorces est employé en bains e t bains de vapeur pour soigner
les rl~umatisines.Le lalex est appliqué avec ou sans scarifications épidermiques préalables
sur le front contre les céphalgies et sur les abcès, bubons e t chancres. Il sert parfois au
traitement de la gale.
Cette très grande liane a des feuilles vert olive foncé, plus ou moin3 cordées à la base,
acuminées, à nervation très caractéristique : imprimées eii creux à la face supérieure, eri
relief à la face inférieure, les nervures sont anastomosées assez loin du bord du limbe; la
plante est assez commuiie dails les galeries e t les forêts claires de formation récente.
Dans la région de I<omono, les racines sont consoinniées comme aphrodisiaque tandis
que le latex passe pour tonicardiaque.
Pour éviter que l'esprit du mort ne revienne tourmenter les vivants, couper une branche
et la planter sur le tombeau.
b u v o l f i a vornitoria Afz.
HERBIER: 13 route de Kinkala; 429 Matoumbou; 292 chutes de la Foulakari; 722 vill. de Malimi à 3 km
de Tsiaki.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Laadi : n-nuunguba kuyu; Yoombe : ndududi; Kôyô : onduli; Punu : ndzienga;
Ndasa; mutsitsivu; Mbaamba : otshishilé; Tsaangi : mutsonko; Kôta : kiloto; Bôngili : induli;
Bondjo: papanda, elolo; Songo: kpékungu : Bakwil: nyadyaesap, nagasap; TékB: mungun kuyu,
mutsu entsele.
66 A. B O U Q U E T
Présent dans presque toutes les formations récentes et les recrQs forestiers, cette espèce
n'est réellement abondante, mais toujours très dispersée, que dans le nord du Congo
proximité des frontières camerounaises et centrafricaines.
Ses emplois médicinaux sont sensiblement les mêmes que ceux de Rauvolfia obscura qui
lui est en général préféré : œdèmes généralisés, maux de ventre, stérilité des femmes, blen-
norragie sont traités par l'absorption biquotidienne d'un demi-verre de vin de palme dans
lequel ont bouilli des écorces de racines.
Un mélange de poudre de racine ou de jus de feuilles et d'huile de palme est recommandé
pour soigner les plaies ainsi que la gale et la teigne; d'après l'informateur, cette thérapeutique
arrêterait la chute des cheveux et les ferait même repousser !
Le décocté de racines est employé en massage et bains de vapeur contre les rhumatismes,
la fatigue généralisée et le rachitisme des enfants, en gargarisme ou en bain de bouche contre
les gingivites et les aphtes.
vin de palme est donné à boire pour combattre la tachycardie ou les douleurs stomacales.
La pâte obtenue en le pilant avec de l'huile de palme ou du kaolin est utilisée en applications
ou en frictions pour soigner les œdèmes locaux, les rhumatismes, les douleurs localisées ainsi
que les furoncles ou les bubons.
Contre la folie, les vertiges, l'épilepsie, il est recommandé de laver les malades avec le
jus obtenu en pilant le tubercule délayé dans de l'eau.
Dans le Mayombe, le décocté de cette plante est utilisé en bains de vapeur contre la
trypanosomiase.
Cercestls sp.
HERBIER: 1600 vill. de Kati-Kati, km 20 route Ouesso-Makoua.
NOMV E R N A C U L A I R E : Sanga: longo.
Le jus de cette Aracée forestière A feuilles tachées de blanc est utilisé dans la Sangha
pour soigner la cataracte.
Colocasla sp.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Kôyô : itoko pele (taro blanc), ihika lapi (taro noir) ; Sanga : ngundu.
Dans la région de Fort-Rousset, le suc des jeunes pousses de Taros est employé en
gargarismes ou en badigeonnages contre les laryngites, amygdalites et autres affections de
la gorge.
Dans la Sangha, pour calmer les douleurs dues A une hernie, appliquer au point sensible
un emplâtre de feuilles de Taros pilées.
Très commun dans toutes les formations forestières, ce Culcasia est donné sous forme
de tisane comme antivomitif et antiabortif; le décocté sert A baigner les enfants rachitiques.
Le jus des feuilles est instillé dans l'oreille, contre les otites et la surdité; la poudre de
charbon, ou les cendres de la plante entière sont prisées pour calmer les céphalgies.
Çulcasia yyumgambiensis Louis et Mullenders
HERBIER: 1752 Mts Ndoumou, après le vill. d'Isiélé.
NOM V E R N A C U L A I R E : Mbaamba: susoi.
Dans la région de Komono-Zanaga, on frictionne les enfants fiévreux avec la poudre de
feuilles shches.
Telosma sp.
HERBIER
: 555 vill. de Makana.
NOMV E R N A C U L A I R E
: Laadi : munfula.
Dans la région de Brazzaville, cette liane est utilisée par certains féticheurs pour soigner
les fous : le traitement c o m ~ r e n ddes instillations oculaires du ius des feuilles et l'absor~tion
biquotidienne d'une tisane préparée avec un mélange de tige de Telosma et des écorces de
Milletia laurentii.
(1) Déterminations botaniques confirmees par N. HALLP (Laboratoire de Phanérogarnie - Muséum national d'histoire
naturelle - Paris).
72 A. BOUQUET
Le genre est très largement représenté dans la flore forestière congolaise; sans jamais
former de peuplements importants, il pousse par pieds isolés, parfois groupés en touffes de
1 à 2 mètres carrés (comme aux chutes de la Bouenza par exemple) dans presque tous les bas-
fonds très humides, aux bords des sources ou des rivières. Ce sont des plantes très rustiques,
qu'il n'est pas rare de voir croître dans une anfractuosité de rocher ou entre deux planches
de pont.
I . niamniamensis est de loin l'espèce la plus répandue e t aussi la plus facile à identifier
par ses fleurs à petits pétales blanc verdâtre e t à sabot rouge violacé complètement retourné
sur lui-même. Les autres espèces sont beaucoup plus rares.
Les Impatiens sont employées, sous forme de cataplasmes ou de pansements humides,
pour soulager certaines affections particulièrement douloureuses telles que panaris, migraines
très violentes, douleurs des articulations. Les feuilles sont consommées comme légume pour
soigner les affections cardiaques ou les maladies très graves dues aux attaques de mauvais
esprits, de sorciers ou de divers fétiches.
Espèce épiphyte pouvant atteindre un mètre de hauteur, ce Begonia est fréquent dans
toute la zone forestière de la frontière ccabonaise.
,
Kôta et Téké l'utilisent Dresaue exclusi-
L
Espèce typiquement gabonaise, l'okoumé voit au Congo les limites sud de son aire de
répartition géographique représentées par le massif du Chaillu et le nord du massif du
Mayombe. Il est particulièrement abondant et exploité industriellement dans les régions
de Divennie et de Mossendjo. D'après les renseignements que j'ai pu recueillir auprès de
forestiers et de personnes habitant depuis longtemps ces régions, l'okoumé aurait tendance
& se propager vers le sud; on trouverait actuellement des individus plus ou moins isolés le
long de la Bouenza après Sibiti et dans le bas Mayombe, bien après le Kouilou et même
au-del& de la ligne de chemin de fer Brazzaville - Pointe-Noire.
Les thérapeutes locaux préparent avec les écorces d'okoumé une tisane antidysentérique
et antihémorragique particulièrement recommandée dans les cas de dysménorrhée et
d'hémorragies post partum; cette décoction agirait comme calmant des toux convulsives
et des quintes coquelucheuses.
Par voie externe, toujours sous forme de décocté, l'okoumé est prescrit en bains de
bouche et gargarismes contre les gingivites, amygdalites, aphtes et même les caries dentaires.
Dans le traitement des métrites, vaginites et autres infections plus ou moins purulentes, il
est ordonné en injections vaginales deux fois par jour.
Ces différents emplois sembleraient indiquer une action antiseptique et analgésique
peut-être en relation avec la présence dans l'écorce et le bois, comme d'ailleurs chez toutes
les Burseracées, d'huiles essentielles et de résines.
Sandberg signale l'emploi de (( l'écorce contre la gale et de la racine râpée et cuite en cata-
plasme sur les adénites ».
atteints de blennorragie.
L'eau, dans laquelle on a fait bouillir des morceaux d'écorce, est utilisée pour laver les
enfants fiévreux ou ceux qui ont des convulsions. Certains féticheurs traitent, de la même
façon, les malades trypanosomés ou œdémateux.
Qcnandropsis pentaphylla D. C.
HERBIER: 1044 bord de la Fouln, 5 km de Komono.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Kôyô: matui; Tékd: osani; Songo: mudzueye.
Dans la préfecture de l'Équateur, la plante sert comme la précédente pour soigner les
affections auriculaires.
Dans la Likouala, la pulpe obtenue en écrasant les feuilles avec Pouzolzia guineensis
et de l'huile de palme est appliquée localement pour traiter le goitre.
La plante est considérée par le Téké comme un remède des indigestions et des intoxications
alimentaires (Descoings).
Elle est aussi consommée comme légume ou comme condiment pour parfumer les sauces.
Sous le nom de Ndoucié, Afzelia pachyloba est exploité industriellement dans le Mayombe
où il est assez commun. En médecine locale on soigne les maux de reins par des massages avec
la décoction d'écorces.
Petit arbre relativement fréquent dans les sous-bois au bord des cours d'eau ou dans
les endroits relativement humides, ainsi que dans les galeries forestières. Les feuilles sont
composées de 2 ou 4 paires de folioles remarquables par un acumen atteignant facilement
1,5 cm de long, nettement émarginé au sommet; la face inférieure, de couleur dorée, est
d'autant plus brillante que les feuilles sont plus jeunes.
Contre les ophtalmies, laver les yeux avec le jus des jeunes feuilles; on peut aussi
l'appliquer localement pour soigner les œdèmes des jambes.
Anthonotha sp.
HERBIER : 1980 vill. de Mboti-Sounga après Tchiséka, sous-préfecture de Bas-Kouillou; 1993 Sindou-
Nkola, chantier Robin.
NOM V E R N A C U L A I R E : L u m b u : makaya mafioti.
Arbre de 6 à 7 m de hauteur très ramifié, cette espèce a une gousse allongée épaisse
couverte de poils fauves e t ornée de trois plis longitudinaux. Dans le Mayombe, on soigne les
affections bronchiques avec la décoction des écorces donnée en boisson à raison de trois
cuillerées à soupe par jour.
Anthonotha sp.
HERBIER: 860 du vill. de Moutampa aux bords du Congo.
NOM V E R N A C U L A I R E : Koongo : kimbienga.
La décoction des écorces de cet arbre est employée, dans la région de Brazzaville, en
boisson et en bains de vapeur, pour soigner les œdèmes et les maux de côtes.
anciennes et chroniques; les féticheurs de la vallée du Niari s'en servent dans celui de
l'hématurie e t de la bilharziose.
Introduit comme arbre d'ornement cet arbre est parfois naturalisé dans les recrus autour
des villages; le jus des écorces est donné en boisson contre les maux de reins et de ventre :
cette thérapeutique serait particulièrement violente et de ce fait réservée aux adultes car
elle pourrait être dangereuse pour des enfants.
Çynometra sp.
HERBIER
: 1321 forêt km 24 route de Mossendjo à Mayoko.
Les Kata font gargariser les gens qui ont mal aux dents, avec de l'eau dans laquelle on
a fait bouillir des morceaux d'écorce de cet arbre.
Caractérisé par un fût très droit à rhytidome lisse, blanc marqué de brun, cet arbre est
assez commun dans les galeries forestières de 1'Alima e t du Kouyou ainsi que le long des cours
d'eau de la zone forestière de la préfecture de Sangha; je ne l'ai jamais rencontré dans le
secteur périodiquement inondé de la Cuvette congolaise.
De Gamboma à Ouesso il est extrêmement réputé pour le traitement des maux de ventre,
de l'ascite ainsi que des hernies; il aurait une action éméto-purgative énergique.
D'après certains féticheurs, le jus des écorces calmerait les fous. Il est parfois administré
en boisson e t en bains comme remède de la lèpre.
Daniellia sp.
HERBIER: 372 rive gauche de la Foulakari.
Nom V E R N A C U L A I R E : Laadi : mukuma.
Lorsqu'une femme a fait plusieurs fausses couches, elle doit pour mener à bien une
nouvelle grossesse, boire et utiliser en bains de siège, la décoction aqueuse des écorces de ce
grand arbre.
Griffoniaphysocarpa Baill.
HERBIER: 832 vill. de Massia, route de Tsomono; 918 vill. de Madingou, route IComono-Zanaga.
Très largement naturalisé dans toute l'étendue du Congo C. ambrosioides existe dans
presque tous les villages, au bord des routes principalement dans les régions de savanes.
Il est assez curieux de constater que seules les populations implantées au Congo depuis
une date relativement récente l'utilisent à des fins thérapeutiques.
Laadi, Koongo, et Suundi considèrent la plante comme un bon remède des fièvres
enfantines, surtout lorsqu'elles sont provoquées par des sorts ou des violations de totems
ou de tabous : le traitement consiste à baigner le petit malade avec de l'eau dans laquelle
on a fait bouillir C. ambrosioides, Ocimum sp., micrococca mercurialis, afrun~omumsp.
Dans la province de l'Équateur, pour calmer les œdèmes et les douleurs locales, on
applique, en massant, le jus obtenu en écrasant les feuilles entre les doigts ou les paumes
des mains; aspiré, ce liquide apaiserait les céphalées les plus violentes.
Une seule fois la plante nous a été donnée comme vermifuge (jus des feuilles en lave-
ment) mais, étant donné notre informateur, il s'agit vraisemblablement de l'adaptation
africaine d'une médication classique.
D'une façon très générale, la plante passe pour éloigner les serpents et éventuellement
en guérir la morsure.
(1) Détermination botanique effectuée par M . LIVEX (Jardin botanique de I'fitat - Bruxelles).
88 A. BOUQUET
de grandes dimensions, sont opposées ou verticillées par quatre; les nervures, bien marquées,
sont réunies par un réseau de nervilles parallèles; les inflorescences, formées de petites fleurs
blanchâtres sont terminales; les fruits, totalement aptères, ont la forme d'une petite poire
de 5 à 6 cm de long, à téguments très durs et entièrement recouverts d'une pubescence fine
et dense marron clair.
Cette espèce décrite d'après des échantillons originaires de l'Angola, n'était pas connue
au Congo : on la trouve dans le Mayombe et dans les forêts reliques du plateau des Cataractes;
elle remonte jusqu'à la frontière gabonaise en suivant la vallée de la Bouenza, celle de la
Louéssé et les forêts du Chaillu.
Si peu de féticheurs connaissent la liane, tous, par contre, considèrent le fruit comme
un des é16ments indispensable à toute préparation médico-magique : ils sont de ce fait
couramment vendus sur les marchés de Brazzaville, dans les échoppes spécialisées en ce genre
de marchandises.
La graine est parfois employée seule : c'est ainsi que dans le traitement des plaies
ulcérées, des chancres et des bubons, il est indiqué, après avoir bien nettoyé la plaie, de la
saupoudrer avec l'amande pulvérisée. En cas de douleurs très violentes mais localisées, ou
d'œdèmes plus ou moins diffus, il faut d'abord pratiquer de légères scarifications de l'épi-
derme, puis appliquer en massant doucement cette même poudre.
Réf. : Exell (A. W.) et Garcia (J. G.) : Uma noua espécie dogenero Combretum Loefl.
Estudos cientificos oferecidos en homenagem ao Prof. Doutour J. Carrington da costa Lisboa
- Março 1962, Trabalhos do centro de Botânica da Junta de Investigacbes do ultramar -
no 9.
Les Yoombe raclent la ~ a r t i einterne des écorces au'ils font macérer dans de l'eau: ce
produit est employé en bains de bouche pour traiter les gengivites ou les aphtes.
Dans la Sangha, les écorces passent pour avoir des propriétés émétiques ou expecto-
rantes : seule ou en mélange cette drogue sert à soigner les affections broncho-pneumoniques.
Les Bekwil utilisent le macéré des écorces contre les gonflements et les douleurs géné-
ralisées (Sandberg).
Les Vili emploient des écorces pour teindre en noir les feuilles de Pandanus avec les-
quelles ils font des nattes.
Palisota sp.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Laadi : maboombo, mboombo, mpuku mwivi; Beembe : sande wuko; Yoombe:
sala; Vili : vuvuma; Tié : mugnogriori; Laali : mugnoto, mononoto, bomoono; Y a a : lekirne,
lobonogo; Kôta: nvunabongo; Punu : wawanda; Ndasa : ilitite; Mbaamba : litite; Mbôsi : Ieeti;
Kôyô: ilinde; Mbôsi, Kôyô, Akwa : ilerere; Sanga : djototo, etela; Enyélé : litoto; Songo : bobolo;
Bôngili: iletete, mabudja.
Il existe au Congo de nombreuses espèces de Palisota, dont certaines sont encore très
mal connues (Herbiers no 728, 736, 1753) mais toutes plus ou moins employées par les
féticheurs qui les rangent en deux catégories :
Le Palisota plus ou moins grimpant, à petites feuilles et à inflorescence lâche dont le type
pourrait être P. ambigua Clarke (Herbier no 157).
Le Palisota, en général rampant, très grandes feuilles et à grosses inflorescences pouvant
atteindre les dimensions d'un épi de maïs dont le type le plus commun serait P. schwein-
furthii Clarke (Herbiers no 258, 1101).
Il est assez remarquable de constater que selon les régions les mêmes maladies sont
alternativement traitées avec l'une ou l'autre de ces plantes-types, il semblerait pourtant
que le P. schweinfurthii soit employé de préférence lorsque la drogue est représentée par la
pulpe obtenue en raclant l'intérieur des tiges ou en écrasant les fruits.
FÉTICHEURS ET MEDECINES TRADITIONNELLES D U CONGO (BRAZZAVILLE) 91
D'une façon très générale le décocté des feuilles est donné à boire à raison d'un ou deux
verres par jour contre les maux de ventre, de reins, la stérilité des femmes et comme ver-
mifuge. Le jus des fruits, délayé dans du vin de palme est administré contre les œdèmes.
La pulpe des fruits est utilisée en frictions contre les maux de côtes, de reins, les céphalées
et en cataplasme contre la teigne, la gale et dans certains traitements de la hernie.
E n raclant l'intérieur des grosses tiges, on obtient une pâte gluante qui est appliquée
sur les blessures ou les plaies récentes comme hémostatique et cicatrisant; dans le même but,
certains féticheurs se servent plutôt du jus obtenu en écrasant les feuilles préalablement
ramollies au-dessus d'une flamme. Cette pulpe chaude sert souvent de pansement humide
pour faire mQrir les furoncles ou les abcès.
Avec les jeunes pousses, les femmes de la Sangha préparent des ovules qu'elles utilisent
comme désinfectant génito-urinaire dans les cas de vaginites ou métrites d'origines diverses.
Très généralement au Congo, il est recommandé pour lutter contre l'anémie de
consommer, en légume, des feuilles ou des fruits de Palisota. Pour soigner les morsures de
serpents on peut appliquer, après avoir débridé la plaie et aspiré le venin, un emplâtre de
tiges mâchées extemporanément.
Espèce suffrutescente velue, à fleurs pourpres, cette plante est abondante dans les savanes
découvertes. Le jus des feuilles est administré en collyre ou en gouttes lorsqu'on souffre des
oreilles, des yeux et surtout de la tête; il sert à frictionner la poitrine des malades ayant une
affection broncho-pulmonaire, médication d'ailleurs complétée par la prescription de tisane
de feuilles en boisson.
Les Mbôsi prétendent que le jus de la plante, en instillations nasales, est capable de
réveiller un mort. Descoings rapporte que les piroguiers s'en servent pour se protéger des
crocodiles.
Cette espèce, très largement répandue sous les Tropiques, est considérée dans tout le
Congo comme un excellent médicament des ophtalmies, des états grippaux avec courbatures
fébriles et céphalgies : on administre le jus des feuilles en gouttes nasales ou oculaires et on
en frictionne la cage thoracique du malade. Accessoirement on s'en sert, toujours sous forme
de gouttes nasales, pour soigner les vertiges, les crises d'épilepsie et les fous.
Certains féticheurs Laadi préparent avec les feuilles séchées des cigarettes médica-
menteuses pour les tuberculeux ou les asthmatiques.
Très commune dans le plateau des Cataractes, où elle constitue parfois entre Brazzaville
et Kinkala des peuplements purs, cette Composée arborescente trouve son application dans
le traitement des douleurs généralisées, des courbatures fébriles et des troubles de la vue :
le jus obtenu par expression des feuilles ou des écorces est donné soit à boire, soit en collyre.
Pour retenir une femme que l'on aime, rouler une cigarette avec des feuilles sèches : la
fumer en récitant le nom de la belle et en ajoutant : ((reste en moi, comme cette fumée entre
dans mon corps ».
Cette espèce arbustive est assez commune dans les recrûs forestiers et les plantations
abandonnées des zones forestières; le jus sert au traitement des affections gastro-intestinales
et de la blennorragie. Dans la Likouala on prépare avec les feuilles une lotion antisporique.
Agelaea sp.
HERBIER : 1221 vill. de Moudassi.
NOMV E R N A C U L A I R E : Laali : inkilikalaka.
Dans les environs de Mouyondzi, cette liane est employée pour traiter la dysmennorhée
(décocté des écorces en boisson); d'après certains féticheurs ce remède serait aussi aphro-
disiaque.
98 A. B O U Q U E T
Byrsocarpus sp.
HERBIER: 634 galerie de la Louaiou, k m 16 route Mouyondzi-Mayama.
Nonr V E R N A C U L A I R E : Laali : kwaka.
Le décocté des feuilles de cette liane est donné h boire pour soigner les maux de côtes.
Gnestis ferruginea DC .
HERBIER: 351 Kinlcala depuis la Voula jusqu'à 15 kin de Hamon 424 Hamon.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : L a a d i : mukubi; K ô y ô : isoondo, peso etseke mina (qui lave les dents); Bondjo:
mukiebu kietu, musiele; Enyélé : kwayo.
Commun dans les recrus forestiers, la plante entière et plus particulièrement les fruits
sont réputés dans tout le Congo comme médicament des affections bronchiques en particulier
de la coqueluche et de la tuberculose : le fruit est pilé, puis mis à bouillir dans de l'eau; une
partie du produit obtenu est donné h boire, l'autre sert h faire des bains de bouche ou des
gargarismes.
Dans la région de Fort-Rousset le macéré du fruit est parfois utilisé pour traiter la
dysménorrhée.
Pour avoir des dents plus blanches, il est recommandé de les frotter tous les jours avec
la partie externe du fruit.
Les Kôyô préparent avec le tubercule de patate, les feuilles de Cassia occidentalis e t les
écorces de Bridelia ferruginea une tisane purgative.
Le jus des feuilles est utilisé, près de Zanaga, en frictions contre les œdèmes locaux;
il est instillé dans l'œil contre les filaires. Chez les Kôyô le décocté aqueux est donné A boire
aux femmes atteintes de dysménorrhée; pris au moment de l'accouchement il favorisait
(1) DBterminations hotaniques effectuees par H. HEINE(Muséum national d'histoire naturelle - Paris).
100 A. B O U Q U E T
Descoings signale que les Téké consomment les feuilles comme somnifère.
Le jus des racines aurait une action insecticide ou parasiticide; il est parfois donné en
boisson ou en lavement comme anthelmintique, en instillations oculaires contre les filaires
lorsqu'elles passent dans le tissu conjonctif de l'uril; il sert aussi à badigeonner les bois des
lits ou des armoires pour éloigner les punaises ou les cancrelats.
Pour calmer les fous, il faut leur donner à boire matin et soir une cuillerée à café du
décocté des racines. Pour éviter les cauchemars ou les rêves érotiques, boire le soir avant de
se coucher un verre du macéré dans du vin de palme d'un mélange de racines de Cogniauxia
et de Rauvolfia oomitoria.
Le décocté de cette plante, ainsi d'ailleurs que les espèces afines, est employé, dans
la région de Komono, pour laver la figure des fous.
D'après Sandberg la cendre de la racine est utilisée pour le traitement des plaies et de la
conjonctivite.
La décoction des tiges est donnée 21 boire pour soigner les vertiges e t la hernie. Contre
les céphalées se frictionner la tête avec la pulpe des feuilles préalablement passées au-dessus
du feu.
Assez fréquent dans les forêts de la Sangha, où il pourrait être exploité commercialement,
l'ébène est ~ a r f o i sutilisé comme médicament: les troubles ovariens constituent l'indication
principale de cet arbre; le décocté des écorces y est prescrit en boisson e t en lavement.
Pulvérisées, elles sont appliquées sur les plaies. Le jus des feuilles sert, en instillations
oculaires, a u traitement des ophtalmies purulentes.
C'est dans le bois d'un jeune ébène que les chasseurs de la Sangha et surtout de la
Likouala taillent leurs arbalètes.
Petit arbre remarquable par ses inflorescences cauliflores formées de fleurs blanches B
calice acrescent e t d'une très agréable odeur de jasmin.
Les Babinga de Ouesso se servent des écorces pour soigner les maux de côtes; le mode
d'emploi est identique à celui d e D. alboflavescens.
Dans le massif du Chaillu, cette espèce porte les mêmes noins e t a les mêmes usages qiie
A. floribunda.
Dans la Sangha, on soigne les céphalgies avec le jus des feuilles administré en instillations
nasales, ou appliqué sur les tempes après scarifications épidermiques.
Le décocté des écorces de ce petit arbre est administré à raison d'un verre trois fois par
jour dans les cas de dérangements intestinaux.
Antidesma sp.
IIERBIER: 701 vill. de Nkiiigub, km 9 de Mouyoridzi, sur la route de la BIission Catliolique.
NOM V E R N A C U I . A I R E : Beembe : l<ihakiamusitu.
Les racines de cette espèce, vraisemblablement nouvelle, servent dans la région de
Mouyondzi pour traiter les rriaux de ventre.
Très souvent la poudre des écorces additionnée ou non de kaolin sert a u traitement des
plaies.
Dans la région de Mouyondzi, les Laalis mangent les feuilles comme tonique et défatigant
en cas d'effort prolongé ou de longue marche à accomplir. Les Vili se servent des feuilles en
applications pour faire mûrir les furoncles.
Croton sp.
HERBIER: 916 vil]. de Madingou, route Komono-Zanaga; 1116 vill. de Mouyabi 1, route Komono-Zanaga;
1413 piste forestière à 3 km de Mayoko jusqu'à la Louéssé.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : A7dasa : isisangu; M baam bu : sisaani; Nzabi : libimbi.
Dans les régions de Komono et de Mossendjo, les écorces de ce petit arbre sont employées,
en boisson, comme emménagogue et, en applications locales, sous forme d'emplâtre, préparé
en les mêlant à des graines de nianiguette, de Monodora myristica et de l'huile de palme,
contre le pian.
Cet arbre se rencontre un peu partout dans les forêts congolaises, mais il est toujours
très dispersé.
Il est employé dans le traitement des affections gastro-intestinales ou hépatiques, sous
forme de tisane à boire le matin à jeun, ou de jeunes feuilles à manger en salade, assaisonnées
de sel et d'huile.
Dans le bas Kouilou, pour traiter les fous, on leur donne à priser une poudre préparée
avec les écorces de Dichostemna glaucescens, un nid entier d'eucophiles (fourmis comprises)
et des fourmis cadavres.
Chez les Kôta, le mélange de feuilles de Dichostemna, de Piper guineense et de Tetror-
chidium didymostemon est consommé comme légume dans les cas de gastralgie avec crachements
de sang.
Le décocté des écorces est donné en boisson pour calmer les quintes de toux convulsives
et les douleurs gastro-intestinales en cas d'intoxications alimentaires. Les Babinga l'utilisent
comme vomitif.
La poudre d'écorce sert a u traitement des plaies.
Dans la région de Brazzaville, le décocté des écorces de ce petit arbre est prescrit en bains
de bouche contre les rages de dents, et en lavement contre les douleurs rénales. Les feuilles
servent à masser le cou en cas de torticolis.
Drypetes gossweileri S . Moore
HERBIER : 976 Ngokamina II, route de Komono; 1173 vill. de Kiminzouala, km 1 5 route Zanaga-Sibiti;
1215 vill. de fifoukassi; 1573 vill. de Ouesso-Mbila; 1588 forêt entre Ouesso et les u Plantations de
la Sangha *.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Laali: munkomo; V i l i : yungu, kisasata; Ndasa: musandzu; Mbaamba: osandzu;
Bongili : ngama, ingama; Sanga : keuo; Bekwil : lekwot, ekuot.
Grand arbre pouvant atteindre 30 ou 40 m de hauteur, à gros fruits, t o u t à fait remar-
quable par l'odeur de son écorce, extrêmement voisine de celle des racines de Pentadiplendra
brazzeana, mélange curieux de raifort e t de salicylate de méthyle.
Il existe dans toutes les forêts denses du Congo, sauf dans la partie centrale de la Cuvette
congolaise qu'il paraît soigneusement contourner; en effet Tisserant signale sa présence dans
les forêts d u sud de la République Centrafricaine; Sandberg l'a trouvé entre Ouesso e t Sembé;
personnellement je l'ai vu plus au sud entre Makoua e t Ouesso, puis à plusieurs reprises
dans le massif du Chaillu e t la vallée de la Bouenza. Dans le secteur côtier d u Mayombe, je
l'ai rencontré à la frontière du Cabinda e t après avoir traversé le Kouilou, au village de
Tchisséka où un magnifique exemplaire, écorcé jusqu'à hauteur d'homme, se trouve à l'entrée
du village.
..
Les indications thérapeutiques rappellent beaucoup celles du Pentadiplendra dont il
porte parfois le nom : l'écorce est employée contre les céphalées, les douleurs intercostales,
les maux de reins, les broncho-pneumonies, et autres algies, sous forme d'une pommade
obtenue en la pilant avec de l'huile de palme : elle agirait comme révulsif.
Per os, la poudre d'écorces est parfois utilisée comme aphrodisiaque e t antiblennorragique :
elle est absorbée à l'intérieur d'une banane plantain cuite sous la cendre.
Dans la Sangha, le décocté est prescrit enlavement comme vermifuge e t en bains contre
les fièvres des jeunes enfants.
De même que les racines de Pentadiplendra, les écorces de Drypetes gossweileri ont la
réputation d'éloigner les serpents : il s u f i t d'en conserver un morceau dans le toit de la case,
ou de répandre autour de l'endroit à protéger (poulailler par exemple) l'eau dans laquelle
on les a fait bouillir.
Drypetes sp.
Dans la région de Mossendjo, les écorces sont employées comme expectorant et vomitif
dans le traitement de la toux et des empoisonnements. D'une façon plus générale, les feuilles
servent, soit sous forme de décoction, soit après cuisson en légume contre les maux de ventre
el les débuts de hernie.
Dans la Sangha, le latex est recommandé comme purgatif en mélange avec du jus de
canne à sucre pour en diminuer la toxicité.
A la suite d'A. Chevalier, je rapporte à cette espèce, une Euphorbe cactiforme épineuse,
plantée dans de très nombreux villages, à une époque plus ou moins ancienne en raison de
ses propriétés médico-magiques.
Le latex, comme celui des autres Euphorbia crassulentes ou cactiformes, passe pour un
purgatif violent et dangereux à n'employer que dans les cas graves.
Les Duma s'en servent pour soigner l'épilepsie : le traitement qui consiste à boire quelques
gouttes de latex délayées dans du vin de palme doit se faire uniquement pendant les périodes
de lune croissante qui favoriseraient les crises.
Le caractère sacré de cette plante est encore bien marqué, les Téké qui honorent la
plante, lorsqu'ils en ont besoin, par l'offrande d'une pièce de monnaie, ou de trois bâtorinets
symboliques accompagnés d'une courte prière pour expliquer à la plante les raisons du
prélèvement que l'on va effectuer, e t ce qu'on attend d'elle.
Les Laadi se servent parfois de cette rudérale pour soigner les affections broncho-
pneumoniques : boire trois fois par jour un verre du décocté de la plante entière.
Plantée dans de très nombreux villages, cette euphorbiacée arbustive est réputée non
seulement pour la toxicité de son latex, mais aussi et surtout pour protéger de la foudre.
Indications et posologie du latex sont identiques à celles des espèces précédentes :
ascite, œdèmes généralisés, constipation opiniâtre sont traités par 3 à 4 gouttes de sève
délayée dans du vin de palme ou battue avec un œuf entier, ou incorporée à un plat d'oseille.
La plante est parfois employée comme ichtyotoxique.
Lingelsheimia sp.
HERBIER: 1093 vill. de Moukima, route Komono-Moetché.
NOMV E R N A C U L A I R E : Ndasa : mubanguku.
Cet arbuste, extrêmement typique avec ses tiges ailées, ses feuilles A petites stipules
caduques, est rare; il ne m'a été signalé qu'une fois, dans le massif du Chaillu, par un féticheur
Ndasa qui s'en sert pour soigner les enfants qui ont une grosse rate : la médication comporte
l'absorption du jus ou du décocté des feuilles et l'application aux points douloureux, d'un
cataplasme préparé avec les feuilles pilées avec des noix de kola et réchauffées au-dessus du feu.
Microdesmis sp.
HERBIER: 243 route de Toiikama, bord de la rivière sur la route de droite (échantillon stérile).
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Laali : mupinpina, muyingi; Y a a : mulima; Tié : osaa mpama; Nzabi : mupe-
pinda; Ndasa : kutii; Kôta: muyombi; Mbaamba: nkuti; P u n u : mubayila; Kôyô : lembanga lakolo;
Bongili: isudumbala; Bondjo : mulange, mupulu kutu; Bondjo, Enyélé : Songo : Bomitaba, musu-
kumbala, mutshumbala; Babinga : pipi; Laadi : nkaadi; Koongo : kikwama.
Très fréquents au Congo, les Microdesmis se rencontrent dans les vieilles jachères, les
recrûs, les bosquets déjà fermés, les galeries forestières, les sous-bois des forêts denses, sans
boisson, d'abord par cuillerées, puis par fractions de verre; pour les bébés encore au sein,
il faut enduire le bout du sein de la mère avec quelques gouttes de sève que l'enfant absorbera
en têtant.
Chez l'adulte, le Plagiostyles est plus généralement utilisé pour soigner les affections
broncho-pneumoniques e t les courbatures fébriles (décocté en boisson). Les écorces ont une
action révulsive et vésicante; incorporées à de l'huile de palme ou à du kaolin, pour éviter
les escares, elles sont employées en applications ou en frictions, dans le traitement externe
de toutes sortes d'algies, plus ou moins localisées : maux de côtes, de reins, céphalées, rhuma-
tismes, courbatures, etc. Pour calmer les fous et les agités, les Koongo leur administrent le
jus de la plante per os et les lavent avec la décoction aqueuse des écorces. Les Téké se
servent de la plante pour ralentir les battements du cœur.
Pour tuer les filaires qui sont dans le tissu conjonctif de l'œil, employer la sève comme
collyre; comme remède des morsures de serpents, appliquer sur la plaie les écorces pulpées;
on peut aussi en frictionner les galeux.
E n plus de ses propriétés médicinales, l'arbre est considéré comme un puissant fétiche :
c'est ainsi que, chez les Kôta, le sanctuaire secret du fétiche Nzobi est toujours installé sous
un Plagiostyles de belle taille et bien isolé. C'est sous cet arbre que le « Kaani » s'installera
pour rendre ses oracles e t ses jugements. Très nombreuses sont les formules de sorts, philtres
ou charmes, à base d'écorces de Plagiostyles, destinées à combattre les ennemis ou A se protéger
des attaques d'autrui.
Cet arbuste est très commun dans les sous-bois forestiers de la Likouala; les feuilles,
vert glauque, à limbe décurrent sur le pétiole, sont marquées d'un réticulum typique. Très
réputées auprès de féticheurs Bondjo, Bomitaba et Songo, pour leur propriétés purgatives,
les racines sont consommées fraîches, rapées avec des noix de palme ou du riz.
Cette espèce m'a été indiquée, dans la région de Komono et sur la route de Makoua A
Kélé, comme purgatif très énergique à employer avec précaution.
Ricinodendron heudelotii (Baill.) Pierre ex Heckel. subsp. africanum (Mü11. Arg.) Léonard
HERBIER
: 961 vil]. de Makabala, route Komono-Sibiti; 1946 Kakamoeka, chantier S.F.N.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : V i l i , Yoombe : musangala, nsangala; Ndasa : musisango, sisongo; Mbaamba :
osongo; Lumbu: sanga sanga; Punu: mugembi; Laali: musanga : Y a a : mungele : Kôyô: musongo;
Nzabi : musimbe; M bôsi : songo; Bongili : isongo
Espèce de forêt dense que l'on retrouve aussi dans les recrûs et les vieilles jachères, cet
arbre est très souvent planté dans les villages comme piquet de clôture, puis conservé, après
son bouturage, comme arbrc d'ombrage. Il est à noter que les Congolais savent que les graines
sont comestibles mais ils ne les mangent qu'accessoirement et sans les apprécier.
Les indications médicinales de cet arbre sont très nombreuses et varient d'une région
à l'autre :
En boisson, la décoction des écorces est administrée contre la toux, la blennorragie,
les règles douloureuses et comme contrepoison.
A. B O U Q U E T
En lotions et en bains, elles sont prescrites comme fortifiant aux enfants rachitiques
ou prématurés et pour soigner les rhumatismes et les œdèmes.
La pulpe des feuilles ou des écorces est utilisée en applications contre les mycoses et
pour faire inûrir les abcès, furoncles et bubons. Le suc que l'on obtient par expression est
instillé dans l'œil contre les filaires et les ophtalmies.
Phyllanthus sp.
HERBIER : 1130 de Mafoula à Misasa-Batéké; 1367 Mayoko, piste après la Gendarmerie; 1407, 1426,
piste forestibre de Mayolio à la Louéssé.
Noms V E R N A C U L A I R E S : Y w : obe ontshe; Tié : legenge, mbenge; Tkkb: limpeti; Nzabi : ikuli, buloange.
Arbuste lianescent assez fréquent dans la Bouenza-Louéssé, où il est employé par les
Téké et par les Duma pour soigner la blennorragie et les maux de côtes : le traitement
consiste à manger les feuilles accommodées en légume avec huile, sel, poisson ou viande;
elles auraient un goût acidulé rappelant celui de l'oseille.
Dans la région de Zanaga, le jus des feuilles ou des écorces, mélangé à de la canne à
sucre, est donné à boire, à raison d'un verre matin e t soir, aux malades syphilitiques.
la médication est complétée par la prescription de hains de vapeur toujours avec le même
décocté et de frictions avec les marcs résiduels.
La stérilité des femmes ainsi que leurs troubles ovariens, la dysenterie et les empoison-
nements alimentaires sont justiciables d'une thérapeutique à base d'écorces de racines ou
de tronc d'Uapaca, toujours utilisées sous forme de décoction à boire dans la journée.
Ce même produit sera utilisé en bains de bouche et gargarismes contre les maux de
dents, en bains de vapeur contre les rhumatismes et les œdèmes locaux, en lavement contre
les hémorroïdes, et en bains, comme fortifiant des enfants rachitiques ou prématurés.
La pulpe des feuilles ou des écorces mélangée à de l'huile de palme est employée en
applications contre les furoncles et les migraines, en frictions pour fortifier les enfants qui ne
marchent pas et en complément de traitement pour les douleurs rhumatismales.
Dovyalis sp.
HERBIER: 1147 piste de Gonaka à Antangui.
NOMV E R N A C U L A I R E : Yaa : kingma.
Cet arbuste épineux, à feuilles légèrement dentées, asymétriques et velues, est employé
dans la région de Zanaga pour soigner la blennorragie : la plante est d'abord passée au-dessus
du feu, puis écrasée et malaxée dans de l'eau; après filtration, le liquide recueilli dans un
verre est absorbé dans le courant de la journée.
(1) DBterminations botaniques enectuées par H. JACQUES-FÉLIX(Muséum national d'histoire naturelle - Paris).
Digitaria sp.
HERBIER: 898 bords du Djoué.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Koongo : matiabu tiabu.
Le mélange de cette plante e t de « Palette de peintre » sert à préparer une tisane diurétique
Les Kôta utilisent la plante pour soigner les traumatismes de l'œil : passer les feuilles
au-dessus d u feu pour les ramollir, ajouter un peu de sel, écraser entre les doigts e t mettre
le jus sur la taie : ce traitement serait spectaculaire à condition d'être appliqué immédiatement.
Dans le Mayombe, les feuilles de ce Paspalum, de divers Macaranga et de Renealmia
servent à la préparation d'un bain de vapeur destiné aux malades fiévreux. Les Téké font,
avec le jus de la plante e t de l'huile de palme, une pommade, qu'ils appliquent a u x points
douloureux, après avoir légèrement scarifié l'épiderme du malade, pour soulager céphalées
et maux de côtes.
Allanblackia sp.
HERBIER : 1536 vill. d'0youé I I , route de Rlakoua-Ké11é Icni 4 6 ; 1601 vill. de Kati-Kati, route Ouesso-
Makoua; 1675 Ekélimba Chantier; 1073 vill. de Mitsiba, après Moetché.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : (s'appliquent aux deux espèces) Yoonibe: bundzi, mbandzi, muyondzo; V i l i :
mabene; Lumbu : muyondzo; Laali : mugnogiio; Téké : rnugnoye, mugnognoye; KÔ1a : lekeke;
Mbaan~ba: ognioyi; Akwa : okio; Bongili : boinbe kele, bonzonze; Sanga : bundji; Bekwil : niole,
linoal.
11 existe sûrement a u Congo plusieurs espèces d'Allanblackia médicinales, mais A. flori-
bunda est la seule que j'ai pu déterminer avec certitude. Il est à signaler que les féticheurs
se servent de la drogue sans attacher d'importance aux espèces qui la produisent, et, ainsi
que j'ai pu le constater moi-même, il leur arrive de les confondre avec Mammea africana.
D'une façon générale, les Allanblackia sont employés pour soigner les affections bron-
chiques (toux, asthme, bronchite, etc.) : le traitement consiste soit à boire par doses frac-
tionnées, le décocté des écorces ou des feuilles, soit à mâcher les écorces en avalant la salive;
en complément il est recommandé de faire une série de petites scarifications aux points les
plus douloureux e t de masser la poitrine du malade avec les marcs résiduels.
Dans le Mayombe, on fait boire aux malades atteints de blennorragie le jus obtenu en
pilant les écorces avec celles de Mammea africana, de la maniguette et de la canne à sucre.
Les Akwa se servent des écorces pour soigner les maux de ventre.
Garcinia sp.
1-IERBIER : 1950 vill. de Tchifouma, route du Cabinda.
NOMY E R N A C U L A I R E : Vili : mbura.
Les Vili se servent des écorces de cet arbre pour rendre le vin de palme plus fort.
134 A. BOUQUET
Sanseveria sp.
Noms V E R N A C U L A I R E S : Téké: mbama; Mbaamba: lolengo; Mbôsi, Kôyô, Akwa: langa, ilanga, elanga;
hfbôsi : limelangue (langue de léopard); Bondjo : mbomu, mboma; Enyélé : ngongolo.
Les Sansévières se rencontrent dans presque tous les villages, où elles ont été introduites
comme plantes ornementales e t fétiches.
La décoction aqueuse de la plante est donnée en boisson pour soigner les maux de ventre,
les empoisonnements et la folie. Le jus obtenu par expression des feuilles est instillé dans
le conduit auditif et appliqué sur les abcès comme anti-inflammatoire; il set à frictionner
les rhumatisants. On l'utilise parfois, après l'avoir délayé dans de l'eau chaude, pour laver
les malades atteints de variole ou de varicelle.
La plante aurait le pouvoir d'éloigner la foudre. Lorsqu'on part en voyage, pour se
protéger des maléfices et éloigner les serpents que l'on pourrait rencontrer sur son chemin,
il faut se frotter le corps et plus particulièrement les jambes et les pieds avec le jus de
Sansévière.
Gampylostemon sp.
HERBIER: 1025 vill. de Moutséné-Batéké, piste de Bouba.
NOMV E R N A C U L A I R E : Téké : shele.
Comme remède ti l'impuissance masculine, les Téké de la région de Komono consomment,
avec des graines de maniguette, les feuilles d'une liane paraissant être un Campylostemon.
(1) Déterminations botaniques effectukes par N. HALLÉ (Museum national d'histoire naturelle - Paris).
136 A. B O U Q U E T
Salacia sp.
HERBIER : 1641 u Sangha-Bois )), chantier de Mangokélé, sur la Ngoko.
NOM V E R N A C U L A I R E : Babinga : kunga.
Les Babinga de la Sangha se servent des écorces de cette grosse liane pour soigner les
maux d'oreille : d'abord soigneusement raclées, elles sont passées au-dessus du feu pour être
ramollies, puis pressées pour en extraire le jus qui est instillé goutte à goutte dans le conduit
auditif.
Ces deux espèces se rencontrent assez souvent dans les petites rivières ou les mares de
la zone forestière. Elles sont toutes les deux utilisées comme le Nymphea lotus (elles ont
d'ailleurs le même nom vernaculaire) pour traiter les affections cardiaques dont elles régu-
lariseraient les battements.
Cette espèce paraît assez rare au Congo, et de fait, je ne l'ai rencontrée qu'une fois dans
cette région très particulière des Monts Ndoumou.
Ce petit arbre est très caractéristique : les feuilles longues e t étroites sont rousses la
face inférieure; le limbe est marqué de très nombreuses et très fines nervures parallèles ainsi
que de petites glandes brunes.
Le jus des feuilles est instillé dans l'ail contre les filaires.
Très commun dans toutes les formations secondaires, les recrûs forestiers e t les plan-
tations abandonnées, cet arbre est largement utilisé par les féticheurs congolais pour soigner
diverses maladies de peau d'origines variées.
Les parasitoses cutanées les plus généralement traitées avec cette drogue sont la gale,
la teigne, les mycoses et la lèpre considérée alors comme une affection cutanée : le malade
est d'abord très énergiquement lavé au savon, voire A la brosse, puis rincé avec la décoction
aqueuse des écorces que l'on laisse sécher sans l'essuyer; il est ensuite badigeonné avec le
jus de la plante. Dans le cas particulier de la teigne, la pulpe des écorces est appliquée sous
forme d'un emplâtre, maintenu en place, une nuit durant, par u n foulard noué autour de
la tête.
Les indications gynécologiques de la plante sont : dysménorrhée, troubles de l'ovulation,
avortements répétés, stérilité. Les écorces ou les racines, employées sous forme de décocté,
sont prescrites en boisson, en injections vaginales ou en bains de siège. Le plus souvent la
plante est utilisée seule, mais l'adjonction de Costus afer, de Combretum platyphyllum, de
Sapium cornutum, de Carpolobia lutea, de Microdesmis puberula est parfois recommandée
par certains féticheurs Vili ou Téké.
Le décocté des feuilles ou des écorces est aussi préconisé comme antidysentérique;
comme expectorant ou vomitif, il est donné dans le traitement des affections bronchiques
et de la toux. La dose moyenne est représentée par un verre à absorber trois fois par jour;
comme anti-tiissif la plupart des féticheurs recommandent plutôt que le décocté, de mâcher
lentement les deux premières feuilles qui recouvrent encore le hourgeon terminal. Il est A
signaler que dans la Louéssé ces jeunes feuilles sont consommées contre la tachycardie.
Dans la région de Ouesso, H. madagascariensis est réputé comme remède des ictères e t
de l'hématurie : boire le macéré des écorces en mangeant du manioc roui.
138 A. B O U Q U E T
Cet arbuste est une des espèces les plus banales des sous-bois forestiers du Congo.
Le décocté des feuilles est employé pour soigner les maux de ventre, avec ou sans
diarrhée; cette potion est administrée à raison d'un verre par jour pour un adulte, d'une
cuillère à soupe pour un enfant. Elle est aussi considérée comme vermifuge et, parfois, prescrite
comme tel.
Les Téké se servent du jus des feuilles comme lotion antisporique, tandis que les Beembe
préfèrent l'utiliser pour soigner les fièvres infantiles : écraser les feuilles dans une cuvette
d'eau tiède, bien agiter pour obtenir une mousse abondante; y baigner l'enfant. Dans la même
région, certains féticheurs se servent de la pulpe de feuilles ou d'écorces pour masser les
fractures avant de les immobiliser par un bandage.
Le jus des feuilles de cette liane est prescrit, délayé dans de l'eau chaude, en bains, contre
les œdèmes.
Les Kôyô font boire aux malades atteints de blennorragie, du vin de palme dans lequel
ils ont fait bouillir cette plante.
Les Duma l'utilisent comme analgésique, en cas de douleurs gastro-intestinales et de
hernies; ils en administrent une partie per os, l'autre sert à faire des pansements humides
sur les points névralgiques.
Cette petite plante est utilisée, dans la région brazzavilloise, pour soigner les affections
oculaires et les dermatoses cutanées; le bulbe est écrasé pour en exprimer tout le jus, qui
est prescrit, selon le cas, en instillations oculaires ou en applications sur tout le corps.
A. B O U Q U E T
verres, dans la journée. Ce remède est, parfois, utilisé dans les affections blennorragiques.
Les Kôta considèrent que l'espèce est un aphrodisiaque puissant, agissant même dans
les cas de sénilité.
A l'extérieur, la pulpe des écorces est prescrite, en cataplasmes, pour soigner les plaies,
et, après décoction dans de l'eau, en bains de bouche contre les névralgies dentaires.
La graine est conlestible.
Contre la toux, les maux de côtes e t de cœur, faire boire a u malade un à trois verres par
jour de la décoction de la plante e t lui frictionner la poitrine avec le jus des feuilles.
Ce produit sert aussi ti soigner les plaies lépreuses (en applications) et passe pour avoir
des propriétés antiabortives (en boisson).
Certains féticheurs prétendent que la plante possède le pouvoir d'attirer la pratique
e t de se faire bien voir de la clientèle : faire macérer la plante dans un flacon de parfum et
s'en passer sur les sourcils avant de sortir.
Les Koongo se servent de cette plante pour traiter la coqueluche : faire boire ti l'enfant
un demi-verre trois fois par jour de la décoction de racines.
Cette plante entre dans un mélange complexe de plantes aromatiques (Ocimum divers,
Chenopodium ambrosoides) e t de Sesamum indicum, Acanthospermum hispidum, Cassia occi-
dentalis, Aframomum sp., servant ti préparer des bains destinés h soigner les enfants fiévreux,
maladie provoquée par la visite de personnes impures, en particulier celles ayant eu des rapports
sexuels récents et de jour.
Ces deux espèces sont confondues par les féticheurs pour lesquels elles représentent la
catégorie des « petites » par opposition à l'espèce suivante qui est qualifiée de (( grande 1). Les
utilisations thérapeutiques sont extrêmement voisines, pour ne pas dire identiques, les
plantes étant souvent mélangées si bien qu'il est pratiquement impossible d'attribuer A une
espèce bien déterminée un usage particulier.
Chlorophytum sp.
HERBIER : 1250 forêt après le vill. de Doudou, sous-préfeclure de Sibiti.
NOMV E R N A C U L A I R E : Laali : sandédulu.
La décoction des feuilles est donnée à boire aux enfants qui ont une grosse rate.
Les feuilles de ce petit Dracoena de for& sont pilées e t employées en suppositoires contre
la dysenterie.
Eriospermum sp.
HERBIER : 1837 vill. de Madzouka.
NOMV E R N A C U L A I R E : l'éké : baana.
Dans la région de Mouyondzi, la décoction des racines de cette plante est donnée en
boisson à raison d'un verre par jour, contre les œdèmes du ventre.
Au Congo, l'aire de répartition de cette grosse liane affecte la forme d'un triangle dont
la frontière du Cameroun serait la base, tandis que la Sangha e t une ligne allant de Gamboma
à la frontière du Gabon en passant par Ewo en seraient les deux autres côtés. Ainsi que j'ai
pu le constater au cours de mes prospections, plusieurs espèces ont une répartition analogue,
ce qui semblerait indiquer, dans l'état actuel de nos connaissances de la flore du Congo, une
région phytogéographique assez bien individualisée.
S. camptoneura est caractérisé par ses grandes feuilles à nervures secondaires très marquées,
réunies près du bord du limbe par la nervure banale. Les fruits de la taille d'un pamplemousse
à coque dure sont apiculés; les graines plates y sont trés régulièrement arrangées comme
des piles d'assiettes.
L'écorce épaisse, rouge foncé, serait extrêmement amère; à raison d'un quart ou d'un
demi-verre deux fois par jour, la tisane, généralement additionnée de sucre ou de miel pour
en masquer l'amertume, est administrée comme remède des maux de ventre, de reins et de
la hernie.
Dans toute 1'Alima et l'Équateur la liane est considérée comme un excellent médicament
des plaies e t ulcères : il faut d'abord bien laver la plaie avec le décocté tiède (feuilles ou
écorces), puis la saupoudrer avec les écorces sèches préalablement écrasées.
iïossypium sp.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : L a a d i : pfudi; Beembe : mafue; M b a a m b a : nfula.
Selon les régions, le jus des feuilles de cotonnier est employé pour soigner les otites (en
instillations), les plaies (en application), ou la gale (en frictions après un bain).
La tisane de feuilles passe pour être antidysentérique.
Amphiblema sp.
HERBIER: 950 Komono; 1764 Mts Ndoumou, au niveau du 1411. d'Isiélé.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Mbnam,ba : inkusu, lendula lenkusu (plume de perroquet), lamini lenkusu
(langue de perroquet); Laali : lelimi len haye (langue d'antilope).
Cette plante des bords de l'eau, au dessous des feuilles violet, passe pour avoir des pro-
priétés hémostatiques : la poudre ou le jus des feuilles est appliqué sur les blessures ou les
pIaies.
Elles sont aussi très employées dans le traitement de la dysménorrhée ou des hémorragies
utérines, soit que l'on s'en serve pour préparer une tisane A boire dans la journée, soit que
l'on utilise la pulpe comme ovules A garder la nuit.
Memecylon sp.
HERBIER: 1224 vill. de Mukassi, route Sibiti - Zanaga.
NOMV E R N A C U L A I R E : Laali : muula.
Pour empêcher les revenants de hanter une case, prendre dix-neuf feuilles de cet arbuste,
les faire bouillir dans de l'eau; avec le liquide obtenu, asperger la porte et les murs en pro-
nonçant les incantations nécessaires.
J e rapporte sans certitude à cette espèce un arbre à feuilles composées, à folioles dis-
colores asymétriques, à nervures très effacées assez abondant dans le Mayombe e t le Chaillu,
où il est employé comme piscicide et parasiticide; malheureusement je n'ai pu avoir que des
échantillons stériles de rejets ou de jeunes plants.
Les échantillons suivants peuvent appartenir à la même espèce car ils correspondent
A des plantes portant le même nom et ayant les mêmes usages, mais la qualité des herbiers
Iie permet pas de l'affirmer : 994 vill. de Ngokamina II, route de Komono; 1111 vill. de
Makaga, route de Komono-Zanaga; 1841 vill. de Madzouka.
Comme ichtyotoxique on utilise les écorces en mélange avec celles de Fagara macro-
phylla, les feuilles de Téphrosia ou les fruits de Strychnos aculeata, ce qui semblerait indiquer
une faible toxicité de la drogue ou un rôle synergétique.
Contre la teigne et la gale, on fait une pâte avec les amandes d u fruit, ou à défaut les
feuilles, e t de l'huile de palme que l'on applique sur la peau ou sur la tête; on maintient par
un linge l'emplâtre qui est à conserver a u moins une nuit.
Les Lumbu emploient la décoction des écorces pour soigner les furoncles. Sandberg
signale que les Bongili se servent d u macéré des écorces comme d'un purgatif à action rapide,
violente mais brève.
Les écorces de racines sont utilisées pour soigner, selon les régions, les maux de ventre
des femmes e t la dysenterie, ou la toux convulsive e t les courbatures fébriles : elles sont
prescrites sous forme de tisane, de poudre à manger, de bains de vapeur ou de suc administré
en gouttes nasales.
Le jus des jeunes feuilles, délayé dans de l'eau, est donné comme calmant aux fous.
La plante sert aussi, et souvent, à la préparation de sorts e t de nombreux remèdes
magiques.
les frotter dans de l'eau pour obtenir une mousse abondante; laisser reposer et tiédir au soleil,
en boire un verre par jour.
Comme traitement de la folie, les Mb6si font priser la poudre d'écorces.
Dans la Likouala, elles servent de poison de pbche.
Cette action physiologique peut aussi expliquer son utilisation comme médicament
des affections génito-urinaires telles que stérilité de la femme, troubles ovariens, ou impuis-
sance masculine. Toutes ces maladies sont soignées par l'absorption bi ou triquotidienne d'un
verre de la décoction aqueuse des écorces.
Cette préparation est aussi prescrite en bains de vapeur pour traiter diverses algies plus
ou moins généralisées telles que rhumatismes, maux de reins ou courbatures fébriles; cette
médication est souvent complétée par des frictions faites avec le produit obtenu en raclant
la partie interne des écorces incorporée à de l'huile de palme.
Le suc des écorces sert, en instillations oculaires, à traiter la filariose; il est donné à boire
comme vermifuge. E n association avec plusieurs autres plantes, les feuilles de P. eetveldeana,
sont employées pour soigner les fous.
Ficus sp.
IIEHBIER : 1689 Pikounda.
NOMV E R N A C U L A I R R : ICÔyÔ : riiukabunga.
Les figues sont consommées comme vermifuge; il faut absorber après une purge ou un
lavement évacuateur. Les I<ôyô soignent la blennorragie en faisant absorber au patient
trois verres par jour du décocté aqueux de ce Ficus.
Les poils qui recouvrent la face interne de la stipule terminale seraient très efficaces
pour soigner les brûlures et obtenir une bonne cicatrisation des plaies.
Cet arbre de petite taille est assez dispersé en forêt; on le rencontre surtout dans les
endroits marécageux ou humides, au bord des cours d'eau. Ses fruits peuvent atteindre une
dizaine de kilos.
Au point de vue thérapeutique, deux indications se retrouvent un peu partout au Congo
à propos de cette plante, ce sont : les maux de ventre des femmes et les affections broncho-
pneumoniques. Dans les premières on administre, en potion et en lavement de la décoction
aqueuse des écorces. Dans les secondes on fait boire au malade la tisane de feuilles ou manger
la poudre des écorces sèches pilées avec du sel et mélangée à de l'huile de palme.
Le macéré des écorces est parfois administré aux enfants comme vermifuge, en leur
faisant manger en même temps une banane mûre.
Musa sp.
La décoction des racines de bananier est donnée en boisson dans les cas de règles dou-
loureuses. Contre les maux de cœur, couper l'extrémité d'une inflorescence, y ajouter du
sel et de la cendre et en boire le jus.
Em belia guineensis Ba k.
H E R B I E R: 1815 vill. ù'Oboté, piste Zanaga-Brazzaville.
NOM V E R N A C U L A I R E : Afbauritba : otintulu.
Les feuilles de cet arbuste sont considérées dans la région de Zanaga comme le meilleur
médicament de la coqueluche; on en fait boire a u x malades la décoction; elle serait acide
comme un plat d'oseille.
MYRTACÉES
Eugenia sp.
HERBIER: 225 route de Linzolo; 1031 vill. d e Moutséné-Batéké, piste de Bouba.
NOMS V E R N A C U L A I R E S : Laadi : lobonzirizao; Tdkd : oiigaya.
Arbuste des savanes boisées à feuillage vert clair, cette espèce passe auprès des
féticheurs koongo pour avoir une action défatigante : ils en prescrivent les feuilles sous
forme de bains de vapeur. Les Téké mangent les feuilles, coupées en menus morceaux e t
accommodées avec du poisson, comme anthelmintique.
A. BOUQUET
Endémique dans la région du Pool, cet arbre y est extrêmement fréquent non seulement
dans les savanes boisées mais dans les recrûs et formations forestières plus anciennes.
Cette espèce, considérée ici « sensu lato »,se rencontre dans les savanes boisées et dans
les formations forestières plus ou moins denses et plus ou moins humides.
En badigeonnage sur le cou, le jus des racines est employé contre les oreillons et les
laryngites; en applications il améliorerait la cicatrisation des brûlures mêmes très étendues.
Pour se faire aimer d'une femme, les Laadi prétendent qu'il sufit de lui faire manger
la poudre obtenue en pilant ensemble des racines de Boerhaaoia et de Desmodium abyssi-
nicum; les Téké portent sur eux des feuilles de cette plante pour s'assurer le succès dans un
procès, le commerce ou toute autre entreprise comportant des risques.
Les racines de (( Belle de nuit )) sont employées dans la région de Komono pour soigner
les œdèmes : pulpées et mélangées à de l'huile de palme, on en fait un emplâtre qui, maintenu
par une bande, doit être gardé toute une nuit.
Dans la Likouala, on se sert de la pulpe des feuilles écrasées avec de l'huile de palme
comme pansement humide spécialement recommandé lorsqu'on souffre d'un panari. Les jeunes
feuilles sont consommées contre les maux de ventre et la blennorragie.
Lorsqu'on a mal à la poitrine, il faut mâcher les feuilles avec des graines de maniguette,
puis pulvériser, avec la bouche, le produit de cette mastication sur la poitrine du malade
après y avoir pratiqué de petites scarifications e t enfin masser légèrement.
Les Mbaamba mangent les racines comme aphrodisiaque. Dans le Mayombe, on l'utilise
de la même façon que l'espèce précédente pour soigner les sorciers blessés A la poitrine lors
des combats nocturnes qu'ils ont livrés aux démons, ou à d'autres sorciers plus puissants.
Les Laali se servent d u décocté des écorces de racines pour calmer les nausées et les
vomissements (en boisson).
Le jus des feuilles est instillé dans le conduit auditif pour soigner les otites externes.
La plante est aussi utilisée pour la confection de philtres d'amour.
Le décocté des écorces est donné A boire, le matin A jeun, comme traitement de
l'impuissance sénile et comme aphrodisiaque.
Cet arbuste très commun dans les savanes boisées de la région brazzavilloise, sert au
traitement de la toux e t de la dysenterie : manger les écorces de racines nature ou les faire
bouillir et boire la tisane ainsi préparée. Pour soigner le déchaussement des dents ou les gen-
givites, les Téké font masser les gencives, sans avaler la salive avec les feuilles écrasées.
Ochna arenaria de Wild. & Th. Dur.
HERBIER: 397 vill. de Malengo.
Cette petite espèce de savane, poussant à ras de terre, donne à la fin de la saison sèche,
de grands tapis de fleurs roses, extrêmement décoratives.
La décoction de racines, salées, sert de boisson lorsque l'on souffre de la poitrine.
Les Babinga de la région de Ouesso traitent les plaies par des applications de la poudre
des écorces de cet arbre. Cette espèce possède un tronc rappelant celui du goyavier, mais
tellement lisse que les singes ne pourraient y monter.
Rhabdophyllum arnoldianum (de Wild. & Th. Dur.) van Tiegh. var. arnoldianum Farron
HERBIER: 603 rive gauche de la Foulakari; 1401 Mayoko, route de la Comilog vers hlouanda; 1448 vill.
dlAbala, terre Okouéré, sous-préfecture de Boundji; 1539 vill. d'Oyou6 I I , k m 35 route Makoua
Kéllé; 2159 Ile Bamou.
Pour traiter les maux de cœur e t de ventre, les Mbôsi font manger les feuilles accommodées
en légumes avec de la viande ou du poisson.
Le mélange des écorces avec celles d'lruingia gabonensis, de Polyalthia suauolens, de Ceiba
pentandra, d'Enantia chlorantha et d'ongokea gore sert à préparer un breuvage extrêmement
réputé dans cette région pour combattre la stérilité des femmes.
Les fruits sont comestibles, mais ne font l'objet d'aucun commerce vraisemblablement
en raison de la rareté de cette marchandise, ou, peut-être aussi, parce qu'ils sont peu appréciés
des habitants.
Ces deux espèces sont assez abondantes dans les endroits humides, au bord des cours
d'eau de toute la zone forestière. Remarquables par leurs fruits, petites drupes blanches
enveloppées par le calice accrescent rouge vif à maturité dont la taille et la forme permet
une bonne différenciation des deux plantes, par ailleurs très voisines et ordinairement
confondues par les utilisateurs.
L,e jus extrait par expression des écorces de racines est instillé dans l'œil pour traiter
les ophtalmies purulentes et les taies traumatiques, et dans le nez lorsqu'on souffre de
migraines violentes.
Le décocté des feuilles est prescrit en boisson contre l'asthme, les maux de côtes ou de
ventre, et pour soigner les troubles ovariens; il est recommandé d'y baigner les enfants qui
ont des convulsions.
Ludwigia sp.
H E R B I E R: 88 bassin (le la Pisciculture, route de Linzolo.
NOM V E R N A C U L A I R E : La4di : lukaya Iwa ntiina (feuille d u cœur).
F É T I C H E U R S E T M É D E C I ~ Y E ST I i . l D I T I O N N E L L E S D U C O N G O (BIIAZZAVII.I.E) 183
Plantes des bords de l'eau et des zones marécageuses des régions forestières, ces Ludwigia
servent dans le traitement de la tachycardie (boire le jus délayé dans de l'eau à raison d'un
verre par jour).
Les Koongo font avec le jus des feuilles de cet arbuste des sous-bois des forêts denses,
et de l'huile de palme, une mixture avec laquelle ils badigeonnent les galeux. La tisane de
feuilles est aussi très recommandée contre les angines et les maux de gorge.
Cette herbacée des savanes du secteur central (Pool, vallée d u Niari, plateaux batéké)
passe pour calmer les fous et les épileptiques : en écraser une bonne quantité avec Micrococca
mercurialis e t neuf graines de maniguette; prélever quelques gouttes du jus obtenu pour
en faire une instillation oculaire et faire boire le reste délayé dans du vieux vin de palme.
La plante qui se ferme lorsqu'on la touche est très eniployée dans les pratiques sorcières :
si l'on veut faire traîner une affaire en justice, il suffit de se présenter devant le tribunal le
front e t les sourcils enduits d'un mélange de parfum e t de jus de la plante pour que le
jugement soit renvoyé à une date ultérieure (!).
Rotin
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Mbôsi, Kôyô : okanda; Kôyô : moba bale; Kôta : mulcau; Nzabi : lilamba.
Sous le nom de (( rotin » les Congolais utilisent un certain nombre de palmiers-lianes
plus ou moins épineux e t dont le jus est très réputé pour soigner les traumatismes et les taies
oculaires : couper 20 à 30 cm de liane, soumer à un bout pour que la sève s'écoule par l'autre
extrémité, goutte à goutte dans l'œil d u patient placé dessous; répéter le traitement deux
ou trois jours de suite.
Les jeunes pousses de rotin » macérées dans de l'eau, donnent une boisson calmante
de la toux.
Les femmes Mbôsi qui souffrent du ventre ou ont des règles irrégulières ou trop abon-
dantes doivent boire une tisane préparée en faisant bouillir dans de l'eau des morceaux de
tiges de rotin, des écorces de Mitragyna et un jeune fruit d'ananas.
PANDACÉES
Panda oleosa Pierre
HERBIER: 917 vil]. de Madingou, route Komono-Zanaga; 1256 forêt après le vill. de Matoto; 1532 vill.
d'Oyoué II, k m 45 route Makoua-Kélé.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Ndasa: muwanda; Icôta: wanda; Mbôsi, Kôyô, Akwa: okana; Bongili: mukana,
bokana; Sanga : timbu; Songo : bokana, mbunga; Laali : muwo; Bekwil : pâd, lepâr.
Assez commune dans les diverses r8gions forestières, cette espèce est particulièrement
abondante dans la Sangha et l'Gquateur. Elle se reconnaît à ses feuilles à bords plus ou moins
dentés, obliquement acuminées a u sommet, à nervures latérales très ascendantes réunies
par un fin réseau de nervilles parallèles. Le fruit est une drupe de la taille d'une petite orange
vert jaunâtre à endocarpe très dur entièrement percé de lacunes e t d'alvéoles; il contient
trois graines triangulaires e t courbes d'un goût de noisette fort agréable.
La décoction des écorces est surtout employée contre les maux de ventre des femmes,
comme aphrodisiaque et parfois aussi comme anti-blennorragique.
E n raclant la partie interne des écorces, on obtient ime pulpe qui semble avoir des
propriétés anti-inflammatoires e t analgésiqi~es: elle est en effet appliquée comme pansement,
sur les plaies pianniques, les panaris, les bubons e t les hémorroïdes. Le jus obtenu par
expression de cette pulpe est instillé dans le conduit auditif contre les inflammations de
l'oreille externe; incorporé h de l'huile de palme il sert h faire des massages locaux lorsqu'on
souffre d'œdème des jambes, de rhumatismes ou de maux de côtes.
Les graines sont oléagineuses.
Dans le Chaillu, cette espèce porte les mêmes noms et a les mêmes usages qiie 11. oligo-
phyllus.
A. B O U Q U E T
Pour soigner les maux de ventre e t comme purgatif, les Babinga de la Sangha admi-
nistrent, en lavement, la pulpe des écorces délayée dans un peu d'eau e t agrémentée de
piment.
Le (( Pois d'hngol » est une espèce introduite au Congo, on la rencontre surtout, plantée
autour des villages, dans la préfecture du Pool, dans la vallée du Niari e t les plaines côtières.
Les Koongo prétendent qu'en instillant le jus des feuilles dans les yeux on pourrait
guérir les troubles de la vision et les vertiges. Le décocté est donné à boire, à raison de deux
cuillères à soupe par jour, pour traiter les maux de cœur.
Il est impossible de ne pas remarquer cette liane, d'ailleurs assez abondante dans les
diverses formations forestières : ses fleurs blanches veinées de roux groupées en cymes assez
condensées, atteignent près de 25 cin de diamétre.
Le décocté des racines est prescrit comme purgatif dans les cas de constipation opiniâtre,
d'œdèmes généralisés e t de douleurs rénales.
Cralbia sp.
HERBIER: 903 bords du Djoué.
NOMV E R N A C U L A I R E : Laadi : kiseya.
Pour calmer le délire ou dans les débuts de folie, les Koongo font absorber au malade
de la poudre de graines ou à défaut le jus des feuilles.
Erythrina sp.
NOM V E R N A C L ~ I . A I R E : Afbaanlba : kidibe.
Dans les forêts denses du riord de Komono, j'ai rencontré plusieurs fois aux bords des
cours d'eau, uri Erythrina paraissalit endémique dans la région e t malheureusement stérile,
que les Mbaamba considèrent comme très toxique.
Ces deux espèces sont considérées conime cles drastiques puissants pouvant être
abortifs : le décocté des feuilles est donné à boire dar:s les cas de constipation opiniâtre, de
douleurs abdominales et pour combattre, en lui nettoyant le ventre, la stérilité des femmes.
Certains féticheurs des environs de Brazzaville, lavent et font boire aux fous une tisane
préparée avec les écorces.
Dans la Sangha (( on utilise toute la liane, coupée en petits iiiorceaux comme poison de
pêche » (Sanberg).
Ces deux arbustes lianescents ont les mêmes utilisations médicinales : ils sont ~ a r t i -
culièrement recommandés pour tuer les filaires qui se trouvent dans l'œil : passer les feuilles
au-dessus du feu pour les ramollir, puis en exprimer une ou deux gouttes dans chaque œil;
on peut éventuellement y ajouter di1 jus de Costus afer qui calmerait la douleur. Ce remède
sert aussi pour les otites ou les maux de dents : le jus étant alors instillé dans l'oreille ou
appliqué sÜr la dent malade.
Les Bongili préparent avec les jeunes feuilles, des ovules destinés aux femmes souffrant
de leucorrhée ou d'autres affections vaginales : après une injection, placer l'ovule et le
conserver une journée; à renouveler tous les jours jusqu'à guérison.
Les Laali se servent de cette ~ â t de
e feuilles Dour faire mûrir les abcès: dans le Mavombe
on l'emploie pour frictionner les malades atteints de broncho-pneumonie ou de courbatures
fébriles.
Le décocté des racines est donné, à raison d'une cuillerée à soupe par jour pour soigner
les maux de cceur.
Le décocté des écorces est utilisé en bains de pieds pour traiter la deshydrose et éven-
tuellement se débarrasser des puces-chiques; le jus des racines est aspiré pour soulager les
céphalgies e t les sinusites; manger la poudre comme aphrodisiaque.
Les Bekwil donnent le jus des écorces à boire aux fous pour les calmer (Sandberg).
En cas de douleurs lombaires, se frictionner avec les feuilles pilées avec des graines de
riiaiiiguette.
FÉTICHEURS E T M É D E C I N E S T R A D I T I O N N E L L E S D U C O N G O ( I ~ I ~ A Z % A \ ' I I . I . I S,191
)
Dans la préfecture du Pool, on se sert parfois du jus des feuilles de ce haricot, coinme
gouttes nasales ou auriculaires pour calmer les céphalées ou arrêter les otites.
Dans la Likouala, certains féticheurs traitent les maux de ventre par des lavements
à base du décocté des tiges.
Pour soigner les 111aux d'oreilles, introduire le jus de la plante dans le conduit auditif.
Dans la Sangha, comme traitement des hémorroïdes, on fait manger a u malade une poudre
préparée avec les écorces de cet arbuste et des tiges de Manniophytum f u l v r ~ ~préalablement
n
carbonisées; on peut y ajouter du sel gemme.
Contre les frissons e t les courbatures fébriles se frictionner avec les feuilles.
Psophocarpus palustris Desv.
HERBIER 467: forêt deBangou, en face de Mpassa-École; 1495 vill. d'otendé, slpréfecture de Fort-Rousset.
Noms V E R N A C U L A I R E S : Beelnbe : mundiina; IGyd : odenne, dende, lendende.
Très commune le long des cours d'eau, dans les recrûs et les galeries forestières, cette liane
à fleurs bleues, passe dans 1'Equateur pour un excellent remède des plaies (jus en application).
Le liquide, obtenu en faisant bouillir dans de l'eau des écorces de Lannea welwitschii
et des tiges de Psophocarpus, est employé par les Koongo, en bains de bouche, pour traiter
différentes affections buccales.
Pterocarpus sp.
HERBIER : 1394 Mayoko, vieille route de Moanda depuis le bac de la Louéssé; 1987 Sindou-Nkola, chantier
Robin.
Noms V E R N A C U L A I R E S : (s'appliquent aux diverses espèces de Pterocarpus) : Yoonabe : inusiesi, kisiesi;
V i l i :nsiesi; Mbaamba :obeli; Laali : ngula, ngula kabire; Nzabi : leyembi; A k w a : csliie obele ;
Kôyô :esi; Bongili : esio, ngondo; Bondjo :ngolo; Babinga :ngele; Sanga : boslie boshie; Enyélé :
mogila; Songo : saba; Bekwil : dîb.
Dans tout le Congo, les Pterocarpus servent à préparer le « Tukula » appelé parfois aussi
((Kaolin rouge )). Cet ingrédient sert à teindre la peau en rouge lors de cérémonies religieuses :
il se présente sous la forme d'un magdaleon dur, rouge foncé, de texture grumeleuse.
Il est préparé en malaxant à la main, puis en laissant sécher a u soleil, une très fine sciure
obtenue en frottant l'un contre l'autre deux morceaux de « Padouk » légèrement humectés
et saupoudrés de sable fin. Pour se peindre le corps, il suffit de frotter ses mains mouillées
sur le magdaléon pour les retirer toutes rouges puis de les passer sur les endroits que l'on
désire colorer.
Au point de vue médicinal, le décocté d'écorces est donné en boisson dans les cas de
dysménorrhée ou d'hémorragie utérines, de dysenterie ou d'hémorroïdes. Ces indications
sont à rapprocher de celles des Myristicacées, de Manniophytum fulvum, ainsi que d'autres
plantes dont les sécrétions ou la sève ont des allures plus ou moins sanguinolentes.
Dans le Mayombe, feuilles et écorces entrent avec Enantia polycarpa, Polyalthia suaveolens,
Allanblackia sp., etc. dans divers traitements des affections broncho-pulmonaires; cette
thérapeutique est constituée par une potion à base du jus des écorces cuites dans des feuilles,
et par des bains de vapeur préparés avec le décocté des feuilles.
Dans la Sangha, la pulpe obtenue en raclant la face interne des écorces est appliquée
en pansements humides, comme anti-inflammatoire, pour traiter les œdèmes locaux, les débuts
de hernie et les panaris.
Vigna sp.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Laadi : bingiri; Tié : Kingili.
HERBIER : 858 du vill. de hloutampa aux bords du Congo.
Cette liane est ordinairement confondue avec l'espèce suivante, plus généralement
répandue et, de ce fait, plus facile A trouver.
reliques des savanes centrales, ou que dans les recrûs envahissant les plantations abandonnées,
elle devient, pourtant, très rare dans les zones périodiquement inondées de la Cuvette
congolaise, ainsi que dans les plaines côtières où elle est remplacée par Barteria nigritiana.
Cet arbre pouvant atteindre une dizaine de mètres de hauteur, a un aspect tourmenté
dû à ses rameaux retombants, aux grandes feuilles luisantes. Les branches sont, en général,
creuses et habitées par des fourmis extrêmement agressives, à la morsure très douloureuse,
du genre Crematogaster.
Selon toute vraisemblance, c'est à elles que l'arbre doit une grosse partie de sa réputation
médico-magique : le fait de casser une branche d'apparence anodine e t d'en voir surgir des
fourmis particulièrement mauvaises, est assez extraordinaire pour avoir impressionné
l'imagination primitive, toujours disposée à voir, partout, la manifestation d'une puissance
surnaturelle.
Dans le domaine médical proprement dit, une des applications les plus courantes de cette
plante est le traitement des courbatures fébriles, avec céphalgies, température peu élevée
et douleurs généralisées. Il consiste en une succession de bains de vapeur, de lotions et de
frictions pratiquées avec le décocté des feuilles ou des écorces et les marcs résiduels, suivie
d'application de la poudre de feuilles sèches, aux points particulièrement douloureux, aprks
scarifications épidermiques. 11 est possible que la plante ait une action analgésique car on
retrouve cette médication en cas de douleurs gastro-intestinales ou lombaires, rhumatis-
males et de carie dentaire.
L'emploi fréquent de la poudre d'écorces, dans les cas d'hémoptysie e t d'hémorragies
utérines, semblerait indiquer une propriété coagulante.
Il est plus dificile de rattacher à une activité physiologique simple les autres indications
de la plante; le décocté des écorces sert a laver les varioleux e t les plaies ulcérées; il est
donné en boisson pour soigner les maladies vénériennes.
Les Laadi et les Suundi mangent les écorces de racine des jeunes plants, pour avoir des
érections durables et satisfaire, ainsi, les maîtresses les plus exigeantes.
Enfin, Barteria fistulosa entre dans de très nombreux médicaments, de formules complexes
par le nombre de plantes qui les composent, destinés a combattre la folie, l'épilepsie et les
morsures de serpents.
E n dehors de ses applications thérapeutiques, cette drogue jouit d'une grande répu-
tation dans les pratiques magiques e t sorcières. Dans toute la Préfecture de l'Équateur, les
Mbôsi répugnent à montrer e t à parler de cet arbre considéré comme dangereux, car c'est
a lui que l'on confie les ongles e t la peau de la plante des pieds d'un défunt, pour qu'il
punisse le responsable de la mort.
Les Kôta, en pulvérisant sur les fétiches des écorces de Barteria fistulosa, leur demandent
de s'en servir pour châtier un coupable; cette pratique est également employée lorsqu'on
veut protéger le fétiche, au cours d'un voyage. Les Téké l'utilisent aussi, non seulement pour
venger un outrage, mais encore pour préparer des sorts et envoûter à distance.
Sandberg signale que les Bekwil l'emploient pour avoir de la chance à la chasse.
PÉDALIACÉES
Sesamum indicum Linn.
HERBIER: 240 vill. d e Torikarna.
NOMSV E R N A C U L A ~ R E S : Laadi : dongo-dorigo dya g a t a ; Téké : ongomo otsubu.
Il n'y a que dans la région brazzavilloise, où cette plante est considérée comme médi-
cinale : avec Micrococca mercurialis, Ocimum sp., etc. elle sert à la composition de bains
destinés aux enfants fiévreux. La poudre des racines, préalablement torréfiées, est mélangée
à de l'huile de palme et à du sel gemme; ce produit est utilisé en applications locales, après
scarifications épidermiques, pour soigner les rhumatismes.
Le suc était employé comme pansement, lors de la circoncision.
A Brazzaville cet arbre passe pour miraculeux tellement est grande sa réputation
d'anti-dysentérique. Les quelques arbres qui existent en ville ou sur les bords du Congo, sont
écorcés sur toute la hauteur du tronc qu'il est possible d'atteindre : la tisane d'écorces est
donnée raison de trois verres par jour.
Pour traiter les gales chroniques, commencer par laver le malade avec la décoction
aqueuse des écorces, puis l'enduire d'un mélange d'huile de palme, de jus de feuilles de
Tephrosia vogelii et de poudre de racine de ce Parinari.
Un mélange analogue, où le Tephrosia est remplacé par les écorces de Croton hauma-
nianus, est employé par les Mbaamba pour soigner la pelade des animaux domestiques.
Commun dans les savanes boisées et les bosquets de l'Équateur, cet arbre est employé
pour traiter diverses affections broncho-pneumoniques e t les courbatures fébriles; le décocté
additionné de sel gemme est prescrit en boisson, en bains et en bains de vapeur. 11 serait
la fois vomitif e t purgatif.
Ce chaméphyte est commun dans la région de Brazzaville : il y est très renomnii: comme
anti-dysentérique (boire le décocté de racines). Pour soigner les plaies, les Mbôsi commencent
par les laver avec le décocté des feuilles puis les saupoudrent avec les racines pilées.
Aidia micrantha ( K . Schum) Bullock ex White
HERBIER: 590 bords du Congo; 1190 vill. de Vouala-Mongomo, route Sibiti-Zanaga; 1199 id., bord de
la Ningué; 1471 Fort-Rousset, forêt après la Ferme-École; 1499 vill. dlOtendé, sous-préfecture de
Fort-Rousset; 2106 vill. de Mandjoukou sur 1'Ibenga; 2153 Dongou, piste au bord de la Motaba
1932 vill. de Boungolo, route S.F.N., Kakamoeka.
Noms V E R N A C U L A I R E S : Iroombe : luvamba; Mbaamba : obankaye, mbokankaye; Bondjo : mokenia
Kôyô : kénya, ngénia.
Cet arbuste est assez fréquent dans toute la zone forestière quoique toujours très
dispersé. Les racines sont mangées comme aphrodisiaque et comme vermifuge. E n applica-
tions après scarifications épidermiques, elles soulageraient les douleurs lombaires.
Dans la région de Fort-Rousset, le bois servirait à faire les manches de sagaies.
Dans les sous-bois des forêts denses on remarque ce sous-arbrisseau à ses longues grappes
terminales et lâches de fruits bleus.
Les feuilles sont appliquées sur les blessures comme hémostatique et cicatrisant. Le
décocté d'écorces est donné à boire, tout en mangeant des bananes mûres, aux malades
souffrant de douleurs intercostales ou rénales.
(1).Déterminations botaniques de N. HALLÉ (Muséum national d'histoire naturelle - Paris) pour les tribus des Nauclées-
Cinchoneea, Hédyotidées, Mussaendées et Gardbniées et de E. PETIT(Jardin botanique de l'État - Bruxelles) pour les Psychotriées
206 A. BOUQUET
le Pool, pour traiter à la fois l'impuissance sénile et les maux de côtes ou de reins, on pratique
sur la poitrine, les reins ou le bas-ventre du patient, une série de petites scarifications
épidermiques sur lesquelles on applique eri massant légèrement soit le jus des feuilles, soit
la poudre de charbon de racines de ce Bertieria.
Çanthium sp.
1 I r ; ~ i i i ~ :n 1969 vill. de Tcliisséka, sous-préfectiire de Ras-Kouilou.
NOM V E R N A C U L A I R E : Vili : 11sunit)i.
Cette liane dont les fruits rappellent ceux du caféier est prescrite clans le hlayombe,
sous forme de tisane, contre le rhume et la toux.
Cephaelis sp.
HERBIER: 719 vil]. de Malimi, à 3 Brn de Tsiaki; 881 de Moutarnpa a u x bords du Congo; 1170 vil]. de
Kiminzouala, k m 15 route Zanûga-Sil~iti.
Chassalia sp.
H E R B I E R: 1713 route d e Pikounda i alatlé.
Nonr V E R N A C U I . A I R E : KôyO : c:pupul<u.
Contre les douleurs lombaires frictionner les reins avec les fruits ou à défaut les feuilles.
Le décocté des racines est doriné en boisson contre la blennorragie e t les maux de ventre;
contre les céphalées et les maux de côtes emplover le jus des feuilles ou des écorces en
applications, après scarifications, sur les tempes ou la poitrine.
Le jus des feuilles est appliqué sur les plaies comme hémostatique; il serait aussi
analgésique.
Celles du tronc servent plus généralement à préparer des tisanes calmantes de la toux, de
l'asthme e t des bronchites, ou des bains de vapeur employés pour soigner les accès fébriles.
L'eau dans laquelle on a fait bouillir les feuilles est réservée au lavage des plaies, des
abc& des chancres ou des macules lépreuses. La pulpe ou le suc sert à frictionner les
malades ayant des douleurs rhumatismales ou lombaires.
Beaucoup de féticheurs utilisent les feuilles et les écorces de Morinda lucida, comme
d'ailleurs celles de l'espèce suivante, pour soigner gales et teignes : le corps d u galeux est
d'abord lavé très énergiquement avec le décocté de feuilles, puis frotté avec un mélange
d'huile de palme et de poudre d'écorces de racines. Après avoir rasé les cheveux d u teigneux,
appliquer un emplâtre de feuilles pilées puis lui attacher autour de la tête un foulard pour
qu'il puisse garder le médicament pendant la nuit.
Cet arbuste lianescent, parfois sarmenteux, est extrêmement fréquent dans toutes les
savanes arborées.
Comme boisson ordinaire, les malades atteints de blennorragie ou souffrant des reins,
doivent utiliser du vin de palme dans lequel on a fait bouillir des morceaux d'écorces. Pour
traiter les affections gastro-intestinales, les diarrhées, ou les débuts de hernie, les féticheurs
prescrivent, soit la pulpe de racines, en lavement, soit le décocté de feuilles ou d'écorces, en
boisson. Cette médication serait aussi vermifuge.
Les Laadi font prendre, comme dépuratif, a u x malades atteints de furonculose, de la
tisane de fruits verts; les Laali e t les Kôta pansent les plaies, les bubons et abcès, avec des
racines écrasées; cette drogue sert parfois à frictionner les gens souffrant de lumbago. Le
décocté des feuilles est utilisé en instillations oculaires, contre les filaires.
Espèce des formations ripicoles ou des terrains marécageux, ce grand arbre se distingue
du Bilinga, par les caractéres suivants : ses stipules ovales ne sont que très légèrement
carénées; son fruit, rouge sombre à maturité dépasse une dizaine de centiniètres de diamètre;
les jeunes rameaux renflés et creux sont très souvent habités par des fourmis Crematogaster.
Comme le Bilinga cette espèce est employée pour soigner les maux de ventre, les règles
douloureuses et la blennorragie. Les écorces servent à frictionner les rhumatisants; à la dose
d'un verre matin et soir, la macération aqueuse de morceaux de bois constituerait un
remède de l'impuissance sénile.
Très commun dans les diverses formations forestières existant au Congo, cet arbre se
reconnaît facilement à ses grandes stipules oblongues, pouvant atteindre 3,5 cm de longueur
extrêmement caduques, laissant alors apparaître, à chaque entrenœud, une couronne de
longs poils.
Dans le Chaillu, les écorces sont d'abord écrasées avec de la canne à sucre puis mises
à bouillir pendant un certain temps dans de l'eau. Le liquide obtenu après filtration est
donné à boire aux femmes ayant des troubles ovariens; ce liquide, extrêmement amer, serait
ocytocique donc interdit aux femmes gravides. Il est parfois prescrit en boisson comme
aphrodisiaque et comme anti-diarrhéique, en bains comme fébrifuge.
(1) Cette indication thérnppiitique ne corri.spond ni au caractbre ni h la psychologie africaine, je crois qu'il faudrait
interprbter cette traduction par IP fait que l'action aphrodisiaque chat si piiisstiiite que l'on ne peut PIUS trouver ni repos ni
sommeil.
216 A. BOUQUET
Les feuilles de cet arbuste lianescent ont une odeur forte et piquante rappelant celles
des Clematis ou des Iodes; pour dégager les sinus, en cas de rhumes de cerveau, de sinusites
ou de céphalées, il sufit de froisser une feuille entre les doigts et d'en respirer le jus, on est
immédiatement pria d'une crise d'éternuements, de larmoiement qui vidange rapidement
toutes les fosses nasales.
218 A. B O U Q U E T
Rutidea sp.
H E R B I E:R1831 piste de Goriaka à 3Ioukouma.
N O MV E R N A C U L A I R E : Laali : kinsarna.
Contre les conjonctivites et autres affections oculaires, instiller dans les yeux quelques
gouttes du jus des feuilles de cette petite liane.
Schumanniophyton magnificum (K. Schum.) Harms. var. trimerum (R. Good) N . Hallé
forme umbriticoln (G. Taylor) N . Hallé
HERBIER : 1005 vill. de Ngokamina II. piste Komono-Zanaga; 1618 vill. de Kati-Kati km 20 route de
Ouesso-Malcoua.
ragie et on l'utilise pour laver les chancres syphilitiques. C'est dans la Sangha où l'arbre est
le plus fréquemment employé : Babinga, Bongili boivent la tisane d'écorces comme purgatif
ou comme vermifuge lorsqu'ils souffrent du ventre; la sciure obtenue en grattant l'écorce
sur l'arbre, mêlée à du (( Tukula )) est appliquée sur les plaies comme antiseptique et sert A
soigner de la même facon les chancres ou les ulcères.
CI
Les usages liés aux génies de la plante sont fréquents; elle entre dans la composition
du fétiche Ngoye.
Sherbournia sp.
: 1201 vill. de Vouala-Mongomo, piste après les plantations vers 1'0.
HERBIER
Ces diverses lianes sont ordinairement confondues par les féticheurs qui utilisent les
écorces pour soigner les maux de ventre très violents : le décocté est absorbé en mangeant
des bananes mûres (Chaillu). Dans la Sangha les racines sont considérées comme ayant des
propriétés aphrodisiaques tandis que les feuilles servent à soigner les maux de ventre des
femmes : ce traitement complexe consiste à manger accommodées en légume avec de la viande
ou du poisson, les feuilles de Sherbournia, de Trema guineensis, de Palisota, de Costus sp.,
d'ddenia sp., etc.
Descoings rapporte que les Téké se servent de cette plante cornine raticide, en mêlant
le suc à des appâts.
Cet arbuste extremement typique avec ses feuilles composées à pétiole ailé, est assez
fréquent dans les forets denses humides.
Les feuilles sont mangées avec du sel comme calmant de la toux; les racines seraient
aphrodisiaques.
Dans le massif du Chaillu, où l'on rencontre assez souvent cette petite Rutacée, les
féticheurs se servent des feuilles pour frictionner les gens atteints de mycoses ou de derma-
toses. Cornme pédiculicide, appliquer sur la tête du patient, un emplâtre de feuilles pilées,
le maintenir avec un foulard, pour pouvoir le conserver tolite. la nuit.
F É T I C H E U H S E T ~ I ~ D E C ~ N TEHSA B I T I O N N E L L E S D U C O N G O ( B R A Z Z A V I L L E )
Cet arbre se reconnaît à ses feuilles composées à rachis pubérulent et cannelé. Les
folioles, à pétiolules renflés, ont un limbe asymétrique.
Les Babinga soignent les affections broncho-pneumoniques avec les écorces préalable-
ment torréfiées sur morceau de tôle, elles sont pulvérisées avec du sel geriime et de la mani-
guette, puis absorbées avec un peu d'eau.
Bekwil et Bongili (( attribuent A l'écorce des propriétés magiques : elles donnent de la
chance à la chasse )) (Sandberg).
Très abondant dans le nord du Congo, il est employé par les Bongili et les Babinga pour
traiter les plaies : elles sont d'abord lavées avec le décocté puis saupoudrées avec les écorces
pilées. Le décocté est parfois prescrit en bains de vapeur contre les courbatures fébriles.
Sandberg signale son emploi dans le traitement de la dyspnée des enfants enrhumés et
comme aphrodisiaque.
Englerophytum sp.
IIERBIER : 1787 Mts Ndournou, au niveau du village de Rlandili.
Nons V E R N A C U L A I R E : Mbaamba: buba.
Jaune doré à la face intérieure, les feuilles de cet arbuste ont une nervation très typique :
les nervures secondaires anastomosées assez près du bord du limbe encadrent une série de
nervilles parallèles dont deux ou trois sont très nettement plus épaisses.
Dans le Cliaillu, le jus des feuilles ou le macéré des écorces est donné à boire aux
malades souffrant du ventre ou présentant un début de hernie.
Synsepalum sp.
I I E R ~ I E:R1960 viii. de Tchisséka.
NOMvEnr+AcuLAIIIE : Vili : nsaka.
Comme vermifuge, faire macérer les fruits pendant 24 heures dans du vin de palme ; filtrer
puis boire ; a u bout de quelques instants prendre une purge évacuatrice.
SCROPHULARIACÉES
Cycnium camporum Engl.
HERBIER: 415 Baratier.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Laadi : miilombo, mulombolo.
Assez fréquente dans les savanes du Pool, cette plante à belles fleurs blanches, devient
entièrement noire en se flétrissant.
Les Congolais s'en servent pour soigner les plaies et les brûlures ; le jus en activerait la
cicatrisation, et en colorant les téguments en noir, éviterait des cicatrices trop visibles.
SMILACACÉES
Smilax kraussiana Miesn.
HERBIER: 58 route de Kinkala, près d u Trou de Dieu.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Laadi : nkuku, mukuku ; Laali : niiingira ; Y a a : mungili ; T i é : nsiti ; N d m a :
giti ; hilbaamba : ongilu ; Kôta : mongila, oiigila ; M b à ~ i: okeki ; Bongili, Enydld, Bondjo : ekaata ;
Songo : golo.
Très commune dans toutes les savanes arborées et les districts préforestiers cette liane
est employée par les Laadi comme médicament des affections bronchiques en général et de
230 A. BOUQUET
la coqueluche en particulier. Le remède est constitué par le décocté ou le jus des feuilles que
l'on doit absorber par doses fractionnées dans le courant de la journée.
Dans la préfecture de l'Equateur, les féticheurs font manger les feuilles crues, à la croque
au sel, ou accommodées comme des légumes, aux malades atteints d e tachycardie. Les Ndasa
utilisent le même remède pour les femmes qui ont des règles douloureuses, irrégulières e t pour
favoriser l'accouchement.
Le jus des feuilles est donné en collyre ou en gouttes auriculaires pour soigner les otites
ou se débarrasser des filaires lorsqu'elles passent dans les muqueuses de l'œil. E n frictions,
la pulpe soulagerait les douleurs rhumatismales e t lombaires e t ferait dégonfler les œdèmes
locaux.
La plante sert aussi en magie ; placée sous l'oreiller d'un dormeur elle le forcerait à parler
pendant son sommeil ; en mélange avec Erythropleum guineense, Strychnos icaja, elle rem-
placerait les plombs dans la préparation de cartouches destinées à fusiller les sorciers.
SOLANACÉES (1)
Gapsicum frutescens Linn.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Laadi : rnakaya ma nuungu, n'nuungu ; Beembe : nunga.
Les Koongo se servent parfois des feuilles de piment pour préparer une potion contre
la toux e t les maux de cœur. Le jus des feuilles sert de collyre pour traiter les conjonctivites
et les céphalées. E n cas de douleurs articulaires ou musculaires, il est utilisé pour frictionner
les malades.
Les fruits entrent très rarement dans la confection des médicaments pour lesquels les
Congolais préfèrent les graines de maniguette ; ils sont par contre très largement employés
dans la cuisine comme condiment.
Contre les troubles de la vue, instiller deux gouttes du suc des écorces dans chaque œil.
Lorsque les enfants sont fiévreux, les baigner dans de l'eau dans laquelle on aura fait
macérer des écorces écrasées et du tukula B.
Cet arbuste sarmenteux, parfois lianescent est très abondant dans les sous-bois fores-
tiers de la Cuvette congolaise; il est assez remarquable avec ses fruits jaune verdâtre laissant
apparaître, lorsqu'ils s'ouvrent à la maturité, une graine noire à arille orangée.
Le jus des feuilles ou la poudre de racines, délayé dans du vin de palme est absorbé
comme apéritif, reconstituant et anti-anémique.
Sterculiacée
HERBIER : 1778 Mts Ndoumou, au niveau du vill. de Mandili.
NOMV E R N A C U L A I R E : Ndasa : onduo ashua.
Dans la région de Komono-Zanaga, des féticheurs Ndasa utilisent comme anti-
diarrh6ique la décoction des feuilles d'un arbre de petite taille feuilles composées digitées,
très longuement pétiolées, folioles longuement acuminées. Cette plante malheureusement
stérile pourrait être une Araliacée, mais semblerait, d'après les comparaisons effectuées avec
divers échantillons de l'herbier du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, appartenir
a une espèce ou un genre nouveau.
Les écorces e t les racines de cet arbuste très commun dans la région brazzavilloise e t
les forêts d u Mayombe, ont une odeur très prononcée d'ail.
Il semblerait que les Congolais attribuent à ces arbres à ail un pouvoir antiseptique
puissant : ils sont en effet prescrits en boisson dans les cas de troubles gastro-intestinaux,
d'embarras gastrique, de flatulence e t de douleurs post-partum; le décocté des écorces de
tiges ou de racines est employé pour laver les enfants fiévreux, en bains de vapeur pour
soulager les douleurs rhumatismales e t les courbatures fébriles, en injections vaginales ou en
bains de siège pour traiter diverses affections génito-urinaires des femmes.
Le jus des racines est instillé dans les oreilles contre les otites e t appliqué sur les dents
malades pour en calmer la douleur; il sert aussi à panser les plaies.
Naturellement ces plantes passent pour chasser les esprits : on s'en sert pour protéger
les maisons, traiter les maladies d'origine diabolique ou se prbserver des sorciers.
Assez courantes dans les différentes forêts congolaises les différentes espèces de Dicrano-
lepis sont employées par les féticheurs comme purgatif e t vermifuge. Le fruit est la partie
de la plante considérée comme la plus active; la dose moyenne, pour un adulte, est de trois
ou quatre fruits pilés avec un peu de kaolin e t incorporés à une banane mûre.
A défaut des fruits, un demi verre d u jus obtenu en pilant les racines fraîches aurait
un effet analogue.
Les écorces des tiges servent à confectionner des pièges pour capturer les petites anti-
lopes, d'où le nom de (( porte-gazelle )) que lui donnent les Kôta.
ULMACÉES
Çeltis adolfi-friderici Engl.
HERBIER: 1638 (1 Sangha-Bois )), Chantier de Mangokélé, sur la Ngoko.
Nom V E R N A C U L A I R E : Babinga : kakala.
Pour soigner les maux de cates, les Babinga de la Sangha pratiquent sur la poitrine du
malade une série de petites scarifications et y appliquent en massant doucement, la pulpe
des écorces de cet arbre.
Quand un inalade souffre de tachycardie, lui donner à boire le jus de cette plante.
Cette espèce a de grandes inflorescences blanches et des feuilles garnies de poils violet.
Pour favoriser la conception des femmes, il faut leur faire manger les feuilles accommodées
eii léguine; ce remède agirait aussi sur la blennorragie.
Dans la Sangha les feuilles sont appliquées sur les abcès et les furoncles pour les faire
mûrir.
Clerodendron spinescens Gürke
HERBIER : 104 vill. de Kintélé, route de Kinkala.
Noms V E R N A C U L A I R E S : Laadi : nkasa dya makaanga; Mbdsi : obasi.
Herbacée rampante, épineuse, à fleurs jaunes, ce Clerodendron est extrêmement répandu
dans les savanes du centre congolais depuis la vallée du Niari jusqu'à 1'Alima.
Dans la région de Brazzaville, la plante est considérée comme ayant des propriétés cho-
lagogues et vermifuges; elle est aussi prescrite en tisane aux malades ictériques; elle sert
à traiter les plaies et la gale.
Les Mbasi lorsqu'ils ont un panari, font des pansements humides avec une décoction
aqueuse de la plante et d'écorces d'tinthocleista.
La~~tana
camara 1,inn.
Les Mbôsi se servent de cette plante pour faire des infusions contre les maux de
gorge (Descoings).
Pour éloigner les mauvais esprits, se laver avec le décocté des feuilles.
E n bains de vapeur, le décocté des feuilles sert h soigner les courbatures fébriles. Les
Babinga utilisent la plante pour tuer les filaires lorsqu'elles passent dans les muqueuses de
l'œil : ils font avec les écorces pilées et du kaolin une pâte qui est passée sur les paupières
et autour de l'œil.
Le décocté de cette liane est donné à boire aux femmes qui ont des règles trop abondantes
et douloureuses, et aux hommes atteints de blennorragie chronique.
Très commune en savanes, cette petite liane, à pilosité rousse, est employée par les
Mbôsi pour traiter les brûlures : piler des feuilles sèches et incorporer la poudre à de l'huile
de palme pour obtenir une pâte fluide; en badigeonner la plaie.
Les Koongo se servent de la pulpe des racines comme d'un révulsif pour frictionner les
points douloureux tels que point de côté, torticolis, etc.; si l'effet de cette médication paraissait
insuffisant, faire absorber au malade le jus délayé dans du vin de palme.
Le jus des feuilles passe pour calmer les fous.
La plante a la réputation d'éloigner les démons : on la suspend parfois au-dessus de la
porte pour préserver la maison; on se sert du décocté pour exorciser les malades.
Cet Afromum se rencontre surtout dans le nord du pays, dans les sous-bois des forêts
denses : atteignant facilement 2 m de haut, ses feuilles servent h couvrir les cases. Les fruits
rouges rappellent beaucoup ceux de l'espèce suivante e t sont aussi comestibles. E n les coupant
et en les pressant on obtient un liquide qui sert d e collyre pour soigner diverses ophtalmies;
en grattant l'endocarpe on a une pâte qui, mélangée à du sel gemme, sert à tuer les filaires
qui sont dans les muqueuses de l'œil.
Le jus ou le décocté des feuilles constitue une potion calmante de la toux et des maux
de cœur.
246 A . BOUQUET
Costus sp.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : (s'appliquent aux divers Costids) : Laadi : nsaiiga vulu; Beembe : mukusa;
V i l i : nkuisa, mukuisa, ndembo; P u n u : muwisa; Tsaangi : muwusa; Kôta : niuindu; Nzabi :
rnukusu; Ndasa : muandu; Mbaamba : osangi, oshangwe; Téké : muséné, mushiene, musansene;
Laali :mukusu; Mbôsi : osangi, oshiani; Kôyô :ebomi, otsatsal<u;A k w a :okekele; Sanga :muindi;
Babinga : gangalenge; Bongili : okele; Songo : muangoko; Bondjo : munsanga; Enyélé : musha-
shanga; Bekwil : miéd, mièr.
Les Costus sont ordinairement confondus par les féticheurs qui leur attribuent les m6mes
propriétés médicinales et les désignent par le même nom. Certaines espèces sont, très rare-
ment, désignées plus spécialement par l'endroit ou elles poussent (de la forêt, de la savane,
de l'eau) ou par leur taille (le grand, le petit).
La décoction aqueuse des tiges ou des feuilles est donnée en boisson, à raison d'un verre
trois fois par jour, comme calmant de la toux, de la coqueluche, de l'asthme et des maux
de c8tes.
Le jus extrait par expression des tiges ou des feuilles est administré en instillations
oculaires, auriculaires contre les ophtalmies, les otites et les céphalgies; il est appliqué sur
les dents cariées; en cas d'affections buccales, il est passé sur les gencives et les muqueuses.
Délayé dans de l'eau bouillante il sert à préparer un bain ou un bain de vapeur destiné aux
malades fiévreux ou rhumatisants.
Les inflorescences écrasées dans de l'huile sont consommées par les femmes enceintes
pour que le fœtus grossisse bien, et par les gens qui souffrent de maux de cœur.
Les feuilles de ce Costus sont très typiques : disposées en croix, elles forment une rosette
appliquée sur le sol au centre de laquelle émergent des fleurs jaunes. Il est présent dans
presque toutes les savanes congolaises.
Le jus est instillé sous les paupières pour soigner les taies ou les traumatismes oculaires
ainsi que l'épilepsie et les convulsions.
Renealmia africana (IC. Schum.) Benth.
HERBIER
: 196 route de Linzolo; 1738 vill. d'Isiélé, route de Sibiti-Zanaga.
Renealmia ep.
HERBIER: 1128 vill. de Moukassi; 993 vill. de Ngokamina II.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Mbaamba : lendzombo labulu; ilidasa : la zombo; Nzabi : lenzoinbo;
Babinga (de Komono) : lindzondzomo; Y a a : ndzornbo; I'oombe : Iéyombo; Laadi : longwa;
Songo : ntondo iizombe; Laali : liyombo; Bondjo : loko, motokolo; Tsaangi : yombo.
Les Renealmia sont très communs dans les sous-bois des forêts denses; généralement
de grandes tailles, les espèces sont très voisines e t il est souvent assez dificile de les diffé-
rencier les unes des autres. Trés proches des Aframomum, ils se reconnaissent à leurs inflo-
rescences paniculées lâches, à bractées pluriflores, à leurs fleurs ou fruits de petites tailles.
Ils sont indifféremment employés par les féticheurs.
Très généralement, ils se servent de la pulpe retirée avec la pointe d'un couteau de la
base renflée des feuilles, pour soigner les affections oculaires telles que taies, traumatismes
du globe oculaire, conjonctivites, ou filaires.
Comme fébrifuge, et, comme calmant des douleurs gastro-intestinales, boire le jus des
feuilles. Délayé dans de l'eau, ce suc sert à laver le visage des épileptiques.
Contre les mauvais esprits qui font parler à tort et à travers, laver le possédé avec de
l'eau dans laquelle on aura écrasé des tiges feuillées et que l'on aura laissé séjourner au soleil.
Placé sous le lit les feuilles permettraient de voir en rêve des choses cachées.
PTERIDOPHYTES
CHAMPIGNONS (1)
Phallus sp.
NOMV E R N A C U L A I R E : Laali : fumukumu.
Entièrement enveloppé dans une résille fauve, ce Phallus est assez commun dans les
forêts de la région brazzavilloise.
E n cas de hernie ombilicale, les Téké font manger a u malade, ce champignon écrasé
avec du kaolin.
Xylaria sp.
HERBIER : 1549 vill. de blondeko, sous-préfecture de Oueaao.
NOMSV E R N A C U L A I R E S : Kôyô : doko; A k w a : ikambu; Laali :lekotoko; Bongili : likombo; Bondjo :
ikombo; Bornitaba : bukumbu; Enyélé : mboma.
Ce petit champignon ressemble un peu à une vesse de loup : marron dur, sa chair est
entièrement creusée d'alvéoles. Il est très généralement considéré comme un drastique : on
emploie la poudre obtenue en pilant le champignon séché a u soleil, à la dose d'une à deux
cuillères à café par jour, délayée dans de l'eau ou du vin de palme. Il sert à soigner les maux
de ventre, la constipation, la stérilité des femmes, l'ascite e t les œdèmes généralisés. Son
emploi est interdit aux femmes enceintes car il serait abortif, et aux enfants car il pourrait
6tre dangereux.
Certains féticheurs donnent à boire une décoction aqueuse de ce champignon aux
malades atteints de gonococcie chronique, à raison d'une cuillère à soupe par jour.
TABLES ET INDEX
ALPHABÉTIQUES
LNDEX ALPHABETIQUE DES NOMS SCIENTIFIQUES
E
EBÉNACÉES 107 Erigeron floribundus (H. B. & K.) Sch. Bip. 93
Eclipta prostata (Linn.) Liiin. 93 Eriococlum microcarpuin Radlk. ex de Wild. 222
Elaeis guineensis Jacq. 184 Erioserna glomeratum (Guill. & Perr.) Hook. f. 188
Elaephorbia drupifera (Thonn.) Stapf. 28, 114 Eriosema sporaloides (Lam.) G. Don 189
Eleusine indica (Linn.) Gaertn. 129 Eriospermum sp. 157
Embelia guineensis Bak. 175 Erythrina sp. 189
Emilia coccinea (Sims) G. Don 93, 121, Erythrococca chevalicri (Beille) Prain. 114
Enantia chlorantha Oliv. 28, 58, 180, 193 Erythrococca welwitschiana (Mü11. Arg.) Prain 214
Endodesrnia calophylloides Benth. 137 Erythrophleum guinecnse G. Don 26, 28, 31, 84,
Englerina gabonensis (Engl.) Balle. 152 105, 150, 230, 250
Englerophytum sp. 224 Eugenia sp. 175
Entada gigas Fawcett & Rendle 26, 164 Eupatorium africanum Oliv. & Hiern 94
Entandrophragma angolense C. DC. 13, 157 EUPHORBIACÉES 42, 108
Entandrophragma candollei IIarms 157 Euphorbia cervicicornu Baill. 114
Entandrophragma cyliiidricum (Sprague) Sprague 157 Euphorbia hermantiana Lernaire 115
Entandrophragma pallustre Staner 157 Euphorbia hirta Linn. 114
Entandrophragma utile Sprague 157 Euphorbia thymifolia Linn. 115
Eragrostis ciliaris (Linn.) Link. 129 Euphorbia tirucalli Linn. 115
Ercmospatha cabrae de Wild. 184 Euphorbia tisserantii Chev. & Sillans 215
Eremospatha haullevilleana de Wild. 184 Euphorbia af. unispina N. E. Br. 115
Gaertnera paniculata Benth. 118, 209 Geophila repens (Linn.) 1. M. Johnston 210
Ganibeya africana (Don ex Bak.) Pierre 225 Gilbertiodendron dewevrei (de Wild.) J. Léonard
Gambeya lacourtiana (de Wild.) Aubr. & Pellegr. 225 12, 13, 84
Gambeya lungi (de [Vild.) Aubr. & Pellcgr. 225 Gilbertiodendron klainei (Pierre) J. Léonard 84
Gambeya perpulchra (Milldbr.) Aubr. & Pellegr. 225 Gloriosa superba Linn. 147
Gambeya subnuda (Bak.) Pierre 225 Glyphaea brevis (Spreng.) Monachino 237
Ganoderma sp. 250 GNÉTACÉES 131
Ganophyllum giganteurn (A. Chev.) Haumaii 222 Gnetiim africanum Welw. 131
Garcinia epunctata Stapf. 132 Gnetum buchholzianum Engl. 131
Garcinia huillensis Welw. ex Oliv. 12, 132 Gossypiuin sp. 152
Garcinia kola Hecliel 40, 127, 132, 141 Gouania longipetala IIemsl. 202
Garcinia mannii Oliv. 133 GRAMINOES 128
Garcinia ovalifolia Oliv. 133 Grilfonia physocarpa Baill. 85
Garcinia polyantha Oliv. 133 Griffonia tessmanii de Wild. 85
Garcinia punctata Oliv. 133 Grossera macrantha Pax 116
Garcinia smeathmanii Oliv. 133 Guarea cedrata (A. Chec.) Pellegr. 157
Garcinia sp. 13, 133 Guarea af. thomsonii Sprague & Hutch. 158
Gardenia jovis-tonnantis (Welw.) Hiern 209 Guibourtia demeusii (Harms) J. Léonard 13, 85
Geophila af. afzelii Hiern 209 GUTTIFÈRES 131
Geophila renaris de Wild. & Th. Dur. 210 Gynandropsis pentaphylla DC. 78
Imperata cylindiica (Linn.) P. Beauv. 129 Ipomea obscura (Linn.) Ker-Gawl. 100
Indigofera capitata Kotschy 189 Ipomea patatas Linn. 99
Indigofera congesta Welw. ex Bak. 189 Ipomea quamoclit Linn. 100
Indigofera dendroides Jacq. 189 IRIDACRES 139
Indigofera hirsuta Linn. 189 IRVINGIACÉES 140
Ingonia digitata (Masters) Bobard 233 Irvingia gabonensis Baill. 140, 180
Iodes africana Welw. ex Olid. 138, 217 Irvingia grandifolia Engl. 140, 238
Iodes klaiiieana Picrre 138 Irvingia smithii Hook. f. 141
Ipomea involucrata P. Beauv. 99 Isolona seretii de Wild. 59
Jateorhiza macrantha (Hook. f.) Exell & Mendonça Justicia extensa T. Anders 49
160 Justicia insularis T. Anders 49
Jatropha curcas Linn. 116
L
LABIACÉES 141 Leptoderris af. hypargyrea Dunn. 189
Lactuca capensis Thunb. 94 Leptoderris nobilis Dunn. 189
1,actuca schulzeana Büttn. 94 Leptonychia batangensis (C. H. Wright) Burret 233
I'agenaria breviflora (Benth.) Roberty 102 Letestua durissima (A. Chev.) H. Lec. 226
Lagenaria siceriara (Molina) Stand]. 102 Leucoena glauca Benth. 165
Laggera heudelotii C. D. Adams 94 L I L I A C ~ E S145
Landolphia af. foretaina (Pierre) M. Pichon 63 Limaciopsis loangensis Engl. 160
Landolphia lanceolata (K. Schum.) Piclion 64 LINACÉES 147
Landolphia owariensis P. Beauv. 64 Lindackeria dentata Gilg 127
Landolphia subrepanda (K. Schum.) Pichon 64 Lindackeria poggei Gilg 127
Lannea welwitschii (Hiern) Engl. 54, 193 Lindernia diffusa Wettst. 228
Laportea aestuans (Linn.) Chew 195, 239 Lingelsheimia sp. 117
Laportea ovalifolia (Schum. & Thonn.) Chew 239 Lippia adoensis Hoscht. 24
LAURACÉES 143 Loeseneriella clematoides (Loes) R. Wilczek ex
Lasianthera africana P. Beauv. 139 Hallé 136
Lasiodiscus fasciculaflorus Engl. 202 LOGANIACÉES 148
Lasiodiscus marmoratus C. H. Wright 202 Lomariopsis guineensis (Und.) Alston 248
Lecanodiscus cupanioides Planch. 223 Lomariopsis hoederacea Alston 248
LECYTIIIDACÉES 144 Lomariopsis palustris (H. K.) Mett. 248
LEEACÉES 145 Lophira alata Banks ex Caertn. f. 12, 13, 167, 178
Leea guineensis G. Don 145 LORANTHACÉES 152
Lentana camara Linii. 84, 241 Loudetia demeusii 12
Leocus africaiius (Bak. ex Sc. Elliot) J. K. Morton Lovoa trichilioides Harms 158
142 Ludwigia africana (Brcnan) Hasa 182
Leonotis nepelifolia, var. africana J. K. Morton 142 Ludwigia sp. 182
LEPIDOBOTHYACÉES 145 Luffa cylindrica Linn. 102
Lepidobotrys staudtii Engl. 145 Lygodium smithianum Presl 248
Nauclea diderichii (de Wild.) Merrill 211, 212 Newbouldia laevis (P. Beauv.) Seein. 73
Nauclea latifolia Sm. 133, 213 Nicotiana tabaccum Linn. 131, 230
Nauclea vanderguchtii (de Wild.) Petit 213 N Y C T A C I N A C ~ E S 176
Neoboutonia africana Müll. Arg. 121 Nymphaea lotus Linn. 137, 177
Keoboutonia canescens Pax 121 NYMPHÉACÉES 177
Nephrolepis bisserata (S. W.) Scliott. 248
Ochna afzelii R. Br. ex Oliv. 131, 178, 179 Ocimum 27, 28, 49, 87, 100, 142, 198
Ochna arenaria de Wild. & Th. Dur. 179 Ocimum basilicum Linn. 142
Ochna calodendron Gilg & Mildbr. 179 Ocimum canum Sims 142,143
OCHNACÉES 177 Ocimum gratissimurn Linii. 143
Ochna pulchra Hook. f. 179 Odyendya gabonensis Pierre 229
Ochtocosmus dewevrei (Engl.) de Wild. 148 OLACACÉES 177
260 A. BOUQUET
Olax latifolia Engl. 180 Ongokea gore (Hua) Pierre 100, 180, 1 8 1
Olax subscorpioidea Oliv. 181, 207 OPILIACÉES 183
Olax triplinervia Oliv. 181 ORCHIDACÉES 183
Olax viridis Oliv. 110 Ottelia lancifolia Ricli. 137
Olax Wildemanii Oliv. 1 8 1 Ottelia ulvifolia Walp. 137
Oldenlandia affinis (Roem. & Schult.) DC. 213 OXALIDACÉES 183
OMBELLIFÈRES 182 Oxalis corniculata Linn. 183
Omphalocarpuni elatuin Miers 226 Oxyanthus laurentii de Wild. 213
Omphalocarpum letestui Aubrev. & Pellegr. 226 Oxyaiithus schumannianus de Wild. & Th. Dur. 214
Omphalocarpum procerurii P. Beauv. 226 Oxyanthus speciosus DC. 214
ONAGRACÉES 182 Oxyanthus unilocularis Hiern 214
Onchoba spinosa Forsk. 127
Quassia africana (Baill.) Baill. 20, 39, 229 Quisclualis latiolata (Engl. & Diels) Exell 89
Quisqualis hiensii (Engl. & Diels) Exell 89
Sapium ellip ticum Pax 124 Solenostemon monostachys (P. Beauv.) Briq. 143
SAPINDACÉES 222 Sopubia simplex Hoscht. 228
SAPOTACRES 223 Sorindea sp. 20, 55
Scaphopetalum amoenum A. Chev. 233 Spathodea campanulata P. Beauv. 73
Scaphopetalum blackii K. Schum. 23h Spigelia anthelmia Linn. 151
Scaphopetalum macranthum IC. Schum. 234 Spilanthes acmella (Linn.) Murr. 95
Schumanniophyton hirsutum (Hiern) Good 218 Spondianthus preussii Engl. 124
Schumanniophyton magnificum var. trimerum (R. Spondias monbin Linn. 55
Good) N. Hallé 21, 218 Staudtia capitata Warb. 174
Schumanniophyton sp. 218 ~tenochloenamildbraedii Brausse 249
Schwenkia americana Linn. 131, 133, 230 Stephania laetificata (Miers) Benth. 161
Scleria barteri Boeck. 104 STERCULIACÉES 232, 234
Scleria induta Turrill 103 Sterculia tragacantha Lindl. 13, 234
Scleeria iostephana Nelmes 103 Stipularia africana P. Beauv. 219
Sclerochiton nitidus (S. Moore) C. B. Clarke 50 Streptogyne gerontogaea Hook. f. 131
Scorodophleum zenkeri Harms 86, 136, 155 Strombosia grandifolia Hook. f. 181
Scoparia dulcis Linn. 29, 131, 228 Strombosia glaucescens Engl. 181
Scottelia coriacea A. Chev. ex Hutch. & Dalz. 128 Strombosiopsis tetranda Engl. 182
SCROPHULARIACÉES 228 Strophantus gratus (Hook.) Franch. 66, 70
Scyphocephalium ochocoa Warb. 174 Strophantus sarmentosus DC. 66
SCYTOPÉTALACÉES 228
Strychnos aculeata Solered 149, 158
SELAGINELLAC~ES249
Strychnos camptoneura Gilg & Busse 149
Selaginella myosurus (S. W,) Alston 131, 249
Strychnos coculloides Bak. 12, 150, 189
Sesamum indicum Linn. 142
Setaria barbata Kunth. 130 Strychnos cuniculata Leenwenberg 151
Setaria chevalieri Stapf. ex. A. Chev. 48, 130, 170 Strychnos icaja Baill 26, 28, 31, 150, 230
Setaria af. megaphylla Dur. & Schinz. 130 Strychnos innocua 12
Sherbournia bignoniiflora (Welw.) Hua 218 Strychnos af. longicaudata Gilg 151
Sherbournia sp. 195, 218 Strychnos pungens Soler. 151
Sherbournia streptocaulon (K. Schum.) Hua 218 Strychnos scheffleri Gilg 151
Sida acuta Burm. f. 153 Strychnos af. tchibangensis Pellegr. 151
Sida cordifolia Linn. 153 Strychnos af. tricalysioides Hutch. & J. B. Moss 151
Sida stipularia Cav. 153 STYRACACÉES 234
SIMARUBACÉES 229 Swartzia fistuloides Harms 86
S M I L A C A C ~ E S229 Symphonia globulifera Linn. f. 134
Smilax kraussiana Miers. 229 Synclisia scabrida Miers 161
SOLANACÉES 229 Synedrella nodiflora Gaertn. 95
Solanum anomalum Thonn. 230 Synsepalum dulcificum Baill. 227
Solanum dasyphyllum Schum. & Thonn. 231 Synsepalum sp. 227
Solanum incanum Linn. 231 Synsepalum subcordatum de Wild. 227
Solanum nigrum 1,inn. 102, 153, 231 Syrrhenema fasciculata Miers 161
Solanum sp. 52, 141 Syzygium brazzavilliense Aubr. & Pellegr. 176
Solanum torvum Swarty. 231 Syzygium guineense (Willd.) DC. 176
Solenostemon latifolius J. K. Morton 143, 210 Syzygium rowlandii Sprague 176
Tabernaemontana crassa Benth. 66, 67, 207 Tetrapleura tetraptera ('i'honn.) Taub. 167, 226
Tabernanthe iboga Stapf. 67 Tetrnchidium didynostemon Pax & Hook. 104, 112,
Talinum triangulare (Javq.) Willd. 201 124, 138
Tapura bouquetiana N. Hallé & H. Heine 105 Tetrochidium congolense J. Léonard 124
Tarenna klaineana Pierre 219 Thaumatococcus danielli Benth. 154
Telosma sp. 70 Thecacoris lucida Hutch. 125
Tephrosia barbigera Welw. ex Bak. 193 Thomandersia butayei de Wild. 50
Tephrosia vogelii Hook. f. 100, 158, 194, 204 Thomandersia congolana de Wild. & Th. Dur. 50
Terminalia superba Engl. & Diels 13, 89 Thomandersia heinsii de Wild. & Th. Dur. 50, 153,
Tetracera alnifolia Willd. 105 231
Tetracera podotricha Gilg 105, 195 Thomandersia laurentii de Wild. 51
Tetracera poggei Gilg 105 Thomandersia laurifolia (T. Anders ex Benth.)
Tetracera potatoria Afzel ex G. Don 105,147,195, 244 Baill. 51
Tetracera sp. 39, 40 Thonningia sanguinea Vahl. 71
THYMOLGACÉES 235 Triclisia dictyophylla Diels 161, 189
Thyrsodium africanum (Engl.) van de Verk. 56 Triclisia patens Oliv. 162
TILIACÉES 236 Triclisia sp. 119, 162
Trachypogon 1 2 Trichoscypha af. abut Engl. 56
Trachyphrynium braunianum Bak. 154 Trichoscypha acuminata Engl. 56, 105
Treculia africana Decne 172 Trichocypha gossweileri Exell Sr &fend. 56
Treculia obovoidea N. E. Br. 172 Trichocypha sp. 56
Trema guineensis (Schum. & Thonn.) Ficalho 21, Tridemostemon omphalocarpoides Engl. 227
31, 195, 219, 238 Triplotaxis stellufifera (Berith.) Hutch. 95
Tricalysia welwitschii K. Schum. 219 Triplochyton scleroxylon 1 3
Trichilia af. gilgiana Harms 158 Tristemna leiocalyx Cogn. 156
Trichilia gilletii de Wild 158 Tristemna rubens A. & R. Fern. 156
Trichilia heudelotii Planch. e x Oliv. 19, 159 Tristemna virussianum Jacques-Félix 156
Trichilia lanata A. Chev. 159 Triumfetta cordifolia (Guill. & Perr.) A. Rich. 237
Trichilia retusa Oliv. 159 Triumfetta rhomboidea Jacq. 237
Trichilia rubescens Oliv. 19, 159, 203 Turraea cabrae de Wild. & Th. Dur. 159
Trichilia sp. 121, 131 Turraenthus africanus Pellegr. 21, 159
Trichilia zenkeri Harms 159 Tylophora glauca Bullock 70
Trichopterix fructiculosa Chiov. 131 Tylophora sylvatica Decne 71
Uapaca guineensis Mü11. Arg. 119, 125 Urera cameroonensis Wedd. 171, 239
Uapaca heudelotti Baill. 125 U r e ~ acordifolia Engl. 240
Uapaca paludosa Aubr. Sr Léaridri 125, 234, 236 Urera repens (Wedd.) Rendle 239
ULMACÉES 238 Urera thonneri de Wild. & Th. Diir. 240
IJraria picta (Jacq.) Desv. 19't Urginea altissima (Lii~n.)Bak. 147
Urena lobata Linn. 153 URTICACÉES 239
Whitfieldia brazzae J. B. Clarke 51 Whitfieldia elongata (P. Beai~v.)de Wild. & Th. Dur.
51
E
Eba 166, 182 Eboke 106 Edjungu 261
Ebakala 174 Eboli 170 Edonge yatse 95
Ebamba 162 Ebome 149 Edzaba 20,195
Ebambi 156 Ebomi 246 Edzia kemali 208
Ebamka 163 Ebonbwale 200 Edzongo 217
Ebanbatshi 121 Ebondo 173, 227 Eesie 153
Ebanda 78 Eboza 117 E fialendzabi 53
Ebeli 176,201 Ebunjili 108 Efumba mutu 249
Ebét 132 Echoacho 138, 241 Egogong 195
Ebiembe 214 Ediesa 116 Egondo 191
Ebiengondo 146 Edingi 103 Eguele 232
A . BOUQIJET
H
Hiwutu 73 Humba 199
N D 1.5 - A ~ ~ o ~ .- ~T < ~~b e r~r ~ c~~ r ~ibogn s . AIEM, cliaiiiier C.E.I:.h. Caboii, ;ivril 1963.
Ét l i e ~ Baillon.
A u t e u r N. Ifallé.
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Autcur F. tlallé.
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Auteur N. IIallb.
K O 18 - RLT~IACÉES -. Rolhrnnnnia macrocarpu (Hierii) Kcay. L A N K O U L O U N U(;aboli,
A, juillet 1959.
Auleur N. Hall;.
No 1 9 - R I I I ~ I A C É E S .- Pserldosnbtrra ~ ~ a ~ l i s p h cIV.
r a IIall8. P i s i i - oii T ~ O U ~ N
Gabon,
I, 11-2-1961
Auteiir N. Ha118. I
l x . C A R T E S THÉMATIQUES
Cartes imprimees en couleurs ou en noir. avec ou sans notice. a petites, moyennes et grandes échelles, concernant :
- l'Afrique du Nord. I'Afrique d e l'ouest, I'Afrique centrale et équatoriale. Madagascar. la Nouvelle-Caledonie, Saint-Pierre-et-Miquelon. la Guyane
française ...
dans l'une ou plusieurs des matières suivantes :
- Géophysique. - Géologie. - Hydrologie. - Pedologie et utilisation des terres. - Botanique. - Entomologie medicale. - Sciences humaines.