Imagerie de La Femme 2017
Imagerie de La Femme 2017
Imagerie de La Femme 2017
de la
Femme
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(Chêne-Bougerie - Suisse), Sophie Taïeb (Lille), Patrice Taourel (Montpellier), Isabelle Trop (Montréal)
Imagerie de la Femme (ISSN 1776-9817) 2017 (volume 27), un an : 4 numéros. France : 319 euros (TTC).
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ISSN 1776-9817
Imagerie de la Femme (2017) 27, e1–e2
Available online at
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CONTENTS
Abstracted in: EMBASE/Excerpta Medica; Pascal/Inist-CNRS; Scopus®
Original article
Reviews
The ultrasound BI-RADS® lexicon: Changes in the fifth edition of the atlas
C. Balleyguier and J. Arfi-Rouche ................................................................................. 9
Axillary lymph node status in breast cancer patients: Preoperative assessment and management’s
evolution
A. Bekhouche and A. Tardivon ..................................................................................... 25
Pathophysiology of endometriosis
É. Petit ................................................................................................................. 41
Imaging report writing no. 1 – checklist before ACR 4 or ACR 5 mammographic microcalcifications
A.-C. Monseau-Thiburce ............................................................................................. 45
Decision tree
Case report
doi:10.1016/S1776-9817(17)30018-4
e2 Sommaire
Calendar .................................................................................................................. 59
Imagerie de la Femme (2017) 27, 1—8
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www.sciencedirect.com
ARTICLE ORIGINAL
a
Service de radiologie, institut curie, hôpital René-Huguenin, 35, rue Dailly, 92210
Saint-Cloud, France
b
Service d’anatomie pathologique, institut Curie, hôpital René-Huguenin, 35, rue Dailly,
92210 Saint-Cloud, France
c
Centre d’imagerie médicale « Grand — Siècle » Versailles, 1, place Royale, 78000 Versailles,
France
Reçu le 1er novembre 2016 ; reçu sous la forme révisée le 22 janvier 2017; accepté le 23 janvier
2017
Disponible sur Internet le 11 mars 2017
MOTS CLÉS Résumé Le carcinome mammaire neuroendocrine primitif est une forme histologique peu
Carcinome connue sur tous les aspects : présentation clinique, radiologique, caractéristiques histologiques,
mammaire ; traitement et survie. Ces éléments ont été analysés sur les données de 45 patients pris en charge
Neuroendocrine ; à l’hôpital René-Huguenin — institut Curie entre août 2004 et février 2015. Il prédomine chez
Mammographie ; la femme entre 60 et 70 ans, consultant pour une masse palpable. La présentation radiologique
Échographie ; est une masse, unique, qui dans un tiers des cas est ronde ou ovale, de contours partiellement
Anatomopathologie circonscrits. En anatomopathologie, c’est une lésion, habituellement de bas grade ou de grade
intermédiaire, exprimant des récepteurs hormonaux. Le diagnostic peut être manqué, car la
recherche des marqueurs neuroendocrines n’est pas systématique. Par ailleurs, le diagnostic
différentiel avec une localisation secondaire mammaire d’une tumeur neuroendocrine peut
être difficile, d’où l’importance d’un bilan systématique à la recherche d’un cancer primitif
extramammaire. Le traitement est similaire au carcinome mammaire canalaire infiltrant. La
survie s’avère bonne, néanmoins les données de la littérature sont discordantes.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.01.003
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
2 A. Gog et al.
KEYWORDS Summary Primary neuroendocrine carcinoma of the breast is a poorly defined type of carci-
Breast carcinoma; noma based on clinical and radiologic presentation, histopathology characteristics, treatment
Neuroendocrine; and survival. We analysed all these elements in our study of 45 patients with a primary
Mammography; neuroendocrine breast carcinoma treated between August 2004 and February 2015 at René-
Sonography; Huguenin — institut Curie Cancer Centre. This type of carcinoma was more often seen in women
Pathology between 60 and 70 years old, who consulted for palpable mass. Upon radiological examination,
a mass was detected, usually a single one, which was round or oval with partially circumscri-
bed borders in a third of the cases. With regards to histopathology, the tumours were low or
intermediate grade, with positive oestrogen and progesterone receptors. They could have been
easily misdiagnosed because neuroendocrine markers research is not done routinely. Moreover,
it is challenging to differentiate from breast metastasis of neuroendocrine tumour. Neuroen-
docrine breast carcinoma treatment is similar to that for invasive breast carcinoma. There is a
good survival rate, despite contradictory evidence in studies.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Figure 1. Patiente de 66 ans, sans antécédent personnel ou familial. Mammographie de dépistage. a : incidence de face ; b : incidence
de profil. Masse ovale, partiellement circonscrite, de 10 mm, quadrant supérieur interne sein gauche, de type ACR 4a. Examen histolo-
gique : carcinome canalaire infiltrant à différenciation neuroendocrine, grade II, récepteurs hormonaux fortement exprimés, absence de
surexpression de HER 2.
4 A. Gog et al.
Figure 3. Patiente de 49 ans, sans antécédent personnel, avec deux antécédents familiaux au second degré, ayant consulté pour masse
du quadrant supérieur externe droit découverte à l’autopalpation. a : séquence de soustraction ; b : séquence de soustraction montrant
l’atteint bifocale du sein gauche. Le bilan sénologique (mammographie et échographie) a retrouvé une masse irrégulière, spiculée, de type
ACR 5, du quadrant supérieur externe droit, ainsi que deux masses irrégulières de type ACR 4c du sein gauche (quadrant inférieur interne
et union des quadrants inférieurs). L’IRM a confirmé la masse palpable, de type ACR 5 du sein droit et l’atteinte bifocale du sein gauche (b).
L’examen histologique a retrouvé au niveau du sein gauche, un carcinome canalaire infiltrant, à différenciation neuroendocrine, de grade
II, avec récepteurs hormonaux fortement exprimés, et pas d’expression de HER 2. À droite : un carcinome canalaire infiltrant, de grade II,
exprimant les récepteurs des œstrogènes, sans expression de HER 2.
Le carcinome mammaire neuroendocrine est apparu où cet aspect était retrouvé uniquement sur la pièce
le plus souvent comme une lésion unique pour 34 cas d’anatomopathologie. Dans trois de ces lésions, le second
(77,3 %), l’atteinte bi/multifocale ou multicentrique carcinome ne présentait pas une différenciation neuroen-
était présente dans dix cas (22,7 %), dont quatre cas docrine.
Figure 4. Patiente de 79 ans sans antécédent personnel ni familial, adressée pour bilan d’une masse palpable du quadrant supérieur
externe gauche. La mammographie et l’échographie ont retrouvé une masse ovale, partiellement circonscrite, de 20 mm, classée ACR 4a.
Histologie : carcinome neuroendocrine peu différencié, à petites cellules, sans expression des récepteurs hormonaux. a : pièce opératoire ;
macroscopie : masse tumorale jaunâtre, bien limitée avec remaniements hémorragiques post-biopsie ; b : examen microscopique, coloration
hématéine—éosine—safran (grossissement 20×) : cellules tumorales de petite taille, avec cytoplasmes éosinophiles pâles granuleux et noyaux
à chromatine finement accentuée avec marquage cytoplasmique granuleux. Lésion peu différenciée d’architecture principalement massive
et trabéculocordonnale ; c : examen immuno-histochimique (grossissement 20×) : marquage intense pour la chromogranine A.
6 A. Gog et al.
Figure 5. Patiente de 87 ans sans antécédent personnel ou familial, adressée pour bilan d’une masse découverte à l’autopalpation du
quadrant supérieur externe gauche. La mammographie et l’échographie retrouvent une masse irrégulière, de 50 mm, du quadrant supérieur
externe sein gauche, classée ACR 5. Histologie : adénocarcinome modérément différencié avec expression des marqueurs neuroendocrines.
a : examen microscopique, coloration hématéine—éosine—safran (grossissement 20×) : nappes cellulaires d’aspect rubané, séparées d’un
stroma fibrovasculaire ; b : examen immuno-histochimique, (grossissement 20×) : marquage intense pour la chromogranine A ; c : examen
immuno-histochimique (grossissement 20×) : marquage intense pour la synaptophysine.
L’analyse anatomopathologique retrouve dans la majo- Le traitement est similaire aux autres types de carci-
rité de cas une forte expression de récepteurs hormonaux, nomes mammaires invasifs et la survie des patients est
une tumeur peu proliférative, associée à l’absence de sur- bonne.
expression du gène HER 2. Des résultats similaires ont été
retrouvés dans d’autres séries [5,11]. Le grade tumoral est
bas ou intermédiaire, ce qui suggère une agressivité plus Déclaration de liens d’intérêts
faible de ce type tumoral.
Le diagnostic peut être manqué, car la recherche des Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
marqueurs neuroendocrines n’est pas systématique. En
général, elle est faite si certains aspects morphologiques
orientent vers une étiologie neuroendocrine. Références
Parfois, la différenciation entre une tumeur mammaire
neuroendocrine primitive ou une métastase mammaire d’un [1] Ogawa H, Nishio A, Satake H, Naganawa S, Imai T, Sawaki
carcinome neuroendocrine s’avère difficile [16]. Upalaka- M, et al. Neuroendocrine tumors in the breast. Radiat Med
lin et al. ont retrouvé dans leur méta-analyse que dans 2008;26:28—32.
36 % des cas publiés dans la littérature les tumeurs mam- [2] Cubilla AL, Woodruff JM. Primary carcinoid tumor of the
maires neuroendocrines étaient des métastases [17]. Ils ont breast: a report of eight patients. Am J Surg Pathol 1977;1:
recommandé, du fait des différences de traitement entre 283—92.
[3] Tavassoli FA, Devilee P. Pathology and genetics. In: Tumors of
lésions primitives et secondaires, la recherche systématique
the breast and female genital organs. WHO classification of
d’une tumeur primitive neuroendocrine, même en l’absence
tumors series. Lyon, France: IARC Press; 2003. p. 32—4.
d’antécédents. [4] Bussolati G, Badve S. Carcinomas with neuroendocrine fea-
Le comportement des tumeurs mammaires neuroendo- tures. In: Lakhani SR, Ellis IO, Schnitt SJ, Tan PH, van de Vijver
crines est peu connu ; les données de la littérature sont MJ, editors. WHO classification of tumours of the breast. 4th
discordantes. Les premières études n’ont pas retrouvé de ed. Lyon: IARC Press; 2012. p. 62—3.
différence significative en ce qui concerne la survie [18] ; [5] Park Y, Wu Y, Wei W, Yang Tse W. Primary neuroendocrine car-
une meilleure survie après un carcinome canalaire infiltrant cinoma of the breast: clinical, imaging and histologic features.
a été retrouvée dans l’étude de Rovera et al. [19]. Dans AJR Am J Roentgenol 2014;203:W221—30.
leur étude de cohorte sur 74 patients réalisée en 2010, Wei [6] Wade Jr PM, Mills SE, Read M, Cloud W, Lambert 3rd MJ,
Smith RE. Small cell neuroendocrine (oat cell) carcinoma of
et al. ont conclu que ce type tumoral présentait une agres-
the breast. Cancer 1983;52:121—5.
sivité plus importante que le carcinome canalaire invasif
[7] Günhan-Bilgen I, Zekioglu O, Ustün EE, Memis A, Erhan Y.
du groupe témoin et que l’atteinte lymphatique était un Neuroendocrine differentiated breast carcinoma: imaging fea-
facteur de pronostic défavorable [20]. tures correlated with clinical and histopathological findings.
Notre étude comporte plusieurs biais : outre son carac- Eur Radiol 2003;13:788—93.
tère rétrospectif, il y a un biais de sélection, car les patients [8] Fujimoto Y, Yagyu R, Murase K, Kawajiri H, Ohtani H, Ari-
n’ayant pas un bilan complet disponible sur le système moto Y, et al. A case of solid neuroendocrine carcinoma of
d’archivage numérique (PACS) ont été exclus de l’étude. Un the breast in a 40-year-old woman. Breast Cancer 2007;14:
autre biais peut être lié au fait que la sélection de patients 250—3.
s’est faite de manière rétrospective à partir du registre [9] Chang ED, Kim MK, Kim JS, Whang IY. Primary neuroendo-
crine tumor of the breast: imaging features. Korean J Radiol
d’anatomie pathologique. Or une origine neuroendocrine
2013;14(3):395—9.
éventuelle peut avoir été méconnue.
[10] Jing W, Qiu-Xia Y, Yao-Pan W, De-Lng W, Xue-Wen L, Chun-Yan
Notre série est néanmoins une des études ayant le C, et al. Solid neuroendocrine breast carcinoma: mammogra-
nombre le plus important de patients inclus et présente une phic and sonographic features in thirteen cases. Chin J Cancer
analyse globale — clinique, en imagerie et anatomopatholo- 2012;31(11):459—556.
gique — de ce type de carcinome mammaire peu connu. [11] Kim SH, Cha ES, Park CS, Kang BJ, Whang IY, Lee AW, et al. Ima-
ging features of invasive lobular carcinoma: comparison with
invasive ductal carcinoma. Jpn J Radiol 2011;29(7):475—82,
http://dx.doi.org/10.1007/s11604-011-0584-8.
[12] Cornford EJ, Wilson AR, Athanassiou E, Galea M, Ellis IO, Elston
Conclusion CW, et al. Mammographic features of invasive lobular and inva-
sive ductal carcinoma of the breast: a comparative analysis. Br
Le carcinome neuroendocrine du sein est une lésion sou- J Radiol 1995;68(809):450—3.
vent unique, se présentant sous forme d’une masse sans [13] Bae MS, Park SY, Song SE, Kim WH, Lee SH, Han W, et al. Hete-
caractères spécifiques, de morphologie bénigne ou bien rogeneity of triple-negative breast cancer: mammographic,
ambiguë en mammographie et échographie. L’aspect est US, and MR imaging features according to androgen receptor
parfois similaire aux localisations secondaires d’une tumeur expression. Eur Radiol 2015;25(2):419—27, http://dx.doi.org/
neuroendocrine ou aux carcinomes mammaires agressifs de 10.1007/s00330-014-3419-z.
grade III ou triple négatif. [14] Dogan BE, Turnbull LW. Imaging of triple-negative breast can-
En immuno-histochimie, ce type tumoral est souvent cer. Ann Oncol 2012;23(Suppl. 6):vi23—9.
associé à des récepteurs hormonaux positifs, fortement [15] Tian Z, Wei B, Tang F, Wei W, Gilcrease MZ, Huo L, et al. Pro-
gnostic significance of tumor grading and staging in mammary
exprimés, un indice prolifératif bas et une absence de sur-
carcinomas with neuroendocrine differentiation. Hum Pathol
expression du gène HER 2. 2011;42:1169—77.
Le diagnostic peut être méconnu, car la recherche de [16] Perry KD, Reynolds C, Rosen DG, Edgerton ME, Albarracin CT,
marqueurs neuroendocrines n’est pas systématique. Par Gilcrease MZ, et al. Metastatic neuroendocrine tumors in the
ailleurs, si ce type de lésion est mis en évidence, il faudrait breast: a potential mimic of in situ and invasive mammary
se méfier d’une localisation secondaire d’où l’importance carcinoma. Histopathology 2011;59:619—30.
de recherche un cancer primitif extramammaire, même en [17] Upalakalin JN, Collins LC, Tawa N, Parangi S. Carcinoid tumors
absence d’antécédents. in the breast. Semin Diagn Pathol 2000;17:127—37.
8 A. Gog et al.
[18] Lopez-Bonet E, Alonso-Ruano M, Barraza G, Vazquez-Martin of 96 patients and review of literature. Int J Surg 2011;11(Sup-
A, Bernadó L, Menendez JA. Solid neuroendocrine breast plement 1):S79—83.
carcinomas: incidence, clinic-pathological features and immu- [20] Wei B, Ding T, Xing Y, Wei W, Tian Z, Tang F, et al. Inva-
nohistochemical profiling. Oncol Rep 2008;20:1369—74. sive neuroendocrine carcinoma of the breast: a distinctive
[19] Rovera F, Lavazza M, La Rosa S, Fachinetti A, Chiappa C, Marelli subtype of aggressive mammary carcinoma. Cancer 2010;116:
M, et al. Neuroendocrine breast cancer: retrospective analysis 4463—73.
Imagerie de la Femme (2017) 27, 9—15
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MISE AU POINT
a
Service de radiologie, Gustave-Roussy, 114, rue Édouard-Vaillant, 94800 Villejuif, France
b
UMR 8081, IR4M, université Paris-Sud, 91400 Orsay, France
MOTS CLÉS Résumé La nouvelle version du BI-RADS publiée par l’American College of Radiology est dis-
BI-RADS ; ponible depuis fin 2013. Elle inclut des recommandations pour l’interprétation des images
Échographie ; mammographiques, échographiques et IRM. Par comparaison avec les versions précédentes,
Densité ; il y a notamment une volonté d’uniformisation des termes radiologiques mammographiques,
Masse ; échographiques et IRM. Certains termes ont été supprimés, d’autres ont été rajoutés, de façon
Élastographie à être plus précis dans la description des images. En particulier, la densité doit être décrite en
échographie, selon trois catégories. L’élastographie, sur un mode qualitatif a été rajoutée. Cet
article est le second de trois articles sur les changements apportés dans la version 2013 BI-RADS,
et concerne l’échographie.
© 2017 Publié par Elsevier Masson SAS.
®
KEYWORDS Summary New BI-RADS Atlas edited by American College of Radiology (ACR) is available
BI-RADS; online with an electronic version since end of 2013. This atlas includes a lexicon for mammogra-
Ultrasound; phic, ultrasound and MR breast images with recommendation for interpretation. In comparison
Density; with previous versions, the idea is to standardize mammographic, ultrasound and MR items.
Mass; Some terms have been suppressed as some other has been added, for more precise description
Elastography of images. Density has to be described on ultrasound according three categories. Breast ultra-
sonography, on qualitative mode has been added. This review is the second of three articles
®
summarizing changes in the 2013 BI-RADS atlas, and details changes in the ultrasound version.
© 2017 Published by Elsevier Masson SAS.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : Corinne.balleyguier@gustaveroussy.fr (C. Balleyguier).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.01.002
1776-9817/© 2017 Publié par Elsevier Masson SAS.
10 C. Balleyguier, J. Arfi-Rouche
Introduction
L’American College of Radiology (ACR) publie depuis 1995 un
système organisé permettant de décrire précisément des
anomalies mammographiques avec un lexique détaillé et de
produire un compte rendu mammographique précis incluant
des catégories d’évaluation [1]. Les catégories d’évaluation
avec la conduite à tenir détaillée en fonction du score sont
requises par la Food and Drug Administration américaine à
la fin du compte rendu. La version 4 du BI-RADS incluait éga-
lement un système d’interprétation pour l’échographie du
sein et l’IRM, cette dernière version traduite en français a
été publiée par la Société française de radiologie en 2004.
Une toute dernière version américaine du BI-RADS a été
publiée sous forme électronique par l’ACR en 2013, intitu-
®
lée BI-RADS Atlas, et n’a pour l’instant pas de traduction
officielle en français [2]. Néanmoins, cette dernière version
apporte quelques changements dans les termes mammogra-
phiques, échographiques et IRM qui paraissent intéressants à
connaître et à utiliser dans la pratique courante. Cet article
fait le point sur les principaux changements de la version
2013 du BI-RADS en échographie.
D’une façon générale, il y a une volonté d’uniformisation
des termes du lexique des trois modalités, mammographie,
échographie et IRM.
Globalement, il y a peu de changements dans la version
échographique du BI-RADS 2013, par comparaison avec la
précédente version.
Technique
L’accent est mis sur la technique en échographie, et les
critères de qualité d’une échographie du sein. Il est néces-
saire d’utiliser des sondes de haute fréquence, d’au moins
10 MHz, qui permettent habituellement une pénétration
d’au moins 5 cm en profondeur. La focale doit être placée
en regard de la zone d’intérêt et le niveau de gain réglé
de façon adéquate ; en pratique, les lobules graisseux sous-
cutanés doivent être en gris intermédiaire, jamais noirs.
L’imagerie composée (multiples angulations du faisceau
ultrasonore sur l’image) permet d’améliorer l’analyse des Figure 2. Sein fibroglandulaire homogène. L’échographie est per-
contours et d’augmenter la résolution spatiale. Il faut formante pour la détection de cancers.
BI-RADS 2013 en échographie : petit guide des nouveautés 11
Signes associés
Les signes associés peuvent être l’effet d’une masse sur
les tissus, comme une désorganisation architecturale, mieux
visible sur une reconstruction coronale, des ectasies ou
déformations canalaires, des modifications cutanées (épais-
sissement, rétraction) ou de l’œdème (Fig. 9).
La vascularisation d’une masse en Doppler couleur ou
énergie doit également être analysée, et peut être soit
absente, augmentée, périphérique et irrégulière dans une
lésion maligne.
Élastographie
Pour la première fois, l’élastographie fait son apparition
dans le lexique BI-RADS. Elle a été ajoutée car main-
tenant la plupart des échographes modernes utilisés en
échographie du sein possèdent des logiciels d’élastographie,
Figure 3. Sein fibroglandulaire hétérogène. Cette échostructure et que les termes du BI-RADS devaient être adaptés.
peut générer des faux positifs, essentiellement en imagerie harmo- Néanmoins, les critères de caractérisation restent princi-
nique. palement basés sur la morphologie en mode B, et restent a
priori plus pertinents que les caractères déformables ou pas
• son orientation par rapport à la peau : perpendiculaire de l’élastographie. Même si les mesures d’élasticité en kilo-
(suspecte), parallèle (plutôt bénigne) ; pascals ou mètres par seconde ont été validées par la Food
• ses contours (Fig. 5) : and Drug Administration, pour des raisons d’incertitude sur
◦ circonscrits, les seuils de différenciation bénin-malin, seuls les critères
◦ non circonscrits : indistincts, anguleux, microlobulés, qualitatifs ont été inclus dans cette version du BI-RADS :
spiculés ; « mou » ou déformable, intermédiaire, « rigide » ou peu
• caractéristiques ultrasonores (Fig. 6) : anéchogène, déformable.
hyperéchogène (plus échogène que la graisse), complexe Les lésions déformables sont classiquement plutôt
(kystique et solide), hypoéchogène, isoéchogène, hétéro- bénignes à la différence des lésions non déformables
gène ; (Fig. 10B).
• effets postérieurs (Fig. 7) : pas d’effet postérieur, renfor-
cement, atténuation, effets mixtes. Cas spéciaux
Figure 4. Analyse des types de formes de masses en échographie : items du lexique. A. Masse ronde : cancer. B. Masse ovale : fibroadénome.
C. Masse irrégulière : cancer.
12 C. Balleyguier, J. Arfi-Rouche
Figure 5. Analyse des contours d’une masse en échographie : items du lexique. A. Contours indistincts : cancer. B. Contours lobulés :
tumeur phyllode. C. Contours microlobulés : cancer. D. Contours spiculés : cancer.
Figure 6. Analyse du contenu interne d’une masse en échographie. A. Anéchogène : kyste. B. Hyperéchogène : adénofibrome. C. Isoé-
chogène (à la graisse) : cancer colloïde. D. Hypoéchogène : cancer.
BI-RADS 2013 en échographie : petit guide des nouveautés 13
Figure 7. Analyse des effets postérieurs : items du lexique. A. Pas d’effet postérieur : fibroadénome. B. Renforcement postérieur : kyste.
C. Atténuation postérieure : cancer. D. Effets combinés, atténuation postérieure et renforcement : cancer.
après l’échographie, la comparaison avec les clichés anté- • une masse solide d’allure bénigne (contours réguliers,
rieurs non disponibles le jour même par exemple. Il ne faut forme ovale, échostructure homogène, renforcement pos-
pas utiliser la catégorie ACR0 si une IRM est indiquée. Il faut térieur, orientation parallèle) (Fig. 11 1) ;
utiliser la catégorie appropriée. • kystes compliqués, échogènes homogènes (0,3 % de risque
Les recommandations de prise en charge doivent être de malignité) (Fig. 11 2) ;
clairement écrites dans la conclusion. • amas de microkystes accolés (Fig. 11 3).
Pour les catégories ACR1 ou 2, rien ne change.
La catégorie ACR3 signifie toujours une anomalie proba- Trois autres entités peuvent éventuellement être clas-
blement bénigne nécessitant une surveillance rapprochée, sées ACR3, seulement après avis d’expert : distorsion a priori
la probabilité de malignité étant comprise entre 0 et 2 %. liée à une chirurgie, doute sur un vrai ou pseudo nodule
Trois types d’anomalies échographiques peuvent être inclus dans le cas d’un lobule graisseux, masse hyperéchogène avec
dans la catégorie ACR3 (Fig. 11) : centre hypoéchogène ou anéchogène compatible avec une
cytostéatonécrose.
Le rythme de surveillance d’un ACR3 en échographie est
le suivant, et est différent de celui communément adopté
en France : contrôle à 6 mois du sein porteur de l’anomalie,
contrôle à 1 an puis contrôle à 2 ans ; un dernier contrôle
à 3 ans peut être réalisé, si l’anomalie est stable à 2 ou
3 ans, un reclassement en ACR2 est requis. Actuellement,
Figure 8. Association masse et microcalcifications : cancer. Figure 9. Dilatation des lymphatiques post-radique.
14 C. Balleyguier, J. Arfi-Rouche
Figure 10. Types de lésions à classer BI-RADS 5. A. Masse de forme irrégulière, contours irréguliers, hypervasculaire : cancer. B. Élasto-
graphie par onde de cisaillement : lésion peu déformable : cancer. C. Masse de forme irrégulière contenant des microcalcifications : cancer.
D. Masse de forme irrégulière, de contours spiculés, avec infiltration hyperéchogène de la graisse : cancer infiltrant.
en France, on recommande plutôt un premier contrôle à part, à mieux corréler les résultats radiohistologiques. Une
4 mois dans le cas d’une anomalie échographique. sous-division du score final BI-RADS ou ACR 4 en trois caté-
Le classement ACR4 signifie toujours une anomalie dou- gories (ACR4 A, ACR4B ou ACR4C) associée à un pourcentage
teuse nécessitant une biopsie. La valeur prédictive positive de risque de malignité permet de mieux évaluer le risque
de l’ACR4 étant large (2 à 95 % de cancer), il est recom- de cancer et de préciser la stratégie de biopsie ou de sur-
mandé d’utiliser la sous-division en ACR4A, ACR4B et ACR4C veillance. Cette sous-division de l’ACR4 n’est pas nouvelle
(Fig. 12). Cette sous-division de l’ACR4 est optionnelle, mais mais est plus clairement affichée dans la nouvelle version
peut aider, d’une part, à évaluer sa pratique, et d’autre du BI-RADS.
Figure 11. Résumé des masses à classer BI-RADS 3 en échographie. 1 : masse solide ovale, contours réguliers, homogène, renforcement
postérieur : fibroadénome ; 2 : kyste à paroi épaisse, mais régulière, sans végétations ni anomalie de la vascularisation : kyste bénin
remanié ; 3 : plusieurs kystes liquidiens purs accolés, réalisant un kyste complexe.
BI-RADS 2013 en échographie : petit guide des nouveautés 15
Figure 12. Types de lésions à classer BI-RADS 4. A. BI-RADS 4A : fibroadénome atypique. B. BI-RADS 4B : masse solide, contours microlo-
bulés : cancer. C. BI-RADS 4C : masse de forme irrégulière, contours microlobulés : cancer. D. BI-RADS 4C : masse de forme ovale, contours
irréguliers : cancer.
Une lésion ACR4A a une valeur prédictive positive de can- changements sont la nécessité de rajouter la composition
cer comprise entre 2 et 10 %. du sein, de faire un compte rendu global avec la mam-
La valeur prédictive positive d’une lésion classée ACR4B mographie, de pouvoir préciser les caractéristiques élasto-
est de 10 à 50 % de cancer. La stratégie résulte de la concor- graphiques qualitatives d’une lésion. Enfin, les différents
dance radiohistologique. types d’images pouvant être classées ACR3 ont été précisés
Une lésion ACR4C a une valeur prédictive positive de can- dans le texte et plus en détail dans le chapitre « Questions
cer de 50 à 95 %. Il faut bien préciser dans le compte rendu, fréquentes ».
en ajoutant une phrase, que la biopsie est nécessaire.
Une lésion ACR5 est évocatrice de cancer (valeur prédic-
tive positive supérieure à 95 %) (Fig. 10) ; dans la nouvelle Déclaration de liens d’intérêts
version, une biopsie doit être réalisée pour une lésion
ACR5 afin d’obtenir un diagnostic, alors que dans les ver- Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
sions précédentes, il était seulement précisé qu’une action
appropriée était nécessaire.
La catégorie ACR6 signifie cancer prouvé. Dans la nou- Références
velle version, il est précisé que l’exérèse chirurgicale doit
être réalisée, si elle est cliniquement indiquée. [1] American College of Radiology. Illustrated breast Imaging repor-
ting and data system (BI-RADSTM ). 2nd ed. Reston, VA: American
College of Radiology; 1998.
®
[2] D’Orsi CJ, Sickles EA, Mendelson EB, Morris EA. ACR BI-RADS
Conclusion Atlas, breast imaging reporting and data system. Reston, VA:
American College of Radiology; 2013.
Peu de modifications finalement sont apportées dans
la version échographie du BI-RADS 2013. Les principaux
Imagerie de la Femme (2017) 27, 16—24
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MOTS CLÉS Résumé La nouvelle version de l’atlas Breast Imaging-Reporting and Data System (BI-RADS)
Sein ; de l’American College of Radiology (ACR) a été publiée aux États-Unis fin 2013 et comporte des
BI-RADS ACR ; modifications concernant la description morphologique des images IRM. Certains termes trop
IRM difficiles à utiliser ont été supprimés. Des items ont été ajoutés dans un souci d’uniformisation
des termes radiologiques mammographiques, échographiques, IRM. Une classification des types
de densité a été introduite. On note aussi une volonté de simplification et de clarté. Enfin, la
description morphologique et cinétique conduisant à la classification BI-RADS ACR (ACR 0 à ACR
6) est distincte des recommandations de prise en charge diagnostique.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary The 5th edition of the American College of Radiology (ACR) Breast Imaging-
Breast; Reporting and Data System (BI-RADS) Atlas was published at the end of 2013 in the USA. It
BI-RADS ACR; contains changes affecting the descriptors of the morphological features of MRI images. Some
MRI items were difficult to use and were removed. Other items were added in an attempt to stan-
dardize the vocabulary for mammography, ultrasound and MRI. A classification was introduced
for the density of fibroglandular tissue. The report incorporates an assessment category for
each lesion fully categorized and, separately, a description of patient management recommen-
dations, as appropriate.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : m.boisserie-lacroix@bordeaux.unicancer.fr (M. Boisserie-Lacroix).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.01.004
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Atlas BI-RADS ACR IRM 2013 : quels changements ? 17
Introduction
Le nouvel atlas Breast Imaging-Reporting and Data Sys-
tem (BI-RADS) de l’American College of Radiology (ACR)
2013 n’est pas traduit en français, il est disponible en ver-
sion papier uniquement, à commander aux États-Unis. Nous
présentons ici les changements par rapport à la première
édition française de 2004. Ces changements concernent la
description succincte de la composition du sein, et essen-
tiellement la description morphologique des lésions [1].
Figure 5. Atlas BI-RADS ACR 2013 IRM : cancer controlatéral. T1 en saturation des graisses après injection Présence de deux prises de
contraste à type de focus, contigus, de rehaussement précoce (a) et persistant (b) : lésion ACR 3. Stabilité à six mois, un an et deux ans
ayant permis de reclasser ACR2.
Le terme de « foci » a été supprimé car les foci multiples ou spiculé (Fig. 10). Le bord non circonscrit implique une
s’intègrent désormais dans le rehaussement de fond qui peut suspicion de malignité.
être focal ou diffus.
Rehaussement interne
Interprétation d’une masse
Les items concernant le rehaussement interne sont simpli-
Forme fiés. Le rehaussement est homogène, hétérogène ou annu-
laire (Fig. 11). Il peut comporter des septa hypo-intenses
En ce qui concerne la forme, il n’y a plus que trois items : qui ne se rehaussent pas évocateurs d’adénofibrome
ovale (inclut désormais le caractère lobulé, soit 2—3 macro- (Fig. 12). Certains items sont supprimés (cloisons qui
lobulations) (Fig. 8), ronde, irrégulière (Fig. 9) qui est se rehaussent, rehaussement central de la masse en
suspecte de malignité. cocarde).
La différenciation entre une masse volumineuse et un
Contour rehaussement non masse régional peut s’avérer problé-
matique : des contours convexes et un bord distinct du
Pour le contour, les items sont : circonscrit (« lisse » est parenchyme avoisinant plaident en faveur d’une masse,
abandonné) ou non circonscrit à décrire comme irrégulier mais la description peut être subjective.
Figure 6. Atlas BI-RADS ACR 2013 IRM : bilan préthérapeutique d’un cancer homolatéral. T1 en saturation des graisses après injection.
Présence de deux prises de contraste à type de focus de rehaussement précoce (a) avec wash-out (b). Échographie de second-look préconisée.
Atlas BI-RADS ACR IRM 2013 : quels changements ? 19
Figure 7. Atlas BI-RADS ACR 2013 IRM : contexte de mutation BRCA1. T1 en saturation des graisses après injection. Focus de 3,9 mm,
de rehaussement précoce (a) à l’intérieur d’une zone focale connue, avec wash-out (b). Échographie de second-look et microbiopsie :
carcinome canalaire infiltrant.
Distribution
En ce qui concerne la distribution, l’item « canalaire » est
supprimé, car le rehaussement canalaire est « linéaire »
par définition, et qu’il se réfère à une pathologie (duc- Figure 10. Atlas BI-RADS ACR 2013 IRM : T1 en saturation des
tale). L’image est donc décrite comme un rehaussement graisses après injection. Masse irrégulière de l’union des quadrants
« linéaire » (Fig. 14 et 15) (qui inclut le rehaussement non supérieurs gauches, de contour spiculé : carcinome canalaire infil-
masse « linéaire branché »), correspondant à une forme trant HER2 enrichi.
20 M. Boisserie-Lacroix et al.
Figure 12. Atlas BI-RADS ACR 2013 IRM : a : T2. Masse ovale à bord circonscrit avec septa ; b : T1 en saturation des graisses après injection.
Pas de rehaussement des septa. Adénofibrome.
Atlas BI-RADS ACR IRM 2013 : quels changements ? 21
Figure 14. Atlas BI-RADS ACR 2013 IRM : T1 en saturation des graisses après injection : a : coupe axiale transverse. Rehaussement non
masse linéaire, homogène ; b : coupe sagittale. Le rehaussement est tubulé : il est bien linéaire. Pas de traduction mammoéchographique.
Lésion ACR 3. Stable à deux ans.
Figure 15. Atlas BI-RADS ACR 2013 IRM : a : T1 en saturation des graisses. Canal en hypersignal spontané ; b : T1 en saturation des graisses
après injection. Rehaussement peu intense linéaire péricanalaire. Ectasie canalaire, ACR2.
Lésions cutanées
Lésions contenant de la graisse
Les lésions cutanées bénignes qui se rehaussent sont indi-
vidualisées : cicatrice chéloïde, kyste sébacé, inflammation Les lésions contenant de la graisse sont nouvellement
cutanée, etc. décrites et regroupent les ganglions normaux et les
22 M. Boisserie-Lacroix et al.
Figure 16. Atlas BI-RADS ACR 2013 IRM : T1 en saturation des graisses après injection. Rehaussement non masse segmentaire, microno-
dulaire. ACR4 : a : coupe axiale transverse ; b : coupe sagittale. Papillomatose.
adénomégalies, cytostéatonécrose, hamartome, sérome/ suspects. Il s’agit des images décrites dans l’atlas précé-
hématome postopératoire. dent : rétraction mamelonnaire, signes d’envahissement
locorégional, adénopathie axillaire. La distorsion architec-
Implants mammaires turale qui se rehausse après injection a été rajoutée.
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Service de radiologie, institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, France
Reçu le 12 janvier 2017 ; reçu sous la forme révisée le 18 janvier 2017 ; accepté le 23 janvier
2017
Disponible sur Internet le 15 mars 2017
MOTS CLÉS Résumé Le statut ganglionnaire axillaire reste un des facteurs pronostiques les plus impor-
Cancer du sein ; tants dans la prise en charge du cancer du sein et sa connaissance avant la chirurgie est
Ganglion axillaire ; nécessaire pour le choix thérapeutique. Les différentes modalités d’imagerie ont été évaluées
Métastases ; pour la détection préopératoire des métastases ganglionnaires axillaires de cancers du sein. Bien
Échographie ; qu’aucune des modalités ne soit suffisamment fiable, l’examen de choix reste l’échographie
Cytoponction ; axillaire, avec des critères simples, associée à la cytoponction ou à la microbiopsie des gan-
IRM ; glions échographiquement suspects. Cependant, la prise en charge des patientes N+ évolue et
TEP—TDM cet examen est remis en question par plusieurs études, ce qui a poussé à créer des scores de
risque d’envahissement ganglionnaire.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : asma.bekhouche@curie.fr (A. Bekhouche).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.01.005
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
26 A. Bekhouche, A. Tardivon
KEYWORDS Summary Axillary lymph node status is still one of most important prognostic factors in breast
Breast cancer; cancer and it is necessary to evaluate it preoperatively for therapeutic choice. All imaging
Axillary lymph node; modalities were evaluated to detect preoperatively axillary lymph node metastases. Although
Metastases; none is enough reliable, axillary ultrasound, with simple criteria, associated with fine-needle-
Ultrasound; aspiration-cytology or core-biopsy of suspect lymph nodes, still remains the best modality.
Fine needle However, management of N+ patients evolves and axillary ultrasound is questioned by several
aspiration cytology; studies, which urged to develop nomograms and predictive scores of metastatic axillary lymph
MRI; node status.
PET—TDM © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Doppler
Les séries les plus récentes ont retrouvé une vascularisation
dans 83 à 85 % des ganglions normaux, 73 à 86 % des ganglions
bénins et 85 à 98 % des ganglions malins [30,31]. Compte
tenu de cette notion, une caractérisation par la description
morphologique de l’angioarchitecture a été décrite :
• des vaisseaux centraux de topographie hilaire ou pédicu-
laire centrifuges branchés harmonieusement selon l’axe
vasculaire hilaire ou un aspect de spots vasculaires intra-
Figure 3. Ganglion axillaire sans hile échogène. nodulaires sont retrouvés en faveur de la bénignité ;
• l’existence de vaisseaux capsulaires périphériques en
rapport avec des néovaisseaux tumoraux, des vaisseaux
hilaires déplacés ou amputés, des vaisseaux aberrants
de type perforants et l’absence focale de vascularisation
sont retenus en faveur de la malignité (Fig. 10) [31].
Figure 6. Classification de Mainiero : catégorie 1 : ganglions normaux. Ganglions avec un cortex fin et uniforme (épaisseur < 3 mm) et
présence d’un hile hyperéchogène.
et spécificités médianes des cytoponctions ou biopsies gan- mammaire. Cette méthode a été évaluée pour la distinction
glionnaires étaient de 79,6 et 98,3 %, respectivement [32]. des ganglions axillaires bénins et malins. Il a été montré
Dans une étude récente, la cytoponction des ganglions indé- par l’étude de Tamaki et al. qu’il y avait une différence
terminés ou suspects selon la classification de Mainiero et al. significative entre les vitesses SWE des ganglions bénins et
retrouvait des valeurs de sensibilité, spécificité, valeur pré- des ganglions malins (p < 0,001), avec une valeur seuil opti-
dictive positive, valeur prédictive négative et exactitude male de vitesse de 1,44 m/s [34]. Dans l’étude de Wojcinski
respectivement de 68,2 %, 98,3 %, 93,7 %, 89,3 % et 81,3 % et al., le cortex était significativement plus dur dans les
[33]. ganglions métastatiques (p = 0,006) [35]. La sensibilité de
l’élastographie était de 60,0 % et la spécificité de 79,6 %. La
Nouvelles techniques sensibilité et la spécificité les plus hautes étaient atteintes
par la combinaison du mode B et de l’élastographie (cortex
Élastographie inférieur à 3 mm en mode B ou cortex bleu en élastogra-
phie), calculées respectivement à 73,3 et 99,3 %. L’étude
L’élastographie mammaire est une méthode pour évaluer
de Tsai et al. a retrouvé une sensibilité et une spécificité
de manière non invasive les propriétés mécaniques du tissu
Figure 7. Classification de Mainiero : catégorie 2 : ganglions indéterminés. Ganglions avec soit un épaississement focal du cortex < 3 mm,
soit un cortex de forme régulière mais d’épaisseur ≥ 3 mm, hile toujours visible.
30 A. Bekhouche, A. Tardivon
Figure 8. Classification de Mainiero : catégorie 3 : ganglions suspects. Ganglions avec un épaississement cortical focal de plus de 3 mm.
Figure 9. Classification de Mainiero : catégorie 4 : ganglions malins. Ganglions avec un cortex diffusément épaissi, très hypo-échogène
et sans hile visible.
Figure 10. Échographie ganglionnaire axillaire ; a : en mode Doppler couleur ; b : puissance. Ganglions axillaires métastatiques présentant
une vascularisation corticale perforante.
Statut ganglionnaire axillaire dans le cancer du sein : évaluation préopératoire et évolutions 31
Figure 13. Adénopathie axillaire gauche en IRM ; a : séquence axiale T1 avec saturation de la graisse après injection tardive de gadolinium ;
b : soustraction. Ganglion axillaire hypertrophique, dédifférencié, sans hile graisseux, se rehaussant de manière précoce et hétérogène.
Figure 14. Critères morphologiques et de rehaussement des ganglions axillaires suspects ; a et b : séquences axiales T2 et T2 avec
saturation de graisse : ganglion en signal T2 intermédiaire hétérogène, sans hile graisseux visible. c : séquence axiale T1 avec saturation
de graisse après injection de gadolinium : rehaussement intense avec centre nécrotique ; d : séquence sagittale T1 avec saturation de
graisse après injection tardive de gadolinium : plusieurs ganglions ronds, sans hile graisseux, se rehaussant intensément mais de manière
hétérogène.
caractérisation des petites adénopathies axillaires la sensi- Cependant, cette séquence est souvent peu informative
bilité était de 64 % et la spécificité de 94 % ; l’autre réalisée car elle n’analyse pas de manière exhaustive le creux axil-
25 à 36 heures après perfusion lente chez 20 patientes obte- laire lorsqu’elle est réalisée dans le cadre d’un protocole
nait des résultats plus satisfaisants en termes de sensibilité d’IRM mammaire habituel.
(82 %), avec une spécificité de 100 % [44,45]. Dans la méta- La séquence T2* permet d’obtenir une cartographie avec
analyse de Harnan et al., parmi les cinq études évaluant les analyse visuelle qualitative (zones en noire avec valeur T2*
performances de l’IRM avec injection d’agents super para- basse ; zones en rouge avec valeur T2* haute) et quantita-
magnétiques, les valeurs moyennes de sensibilité étaient tive (mesure de la valeur du T2* en ms). Li et al. ont trouvé
de 98 % (IC95 = 61—100 %) et de spécificité étaient de 96 % que la valeur du T2* en IRM 3 T était significativement plus
(IC95 = 72—100 %) [41]. longue pour les ganglions métastatiques (55,96 ± 11,87 ms)
En ce qui concerne l’évaluation de la séquence de diffu- que pour les ganglions bénins (26,00 ± 5,51 ms ; p < 0,05)
sion, les différentes études ont montré que le coefficient de [47]. L’aire sous la courbe du T2* pour différencier les gan-
diffusion apparent moyen des ganglions métastatiques était glions malins des ganglions bénins était de 0,993. La valeur
significativement plus bas que celui des ganglions bénins seuil de 37,5 ms donnait une sensibilité de 94,6 %, une spé-
(Fig. 16 et 17). La méta-analyse de Sui et al. ont montré : cificité de 98,5 %, une valeur prédictive positive de 98,17 %
• une sensibilité de 89 % (IC95 = 0,79—0,95) ; et une valeur prédictive négative de 95,54 %.
• une spécificité de 83 % (IC95 = 0,71—0,91) ; Yeung et al. ont réalisé la première étude évaluant la
• un rapport de vraisemblance positif de 3,86 spectro-IRM pour l’étude des métastases ganglionnaires chez
(IC95 = 2,75—5,41) ; 39 patients avec un cancer du sein, et ont trouvé une sensi-
• un rapport de vraisemblance négatif de 0,17 bilité de 82 %, une spécificité de 100 % et une exactitude de
(IC95 = 0,09—0,32) [46]. 90 % [48]. Dans l’étude de Seenu et al., le ratio d’intensité
Statut ganglionnaire axillaire dans le cancer du sein : évaluation préopératoire et évolutions 33
Figure 16. Séquence axiale diffusion et cartographie du coefficient de diffusion apparent en B1000 ; a : séquence axiale diffusion :
hypersignal B1000 ; b : restriction de la diffusion avec coefficient de diffusion apparent bas mesuré à 0,69 × 10−3 mm2 /s. Ganglion axillaire
gauche hypertrophique, avec un cortex épais et présentant un hypersignal diffusion et un coefficient de diffusion apparent bas, métastatique.
Figure 17. Séquence axiale diffusion et cartographie du coefficient de diffusion apparent en B1000 ; a : séquence axiale diffusion :
hypersignal B1000 ; b : restriction de la diffusion avec coefficient de diffusion apparent bas mesuré à 0,74 × 10−3 mm2 /s. Ganglion axillaire
gauche de petite taille, sans critère morphologique suspect, mais avec un hypersignal diffusion et un coefficient de diffusion apparent bas,
métastatique.
34 A. Bekhouche, A. Tardivon
Figure 18. Tomographie par émission de positons—tomodensitométrie au (18 F)-fluorodésoxyglucose ; a : coupes axiales scanographique ;
b : coupe tomographique. Adénomégalie axillaire gauche hypermétabolique, suspecte.
Figure 19. Tomographie par émission de positons—tomodensitométrie au (18 F)-fluorodésoxyglucose ; a : coupes axiales scanographique ;
b : coupe tomographique. Ganglion axillaire gauche de petite taille, non-suspect au scanner, mais hypermétabolique, suspect (faux négatif
du scanner—vrai-positif de la TEP—TDM).
Figure 20. Tomographie par émission de positons—tomodensitométrie au (18 F)-fluorodésoxyglucose : a : coupes axiales scanographique ;
b : coupe tomographique. Cancer du sein gauche inflammatoire avec atteinte métastatique ganglionnaire gauche connue, mais découverte
d’une atteinte ganglionnaire controlatérale non connue.
La résolution spatiale (environ 5 à 6 mm) des TEP—TDM Plusieurs études évaluant la prise en charge axillaire chez
empêche la détection de petites métastases ganglionnaires. les patientes cN0 ont prouvé la sûreté de l’omission du
curage axillaire complémentaire chez certaines patientes
avec métastases ganglionnaires axillaires. Ces études ont
démontré que la radiothérapie axillaire peut être une alter-
TEP—IRM
native au curage axillaire chez des patientes sélectionnées
Le principe de fonctionnement d’une TEP—IRM est la avec un envahissement ganglionnaire axillaire limité, sans
combinaison d’informations provenant de sources diffé- que la survie globale ni le contrôle régional de la maladie ne
rentes, l’imagerie métabolique de la TEP et l’imagerie soient compromis, bien qu’une étude ait montré qu’environ
morphologique et fonctionnelle de la résonance magnétique 11 à 27 % des patientes avaient une atteinte ganglionnaire
nucléaire. Dans l’étude prospective de Grueneisen et al. résiduelle non opérée [8—11,82].
évaluant les performances diagnostiques de la TEP—IRM Sur la base de ces résultats, il persiste un doute consi-
du sein pour faire une stadification locale des cancers dérable sur la valeur ajoutée de la procédure du ganglion
du sein nouvellement diagnostiqués en comparaison à la sentinelle chez ces patientes sélectionnées. Soixante-quinze
TEP—TDM et à l’IRM, les sensibilités, spécificités, valeur pré- pour cent des patientes qui ont une échographie axillaire
dictive positive, valeur prédictive négative et exactitude préopératoire négative n’ont pas de ganglion envahi d’après
pour détecter les patients avec des métastases ganglion- la procédure du ganglion sentinelle. Inversement, parmi
naires étaient respectivement de 78, 94, 88, 88 et 88 % pour les patientes avec une échographie axillaire préopératoire
la TEP—TDM ; 67, 87, 75, 82 et 80 % pour l’IRM et 78, 90, 82, positive, environ 40 % n’ont pas de métastase ganglion-
88 et 86 % pour la TEP—IRM mais les différences entre les naire axillaire à l’examen anatomopathologique définitif.
trois modalités n’étaient pas statistiquement significatives Par conséquent, il est d’une grande pertinence clinique de
(p > 0,05) [76]. Il semblerait donc pour le moment que cette sélectionner les patientes chez qui on peut omettre en toute
technique n’a pas d’intérêt pour cette indication. sécurité la chirurgie axillaire ou qui ne devraient pas subir
de procédure du ganglion sentinelle ou un curage axillaire.
De toute évidence, il est nécessaire de développer un outil
de prise de décision afin de sélectionner de manière fiable
Scintimammographie les patientes à faible risque d’envahissement ganglionnaire
axillaire.
La scintimammographie consiste à injecter en intraveineux
un radio-isotope (technétium 99 m [99 mTc] sestamibi ou
Miraluma), suivie par des clichés scintigraphiques obtenus Étude Z0011 de l’American College of
grâce à une gamma caméra en situation de seins comprimés
Surgeons Oncology Group
comme au cours d’une mammographie. Des accumulations
régionales focales du traceur dans la région axillaire sont L’étude Z0011 de l’American College of Surgeons Oncology
considérées comme des signes de métastases ganglion- Group a rapporté des résultats équivalents pour le gan-
naires. Les résultats ont montré de bonnes performances glion sentinelle seul en comparaison à un curage axillaire
diagnostiques, avec des valeurs de sensibilité comprises complémentaire chez les patientes cN0, cT1 ou cT2, avec
entre 64 et 91 % ; des valeurs de spécificité comprises entre un à deux ganglions sentinelles positifs sans rupture cap-
82 et 94,1 % et des valeurs d’exactitude comprises entre sulaire, traitées par chirurgie conservatrice, radiothérapie
74 et 81 % [77—80]. externe et traitement adjuvant systémique (chimiothéra-
pie ou hormonothérapie) [10]. Malgré la controverse sur le
schéma, la randomisation, l’utilisation de la radiothérapie
Évolution et le suivi, cette étude a démontré une équivalence dans
la récidive locale et la survie globale à 6 ans entre les
La prise en charge des ganglions axillaires dans les cancers patientes avec une ou deux micro- ou macrométastase(s)
du sein à un stade précoce continue d’évoluer, avec pour ganglionnaire(s) axillaire(s) prouvée(s) selon la procédure
but une prise en charge optimale, associant une sécurité du ganglion sentinelle, qu’elles aient été randomisées dans
oncologique optimale, associée à une morbidité chirurgicale le groupe « curage axillaire » ou dans le groupe « absence
moindre. Traditionnellement, les patientes avec un ganglion de curage axillaire ».
sentinelle positif requièrent un curage axillaire. Cependant, Actuellement, cette étude internationale fournit le plus
avec des traitements systémiques de plus en plus efficaces, haut niveau de preuve disponible pour omettre le curage
la nécessité d’un curage axillaire chez toutes les patientes axillaire complémentaire chez ces patientes. Cependant, le
avec ganglion sentinelle positif est actuellement débattue. sous-groupe exact de patientes chez qui l’on peut omettre
En outre, dans 40 à 65 % des cas de ganglion sentinelle un curage axillaire reste peu clair, malgré un nombre impor-
positif, le ganglion sentinelle est le seul ganglion envahi. tant de nomogrammes disponibles afin d’essayer d’identifier
De multiples études ont montré que dans 40 à 70 % des les patientes qui peuvent avoir une atteinte ganglionnaire
cas de ganglion sentinelle positif, les ganglions additionnels axillaire plus extensive. Les résultats de cette étude ont été
du curage axillaire ne contiennent pas de métastase. C’est largement acceptés aux États-Unis, où nombre de chirur-
pourquoi, chez ces patientes, le curage axillaire majore la giens ne réalisent plus de curage axillaire chez les patientes
morbidité sans apporter de bénéfice [81]. avec un ou deux ganglions sentinelles positifs et qui entrent
Il est clair depuis l’étude de l’American College of dans les critères d’inclusion de l’étude Z0011. À partir de
Surgeons Oncology Group Z0010 que les atteintes ganglion- là, la nécessité de l’échographie axillaire plus ou moins
naires micrométastatiques découvertes par la procédure du associée à une cytoponction ganglionnaire a été discu-
ganglion sentinelle ne nécessitent pas de curage axillaire tée, spécialement lorsque les patientes n’ont qu’un faible
complémentaire, car il a été prouvé que cela n’améliore nombre de ganglions anormaux. C’est pourquoi, les recom-
pas les résultats. mandations actuelles de la Dutch [83] sur le cancer du sein
36 A. Bekhouche, A. Tardivon
recommandent de ne pas réaliser de curage axillaire chez au minimum trois ganglions axillaires métastatiques prou-
les patientes avec des tumeurs stades T1—T2 lorsqu’il existe vés au curage axillaire, alors que seules 19 % des patientes
un envahissement ganglionnaire limité (c’est-à-dire un ou identifiées par la procédure du ganglion sentinelle après
deux ganglion(s) avec micro- ou macrométastases) et qu’un une échographie axillaire négative avaient au moins trois
traitement adjuvant est administré. Les patientes avec ganglions axillaires métastatiques (p < 0,001). Ces données
une atteinte ganglionnaire axillaire évoluée (c’est-à-dire au suggèrent que l’échographie axillaire couplée à la cytoponc-
moins trois ganglions axillaires métastatiques) doivent tou- tion ganglionnaire axillaire, à l’ère post-American College of
jours bénéficier d’un curage axillaire. Surgeons Oncology Group Z0011, peut toujours être utilisé
Dans l’étude de l’American College of Surgeons Onco- comme une méthode utile pour sélectionner les patientes
logy Group Z0011, un creux axillaire cliniquement négatif à risque d’atteinte ganglionnaire axillaire extensive (c’est-
(cN0) a été défini par l’examen clinique seul. Toutefois, à-dire au moins trois ganglions axillaires métastatiques)
certaines études suggèrent que l’échographie axillaire et [16,17,82,84—99].
la cytoponction ganglionnaire des ganglions pathologiques Cependant, certains experts soutiennent que
peuvent détecter de manière appropriée les patientes méta- l’échographie axillaire risque d’identifier un envahis-
statiques ganglionnaires et les orienter directement vers un sement ganglionnaire axillaire minime chez des patientes
curage axillaire en évitant une procédure chirurgicale axil- qui auraient été orientées vers la procédure du ganglion
laire en deux étapes. Bien que l’échographie axillaire et la sentinelle seule selon les critères Z0011, ce qui entraînerait
cytoponction ganglionnaire axillaire aient une valeur pré- chez ces patientes un curage axillaire non nécessaire.
dictive positive avoisinant 100 %, ces méthodes ne peuvent À l’inverse, l’échographie axillaire a été proposée comme
pas identifier de manière appropriée les patientes cN0 qui une alternative à la procédure du ganglion sentinelle pour
nécessitent un curage axillaire. Après l’étude de l’American exclure un envahissement ganglionnaire axillaire, et les
College of Surgeons Oncology Group Z0011, l’échographie essais cliniques en cours évaluent le ganglion sentinelle com-
axillaire et la cytoponction ganglionnaire n’ont d’utilité que paré à aucune chirurgie axillaire chez les patientes avec
si elles discriminent de manière appropriée les patientes échographie axillaire normale.
avec un à deux ganglions axillaires métastatiques de celles En outre, l’échographie axillaire reste importante dans la
avec au minimum trois ganglions axillaires métastatiques. prise en charge des patientes en dehors des critères Z0011,
Cependant, des questions se posent sur l’applicabilité de comme celles devant bénéficier d’une mastectomie.
ces critères aux patientes avec une échographie et une cyto- De nombreuses études sont en cours, évaluant la place
ponction axillaire positives. Cela pourrait être le cas s’il de l’échographie axillaire et du ganglion sentinelle chez les
n’y avait pas de différence significative entre les caracté- patientes prises en charge pour cancer du sein [100—108].
ristiques cliniques, tumorales ou de survie entre les deux
groupes. Si des différences existent, toutefois, cela pour- Principaux modèles prédictifs
rait signifier qu’une distinction doit être faite dans la prise d’envahissement des ganglions non-sentinelles
en charge du creux axillaire entre les patientes chez qui
l’atteinte ganglionnaire est détectée à l’échographie axil-
en cas de ganglion sentinelle métastatique
laire et prouvée par la cytoponction et les patientes chez
Des modèles mathématiques ont été développés afin
qui l’atteinte ganglionnaire n’est détectée que lors de la
de prédire le risque individuel pour chaque patiente
procédure du ganglion sentinelle.
d’envahissement des ganglions non-sentinelles. En 2003,
Van Zee et al. ont été les premiers à proposer un nomo-
Remises en question de l’étude Z0011 de gramme (Memorial Sloan-Kettering Cancer Center [MSKCC]
nomogram) [109].
l’American College of Surgeons Oncology Depuis, de nombreux nomogrammes et scores, dont neuf
Group principaux ont été publiés :
• quatre autres nomogrammes développés par Degnim et al.
Van Wely et al. ont reporté pour la première fois que (Mayo nomogram), Pal et al. (Cambridge nomogram),
les patientes avec des métastases ganglionnaires axillaires Kohrt et al. (Stanford nomogram) et Meretoja et al. (Hel-
identifiées en préopératoire par l’échographie axillaire, sinki nomogram) ;
couplée à la cytoponction ganglionnaire axillaire avaient un • trois scores (le score de Tenon, le score du M.D. Anderson
plus grand nombre de ganglions axillaires métastatiques et Cancer Center [MDA score] et le score proposé par Saidi
avaient plus de risque d’avoir au moins trois métastases et al.) ;
ganglionnaires axillaires que les patientes avec atteinte • deux modèles de partitions récursives développés par
ganglionnaire découverte par la procédure du ganglion sen- Kohrt et al. (RP-ROC and CART) [110—116].
tinelle [84]. Dans leur étude, parmi 157 patientes avec un
cancer du sein chez qui l’envahissement ganglionnaire axil- Ces différents modèles ont été critiqués par plusieurs
laire a été diagnostiqué par l’échographie axillaire, associée auteurs. Van den Hoven et al. ont comparé les résultats
à la cytoponction, 79 (50,3 %) avaient au moins trois gan- de neuf systèmes disponibles prédictifs de ganglions non-
glions métastatiques à l’examen histologique définitif, ce sentinelles métastatiques et ont évalué les variabilités dans
qui va dans le même sens que l’étude de Hieken et al. et un groupe de 120 patientes avec un ganglion sentinelle
Caudle et al. [14,15]. positif [117]. Aucun patient n’a été uniformément classé
Pour les patientes avec seulement un ou deux ganglions comme à faible risque (score inférieur ou égal à 10 %) par
axillaires suspects identifiés à l’échographie axillaire, la les neuf modèles de prédiction. Au niveau du groupe, une
cytoponction ganglionnaire était également recommandée variation considérable dans la distribution des probabilités
par Caudle et al. pour identifier les métastases ganglion- prédites a été observée. Au niveau individuel, le calcul des
naires axillaires [14]. Dans leur étude, les auteurs ont trouvé probabilités prédites pour les patientes sélectionnées qui
que 45 % des patientes avec au moins deux ganglions axil- étaient considérés à faible risque par le nomogramme du
laires anormaux identifiés à l’échographie axillaire avaient MSKCC, montrait aussi de grandes variations, allant de 4 à
Statut ganglionnaire axillaire dans le cancer du sein : évaluation préopératoire et évolutions 37
94 %. L’étude montrait donc qu’il y a une variabilité éle- [7] International Breast Cancer Study GroupRudenstam CM, Zah-
vée inacceptable pour les prédictions individuelles de risque rieh D, Forbes JF, Crivellari D, Holmberg SB, et al. Randomized
d’envahissement des ganglions non-sentinelles. trial comparing axillary clearance versus no axillary clearance
in older patients with breast cancer: first results of interna-
Ainsi, ces scores prédictifs et nomogrammes peuvent être
tional Breast Cancer Study Group Trial 10-93. J Clin Oncol
des outils d’aide diagnostique lorsqu’ils s’appliquent aux
2006;24(3):337—44.
populations à partir desquelles ils ont été établis, mais ne [8] Martelli G, Boracchi P, Ardoino I, Lozza L, Bohm S, Vetrella
doivent pas être généralisés à d’autres centres sans évalua- G, et al. Axillary dissection versus no axillary dissec-
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open-label, phase 3 non-inferiority trial. Lancet Oncol
une étape majeure lors de la prise en charge diagnos-
2014;15(12):1303—10.
tique initiale d’une lésion mammaire suspecte de malignité. [10] Giuliano A. Axillary dissection vs no axillary dissection in
Différentes modalités d’imagerie ont été évaluées, mais women with invasive breast cancer and sentinel node metas-
l’examen de choix reste l’échographie axillaire, associée tasis. JAMA 2011;305(6):569.
à une cytoponction ou à une microbiopsie ganglionnaire [11] Galimberti V, Cole B, Zurrida S, Viale G, Luini A, Vero-
en cas de critère de suspicion. Différents critères échogra- nesi P, et al. Axillary dissection versus no axillary dissection
phiques ont été décrits, mais la classification de Mainiero in patients with sentinel-node micrometastases (IBCSG 23-
en fonction de l’épaisseur corticale et la présence d’un hile 01): a phase 3 randomised controlled trial. Lancet Oncol
hyperéchogène reste la plus simple à appliquer tout en étant 2013;14(4):297—305.
précise. La prise en charge des patientes avec un envahis- [12] Feng Y, Huang R, He Y, Lu A, Fan Z, Fan, et al. Efficacy of
physical examination, ultrasound, and ultrasound combined
sement ganglionnaire axillaire peu évolué change, avec une
with fine-needle aspiration for axilla staging of primary breast
désescalade thérapeutique chez certaines de ces patientes cancer. Breast Cancer Res Treat 2015;149:761—5.
ayant des caractéristiques clinicopathologiques favorables. [13] Amonkar S, Oates E, McLean L, Nicholson S. Pre-operative
Cependant, de nombreuses études montrent qu’une atteinte staging of the axilla in primary breast cancer. By redefining
ganglionnaire axillaire prouvée par la cytoponction ganglion- the abnormal appearing node can we reduce investiga-
naire s’associe à un envahissement ganglionnaire massif et tions without affecting overall treatment? Breast 2013;22:
à des caractéristiques clinicopathologiques péjoratives, ne 1114—8.
permettant pas d’omettre le curage ganglionnaire axillaire [14] Caudle A, Kuerer H, Le-Petross H, Yang W, Yi M, Bedrosian I,
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 41—44
ScienceDirect
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Physiopathologie et anatomopathologie de
l’endométriose
Pathophysiology of endometriosis
a
Centre d’imagerie médicale Italie (Cimi), 6, place d’Italie, 75013 Paris, France
b
Service d’imagerie médicale, centre de l’endométriose et Resendo, groupe hospitalier Paris
Saint-Joseph, 185, rue Raymond-Losserand, 75014 Paris, France
L’objectif de cette rubrique, « Endométriose dans tous les sens », est de sensibiliser à
l’importance de cette maladie dont la prévalence est majeure et l’impact clinique (dou-
leurs et/ou dysfertilité) variable, mais fréquemment très significatif jusqu’à altérer la vie
quotidienne et rendre infertile la femme atteinte. Une série d’une dizaine d’article en sera
le support, afin de brosser le portrait de cette maladie, de son historique au traitement
en passant par le diagnostic qui repose avant tout sur l’imagerie, pivot central d’une prise
en charge optimale [1].
Physiopathologie
La physiopathologie de l’endométriose reste mal connue. L’endométriose est une entité
plurielle, complexe, hétérogène, plurifactorielle, hormonodépendante et polygénique.
Aucune théorie n’explique à elle seule toutes les présentations cliniques : il n’y a pas une
endométriose mais des endométrioses. Cinq grandes théories classiques peuvent expliquer
l’endométriose [1,2].
La plus reconnue et validée est celle de Sampson, formulée en 1927, dite de la régurgi-
tation ou reflux tubaire et de l’implantation [3]. Elle consiste en ce que le liquide menstruel
régurgite ou reflue par les trompes, transportant des cellules endométriales viables, qui
ensuite s’attachent ou s’implantent à la surface du péritoine et/ou d’un organe et se déve-
loppent par le biais d’une neuroangiogénèse. Ce reflux et cette implantation prédominent
dans les régions déclives, postérieures et gauches du pelvis rendant ainsi compte de la pré-
éminence notamment de l’atteinte ovarienne et du ligament utéro-sacré à gauche. Il faut
cependant savoir que ce reflux tubaire est physiologique dans près de 90 % des cas [4], les
cellules endométriales étant usuellement détruites par le système de défense immunitaire.
Cela implique donc également comme conditions au développement de l’endométriose
d’autres facteurs tels que l’altération du système immunitaire, génétiques et/ou exogènes
de type toxiques environnementaux ou perturbateurs endocriniens.
∗ Correspondance.
Adresse e-mail : epetit@hpsj.fr
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.01.001
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
42 É. Petit
La théorie de la métaplasie cœlomique, suggérée par la ligne médiane fundique et en regard des cornes endo-
Meyer en 1919, est basée sur la notion que le revêtement métriales où l’hyperpression est maximale, rendant ainsi
épithélial de la cavité péritonéale posséderait un poten- compte de la dislocation et irruption des cellules endomé-
tiel de transformation en tissu endométrial sous l’influence triales basales et leur stroma au sein de l’archimyomètre.
de stimuli inflammatoires ou hormonaux [5]. Elle pourrait C’est ainsi que se constitue l’ectopie au sein du myomètre
ainsi expliquer la présence d’endométriose en l’absence de de l’endomètre, appelée adénomyose et connue de longue
règles, comme chez l’homme sous traitement œstrogénique date en préménopause du fait de cette activité contrac-
pour cancer de prostate, chez la femme prépubère ou post- tile permanente de l’utérus aboutissant avec le temps à
ménopausique. Cependant plusieurs arguments la réfutent : ce phénomène considéré comme physiologique in fine car
l’endométriose devrait exister en l’absence d’endomètre constant après 40 ans. Cependant, et pour des raisons
comme dans les cas d’absence congénitale de l’utérus hormonales complexes comprenant une hyperœstrogénie
ou chez l’homme sain, et partout où se trouvent des notamment locale, d’origine endométriale et autoentre-
tissus dérivés de l’épithélium cœlomique, enfin sa fré- tenue par cette agression et réparation inflammatoire du
quence devrait augmenter avec l’âge comme pour toute tissu archimétral, avec hyperproduction d’ocytocine égale-
métaplasie. ment d’origine endométriale, cette ectopie endométriale
La théorie de l’induction, de Levander et Normann en au sein du myomètre, accompagnant le reflux tubaire
1955, est une extension de la précédente et basée sur le massif intrapéritonéal de ce même endomètre potentiel-
fait que des facteurs endogènes, biochimiques ou immuno- lement pour les mêmes raisons mécaniques, peut débuter
logiques, pourraient induire la différenciation endométriale très tôt, dès l’adolescence, expliquant ainsi l’endométriose
de cellules indifférenciées. Cette théorie élaborée à partir à la fois intra-utérine, ou adénomyose mais cette fois
d’un modèle animal, chez la lapine, n’a cependant jamais ci pathologique, et extra-utérine en pratique très fré-
été confirmée chez la femme. quemment associée chez la jeune femme. Cette théorie
La théorie des restes embryonnaires, introduite en a l’avantage de l’unicité quant à la physiopathologie de
1895 et 1899 par Von Recklinghausen et Russel, pos- l’endométriose et de l’adénomyose en tant que mala-
tule que les cellules embryonnaires résiduelles d’origine die ou phénotype utérin de l’endométriose. En découlent,
mülleriennes se développent sous l’influence de stimuli alors, la dysménorrhée primaire intense et les ménorra-
spécifiques. Elle pourrait expliquer notamment les excep- gies précoces avec absentéisme scolaire caractéristiques de
tionnels cas d’atteinte du septum rectovaginal ou masculins. l’endométriose débutante chez l’adolescente, et les images
Cette théorie qui suppose cependant que ces restes corrélatives en imagerie par résonance magnétique (IRM),
embryonnaires persistent à l’âge adulte n’est pas prouvée dites d’adénomyose, sous l’endomètre notamment à hau-
et demeure purement hypothétique. teur des cornes endométriales, sous forme d’irrégularité
La théorie métastatique par voie vasculaire ou lympha- des bords de l’endomètre et microkystes, le plus souvent,
tique (Sampson en 1927 et Halban en 1925) rend compte d’ailleurs, sans épaississement de la zone jonctionnelle
des très rares localisations extrapéritonéales, telles que pul- comme on l’observe plus tardivement dans l’adénomyose
monaires, péricardiques voire encéphaliques, orbitaires ou physiologique d’après 40 ans.
osseuses.
À cette liste classique viennent s’ajouter deux autres
théories plus contemporaines : celle des cellules souches
et celle de la tissue injury and repair (TIAR) ou théorie Anatomopathologie
de l’agression et réparation des tissus. La première repose
sur l’hypothèse d’un reflux menstruel néonatal en appui L’adénomyose, ou le phénotype utérin de l’endométriose, a
duquel vient l’existence d’un saignement vaginal chez 5 % été clairement défini par Bird en 1972 comme suit : c’est
des nouveaux nés, attribué au fait qu’en fin de grossesse l’ectopie bénigne de l’endomètre au sein du myomètre,
l’endomètre du fœtus se décidualise puis desquame après responsable d’une augmentation volumétrique diffuse de
la naissance ; à cela s’ajoute l’obstruction fonctionnelle l’utérus avec microscopiquement une ectopie d’éléments
de l’endocol qui conduit à la régurgitation des cellules glandulaires endométriaux et du stroma associée à une
endométriales dans la cavité péritonéale. Ces cellules endo- hyperplasie et hypertrophie myométriale réactionnelle [9].
métriales souches, quiescentes, s’implantent et survivent De façon encore plus précise et traditionnelle, il est admis
au long cours et pourraient expliquer la survenue précoce que la présence de muqueuse endométriale à plus de 2,5 mm
en péripubertaire de l’endométriose [6]. de la jonction endomètre—myomètre définit l’adénomyose.
La seconde, développée par Leyendecker, la plus Cela est illustré, macroscopiquement (Fig. 1a) et micro-
récente et innovante, a l’avantage de rendre compte de scopiquement (Fig. 1b), à propos d’un cas d’adénomyose
l’association quasi systématique, de plus en plus recon- focale, qui représente environ 20 % des cas, la forme diffuse
nue par diverses équipes, et reflétant la pratique courante, étant majoritaire.
de l’endométriose à l’adénomyose, cette dernière fai- Pour ce qui est de l’endométriose extra-utérine, donc
sant de l’utérus probablement la première localisation à distance de l’endomètre et du myomètre, il s’agit de
de l’endométriose [7,8]. Cette théorie est basée sur la l’ectopie endométriale dans et en dehors de la cavité
notion de contraintes mécaniques auxquelles est soumis péritonéale [10] : superficielle, annexielle, notamment ova-
l’archimètre, le couple histologique indissociable de la rienne, et profonde (au-delà de 5 mm sous le péritoine
couche basale de l’endomètre et le myomètre interne ou et/ou l’infiltration au sein d’une musculeuse d’une structure
sous endométrial, encore dénommé archimyomètre, du fait anatomique périutérine telle que : ligament utéro-sacré,
de l’hyperpéristaltime ascendant de l’utérus en fin de phase rectum ou vessie pour les plus fréquentes) pour l’essentiel,
folliculaire et surtout d’une hyper- et dyscontractilité du en sachant que toutes les localisations, telles que tho-
néomètre (myomètre externe) prédominant à hauteur du rax, tissus mous, os, rein, cerveau, etc., ont été décrites
fond, en phase menstruelle, ce qui entraîne un autotrau- hormis la rate. Dans l’absolu, il doit y avoir la présence
matisme répété de l’utérus à hauteur essentiellement de conjointe d’un épithélium et d’un stroma endométrial, ou
Physiopathologie et anatomopathologie de l’endométriose 43
Figure 1. Adénomyose : endomètre à plus de 2,5 mm de la couche basale : a : aspect macroscopique ; b : aspects microscopiques.
chorion cytogène. Cependant, l’aspect du tissu endométrial pathognomonique, un kyste lutéal pouvant l’être, l’analyse
dans ces foyers ectopiques d’endométriose est très variable microscopique montrant certes idéalement des amas de cel-
en fonction de la réponse du tissu ectopique aux fluctua- lules endométriales, mais le plus souvent il n’existe que
tions hormonales du cycle menstruel et de l’ancienneté de des signes indirects tels qu’un fond d’hématies lysées asso-
la lésion. Ainsi, l’aspect des lésions notamment profondes ciées à des débris cellulaires et du pigment à l’état libre
sous-péritonéales est plus ou moins hémorragique, plus ou ou dans des sidérophages. Ainsi l’aspect macroscopique et
moins fibreux, la réaction d’hyperplasie musculaire lisse et même histologique n’est pas toujours très spécifique, sou-
de fibrose du tissu hôte étant fondamentale (Fig. 2) et, lignant l’importance du contexte clinique et de l’imagerie
d’ailleurs, le substratum essentiel de la traduction lésion- qui le plus souvent, en revanche, le sont, et relèguent ainsi
nelle en imagerie. Pour le kyste ovarien endométriosique, au second plan la cœlioscopie et l’anatomopathologie dans
ou endométriome, il est typiquement dit chocolat macro- l’approche moderne du diagnostic d’endométriose en centre
scopiquement, car hémorragique, sans être pour autant de référence.
Figure 2. Endométriose extra-utérine. Photographies microscopiques à grossissement moyen montrant des glandes endométriales (flèche
orange) entourées de chorion cytogène (flèche bleue) entourés d’hyperplasie musculaire lisse et de fibrose (flèche noire).
44 É. Petit
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FICHE PRATIQUE
Anne-Coline Monseau-Thiburce
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.02.003
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46 A.-C. Monseau-Thiburce
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ARBRE DÉCISIONNEL
Martine Boisserie-Lacroix ∗,
Marie-Pierre Depetiteville , Julie Commeny
Le syndrome inflammatoire est une des rares urgences sénologiques. L’origine en est
bénigne infectieuse dans la plupart des cas. L’examen clinique oriente le diagnostic.
Les limites de la mammographie, pour indispensable qu’elle soit, renforcent l’intérêt
de l’échographie qui met en évidence dans tous les cas un abcès, et a une sensibilité
supérieure dans la détection d’une tumeur maligne.
Quand une origine bénigne est probable, les signes cliniques doivent disparaître sous
traitement médical, sans quoi il est nécessaire de poursuivre les investigations. S’il est
licite de mettre en route un traitement d’épreuve, ce dernier ne doit pas retarder une
prise en charge cancérologique, en raison de la gravité du cancer inflammatoire.
L’IRM mammaire ne doit pas être utilisée pour différencier cancer du sein inflamma-
toire et mastite aiguë avant traitement ; quand les signes inflammatoires persistent après
15 jours—3 semaines de traitement médical bien conduit, une IRM peut être réalisée en
complément de l’échographie, de la mammographie et des prélèvements histologiques
pour éliminer un cancer du sein inflammatoire. Le sein inflammatoire représente une
situation exemplaire de la nécessaire multidisciplinarité de l’exercice de la sénologie.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : m.boisserie-lacroix@bordeaux.unicancer.fr (M. Boisserie-Lacroix).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.02.001
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
48 M. Boisserie-Lacroix et al.
Figure 1. *Traitement : pyostacine 1 g, 2 à 3 fois/jour, pendant 8—14 j (ou orbénine) + AINS (ex. profénid LP 100, 2 fois/j, pendant
8 jours) + glaçage ; ** ± ajout de corticoïdes, notamment lors de mastite récidivante, 1 mg/kg pendant 15 j, puis décroissance pendant 15 j
+ protecteurs gastriques ; *** IRM après réalisation de biopsies de résultat bénin, pas en première intention, pour différencier mastite
bénigne/maligne. Séquences T2 +++ pour mettre en évidence des signes d’œdème, notamment prépectoral évocateur de malignité.
Imagerie de la Femme (2017) 27, 49—53
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CAS CLINIQUE
a
Service de radiologie, hôpital Mère—enfant, CHU Ibn-Sina, université Mohamed-V, Rabat,
Maroc
b
Service de neuroradiologie, hôpital des spécialités, CHU Ibn-Sina, université Mohamed-V,
Rabat, Maroc
MOTS CLÉS Résumé L’incidence des pseudo-anévrismes utérins est rare. Le mécanisme physiopatholo-
Pseudo-anévrisme de gique de leur survenue est le plus souvent traumatique. C’est surtout lors du post-partum, à
l’artère utérine ; la suite d’une césarienne, que ces malformations vasculaires sont observées. Classiquement,
Métrorragie du les métrorragies sont les signes cliniques révélateurs. Le diagnostic par imagerie des pseudo-
post-partum ; anévrismes utérins repose sur les données de l’échographie pelvienne couplée au Doppler. Cet
Embolisation examen permet de suspecter la lésion. L’angiographie des artères utérines constitue l’examen
artérielle de référence. Son rôle est double, diagnostique et thérapeutique. Mais, cet examen n’est envi-
sagé que si une embolisation artérielle est prévue. Nous rapportons une nouvelle observation
de pseudo-anévrisme de l’artère utérine gauche révélé par des métrorragies. Le diagnostic a
été établi par l’échographie pelvienne couplée au Doppler. Il a été confirmé par l’angiographie
des artères utérines. L’évolution a été favorable après un traitement par une embolisation
artérielle.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : najwabenslima@gmail.com (N. Benslima).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2016.10.002
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
50 N. Benslima et al.
KEYWORDS Summary The incidence of uterine pseudoaneurysm is rare. The pathophysiological mecha-
Uterine artery nism of its occurrence is mostly traumatic. These vascular malformations are especially
pseudoaneurysm; observed in the aftermath of a caesarean section. Usually, bleeding is the principal clinical
Postpartum sign. Pelvic ultrasound coupled with Doppler allow the diagnosis of uterine pseudoaneurysm.
hemorrhage; Uterine artery angiography is the gold standard. Its role is dual: diagnosis and therapy. But
Arterial embolization this procedure cannot be performed unless embolization is planned. We report a new case of
pseudoaneurysm of the left uterine artery revealed by genital hemorrhage. The diagnosis was
established by pelvic ultrasound coupled with Doppler. It was confirmed by angiography of the
uterine arteries. The occlusion of the pseudoaneurysm was completed by embolization of the
left uterine artery and the outcome was uneventful.
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Introduction
Les étiologies des métrorragies du post-partum sont mul-
tiples. Les pseudo-anévrismes utérins sont rarement en
cause. Cette éventualité est à connaître. Il faut y penser
devant des métrorragies récidivantes et résistantes au trai-
tement. Le diagnostic doit être établi précocement, car
ses complications sont redoutables. Elles peuvent mettre
en jeu le pronostic vital. L’échographie pelvienne couplée
au Doppler et l’angioscanner abdominopelvien permettent
de poser le diagnostic positif. Le rôle de l’angiographie des
artères utérines reste déterminant, car il permet de manière
concomitante de diagnostiquer le pseudo-anévrisme et d’en
assurer le traitement. L’embolisation sélective des artères
utérines est une alternative à la chirurgie offrant l’avantage
de préserver la fertilité des patientes.
Figure 2. Angioscanner abdominopelvien en reconstruction projective d’intensité maximale (« maximal intensity projection », MIP) :
lésion sacculaire connectée à l’artère utérine gauche dans sa portion cervicovaginale (flèche), fortement rehaussée après injection de
produit de contraste au temps artériel, mesurant 8 mm de diamètre, sans extravasation de produit de contraste. On note aussi l’absence
d’hémopéritoine. a : coupe axiale ; b : coupe sagittale.
Figure 3. Artériographie sélective de l’artère utérine gauche : pseudo-anévrisme sacculaire arrondi aux dépens de l’artère utérine gauche,
mesurant 9 mm de diamètre. a : artériographie ; b : reconstruction selon la technique de rendu volumique (« volume rendering »).
profondes, l’hystérectomie, la conisation du col de couches pariétales (intima, média, adventice), les pseudo-
l’utérus, l’embolisation des myomes, l’accouchement anévrismes sont constitués d’une couche fibreuse simple
par voie vaginale spontané, l’avortement chirurgical, le contenu par les tissus adjacents et le thrombus néoformé
curetage notamment pour une maladie trophoblastique, [12,13].
l’accouchement au forceps et la réparation d’ une lacération Le tableau clinique des pseudo-anévrismes utérins est
vaginale [2—7]. Exceptionnellement, le pseudo-anévrisme polymorphe et non spécifique. Les métrorragies sont sou-
peut survenir pendant la grossesse [8]. À notre connaissance, vent révélatrices. L’examen gynécologique peut mettre en
seuls cinq cas ont été rapportés dans la littérature [9]. évidence un utérus mou à la palpation, de volume aug-
La lacération des parois artérielles par traumatismes menté, avec la perception en son sein d’une masse pulsatile
utérin lors de césarienne reste la cause la plus fréquente et frémissante accompagné d’un thrill. Le diagnostic de
des pseudo-anévrismes utérins. La plaie vasculaire post- pseudo-anévrisme de l’artère utérine est souvent tardif, car
traumatique est à l’origine de formation d’un hématome la pathologie n’est pas bien connue. L’intervalle libre pour
pulsatile qui communique avec la lumière de celle-ci à tra- établir le diagnostic peut aller de un jour à 99 jours [1]. La
vers un petit collet. Le sang dissèque les tissus adjacents méconnaissance de cette pathologie expose à la survenue de
et se collecte dans le secteur périvasculaire [5,10]. La tur- complications. La plus redoutable est la rupture, qui peut se
bulence du flux sanguin extraluminal est responsable d’une révéler par un choc hémorragique. De rare cas d’hématomes
augmentation de la taille du faux anévrisme [11]. Ainsi, à rétropéritonéals, sans hémorragie extériorisée, ont été rap-
la différence des « vrais » anévrismes, constitués des trois portés dans la littérature [11].
52 N. Benslima et al.
[14] Sanguin S, Lanta-Delmas S, Le Blanche A, Grardel-Chambenoit [17] Vandelet P, Gillet R, Pease S, Clavier E, Descargues G, Dureuil
E, Merviel P, Gondry J, et al. Diagnostic et traitement des mal- B. Facteurs d’échec de l’embolisation artérielle dans le trai-
formations artérioveineuses utérines (MAVU) en 2011. Gynecol tement des hémorragies graves du postpartum. Ann Fr Anest
Obstet Fertil 2011;39:722—7. Reanim 2001;20:317—24.
[15] Bardou P, Orabona M, Vincelot A, Maubon A, Nathan N. Faux [18] Pelage JP, Laissy JP. Prise en charge des hémorragies graves
anévrisme d’une artère utérine après césarienne : une cause du post-partum : indications et techniques de l’embolisation
atypique d’hémorragie du post-partum. Ann Fr Anesth Reanim artérielle. J Radiol 2006;87:533—40.
2010;29:909—12. [19] Kovo M, Behar DJ, Friedman V, Malinger G. Pelvic arterial
[16] Pelage JP, Laissy JP. Management of life-threatening post- pseudoaneurysm a rare complication of cesarean section:
partum hemorrhage: indications and technique of arterial diagnosis and novel treatment. Ultrasound Obstet Gynecol
embolization. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2004;33:93—114. 2007;30:783—5.
Imagerie de la Femme (2017) 27, 54—57
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a
Service de radiologie B, centre de maternité et de néonatologie, CHU Fattouma-Bourguiba,
Elomrane, 5000 Monastir, Tunisie
b
Service de gynécologie obstétrique centre de maternité et de néonatologie, CHU
Fattouma-Bourguiba, 5000 Monastir, Tunisie
Reçu le 23 juin 2016 ; reçu sous la forme révisée le 17 octobre 2016; accepté le 21 octobre 2016
Disponible sur Internet le 3 mars 2017
Observation clinique
Une patiente âgée de 46 ans, d’origine rurale, G5P4A1 et non encore ménopausée, a été
admise pour l’exploration d’une douleur pelvienne chronique évoluant depuis une année
dans un contexte d’apyrexie. L’examen physique a objectivé une sensibilité hypogastrique
associée à une masse palpable arrivant jusqu’à l’ombilic. Une échographie et une IRM
pelviennes ont été réalisées (Fig. 1—4).
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : bensalem aminaa@yahoo.fr (A. Ben Salem).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2016.10.001
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Masse kystique atypique du pelvis féminin 55
Figure 2. IRM pelvienne avec pondération T2, chez une femme âgée de 46 ans : a : coupe sagittale ; b : coupe axiale.
Figure 5. IRM pelvienne (a : coupe sagittale FSET2 ; b : coupe axiale FSET2), chez une femme âgée de 46 ans. Les séquences avec
pondération T2 montrent une masse sus- et retrovésicale de signal liquidien contenant une structure serpigineuse (flèche bleue) en rapport
avec une membrane flottante. L’ovaire droit est normal (cercle).
Masse kystique atypique du pelvis féminin 57
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http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.02.002
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Agenda
Congrès Renseignements et inscription : Institut montpelliérain
d’imagerie médicobiologique et de mastologie (IMIM) ;
parc Euromédecine, 209 avenue des Apothicaires, 34090
Montpellier ;
■ Nouvelles journées d’échographie fœtale, tél. : +33 4 67 61 15 05 ;
6e édition fax : +33 (0)4 67 61 15 10 ;
25—28 mai 2017, Paris site web : http://imim34.fr
Lieu : hôtel Pullman Montparnasse, 19, rue du
Commandant-Mouchotte, 75014 Paris
Organisé par : le Collège français d’échographie fœtale
(CFEF) Enseignements
Renseignements et inscription : http://njef.eu
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Imagerie
de la
Femme
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Comité de rédaction
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Cédric de Bazelaire (Paris), Laure Fournier (Paris), Aurélie Jalaguier-Coudray (Marseille), Karen Kinkel
(Chêne-Bougerie - Suisse), Sophie Taïeb (Lille), Patrice Taourel (Montpellier), Isabelle Trop (Montréal)
Imagerie de la Femme (ISSN 1776-9817) 2017 (volume 27), un an : 4 numéros. France : 319 euros (TTC).
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Sifem 2017 annual meeting - Current women’s imaging: doubts, pitfalls and certainties
Guest Editors: Valérie Juhan-Duguet, Aurélie Jalaguier-Coudray
Pelvis imaging
Uterine pathologies: Not that elementary… Certainties, doubts and pitfalls: how to get through
L. Mezzetta, A. Rubini, C. Bourillon and N. Carrabin ......................................................... 62
Breast imaging
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e4 Sommaire
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C’est avec grand plaisir que nous vous accueillons à Marseille Présidence du congrès
du 15 au 17 juin 2017 pour le congrès annuel de la Société Dr Aurélie Jalaguier-Coudray, Marseille
d’imagerie de la femme (Sifem) qui se déroulera sur le site Dr Valérie Juhan-Duguet, Marseille
privilégié du palais du Pharo, à l’entrée du Vieux-Port.
Comité d’organisation
Échanger sur nos erreurs pour pouvoir les éviter, cerner
Dr Aurélie Jalaguier-Coudray, Marseille
les limites technologiques, sémiologiques, mais aussi revoir
Dr Valérie Juhan-Duguet, Marseille
et conforter nos certitudes, tels sont les thèmes que nous
Dr Pascale Siles, Marseille
partagerons ensemble cette année, au travers de communi-
Dr Rim Villard-Mahjoub, Marseille
cations scientifiques et pédagogiques. De nombreux ateliers
seront proposés, pour illustrer les pièges en sénologie, en
imagerie gynécologique et pour rappeler les bonnes pra- Comité scientifique
tiques. Dr Corinne Balleyguier, Paris
Pr Marc Bazot, Paris
Nous espérons vous retrouver nombreux, Dr Brigitte Séradour, Marseille
À bientôt, Pr Patrice Taourel, Montpellier
Dr Anne Tardivon, Paris
Valérie Juhan-Duguet, Aurélie Jalaguier-Coudray Pr Isabelle Thomassin-Naggara, Paris
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MISE AU POINT
a
Imvoc, radiologie, clinique médicochirurgicale Charcot, 51—53, avenue du
Commandant-Charcot, 69110 Sainte-Foy-lès-Lyon, France
b
Radiologie, groupe Croix-Saint-Simon, centre d’imagerie Léonard-de-Vinci, 43, rue
Cortambert, 75116 Paris, France
c
Service de radiologie, groupe hospitalier Diaconesses-Croix-Saint-Simon, 125, rue d’Avron,
75020 Paris, France
d
Service de gynécologie, clinique médicochirurgicale Charcot, 51—53, avenue du
Commandant-Charcot, 69110 Sainte-Foy-lès-Lyon, France
MOTS CLÉS Résumé Qu’elles soient d’origine endométriale, myométriale ou cervicale, les pathologies
Utérus ; utérines sont identifiées et analysées grâce à l’imagerie. Sans remplacer l’anapathologiste,
Pièges ; les progrès techniques dont ont bénéficié l’échographie et l’IRM permettent avec précision de
Performance localiser, différencier, et caractériser les lésions bénignes et malignes de l’utérus, ainsi que les
diagnostiques ; malformations utérines. L’imagerie est cependant limitée dans plusieurs situations, telles que
Cancer la caractérisation de lésions atypiques myométriales, la distinction entre les tumeurs de haut
gynécologique ; ou de bas grade, certaines malformations utérines et chez les patientes dont le morphotype
Échographie ; ou l’imprégnation œstrogénique est défavorable pour une imagerie de qualité. Le but de cet
Hystérosonographie ; exposé est d’essayer de prévenir les pièges de l’imagerie en utilisant les séquences les plus
IRM pertinentes en IRM, notamment la séquence T2 tridimensionnelle, de développer l’échographie
tridimensionnelle et avec hystérosonographie pour l’étude de la cavité endométriale. Certaines
pathologies restent néanmoins un défi pour l’imagerie qui montre alors ses limites.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : lisemezzetta@gmail.com (L. Mezzetta).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.005
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Pathologies utérines : certitudes, doutes et pièges diagnostiques 63
KEYWORDS Summary Whether uterine pathologies are of endometrial, myometrial or cervical origin,
Uterus; they are identified and analysed using imaging. While not substituting the pathologist’s work,
Diagnostic pitfalls; ultrasound and MRI technical progress has made it possible to locate, characterize and differen-
Diagnostic accuracy; tiate with great precision benign from malign uterine lesions, as well as uterine malformations.
Gynecologic cancer; Imaging performance is however limited when it comes to atypical myometrial lesions charac-
Ultrasound; terization, tumour grading (high versus low), specific uterine malformations and in patients
Sonohysterography; whose morphology or estrogenic impregnation does not allow for quality imaging. The purpose
MRI of this paper is to present imaging pitfalls and how to avoid them using the most relevant
MRI sequences, including 3D T2 TSE, and to develop 3D ultrasound with sonohysterography to
study the endometrial cavity. Nevertheless, some pathologies will continue to be challenging
for imaging.
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échogène ou plus hétérogène de type microkystique [4]. phase plus tardive, une prise de contraste modérée à intense
Son diagnostic peut être confirmé par hystéroscopie diag- (Fig. 2).
nostique.
Léiomyome à dôme sous-muqueux
Le léiomyome à dôme sous-muqueux a les mêmes caracté-
Masses bénignes intracavitaires ristiques que les myomes de localisation intramyométriale
Polypes (cf. infra). En IRM, son signal est la plupart du temps hypo-
Le polype, pathologie de la femme entre 40 et 50 ans, cor- intense en T2 par rapport à l’endomètre et sa courbe de
respond à un amas de glandes endométriales, centré sur rehaussement après injection superposable à celle du myo-
du tissu conjonctif plus ou moins richement vascularisé. Il mètre. À l’échographie, un des signes les plus spécifiques
apparaît classiquement sous la forme d’une masse endoca- est la distribution périphérique de sa vascularisation en
vitaire bien délimitée, avec pédicule vasculaire central. À « encorbellement ». La topographie des myomes relève de
l’échographie, le polype est plutôt hyperéchogène, homo- la classification de la Fédération internationale de gyné-
gène ou bien hétérogène avec de petites zones kystiques. cologie obstétrique (FIGO) de 2011 (polyp ; adenomyosis ;
Le pédicule vasculaire est le plus souvent unique, et bien leiomyoma ; malignancy and hyperplasia ; coagulopathy ;
visible au Doppler, dans 75 % des polypes de plus de 1 cm ovulatory dysfunction ; endometrial ; iatrogenic ; and not
[5] (Fig. 1). Du fait de son échogénicité proche de celle de yet classified, PALM-COEIN), basée sur le pourcentage de
l’endomètre, il peut être difficilement individualisable en myome localisé dans la cavité endométriale (FIGO 1 : plus
phase lutéale, ainsi l’examen sera préférentiellement réa- de 50 % de la surface du myome est localisée dans la cavité
lisé en première partie de cycle (endomètre fin et moins endométriale ; FIGO 2 : 50 % ou moins de la surface du
échogène). L’hystérosonographie peut alors s’avérer être myome est localisée dans la cavité). À la différence du
une alternative de choix : en séparant les parois endomé- polype, le myome est plus aisément visualisé en échographie
triales, le polype endocavitaire est mieux visualisé (Fig. 1). en deuxième partie de cycle (endomètre plus épais).
En IRM, le polype apparaît en isosignal voire discret
hyposignal par rapport à l’endomètre sur les séquences mor- Doutes et pièges diagnostiques d’un
phologiques T2. Afin d’évaluer avec précision ses rapports
avec le myomètre adjacent et son extension dans la cavité
épaississement de l’endomètre
endométriale, on réalise des coupes fines T2 perpendicu- Polypes de petite taille
laires à sa localisation. Une valeur du coefficient apparent Ils peuvent passer inaperçus en échographie (notamment en
de diffusion non diminuée confirme son caractère pure- seconde partie de cycle) et en IRM où, malgré les progrès
ment bénin, quand la lésion est de taille suffisante pour techniques, la résolution spatiale peut s’avérer insuffisante.
la mesurer. La séquence dynamique injectée met en évi- Les petits polypes sont souvent mieux visibles en échogra-
dence en phase précoce la vascularisation pédiculaire et en phie endovaginale qu’en IRM.
Figure 1. a : patiente de 55 ans, métrorragies : échographie endovaginale. Polype endométrial bénin : masse à contours réguliers, homo-
gène hyperéchogène ; b et c : patiente de 52 ans, métrorragies. Épaississement diffus difficilement explorable en échographie endovaginale
(b). En hystérosonographie (c), mise en évidence de trois petits polypes ; d et e : patiente de 58 ans, métrorragies post-ménopausiques.
Hystérosonographie permettant de bien analyser le polype, son site d’implantation et l’épaisseur du pédicule, vascularisé au doppler.
Pathologies utérines : certitudes, doutes et pièges diagnostiques 65
Figure 2. Patiente de 55 ans. IRM dans le cadre du bilan d’une masse intracavitaire : a et c : séquences coronale et sagittale T2 : polype
en discret hyposignal T2 par rapport à l’endomètre, siège de discrètes inclusions kystiques en hypersignal ; b et d : séquence sagittale T1 FS
dynamique après injection de gadolinium : rehaussement homogène et bonne visualisation de la base d’implantation corporéo-isthmique
antérieure.
Endométrite
L’épaississement endométrial n’apparaît qu’à un stade
avancé, alors associé à des collections organisées intra-
cavitaires. L’atteinte pelvienne à Actinomyces est rare,
mais doit être suspectée en association avec un dispositif
intra-utérin ou tout geste récent intracavitaire (curetage. . .) Figure 3. Patiente de 62 ans sous tamoxifène depuis deux ans,
L’endomètre est souvent normal sur l’imagerie, mais asymptomatique. Présence d’un pseudo-épaississement glandulo-
il existe une atteinte inflammatoire pelvienne, à type kystique endométrial de 10 mm, non vascularisé. Une hystéroscopie
d’épaississement et prise de contraste du péritoine plus ou avec biopsie endométriale a confirmé la bénignité (hypertrophie
moins associé à des abcès tubo-ovariens. simple).
66 L. Mezzetta et al.
Tableau 1 Protocoles IRM recommandés dans le cadre des bilans d’extension et suivi des cancers du col et de
l’endomètre.
Séquence Intérêt
Cancer de l’endomètre
Sagittale T2 (avec limitation d’artéfact) Localisation de la lésion
Extension au col ? vagin ?
Axiale oblique coupes fines perpendiculaire au corps Évaluation de l’envahissement myométrial
utérin : T2 et diffusion haute résolution (b0 et B1000) Stroma du col ? (T2)
Axiale stricte du hile rénal à la symphyse pubienne : Évaluation ganglionnaire
Diffusion (b0 et B1000) + T2FRFSE Morphologique (T2)
Axiale 3DT1FS dynamique injectées (optionnel) Fonctionnelle (B1000, coefficient apparent de diffusion)
Axiale 3DT1FS tardives Meilleure évaluation de l’envahissement myométrial
(myomètre hétérogène. . .)
Cancer du col
Sagittale T2 (avec limitation d’artéfacts) Taille : séquences T2 ± T1FS dynamiques
Axiale oblique coupes fines perpendiculaire au col : T2 Extension paramétriale
Axiale stricte du hile rénal à la symphyse pubienne : Évaluation ganglionnaire
Diffusion (b0 et B1000) + T2FRFSE Morphologique (T2)
Fonctionnelle (B1000, coefficient apparent de diffusion)
Sagittale diffusion haute résolution (b0 et B1000) Valeur initial du coefficient apparent de diffusion :
3DT1FS dynamique après injection de gadolinium pronostique
(optionnel dans le suivi) Résidu ou récidive : diffusion++ (B1000) et T2
Balisage vaginal optionnel
pler énergie doit être systématique car il permet d’éliminer diffusion et 3DT1 après injection de gadolinium à la phase
un polype glandulokystique. Les polypes sont favorisés par d’équilibre (2 min 30 s) [7] (Fig. 4).
le tamoxifène et sont présents dans 23 à 62 % des cas Sans évidement remplacer le diagnostic anatomopatholo-
[6]. Ils sont significativement plus gros que dans la popu- gique, l’IRM peut orienter vers un type histologique tumoral :
lation générale avec la présence d’inclusions kystiques. Ils
présenteraient un risque accru de transformation maligne,
imposant l’exérèse. Au Doppler, il présente un pédicule vas-
culaire.
Cancer de l’endomètre
Le cancer de l’endomètre est le cancer gynécologique
le plus fréquent. Concernant classiquement la femme
ménopausée, sa survenue est favorisée par les situations
d’hyperœstrogénie (obésité, diabète, ménarche précoce,
ménopause tardive, hypertension artérielle, traitements
œstrogéniques). L’imagerie est généralement réalisée soit
dans le cadre d’un bilan de métrorragies (échographie en
première intention), soit lors du bilan d’extension d’un can-
cer prouvé histologiquement par l’IRM.
IRM
L’IRM est l’examen de référence dans le cadre du bilan
d’extension et s’effectue selon un protocole standardisé Figure 4. Patiente de 63 ans. IRM dans le cadre du bilan
d’extension initial d’un cancer de l’endomètre : a et c : séquence
(Tableau 1). Elle permet de stadifier l’extension tumorale
sagittale et axiale T2 ; b et d : séquence sagittale et axiale T1 FS
avec précision selon la classification FIGO (Tableau 2).
après injection de gadolinium, tardives. L’atteinte myométriale,
La lésion apparaît sous forme d’une masse en signal mal visualisée sur les séquences morphologique T2, apparaît plus
T2 intermédiaire et l’évaluation de l’envahissement myomé- claire sur les séquences injectées, focalement > 50 % (flèche). Stade
trial, critère fondamental, s’apprécie sur les séquences T2, FIGO IB.
Pathologies utérines : certitudes, doutes et pièges diagnostiques 67
Tableau 2 Classification des cancers de l’endomètre et du col selon la Fédération internationale de gynécologie obsté-
trique (FIGO ; révision de 2009).
Cancer de l’endomètre
Stade I Cancer limité au corps utérin : envahissement myométrial
A < 50 %
B ≥ 50 %
Stade II Atteinte du col utérin sans atteinte extra-utérine
A Endocervical glandulaire
B Stroma cervical
Stade III Atteintes locorégionales
A Séreuse et/ou annexes et/ou cytologie péritonéale +
B Atteinte vaginale
C Métastases ganglionnaires pelviennes (1) et/ou lomboaortiques (2)
Stade IV Extension vésicale et/ou intestinale et/ou à distance
A Muqueuse vésicale et/ou intestinale
B Métastases à distances incluant les ganglions intra-abdominaux et/ou inguinaux
Cancer du col utérin
Stade I Cancer strictement limité au col
A Invasion microscopique : extension superficielle ≤ 7 mm et ≤ 5 m
IA1 : ≤ 3 mm en profondeur
IA2 : > 3 mm
B Cancer visible cliniquement ou de taille > IA
IB1 : ≤ 4 cm
IB2 : > 4 cm
Stade II Extension au-delà du col sans atteinte de la paroi pelvienne ni du tiers inférieur du vagin
A Jusqu’au deux tiers supérieurs du vagin : ≤ 4 cm (IIA1) ou > 4 cm (IIA2)
B Atteinte des paramètres sans atteinte de la paroi pelvienne
Stade III Extension jusqu’à la paroi pelvienne et/ou tiers inférieur du vagin
A Atteinte du tiers inférieur du vagin
B Atteinte de la paroi pelvienne et/ou hydronéphrose ou rein non fonctionnel/ganglions pelviens
Stade IV Extension à la vessie, au rectum et au-delà de la cavité pelvienne
A atteinte de la muqueuse vésicale et/ou rectale
B Métastases à distance y compris ganglions lomboaortiques
Figure 5. Patiente de 58 ans. IRM dans le cadre du bilan d’extension d’un cancer de l’endomètre : a : séquence axiale T2 ; b : séquence
sagittale T2 ; c : cartographie du coefficient apparent de diffusion ; d : séquence axiale de diffusion B1000. Cancer endométrial : masse
en signal T2 intermédiaire, intracavitaire sans franc envahissement myométrial avec métastase ovarienne (flèche). Coefficient apparent de
diffusion = 0,8 × 10−3 mm2 /s. Cancer séreux papillaire de haut grade stade FIGO IIIA.
68 L. Mezzetta et al.
en effet, le caractère hétérogène de la tumeur sur les signal T2 sous endométriales). Les séquences dynamiques
séquences pondérées T2 et un coefficient apparent de dif- après injection de gadolinium et les séquences de diffusion
fusion plutôt inférieur à 0,8 sont en faveur d’une tumeur de sont des aides précieuses pour l’évaluation de l’extension
haut grade (type 2) [8] (Fig. 5). en profondeur [9,10].
Figure 6. Patiente de 47 ans. Métrorragies et masse cervicale en échographie : a et c : séquence axiale et sagittale T2 ; b : séquence axiale
de diffusion B1000 ; d : séquence sagittale T1FS après injection de gadolinium, tardive. Myome pédiculé accouché par le col, hétérogène
avec remaniements œdémateux (hypersignal T2, hyposignal T1, non rehaussée). Pas d’anomalie de signal sur les séquences de diffusion et
rehaussement superposable à celui du myomètre, en faveur de la bénignité. Origine intracavitaire bien visible, corporéale postérieure.
Pathologies utérines : certitudes, doutes et pièges diagnostiques 69
Figure 7. Patiente de 53 ans. IRM dans le cadre du bilan d’extension d’un cancer du col : a : séquence sagittale T2 ; b : séquence axiale
T1FS tardive après injection de gadolinium ; c : séquence axiale de diffusion B1000 couplée à la séquence T2 oblique dans le plan du col
(d). Lésion cervicale en signal T2 intermédiaire, interrompant le stroma fibreux (anneau en hyposignal T2), sans extension paramétriale,
en franc hypersignal sur la séquence B1000 avec rehaussement un peu moins marqué que celui du myomètre. Stade IB1.
Doutes et pièges cent, peuvent être utiles, notamment pour les tumeurs de
petite taille, non visibles sur les séquences T2 (Tableau 1).
L’adénocarcinome mucineux cervical peut mimer un kyste L’injection de gadolinium est également obligatoire en cas
de Naboth sur les séquences T2. Cependant la distinction de suspicion d’attente vésicale ou rectale. Le cancer du col
entre les deux est, en pratique, aisée : l’adénocarcinome apparaît typiquement en signal T2 intermédiaire effaçant
possède une composante tissulaire qui apparaît en hypersi- partiellement ou complètement l’anneau stromal fibreux en
gnal de diffusion avec une baisse du coefficient apparent de hyposignal T2.
diffusion et se rehausse après injection [11]. Deux critères sont particulièrement importants à préci-
La localisation cervicale de l’endométriose est rare, mais ser car ils sont décisifs en termes de décision thérapeutique
peut mimer des kystes de Naboth « hémorragiques ». (chirurgie ou chimioradiothérapie) : la taille tumorale (seuil
de 4 cm) et l’envahissement distal des paramètres et au-delà
Cancer du col (stade FIGO supérieur à II). Une tumeur de moins de 4 cm,
n’envahissant pas les paramètres est de meilleur pronostic.
Le cancer du col est le troisième cancer gynécologique et
atteint la femme jeune de moins de 50 ans. Son type histolo- Protocole de surveillance
gique le plus fréquent est le carcinome épidermoïde (80 %),
Pour la surveillance des patientes bénéficiant d’une chi-
suivi de l’adénocarcinome dans moins de 20 % des cas, de
mioradiothérapie première, le protocole comprend des
pronostic moins favorable. L’échographie n’a pas sa place
séquences morphologiques T2, des séquences de diffusion
dans la détection et dans le bilan d’extension du cancer du
et des séquences de perfusion T1. Cette évaluation IRM
col. L’IRM est nécessaire à l’évaluation préthérapeutique, au
sera faite idéalement de 4 à 6 semaines après la fin du
suivi en cours de traitement, et à la recherche de récidive
traitement, afin de s’affranchir des phénomènes inflam-
tumorale après traitement.
matoires post-thérapeutiques. Une réponse complète est
appréciée en T2 sous forme d’une restitution ad integrum de
Bilan d’extension l’anatomie zonale du col, avec un stroma fibreux en hypo-
L’IRM permet d’établir la classification initiale du cancer du signal T2. La diffusion avec mesure du coefficient apparent
col selon les critères de la FIGO (Tableau 2). Le protocole de diffusion est directement corrélée à la réponse tumorale,
doit comprendre des séquences T2 morphologique sagittales permettant de détecter un reliquat tumoral précocement
et axiales perpendiculaires à l’axe du col (de préférence en après la période de traitement [12] (Fig. 8 et 9).
coupes fines) couplées à des séquences de diffusion à b élevé Après la chimioradiothérapie première, une surveillance
(b > 1000), binôme essentiel pour l’évaluation de l’extension IRM est mise en place au minimum de façon annuelle, car
tumorale (Fig. 7). Le balisage vaginal et l’injection de le risque de récidive est de l’ordre de 20 à 30 % dans les
gadolinium sont optionnels, cependant les séquences dyna- 2 à 3 ans après traitement et dépend du type histologique,
miques, en accentuant le contraste entre la tumeur, de de la classification initiale selon les critères de la FIGO, et
rehaussement précoce et intense, et le myomètre adja- de la présence ou non d’un reliquat tumoral après la chi-
70 L. Mezzetta et al.
Figure 8. Patiente de 53 ans (même patiente que la Fig. 7). IRM réalisée après chimioradiothérapie : a et c : séquence sagittale et
coronale T2 oblique dans le plan du col ; b : séquence sagittale de diffusion B1000 ; d : séquence sagittale T1FS dynamique après injection
de gadolinium. L’examen montre une restitution ad integrum de la morphologie du col (anneaux fibreux en hyposignal T2), l’absence
d’anomalie de signal sur les séquences de diffusion ou de prise de contraste sur les séquences injectées. Absence de reliquat tumoral.
Figure 9. Patiente de 52 ans, suspicion de récidive d’un cancer du col : a : séquence sagittale T1 ; b : séquence sagittale de diffusion
B1000 ; c : séquence T2 axiale oblique dans le plan du col ; d : séquence axiale de diffusion B1000. Récidive tumorale sous forme d’un
nodule en signal T2 intermédiaire et en hypersignal franc et net sur les séquences de diffusion.
Pathologies utérines : certitudes, doutes et pièges diagnostiques 71
Figure 10. Patiente de 50 ans, cancer du col. IRM dans le cadre du bilan d’extension : a : fusion T2-DWI ; b : séquence axiale T2.
Adénopathie iliaque gauche : 12 mm de petit axe, en signal T2 intermédiaire, perte du hile graisseux, arrondi, en franc hypersignal de
diffusion avec bonne corrélation diffusion-anomalie morphologique.
au sein de ces modifications post-thérapeutiques sur les La classification la plus utilisée est celle de l’American
séquences T2 [14]. La diffusion a clairement montré son Fertility Society (Tableau 3).
efficacité en s’affranchissant notamment de l’effet hyper
T2 lié aux remaniements inflammatoires grâce à la mesure Modalités d’imagerie
du coefficient apparent de diffusion (de valeur basse en cas
L’hystéroscopie et la laparoscopie exploratrice, gold stan-
de présence tumorale).
dards initiaux, ont été supplantées par l’échographie
(notamment tridimensionnelle) et l’IRM, techniques actuel-
Stadification ganglionnaire des cancers lement recommandées pour le diagnostic des malformations
utérines [16—19].
gynécologiques (col, endomètre)
Échographie tridimensionnelle
Elle repose sur l’analyse combinée des séquences mor- L’échographie tridimensionnelle, permettant la visualisa-
phologiques T2 et des séquences de diffusion (Fig. 10). tion à la fois du contenu utérin, de ses contours (Fig. 11) et
L’acquisition doit donc se faire selon un même champ de vue surtout du fond utérin a montré des performances diagnos-
(du hile rénal jusqu’à la symphyse pubienne), selon le même tiques tout à fait superposables à celle de l’IRM, et apparaît
plan de coupe, la même épaisseur et le même espace inter- donc comme un examen de choix dans le cadre du bilan ini-
coupe (interprétation combinée voire fusionnée). D’un point tial du fait de son innocuité, son accessibilité et de son faible
de vue morphologique, la valeur seuil de la taille est discu- coût [19].
tée entre 8 et 10 mm de petit axe, s’associant à la recherche
d’une forme arrondie, de l’irrégularité des contours, de la IRM
perte du hile graisseux et de la présence de nécrose. En dif- L’IRM reste le gold standard diagnostique [16,17,20]. Clas-
fusion, l’aspect en hypersignal des ganglions permet de les siquement il convient de réaliser trois plans en pondération
détecter. Le coefficient apparent de diffusion est plus bas T2, dont au moins une dans le strict plan du corps utérin
comparativement au ganglion sain, toutefois aucune valeur afin d’analyser au mieux le fond utérin et la ou les cavité(s)
seuil n’a pu être formellement identifiée. L’évaluation d’un utérine(s) (Fig. 11). Toutefois, la séquence cube T2 s’est
coefficient apparent de diffusion relatif par rapport à une montrée tout aussi performante en termes d’efficacité diag-
valeur de référence (coefficient apparent de diffusion tumo- nostique et permet, outre le gain significatif de temps,
ral) permettrait, couplée à l’analyse morphologique, une de s’amender d’éventuelles imprécisions dans le position-
meilleure caractérisation ganglionnaire. Par comparaison, la nement du plan de coupe [20]. Le reformatage après le
tomographie par émission de positrons au fluorodésoxyglu- traitement permet d’étudier au mieux les différents seg-
cose couplée au scanner (TEP—scanner) est plus spécifique ments : fundus, corps, col, vagin et d’évaluer la hauteur et
[15], avec toutefois une très faible sensibilité sur les gan- la largeur des cloisons (Fig. 11 et 12).
glions de petite taille.
Hystérosonographie
L’hystérosonographie permet une bonne évaluation des
cloisons utérines avec une sensibilité entre 78 et 100 %
Myomètre et une efficacité de 100 % quand elle est associée à
l’échographie tridimensionnelle [21]. Ses performances sont
Malformations utérines supérieures à celles de l’échographie bidimensionnelle cou-
plée à l’hystérosonographie ou celles de l’échographie
Rappels tridimensionnelle seule, sauf dans le cadre des cloisons ou
l’association de l’échographie tridimensionnelle n’apporte
Les malformations utérines résultent des anomalies de
pas de bénéfice par rapport à l’échographie bidimension-
développement des canaux de Müller et concernent 0,5 %
nelle couplée à l’hystérosonographie [21].
des femmes [16,17]. L’âge et les modes de découvertes
sont variables : de l’enfance—adolescence jusqu’à l’âge
adulte, elles peuvent être asymptomatiques ou être source Que faut-il rechercher ?
de douleurs pelviennes, dysménorrhées, dyspareunies ou Le diagnostic repose sur l’évaluation du volume utérin, son
d’hypo-infertilité [18]. orientation, la présence ou non de deux cavités endomé-
72 L. Mezzetta et al.
Tableau 3 Classification rASRM des malformations utérine (selon l’American Fertility Society).
Type Description Fréquence
I Agénésie ou hypoplasie müllériennes 5—10 %
A Vagin : agénésie ou hypoplasie (utérus normal ou non)
B Col : agénésie ou hypoplasie
C Fundus utérin : agénésie ou hypoplasie
D Trompes : agénésie ou hypoplasie
E Formes combinées (combinaison d’au moins 2 des types IA à ID)
II Utérus unicorne 10—20 %
A + Corne rudimentaire avec cavité endométriale communicant avec l’utérus
B + Corne rudimentaire avec cavité endométriale ne communiquant pas avec l’utérus
C + Corne rudimentaire sans cavité endométriale
D Absence de corne rudimentaire controlatérale
III Utérus didelphe (bicorne—bicervical) 5—20 %
IV Utérus bicorne 10 %
A Utérus bicorne complet (le septum atteint l’orifice interne ou externe du col)
B Utérus bicorne partiel
V Utérus cloisonné 55 %
A Utérus cloisonné complet (la cloison atteint l’orifice interne du col)
B Utérus cloisonné partiel (la cloison n’atteint pas l’orifice interne du col)
VI Utérus à fond arqué
VII Anomalies liées au distilbène
A Utérus en T
B Utérus en T avec dilatation tubaire
C Hypoplasie utérine
triales distinctes mais surtout sur l’étude du fond utérin. En culièrement bien visible en échographie tridimensionnelle
effet, la fusion des deux canaux se faisant de « bas en haut », (coupe coronale) et sur la séquence IRM 3DT2FFSE (Fig. 11).
c’est au niveau fundique que persiste un éventuel défaut Les reins sont explorés de façon systématique (association
de fusion, même minime, qui apparaîtra sous forme d’une fréquente avec les agénésies, hypoplasies et anomalies de
incisure fundique supérieure à 1 cm. Cet aspect est parti- fusion). Les ovaires quant à eux sont d’une origine embryo-
Figure 11. Patiente de 23 ans. Utérus cloisonné total : l’échographie tridimensionnelle (3D) en coupe coronale (à droite, a et d), la
séquence 2DT2 2 dans le plan de l’utérus (au centre b) et e et le reformatage de la séquence 3D cube T2 dans le plan du corps utérin
(à gauche c) et f présentant des performances sensiblement identiques dans le diagnostic des malformations et permettent d’analyser au
mieux, d’une part, le fond utérin à la recherche d’une incisure fundique de plus de 10 mm et, d’autre part, la cloison dont la largeur en
différent point et la hauteur devront être stipulés en vue d’une éventuelle chirurgie.
Pathologies utérines : certitudes, doutes et pièges diagnostiques 73
Figure 13. Utérus bicorne ou utérus cloisonné : le critère le plus important est la recherche d’une incisure, d’un aspect en V du fond
utérin de profondeur de plus de 1 cm (a), dans lequel peuvent s’interposer la vessie (b) ou des anses digestives (inconstant). Les deux
hémimatrices apparaissent divergentes (b) avec un angle supérieur à 60◦ dans le cas d’un défaut de fusion. En cas d’utérus cloisonné, le
fond utérin apparaît plat ou discrètement incurvé, avec un aspect peu divergent des hémicavités (c). La présence d’une cloison vaginale
ne constitue pas un élément orientant vers l’une ou l’autre des malformations.
74 L. Mezzetta et al.
Figure 15. Patiente de 37 ans, bilan d’infertilité. IRM, séquence 3Dcube T2 (champ de vue 28 cm, 1 mm/0,8 mm, 4 min 10 s). Acquisition
native dans le plan sagittal strict (gauche). Le grand champ de vue permet de visualiser la totalité d’un utérus volumineux, mais également
un kyste ovarien gauche et un hydrosalpynx au-dessus de l’utérus. Le reformatage dans le plan de la cavité endométriale (à droite) permet
d’apprécier au mieux les rapports des myomes avec l’endomètre et avec le bord externe du myomètre. Reformat dans un plan oblique
permettant de visualiser au mieux l’hydrosalpynx gauche.
[23]), tumeur rare à haut potentiel de malignité, fréquem- sont (par ordre de puissance) l’aspect en hypersignal T2, la
ment récidivante et métastatique, de mauvais pronostic présence de foci ou de plages de nécrose hémorragiques,
(survie à 5 ans de 12 à 25 %) [25]. Le sarcome survient de novo l’hétérogénéité du signal T2 au sein d’une masse myomé-
ou en dégénérescence maligne d’un léiomyome préexistant triale volumineuse (souvent de plus de 8 cm), aux contours
(0,1 à 0,8 % des cas) [23]. Il se présente sous forme d’une mal limités [28—30].
masse, unique, le plus souvent de grande taille, à contours En imagerie fonctionnelle, ce sont surtout les séquences
mal limités, hétérogène avec présence de plages de nécrose de diffusion qui représentent un outil intéressant : les
hémorragiques. Aucune de ces caractéristiques n’étant spé- lésions sarcomateuses présenteraient (de façon non exclu-
cifique, la grande problématique est d’identifier des lésions sive) un hypersignal marqué sur les séquences de diffusion
suspectes de la vaste gamme des myomes remaniés. en B1000 associé à un coefficient de diffusion significative-
L’échographie présente un intérêt restreint dans la carac- ment abaissé comparativement au myomètre et aux myomes
térisation des lésions souvent limitée par la grande taille et typiques (même remaniés) [30]. Une valeur seuil du coef-
l’absence de critère spécifique. ficient apparent de diffusion a été proposée à 1,1, puis
Sur l’ensemble des études, l’IRM semble être la tech- 1,23, permettant de classer les lésions en lésion de faible
nique la plus sensible dans la détection préopératoire des risque (inférieur à 1,1) et lésions de haut risque supérieur
léiomyosarcomes notamment face aux données de la biopsie à 1,1 (avec valeurs chevauchantes pour le léiomyome cellu-
endométriale, du scanner et du dosage des marqueurs biolo- laire) [26,28,30]. L’analyse de la perfusion ne permet pas de
giques [27]. Les critères morphologiques les plus évocateurs différencier significativement les sarcomes des formes « aty-
Tableau 5 Différents types de dégénérescence des myomes et leurs manifestations en IRM (d’après Bazot et al. [23] et
Arleo et al. [24]).
Dégénérescence Pondération Pondération Rehaussement Autre
T2/myomètre T1/myomètre
Hyaline (deux tiers Hypo Iso Faible
des myomes) rehaussement
Œdémateuse (50 % Hyper Hypo Faible ou nul Aspect en couronne « pseu-
des myomes) docapsule »/disséminé
Kystique Hyper (inclusions) Iso Pas de Le plus souvent central ou
rehaussement péricentral
des inclusions
Hémorragique (rare) Iso/hyper Hyper T1 et T1FS Variable Anneau hémorragique
(inclusions) périphérique par
obstruction veineuse
Calcifications Hypo Hypo Absent Mieux visibles en
tomodensitométrie
Graisseuse (0,8 %) Iso-discrètement Hyper T1, hypo T1FS Variable
hyper
Myxoïde Hyper Hypo Rehaussement Rare+++
(périphérique) « laminaire »
76 L. Mezzetta et al.
Figure 16. a—e : myome remanié ; f—j : myome « atypique ». a, f : IRM, séquence T2 coupe sagittale ; b, g : séquence T2 coupe axiale ; c,
h : séquence T1 avec saturation de la graisse ; d, i : séquence de diffusion focus B1000 ; e : séquence après injection de gadolinium dynamique
T1 avec saturation de la graisse Disco ; j : séquence T1 FS après injection de gadolinium. Dans les deux cas une masse d’origine utérine
(pont tissulaire avec le myomètre) est mise en évidence, à contours plutôt bien limités, de contenu hétérogène. a—e : myome remanié,
bénin : plages tissulaires en hyposignal T2, remaniements œdémateux, absence d’hypersignal en diffusion et très faible rehaussement
après injection. f—j : malgré les contours réguliers, masse en hypersignalT2, présence de plages hémorragiques (hyperT1FS), hypersignal de
diffusion important (coefficient apparent de diffusion = 1,02 × 10−3 mm2 /s), rehaussement hétérogène. Myome atypique suspect. Indication
d’une exérèse chirurgicale pour vérification histologique.
Figure 17. Patiente de 47 ans, ménorragies. Échographie par voie endovaginale mettant en évidence les signes échographiques principaux
de l’adénomyose : épaississement de la zone jonctionnelle, hétérogénéité myométriale, lacunes ou kystes intramyométriaux, plages hyper-
échogènes intramyométriales, utérus volumineux (hors myomes), asymétrie parois antérieure—postérieure, stries linéaires hyperéchogènes
juxtaendométriales et aspect nodulaires de la jonction endomyométriale.
En dépit de ces variations, une zone jonctionnelle sées [31,32]. Il convient donc de s’attacher à rechercher les
d’épaisseur inférieure à 8 mm est considérée comme nor- autres signes d’adénomyose (Figs. 18 et 19).
male [32]. L’adénomyose focale se présente comme une plage en
L’adénomyose est définie comme la présence de hyposignal T2, grossière, mal limitée, développée au sein de
muqueuse endométriale hétérotopique dans le myomètre la zone jonctionnelle, sans effet de masse sur l’endomètre,
responsable d’une hypertrophie et d’une hyperplasie arrondie ou elliptique avec parfois présence de petites inclu-
musculaire secondaire. Les foyers endométriaux ectopiques sions kystiques intralésionnelles.
peuvent être le siège de dilatations glandulo-kystiques de L’adénomyome, relativement rare, apparaît comme une
taille variable, parfois hémorragiques [31]. L’adénomyose lésion localisée en hyposignal T2 à contours plutôt bien régu-
toucherait en moyenne 20 à 30 % des femmes, favorisée par liers, polypoïde, faisant protrusion dans la cavité mais aussi,
la multiparité, l’âge supérieur à 30 ans, la préménopause moins fréquemment intra myométriale voire sous séreuse.
et les antécédents de chirurgie utérine [32]. L’atteinte peut L’aspect en IRM est similaire à celui des myomes et le
être diffuse ou focalisée [31]. diagnostic ne relève parfois que de l’examen anatomopa-
thologique. Toutefois l’absence de couronne hypersignal T2
Quelle technique d’imagerie ? (par dilatation des gros vaisseaux) et la présence de petites
inclusions en hypersignal T2 ou T1 peut orienter le diagnostic
L’échographie reste l’examen de première intention pour
[32].
bilan d’une adénomyose [24,31].
À noter une entité particulière le kyste adénomyosique,
Toutefois, l’IRM est l’examen diagnostique de choix dans
hémorragique sous séreux ou sous-muqueux (résultant d’une
le cadre de l’adénomyose [24,33] avec une sensibilité de 68 à
hémorragie d’un îlot glandulaire ectopique) entouré de myo-
86 %, une spécificité de 86 à 93 % et une précision de 87,5 %
mètre : il se présente sous forme d’une lésion kystique
[24,31]. Une moindre variabilité inter-opérateur permet
de plus de 1 cm en général, hémorragique en son centre,
de s’amender des difficultés techniques de l’échographie
entourée par un halo hyposignal T2, fibreux, d’adénomyose
(mauvaise échogénicité, utérus intermédiaire, utérus poly-
[31,32].
myomateux). L’exploration doit impérativement comporter
des séquences en pondération T2 et notamment sagittales,
plan de référence pour la mesure de la zone jonctionnelle
[33]. Les séquences en fast spin écho permettent un meilleur
contraste en un temps plus court et la séquence pondérée Diagnostics différentiels et pièges
T2 s’avérant plus performante que les séquences injectées, diagnostiques
celles-ci ne sont pas utiles au diagnostic [32,33]. Contractions utérines
Les meilleurs critères diagnostiques de l’adénomyose Physiologiques et de courte durée, elles peuvent être à
sont l’hétérogénéité myométriale [31,32] et la présence l’origine d’un hyposignal sous endométrial mimant une plage
de calunes anéchogènes ou de kyste intramyométriaux de d’adénomyose focale. Transitoires, discrètement triangu-
taille variable (Fig. 17). Le critère diagnostique principal de laires, elles n’apparaissent pas sur les autres séquences et
l’adénomyose est la mise en évidence d’un épaississement sont dénuées d’implants kystiques sous endométriaux [9].
diffus ou localisé de la zone jonctionnelle. Celle-ci doit être
mesurée, sur la séquence en pondération T2, dans un plan
médian sagittal dans le grand axe de l’utérus. (Fig. 18). Le
critère de taille admis est une épaisseur de 12 mm [24,33]. Pseudoépaississement diffus de la zone jonction-
Quand la zone jonctionnelle excède 12 mm, le diagnostic nelle
d’adénomyose peut être posé avec une précision de 85 % La zone jonctionnelle peut être évaluée entre 8 et 12 mm,
et une spécificité de 96 %, avec toutefois une sensibilité de voire plus de 12 mm de façon physiologique à j1 et j2 du
63 % seulement [24]. cycle. Les autres signes évocateurs doivent être recher-
D’autre part, la zone jonctionnelle n’est « physiologique- chés et, tant que faire se peut, l’IRM à la recherche
ment » pas visible en IRM chez près de 20 % des femmes en d’adénomyose devra être réalisée à un autre moment du
période d’activité génitale et 50 % des femmes ménopau- cycle [9].
78 L. Mezzetta et al.
Figure 18. Patiente de 51 ans, ménométrorragies : a, b : IRM, séquence sagittale T2, séquence axiale T2 ; d, f : séquence coronale T2 ; e :
séquence coronale T1FS, signes IRM de l’adénomyose, épaississement de la zone jonctionnelle de plus de 12 mm (b) (comparée à une zone
jonctionnelle normale de moins de 8 mm régulière et homogène [a]). Inclusions kystiques sous endométriales (c) (2 à 7 mm en moyenne)
en hypersignal T2 hyposignal T1, parfois hémorragiques(hypersignal T1 et T1FS) (d et e), aspect de pseudo élargissement endométrial du
fait de la présence de stries linéaires en hypersignal T2 sous endométrial, jonction endomètre—myomètre irrégulière et mal limitée (f),
asymétrie paroi antérieure—postérieure (b), utérus volumineux, à contours réguliers.
Figure 19. Patiente de 35 ans, métrorragies. Adénomyose focale, myome ou adénomyome. Séquence coronales et sagittales T2 : a :
adénomyose focale : plage en hyposignal T2 au sein de la zone jonctionnelle, à contours mal limités avec présence d’inclusions en hypersignal
T2 (parfois en hypersignal T1), globalement elliptique sans effet de masse due l’endomètre ; b : myome : fréquent++, masse en hyposignal
T2, ubiquitaire, arrondie à contours bien limités, siège de possibles larges remaniements, couronne hypersignal T2 périphérique, exerçant
un effet de masse sur la cavité ; c : adénomyome : rare, intracavitaire ou myométrial à contours bien limités, présence possible d’inclusions
en hypersignal T1 et T2, arrondi, pas de couronne hyperT2.
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
MISE AU POINT
a
Service de radiopédiatrie, hôpital Necker-enfants-malades, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris,
France
b
Pôle femme—enfants, imagerie Paris centre IMPC, 6, rue Bachaumont, 75002 Paris, France
MOTS CLÉS Résumé L’imagerie des anomalies d’invasion placentaire, repose sur l’échographie pour le
Anomalies d’invasion dépistage et l’IRM pour la précision du diagnostic et l’évaluation de la profondeur d’infiltration.
placentaire ; Les critères diagnostiques sont désormais bien répertoriés, résidant notamment sur la présence
IRM ; de lacunes vasculaires intraplacentaires en échographie et une hétérogénéité T2 en IRM.
Échographie © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary Diagnosis of abnormal invasive placenta relies on imaging and maternal history.
Abnormal invasive Ultrasonography is the first step for screening and MRI emerges as quasi-systematic complement,
placenta; in order to emphasize the diagnosis and assess the depth of invasion. Currently, main diagnosis
MRI; criteria rely on ultrasonographic vascular lacunae and heterogeneity in T2MRI.
Ultrasound © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.011
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Imagerie des anomalies d’insertion placentaire 81
visualise parfaitement le placenta au cours d’explorations doit jamais être vide pour visualiser le liseré de la séreuse
fœtales, même si cet examen n’est pas systématiquement vésicale en hyposignal T2 [5].
réalisé. Cette imagerie permet de confirmer ou d’infirmer Le placenta normal présente un signal intermédiaire,
la suspicion d’anomalie d’insertion placentaire, en tentant voire un hypersignal en T2 et un hyposignal T1. Des
de préciser le degré d’invasion. séquences en diffusion (DAS : 0,1 watts/kg) peuvent être
utilisées. Enfin, la vascularisation placentaire demeure un
centre d’intérêt majeur, encore mal connu. Ainsi, les
Physiologie et anatomie placentaire techniques d’exploration fonctionnelle sont en cours de
développement, afin de comprendre au mieux cette phy-
Le placenta est issu du trophoblaste qui s’est divisé en siologie, incluant les séquences d’« arterial spin labelling »
cytotrophoblaste (couche cellulaire interne) et syncytio- (e.g. ASL, BOLD). En raison du principe de précaution,
trophoblaste (couche cellulaire externe) qui s’infiltre dans l’injection de gadolinium reste encore rare du fait du
la muqueuse endométriale. Il est dépourvu d’antigènes manque de données chez le fœtus humain. Cependant,
classiques d’histocompatibilité et ne suscite donc pas de des études récentes ont suggéré un intérêt certain de
réaction immunitaire de rejet de la part de l’organisme cette technique qui permet d’augmenter le contraste entre
maternel. Il possède déjà une fonction endocrine à type de placenta et myomètre utile pour l’analyse des anomalies
sécrétion d’hormone chorionique gonadotrope (hCG). d’insertion placentaire [6,7] En pratique, l’injection de
La plaque basale est composée de lobules vascularisés gadolinium peut donc être utile dans certaines situations,
appelés villosités choriales, qui présentent une surface lisse mais devra se faire au plus près de la date de délivrance,
et parfois un piqueté blanc fait de calcifications (5 %). Ces en accord avec l’équipe obstétricale, pour éviter la stag-
villosités sont immergées dans le sang maternel et absorbent nation prolongée du produit de contraste dans le liquide
les nutriments et produits métaboliques. Grannum et Hob- amniotique.
bins ont proposé en 1982, une classification échographique
des placentas en quatre grades, déterminant le stade de Variantes anatomiques d’insertion placentaire
maturité placentaire [2]. Cela apparaît, en pratique, peu
prédictif du terme de la délivrance. Placenta bilobé
L’insertion placentaire par rapport au col évolue au cours
La masse placentaire est composée de deux lobes, globa-
de la grossesse. Avant 20 semaines, le placenta peut être
lement de même volume, et séparés par un fin pont de
bas inséré, « physiologiquement » l’ extrémité inférieure
parenchyme placentaire. Le cordon peut s’insérer unique-
atteignant ou recouvrant le col. Le placenta reste bas inséré
ment sur un des deux lobes, l’autre lobe lui étant relié
à terme dans moins de 5 % des cas. Après 20 semaines, le
par des vaisseaux intramembranaires (placenta bipartita).
placenta semble « migrer » en s’éloignant du col, en raison
Par ailleurs, le cordon peut se diviser dans les membranes
de la croissance plus rapide de l’utérus en fin de grossesse
en deux segments venant s’insérer chacun sur une masse
et au développement du segment inférieur parfois tardif, au
placentaire (placenta duplex). Le risque est la rupture des
troisième trimestre [3].
vaisseaux allant d’un lobe à l’autre.
Placenta accreta
Le placenta accreta est défini cliniquement par une adhé-
rence anormale du placenta à la paroi utérine générant
une absence de clivage au décours de la délivrance. Cette
pathologie est secondaire à une invasion anormale des
villosités choriales au sein du myomètre. Trois types de
« placenta accreta » sont distingués selon la profondeur
d’envahissement myométrial : accreta, increta, percreta.
Le placenta accreta est le type plus fréquent (60 à 78 %)
avec des villosités pénétrant de façon superficielle au sein
du myomètre sans extension en profondeur. Dans le placenta
increta (20 %), les villosités envahissent toute l’épaisseur
du myomètre sans franchir la séreuse. Le placenta percreta Figure 1. Échographie-Doppler mettant en évidence un placenta
(5 à 20 %) représente la forme la plus sévère où le tissu accreta : présence de multiples lacunes a contours irréguliers, pre-
placentaire envahit tout le myomètre, avec une extension sentant un flux Doppler en leur sein. À noter l’hypervascularisation
au-delà de la séreuse et possibilité d’extension aux organes de l’interface myomètre—placenta.
adjacents [9].
Le placenta accreta est une complication rare, présente regard de la séreuse utérine hétérogène, doit faire suspecter
chez 1 sur 500 à 1 sur 2500 grossesses. Les facteurs de risque une invasion percreta. Les publications initiales ont rap-
sont un placenta praevia, retrouvé dans 5 % des cas, les porté une sensibilité variable de l’échographie entre 50 et
cicatrices utérines (césariennes itératives, curetage utérin) 86 %. La présence de lacunes intraplacentaires infracenti-
et un âge maternel avancé. Le placenta accreta expose à métriques serait le meilleur signe diagnostique de placenta
un risque majeur d’hémorragie de la délivrance pouvant accreta avec une sensibilité de 86,9 % et une spécificité de
aboutir à une hystérectomie d’hémostase dans un contexte 78,6 % [10,11]. Plusieurs limites de l’échographie doivent
de sauvetage maternel. Le traitement actuel repose sur être soulignées pour les localisations placentaires posté-
l’hystérectomie ou sur un traitement conservateur laissant rieures d’accès difficile, l’évaluation du degré d’infiltration
le placenta en place. Le rôle de l’imagerie est de dépister placentaire (i.e. percreta) ou liées à la présence de lésions
les placentas accreta et de préciser le degré d’infiltration myométriales associées (e.g. léiomyomes).
placentaire.
IRM du placenta accreta
Échographie-Doppler du placenta accreta L’IRM est actuellement réalisée de façon systématique
Divers critères échographiques ont été décrits pour le dia- lorsqu’il existe une suspicion clinique et échographique
gnostic de placenta accreta (Fig. 1). Ils associent la présence de placenta accreta. Plusieurs critères diagnostiques IRM
de lacunes hypervasculaires, la perte du liseré hypoécho- en pondération T2 ont été proposés pour suggérer le dia-
gène entre le placenta et le myomètre. L’interruption de la gnostic : aspect hétérogène ou « bombant » du placenta
zone hyperéchogène entre la séreuse utérine et la paroi vési- sur la séreuse utérine, bandes sombres en « hyposignal
cale ou la visualisation de tissu placentaire exophytique en T2 » perpendiculaires à l’interface myomètre—placenta,
Figure 2. IRM, coupe sagittale Haste T2 : a : placenta accreta : le placenta est bombant, de signal hétérogène, avec perte du liseré
myométrial rétroplacentaire ; b : placenta percreta : placenta bombant avec interruption du liseré rétroplacentaire et perte du liseré en
hyposignal T2 de la séreuse vésicale, témoignant de son envahissement par le trophoblaste.
Imagerie des anomalies d’insertion placentaire 83
Figure 3. IRM mettant en évidence un placenta praevia : a : séquence sagittale FIESTA ; b : séquence sagittale VIBE T1 avec injection de
gadolinium. Cette figure illustre l’intérêt de l’injection de gadolinium, qui augmente le contraste tissulaire et permet de mieux discerner
le liseré rétroplacentaire.
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
MISE AU POINT
a
Institut de recherche en cancérologie de Montpellier (IRCM), campus Val-d’Aurelle, 31,
rue de la Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 5, France
b
Inserm, U1194, campus Val-d’Aurelle, 31, rue de la Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 5,
France
c
Université de Montpellier, 163, rue Auguste-Broussonnet, 34090 Montpellier, France
d
Service de radiologie, institut régional du cancer de Montpellier, campus Val-d’Aurelle, 31,
rue de la Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 5, France
MOTS CLÉS Résumé Le cancer de l’endomètre est le cancer gynécologique le plus fréquent en France
Cancer de avec une incidence attendue en augmentation principalement en raison de l’augmentation du
l’endomètre ; taux d’obésité. L’imagerie par résonance magnétique est essentielle pour stratifier la patiente
IRM ; en fonction de son risque de récidive et pour guider la prise en charge chirurgicale. L’association
Diffusion ; de séquences morphologiques et fonctionnelles fournit une approche complémentaire per-
FIGO mettant l’évaluation précise du degré d’invasion myométriale et cervicale, de l’extension
extra-utérine et du statut ganglionnaire.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary Endometrial cancer is the first diagnosed gynecologic malignancy in France with
Endometrial cancer; rising incidence due to obesity. Preoperative magnetic resonance imaging is nowadays criti-
MRI; cal to evaluate endometrial cancer risk of recurrence. The combination of morphological and
DWI; functional MRI provides a perfectly accurate approach for patient staging (i.e. evaluation of
FIGO the depth of myometrial invasion, cervical stromal invasion, extrauterine extension, and lymph
node status).
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : stephanienougaret@free.fr (S. Nougaret).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.02.004
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Cancer de l’endomètre : quelles solutions pour éviter les pièges en 2017 ? 85
en saturation de graisse en écho de gradient T1 après Les données récentes de la littérature appuient
administration de 0,1 mmol/kg de gadolinium à raison l’utilisation de la diffusion pour différencier un processus
de 2 ml/s. Les images sont traditionnellement acquises néoplasique de l’endomètre normal [11—13]. De nombreuses
avant injection de contraste, puis pendant de multiples études ont montré que les valeurs du coefficient apparent
phases dans les plans sagittaux à 25 s, 1 min et 2 min après de diffusion des cancers de l’endomètre étaient nette-
l’injection, une séquence tardive est acquise en oblique ment abaissées comparativement aux polypes endométriaux
axiale 4 min après injection : et à l’endomètre normal [11—13]. Dans une cohorte de
• la phase précoce (25 s à 1 min) est optimale pour la détec- 70 patientes atteints de cancer et de 36 sujets témoins,
tion du rehaussement sous-endométrial qui se rehausse Rechichi et al. ont constaté qu’il n’y avait pas de chevau-
plus tôt que le reste du myomètre. Un rehaussement sous- chement des valeurs du coefficient apparent de diffusion
endométrial exclut l’invasion superficielle du myomètre ; entre le cancer et l’endomètre normal. Les auteurs ont
• la phase d’équilibre continu (2 à 3 minutes après pu définir, par ailleurs, en utilisant deux valeurs de b
l’injection) permet l’évaluation optimale de l’invasion (b = 0, b = 1000) un seuil du coefficient apparent de diffu-
profonde du myomètre ; sion de 1,05 × 10−3 mm2 /s pour distinguer le cancer du tissu
• la phase tardive (4 à 5 min après l’injection) est optimale endométrial normal [12]. Ces informations pourraient être
pour la détection de l’invasion du stroma cervical. particulièrement pertinentes lorsque la biopsie transvagi-
nale est impossible ou non contributive.
Il est également possible de ne pas réaliser d’injection
dynamique et de ne réaliser qu’un temps d’acquisition
à 2 min 30 s, permettant d’obtenir le meilleur contraste
tumeur myomètre [10]. Stadification
Les différents stades de cancer de l’endomètre selon la clas-
sification de la FIGO sont rappelés dans le Tableau 2.
Détection et diagnostic
Le diagnostic positif de cancer de l’endomètre est habituel- Stade I
lement obtenu par un curetage utérin. Cependant, celui-ci
est parfois non contributif, ou impossible, comme dans les Les tumeurs de stade IA envahissent moins de 50 % de
cas de sténoses cervicales. Dans ces situations, l’IRM peut l’épaisseur du myomètre (Fig. 2) alors que celles de stade
aider au diagnostic de cancer. IB envahissent plus de 50 % de l’épaisseur myométriale
On distingue sur les séquences T2, trois zones au sein de (Fig. 3).
l’utérus : l’endomètre qui apparaît en hypersignal, entouré Il est primordial de distinguer les lésions de stade IA des
par la zone jonctionnelle (ou myomètre interne), en hypo- lésions de stade IB car le stade IB est associé à un risque plus
signal, puis en périphérie le myomètre externe de signal important d’emboles lymphovasculaires et donc de méta-
intermédiaire. stases ganglionnaires et de récidive.
En T2, la tumeur apparaît en hyposignal ou signal inter-
médiaire par rapport à l’hypersignal de l’endomètre normal Comment différencier le stade IA du stade IB ?
(Fig. 1). Cependant, de petites tumeurs peuvent ne pas être Mesurer la profondeur de l’invasion myométriale
associées à un épaississement endométrial ou peuvent pré- Une ligne doit être tracée le long de la face interne du myo-
senter un signal similaire à celui de l’endomètre normal. mètre (à la jonction endomètre-myomètre) sur les images
Dans ces cas-là les séquences fonctionnelles peuvent être axiales obliques perpendiculaires à l’endomètre.
utiles. Ensuite deux mesures sont effectuées : une mesu-
Sur les séquences injectées, les petites tumeurs peuvent rant l’épaisseur totale du myomètre et l’autre mesurant
se rehausser de façon précoce par rapport à l’endomètre l’invasion tumorale maximale au sein du myomètre. Le rap-
normal. Sur les phases plus tardives la tumeur est le plus port entre les deux correspond au pourcentage d’invasion
souvent en hyposignal par rapport au myomètre (Fig. 1). myométriale (Fig. 4).
En diffusion, les tumeurs sont en hypersignal à b élevé
avec un hyposignal correspondant sur la cartographie de Diagnostic positif
coefficient apparent de diffusion (apparent diffusion coef- La présence d’une bande en hyposignal T2 correspondant
ficient [ADC] ; Fig. 1). à la zone jonctionnelle et d’un rehaussement précoce
Figure 1. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM : a : séquence T2 sagittale ; b : fusion sagittale T2-diffusion ; c :
injection T1 sagittale mettant en évidence une lésion endométriale (découverte fortuitement dans le cadre d’une IRM rectale). L’utérus
présentant un aspect post-ménopausique, la lésion est mal visualisée sur la séquence T2. En revanche, elle est bien détectée sur la séquence
de diffusion et sur la séquence injectée.
88 S. Nougaret et al.
Figure 2. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM : a : séquence T2 sagittale ; b : séquence T2 axiale oblique ; c :
fusion axiale oblique T2-diffusion ; d : séquence axiale oblique avec injection mettant en évidence une tumeur envahissant moins de 50 %
du myomètre en rapport avec un stade IRM FIGO IA.
Cancer de l’endomètre : quelles solutions pour éviter les pièges en 2017 ? 89
Figure 3. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM : a : séquence T2 sagittale ; b : fusion axiale oblique T2-diffusion
mettant en évidence une tumeur envahissant plus de 50 % du myomètre en rapport avec un stade IRM FIGO IB.
Figure 4. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM : a : séquence T2 axiale oblique ; b : fusion axiale oblique T2-
diffusion ; c : injection T1 axiale oblique évaluant le degré d’invasion du myomètre. Une ligne doit être tracée le long de la face interne
du myomètre (à la jonction de l’endomètre et du myomètre) sur les images axiales obliques perpendiculaires à l’endomètre (trait continu
blanc). Ensuite deux mesures sont effectuées : une mesurant l’épaisseur complète du myomètre (trait pointillé blanc) et l’autre mesurant
l’invasion tumorale maximale (trait pointillé rose) au sein du myomètre. Le rapport entre les deux correspond au pourcentage d’invasion
myométriale.
sous-endométrial, ininterrompu et régulier, exclut de façon diffusion et dynamiques injectées peuvent alors être utiles
quasi certaine une invasion myométriale (Fig. 5). à la délimitation tumorale (Fig. 6 et 7).
L’épaisseur myométriale au niveau des cornes utérines
Pièges est moindre et la profondeur de l’invasion myométriale est
L’évaluation tumorale sur les séquences T2 peut être limi- souvent surestimée dans ces régions. Les séquences de diffu-
tée lorsque la lésion est isointense au myomètre, ou lorsque sion et dynamiques injectées, en complément des séquences
l’anatomie zonale de l’utérus est moins bien respectée, ce T2, permettent une amélioration significative de la stadifi-
qui est souvent le cas après la ménopause. Les séquences de cation préopératoire.
Figure 5. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM : a : séquence sagittale T2 ; b : sagittale injectée démontrent
une cavité endométriale distendue par la présence d’une tumeur. La zone jonctionnelle présente un hyposignal intact (flèche, a) et une
bande régulière de rehaussement subendométriale précoce (flèche, b). Ces deux caractéristiques excluent l’invasion myométriale, ce qui
est particulièrement important si la préservation de la fertilité est une option.
90 S. Nougaret et al.
Figure 6. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM : a : séquence T2 axiale oblique ne montrant pas de distension de
la cavité endométriale et une vague plage en hypersignal (flèche). Il existe une très mauvaise visualisation de la lésion sur la séquence T2 ;
b : la séquence de fusion axiale oblique T2-diffusion ; c : l’injection T1 axiale oblique montrent une lésion endométriale envahissant plus
de 50 % du myomètre (flèches).
Figure 7. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM : a : séquence T2 axiale oblique montrant une distension de la cavité
endométriale par un myome intracavitaire et une vague plage de signal intermédiaire (flèche). Il existe une très mauvaise visualisation de
la lésion sur la séquence T2 : b : la séquence de fusion axiale oblique T2-diffusion montre une lésion endométriale envahissant plus de 50 %
du myomètre (flèche).
Parfois, des tumeurs volumineuses peuvent distendre la est particulièrement utile en post-ménopausique lorsque
cavité endométriale et comprimer le myomètre adjacent, l’intensité du signal tumoral est similaire à celle du myo-
le diagnostic d’invasion myométriale ne doit alors pas être mètre. Chez les jeunes femmes, qui veulent préserver leur
porté par excès. Le caractère régulier et symétrique des fertilité, il est essentiel d’exclure l’invasion myométriale.
contours de la lésion plaide en faveur d’un stade IA. L’injection de produit de contraste a également un intérêt
D’autres pièges dans l’évaluation de la profondeur de dans cette indication car la présence d’un rehaussement
l’invasion myométriale dans le carcinome endométrial sont sous-endométrial continu exclut de façon quasi certaine
liés à la présence de léiomyomes et/ou d’adénomyose. En l’invasion myométriale [15].
IRM, l’adénomyose correspond habituellement à un épaissis- Ces dernières années, de multiples publications ont
sement de la zone jonctionnelle qui apparaît en hyposignal démontré l’intérêt de la diffusion pour l’évaluation de
T2 (Fig. 8), similaire au signal tumoral. Cette présentation l’invasion myométriale [12,16,17]. Dans une méta-analyse
peut rendre difficile la détermination du degré d’invasion comprenant neuf études (442 patientes) comparant les
myométriale et conduire à des erreurs de stadification. Les performances diagnostiques des séquences dynamiques
séquences dynamiques injectées et de diffusion permettent injectées et de la diffusion, il n’existait pas de diffé-
d’améliorer la délimitation tumorale et ainsi la stadification rence significative en termes de sensibilité et spécificité
tumorale. entre les deux séquences. Cependant dans une méta-
analyse plus récente, la spécificité du couple T2 + diffusion
était supérieure à celle des séquences injectées (spé-
Que dit la littérature à ce propos ? cificité injection = 0,86, spécificité T2 + diffusion = 0,947 ;
En pratique clinique courante, la combinaison de séquences p = 0,0035) [18]. La supériorité potentielle de la diffu-
T2, diffusion et dynamiques injectées offre une approche sion dans l’évaluation de l’invasion myométriale pourrait
« tout-en-un » pour évaluer l’invasion myométriale avec s’expliquer par ses meilleures performances dans les cas dif-
une grande précision. Les séquences T2 et dynamiques ficiles, de léiomyomes, d’adénomyose, de contraste tumeur
injectées ont été initialement utilisées pour évaluer la myomètre médiocre, de perte de l’anatomie zonale ou
profondeur de l’invasion myométriale. Une méta-analyse d’atteinte des cornes utérines, ainsi qu’une meilleure repro-
comprenant 11 articles et 548 patientes a démontré que ductibilité [19].
les séquences dynamiques injectées avaient une spécificité
plus élevée que les séquences T2 pour prédire l’invasion
myométriale profonde (72 % contre 58 %, p < 0,05) mais une Stade II
sensibilité similaire (81 % pour les séquences injectées, 87 %
pour les séquences T2, p > 0,05) [14]. L’injection de produit Le stade II est défini par la présence d’une invasion du
de contraste en améliorant la délimitation tumorale, stroma cervical (Fig. 9).
Cancer de l’endomètre : quelles solutions pour éviter les pièges en 2017 ? 91
Figure 8. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM. Cancer de l’endomètre de stade Ib avec adénomyose : a : séquence
sagittale T2 montrant une zone jonctionnelle épaissie (flèche) en rapport avec de l’adénomyose. L’extension tumorale est difficile à évaluer
sur les séquences T2 (a et b) ; c : la séquence de fusion axiale oblique T2-diffusion ; d : l’injection T1 axiale oblique montrent une lésion
endométriale envahissant plus de 50 % du myomètre (flèches).
Figure 9. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM. Tumeur de stade II : a : séquence sagittale T2 ; b : fusion sagittale
T2-diffusion montrant une distension de la cavité endométriale par une tumeur s’étendant au col. Il existe une invasion du stroma cervical
(flèches).
Comment rechercher une invasion du stroma Le stroma cervical doit être interrompu pour porter le dia-
cervical en IRM ? gnostic d’invasion (Fig. 9).
Les kystes de Naboth du col peuvent apparaître en hyper-
Diagnostic positif
signal diffusion de par l’effet « T2 shine through ». L’absence
L’invasion du stroma cervical est mieux visualisée sur les
de restriction sur la cartographie de coefficient apparent de
séquences sagittales et axiales obliques T2.
diffusion permet de les différencier d’une atteinte tumorale
Sur la séquence T2, l’invasion du stroma cervical est défi-
cervicale.
nie comme l’interruption de l’hyposignal normal du stroma
Une invasion directe du stroma cervical est possible sans
cervical par un signal intermédiaire tumoral (Fig. 9).
envahissement de la muqueuse endocervicale, par invasion
Sur les séquences dynamiques injectées, l’invasion du
du myomètre adjacent.
stroma cervical est définie comme l’interruption du rehaus-
sement normal du stroma cervical.
Sur la séquence de diffusion, la présence d’un hypersignal Que dit la littérature sur les performances de
à b élevé et d’un hyposignal sur la cartographie de coeffi- l’IRM pour l’invasion du stroma cervical ?
cient apparent de diffusion interrompant le stroma cervical
Plusieurs études ont suggéré que les séquences avec injec-
fait suspecter une invasion du stroma cervical.
tion dynamique étaient supérieures aux séquences T2 dans
la détection de l’invasion du stroma cervical [10]. Plus
Pièges récemment, Lin et al. ont montré une supériorité de la
Une protrusion tumorale au sein de la partie interne du col diffusion comparativement aux séquences avec injection
n’est pas toujours synonyme d’invasion du stroma cervical. dynamique pour prédire l’invasion du stroma cervical [20].
92 S. Nougaret et al.
Figure 10. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM. Tumeur de stade IIIa : a : séquence T2 sagittale ; b : fusion
sagittale T2-diffusion montrant l’extension tumorale au-delà de la séreuse (flèches) en faveur d’un stage FIGO IRM IIIA.
Figure 11. Diagnostic et stadification du cancer de l’endomètre en IRM : a : séquence T2 axiale ; b : séquence injectée montrant deux
masses ovariennes en hyposignal (flèche), peu rehaussées (flèche), en rapport avec des métastases bilatérales d’un cancer de l’endomètre
(T) ; c : séquence T2 axiale ; d : séquence injectée chez la même patiente montrant un implant rehaussé au niveau du cul-de-sac de Douglas
(flèche).
Cancer de l’endomètre : quelles solutions pour éviter les pièges en 2017 ? 93
Stade IV médical par progestatif peut être une alternative pour les
femmes qui veulent préserver leur fertilité et qui ont une
Le stade IV correspond à une invasion directe de la vessie maladie limitée à l’endomètre. Le taux de réponse à un trai-
ou de la muqueuse rectale (stade IVA) ou à la présence de tement conservateur est d’environ 75 %, mais le taux de
métastases à distance (stade IVB). récidive est élevé (30 à 40 %). Après la grossesse, la chirur-
gie est recommandée en raison du risque élevé de récidive.
Évaluation du stade IVA en IRM L’IRM joue un rôle crucial en permettant la sélection des
L’invasion du rectum ou de la paroi vésicale est mieux éva- patientes.
luée sur le plan sagittal. Les critères d’admissibilité pour un traitement conserva-
La conservation d’un liseré graisseux entre la tumeur et teur sont :
la vessie ou le rectum permet d’exclure de façon fiable un • adénocarcinome endométrioïde bien différencié (de
stade IVA. Sur les séquences T2, la présence d’une extension grade 1 FIGO) prouvé par dilatation et le curetage ;
tumorale transmurale dans la vessie ou le rectum doit être • en IRM, il ne doit y avoir :
considérée positive. Dans les cas non contributifs, une cysto- ◦ aucune invasion myométriale,
scopie ou une rectosigmoïdoscopie est indiquée. La présence ◦ aucune invasion du stroma cervical,
d’un œdème muqueux vésical n’est pas synonyme d’invasion ◦ aucune métastase dans l’ovaire ou de néoplasie ova-
muqueuse vésicale. rienne primitive synchrone,
Un exemple de cancer de l’endomètre de stade IVA est ◦ aucune métastase ganglionnaire.
donné sur la Fig. 12.
Place de l’IRM dans la prise en charge
Évaluation du stade IVB en IRM
chirurgicale
Le stade IVB correspond à l’atteinte métastatique à distance
et inclut les atteintes ganglionnaires rétropéritonéales supra La procédure standard pour le cancer de l’endomètre
rénales et inguinales. L’ascite maligne et les implants péri- consiste en une hystérectomie totale avec annexectomie
tonéaux sont plus fréquents chez les tumeurs endométriales bilatérale et lymphadénectomie pelvienne bilatérale et
de type 2 (Fig. 11). lomboaortique. Cependant, la lymphadénectomie systéma-
La diffusion permet d’augmenter la sensibilité de détec- tique chez tous les patients reste controversée. En effet,
tion de petits implants séreux ou péritonéaux qui pourraient elle est associée à un risque de lymphocèle dans 7 à
être manqués sur les séquences T2 [26]. 10 % des cas et augmente le temps opératoire [27]. Deux
essais cliniques n’ont pas montré de supériorité de la
lymphadénectomie en termes de survie chez les patients
Place de l’IRM dans la prise en charge atteints de cancer de l’endomètre FIGO IA de grade 1 ou 2
thérapeutique [28,29].
Des algorithmes de stratification en fonction du risque
Conservation de la fertilité de récidive ont ainsi été proposés. L’European Society for
Medical Oncology (ESMO) propose ainsi de subdiviser les
Le cancer de l’endomètre affecte principalement les stades précoces en quatre catégories. Les recommandations
femmes ménopausées, mais 15 % à 25 % seront diagnosti- de l’ESMO ne recommandent pas la lymphadénectomie dans
qués chez des patientes avant la ménopause. Un traitement le groupe à faible risque [4].
94 S. Nougaret et al.
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tive. Gynecol Oncol 2011;121(2):376—82.
[8] Luo J, Beresford S, Chen C, Chlebowski R, Garcia L, Kuller
Par conséquent, les informations préopératoires sur L, et al. Association between diabetes, diabetes treatment
la profondeur de l’invasion myométriale et le grade and risk of developing endometrial cancer. Br J Cancer
histologique sont essentielles pour adapter l’approche 2014;111(7):1432—9.
chirurgicale de ces patientes. [9] Timmermans A, Opmeer BC, Khan KS, Bachmann LM, Epstein
Comme décrit précédemment, l’IRM peut prédire avec E, Clark TJ, et al. Endometrial thickness measurement for
exactitude la profondeur de l’invasion myométriale, alors detecting endometrial cancer in women with postmenopau-
que le grade histologique peut être déterminé par biop- sal bleeding: a systematic review and meta-analysis. Obstet
Gynecol 2010;116(1):160—7.
sie. Cependant, la biopsie est sujette à des erreurs
[10] Manfredi R, Mirk P, Maresca G, Margariti PA, Testa A, Zannoni GF,
d’échantillonnage [30]. De nombreuses études ont tenté et al. Local-regional staging of endometrial carcinoma: role of
d’évaluer le rôle potentiel de la séquence de diffusion dans MR imaging in surgical planning. Radiology 2004;231(2):372—8.
la prédiction de grade tumoral. Pour l’instant les résul- [11] Takeuchi M, Matsuzaki K, Nishitani H. Diffusion-weighted
tats restent quelque peu contradictoires [12,13,17,31—33]. magnetic resonance imaging of endometrial cancer: dif-
Certaines études ont démontré une association entre ferentiation from benign endometrial lesions and preo-
des valeurs faibles du coefficient apparent de diffu- perative assessment of myometrial invasion. Acta Radiol
sion et un grade tumoral élevé [17,31,33], tandis que 2009;50(8):947—53.
d’autres n’ont pas trouvé de différences [12,13]. Des [12] Rechichi G, Galimberti S, Signorelli M, Franzesi CT, Perego
études incluant un plus grand nombre de patientes sont P, Valsecchi MG, et al. Endometrial cancer: correlation of
apparent diffusion coefficient with tumor grade, depth of myo-
nécessaires.
metrial invasion, and presence of lymph node metastases. AJR
Am J Roentgenol 2011;197(1):256—62.
[13] Bharwani N, Miquel ME, Sahdev A, Narayanan P, Malietzis G,
Reznek RH, et al. Diffusion-weighted imaging in the assess-
Conclusion ment of tumour grade in endometrial cancer. Br J Radiol
2011;84(1007):997—1004.
Bien que très précis dans l’évaluation de l’invasion myomé- [14] Wu LM, Xu JR, Gu HY, Hua J, Haacke EM, Hu J. Predictive
triale, l’IRM tarde encore à être largement acceptée par les value of T2-weighted imaging and contrast-enhanced MR ima-
gynécologues en dépit de la tendance à une chirurgie mini- ging in assessing myometrial invasion in endometrial cancer: a
malement invasive pour les patientes à faible risque. L’IRM pooled analysis of prospective studies. Eur Radiol 2013;23(2):
permet cependant une stadification préopératoire précise 435—49.
[15] Fujii S, Kido A, Baba T, Fujimoto K, Daido S, Matsumura N,
en permettant notamment l’évaluation du degré d’invasion
et al. Subendometrial enhancement and peritumoral enhan-
myométriale. Le prochain défi de l’IRM sera de mieux éva-
cement for assessing endometrial cancer on dynamic contrast
luer directement l’atteinte ganglionnaire et l’introduction enhanced MR imaging. Eur J Radiol 2015;84(4):581—9.
de la TEP—IRM est susceptible de contribuer à cette question [16] Andreano A, Rechichi G, Rebora P, Sironi S, Valsecchi MG,
essentielle. Galimberti S. MR diffusion imaging for preoperative sta-
ging of myometrial invasion in patients with endometrial
cancer: a systematic review and meta-analysis. Eur Radiol
2014;24(6):1327—38.
Déclaration de liens d’intérêts [17] Nougaret S, Reinhold C, Alsharif SS, Addley H, Arceneau J,
Molinari N, et al. Endometrial cancer: combined MR volumetry
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. and diffusion-weighted imaging for assessment of myometrial
Cancer de l’endomètre : quelles solutions pour éviter les pièges en 2017 ? 95
and lymphovascular invasion and tumor grade. Radiology [25] Choi HJ, Kim SH, Seo SS, Kang S, Lee S, Kim JY, et al. MRI for
2015;276(3):797—808. pretreatment lymph node staging in uterine cervical cancer.
[18] Deng L, Wang QP, Chen X, Duan XY, Wang W, Guo YM. The AJR Am J Roentgenol 2006;187(5):W538—43.
combination of diffusion- and T2-weighted imaging in pre- [26] Fehniger J, Thomas S, Lengyel E, Liao C, Tenney M, Oto A,
dicting deep myometrial invasion of endometrial cancer: a et al. A prospective study evaluating diffusion weighted magne-
systematic review and meta-analysis. J Comput Assist Tomogr tic resonance imaging (DW-MRI) in the detection of peritoneal
2015;39(5):661—73. carcinomatosis in suspected gynecologic malignancies. Gyne-
[19] Beddy P, Moyle P, Kataoka M, Yamamoto AK, Joubert I, col Oncol 2016;142(1):169—75.
Lomas D, et al. Evaluation of depth of myometrial inva- [27] Ghezzi F, Uccella S, Cromi A, Bogani G, Robba C, Serati M,
sion and overall staging in endometrial cancer: comparison et al. Lymphoceles, lymphorrhea, and lymphedema after lapa-
of diffusion-weighted and dynamic contrast-enhanced MR ima- roscopic and open endometrial cancer staging. Ann Surg Oncol
ging. Radiology 2012;262(2):530—7. 2012;19(1):259—67.
[20] Lin G, Huang YT, Chao A, Lin YC, Yang LY, Wu RC, [28] ASTEC study group, Kitchener H, Swart AM, Qian Q, Amos C,
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sion: diagnostic accuracy of diffusion-weighted and dynamic endometrial cancer (MRC ASTEC trial): a randomised study.
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Turan H, et al. Synchronous primary cancers of the endome- trial cancer: a preliminary correlation study with histological
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Roentgenol 2000;175(3):759—66. J Magn Reson Imaging 2007;26(3):682—7.
Imagerie de la Femme (2017) 27, 96—103
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
MISE AU POINT
a
Service de radiologie, Hôtel-Dieu, 1, place du Parvis-Notre-Dame, 75004 Paris, France
b
Service de gynécologie, hôpital Cochin, Port-Royal, 53, avenue de l’Observatoire, 75014
Paris, France
MOTS CLÉS Résumé Les troubles de la statique pelvienne constituent un enjeu de santé publique fré-
Prolapsus ; quent, influant de manière considérable sur la qualité de vie. Les symptômes sont multiples et
Dysfonctions peuvent être associés : pesanteur pelvienne (prolapsus), troubles urinaires, troubles sexuels,
pelviennes ; troubles rectaux. Une approche unitaire de la physiopathologie du plancher pelvien requiert un
Déféco-IRM ; diagnostic global incluant les trois compartiments : antérieur (urinaire), moyen (génital) et pos-
IRM dynamique du térieur (recto-anal). Le diagnostic clinique, fondamental, s’appuie sur les modalités d’imagerie,
plancher pelvien ; qui doivent être dynamiques : la colpocystodéfécographie, l’IRM pelvienne et l’échographie
Échographie dynamiques. L’imagerie a toute sa place dans l’exploration préopératoire, mais également dans
transpérinéale l’évaluation du plancher pelvien des patientes opérées (complications, récidives). Les radio-
logues doivent être conscients des implications cliniques et thérapeutiques de leur diagnostic
radiologique et connaître les erreurs potentielles afin de les minimiser.
© 2017 Publié par Elsevier Masson SAS.
KEYWORDS Summary Pelvic floor failure is a common disorder, with a significant impact on quality of
life. Symptoms may vary from abnormal descent of the organs (prolapse) to urinary, sexual
Prolapse;
or rectal symptoms. An optimal management of these disorders should be global, including
Pelvic floor failure;
the three compartments: anterior (urinary), middle (genital) and posterior (recto-anal). Ini-
tial clinical diagnostic is fundamental, documented by dynamic imaging: defecography, MRI,
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : corinne.bordonne@aphp.fr (C. Bordonné).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.001
1776-9817/© 2017 Publié par Elsevier Masson SAS.
Erreurs à éviter dans le diagnostic des dysfonctions pelviennes 97
perineal ultrasound. Imaging also plays an important role in the evaluation of postoperative
Dynamic MRI;
issues: complications, prolapse recurrences. Radiologists should be aware of the clinical and
Transperineal
therapeutic consequences of their radiologic diagnosis, and of their possible errors in order to
ultrasound
minimize them.
© 2017 Published by Elsevier Masson SAS.
Figure 3. Patiente de 65 ans, sensation de pesanteur pelvienne, difficulté à l’exonération. IRM séquence sagittale T2. (+) : prolapsus
rectal ou intussuception circonférentiel extériorisé : a : au repos ; b : en poussée maximale ; V : vessie ; U : utérus ; R : rectum ; * : fond
vaginal.
◦ on parle de prolapsus simple pour un prolapsus de la prolapsus en imagerie par rapport à la clinique. Lakeman
muqueuse rectale et de prolapsus complexe, ou intus- et al. ont montré qu’il existe une très bonne reproductibi-
susception, pour une invagination complète entraînant lité des mesures par IRM des prolapsus pour le compartiment
muqueuse et musculeuse (Fig. 3 et vidéo 1), antérieur et moyen, mais une faible corrélation entre le
◦ le prolapsus peut être intrarectal, intra-anal ou grade en IRM, le grade clinique ou les symptômes [6]. Il
extra-anal (aussi appelé prolapsus muqueux complet, est donc important d’utiliser plusieurs lignes et de connaî-
extériorisé) ; tre ces limites. Dans une étude de Cimsit et al. sur des
• l’angle recto-anal est un indicateur indirect de l’activité patientes asymptomatiques préménaupausées ou ménopau-
des muscles releveurs (repos aux alentours de 95◦ ) et doit sées, la ligne pubococcygienne permettait d’identifier un
normalement augmenter en poussée ; la diminution de plus grand nombre de prolapsus que la ligne médiopubienne
l’angle est en faveur d’une dyssinergie puborectale ou [9]. Les auteurs ont suggéré l’idée de définir un modèle en
anisme ; fonction du statut hormonal (pré-ménopausique ou méno-
• l’élytrocèle correspond à une hernie péritonéale à tra- pausique) : en effet, les lignes étaient de valeur différente
vers le cul-de-sac de Douglas et la cloison rectovaginale, chez les femmes ménopausées ou en période d’activité géni-
pouvant contenir du péritoine (péritonéocèle), des anses tale.
grêles (entérocèle), du sigmoïde (sigmoïdocèle) ; si elle Lienemann et Fischer ont suggéré d’utiliser différentes
réalise un effet de masse sur la paroi antérieure du rec- lignes de référence, en fonction des différents organes [10].
tum, on parle d’hédrocèle (Fig. 4 et vidéo 2). Une cervicocystoptose (descente du col vésical) est mieux
détectée avec la ligne pubococcygienne. Le secteur moyen
Les repères hyménéaux, utilisés par les cliniciens pour
(utérus) est mieux analysé en utilisant la ligne pubococcy-
classer le prolapsus, sont des repères anatomiques varia-
gienne en y ajoutant 3 cm (en excluant les patientes ayant
bles d’un individu à l’autre, et mobiles en fonction des
subi une hysterectomie). Le secteur postérieur peut être
poussées. Toutes les lignes définies en radiologie sont plus
évalué par la ligne médiopubienne.
postérieures et impliquent de facto une surestimation des
Figure 4. Patiente de 67 ans, antécédent d’hystérectomie totale. IRM séquence sagittale T2. Au repos, béance spontanée du canal anal.
En poussée maximale, cystocèle, élytrocèle réalisant un effet de masse sur la paroi antérieure du rectum (hédrocèle) responsable d’un
prolapsus rectal muqueux extériorisé : a : au repos ; b : en poussée maximale ; V : vessie ; F : fond vaginal ; E : élytrocèle ; R : rectum.
100 C. Bordonné et al.
Colpocystodéfécographie
Erreurs techniques
La colpocystodéfécographie est réalisée en salle de
radiologie, sous scopie, après opacification des divers
compartiments concernés par un produit radio-opaque,
généralement baryté. Les clichés de profil et parfois de face
sont réalisés au repos puis en poussées successives.
La position assise de la patiente, sur une chaise percée
dédiée, en salle de radiologie, peut être la cause d’une inhi-
bition de la défécation ou de la miction : il est important que
la patiente soit rassurée et que le technicien et le radiologue
se fassent les plus discrets possibles, afin que la patiente se
sente à l’aise et puisse réaliser des poussées correctes.
Figure 6. Patiente de 54 ans, antécédent d’hystérectomie pour adénomyose. IRM, séquence sagittale T2 : a : au repos ; b : en poussée
intermédiaire, noter la rectocèle visible précocement ; c : en poussée maximale montrant une élytrocèle avec entérocèle et une rectocèle ;
V : vessie ; F : fond vaginal ; E : élytrocèle ; R : rectum.
Il faut toutefois garder en mémoire qu’il est difficile La voie vaginale comprend de nombreuses techniques.
actuellement d’établir une corrélation fiable pour la quanti- Certaines utilisent les propres tissus de la patiente (myor-
fication des prolapsus pelviens, entre les mesures cliniques, raphies, périnéorraphies, etc.) et d’autres utilisent des
échographiques et par IRM, surtout pour le secteur posté- prothèses synthétiques.
rieur [16]. Les mesures d’imagerie (en partie en rapport La technique chirurgicale (voie basse ou voie haute) n’a
avec le manque de standardisation des lignes de références pas d’influence significative sur la position postopératoire
actuellement utilisées) ont tendance à plutôt surestimer des organes pelviens [17].
l’importance des prolapsus. La chirurgie du prolapsus rectal peut consister en
une approche transpérinéale transanale (STARR : résection
transanale) ou mixte (transabdominale transpérinéale si plu-
Erreurs à éviter chez les patientes opérées sieurs prolapsus sont traités dans le même temps) ou bien
par promontofixation (rectopexie).
Technique chirurgicale À noter que certaines techniques opératoires réalisées
auparavant chez les patientes pour d’autres raisons (cys-
De nombreuses options thérapeutiques chirurgicales topexies, certaines techniques d’hystérectomies) peuvent
existent pour la prise en charge des dysfonctions pelviennes favoriser la survenue d’entérocèles ou d’autres prolapsus
et dépendent des structures impliquées : colpopérinéo- génitaux (Fig. 6).
raphie, réparations ciblées transvaginales, rectopexie
vaginale, promontofixation, bandelettes, injections
périurétrales, prothèses posées par voie vaginale etc. Choisir la bonne méthode d’imagerie adaptée
Les techniques chirurgicales sont multiples et peuvent à la chirurgie réalisée
être associées, en fonction des symptômes. L’incontinence
urinaire d’effort peut être traitée par bandelettes sous uré- Le rôle de l’imagerie postopératoire est double : permettre
trales ou par injection périurétrale, tandis que les prolapsus de localiser le matériel utilisé précédemment (notam-
peuvent être traités par voie haute ou voie basse. ment dans le cadre des récidives) et déceler d’éventuelles
complications. Le couple IRM—échographie est le plus
Incontinence urinaire d’effort performant pour permettre une cartographie précise des
aspects postopératoires, la combinaison de plusieurs tech-
Pour traiter l’incontinence urinaire d’effort, la chirurgie la
niques opératoires et matériels n’étant pas rare.
plus fréquemment réalisée est la mise en place d’une ban-
Les bandelettes en polypropylène sont bien visibles en
delette de polypropylène, placée en arrière de l’urètre, afin
échographie, alors qu’elles sont difficiles à repérer en IRM.
de mimer la fonction du ligament pubourétral. Elle peut être
Elles se traduisent par une image linéaire hyperéchogène :
rétropubienne (TVT), en forme de U dans l’espace rétropu-
par exemple, en cas d’antécédent de traitement par ban-
bien ou transobturatrice (TOT), en forme de hamac à travers
delette sous urétrale (TOT, TVT), la prothèse est visible en
les trous obturateurs.
arrière du col vésical, au niveau du tiers inférieur, en arrière
Des agents de comblement peuvent être injectés autour
et en bas du trigone et du mur postérieur vésical, dans
de l’urètre, afin de réaliser un effet de masse sur la
l’espace vésicovaginal [18] (Fig. 7). Lors de la manœuvre de
muqueuse urétrale. Ce traitement est local et de nom-
Valsalva, il existe normalement une coudure antérieure de
breuses particules ont été utilisées (acide hyaluronique,
l’urètre. L’échographie postopératoire permet de vérifier la
graisse autologue, téflon, etc.) et retirées du marché ; seuls
position des bandelettes, la bonne coudure de l’urètre, ainsi
le silicone et le collagène sont encore utilisés.
que la présence de cystocèle résiduelle lors des manœuvres
dynamiques [19]. Des érosions ou des déplacements de ban-
Prolapsus delettes sont rares.
Actuellement, la chirurgie de promontofixation donne les Les particules utilisées pour les injections intra-urétrales
meilleurs résultats en termes fonctionnels et limite les réci- (collagène ou silicone) se présentent comme un diverticule
dives. Elle consiste en une cure de prolapsus par cœlioscopie urétral ou comme une masse solide ; elles causent un effet
comprenant la pose de prothèses (antérieure et postérieure) de masse sur l’urètre, contrairement au diverticule. Elles
attachées au promontoire associées éventuellement, à une sont visibles en échographie et en IRM, se traduisant par
hystérectomie subtotale. une formation liquidienne périurétrale.
102 C. Bordonné et al.
Figure 7. Patiente de 65 ans, traitée il y a 6 mois par bandelettes sous urétrale visible sous forme d’une ligne échogène rétro-urétrale :
a : coupe échographique transpérinéale sagittale ; b : coupe axiale ; P : pubis ; flèche : urètre ; multiples flèches : bandelette.
Conclusion
Les troubles de la statique pelvienne sont fréquents, surtout
après la ménopause, et ont un réel impact négatif sur la
qualité de vie.
Les radiologues doivent être conscients des implications
cliniques et thérapeutiques de leur diagnostic radiolo-
gique et connaître les erreurs potentielles (techniques et
d’interprétation, notamment en échographie et en IRM) afin
Figure 8. Patiente de 49 ans, antécédent de promontofixation.
IRM, séquence sagittale T2 au repos. La prothèse de promontofixa- de les minimiser. La collaboration entre le clinicien et le
tion (flèches) se traduit par une ligne hypo-intense tendue depuis radiologue est essentielle, afin d’optimiser la prise en charge
le promontoire jusqu’au col. et ainsi d’améliorer les symptômes et limiter les récidives.
Erreurs à éviter dans le diagnostic des dysfonctions pelviennes 103
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MISE AU POINT
a
Service de radiologie, hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France
b
Réseau d’imagerie Sud francilien, clinique du Mousseau, 2, avenue du Mousseau, 91000 Évry,
France
c
Service de gynécologie obstétrique, hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France
Reçu le 25 février 2017 ; reçu sous la forme révisée le 13 mars 2017; accepté le 20 mars 2017
Disponible sur Internet le 25 avril 2017
MOTS CLÉS Résumé La découverte d’une masse annexielle en cours de grossesse est une situation rela-
Grossesse ; tivement fréquente. Dans la majorité des cas, ces lésions sont bénignes. L’échographie reste
Masse annexielle ; la modalité d’exploration à effectuer en première intention. En cas de lésion complexe, indé-
Échographie ; terminée ou de suspicion de lésion maligne, une IRM est indiquée. Certaines lésions ovariennes
IRM fonctionnelles spécifiques à la grossesse doivent être connues du radiologue car elles peuvent
mimer une atteinte maligne.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary Adnexal masses are a frequent incidental finding during pregnancy. In most of cases,
Pregnancy; these lesions are benign. Ultrasound should be performed in first line. In case of complex,
Adnexal masse; indeterminate lesions or suspicion of malignancy, pelvic MR imaging has been demonstrated to
Ultrasound; be the best second-line technique. Functional ovarian lesions specific to pregnancy must be
MRI known by the radiologist because they can mimic ovarian malignancy.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : samuel.haddad@aphp.fr (S. Haddad).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.009
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Masses annexielles et grossesse : quelle imagerie et quels diagnostics ? 105
avec une sensibilité de 100 %, une spécificité entre 77 et 85 % En échographie, l’aspect est celui de masses annexielles
et une précision diagnostique entre 83 et 89 % [14]. bilatérales, multiloculées. Le contenu des kystes est
variable en raison de possibles remaniements hémorragiques
intrakystiques. Il existe souvent une zone centrale échogène
correspondant au stroma de l’ovaire ne devant pas être prise
Quels diagnostics ? pour une portion tissulaire d’autant plus qu’elle peut être
hypervascularisée au Doppler [15].
Le risque de malignité d’une lésion ovarienne découverte en
L’IRM, si elle est réalisée, retrouve des ovaires augmentés
cours de grossesse est très faible. La démarche diagnostique
de volume siège de multiples kystes séparés par de fines
devant ces masses doit donc être rigoureuse afin de ne pas
cloisons. La présence d’ascite est possible (Fig. 1).
entraîner de gestes inutiles.
La présentation sous forme d’une masse ovarienne mul-
Sur le plan étiologique, ces masses peuvent être séparées
tiloculée peut faire évoquer à tort une lésion mucineuse,
en deux catégories : les lésions fonctionnelles bénignes et
mais le caractère bilatéral doit faire remettre en cause ce
les lésions organiques, qu’elles soient bénignes ou malignes.
diagnostic et orienter vers une hyperreactio luteinalis [16].
L’aspect en imagerie suffit à poser le diagnostic et doit
Lésions ovariennes fonctionnelles conduire à une surveillance. L’évolution spontanée se fait
vers la régression après l’accouchement [17].
Il s’agit de pathologies fonctionnelles, non néoplasiques, En cas de douleurs aiguës, il faut connaître une compli-
survenant en période gestationnelle : l’hyperreactio lutei- cation possible qu’est la torsion d’annexe sur hyperreactio
nalis, le gros kyste folliculaire lutéinisé solitaire, le lutéome luteinalis en raison de l’augmentation de taille et de poids
de grossesse et la décidualisation. Ces lésions, dont la pré- des ovaires.
sentation est souvent trompeuse, ne doivent pas être prises
à tort pour des cancers.
Lutéome de grossesse
Très peu de cas sont rapportés dans la littérature (moins
Hyperreactio luteinalis de 200). La plupart des cas rapportés sont survenus chez
Il s’agit d’une augmentation du volume des deux ovaires des patientes multipares entre 30 et 40 ans. Il a été noté
pouvant aller jusqu’à 35 cm. Cette pathologie peut sur- une nette prédominance chez les patientes de race noire.
venir à n’importe quel trimestre de la grossesse et après Il s’agit d’une réaction aux modifications hormonales liées
l’accouchement. La physiopathologie, mal connue, impli- à la grossesse avec hyperplasie des cellules stromales et
querait une hypersensibilité aux hormones chorioniques de cellules thécales lutéinisées. Dans la majorité des cas,
gonadotropes (hCG). la découverte est fortuite chez des patientes asymptoma-
Dans certains cas, elle peut être associée à une patholo- tiques. Dans 25 % des cas, des signes de virilisation chez
gie gestationnelle trophoblastique (mole hydatiforme, mole la mère peuvent survenir par hypersécrétion d’androgène
invasive ou choriocarcinome) ou survenir dans un contexte (augmentation de la testostéronémie) [18]. Le fœtus peut
de procréation médicalement assistée (PMA). également présenter des signes de virilisation à la naissance.
Figure 1. Hyperreactio luteinalis. Patiente âgée de 34 ans, enceinte, 24 SA ; a : l’échographie retrouve des masses ovariennes bilatérales
multiloculées avec des loculis anéchogènes ; b : au Doppler, il existe une vascularisation des cloisons ; c—e : l’IRM retrouve deux masses
ovariennes bilatérales kystiques multiloculées. Notez la bascule des ovaires qui sont en contact. Il n’existe pas de végétations. L’aspect est
typique d’une hyperreactio luteinalis et une surveillance peut être proposée.
Masses annexielles et grossesse : quelle imagerie et quels diagnostics ? 107
Figure 2. Endométriome décidualisé. Patiente âgée de 33 ans, enceinte, 18 SA ; a : l’échographie retrouve un endométriome typique avec
une paroi épaisse avec aspect de végétation (flèche) ; b—d : une IRM est réalisée retrouvant un kyste de signal endométriosique (hypersignal
T1 supérieur à la graisse et shading en T2). La paroi est le siège de pseudovégétations en hyposignal T1 et hypersignal T2 caractéristiques
(flèches). Devant un aspect typique de décidualisation comme ce cas, l’injection de gadolinium n’est pas nécessaire.
Le lutéome de grossesse est caractérisé par la présence La décidualisation d’un endométriome se caractérise en
de nodules solides au sein de l’ovaire responsable de son échographie par un kyste à contenu finement échogène,
augmentation de volume. Ces nodules sont le siège de rema- homogène, contenant des structures d’allures pseudovégé-
niements hémorragiques. L’aspect peut mimer une atteinte tante hypervascularisées (qui correspondent en réalité à des
néoplasique en raison de la composante tissulaire d’autant festons de la paroi qui est épaissie en raison de l’influence de
plus que le rehaussement peut se faire selon une courbe de la progestérone). Cette présentation en échographie peut
type 3. L’atteinte peut être bilatérale. faire porter à tort le diagnostic de lésion invasive ou bor-
Le lutéome régresse de façon spontanée après derline et une IRM est donc souhaitable. En effet, l’IRM
l’accouchement, avec une normalisation de la testo- retrouve alors un kyste présentant des caractéristiques de
stéronémie. signal d’endométriome. La paroi présente des formations
d’allure végétante en hyposignal T1 et surtout en hypersi-
gnal T2 caractéristique (Fig. 2). L’injection de gadolinium
Kyste lutéinisé solitaire
n’est pas discriminante entre une tumeur borderline ou la
Lésion fonctionnelle découverte pendant la grossesse, au décidualisation.
décours d’une césarienne ou après l’accouchement. Il s’agit La régression après l’accouchement est habituelle, avec
d’une formation liquidienne pure mesurant de 8 à 26 cm, un retour à la normale de la paroi de l’endométriome qui
uniloculaire à paroi fine et régulière. Ce kyste volumineux redevient fine.
peut se compliquer de torsion. En histologie, sa paroi est En somme, la découverte en période gestationnelle d’un
faite de cellules granuleuses lutéinisées et de la thèque kyste d’allure endométriosique présentant des critères de
interne. La physiopathologie du kyste lutéinisé solitaire suspicion de malignité doit faire évoquer en premier lieu
implique, comme pour l’hyperreactio luteinalis, une stimu- l’hypothèse d’une décidualisation d’endométriome.
lation de l’hCG ou une sensibilité tissulaire accrue à cette
hormone [19].
Il n’existe pas de critère morphologique permettant de Lésions organiques découvertes en cours de
le différencier de tumeurs épithéliales bénignes séreuse ou grossesse
mucineuse.
La majorité des lésions organiques découvertes en cours de
grossesse sont bénignes. Les lésions germinales sont les plus
Décidualisation fréquentes, suivies par les lésions épithéliales bénignes (cys-
La décidualisation est un phénomène quasi physiologique tadénome séreux et mucineux). On relève ensuite par ordre
résultant de l’imprégnation progestative secondaire à la décroissant des kystes fonctionnels, des kystes paratubaires,
grossesse. Lorsque cette décidualisation survient sur un des endométriomes et des fibromes ovariens.
endométriome, l’aspect peut prêter à confusion, notam- En ce qui concerne les lésions malignes, les tumeurs
ment avec une tumeur ovarienne. épithéliales borderline sont les lésions les plus fréquentes,
108 S. Haddad et al.
Figure 3. Cystadénome séreux borderline. Patiente âgée de 36 ans, enceinte, 9 SA ; a, b : échographie retrouvant une formation kystique
siège d’une végétation vascularisée au Doppler ; c—f : l’IRM, réalisée en raison de la suspicion de lésion potentiellement invasive, retrouve
un kyste ovarien gauche siège d’une végétation en signal T2 intermédiaire (flèche) se rehaussant selon une courbe de type 2. L’aspect est
typique d’un cystadénome séreux borderline.
suivies par les tumeurs germinales, puis par les lésions épi- sont nombreuses séparant des loculis d’échostructure ou
théliales malignes. La découverte d’un cancer de l’ovaire de signaux différents. En présence de cloisons épaisses,
en cours de grossesse est rare avec une fréquence estimée irrégulière et d’épaississement nodulaire appelé « micrové-
selon les études à 0,073 à 0,11 cas pour 1000 naissances [20]. gétations », une composante borderline doit être évoquée.
Les marqueurs tumoraux sont difficilement interprétables Fauvet et al., sur une série de 40 lésions borderline de
pendant la grossesse, en particulier au premier trimestre, l’ovaire découvertes en cours de grossesse, ont retrouvé 48 %
en raison de sécrétions physiologiques venant fausser les de tumeurs mucineuses, 42 % de type séreuses et 10 % de
dosages (cancer antigen 125 [CA 125], alpha fœtoprotéine, lésions mixtes. En outre dans cette série, les auteurs ont
hCG). rapporté un caractère plus agressif des tumeurs borderline
pendant la grossesse [21].
Lésions épithéliales
Selon la méta-analyse d’Aggarwal et Kehoe regroupant dix
Lésions non épithéliales
séries, parmi 548 tumeurs ovariennes opérées, des cystadé- Parmi les tumeurs non épithéliales pouvant être diagnosti-
nomes bénins étaient retrouvés dans 23,5 % des cas. Selon la quées en cours de grossesse, les kystes dermoïdes sont les
même méta-analyse, 48 % des lésions malignes découvertes lésions les plus fréquentes. Il a été rapporté que 22 à 40 %
en cours de grossesse étaient des lésions borderline et 21 % des tumeurs rencontrées en cours de grossesse étaient des
des cystadénocarcinomes [20]. kystes dermoïdes [22]. Dans la majorité des cas, il s’agissait
En imagerie, la sémiologie des lésions épithéliales de lésions bénignes.
est la même qu’en dehors de la grossesse. Il s’agit de La présentation en échographie lorsqu’elle est typique
lésions à composante kystique majoritaire. La présence peut suffire au diagnostic (Fig. 4). Dans certains cas, la pré-
de végétations, qu’elles soient endo- ou exokystiques, est sentation en échographie peut-être complexe et une IRM
pathognomonique de tumeurs épithéliales. doit être réalisée. En effet, la présence de graisse macro-
Le cystadénome séreux bénin est une formation kystique scopique est pathognomonique du tératome mature kystique
typiquement uniloculaire de contenu liquidien pur dans la et est facilement mise en évidence par l’IRM.
majorité des cas. Des végétations sont possibles, endokys- En ce qui concerne les lésions non épithéliales malignes
tiques de petites tailles (moins de 1 cm) ; on parle alors retrouvées en cours de grossesse, encore une fois les lésions
de cystadénomes séreux papillaire. En IRM, ces végétations germinales sont les plus fréquentes : dysgerminomes, téra-
sont typiquement en isosignal T1, hyposignal T2, hyposignal tomes malins, choriocarcinome. Les autres lésions malignes
diffusion et se rehaussent selon une courbe de type 1. sont beaucoup plus rares et représentent environ 5 % des
Les tumeurs séreuses borderline sont caractérisées par cancers de l’ovaire pendant la grossesse : pseudomyxomes,
la présence de nombreuses végétations classiquement grou- tumeurs des cordons sexuels, métastases ovariennes [23].
pées, en hypersignal diffusion, en signal T2 intermédiaire et
se rehaussant selon une courbe de type 2 (Fig. 3). Torsion d’annexe
Le cystadénome mucineux est habituellement kystique
multiloculaire, volumineux, à contenu kystique pur ou Le risque de survenue d’une torsion d’annexe est augmenté
mucoïde. Il est unilatéral dans 95 % des cas. Les cloisons pendant la grossesse. La proportion des torsions survenant
Masses annexielles et grossesse : quelle imagerie et quels diagnostics ? 109
Figure 4. Tératome mature kystique. Patiente âgée de 40 ans, enceinte, 5 SA ; a, b : échographie retrouvant une masse ovarienne droite
kystique avec de fins échos linéaires hyperéchogènes et une portion hyperéchogène. L’aspect est typique de tératome mature kystique. Il
n’est pas nécessaire de poursuivre les explorations et une surveillance échographique peut être proposée.
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 111—125
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www.sciencedirect.com
MISE AU POINT
Reçu le 20 février 2017 ; reçu sous la forme révisée le 12 mars 2017; accepté le 20 mars 2017
Disponible sur Internet le 27 avril 2017
MOTS CLÉS Résumé La majorité des masses pelviennes chez la femme sont d’origine gynécologique.
Tumeurs pelviennes ; Cependant, elles peuvent être issues du tube digestif, de l’appareil urinaire, du péritoine ou du
IRM ; rétropéritoine, des parties molles pelviennes, des structures osseuses. Les connaissances anato-
Diagnostics miques ainsi qu’une analyse méthodique de l’IRM (aspect morphologique et caractéristique du
différentiels signal) permettent d’élaborer les différentes hypothèses diagnostiques. Dans cet article, nous
discuterons les éléments sémiologiques pertinents en fonction des lésions pelviennes évoquées.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary The majority of pelvic masses in women are from gynaecologic origin. However,
Pelvic tumours; they may also arise from the gastrointestinal or urinary tract, peritoneum or retroperitoneum,
MRI; pelvic soft tissues structures or bones. The knowledge of pelvic anatomy and the imaging cha-
Differential diagnosis racteristics of these lesions are critical to provide an accurate diagnosis and a potential surgical
roadmap for predicting lesion resectability. The purpose of this article is to highlight the imaging
features of non-ovarian tumours of the pelvis with regard to surgical planning and identification
of neoplastic and non-neoplastic lesions.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : emilie.aubert@icm.unicancer.fr (É. Aubert).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.008
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
112 É. Aubert et al.
Figure 1. Aspect classique d’un pseudo-kyste péritonéal en IRM : a : lésion latéro-utérine gauche apparaissant en hypersignal T2 homogène
dans le plan axial (flèche) ; b : dans le plan sagittal, la lésion est de forme quadrangulaire, moulant les organes adjacents (flèche) ; c :
après injection de gadolinium, aucune prise de contraste n’est mise en évidence (flèche).
Figure 2. Kyste paraovarien en échographie : a : lésion uniloculée, de contenu purement anéchogène (flèche), siégeant au contact de
l’ovaire (étoile) ; b : lors des manœuvres dynamiques, le kyste se retrouve plus à distance de l’ovaire (double flèche). Reproduit avec
l’aimable autorisation du Dr Nicolas Perrot.
Figure 3. Aspect classique de l’hydrosalpinx en échographie : a : structure tubulée, à paroi échogène et fine, de contenu purement
anéchogène (flèche) au contact de l’ovaire (étoile) ; b et c : l’aspect de pseudo-plicature apparaît lors des manœuvres dynamiques (flèche).
114 É. Aubert et al.
T2 intermédiaire avec un hypersignal T1 après satura- Elles peuvent être bénignes, borderline ou malignes de bas
tion de la graisse. Il est impératif d’évoquer le diagnostic ou haut grade. La plupart des tumeurs stromales gastro-
d’endométriose ou de grossesse extra-utérine dans le cadre intestinales proviennent de l’estomac (70 %) ou de l’intestin
des urgences gynécologiques. grêle (20 à 30 %). Les tumeurs développées aux dépens de
l’œsophage, du côlon ou du rectum sont plus rares.
Pyosalpinx En imagerie, il s’agit de tumeurs bien limitées, lobulées,
En cas de pyosalpinx, on retrouve un épaississement parié- non infiltratives, siègent de remaniements nécroticohémor-
tal (>5 mm) ainsi qu’un épaississement des franges tubaires. ragiques lorsqu’elles sont volumineuses. Le rehaussement
Lorsque la sonde est perpendiculaire à l’axe de la trompe, est intense et homogène au temps artériel, sans lavage au
les franges tubaires apparaissent sous la forme d’une « roue temps tardif (Fig. 4). Le diagnostic doit être systématique-
dentée » (ou cogwhell sign). Lorsque la sonde est position- ment évoqué lorsqu’il s’agit d’une masse à développement
née dans l’axe de la trompe, les franges tubaires prennent exoluminal à partir de la paroi digestive. Un élément clé du
la forme de septa incomplets qui peuvent être retrouvés à diagnostic est l’absence d’adénopathie locorégionale ; Yu
la fois aux stades aigu et chronique de l’infection. Il existe et al. ont montré que l’un des signes pertinents évocateurs
souvent un liquide inflammatoire péritubaire abondant en de malignité est la présence de remaniements kystiques
phase aiguë, moins abondant en phase chronique [8]. intralésionnels [10].
L’aspect IRM n’est pas spécifique. On retrouve un épais-
sissement pariétal de la trompe dont le contenu est de signal
variable. En phase aiguë, il existe souvent un caractère très Lymphomes
inflammatoire du pelvis avec une prise de contraste relati- Ils peuvent toucher n’importe quelle portion du tube diges-
vement marquée et ce d’autant qu’un abcès tubo-ovarien tif, électivement l’estomac. Les lymphomes non hodgkiniens
s’est organisé. représentent 10 à 15 % de toutes les tumeurs du grêle. En
IRM, il s’agit de lésion en signal intermédiaire T1 et T2 avec
Lésions pelviennes intrapéritonéales non un rehaussement homogène et modéré après injection de
kystiques produit de contraste.
On distingue classiquement, soit une masse polypoïde
Ces dernières sont principalement d’origine digestive, issues murale ou intraluminale, soit un épaississement circonfé-
de l’intestin grêle ou du recto-sigmoïde. rentiel marqué des parois intestinales avec sténose luminale
L’origine recto-sigmoïdienne est facilement identifiée sans syndrome occlusif d’amont. L’atteinte est segmentaire
puisque la lésion est le plus souvent centrée sur le recto- à raccordement progressif. À la différence des tumeurs stro-
sigmoïde dont on repère aisément la lumière [9]. males gastro-intestinales, il est impératif de rechercher des
adénopathies locorégionales [9].
Les autres types histologiques touchent plus élective-
Tumeurs stromales gastro-intestinales
ment le rectum et ne sont pas discutées dans cet article.
(gastointestinal stromal tumours [GIST]) Il est également primordial de ne pas méconnaître des
Elles représentent 1 % de toutes les tumeurs du tube lésions péritonéales secondaires (carcinose péritonéale).
digestif, et se développent à partir de la paroi digestive. L’atteinte est pour la plupart du temps diffuse et multiple,
Figure 4. Tumeur stromale gastro-intestinale de l’intestin grêle de topographie pelvienne : a : lésion lobulée d’échostructure finement
échogène, richement vascularisée en mode Doppler énergie ; b : en IRM la lésion se présente sous la forme d’une masse bien limitée,
lobulée, en signal T2 intermédiaire (flèche) ; c : rehaussement intense relativement homogène après injection de gadolinium (flèche). On
constate que la lésion n’est pas développée aux dépens des ovaires (de morphologie normale en pondération T2 repérés par les flèches).
Reproduit avec l’aimable autorisation du Dr Isabelle Thomassin-Naggara.
Tumeurs pelviennes extraovariennes : quels sont les pièges ? 115
Figure 5. Carcinose péritonéale calcifiée d’un primitif ovarien séreux de bas grade. L’examen scanographique met en évidence de
multiples nodules tissulaires calcifiés intrapéritonéaux (étoile) et pariétaux (flèche).
de taille variable. Le caractère calcifié est fréquent pour présentation classique est celle d’une lésion uniloculée
les lésions secondaires d’un cancer ovarien de bas grade liquidienne pure en l’absence de complication (surinfection
(Fig. 5). ou hémorragie). En cas de volumineuse lésion, il existe un
risque de compression des structures adjacentes telles que
les vaisseaux iliaques, la vessie ou le cadre digestif [11].
Lésions du compartiment extrapéritonéal
Espaces périvasculaires Dégénérescence kystique d’adénopathie
Les tumeurs épidermoïdes d’origine gynécologique ou uri-
Lymphocèle naire peuvent présenter des localisations métastatiques
Il s’agit d’une complication fréquente du curage gan- ganglionnaires pseudo-kystiques. En imagerie, ils sont de
glionnaire à différencier d’éventuelles autres complications topographie rétropéritonéale, en arrière des vaisseaux
(hématome, abcès ou récidive tumorale kystique). La iliaques, en lieu et place de ganglions normaux (Fig. 6). Le
Figure 6. Dégénérescence kystique d’adénopathie : a : syndrome de masse intracavitaire volumineuse en signal T2 intermédiaire (étoile)
dont l’analyse histopathologique a révélé un adénocarcinome endométrioïde différencié type I, de grade II ; b : en reconstruction coronale
T2, présence de deux lésions uniloculées en hypersignal T2 (flèche), siège d’une composante tissulaire en signal T2 intermédiaire ; c :
rehaussement après injection de produit de contraste (flèche) ; d : cette dernière présentait un hypermétabolisme marqué en tomographie
par émission de positrons au (18 F)-fluorodésoxyglucose (flèche). L’ensemble des données d’imagerie évoquait des adénopathies pelviennes.
116 É. Aubert et al.
Figure 7. Léiomyosarcome vasculaire de grade 3 : a : lésion lobulée de rehaussement hétérogène (étoile) en tomodensitométrie en
contact étroit avec les vaisseaux iliaques externes gauches (flèche) (topographie extrapéritonéal) ; b : en IRM, la lésion présente un signal
T2 intermédiaire (étoile) avec un aspect ectasique de la veine iliaque externe gauche (flèche) ; c : hypersignal b1400 (étoile) avec restriction
du coefficient de diffusion apparent ; d : on retrouve par ailleurs des ovaires sains (entourés), à distance de la lésion extrapéritonéale
précédemment décrite.
caractère évolutif sur les différents examens d’imagerie est Les masses prévésicales déforment le plus souvent la
primordial pour le diagnostic positif [12]. paroi vésicale antérieure, antérieures au ligament ombilical
médian.
Étiologies plus rares La pathologie de l’espace prévésical est dominée par
les épanchements (d’origine traumatique, néoplasique ou
L’hémangiome est une tumeur bénigne des cellules qui
inflammatoire), les lésions traumatiques du bassin ou de
tapissent la paroi des vaisseaux. Il s’agit d’une patholo-
la paroi abdominale antérieure. Les lésions tumorales sont
gie de l’enfance classiquement. Elle se présente de sous
beaucoup plus rares correspondant à des localisations méta-
la forme de lésions liquidiennes, multiloculées, sièges de
statiques [14].
phlébolithes facilement identifiables en imagerie scanogra-
phique [13]. Des lésions sarcomateuses peuvent également
être décrites (Fig. 7).
Espace périvésical
Le lymphangiome kystique est une pathologie plus rare,
correspondant à une tumeur vasculaire bénigne, touchant Cet espace est situé sous la réflexion péritonéale, entouré
classiquement les enfants avec une atteinte élective cervi- par le fascia ombilicovésical, contenant la vessie, l’utérus,
cofaciale. Elle se présente sous la forme de simples kystes, l’urètre et les artères ombilicales.
de taille variable, parfois calcifiés. La lymphangioleiomyo-
matose est une affection encore plus rare, intéressant les
femmes en préménopause avec une atteinte élective pleu-
Pathologies tumorales et « pseudo-tumorales »
ropulmonaire.
d’origine urogénitale
Espace prévésical Les tumeurs de la vessie sont à plus de 95 % des tumeurs
d’origine épithéliale dont l’âge moyen au diagnostic est
Ce dernier est de petit volume, délimité de part et d’autre de 68 ans, plus fréquentes chez l’homme. La cystoscopie
par le trajet des artères ombilicales à hauteur du dôme avec biopsie est la méthode de référence pour l’évaluation
vésical dans le plan axial en imagerie scanographique. Les tumorale. Cependant, l’imagerie est nécessaire pour le bilan
reconstructions multiplanaires notamment sagittales per- préthérapeutique afin d’évaluer l’envahissement local, les
mettent d’identifier en avant le facia transversalis, tapissant adénopathies éventuelles voire les métastases à distance.
la face postérieure de la paroi abdominale antérieure et en L’IRM est la méthode de choix pour l’extension locorégio-
arrière l’aponévrose ombilicoprévésicale. nale. La lésion se présente sous la forme d’une infiltration
Tumeurs pelviennes extraovariennes : quels sont les pièges ? 117
Figure 8. Léiomyomatose intravasculaire : a et b : présence au sein de veines paramétriales droites et gauches de myomes utérins
apparaissant sous la forme de lésions pseudo-nodulaires en signal T2 intermédiaire (flèches) ; c et d : rehaussement intense au sein de
vaisseaux pelviens ectasiques (flèches). Reproduit avec l’aimable autorisation du Dr Aurélie Jalaguier-Coudray.
tissulaire en signal T2 intermédiaire, rehaussée de façon accessoire. L’élément clé du diagnostic est la recherche du
intense et précoce par rapport à la paroi vésicale saine [15]. pédicule ou du vaisseau de raccordement à l’utérus [18].
En cas d’endométriose profonde, l’atteinte de l’espace Ils peuvent au final se détacher de l’utérus d’où le terme
sous-péritonéal antérieur est plus rare, touchant élective- de « parasite ». Cependant ils présentent les mêmes cri-
ment le cul-de-sac vésico-utérin. Les lésions peuvent être tères sémiologiques échographiques ou IRM qu’un myome
isolées ou multiples par extension de proximité d’une struc- classique. Dans 4 % des cas, une dégénérescence kystique
ture à l’autre notamment par atteinte initiale du myomètre est possible rendant le diagnostic plus délicat.
externe puis de la séreuse utérine. L’atteinte de la paroi Une pathologie encore plus rare est la léiomyomatose
vésicale est plus rare. Elle siège classiquement sur sa face intravasculaire qui correspond à l’extension au sein des
postéro-supérieure. Comme pour l’atteinte digestive, les veines myométriales puis paramétriales de myomes uté-
lésions sont suspectées devant l’interruption de la muscu- rins. L’échographie retrouve uniquement des thromboses
leuse hypoéchogène en échographie, en hyposignal T2 en des varices pelviennes ; la scanographie et l’IRM montrent
IRM (siège éventuellement de remaniements hématiques en la présence de tissu dans la lumière vasculaire. L’un des
hypersignal T1) [16]. diagnostics différentiels est les adénopathies (Fig. 8).
Figure 9. Adénomyose kystique. Masse ovalaire (flèche) développée sur le versant corporéal antérieur du corps utérin : a : signal T2 inter-
médiaire ; b : hypersignal T1 après saturation de la graisse ; c : les ovaires (étoile) siègent à distance de la lésion. Reproduit avec l’aimable
autorisation du Dr Isabelle Thomassin-Naggara.
Society for Gynaecological Endoscopy [ESGE]), une lésion de récence de manière non exhaustive les principales
topographie pelvienne pseudo-liquidienne peut être décrite pathologies [21].
correspondant à une rétention liquidienne au sein d’une Basée sur des critères radiologiques, Pappalardo et al.
cavité utérine « fonctionnelle » mais non communicante ont proposé une nouvelle classification en trois groupes de
[20]. ces lésions [22]. Le groupe 1 correspond à toutes les tumeurs
kystiques, solides ou mixtes, bénignes ou malignes dont
Espace périrectal l’épicentre se situe dans l’espace rétrorectal et pouvant
infiltrer le sacrum en arrière, le rectum en avant ou les deux.
Il correspond à l’espace entourant le rectum et est divisé Le groupe 2 correspond aux tumeurs kystiques ou solides
classiquement en deux compartiments, l’espace rétrorectal à point de départ osseux (sacrum) ou neurogénique et se
central et l’espace présacré notifié par le fascia présa- développant antérieurement vers l’espace rétrorectal. Le
cré. Il s’agit d’un espace virtuel dont les limites sont en groupe 3 correspond aux tumeurs kystiques ou solides issues
avant le fascia recti, en arrière le fascia présacré, en haut de la paroi rectale et se développant postérieurement vers
la réflexion péritonéale, en bas les muscles élévateurs de l’espace rétrorectal.
l’anus et latéralement les vaisseaux iliaques. Outre la topographie lésionnelle, l’analyse du signal en
Les lésions de l’espace rétrorectal correspondent à un IRM est un élément prépondérant pour l’approche diagnos-
groupe de lésions rares, très hétérogènes. Le Tableau 1 tique [23]. On devra répondre de façon successive :
Tableau 2 Lésions kystiques de l’espace rétrorectal : aspect morphologique et analyse du signal en IRM.
Kyste épi- Hamartome Duplication Méningocèle Tératome
dermoïde kystique ou rectale ou sacré sacrococcygien
tailgut cyst kyste antérieur
entérogène
Lésion kystique Oui — Uni- ou mul- Oui —
uniloculée tiloculée : un
macrokyste
avec
quelques
microkystes
satellites
Lésion kystique — Oui (aspect — — Oui
multiloculée en rayon de
miel)
Hyper T2 pur Oui — Oui Oui —
Hyper T2 impur — Oui : signal — — Oui
différent
dans les
loculi
Hyper T1 spontané — Oui — — —
persistant après
saturation sang
mucine
Hyper T1 spontané — — — — Oui
disparaissant après
saturation graisse
Particularités Absence de Absence de Forme plus Communication Présence
communi- calcification ou moins avec le sac de
cation avec Absence de communi- dural calcifications
le rectum graisse cante Anomalies
Absence Complications : congéni-
d’extension dégénéres- tales
osseuse ou cence, associées
nerveuse surinfection
et extension
rectale
120 É. Aubert et al.
Figure 10. Hamartome kystique : a : lésion d’allure uniloculée dans le plan sagittal, en signal T2 intermédiaire (flèche), refoulant le
rectum en avant (étoile) ; b : dans le plan axial, la lésion est d’aspect multiloculée avec un macrokyste central (étoile). Les loculi sont de
signal différent en pondération T2 (contingent mucineux) ; c et d : séquences de diffusion ; c : hypersignal de diffusion ; d : sans restriction
du coefficient de diffusion apparent en rapport avec un effet T2 lié au contenu mucineux (flèches).
quelques petits kystes satellites. La transformation maligne congénitales sont souvent associées : malformations anorec-
est extrêmement rare dans la littérature [27]. tales, urogénitales. . . (Fig. 11).
En cas de forme communicante, lors d’opacification
digestive, on retrouve une opacification directe de la dupli-
cation. Dans le cas contraire, il existe une image de Kyste dermoïde ou tératome sacrococcygien
compression extrinsèque. Il s’agit d’une lésion rare, classiquement diagnostiquée
avant l’âge de 2 ans, se présentant sous la forme de lésions
Méningocèle sacré antérieur hétérogènes, bien limitées avec des composantes mixtes.
Il s’agit d’un kyste méningé apparaissant sous la forme
d’une hernie du sac dural au travers d’un défect osseux
du sacrum. Le sac est en continuité avec l’espace sous-
dural contenant du liquide céphalorachidien. Lorsque la
Lésions solides ou mixtes
taille est volumineuse l’effet de compression sur les organes Il s’agit d’un groupe très hétérogène de lésions regroupant
adjacents est responsable de troubles urinaires ou de cons- des lésions d’origine digestive, vasculaire, osseuse ou ner-
tipation terminale. Il s’agit d’une lésion en hypersignal veuse. Le risque de malignité est bien plus élevé que dans
T2 communiquant avec le sac dural [11,28]. Des anomalies le chapitre précédent.
Figure 11. Méningocèle sacré antérieur : a : hernie du sac dural au travers d’un défect osseux du sacrum apparaissant en hypersignal
T2 ; b : refoulement du rectum (étoile) en raison de sa grande taille ; c : des anomalies congénitales sont souvent associées : il s’agissait
ici d’une dysraphisme spinomédullaire à type de moelle basse attachée en L4.
Tumeurs pelviennes extraovariennes : quels sont les pièges ? 121
Figure 12. Aspect radiologique de différentes lésions rectales : a : adénocarcinome du rectum classé iT4 (la lumière du rectum est
repérée par l’étoile) ; b : adénocarcinome mucineux du rectum dont la composante mucineuse apparaît en hypersignal T2 sur le versant
antérieur de la lésion (flèche) ; c : tumeur stromale gastro-intestinale rectale apparaissant sous la forme d’une lésion lobulée aux contours
bien limités, en signal T2 hétérogène, développée aux dépens de la paroi rectale (la lumière est montrée par l’étoile alors que la paroi est
montrée par la flèche) ; d : léiomyome pararectal (étoile).
Figure 13. Chordome. Lésion volumineuse (étoile) centrée sur le sacrum d’aspect lobulé avec large extension tissulaire pré-sacrée : a :
hyposignal T1 ; b : hypersignalT2 relatif dans le plan sagittal ; c : à distance du rectum (R) ; d : rehaussement modéré. En tomodensitométrie
(non montrée), présence d’une lyse du sacrum et des calcifications intralésionnelles.
être décrite. En IRM, la lésion se présente sous la forme dont la croissance est lente, non agressive, apparaissant
d’une lésion en hyposignal T1, hypersignal T2 et prise de sous la forme d’une lésion en hypersignal T2 relatif avec
contraste modérée [33] (Fig. 13). une prise de contraste hétérogène, tardive [34]. Elle refoule
D’autres lésions osseuses primitives sont également classiquement les structures et organes de voisinage sans les
décrites telles que les tumeurs à cellules géantes envahir (Fig. 15).
(masse hétérogène très fortement rehaussée avec des
remaniements nécroticohémorragiques à agressivité locale
Lésions des parties molles
marquée) et les sarcomes d’Ewing.
Les localisations métastatiques doivent également être Elles sont issues des différents composants des parties
évoquées, sans réel critère sémiologique spécifique. molles de l’espace périrectal supralévatorien ou des fosses
L’histoire clinique et surtout le caractère évolutif sont pri- ischioanales. Elles sont indépendantes du rectum, mais
mordiaux pour le diagnostic (Fig. 14). peuvent le refouler lorsqu’elles sont volumineuses. Les
tumeurs desmoïdes peuvent provenir des parties molles
Lésions nerveuses intra- ou rétropéritoinéales et peuvent se voir à n’importe
L’infiltration tissulaire est centrée initialement sur le trou de quel âge (contexte de polypose adénomateuse familiale
conjugaison. Les tumeurs neurogènes représentent 10 % des dans 9 à 18 % des cas). Elles se présentent sous la forme
tumeurs rétrorectales apparaissant sous la forme de lésion de lésions hétérogènes en pondération T2 intermédiaire. Le
solide bien encapsulée avec de possibles remaniements rehaussement est très variable après injection de produit
kystiques. On retrouve classiquement un élargissement du de contraste. Le taux de récidive locale est extrêmement
foramen sacré en regard. Le schwannome est une tumeur fréquent [35]. L’angiomyxome agressif est quant à lui la
Tumeurs pelviennes extraovariennes : quels sont les pièges ? 123
Figure 14. Métastase osseuse d’un primitif gynécologique : a : lésion tissulaire développée au sein du muscle psoas gauche (flèche)
au contact de laquelle on retrouve une adénopathie partiellement calcifiée sous veineuse iliaque externe (étoile). À noter la présence
d’adénopathie pelvienne controlatérale ; b : en fenêtre osseuse, confirmation d’une atteinte lytique de la branche iliaque ; c : en
tomographie par émission de positrons, la lésion fixe intensément le fluorodésoxyglucose, ainsi que les adénopathies pelviennes (flèches).
Figure 15. Schwannome : a et b : lésion bien limitée et arrondie en signal T2 intermédiaire (étoile), voire hyposignal T2 ; c : rehaussement
de manière intense après injection de produit de contraste ; d : il existe un hypersignal franc en diffusion.
plus fréquente des tumeurs des parties molles de la fosse abcès ou hématomes pelviens et les diverticules vésicaux.
ischioanale [36]. Le contexte clinique est bien sûr très important à préciser
pour la pertinence diagnostique. En cas de pathologie infec-
tieuse, le risque de fistule avec le cadre digestif n’est pas
Lésions intra- et extrapéritonéales rare. En cas d’hématome, le signal de la lésion peut être très
variable notamment en pondération T2. Dans le cadre des
En fonction du volume lésionnel, des lésions peuvent éga- urgences il est nécessaire de toujours recherché un potentiel
lement être de siège intra- et extrapéritonéal tels que les saignement actif.
124 É. Aubert et al.
Compartiment Compartiment
INTRAPÉRITONÉAL EXTRAPÉRITONÉAL
Espace périvasculaire
Espace périrectal
Lésion KYSTIQUE ?
Hyper T1 FS
Hyper T1 + Rapport avec la Rapport avec le
Hypo T1 FS paroi rectale ? sac dural ou TC ?
Figure 16. Algorithme décisionnel devant une masse pelvienne d’origine indéterminée.
Conclusion [9] Crema MD, Marra MD, Merran S, Hoeffel C. IRM des masses pel-
viennes volumineuses et rares d’origine non gynécologique. J
Le raisonnement diagnostique devant une masse pel- Radiol 2008;89:853—61.
[10] Yu MH, Lee JM, Baek JH, Han JK, Choi BI. MRI features
vienne doit être méthodique et ce d’autant que de
of gastrointestinal stromal tumors. AJR Am J Roentgenol
nombreuses étiologies doivent être évoquées. Il sera néces-
2014;203:980—91.
saire d’apprécier, d’une part, la topographie de la lésion et [11] Yang DM, Jung DH, Kim H, Kang JH, Kim SH, Kim JH, et al. Retro-
donc ses rapports anatomiques et, d’autre part, l’analyse peritoneal cystic masses: CT, clinical, and pathologic findings
sémiologique de son signal en IRM (Fig. 16). and literature review. Radiographics 2004;24:1353—65.
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 126—137
ScienceDirect
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MISE AU POINT
a
Hôpital européen, 6, rue Désirée-Clary, 13003 Marseille, France
b
Hôpital La Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille, France
MOTS CLÉS Résumé Peu d’articles dans la littérature décrivent l’intérêt de l’imagerie pour comprendre
Imagerie ; l’anatomie et la pathologie périnéale. La plupart de ces articles concernent les troubles de
Périnée ; la statique pelvienne. Cependant, un grand nombre de pathologies peut affecter le périnée
Vagin ; féminin, comme les inflammations, tumeurs, les malformations ou les lésions kystiques. Les
Vulve lésions périnéales sont difficiles à diagnostiquer pour le clinicien car la symptomatologie est
souvent atypique (douleurs pelviennes chroniques, dyspareunie, dysurie, saignement ou masse
vaginale). Le but de cet article est de montrer le rôle de l’imagerie comme l’échographie,
la cystographie ou l’IRM dans l’identification des différentes structures périnéales et leurs
pathologies.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary There are limited articles in literature describing the intricate imaging anatomy
Imaging; and female perineum disease. Most of publications describe the importance of the supporting
Perineum; structures of perineum related to pelvic organ prolapse. However, many disorders can affect the
Vagina; female perineum, such as inflammation, tumours, malformations or cystic lesions. The diagnosis
Vulva of female disease in this anatomic region is challenging for clinicians because patients present
nonspecific signs such as pelvic pain, dyspareunia, dysuria, urethral or vaginal bleeding. In this
article, we describe the role of ultrasound, cystourethrography and MR imaging to identify
female perineum and its disorders.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : maud.larribe@gmail.com (M. Larribe).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.006
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Reconnaître les lésions périnéales et vaginales 127
Rappels anatomiques
Le périnée correspond à l’ensemble des parties molles qui
ferme l’excavation pelvienne dans sa partie basse. Il est
constitué d’un système musculo-aponévrotique et permet
le passage des différents organes à visée érectile ou glan-
dulaire [1]. Le périnée est divisé en périnée antérieur (ou
région urogénitale) et en périnée postérieur (ou région
anale) par une ligne transversale passant par les deux tubé-
rosités ischiatiques. En hauteur, le périnée est divisé en
trois plans : Le plan profond comprend le muscle élévateur
de l’anus et le muscle coccygien. Ensemble ils constituent
le diaphragme pelvien qui sépare le périnée de la cavité
pelvienne. Le muscle élévateur de l’anus est fréquemment
impliqué dans les troubles de la statique pelvienne ; il est
constitué de deux faisceaux (Fig. 1) :
• le faisceau puborectal bien visualisé sur les séquences
axiales où il cravate l’anus au-dessus du sphincter
externe ; Figure 2. Anatomie des muscles périvulvaires. Coupe IRM en
• le faisceau iliococcygien mieux visualisé en coronal avec T2 axiale passant par les muscles périvulvaires avec (de dehors en
dedans) les muscles ischiocaverneux (1), les muscles bulbocaver-
son aspect en « V ».
neux (2) et les muscles constricteurs de la vulve (3).
Le plan moyen constitue le diaphragme urogénital. Il
comprend le sphincter urétral ainsi que ses différentes la cinquième décades. La plupart des diverticules seraient
attaches : les ligaments péri-urétraux, para-urétraux et liés à une obstruction chronique des glandes péri-urétrales
pubo-urétraux. responsable d’une rupture de ces dernières dans la lumière
Le plan superficiel comprend quatre muscles (consti- urétrale [3]. Classiquement, ils se développent aux dépens
tués respectivement de dehors en dedans par : les muscles de la face postérieure de l’urètre (sur un rayon horaire de
ischiocaverneux, bulbocaverneux, transverses superficiels 6 heures) ; ils sont uni- ou multiloculés, souvent de petite
et constricteurs de la vulve) et les corps érectiles (Fig. 2). taille (entre 2 à 16 mm), prédominant au niveau des deux
Les muscles bulbocaverneux et les muscles constricteurs de tiers distaux de l’urètre, leur croissance pouvant aboutir
la vulve sont importants à reconnaître car ils sont le siège à un aspect en fer cheval ou aspect en cible (Fig. 3). Ils
de prédilection des kystes des glandes de Bartholin. sont bien visualisés en IRM, en hypersignal T2 central franc
lorsqu’ils ne sont pas compliqués, cerclés d’un anneau péri-
phérique en hyposignal T2 compte tenu de la continuité avec
Lésions du périnée antérieur les fibres musculaires urétrales. Ils peuvent être difficile-
ment visualisés en échographie endovaginale (compression
Atteinte urétrale par la sonde ou sonde en position profonde par rapport au
diverticule) ; le radiologue doit réaliser une échographie
Diverticule urétral périnéale pour mieux les caractériser. Un pertuis commu-
Le diverticule urétral est une pathologie fréquente puisqu’il niquant entre le diverticule urétral et l’urètre peut être
touche entre 0,6 à 6 % des femmes. Cliniquement, le diverti- difficile à visualiser en IRM et en échographie, la cysto-
cule urétral entraîne des infections urinaires fréquentes, des graphie est alors une bonne aide au diagnostic (Fig. 4).
douleurs postmictionnelles ou des dyspareunies chez 40 % Elle permet de visualiser et de localiser le pertuis lors des
des femmes [2]. Cette pathologie atteint les femmes de tout clichés per-mictionnels en vue d’une éventuelle chirurgie.
âge, mais survient plus fréquemment entre la troisième et Les principales complications du diverticule urétral sont
Figure 1. Anatomie du diaphragme pelvien. A. Coupe IRM T2 axiale passant par le faisceau puborectal (flèches). B. Coupe IRM T2 coronale
passant par le faisceau iliococcygien (flèches) avec son aspect en « V ».
128 M. Larribe et al.
Figure 3. Diverticule urétral. A. Coupe d’IRM retrouvant un diverticule urétral en hypersignal T2. B. Coupe d’IRM après injection de
produit de contraste : pas de rehaussement. À noter son aspect « en fer à cheval » du fait de sa grande taille.
Figure 4. Diverticule urétral. A. Coupe d’IRM sagittale en pondération T2 retrouvant un diverticule urétral en hypersignal T2. B. Corres-
pondance avec la cystographie : présence d’une opacification du diverticule via son pertuis lors des clichés per-mictionnels.
l’infection, les calculs et la cancérisation. En IRM, l’infection origine embryologique (dérivées du sinus urogénital) [4]. À
du diverticule urétral se traduit souvent par un signal hété- la différence du diverticule urétral, en temps normal elles
rogène en T2 et T1 et un rehaussement périphérique intense ne communiquent pas avec la lumière urétrale [3]. Leur
après injection de gadolinium. Les calculs se présentent contenu est souvent protéique, leur donnant un aspect en
sous la forme d’images hyperéchogènes avec cône d’ombre hypersignal T1 spontané en IRM. Le diagnostic différentiel
postérieur en échographie et en hyposignal T2 franc, non avec des lésions kystiques des glandes de Bartholin est diffi-
rehaussés après injection de produite de contraste en IRM. cile (Fig. 5). Les complications sont rares et majoritairement
La cancérisation d’un diverticule urétral est rare et repré- représentées par l’infection. Elles se manifestent par la
sentée majoritairement par les adénocarcinomes, suspectée présence d’une douleur [4], de dysurie et de dyspareunie
devant une masse hétérogène au sein du diverticule. Seuls pouvant bénéficier d’un traitement chirurgical par marsu-
les diverticules symptomatiques bénéficient d’un traitement pialisation.
qui consiste en une diverticulectomie par voie transvaginale.
La complication chirurgicale la plus fréquente est la fistule
urétrovaginale.
Hyper-mobilité urétrale
L’urètre est soutenu par un système ligamentaire complexe.
Ces ligaments peuvent être visualisés sur des coupes fines
Pathologie des glandes de Skene T2 en IRM. On retrouve notamment les ligaments périuré-
Les glandes de Skene sont de petites glandes qui sécrètent traux (tendu de la face antérieure de l’urètre au faisceau
un liquide muqueux pour fluidifier la portion terminale du puborectal), les ligaments para-urétraux (de disposition
méat externe urétral. Elles sont situées au niveau de la sagittale tendus des faces latérales de l’urètre au lit péri-
partie inférieure et postérieure de l’urètre du fait de leur urétral) et les ligaments pubo-urétraux (tendus de la face
Reconnaître les lésions périnéales et vaginales 129
Figure 5. Exemple de kyste de la glande de Skene (confirmé histologiquement). IRM en pondération T2. Présence d’un kyste développé
au niveau de la portion postéro-inférieur de l’urètre (flèche), en hypersignal T2. A. Coupe sagittale. B. Coupe axiale.
Infections vulvaires
Les facteurs de risque de l’infection vulvaire sont l’obésité
et le diabète compte tenu d’un risque d’infection cutanée
ou sous-cutanée majoré. Le principal agent pathogène mis
en cause est le Staphylococcus aureus. Un abcès vulvaire
ou la surinfection d’une glande de Bartholin est souvent le
point de départ (Fig. 10).
La complication à craindre est la fasciite nécrosante de
Fournier (gangrène de Fournier) du fait de son extension
rapide et délabrante, dont l’évolution peut être fatale [10].
Fistules vaginales
Les fistules vaginales les plus fréquentes sont les fistules
vésicovaginales et les fistules rectovaginales [11]. Soixante-
quinze pour cent sont liées à une complication dans les
Figure 7. Exemple de kyste de Müller (confirmé histologique- suites d’une chirurgie gynécologique ; les autres causes
ment). Formation ovalaire située au niveau de la portion inférieure comprennent les anomalies congénitales, les traumatismes,
du vagin (*). A. Coupe IRM sagittale pondérée en T2. B. Corres- les tumeurs, les maladies inflammatoires chroniques de
pondance échographique sur une coupe sagittale réalisée par voie
l’intestin, les diverticules, l’irradiation pelvienne et les
endovaginale. L’uretère est représenté en avant par une flèche.
infections urogénitales chroniques. L’IRM permet de recher-
cher et d’analyser les trajets fistuleux (bien visualisé sur
les séquences en pondération T2 avec saturation de graisse
et les séquences T1 avec saturation de graisse et injection
Kystes de Bartholin
de gadolinium) entre les différents organes et de réaliser
Ce sont les kystes les plus fréquents au niveau vulvaire [2],
un bilan étiologique éventuel (Fig.11 et 12). Dans les cas
mesurant entre 1 et 4 cm, souvent unilatéral, pouvant aug-
difficiles, le trajet fistuleux est au mieux exploré par cysto-
menter de taille en cas de rapports sexuels répétés. Ils
graphie rétrograde (Fig. 13).
apparaissent fréquemment dans la deuxième ou troisième
décades, sont souvent asymptomatiques mais peuvent être
douloureux en cas de surinfection. Ils sont situés en dedans Pathologies tumorales
des petites lèvres et en arrière des bulbes (Fig. 9). La Cancers vaginaux
plupart ne nécessitent pas de traitement. S’ils sont symp- Ils sont rares et représentent approximativement 2 à 3 %
tomatiques, un traitement chirurgical par marsupialisation des tumeurs gynécologiques malignes chez la femme [12].
Figure 8. Kystes de Gartner. Présence de formations kystiques infracentimétriques (flèches) développées aux dépens de la portion proxi-
male du vagin de signal hétérogène en T2 associées à un méga-uretère borgne à droite (flèche pleine) avec hypoplasie rénale (*). A. Coupe
IRM sagittale pondérée en T2. B. Coupe IRM coronale pondérée en T2.
Reconnaître les lésions périnéales et vaginales 131
Figure 9. Kystes de la glande de Bartholin. Présence de deux kystes de Bartholin (flèches), un millimétrique à droite, l’autre centimétrique
à gauche développés entre le muscle constricteur de la vulve et le muscle bulbocaverneux. A. Coupe IRM axiale pondérée en T2. B. Séquences
sagittales T2 ; à noter le niveau liquidien retrouvé au niveau du kyste à gauche.
Le type histologique le plus fréquent est le carcinome épi- signal T2 intermédiaire. Au stade III, la tumeur envahit le
dermoïde (90 %) chez la femme ménopausée, atteignant plancher pelvien et/ou les ganglions pelviens. Quand la ves-
préférentiellement le tiers proximal du vagin au niveau sie, le rectum ou des ganglions extrapelviens sont envahis,
de son mur postérieur (Fig. 14). Le rôle de l’imagerie est la tumeur est de stade IV.
d’effectuer un bilan d’extension local en IRM (l’extension Plus rarement, il s’agit d’une atteinte primitive par un
ganglionnaire étant au mieux appréciée par la tomogra- mélanome, ce dernier pouvant présenter un contingent en
phie par émission de positrons couplée au scanner). Le hypersignal T1 du fait des artefacts paramagnétiques liés
pronostic et le traitement dépendent de la classification à la mélanine ; ou d’une atteinte sarcomateuse comme le
des lésions selon la Fédération internationale de gynéco- rhabdomyosarcome chez la femme jeune ou le myosarcome
logie obstétrique (FIGO). Une tumeur de stade I est limitée chez la femme plus âgée ; caractérisés par un tissu hétéro-
à la muqueuse et peut donc passer inaperçue à l’IRM. Au gène en hyposignal T1 et en fort hypersignal T2.
stade II, la tumeur envahit les tissus paravaginaux, les tis- Enfin, le lymphome vaginal, encore plus rare (1 % des
sus graisseux paravaginaux étant remplacés par du tissu en localisations lymphomateuses) se présente sous la forme
Figure 10. Kyste de Bartholin surinfecté (flèche). Le signal du kyste est hétérogène avec un rehaussement périphérique après injection.
Chez cette patiente le kyste avait évolué en arrière au niveau de la paroi antérieure de l’anus (flèche noire), réalisant une fistule anovaginale.
A. Coupe IRM axiale en pondération T2. B. Coupe axiale en pondération T1, avec saturation de graisse, après injection. C. Coupe axiale
sus-jacente en T1, avec saturation de graisse, après injection. D. Coupe sagittale en pondération T2.
132 M. Larribe et al.
Figure 11. Fistule anovaginale dans les suites d’une chimioradiothérapie pour une tumeur du canal anal. Le trajet fistuleux (flèche) est
mal visualisé sur les séquences pondérées en T2, il apparaît beaucoup visible sur les séquences injectées. A. Coupe IRM axiale en pondération
T2. B. Coupe axiale en pondération T1 avec saturation de graisse, après injection de gadolinium.
Figure 12. Fistule vésicovaginale dans les suites d’un traitement chirurgical pour cancer du col. La fistule est suspectée devant la présence
d’un accolement de la paroi postérieure de la vessie au niveau du fond vaginal. A. Coupe IRM sagittale en pondération T2. B. Coupe IRM
axiale en pondération T2.
Figure 13. Fistule vésicovaginale. A. Cystographie, souvent demandée à but diagnostique ou préthérapeutique pour localiser le pertuis
(flèche). B. Cystoscanner, qui peut être utile en complément dans les cas difficiles.
d’une masse en signal intermédiaire T2 se rehaussant de carcinomes épidermoïdes. À l’IRM, la tumeur présente un
façon homogène, respectant la muqueuse. signal variable en T1 et T2 (Fig. 15). Le rôle du radiologue
est de déterminer l’extension aux organes adjacents pour
Cancers vulvaires les tumeurs localement avancées afin de planifier la chi-
Ils sont rares et représentent environ 5 % des cancers géni- rurgie. Ainsi, la perte de l’aspect en cible de l’urètre, une
taux féminins. L’âge de prédilection se situe entre 65 et interruption de l’hyposignal T2 du mur vaginal ou du sphinc-
75 ans. Quatre-vingt-cinq pour cent correspondent à des ter anal sont des signes suspects d’invasion. Les séquences
Reconnaître les lésions périnéales et vaginales 133
Figure 14. Carcinome épidermoïde vaginal (flèche). Masse vaginale hétérogène en relatif hypersignal T2 envahissant les deux tiers
proximaux du vagin et refoulant les tissus graisseux paravaginaux. A. Coupe IRM sagittale pondérée en T2. B. Coupe axiale T2.
Figure 15. Carcinome épidermoïde (double flèche) de la vulve. A. Masse hétérogène en relatif hypersignal T2. B. Fort rehaussement après
injection de produit de contraste.
Figure 16. Implant endométriosique sur cicatrice d’épisiotomie. IRM mettant en évidence une lésion hétérogène en relatif hypersignal
T1 et T2, ne disparaissant pas après suppression du signal de la graisse en regard de la cicatrice d’épisiotomie. A. Coupe axiale en pondération
T1. B. Coupe axiale en pondération T2. C. Coupe axiale en pondération T1 avec saturation de graisse. D. Coupe coronale en pondération
T2. Reproduit avec l’aimable autorisation du Dr Patrick Poulain.
Figure 17. Septum vaginal longitudinal. IRM mettant en évidence une structure fine en hyposignal T2. A. Coupe axiale. B. Coupe coronale.
rigoureux de la patiente. La principale complication, bien l’atteinte ganglionnaire étant retrouvée dans 30 % des cas
que rare, est le risque de fistule urétro-vésicovaginale ou la lors du bilan initial.
migration intravaginale de corps étrangers vaginaux [15,16] Le bilan local est principalement clinique (réalisé sous
(Fig. 18—20). anesthésie générale) complété par l’échoendoscopie. Il est
complété par un scanner thoraco-abdominopelvien pour
l’extension à distance. L’IRM avec exploration de la région
anale est de plus en plus prescrite, notamment dans le cadre
Lésions du périnée postérieur des tumeurs volumineuses pour évaluer l’atteinte au sphinc-
ter interne ou externe, à l’espace intersphinctérien, à la
Pathologie tumorale marge anale, à la jonction anorectale, aux fosses ischioa-
nales, aux organes adjacents et l’atteinte ganglionnaire
Cancer du canal anal régionale.
Il représente 1,5 % des cancers digestifs, le type histolo- La tumeur se présente le plus souvent en hypersignal T2
gique le plus fréquent étant le carcinome épidermoïde (95 % [18], avec disparition de l’hyposignal T2 physiologique du
des cas) plus souvent retrouvé chez la femme de plus de sphincter externe quand ce dernier est envahi, se rehaussant
65 ans [17]. Il s’agit surtout d’une pathologie locorégionale, après injection de produit de contraste.
Reconnaître les lésions périnéales et vaginales 135
Angiomyxome périanal
Il s’agit d’une tumeur mésenchymateuse rare de la femme
jeune, dont le principal risque est la récidive locale. Le
risque de métastase est faible ; son traitement est essen-
tiellement chirurgical, les autres techniques (radiothérapie,
hormonothérapie) sont en cours d’évaluation [20].
Cette tumeur présente un contingent d’allure pseudo-
kystique (hypoéchogène à l’échographie et en hypersignal
T2 franc en IRM) du fait de plages myxoïdes. Sa croissance
est lente et elle est souvent de taille importante quand elle
devient symptomatique, infiltrant les structures adjacentes.
L’absence de contingent graisseux sur les séquences T1 sans
et avec saturation de graisse permet de la différencier d’un
liposarcome avec lequel elle est fréquemment confondue
même si le diagnostic reste anatomopathologique.
Figure 19. IRM mettant en évidence une cupule intravaginale. A. Cupule (flèche) en hyposignal T1. B. T2 avec niveau liquidien.
Figure 20. Bandelette sous-urétrale ayant migré dans le vaginal. IRM mettant en évidence une empreinte (flèche) en hyposignal T2 dans
la portion inférolatérale gauche du vagin chez une patiente aux antécédents de pose de bandelettes sous-urétrales. A. Séquence sagittale.
B. Séquence axiale.
136 M. Larribe et al.
Figure 21. Lipome de la fosse ischioanale droite. IRM mettant en évidence une masse. A. Hypersignal T1. B. Hyposignal T1 avec saturation
de graisse. C. Pas de rehaussement après injection de produit de contraste dans la fosse ischioanale droite.
présenter de fins septa internes en hyposignal T1, difficiles du radiologue est aussi de faire le bilan d’extension précis
à différencier d’un liposarcome de bas grade [19]. des lésions malignes, en détaillant les rapports de la tumeur
avec les différentes structures anatomiques du périnée.
Infection
La majorité des infections du périnée postérieur sont liées
à une surinfection d’une maladie inflammatoire chronique
Déclaration de liens d’intérêts
de l’intestin (MICI) [19] ; les autres étiologies sont les
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
perforations rectales, les procédures chirurgicales, la pro-
pagation d’une infection cutanée et les traumatismes. Ainsi,
un œdème peut être retrouvé, ou une cellulite caractérisée
par la disparition de la graisse dans les fosses ischioanales, Références
ou un abcès se présentant comme une collection liquidienne
se rehaussant en périphérie responsable d’un hypersignal en [1] Arrada A, Fontaine A, Garibaldi F, Mazet N, Langman B, Cheikh-
diffusion. Khelifa H. IRM du périnée antérieur : anatomie et principales
pathologies. Imag Femme 2013;23:209—21.
[2] Hosseinzadeh K, Heller MT, Houshmand G. Imaging of
Fistules
the female perineum in adults. Radiographics 2012;32(4):
E129—68.
Elles sont fréquemment retrouvées dans le cadre des MICI et
[3] Chaudhari VV, Patel MK, Douek M, Raman SS. MR imaging and
l’IRM est un excellent outil pour les analyser. Le protocole US of female urethral and periurethral disease. Radiographics
doit comporter des séquences T2, STIR, de diffusion et les 2010;30(7):1857—74.
séquences injectées. Le rôle du radiologue est de détecter [4] Ssi-Yan-Kai G, Thubert T, Rivain AL, Prevot S, Deffieux X, de
le trajet fistuleux et de déterminer si la fistule est en phase Laveaucoupet J. Female perineal diseases: spectrum of ima-
inflammatoire ou non, de rechercher des trajets secondaires ging findings. Abdom Imaging 2015;40(7):2690—709.
ou un abcès. Pour cela, il doit s’aider de la classifica- [5] Tan IL, Stoker J, Zwamborn AW, Entius KA, Calame JJ, Lamé-
tion de Parks qui distingue les fistules intersphinctériennes, ris JS. Female pelvic floor: endovaginal MR imaging of normal
les fistules trans-sphinctériennes, les fistules suprasphincté- anatomy. Radiology 1998;206(3):777—83.
[6] Schaer GN, Koechli OR, Schuessler B, Haller U. Perineal ultra-
riennes et les fistules extrasphinctériennes [19].
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Conclusion Goldman SM. Imaging of urethral disease: a pictorial review.
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En dehors des bilans de la statique pelvienne, le périnée [8] Ryu J, Kim B. MR imaging of the male and female urethra.
est une zone fréquemment oubliée en imagerie. Pourtant Radiographics 2001;21(5):1169—85.
la plupart de ses pathologies (comme les lésions kystiques) [9] Eilber KS, Raz S. Benign cystic lesions of the vagina: a literature
sont de diagnostic et de traitement faciles à réaliser. Le rôle review. J Urol 2003;170(3):717—22.
Reconnaître les lésions périnéales et vaginales 137
[10] Basoglu M, Ozbey I, Atamanalp SS, Yildirgan MI, Aydinli B, [16] Baker KS, Barish M. Inadvertent intravesicular placement of a
Polat O, et al. Management of Fournier’s gangrene: review of vaginal contraceptive ring: a case report and review of litera-
45 cases. Surg Today 2007;37(7):558—63. ture. J Radiol Case Rep 2014;8(12):22—8.
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2015;292(6):1295—9. trointest Surg 2009;13(7):1292—8.
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22-year-old woman: case report and literature review. Urol Int BMJ Case Rep 2013:2013 [bcr-2013-008680].
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 138—142
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
MISE AU POINT
a
Département de biologie du cancer, institut Paoli-Calmettes, 232, boulevard
Sainte-Marguerite, 13009 Marseille, France
b
Inserm, U1068, 232, boulevard Sainte-Marguerite, 13009 Marseille, France
c
Aix-Marseille université, 58, boulevard Charles-Livon, 13284 Marseille cedex 07, France
d
CNRS, UMR7258, 232, boulevard Sainte-Marguerite, 13009 Marseille, France
e
Service de sénologie et d’imagerie de la femme, institut Paoli-Calmettes, 232, boulevard
Sainte-Marguerite, 13009 Marseille, France
f
Département de chirurgie oncologique, institut Paoli-Calmettes, 232, boulevard
Sainte-Marguerite, 13009 Marseille, France
g
Service de radiologie, hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France
Reçu le 1er mars 2017 ; reçu sous la forme révisée le 15 mars 2017; accepté le 16 mars 2017
Disponible sur Internet le 28 avril 2017
MOTS CLÉS Résumé Les lésions mammaires à risque ou lésions frontières représentent un panel de lésions
Sein ; hétérogènes dont la prise en charge n’est pas à l’heure actuelle standardisée. Les difficultés
Lésions à risque ; d’interprétation histopathologique de ces entités lésionnelles, le manque d’homogénéité des
Classification résultats de la littérature ainsi que les changements récents de la classification de l’Organisation
mondiale de la santé contribuent à favoriser la prise en charge de ces lésions au cas par cas.
Ainsi, la confrontation multidisciplinaire et particulièrement radioanatomopathologique prend
toute sa valeur afin de ne pas surtraiter les patientes ou au contraire de ne pas sous-estimer le
potentiel d’agressivité des lésions mammaires.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : thomassinj@ipc.unicancer.fr (J. Thomassin-Piana).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.010
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Lésions mammaires à risque : classification actuelle et prise en charge 139
KEYWORDS Summary Breast high-risk lesions are heterogeneous and their clinical management has not
Breast; yet been standardised. Difficulties of histopathological interpretations of these entities, lack
High-risk lesions; of homogeneity of the results in scientific literature and recent changes to the World Health
Classification Organisation classification contribute to personalized management. Thus, multidisciplinary cor-
relation, between radiology and pathology in particular, is of value in order to not overtreat
patients or underestimate the aggressiveness of breast lesions.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Classification des biopsies mammaires de les retrouver associées sur un même fragment biop-
sique, majorant encore le risque de survenue d’un cancer.
La classification européenne des biopsies mammaires dis- Elles regroupent tout d’abord les lésions atypiques sur le
tingue cinq catégories lésionnelles, par analogie à la versant lobulaire, l’hyperplasie lobulaire atypique ancien-
classification selon le Breast Imaging Reporting and Data Sys- nement néoplasie lobulaire de grades 1 et 2 (exemple
tem (BIRADS) de l’American College of Radiology (ACR) [1]. LIN1 et LIN2) et sur le versant canalaire avec les lésions de
métaplasie cylindrique atypique et d’hyperplasie canalaire
Biopsies classées B1 atypique. Cette catégorie comporte également d’autres
lésions dites « à risque » telles que les papillomes, les cica-
Elles correspondent à des prélèvements non concordants trices radiaires et les tumeurs phyllodes et les mucocèles.
dont l’aspect radiologique incite le plus souvent le radio- Ces dernières catégories ne seront pas discutées dans cet
logue à vérifier son ciblage et en fonction à réaliser de article.
nouvelles biopsies.
Biopsies classées B4 et B5
Biopsies classées B2
Elles correspondent à des lésions malignes ; leur distinction
Elles correspondent à l’ensemble des lésions bénignes réside dans la quantité de matériel tumoral observé moins
qui peuvent être en rapport avec le signal radiologique important dans la catégorie B4. Leur prise en charge est
(Tableau 1). Le radiologue valide la concordance des standardisée.
images ; si tel est le cas, l’abstention thérapeutique est
préconisée ; il n’existe pas de recommandations actuelles
de surveillance ; certains auteurs surveillent les patientes Prise en charge des lésions à risque
avec des résultats B2 par un nouvel examen d’imagerie à
1 an avant de reprendre la surveillance habituelle [2]. La prise en charge des lésions classées B3 est à l’heure
actuelle la plus compliquée. La problématique réside tout
Biopsies classées B3 d’abord dans la difficulté diagnostique de ces lésions qui
peut être à l’origine d’un manque de reproductibilité intra-
Elles regroupent l’ensemble des lésions à risque d’être asso- et interobservateur. Les changements récents de termino-
ciées à un cancer de bordure ou de développer un cancer logie des lésions atypiques lobulaires et canalaires et les
du sein ultérieurement. Rarement isolées, il est fréquent données hétérogènes de sous-estimation du risque dans la
Tableau 1 Lésions bénignes du sein B2 selon la classification européenne des biopsies mammaires.
Type de lésion Descriptif
Métaplasie apocrine Canaux tapissés de cellules au cytoplasme éosinophile granuleux, au noyau
central arrondi, nucléolé ayant tendance à se projeter en touffe papillaire
dans la lumière des canaux ; en cas de lésions florides elles peuvent se
traduire par un signal nodulaire en mammographie
Métaplasie cylindrocubique Hernie cytoplasmique des cellules luminales (« snoot apical »)
Adénose sclérosante Hyperplasie des constituants normaux de l’unité terminale ductulolobulaire
disséqué par de la fibrose
Kystes Lésions fréquentes parlantes quand elles dépassent 3 mm et dont le
revêtement peut présenter différents aspects (apocrine, normal. . .)
Hyperplasie canalaire simple Prolifération cellulaire d’aspect désordonné dont les noyaux se chevauchent
et délimitent des courants cellulaires
Fibroadénomes Tumeurs biphasiques constitués en proportion équilibrée d’un contingent
épithélial et d’un contigent stromal
Hyperplasie pseudoangiomateuse Aspect de « fentes vasculaires » dans un stroma hyalin, bordées de cellules
du stroma (PASH) de nature myoépithéliale et non endothéliale
Lésions inflammatoires Telles que la galactophorite ou la mastopathie lymphocytaire
140 J. Thomassin-Piana et al.
Figure 1. Lésions mammaires à risque. Hyperplasie lobulaire atypique : comblement acinaire par de cellules monomorphes arrondies,
discohésives.
littérature participent également à compliquer cette prise traduction radiologique, de lésions d’hyperplasie lobulaire
en charge. atypique sur une biopsie chez une patiente sans antécédents
L’exérèse chirurgicale a été longtemps le traitement personnels ou familiaux de cancer du sein.
de référence de ces lésions. L’heure de la désescalade
thérapeutique fait envisager des alternatives comme la sur-
veillance ou l’exérèse lésionnelle par macrobiopsies. Atypies épithéliales sur le versant canalaire
Nous détaillerons pour chaque entité le risque de sous-
estimation lésionnelle et les différentes modalités de prise Ces lésions regroupent les métaplasies cylindrocubiques
en charge thérapeutique. Celle-ci sera conditionnée systé- atypiques (synonymes : atypies épithéliales planes ou car-
matiquement par le contexte clinique avec notamment les cinome intracanalaire de type crampon) et l’hyperplasie
antécédents personnels et familiaux, l’âge de la patiente, canalaire atypique, anciennement dénommées néoplasie
le contexte radiologique (type d’image, classification ACR, canalaire intraductale (ductal intraepithelial neoplasia
nombre et taille des lésions) et les conditions du prélève- [DIN] 1a et 1b respectivement) dans la classification de l’OMS
ment (exérèse de la totalité de l’image, les difficultés de de 2003.
procédure et la taille de l’aiguille et le nombre de carottes
prélevées).
À l’heure actuelle en cas de découverte d’une lésion à Métaplasie cylindrique atypique
risque sur un signal de type masse, une exérèse systématique Le point d’appel des lésions de métaplasie cylindrocubique
par macrobiopsie ou chirurgie est recommandée. atypique est majoritairement des microcalcifications. Leur
En cas de microcalcifications, des alternatives peuvent incidence est très faible ; rarement isolée, cette lésion
être proposées. s’associe souvent à d’autres lésions à risque, notamment
à de l’hyperplasie canalaire atypique.
Morphologiquement, les canaux sont plus ou moins dis-
Atypies épithéliales sur le versant lobulaire
tendus, à contours rigides et revêtus d’une ou plusieurs
La classification de l’Organisation mondiale de la santé assises de cellules luminales cylindriques avec atypies
(OMS) de 2012 distingue les hyperplasies lobulaires aty- nucléaires généralement de bas grade (Fig. 2).
piques et les carcinomes lobulaires in situ ; la terminologie À l’heure actuelle, l’exérèse chirurgicale de ces lésions
de néoplasie lobulaire longtemps utilisée (lobular intraepi- reste un standard thérapeutique ; néanmoins, chez des
thelial neoplasia [LIN]) ayant disparu. patientes sans antécédents personnels ou familiaux, en
L’hyperplasie lobulaire atypique (exemple LIN1 et LIN2) cas de foyers de microcalcifications de moins de 10 mm
est le plus souvent de découverte fortuite sur biopsie sans réséqués en totalité, certaines équipes recommandent une
traduction clinique ou radiologique. Son incidence varie de surveillance [7,8].
0,5 à 4 % des biopsies. Elle est définie par une prolifération
de cellules monotones, discohésives comblant les acini avec
atteinte de moins de 50 % des lobules d’une unité terminale Hyperplasie canalaire atypique
(Fig. 1). Le diagnostic histologique de cette lésion repose sur des
Le risque de survenue d’un cancer varie selon les études critères architecturaux et cytologiques. Ces lésions sont
de 8 à 46 %. Ce grand écart peut en partie être expliqué définies en effet par une prolifération cellulaire cribriforme
par le fait que les différentes études de la littérature ont ou micropapillaire, avec une polarisation cellulaire autour
utilisé la terminologie de néoplasie lobulaire in situ (LIN) des cavités et le long des axes micropapillaires (Fig. 3). Les
sans distinction des grades 1, 2 et 3 [3—5]. cellules présentent des atypies de bas grade avec un aspect
Les études plus récentes rapportant que le taux de monotone et uniforme. Elles possèdent un cadre cytoplas-
sous-estimation des lésions de type LIN est essentiellement mique plus net et mieux visible (« rigidité cellulaire »).
corrélé avec la bonne concordance radio-histoclinique du Ces lésions présentent un aspect identique au carcinome
dossier [6]. intracanalaire de bas grade ; le seuil d’extension pour bas-
À l’heure actuelle, il peut être proposé une absten- culer d’un diagnostic à l’autre se situe à 2 mm selon la
tion thérapeutique en cas de découverte fortuite, sans classification de l’OMS de 2012.
Lésions mammaires à risque : classification actuelle et prise en charge 141
Figure 2. Lésions mammaires à risque. Métaplasie cylindrocubique atypique : canaux distendus bordés de cellules présentant une hernie
apicale cytoplasmique et des atypies.
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Reçu le 12 février 2017 ; reçu sous la forme révisée le 13 mars 2017; accepté le 13 mars 2017
Disponible sur Internet le 28 avril 2017
MOTS CLÉS Résumé Le pronostic du cancer du sein est lié à son profil immunohistochimique et à son
Cancer du sein ; stade au diagnostic. Le radiologue joue un rôle essentiel dans la prise en charge du cancer du
Mammographie ; sein car il occupe une place déterminante dans la stratégie thérapeutique. L’objectif de ce
Échographie ; travail est de revoir le bilan d’extension du cancer du sein pour ne pas sous-estimer le stade
IRM ; lésionnel, et pour réaliser un bilan le plus complet possible. Le bilan d’extension général ne
Lésion additionnelle ; sera pas détaillé.
Bilan extension © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary Prognosis of breast cancer depends on the immunohistochemical profile and its
Breast cancer; stage at the initial diagnosis. The radiologist plays an essential role in the management of
Mammography; breast cancer because of the decisive role in treatment strategy. The objective of this work is
Ultrasound; to review the imaging needed to stage breast cancer and not to underestimate the lesion, and
MRI; to perform a complete imaging. The general extension report will not be detailed here.
Local extent; © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Additional tumour
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : aureliejalaguier@gmail.com (A. Jalaguier-Coudray).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.007
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
144 M. Poncet et al.
Figure 1. Clichés mammographiques agrandis : a : de face ; b : de profil. La plage de calcifications est mesurée avec deux axes : transverse
(a, flèche pointillée) et hauteur (b, flèche pointillée).
Figure 2. Clichés mammographiques : a : standard ; b : agrandissement × 1,8. La taille du foyer de calcifications est sous-estimée sur le
cliché standard.
Bilan d’extension du cancer du sein : ne rien rater, ne pas surestimer 145
Figure 3. Clichés échographiques mesurant une lésion mammaire ACR6 : a : coupe échographique transverse ; b : coupe échographique
sagittale ; c : coupe échographique du plus grand axe.
Figure 5. Coupe échographique mammaire permettant d’aligner deux lésions ACR6 et de mesurer la distance du bord interne à bord
interne (caliper 1) et du bord externe à bord externe (caliper 2).
Figure 6. Coupes d’IRM mammaire axiales en T1, avec saturation de la graisse, après injection de gadolinium : a : lésion ACR6 connue ;
b : lésions additionnelles multiples ACR4 indiquant de réaliser des biopsies complémentaires de façon stratégique.
Bilan d’extension du cancer du sein : ne rien rater, ne pas surestimer 147
Figure 7. Coupes échographiques mammaires : a : ganglion au cortex épaissi focalement de plus de 3 mm ; b : ganglion au cortex épaissi
diffusément de plus de 3 mm ; c : ganglion de forme arrondie ; d : ganglion avec disparition du hile graisseux ; e : ganglion aux contours
irréguliers.
lésion biopsiée sous échographie ou sous mammographie et de 3 mm et des contours irréguliers (Fig. 7). La présence
la lésion vue en IRM [11]. d’un de ces signes nécessite une preuve histologique. Une
En l’absence de traduction échographique ou mammo- microbiopsie ou une cytoponction ganglionnaire doivent être
graphique de la masse ou du rehaussement non masse réalisées [16]. Lorsque l’IRM est réalisée, le radiologue doit
additionnel, une macrobiopsie sous IRM doit être réalisée. décrire les ganglions suspects et leur localisation précise. La
L’angiomammographie est une alternative à l’IRM, notam- morphologie tumorale décrite en échographie est retrouvée
ment en cas de contre-indication à l’IRM. Elle est plus facile de façon identique en IRM.
de lecture pour le chirurgien. Sa spécificité est supérieure
à l’IRM avec une sensibilité équivalente ou légèrement infé-
rieure [13]. Conclusion
Toutes les lésions additionnelles classées ACR3, ACR4,
ACR5 doivent être prouvées histologiquement avant de Le bilan d’extension local et régional d’un cancer du sein
modifier la prise en charge. comprend la mammographie, l’échographie et selon les indi-
cations l’IRM ou l’angiomammographie. Le bilan permet de
préciser la taille tumorale et de détecter d’éventuelles
Bilan régional lésions additionnelles. Toutes les lésions additionnelles
classées ACR3, ACR4, ACR5 doivent être prouvées histolo-
Le radiologue doit systématiquement réaliser un bilan des giquement avant de modifier la prise en charge. Ce bilan
aires ganglionnaires axillaires sous- et sus-claviculaires [14]. précis permet de ne pas sous-estimer ou surestimer la lésion.
En effet, la mise en évidence d’un ganglion envahi, positif
en histologie indique de réaliser une chimiothérapie complé-
mentaire. L’examen clinique est peu performant pour la Déclaration de liens d’intérêts
détection de ganglions envahis. Une échographie doit être
systématiquement réalisée au niveau de la région axil- Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
laire [15]. La mise en évidence de ganglion envahi dans
le creux axillaire nécessite de rechercher des ganglions en
sous-claviculaires puis en sus-claviculaires. Les ganglions
intramammaires doivent être systématiquement recherchés
Références
en échographie, notamment en cas de lésion mammaire [1] Thomassin-Naggara I, Tardivon A, Chopier J. Standardized diag-
localement avancée, en cas de lésion des quadrants internes nosis and reporting of breast cancer. Diagn Interv Imaging
et de lésion profonde. 2014;95(7—8):759—66.
Les signes échographiques devant faire évoquer un gan- [2] Chopier J, Roedlich MN, Mathelin C. Imagerie mammaire du
glion suspect sont : une forme arrondie, une perte du hile syndrome de masse, distorsion architecturale et asymétrie :
graisseux, une hypervascularisation périphérique au dop- recommandations pour la pratique clinique. J Gynecol Obstet
pler, un cortex épaissi de façon focale ou diffuse de plus Biol Reprod (Paris) 2015;44(10):947—59.
148 M. Poncet et al.
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 149—151
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MISE AU POINT
Karen Kinkel
MOTS CLÉS Résumé Cet article fait le point sur les résultats publiés des études comparant les protocoles
IRM mammaire ; d’IRM mammaire long intégrant toutes les séquences susceptibles d’aider à l’interprétation
Protocole abrégé ; avec un protocole court réduit aux séquences minimales pour la détection et caractérisation
Dépistage des lésions mammaires.
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KEYWORDS Summary This review summarizes published studies comparing long with abbreviated MRI
Breast MRI; protocols of the breast in detecting and characterizing breast lesions.
Abbreviated © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
protocol;
Screening
Introduction
L’IRM du sein est la modalité d’imagerie la plus sensible pour la détection du cancer du sein
[1]. Son utilisation comme examen de dépistage est limitée aux personnes à haut risque
familial en raison de son coût élevé par rapport à la mammographie et l’échographie mam-
maire. Pour diminuer son coût, plusieurs équipes ont entrepris des études comparatives
dont le but était de raccourcir la durée du protocole d’IRM et de rendre l’IRM accessible à
un plus grand nombre de femmes, par exemple celles dont le risque familial lié au cancer du
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.004
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
150 K. Kinkel
sein était intermédiaire ou celles avec des seins denses. passant de l’information cinétique. Les résultats de ces
La spécificité de l’IRM doit rester élevée pour éviter études n’ont montré aucune différence en termes de sen-
d’augmenter les coûts liés à la résolution des découvertes sibilité de détection de cancer ou de spécificité entre le
IRM bénignes. En effet, chaque anomalie identifiée d’abord protocole court décrit ci-dessus et le protocole long.
à l’IRM et classée au moins 3 selon le Breast Imaging- Dans l’étude de Kuhl et al., le protocole court de 3 min
Reporting and Data System (BI-RADS) fait déclencher une consistait en une seule séquence avant et après injection
série d’examens, tels que l’échographie et/ou la mammo- avec soustraction et MIP, alors que le protocole long de
graphie de seconde intention, la biopsie mammaire, le suivi 17 min utilisait un total de cinq temps après injection, une
rapproché par IRM ou la réalisation d’une biopsie sous gui- séquence axiale pondérée T2 et une séquence coronale pon-
dage IRM. Le choix des séquences d’IRM a un effet direct dérée T1 tardive [4]. Le protocole court mesurait également
sur la sensibilité et la spécificité. Un protocole classique le temps de lecture de la MIP, en moyenne 2,8 s, lu en pre-
long consiste dans l’association d’une séquence pondérée mier pour savoir s’il y avait une lésion, et le temps de
T2, suivi d’une séquence pondérée T1, une fois avant et lecture complète de la première soustraction, en moyenne
plusieurs fois après l’injection de produit de contraste. Ce 28 s, incluant la détermination du grade selon le BI-RADS. Le
protocole long peut en outre rajouter des séquences de dif- temps de lecture du protocole complet n’était pas enregis-
fusion à plusieurs B. Le post-processing est fait a posteriori tré. La population étudiée correspondait pour la moitié à des
et consiste à obtenir au moins une image de maximum inten- femmes avec cancer du sein et pour lesquelles le dépistage
sity projection (MIP). L’interprétation a besoin de critères se portait sur le sein controlatéral. Un quart des patientes
morphologiques fournis par la première séquence après avait des seins denses et un autre quart représentait des
injection et la séquence T2. La répétition des séquences femmes à risque familial intermédiaire. La faible spécificité
dynamiques permet de disposer d’un critère cinétique sup- d’environ 24 % pour les deux protocoles était liée au fait que
plémentaire transformé selon le BI-RADS en courbe de les papillomes, les lésions d’hyperplasie canalaire atypique
types 1, 2 ou 3, ce qui facilite la discrimination entre lésion ou cancers lobulaires in situ étaient considérés comme des
bénigne et maligne [2,3]. lésions bénignes et donc comme des résultats faussement
Cet article fait le point sur les résultats publiés des études positifs.
comparant les protocoles d’IRM mammaire longs intégrant Dans l’étude de Grimm et al., le temps d’interprétation
toutes les séquences susceptibles d’aider à l’interprétation entre le protocole court d’environ 3 min était similaire à
avec un protocole court réduit aux séquences minimales. celui du protocole long de 3 min 30 s [5]. Des réductions
significatives dans le temps d’interprétation étaient obte-
nues par le protocole court aussi bien dans l’étude de Harvey
Les différentes études ayant comparé les et al., passant de 6,43 à 1,55 min, que dans l’étude de
protocoles longs et courts en IRM Moschetta et al., passant de 6 à 2 min [6,7].
mammaire Deux autres études new-yorkaises ont étudié les pro-
tocoles courts dans le cadre exclusif du bilan d’extension
La première étude qui s’est intéressée au protocole IRM d’un cancer du sein [8,9]. Elles ont confirmé l’équivalence
court comme technique de dépistage du cancer du sein est des protocoles longs et courts en termes de détection
celle de l’équipe du Pr Christiane Kuhl en Allemagne, suivie des tumeurs avec une aide supplémentaire de la séquence
de trois autres études, dont deux réalisées aux États-Unis T2 pour améliorer la mesure de la taille tumorale. L’étude de
et une en Italie [4—7]. Le Tableau 1 résume les résultats en Mango et al. a rapporté que parmi les huit cancers non détec-
termes de sensibilité et spécificité de ces études (auteur, tés par le protocole court, l’histologie était une tumeur in
année, nombre de patientes, nombre de cancers, sensibi- situ d’une taille moyenne de 1,6 cm dans cinq cas, un cancer
lité et spécificité de ces études, temps machine, temps lobulaire invasif de 1,2 cm et deux cancers canalaires inva-
d’interprétation des protocoles courts et longs). Le principe sifs de moins de 1 cm. L’étude s’est également intéressée
de tous les protocoles courts est d’éviter l’acquisition dyna- dans la variabilité interobservateur. Deux radiologues sur
mique de multiples temps de mesure quantitative de signal quatre n’ont pas localisé une tumeur en raison d’un arté-
des lésions mammaires au profit d’une seule séquence après fact de clip au site de biopsie ou parce qu’ils ont confondu
injection intraveineuse de produit de contraste à un temps un ganglion avec la tumeur primitive.
entre 90 et 140 s et la création d’une MIP. Ce type de pro- Une approche ultrarapide a été proposée par l’équipe
tocole sans séquence T2 ni diffusion privilégie l’information hollandaise de Mann qui a montré la supériorité d’une
morphologique d’une seule séquence après injection en se séquence angiographique de type Twist (Siemens) ou 4D
Tableau 1 Études comparant un protocole d’IRM mammaire long avec un protocole d’IRM mammaire court.
Étude Nombre de patientes/de cancers Protocole court Protocole long
Sensibilité—spécificité Sensibilité—spécificité
Kuhl et al., 2014 [4] 443/11 100—94,3 100—93,9
Grimm et al., 2015 [5] 48/12 86—52 95—52
Harvey et al., 2016 [6] 505/7 100—x 100—x
Moschetta et al., 2016 [7] 470/75 89—91 92—92
Mango et al., 2015 [8] 100/100 92—100a —x 100—x
Heacock et al., 2016 [9] 107/107 97,8—x 99,4—x
x : non fourni ou non calculable.
a Selon le radiologue.
Protocole abrégé en IRM mammaire : erreur ou certitude ? 151
Track (Philips) adapté au sein par rapport aux séquences des cancers du sein. Cette approche devrait permettre une
dynamiques classiques qui reposent sur les courbes dyna- réévaluation du coût de l’examen pour pouvoir étendre son
miques proposées dans le BI-RADS [10]. En effet, une utilisation en tant qu’examen de dépistage dans une popu-
séquence angiographique profite d’une acquisition tridimen- lation à risque intermédiaire. Une étude coût—efficacité
sionelle, des informations morphologiques et d’une analyse permettrait de déterminer des valeurs seuils du prix de
vasculaire rapide toutes les 4 s, produisant une courbe ultra- l’examen pour un risque intermédiaire de 15 à 20 % de déve-
rapide des prises de contraste d’une lésion mammaire. Cette lopper un cancer du sein dans sa vie.
technique est basée sur une division concentrique du plan
de Fourier où les informations centrales, correspondant au
signal et au contraste, sont lues de manière plus fréquente Déclaration de liens d’intérêts
que les informations périphériques qui sont partagées entre
les acquisitions successives. La résolution temporelle est L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
définie par la fréquence de codage de la zone centrale. Elle
dépend du TR, du nombre de coupes et de la matrice dans le
sens de la phase. La séquence débute par l’acquisition d’un Références
masque correspondant à la « séquence précontraste » qui
se poursuit par l’acquisition « postcontraste » dans la même [1] Berg WA, Zhang Z, Lehrer D, Jong RA, Pisano ED, Barr RG,
séquence. Cela nécessite un retard d’injection du produit et al. Detection of breast cancer with addition of annual
screening ultrasound or a single screening MRI to mammo-
de contraste pour éviter de contaminer l’acquisition du
graphy in women with elevated breast cancer risk. JAMA
masque. Ce retard dépend de la durée du masque, du temps
2012;307(13):1394—404.
d’injection et du temps d’arrivée du produit de contraste [2] Kinkel K, Helbich TH, Esserman LJ, Barclay J, Schwerin
dans le sein. Dans l’étude de Mann et al., le masque dure EH, Sickles EA, et al. Dynamic high-spatial-resolution MR
17 s et la résolution temporale des 20 points post-contraste imaging of suspicious breast lesions: diagnostic criteria and
successifs de 4,3 s, pour une durée totale de la séquence de interobserver variability. AJR Am J Roentgenol 2000;175(1):
102 s. Avec ce type de séquence, c’est la mesure de la pente 35—43.
maximale de rehaussement qui avait la courbe ROC la plus [3] Kuhl CK, Mielcareck P, Klaschik S, Leutner C, Wardelmann
élevée (Az 83, contre une Az de 69 selon le BI-RADS) donnant E, Gieseke J, et al. Dynamic breast MR imaging: are signal
une sensibilité de 90 %, une spécificité de 67 % si une pente intensity time course data useful for differential diagnosis of
enhancing lesions? Radiology 1999;211(1):101—10.
de rehaussement maximal supérieur à 6,4 %/s était utilisé
[4] Kuhl CK, Schrading S, Strobel K, Schild HH, Hilgers RD, Bie-
comme seuil pour une lésion maligne.
ling HB. Abbreviated breast magnetic resonance imaging (MRI):
Dans un monde régi par le rapport coût—efficacité le first postcontrast subtracted images and maximum-intensity
plus optimal, l’utilisation de l’IRM mammaire comme exa- projection-a novel approach to breast cancer screening with
men de dépistage dépend, d’une part, du coût de l’examen MRI. J Clin Oncol 2014;32(22):2304—10.
et, d’autre part, de l’incidence du cancer du sein. Si le [5] Grimm LJ, Soo MS, Yoon S, Kim C, Ghate SV, Johnson KS. Abbre-
coût d’une IRM mammaire à protocole court devient accep- viated screening protocol for breast MRI: a feasibility study.
table pour une population à risque intermédiaire, d’autres Acad Radiol 2015;22(9):1157—62.
inconvénients devront être expliqués aux patientes : par [6] Harvey SC, Di Carlo PA, Lee B, Obadina E, Sippo D, Mul-
rapport au dépistage classique par mammographie et écho- len L. An abbreviated protocol for high-risk screening breast
MRI saves time and resources. J Am Coll Radiol 2016;13(11S):
graphie s’ajoute l’inconvénient d’une injection de produit
R74—80.
de contraste par voie veineuse et donc la possibilité d’une
[7] Moschetta M, Telegrafo M, Rella L, Stabile Ianora AA, Ange-
réaction allergique. Il faut également penser à exclure une lelli G. Abbreviated combined MR protocol: a new faster
insuffisance rénale en raison du risque de fibrose néphro- strategy for characterizing breast lesions. Clin Breast Cancer
génique. La question de l’incidence et de l’effet clinique 2016;16(3):207—11.
potentiel du dépôt de gadolinium dans les noyaux gris cen- [8] Mango VL, Morris EA, Dershaw D, Abramson A, Fry C, Mos-
traux se pose surtout dans le cadre d’un dépistage IRM kowitz CS, et al. Abbreviated protocol for breast MRI: are
annuel pendant une vingtaine d’année [11]. Par ailleurs, le multiple sequences needed for cancer detection? Eur J Radiol
respect du cycle menstruel peut compliquer l’organisation 2015;84(1):65—70.
du dépistage pour éviter les prises de contraste glandulaires [9] Heacock L, Melsaether AN, Heller SL, Gao Y, Pysarenko KM,
Babb JS, et al. Evaluation of a known breast cancer using
diffuses et intenses en deuxième partie. Un avantage du
an abbreviated breast MRI protocol: correlation of imaging
protocole court est la diminution des douleurs générées par
characteristics and pathology with lesion detection and conspi-
l’appui prolongé du corps sur le sternum et les côtes. Dans cuity. Eur J Radiol 2016;85(4):815—23.
le contexte d’examens IRM répétés, le facteur « confort » [10] Mann RM, Mus RD, van Zelst J, Geppert C, Karssemeijer N,
durant l’examen doit être respecté chez des patientes qui Platel B. A novel approach to contrast-enhanced breast magne-
viennent dans un contexte de dépistage. tic resonance imaging for screening: high-resolution ultrafast
dynamic imaging. Invest Radiol 2014;49(9):579—85.
[11] Semelka RC, Ramalho M, AlObaidy M, Ramalho J. Gadoli-
Conclusion nium in humans: a family of disorders. AJR Am J Roentgenol
2016;207(2):229—33.
Les protocoles d’IRM courts sont aussi efficaces que les
protocoles d’IRM classiques plus longs pour le dépistage
Imagerie de la Femme (2017) 27, 152—164
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Service d’imagerie, centre Antoine-Lacassagne, 33, avenue de Valombrose, 06100 Nice, France
Reçu le 25 janvier 2017 ; reçu sous la forme révisée le 11 mars 2017; accepté le 13 mars 2017
Disponible sur Internet le 12 avril 2017
MOTS CLÉS Résumé Les cancers ratés sont par définition des cancers retrouvés rétrospectivement sur
Cancers ratés ; un bilan d’imagerie antérieur. Ils représentent environ un tiers des cancers d’intervalle dans
Dépistage ; la littérature. Les cancers ratés peuvent être dus à une erreur de détection mais aussi à une
Mammographie ; faute d’interprétation. Les erreurs de détection peuvent résulter d’une faute d’inattention,
Échographie ; d’un manque d’expérience ou d’une technique non rigoureuse. Les erreurs d’interprétation
IRM surviennent généralement pour des cancers se présentant sous forme de lésions pseudobé-
nignes ou lentement évolutives. L’analyse des causes et des caractéristiques des lésions non ou
mal détectées par l’imagerie peut permettre d’améliorer nos pratiques pour la détection des
cancers du sein en imagerie.
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KEYWORDS Summary Missed cancers are by definition cancers found after a previous imaging check up.
Missed breast They represent approximately a third of the interval cancers in the literature. Missed cancers
cancers; can be caused not only by a detection error, but also because of a misleading interpretation.
Screening imaging; Errors of dectection can occur due to a lack of attention, lack of experience or simply because
Mammography; of an inconsistent technique. Misleading interpretations happen mostly for cancers presenting
Ultrasonography; pseudobenign lesions or with slow evolution. The analysis of causes and characteristics for
MRI lesions non-diagnosed or non-detected properly by imaging may improve our practices for the
detection of breast cancer.
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∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : elkind.laura@gmail.com (L. Elkind).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.003
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Cancer du sein raté : apprendre de nos erreurs 153
Introduction
Un cancer raté est par définition un cancer qui est retrouvé
rétrospectivement sur un bilan d’imagerie antérieur où il
n’avait pas été détecté ou mal interprété. Plus d’un tiers
des cancers d’intervalle sont des cancers ratés. Parmi eux,
62 % avaient des signes évidents de malignité sur la mam-
mographie précédente [1].
Les erreurs de détection correspondent aux cancers pré-
sents sur l’imagerie mais non vus par le radiologue ; elles
sont liées à plusieurs facteurs : une insuffisance de tech-
nique, une image subtile, un manque d’expérience ou une
faute d’inattention. L’erreur d’interprétation correspond à
la détection de la lésion par le radiologue, mais à une erreur
d’appréciation de celle-ci puisqu’elle est considérée à tort
comme bénigne ou probablement bénigne.
Une mauvaise technique d’imagerie peut aussi être à
l’origine des cancers ratés.
Nous aborderons les pièges et les limites de l’imagerie
mammaire et les moyens mis en œuvre pour les éviter.
Cancers ratés en mammographie Figure 1. a : sein dense de type C ; cancer du sein non vu en
mammographie ; b : même patiente : la tomosynthèse révèle une
La mammographie est l’examen de référence pour le dépis- opacité spiculée rétroaréolaire (carcinome canalaire infiltrant de
tage du cancer du sein car il s’agit d’un examen à la fois grade II).
sensible et spécifique, facilement disponible, bien toléré par
la population ciblée et dont le coût est acceptable. Elle doit
convergence dus à la superposition des fibres glandulaires
permettre d’identifier une pathologie infraclinique et ainsi
(Fig. 1). Elle permet en outre de diminuer la réalisation
diminuer la morbidité du cancer du sein. Elle est soumise à
de clichés supplémentaires. La tomosynthèse ne remplace
un contrôle de qualité externe et interne et ses conditions
pas l’échographie pour l’exploration des seins denses.
de réalisation technique sont strictes. L’interprétation des
images se fait selon les critères du Breast Imaging-Reporting
and Data System (BI-RADS) [2]. Pour optimiser les perfor- Insuffisance technique
mances de la mammographie, le radiologue doit connaître
les antécédents de la patiente et confronter la mammo- Elle est responsable de 5 % des cancers ratés à la mammo-
graphie à un examen clinique. Il doit également disposer graphie [6]. Le radiologue en est le principal responsable.
des clichés précédents s’ils existent. Il est parfois néces- La qualité des clichés doit être vérifiée. Une dose
saire de compléter la mammographie par d’autres examens insuffisante, des constantes non adaptées peuvent être res-
comme l’échographie, en particulier en cas de seins denses, ponsables d’un cliché techniquement insuffisant (aspect
d’anomalies palpables ou en cas d’anomalie détectée par la « bruité » du cliché), avec une réelle perte de chance.
mammographie. L’IRM peut aussi compléter la mammogra- Le risque de clichés flous existe, aussi bien sur les cli-
phie dans certaines indications ou servir de dépistage chez chés standards que sur les clichés agrandis, quelle que
les patientes à haut risque de cancer du sein [3]. soit la technique d’acquisition. L’analyse des microcalci-
fications en est fortement affectée, pouvant aller de la
Seins denses sous-estimation à la non-détection par annulation du signal
calcique.
La sensibilité de la mammographie est comprise entre 68 et Pour diminuer les erreurs, il est indispensable que le
88 % ; maximale pour les seins graisseux, elle diminue radiologue vérifie avant toute interprétation si les clichés
pour les seins denses à cause de l’effet masquant des tis- respectent les critères de qualités :
sus environnants qui peuvent dissimuler les contours d’une • le bon positionnement du sein est essentiel pour garantir
masse [4]. Les distorsions architecturales sont également l’inclusion de cancers excentrés (inférieurs, supérieurs,
plus difficiles à percevoir. Le risque de cancer d’intervalle postérieurs, latéraux, prolongements axillaires et qua-
est augmenté [5]. drants supéro-internes) ; le mamelon doit toujours être
La spécificité de la mammographie est comprise entre au zénith, l’espace rétroglandulaire le mieux dégagé pos-
82 et 93 %, plus faible lorsque les seins sont denses ou hété- sible et les sillons sous-mammaires bien ouverts. La pointe
rogènes [4]. du pectoral doit arriver au niveau du mamelon sur le cli-
Il existe des moyens pour pallier les insuffisances de la ché en oblique ;
mammographie en cas de seins denses : • il ne faudra pas hésiter en cas de lésion excentrée à effec-
• l’adjonction de l’échographie en complément de la mam- tuer des clichés « tournés » visant à inclure l’anomalie :
mographie permet d’augmenter la détection du cancer par exemple, réaliser une incidence de « Cléopâtre » en
du sein d’au moins 3 ‰, notamment chez les patientes face externe ou l’incidence « de la vallée » en face interne
jeunes de moins de 50 ans avec des seins denses hétéro- (Fig. 2) ;
gènes [1] ; • les microcalcifications doivent être analysées sur des cli-
• la tomosynthèse permet de détecter des images sub- chés supplémentaires agrandis face et profil, en veillant
tiles des seins denses et d’éliminer des phénomènes de impérativement à l’absence de flou ;
154 L. Elkind, C. Chapellier
Figure 2. a—c : mammographies de dépistage. Tumeur excentrée du prolongement axillaire droit non vue sur la face (a et b), mais visible
sur l’incidence Cléopâtre ou face externe tournée (c) ; d et e : aspect en échographie (carcinome canalaire infiltrant de grade I).
• les lésions palpables non perceptibles en mammographie infiltrants), mais aussi la non-perception des cancers
peuvent être recontrôlées après application d’un repère bilatéraux synchrones qui peuvent atteindre jusqu’à 10 %
plombé en regard de l’anomalie ; des cancers [8]. Les récidives sur cicatrices sont plus
• la double lecture du dépistage organisé permet de repé- difficiles à percevoir compte tenu des remaniements
rer les clichés techniquement insuffisants qui doivent être post-thérapeutiques préexistants.
renouvelés. Comment améliorer les erreurs de détection :
• il faut vérifier que les clichés respectent les critères de
Erreur de détection qualité ;
• la comparaison avec les bilans antérieurs, et notamment
Il s’agit d’un cancer présent sur le bilan mais non perçu par sur des clichés anciens est nécessaire pour percevoir des
le radiologue. Cette situation représente jusqu’à un tiers petites modifications évolutives et notamment des ano-
des cancers d’intervalle [6,7]. Les cancers non détectés sont malies subtiles ;
souvent « subtils » : il peut s’agir d’anomalies visibles sur une • la lecture doit se faire en miroir pour mieux percevoir les
seule incidence (jusqu’à 40 % des cancers non perçus dans asymétries de densité et les anomalies visibles sur une
la série de Goergen et al. [7]) (Fig. 3), de petites masses seule vue ;
non spiculées, de cancers à faible densité, d’asymétries de • un cliché de profil permet en cas d’anomalie de recher-
densité évolutives, de petits foyers de microcalcifications cher sa correspondance sur l’autre vue, grâce au principe
ou de distorsions architecturales. de la « triangulation » et de la distance au mamelon qui
Le carcinome lobulaire infiltrant de par son mode de pro- reste la même quel que soit le cliché réalisé (Fig. 4) [6] ;
pagation qui lui est propre (cellules en « files indiennes ») se • en cas de cicatrice, il faut se méfier de la survenue d’une
traduit souvent par des signes subtils en imagerie. Par rap- asymétrie de densité, de microcalcifications ou d’une
port au carcinome canalaire infiltrant, il est souvent moins transformation nodulaire ;
dense, rarement calcifié, peu ou difficilement palpable, à • la double lecture dans le cadre du dépistage organisé
l’origine de distorsion architecturale ou d’asymétrie de den- permet d’augmenter le taux de détection des cancers
sité. En général, il est détecté à un stade plus avancé. Il est de petite taille ou d’images subtiles jusqu’à 15 % [9] et
plus souvent multifocal. rattrape aussi les erreurs d’interprétation ;
Les erreurs de détection concernent aussi la non- • les systèmes d’aide à la détection automatique dis-
perception de la multifocalité qui concerne 15 à 20 % des ponibles sur certains mammographes numériques (CAD)
cancers (plus particulièrement les carcinomes lobulaires permettent aussi d’augmenter le taux de détection des
Cancer du sein raté : apprendre de nos erreurs 155
Figure 3. Exemple d’une erreur de détection en mammographie : a—d : petit cancer subtil visible sur une seule incidence sous forme
d’une asymétrie de densité lentement évolutive du prolongement axillaire droit apparu depuis 2009 et diagnostiqué en 2014 ; e : incidence
de Cléopâtre permettant de dégager la lésion de face au contact du clip ; f : lésion biopsiée sous échographie et mise en place d’un clip.
L’histologie a mis en évidence un adénocarcinome tubuleux de grade I, Ki 67 = 5 %.
Lésions pseudobénignes
Il peut s’agir de cancers se présentant sous forme d’une
masse ronde bien limitée : c’est le cas pour certains sous-
types moléculaires comme les carcinomes triples négatifs
(Fig. 5), les cancers de haut grade par croissance concen-
trique avec absence de réaction stromale en périphérie. Ce
mode de présentation est plus fréquent chez les patientes
qui ont la mutation de BRCA. Certains types histologiques se
présentent sous forme de masses rondes : cancers colloïdes
ou mucineux, cancers médullaires, cancers papillaires,
métastases, lymphomes, sarcomes phyllodes. Dans tous
ces cas, il est nécessaire d’effectuer des clichés localisés,
centrés sur l’anomalie, pour une analyse fine des contours,
qui recherchent une irrégularité non perceptible sur le
Figure 4. Principe de la triangulation : en alignant les mamelons
des différents clichés dans cet ordre (face/oblique/profil), il est cliché standard. Les masses rondes doivent être analysées
possible de relier et de projeter les anomalies existantes sur les par échographie afin d’éliminer un kyste simple et analyser
différentes vues. plus précisément les contours. La tomosynthèse a des
156 L. Elkind, C. Chapellier
Figure 5. Surveillance après une mastectomie du sein droit chez une patiente âgée de 76 ans : a : 2014 sein gauche restant sans anomalie ;
b : 2015 erreur d’interprétation : apparition d’une petite masse para-aréolaire interne, prise pour un ganglion en échographie (c et d) ; e et
f : 2016 : masse stable en mammographie ; g et h : 2016 : échographie en mode harmonique et réglage de la focale : meilleure visualisation
des contours qui apparaissent spiculés. La biopsie a révélé un carcinome canalaire infiltrant de grade III, triple négatif, Ki 67 : 20 %. Des
métastases cérébrales ont été découvertes un an après.
performances équivalentes, voire supérieures, aux clichés [12]. Cela peut concerner aussi les masses, c’est souvent le
localisés pour analyser les contours d’une masse calcifiée cas des cancers invasifs de type luminal A à faible index de
[11]. prolifération (faible Ki) (Fig. 3).
Il peut s’agir aussi de cancers à croissance lente donnant Pour éviter les pièges liés aux lésions lentement évolu-
lieu à des stabilités lésionnelles faussement rassurantes. En tives, certaines règles doivent être respectées :
effet, des foyers de microcalcifications malins stables sur • une lésion stable mais de morphologie suspecte doit être
une période de 63 mois ont été décrits dans la littérature biopsiée ; il est utile de disposer des bilans anciens ;
Cancer du sein raté : apprendre de nos erreurs 157
Corrélation radiohistologique
La corrélation entre l’image radiologique et le résultat his-
tologique est essentielle ; elle est de la responsabilité du
radiologue préleveur. En cas de résultat histologique bénin
pour une image suspecte, il faudra savoir évoquer une dis-
cordance et renouveler la biopsie. Après une macrobiopsie
d’un foyer de microcalcifications, il faudra vérifier la pré-
sence de microcalcifications à la fois sur les radiographies
des carottes mais aussi en histologie. Pour les petits foyers,
il est recommandé de mettre en place un clip après le prélè-
vement et de vérifier sa position sur des clichés de contrôle
par une incidence de face et de profil (différés de quelques
jours pour éviter qu’il migre). Pour valider le ciblage, il
faut aussi vérifier si le nombre de microcalcifications a bien
diminué. Le risque de sous-estimation est important pour
les lésions d’hyperplasies épithéliales atypiques et de car-
cinomes canalaires in situ (de l’ordre de 20 %) : dans ces
situations, il est donc recommandé de réaliser de manière
systématique une reprise chirurgicale [13]. En cas de biopsie
sous stéréotaxie de lésions non calcifiées, il faut s’assurer de Figure 6. a : asymétrie de densité visible que sur une seule inci-
la présence d’une masse ou d’une « interface » entre deux dence de mammographie ; b : la tomosynthèse permet de retenir
tissus différents en histologie et du bon ciblage de la lésion l’anomalie : carcinome canalaire infiltrant de grade I.
grâce aux clichés de contrôle post-macrobiopsie (position du
clip/disparition ou diminution de la cible).
3 non calcifiées étant de l’ordre de 100 %, elle permettra
ainsi d’infirmer un doute ou a contrario de réaliser une
Asymétries de densité évolutives biopsie si l’IRM est positive [15].
Les asymétries de densité sont définies par comparaison
avec le côté opposé comme une quantité plus importante de
tissu mammaire. Elles correspondent en général à des super- Cancers ratés en échographie
positions de tissus normaux (opacités par « sommation »).
Leurs contours ne sont en général pas convexes et elles L’échographie fait partie intégrante du bilan sénologique
contiennent souvent de la graisse. Elles sont simples ou avec deux rôles importants : la détection et la caractéri-
focales selon qu’elles sont visibles sur un ou deux clichés. sation d’une lésion mammaire. C’est l’examen de première
Leur risque de malignité est faible, elles doivent faire l’objet intention réalisé en cas de masse mammaire palpable. Elle
d’une surveillance rapprochée (anomalies ACR 3). est indispensable afin de caractériser une anomalie dépis-
Leur degré de suspicion s’élève lorsqu’elles s’associent tée par la mammographie. Dans le cadre du dépistage, elle
à des microcalcifications ou à une distorsion architecturale doit être réalisée en cas de densité mammaire élevée où
ou s’il existe une anomalie palpable en regard. son adjonction permet d’améliorer la détection des can-
Elles sont également suspectes quand elles sont « évolu- cers infracliniques avec des taux compris entre 15 et 37 %
tives » : il s’agit des asymétries de densité focales qui sont selon les études [16]. Elle est aussi indiquée en cas de lésion
soit apparues par rapport aux bilans antérieurs, soit en aug- découverte en IRM mammaire et il s’agira la plupart du
mentation : le risque de malignité des asymétries de densité temps d’une échographie ciblée dite de seconde intention.
évolutives peut atteindre 15 % [14].
Lorsque l’asymétrie de densité focale concerne plus d’un Insuffisance technique
quadrant du sein, on parle d’asymétrie de densité globale.
Ces asymétries de densité globales sont suspectes en cas Elle peut être une cause de cancer raté.
d’anomalie palpable en regard (jusqu’à 10 % de cancer). Il faut utiliser des sondes en temps réel, large bande
Comment gérer les asymétries de densité pour éviter les dont la fréquence est comprise entre 7,5 et 20 MHz qui sera
pièges : adaptée en fonction de l’épaisseur du sein et à la région
• la tomosynthèse permet de diminuer les faux positifs liés à explorée.
des asymétries de densité par sommation [10,12] (Fig. 6) ; Il est important de régler de manière optimale les para-
• en cas d’anomalie associée (microcalcifications, dis- mètres de l’échographe : un mauvais réglage du gain, de
torsion architecturale, anomalie palpable) ou en cas la fréquence ou de la focale peut entraîner une erreur
d’asymétrie de densité évolutive, il est recommandé de d’interprétation.
réaliser des prélèvements ciblés : soit sous échographie si La focale doit être placée à la profondeur de la zone
la lésion est visible, soit sous stéréotaxie ou tomosynthèse explorée pour diminuer l’effet de volume partiel et per-
quand cette technique est disponible ; mettre une meilleure caractérisation de la lésion (Fig. 7).
• l’IRM peut être une alternative si la suspicion demeure au L’utilisation du mode harmonique permet d’accentuer les
terme de la triade mammographie/échographie/examen interfaces réelles, d’améliorer la définition des contours et
clinique. La valeur prédictive négative des lésions BI-RADS d’augmenter son contraste par rapport au tissu adjacent. Ce
158 L. Elkind, C. Chapellier
Figure 7. a et b : images échographiques d’une masse profonde, aux contours irréguliers, bien visible ; a : avec une focale à la bonne
profondeur ; b : avec une focale mal positionnée ; c et d : image échographique d’une masse ronde ; d : l’utilisation du mode harmonique
améliore la définition des contours.
mode améliore l’atténuation postérieure ce qui est très utile Certains cancers du sein se présentent sous forme d’une
pour différencier un kyste d’une lésion tissulaire (Fig. 7). masse isoéchogène homogène difficile à détecter (Fig. 8).
Il est primordial d’adapter la compression à la zone Dans ce cas, il faut essayer de chercher l’effet de masse
explorée : pour certaines lésions très superficielles, la réalisé par la lésion sur le tissu adjacent. Il faut balayer
compression modérée permettra de mieux les distinguer, la zone de suspicion dans tous les plans : en cas de réelle
à l’inverse les lésions profondes peuvent être ratées si la lésion, on notera une interface abrupte entre la masse et le
compression est trop faible. Une trop grande compression tissu adjacent. En outre, l’utilisation du mode harmonique
peut entraîner la disparition d’un flux Doppler dans une permet d’améliorer le contraste entre le tissu adjacent et
lésion qui serait visible en l’absence de compression. Il faut la lésion (Fig. 7). Enfin, le radiologue moins vigilant après la
utiliser des vitesses Doppler avec des flux très lents. découverte d’une première lésion suspecte peut rater une
ou plusieurs autres lésions additionnelles, c’est ce que les
Erreur de détection Anglo-Saxons appellent la « satisfaction of search ». Pour
cela, une exploration attentive des autres quadrants du sein
Comme dans les autres modalités, il s’agit d’un cancer pré- mais aussi du sein controlatéral doit toujours être réali-
sent mais non vu par le radiologue. Les sources d’erreur sée à la recherche d’une lésion synchrone homolatérale ou
correspondent aux cancers de petite taille ou isoéchogènes, controlatérale.
aux cancers multiples et aux cancers de localisation périphé-
rique ou profonde (Fig. 8). Cette source d’erreur peut être Erreur de localisation
évitée si l’échographie est réalisée de façon rigoureuse :
certaines parties du sein non explorées par la mammogra- La corrélation entre les anomalies dépistées en mammogra-
phie doivent être impérativement étudiées en échographie : phie et/ou IRM avec les images retrouvées dans un second
il s’agit des zones mammaires périphériques comme les qua- temps en échographie est parfois difficile. Pour cela, des
drants supéro-internes, les sillons sous-mammaires et les règles simples doivent être respectées : l’échographie de
régions sous-claviculaires. Enfin, il faut toujours explorer les seconde intention réalisée après l’IRM nécessite quelques
aires ganglionnaires axillaires dans le cadre du dépistage et prérequis pour ne pas prendre à tort une lésion maligne en
sus- et sous-claviculaires dans le cadre du bilan d’un cancer. IRM pour une lésion bénigne en échographie. Il faut garder
Pour l’analyse des lésions profondes, une bonne compres- à l’esprit que l’échographie est réalisée en décubitus dorsal
sion doit être réalisée (Fig. 7). Pour une exploration alors que l’IRM est réalisé en décubitus ventral, ce qui modi-
adéquate, il faut visualiser l’ensemble de la glande fie certains rapports anatomiques et surtout l’épaisseur du
mammaire jusqu’à la paroi thoracique. Les cancers rétro- sein : la position de la patiente en échographie réduit la dis-
aréolaires peuvent être ratés car cette zone est souvent mal tance entre le tissu glandulaire et la paroi thoracique, alors
ou non explorée : il est recommandé de rajouter une couche que cette distante est majorée en IRM. Il est important de
importante de gel et de béquer la sonde pour ne pas être localiser la lésion par rapport à des repères fixes : mame-
pénalisé par l’ombre acoustique du mamelon. lon, vaisseaux, clip, kyste. Il faut préciser la topographie
Cancer du sein raté : apprendre de nos erreurs 159
Figure 8. Exemple d’une erreur de détection : masse des quadrants supérieurs non vue initialement en mammographie et échographie ;
a—c : IRM, séquences injectées avec saturation mettant en évidence une masse ACR 5 des quadrants supérieurs en limite de champ ; a :
coupe axiale ; b : coronale ; c : coupe sagittale ; d : l’échographie de seconde intention retrouve une masse isoéchogène au parenchyme
mammaire, qui à la biopsie s’est révélée être un adénocarcinome infiltrant de type NST, de grade I, avec composante in situ associée.
Erreur d’interprétation
Le problème principal de l’échographie est son caractère
opérateur-dépendant.
Toute lésion détectée en échographie doit être décrite
selon le BI-RADS en précisant sa forme, son orientation, ses
contours, son interface, son échostructure et la présence ou
non d’un renforcement postérieur. Pour éviter toute erreur
d’interprétation, il faut une étude méticuleuse des contours
à la recherche d’un contour indistincts ou d’une microlo-
bulation qui entraînerait une classification plus péjorative
(ACR 4 ou 5) et donc une biopsie. Il a été montré dans la lit-
térature que la corrélation interobservateur concernant la Figure 9. Premier bilan chez une patiente porteuse de la muta-
tion BRCA1 : a : mammographies montrant une masse de forme
description des contours d’une lésion en échographie selon
ronde ; b : image échographique : masse ronde, aux contours biens
le BI-RADS est mauvaise, notamment pour les petites masses limités, hypoéchogène, homogène, classée ACR 3. La microbiopsie
[17]. a révélé un adénocarcinome de type NST, de grade III, triple négatif.
160 L. Elkind, C. Chapellier
Figure 10. a : échographie mammaire : kyste complexe ; b : Doppler couleur montrant la vascularisation de la partie hyperéchogène.
Les lésions bien limitées, hypoéchogènes, homogènes architecturale (Fig. 12). Ces aspects ne sont pas spéci-
avec cône d’ombre postérieur sont en général bénignes mais fiques ; ils peuvent mimer à tort des lésions mastosiques.
certaines lésions malignes présentent ces caractéristiques L’élastographie peut apporter un argument supplémentaire
et peuvent être négligées à tort car elles miment une lésion de suspicion en cas de dureté élevée.
bénigne. Les carcinomes tubuleux compte tenu de leur caractère
Il faut se méfier des masses complexes (Fig. 10) : une très bien différencié peuvent aussi se présenter sous forme
lésion kystique avec une portion solide présente un risque d’une zone fibreuse très subtile à détecter en échographie.
élevé de malignité [18]. Pour mettre en évidence une portion
tissulaire, il est primordial d’utiliser le mode Doppler afin de Corrélation radiohistologique
rechercher une zone vascularisée.
Les masses hyperéchogènes sont la plupart du temps Comme pour les prélèvements sous stéréotaxie, le radio-
bénignes, mais dans 0,5 % des cas elles sont malignes. Dans logue doit corréler l’image radiologique et le résultat
ce cas, elles sont en général associées à une forme irrégu- donné par l’anatomopathologiste. En cas de lésion classée
lière, un grand axe perpendiculaire au plan cutané et à des ACR 4 fort ou 5 et de résultat histologique bénin, la biopsie
contours non circonscrits [19]. doit être classée en non concordant et doit être réité-
Les lésions stables ou lentement évolutives mais avec des rée. Pour les lésions ACR 4 faible, la concordance doit être
critères suspects en échographie doivent être biopsiées car discutée avec l’anatomopathologiste et ou en réunion de
certains cancers ont une croissance lente (cancers de grade concertation pluridisciplinaire. Comme souligné plus haut,
faible) qui n’est pas perceptible si le radiologue ne compare la mise en place d’un clip peut être indiquée afin de véri-
pas ces résultats aux examens plus anciens (deux, voire trois fier la bonne concordance entre les différentes modalités
ans). d’imagerie.
L’augmentation de taille d’une lésion antérieurement
biopsiée avec des résultats histologiques bénins ne doit pas
toujours être considérée comme bénigne : il faut penser Cancers ratés en IRM
aux erreurs de ciblage ou aux biopsies réalisées avec un
calibre d’aiguille trop faible qui auraient pu sous-estimer L’IRM est l’outil diagnostique présentant la plus forte sensi-
l’anomalie. Il ne faut pas hésiter à réitérer la biopsie en cas bilité dans la détection d’une néoplasie mammaire (entre
de suspicion. 89 % et 100 % selon les études) [22]. Pour que cet exa-
men soit pertinent, il faut utiliser un protocole d’examen
Non masses adapté et standardisé. La description des anomalies doit
être faite selon le BI-RADS tout comme en mammographie
Contrairement à une masse, c’est une lésion qui n’occupe et en échographie. En outre, il faut connaître les pièges de
pas l’espace dans deux plans différents : il s’agit plus fré- l’IRM et notamment garder à l’esprit que certains cancers ne
quemment des cancers in situ et des carcinomes lobulaires se rehaussent pas ou très peu après injection de gadolinium.
invasifs [20].
Les carcinomes canalaires in situ se manifestent le plus
Insuffisance technique
souvent par des microcalcifications en mammographie [21].
En échographie, ils peuvent se présenter sous différentes Elle est responsable d’environ 18 % des cancers non détectés
formes (Fig. 11) : microcalcifications de localisation intra- en IRM [23].
ductale ou au sein d’une masse. Ils peuvent aussi se traduire
uniquement par un épaississement pariétal d’un galacto-
phore. Absence d’injection
Certains carcinomes lobulaires infiltrants se traduisent Avant d’interpréter une IRM mammaire, il faut toujours
seulement par une déformation des contours glandulaires ou s’assurer que l’injection a bien été réalisée, pour cela il
par des zones faiblement hypoéchogènes de désorganisation faut bien vérifier la présence de produit de contraste dans
Cancer du sein raté : apprendre de nos erreurs 161
Figure 11. Canaux galactophoriques pathologiques : a et b : galactophore à contenu hyperéchogéne, vascularisé en Doppler énergie ; c :
canal galactophorique dilaté et irrégulier au contact d’une masse ; d : microcalcifications au sein d’un canal dilaté.
il faut que le sein soit bien maintenu dans l’antenne sans être
comprimé. En effet, la compression du sein peut entraîner
une réduction du rehaussement.
Figure 13. Exemple d’artéfact de mouvement : IRM mammaire réalisée dans le cadre du bilan d’extension d’une récidive mammaire
gauche rétroaréolaire ; a : séquences de soustraction non interprétables : présence d’artéfacts en lien avec les mouvements de la patiente
entre les séquences non injectées et l’injection ; b : l’interprétion sur les séquences natives avec injection permet de détecter la lésion.
cycle menstruel. En cas de rehaussement matriciel impor- hormonale ou une pathologie inflammatoire mais aussi une
tant, il faudra surtout étudier la première soustraction afin lésion néoplasique (de type cancer in situ ou cancer lobulaire
de mieux détecter un rehaussement précoce par rapport aux invasif). L’interprétation de la courbe de rehaussement n’est
tissus adjacents, qui sera considéré comme suspect. pas fiable dans les rehaussements non masse au contraire des
Certains cancers peuvent ne pas être vus par le radio- masses, car ces rehaussements non masse peuvent être la
logue compte tenu de leur localisation : il peut s’agir des traduction de lésions malignes peu vascularisées.
lésions proches d’un vaisseau, en arrière du mamelon ou en En cas de rehaussement non masse unilatéral de distri-
périphérie (Fig. 14). bution canalaire ou segmentaire, il faut évoquer une lésion
suspecte : en effet, en cas de distribution segmentaire la
Erreur d’interprétation valeur prédictive positive de malignité est de 79 % [26] ; il
est donc primordial de réaliser une échographie de seconde
Ces erreurs concernent surtout les lésions se présentant intention pour rechercher soit un canal dilaté ou une zone
avec une morphologie pseudobénigne, les rehaussements hypoéchogène suspecte.
non masse et les foci. Les lésions présentant un rehausse- Il est obligatoire de réaliser des clichés de mammogra-
ment progressif, sans lavage mais de morphologie suspecte phie agrandis centrés sur le territoire du rehaussement non
ne doivent pas être banalisées. masse car un rehaussement non masse de plus de 2 cm asso-
cié à la présence de microcalcifications en mammographie
Rehaussements non masse présente une valeur prédictive positive de malignité de 90 %
Un rehaussement non masse correspond au rehaussement [26].
d’une zone qui n’est pas une masse, ni un foyer (prise
de contraste inférieure à 5 mm), ni une structure vascu-
laire. Par définition, c’est un processus qui n’occupe pas Corrélation radiohistologique
un volume et qui ne peut être repéré sur les séquences non Le taux de faux négatifs des biopsies sous IRM a été peu
injectées. La distinction entre une masse et un rehausse- étudié dans la littérature ; il a été rapporté à 2,5 % dans
ment non masse est essentielle pour s’orienter vers la bonne une étude de Sung et al. en 2012 [27].
gamme diagnostique. Les causes d’échec sont liées à la difficulté d’accessibilité
L’interprétation d’un rehaussement non masse constitue de la cible : les lésions prépectorales, le sillon sous-
souvent une source d’erreur pour le radiologue : Un rehaus- mammaire, les lésions sous-cutanées ou du creux axillaire
sement non masse peut traduire une lésion bénigne, comme peuvent être difficiles à atteindre, de même une épaisseur
des lésions de mastopathies fibrokystiques, une stimulation de sein insuffisante (inférieure ou égale à 2 cm) peut
Figure 14. Bilan d’extension d’une récidive toto-mammaire gauche : a : la tomographie par émission de positons—tomodensitométrie
(TEP—TDM) au (18 F)-fluorodésoxyglucose, confirme la lésion du sein gauche et met en évidence une fixation suspecte de la paroi thoracique ;
b : rétrospectivement en IRM, un rehaussement suspect au sein du muscle, dentelé, antérieur gauche, non décrit initialement est visualisé ;
c : la lésion est retrouvée en échographie et biopsiée, confirmant la métastase musculaire de l’adénocarcinome mammaire.
Cancer du sein raté : apprendre de nos erreurs 163
Figure 15. IRM (séquences de soustraction) : a : lésion des quadrants inférieurs classée ACR 5, occulte en échographie chez une patiente
avec la mutation de BRCA justifiant une macrobiopsie sous IRM ; b : l’imagerie réalisée immédiatement après la biopsie montre la persis-
tance du signal suspect (flèche blanche) en avant de l’hématome (flèche pointillée). Discordance radiohistologique avec un résultat bénin
discordant : une nouvelle macrobiopsie a été réalisée, dont le résultat est en faveur d’un carcinome canalaire infiltrant de grade III.
être un obstacle aux prélèvements. Pour les rares lésions De nombreux outils sont à notre disposition pour diag-
inaccessibles sous guidage IRM, des prélèvements peuvent nostiquer un cancer du sein, mais ils rendent les sources
être réalisés sous scanner. d’erreurs de détection et d’interprétation plus nombreuses.
Contrairement aux biopsies de microcalcifications où des Afin d’être le plus performant possible, le radiologue
radiographies de carottes sont réalisées, il n’est pas possible devra adopter une analyse systématique détaillée :
de vérifier immédiatement la présence du signal patho- • être rigoureux sur la technique réalisée ;
logique dans les prélèvements sous IRM. C’est pourquoi • toujours commencer son examen par la palpation ;
quelques règles doivent être suivies : • comparer les résultats avec des examens antérieurs ;
• un gage de qualité de la biopsie est la disparition du signal • réaliser des clichés agrandis (pour l’analyse des microcal-
de la cible sur le contrôle IRM ; cifications) ;
• dans certains cas, l’apparition d’un hématome pendant • être vigilant devant une image subtile ou une lésion de
la procédure ne permet pas de valider immédiatement la morphologie bénigne ;
balistique du prélèvement : le ciblage peut être aléatoire • tenir compte des données de l’échographie et de l’IRM
avec des prélèvements à côté de la lésion ou une lésion quand ces examens sont indiqués et retenir le critère le
partiellement biopsiée (Fig. 15). Il est important de noter plus péjoratif pour l’analyse des lésions ;
ces difficultés dans le compte rendu de la biopsie ; • interpréter les lésions selon le BI-RADS ;
• un clip doit être mis en place juste après les prélève- • corréler les résultats histologiques aux aspects de
ments ; l’imagerie pour affirmer ou non la concordance des pré-
• en cas de doute sur le ciblage, un contrôle par IRM précoce lèvements ;
doit être réalisé et objectiver la bonne position du clip au • discuter des cas complexes en réunion de concertation
contact de l’anomalie ciblée ; disciplinaire.
• afin de diminuer les erreurs d’interprétation d’un résul-
tat de biopsie faussement rassurante, il faut critiquer
le résultat obtenu : il est primordial d’avoir une bonne Déclaration de liens d’intérêts
corrélation radiopathologique entre le signal de la lésion
biopsiée sous IRM et le résultat histologique : le patholo- Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
giste doit pouvoir confirmer la présence d’une lésion ou
d’une interface entre deux tissus dans les prélèvements
qui lui sont adressés. Références
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 165—178
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MISE AU POINT
Service de radiologie, hôpital Tenon, 58, avenue Gambetta, 75020 Paris, France
Reçu le 24 février 2017 ; reçu sous la forme révisée le 3 mars 2017; accepté le 6 mars 2017
Disponible sur Internet le 11 avril 2017
MOTS CLÉS Résumé La pathologie mammaire est majoritairement bénigne ou en rapport avec des rema-
Pathologie niements lactants. L’anamnèse des signes fonctionnels, l’examen clinique et échographique
mammaire ; sont la base du diagnostic. Les lésions rencontrées sont le plus souvent des anomalies locali-
Imagerie ; sées du sein lactant, des tumeurs bénignes liées à la grossesse ou l’allaitement mais également
Grossesse ; toute la pathologie rencontrée chez la femme au même âge hors de ce contexte. L’échographie
Allaitement est la plus performante pour caractériser les lésions permettant leur classement selon l’atlas
Breast Imaging-Reporting and Data System (BI-RADS) ; des prélèvements et/ou la mammogra-
phie doivent être réalisées au moindre doute. La pathologie maligne est rare mais les signes
cliniques ou en imagerie l’évoquant sont le plus souvent présents.
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KEYWORDS Summary Breast pathology is mainly benign or related to lactational reorganizations. Functio-
nal signs, clinical and ultrasound examination are the basis of the diagnosis. Lesions are most
Breast pathology;
of the time local anomalies of the lactacting breast, benign tumours linked to pregnancy or
Imaging;
breastfeeding, but also all diseases of the breast occurring in women at the same age outside
Pregnancy;
of this context. Ultrasound is the most accurate technique to characterize lesions, allowing
Lactation
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jocelyne.chopier@aphp.fr (J. Chopier).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.03.002
1776-9817/© 2017 Publié par Elsevier Masson SAS.
166 J. Chopier et al.
their classification according to the Breast Imaging-Reporting and Data System (BI-RADS) atlas;
in the slightest doubt biopsy and/or mammography are required. Malignancy is rare but clinical
or imaging evidence is present most of the time, allowing the diagnosis.
© 2017 Published by Elsevier Masson SAS.
Figure 3. Échographie mammaire : aspect normal de l’échostructure glandulaire au troisième trimestre de la grossesse. Lésion pseudo-
nodulaire reliée à des phénomènes sécrétoires localisés.
168 J. Chopier et al.
Figure 8. Échographie mammaire au deuxième trimestre de la grossesse : exploration d’une anomalie de palpation avec mise en évidence
d’une zone focale hypoéchogène circonscrite classée BI-RADS 4A correspondant à la cytoponction à des phénomènes lactants.
Figure 10. Échographie mammaire : kyste simple uniloculaire d’échostructure inhomogène avec de fins échos internes mobiles corres-
pondant à un galactocèle.
170 J. Chopier et al.
Figure 12. Échographie mammaire : kyste complexe avec niveau liquide—liquide se mobilisant aux changements de position correspondant
à un galactocèle évolué.
Imagerie diagnostique en pathologie mammaire du pré- et post-partum 171
Figure 14. a : échographie mammaire bidimensionnelle : masse ovalaire de contours microlobulés hypoéchogène hétérogène de contenu
microkystique classée BI-RADS 4B, correspondant à la biopsie à un adénome lactant ; b : échographie Doppler mammaire : masse hypervas-
cularisée correspondant à la biopsie à un adénome lactant.
Adénome lactant
L’adénome lactant est une tumeur épithéliale bénigne
qui comporte une forte composante glandulaire et un
contingent stromal faible paucicellulaire. Les modifications
morphologiques des cellules glandulaires sont identiques à
celles observées dans les lobules lactants.
Cette tumeur est bien circonscrite mais ne présente pas
de pseudocapsule comme les adénofibromes ; ses contours Figure 15. Échographie Doppler mammaire au premier trimestre
sont microlobulés. Macroscopiquement du lait apparaît à la de grossesse : masse ovalaire de contours non circonscrits isoécho-
coupe d’un adénome lactant. gène hétérogène classée BI-RADS 4B, correspondant à la biopsie à
L’adénome lactant est fréquent, pouvant être rencontré un adénome lactant.
tout au long de la grossesse, mais plus fréquemment durant
le troisième trimestre et la lactation.
Du fait des caractéristiques échographiques variables des
Il peut être symptomatique, c’est une lésion d’origine
adénomes lactants : échostructure hypo-, hétéro-, voire
hormonale. Pour certains auteurs, un adénome tubuleux
hyperéchogène (en rapport avec le contenu protéinacé et
préexisterait et serait le précurseur d’un adénome lactant ;
graisseux des acini), de microlobulations des contours, la
pour d’autres un adénofibrome en serait l’origine. Un autre
lésion est habituellement classée au moins BI-RADS 4B. Dans
mécanisme proposé serait que l’ adénome lactant se déve-
ce cas des prélèvements sont requis : cytoponctions et/ou
lopperait à partir d’une zone focale de transformation de
microbiopsies. Il est fondamental d’informer les cytopatho-
sein lactant [2].
logistes du contexte clinique de grossesse ou d’allaitement
Le signe clinique permettant la découverte d’un adé-
pour leur interprétation [2].
nome lactant est habituellement une masse mobile, de
Néanmoins, considérant que les adénomes lactants
consistance molle, sauf en cas d’infarcissement, qui génère
correspondent à une zone focale de remaniements lactants
alors des douleurs et une fermeté à la palpation. Sa crois-
sance peut être rapide mais sa taille reste habituellement
inférieure à 4 cm.
En échographie les adénomes lactants sont plus longs
que larges, d’échostructure faiblement hypoéchogène, le
plus souvent homogène mais l’étude avec une sonde de
haute fréquence met en évidence un contenu microkys-
tique correspondant à des lobules lactants. Ses contours sont
microlobulés (Fig. 14). Ce signe quasi constant correspond
aux acini distendus par des sécrétions. La présence d’une
fine capsule périphérique est inconstante, surtout en début
de grossesse (Fig. 15) [8].
Un renforcement des ultrasons est observé en postérieur,
en rapport avec le contenu liquidien des acini. Une compres-
sibilité de la masse sous la sonde est constatée dans près de
30 % des cas. Les adénomes lactants sont plus gros en fin
de grossesse et durant la lactation (Fig. 16). Le diagnostic
peut être difficile avec une autre lésion de par ses caracté- Figure 16. Échographie Doppler mammaire durant la lacta-
ristiques en échographie bidimensionnelle, mais également tion : masse ovalaire volumineuse, de contours circonscrits
en Doppler couleur car les adénomes lactants sont hyper- hypoéchogène, homogène, hypervascularisée, classée BI-RADS 4A,
vascularisés (Fig. 14B et 16). correspondant à la biopsie à un adénome lactant.
172 J. Chopier et al.
Adénofibrome et grossesse
L’ adénofibrome est une tumeur bénigne se développant
à partir d’une unité terminale ductolobulaire contenant
une part variable de tissu stromal et d’éléments épithé-
liaux. L’aspect de l’ adénofibrome varie selon la proportion
relative de chacun de ces éléments. Ces données ont Figure 17. Échographie Doppler mammaire au troisième tri-
pour conséquence des aspects échographiques très varia- mestre de grossesse : masse ovalaire de contours non circonscrits,
bles (Fig. 17). Au cours de la grossesse, ils vont subir hypoéchogène, hétérogène, hypervascularisée, classée BI-RADS 4B,
des modifications micro- et macroscopiques liées à leur correspondant à la biopsie à un adénofibrome.
imprégnation hormonale. Théoriquement, un adénofibrome
ne dépasse pas 2 à 3 cm de grand axe et peut subir des Autres lésions bénignes
modifications de taille qui ne doivent pas dépasser 20 %
[9] (Fig. 18), des formes rares d’adénofibrome géant ont D’autres pathologies bénignes de la femme jeune sans carac-
été décrites mesurant de 6 à10 cm. Un infarcissement tère spécifique en imagerie sont diagnostiquées après la
partiel ou total est possible, rencontré surtout pendant réalisation de prélèvement comme des lésions d’adénose
la grossesse. La suspicion clinique d’infarcissement est et plus fréquemment l’hyperplasie pseudoangiomateuse,
évoquée devant le caractère douloureux d’une masse, il car cette pathologie bénigne est sous influence hormonale
n’y a pas de signe spécifique en échographie hormis la (Fig. 21).
modification de l’échostructure d’une lésion connue appa-
raissant plus hypoéchogène (Fig. 19). Des remaniements Cancer du sein et grossesse
inflammatoires sont possibles d’un adénofibrome connu Dans la série publiée récemment portant sur 113 patientes,
(Fig. 20). Les diagnostics différentiels sont alors : galacto- le syndrome de masse est la modalité la plus fréquente de
cèle complexe, abcès ou zone d’infarcissement dans un sein découverte d’un cancer du sein chez une femme jeune et
lactant [8]. enceinte (l’âge moyen au diagnostic est de 33,7 ans) [9]. Une
Figure 18. a : échographie mammaire : masse ovalaire de contours circonscrits hypoéchogène, hétérogène classée BI-RADS 4B, corres-
pondant à la biopsie à un adénofibrome ; b : échographie mammaire chez la même patiente 4 ans plus tard au cours d’une grossesse : masse
ovalaire de contours circonscrits, hypoéchogène, hétérogène, correspondant à la même lésion ayant augmenté de taille, de moins de 20 %
par rapport à la lésion initiale. Classement BI-RADS 2 : pas de prélèvements réalisés.
Imagerie diagnostique en pathologie mammaire du pré- et post-partum 173
Figure 19. Échographie mammaire : douleur mammaire aiguë, localisée en regard d’une masse de forme ovalaire, de contours circonscrits,
macrolobulés, hypoéchogène, avec zone focale hypoéchogène, d’hypoéchogénicité plus marquée, sensible à la pression, correspondant à
l’infarcissement d’un adénofibrome connu ayant augmenté de taille. Classement BI-RADS 3 : suivi clinique et échographique.
Figure 22. a : mammographie incidence de face : masse ovalaire de densité hydrique de contours irréguliers, classée BI-RADS 4C ; b :
échographie mammaire : masse hypoéchogène de contours non circonscrits, microlobulés, hypoéchogène, hétérogène, renforcement des
ultrasons en profondeur, classée BI-RADS 4C, correspondant à la biopsie à un carcinome canalaire invasif triple négatif ; c : échographie
axillaire chez la même patiente mettant en évidence des adénopathies avec augmentation de taille du ganglion, épaississement marqué du
cortex et compression du hile.
En dehors du haut risque de cancer, la mammographie est d’augmentation de taille supérieure à 20 % sur le grand
inutile devant une lésion présumée bénigne cliniquement et axe d’une lésion bénigne connue, une modification iso-
échographiquement (classement BI-RADS inférieur ou égal lée de son échostructure ne le justifie pas [2,10,13—15].
à 4A). Des prélèvements ne seront alors réalisés qu’en cas Les lésions les plus fréquemment rencontrées sont les
Figure 23. a : mammographie incidence axillaire : exploration d’un syndrome de masse chez une femme enceinte ; asymétrie focale de
densité étendue associée à des microcalcifications polymorphes, adénopathie ; classement BI-RADS 5 ; b : échographie mammaire : zone
d’altération échostructurale étendue centrée par des microcalcifications, de contours mal limitées, atténuation postérieure des ultrasons,
classée BI-RADS 5, correspondant à la microbiopsie à un carcinome canalaire infiltrant de grade 2, exprimant les récepteurs hormonaux,
mais pas HER2, Ki-67 20 % ; c : échographie axillaire chez la même patiente mettant en évidence des adénopathies avec augmentation de
taille du ganglion, épaississement marqué du cortex, avec perte du hile graisseux.
Imagerie diagnostique en pathologie mammaire du pré- et post-partum 175
Figure 26. Échographie mammaire en cours de lactation réalisée Figure 27. Échographie mammaire en cours de lactation réalisée
pour explorer un sein inflammatoire : collection en bissac, avec pour sein inflammatoire : état présuppuratif d’une mastite non spé-
abcès de siège sous aréolaire, traitée par antibiotiques et drainage cifique, avec zone focale profonde mal limitée, explorée avec une
percutané. sonde de basse fréquence, correspondant à des zones de liquéfac-
tion. Traitement par antibiotiques.
Figure 28. a : mammographie réalisée au cours du deuxième trimestre de la grossesse devant un sein inflammatoire étendu, sans fièvre,
avec signes de suspicion cliniques (lésion croûteuse du mamelon et rétraction mamelonnaire). Signes non spécifiques de mastite avec
épaississement du plan cutané, asymétrie focale de densité et signes spécifiques en faveur de la malignité, avec plusieurs images de
distorsion et microcalcifications polymorphes ; b : mammographie, cliché d’agrandissement : multiples zones de distorsion et foyer étendu
de microcalcifications polymorphes ; classement BI-RADS 5. La microbiopsie a mis en évidence un carcinome canalaire invasif de grade 3,
n’exprimant pas les récepteurs hormonaux, avec expression de HER2, Ki-67 60 %.
Imagerie diagnostique en pathologie mammaire du pré- et post-partum 177
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 179
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(Chêne-Bougerie - Suisse), Sophie Taïeb (Lille), Patrice Taourel (Montpellier), Isabelle Trop (Montréal)
Imagerie de la Femme (ISSN 1776-9817) 2017 (volume 27), un an : 4 numéros. France : 319 euros (TTC).
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Atypical lobular hyperplasia and lobular carcinoma in situ: Description, radio-histologic correlations
and management
F. Beltjens ............................................................................................................. 181
Reviews
Infiltrating lobular carcinoma of the breast: Epidemiology, natural history, therapeutic principles
M. Espié, S. Bécourt and F. Ledoux ............................................................................... 190
MRI of the breast in patients with invasive lobular carcinoma: Diagnostic aspects, pretherapeutic
evaluation, neoadjuvant endocrine therapy or neoadjuvant chemotherapy evaluation
C. Dratwa, D. Sebbag-Sfez and F. Thibault ..................................................................... 206
Case report
Primary fallopian tube carcinoma in a patient with Crohn’s disease and chronic salpingitis: Role of
local inflammation in tumor pathogenesis?
M. Volondat, M. Chassang, A. Chevallier, G. Baudin, J. Delotte and P. Chevallier ..................... 234
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CORRÉLATION ANATOMO-RADIOLOGIQUE
Françoise Beltjens
MOTS CLÉS Résumé L’hyperplasie lobulaire atypique (HLA) et le carcinome lobulaire in situ (CLIS)
Hyperplasie lobulaire forment un spectre lésionnel caractérisé par une prolifération in situ de cellules non cohé-
atypique ; sives, englobé par le terme de néoplasie lobulaire (NL). La néoplasie lobulaire ne présente pas
Carcinome lobulaire de signal radiologique spécifique et sa découverte sur biopsie nécessite une confrontation radio-
in situ ; pathologique. La néoplasie lobulaire est considérée comme un facteur de risque de développer
Néoplasie lobulaire ; ultérieurement un carcinome invasif et comme un précurseur non obligatoire de carcinome
Sous-estimation ; invasif. Sa prise en charge reste controversée. L’exérèse chirurgicale demeure souvent indi-
Suivi quée, toutefois une abstention chirurgicale peut être proposée en cas d’hyperplasie lobulaire
atypique isolée avec bonne concordance radio-histologique. Dans tous les cas, les patientes
relèvent d’une surveillance spécifique.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.09.006
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
182 F. Beltjens
KEYWORDS Summary Atypical lobular hyperplasia and lobular carcinoma in situ form a lesional spectrum
Atypical lobular characterized by in situ proliferation of non-cohesive cells, encompassed by the term lobular
hyperplasia; neoplasia. Lobular neoplasia does not present specific radiological features and its diagnosis on
Lobular carcinoma in core biopsy requires a radiopathological correlation. Lobular neoplasia is considered both as a
situ; risk factor for further development of invasive carcinoma and as a non-obligate precursor of
Lobular neoplasia; invasive carcinoma. Its management remains controversial. Surgical excision is often indicated,
Upgrade; but surgical abstention can be proposed in case of isolated atypical lobular hyperplasia with
Follow-up radiopathologic concordance. In all cases, the patients are subject to a specific follow-up.
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L’hyperplasie lobulaire atypique et le carcinome lobulaire des atypies nucléaires de haut grade, comparables à celles
in situ sont regroupés sous le terme de néoplasie lobulaire. observées dans le carcinome canalaire in situ de haut grade)
Ce terme désigne l’ensemble du spectre lésionnel caracté- et le carcinome lobulaire in situ avec nécrose (ou LIN3 de
risé par une prolifération épithéliale, in situ, de cellules non type 3, où existe de la nécrose au centre des structures
cohésives, qui trouve son origine au niveau de l’unité termi- atteintes, les atypies nucléaires pouvant être de bas grade
nale ductulolobulaire. La néoplasie lobulaire appartient au ou de haut grade) (Fig. 1).
groupe dit des « lésions frontières » dont la détection est en La néoplasie lobulaire se distingue des proliférations
augmentation, en lien avec la généralisation du programme mammaires in situ de type canalaire par une perte
de dépistage organisé du cancer du sein et l’amélioration d’expression membranaire de la E-cadhérine, protéine
des techniques d’imagerie. La découverte de ces lésions intervenant dans la jonction intercellulaire, résultant d’une
pose le problème de leur prise en charge, sous-tendue par mutation ou inactivation du gène CDH1 et se traduisant donc
le risque de sous-estimation d’une lésion plus péjorative et par une prolifération de cellules non cohésives. Ainsi, en
du suivi à proposer aux patientes concernées. Bien que la immunohistochimie, dans l’hyperplasie lobulaire atypique
conduite à tenir face à ces lésions reste discutée, des recom- et le carcinome lobulaire in situ, les cellules tumorales
mandations sont proposées afin d’en homogénéiser la prise présentent une absence d’expression ou un marquage mem-
en charge. branaire incomplet pour la E-cadhérine (Fig. 1). Ces cellules
présentent également une négativité pour les CK5/6 et
14. Dans l’hyperplasie lobulaire atypique et le carcinome
lobulaire in situ de type classique ou avec nécrose, il
Définition et diagnostic histologique existe une expression forte des récepteurs d’estrogènes
et de la progestérone. Cette expression peut être dimi-
L’hyperplasie lobulaire atypique (HLA) et le carcinome lobu- nuée ou absente dans le carcinome lobulaire in situ de
laire in situ (CLIS), sont donc regroupés sous le terme de type pléomorphe. Une surexpression de HER2 peut parfois
néoplasie lobulaire (NL) (lobular neoplasia), qui désigne être observée dans le carcinome lobulaire in situ de type
l’ensemble des lésions formées par une prolifération in situ pléomorphe.
de cellules monomorphes, dyscohésives, au sein de l’unité
terminale ductulolobulaire et pouvant diffuser sur un mode
pagétoïde aux canaux galactophores de plus gros calibre.
Ces cellules peuvent également coloniser d’autres lésions Données épidémiologiques
telles que foyers d’adénose, cicatrice radiaire, papillome.
La néoplasie lobulaire est retrouvée dans 0,5 à 4 % des biop-
La dernière classification OMS 2012 [1] a retenu une
sies mammaires bénignes, avec une prédominance chez la
séparation binaire entre hyperplasie lobulaire atypique et
femme non ménopausée (âge moyen de 49 ans) [1]. La néo-
carcinome lobulaire in situ de type classique.
plasie lobulaire est une lésion multicentrique chez près de
Le diagnostic de carcinome lobulaire in situ est porté
85 % des patientes et bilatérale dans 30 à 67 % des cas [1].
quand la prolifération comble, distend et déforme la lumière
La néoplasie lobulaire étant, dans la majorité des cas, sans
de plus de 50 % des acini dans un lobule donné. En dessous de
traduction clinique ni radiologique spécifique, son incidence
ce seuil, on parle d’hyperplasie lobulaire atypique (Fig. 1).
exacte dans la population n’est pas connue.
La distinction entre hyperplasie lobulaire atypique et carci-
nome lobulaire in situ repose ainsi sur le degré d’infiltration
des lobules. Dans l’ancienne classification OMS 2003 [2]
était proposé le terme de « LIN » (lobular intraepithe- Circonstances de découvertes et données
lial neoplasia) avec un système à 3 grades, intégrant dans radiologiques
un même continuum lésionnel l’hyperplasie lobulaire aty-
pique et le carcinome lobulaire in situ de type classique (ou La néoplasie lobulaire est en effet plutôt de découverte for-
LIN3 de type 1) et permettant de ne pas qualifier de car- tuite, associée à d’autres lésions responsables d’un signal
cinome des lésions qui ne nécessitent pas d’être traitées radiologique. Elle est ainsi fréquemment retrouvée dans
comme telles. Par contre, les 2 classifications distinguent les prélèvements de foyers de microcalcifications, mais
deux sous-types particuliers de carcinome lobulaire in situ : ces microcalcifications sont retrouvées au sein d’autres
le carcinome lobulaire in situ de type pléomorphe (ancien- lésions telles que foyer d’adénose, métaplasie cylindrique,
nement LIN3 de type 2, dans lequel les cellules présentent mastopathie fibrokystique. . . Une association directe entre
Hyperplasie lobulaire atypique et carcinome lobulaire in situ 183
Figure 1. Aspects histologiques de la néoplasie lobulaire : a : hyperplasie lobulaire atypique : acini partiellement comblés, non distendus,
par une prolifération de cellules monomorphes ; b : carcinome lobulaire in situ classique : acini totalement comblés et très distendus par une
prolifération de cellules monomorphes ; c : carcinome lobulaire in situ : négativité de la E-cadhérine en immunohistochimie ; d : carcinome
lobulaire in situ avec nécrose : prolifération centrée par un foyer de nécrose avec calcification ; e : carcinome lobulaire in situ pléomorphe :
acini comblés par des cellules présentant des atypies nucléaires marquées.
carcinome lobulaire in situ et microcalcifications est, par • lésion type « masse » (31 cas) (Fig. 4) avec sur la biopsie :
contre, retrouvée lorsqu’il existe une nécrose tumorale au fibroadénome, adénose sclérosante, mastopathie fibro-
sein du carcinome lobulaire in situ (carcinome lobulaire kystique, stéatonécrose. . . ;
in situ avec nécrose), donnant alors un aspect mammogra- • signal à l’IRM (Fig. 5), ici lésion avec rehaussement
phique proche de celui du carcinome canalaire in situ. (19 cas) avec sur la biopsie : adénose nodulaire, masto-
Ainsi, comme rapporté par l’étude rétrospective de pathie fibrokystique, métaplasie cylindrique, hyperplasie
Chaudhary et al. [3] portant sur 87 cas de néoplasie lobulaire stromale pseudo-angiomateuse. . . ;
diagnostiqués sur biopsie, le signal incitant à la réalisation • lésion à type de « masse » et calcification (2 cas) avec
d’une biopsie peut-être à type de : sur la biopsie mastopathie fibrokystique et adénose sclé-
• microcalcifications (35 cas/87) (Fig. 2 et 3) avec sur la rosante.
biopsie outre la néoplasie lobulaire : métaplasie cylin-
drique, mastopathie fibrokystique, adénose sclérosante, Au total, 19 des 87 cas de néoplasie lobulaire (21,8 %)
fibroadénome. . . ; présentaient des microcalcifications « focales » au sein des
184 F. Beltjens
Figure 2. Femme de 42 ans, écoulement unipore sanglant gauche en relation avec un papillome rétro-aréolaire (microbiopsies sous
échographie). Découverte d’un amas de microcalcifications sur le versant interne de l’union des quadrants supérieurs : a et b : mammographie
avec agrandissement de face (a) et de profil (b). L’amas de 7 mm (flèches) est formé de microcalcifications essentiellement amorphes,
ACR 4 faible. Macrobiopsies 8G sous stéréotaxie avec pose de clip au décours : hyperplasie lobulaire atypique. L’amas a été entièrement
prélevé. Décision de repérage unique sur le papillome biopsié pour exérèse : papillome sclérosant. Surveillance annuelle prévue pendant
10 ans (en raison des lésions atypiques), puis tous les deux ans dans le cadre du dépistage organisé.
Figure 3. Femme de 70 ans, masse palpable supéro-externe gauche en corrélation avec un carcinome lobulaire infiltrant de 30 mm : a et
b : mammographie de face (a) et de profil (b) : masse spiculée du carcinome. Microcalcifications lâchement regroupées sur 20 mm, situées
à 30 mm plus bas et externe par rapport au carcinome, punctiformes, ACR 4 faible. Macrobiopsie sous stéréotaxie : carcinome lobulaire in
situ/LIN2.
lésions de néoplasie lobulaire. Onze de ces cas avaient bénignes (métaplasie cylindrique, mastopathie fibrokys-
bien été biopsiés pour microcalcifications et renfermaient tique, adénose sclérosante. . .). Dans les 8 autres cas, il n’y
des microcalcifications prédominantes au sein de lésions avait pas de microcalcifications visibles radiologiquement,
Hyperplasie lobulaire atypique et carcinome lobulaire in situ 185
Figure 4. Femme aux antécédents de mastectomie gauche 10 ans auparavant : a et b : mammographie de face (a) et oblique droite
(b) : ACR 2 ; c et d : mammographie de contrôle un an après, face (c) et oblique (d) : apparition de 4 microcalcifications assez épaisses,
difficiles à caractériser, inféro-externes, postérieures (flèche) ; e et f : échographie droite : masse de 5 mm inféro-externe, à bord indistinct,
vascularisée, ACR 4. Biopsie sous échographie : 1 prélèvement 14 G, saignement, arrêt de la procédure, difficulté à voir l’image, mise en
place d’un clip ; g et h : mammographie avec clichés agrandis de face (g) et de profil (h) post-clip 15 jours après le geste : le clip se
projette en regard des 4 microcalcifications. Histologie : hyperplasie lobulaire atypique. Concordance radio-histologique : lésion à risque,
non concordant (non contributif). L’indication de macrobiopsie pour limiter les sous-estimations n’est pas retenue (petit hématome résiduel,
sein de faible volume, non-acceptation de la patiente) et on s’oriente vers une zonectomie après repérage : carcinome canalaire infiltrant
de grade 1.
suggérant que les microcalcifications au sein de la néopla- présence à la mammographie de microcalcifications dans
sie lobulaire seraient plutôt fortuites et possiblement non 30 cas (67 %), de microcalcifications avec « masse » dans
détectables radiologiquement. 8 cas, de « masse » dans 6 cas et d’une distorsion architectu-
Dans une autre série rétrospective publiée par Arpino rale dans 1 cas. Ici, des microcalcifications étaient trouvées
et al. [4] portant sur 45 lésions de néoplasie lobulaire spécifiquement au sein de la néoplasie lobulaire dans 11 des
diagnostiquées sur biopsie, la biopsie était motivée par la cas (28 %).
186 F. Beltjens
Des études réalisées à partir de la Nurses’ health study 22 correspondaient à de l’hyperplasie lobulaire atypique,
ont rapporté des odds ratio (OR) pour le risque de can- 44 à du carcinome lobulaire in situ (pléomorphe exclu) et
cer du sein (in situ ou infiltrant) dans les suites d’une 21 renfermaient les 2 types de lésions. Le taux de sous-
biopsie mammaire bénigne. Celle de Collins et al. [11], réa- estimation était de 3,4 % (95 % CI : 0—10 %), soit 3 cas de
lisée sur la première et la deuxième cohorte (1976—1996 et carcinome lobulaire in situ sur biopsie avec sur l’exérèse
1989—1995), retrouvait un OR de 5,49 (95 % IC : 3,29—9,18) complémentaire 2 carcinomes invasifs de 4 et 6 mm et un
pour les patientes avec hyperplasie lobulaire atypique carcinome canalaire in situ. Parmi ces 3 cas, une patiente
(n = 36), ce risque étant plus élevé quand le diagnostic avait un carcinome infiltrant bilatéral synchrone, une autre
d’hyperplasie lobulaire atypique était réalisé en préméno- un carcinome canalaire in situ controlatéral et la troisième
pause (OR = 7,30 [95 % IC 3,74—14,23]). des lésions d’hyperplasie canalaire atypique multifocales.
Dans l’étude menée à l’Institut Bergonié [6] à partir de En cas de lésions isolées d’hyperplasie lobulaire atypique sur
2833 biopsies chirurgicales diagnostiques, réalisées entre biopsies, il était toutefois retrouvé dans 2 cas des lésions
1975 et 2002 pour des microcalcifications sans lésion pal- de carcinome lobulaire in situ pléomorphe. Il n’était pas
pable, 443 des femmes incluses dans l’étude présentaient retrouvé de lien entre type de biopsie (micro- ou macro-
des atypies épithéliales sans cancer associé, ni antécédent biopsie) et sous-estimation.
de cancer. Elles ont pu bénéficier d’un suivi médian de Une étude rétrospective de Murray et al. [12] ayant
160 mois avec surveillance clinique et mammographique porté sur 80 cas de néoplasie lobulaire diagnostiqués entre
annuelle. Au cours du suivi, 7 femmes avec néoplasie lobu- 2004 et 2009 par micro- ou macro-biopsie, tous opérés, rap-
laire ont développé un carcinome infiltrant (6 canalaire et porte un risque de sous-estimation de 6 %. Sur les 80 cas,
1 lobulaire), dont 5 dans le même sein, après un intervalle 46 correspondaient à du carcinome lobulaire in situ clas-
allant de 4 à 12 ans. La probabilité de développer un can- sique et 34 à de l’hyperplasie lobulaire atypique. Il existait
cer invasif du sein pour les femmes avec atypie épithéliale une concordance radio-histologique pour 90 % (72/80) des
(hyperplasie canalaire atypique et/ou néoplasie lobulaire) biopsies et une discordance pour 10 % (8/80). Le taux de
était de 2,8 % (IC 95 % : 1,4—5,5) à 5 ans et de 5,5 % (IC 95 % : sous-estimation était de 3 % pour les cas concordants (2/72
3,3—9,9) à 10 ans. — un carcinome canalaire in situ et un carcinome canalaire
Il est toutefois intéressant de noter que la majorité de ces infiltrant de 2 mm) et de 38 % pour les cas discordants
études ont inclus des patientes « biopsiées » bien avant l’ère (3/8—2 carcinome canalaire in situ et un carcinome cana-
du dépistage mammographique, donc présentant volontiers laire infiltrant de 16 mm).
des lésions cliniques. D’autre part, les lésions de néopla- Shah-Khan et al. [13] ont publié une étude rétrospective
sie lobulaire peuvent indiquer la présence d’un authentique sur 184 cas de néoplasie lobulaire diagnostiqués sur biopsie
carcinome synchrone, volontiers non visible macroscopique- (dont 77 % par macrobiopsie 9 ou 11G) entre 1993 et 2010,
ment [6], nécessitant donc un large échantillonnage des avec 147 hyperplasies lobulaires atypiques et 37 carcinomes
biopsies chirurgicales. Or dans ces études, l’exhaustivité lobulaires in situ (pléomorphes exclus). Une exérèse chirur-
de l’analyse histologique (nombre moyen de lames exami- gicale avait été réalisée dans 101 cas : 81 cas d’hyperplasie
nées par cas) est faible (de 1 à 5 lames pour 93 % des cas, lobulaire atypique et 20 cas de carcinome lobulaire in situ.
dans l’étude de Page et al. — 3,2 lames en moyenne pour la Le taux de sous-estimation global était de 2 % (2/101), de
cohorte de la Mayo Clinic) ou n’est pas rapportée, pouvant 1,5 % (1/81) pour l’hyperplasie lobulaire atypique et de
être responsable d’une sous-estimation des lésions initia- 5 % (1/20) pour le carcinome lobulaire in situ (p = 0,36).
lement présentes. En revanche, dans l’étude de l’Institut En effet, 1 cas de carcinome lobulaire in situ était associé
Bergonié, les biopsies chirurgicales étaient incluses en tota- sur la pièce d’exérèse à un carcinome lobulaire infiltrant de
lité avec un nombre moyen de lames par biopsie de 26 9 mm et pour 1 cas d’hyperplasie lobulaire atypique avec dis-
(2—180). Les risques de développer un carcinome mammaire cordance radio-histologique, on retrouvait sur l’exérèse un
après un diagnostic de néoplasie lobulaire nécessiteraient carcinome canalaire in situ de bas grade de 4 mm. Pour tous
probablement d’être réévalués à l’ère actuelle du dépis- les autres cas d’hyperplasie lobulaire atypique avec concor-
tage et de l’utilisation de techniques d’imagerie de plus en dance radio-histologique, il n’était pas retrouvé de lésion
plus sophistiquées, en tenant compte de l’exhaustivité de plus péjorative. Concernant les 83 cas surveillés sans exé-
l’analyse histologique. rèse chirurgicale (concordance radio-histologique de 96 %),
1 patiente avec hyperplasie lobulaire atypique a développé
Risque de sous-estimation un carcinome canalaire in situ homolatéral (1/51—2 %) et
3 patientes avec carcinome lobulaire in situ (3/14—21 %)
La découverte de lésions de néoplasie lobulaire sur biopsie ont développé un cancer homolatéral (1 carcinome canalaire
radioguidée pose donc également le problème d’une pos- in situ et 2 infiltrants) au cours du suivi (moyenne de suivi de
sible sous-estimation d’un authentique carcinome associé, 53 mois). Chez les patientes opérées, 1 patiente (1,6 %) avec
non intéressé par l’échantillonnage radiologique. D’assez hyperplasie lobulaire atypique a développé un carcinome
nombreuses séries ont rapporté les taux de sous-estimation lobulaire infiltrant homolatéral au cours du suivi et aucune
de carcinome (carcinome canalaire in situ ou carcinome patiente avec carcinome lobulaire in situ. Sur l’ensemble
invasif) après exérèse chirurgicale complémentaire. La des patientes, 3 avec ALH (2,7 %) et une patiente avec car-
limite de ces études réside souvent dans des effectifs cinome lobulaire in situ (3,8 %) ont présenté un carcinome
de petite taille, dans une possible non prise en compte canalaire infiltrant controlatéral. Le taux de sous-estimation
de discordances radio-histologiques et dans leur caractère en fonction du type de biopsie (9-11G ou 14-18G) n’est pas
majoritairement rétrospectif avec un vraisemblable biais indiqué.
concernant les patientes opérées. Concernant le carcinome lobulaire in situ de type
Chaudhary et al. [3] ont rapporté une série rétrospective pléomorphe, Flanagan et al. [14] se sont intéressés rétros-
de 87 cas de néoplasie lobulaire diagnostiqués entre 2006 et pectivement à 51 cas diagnostiqués entre 2000 et 2014 sur
2011 par micro- ou macro-biopsie, ayant tous fait l’objet biopsie chirurgicale ou radioguidée. Dans 43 % (22/51), le
d’une exérèse chirurgicale complémentaire. Sur les 87 cas, carcinome lobulaire in situ pléomorphe était associé à un
188 F. Beltjens
carcinome lobulaire infiltrant et dans 9,8 % à un carcinome in situ [18], rappellent que sur pièce chirurgicale l’obtention
canalaire in situ. Le carcinome lobulaire in situ pléomorphe de berges saines n’est requise qu’en cas de carcinome lobu-
était isolé dans 47,1 % des cas, dont 3 microbiopsies et laire in situ pléomorphe et/ou avec nécrose. De même,
14 macrobiopsies. L’exérèse chirurgicale de ces 17 cas a en cas de carcinome lobulaire in situ pléomorphe et/ou
retrouvé 5 carcinomes lobulaires infiltrants (29,4 %), 1 carci- avec nécrose une radiothérapie du sein pourra être dis-
nome infiltrant canalaire et lobulaire (5,9 %) et 3 carcinomes cutée [18]. Enfin, l’hyperplasie lobulaire atypique et le
canalaires in situ (17,6 %). carcinome lobulaire in situ font partis, selon les recom-
Dans l’ensemble de la littérature, des taux très varia- mandations 2014 de la Haute Autorité de santé [19], des
bles de sous-estimation, portant parfois sur des séries de lésions à risque élevé relevant d’une surveillance mammo-
toute petite taille, sont rapportés, allant de 0 à 67 % pour graphique annuelle pendant 10 ans, puis tous les 2 ans,
l’hyperplasie lobulaire atypique et de 0 à 60 % pour le carci- jusqu’à l’entrée, ou directement dans le cadre du dépistage
nome lobulaire in situ [15]. Dans une revue récente [16] où organisé.
les auteurs ont pris en compte uniquement les études avec
corrélation radio-histologique attentive, le taux moyen de
sous-estimation était de l’ordre 2 % pour l’ALH et de 10 % Conclusion
pour le carcinome lobulaire in situ.
Le travail de synthèse réalisé par le Collège natio- Hyperplasie lobulaire atypique et carcinome lobulaire in situ
nal des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), forment un spectre lésionnel dont l’histoire naturelle reste
publié en 2015 [17], va dans le même sens. Il retient, en encore imparfaitement connue et dont la prise en charge
cas de diagnostic par macrobiopsie (9-11G), un risque de requiert une confrontation radio-histologique. La partici-
sous-estimation de 1,2 à 3,1 % pour l’hyperplasie lobu- pation à de larges études prospectives et les progrès dans
laire atypique, de 5 à 8,1 % pour le carcinome lobulaire la connaissance des anomalies moléculaires de ces lésions
in situ classique et proche de 50 % pour le carcinome lobu- pourraient permettre d’en avoir dans l’avenir une meilleure
laire in situ pléomorphe et/ou avec nécrose (niveau de compréhension, permettant ainsi de proposer aux patientes
preuve 3 ou 4). la prise en charge la plus appropriée possible.
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1073—9. sante.fr.
Imagerie de la Femme (2017) 27, 190—196
ScienceDirect
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MISE AU POINT
MOTS CLÉS Résumé Le cancer lobulaire infiltrant représente environ 10 % des cancers du sein. Les
Cancer lobulaire patientes se présentent souvent avec un stade plus avancé au diagnostic. Son pronostic est
infiltrant ; cependant sensiblement identique à celui des cancers canalaires infiltrants. Il métastase sou-
Hormonothérapie ; vent au niveau des séreuses et plus particulièrement au niveau péritonéal. L’hormonothérapie
Métastases est le traitement médical de référence.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
péritonéales
KEYWORDS Summary Invasive lobular carcinoma accounts for approximately 10% of all breast cancer
Invasive lobular cases. Patients with ILC are more likely to present more advanced tumor stages. However,
carcinoma; its prognosis is quite similar to the invasive ductal carcinoma one. There is a markedly high
Hormonotherapy; incidence of peritoneal metastases. Endocrine therapy is the medical treatment of reference.
Peritoneal metastasis © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : marc.espie@aphp.fr (M. Espié).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.09.003
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Cancer lobulaire infiltrant 191
Particularités épidémiologiques et
histologiques
Le carcinome lobulaire infiltrant représente environ 4 à 10 %
des cancers du sein [1], son originalité tient, d’une part, à
la difficulté de son diagnostic et, d’autre part, à une dis-
sémination métastatique différente du carcinome canalaire
infiltrant.
L’incidence du carcinome lobulaire infiltrant augmente
et ce, essentiellement chez les femmes ménopausées. Aux
États-Unis, son taux est passé de 9,5 % en 1987 à 15,6 % en
1999 [2]. Le cancer lobulaire infiltrant concerne des femmes
en moyenne plus âgées que le cancer canalaire infiltrant
(3 ans) [3]. Des premières règles précoces sont un facteur
de risque de développer un cancer du sein. Ce paramètre
semble un peu plus net pour les carcinomes lobulaires infil- Figure 1. HES x 100 : cellules disposées en file indienne.
trants que pour les cancers canalaires infiltrants (RR par
année plus jeune respectivement : 1,073 et 1,035) [4]. Il
et al. ont mis en évidence qu’il existait une corrélation entre
a été de même observé un sur-risque plus important avec
les tumeurs de grande taille et un grade élevé [18]. À la
un âge tardif de la ménopause (3,6 % d’augmentation versus
différence des cancers canalaires, les cancers lobulaires de
2,6 % par année pour les cancers canalaires infiltrants). Il
grades I, II ou III expriment tous très majoritairement les
faut noter qu’il existe probablement un lien avec le traite-
récepteurs hormonaux. Ils sont plus fréquemment de grade
ment hormonal estroprogestatif de la ménopause puisqu’il
II et tous les anatomopathologistes ne sont pas d’accord pour
augmente le risque de diagnostic de cette affection par 2 à
les grader [18]. Les cancers lobulaires infiltrants sont donc
3 et donc de manière beaucoup plus importante que pour
majoritairement RE+ et HER2 négatif [15,16]. La surexpres-
le cancer canalaire infiltrant [5,6]. Reeves et al. ont effec-
sion de HER2 est observée dans environ 4 à 6 % des cas
tué une méta-analyse sur le sujet et ont retrouvé un risque
[19]. Elle est plus fréquente en cas de cancers lobulaires
relatif de 2,25 (IC : 2,00—2,52) pour les cancers lobulaires
pléomorphes [20].
et de 1,63 (1,55—1,72) pour les cancers canalaires [7]. Il
Carbognin et al. ont rapporté la valeur du KI67 pour ces
a été également retrouvé un risque potentiellement plus
tumeurs en comparant cancer canalaire infiltrant et carci-
important de survenue de carcinome lobulaire infiltrant :
nome lobulaire infiltrant. Elle a mis en évidence pour la
OR = 2,6 (1—7,1) que de cancer canalaire infiltrant : OR = 1,2
survie sans rechute un cut-off à 4 % pour les carcinomes
(0,8—1,9) en association avec la contraception orale [8]. La
lobulaires infiltrants et à 14 % pour les cancers canalaires
consommation d’alcool pourrait être davantage associée au
infiltrants [21]. Pour les carcinomes lobulaires infiltrants, ce
risque de cancer lobulaire mais toutes les études ne sont
cut-off était également significatif quant à la survie globale
pas concordantes [9,10]. En fonction de l’âge de survenue,
avec une survie globale de 89,9 % versus 79,4 % (p = 0,007) et
le pronostic semble différent. Une série de 43 230 cancers
une survie sans rechute de 77,2 % versus 69,2 % (p = 0,03). Ce
lobulaires infiltrants diagnostiqués entre 2004 et 2011 a per-
travail tend à démontrer que l’étude de la prolifération est
mis de mettre en évidence que les femmes de moins de
également importante pour les carcinomes lobulaires infil-
35 ans et de plus de 70 ans avaient un plus mauvais pronostic
trants, même si le seuil mis en évidence est très bas. Des
que les femmes entre 35 et 70 ans, celles avec le plus mau-
études de confirmation restent nécessaires.
vais pronostic étant celles de plus de 79 ans. Ce pronostic est
Les cancers lobulaires pléomorphes sont sur-représentés
également différent en fonction des récepteurs hormonaux
parmi les cancers du sein métastasés [22]. Il existe éga-
notamment entre 35 et 70 ans. Parmi les patientes avec une
lement des formes mixtes de classification difficile entre
tumeur RE+, RP+, ce sont les femmes entre 40 et 59 ans qui
canalaire et lobulaire. Il est fréquemment observé une perte
ont eu le meilleur pronostic, tandis que pour les tumeurs
de l’expression de l’E-cadhérine au niveau de ces tumeurs
RE− RP+ et RE− RP−, les patientes avaient le même taux
[23]. L’E-cadhérine joue un rôle dans l’adhésion cellulaire
de survie quel que soit leur âge (avant 70 ans) [11].
et pourrait avoir un rôle anti-métastasiant. Cette dérégula-
Le cancer lobulaire infiltrant peut survenir dans un
tion de la E-cadhérine est liée à des altérations génétiques
contexte héréditaire notamment en cas de mutation BRCA2.
au niveau de CDH1 localisé sur le chromosome 16q22.1 [24].
On note en cas de mutation BRCA1 2,2 % de cancers lobu-
Au niveau génétique, il a été mis en évidence par cer-
laires et 8,4 % en cas de mutation BRCA2 [12]. On note
tains une perte du bras long du chromosome 16 [25] mais
une plus grande fréquence de carcinome lobulaire infiltrant
également plus fréquemment une perte de PTEN (loss of
en cas de mutation CDH1 [13] Cette mutation est d’autant
phosphatase and tensin homolog), une activation d’AKT et
plus à rechercher que le carcinome lobulaire infiltrant est
des mutations au niveau de TBX3 et de FOXA1 [26].
bilatéral et survient à un jeune âge [14].
Histologiquement, la forme typique est constituée de
cellules rondes isolées ou disposées en file indienne plus
rarement en plages (Fig. 1). Les cellules sont monomorphes Histoire naturelle, particularités
à noyaux ronds presque dépourvus d’anisocaryose. Le cyto- évolutives
plasme est acidophile peu abondant et est souvent creusé
d’une vacuole de sécrétion PAS ou bleu Alcian positive, À stade initial égal, il ne semble pas y avoir de diffé-
déjetant le noyau en périphérie [15]. Ces cancers sont majo- rence de pronostic entre les cancers lobulaires infiltrants
ritairement de grade 2 mais le grade est tout comme pour et les cancers canalaires infiltrants [27]. Silverstein et al.
les cancers canalaires corrélé avec la survie [16,17]. Bane et Toikkanen retrouvent même, à stade égal, un meilleur
192 M. Espié et al.
pronostic des carcinomes lobulaires infiltrants par rapport également sous-estimé pour ces cancers en raison des
aux cancers canalaires infiltrants à la différence d’autres difficultés diagnostiques et justifie un recours plus fréquent
auteurs [28,29]. à l’immunohistochimie en cas de doute.
Arpino et al. ont comparé rétrospectivement Le carcinome lobulaire infiltrant métastase par voie
4140 patientes atteintes d’un carcinome lobulaire infiltrant hématogène ou par voie lymphatique. Son mode de diffusion
à 45 169 patientes atteintes d’un cancer canalaire infiltrant métastatique est différent de celui des cancers cana-
avec une médiane de suivi de 87 mois [30]. La survie sans laires infiltrants. Le carcinome lobulaire infiltrant donne
rechute à 5 ans et la survie globale ont été identiques plus fréquemment des métastases au niveau du péritoine,
dans les deux groupes respectivement : 87,5 % contre du rétropéritoine [38], des méninges, de l’estomac et du
83,5 % (p = 0,13) et 85,6 % contre 84,1 % (p = 0,64). Les tractus digestif, de la moelle osseuse ainsi qu’au niveau
carcinomes lobulaires infiltrants ont été diagnostiqués chez des organes gynécologiques. On observe moins de méta-
des patientes plus âgées, ils étaient plus volumineux, expri- stases pleuropulmonaires. La fréquence des métastases
maient plus fréquemment les récepteurs des estrogènes osseuses, hépatiques et cérébrales ne semble pas diffé-
et de la progestérone, avaient une phase S plus basse, rente entre ces deux types histologiques même s’il existe
étaient plus fréquemment diploïdes et surexprimaient des différences entre certaines publications [30,39—45].
moins fréquemment, CerbB2, l’EGFR et P53. Les métastases intra-abdominales sont souvent situées à
Silverstein et al. avaient déjà retrouvé que les car- la surface des séreuses, du rétropéritoine ou des ovaires.
cinomes lobulaires infiltrants possédaient davantage de On note parfois un simple épaississement sans masse
récepteurs hormonaux positifs, un grade histologique et nettement individualisable. Les métastases rétropérito-
nucléaire ainsi qu’une phase S plus bas que les cancers cana- néales peuvent entraîner un engainement des uretères
laires infiltrants [28]. Ce qu’avait confirmé Sastre-Garau en [46]. Les métastases au niveau de l’utérus peuvent poser
retrouvant que les carcinomes lobulaires infiltrants étaient un problème diagnostique chez une patiente présen-
plus souvent de grade I ou de grade II faible et RE+ que les tant des métrorragies en effet les cellules cancéreuses
cancers canalaires infiltrants [16]. L’angiogenèse ne sem- sont mêlées aux cellules du stroma endométrial nor-
blait pas avoir de valeur pronostique pour ces tumeurs [31]. mal et peuvent passer inaperçues lors d’un curetage
Pestalozzi et al. ont comparé 767 carcinomes lobulaires [47].
infiltrants à 8607 cancers canalaires infiltrants avec une Le diagnostic de métastases au niveau de l’estomac est
médiane de suivi de 13 ans. Les carcinomes lobulaires infil- également difficile et le diagnostic de linite gastrique peut
trants ont été associés à un âge plus avancé, des tumeurs être porté à tort [48]. L’utilisation d’anticorps monoclonaux
plus volumineuses, mieux différenciées avec moins d’embols anti-GCDFP 15 peut aider au diagnostic. Il faut savoir qu’il
et davantage RE+. Les patientes ont été plus fréquemment existe des récepteurs des œstrogènes au niveau des cancers
traitées par mastectomie. Il a observé une meilleure survie gastriques [49]. Leur présence ne signifie donc pas nécessai-
sans rechute et survie globale à 6 ans (p < 0,01) mais une plus rement l’existence de métastases.
mauvaise que pour les cancers canalaires infiltrants à 10 ans La TEP-TDM a été peu étudiée dans le cadre des can-
(p < 0,01) Les rechutes ont été plus fréquemment osseuses cers lobulaires infiltrants et le taux de captation du 18 FDG
et moins souvent locorégionales ou pulmonaires [32]. est plus faible que pour les cancers canalaires. Le SUV max
Jauffret et al., dans une étude rétrospective multi- est généralement moins élevé [50] d’autres traceurs sont en
centrique de 940 patientes avec un carcinome lobulaire cours d’étude [51].
infiltrant, ont retrouvé que les facteurs qui étaient associés
à un envahissement ganglionnaire étaient un âge de moins
de 65 ans, une taille tumorale de plus de 20 mm et un grade Principes thérapeutiques
II ou III. Les mêmes facteurs étaient associés de manière
statistiquement significative à la survie sans rechute et à la Traitement locorégional
survie globale [33].
Adachi et al. ont retrouvé une survie sans rechute à Pour les tumeurs de petite taille, les auteurs s’accordent à
5 ans de 91,9 % pour les cancers canalaires infiltrants et de penser qu’un traitement conservateur est tout aussi adapté
seulement 88,4 % pour les carcinomes lobulaires infiltrants que pour les cancers canalaires infiltrants (Tableaux 1 et 2).
(p = 0,008) [34]. En termes de survie globale, le pronostic L’association avec des lésions à type de carcinome lobu-
des carcinomes lobulaires infiltrants était également plus laire in situ (CLIS) ne semble pas augmenter le risque de
mauvais : 93,1 % contre 97,6 % pour les cancers canalaires rechute locale et ne doit donc pas remettre en cause la
infiltrants (p = 0,030). En fait, le pronostic des carcinomes possibilité d’un traitement conservateur lorsque celui-ci est
lobulaires infiltrants s’aggrave au fil du temps. envisagé [52,53]. Yeatman et al. ont noté, cependant, que
Des études sont en cours sur la valeur du grade génomique les cancers lobulaires infiltrants nécessitent plus fréquem-
de mammaprint ou d’oncotype DX [35—37]. ment de modifier l’indication thérapeutique initiale que les
Ces tumeurs sont rarement classées dans les groupes à canalaires infiltrants. En effet, dans leur série, il a été
haut risque. Cependant, l’étude de Beumer et al. a mis en nécessaire de modifier l’indication de traitement conser-
évidence une association significative entre un test mam- vateur en mastectomie deux fois plus fréquemment que
maprint élevé et un risque de rechute important y compris pour les cancers canalaires infiltrants en raison des consta-
pour les malades N− avec un hazard ratio à 11,1 (2,3—53) tations anatomopathologiques et de la sous-estimation de la
pour la survie sans métastase à distance [37]. taille initiale de la tumeur [54]. Hussien et al. ont comparé
Les carcinomes lobulaires infiltrants ont donc un pro- rétrospectivement chez 131 patientes les rechutes locales
fil de tumeur lentement évolutive et cependant leur après traitement conservateur et après mastectomie [55].
pronostic n’est pas meilleur que celui des cancers cana- À 8 ans, ils ont observé 42 % de rechutes locales en cas de
laires probablement parce que les cancers lobulaires sont traitement conservateur contre 5 % en cas de mastectomie
diagnostiqués plus tardivement et sont donc plus volu- alors que la mastectomie avait été systématiquement pro-
mineux. L’envahissement ganglionnaire est probablement posée en cas de tumeurs volumineuses. Les rechutes locales
Cancer lobulaire infiltrant 193
traité 61 patientes avec 63 carcinomes lobulaires infiltrants [10] Li CI, Chlebowski RT, Freiberg M, Johnson KC, Kuller L, Lane D,
par du létrozole en néoadjuvant avec une bonne efficacité et al. Alcohol consumption and risk of postmenopausal breast
clinique qui a permis une chirurgie conservatrice dans près cancer by subtype: the women’s health initiative observational
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de 80 % des cas [83].
[11] Liu J, Chen K, Mao K, Su F, Liu Q, Jacobs LK. The prognos-
Comme nous l’avons déjà dit, on observe peu de can-
tic value of age for invasive lobular breast cancer depending
cers lobulaires qui surexpriment HER2 cependant, en cas on estrogen receptor and progesterone receptor-defined sub-
de surexpression, il ne semble pas y avoir de différence types: a NCDB analysis. Oncotarget 2016;7:6063—73.
d’efficacité du trastuzumab entre les cancers canalaires et [12] Mavaddat N, Barrowdale D, Andrulis IL, Domchek SM, Eccles D,
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cancers canalaires infiltrants avec une atteinte plus fré- [16] Sastre-Garau X, Jouve M, Asselain B, Vincent-Salomon A, Beu-
quente des séreuses digestives, de l’estomac, des ovaires et zeboc P, Dorval T, et al. Infiltrating lobular carcinoma of the
des méninges ce qui peut poser le problème de leur mode breast. Clinicopathologic analysis of 975 cases with reference
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pas de celui des cancers canalaires infiltrants. La chimiothé- cer 1996;77:113—20.
rapie néoadjuvante est probablement moins recommandée [17] du Toit RS, Locker AP, Ellis IO, Elston CW, Nicholson RI, Blamey
si la tumeur est opérable et l’hormonothérapie semble un RW. Invasive lobular carcinomas of the breast —– the prognosis
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 197—205
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
ARTICLE ORIGINAL
a
Unité de radio-sénologie, département de radiologie, institut Bergonié, 229, cours de
l’Argonne, 33000 Bordeaux, France
b
Service de radiologie, hôpital européen Georges-Pompidou, AP—HP, 20, rue Leblanc, 75015
Paris, France
MOTS CLÉS Résumé Du fait de leurs caractéristiques histologiques, les carcinomes lobulaires infiltrants
Cancer lobulaire ont des présentations particulières en imagerie conventionnelle. En mammographie, ils se pré-
infiltrant ; sentent souvent sous forme d’images subtiles et ne donnent parfois aucune anomalie visible.
Mammographie ; L’échographie est donc un complément essentiel, en cas de seins denses, de discordance radio-
Échographie clinique ou d’anomalie radiologique douteuse. La bonne connaissance des différentes variantes
mammaire ; des aspects des carcinomes lobulaires infiltrants en échographie permet d’en optimiser les résul-
Tomosynthèse ; tats. En complément, de nouvelles techniques telles que l’élastographie et la tomosynthèse
Élastographie ; peuvent améliorer les performances de l’échographie et de la mammographie. Le risque de
Biopsies faux négatif étant plus élevé pour les carcinomes lobulaires infiltrants, les gestes intervention-
nels doivent être optimisés en adaptant le calibre de l’aiguille et le nombre de prélèvements.
Élastographie et tomosynthèse sont de nouvelles solutions qui se développent et qui peuvent
aider à optimiser les biopsies.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : f.chammings@bordeaux.unicancer.fr (F. Chamming’s).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.09.005
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
198 F. Chamming’s et al.
KEYWORDS Summary Because of their pathological characteristics, ILC have specific features on conven-
Invasive lobular tional Imaging. ILC frequently present as subtle images and are more frequently not visualized
carcinoma; on mammography than other types of breast cancers. Complementary breast ultrasound (US) is
Mammography; therefore of great interest in case of dense breasts, doubtful image on mammogram or abnor-
Breast ultrasound; mal clinical examination with normal mammogram. For an optimal use of US, it is crucial that
Digital breast breast radiologists are well aware of the possible features of ILC. Recent techniques as elas-
tomosynthésis; tography and tomosynthesis, can improve the performance of US and mammography for the
Elastgraphy; diagnosis of ILC. Since the false negative rate is higher than for other types of breast cancers,
Biopsies needle type and caliber, and number of samples should be carefully chosen for optimal results
of biopsies of ILC. Elastography and tomosynthesis are developing tools that can help improve
guidance of biopsies of ILC.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Introduction
En raison de leurs caractéristiques histologiques parti-
culières, les carcinomes lobulaires infiltrants tendent à
infiltrer le tissu mammaire adjacent sans détruire les struc-
tures anatomiques ni entraîner de réaction desmoplastique
franche [1]. Par conséquent, ils tardent à former des masses
palpables et donnent souvent des images subtiles en ima-
gerie [2]. Les carcinomes lobulaires infiltrants sont donc
typiquement plus difficiles à détecter et sont de plus grande
taille et à un stade plus avancé que les autres types de
cancers du sein au moment du diagnostic. Comme ils sont
également plus fréquemment multifocaux et/ou multicen-
triques et bilatéraux que les autres types de cancer du sein
[3], l’extension tumorale est souvent sous-estimée en pré-
opératoire. Pour optimiser la détection, le diagnostic et
leur prise en charge, il est donc essentiel pour les radio-
sénologues de bien connaître les différents aspects des
carcinomes lobulaires infiltrants en imagerie convention-
nelle, la place et les performances de la mammographie et
de l’échographie mammaire ainsi que l’aide que peuvent
apporter de nouvelles techniques comme l’élastographie et
la tomosynthèse. Nous verrons aussi qu’il est important de
connaître les spécificités des gestes interventionnels pour le
diagnostic histologique des carcinomes lobulaires infiltrants
et l’intérêt des nouvelles techniques (en particulier la biop-
sie sous tomosynthèse) pour optimiser ces prélèvements.
Mammographie
Alors que la mammographie a une sensibilité 63 à 98 % pour
l’ensemble des cancers du sein [4,5], elle est plus faible Figure 1. Mammographie normale. Patiente de 82 ans. Mam-
pour les carcinomes lobulaires infiltrants, allant de 57 à 81 % mographie droite de face (a) et oblique externe (b) montrant un
[6—8]. Cette moindre sensibilité est particulièrement impor- sein extrêmement dense (type BI-RADS D) sans image suspecte.
tante chez les patientes avec des seins denses [9]. Ainsi, L’échographie complémentaire (c) montre une masse hypoéchogène
les mammographies de patientes porteuses d’un carcinome irrégulière supéro-interne de 7 mm (flèche) correspondant à un car-
lobulaire infiltrant sont décrites comme normales jusque cinome lobulaire infiltrant. Même aà posteriori, on ne visualise pas
dans 30 % des cas [6,10,11] (Fig. 1). De plus, lorsqu’une d’anomalie visible dans ce quadrant en mammographie (cercles).
anomalie est visible en mammographie, elle n’est souvent
visible que sur une seule incidence, dans la majorité des mammographie et sont donc plus difficiles à détecter. Bien
cas le cliché de face. Du fait de leurs caractéristiques histo- que pour certains auteurs, les anomalies les plus fréquem-
logiques particulières, les carcinomes lobulaires infiltrants ment décrites soient, comme pour les autres cancers des
ont en effet tendance à donner des anomalies subtiles en masses spiculées [12] (Fig. 2), elles sont souvent peu denses
Cancers lobulaires infiltrants 199
en est de même pour les différents contrôles en cours de [5] Robertson CL. A private breast imaging practice: medical audit
procédure. Il en résulte un gain de temps significatif, avec of 25,788 screening and 1077 diagnostic examinations. Radio-
des durées de procédure qui peuvent aller jusqu’à être logy 1993;187(1):75—9.
[6] Hilleren DJ, Andersson IT, Lindholm K, Linnell FS. Invasive lobu-
réduites de moitié [45].
lar carcinoma: mammographic findings in a 10-year experience.
Cette technique permettant aussi de prélever les ano-
Radiology 1991;178(1):149—54.
malies classiquement biopsiées sous stéréotaxie telles que [7] Krecke KN, Gisvold JJ. Invasive lobular carcinoma of the breast:
les microcalcifications, elle est appelée à se dévelop- mammographic findings and extent of disease at diagnosis in
per et à être proposée dans le futur par l’ensemble des 184 patients. AJR Am J Roentgenol 1993;161(5):957—60.
constructeurs. Elle deviendra donc très certainement un [8] Le Gal M, Ollivier L, Asselain B, Meunier M, Laurent M, Vielh P,
outil standard particulièrement utile pour la gestion des et al. Mammographic features of 455 invasive lobular carcino-
images subtiles associées aux carcinomes lobulaires infil- mas. Radiology 1992;185(3):705—8.
trants. [9] Berg WA, Gutierrez L, NessAiver MS, Carter WB, Bhargavan M,
En résumé, le ciblage des carcinomes lobulaires infil- Lewis RS, et al. Diagnostic accuracy of mammography, clinical
examination, US, and MR imaging in preoperative assessment
trants étant parfois difficile, il ne faut pas hésiter à choisir
of breast cancer. Radiology 2004;233(3):830—49.
les aiguilles de plus gros calibre (14 Gauges en cas de
[10] Albayrak ZK, Onay HK, Karatağ GY, Karatağ O. Invasive lobu-
microbiopsie, voire macrobiopsie assistée par le vide) et à lar carcinoma of the breast: mammographic and sonographic
augmenter le nombre des prélèvements en effectuant un evaluation. Diagn Interv Radiol 2011;17(3):232—8.
large échantillonnage de l’image suspecte. En permettant [11] Porter AJ, Evans EB, Foxcroft LM, Simpson PT, Lakhani SR.
parfois de bien localiser les tumeurs, l’élastographie peut Mammographic and ultrasound features of invasive lobu-
aider à guider les prélèvements sous échographie. Certaines lar carcinoma of the breast. J Med Imaging Radiat Oncol
images subtiles révélatrices de carcinomes lobulaires infil- 2014;58(1):1—10.
trants n’étant visibles qu’en tomosynthèse, la biopsie sous [12] Evans WP, Warren Burhenne LJ, Laurie L, O’Shaughnessy
tomosynthèse devient un outil de plus en plus indispensable KF, Castellino RA. Invasive lobular carcinoma of the breast:
mammographic characteristics and computer-aided detection.
pour leur prise en charge. Actuellement disponible unique-
Radiology 2002;225(1):182—9.
ment sur certaines machines, cette technique de biopsie,
[13] D’Orsi CJ, Sickles EA, Mendelson EB, Morris EA, et al. ACR BI-
qui permet en outre de prélever les microcalcifications avec RADS® atlas, breast imaging reporting and data system. Reston,
un gain de temps par rapport à la stéréotaxie, est appelée à VA: American College of Radiology; 2013.
se développer et à devenir un outil standard, très utile dans [14] Veltman J, Boetes C, van Die L, Bult P, Blickman JG, Barentsz
la prise en charge des carcinomes lobulaires infiltrants. JO. Mammographic detection and staging of invasive lobular
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Les carcinomes lobulaires infiltrants se présentent donc [16] Brem RF, Ioffe M, Rapelyea JA, Yost KG, Weigert JM, Bertrand
fréquemment en imagerie conventionnelle sous la forme ML, et al. Invasive lobular carcinoma: detection with mammo-
d’images subtiles plus difficile à détecter. Une connaissance graphy, sonography, MRI, and breast-specific gamma imaging.
précise de leurs aspects et présentations spécifiques en AJR Am J Roentgenol 2009;192(2):379—83.
mammographie et échographie mammaire pourra aider le [17] Selinko VL, Middleton LP, Dempsey PJ. Role of sonography in
radio-sénologue à être alerté par les images subtiles révéla- diagnosing and staging invasive lobular carcinoma. J Clin Ultra-
sound 2004;32(7):323—32.
trices de ce type de cancer. En aidant à la caractérisation des
[18] Chapellier C, Balu-Maestro C, Bleuse A, Ettore F, Bruneton JN.
lésions mammaires ou bien en améliorant la sensibilité de la Ultrasonography of invasive lobular carcinoma of the breast:
mammographie, l’élastographie et la tomosynthèse sont des sonographic patterns and diagnostic value: report of 102 cases.
nouveaux outils particulièrement utiles pour le diagnostic et Clin Imaging 2000;24(6):333—6.
les prélèvements des carcinomes lobulaires infiltrants qu’il [19] Cawson JN, Law EM, Kavanagh AM. Invasive lobular carcinoma:
est de plus en plus important d’apprendre à bien maîtriser. sonographic features of cancers detected in a BreastScreen
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 206—215
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MISE AU POINT
Service d’imagerie médicale, hôpital institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, France
MOTS CLÉS Résumé Le carcinome lobulaire invasif (carcinome lobulaire infiltrant) est la deuxième histo-
Cancer du sein ; logie de cancer du sein la plus fréquente, représentant 5 à 15 % des cancers du sein. Le carcinome
Carcinome lobulaire lobulaire infiltrant a tendance à avoir un aspect atypique en clinique et en imagerie, lié à ses
infiltrant ; caractéristiques histopathologiques. Par conséquent, sa détection clinique et radiologique est
IRM un défi. Par rapport à d’autres types de cancer du sein, le carcinome lobulaire infiltrant est
plus susceptible d’être associé à une atteinte mammaire multifocale et controlatérale. L’IRM
mammaire augmente la sensibilité dans la détection du carcinome lobulaire infiltrant et four-
nit des informations utiles pour une planification préchirurgicale et une prise en charge plus
optimale. La connaissance du spectre des apparences en IRM du carcinome lobulaire infiltrant
est essentielle.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary Invasive lobular carcinoma (ILC) is the second most common malign breast neo-
Breast cancer plasia, accounts for 5—15% of breast cancers. The tendency of ILC to have atypical imaging
and clinical appearances is related to its histopathologic features. Therefore, its clinical and
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : chloe.dratwa@curie.fr (C. Dratwa).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.09.001
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
IRM du sein dans le carcinome lobulaire infiltrant 207
Introduction
Le carcinome lobulaire infiltrant est le deuxième type his-
tologique le plus fréquent de cancer du sein après le cancer
canalaire infiltrant. Dans la plupart des séries, le carci-
nome lobulaire infiltrant constitue 5 à 15 % des cancers
du sein [1—3]. Son incidence est en croissance, passant de
9,5 % en 1987 à 15,6 % en 1999, possiblement en rapport
avec l’augmentation de la prescription de traitement hor-
monal de substitution et la contraception orale [2]. Dans
la majorité des séries, les patientes atteintes de carci-
nome lobulaire infiltrant sont plus âgées que les patientes
atteintes de cancer canalaire infiltrant et la taille des lésions
tend à être plus étendue, avec des tailles supérieures à 5 cm
plus fréquentes [1,3].
En histopathologie, le carcinome lobulaire infiltrant est
bien défini : dans sa forme classique, il est caractérisé
par de petites cellules uniformes infiltrant isolément, ou
en files indiennes le long des ligaments de Cooper. Le
stroma est abondant, fibreux et dense, avec élastose péri-
canalaire et périveineuse. La réaction desmoplastique est
moins marquée que dans le cancer canalaire infiltrant, sou-
vent absente. En immuno-histochimie, les caractéristiques
semblent moins alarmantes, avec des récepteurs aux estro-
gènes et à la progestérone positifs dans la majorité des cas,
non corrélé au grade, et HER2 négative [4]. Il est carac-
térisé par la perte d’expression de la molécule d’adhésion
E-cadhérine, bien qu’inconstant (dans 80 à 100 % des cas).
Le taux de multifocalité et de bilatéralité est plus élevé
que le cancer canalaire infiltrant [5] ; pour autant le taux
de survie est discrètement plus élevé en cas de carcinome
lobulaire infiltrant.
Probablement en raison de caractéristique d’infiltration
diffuse, la détection du carcinome lobulaire infiltrant tend à
être manquée en mammographie [3]. De plus, sa taille tend
à être sous-estimée, aussi bien en mammographie qu’en
échographie [3,6]. Hors l’imagerie a toute sa place dans
le staging du cancer du sein et l’estimation correcte de la
taille est essentielle à une prise en charge de qualité. Cela
pourrait expliquer le taux d’échec plus important de traite-
ment conservateur en cas de carcinome lobulaire infiltrant
comparativement au cancer canalaire infiltrant [6].
Pour toutes ses raisons, le carcinome lobulaire infiltrant Figure 1. Patiente de 50 ans avec masse palpable de l’union des
est un challenge diagnostique et thérapeutique. quadrants inférieurs, carcinome lobulaire infiltrant grade II, RH+,
L’IRM est considérée comme modalité de choix dans Her− : a : IRM axiale T1 : masse spiculée de 2 cm ; b : IRM axiale T1 FS
l’évaluation du carcinome lobulaire infiltrant, notamment après injection de gadolinium avec soustraction : rehaussement
en préthérapeutique lorsqu’un traitement conservateur est hétérogène.
envisagé [7].
Figure 2. Patiente de 55 ans, métastases osseuses révélant un carcinome lobulaire infiltrant, grade II, RH+, HER2−. Pas de masse palpable.
Traitement par chimiothérapie première en raison du contexte métastatique : a : IRM préthérapeutique : coupe sagittale T1 FS après injection
de gadolinium avec soustraction : RNM fait de multiples foci reliés par un rehaussement linéaire ; b : IRM à 6 cycles de chimiothérapie
type AC : coupe sagittale T1 FS après injection de gadolinium avec soustraction : stabilité du RNM. Discordance avec le résultat histologique
qui retrouve un reliquat tumoral de 8 mm.
Figure 3. Patiente de 70 ans adressée pour lésion ACR6 de l’UQS : masse + calcifications : carcinome lobulaire infiltrant grade II, RH+,
HER2− : a : mammographie profil agrandi : masse ACR6 centrée par un clip. Mise en évidence d’une deuxième masse plus postérieure avec
calcifications ; b : IRM coupe sagittale T1 FS après injection de gadolinium avec soustraction. Masse ACR6 avec RNM associé ; c : courbe
dynamique de la masse ACR6 : courbe de type 3, avec rehaussement intense et précoce, et wash-out.
IRM du sein dans le carcinome lobulaire infiltrant 209
Figure 5. Patiente de 57 ans, masse palpable de l’UQE : carcinome lobulaire infiltrant, grade II, RH+, HER2− : a : échographie :
masse ACR6 hypoéchogène de forme et contour irréguliers ; b : IRM coupe axiale T1 : distorsion de l’UQE ; c : IRM coupe sagittale T1 FS
après injection de gadolinium avec soustraction. Très faible rehaussement de la lésion ACR6.
la description morphologique des lésions, il y a eu des diffé- histopronostique des carcinomes lobulaires infiltrants est
rences d’interprétation de la prise de contraste pour deux souvent plus faible que dans le cancer canalaire infiltrant.
lésions type masse [20]. Il n’y a cependant pas de comparaison dans la littérature
Les lésions présentent une prise de contraste le plus entre les valeurs d’ACD du cancer canalaire infiltrant et du
souvent hétérogène [20]. L’étude des courbes dynamiques carcinome lobulaire infiltrant.
retrouve un pic retardé, souvent après 2 minutes, avec un Choi et al. [31] ont étudié la corrélation de l’ADC
wash-out présent dans la minorité des lésions [28]. dans le carcinome lobulaire infiltrant avec des facteurs
Deux études analysant la prise de contraste de façon pronostiques. Ils retrouvent une valeur d’ADC moyen à
quantitative retrouvent les mêmes résultats [20,23]. Le car- 1,17 × 10-6 mm2 /s, similaire avec le cut-off toutes his-
cinome lobulaire infiltrant étant une lésion diffuse et à tologies confondues de 1,11 × 10-6 mm2 /s retrouvé dans
croissance lente, la néovascularisation est moins marquée la littérature [32]. L’analyse statistique retrouve un ADC
que dans le cancer canalaire infiltrant et contribue aux diffi- plus bas dans les lésions type masse que dans les lésions
cultés de visualisation en IRM [1,29,30]. De plus, le taux plus non-masse. En cas de rehaussement non-masse, la diffu-
faible de facteur de croissance vasculaire épithélial retrouvé sion est donc moins informative. Les hypothèses avancées
dans les histologies lobulaires peut correspondre à des capil- sont, d’une part, la contamination par le tissu mammaire
laires plus matures avec une prise de contraste diminuée ou environnant qui peut interférer avec la région d’intérêt et
moins intense [24]. l’épaisseur de coupe qui peut influer sur la résolution spa-
tiale. De plus, la tendance à l’infiltration du carcinome
En résumé lobulaire infiltrant peut expliquer l’inadéquation de mesure
de l’ADC dans les rehaussements non-masse.
Figure 6. Patiente de 47 ans, masse palpable du QSI correspondant à un carcinome lobulaire infiltrant, grade I, RO : 100 %, RP−, Her2− :
a : IRM coupe sagittale T1 FS après injection de gadolinium avec soustraction. Masse spiculée de 10 mm, associé à un RNM de 38 mm. Masse
histologique de 37 mm ; b : ROI dans la masse (lésion 1) ; c : ROI dans le RNM associé (lésion 2) ; d : courbe dynamique : lésion 1 : courbe
de type 2, en plateau ; lésion 2 : courbe de type 3, avec rehaussement intense et précoce, et wash-out.
Figure 7. Patiente de 65 ans avec une masse palpable et rétraction cutanée du QIE droit : carcinome lobulaire infiltrant de grade II, IM
faible, RH+ HER2− : a : IRM reconstruction MIP sagittale T1 FS après injection de gadolinium avec soustraction. Rehaussement non masse
segmentaire ; b : courbe dynamique du RNM : courbe de type 1 : rehaussement progressif, peu intense.
212 C. Dratwa et al.
différence significative entre la taille pathologique et la significativement plus bas de reprise chirurgicale chez les
taille IRM (p = 0,999) [34]. Des corrélations entre la taille patientes ayant bénéficié d’une IRM préopératoire compa-
IRM et la taille pathologique retrouvent un coefficient de rativement aux patientes sans IRM (9 % versus 27 %
Pearson’s de 0,81 à 0,97 [8,10—12,35]. respectivement, soit 3,3 fois moins de reprise) [38,39].
Boetes et al. retrouvent une surestimation de la taille
de 13 %, et une sous-estimation de plus de 1 cm dans Survie
4 cas [8]. Francis et al. retrouvent des résultats similaires
avec une sous-estimation dans 6 cas sur 22 et un cas de Il n’existe pas de données évidentes sur une augmentation
surestimation [10]. Parvaiz et al. retrouvent un taux de de la survie globale dans le carcinome lobulaire infiltrant
surestimation plus élevée de 29 %, mais avec une grande liée à l’IRM.
majorité de surestimation de moins de 3 mm, non significa- Certaines études ont montré que le taux de récidive
tif dans la pratique clinique [34]. La présence de carcinome locale était plus élevé en cas de reprise chirurgicale
lobulaire infiltrant associé peut expliquer une partie de que chez les patientes avec un traitement en résec-
cette surestimation de la taille, car ces lésions se rehaussent tion R0 d’emblée ; cela pourrait laisse présager que l’IRM
également [36]. préopératoire pourrait améliorer le contrôle local de la
Comparativement, en mammographie, la surestimation maladie et indirectement la survie [38].
est exceptionnelle, alors que la sous-estimation est plutôt
fréquente : Yeatman et al. rapportent une sous-estimation
de la taille en mammographie de 12 mm en moyenne [3].
Les limites de l’IRM
La détection de lésions additionnelles homolatérales et
Détections de lésions additionnelles controlatérales occultes en mammographie peut compliquer
la prise en charge de la lésion index. En effet, une des
La méta-analyse de Mann et al. retrouve des lésions addi-
limites de l’IRM est sa spécificité. C’est pourquoi toute lésion
tionnelles dans le sein homolatéral visibles uniquement en
additionnelle détectée en IRM doit faire l’objet de biop-
IRM dans 32 % des cas et une lésion controlatérale visible
sie. Aucune modification de stratégie chirurgicale ne devrait
uniquement en IRM dans 7 % des patientes [24].
avoir lieu sans qu’une preuve par biopsie n’ait été apportée
[13].
Estimation de la multifocalité
D’après la méta-analyse de Mann et al., sur 67 cas de
lésions multifocales en imagerie ou en pathologie, 7 % Chimiothérapie néo-adjuvante
étaient surestimées par l’IRM (unifocale en pathologie) et
3 % étaient sous-estimées par l’IRM (unifocale en IRM mais Chimiothérapie néo-adjuvante
multifocale en pathologie) [24]. Sur la même population,
la mammographie surestime la multifocalité dans 3 % des Le taux de réponse complète après chimiothérapie néo-
cas, la sous-estime dans 40 % et n’identifie aucune lésion adjuvante est plus bas en cas de carcinome lobulaire
dans 6 %. infiltrant qu’en cas de cancer canalaire infiltrant, alors que
le taux de survie globale et de survie sans récidive est plus
Influence sur la chirurgie élevé [42]. La chimiothérapie néo-adjuvante ne permet pas
d’obtenir plus de traitement conservateur dans cette popu-
Les patientes avec carcinome lobulaire infiltrant ont une lation.
probabilité plus élevée d’avoir une mastectomie totale que Hors le seul bénéfice démontré pour les patientes
les patientes avec cancer canalaire infiltrant ; cependant, le d’une chimiothérapie néo-adjuvante est l’augmentation des
fait d’avoir une IRM préopératoire n’augmente pas le taux chances de conservation mammaire.
de mastectomie totale chez ces patientes [37]. Certaines Les indications de chimiothérapie néo-adjuvante en rou-
études retrouvent même un taux de mastectomie totale tine sont l’amélioration des chances de conservation ou de
plus faible chez les patientes qui ont bénéficié d’une IRM faibles séquelles esthétiques, sur une tumeur présentant
préopératoire [38,39]. dans tous les cas une indication de chimiothérapie (triple
L’IRM change la prise en charge chirurgicale dans 15 à 40 % négative, Her2+, atteinte ganglionnaire prouvée ou prolifé-
des cas [9,11,12,21,40]. D’après Mann et al. qui retrouvent ration élevée).
28 % de modifications dans leur série, 88 % des modifications Le carcinome lobulaire infiltrant répond rarement à ces
de la stratégie chirurgicale étaient nécessaires sur le plan critères et les indications de chimiothérapie dans le carci-
pathologique [24]. nome lobulaire infiltrant sont très limitées. Le carcinome
Il existe cependant une controverse, Houssami et al. lobulaire infiltrant correspond à 7 à 8 % des indications
ayant retrouvé dans leur méta-analyse que l’IRM préopé- de chimiothérapie néo-adjuvante [43—45]. Dans la littéra-
ratoire dans le carcinome lobulaire infiltrant ne modifie ni ture, il y a peu de données spécifiques évaluant la réponse
le taux de mastectomie totale ni le taux de reprise [41]. en IRM des lésions lobulaires sous chimiothérapie. La ten-
Cependant, la population et les pratiques chirurgicales sont dance à une réponse complète est plus basse dans le
hétérogènes dans cette méta-analyse, ces résultats sont carcinome lobulaire infiltrant que dans le cancer canalaire
donc difficilement généralisables en pratique clinique. infiltrant [45]. En cas de lésions non-masse, la réponse peut
être difficile à interpréter [46] (Fig. 2 et 8). Vriens et al.
Taux de reprise ont étudié l’apport de l’IRM dans l’évaluation en fin de
chimiothérapie néo-adjuvante : ils ne retrouvent pas de
Deux études ont se sont intéressées à l’impact de l’IRM diminution du taux de mastectomie totale liée à l’IRM mam-
préopératoire sur le taux de reprise chirurgicale dans le maire chez les patientes suivies pour un carcinome lobulaire
carcinome lobulaire infiltrant : elles trouvent un taux infiltrant [47].
IRM du sein dans le carcinome lobulaire infiltrant 213
Figure 8. Patiente de 43 ans, sein droit inflammatoire avec placard induré de 8 cm. Carcinome lobulaire infiltrant de grade III sans
composante intracanalaire. RH+, HER2−. Traitement par chimiothérapie première en raison du critère inflammatoire : a : IRM coupe
sagittale T1 FS après injection de gadolinium : RNM segmentaire étendu ; b : IRM coupe sagittale T1 FS après injection de gadolinium avec
soustraction : évaluation difficile, avec diminution du RNM, similaire au rehaussement glandulaire de fond. En histologie, reliquat tumoral
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IRM du sein dans le carcinome lobulaire infiltrant 215
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 216—227
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MISE AU POINT
Martine Boisserie-Lacroix ∗,
Marie-Pierre Depetiteville , Vittorio Catena ,
Foucauld Chamming’s
MOTS CLÉS Résumé Le bilan de « second-look », réalisé après l’IRM mammaire, cherche à trouver une
Sein ; traduction aux rehaussements mis en évidence en IRM et à pratiquer des biopsies en cas de
Imagerie par suspicion. Pour optimiser cette détection en échographie, il est nécessaire de relire l’IRM, de
résonance connaître les variations de position d’une lésion lors des différentes modalités, et de savoir
magnétique ; repérer des images subtiles. Il peut être intéressant devant un rehaussement non-masse de
Échographie de pratiquer des clichés mammographiques complémentaires, notamment des agrandissements
second-look ; à la recherche de microcalcifications. La tomosynthèse peut aider à révéler des distorsions
Cancer architecturales subtiles. Le taux de détection lors du bilan de second-look est très hétérogène
dans la littérature ; les lésions malignes et à type de masses sont plus souvent détectées ;
l’absence de détection d’une lésion n’exclut pas la malignité. Lorsqu’une biopsie percutanée a
été réalisée, il est indispensable de placer un repère métallique dans le site de la biopsie afin
de s’assurer de la bonne corrélation multimodalités.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary Second-look studies are performed to establish or exclude the presence of a cor-
Breast; relative lesion in case of abnormal MR enhancement. Lesion detection at targeted ultrasound is
Magnetic resonance improved by reviewing the MRI exam, by understanding the differences in breast position, and
imaging; by recognizing the possible differences in presentation of identical lesions at US and MR ima-
Targeted ultrasound; ging. It may occasionally be useful, particularly for non-mass-mike enhancements, to perform
Cancer additional mammographic views (magnified views of the targeted area to reveal microcalcifi-
cations). Digital breast tomosynthesis 3D can help to identify subtle architectural distorsion.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : m.boisserie-lacroix@bordeaux.unicancer.fr (M. Boisserie-Lacroix).
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.10.001
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Gestion des images additionnelles en IRM : le bilan de second-look 217
The general detection rate at second-look studies are very heterogeneous; malignant and mass
lesions are more likely to be detected at second-look ultrasound; malignancy cannot be exclu-
ded if a lesion is not detected at second-look studies. After a percutaneous biopsy a metallic
marker must be placed at the site of the biopsy to ensure correct correlation between imaging
modalities.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Le bilan de second-look, ou de deuxième intention est cause bénigne est à évoquer : kyste inflammatoire ou adé-
réalisé dans une condition particulière : il s’agit d’une éva- nofibrome, mais il peut s’agir d’une pathologie maligne à
luation après un examen IRM qui a montré un rehaussement type de cancer mucineux, de carcinome canalaire infiltrant
alors que le bilan initial conventionnel n’avait pas mis en avec nécrose ou de carcinome infiltrant de phénotype triple-
évidence d’anomalie. On cherche à établir ou exclure la négatif [4].
présence d’une lésion qui pourrait faire l’objet de prélève- Les séquences en T2 permettent également une évalua-
ments percutanés en utilisant une technique plus accessible tion des canaux rétro-aréolaires ; lors d’ectasie, une lésion
que sous antenne IRM. intraductale est mieux visible [3].
L’imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM)
étant la modalité d’exploration mammaire qui offre la plus Évaluation de la situation de la lésion dans le
grande sensibilité, la réalisation d’un bilan de second-look
sein
est de plus en plus fréquente. Si ce bilan de second-
look consiste essentiellement en une échographie — dont Elle est d’autant plus délicate qu’il existe des différences
l’intérêt est de permettre des prélèvements de la façon non négligeables selon chaque modalité en fonction de la
la plus simple — il comporte, si nécessaire, des clichés position du sein, de sa compression. . . Le repère le plus
mammographiques, notamment des agrandissements avec fiable est le mamelon : une lésion proche du mamelon sera
possibilité de prélèvements sous stéréotaxie lors de la en général plus facile à trouver car la distance calculée en
découverte de microcalcifications. Récemment, ce bilan de IRM peut être reportée en échographie de façon assez pré-
second-look s’est enrichi de la tomosynthèse. cise. Carbonaro et al., étudiant la position des lésions en IRM
Nous nous proposons de détailler dans cet article les (réalisée en procubitus) et en échographie (réalisée en décu-
modalités techniques spécifiques au bilan de second-look bitus dorsal), concluent qu’il n’y a pas plus d’1 cm d’écart
concernant notamment l’échographie. La plupart des études entre la distance lésion—mamelon selon qu’elle est mesu-
de la littérature concernent les lésions additionnelles détec- rée en IRM et en échographie [5]. En fait, cette distance
tées lors d’une IRM préthérapeutique, avec des résultats est variable selon l’abondance de la graisse, elle est plus
hétérogènes. fiable lors de tissu conjonctif dense moins déformable que la
graisse [6]. Telegrafo et al. dans leur étude prospective ont
trouvé une association significative entre le degré de dépla-
L’échographie de second-look cement de la lésion et le caractère adipeux des glandes,
mais pas d’association avec le sous-type tumoral [7].
Ce terme « second-look » est utilisé même en l’absence Pour les lésions distantes du mamelon, la situation par
d’échographie initiale [1]. Plus judicieusement appelée zones est classiquement utilisée, le plan axial étant la réfé-
échographie ciblée, elle nécessite une expérience en écho- rence [6] : le cône conjonctif est divisé en tiers antérieur,
graphie et en IRM [2] et nécessite plusieurs étapes bien moyen, postérieur. Attention néanmoins : la localisation du
décrites par Trop et al. [3]. rehaussement en profondeur doit s’apprécier sur les coupes
après injection en saturation des graisses, et non sur les
soustractions. En effet, un rehaussement qui apparaît au
Comment chercher ?
tiers postérieur du cône conjonctif peut apparaître au tiers
Il est nécessaire de bien (re)analyser l’examen IRM sachant moyen sur les coupes soustraites où on va diviser l’ensemble
que le type de rehaussement aura un impact sur la détection de l’épaisseur du sein en tiers (Fig. 1).
d’une lésion en échographie. Une masse aura plus sou- Il est important également de signaler la situation du
vent une corrélation en échographie qu’un rehaussement rehaussement par rapport au cône conjonctif (entouré de
non-masse. Le focus (non repéré en T1 ni en T2) est habi- glande) et à la graisse sous-cutanée (superficiel, à la jonc-
tuellement trop petit pour avoir une traduction, mais en tion glande—graisse) ce qui facilitera la recherche d’une
pratique ses caractéristiques dynamiques suspectes avec traduction échographique et sa corrélation (Fig. 2). On
wash-out augmentent la probabilité de trouver une image signalera aussi si une lésion postérieure est très proche du
échographique. fascia rétromammaire (l’échographiste réglera la focale en
conséquence).
Il faut garder en tête que la situation d’une lésion
Séquences morphologiques T1 et T2 superficielle en IRM ne changera pas lors de l’examen écho-
Une anomalie visible sur les séquences non injectées aug- graphique où elle restera superficielle, les espaces graisseux
mente la probabilité de trouver une image lors du bilan antérieurs étant peu déformés d’un examen à l’autre. En
conventionnel, surtout s’il s’agit d’un hypersignal T2. Une revanche, l’espace graisseux postérieur rétroglandulaire est
218 M. Boisserie-Lacroix et al.
Figure 1. Contexte de mutation BRCA1 ; a et b : IRM coupe axiale transverse avant injection pondérée T1. Masse de 6 mm quasi iso-intense,
repérée par la flèche ; c et d : coupe soustraite après injection. Rehaussement précoce et persistant, de 6 mm (ayant un peu augmenté de
taille par rapport à l’IRM de l’an passé) ; e : coupe soustraite après injection. La masse semble située au tiers moyen du sein si l’on divise
l’aire mammaire en trois ; f : saturation des graisses après injection. La masse est située au tiers postérieur du cône conjonctivo-glandulaire.
Les flèches bleues sont en regard de la graisse postérieure qui est étirée en IRM (procubitus) ; g : échographie en échelle de gris. Une image
subtile, presque isoéchogène, est repérée. On mesure la distance par rapport au mamelon ; h et i : échographie en échelle de gris. La masse
est entourée de glande, la graisse postérieure (flèches bleues) est laminée (patiente en décubitus dorsal). La focale est bien positionnée ;
j : utilisation du réglage harmonique qui augmente la contraste de la masse mesurée à 4,8 mm et qui crée une atténuation postérieure
artéfactuelle. Microbiopsie 14 G sous échographie avec pose de clip : carcinome canalaire grade 1.
Gestion des images additionnelles en IRM : le bilan de second-look 219
Figure 2. IRM préthérapeutique d’un carcinome lobulaire invasif (CLI) inféro-externe droit ; a : coupe sagittale droite en saturation
des graisses après injection. Prise de contraste à type de masse en corrélation avec le CLI inféro-externe ; b : coupe sagittale droite en
saturation des graisses après injection. Deuxième prise de contraste à type de rehaussement non masse, centimétrique, dans le même
quadrant, intense et précoce, suspecte ; c : coupe axiale transverse après injection. Le rehaussement non masse droit est situé à la jonction
glande—graisse ; d : échographie en échelle de gris. Plage presque isoéchogène, de situation superficielle sous la graisse, au tiers antérieur
du cône conjonctivo-glandulaire, mesurée à 5,4 mm ; e : échographie doppler couleur. Gros pédicule couleur perforant ; f : élastographie :
le score n’est pas élevé (lésion molle). En raison de la bonne corrélation topographique, de l’existence d’un pédicule couleur, l’image est
retenue (ACR 4 faible) et fait l’objet d’une microbiopsie 14 G avec pose de clip. Résultat histologique : carcinome lobulaire infiltrant.
étiré lors de l’IRM sein pendant, et au contraire élargi et dorsal, les lésions situées dans les quadrants internes
aplati lors de l’échographie : la graisse postérieure étant tendent à se rapprocher du mamelon ; mais les lésions
collabée en échographie, une lésion située au tiers moyen situées dans les quadrants supéro-externes ont un dépla-
en IRM peut être postérieure, voire prépectorale en écho- cement variable dont on ne peut pas préjuger [8].
graphie. Peter et al. [9] proposent un calcul de la localisa-
Enfin, une lésion très postérieure en IRM sera souvent plus tion lésionnelle en prenant comme référence la coupe IRM
antérieure en échographie patiente tournée sur le côté. passant par le mamelon, et en appréciant le nombre de
Des études récentes ont cherché à modéliser le déplace- coupes au-dessus ou en-dessous et donc la distance cra-
ment d’une lésion selon la modalité technique en passant du niocaudale en mm ; puis la distance (en mm) médiale ou
procubitus au decubitus dorsal [8]. En fait, ce déplacement latérale au mamelon. Ils reportent alors ces mesures sur
varie selon la localisation d’une lésion dans le sein. Quand la patiente en procubitus ou tournée en oblique lors de
la patiente passe de la position en procubitus au décubitus l’échographie.
220 M. Boisserie-Lacroix et al.
Figure 3. Contexte de mutation BRCA1, antécédent de cancer de l’ovaire. Tumorectomie bénigne droite ancienne ; a : IRM coupe axiale
transverse pondérée T1 : pas d’anomalie ; b : IRM coupe axiale en saturation des graisses après injection. Rehaussement non masse supéro-
externe, au tiers postérieur du cône conjonctivo-glandulaire ; c : courbe de contraste de type 3 avec wash-out ; d—f : reconstructions 3D,
axiale transverse mesurant la taille du rehaussement à 20 mm (d), sagittale mesurant la distance au mamelon à 70 mm (e), et coronale
repérant l’image sur le rayon de 10 heures (f) ; g : échographie en échelle de gris, ciblée sur le rayon de 10 h à 70 mm du mamelon, focale
positionnée au tiers postérieur du cône conjonctivo-glandulaire. Une très discrète « non masse » hypoéchogène avec atténuation postérieure
est repérée, infracentimétrique (flèche) ; h : échographie avec élastographie : score intermédiaire ; i : microbiopsie avec aiguille 14 G
(flèche), délicate en raison de la subtilité de l’image, avec pose de clip. Carcinome canalaire infiltrant grade 1 associé à un carcinome
canalaire in situ ; j : cliché mammographique (ici de face) postclip.
Gestion des images additionnelles en IRM : le bilan de second-look 221
Figure 4. IRM préthérapeutique d’un carcinome lobulaire invasif de 3 cm de l’union des quadrants supérieurs gauches ; a : IRM coupe axiale
transverse, soustraction. Masse irrégulière de 3 cm en corrélation avec le carcinome ; b : IRM coupe axiale transverse sans injection pondérée
T1. On repère une masse de 3 mm, hypo-intense, ovale à bord circonscrit, à la jonction tiers antérieur—tiers moyen du cône conjonctif
gauche (flèche) ; c : IRM coupe axiale transverse, soustraction. La petite masse qui se rehausse est située 16 mm en avant du pôle inférieur
de la masse principale ; d : échographie : on détecte une masse de 3 mm à l’union des quadrants supérieurs, de morphologie bénigne, en
utilisant le réglage harmonique, image qui paraît être en corrélation avec l’image IRM ; e : échographie Doppler couleur : il existe un pédicule
couleur au contact de la petite masse (isoéchogène avec un réglage standard). Malgré la subtilité de l’image et ses caractéristiques plutôt
bénignes (souple en élastographie), on pratique une microbiopsie 14 G sous échographie ; f et g : clichés mammographiques face, profil
postclip. Le clip est bien situé 20 mm en avant du pôle inférieur du carcinome. Résultat histologique : carcinome papillaire microinvasif.
À la réception des résultats histologiques, une IRM de dans sa série de 80 cas : or les biopsies IRM effectuées dans
contrôle ne sera pas utile si ces résultats sont malins. En 9 cas ont révélé 5 cancers [16].
revanche, une IRM de contrôle est indispensable lorsque le Certains auteurs ne pratiquent pas d’injection pour cette
résultat de la biopsie sous échographie est normal : on vérifie IRM postclip, mais une séquence pondérée T1 en écho de gra-
alors la corrélation pour déterminer si le résultat bénin est dient dont le temps d’écho varie en fonction de la taille et de
contributif (clip en regard de la prise de contraste incrimi- la nature du marqueur qui est repéré par l’artéfact qu’il pro-
née) (Fig. 5) ou non contributif (clip à distance de la prise de duit. Dans l’expérience de Trop et al. [3], la patiente béné-
contraste) [19] (Fig. 6). En effet, il n’y a pas de corrélation ficie d’une IRM au décours du geste de biopsie sous écho-
entre le site de la biopsie sous échographie et l’image IRM graphie, la réalisation d’une seule séquence permettant un
dans 12,5 % des cas comme l’ont montré Meissnitzer et al. examen immédiat sans avoir besoin de trouver un nouveau
Gestion des images additionnelles en IRM : le bilan de second-look 223
Figure 5. Antécédent de lymphome de Malt bilatéral ; a et b : IRM coupe axiale transverse (a) et sagittale sur le sein gauche (b) après
injection, en saturation des graisses. Rehaussement non masse supéro-externe, de 20 mm, précoce et intense, micronodulaire. ACR 4 fort ;
c : IRM coupe axiale transverse sur le sein droit après injection, en saturation des graisses. Rehaussement non masse de 10 mm à l’union
des quadrants supérieurs, précoce et intense. ACR 4 ; d et 5 e : clichés mammographiques agrandis centrés sur le quadrant supéro-externe
gauche : amas de 20 mm de microcalcifications fines hétérogènes. ACR 4. (Pas d’anomalie échographique) ; f : radiographie des échantillons
de macrobiopsies sous stéréotaxie sur table dédiée (sein gauche). Carcinome canalaire in situ de haut grade. En revanche, le bilan de
second-look n’a pas mis en évidence d’anomalie à droite, et il est porté l’indication de prélèvements par macrobiopsies sous antenne
IRM du rehaussement droit : mastopathie bénigne ; g : IRM postprélèvements et pose de clip. Soustraction. Collection en lieu et place du
rehaussement droit. On considère le résultat comme bénin contributif (pas d’intervention à droite).
224 M. Boisserie-Lacroix et al.
Figure 6. Antécédents de macrobiopsies bilatérales pour microcalcifications (lésions à risque). IRM pratiquée devant des difficultés de
lecture mammo-échographiques. Distorsion architecturale située sur le versant interne de l’union des quadrants supérieurs droits, se
rehaussant de façon précoce, ACR 4. Macrobiopsie de microcalcifications amorphes semblant être en corrélation : adénose sclérosante et
métaplasie cylindrique sans atypie. Patiente adressée pour avis ; a : IRM coupe axiale transverse pondérée T1 avant injection : artéfact du
clip postmacrobiopsie repéré en interne dans la graisse ; b : le clip est trop interne par rapport à la prise de contraste (ici la partie haute
du rehaussement) ; c : coupe inférieure : la distorsion n’a pas fait l’objet de prélèvements. Résultat bénin non contributif. Macrobiopsie
sous antenne IRM : carcinome lobulaire infiltrant.
Figure 7. Carcinome lobulaire infiltrant droit ; a—c : IRM après injection, saturation des graisses : rehaussement non masse, micro-
nodulaire, étendu du plan profond jusqu’en rétro-aréolaire, de disposition segmentaire. ACR 4 fort. Macrobiopsie de microcalcifications
supposées en corrélation : adénose simple, métaplasie cylindrique. Patiente adressée pour avis ; d—e : clichés agrandis face et profil. Le
clip postmacrobiopsies bénignes paraît trop externe. (L’IRM postclip réalisée par la suite montre qu’il est en dehors du rehaussement qui n’a
pas été échantillonné). Trois microcalcifications sont repérées en supéro-interne, assez denses, de morphologie bénigne, assez éloignées les
unes des autres, mais alignées, en possible corrélation. Macrobiopsie sous stéréotaxie d’une des calcifications : carcinome canalaire in situ
de haut grade.
créneau d’IRM et de reconvoquer la patiente ; la séquence quand il s’agit en IRM d’un rehaussement non-masse [3].
pondérée T1 est alors relue en comparant les coupes avec Il n’y a pas de recommandation sur l’indication de ces cli-
l’IRM initiale, en gardant à l’esprit qu’il existe de petites chés agrandis. Au quotidien, nous les pratiquons devant
différences de localisation de la lésion dues à un positionne- les rehaussements non-masse de disposition linéaire ou
ment différent et aux remaniements postbiopsie éventuels. segmentaire, ou de rehaussement interne micronodulaire,
c’est-à-dire les cas évocateurs de carcinome canalaire in situ
(Fig. 7). La réalisation de ces clichés est à la discrétion du
Clichés mammographiques agrandis radiologue, en essayant de limiter l’irradiation notamment
post-IRM chez les femmes à haut risque de cancer mammaire.
Une corrélation est trouvée en mammographie dans
Occasionnellement on peut être amené à réaliser des clichés 19 % des rehaussements non-masse [3]. De la même façon
agrandis pour révéler des microcalcifications, notamment qu’en échographie, on s’attachera à détecter une image
Gestion des images additionnelles en IRM : le bilan de second-look 225
Figure 8. a : IRM réalisée dans le cadre d’un bilan préthérapeutique d’un carcinome lobulaire infiltrant grade 2, inféro-interne gauche,
palpable, de 6 cm, biopsié sous échographie (masse de 2 cm : discordance radioclinique en taille). Coupe axiale transverse en saturation
des graisses après injection. Le carcinome prouvé se traduit par une masse irrégulière spiculée de 2 cm, comportant en arrière deux petits
nodules satellites ; b : coupe sus-jacente. Rehaussement non masse de 2 cm, postérieur ; c et d : reconstructions MIP axiale transverse (c)
et sagittale (d). La masse et le rehaussement non masse (qui est suspect) sont distants de 4 cm. Entre les deux, il existe un rehaussement
non masse linéaire, et une petite masse spiculée de 6 mm bien visible en sagittal (flèche). Patiente adressée pour une échographie de
226 M. Boisserie-Lacroix et al.
en sachant que sa valeur prédictive positive de malignité la question : « une échographie de second-look permet-
sera plus basse qu’en situation de dépistage : ainsi des elle de rétrograder une image IRM suspecte ? ». Pour
microcalcifications punctiformes, de morphologie bénigne, Clauser et al. [21], lorsque toutes les modalités ont été
retiendront l’attention si leur situation paraît concordante, utilisées en second-look, notamment la tomosynthèse en
et on portera alors l’indication de prélèvements sous sté- ajout à l’échographie, une biopsie sous antenne IRM est
réotaxie sur table dédiée. requise.
En pratique quotidienne, nous revoyons l’ensemble des
examens. Si l’imagerie (avec un classement IRM initial ACR
La tomosynthèse de second-look 4 faible) est finalement reclassée ACR 3 en réunion de
concertation, on proposera une surveillance à court terme
Le rôle de la tomosynthèse de second-look commence (4—6 mois), voire très court terme (selon les équipes 2 à
à être souligné, portant sur l’amélioration de la détec- 3 mois dans un contexte de mutation génétique). Si la clas-
tion des lésions additionnelles non vues en échographie sification IRM ACR 4 est maintenue, on posera l’indication
ciblée (Fig. 8). Dans l’étude de Mariscotti et al. incluant de prélèvements sous antenne IRM.
520 patientes [20], l’IRM a mis en évidence 164 rehausse-
ments additionnels chez 114 femmes (22 %) ; l’échographie
de second-look a montré une corrélation dans 114 cas/164 Quelle surveillance après bilan de second-look
(69,5 %) tandis que 50 rehaussements/114 (30,5 %) n’avaient et biopsie bénigne ?
pas de traduction échographique. Or la tomosynthèse a
mis en évidence 32 anomalies parmi ces 50 cas, aug- Une surveillance à court terme est essentielle après biopsie
mentant le taux de caractérisation des rehaussements de second-look bénigne. Il n’y a pas de recommandations
additionnels à 89 %. De plus, les images détectées en tomo- concernant ce suivi, ni sur son rythme, ni sur ses modalités.
synthèse étaient significativement plus souvent malignes Si le bilan de second-look est en faveur d’une corrélation
que bénignes (p = 0,04) [20]. IRM-lésion bénigne type ganglion lymphatique, cytostéato-
De même, Clauser et al. [21] chez 135 patientes nécrose, masse évoquant un adénofibrome, et que l’on ne
ayant eu une IRM préthérapeutique ont mis en évidence pratique pas de biopsie, l’ensemble du bilan est classé ACR
84 rehaussements additionnels (39 %) chez 53 patientes, 3, et la surveillance se fait avec la méthode d’imagerie la
avec une corrélation en échographie seule dans 44 cas dont plus simple (ex. échographie) ou par IRM si l’on n’est pas
22 malins/84 (52 %), en tomosynthèse 3D seule dans 42 cas absolument certain de la concordance.
dont 26 malins/84 (50 %), à la fois en échographie et 3D dans Si une biopsie est pratiquée et que la position du clip
23 cas dont 12 cancers/8, enfin dans 63 cas/84 en 3D et/ou est correcte, un résultat bénin peut être considéré comme
échographie couplées c’est-à-dire en prenant en compte contributif ou concordant.
globalement les deux techniques (75 %). Les rehaussements
sans traduction sur le bilan de second-look comprenant
les différentes modalités étaient malins dans 17 cas soit
dans 81 % des cas. L’ajout de la tomosynthèse a permis Conclusion
d’augmenter le taux de détection de 52 à 75 %.
En revanche, l’étude récente de Koh et al., portant sur un L’échographie de second-look est utile pour caractériser les
plus petit nombre de cas, est en faveur de la supériorité de rehaussements IRM. Le taux de détection est variable selon
l’échographie de second-look par rapport à la tomosynthèse les séries de la littérature, restant acceptable pour réali-
[22]. ser cet examen en pratique clinique [15]. La probabilité de
détecter une image est plus élevée lorsqu’il s’agit d’une
Quand proposer une biopsie sous IRM ? masse ou d’une image se révélant correspondre à un can-
cer. Il s’agit d’une échographie spécialisée, qui requiert
Malgré les progrès de ces dernières années concernant les du temps, et qui est réalisée en connaissant les modifi-
systèmes de guidage des biopsies sous IRM, ce geste reste cations possibles de localisation d’une lésion en IRM et
long, inconfortable et coûteux ; il nécessite une injection de en échographie. La tomosynthèse est désormais utilisée
produit de contraste paramagnétique, et il est de plus pra- dans le bilan de second-look. L’absence de détection d’une
tiqué seulement dans quelques centres très spécialisés. Sur image n’innocente cependant pas un rehaussement IRM, et
le plan technique, des lésions très postérieures, ou du pro- l’ensemble de l’imagerie doit être revu pour déterminer la
longement axillaire, ou trop proches du mamelon, peuvent conduite à tenir.
ne pas être accessibles. C’est donc en dernier recours
que l’on posera l’indication de prélèvements sous antenne
IRM.
En l’absence de corrélation sur le bilan de second- Déclaration de liens d’intérêts
look, c’est la classification IRM qui prime. La méta-analyse
de Spick et Baltzer [15] ne permet pas de répondre à Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Figure 8 (continued). second-look avec biopsie en raison de la suspicion de multifocalité : on ne met pas en évidence d’autre anomalie
que le carcinome connu ; e et f : mammographie de face, standard 2D (e) et image de synthèse (f). En corrélation avec les rehaussements
IRM, on visualise sur l’image de synthèse (et les acquisitions de tomosynthèse, non reproduites) une hyperdensité focale postérieure et un
gradient de densité, ainsi que des spiculations en arrière du carcinome ; g et h : mammographie de profil, standard 2D (8 g) et image de
synthèse (8 h). La petite masse spiculée de 6 mm est bien visible sur l’image de synthèse (flèche). La tomosynthèse établit donc une bonne
corrélation avec la taille clinique et l’IRM : il s’agit d’un ensemble lésionnel d’au moins 6 cm.
Gestion des images additionnelles en IRM : le bilan de second-look 227
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 228—229
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FICHE PRATIQUE
Anne-Coline Monseau-Thiburce
L’histoire familiale constitue le second facteur de risque de cancer du sein après l’âge de
la patiente.
Ainsi, une anamnèse détaillée portant sur les antécédents familiaux lors de tout examen
sénologique est fondamentale.
Une recherche assidue des antécédents familiaux de cancer du sein mais aussi de cancer
de l’ovaire et à moindre degré du pancréas et de la prostate se justifie, notamment du
fait du mode de transmission autosomique dominant des mutations BRCA 1 et BRCA 2.
Le niveau de risque est fonction du nombre de cancers survenus dans chaque branche
familiale (maternelle et paternelle), du degré de parenté et de l’âge de survenue.
À l’issue de cette anamnèse familiale, il appartient au sénologue d’évaluer l’intérêt
d’une consultation d’oncogénétique à l’aide du score d’Eisinger.
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.09.004
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Compte rendu sénologie : antécédents familiaux 229
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FICHE PRATIQUE
Anne-Coline Monseau-Thiburce
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Conduite à tenir en sénologie : quel prélèvement pour quelle lésion ? 231
La pose d’un clip métallique à l’issue des prélèvements mammographie/IRM ?), poser un clip pourra également évi-
est fonction de la lésion résiduelle et de la thérapeu- ter bien des problèmes.
tique envisagée : sera-t-il possible de retrouver aisément Le travail du radiologue ne s’arrête pas à la fin de la
le site de prélèvement ? Une chimiothérapie néoadjuvante procédure : il est indispensable de suivre les résultats ana-
est-elle à prévoir ? En cas de négativité ou de doute tomopathologiques et d’effectuer un travail de concordance
sur la concordance radiologique (par exemple : la lésion radio-anatomopathologique : savoir remettre en question la
échographique correspond-elle à l’anomalie visualisée en qualité de son prélèvement ou du ciblage devant toute dis-
232 A.-C. Monseau-Thiburce
cordance est primordial. Cette concordance est rapportée à Déclaration de liens d’intérêts
l’écrit dans le compte rendu, garant de la traçabilité.
En cas de résultat bénin, un contrôle de clôture à L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
4—6 mois peut être effectué afin de conforter le diagnostic.
Imagerie de la Femme (2017) 27, 233
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CAS CLINIQUE
a
Service de radiologie, hôpital Archet 2, 151, route Saint-Antoine-de-Ginestière, 06202 Nice,
France
b
Laboratoire d’anatomo-pathologie, hôpital Archet 2, 151, route
Saint-Antoine-de-Ginestière, 06202 Nice, France
c
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Archet 2, 151, route
Saint-Antoine-de-Ginestière, 06202 Nice, France
Reçu le 6 décembre 2016 ; reçu sous la forme révisée le 16 mars 2017; accepté le 1er avril 2017
Disponible sur Internet le 6 septembre 2017
MOTS CLÉS Résumé Les cancers primitifs tubaires sont rares et de diagnostic difficile en imagerie. Nous
Cancer tubaire présentons le cas d’une patiente de 51 ans, chez qui a été découvert un carcinome tubaire
primitif ; primitif métastatique dans le cadre du suivi en imagerie de sa maladie de Crohn, active. Cette
Salpingite ; patiente présentait également des signes de salpingite chronique quelques années auparavant.
Facteurs de risque ; Nous rappelons les performances diagnostiques des différentes techniques d’imagerie dans le
Imagerie diagnostic préopératoire de ces cancers et discutons du rôle de la salpingite chronique dans la
survenue des cancers tubaires primitifs.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : manuvolondat@gmail.com (M. Volondat).
http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2017.04.001
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Cancer tubaire primitif chez une patiente ayant une maladie de Crohn 235
KEYWORDS Summary Primary carcinoma of fallopian tube is rare and difficult to diagnose on imaging.
Primary fallopian We report the case of a 51-year-old woman who was diagnosed with primary metastatic tubal
tube carcinoma; carcinoma following monitoring of her active Crohn’s disease. This patient had been diagnosed
Salpingitis; with chronic salpingitis on MRI a few years earlier. We review the diagnostic performances of
Risk factor; the different imaging techniques in the preoperative diagnosis of these cancers and discuss the
Imaging role of chronic salpingitis in the occurrence of primary fallopian tube carcinomas.
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Observation
Mme H., 51 ans, aux antécédents de maladie de Crohn, a
bénéficié d’une IRM pelvienne pour caractérisation d’une
lésion latéro-pelvienne droite découverte fortuitement lors
d’un scanner. L’IRM a mis en évidence une lésion tubulée
de douze centimètres de plus grand axe, située à droite du
rectum, sans l’envahir, en faveur d’une lésion annexielle.
Elle était indépendante de l’ovaire droit, qui ne présentait
pas d’anomalie solide ou kystique : une origine tubaire a été
évoquée. Cette lésion intéressait l’ensemble de la trompe
droite. Les parois et le contenu tubaire se rehaussaient
sur les séquences T1 après injection de sels de gadolinium
(TR : 550 ms ; TE : 7 ms), témoignant du caractère tissulaire
de la lésion (Fig. 1). Cette portion tissulaire présentait un
signal intermédiaire sur les séquences T2 TSE (TR : 4500 ms ;
TE : 90 ms) et un hypersignal global sur les séquences de
diffusion à b1000 (TR : 4267 ms ; TE : 74 ms), avec restric-
tion du coefficient apparent de diffusion (valeur d’ADC :
0,720 × 10−3 mm2 /s mesurée au centre de la trompe) en
faveur d’une lésion hypercellulaire suspecte (Fig. 2 et 3).
L’IRM mettait aussi en évidence des adénopathies iliaques
bilatérales. L’utérus et l’ovaire gauche ne présentaient pas
d’anomalie. Le diagnostic de cancer primitif tubaire droit
a été évoqué. Une IRM réalisée 5 ans auparavant retrou-
vait en lieu et place de cette lésion annexielle droite
un hydrosalpinx aux parois finement rehaussées mais sans
portion tissulaire. Une cœlioscopie exploratrice a permis
de réaliser une salpingectomie droite partielle à visée
histologique. L’étude anatomo-pathologique montrait un
carcinome séreux de haut grade infiltrant toute la paroi en
faveur d’une origine tubaire primitive (Fig. 4).
Figure 1. Coupes axiales pondérées en T1 sans (a) puis après (b)
injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse (TR :
550 ms ; TE : 7 ms) : la flèche montre un rehaussement des parois
Discussion et du contenu tubaire de façon globale.
Les cancers primitifs de la trompe sont rares, représentant clinique plus bruyante. En effet, les douleurs apparaissent
0,3 à 1,1 % des cancers gynécologiques [1]. Ils sont fré- rapidement du fait d’une distension tubaire précoce. Des
quemment confondus avec les cancers de l’ovaire en cas métrorragies avec curetage endométrial négatif sont aussi
de maladie localement avancée et sont probablement net- un signe d’appel. Au final, ces signes cliniques précoces et
tement sous-estimés. Ils sont unilatéraux dans 85 % des cas. bruyants font que la localisation tubaire est de meilleur pro-
Les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 sont associées à nostic que la localisation ovarienne du fait d’une découverte
un risque relatif de 120 de développer un cancer tubaire. plus rapide. Toutefois, en moyenne seuls 4 % des cancers
Ainsi, un avis oncogénétique est le plus souvent demandé. tubaires sont diagnostiqués en préopératoire [2], en rai-
Les types histologiques sont semblables à ceux de son des faibles performances diagnostiques des techniques
l’ovaire, représentés quasi exclusivement par des tumeurs d’imagerie dans la détection de ces cancers notamment
épithéliales dont 75 % sont des carcinomes séreux de à un stade précoce. L’examen de première intention est
haut grade. Les tumeurs primitives tubaires se différen- l’échographie endo-vaginale qui peut mettre en évidence
cient des néoplasies ovariennes par leur symptomatologie une lésion tubulée tissulaire distincte de l’ovaire et de
236 M. Volondat et al.
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Imagerie
de la
Femme
Rédactrices en chef
Martine Boisserie-Lacroix (Bordeaux) - Isabelle Thomassin Naggara (Paris)
Comité de rédaction
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Cédric de Bazelaire (Paris), Laure Fournier (Paris), Aurélie Jalaguier-Coudray (Marseille), Karen Kinkel
(Chêne-Bougerie - Suisse), Sophie Taïeb (Lille), Patrice Taourel (Montpellier), Isabelle Trop (Montréal)
Imagerie de la Femme (ISSN 1776-9817) 2017 (volume 27), un an : 4 numéros. France : 319 euros (TTC).
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ISSN 1776-9817
Imagerie de la Femme (2017) 27, e7–e8
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CONTENTS
Abstracted in: EMBASE/Excerpta Medica; LiSSa; Pascal/Inist-CNRS; Scimago SJR; Scopus®
Reviews
Technical news
Case report
Review
Isolated tubal torsion: Don’t miss the diagnosis! About 2 cases in a pediatric age group
C. Archambeau, M.-A. Labaisse, C. Etobou, J.-L. Dutrieux, J.-P. Stalens, S. Gillerot
and M. Wayemberg .................................................................................................. 288
Decision tree
doi:10.1016/S1776-9817(17)30107-4
‘How to’ guide
Informations
Informations
I. Doutriaux-Dumoulin and C. Demoor-Goldschmidt ............................................................ 302
Imagerie de la Femme (2017) 27, 239—255
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MISE AU POINT
a
Sorbonne universités, UPMC université Paris 06, IUC, 75005 Paris, France
b
Inserm, UMR970, équipe 2, imagerie de l’angiogenèse, 75005 Paris, France
c
Department of radiology, hôpital Tenon, AP—HP, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France
MOTS CLÉS Résumé L’IRM pelvienne est la technique optimale pour la caractérisation des masses
Masse annexielle ; annexielles dites indéterminées ou complexes en échographie endovaginale. On distingue deux
IRM ; grands types de situations cliniques bien distinctes : celle où la symptomatologie douloureuse
Échographie ; aiguë ou subaiguë domine la problématique (une masse annexielle ayant été identifiée lors de
Caractérisation ; l’examen échographique) et celle où l’on découvre dans le cadre d’un bilan systématique ou
TDM ; d’un bilan pour un symptôme chronique (métrorragies, douleur pelvienne chronique, infertilité)
Score une masse annexielle qu’il faut caractériser. L’objectif de cet exposé sera donc de détailler dans
une première partie le raisonnement devant la découverte échographie d’une masse annexielle
dans un contexte de douleurs aiguës ou subaiguës et dans une seconde partie, en dehors de tout
contexte douloureux, de comprendre l’intérêt de l’IRM pelvienne en fonction des différentes
circonstances cliniques et tableaux échographiques.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary MR imaging is the best second line technique to characterize adnexal masses inclu-
MRI; ding for patients referred in a context of acute or subacute pelvic pain. Combining morphological
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : isabelle.thomassin@aphp.fr (I. Thomassin-Naggara).
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.06.001
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
240 I. Thomassin-Naggara et al.
features and signal intensity criteria, MR imaging is helpful to diagnose adnexal torsion, pelvic
Pelvic; inflammatory disease or luteal cyst rupture when ultrasonography is complex to interpretate.
Gynaecological Outside the context of pelvic emergency, MR imaging is able to better determine the origin of
emergencies; a pelvic mass, estimate the risk of malignancy and suggest pathological hypothesis.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Characterization
Figure 3. Torsion d’annexe (IRM) (même patiente). Coupes sagittales pondéréesT2 montrant un tour de spire sous la forme d’une image
d’allure « spiculée » en hyposignal T2 franc associée à un épaississement tubaire avec des parois en signal T2 intermédiaire et un kyste à
paroi épaissie.
Figure 4. Torsion d’annexe (IRM) même patiente. Coupes axiales pondérées T2, T1, DW, T1 FS montrant un épaississement tubaire avec
en signal T2 intermédiaire avec utérus attiré vers la masse annexielle. La trompe épaissie est particulièrement bien visible sous la forme
d’un hypersignal franc en imagerie de diffusion, qui facilite sa détection.
242 I. Thomassin-Naggara et al.
aideront à orienter vers le diagnostic d’hyperstimulation. (Fig. 6). De plus, l’IRM permet de prédire la viabilité de
L’IRM pelvienne n’est pas recommandée en dehors d’une l’ovaire homolatéral en détectant un hypersignal T1 spon-
suspicion de complication par torsion de l’une des deux tané persistant après saturation de graisse qui suggère la
annexes hyperstimulées. transformation nécrotico-hémorragique. L’absence de prise
de contraste n’est pas prédictive de la non-viabilité de
l’annexe tout comme la disparition d’un flux Doppler » [1].
Dosages de Bêta HCG positifs ou négatifs La présence d’une infiltration de la graisse est un signe
négatif permettant de prédire l’absence de torsion mais
Torsion d’annexe suggérant plutôt la présence d’une infection pelvienne.
La torsion d’annexe est une complication relativement rare La torsion survient le plus souvent sur kyste pré-
en dehors de la grossesse dont la fréquence croît de 1 % existant en dehors du contexte de grossesse sans fréquence
chez la patiente enceinte. Typiquement, elle survient avant significativement plus importante pour le kyste dermoïde
douze semaines d’aménorrhée, est rare après 20 semaines contrairement aux idées reçues [2]. Dans un contexte de
d’aménorrhée ou si la masse pré-existante est de taille grossesse, elle peut compliquer une augmentation de taille
supérieure à six centimètres. Elle se traduit le plus sou- de l’ovaire liée à une hyperstimulation. Enfin, et de façon
vent par des douleurs paroxystiques récidivantes associées à plus rare, elle peut ne concerner que la trompe, il s’agit
des vomissements. En échographie, les signes évocateurs de d’une torsion tubaire isolée (Fig. 7).
torsion sont la présence d’un épaississement pariétal régu-
lier de la masse kystique (Fig. 2), plutôt excentrique avec
une annexe déplacée (soit en position médiane soit du côté
opposé), un utérus déplacé du côté de la masse, un remanie- Nécrobiose d’un myome
ment hémorragique du kyste, un œdème ovarien, et parfois
la mise en évidence du tour de spire lorsqu’il n’est pas trop La grossesse favorise ce remaniement d’un myome pré-
serré. Les performances de l’échographie pour le diagnostic existant sous la forme d’une transformation hémorragique
de torsion d’annexe sont très variables en fonction de se traduisant en IRM par l’apparition d’un hypersignal T1 glo-
l’expérience de l’échographiste. En cas de masse annexielle bal ou préférentiellement périphérique. Il apparaît le plus
douloureuse sans signe spécifique à l’échographie, une IRM souvent en hypersignal T2 intermédiaire, en hypersignal dif-
mammaire est le meilleur examen de deuxième intention. fusion et ne se rehausse par après injection de gadolinium.
En faveur de la torsion d’annexe les deux signes les plus
informatifs sont la détection d’un tour de spire (Fig. 3)
(risque multiplié par 8) et un épaississement de la trompe
(risque multiplié par 6) [1] (Fig. 4). Ces signes sont plus Dosage de Bêta HCG négatifs
faciles à voir en IRM qu’en TDM où le contraste tissulaire
est moindre (Fig. 5). On retrouve également d’autres signes En dehors du contexte de grossesse, devant des douleurs
classiques en IRM tels qu’un utérus déplacé au milieu du abdominales aiguës et la présence d’une masse annexielle,
pelvis (1/3) ou du côté controlatéral (1/3), un utérus attiré il faut tout d’abord rechercher la présence d’un hémopéri-
du côté homolatéral à l’anomalie, un œdème ovarien. . . toine.
Figure 6. Œdème ovarien se traduisant par un gros ovaire gauche en signal T2 intermédiaire avec la présence de plusieurs formations
folliculaires périphériques (coupes axiales pondérées T2, T1, T1FS et T1 gadolinium).
Figure 7. Torsion tubaire isolée. Coupe axiale pondérée T2 montrant un hydrosalpinx (double flèche) associé à un tour de spire sous
la forme d’une image en hyposignal T2 (flèche simple) et un ovaire normal homolatéral en bonne position (flèche pointillée). L’ovaire
controlatéral est également en bonne position porteur de deux formations kystiques non suspectes.
244 I. Thomassin-Naggara et al.
Figure 8. Hémopéritoine sur rupture d’un endométriome (TDM). Coupes axiales acquises après injection d’iode montrant la présence
d’un kyste à paroi épaissie prenant le contraste avec des contours flous. Il existe un épanchement péritonéal de moyenne abondance dense
évoquant un contenu hémorragique sans caillots identifiables. Aucun signe n’est spécifique en TDM de la nature de l’hémopéritoine ni
caractéristique de l’origine du kyste.
Figure 9. Hémopéritoine sur rupture d’un endométriome (IRM) (même patiente). L’IRM permet de faire le diagnostic en détectant au
sein du kyste et dans la cavité péritonéale l’hypersignal T1 et T1FS caractéristique de liquide endométriosique. Évoquer ce diagnostic en
préopératoire est important pour que le chirurgien prépare son geste qui est beaucoup plus complexe avec ce type d’épanchement.
Présence d’un hémopéritoine la rupture d’un kyste lutéal hémorragique. Le diagnostic est
Rupture d’un kyste de contenu hémorragique souvent posé en échographie devant la présence d’un épan-
Devant la présence d’un hémopéritoine chez une patiente en chement péritonéal échogène avec la présence de caillots
période d’activité génitale, le diagnostic le plus fréquent est autour de l’un des deux ovaires ainsi que la présence d’un
Caractérisation des masses annexielles symptomatiques et asymptomatiques 245
kyste présentant une paroi épaisse et vascularisée générale- infiltration de la graisse en signal T2 intermédiaire asso-
ment partiellement affaissée. Un scanner abdomino-pelvien cié à la présence de masses annexielles souvent bilatérales
permet d’évaluer l’abondance de l’épanchement et de et asymétriques avec une composante tubulée suggérant
rechercher la présence d’un saignement actif. l’origine tubaire [3]. Généralement, il existe une intense
D’autres kystes hémorragiques peuvent se rompre et prise de contraste périphérique mais possiblement égale-
conduire à un hémopéritoine comme l’endométriome ova- ment interne des franges tubaires et cela peut être source de
rien. Il est important de faire le diagnostic différentiel avec confusion avec une tumeur ovarienne maligne. Dans ce cas,
la rupture d’un kyste lutéal hémorragique car un hémopé- l’IRM de diffusion de la composante liquidienne est très utile
ritoine endométriosique rend la chirurgie plus complexe. en mettant en évidence du pus dont les caractéristiques en
L’IRM pelvienne prend là tout son intérêt (Fig. 8 et 9). Dans imagerie de diffusion sont très spécifiques (hyperintense en
certains cas rares, il existe des ruptures de kystes orga- image b et coefficient d’ADC très bas).
niques. La caractérisation avec les critères IRM habituels Certaines formes d’inflammation peuvent être asep-
n’est pas possible en cas de complication aiguë d’un kyste tiques et compliquer des formes chroniques d’endométriose
qu’il s’agisse d’une torsion ou d’une rupture (Fig. 10). pelvienne. Le diagnostic est suspecté chez une patiente
ayant une endométriose connue chez qui on constate une
Rupture d’un myome
modification d’un kyste endométriosique avec l’apparition
La rupture d’un myome est également une cause classique
d’un épaississement de la paroi se rehaussant intensément
d’hémopéritoine. Celle-ci survient dans les formes avec
après injection de gadolinium (Fig. 13). Le diagnostic n’est
myome sous-séreux, soit en rapport avec une rupture des
pas facile car il est difficile de distinguer une infiltration
veines superficielles (forme sessile), soit secondairement à
profonde associée d’une infiltration liée au processus inflam-
une torsion (forme pédiculée).
matoire et impossible en imagerie de savoir s’il s’agit d’une
Absence d’hémopéritoine complication septique ou aseptique. Une antibiothérapie est
En l’absence d’hémopéritoine et en l’absence de grossesse, le plus souvent prescrite dans ces formes aiguës.
les causes de douleurs aiguës sont, outre la torsion d’annexe
et la nécrobiose d’un myome, les causes suivantes.
Maladie inflammatoire du pelvis (Infection génitale)
Habituellement, les infections génitales hautes se tra-
duisent par des masses annexielles lorsqu’elles sont passées Autres causes d’origine non gynécologique pouvant
inaperçues à la phase aiguë et qu’elles sont responsables mimer une masse annexielle en échographie
de douleurs subaiguës dues à la présence de pyosalpinx ou En échographie, plusieurs pathologies notamment d’origine
d’abcès tubo-ovariens (Fig. 11). En TDM, il existe un syn- digestive peuvent mimer la présence d’une masse
drome de masse souvent bilatéral asymétrique avec une annexielle. Dans la fosse iliaque droite, une appendi-
infiltration de la graisse, et un élargissement possible de la cite pelvienne peut être confondue avec une pathologie
cavité endométriale. La présence d’un dispositif intra uté- infectieuse tubaire; dans la fosse iliaque gauche, une
rin est un élément en faveur du diagnostic (Fig. 12). Les diverticulite perforée bouchée peut mimer la présence
signes IRM suggérant ce diagnostic sont la présence d’une d’un kyste dermoïde (zone hyperechogène atténuante). . .
Figure 10. Hémopéritoine sur rupture d’une tumeur de la Granulosa. Découverte chez une patiente de 62 ans adressée pour bilan de
douleurs abdominales aiguës associées à des métrorragies d’un kyste échogène complexe associé à un épanchement péritonéal échogène
en échographie. La TDM confirme la présence d’un kyste hétérogène spontanément hyperdense en périphérie associé à un hémopéritoine.
En IRM, ce kyste présence un contenu non spécifique en signal T2 intermédiaire, hypersignal T1 modéré et une portion tissulaire rehaussée
après injection de gadolinium. Si l’imagerie dans un contexte douloureux est peu spécifique, la présence d’un kyste complexe de contenu
hémorragique associé à des métrorragies (contexte d’hyperestrogénie) doit faire suggérer la possibilité d’une tumeur de la Granulosa.
246 I. Thomassin-Naggara et al.
Figure 11. Infection génitale haute (US). Un abcès tubo-ovarien se présente sous la forme d’un kyste présentant une paroi épaisse
hypervascularisée en Doppler présentant des contours flous avec une infiltration hypoéchogène de la graisse sous-péritonéale en rapport
avec le processus inflammatoire.
Figure 12. Infection génitale haute (TDM). Coupes axiales acquises après injection d’iode montrant la présence d’un kyste à paroi
épaissie prenant le contraste avec des contours flous et une infiltration de la graisse adjacente. Du côté droit, il existe également une
augmentation de la taille de l’ovaire. De plus, il existe un épanchement péritonéal de moyenne abondance ainsi qu’un élargissement de
la cavité endométriale évoquant le diagnostic. Devant un syndrome bilatéral d’origine annexielle associée à un élargissement de la cavité
endométriale, le diagnostic d’infection génitale haute doit être évoqué. Aucun signe n’est spécifique en TDM mais l’association de ces
différents signes aident à évoquer ce diagnostic.
Partie 2 : place de l’IRM pelvienne dans la notamment en gynécologie [5]. Ceci est probablement lié
à la prise en compte dans les décisions thérapeutiques
caractérisation d’une masse annexielle
de l’impact délétère d’une chirurgie pour tumeur bénigne
non douloureuse quelle qu’elle soit sur la fonction ovarienne chez une
patiente en âge de procréer [6]. Un autre facteur ayant
Contexte conduit à l’évolution des pratiques est la planification plus
stricte des gestes opératoires en raison de la nécessité
La plupart des publications issues de la littérature radio- d’optimiser le temps au bloc nécessitant d’optimiser le bilan
logique recommandent la réalisation d’une IRM pelvienne pré thérapeutique pour laisser le moins de place possible aux
pour la caractérisation des masses annexielles « complexes découvertes peropératoires. Ainsi, l’IRM pelvienne est deve-
ou indéterminées » sans jamais qu’aucun consensus sur la nue l’examen de seconde intention pour la caractérisation
définition du terme de « complexes ou indéterminées » lésionnelle. Cependant, aucune définition claire de quelles
n’ait jamais été proposé. Concernant la littérature issue masses annexielles doivent en bénéficier ne fait consensus.
de la communauté gynécologique, jusqu’à ces cinq der- Le but de cet exposé est donc de rappeler les princi-
nières années, l’IRM pelvienne avait une place extrêmement paux tableaux (i.e. catégories) échographiques et de définir
réduite voire inexistante selon les auteurs. Ainsi, il y avait dans quelles situations échographiques l’IRM pelvienne est
une certaine dichotomie entre un niveau de preuve rela- recommandée en seconde intention.
tivement élevé de l’apport de l’IRM comme technique de
seconde intention après l’échographie pour caractériser les
tumeurs ovariennes [4] et les recommandations pour la pra- Quelles lésions échographiques ?
tique clinique (et même la pratique elle-même !) qui ne
faisaient quasiment pas de place à l’IRM dans la prise en Si l’on essaie de simplifier en catégories les différentes pré-
charge thérapeutique des patientes passant directement de sentations échographiques auxquelles on est confronté en
la caractérisation échographique à l’exploration cœliosco- pratique clinique on peut séparer ces présentations écho-
pique. graphiques en 6 catégories :
Depuis quelques années, une évolution des pratiques • catégorie échographique 1 : kyste liquidien anéchogène
a été constatée avec l’évolution des recommandations (i.e. pur) ;
Caractérisation des masses annexielles symptomatiques et asymptomatiques 247
Figure 13. Poussée inflammatoire aiguë sur kyste endométriosique. IRM pelvienne (coupes axiales pondérées T2 et T1 FS) montrant un
endométriome ovarien présentant un hypersignal T1 franc après saturation de la graisse et un shading sur les séquences T2 associé à une
endométriose profonde sous péritonéale postérieure du torus, des deux ligaments utérosacrés et du rectogmoïde. TDM après injection
d’iode. Deux mois plus tard, les éléments scannographiques devant faire évoquer une poussée inflammatoire aiguë sont la présence d’un
épaississement de la paroi du kyste ainsi que sa prise de contraste intense.
• catégorie échographique 2 : kyste liquidien échogène (i.e. la catégorie échographique 3, l’IRM pelvienne permettra de
impur). formellement exclure une portion tissulaire et permettra
Ces deux premiers tableaux correspondent à la caté- de caractériser la portion liquidienne pour approcher un
gorie intitulée Kyste uniloculaire par le groupe IOTA [7] diagnostic histologique.
dans lequel se trouvent le salpinx et différents descriptifs Dans les catégories échographiques 1 et 2, l’IRM a peu
de contenu tels que le verre dépoli, le contenu hémorra- de valeur ajoutée excepté dans les lésions de grande taille
gique, le contenu mixte, etc. ; (> 10 cm dans le kyste liquidien anéchogène, > 7 cm dans le
• catégorie échographique 3 : kyste multiloculaire (Idem kyste liquidien échogène) et pour faire dans certains cas le
IOTA i.e. ce qui exclut la présence d’une composante bilan lésionnel de la maladie (ex : endométriose pelvienne).
tissulaire) ;
• catégorie échographique 4 : kyste avec végétations ; Pourquoi ?
• catégorie échographique 5 : masse mixte hétérogène.
La classification IOTA regroupe ces deux derniers Les masses annexielles sont des lésions présentant souvent
tableaux sous deux appellations « uniloculaire solide » et de multiples composantes liquidienne et tissulaire. En cas de
« multiloculaire solide ». Cela signifie qu’il s’agit de kyste composante anéchogène, on peut faire un diagnostic de cer-
présentant un contenu liquide ; titude de composante liquidienne pure (type eau). En cas de
• catégorie échographique 6 : ovaire solide augmenté de composante échogène, la présence d’un flux Doppler permet
taille. d’affirmer le diagnostic de portion tissulaire. Cependant sa
présence n’est pas synonyme de malignité et son absence ne
Ces trois derniers tableaux nécessitent une caractéri- peut permettre de faire la différence entre un tissu hypo-
sation échographique de leur composante tissulaire (i.e. vasculaire ou un liquide impur. La mobilisation des échos ou
solide) par la description d’une atténuation du faisceau US la présence d’un niveau peuvent orienter vers le diagnostic
et la détection d’un flux Doppler positif. Celle-ci est le plus de liquide impur mais il est souvent difficile d’éliminer for-
souvent insuffisante et nécessitera un complément par IRM. mellement la présence d’une composante tissulaire.
Ainsi, l’IRM pelvienne est fondamentale dans les catégo- En IRM pelvienne, l’absence de rehaussement au sein
ries échographiques 4, 5 et 6 et utile pour être capable de d’une masse annexielle permet d’affirmer formellement
proposer une orientation sur le diagnostic histologique. Dans l’absence d’une composante solide (sous réserve que la
248 I. Thomassin-Naggara et al.
résolution spatiale soit suffisante i.e. < 3 mm). De plus, déterminer où se situent les fossettes ovariennes et voir
la combinaison des différentes séquences T2, T1 et DW si le pédicule ovarique est bien à proximité de la masse
et T1 gadolinium permet de reconnaître la plupart des (ce qui plaide pour une origine tubo-ovarienne). Le proto-
composants liquidiens que l’on peut être amené à rencon- cole doit donc comporter des coupes hautes et c’est pour
trer. L’association à des séquences fonctionnelles de DW cette raison qu’une IRM pelvienne pour masse annexielle
et de PW permet au niveau de la composante tissulaire est en réalité une IRM lombo-pelvienne notamment pour
de différencier le tissu bénin, du tissu borderline et du l’acquisition axiale des coupes en pondération T2. Les rap-
tissu malin invasif. Par définition, une composante tissulaire ports de la masse doivent également s’apprécier en coupe
ne correspond pas à toute structure solide se rehaussant sagittale T2 et lorsqu’une origine tubaire est supposée, il
après injection de gadolinium. Une composante tissulaire est également nécessaire de réaliser des coupes coronales
correspond soit à des végétations, soit à des septa irré- en T2.
guliers (épaississements focaux > 3 mm), soit à une portion L’absence de portion tissulaire au sein d’une masse
solide (épaississement de la paroi ou d’une cloison) [4,5]. annexielle est un critère majeur en faveur de la bénignité.
Les septas fins (< 3 mm) et réguliers sont une composante En l’absence de rehaussement interne de la masse, le risque
solide se rehaussant après injection de gadolinium mais ne de malignité est inférieur à 5 %. En effet, le risque n’est
correspondent pas à une composante tissulaire qu’il faut pas de 0 % car il peut exister des petites végétations dont
caractériser avec des séquences d’IRM fonctionnelle. le diamètre peut les rendre difficilement détectables en
Ainsi, l’analyse d’une IRM pelvienne va se faire en IRM dont la résolution spatiale reste inférieure à celle de
2 étapes : la première étape permet d’évaluer le risque de l’échographie endovaginale. Ces végétations se rencontrent
malignité d’une tumeur annexielle et la seconde étape va principalement en cas de lésion multiloculaire. Dans notre
permettre d’approcher une caractérisation histologique des expérience, en cas de lésion uniloculaire sans rehaussement
tumeurs ovariennes. interne, le risque de malignité est quasi nul lorsque la lésion
présente un contenu liquidien pur (hyperT2, hypoT1), un
contenu endométriosique ou un contenu graisseux. Lorsque
Partie 3 : réalisation et interprétation la lésion uniloculaire ne présente pas l’un de ces trois
d’une IRM pelvienne signaux, le risque reste faible avec une valeur prédictive
positive < 5 %.
Étape 1 : déterminer le risque de malignité En présence d’un rehaussement interne, il faut diffé-
rencier les masses présentant une composante tissulaire
Devant une suspicion de masse annexielle, il est crucial de (végétations, septa irréguliers, portion solide) des masses ne
bien vérifier l’origine tubo-ovarienne de cette masse. Pour présentant pas de composante tissulaire mais présentant un
cela, on recherche du parenchyme ovarien homolatéral : rehaussement interne (ce qui correspond majoritairement
soit il est présent en périphérie de la masse et la lésion aux lésions multiloculaires à paroi fines [< 3 mm]). Dans ce
est d’origine ovarienne, soit il est identifié à distance de dernier cas, la valeur prédictive positive reste également
la masse et la lésion n’est pas d’origine ovarienne (ovaire très faible < 5 %.
normal homolatéral). S’il n’existe pas de parenchyme iden- En présence d’un rehaussement interne correspondant à
tifiable, il est important de suivre le pédicule ovarique pour une composante tissulaire, il est nécessaire de caractériser
249
250 I. Thomassin-Naggara et al.
cette portion tissulaire en combinant les signaux pondérés que l’appréciation du type de composante liquidienne, de la
T2, le signal en diffusion et la courbe dynamique de rehaus- forme de la lésion, de l’analyse de la paroi et plus rarement
sement. En présence d’un hyposignal T2 et hyposignal DW, la de la taille. Dans certains cas, une pathologie organique
lésion est toujours bénigne. En cas d’hypersignal en T2 et/ou ne pourra être distinguée d’une pathologie fonctionnelle et
DW, il est nécessaire d’évaluer la courbe de rehaussement c’est le suivi en imagerie (échographie pelvienne suffisante
par rapport au myomètre externe. En cas de courbe de type pour la majorité des cas) qui fera le diagnostic différentiel.
1, la valeur prédictive positive est < 5 %, en cas de courbe Si l’on reprend les différents diagnostics par tableaux
de type 3, la valeur prédictive positive est supérieure à 95 % échographiques, on peut faire un certain nombre
et en cas de courbe de type 2 la lésion reste indétermi- d’hypothèses diagnostiques en fonction de signes IRM
née [8]. Dans notre expérience, moins de 15 % des lésions complémentaires.
restaient indéterminées en IRM pelvienne. Ainsi, une classifi-
cation IRM des masses annexielles a été développée nommée
ADNEX MR Score qui fait l’objet d’une validation à l’échelle
européenne (EURAD study) (Tableau 1).
Figure 14. Kyste avec végétations (catégorie US/IRM 4). Clinique : 60 ans G1P1 ATCD de néoplasie du sein—écho systématique : a : US :
kyste uniloculaire pur avec végétations (selon IOTA : uniloculaire solide) ; b : IRM (T1, T1, T1FS T1 FSgado) : présence d’une végétation en
hyposignal T2 se rehaussant selon une courbe de type 1. Il s’agit donc d’une lésion probablement bénigne (classée selon un score EURAD de
3). L’aspect est celui d’une lésion uniloculaire de contenu liquidien pure chez une patiente âgée de 40 ans qui évoque une tumeur épithéliale
séreuse bénigne. Il s’agit d’un cystadénome séreux papillaire.
Caractérisation des masses annexielles symptomatiques et asymptomatiques 251
Le rehaussement des septas est majeur car s’il existe positif tel qu’un loculus de toute petite taille pris pour une
des éléments qui ressemblent à des septa mais qui ne végétation. Le risque est alors de réaliser une courbe qui
prennent pas le contraste, il s’agit de cloisons de fibrine peut être très inquiétante (courbe de type 3 fréquemment
d’un kyste uniloculaire (kyste lutéal hémorragique +++). retrouvée au niveau de la paroi de lésion fonctionnelle).
Dans ce tableau, il n’y a pas de composante tissulaire De plus, devant un aspect de végétations multiples, il faut
telles qu’irrégularités septales > 3 mm, végétations > 3 mm toujours se demander, notamment lorsque l’on est devant
ou portion solide (se rehaussant après injection de des végétations de même taille réparties de façon régulière
gadolinium). sur la paroi du kyste, si l’on n’est pas devant un aspect
L’IRM est utile dans cette catégorie de lésion soit car de franges tubaires épaissi et vérifier l’absence de forme
la lésion est très volumineuse et elle permet de détecter tubulée sur des reconstructions coronales afin d’identifier
des irrégularités septales situées à distance de la sonde soit un hydrosalpinx. Le dernier diagnostic différentiel est celui
pour caractériser les liquides permettant d’approcher un de caillot qui se caractérise par l’absence de rehaussement.
diagnostic histologique. Les différents liquides rencontrés La présence de végétations est pathognomonique de
en pathologie ovarienne sont : tumeurs épithéliales. Elle n’est pas synonyme de tumeur
• de la mucine (hyperT1 modérée, T2 intermédiaire, maligne. Il existe deux types de végétations :
hyperDW, ADC élevée) ; • celles supramillimétriques retrouvées dans les tumeurs
• de la colloïde (hypoT2 franc, hyperT1 modérée) ; séreuses qui vont se présenter dans les formes bénignes
• du sang (hyperT1 sans et avec FAT SAT, T2 intermédiaire) ; en hypoT2, hypoDW et se rehaussant selon une courbe de
• du pus (hyperT2 modérée, T2 intermédiaire, hyperDW, type 1 (Fig. 14) et dans les formes borderline en signal
ADC bas). T2 intermédiaire, hyperDW et se rehaussant selon une
Il est important de bien vérifier que la structure identi- courbe de type 2 ;
• celles inframillimétriques retrouvées uniquement dans les
fiée comme végétation se rehausse après injection au niveau
tumeurs mucineuses borderline sous la forme de septa
central. En effet, toute végétation épithéliale présente un
irréguliers.
vaisseau en son centre. Ceci peut permettre d’éviter un faux
Figure 15. Masse mixte (catégorie US/IRM 5). Clinique : 70 ans G2P2 échographie pour dysurie : a : US : kyste multiloculaire avec doute
sur une portion tissulaire atténuant le faisceau ultrasonore (catégorie 3 ou 5) (selon IOA multiloculaire solide) ; b : IRM (T1, T1, T1FS,
T1FSgado, DW, DCE MR) : présence d’une masse présentant une portion tissulaire en signal T2 intermédiaire, en hypersignal DW et se
rehaussant selon une courbe de type 2. Il s’agit donc d’une lésion classée score 4 selon EURAD (indéterminée). L’analyse plus fine montre
qu’il s’agit d’une tumeur multiloculaire présentant des loculi de signaux différents, des cloisons regroupées ainsi qu’une portion solide chez
une patiente de 70 ans. La première hypothèse diagnostique est celle d’un cystadénocarcinome mucineux ou endométriode. Il s’agissait
d’un cystadénocarcinome séreux.
Caractérisation des masses annexielles symptomatiques et asymptomatiques 253
Ne sont classées dans cette catégorie que les lésions pré- liquidienne. L’analyse de la prise en contraste permet de
sentant des végétations mais ne présentant pas de portion limiter ce groupe en IRM aux lésions comportant réelle-
solide associée (cf. Aspect IRM 5). ment une portion solide (ce qui peut être difficile à savoir
Lorsque les végétations sont regroupées en bouquet, il simplement en échographie où toute lésion échogène hété-
peut être difficile de faire la part des choses entre une rogène peut être classée dans cette catégorie). C’est la
tumeur borderline (bouquet de végétations) et une tumeur catégorie qui contient le plus d’hypothèses diagnostiques
invasive (portion solide). La portion solide retrouvée dans la (Tableau 3) (Fig. 15). L’IRM permet également, en facili-
tumeur invasive correspond à une prolifération de la paroi tant l’analyse de l’origine de la lésion, d’éliminer un certain
du kyste. Il existe donc un angle de raccordement ouvert nombre d’hypothèses échographiques.
entre la portion solide échogène et la paroi. En cas de bou-
quet de végétation, le raccordement se fait par le biais d’un
pédicule aussi, il existe un angle de raccordement fermé
Catégorie IRM 6 : masse purement solide
par rapport à la paroi du kyste. En cas de doute, il est utile La toute première hypothèse diagnostique à éliminer est
de faire des coupes fines en pondération T2 et de regar- celle d’un œdème ovarien qui va se traduire par un ovaire
der la courbe dynamique de rehaussement pour orienter le augmenté de taille en hypersignal en T2 avec des follicules
diagnostic. en périphérie. Les différents diagnostiques sont possibles
sont énumérés dans le Tableau 3 (Fig. 16).
Lorsqu’il s’agit d’une masse tumorale avérée, la prin-
Catégorie IRM 5 : masse mixte cipale problématique va être de différencier une lésion
Il s’agit du groupe de tumeurs le plus hétérogène défini par la ovarienne d’un myome sous-séreux qui correspond à la
présence d’une composante tissulaire et d’une composante masse solide latéro-utérine la plus fréquemment rencon-
Figure 16. Masse solide (catégorie US/IRM 6). Clinique : 30 ans G0P0 vue à j30 du cycle pour inconfort abdominal : a : US : ovaire
augmenté de taille très vascularisé Doppler (selon IOTA : purement solide) ; b : IRM (T2, DW, DCEMR) : masse purement solide en signal
T2 intermédiaire en hypersignal DW et se rehaussant selon une courbe de type 3 pré-décalée par rapport au myomètre. Il s’agit donc d’une
lésion classée score 5 selon EURAD probablement maligne. L’aspect est non spécifique en IRM. L’âge jeune de la patiente incite à rechercher
une lésion d’origine secondaire (sein, rein. . .). Les tumeurs digestives métastasent plus sous la forme de lésion multiloculaire au niveau
ovarien. Il s’agissait de métastases d’un cancer à cellules claires du rein.
254 I. Thomassin-Naggara et al.
Figure 17. Kyste avec végétations (catégorie US 4). Clinique : 35 ans découverte fortuite : a : US : l’aspect échographique est celui d’un
kyste uniloculaire végétant avec possiblement une portion tissulaire atténuante (selon IOTA uniloculaire solide) ; b : IRM (T2, T1, T1FS, T1FS
gado) : la masse ne présente aucune composante tissulaire et un contenu strictement graisseux. Il s’agissait donc d’une catégorie IRM 2 et
d’un score EURAD 2. La présente de graisse témoigne du diagnostic de tératome mature kystique.
trée. Les autres diagnostics différentiels sont les tumeurs beaucoup plus limités pour aller plus loin dans la caracté-
neurogènes type schwannome (critère diagnostique : refou- risation. C’est probablement dans ce type lésionnel que le
lement du feuillet péritonéal postérieur), les GIST (critère TDM pelvien en troisième intention à la recherche de calci-
diagnostique : homogène avec remaniement kystique cen- fications peut être utile (macrocalcifications en faveur de
tral) et les adénopathies pelviennes (critère diagnostique : léiomyome utérin ou ovarien, calcifications fines et cen-
situé en dehors des vaisseaux). trales en faveur d’une tumeur de Brenner. . .). Le contexte
Lorsqu’il s’agit bien d’une masse ovarienne, les critères clinique et les marqueurs participeront à orienter le dia-
IRM sont très bons pour différencier malin du bénin mais gnostic (Tableau 3).
Caractérisation des masses annexielles symptomatiques et asymptomatiques 255
Conclusion Les autres auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens
d’intérêts.
Si l’échographie pelvienne reste l’examen de première
intention, l’IRM pelvienne permet d’optimiser la caracté- Références
risation lésionnelle des anomalies complexes ou indétermi-
nées en échographie (Fig. 17). Etablir deux étapes dans le [1] Béranger-Gibert S, Sakly H, Ballester M, et al. Diagnostic value
raisonnement en IRM devant une masse annexielle permet of MR imaging in the diagnosis of adnexal torsion. Radiology
de mettre à la portée de tout radiologue une orientation 2016;279(2):461—70.
fiable des patientes vers un centre spécialisé si besoin. [2] Deffieux X, Thubert T, Huchon C, et al. Complications des
Le diagnostic plus précis permettant d’approcher le dia- tumeurs ovariennes présumées bénignes. J Gynecol Obstet Biol
gnostic histologique nécessite une connaissance plus large Reprod (Paris) 2013;42(8):816—32.
[3] Thomassin-Naggara I, Darai E, Bazot M. Gynecological pelvic
de la pathologie ovarienne, qui peut s’acquérir dans une
infection: what is the role of imaging? Diagn Interv Imaging
sur spécialisation dans cette sous-spécialité de la radiolo- 2012;93(6):491—9.
gie qu’est l’imagerie gynécologique. Afin de simplifier le [4] Kinkel K, Lu Y, Mehdizade A, et al. Indeterminate ovarian mass
raisonnement, on décrit 6 catégories IRM correspondant at US: incremental value of second imaging test for charac-
aux 6 catégories échographiques classiques. Cependant, terization —– meta-analysis and Bayesian analysis. Radiology
il ne faut pas oublier que dans un certain nombre de 2005;236(1):85—94.
cas des discordances existeront entre la catégorie écho- [5] Brun JL, Fritel X, Aubard Y, et al. Management of presumed
graphique et IRM puisque la valeur ajoutée de l’IRM se benign ovarian tumors: updated French guidelines. Eur J Obstet
situe justement dans sa capacité à identifier formellement Gynecol Reprod Biol 2014;183:52—8.
le solide du liquide, ce que ne sait pas toujours faire [6] Buys SS, Partridge E, Greene MH, et al. Ovarian cancer scree-
ning in the Prostate, Lung, Colorectal and Ovarian (PLCO) cancer
l’échographie devant un signal échogène non vascularisé en
screening trial: findings from the initial screen of a randomized
Doppler. trial. Am J Obstet Gynecol 2005;193(5):1630—9.
[7] Timmerman D, Ameye L, Fischerova D, et al. Simple ultrasound
rules to distinguish between benign and malignant adnexal
Déclaration de liens d’intérêts masses before surgery: prospective validation by IOTA group.
BMJ 2010;341:c6839.
Isabelle Thomassin-Naggara : Thomassin-Naggara (confe- [8] Thomassin-Naggara I, Aubert E, Rockall A, et al. Adnexal masses:
rences remunerees ou congres financés (GE, Samsung, development and preliminary validation of an MR imaging sco-
Guerbet) activité de consultant (Siemens, Bard)). ring system. Radiology 2013;267(2):432—43.
Imagerie de la Femme (2017) 27, 256—266
ScienceDirect
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MISE AU POINT
a
Service d’anatomopathologie, unité d’imagerie de la femme, institut Paoli-Calmettes, 232,
boulevard Sainte-Marguerite, 13009 Marseille, France
b
Département de biologie du cancer, institut Paoli-Calmettes, 232, boulevard
Sainte-Marguerite, 13009 Marseille, France
MOTS CLÉS Résumé Les ovaires sont un site fréquent de métastases. Dans la plupart des cas, les
Métastase ; métastases ovariennes sont découvertes dans un contexte de cancer primitif connu. L’aspect,
Ovaire ; en imagerie et en macroscopie des métastases ovariennes, dépend du cancer primitif. Deux
IRM ; types de présentations existent : les métastases à prédominance solide et les métastases à
Cancer primitif prédominance kystique.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary Ovarian metastasis are frequent but imaging features depending on the primitive
Ovarian masses; tumor. Solid metastasis are often due to stomach and breast carcinoma and mucinous metastasis
Ovarian metastasis; due to colonic carcinoma.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
MRI
Les ovaires sont un site fréquent de métastases [1]. Dans la plupart des cas, les méta-
stases ovariennes sont découvertes dans un contexte de cancer primitif connu. Cependant,
dans un tiers des cas, les métastases ovariennes peuvent être la première manifestation
d’un cancer primitif. Il est donc majeur pour le radiologue de pouvoir poser le diagnostic
de métastase ovarienne en imagerie. Les cancers métastasant le plus fréquemment aux
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : aureliejalaguier@gmail.com (A. Jalaguier-Coudray).
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.10.005
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Imagerie des métastases ovariennes 257
ovaires sont le cancer du sein, les cancers digestifs (notam- T2 intermédiaire et hypersignal diffusion, se rehaussant
ment le cancer du côlon et le cancer de l’estomac), le cancer selon une courbe de type 2 ou 3. Le diagnostic de malignité
du tractus génito-urinaire et les hémopathies malignes (lym- est facilement posé devant une courbe de type 3 (Fig. 3) ;
phome et leucémie) [2]. Les voies de dissémination aux cependant, il reste difficile de différencier des métastases
ovaires sont multiples : hématogène, lymphatique ou péri- ovariennes d’un carcinome ovarien primitif en imagerie
tonéale. La découverte de métastases ovariennes est de [3,4]. En effet, le carcinome ovarien primitif peut être uni-
mauvais pronostic puisque la médiane de survie est de 1 à ou bilatéral, et même s’il est majoritairement mixte à la fois
3 ans [2]. kystique et tissulaire, il peut être solide pur. De même, les
L’aspect macroscopique des métastases ovariennes est métastases ovariennes peuvent être unilatérales dans 20 %
variable en fonction du cancer primitif. Il existe les méta- des cas et découvertes sans primitif connu dans 33 % des
stases ovariennes à prédominance solide et les métastases cas.
ovariennes à prédominance kystique. C’est notamment le cas des métastases des cancers gas-
Les métastases à prédominance solide sont les mieux triques, découvertes fréquemment de novo, notamment
connues des radiologues. Le cancer gastrique avec notam- dans un contexte de grossesse ou de post-partum. Les
ment la linite gastrique, le cancer du sein et les hémopathies métastases d’un cancer gastrique sont le plus souvent
malignes sont les cancers les plus pourvoyeurs de métastases bilatérales (80 %), typiquement solides, rondes, avec des
ovariennes à prédominance solide. zones en franc hyposignal T2 liées à la composante stro-
En macroscopie et en imagerie, il s’agit de masses ova- male fibreuse et des zones en signal T2 intermédiaire
riennes tissulaires, et dans la grande majorité des cas, elles centrale, liée à une composante œdémateuse (Fig. 4) [5].
sont bilatérales (60—80 %) (Fig. 1). L’échographie est non Parfois des remaniements micro-kystiques peuvent être éga-
spécifique retrouvant des masses ovariennes bilatérales, lement décrits. Le terme de métastases de Krukenberg
tissulaires, vascularisées indéterminées indiquant la réali- est utilisé à tort pour désigner toutes les métastases ova-
sation d’une IRM complémentaire (Fig. 2). Il n’existe pas riennes ou les métastases ovariennes d’un cancer digestif.
en IRM de signes pathognomoniques de métastases ova- Le terme de Krukenberg est une définition histologique
riennes. Le diagnostic de métastases ovariennes se pose pure ; il s’agit de la présence de cellules en bagues à
sur un faisceau d’argument. Les métastases ovariennes à chatons, de moins de 10 % du contingent tumoral total
prédominance solide sont souvent bilatérales, en signal (Fig. 5).
Figure 1. Macroscopie d’une métastase ovarienne d’un carcinome mammaire retrouvant une masse solide, lobulée, à surface externe
lisse ; à la coupe masse blanchâtre homogène ; a : pièce fermée ; b : pièce ouverte.
258 A. Jalaguier-Coudray et al.
En ce qui concerne le cancer du sein, la découverte Les métastases ovariennes peuvent être également à pré-
de métastases ovariennes est exceptionnellement faite dominance kystique. Les principaux cancers pourvoyeurs de
de novo. Il s’agit la plupart du temps d’une évolution métastases à prédominance kystique sont les cancers diges-
métastatique diffuse du carcinome mammaire, notam- tifs (côlon, rectum, appendice) et le cancer du pancréas.
ment dans le cadre d’un carcinome lobulaire infiltrant. La portion kystique correspond à des sécrétions de mucine.
Les métastases ovariennes d’un carcinome mammaire sont L’OMS classe les tumeurs mucineuses ovariennes en deux
habituellement bilatérales (66 %), de moins de 5 cm, aux catégories : les tumeurs épithéliales mucineuses primitives
contours lobulés, solides pures, avec parfois quelques rema- (bénignes, borderline et malignes) et les tumeurs ovariennes
niements kystiques (Fig. 6) [2]. Il existe souvent, de façon mucineuses secondaires. La distinction entre les métastases
caractéristique, en périphérie des lésions ovariennes secon- mucineuses et les cancers primitifs mucineux est souvent
daires d’un carcinome mammaire, la présence d’un ruban un challenge pour le radiologue et l’anatomopathologiste
cortical nodulaire bosselé, non pathognomonique. [7,8]. Dans la littérature, les deux principaux critères
Les métastases ovariennes des hémopathies malignes décrits sont la taille des lésions et le caractère uni ou
compliquent dans la majorité des cas des lymphomes non bilatéral de l’atteinte. Les tumeurs mucineuses secondaires
hodgkinien de type B ou des lymphomes folliculaires déjà sont souvent bilatérales, de taille inférieure à 10 cm alors
connus [6]. Les quelques cas IRM rapportés dans la lit- que les tumeurs mucineuses primitives malignes sont sou-
térature montrent des masses solides, souvent bilatérales vent unilatérales, de grande taille (Fig. 8 et 9). Cependant,
associées à des adénomégalies et une hépatosplénomégalie si les critères de taille de moins de 10 cm et d’atteinte
(Fig. 7). bilatérale ont une bonne valeur diagnostique pour des
Figure 2. Images échographiques centrées sur l’utérus en sagittale (a), en axiale (b) montrant un endomètre fin (flèches) et images
échographiques centrées sur l’ovaire droit (c) et l’ovaire gauche (d) retrouvant des masses tissulaires solides bilatérales, indéterminées,
indiquant de réaliser une IRM pelvienne de caractérisation.
Imagerie des métastases ovariennes 259
Figure 3. Patiente de 55 ans, suivie pour un carcinome lobulaire infiltrant du sein gauche depuis 10 ans. Mise en évidence de deux
masses ovariennes bilatérales (flèches) en IRM, en signal T2 intermédiaire (a), hypersignal diffusion b1000 (b), rehaussées après injection
de gadolinium (c), selon une courbe de type 3 sur la séquence de perfusion (d). L’histologie définitive était en rapport avec des métastases
ovariennes d’un carcinome lobulaire infiltrant.
260 A. Jalaguier-Coudray et al.
Figure 4. Patiente de 36 ans, adressée en IRM pour caractérisation d’une masse ovarienne droite solide pure, avec une portion centrale
en franc hypersignal T2 (flèche longue) et une portion périphérique en hyposignal T2 (flèche courte) (a), en hypersignal diffusion b1000 (b),
se rehaussant après injection de gadolinium (c) selon une courbe de type 3 sur la séquence de perfusion (d). L’histologie définitive était en
rapport avec une métastase ovarienne d’une linite gastrique.
Figure 5. Coupe histologique en coloration HED, au grossissement (× 20), d’une métastase ovarienne d’un linite gastrique montrant une
prolifération de cellules vacuolisées d’aspect en bagues à chatons au sein d’un stroma fibreux.
Imagerie des métastases ovariennes 261
Figure 6. Patiente de 50 ans, suivie pour un cancer lobulaire infiltrant traitée depuis 2 ans. Mise en évidence de deux masses ovariennes
bilatérales apparaissant solides (flèches), en signal T2 intermédiaire (a), hypersignal diffusion b1000 (b et c), rehaussées après injection de
gadolinium (d et e), selon une courbe de type 3 sur la séquence de perfusion (f). L’histologie définitive était en rapport avec des métastases
d’un carcinome lobulaire infiltrant.
localisations ovariennes secondaires, en revanche, le cri- tomodensitométrie et/ou par fibroscopie et coloscopie
tère unilatéral et de taille supérieure à 10 cm semble moins peuvent être également réalisées en pré-thérapeutique
reproductible (Fig. 10). C’est pourquoi les auteurs recom- selon les équipes.
mandaient de garder à l’esprit la possibilité d’une lésion En imagerie, et notamment en IRM, les métastases
secondaire, même en présence d’une volumineuse lésion ovariennes à prédominance kystique sont multiloculées,
unilatérale [7,9]. avec des loculi de signaux variables en T1, liés à des
Devant une lésion mucineuse maligne, le radiologue concentrations différentes en mucine et à des plages de
devra rester prudent et examiner attentivement le cadre nécrose tumorale. Le contingent solide est d’importance
colique, l’appendice et la région gastrique à la recherche variable, avec un rehaussement selon une courbe de type
d’un éventuel cancer primitif. Une exploration par 3 ou 2 [2].
262 A. Jalaguier-Coudray et al.
Figure 7. Patiente de 55 ans, suivie pour un lymphome B à grandes cellules, adressée en IRM pour caractérisation d’une masse ovarienne
gauche, en signal T2 hétérogène (a et b), contenant des plages en franc hyposignal T2 (flèche courte) et en signal T2 intermédiaire (flèche
longue), hypersignal diffusion b1000 (c), fortement rehaussée après injection de gadolinium (d), selon une courbe de type 3 sur la séquence
de perfusion (e). Pas de preuve histologique chez cette patiente mais restitution ad integrum de l’ovaire gauche en fin de traitement pour
son lymphome en rémission complète.
Le cas particulier est celui des métastases ovariennes adénocarcinome mucineux appendiculaire. Dans les deux
de tumeurs appendiculaires. Elles sont secondaires à la cas, il existe une dissémination intra-péritonéale de cel-
rupture d’un mucocèle appendiculaire soit lié à une lules mucosecrétantes responsables de masses ovariennes
tumeur mucineuse appendiculaire de bas grade soit à un et de carcinose péritonéale. L’aspect en imagerie est
Imagerie des métastases ovariennes 263
Figure 8. Patiente de 60 ans, suivie pour un carcinome colique, adressée en IRM pour caractérisation de masses ovariennes bilatérales
(flèches), majoritairement kystiques, multiloculées en T2 (a), contenant des loculi en hypersignaux T1 fat sat franc (flèche courte) (b),
avec des portions solides et des cloisons irrégulières après injection de gadolinium (c). L’histologie définitive retrouvait des métastases d’un
adénocarcinome colique (d).
264 A. Jalaguier-Coudray et al.
Figure 9. Patiente de 50 ans, adressée en IRM pour caractérisation d’une masse de 30 cm ovarienne droite, multiloculée en T2 (a),
contenant des loculi de signaux différents sur la séquence T1 fat sat (b), avec une portion tissulaire solide, bien visible en T2 (flèche),
hypersignal diffusion (c), rehaussée après injection de gadolinium (d). L’histologie définitive est en rapport avec un carcinome ovarien
mucineux primitif.
Imagerie des métastases ovariennes 265
Figure 10. Patiente de 45 ans, adressée en IRM pour caractérisation de masses ovariennes bilatérales, kystiques multiloculées en T2 (a),
de signaux différents en T1 (b), contenant une portion tissulaire solide à gauche en signal T2 intermédiaire (flèche), hypersignal diffusion
b1000 (c), rehaussée après injection de gadolinium, (d) l’histologie définitive est en rapport avec des métastases ovariennes d’une linite
gastrique.
266 A. Jalaguier-Coudray et al.
Figure 11. Patiente de 35 ans, adressée en IRM pour masse ovarienne droite, kystique, multiloculée en T2 (flèche longue) (a), avec
rehaussement des cloisons irrégulières après injection de gadolinium (b). Mise en évidence d’un mucocéle appendiculaire (flèche courte)
(c et d). (Remerciements Dr Nicolas Perrot).
caractéristique. Il s’agit de masses ovariennes bilatérales, [4] Brown DL, Zou KH, Tempany CM, Frates MC, Silverman SG,
multikystiques associées à une carcinose péritonéale avec McNeil BJ, et al. Primary versus secondary ovarian malignancy:
des implants mucineux (Fig. 11) [9—11]. imaging findings of adnexal masses in the Radiology Diagnostic
En conclusion, le diagnostic de métastase ovarienne n’est Oncology Group Study. Radiology 2001;219(1):213—8.
[5] Ha HK, Baek SY, Kim SH, Kim HH, Chung EC, Yeon KM. Kru-
pas aisé et repose sur un faisceau d’argument en image-
kenberg’s tumor of the ovary: MR imaging features. AJR Am J
rie. Le radiologue doit rester prudent devant une lésion
Roentgenol 1995;164(6):1435—9.
mucineuse maligne en évoquant les deux diagnostics. Dans [6] Mitsumori A, Joja I, Hiraki Y. MR appearance of non-Hodgkin’s
ce cas, la chirurgie sera précédée d’un scanner thoraco- lymphoma of the ovary. AJR Am J Roentgenol 1999;173(1):
abdomino-pelvien et d’une fibro-coloscopie. 245.
[7] Seidman JD, Kurman RJ, Ronnett BM. Primary and metastatic
mucinous adenocarcinomas in the ovaries: incidence in rou-
Déclaration de liens d’intérêts tine practice with a new approach to improve intraoperative
diagnosis. Am J Surg Pathol 2003;27(7):985—93.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. [8] Ronnett BM, Seidman JD. Mucinous tumors arising in ova-
rian mature cystic teratomas: relationship to the clinical
syndrome of pseudomyxoma peritonei. Am J Surg Pathol
2003;27(5):650—7.
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rian tumors: spectrum of CT and MR features with pathologic single institution, with literature review. Am J Surg Pathol
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 267—279
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MISE AU POINT
Recommandations de la Société
européenne d’imagerie génito-urinaire :
IRM de l’endométriose pelvienne夽
European Society of Urogenital Radiology (ESUR) guidelines: MR imaging
of pelvic endometriosis
a
Département de radiologie, hôpital Tenon, 58, avenue Gambetta, 75020 Paris, France
b
Department of Radiology, St Mary’s Hospital, Imperial College Healthcare NHS Trust, 3rd
floor Queen Elizabeth the Queen Mother building, Praed Street, London W21NY, Royaume-Uni
c
Département de gynécologie et d’obstétrique, centre hospitalier intercommunal de
Poissy-Saint-Gernamin-en-Laye, 10, rue du Champ-Gaillard, 78300 Poissy, France
d
Institut de radiologie, clinique des Grangettes, 7, chemin des Grangettes, 1224
Chêne-Bougeries, Suisse
e
Serviço de Radiologia, Instituto Português de Oncologia de Lisboa Francisco Gentil, Rua
Prof. Lima Basto, 1099-023 Lisboa, Portugal
f
Department of Radiology, Hospital da Luz, Lisbon, Portugal
g
Department of Radiological Sciences, Sapienza University of Rome, Vle. Regina Elena 324,
00162 Rome, Italie
h
Department of Radiology (Urogenital Section), Hospital Clínic Barcelona, Villarroel, 170,
Barcelona 08036, Espagne
i
Department of Diagnostic Radiology, Kyoto University Hospital, 54 Shogoin-Kawahara-cho,
Sakyo-ku, Kyoto 606-8507, Japon
j
Department of Radiology, The Royal Marsden Hospital, Fulham Road, London SW3 6JJ,
Royaume-Uni
Reçu le 29 juin 2017 ; reçu sous la forme révisée le 8 septembre 2017 ; accepté le
10 septembre 2017
Disponible sur Internet le 21 novembre 2017
夽 Cet article a été adapté pour le lectorat francophone d’après la version originale publiée sous la référence Bazot M, Bharwani N, Huchon
C, Kinkel K, Cunha TM, Guerra A, et al. European Society of Urogenital Radiology (ESUR) guidelines: MR imaging of pelvic endometriosis.
Eur Radiol 2017;27:2765—75.
∗ Auteur correspondant.
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.09.007
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
268 M. Bazot et al.
Introduction Méthodes
L’endométriose est une pathologie gynécologique fréquente Les protocoles d’IRM pour le diagnostic de l’endométriose
déterminée par la présence de glandes endométriales ecto- pelvienne ont été collectés en provenance de sept ser-
piques et de stroma en dehors de l’utérus. Cette pathologie vices de radiologie européens et d’un service non-européen.
intéresse les femmes en période d’activité génitale, avec Les critères d’inclusion pour participer au développement
une prévalence approximative de 10 % [1]. Ces patientes de ces recommandations étaient d’être membre du groupe
peuvent être asymptomatiques ou présenter des douleurs d’experts sur l’imagerie pelvienne de la société européenne
pelviennes chroniques et/ou une infertilité. La combinaison de radiologie urogénitale et de réaliser régulièrement des
de la cœlioscopie et des données histologiques retrouvant examens par IRM et/ou des publications sur l’endométriose.
des glandes endométriales et du chorion est actuellement Tous les auteurs sauf un ayant participé à la rédaction de
considérée comme la méthode de référence pour le dia- ces recommandations étaient experts en imagerie gyné-
gnostic de l’endométriose [2]. cologique, le dernier étant un gynécologue expert en
L’échographie est la technique de première intention méthodologie.
pour l’évaluation d’une endométriose pelvienne mais pré- Un questionnaire a été établi contenant les informa-
sente des limites liées au champ d’analyse et à l’expérience tions suivantes : préparation des patientes, puissance de
de l’opérateur [3—8]. Une IRM est réalisée de plus en l’aimant, type d’antenne, type de séquences d’IRM, utili-
plus fréquemment en seconde intention pour les dossiers sation de l’injection de gadolinium et opacification vaginale
complexes ou pour un bilan préopératoire étant excessi- et/ou rectale. Les données de la littérature ont été revues
vement performante pour l’évaluation de l’endométriose à partir d’une recherche effectuée dans la base de données
[9—18]. Cependant, il n’existe pas de consensus internatio- Medline analysant les résumés en langue anglaise des études
nal concernant la préparation des patientes, le protocole incluant les mots-clés suivants : « endométriose » et « IRM »
IRM et les critères diagnostiques. publiées jusqu’en juin 2015. Les articles qui n’incluaient pas
Le but de ce travail était de développer des recomman- les détails techniques en lien avec les informations requises
dations pour la réalisation de protocoles IRM optimaux pour dans le questionnaire ont été exclus. Les éléments recueillis
l’endométriose pelvienne basée sur une analyse critique ont été entrés dans un tableau ExcelTM et les résultats ont
détaillée de la littérature et un consensus d’experts issus été divisés puis discutés selon divers points clés avec agré-
du groupe de travail sur l’imagerie pelvienne de la Société ment et désaccord. Les topiques sans accord entre experts
européenne de radiologie urogénitale (ESUR). ont été comparés aux données de la littérature. Les experts
Recommandations de l’ESUR pour l’IRM de l’endométriose pelvienne 269
en faveur d’une option technique ont défendu leur point l’étude, plus de 90 % des IRM pelviennes étaient pratiquées
de vue en fonction des données de la littérature. Le panel pour un bilan d’endométriose pelvienne profonde qui appa-
d’experts a proposé une recommandation finale pour chaque raît comme l’indication principale. Ainsi, le diagnostic d’une
critère en utilisant les niveaux de preuve 2011 de l’Oxford masse annexielle indéterminée apparaît comme une indica-
Centre for Evidence Based Medicine (OCEBM). tion IRM accessoire.
Le résumé des données scientifiques valides pour chaque Aucun consensus n’existe dans la littérature en ce qui
question analysée par les experts incluait un niveau de concerne la place de l’IRM par rapport à l’échographie.
preuve (NP) basé sur la qualité des données publiées en En pratique quotidienne, les publications radiologiques
accord avec un schéma développé par la Haute Autorité de tendent à favoriser l’IRM alors les publications gynéco-
santé (HAS) : logiques soulignent la valeur de l’échographie [19,20].
• NP1 : essais comparatifs randomisés de forte puissance ou Cette assertion est en accord avec les méta-analyses
méta-analyse d’essais comparatifs randomisés ; publiées récemment [21—23]. La première méta-analyse a
• NP2 : essais comparatifs randomisés de faible puissance confirmé que l’échographie endovaginale devrait rester la
ou études comparatives non randomisées bien menées ou première méthode d’évaluation d’une endométriose pel-
études de cohorte ; vienne profonde suspectée cliniquement [21]. Deux autres
• NP3 : études cas-témoins ; méta-analyses ont démontré que la précision diagnostique
• NP4 : études comparatives comportant des biais impor- de l’échographie endovaginale pour détecter une endomé-
tants ou études rétrospectives ou séries de cas. triose pelvienne profonde était satisfaisante à bonne avec
une haute spécificité pour les diverses localisations étudiées
Un guide de bonnes pratiques a été résumé à partir des [22]. En lien avec les résultats de ces méta-analyses d’autres
réponses donnés par les experts et des grades ont été attri- explorations, en particulier l’IRM, sont recommandées chez
bués comme suit : une patiente symptomatique présentant une échographie
• grade A : niveau de preuve scientifique établi (NP1) ; endovaginale négative (NP1) [22]. Enfin, une dernière méta-
• grade B : présomption scientifique (NP2) ; analyse a suggéré que l’IRM était une méthode utile pour la
• grade C : basé sur un niveau bas de preuves scientifiques cartographie préopératoire d’une endométriose pelvienne
(NP3 ou NP4). Les recommandations basées sur un accord profonde (NP1) [23].
professionnel ont été réduits au minimum et ont été utili-
sées dans les questions quand la littérature ne répondait
pas à la question posée. Chez des patientes ayant une échographie
endovaginale équivoque, l’IRM est recommandée en
seconde intention pour la cartographie préopératoire
d’une endométriose pelvienne profonde (grade A).
Résultats
Indications de l’IRM pour l’endométriose
Aucune donnée n’existe dans la littérature à propos des indi- Conditions techniques
cations de l’IRM pelvienne pour l’endométriose pelvienne
comportant l’évaluation des douleurs pelviennes, une infer- Les conditions techniques de chaque centre sont présentées
tilité ou une masse annexielle indéterminée. En accord dans le Tableau 1. Un résumé de la littérature a été fourni
avec l’analyse réalisée dans les différents centres ESUR de pour chaque critère.
Tableau 1 Recommandations cliniques proposées par un groupe de radiologues de la Société européenne de radiologie
urogénitale (ESUR) pour l’évaluation par IRM de l’endométriose pelvienne : spécifications techniques par centre expert.
Paris1 Londres2 Genève4 Lisbonne1 Lisbonne2 Rome7 Barcelone8 Kyoto9
Aimant (T) 1,5 1,5/3,0 3,0 1,5 1,5/3,0 3,0 1,5/3,0 1,5/3,0
Réseau phasé Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
Endocavitaire Non Non Non Non Non Non Non Non
Timing IRM Non Non > j8 Non Non Non Non Non
Jeûne 3h Non 6h 6h 4h 6h 4h 4h
Régime Non Non Non Non Non Non Non Non
Lavement Oui Non Oui Non Oui Oui Non Non
Miction (avant) 2h Non Non 2h 1h 1h Non Non
Cathéter intraveineux Non (option) Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non
Antipéristaltiques SC IV IM IV IV IV IV SC
Contention abdominale Oui Non Oui Oui Non Non Non Oui
Opacification vaginale Non Non Ouia Ouia Ouia Non Non Non
Opacification rectale Non Oui Ouia Ouia Ouia Ouia Non Non
Décubitus Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
Procubitus Ouib Non Non Non Non Non Non Non
IM : intramusculaire ; IV : intraveineux ; SC : sous-cutané ; IRM : imagerie par résonance magnétique.
a En cas de doute ou en présence de symptômes (dyspareunie, dyschésie).
b En cas de claustrophobie.
270 M. Bazot et al.
Aimants de 1,5T ou de 3,0T n’ont observé aucune différence significative pour la car-
tographie lésionnelle entre les examens réalisés en période
La majorité des études publiées ont utilisé un champ
menstruelle ou non [37].
magnétique de 1,5T. Seul quatre publications ont utilisé
un champ de 3,0T, suggérant des résultats prometteurs
[11,16,24,25]. À 3,0T, l’amélioration du rapport signal sur
Aucune recommandation ne peut être proposée pour
bruit autorise l’acquisition d’images en haute résolution per-
la période de réalisation d’une IRM pelvienne pour
mettant une détection précise des différentes localisations
l’évaluation d’une endométriose pelvienne profonde
d’endométriose pelvienne profonde [11,16,24]. Cependant,
selon le cycle menstruel.
il existe une accentuation de l’hétérogénéité des images
à 3,0T en comparaison du 1,5T pouvant avoir un effet
délétère sur les techniques de saturation de graisse utili-
sées en routine pour l’évaluation de l’endométriose [16,26].
L’utilisation de la technique Dixon pourrait surmonter cela Préparation des patientes
et procurer une suppression de graisse améliorée [26].
Il n’existe pas de consensus concernant la préparation des
patientes avant une IRM pelvienne. Le comité de rédaction a
Les aimants de 1,5T et 3,0T semblent valides pour
l’évaluation de l’endométriose pelvienne profonde,
malgré l’absence d’études comparatives disponibles.
Ainsi, aucune recommandation ne peut être proposée
concernant un champ spécifique et un travail
complémentaire de comparaison doit être mené
(Fig. 1).
Type d’antenne
En accord avec les études publiées, les antennes en réseau
phasé procurent un meilleur rapport signal sur bruit que les
antennes corps (NP3) [27,28]. En outre, trois publications
ont rapporté l’intérêt additionnel des antennes endoca-
vitaires en complément des antennes en réseau phasé
[9,29,30]. Des limites en termes de coût et d’acceptabilité
réduisent leur utilisation potentielle pour l’évaluation de
l’endométriose pelvienne profonde.
Préparation digestive
La plupart des publications ne mentionnent pas l’utilisation
d’une préparation digestive avant la réalisation d’une IRM.
Lorsque les auteurs suggèrent son utilisation, les modali-
tés pratiques de réalisation sont variables. La forme la plus
commune de préparation était un lavement rectal utilisant
soit des suppositoires (ex. bisacodyl) ou à l’eau [38,39]. En
outre, les recommandations diététiques sont excessivement
variables, allant de rien à un régime sans résidu de 3 jours
précédant l’IRM suivi d’un lavement, la prise de sulfates de
magnésium et une réhydratation le jour avant l’IRM [40].
Vidange vésicale
Aucune étude n’est disponible dans la littérature médicale
concernant l’importance de la distension vésicale pour la
détection d’une endométriose antérieure. Lorsque la dis-
tension vésicale est abordée, les auteurs recommandent
une vessie modérément ou totalement remplie pour corriger
l’antéflexion utérine et refouler les anses grêles vers le haut
limitant les artéfacts dus au péristaltisme, favorisant ainsi
la visualisation de cette région anatomique et la détection
de petits nodules localisés dans le cul-de-sac vésico-utérin
ou le dôme vésical (NP4) [12,16,38,41—45]. Une réplétion
vésicale excessive n’est pas recommandée, générant des
contractions du détrusor, sources d’artéfacts limitant la
détection de petits implants pariétaux (NP4) [41,43,45].
L’obtention d’une distension appropriée est obtenue en
demandant aux patientes de vider leur vessie dans l’heure
Figure 2. Coupes d’imagerie par résonance magnétique (IRM) précédant la réalisation de l’IRM [16,38].
sagittales 2D T2 réalisées à 1,5T chez la même patiente sans (a)
puis après injection intraveineuse d’antipéristaltiques intestinaux
(b) démontrant l’amélioration remarquable de la qualité d’images Une vessie modérément remplie est recommandée
après injection. Noter la présence d’une lame d’épanchement per- pour la recherche d’une endométriose pelvienne
mettant de délimiter clairement le compartiment intrapéritonéal profonde (grade C).
du compartiment sous-péritonéal postérieur (double flèche).
Reproduit avec autorisation, Bazot M. Paris : Éditions Lavoisier ;
2016.
Position des patientes
Tous les centres experts de cette étude réalisent leurs IRM
pensé que le protocole devait être adapté à l’indication prin- en décubitus dorsal. Une revue récente a spécifiquement
cipale de l’endométriose pelvienne (diagnostic/stadification étudié les facteurs pouvant réduire l’anxiété et limiter
d’une endométriose pelvienne profonde, masse annexielle l’utilisation d’une sédation chez les adultes ayant une IRM
indéterminée). et aussi confirmé le bénéfice du procubitus pour réduire une
claustrophobie éventuelle (NP2) [46].
Jeûne
Lorsque le jeûne précédant l’IRM était signalé, la durée Le décubitus dorsal est recommandé pour la réalisation
de celui-ci était variable allant de 3, 4 à 6 heures (NP2) d’une IRM recherchant une endométriose pelvienne
[16,17,19,20,31,32,38]. Cependant, la majorité des publica- (accord professionnel). Le procubitus est une option
tions ne signalait pas la durée éventuelle dans la préparation utile en cas de claustrophobie (grade B).
des examens d’IRM.
272 M. Bazot et al.
Agents antipéristaltiques
L’utilisation d’un agent antipéristaltique (par exemple :
glucagon, butyl-scopolamine), en l’absence de contre-
indications (par exemple : diabète or phéochromocytome)
est la méthode la plus efficace pour limiter les artéfacts
d’origine intestinale (Fig. 2) [51]. Récemment, Gutzeit et al.
ont suggéré que l’effet spasmolytique était plus efficace par
voie intraveineuse qu’en intramusculaire et meilleur avec le
glucagon qu’avec la butyl-scopolamine [51].
Opacification vaginale
Quatre études ont procuré des résultats discordants quant
à la valeur d’une opacification vaginale avec du gel pour la
recherche d’une endométriose profonde postérieure (Fig. 4)
[14,31,44,52]. La première a rapporté une augmentation de
la sensibilité entre les séquences réalisées sans puis après
opacification pour le diagnostic d’endométriose pelvienne
profonde, mais cette amélioration était uniquement signifi-
cative pour des radiologistes juniors [44]. La seconde étude
n’a pas mise en évidence de différence significative pour le
diagnostic d’une endométriose profonde vaginale ou rectale
sans ou après opacification vaginale, quel que soit le niveau
d’expertise des lecteurs (NP4) [14]. La troisième étude a
rapporté une meilleure évaluation pour la détection des
localisations d’endométriose intéressant les ligaments uté-
rosacrés et le vagin mais pas le cul-de-sac de Douglas ou
la cloison rectovaginale (NP4) [31]. Enfin, l’étude la plus
récente a rapporté une amélioration significative pour la
détection d’une symphyse du Douglas après opacification
vaginale (NP4) [52].
Protocole d’IRM
Séquences d’IRM
Il existe une variabilité importante dans la lit-
térature concernant les protocoles d’IRM utilisés
[11,16—18,30—32,43,44,53—55] (Tableau 2).
Imagerie pondérée T2
Les séquences IRM pondérées T2 sans suppression de
graisse sont les meilleures séquences pour détecter
l’endométriose pelvienne (NP2) [32]. La plupart des études
IRM sont réalisées en utilisant au moins deux séquences
2DT2 orthogonales [11,16—18,30—32,43,44,53—55]. De nou-
velles études sont requises pour clarifier le champ de vue
optimal pour l’acquisition axiale et quel plan 2DT2 complé-
mentaire additionnel devrait être utilisé. L’acquisition
axiale 2DT2 réalisée des hiles rénaux à la symphyse pubienne
permettant une évaluation systématique des reins et une
analyse potentielle de la fosse iliaque droite (c.-à-d.
cæcum, iléon distal, appendice) doit être recomman-
dée [32]. L’utilisation de coupes fines obliques au col en
2DT2 améliore l’évaluation initiale 2DT2 conventionnelle
(sagittale et axiale) pour la détection d’une endométriose
profonde intéressant les ligaments utérosacrés et les para-
mètres (NP3) [13]. En outre, quelques auteurs ont rapporté
l’intérêt de séquences 3DT2 pour l’évaluation d’une endo-
métriose pelvienne profonde [16,53]. À l’inverse, aucune
étude n’a actuellement démontré la valeur potentielle
d’une acquisition coronale stricte 2DT2 pour l’évaluation
d’une endométriose pelvienne.
Tableau 2 Recommandations cliniques proposées par un groupe de radiologues de la Société européenne de radiologie
urogénitale (ESUR) pour l’évaluation par IRM de l’endométriose pelvienne : séquences IRM.
Séquence d’IRM Paris1 Londres2 Genève4 Lisbonne1 Lisbonne2 Rome7 Barcelone8 Kyoto9
2DT2W sagittale Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
2DT2W axiale HRP* P* HRP* HRP* HRP* P* P* P*
2DT2W coronale Non Non Oui Non Oui Oui Oui Non
2DT2W oblique Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non Non
3DT2W Oui Non Non Non Non Oui Non Non
T2* Non Non Non Non Non Non Non Non
SSFSE/Haste Oui Non Oui Non Non Non Non Oui
2D/3D T1W 3D 2D 2D 2D 3D 3D 2D 2D
T1W sans SG Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
T1W avec SG Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
Gadolinium intraveineux ± ± ± ± ± ± ± ±
Péristaltisme ± Non Non Non Non Non Non Oui
Diffusion Non Non Non Non Non Oui Non Oui
2D : bidimensionnelle ; 3D : tridimensionnelle ; HRP : des hiles rénaux au pubis ; P : des crêtes iliaques au pubis ; T2* : séquence de
susceptibilité magnétique ; SG : technique de suppression de graisse ; IRM : imagerie par résonance magnétique.
Les données sont manquantes pour l’évaluation de avec les autres lésions annexielles de nature hémorragique
l’endométriose profonde à l’aide des séquences pondérées [62,63]. L’utilisation de gadolinium peut aider à différen-
T1. cier un endométriome d’un kyste lutéal hémorragique ou
Des travaux préliminaires ont suggéré que les séquences d’un abcès tubo-ovarien qui présentent un intense rehaus-
T1 avec suppression de graisse étaient utiles pour le dia- sement pariétal [64]. En outre, l’injection de gadolinium est
gnostic des implants péritonéaux mais ces données doivent essentielle pour détecter des plages tissulaires suggérées
être confirmées [58,59]. préalablement sur les séquences pondérées T2 ou une écho-
graphie préalable (NP4) [65,66]. Enfin, l’endométriose et
les infections génitales hautes sont deux processus patholo-
Les séquences pondérées T1 sans et avec suppression giques qui peuvent être confondues, en particulier lorsqu’ils
de graisse sont recommandées pour le diagnostic des coexistent. Ainsi, la présence d’un rehaussement pariétal
kystes endométriosiques (grade B). intense au sein de masses annexielles est utile pour suggérer
La technique « Dixon » pourrait être une alternative une infection génitale haute (NP3) [64,67].
aux acquisitions pondérées T1 usuelles (grade C).
Figure 5. Coupes d’imagerie par résonance magnétique (IRM) à 1,5T sagittales 2D T2 réalisées avant (a), puis après opacification vaginale
au gel échographique (b) et en 3DT1 après injection de gadolinium (c), visualisant sans réelle différence significative entre les acquisitions
un épaississement de la paroi vaginale postérieure en rapport avec une endométriose vaginale isolée (flèche).
Reproduit avec autorisation, Bazot M. Paris : Éditions Lavoisier ; 2016.
Conclusion
Ces recommandations ont mis en évidence que : Tableau 4 Critères diagnostiques en IRM des kystes
• l’IRM devait être considérée comme une technique de endométriosiques avec suspicion de transformation
seconde intention après l’échographie endovaginale pour maligne.
l’évaluation d’une endométriose pelvienne ;
• l’IRM est recommandée avant toute chirurgie pour obtenir Kystes endométriosiques Agrément des
experts/8
une cartographie lésionnelle optimale de l’endométriose ;
• certaines recommandations nécessaires à l’acquisition Nodule solide intrakystique 8
des images en IRM doivent être impérativement respec- Nodule tissulaire en signal 8
tées pour procurer des études optimales. intermédiaire en T2
Épaisseur de cloison de plus de 3 mm 4
Les axes de recherche future pour l’évaluation de
Ascite 4
l’endométriose en IRM concernent :
• les patientes ayant une suspicion clinique d’endométriose Métastases péritonéales 8
Masse solide 5
et une échographie endovaginale non contributive ;
• une comparaison intra-individuelle de patientes étudiées Pas de contexte de grossesse 8
à 1,5T et 3,0T ; IRM : imagerie par résonance magnétique.
• le management du traitement médical ;
• l’évaluation des performances diagnostiques sans et après
préparation digestive pour l’évaluation de l’endométriose
pelvienne profonde ;
T1 avec suppression de graisse correspondant à des implants
• l’évaluation de l’impact clinique de l’IRM comme test pré-
hémorragiques des spots en hypersignal T2 correspondant à
opératoire.
du tissu endométrial devenu kystique.
Les anomalies morphologiques aux contours régu-
liers ou irréguliers ont été évaluées pour chaque site
d’endométriose postérieure, antérieure et latérale. Ces
anomalies varient selon les localisations anatomiques et sont
Annexe 1. Critères diagnostiques en IRM détaillées dans le Tableau 5.
d’endométriose pelvienne Les rares localisations d’endométriose intéressant
l’intestin grêle, la paroi abdominale, les nerfs sciatiques
Un consensus existait au sein du groupe ESUR et des don- doivent être évaluées de façon complémentaire s’il existe
nées rapportées dans la littérature à propos des critères une forte suspicion clinique.
utilisés pour le diagnostic des kystes endométriosiques [56] Adhérences pelviennes
et des diverses localisations d’endométriose pelvienne pro- En IRM, les signes directs d’adhérences pelviennes se
fonde [15,32]. traduisent par des bandes linéaires visibles en T2 et T1,
Kystes endométriosiques d’épaisseur variable, tendues entre les divers organes
Les critères en IRM nécessaires au diagnostic d’un endo- pelviens. Les signes indirects sont représentés par une dis-
métriome et les critères suggérant une transformation torsion de l’anatomie pelvienne avec attraction vers le haut
maligne éventuelle sont rapportés dans les Tableaux 3 et 4. du fornix vaginal postérieur, un déplacement postérieur ou
Endométriose pelvienne profonde latéral de l’utérus, une perte des interfaces graisseuses
L’ensemble des membres du groupe ESUR était d’accord entre les organes pelviens, un hydrosalpinx et des collec-
pour affirmer que le diagnostic d’une endométriose tions pelviennes [73].
pelvienne profonde repose sur le présence conjointe Endométriose péritonéale
d’anomalies morphologiques et de signal [32], avec des Plusieurs études ont rapporté la valeur de l’IRM pour
plages tissulaires de fibrose présentant un signal proche des le diagnostic des localisations d’endométriose péritonéale
muscles pelviens en T2 et T1 des spots en hypersignal T1 et [32,43,58,71]. Tous ces papiers sont en accord avec les
Recommandations de l’ESUR pour l’IRM de l’endométriose pelvienne 277
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Imagerie de la Femme (2017) 27, 280—283
ScienceDirect
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Spectres anatomocliniques de
l’endométriose
Endometriosis: Clinical and anatomical spectrum
a
Centre d’imagerie médicale Italie (Cimi), 6, place d’Italie, 75013 Paris, France
b
Service d’imagerie médicale, centre de l’endométriose et Resendo, groupe hospitalier
Paris—Saint-Joseph, 185, rue Raymond-Losserand, 75014 Paris, France
Reçu le 8 septembre 2017 ; reçu sous la forme révisée le 19 octobre 2017; accepté le 19 octobre
2017
Disponible sur Internet le 20 novembre 2017
L’objectif de cette rubrique, « Endométriose dans tous les tomiques où se développent les foyers endométriosiques
sens », est de sensibiliser à l’importance de cette mala- selon les mécanismes physiopathologiques décrits précé-
die dont la prévalence est majeure et l’impact clinique demment [3].
(douleurs et/ou dysfertilité) variable, mais fréquemment On peut ainsi individualiser quatre spectres anatomo-
très significatif jusqu’à altérer la vie quotidienne et rendre cliniques de l’endométriose pelvienne, qui est la plus
infertile la femme atteinte. Une série d’articles en sera le fréquente (Tableau 1).
support, afin de brosser le portrait de cette maladie, de son La forme profonde [4] correspondant à l’espace :
historique au traitement en passant par le diagnostic qui • sous-péritonéal postérieur (90 % des cas), soit par fré-
repose avant tout sur l’imagerie, pivot central d’une prise quence décroissante d’atteinte : ligaments utérosacrés
en charge optimale [1]. (LUS), torus, cul-de-sac de Douglas, rectum et jonction
rectosigmoïdienne, cul-de-sac vaginal postérieur et sep-
tum recto-vaginal, uretère ;
• sous-péritonéal antérieur (10 % des cas) : cul-de-sac
Introduction vésico-utérin et vessie.
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.10.003
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Spectres anatomocliniques de l’endométriose 281
La douleur à recrudescence cataméniale en est le déno- alors la suspicion d’atteinte pariétale digestive jusqu’à la
minateur commun et l’infertilité peut en résulter selon sous-muqueuse.
des mécanismes multiples encore incomplètement élucidés. La dysurie douloureuse et/ou tout autre signe fonctionnel
Cependant, l’endométriose est une maladie très hétéro- urinaire, à recrudescence cataméniale, doit y faire pen-
gène, aussi il n’existe pas de corrélation anatomoclinique, et ser, très fréquente concernant quasiment une patiente sur
elle n’est pas synonyme de stérilité, ce n’est qu’un facteur deux. Elle traduit le plus souvent l’atteinte profonde sous-
de risque pour la fertilité. péritonéale postérieure, des LUS, le long desquels passent
des fibres nerveuses à destination vésicale du plexus hypo-
gastrique inférieur. Plus rarement, la dysfonction urinaire
découle de l’atteinte profonde sous-péritonéale antérieure
Symptômes de l’endométriose pelvienne
par envahissement du détrusor vésical alors potentiellement
Ils répondent à la règle des 6 D, pratique d’un point de vue responsable également d’une hématurie macroscopique.
mnémotechnique pour conduire rapidement un interroga- Les douleurs pelviennes chroniques sont d’autant plus
toire rationnel : fréquentes que l’endométriose évolue depuis longtemps,
• dysménorrhée ; non diagnostiquée, les douleurs dépassant alors le cadre
• dyspareunie profonde ; cataménial, selon des mécanismes divers et complexes,
• dyschésie ; volontiers associés et encore incomplètement éluci-
• dysurie douloureuse ; dés : lésions superficielles et/ou profondes, génératrices
• douleurs pelviennes chroniques ; d’adhérences, inflammation chronique, troubles fonc-
• dysfertilité. tionnels digestifs, neuropathie, immobilisation tissulaire,
réactivité ostéo-ligamentaire et musculaire inappropriée de
Toute dysménorrhée, primaire ou secondaire, invalidante la paroi pelvienne par phénomènes réflexes à visée antal-
au point d’être responsable d’un absentéisme scolaire et/ou gique, enfin autonomisation par mémorisation corticale de
professionnel, d’occasionner un passage aux urgences, la douleur.
d’aller jusqu’au malaise et résistante aux antalgiques Toutes ces manifestations symptomatiques de
simples, doit alerter. Armand Trousseau disait déjà en 1858 : l’endométriose, variablement associées d’une patiente
« à chaque fois qu’une femme, en période de règles, à l’autre, finissent par retentir, parfois très sévèrement,
se plaint de douleurs pelviennes allant jusqu’au malaise, sur la qualité de vie qui doit être au mieux évaluée par
le diagnostic d’hématocèles cataméniales (endométriose) des échelles standardisées tels que l’EHP-30 et sa version
peut être fait ». La campagne de sensibilisation nationale courte l’EHP-5 récemment validées en langue française [6].
lancée le 08/03/2016, sous l’impulsion des associations de L’endométriose est actuellement la première cause
patientes, ne fait que reprendre et actualiser cette remar- d’infertilité, retrouvée chez 40 à 50 % des femmes infer-
quable intuition clinique sous forme du slogan : « Les règles tiles [7], devant ainsi être recherchée systématiquement
c’est naturel, pas la douleur ». Elle est accompagnée le plus au cours de tout bilan d’infertilité. La cause en est
souvent par des ménorragies. Ces symptômes traduisent le multifactorielle et incomplètement élucidée : mécanique,
phénotype utérin de l’endométriose ou adénomyose. post-adhérentielle, par obturation tubaire notamment,
La dyspareunie doit être profonde, souvent posi- inflammation chronique avec altération de la qualité
tionnelle, pour être évocatrice. Elle traduit l’atteinte ovocytaire et effet anti-spermatozoïde, troubles de la fol-
profonde sous-péritonéale postérieure des LUS, du torus, liculogenèse et altération de la réserve ovarienne, troubles
et/ou du cul-de-sac vaginal postérieur, voire des lésions de la nidation en grande partie liée à l’adénomyose dont le
superficielles, péritonéales du Douglas. La dyspareunie caractère éventuellement profus est un facteur très péjora-
superficielle, à l’intromission, est rarement associée, tif.
réflexe. Aucune classification, y compris la plus classique, celle
La dyschésie, prédominante en période cataméniale, se de l’American Fertility Society révisée (AFSr), basée sur
manifeste typiquement par une exonération douloureuse l’exploration cœlioscopique, n’est fiable pour établir un
des selles. Elle traduit, le plus souvent, une atteinte parié- pronostic de la fertilité, aussi de moins en moins usitée
tale, de la musculeuse, du rectum et/ou de la jonction notamment dans les centres de référence.
rectosigmoïdienne voire du sigmoïde. Mais elle peut décou- Il est à noter que le kyste ovarien endométriosique, ou
ler aussi de la seule atteinte du torus et/ou des LUS par endométriome, s’il peut affecter la folliculogenèse et la
rétraction adhérentielle en regard du tiers moyen rectal. réserve ovarienne donc la fertilité, surtout si volumineux
Des rectorragies peuvent, rarement, s’y associer, renforçant et bilatéral, n’est en revanche pas usuellement source de
282 É. Petit
Figure 1. Localisation des douleurs musculo-squelettiques associées à l’endométriose selon notre enquête observationnelle récente
menée dans notre centre de l’endométriose et RESENDO, réseau ville—hôpital endométriose (n = 79 patientes).
douleurs comme trop souvent suggéré sauf en cas de taille diaphragmatiques et l’engainement du nerf sciatique dans
importante de plus de 10 cm et/ou surtout de fissuration la grande échancrure sciatique par extension latérale plus
voire rupture sur volumineux endométriome, ou de sursai- souvent gauche que droite d’une atteinte sous-péritonéale
gnement aigu au sein d’un kyste quelle que soit sa taille. postérieure centrée sur le LUS gauche.
Dans ce dernier cas, il est fréquent que la confusion diag- Un nodule pariétal, notamment sur cicatrice de césa-
nostique soit faite aux urgences avec une infection génitale rienne, inguinal (extrémité antérieure du ligament rond)
haute en raison d’une présentation pseudo-infectieuse avec ou ombilical, cycliquement douloureux, palpable et éven-
décalage thermique et syndrome inflammatoire biologique tuellement bleuté sous la peau, correspond toujours à une
associé à des douleurs aiguës ou subaiguës. localisation de l’endométriose, dont la composante pel-
vienne associée, éventuelle et toujours à rechercher, peut
être très modérée.
Autres manifestations symptomatiques de
l’endométriose
Complications révélatrices
Toutes les patientes atteintes d’endométriose ont une colo-
pathie fonctionnelle ou syndrome du côlon irritable, se Le pneumothorax, quasiment toujours cataménial et droit,
manifestant par une constipation et/ou une diarrhée, un l’hémothorax, l’hémopéritoine, quasiment l’apanage de
ballonnement abdominal parfois impressionnant, tous symp- la patiente d’origine africaine ou antillaise, l’occlusion
tômes majorés en période de règles. Il s’agit d’un effet et la colique néphrétique peuvent être révélateurs de
indirect de l’inflammation chronique pelvienne. Par analo- l’endométriose.
gie, il peut s’y associer des troubles dyspeptiques et cela L’occlusion est le plus souvent grêlique, par lésion iléale
sans impliquer pour autant une ou des localisations parié- préterminale, ou par adhérences, parfois précédée d’un syn-
tales digestives. En revanche, une enquête alimentaire peut drome de Koenig. Très rarement, et quasi exclusivement
être utile à la recherche d’une ou plusieurs intolérances sous stimulation dans un contexte d’aide médicale à la
alimentaires spécifiques volontiers associées. procréation, l’occlusion est liée à une lésion de la jonc-
Des douleurs musculo-squelettiques et/ou articulaires tion rectosigmoïdienne et/ou du sigmoïde. Ceci implique,
périphériques sont présentes dans près de 80 % des cas, selon quand elle est connue dans le cadre du bilan d’imagerie
notre enquête observationnelle récente menée dans notre pour cartographie complète de l’endométriose avant déci-
centre de l’endométriose et RESENDO, réseau ville—hôpital sion thérapeutique et si une aide médicale à la procréation
endométriose, et réparties selon le schéma ci-joint (Fig. 1). est décidée, la résection préalable de la lésion digestive,
Diverses hypothèses physiopathologiques peuvent être dis- si suffisamment sténosante avec une lumière résiduelle de
cutées : atteinte propre à l’endométriose ? Douleurs moins de 5 mm sur le coloscanner et en échoendoscopie rec-
projetées dues à des localisations viscérales ? Affection rhu- tosigmoïdienne.
matologique propre telles que le rhumatisme psoriasique La colique néphrétique est très rare, sur urétérohydro-
et la spondylarthrite ankylosante qui semblent significati- néphrose quasiment toujours à gauche, celle-ci étant en
vement associés ? règle générale asymptomatique car se constituant à bas
Enfin, l’entité fibromyalgie (retrouvée dans 3 % des cas bruit progressivement par engainement de l’uretère à partir
dans notre étude) ne comprend-elle pas un nombre signifi- d’une lésion centrée sur le LUS gauche, à extension latérale,
catif d’endométriose ? l’uretère étant immédiatement contigu.
Parmi ces douleurs musculo-squelettiques deux doivent
retenir l’attention, car fréquemment liées à des lésions
endométriosiques directement objectivables par l’imagerie Formes asymptomatiques
par résonance magnétique (IRM) : la scapulalgie (ou
plus rarement une douleur de l’hypochondre droit) et la L’endométriose peut être paucisymptomatique voire asymp-
sciatalgie cycliques. Elles traduisent une ou des lésions tomatique, même si sévère sur le plan lésionnel. C’est
Spectres anatomocliniques de l’endométriose 283
Conclusion
Toute douleur pelvienne, surtout cyclique, mais également
chronique, de la femme doit faire penser, en priorité, à
l’endométriose et ainsi, la faire rechercher. Il n’y a pas
de corrélation anatomoclinique et l’on peut dire sans exa-
gérer qu’il y a quasiment autant d’endométrioses que de
femmes. L’endométriose n’est pas synonyme de stérilité,
Figure 2. Endométriose pelvienne : lésion bleutée en arrière du ce n’est qu’un facteur de risque de l’infertilité mais cela
col retrouvée à l’examen au spéculum du cul-de-sac vaginal posté- en est la première cause. Un interrogatoire précis, sérié et
rieur. efficace, selon la règle des 6 D, permet de fortement sus-
quasiment la règle chez les patientes asiatiques, pour des pecter l’endométriose pelvienne, préalable indispensable à
raisons non élucidées et en tout cas non culturelles. la mise en œuvre d’examens d’imagerie, dont le premier,
Il faut donc le rappeler : il n’y a pas de corréla- nécessaire et souvent suffisant, devrait être l’échographie
tion anatomoclinique dans l’endométriose, certaines formes pelvienne endovaginale, l’exploration de la femme vierge
légères sur le plan anatomique étant beaucoup plus symp- relevant de l’IRM, comme nous le verrons dans le prochain
tomatiques que d’autres beaucoup plus sévères. article de cette rubrique dédiée à l’endométriose.
Points à retenir
Examen clinique • « Les règles c’est naturel, pas la douleur ».
• Toute douleur pelvienne, surtout cyclique, mais
Une majorité des patientes présente un indice de masse
également chronique, de la femme doit faire
corporelle limite ou inférieur à la normale (18,5 kg/m2 ).
rechercher l’endométriose.
La sensibilité de l’examen clinique n’est pas bonne. Dans
• Absence de corrélation anatomoclinique.
5 à 15 % des cas seulement une lésion bleutée en arrière
• Altération, parfois très significative, de la qualité de
du col est retrouvée à l’examen au spéculum du cul-de-sac
vie, à évaluer.
vaginal postérieur (Fig. 2). Au toucher vaginal, un nodule
• L’endométriose est la première cause d’infertilité.
dur et douloureux du cul-de-sac vaginal postérieur ou d’un
• Quatre formes anatomocliniques : utérine
LUS peut être perçu. Le septum rectovaginal, à hauteur
(adénomyose), ovarienne, superficielle, profonde
des deux tiers inférieurs du vagin, est quasiment toujours
(sous-péritonéale).
normal.
• Règles des 6 D : dysménorrhée, dyspareunie
Enfin, un nodule pariétal sensible peut être palpé, notam-
profonde, dyschésie, dysurie douloureuse, douleurs
ment sur cicatrice de césarienne, en région inguinale ou sur
pelviennes chroniques, dysfertilité.
l’ombilic.
Atteintes exceptionnelles
Déclaration de liens d’intérêts
Toutes les localisations anatomiques ont été décrites sous
forme de cas cliniques, sauf la rate, à ma connaissance : L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
cerveau, orbite, os, articulations, péricarde, foie. . .
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CAS CLINIQUE
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Service de radiologie, hôpital militaire Mohamed-V, université Mohamed-V, faculté de
médecine et de pharmacie, Rabat, Maroc
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Service de gynéco-obstétrique, CHU Ibn Sina, université Mohamed-V, faculté de médecine et
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Service de radiologie, hôpital militaire Mohamed-V, université Cadi-Ayyad, faculté de
médecine et de pharmacie, Marrakech, Maroc
Reçu le 16 mai 2017 ; reçu sous la forme révisée le 29 juin 2017; accepté le 19 septembre 2017
Disponible sur Internet le 20 novembre 2017
MOTS CLÉS Résumé Les métastases hypothalamo-hypophysaires sont rares. Elles peuvent être révélées
Métastase soit de façon fortuite, soit pendant l’évaluation des symptômes liés à un dysfonctionnement
hypothalamo- hypothalamo-hypophysaire. Le diabète insipide demeure la présentation la plus commune. Dans
hypophysaire ; ce travail, nous rapportons l’observation d’une patiente traitée pour un cancer du sein ayant
Infundibulum ; présenté une métastase hypothalamo-hypophysaire après six ans d’évolution. Le diagnostic a
Diabète insipide ; été confirmé par une IRM.
Cancer du sein ; © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
IRM
KEYWORDS Summary Hypothalamic-pituitary metastases are rare. They will be identified either inciden-
Hypothalamic- tally or during evaluation for symptoms related to hypothalamic-pituitary dysfunction. Diabetes
pituitary metastasis; insipidus remained the most common presentation. In this work, we report an observation of
Infundibulum; patient treated for breast cancer who presented an hypothalamic-pituitary metastasis after six
Diabetes insipidus; years of evolution. Diagnosis was confirmed by MRI.
Breast cancer; © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
MRI
∗ Auteur correspondant. Hôpital Mère-Enfant, CHU Ibn Sina, université Mohamed-V, faculté de médecine et de pharmacie, Rabat, Maroc.
Adresse e-mail : asmaemed2008@hotmail.fr (A. Bouziane).
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.09.008
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Métastase hypothalamo-hypophysaire d’un cancer du sein 285
Figure 1. TDM cérébrale montrant une masse hétérogène de siège suprasellaire. Cette masse est entourée par le polygone de Willis,
légèrement hyperdense sans contraste (a) avec un rehaussement modéré et hétérogène (b).
286 A. Bouziane et al.
Figure 2. IRM hypophysaire montrant une lésion infundibulo-hypophysaire étendue à la capsule interne gauche de signal hétérogène en
T2 pondéré sur une coupe coronale (a) et rehaussement modéré (b).
Figure 3. IRM cérébrale montrant deux autres lésions à rehaussement annulaire siégeant au niveau du lobe occipital droit (a) et de la
capsule interne gauche à côté du trou de Monro (b), d’origine métastatique.
grande majorité des patients présentant des symptômes un rehaussement hétérogène [12]. La métastase de
d’hypopituitarisme, le diabète insipide est la manifestation l’infundibulum se présente comme un épaississement de
la plus courante [5,8]. L’insuffisance anté-hypophysaire est l’infundibulum supérieur à 2—3 mm avec disparition de
plus rare ce qui classiquement s’explique par les différences l’hypersignal T1 de la post-hypophyse [13].
de vascularisation entre l’anté- et la post-hypophyse. Cette La présence d’autres localisations cérébrales intrapa-
dernière bénéficie en effet d’une vascularisation artérielle renchymateuses secondaires dans notre observation était
systémique directe, alors que l’anté-hypophyse reçoit sa suffisante pour affirmer le caractère métastatique de la
vascularisation d’un lit capillaire issu de la poche de Rathke lésion hypothalamo-hypophysaire. Parfois cette lésion est
qui constituerait un filtre naturel à la dissémination méta- unique et il est alors difficile de faire le diagnostic dif-
statique hématogène [9]. férentiel avec un adénome hypophysaire; dans ce cas,
L’imagerie est nécessaire pour déterminer la cause du l’association d’un diabète insipide et d’une insuffisance
diabète insipide [10]. Le scanner permet de détecter les anté-hypophysaire globale ou dissociée ainsi que l’aspect
masses hypothalamo-hypophysaires. Cependant, l’apport du en imagerie montrant une atteinte hypothalamique pré-
scanner reste limité par le fait qu’il ne peut pas différencier dominante sont des éléments qui éliminent le diagnostic
les tumeurs bénignes des tumeurs malignes [11]. L’IRM offre d’adénome simple.
une plus grande possibilité de caractérisation. L’analyse de l’aspect en IRM et des lésions cérébrales
En IRM, la métastase hypothalamo-hypophysaire se associées, corrélée à l’âge, au sexe, aux antécédents et aux
présente comme un processus lésionnel de signal hété- autres examens radiologiques améliore la spécificité diag-
rogène avec extension aux structures avoisinantes et nostique [13].
Métastase hypothalamo-hypophysaire d’un cancer du sein 287
Conclusion [4] Max MB, Deck MD, Rottenberg DA. Pituitary metastasis: inci-
dence in cancer patients and clinical differentiation from
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stases. L’IRM, tenant compte du contexte clinique, constitue
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l’examen clé pour guider le diagnostic. Des signes de dys-
[6] Heshmati HM, Scheithauer BW, Young WF. Metastases to the
fonctionnement aussi bien de l’anté-hypophyse que de la pituitary gland. Endocrinologist 2002;12:45—9.
post-hypophyse sont souvent présents chez les patients pré- [7] Morita A, Meyer FB, Laws ER. Symptomatic pituitary metas-
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2004;89:574—80.
Imagerie de la Femme (2017) 27, 288—296
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
MISE AU POINT
a
Département de pédiatrie, centre hospitalier de Wallonie-Picarde, 51, rue des Sports,
7500 Tournai, Belgique
b
Département de radiologie, centre hospitalier de Wallonie-Picarde, 51, rue des Sports,
7500 Tournai, Belgique
c
Département de gynécologie, centre hospitalier de Wallonie-Picarde, 51, rue des Sports,
7500 Tournai, Belgique
Reçu le 8 mars 2017 ; reçu sous la forme révisée le 28 avril 2017; accepté le 7 juillet 2017
Disponible sur Internet le 22 novembre 2017
MOTS CLÉS Résumé La clinique de la torsion tubaire isolée n’est pas spécifique. Dans nos deux cas, le
Torsion tubaire diagnostic a été évoqué par échographie et confirmé par résonance magnétique (IRM). L’IRM, de
isolée ; par sa haute résolution de contraste et sa résolution morphologique tridimensionnelle, permet
Trompe de Fallope ; de poser un diagnostic de certitude. Les signes radiologiques pathognomoniques à rechercher
Enfants ; en cas de suspicion de torsion tubaire sont les signes du tourbillon et du bec de flûte. Quel
Adolescents ; que soit le stade de nécrose de la trompe, une détorsion doit être envisagée. Le pronostic
Résonance fonctionnel de la trompe après détorsion est mal connu.
magnétique © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.07.001
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Torsion tubaire isolée : ne ratons pas le diagnostic ! 289
KEYWORDS Summary Isolated torsion of the fallopian tube is a little-known pathology, which takes place
Isolated tubal torsion; in the differential diagnosis of lower abdominal pain in women. Rapid radiological diagnosis
Fallopian tube; allows an adequate surgical management and higher rate of revascularization of the fallopian
Children; tube. Ultrasound is the first choice to rule out an acute abdominal pain in case of emergency
Adolescents; in young women. Although rarely used in emergency but increasingly available, MRI could be
MR imaging a second relevant non-irradiating imaging method to confirm the diagnosis of tubal twist in
pediatrics. In this article, we present two cases of isolated tubal twist in which the echographic
signs of tubal torsion and the contribution of the MRI to confirm the diagnosis are shown. The
clinical features of an isolated tubal torsion are not specific. In our two cases, the diagnosis
was suspected by ultrasound and confirmed by magnetic resonance imaging (MRI). By its high
contrast resolution and 3D-resolution, MRI can lead to the diagnosis with a high degree of
certitude. Pathognomonic radiological features in tubal twists are the ‘‘beak sign’’ and the
‘‘whirlpool sign’’. Regardless of the stage of necrosis, a detorsion should be performed. The
functional prognosis of the tube after detorsion has not been studied.
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Discussion
Épidémiologie
Figure 1. Échographie sus-pubienne réalisée chez une enfant de La torsion isolée de la trompe est une pathologie rare décrite
13 ans admise aux urgences pour douleurs abdominales aiguës : a :
pour la première fois en 1890 par Sutton [1]. Son incidence
utérus et ovaire droit (*) normaux avec une masse liquidienne entre
est peu connue. De nombreuses revues de la littérature
l’ovaire et l’utérus ; b : Douglas libre ; c : masse liquidienne parau-
térine de 4,7 × 2,6 cm, contenant des échos internes ; d : aspect récentes citent le chiffre de 1/1 500 000, en se référant
épaissi de sa paroi avec des petits renflements suggérant une trompe à l’incidence donnée en 1970 par Hansen O.H. [2]. On peut
dilatée sans flux vasculaire au niveau de la paroi. cependant supposer que l’incidence est en réalité plus éle-
vée, la connaissance de cette pathologie et les techniques
diagnostiques ayant fameusement évolué en 45 ans.
Ce processus survient le plus généralement durant la
période reproductive, probablement en raison des facteurs
de risques décrits ci-dessous. En pédiatrie, on observe une
Torsion tubaire isolée : ne ratons pas le diagnostic ! 291
Figure 2. IRM pelvienne réalisée chez une enfant de 13 ans admise aux urgences pour douleurs abdominales aiguës, suspicion de torsion
isolée de la trompe : a (coupe sagittale), b (coupe coronale) et c (coupe axiale) : hématosalpinx droit en hyposignal T2, avec niveau
liquide—liquide et sténose en « bec d’oiseau » ou « beak sign » (petite flèche). Petite masse en cible en regard de la sténose correspondant
au site de torsion ou « coiling sign » (grosse flèche). Réaction péritonéale au voisinage (flèche poitillée). Ovaires normaux (*) ; d (coupe
axiale T2), e (coupe axiale T1 fat sat), f (coupe axiale diffusion) et g (coupe axiale ADC) : coupes axiales T2, T1 fat sat., diffusion et ADC.
Hématosalpinx aigu (O) contenant de la déoxyhémoglobine en hyposignal T1 et T2. Utérus normal hormis des vaisseaux dilatés dans sa paroi
droite (flèche) en hyper T1 spontanés, traduisant la stase veineuse.
292 C. Archambeau et al.
Étiopathogénie
Son étiopathogénie est mal connue. Il s’agit d’une tor-
sion isolée de la trompe sur l’axe formé par le ligament
tubo-ovarien [7]. L’ovaire n’est pas compromis grâce aux
suppléances vasculaires liées à la double vascularisation
par l’artère ovarienne et l’artère utérine qui forment une
arcade autour de la trompe et de l’ovaire [8] (Fig. 7).
Les facteurs favorisants ce mécanisme de torsion ont
été décrits dans la littérature et classés en facteurs intrin-
sèques : hydrosalpinx, hématosalpinx, tumeur tubaire,
malformation de la trompe (plus longue, hydatide de
Morgagni), et facteurs extrinsèques : mobilité des liga-
ments, masse ovarienne ou para-ovarienne, augmentation
du volume de l’utérus (tumeur ou grossesse), adhérences
Figure 4. Échographie sus-pubienne chez une enfant de 13 ans
post-chirurgicales, changements hormonaux pré-ménarche
admise aux urgences pour douleurs abdominales aiguës. Hydrosal-
[9—12]. Dans la population pédiatrique, une revue de la lit- pinx droit (flèche pleine) avec des parois épaissies hyperéchogènes
térature de 2012 sur 20 ans montre que 44 % des cas sont non vascularisées à l’échodoppler couleur. Sténose en bec d’oiseau
survenus secondairement à une anomalie de la trompe [3]. (flèche pointillée). Ovaires (*) normaux.
On peut concevoir que l’anatomie elle-même est un fac-
teur favorisant. La trompe est effectivement un tube très
mobile, maintenu par l’utérus, par le mésosalpinx et par le sigmoïde et, d’autre part, l’évaluation plus fréquente des
ligament infundibulo-ovarique (frange ovarique) [13]. Ber- douleurs à droite à la recherche d’une appendicite aiguë
nardus a décrit le mécanisme de la torsion de la manière [7,15]. Dans nos deux cas, la torsion était localisée à droite.
suivante : l’obstruction des vaisseaux veineux et lympha-
tiques de l’annexe entraîne une congestion au niveau du Diagnostic
pelvis. Il s’ensuit un œdème de la fimbria ou franche ova-
rique favorisant sa torsion [14]. Le diagnostic de la torsion tubaire isolée est difficile de
Dans notre premier cas, la dilatation tubaire liée à la par sa clinique peu suggestive (douleur aiguë sans défense,
ménarche et les facteurs hormonaux ont pu jouer un rôle parfois accompagnée de vomissement, fièvre ou symptômes
favorisant : augmentation de la mobilité tubaire par la FSH urinaires), l’apport peu contributif de la biologie sanguine
élevée en début de puberté et congestion veineuse pel- (rare hyperleucocytose), des analyses urinaires négatives et
vienne pré-menstruelle [7]. Dans notre deuxième cas, aucun des données échographiques souvent floues.
facteur de risque n’a été mis en évidence. Dans une revue de la littérature de 2012 comportant
La prédominance droite a été signalée dans plusieurs 33 cases reports et des cases séries de 45 patients, seule-
articles avec comme explication : d’une part, la mobilité ment 15,6 % des torsions sont diagnostiquées avant la
moindre de la trompe gauche qui est maintenue par le laparoscopie et dans seulement 11,6 % des cas, la trompe
Torsion tubaire isolée : ne ratons pas le diagnostic ! 293
Figure 6. IRM pelvienne chez patiente de 13 ans admise aux urgences pour douleurs abdominales aiguës avec antécédent de torsion
tubaire isolée. Coupes sagittale et coronales T2. Persistance d’un hydrosalpinx, avec torsion. Signe de l’enroulement (grosse flèche) et de
la sténose en bec d’oiseau (petite flèche).
L’IRM identifie plus facilement que l’échographie le siège de la réaction péritonéale, et d’observer une déviation de
de la torsion, dans l’axe de l’annexe, avec un rétrécissement l’utérus de l’axe médial.
en bec d’oiseau (« beak sign ») et un signe d’enroulement L’IRM est plus contributive que l’échographie dans le
(signe de la cible ou « coiling sign », signe du tourbillon) [26]. diagnostic différentiel des pathologies pelviennes comme
Elle permet également d’apprécier les signes de gravité l’appendicite aiguë (chez nos deux patientes, les douleurs
comme la nécrose tubaire hémorragique et l’importance siégeaient dans la FID), le kyste ovarien et para-ovarien,
Figure 7.
Torsion tubaire isolée : ne ratons pas le diagnostic ! 295
la torsion globale d’annexe où l’ovaire est anormal et aug- D’un point de vue des complications postopératoires, il
menté de volume, l’infection tubo-ovarienne. . . semblerait que le nombre d’embolie pulmonaire soit iden-
Sur les trois IRM réalisées chez nos patientes, la dilata- tique après une détorsion ou une salpingectomie (0,2 %)
tion tubaire et les signes de torsion étaient parfaitement [22].
objectivés. Cet examen a donc permis une prise en charge
chirurgicale d’emblée. Malgré tout, la salpingectomie n’a
pas pu être évitée. Conclusion
La torsion tubaire isolée est une pathologie rare, mal
Tomodensitométrie computée connue, exceptionnelle en pédiatrie. C’est un challenge
Le scanner abdomino-pelvien a l’avantage d’être une tech- pour le clinicien que d’en faire le diagnostic précoce pour
nique d’urgence rapide et facilement accessible. Par l’étude sauver la trompe de l’ischémie irréversible. Il faudra y pen-
globale de l’abdomen, cet examen permet d’analyser de ser devant des douleurs pelviennes d’apparition brutale chez
manière performante l’ensemble des organes et, en cas une adolescente avec, à l’échographie, une masse kystique
de douleurs pelviennes, d’orienter le diagnostic sur une para-utérine développée entre l’utérus normal et l’ovaire
pathologie gynécologique, digestive (appendicite, occlu- homolatéral normal. L’échographie, technique de première
sion, perforation) ou urinaire (lithiase, cystite) [11]. intention permet de poser le diagnostic si les signes spéci-
En tant que technique irradiante, le scanner n’a pas été fiques sont présents et recherchés.
utilisé chez nos deux adolescentes. D’une manière générale, L’IRM, quand elle peut être réalisée en urgence sans
cet examen sera évité dans la population pédiatrique et retarder la prise en charge chirurgicale, est performante
chez les femmes jeunes en âge de procréer. On n’y aura pour identifier les signes spécifiques de torsion, confirmer
recours que si les autres techniques non irradiantes sont le diagnostic, déterminer la gravité de la torsion et éli-
insuffisantes ou non disponibles (IRM). miner les diagnostics différentiels. Le scanner, de par son
Le scanner, moins performant que l’IRM dans l’étude du irradiation ne sera utilisé qu’en deuxième intention si les
pelvis, est toutefois contributif pour poser le diagnostic techniques non irradiantes sont non contributives ou non
de torsion tubaire. Dans la littérature [8,9,27], les des- disponibles.
criptions rapportent une dilatation tubaire (diamètre de
plus de 15 mm), un aspect en tourbillon de la trompe avec
un rétrécissement progressif en bec d’oiseau centré sur • Que savons-nous à ce propos ?
l’annexe, une paroi épaissie rehaussée par le contraste, et ◦ Prévalence et étiopathogénie non étudiées
un contenu de densité > 50 UH en faveur d’une hémorragie récemment.
intra-tubaire. Les signes secondaires sont la réaction péri- ◦ Diagnostic difficile car clinique aspécifique et
tonéale de voisinage, l’ascite, l’épaississement du ligament méconnaissance de cette pathologie, qui est donc
large de l’utérus, l’infiltration de la graisse péritubaire et peu investiguée.
l’iléus régional. ◦ Signes du tourbillon et du bec d’oiseau à
rechercher en échographie et IRM.
• Que nous apporte cet article ?
Traitement ◦ Revue de la littérature en termes d’épidémiologie,
d’étiopathogénie, de technique diagnostique (plus
La prise en charge chirurgicale doit être aussi rapide que spécifiquement : apport et intérêt de l’IRM),
possible pour éviter la gangrène irréversible de la trompe et d’attitude thérapeutique.
préserver la fertilité. ◦ Case reports dans lesquels l’IRM s’est montrée
Dans une étude rétrospective de 10 cas de 2014 [5], 100 % efficace pour confirmer le diagnostic.
des détorsions opérées dans les 24 heures après l’apparition
des douleurs ont permis une revascularisation peropératoire
de la trompe. Un diagnostic rapide est donc important [5,7].
Erikci et al. avancent que le principe de détorsion sys-
tématique de la torsion ovaire, indépendamment de son Recommandations pratiques/points à retenir
aspect peropératoire plus ou moins nécrotique, pourrait être • Une douleur pelvienne aiguë chez une adolescente
appliqué à la torsion tubaire [7]. doit faire penser à la torsion d’annexe.
Dans une étude rétrospective de 2011, Boukaidi et al. • L’échographie est la technique urgente à pratiquer
décrivent 13 cas de torsions isolées [28]. Onze cas sur treize en première intention.
ont subi une salpingectomie et dans 50 % des cas, l’analyse • Devant une masse kystique para-utérine avec un
anatomopathologique a montré la persistance de cellules ovaire homolatéral normal : penser à la torsion isolée
ciliées et des lésions ischémiques de la trompe modérées. de la trompe et rechercher les critères de dilatation
Ils prônent donc un traitement conservateur de la trompe tubaire (signe de la roue dentée, de perle sur un fil,
ou une salpingectomie distale. septa incomplets) ; rechercher les signes de torsion :
Le pronostic fonctionnel de la trompe détordue au long sténose effilée de la trompe, abolition du doppler
terme reste cependant inconnu et non étudié. Une étude couleur, signe du tourbillon.
rétrospective sur cinq ans (entre 2003 et 2008) réalisée à • En cas de doute : pratiquer en urgence une IRM et à
Nice par Marcotte-Bloch et al. montrent que sur six cas de défaut un scanner.
torsion tubaire chez des patientes entre 12 et 16 ans, quatre • Devant toute torsion tubaire isolée, une tentative de
ont subi une détorsion car la trompe présentait une nécrose détorsion devrait être envisagée indépendamment
seulement localisées [4]. Sur ces quatre patientes, trois ont du stade de nécrose de la trompe au moment de la
présenté une récidive et une salpingectomie secondaire a chirurgie.
été réalisée.
296 C. Archambeau et al.
Déclaration de liens d’intérêts [15] Thimesch M, Pavlovic M, Donnez O, Bodart E. Isolated tubal
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ARBRE DÉCISIONNEL
Anne-Coline Monseau-Thiburce
La douleur pelvienne aiguë doit d’abord être replacée dans le contexte de la vie génitale
de la patiente.
En période d’activité génitale, éliminer une grossesse extra-utérine jusqu’à preuve du
contraire reste bien évidemment la priorité. La recherche d’un contexte hémorragique
orientera vers les autres étiologies nécessitant une prise en charge en urgence. Dans ce
cas, le scanner est l’examen d’urgence à privilégier d’emblée, l’échographie trouvant
sa place en première intention dans les contextes non hémorragiques. Si elle suffit dans
bien des cas, elle pourra être complétée par un scanner ou une IRM en cas de difficulté
diagnostique.
Les causes septiques, au premier rang desquelles l’appendicite, seront recherchées en
fonction du bilan clinicobiologique. Toutefois celui-ci peut-être piégeant et il faudra savoir
éliminer une origine infectieuse devant un syndrome inflammatoire pourtant peu marqué.
Chez la patiente ménopausée, les causes extra-gynécologiques sont au premier plan et
justifient le recours au scanner en première intention.
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.10.007
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
298 A.-C. Monseau-Thiburce
Imagerie de la Femme (2017) 27, 299—301
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FICHE PRATIQUE
Anne-Coline Monseau-Thiburce
Le cancer du col est le troisième cancer gynécologique, avec une nette prédominance des
carcinomes épidermoïdes (75 %) par rapport aux adénocarcinomes. Le rôle de l’IRM est
essentiel pour guider les choix thérapeutiques en permettant un bilan d’extension loco-
régional complet. La taille tumorale supérieure à 4 cm est un facteur déterminant dans
la décision de prise en charge puisque orientant d’emblée vers une radiochimiothéra-
pie concomitante (RCC) complétée par la curiethérapie. L’envahissement locorégional,
en particulier paramétrial, est également un élément à détailler pour permettre une
bonne adaptation des thérapeutiques aux volumes tumoraux, en radiothérapie comme
en curiethérapie.
Chez les patientes de moins de 35 ans souhaitant un traitement conservateur, l’examen
sera orienté sur la recherche des critères permettant une trachélectomie : stade FIGO
supérieur ou égal à IB, taille < 2 cm, distance entre la tumeur et la partie supérieure de
l’endocol > 1 cm, invasion stromale < 50 % ou 1 cm, pas de ganglion envahi.
https://doi.org/10.1016/j.femme.2017.10.004
1776-9817/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
300 A.-C. Monseau-Thiburce
Figure 1.
Fiche rédaction de compte-rendu pelvis 1 : cancer du col utérin — cancer de l’endomètre en IRM 301
L’extension ganglionnaire, bien que non incluse dans la endomètre épaissi (> 5 mm) en échographie. Un des enjeux
classification FIGO 2009, a quant à elle un intérêt pronos- de l’IRM dans le bilan d’extension locorégional est celui de
tique et devra être précisée. Le contrôle de la réponse la détermination du pourcentage d’envahissement myomé-
tumorale donne également à l’IRM une place prépondérante trial qui peut parfois être délicat et nécessiter le recours à
avec des aspects post-thérapeutiques typiques qu’il faut des fusions de séquences (T2-diffusion-injection). L’IRM n’a
savoir analyser (Fig. 1). sa place en post-thérapeutique qu’en cas de suspicion de
Le cancer de l’endomètre est le premier cancer gyné- reprise évolutive tumorale.
cologique pelvien en France. L’IRM trouve sa place dans
le bilan d’extension locorégional d’une lésion déjà prouvée
par analyse anatomopathologique de prélèvements réalisés Déclaration de liens d’intérêts
le plus souvent sur un signe d’appel clinique, en premier
lieu des métrorragies post-ménopausiques survenant sur un L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Imagerie de la Femme (2017) 27, 302—304
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Informations
Dépistage du cancer du sein et de la par irradiation avec un délai d’au moins 8 ans au moment
du dépistage. Ce projet DeNaCaPST repose sur l’ensemble
thyroïde chez les adultes guéris d’un
des acteurs concernés : oncopédiatres, radiothérapeutes,
cancer dans l’enfance. Étude française épidémiologistes, généticiens mais aussi radiologues. En
DeNaCaPST effet, après guérison d’un cancer dans l’enfance, le radio-
logue garde une place prépondérante dans la surveillance
Grâce à l’amélioration des traitements, la survie des cancers à long terme des patients. Il participe activement aux
de l’enfant et de l’adulte jeune atteint aujourd’hui plus de dépistages et il peut être amené à diagnostiquer une
80 % à 5 ans. Néanmoins, ces résultats excellents sont grevés complication qu’il devra reconnaître et rattacher aux
par le risque de deuxième cancer. Ce risque de cancer radio- antécédents.
induit dépend essentiellement de la taille du champ et de la Si vous souhaitez plus d’informations, des affiches de
dose d’irradiation, de l’âge lors du traitement et de l’impact sensibilisation (Fig. 1) ou si vous avez des patients concer-
de l’ensemble du traitement sur la fonction ovarienne. Ce nés, vous pouvez contacter les coordinateurs de l’étude
sur-risque apparaît dès 8 ans après une irradiation thora- à l’adresse mail suivante denacapst@inserm.fr. Il pourra,
cique. Ainsi pour une femme traitée à l’adolescence pour un par exemple, vous être communiqué les coordonnées des
lymphome de Hodgkin avec, entre autre, une radiothérapie investigateurs à proximité de chez vous.
thoracique à la dose de 30 Gy, le risque de second cancer
au niveau du sein est assimilé, à l’âge de 40 ans au risque
Modalités du dépistage de cancer du sein et de la thyroïde
d’une femme porteuse d’une mutation constitutionnelle du
Les modalités du dépistage de cancer du sein et de la
gène BRCA.
thyroïde sont précisées dans le Tableau 1.
En mars 2014, la Haute autorité de santé (HAS), dans ses
recommandations en santé publique concernant le dépis-
tage du cancer du sein chez les femmes à haut risque, a Critères d’inclusion de l’étude DeNaCaPST
validé la nécessité d’un dépistage mammaire spécifique des Les critères d’inclusion de l’étude DeNaCaPST sont détaillés
femmes ayant un antécédent personnel d’irradiation thora- dans le Tableau 2.
cique [1].
En l’absence d’organisation, ce dépistage reste néan- Remerciements
moins peu suivi [2]. C’est dans ce cadre que l’étude non Nous remercions la fondation ARC (projet POP-HaRC 2013).
interventionnelle visant à analyser le dépistage national des
cancers post-traitement carcinologique reçu dans l’enfance [1] Anon. Dépistage du cancer du sein en France : iden-
du sein et de la thyroïde (DeNaCaPST) s’ouvre sur l’ensemble tification des femmes à haut risque et modalités de
du territoire français et que des efforts sont faits dans les dépistage. Saint-Denis La Plaine: Haute autorité de
différents centres de prise en charge des cancers de l’enfant santé (HAS) ; 2014. Disponible en ligne à l’adresse :
pour contacter/retrouver les anciens patients et leur (ré)- http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c 1741170/fr/
expliquer les recommandations de suivi à distance [3]. depistage-du-cancer-du-sein-en-france-identification-
L’étude DeNaCaPST s’adresse ainsi aux personnes pour des-femmes-a-haut-risque-et-modalites-
lesquelles un dépistage est recommandé, c’est-à-dire, aux de-depistage.
personnes (homme ou femme) âgé(e)s de 18 ou plus, rési- [2] Demoor-Goldschmidt C, Supiot S, Oberlin O, Helfré S,
dant en France, ayant été atteintes d’un cancer, ou d’une Vigneron C, Brillaud-Meflah V, et al. Clinical and diag-
leucémie, survenu avant l’âge de 20 ans et traité au moins nosis characteristics of breast cancers in women with
Figure 1. Affiches de sensibilisation sur la nécessité d’un dépistage, réalisées dans le cadre de l’étude sur le dépistage national des
cancers du sein et de la thyroïde après un cancer dans l’enfance (DeNaCaPST).
Tableau 2 Étude française sur le dépistage national des cancers du sein et de la thyroïde après un cancer dans l’enfance
(DeNaCaPST) : critères d’inclusion.
Dépistage du cancer du sein Dépistage du cancer de la thyroïde
Population cible Personnes majeures françaises Personnes majeures françaises
Prises en charge pour un cancer ou Prises en charge pour un cancer ou
une hémopathie maligne une hémopathie maligne
Avant l’âge de 20 ans (prochainement Avant l’âge de 20 ans (prochainement
30 ans) 30 ans)
Avec un recul d’au moins 5 ans sans Avec un recul d’au moins 5 ans sans
traitement traitement
Critère sélectif pour Radiothérapie ayant délivré au moins Radiothérapie ayant délivré au moins
l’inclusion en lien avec le 10 Gy dans le sein (V5 ≥ 10 Gy) ou le 3 Gy dans la thyroïde (V100 ≥ 3 Gy)
traitement reçu bourgeon mammaire (V100 ≥ 10 Gy)
Début du dépistage Après un délai d’au moins 8 ans avec Après un délai d’au moins 5 ans avec
la radiothérapie la radiothérapie
Sexe et âge des personnes à Femme à partir de 25 ans Femme et homme à partir de 18 ans
l’inclusion
Période d’inclusion 5 ans
Durée de participation Entre 1 et 5 ans
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