Petites Grimaces Et Grands Sourires Petites Grimaces Et Grands Sourires
Petites Grimaces Et Grands Sourires Petites Grimaces Et Grands Sourires
Petites Grimaces Et Grands Sourires Petites Grimaces Et Grands Sourires
Tous les matins, de son visage, Tous les matins, de son visage,
le vampire fait l'inventaire. le vampire fait l'inventaire.
Tous les matins il craint le pire Tous les matins il craint le pire
devant son miroir centenaire. devant son miroir centenaire.
Le nez est-il au centre ? Oui. Le nez est-il au centre ? Oui.
Les yeux en face des trous ? Oui. Les yeux en face des trous ? Oui.
Les cheveux bien gominés ? Oui. Les cheveux bien gominés ? Oui.
Le front mi-soucieux (pour inquiéter) ? Oui. Le front mi-soucieux (pour inquiéter) ? Oui.
Le sourire mi-content (pour rassurer) ? Oui. Le sourire mi-content (pour rassurer) ? Oui.
Les joues et leur blancheur ? Oui. Les joues et leur blancheur ? Oui.
Les dents toujours parfaites ? Oui. Les dents toujours parfaites ? Oui.
- Alors, l'ami, qu'est-ce qui cloche ? - Alors, l'ami, qu'est-ce qui cloche ?
Se dit le vampire lassé de se voir. Se dit le vampire lassé de se voir.
- Rien ma foi, répond le miroir, - Rien ma foi, répond le miroir,
mais c'est bien dommage que tu sois si moche. mais c'est bien dommage que tu sois si moche.
Il a... Il a...
Une tête de clou Une tête de clou
Une bouche d’égout Une bouche d’égout
Des dents de scie Des dents de scie
Une langue de vipère Une langue de vipère
Un cou de tonnerre Un cou de tonnerre
Une gorge de montagne Une gorge de montagne
Des bras de mer Des bras de mer
Des poings d’exclamation Des poings d’exclamation
Un cœur de pierre Un cœur de pierre
Des os à moelle Des os à moelle
Un dos de fauteuil Un dos de fauteuil
Des pieds de biche Des pieds de biche
Comme les anges à l'œil fauve, Comme les anges à l'œil fauve,
Je reviendrai dans ton alcôve Je reviendrai dans ton alcôve
Et vers toi glisserai sans bruit Et vers toi glisserai sans bruit
Avec les ombres de la nuit ; Avec les ombres de la nuit ;
Et je te donnerai, ma brune, Et je te donnerai, ma brune,
Des baisers froids comme la lune Des baisers froids comme la lune
Et des caresses de serpent Et des caresses de serpent
Autour d'une fosse rampant. Autour d'une fosse rampant.
là-bas là-bas dans les airs là-bas là-bas dans les airs
d’autres encor désertent d’autres encor désertent
le grand ennui du ciel le grand ennui du ciel
là-bas là-bas dans les airs là-bas là-bas dans les airs
d’autres encor désertent d’autres encor désertent
le grand ennui du ciel le grand ennui du ciel
Jules Supervielle
Jules Supervielle
Le nuage
Le nuage
Maurice CARÊME
Maurice CARÊME
Terreur Guy de Maupassant
Terreur
Ce soir-là j'avais lu fort longtemps quelque auteur.
Il était bien minuit, et tout à coup j'eus peur.
Peur de quoi ? je ne sais, mais une peur horrible.
Ce soir-là j'avais lu fort longtemps quelque auteur.
Je compris, haletant et frissonnant d'effroi,
Il était bien minuit, et tout à coup j'eus peur.
Qu'il allait se passer une chose terrible...
Peur de quoi ? je ne sais, mais une peur horrible.
Alors il me sembla sentir derrière moi
Je compris, haletant et frissonnant d'effroi,
Quelqu'un qui se tenait debout, dont la figure
Qu'il allait se passer une chose terrible...
Riait d'un rire atroce, immobile et nerveux :
Alors il me sembla sentir derrière moi
Et je n'entendais rien, cependant. O torture !
Quelqu'un qui se tenait debout, dont la figure
Sentir qu'il se baissait à toucher mes cheveux,
Riait d'un rire atroce, immobile et nerveux :
Et qu'il allait poser sa main sur mon épaule,
Et je n'entendais rien, cependant. O torture !
Et que j'allais mourir au bruit de sa parole !...
Sentir qu'il se baissait à toucher mes cheveux,
Il se penchait toujours vers moi, toujours plus près ;
Et qu'il allait poser sa main sur mon épaule,
Et moi, pour mon salut éternel, je n'aurais
Et que j'allais mourir au bruit de sa parole !...
Ni fait un mouvement ni détourné la tête...
Il se penchait toujours vers moi, toujours plus près ;
Ainsi que des oiseaux battus par la tempête,
Et moi, pour mon salut éternel, je n'aurais
Mes pensers tournoyaient comme affolés d'horreur.
Ni fait un mouvement ni détourné la tête...
Une sueur de mort me glaçait chaque membre,
Ainsi que des oiseaux battus par la tempête,
Et je n'entendais pas d'autre bruit dans ma chambre
Mes pensers tournoyaient comme affolés d'horreur.
Que celui de mes dents qui claquaient de terreur.
Une sueur de mort me glaçait chaque membre,
Et je n'entendais pas d'autre bruit dans ma chambre
Un craquement se fit soudain ; fou d'épouvante,
Que celui de mes dents qui claquaient de terreur.
Ayant poussé le plus terrible hurlement
Qui soit jamais sorti de poitrine vivante,
Un craquement se fit soudain ; fou d'épouvante,
Je tombai sur le dos, roide et sans mouvement.
Ayant poussé le plus terrible hurlement
Qui soit jamais sorti de poitrine vivante,
Je tombai sur le dos, roide et sans mouvement.
Guy de Maupassant