DISSERTATION La Jurisprudence Est-Elle Source de Droit?
DISSERTATION La Jurisprudence Est-Elle Source de Droit?
DISSERTATION La Jurisprudence Est-Elle Source de Droit?
« On ne gouverne pas à coups de lois et de décrets. La loi doit se borner à codifier et à
entériner les coutumes et les mœurs. La coutume résulte des nécessités sociales, industrielles
et économiques. La jurisprudence les fixe, la loi la sanctionne. » d’après Gustave Le Bon,
rédacteur de la Psychologie politique et la défense sociale.
Mais tout d’abord, commençons par définir la jurisprudence. La jurisprudence a pour
origine étymologique prudencia juris ce qui signifie science du droit. D’après le lexique des
termes juridiques Dalloz, la jurisprudence désigne dans un sens large, l’ensemble des
décisions de justice rendues pendant une certaine période dans un domaine du droit ou
l’ensemble du droit. Dans un sens plus restreint, cela constitue l’ensemble des décisions
concordantes rendues par les juridictions sur une même question de droit. Le terme « source
du droit » contient deux sens. D’une part, cela peut désigner les institutions c’est-à dire les
autorités créatrices de normes ou les actes et normes qui sont pris par ces derniers. D’une
autre part, la source de droit désigne l’ensemble des règles juridiques applicables dans un Etat
à un moment donné. Dans les pays de droit écrit, les principales sont des textes tels que les
lois, les règlements, les constitutions et les traités internationaux. De plus, d’autres telles que
la coutume, les principes généraux du droit consacrés par la jurisprudence jouent un rôle plus
ou moins grand selon la matière. Après avoir effectué un stage auprès des juristes dans la
société COVAGE NETWORK à Paris, j’ai remarqué que beaucoup d’entre eux utilisent la
jurisprudence. Cependant, cela peut poser un problème vis-à-vis du pouvoir des juges. Selon
Montesquieu, le juge n’est que « la bouche de la loi », c’est-à-dire qu’il est soumis à la loi. De
nos jours, le juge est confronté à des sources de droit multiples. Peut-on considérer que le juge
est un créateur de normes lorsqu’il prend une décision de justice ou lorsqu’il applique un
jugement en référence à des décisions issues de la jurisprudence ? Aujourd’hui, la loi qui
s’applique n’est plus la loi mais la décision du juge comme on le voit par le contrôle de
proportionnalité généralisé que le juge français applique désormais.
C’est pourquoi, nous pouvons nous demander si la jurisprudence participe à la création
du droit.
Pour y répondre, nous verrons dans une première partie le fait que la jurisprudence
correspond à une simple autorité puis nous verrons dans une seconde partie que l’ensemble
des décisions de justice est une source indirecte du droit.
La jurisprudence n’est pas une source formelle de droit toutefois elle peut constituer une voie
à suivre. C’est pourquoi nous étudierons dans un premier temps la place qu’occupe la
jurisprudence dans la prise des décisions de justice puis dans un second temps nous verrons
les différents obstacles qui remettent en cause la valeur de la jurisprudence.
En effet, la jurisprudence constitue une source de droit informelle mais qui peut s’avérer
toutefois très intéressante et très enrichissante pour l’ordre interne. Après avoir vu le fait que
la jurisprudence est une simple autorité, nous allons voir maintenant que l’ensemble des
décisions de justices est une source indirecte du droit.
La jurisprudence peut être considérée comme une source secondaire du droit interne car elle
découle des lois du droit interne écrit. Cependant, cela peut être complexe car la jurisprudence
ne dispose pas de l’autorité des règles de droit. Tout d’abord, le droit écrit ne répond pas
forcément à toutes les situations qui ont lieu. Le juge doit donc interpréter les lois pour
trouver à l’issue d’un procès. Le travail d’interprétation est inhérent au juge. Parfois, un
article peut manquer de précision et l’interprétation est donc ouverte. Dans Introduction
général au droit, P.DEUMIER parle de la manière d’interpréter la jurisprudence. Il y a
beaucoup de manières d’interpréter la jurisprudence, ce c’est que P.DEUMIER qualifie de
« libre choix de l’interprétation ». Chaque décision de justice permet de préciser la manière
dont un texte de loi doit être entendu et appliqué. Cependant, le libre choix ne signifie pas
l’arbitraire et les juges doivent recourir « au trésor de l’argumentation juridique ». De plus, le
juge doit toujours adapter le droit à l’évolution de la société notamment avec les progrès des
nouvelles technologies, de la science mais aussi des mœurs. Nous pouvons prendre en
exemple, la signature électronique qui est de plus en plus démocratisée dans toutes sortes de
situations. Enfin, dans De l’esprit des lois, Montesquieu expose sa théorie selon laquelle la
loi est parfois trop rigoureuse et que dans son propre intérêt, le juge se doit de l’interpréter
afin de la rendre moins rigoureuse et qu’il puisse appliquer.
Le juge a un nouveau rôle, celui de créer la loi et qui découle de sa fonction première :
prendre des décisions de justice. En effet, la fonction de juger implique celle d’interpréter et
donc celle de créer la loi. En cas de loi imprécise, le juge est obligé de combler les lacunes de
la loi et donc de prendre une décision en fonction des éventuels arguments avancés par les
différentes parties. En appliquant son jugement sur aucune source formelle ou écrite, le juge
crée du droit qui pourra ensuite être repris lors de jugements postérieurs et qui influenceront
alors de futures décisions. C’est pourquoi le nouveau rôle du juge « créateur de droit » est très
délicat. Les juges ont tendances à suivre les décisions prises antérieurement afin d’appliquer
un jugement similaire et ainsi prôner une forme d’égalité. La jurisprudence est donc au cœur
du système juridique français, la jurisprudence enrichit le droit interne.