Distributions: Convolution Et Transformée de Fourier
Distributions: Convolution Et Transformée de Fourier
Distributions: Convolution Et Transformée de Fourier
ans un premier article [AF 144], nous avons présenté les principales opéra-
D tions sur les distributions et abordé la notion fondamentale de dérivée
d’une distribution.
Ce deuxième article traite plus particulièrement du produit de convolution des
distributions et de leur transformée de Fourier.
Utilisés conjointement, le produit de convolution et la transformée de Fourier
sont deux outils très efficaces pour résoudre certaines équations différentielles.
Soit par exemple à résoudre :
1 g″ + g = f
– ------
2
ω
Formellement, et en utilisant les propriétés du produit de convolution et de la
transformée de Fourier [1], on peut écrire :
1 ( 2iπt ) 2ĝ ( t ) + ĝ ( t ) = fˆ ( t )
– ------
2
ω
soit encore :
2 2
4π t
- = fˆ ( t )
ĝ ( t ) 1 + --------------
2
ω
2 2
4π t
Comme la fonction 1 + --------------
2
- n’a pas de zéro réel :
ω
1
ĝ ( t ) = ------------------------fˆ ( t )
2 2
4π t
1 + --------------2
-
ω
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1
g ( x ) = --- ω e
2 ∫–ω x – t
f ( t ) dt
Bien entendu, dans ce calcul, plusieurs points restent à justifier ! Mais l’idée
fondamentale est qu’en utilisant presque uniquement un calcul formel, on
obtient la forme générale de la solution. On cherche à accroître l’efficacité de ce
calcul symbolique en utilisant ces opérations au sens des distributions.
En s’appuyant sur le fait que l’opérateur de dérivation des distributions est un
produit de convolution T ( n ) = δ ( n ) ∗ T , on montrera l’importance de la recherche
de solutions des équations différentielles, avec second membre la distribution δ
(solution de Green).
Dans la définition du produit de convolution de deux distributions, la notion de
support d’une distribution joue un rôle fondamental. Nous étudions en détail
cette notion délicate dans le premier paragraphe. Nous montrons ensuite com-
ment le produit de convolution permet la recherche de solutions des équations
différentielles en utilisant — en grande partie — un calcul algébrique dans une
algèbre de convolution convenable. Nous définissons enfin la notion de transfor-
mée de Fourier des distributions tempérées et nous étudions les propriétés
conjointes du produit de convolution et transformée de Fourier des distributions,
propriétés très voisines de celles qui existent pour les fonctions.
1. Support d’une distribution Soit alors la famille {Ωi}i de tous les ouverts sur lesquels T
s’annule et Ω = ∪i Ωi. C’est un ouvert et l’on peut montrer (ce n’est
pas évident !) que T s’annule sur Ω. C’est le plus grand ouvert sur
lequel T s’annule.
Il s’agit là d’une notion importante, notamment pour la définition
du produit de convolution des distributions.
Définition
Rappelons que si f est une fonction de dans , son support est Le complémentaire du plus grand ouvert sur lequel T s’annule
le complémentaire du plus grand ouvert sur lequel elle s’annule. Ou est le support de la distribution T noté Supp(T).
encore :
Exemple : Supp(δa) = {a}.
Supp ( f ) = { x ∈ / f ( x ) ≠ 0 }
Si T est une distribution régulière associée à une fonction f locale-
où la barre désigne la fermeture de l’ensemble. ment intégrable, soit T = [f], on montre que :
Le support d’une fonction est toujours un fermé.
Supp([f]) = Supp(f)
On utilise la même idée pour définir le support d’une distribution.
et les deux notions coïncident. On a aussi :
Définition
1 1
Soit T dans ′ ( ) et Ω un ouvert non vide de , on dit que T Supp ⎛ vp ⎛ ---⎞ ⎞ = Supp ⎛ ---⎞ =
⎝ ⎝ x⎠ ⎠ ⎝ x⎠
est nulle sur Ω si et seulement si, pour toute fonction ϕ de ( Ω ) ,
on a 〈T, ϕ〉 = 0. Il est équivalent de dire que la restriction de T à
( Ω ) est nulle. Comment reconnaît-on si un point x appartient ou non au support
d’une distribution ?
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Supp ( T′ ) ⊂ Supp ( T )
Définition
Une suite {un}n de fonctions de ( ) converge vers une fonc-
Ces caractérisations découlent de la définition du support. tion u ∈ ( ) si et seulement si la suite {un}n ainsi que toutes les
Revenons brièvement sur la propriété iv). La démonstration en est dérivées successives { u n( k ) } n convergent uniformément vers u
simple : soit V un voisinage ouvert de Supp(T) sur lequel ϕ et ψ coïn- (resp. u(k)).
cident. On peut toujours inclure entre Supp(T) et V un voisinage
fermé F, donc :
Il est alors facile de voir que si {un}n converge vers 0 dans ( ) ,
Supp(T) ⊂ F ⊂ V alors {θun}n converge vers 0 dans ( ) et donc le prolongement de
T vérifie :
Alors, par hypothèse, Supp(ϕ − ψ) est contenue dans Fc et donc, à
fortiori, contenu dans (Supp(T))c. Par définition du support, on a 〈 T, u n〉 0
〈T, ϕ − ψ〉 = 0. n→+∞
Par contre, il ne suffit pas que deux fonctions ϕ et ψ de ( ) coïn- Cela montre que T est un opérateur continu de ( ) dans ou
cident sur le support de T pour que 〈T, ϕ〉 = 〈T, ψ〉. encore que, pour toute distribution à support compact, on a :
En théorie du signal, ces distributions seront associées aux Si f et g sont deux fonctions de dans , on définit leur produit
signaux causaux. tensoriel comme la fonction de deux variables :
Définition
⎧[f ⊗ g] : ( 2 ) →
On dira que T dans ′ ( ) est une distribution à support ⎪
compact si et seulement si Supp(T) est un ensemble compact de
.
⎨
⎪
⎩
ξ → 〈 [ f ⊗ g ] , ξ〉 = ∫∫ 2
ξ ( x, y ) f ( x ) g ( y ) d x d y
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= ∫
f(x) ∫
ξ ( x, y )g ( y ) dy dx Sσ ⊗ Tσ = (S ⊗ T)σ
vi) Translation
Théorème 1 ( ) et T = δ. On a :
En effet, prenons S = [f] avec f ∈ loc
Si S et T sont deux distributions sur , les expressions :
〈Sx, 〈Ty, ξ(x, y)〉〉 〈Ty, 〈Sx, ξ(x, y)〉〉
∫
et
〈 S x ⊗ Ty , ξ ( x, y )〉 = f ( x ) ξ ( x, 0 ) dx
(où, comme précédemment, l’indice est conservé pour indiquer
sur quelle variable on fait porter la distribution) ont un sens et
ont la même valeur, quel que soit ξ dans ( 2 ) .
et
La forme linéaire ainsi définie sur ( 2 ) est une distribution
sur 2 , notée S ⊗ T ou Sx ⊗ Ty. Si ξ(x, y) = ϕ(x)ψ(y) avec ϕ et ψ
∫
dans ( ) , alors :
〈 T x ⊗ Sy , ξ ( x, y )〉 = f ( y ) ξ ( 0, y ) dy
〈S ⊗ T, ξ〉 = 〈S, ϕ〉〈T, ψ〉
Exemple :
1 ( ) , on a :
1. Pour f et g dans loc
2.3 Produit de convolution
[f ⊗ g] = [f] ⊗ [g] de distributions
2. δx ⊗ δy = δ distribution de Dirac à l’origine de 2 .
3. δx ⊗ ∆y représente un peigne de Dirac selon l’axe Oy.
4. ∆x ⊗ 1 représente une somme de distributions linéaires de Dirac On sait [1] que si f et g sont deux fonctions intégrables sur , la
sur les axes d’abscisse entière parallèles à l’axe Oy. fonction
5. ∆x ⊗ ∆y que l’on notera ∆x, y représente le peigne de Dirac à deux
y → f(x − y)g(y)
dimensions formé de distributions ponctuelles de Dirac en tout point
de coordonnées entières.
est intégrable en y pour presque tout x de . On définit alors le pro-
duit de convolution de f et g noté f ∗ g comme la fonction (définie
presque partout) :
2.2 Propriétés du produit tensoriel
On a :
Supp(S ⊗ T) = Supp(S) × Supp(T) qui s’écrit, grâce au théorème de Fubini :
iii) Dérivation
( D xα . D yβ ) ( S ⊗ T ) = D xα ( S ) ⊗ D yβ ( T ) ∀ ( α, β ) ∈ × 〈 f ∗ g ( x ) , ϕ〉 = ∫∫ 2
f ( x – y )g ( y ) ϕ ( x ) dxdy
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⎧u = x – y
⎨v = y
⎩
〈 f ∗ g ( x ) , ϕ〉 = ∫∫
2
f ( u )g ( v ) ϕ ( u + v ) dudv ∀ϕ ∈ ( ) (1)
α β x
Sous cette forme, on voit opérer la distribution produit tensoriel
f ⊗ g, ou plutôt son prolongement, car la fonction : (u, v) → ϕ(u + v)
x
sur laquelle elle opère n’appartient pas à ( 2 ) mais est seulement
+
y
indéfiniment dérivable ! En effet, si la fonction ϕ n’est pas identique-
=
b
ment nulle, il existe c dans tel que ϕ(c) ≠ 0 et alors le support de
x
(u, v) → ϕ(u + v) contient au moins toute la droite du plan d’équation
+
y
x + y = c et n’est pas borné. C’est la difficulté pour étendre la
=
a
définition du produit de convolution à partir de la formule qui pré-
cède. La formule (1) ne pourra s’étendre à deux distributions S et T
que si leur produit tensoriel se prolonge à un espace de fonctions Figure 1 – Supp(S) = [α, β], Supp(T) quelconque et Supp(ϕ) = [a, b]
plus vaste que ( 2 ) et contenant au moins les fonctions
(u, v) → ϕ(u + v) pour toute fonction ϕ dans ( ) .
S’inspirant de ce que nous avons fait pour étendre la définition
des distributions à support compact aux fonctions de ( ) , nous
allons chercher une extension de S ⊗ T de la forme suivante :
〈S ⊗ T, Θξ〉
avec Θ ∈ ∞ ( 2 )
valant 1 sur un voisinage du support de S ⊗ T et
telle que l’application (x, y) → Θ(x, y)ϕ(x + y) appartienne à ( 2 ) y=β
pour toute fonction ϕ dans ( ) .
Pour mettre en évidence une telle fonction Θ, on raisonne sur les
supports. x
y=α
Posons A = Supp(S), B = Supp(T), K = Supp(ϕ) pour ϕ ∈ ( ) et
enfin :
x+
y=
K ∆ = { ( x, y ) ∈ 2 x + y ∈ K}
x+
t.q.
b
y=
Intuitivement, si A × B ∩ K∆ est compact dans 2 , « tout se
a
passe » dans un compact et l’extension est valide. On montre effec-
tivement [2] que si : Figure 2 – (symétrique de la précédente) Supp(S) quelconque,
Supp(T) = [α, β] et Supp(ϕ) = [a, b]
A×B∩ K∆ est compact dans 2
Définition
Deux sous-ensembles fermés A et B de sont dits convolu-
tifs, si et seulement si, pour tout compact K de l’ensemble :
Voici les principaux cas d’ensembles convolutifs qui vont nous y=β
intéresser pour la définition du produit de convolution de distribu-
x=α
tions. Nous illustrons ces cas de trois figures 1, 2 et 3 qui font com-
prendre le rôle joué par les différents supports. Nous réduisons
volontairement dans ces dessins les compacts à des intervalles fer- x
més bornés.
x+
Proposition
y=
x+
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Notons que ce ne sont pas les seuls cas où l’on peut définir le pro- 2.4 Propriétés du produit de convolution
duit de convolution S ∗ T. On a vu déjà que, pour les distributions
régulières associées à des fonctions intégrables, il n’y a pas de res-
triction de support. Dans la suite, on suppose que le produit de convolution des distri-
1. On a vu que H est dans +′ ( ) et donc H ∗ H est bien défini. butions est défini.
Dans les calculs portant sur H ∗ H, il sera inutile – et cela sera vrai
aussi dans la suite – de faire intervenir la fonction Θ. Proposition
i) Le produit de convolution est commutatif :
L’important est qu’elle existe et qu’elle vaut 1 le support d’intégra-
tion. On a : S∗T=T∗S
ii) On a la propriété de dérivation suivante, quel que soit k
〈 H ∗ H , ϕ〉 = ∫∫ + × +
ϕ ( x + y ) dxdy
dans * :
( S ∗ T ) ( k ) = ( S ( k ) ∗ T ) = ( S ( k – 1 ) ∗ T′ ) = ... = ( S ∗ T ( k ) )
Par le changement de variables : iii) Sous réserve que tous les produits de convolution deux à
deux soient définis, on a :
⎧u = x ⎧x = u R ∗ (S ∗ T ) = ( R ∗ S ) ∗ T = R ∗ S ∗ T
⎨v = x + y ⇔ ⎨y = v – u
⎩ ⎩ iv) Si Supp (S) et Supp (T) sont convolutifs, on a :
∫ ∫ ∫
v
3. La distribution T ∗ ∆ n’a de sens que si T est à support compact Voici très brièvement l’intérêt de cette notion.
et alors : Lorsque l’on cherche à résoudre une équation différentielle dans
′ ( ) , c’est-à-dire que l’on cherche à identifier les distributions tel-
〈 T ∗ ∆ , ϕ〉 = 〈 T ⊗ ∆ , ϕ ( x + y ) 〉 = 〈 T , ∑ ϕ ( x + n ) 〉 = 〈 T, ∑ τ – n . ϕ〉 les que :
n∈ n∈
P(D)(X) = T
Comme T est supposé à support compact, pour n assez grand : avec T connue, si l’on connaît une solution élémentaire E de l’opéra-
teur P(D), et sous réserve que les supports de E et de T soient con-
Supp(T) ∩ Supp(τ−n . ϕ) = ∅ volutifs, on a :
et la somme précédente est une somme finie. P(D)(E ∗ T) = [P(D)(E)] ∗ T = δ ∗ T = T
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Ainsi : ■ On notera l’analogie de cette formule avec celle qui définit le pro-
duit de convolution des fonctions.
E ∗ T est solution de l′équation différentielle La continuité de l’opération de convolution est une propriété déli-
cate. Mentionnons simplement un résultat, souvent suffisant dans la
Cela ramène la recherche d’une solution de l’équation différen- pratique [2].
tielle à la recherche d’une solution élémentaire. Notons enfin que,
en écrivant :
Proposition
P(D)(E) = P(D)(δ ∗ E) = [P(D)(δ)] ∗ E = δ La distribution T étant fixée, l’application :
la recherche de E revient à inverser dans ′ ( ) l’opérateur de S→S∗T
dérivation.
est continue dans ′ ( ) si :
Une autre conséquence intéressante de cette propriété de i) S varie en restant portée par un compact fixe ;
dérivation est la suivante. Si T ∈ +′ ( ) ou si T ∈ ′ ( ) , on obtient ii) S varie de façon quelconque mais T est à support compact ;
une primitive de T en considérant T ∗ H. En effet, on a : iii) S varie en restant portée par un intervalle [ a ; + ∞ [ , T étant
aussi causale.
( T ∗ H )′ = T ∗ H′ = T ∗ δ = T
2. En ce qui concerne la propriété iii), il se peut que R ∗ (S ∗ T) et Ces deux dernières propriétés permettent d’obtenir un important
(R ∗ S) ∗ T soient définis, sans qu’il y ait égalité, comme le montre théorème de densité qui montre que toute distribution T ∈ ′ ( )
l’exemple classique suivant. est limite dans ′ ( ) d’une suite de (distributions associées à des)
fonctions de ( ) . Ce que l’on peut résumer par la formule :
Exemple : soit R = 1, S = δ ′ et T = H. On a :
R ∗ S = 1 ∗ δ ′ = ( 1 ∗ δ )′ = 1′ = 0 Théorème
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Si A admet un inverse de convolution noté A∗−1, vérifiant donc : Voici une méthode très générale pour la recherche d’une solution
élémentaire de l’opérateur de dérivation. On sait que l’équation dif-
A∗−1 ∗ A = A ∗ A∗−1 = δ férentielle homogène associée à (2), soit
1 X = (H . X0) ∗ B
ω H ( t ) sin ( ω t ) appartient à
est solution de cette équation. Comme ----
est l’unique solution causale de (5) pour B causale.
+′ ( ) alors, quel que soit B appartenant aussi à +′ ( ) ,
Exemple : si l’on étudie l’oscillateur harmonique avec amortisse-
l’équation (3) a une solution unique donnée par :
ment, pour t 0 :
1 X″ ( t ) + 2 α X′ ( t ) + ω 2 = g ( t ) ω2 > α2
ω H ( t ) sin ( ω t )
X = B ∗ ----
on vérifie que la solution de l’équation homogène avec conditions initia-
Mais on vérifie aussi que : les y(0) = 0 et y′ ( 0 ) = 1 s’écrit :
1 1
– ---- H ( – t ) sin ( ω t ) X 0 ( t ) = -------- e – α t sin ( ω 1 t )
ω ω1
1 avec ω 1 = ω 2 – α 2 .
est une solution de (4). Comme ici – ---- H ( – t ) sin ( ω t ) appartient à D’après ce qui précède, la solution causale de l’équation s’écrit sous
ω
la forme de l’intégrale de Duhamel [3] :
–′ ( ) , on obtient une solution unique dans –′ ( ) donnée par :
+∞
1
X = B ∗ – ---- H ( – t ) sin ( ω t )
ω ω1
1
X ( t ) = ( H . X 0 ) ∗ g ( t ) = -------- ∫ 0
e – α t sin ( ω 1 t ) g ( t – τ ) d t
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〈Tˆ , ϕ〉 = 〈 T, ϕ̂〉
∀ f, g ∈ ( ) ∫
f ( x )g ( x ) dx = ∫
fˆ ( λ )ĝ ( λ ) d λ
La difficulté provient du fait que pour ϕ dans ( ) , on a bien ϕ̂
indéfiniment dérivable mais jamais à support compact. Ainsi ϕ̂ et, en particulier, on a conservation de l’énergie :
n’appartient pas ( ) et la formule précédente n’a pas de sens,
sauf à pouvoir prolonger T à un espace plus gros que ( ) . L’idée
est alors de travailler dans un espace de fonctions tests qui soit
invariant par la transformation de Fourier. Le bon espace est
∀f ∈ ( ) ∫
f ( x ) 2 dx = ∫
fˆ( λ ) 2 d λ
∀ ( p, q ) ∈ 2 lim sup x p ψ n( q ) ( x ) = 0
n→∞ x∈
3.1 Espace ( )
Si une suite {ρn}n de ( ) converge vers 0 dans ( ) , alors elle
converge vers 0 dans ( ) . Voici quelques propriétés utiles de la
Définition convergence dans ( ) .
Une fonction f de dans est à décroissance rapide si et
seulement si : Proposition
Si la suite {ψn}n dans ( ) converge vers 0 quand n tend vers
∀p ∈ lim xp f ( x ) = 0
x →∞ l’infini alors on a :
i) ψ n′ → 0 dans ( ) (continuité de la dérivation).
Une fonction continue f de dans est à décroissance ii) Pour tout polynôme P, on a P ψ n → 0 dans ( ) .
rapide si et seulement si :
iii) ψn → 0 dans 1 ( ) .
∀p ∈ sup x p f ( x ) < ∞ iv) ψˆn → 0 dans ( ) (continuité de la transformée de Fou-
x∈ rier).
L’espace ( ) , dit espace des fonctions de Schwarz, est
l’espace des fonctions f de dans vérifiant :
i) f ∈ ∞ ( ) ; 3.2 Distributions tempérées
ii) f est à décroissance rapide ainsi que toutes ses dérivées, ce
qui peut se traduire par :
Définition
∀ ( p, q ) ∈ 2 sup x p f ( q ) ( x ) < ∞ On appelle distribution tempérée toute forme linéaire conti-
x∈
nue sur ( ) , c’est-à-dire tout opérateur linéaire :
⎧ T : () →
⎨ ψ → 〈 T, ψ 〉
Rappelons les principales propriétés de cet espace de fonctions ⎩
en liaison avec la transformée de Fourier des fonctions intégrables
tel que si {ψn}n converge vers 0 dans ( ) quand n tend vers
définie par la formule : l’infini alors {〈T, ψn 〉}n tend vers 0. On notera ′ ( ) l’espace des
distributions tempérées.
fˆ ( λ ) = ∫
f ( x )e – 2iπx λ dx ∀λ ∈ On a remarqué précédemment que, pour une suite de ( ) , la
convergence dans ( ) implique la convergence dans ( ) . Alors
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′ ( ) ⊂ ′ ( ) 〈 [ f ], ϕ n〉 cM n ∫
dx
-------------------- = Cte M n
( 1 + x2 )
Inversement, on peut se demander à quelle condition une distri-
bution de ′ ( ) peut se prolonger en une distribution tempérée. Comme, par hypothèse, Mn tend vers 0 quand n tend vers l’infini,
le résultat s’en déduit.♦
On peut également montrer le résultat suivant.
Proposition
Pour qu’une distribution définie sur ( ) puisse se prolonger
en une distribution sur ( ) il faut et il suffit que T soit une Proposition
forme linéaire continue sur ( ) pour la convergence de ( ) . Les fonctions de p ( ) pour p 1 définissent des distribu-
tions tempérées.
alors la distribution :
3.3 Exemples de distributions tempérées
T = ∑ y n δ na (a > 0 donné)
n∈
On s’intéresse tout d’abord aux distributions tempérées réguliè- est une distribution tempérée.
res. Par un phénomène de dualité, on introduit la notion de fonc-
tions à croissance lente qui viennent tempérer la décroissance En particulier le peigne de Dirac est une distribution tempérée.
rapide des fonctions tests.
∃c > 0 ∃N ∈ t.q. ∀x ∈ f ( x ) c ( 1 + x2 )N
Définition
Soit T une distribution tempérée c’est-à-dire T ∈ ′ ( ) , on
Une telle fonction est clairement localement intégrable – puisque appelle transformée de Fourier de T la distribution tempérée
(1 + x2)N l’est – donc définit une distribution régulière. notée Tˆ ou f ( T ) et définie par :
〈T̂ , ψ〉 = 〈 T, ψ̂〉 ∀ψ ∈ ( )
Proposition
Toute fonction à croissance lente définie une distribution
régulière tempérée.
Il est facile de vérifier que l’opérateur ainsi défini est bien une dis-
tribution tempérée en s’appuyant sur le fait que la transformée de
Preuve. ♦On a [ f ] ∈ ′ ( ) et on utilise la caractérisation précé- Fourier est une opération interne et continue dans ( ) . Cette
dente pour montrer que [ f ] ∈ ′ ( ) . Soit alors {ϕn}n dans ( ) qui définition est compatible avec la notion de transformée de Fourier
converge vers 0 dans ( ) . On a : des fonctions de 1 ( ) et de 2 ( ) au sens suivant.
∫
Proposition
〈 [ f ], ϕ n〉 f ( x ) ϕ n ( x ) dx Pour f fonction de 1 ( ) ou de 2 ( ) , on a :
[ f ] = [fˆ ]
〈 [ f ], ϕ n〉 ∫
f(x)
-------------------------------- ( 1 + x 2 ) N + 1 ϕ n ( x ) dx
( 1 + x2 )N + 1 Il est utile pour les formules d’inversion de définir la transformée
de Fourier inverse d’une distribution tempérée. Rappelons que,
pour une fonction intégrable ψ, celle-ci est définie par :
Posons M n = sup ( 1 + x 2 ) N + 1 ϕ n ( x ) qui est fini. En utilisant la
x∈
majoration :
f ( x ) c ( 1 + x2 )N
f(ψ)(λ) = ∫
ψ ( x )e +2iπx λ dx ∀λ ∈
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1̂ = δ
Proposition
Soit T une distribution tempérée. On a les propriétés ■ Voici une application importante en théorie du signal qui porte
suivantes : sur la transformée de Fourier du peigne de Dirac. La transformée de
— pour tout entier k de : Fourier des distributions étant un opérateur continu :
+∞ +∞
Tˆ ( k ) = [ ( – 2iπx ) k T ]
∆a = ∑ δ na = ∑ [ e – 2iπtna ]
— pour tout entier k de : n = –∞ n = –∞
+∞
∫ ∫
1
1 ϕn ( x ) – ϕn ( – x ) ϕn ( x ) – ϕn ( – x )
〈 δ̂, ψ〉 = 〈 δ, ψ̂〉 = ψ̂ ( 0 ) = ∫
ψ ( x ) dx = 〈 1, ψ〉 ∀ψ ∈ ( )
〈 vp ⎛ ---⎞ , ϕ n〉 =
⎝ x⎠ 0
---------------------------------------- dx +
x 1
---------------------------------------- dx
x
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1 1
∫
1
ϕn ( x ) – ϕn ( – x ) 〈 f vp ⎛ ---⎞ , ψ ( – x )〉 = – 〈 f vp ⎛ ---⎞ , ψ ( x )〉
lim ---------------------------------------- dx = 0 ⎝ x⎠ ⎝ x⎠
n→+∞ 0 x
on déduit :
Pour la deuxième partie de l’intégrale, on écrit :
∞ ∞
ϕn ( x ) – ϕn ( – x ) x ϕn ( x ) – ϕn ( – x )
---------------------------------------- = -------------------------------------------------
x x2
- ( – 2iπ ) ∫ –∞
ψ ( x ) dx = 2K ∫ –∞
ψ ( x ) dx
M n = sup z ϕ n ( z ) < + ∞ 1
f vp ⎛ ---⎞ = ( – 2iπ )H + iπ
z∈ ⎝ x⎠
On a alors :
En remarquant que :
+∞ +∞
∫ ∫
ϕn ( x ) – ϕn ( – x ) 1 1 − 2H(x) = Sign(x)
---------------------------------------- dx 2M n1 ,1 ------ dx = Cte M n1 ,1
1 x 1 x2 on a finalement :
1
f vp ⎛ ---⎞
Par hypothèse, M n tend vers 0 quand n tend vers l’infini, donc :
= – iπ Sign ( x )
⎝ x⎠
+∞
∫
ϕn ( x ) – ϕn ( – x )
lim ---------------------------------------- dx = 0 Par transformée de Fourier inverse et en utilisant l’imparité de
n→+∞ 1 x 1
vp ⎛ ---⎞ , on obtient :
1 ⎝ x⎠
Pour calculer la transformation de Fourier de vp ⎛ ---⎞ , on part de la
⎝ x⎠
formule :
1 1
f [ Sign ( x ) ] = ----- vp ⎛ ---⎞
1 iπ ⎝ x⎠
x . vp ⎛ ---⎞ = 1
⎝ x⎠
sous la forme :
Proposition
1 Le prolongement d’une distribution à support compact est
x . T = ⎛ -------------⎞ (Tˆ ) ′ une distribution tempérée, ce que l’on peut traduire par :
⎝ – 2i π⎠
′ ( ) ⊂ ′ ( )
on en déduit :
1 1 1
f x . vp ⎛ ---⎞ = ⎛ -------------⎞ ⎛ f vp ⎛ ---⎞ ⎞ ′ = 1ˆ = δ En effet, si K = Supp(T) pour T dans ′ ( ) et si θ est une fonction de
⎝ x⎠ ⎝ – 2i π⎠ ⎝ ⎝ x⎠ ⎠
( ) qui vaut 1 sur K, le prolongement de T à ( ) était défini par :
et donc :
〈 T, ψ〉 = 〈 T, θψ〉 ∀ψ ∈ ( )
⎛ f vp ⎛ 1
---⎞ ⎞ ′ = ( – 2iπ ) δ
⎝ ⎝ x⎠ ⎠ Si {ϕn}n est une suite de ( ) qui converge vers 0 dans ( ) , la
suite {θϕn}n converge vers 0 dans ( ) et donc 〈T, ϕn 〉 converge
Comme, d’autre part, l’on sait que H′ = δ , on en déduit (cf. article vers 0 quand n tend vers l’infini.
[AF 144, § 5.3]) que :
Si T est une distribution à support compact, sa transformée de
1 Fourier est bien définie. Elle possède la propriété particulière
f vp ⎛ ---⎞ = ( – 2iπ )H + Cte suivante.
⎝ x⎠
1
Pour déterminer la constante, on remarque que vp ⎛ ---⎞ est une Théorème
⎝ x⎠
Le prolongement d’une distribution T à support compact a
distribution impaire, donc sa transformée de Fourier aussi. En une transformée de Fourier qui est une distribution régulière
notant K la constante cherchée : associée à la fonction à croissance lente :
∞ ∞ s ( λ ) = 〈 Tx , e – 2iπ λ x〉 ∀λ ∈
1
〈 f vp ⎛ ---⎞ , ψ ( – x )〉 = ( – 2iπ )
⎝ x⎠ ∫ 0
ψ ( – x ) dx + K ∫ –∞
ψ ( – x ) dx
Pour tout entier k dans , on a la formule de dérivation
∞ suivante :
∫ ∫
0
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_______________________________________________________________________________________________________________________ DISTRIBUTIONS
ˆ
Comme pour les fonctions, la transformée de Fourier échange ⎧ ψ ∗ T = ψ̂ . T
convolution et multiplication, soit : ⎪ et
⎨
⎪ψ . T = ψˆ ∗ Tˆ
ˆ ˆ ⎩
⎧T ∗ U = T . U
⎨ ˆ ˆ
⎩T . U = T ∗ U ii) Pour ∈ ′ ( ) et T ∈ ′ ( ) , on a :
Mais, comme pour les fonctions, il faut prendre garde aux condi-
tions de validité de ces formules ! On sait notamment que le produit S ∗ T = Sˆ . Tˆ
des distributions n’est défini que dans certains cas, notamment si
l’une des distributions est régulière. Voici quelques cas importants
de validité des ces formules. Les ouvrages généraux [4] [5] sont des références anciennes
mais particulièrement utiles pour des ingénieurs.
Références bibliographiques
[1] GASQUET (C.) et WITOMSKI (P.). – Analyse [3] SAICHEV (A.I.) et WOYCZYNSKI (W.A.). – [4] SCHWARTZ (L.). – Méthodes mathématiques
de Fourier et applications. Filtrage – Calcul Distributions in the physical and enginee- pour les sciences physiques. 390 p. Herman-
Numérique – Ondelettes. 354 p. – Masson – ring sciences. Volume 1. Distributional and Paris (1965).
Paris (1990). fractal calculus, integral transforms and [5] RODDIER (F.). – Distributions et transforma-
[2] HERVÉ (M.). – Transformation de Fourier et wavelets. 336 p. – Birkhäuser – Boston tion de Fourier. 323 p. – Ediscience Interna-
distributions. 182 p. – PUF – Paris (1986). (1997). tional – Paris (1978).
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