Les Barrages en Terre PDF
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1- Introduction :
Les types de barrages peuvent être classés en différentes catégories selon le matériau de
construction et selon le mode de résistance à la poussée de l’eau :
- barrages en remblai homogènes drainés, zonés ou à étanchéité artificielle ;
- barrages poids en béton, ou en BCR ;
- barrages voûte ;
- barrages à contreforts ou à voûtes multiples.
Les barrages en remblai sont des ouvrages souples. Les autres barrages sont rigides.
Les principaux paramètres à prendre en compte dans le choix du site et du type de barrages sont les
suivants :
- La topographie et les apports du bassin versant ;
- la morphologie de la vallée ;
- Les conditions géologiques et géotechniques ;
- Le contexte météorologique et le régime des crues.
2- Définitions :
Définition du mot - : Ouvrage limitant ou empêchant la circulation de l'eau dans des buts variés :
stockage, régulation du débit, maintien d'un niveau en amont, production d'électricité, etc.
Barrage en terre : - Barrage en matériaux naturels composé généralement d'un noyau étanche, de
recharges amont et aval maintenant le noyau et assurant la stabilité d'ensemble, de systèmes de drainage
et d'étanchéité complémentaires et d'une protection en enrochements appelée aussi rip-rap.
Les barrages en terre sont surtout situés en milieu rural. Ils sont majoritairement en terre et leurs principaux objectifs
sont le soutien des étiages, l’irrigation, l’écrêtement des crues, les loisirs et/ou la fourniture d’eau potable.
Cours N02
LES MECANISMES DE RUPTURE DES OUVRAGES EN REMBLAI
Le risque de rupture brusque et inopinée est considéré comme très faible, voire nul. La situation
de rupture paraît plutôt liée à une évolution plus ou moins rapide d’une dégradation de l’ouvrage
susceptible d’être détectée par la surveillance et l’auscultation.
Pour les ouvrages hydrauliques en remblai, quatre mécanismes de rupture sont classiquement
Considérés : l’érosion externe, l’érosion interne, l’instabilité externe et la liquéfaction.
1- L’EROSION EXTERNE
L’érosion externe est engendrée par des circulations d’eau, même peu importantes, sur la
crête des barrages. Le mécanisme d’érosion s’amorce à partir du bord aval de la crête et
progresse jusqu’à ce qu’une brèche soit ouverte. Le phénomène peut durer quelques minutes à
quelques heures selon la taille des matériaux, leur cohésion, le revêtement de la crête, la hauteur
de l’eau qui s’écoule au-dessus du barrage.
Le mécanisme de rupture par érosion externe correspond à l’arrachement des particules
constituant la digue par le courant de la rivière qui peut éroder la digue jusqu’à sa rupture.
D’autres phénomènes, tel que le ruissellement des eaux de pluies, peuvent également être à
l’origine de l’érosion externe. Les talus des digues côté fleuve, ainsi que ceux des berges qui
parfois jouxtent directement la digue, subissent en crue les effets des courants hydrauliques qui
peuvent provoquer des érosions à la base des talus.
On distingue trois mécanismes d’érosion externe :
- Le mécanisme d’affouillement ;
- Le mécanisme d’érosion externe lié au courant et aux chocs d’embâcles
- Le mécanisme de surverse (du cours d’eau vers le val protégé) ;
1-1- L’AFFOUILLEMENT :
L’affouillement correspond à l’érosion externe du pied de la berge, puis à l’érosion externe du
corps de digue si celle-ci est proche de la berge. C’est la vitesse importante de l’eau (aggravée
éventuellement par la fragilité des berges, l’absence de protection ou d’ancrage des berges) qui
provoquent l’érosion en pied.
ÉTANCHÉITÉ DE LA FONDATION
1- Pour les barrages de type 1 et 2 (homogènes et zonés) :
- Cas d’une fondation constituée de matériaux peu perméables:
Il est recommandé d’exécuter une clé d’étanchéité en matériaux argileux compactés
afin de tenir compte de la fissuration superficielle et d’hétérogénéités éventuelles.
Les dimensions de cette clé sont :
❖ Largeur minimale à la base de 3 mètres (largeur des engins) ;
❖ Pentes de l’ordre de 1/1 ;
❖ Profondeur de plusieurs mètres avec un minimum de 2 mètres par
rapport au terrain naturel (photo)
- Cas d’une fondation perméable jusqu’à une profondeur de quelques mètres :
La clé d’étanchéité doit les barrer et être ancrée dans le niveau étanche ; si ce dernier
est le rocher sain, après son nettoyage et une régularisation éventuelle de sa surface,
la mise en place d’une première couche d’épaisseur décimétrique constituée d’argile
humide (OPN + 2 ou 3) permet d’assurer un bon contact ;
CONCEPTION DU REMBLAI
PROFIL, LARGEUR EN CRÊTE, REVANCHE
La pente maximale des talus recommandée est de 1/2. Toutefois, des pentes plus fortes sont
possibles dans le cas de talus en matériaux grossiers sans fines (graviers, cailloux, blocs).
La largeur en crête L est en général déterminée par l’une des formules suivantes où H est la
hauteur du remblai en mètres :
L = 1/3 H
L = 1,65 H1/2
L = 3,6 H1/3 - 3
Avec L = 3 m comme valeur minimale, afin de permettre la circulation des engins. Le
compactage des dernières couches peut nécessiter une largeur supérieure.
La largeur en crête dépend aussi de l’utilisation de cette dernière (chemin, route). Pour les
barrages zonés, elle dépend également du nombre de zones au niveau de la crête.
En ce qui concerne la revanche R qui est la différence de cote entre les PHE (Plus Hautes
Eaux correspondant à la crue de projet) et la crête pour éviter la submersion du remblai par les
vagues, il existe plusieurs formules basées notamment sur la vitesse du vent U et la longueur du
plan d’eau (ou fetch) F, qui permettent d’abord de calculer la hauteur des vagues h (en
considérant la direction la plus défavorable pour le couple F, U). Il est proposé de retenir la
formule de BRETSCHNEIDER qui est adaptée aux retenues modestes (superficie < 100 ha).
Cette formule tient compte de la profondeur de l’eau D à proximité du barrage.
La valeur de U est la vitesse du vent trentenaire de durée une heure.
La vitesse de propagation des vagues v peut être évaluée par la formule de GAILLARD :
v = 1,5 + 2 h où h en m et v en m/s.
La revanche est prise égale à :
𝑉2
𝑅 = 0.75 ℎ +
2𝑔
Il est préconisé une valeur minimale de la revanche R en remblai (sécurité aussi vis-à-vis des
PHE, du tassement, d’une fissuration amont-aval de la crête) en fonction de 𝐻 2 √𝑉, ce minimum
étant pris égal à 𝐻 2 √𝑉 1/4
/4. Bien entendu, si les calculs à l’aide des formules de
BRETSCHNEIDER et GAILLARD, donnent une valeur supérieure de la revanche, c’est cette
dernière qu’il faut retenir.
Lorsque le remblai est zoné et comporte un noyau étanche avec une recharge amont perméable,
ce dernier doit au moins atteindre la cote [PHE + 0,5 Rmin ].
Il faut tenir compte du tassement des fondations et du tassement du remblai qui se produisent
essentiellement pendant une période de quelques mois à quelques années après la fin des travaux
et donc réaliser une contre-flèche en crête (au-dessus des PHE ; on a donc R + contre-flèche qui
diminue avec le temps). Pour le remblai seul, le tassement après construction peut être estimé à 1
% de sa hauteur (et même moins pour les hauteurs inférieures à 15 mètres). Une contre-flèche
optique qui permet d’améliorer l’aspect visuel peut être ajoutée. Dans le cas d’un barrage zoné,
le noyau doit avoir la même contre-flèche.