Cca 062 0077
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Cca 062 0077
Introduction
Tânt en France qu'à l'étranger, les frrsions et les acquisitions d'entreprises ont atteint ces dernières
décennies des records historiques. Cependant, la plupan des érudes empiriques qui ont été menées
mertent en évidence que les firmes acquéreuses ont pour le moins des difficultés à digérer ces opéra-
tions. En effet, la majorité d'entre elles se traduit par des échecs qui se manifestent soit par une revente
de la société acquise, soit par une diminution des résultats de l'acquéreur ainsi que du cours de ses
actions (Love et Scouller, 1990). La question des conditions du succès des acquisitions se pose donc
avec acuité.
La recherche de synergies, motif le plus souvent avancé par les managers, a été le premier critère de
réussite proposé pour les opérations d'acquisition. À chaque type de diversification seraient associées
des synergies dont la mise en æuvre garantirait le succès. Certaines diversifications devraient donc êue
plus performantes. Postérieurement aux travaux fondateurs de Rumelt (1974),1'intérêt pour ce thème
n'a pas faibli. Cependant, les études entreprises afin de valider cette hypothèse n'ont pas donné de
conclusions significatives (Desreumaux , 1993 ; Koenig, 1996). Si la stratégie d'acquisition permet en
théorie le développement de synergies, elle ne suffit pas à elle seule.
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Un système de contrôle organisationnel comprend de nombreux éléments dont le champ ne fait pas
I'objet d'un consensus. Ces éléments peuvent être scindés en un système de contrôle < visible ,) er un
système de contrôle n invisible u (Bouquin, 1998) :
il faut entendre par u visible , ce qui peut être observé des qystèmes de contrôle organisationnel,
-
de I'extérieur d'une organisetion. Cela recouvre non seulement la partie formelle de ces qystèmes, mais
également leur aspect informel. la panie formelle du système de conrôle u visible o comprend notam-
ment : la planification stratégique, le système budgétaire, les autorisations ou délégations d'investisse-
ments et de dépenses, l'audit interne, les systèmes de reporting, les critères sur lesquels repose la rému-
nération des dirigeants et des cadres, ainsi que l'ensemble des règles formelles porrenr sur des descrip-
tions de postes, des manuels de procédure... Le second aspect des rystèmes de contrôle o visible u
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- il faut entendre par n invisible o l'ensemble des facteurs psychologiques et socioculturels influen-
çant les âctions et les compoftements des personnes dans le sens voulu par la direction. Ces deux sous-
ensembles ne sont pas disjoints et doivent même être en cohérence (Dupuy et Guibert, 1997). En effet,
pour être efficace, le contrôle u visible o doit être légitimé, renforcé par sa cohérence avec I'aspect < invi-
sible ,. Cependant, outre la difficulté d'observation de cette partie ( invisible u en dehors d'études de
cas en profondeur, il subsiste également des débats sur le caractère maîtrisable, par les dirigeants, de ces
aspects. Aussi, dans I'enquête à distance que nous avons menée, les observations portent uniquement
sur la partie u visible n du qntème de contrôle utilisé par la maison mère pour gérer ses filiales.
Des typologies de systèmes u formels o de contrôle ont été proposées par la littérature issue des
courents ( stratégique D et ( continBent D t et par les études de cas réalisées sur ce thème dans les
groupes (Avenier, 1988 ; De'Woot et Desclée de Maredsous, 1985 ; Trahand, 1982; Goold et
Campbell, 1987a, b, c, 1988 ; Goold, Campbell et Luchs, 1993). Ces systèmes ont bien souvent
comme dénominateur commun d'être situés sur un continuum dont les deux extrêmes sonr :
d'une pert, un système u formel o de contrôle de type plutôr ( srratégique o. Dans les reladons
-
entre la société mère et les filiales, I'atteinte d'objectifs financiers à court terme esr moins imporranre
que la progression vers des objectifs à plus long terme (encadré I page suivante) ;
-
d'autre part, un qystème n formel o de contrôle de type plutôt u financier u. Les relations entre
la société mère et les filiales reposent sur l'imponance de I'atteinte d'objecdfs financiers à courr terme
(encadré 2 pÆ.. suivante).
C'est à pardr de cene délimitation des systèmes de contrôle qtt'est effectuée la détermination des
relations pouvant exister entre eux et les variables liées à I'acquisition.
Encadré 1
Encadré 2
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. Délégation de la responsbilité du développement stratégique, au niveau des divisions et même des centres de profit.
. Focalisation sur le processus budgétaire comme élément le plus important de planification.
. Absence d'initiatives de la maison mère sous forme de conseils, mais elle utilise de manière importante les suggestions
qu'elle trowe appropriées.
o Critères clairs de recherche d'investissements et utilisation du critère du < pay-back period > sur des durées courtes
pour éliminer les projets les moins performants.
. Certitude que la maison mère financera tous les bons projets.
r Utilisation principale d'acquisitions initiées par la maison mère et les divisions comme mode de croissance.
r Insistance sur le budget comme conûat entre la maison mère et la dMsion ou filiale. La performance financière annuelle
est le critère principal de jugement.
. Comparaison fréquente des résultats avec le budget.
o Forte pression immédiatement appliquée sur les secteurs ayant des problèmes de performance et changement radical
de la direction en cas de persistance des problèmes.
?ffi",.,&.Wffir...#,
Les systèmes de contrôle < visible > mis en place par les grouPes sont
déterminés par des variables de contexte.
La narure stratégique de l'acquisition et les relations de pouvoir sont les principdes variables de
contexte influençant les qrstèmes de contrôle dans un groupe (Buono et Bowditch, 1989 ; Cdori,
Very et Lubatkin, 1994).
,',1W.
LA NATURE STRATÉGIQUE DE TACQUISITION
La nature du système de contrôle u visible , devrait être fonction de la suatégie de la direction. La
cohérence entre chaque type de diversification et la nature du qystème de contrôle a été recherchée
d'un point de vue théorique (Gomez Mejia, 1992 ; Lorsch et Allen, 1973 ;Pitts, 1974) et empirique
Lensemble de ces observations pourrait arnener à éclairer les faibles performances des opérations
d'acquisition qui ne respecteraient pas la règle selon laquelle à chaque rype d'acquisition doit être asso-
cié un q/stème de contrôle particulier de la filiale concernée. Cependant, qu'en est-il réellement ? Iæs
différentes stratégies possibles d'acquisition à I'intérieur même d'un groupe impliqueraient parallèle-
ment une diversité de qrstèmes de contrôle. Or, cette diversité est difficilement gérable, tout au moins
pour le volet formalisé de ces qrctèmes. En conséquence, la cohérence entre chaque stratégie d'acquisi-
tion d'une tliale et le s,ystème de contrôle mis en place afin de l'intégrer est délicate à metue en Guvre.
Aussi, il n'est pas surprenant que les différentes études de cas précitées qui ont observé des groupes
français et européens de grande taille dans la période des années 1980 aient conclu que I'aspect
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Les travaux de Simons (1987a, b, 1991, 1994, 1995) meftent en évidence que les systèmes
o formels u de contrôle sont utilisés d'une manière interactive par une pression continuelle de la direc-
tion afin d'évaluer, de réviser et de présenter de nouvelles ections. Ceme démarche permet un appren-
tissage organisationnel et évolue en fonction de I'incertirude stratégique. Haspeslagh (1982) et Bart
(1986) montrent également, dans leurs trâvaur empiriques, que la direction s'implique plus ou moins
dans les différentes unités en fonction de la suatégie et de l'environnement, par des recommandations,
suggestions, instructions, etc., malgré un système u formel u de contrôle homogène. La littérature
portânt sur le contrôle organisationnel dans les multinationales indique que les plus performantes de
ces organisations utilisent, outre des qrstèmes o formels o de contrôle généralement homogènes, des
mécanismes u informels o de coordination : des communications informelles, des mouvements de
cadres, etc. (Escobar-Perez et Lobo-Gallardo, 1999 ; Granlund, 1998 ; Martinez etJarillo, 1989 ;
Bartlett et Ghoshal, 1989, 1990 ; Martinez, 1991). Le développement de ces mécanismes apparaît
lorsque la demande de coordination excède ce qui est apporté par I'aspect u formel , des qrstèmes de
contrôle.
Cette différenciation informelle devrait se retrouver plutôt dans des acquisitions de nature straté-
gique otr les besoins de coordination et la maîtrise stratégique par la maison mère sont importants.
La différenciation informelle du qfstème de conuôle u visible >, mis€ en æuvre par le groupe afin
de gérer une filiale, est d'autant plus utilisée que l'acquisition est de nature industrielle ou commer'
ciale, iesçà-dire impliquant une cohérence stratégique importante (hypothèse 2).
/Acquisitions et dans la Note dinformntion économique éditée par la région Nord /Pas-de-Calais. Cette
étude a reçu le soutien actif de l'Association des directeurs financiers et des contrôleurs de gestion
(ADFCG) de la région Nord/Pas-de-Calais ainsi que dela Gazene du Nord /Pas-dz-Calzis.
70 questionnaires ont été retournés dont 55 exploitables. Le taux de retour assez faible peut être
expliqué par le fait que le questionnaire était long et portait sur des éléments stratégiques confidentiels.
Le chifte d'affaires (ex ante) des entreprises acquéreuses était relativement modeste (en moyenne
de 500 millions à 1 milliard de francs). Il en est de même en ce qui concerne celui des entreprises
acquises (en moyenne autour de 100 millions de francs). Il s'agit donc d'acquisitions de PME de taille
relativement élevée, par des groupes ayent un caracère régional.
IJaspect formel de la partieu visible o du système de conuôle est très largement homogène à I'intérieur
de chaque groupe, y compris en ce qui concerne le système de contrôle utilisé par les différentes filiales
pour leurs propres besoins. Il esr uniquement fonction de la composition du portefeuille d'activités du
groupe acquéreur et non de la nature stratégique de I'opération. Cette homogénéité est toutefois d'au-
tant plus importante que la composition du portefeuille d'activités du groupe est de nature plutôt
< suatégique n. Ces résultats confirment ceux des travatur de Jones (1985a, b) et de Escobar-Perez et
lobo-Gallardo (1999). tihypothèse n" I est largementvalidée.
La très forte implication des acquéreurs dans les sociétés acquises, quelle que soit la nature straté-
gique de l'acquisition et quelle que soit I'imporrance du pouvoir relatif de cette dernière, fait qu'il n'y
a que peu de différenciation informelle des qrstèmes de contrôle. Également, la nature stratégique de
l'acquisition ainsi que le niveau de pouvoir relatif de la filiale ont peu d'influence sur l'homogénéité
de I'aspect formel des qrstèmes de contrôle. Dans notre échantillon, seul le potentiel de ressources de
la Êliale protégerait mieux son indépendance. Les hypothèses 2 et 3 ne sont donc que partiellement
vérifiées.
Une recherche de corréladons simples et multiples enûe le succès de I'opération, la conrexre srra-
tégique de I'acquisition, le type de système de contrôle, sa mise en place et le succès de celle-ci n'a pas
donné de résultats statistiquement significatifs, en raison notamment de la très forte implication des
acquéreurs et des relations entre les variables qui ne sont probablement pas linéaires. Aussi, il a été
recherché, au moyen de techniques d'analyse multidimensionnelles, des associations globales de ces
éléments qui ont été nommées < compoftements d'acquisition n.
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Les différentes typologies des éléments constituant les o comportements d'acquisition u sont présen-
tées ci-après.
- le contexte stratégique d'acquisition de type I < confortement D (40 o/o des observations) carac-
térisé par une forte proximité stratégique (composition du portefeuille d'activités de I'acquéreur et
stratégie d'acquisition de la filiale), mais par une taille relative de I'acquis pâr rapport à I'acquéreur, un
( potentiel de ressources o de I'acquis et un nombre d'activités diverses de I'acquéreur faibles. En
revanche, les acquéreurs ont un nombre ( moyen , de filiales. Cela correspond à des acquisitions de
sociétés de taille réduite avec peu de perspectives de développement dans des secreurs proches, réali-
sées par des groupes ayant déjà un portefeuille peu diversifié de quelques filiales. Lobjectif pourrait
être la conquête de parts de marché et l'élimination de concurrenrs périphériques ;
le contexte stratégique d'acquisition de type 2 < placement D (30 o/o des observations) est carac-
-
térisé par une proximité stratégique et une taille relative de I'acquis par rapporr à I'acquéreur, faibles.
Le o potentiel de ressources , de I'acquis et le nombre d'activités de l'acquéreur sont moyens. Le
nombre de filiales de l'acquéreur est égelement faible. Cela corespond à des acquisitions dans des
secteurs diversifiés, de sociétés de faible taille mais disposant de quelques perspectives de développe-
ment, réalisées par des groupes ayant peu de filiales dans des activités diverses (ces derniers éléments
caractériseraient des holding u régionales o) ;
- le contexte strarégique d'acquisition de type 3 < redéploiement > (30 o/o des observations) est
caracrérisé par une proximité stratégique et une taille relative de I'acquis par rapport à l'acquéreur,
moyennes. Mais le o potentiel de ressources , de I'acquis par rapport à l'acquéreur ainsi que le nombre
d'activités et de filiales de I'acquéreur sont importants. Cela correspond à des acquisitions réalisées par
des groupes déjà diversifiés de sociétés de moyenne importance dans des secteurs différents mais avec
des perspectives de développement.
Le tableau 3 synthétise les caractéristiques de ces trois contextes stratégiques d'acquisition ainsi que
leur poids relatif.
Tableau 1
- Iæ système de contrôle u visible u de type 1 < stratégique/financier > (17 o/o des observations) est
câractérisé par :
. un système u formel o de contrôle hybride entre ( financier
et ( stratégique D, une implica-
D
tion moyenne du groupe dans le cadre des relations informelles et un niveau dautonomie stratégique
de la filiale moyen ;
. une très faible homogénéité des qystèmes u formels , de contrôle, y compris c€u:( propres aux
différentes filiales du groupe et peu de modificadons du système u formel , de contrôle de la filiale ;
.des relations informelles entre la filiale et le groupe assez fréquentes et une faible autonomie
opérationnelle accordée par le groupe à la filiale ;
. le remplacement assez fréquent du dirigeant après l'acquisition.
CoMrIABIITÉ - Covrnôue - Auott / Tome 6 - Volume 2 - septembre 2000 (p, 77 \ 9A
Yves Lgvexr
TYPOLOGIE DES S]6TÈMES DE CONTRÔLE ORGANISAIIONNEL
ET PERFORMANCE DES OPERAnONS DACQtnSmON 87
- lr système de contrôle u visible o de type 2 < stratégique , (58 o/o des observations) est caracté-
risé par :
.
un système o formel n de contrôle de rype ( stratégique D, une très forte implication du groupe
dans le cadre de relations informelles, une faible autonomie stratégique de la filiale ;
' une très forte homogénéité des rystèmes u formels u de contrôle, y compris ceux propres aux
différentes filiales du groupe, accompagnée de modifications importantes du qrstème u formel, de
contrôle de la filiale ;
' des relations informelles très fréquentes et une faible autonomie opérationnelle accordée par
le groupe à la filiale ;
. le changement très fréquent du dirigeant.
- læ système de contrôle u visible n de g'pe 3 o financier > (25 o/o des observations) est caractérisé
par :
' un système n formel , de contrôle de type u Ênancier o, une faible implication de I'acquéreur
dans la marche de la filiale dans le cadre de relations informelles peu impliquanres, une autonomie
stratégique de la filiale imponante ;
' une homogénéité moyenne des systèmes u formels , de contrôle, accompagnée de peu de
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Tableau 2
Caractéristiques des différents types de contrôle tt visible D
Les résultats d'une ACP sur les variables mesurant la mise en place du système de contrôle u visible ,
monrrenr que ce dernier peut être identifié selon trois axes factoriels de vdeur propre supérieure à 1
expliquant 64,8 o/o de la variance. Une analyse qpologiqu e e été réalisée au moyen d'une classificadon
hiérarchique à partir de ces trois axes. Quatre classes ont été identifiées, mettant en évidence quetre
types principaux de mises en place des systèmes de contrôle u visible , :
- Les mises en place de type I < oukaze > (21 o/o des observations) sont caractérisées par :
. une absence de concertation lors de la mise en place du nouveau système de conuôle < visible u
et lors du processus d'amendements ;
. une rapidité de la mise en place du nouveau q/stème de contrôle u visible > et peu d'amen-
dements;
. peu de planification.
- Les mises en place de type 2 < planifié > (20 o/o des observations) sont caractérisées par :
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.
une progressivité dans la mise en place du nouveau système de contrôle u visible D et le
pr6ence d'amendements ;
. une planification importante.
- La mise en place de type 3 < consensueUimmédiat > (23 o/o des observations) est caractérisée par:
. une forte concenation lors de la mise en place du nouveau qrstème de contrôle u visible , et
lors du processus d'amendements ;
.
une progressivité relative dans la mise en place du nouveau système de contrôle u visible > et
quelques amendements;
. une absence totale de planification.
- Ia mise en place de type 4 < planifrélconsensuel > (36 o/o des observations) est caractérisée par :
. une conceftation très importante lors de la mise en place du nouveau qrstème de contrôle
u visible > et lors du processus d'amendements ;
.
une progressivité relative dans la mise en place du nouveau qFstème de contrôle u visible o et
quelques amendements;
. une planification très importante.
La discrimination statistique la plus fome entre les différents tlpes de mise en place de systèmes de
contrôle u visible o se fait plutôt sur le niveau de concenation et oppose donc les types < oukaze D et
u planifié ), aux types u planité/consensuel o et < immédiat/consensuel ,. Le tableau 3 synthétise les
caractéristiques de ces types de mises en place des qystèmes de contrôle u visible u.
. Lorsqu ils sont associés de manière efficace, ces différents éléments contribuent au succès de
I'acquisition.
Une classification hiérarchique effectuée à partir des résultats de I'AFCM a mis en évidence I'existence
de trois configurations de n compoftements d'acquisition n :
- Le u compoftement d'acquisition u de type 1 identifie les u impliqués , (38o/o des cas). Il corres-
pond en majorité à des acquisitions de type n confoftement o mais également de type o placement o er
dans une moindre mesure o redéploiement ). Le type de système de contrôle u visible o utilisé est
plutôt de nature ( stratégique o. La mise en place se fait, le plus souvent, de manière consensuelle, mais
parfois de manière autoritaire avec un taux de remplacement du dirigeant assez élevé. Ce comporte-
ment est celui d' acquéreurs dont la caractéristique principale est d'être très fortement motivés et de
chercher à s'impliquer dans des secteurs qui ne leur sont pas toujours familiers.
-Le u comportement d'acquisition o de Type2 identifie les o laisser-faire o (36o/o des cas). II
correspond plutôt à des opérations de u redéploiement o, parfois de o placement > er marginalement
de u confortement ),. Le qretème de contrôle o visible > utilisé est plutôt du type u financier
', voire
( stratégique /financier D avec une mise en place plutôt u consensuelle u. læ dirigeant est remplacé dans
moins de la moitié des cas. C'est le comportement typique d'acquéreurs réalisant des opérations à
caractère financier.
- comportement d'acquisition u de We 3 identifie les u décideurs-initiés > (26 o/o des cas). Il
Iæ u
correspond à des opérations effectuées le plus fréquemment en terrain connu, très majoritairement
dans des acquisitions de type u confortement u, voire n redéploiement D. Le type de qystème de
contrôle u visible , adopté est résolument de nature < stratégique >. La mise en place de ce système est
effecruée de manière planifiée et plutôt autoritaire. Elle s'accompagne d'un changement de dirigeant
dans79 o/o des cas. C'esr un comportement rype d'acquéreurs réalisant une opération à caractère
industriel ou commercial.
Le tableau 4 sfnthétise les caractéristiques de ces trois catégories, réparties de manière assez équili.
brée, de ( comportements d'acquisition u.
Tableau 4
Caractéristiques des différents rr comportements d'acquisition r
( coMPomEMEtfTs D'AcQusmoN D
Couponnrurrrl i
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Les résultats de I'AFCM, lorsque sont associés eux ( comportements d'acquisition u le succès du
qrstème de contrôle mis en place ainsi que le niveau de succès de I'acquisition, montrent des situations
bien contrastées (tableau 5 ci-contre).
Ce ne sonr donc pas des types contextes stratégiques d'acquisition, ni des types de systèmes de
contrôle u visible n, ni des types de mises en place de ces qrstèmes qui, indépendamment, contribuent
au succès d'une opération, mais une cohérence de I'ensemble de ces facteurs. 7 Ces < comportements
d'acquisition > permettent, sans surprise, de retrouver des relations conformes aux principales recom-
mandations actuelles de la littérature en stratégie et de celle en contrôle organisationnel.
Le cornportemmt o dlcideur-initié ), qui correspond à une association souvent recommandée de
-
sestrois composants, permet d'obtenir les meilleures performances. Sa mise en place est considérée
comme un succès, dans79 o/o des cas, mais pouvait-il en être autrement pour un n décideur initié > ?
Quant aux résultats de I'opération elle-même, Cest ce comportement qui semble donner les meilleures
conclusions : succès total dans 57 o/o des cas et succès mitigé pour le solde.
- Le comportement o laisser-faire >,Il est composé d'une stratégie d'acquisition considérée comme
la moins performante par la littérature en strâtégie mais d'un système de contrôle u visible u (cette
I.ES C DÉCIDEURS{NMÉS
-Ç-o-u$rr-$fts--o.i4s-q.q!$P-ui.'..........ta.q.!r!.+!9t|f:'.?...............i...,......F! ''
ii Éauc
eruv i! succÈs
(rFllc i succÈs
SucdsornnmsrrNprâcDusysrÈMt i échec:81% i succès:70% i succès:790lo
Dgcoumôu(vtslBlrD i mitigé:9,5o/o i échec:25% i échec:14%
i succès :9,5 o/o i mitigé : 5olo i mitigé : 7 %
i succs oU ÉcHEc ii",i nWÔI MmGÉ i PruTôT succÊs
association est recommandée par la littérature en contrôle organisationnel ) et d'une mise en place de
ce qrstème plutôt consensuelle que planiûée ou rapide. Malgré cela, le niveau de succès de la mise en
place d'un système de contrôle u visible o plutôt u financier n, de manière consensuelle, est assez élevé
(70 o/o). Quant à I'opération par elle-même elle a, conformément à la littérature, le mux de succès le
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C'est peut-être la présence de ce dernier type de comportement non conforme à nos hypothèses
qui empêchait les relations linéaires testées d'être significadves. Cette mise en évidence consritue un
des principaux résultats de ce travail. Ce comportement est peut-être lié à la taille relativement
modeste de la plupart des entreprises acquéreuses et acquises de l'échantillon. Dans ces organisations,
la volonté d'un dirigeant ou d'une famille peut se manifester de manière plus marguée de par la confu-
sion entre le pouvoir de direction et la détention du capital et de par le caractère nécessairement limité
du nombre de filiales diversifiées.
À rarrers ces résultats, I'hypothèse 4 est vérifiée en ce qui concerne l'adéquation entre la narure
stratégique de l'acquisition, le type de qrstème de contrôle u visible > er sa mise en place comme déter-
minant de la réussite de l'acquisition d'une filiale.
Conclusion
De manière générde, les acquéreurs dimpliquent très fortement dans le contrôle de leurs filiales. Cette
implication se traduit par une très forte homogénéité dans chaque groupe de I'aspect formel du
système de contrôle ainsi que par une faible différenciation informelle de ces qystèmes. IJimplication
de I'acquéreur se traduit également par une mise en place du système de contrôle u visible r rapide,
planifiée, avec peu de concertation et parfois même de la brutalité.
Le succès d'une acquisition n'est pas lié à un facteur mais à un ensemble de facteurs, iest-à-dire à
un < comportement d'acquisition ,. Cependant, en dehors des observations concernant les u impli-
qués >, il peut être repéré dans les autres ( compoftements d'acquisition o des associations conformes
à ce que propose la littérature, sur les relations entre le succès, les types de systèmes de contrôle, leur
mise en place (si I'on tient compte de I'aspect informel) et la stratégie d'acquisition du groupe.
Notamment, en accord aveclalitérature en sûatégie, les meilleurs résultats proviennent d'acqui-
sitions dans un même secteur d'activité ou dans des secteurs proches. En accord avec la littérature en
contrôle organisationnel, elles doivent être accompagnées d'une mise en place rapide mais planifiée
d'un qrctème de contrôle de nature < stratégique >, sans que cela soit fait nécessairement de manière
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Annexe
Les variables obsemées
Dans un souci de pertinence et de robustesse des données, I'ob,iectif fixé a été de se limiter à un
nombre restreint de variables plutôt que d'essayer de tout appréhender.
1. Le système de contrôle < visible >
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Elle a été mesurée par onze items portant sur la sûucturation du nouveau qrstème de conrôle
ovisible, définie au moyen de la rapidité de la mise en place du nouveau système de contrôle u visible ,,
du degré de consensus sur cette mise en place, du nombre d'amendements acceptés par I'acquéreur,
de l'importance de la planification de cette mise en place, des modifications du système u formel n de
contrôle qu'avait la filiale avant son acquisition, de l'homogénéité du système u formel, de contrôle
mis en place avec celui déjà existant pour les autres filiales.