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ALAMI YOUSSEF
Enseignant chercheur
Laboratoire de Recherche et d'Études en Finance, Audit et Gestion
(LAREFAG – ENCG Tanger)
Université Abdelmalek Essaadi
Email : alamiyou@yahoo.fr
BOUGHABA SALWA
Doctorante
Laboratoire de Recherche et d'Études en Finance, Audit et Gestion
(LAREFAG – ENCG Tanger)
Email : salwa.boughaba@gmail.com
EL IDRISSI ISSAM
Doctorant
Laboratoire de Recherche et d'Études en Finance, Audit et Gestion
(LAREFAG – ENCG Tanger)
Email : issammpdl15@gmail.com
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REMFO N°13 Juin 2021 ISSN 2489-205X
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Résumé
Dans la littérature financière plusieurs contributions ont étudié la performance bancaire et les
principaux indicateurs de son évaluation. En général, le but de chaque banque est de pouvoir
assurer une rentabilité pérenne dans un contexte de plus en plus caractérisé par des turbulences
économiques et financières. L’objectif du présent article est d’analyser l’évolution de la
performance financière de trois grandes banques marocaines, pour la période 2005-2018, en se
basant sur trois indicateurs fondamentaux à savoir : le ROE, le ROA et le coefficient
d’exploitation. Notre analyse fait ressortir l’existence d’un lien empirique de cause à effets entre
la performance financière des banques et la conjoncture économique nationale et internationale.
Abstract
In the financial literature, the study of banking performance and the determination of the main
indicators for the evaluation of this concept, have been the subject of several works. In general,
the goal of each bank is to be able to ensure sustainable profitability in order to ensure its
survival, in a world full of economic and financial turmoil. The study’s aim is to analyze the
evolution of the financial performance of three Moroccan banks, for the period 2005-2018,
based on three main ratios: the ROE, the ROA, and the cost/income ratio. Our analysis reveals
an empirical causal link between banks' financial performance and domestic and global
economic conditions.
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Introduction
Le concept « performance » en général et « performance bancaire » en particulier, ont fait
l’objet de différentes études et ont retenu l’intérêt de plusieurs chercheurs qui ont tenté de
répondre à de multiples questions relatives à la manière d’appréhender la performance bancaire
et surtout les indicateurs les plus fiables à utiliser pour la mesure de cette performance. Dans
une perspective d’analyse de la rentabilité bancaire dans le contexte marocain nous allons
présenter dans un premier temps, les caractéristiques et les spécificités de système bancaire
marocain. Ce dernier a fait preuve d’une résilience malgré son exposition aux différents facteurs
de risque, notamment durant la crise financière de 2008 et la crise sanitaire du Covid-19, ce qui
confirme sa solidité et sa capacité d’adaptation dans un environnement national et international
difficiles.
Le système bancaire marocain est également très régulé. À titre d’exemple, de nouvelles normes
prudentielles qui s’inscrivent dans le cadre du dispositif Bâle II, ont été mises en place en 2008,
renforçant ainsi l’environnement réglementaire qui régit cette activité. Dans ce sens, les
banques sont tenues de se doter d’un processus d’évaluation de l’adéquation des fonds propres
internes, ce qui nécessite une définition claire de la stratégie de la banque à l’égard des risques.
D’ailleurs, la banque centrale veille de plus prêt à assurer la convergence du cadre réglementaire
bancaire marocain avec les standards internationaux.
L’objectif principal de cet article est d’analyser la performance financière des banques
marocaines à travers l’étude des principaux ratios les plus utilisés dans la littérature en la
matière. Pour ce faire, nous allons, dans un premier temps, présenter un cadrage conceptuel de
la notion de performance en sciences de gestion, tout en se focalisant sur le concept de la
performance financière et ses indicateurs de mesure les plus utilisés dans le milieu bancaire.
Dans un second plan, nous allons présenter et discuter les résultats de notre étude effectuée sur
les données des trois premières banques marocaines durant la période 2005-2018.
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comme étant la réalisation des objectifs organisationnels (Doriath et Goujet, 2011) et explique
le degré de leur atteinte en termes de part de marché, taux de croissance, rentabilité et
innovations par rapport aux principaux concurrents. Ensuite, un deuxième aspect décrit la
performance comme l’amélioration du couple valeur/coût de l’entreprise. Elle dépend aussi des
mesures utilisées pour son évaluation et représente un ensemble de faits et implique la recherche
d’instruments ou d’indicateurs de mesure qui rendent ces faits mesurables. Enfin, la
performance a un aspect global d’où le concept de performance méta-organisationnelle (Hedfi-
Khayati et Zaouaoui, 2013).
Généralement, la notion de performance fait référence à un résultat, qui est mesuré sur une
échelle de proportion, d’intervalle, ordinal ou nominal, ou à l’évaluation subjective ou objective
d’un résultat qui est censé être la conséquence ou l’effet de quelque chose. Toutefois, comme
ce résultat est en principe un évènement passé, il peut également s’agir d’un évènement futur
attendu, de ce fait, la performance peut faire référence à un résultat réalisé ou attendu (Blanchot,
2006).
Dans le monde de l’entreprise, la performance peut être définie comme : « le résultat d’une
action, le succès de l’action, ou bien à partir des modes d’obtention du résultat ». De façon
générale, une entreprise est performante si elle génère de la valeur (Melchior, 2013). Pendant
longtemps, la performance a été assimilée à la minimisation ou la compression des coûts
toutefois, actuellement cette conception est insuffisante pour appréhender la performance de
l’organisation (Giraud et al., 2005).
Selon Bourguignon (1995, 1997), la notion de la performance peut être présentée selon trois
aspects :
• Performance « résultat » de l’action qui doit se rapprocher d’un objectif ou un référentiel.
Dans ce cas, la performance représente le niveau de réalisation des objectifs. Elle est le
résultat d’actions coordonnées et cohérentes entre elles qui ont mobilisé des moyens ;
• Performance « action » qui permet de distinguer la compétence de la performance réelle.
Dans ce cadre, la performance relève du processus et non du résultat ;
• Performance « succès » en prenant en considération le caractère plus ou moins ambitieux
de l’objectif fixé et des conditions d’appréciation de ce succès à travers un référentiel de
jugement d’évaluation.
Le tableau suivant présente une synthèse des définitions de l’une des notions les plus
polysémiques en sciences de gestion.
Tableau 1: Définitions de concept « performance »
Auteurs Définitions
Baird La performance est un processus et non un résultat qui apparaît à un moment dans le temps.
1986
• Efficacité c’est de mesurer les résultats pour déterminer s'ils aident à atteindre les objectifs.
Corderont
• Efficience c’est de mesurer les ressources pour déterminer si des quantités minimales sont
(1989)
utilisées dans la production de ces extrants.
La performance consiste à déployer et à bien gérer les composants du modèle causal qui conduisent
à la réalisation en temps opportun des objectifs énoncés dans les contraintes spécifiques à
Lebas (1995)
l'entreprise et à la situation. Donc la performance n’est pas un concept qui se définit de façon
absolue. Elle appelle un jugement et une interprétation.
Neely et al., La performance est l’efficience et l’efficacité d'une action délibérée
(1995)
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Brasseul (1998) La performance se reflète à travers la capacité de l’entreprise à produire et à maîtriser ses coûts
Larcker et al., La performance est un construit multidimensionnel qui ne peut pas être évalué sur la seule base
(1998) d’indicateurs financiers
La performance est une corrélation complexe entre sept critères de performance : efficacité,
Rolstadas
efficience, qualité, productivité, qualité de vie au travail, innovation et rentabilité / capacité
(1998)
budgétaire
Dwight (1999) La performance est le niveau auquel un objectif est atteint.
Hoffmann Le terme « performance » décrit une contribution évaluée à la réalisation des objectifs
(1999) organisationnels.
Le terme « performance » décrit la contribution de systèmes spécifiques (unités organisationnelles
Hauber (2002)
de différentes tailles, employés et processus) pour obtenir et valider les objectifs d'une entreprise.
Wettstein La performance peut être comprise comme le degré de satisfaction des parties prenantes.
(2002)
La performance se réfère au degré de réalisation des objectifs ou à la réalisation potentiellement
possible concernant les caractéristiques importantes d'une organisation pour les parties prenantes
Krause (2005) concernées.
La performance est donc principalement spécifiée à travers un ensemble de critères
multidimensionnels.
Brulhart et al., La performance se reflète à travers les atteintes des objectifs et à la recherche de l’efficacité dans
(2010) la réalisation des activités.
La performance se reflète à travers l’atteinte d’un résultat minimum ou acceptable ou à travers la
Ndao (2011)
réduction de ce qui n’est pas désirable.
Source : élaboré par nos soins sur la base des analyses de Samsonowa (2012 ; p18) et Oubya (2016 ; p :17).
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d'une nécessité pour les banques durant une période de concurrence croissante sur les marchés
financiers, car il est un signe et un signal de performance pour les actionnaires. Par conséquent,
l'objectif fondamental de toute direction de banque est de maximiser le profit, comme une
condition essentielle à la conduite des affaires.
En somme l’activité bancaire repose sur la recherche de la performance financière à travers la
prise de risque. Selon Nouy (1993), la rentabilité des établissements de crédit représente leurs
aptitudes à produire de leurs exploitations un excédent suffisant et indispensable pour la
continuité de leurs activités après la déduction des coûts nécessaires à cette exploitation. Selon
Arora (2012), la performance financière des banques est mesurée par des indicateurs financiers
car les banques sont des organisations à but lucratif. Généralement les banquiers utilisent les
mesures comme les indicateurs de profitabilité, d’efficience et de liquidité comme des mesures
de performance.
D’après notre revue de littérature sur la performance financière des banques, nous avons pu
constater une forte présence des trois indicateurs financiers le Q de Tobin avec une présence de
15.56%, le Return on Equity avec une fraction élevée égale à 23.56% et une dominance du
Return on Assets avec 45.78% de fréquence d’utilisation.
Tableau 2: Utilisation des indicateurs financiers par les chercheurs dans le contexte bancaire
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(Sienkiewicz, 2017). Le rôle intrinsèque des fonds propres est d’amortir les chocs financiers en
permettant l’absorption de pertes comptables de manière ponctuelle et l’enjeu actuel, dans un
contexte de durcissement réglementaire, est de dégager un niveau de rentabilité qui permet aux
banques d’accumuler les fonds propres nécessaires au maintien de leur activité.
Selon D. Sidibe (2018) le ROE traduit la santé financière de la banque et correspond à la part
des bénéfices reçus par les actionnaires. Une amélioration du ratio de la rentabilité des capitaux
propres peut provenir d’une faible capitalisation structurelle de la banque se traduisant par un
faible niveau des fonds propres. Donc une augmentation des capitaux peut affaiblir et diminuer
le ROE, c’est pour cela les dirigeants sont en mesure de garantir un rendement important pour
les actionnaires afin d’éviter une augmentation des capitaux propres. Malgré son utilité notable
au niveau du calcul de la performance financière des capitaux propres apportés à la banque, la
Banque Centrale Européenne adresse des critiques à l’utilisation de cet indicateur dans son
rapport « Beyond ROE – How To Measure Bank Performance » en 2010.
Ce rapport montre comment l’utilisation de ROE peut conduire à des résultats biaisés durant le
temps de la crise. Cette conclusion a été le résultat d’une étude faite sur 12 banques
internationales durant la période 2002 - 2010. En effet, cette étude montre que pendant la crise
des subprimes la médiane et la moyenne des ROE de l’échantillon sont éloignées de 98 l’une
de l’autre, sachant qu’avant la crise leurs évolutions étaient les mêmes, des évolutions typiques
et similaires, cette anomalie observée durant la crise indique la non pertinence de l’utilisation
de ce ratio sous ces circonstances précitées.
À ce titre, la rentabilité bancaire peut être appréciée par plusieurs approches dont, les plus
utilisées, sont le coefficient de rentabilité financière (ROE) et le coefficient de rentabilité des
actifs (ROA). Ces indicateurs permettent une première appréciation de la performance des
banques, en distinguant entre la performance économique et la performance financière. Même
si ces indicateurs montrent une insuffisance de mesure et offrent une vision simple et restrictive
(Saulquin et Maupetit, 2002), vu qu’ils se basent sur les bénéfices, s’attachent à la gestion des
résultats et ne prennent pas en compte l’évolution des cash-flows, ainsi que le coût du
financement.
L’approche de la rentabilité en milieu bancaire et financier est caractérisée par sa complexité et
son aspect multiforme (Rouach et Naulleau, 2016). La mesure de la rentabilité des activités
bancaires est particulièrement complexe suite à deux raisons. D’abord la multiplicité des axes
d’analyse de la rentabilité (entités, produits, activités, clients ou réseaux de distribution), ensuite
l’importance des charges de structure et de support à répartir sur les différents objets de coût.
Les trois principaux axes d’analyse de la rentabilité bancaire sont : les centres de profit, les
produits ou services, les clients ou les segments de la clientèle. Les systèmes de mesure de la
rentabilité sont très lourds. Il convient de contenir la complexité car les degrés de finesse
autorisés par les systèmes d’informations ne sont pas systématiquement pertinents, de
concevoir un système efficace de mesure des rentabilités.
Avec le calcul des ratios, la notion de rentabilité prend toute sa signification puisqu’il va s’agir
de comparer les résultats à des moyens. On peut faire la distinction entre les ratios de rentabilité
d’exploitation et les ratios de rentabilité globale.
Le coefficient d’exploitation est un indicateur de rentabilité d’exploitation qui indique la part
de Produit Net Bancaire absorbée par les frais généraux (coûts fixes), qui reflète la marge
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dégagée par la banque sur l’ensemble de ses activités avec ses trois composantes (les intérêts,
les commissions et les plus ou moins-values), consommée par les frais généraux. Il est
déterminé à travers l’indicateur suivant :
Coefficient d’exploitation = Frais généraux / Produit Net Bancaire
C’est un ratio très significatif de la rigueur de la gestion de la banque et il est souvent calculé,
notamment dans une optique comparative. Un coefficient d’exploitation supérieur à 70% est
jugé élevé et inférieur à 65% convenable. Un ratio élevé signifie soit des frais généraux
excessifs compte tenu du volume des opérations réalisées, soit comme étant la conséquence
d’une contraction du produit net bancaire, à moyens inchangés. Les banques ont comme objectif
de réduire ce coefficient au maximum en adoptant une logique d’économie qui réduit toutes les
dépenses et notamment les dépenses liées au capital humains.
En ce qui concerne les mesures de la rentabilité globale on a deux ratios, qui d’ailleurs
entretiennent des interrelations, sont systématiquement calculés par les analystes et font l’objet
des comparaisons à savoir le ratio de (ROA) et celui de la rentabilité financière (ROE).
Premièrement le ROA est un ratio qui a pour objectif de mesurer l’efficacité avec laquelle les
actifs sont employés. Il donne une mesure de la performance de l’ensemble de la banque car il
prend en considération la totalité des moyens mis en œuvre et représente la capacité de la
banque à créer du profit à partir de sa base d’actifs. Plus ce ratio est élevé, plus la banque est
performante.
ROA= Résultat Net / Total Bilan
C’est le ratio le plus utilisé pour évaluer les performances d’un établissement de crédit. Mais
son interprétation doit être faite avec prudence car il est très influencé par la politique de
provisions de l’établissement de crédit puisque le Résultat Net incorpore le coût du risque et
que les actifs figurent nets de provisions dans le bilan bancaire.
Ensuite, le ROE est le plus utilisé par les analystes financiers et a inspiré les premiers ratios de
mesure de performance mis en place par les grandes entreprises. Il est défini comme la
possibilité d’une entreprise à rémunérer, à partir de son exploitation et d’une manière adéquate
et permanente les fonds propres, tout en assurant sa stabilité financière.
Il permet de calculer le rendement des Fonds Propres, de comparer les performances de
l’entreprise à la rentabilité attendue par les actionnaires, et d’apprécier son attractivité
financière. Ce ratio, appelé également coefficient de rentabilité et qui permet de mesurer la
rentabilité du capital investi on le calcule moyennant le ratio suivant :
ROE= Résultat Net/ Fonds Propres
Comme le ROA, cet indicateur est parmi les indicateurs comptables les plus appropriés pour
mesurer la performance financière des banques. L’inconvénient du ROE, c’est qu’il peut être
gonflé en augmentant le niveau du levier financier, car le ROE peut être une sortie de la relation
(ROA x multiplicateur de levier). Généralement il s’agit de la relation entre le ROE et le ROA
(Corinna et al., 2013 cités par Habis Almustafa, 2017).
2. LA STRUCTURE BILANCIELLE DES BANQUES ET LES CRISES
FINANCIERES
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Contrairement aux entreprises, le bilan d’une banque se caractérise par un recours massif à
l’endettement, à cause de la nature des activités bancaires, comme la création monétaire. Selon
Goddart et al., (2007) le canal du crédit joue un rôle essentiel dans la transmission de la politique
monétaire dans un monde où cette dernière est devenue l’instrument de stabilisation le plus
important. La santé financière de plusieurs pays dans le monde a été touchée par la crise des
subprimes, ce qui a amplifié les disparités économiques entre les pays, ceci peut être expliqué
par l’existence d’une forte asymétrie d’information et l’inefficacité de la réglementation
prudentielle à l’époque.
Plus encore, selon Badarau et Turcu (2014) la gestion active des bilans bancaires dans un
contexte de crise, semble constituer un facteur de propagation des difficultés, car une situation
financière des banques jugée fragile engendre une hausse des taux de financement des
entreprises, à cause d’un coût de financement externe plus élevé pour les banques.
Par conséquent, ceci conduit à une baisse du niveau d’investissement sur le plan macro-
économique, car un affaiblissement de la santé financière des banques déclenche une crise
économique de financement, puisque les banques jouent un rôle déterminant dans le
financement des économies grâce aux dépôts des épargnants. Cependant, la crise du Covid-19
n'a pas pesé lourdement sur le secteur bancaire marocain, grâce aux provisions confortables qui
permettent aux banques de faire face aux conséquences de cette pandémie, en contribuant
significativement à l’alimentation du Fonds de gestion de la pandémie « Covid-19 », par une
enveloppe globale de 3.32 MMDH (Alami et El Idrissi, 2021).
Selon Sidibe (2018) la comptabilité bancaire se diffère de la comptabilité des entreprises en
raison de la sensibilité de l’activité bancaire. La structuration bilancielle des banques dévoile
une présence intensive de l’endettement au niveau de leurs capitaux propres. Dans le même
sens Boussaada (2012) confirme que les banques se distinguent des autres firmes par un niveau
important d’endettement. La problématique qui se pose entre les rouages du passif et d’actif du
bilan, c’est que le passif est constitué principalement des dépôts des clients et qui doivent être
disponibles suite à la demande des dépositaires tandis que les actifs sont en général sous forme
de crédits à moyen et long terme.
La raison derrière le retrait des dépôts par les créanciers de la banque peut voir le jour à cause
d’une information sur la qualité des actifs de la banque ou par une perte de confiance dans le
système bancaire d’un pays. La détention des actifs non liquides avec l’émission des passifs
liquides constitue le défi majeur de la santé financière des banques, car ceci peut conduire par
la suite à une crise de liquidité.
Selon Alami et Semmaa (2011) évoquent que pour renforcer la stabilité du secteur bancaire,
Bâle III a introduit en 2010 des mesures prudentielles telles que :
• L’augmentation du niveau et de la qualité des fonds propres ;
• Un renforcement des exigences pour la couverture de certains risques ;
• Une surveillance de la liquidité harmonisée avec l’instauration de deux ratios de
liquidité, l’un à court terme, l’autre à moyen terme…
L’assurance-dépôts constitue un moyen efficace pour prévenir les pertes bancaires et empêcher
les banques individuelles d’affecter la grande économie grâce à la prévention des paniques
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bancaires, car l’absence de cette assurance peut transmettre aux déposants un signal
d’apparition du risque d’aléa moral ex-post (Sidibe, 2018).
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Il est à noter que les 19 banques comptent seulement huit banques dites universelles, à savoir :
Attijariwafa Bank, BCP, BMCE, BMCI, CAM, CDM, CIH, et SGMB, dont 6 cotées à la Bourse
des Valeurs de Casablanca. Notons que les banques étrangères sont largement présentes dans
le tour de table des banques privées, en tête, PNB Paribas, Société Générale France, Crédit
Agricole SA détiennent au 31 décembre 2019, respectivement la majorité du capital de la
BMCI, de la SGMB et de CDM avec des parts respectives de 66.73%, 57.57% et de 78.7%.
Dans la zone offshore de Tanger, les banques disposent en début de 2019 de 5 filiales et une
succursale, sans changement par rapport aux années précédentes.
À l’étranger les banques marocaines détiennent 45 filiales, 15 succursales présentes dans 35
pays dont 27 en Afriques, 7 en Europe et une en Asie. Au total les banques marocaines disposent
de plus de 1427 agences bancaires.
Le réseau bancaire a connu un développement notable ces dernières années, le nombre total des
agences a dépassé le seuil de 6503 agences au début de 2019 avec plus de 7289 guichets
automatiques bancaires.
À fin 2018, le nombre des comptes bancaires a ralenti avec une chute de 1,7% par rapport à
2017, en ce qui concerne la concentration du total actifs pour les 6 banques cotées à la BVC.
Trois banques à savoir la BCP, AWB et la BMCE occupent les premières places en termes de
volume d’actif total consolidé sur la période entre 2013 et 2019.
D’après la figure ci-dessous, nous pouvons dire qu’il y a trois banques dominantes en matière
de taille et où le total actif consolidé selon les normes IAS/IFRS pendant la période allant de
2013 à 2019, avec plus de 87% du total des actifs consolidés appartiennent aux trois banques
leaders du secteur bancaire, sachant que AWB reste la première en matière du total de l’actif
consolidé durant la période entre 2013 et 2019.
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Figure 1: Évolution de l'actif total consolidé des banques cotées au Maroc en milliers de
dirhams
532601713,0
509925715,0
475660126,0
428766067,0 431428255,0
401843640,0 411078692,0 396589730,0
385579553,0 383545335,0
351711435,0
328828716,0
309629736,0
290298955,0
Les géants du secteur bancaire marocain ont pu réaliser une performance importante durant les
années entre 2017 et 2019, ont octroyant près de 62,2% de l’ensemble des crédits en 2019 après
avoir réalisé une part significative en 2017 de l’ordre de 64,1%. En effet, la figure ci-après
présente une synthèse des récentes réalisations du trio BCP, AWB et BMCE.
Figure 2: Total-actif, Dépôts et Crédits octroyés des trois grandes banques marocaines
65%
0.64%
0.64%
0.64%
64%
0.63%
0.62%
Source : élaborée par nos soins à la base du rapport annuel de supervision bancaire, BKAM 2019
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Le calcul des indicateurs de performance pour les trois banques, nous a permis d’élaborer les
graphiques suivants que nous allons exploiter pour étudier l’évolution de leur performance
financière en se basant sur les principaux ratios à savoir : le ROE, le ROA et le coefficient
d’exploitation bancaire.
D’après le graphique ci-après, on constate que l’évolution du ROE des trois banques étudiées
suit les événements de la conjoncture économique internationale. Ainsi, on remarque une
diminution de ce ratio à partir de l’année 2007, suite à l’amplification de la crise financière née
de l’effondrement du marché américain des prêts hypothécaires à risque, et dont les effets se
sont propagés à l’échelle internationale, d’une façon rapide et conséquente.
Figure 3: Évolution du ROE des banques étudiées entre 2005 et 2018
25%
20% 0.20%
15% 0.15%
10%
0.08%
5%
0%
2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020
Le retour graduel de la confiance dans les marchés financiers après ces turbulences n’a
commencé qu’à partir de 2010 grâce aux mesures exceptionnelles prises par les gouvernements
et les banques centrales, et qui ont facilité l’amélioration et la reprise de l’activité économique
mondiale. Dans ce cadre, la Banque Centrale du Maroc a également mis en place une série de
mesures afin d’améliorer le niveau de surveillance prudentielle exercée sur le secteur bancaire.
Ces résultats sont confirmés par les indicateurs d’activité et de rentabilité des banques
marocaines, calculés sur base social par Bank Al Maghrib. Dans ce sens, le ROE a passé de
20,6% en 2007 à seulement 15,5% en 2008, puis à 14,5% en 2009. Malgré ceci, Attijariwafa
Bank a confirmé sa résilience comme en atteste ses propres indicateurs.
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À partir de 2014, on remarque que le ROE des trois banques a commencé à baisser. Cette
diminution du rythme de l’activité bancaire traduit le ralentissement de la croissance
économique du pays dont le PIB est passé à 2,4% contre 4,7% en 2013. Toutefois, une légère
progression a été remarquée pendant les exercices suivants, grâce à la progression modérée du
résultat net du groupe et des fonds propres des banques.
Les mêmes constats sont aussi valables pour le deuxième ratio de rentabilité (ROA). En général,
on constate que ces trois banques affichent une rentabilité satisfaisante, et ceci grâce à leur
modèle d’activité diversifié au niveau sectoriel et géographique.
Figure 4: Évolution du ROA des banques étudiées entre 2005 et 2018
0.02%
0.02%
0.01%
0.01%
0.01%
0.01%
0.01%
0.01% 0.01%
0.01%
0.00%
0.00%
0.00%
2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020
À ce niveau, pour le contexte marocain il y a lieu de souligner que Bank Al-Maghrib joue un
rôle important dans la préservation de la résilience du secteur bancaire et ce, en se montrant
attentif aux effets de la conjoncture économique sur les bilans des banques et en maintenant
une surveillance rapprochée des risques de crédit et de concentration, notamment après l’impact
de la crise financière mondiale de 2008 sur l’activité bancaire.
En ce qui concerne l’analyse du coefficient d’exploitation de ces trois banques, on constate que
ce ratio, qui permet de mesurer la part des gains réalisés par une banque au regard de ses coûts
fixes, a eu généralement tendance à baisser de quelques points ces dernières années. Ces
résultats sont principalement dus à l’évolution du Produit Net Bancaire et à la maîtrise des
charges d’exploitation notamment le coût de la masse salariale.
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Figure 5: Évolution du Coefficient d’exploitation des banques étudiées entre 2005 et 2018
65%
60%
55% 0.54%
50%
0.46%
45%
40%
0.39%
35%
30%
2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020
Les ratios financiers, que nous avons pris en compte, sont généralement significatifs, selon la
norme en vigueur au niveau international : le ROA est dans la majorité des cas supérieur à 1, le
ROE est supérieur à 15% saut pour le cas de la BCP où il a connu une chute à partir de 2009.
Tandis que pour le coefficient d’exploitation ou encore le ratio de rentabilité d’exploitation, il
est généralement inférieur à 65%, ce qui est conforme à la norme internationale. Il en ressort
que la solidité financière de ces trois groupes bancaires marocains est assez acceptable et
répond, en grande partie, aux exigences prévalues au niveau international.
Conclusion
L’objectif de ce travail est de présenter les indicateurs de la performance financière des banques
en se basant sur la littérature, ainsi que l’analyse cette performance auprès des trois premières
grandes banques marocaines en l’occurrence : Attijariwafa Bank, Bank of Africa et la Banque
Centrale Populaire.
L’analyse a été menée sur les données couvrant la période de 2005 à 2018, et en prenant en
considération trois indicateurs : le ROE, le ROA et le coefficient d’exploitation. Ces ratios ont
été choisis à la lumière de la revue de littérature. Notre étude a démontré que la performance
financière des banques est liée à la conjonction entre les choix stratégiques de diversifications
et l’évolution de la conjoncture économique nationale et internationale.
Cependant, et à l’instar de toutes les études, ce travail a plusieurs limites. Plusieurs points non
explorés, ou non pris en considération, peuvent représenter des pistes de recherches
intéressantes pour les travaux ultérieurs, dont on peut citer :
• La prise en compte de toutes les banques marocaines dans notre étude afin d’étendre le
champ de notre étude, vu que nous nous sommes contentés d’analyser les résultats des trois
grands groupes bancaires du pays ;
• L’intégration des déterminants de la performance financière dans notre étude empirique afin
de pouvoir réaliser une analyse plus complète tels que la taille de la banque, la liquidité ou
la capitalisation ;
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REMFO N°13 Juin 2021 ISSN 2489-205X
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• La comparaison avec la performance financière des banques d’autres pays dans le but
d’avoir une idée sur les spécificités de chaque contexte.
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