Ferti Maraichage

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Fertilisation en

Maraîchage
P
our le maraîchage en agriculture biologique,
système de production dynamique en
région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’apport
de matières organiques en quantités se justifie
encore plus que pour les autres cultures : besoin
important en nutriments et peu de restitution
par les cultures, perte de l’humus du sol de par
la répétition du travail de sol, la solarisation,
l’irrigation…, et parfois dégradation de la structure
par le passage des engins.

Maintenir la teneur du sol en matières organiques


Il est essentiel d’adapter la stratégie d’apport des matières organiques aux caractéristiques des sols.

 our les sols correctement pourvus en


P Sur les sols faiblement pourvus en matières
matières organiques, et minéralisant peu, il organiques avec des problèmes de structure
suffit d’effectuer des corrections en éléments et de rendement, ou des sols qui ont tendance
fertilisants pour simplement prévenir les à digérer rapidement la matière organique,
besoins des cultures et garder l’équilibre il est nécessaire d’apporter régulièrement
du sol. Pour cela l’utilisation des engrais un amendement organique adapté pour
organiques peut être suffisante. Des apports redresser le taux de matière organique (dose
ponctuels tous les 2 ou 3 ans de compost sont de redressement) et ensuite régulièrement
toutefois souvent nécessaires pour maintenir pour entretenir ce taux (dose d’entretien).
et entretenir le taux de matières organiques
stable du sol. fiche n° 3 « Adapter les apports organiques au sol »

MATIÈRES ORGANIQUES
fiche N°8
Nourrir le sol avant l’implantation des cultures ...
L es apports de matières organiques plus riches,
à objectif d’apport d’éléments fertilisants
seront réalisés soit en grosse quantité au
insectes piqueurs suceurs (pucerons…). A
l’inverse un bon équilibre K/N constitue un
facteur de résistance aux pathogènes.
printemps pour les sols à fort pouvoir stockant,
 es risques de « coulures » de fleurs sur cucur-
D
soit avant chaque semis/plantation pour les sols
bitacées peuvent également être liés à un
stockant peu et les produits à minéralisation très
excès d’azote.
rapide comme le guano.
 es apports massifs et/ou déséquilibrés favo-
D
... Mais pas trop ! Des doses excessives de ma-
risent l’apparition de carences induites, par
tières organiques fraîches mal décomposées
le blocage des éléments entre eux : ainsi un
ou riches en azote avant plantation peuvent
excès de potasse peut induire une carence en
entraîner des dysfonctionnements dans la
magnésium, un excès de phosphore provo-
plante et une pollution de l’environnement.
quera une carence en zinc…
T out ce qui n’est pas géré par la plante, risque
 ertaines cultures apprécient la matière orga-
C
de l’être par les parasites : il est reconnu que
nique fraîche (cucurbitacées), mais d’autres
les déséquilibres nutritionnels ont des réper-
non (alliacées en particulier). De manière
cussions sur le développement de certains
générale, après un apport de fumier frais,
pathogènes. Les excès d’azote notamment
on conseille d’attendre 1 à 2 mois avant le
sensibilisent la plante aux attaques bac-
semis ou la plantation.
tériennes et cryptogamiques, ainsi qu’aux

Besoins des cultures en éléments fertilisants


L es besoins des cultures varient selon le type de légumes cultivés (fruits, feuilles, racine…), la durée
de la culture et les exigences de rendements. On peut classer les cultures en trois groupes, en
fonction des quantités d’éléments exportés (en kg/ha) :

Azote 1 Phosphore Potassium Magnésium


Espèces
N P2O5 K 2O MgO

concombre, tomate, poivron,


Cultures 150 à 300 80 à 200 200 à 400 30 à 80
aubergine, courgette, choux, céleri,
exigeantes artichaut, betterave, fenouil

Cultures poireau, carotte, melon, oignon,


moyennement pomme de terre, navet, ail, 80 à 150 50 à 100 100 à 300 10 à 30
exigeantes épinard, laitue

Cultures peu endive, mâche, radis, haricot,


30 à 80 20 à 80 50 à 150 10 à 20
exigeantes fève, pois

Remarque : Les légumineuses (haricot, fève) contiennent de l’azote, mais qui ne provient pas
nécessairement du sol ; il peut provenir de l’air, et être fixé grâce aux bactéries présentes dans les
nodosités de leurs racines. Les apports d’azote peuvent ainsi être minorés, par contre les besoins en
potasse sont importants.
Des apports d’engrais selon les besoins en azote !
L e raisonnement des apports d’engrais en
maraîchage biologique se fait essentiellement
en fonction des besoins en azote qui est le
la composition et la vitesse de minéralisation
du produit, les teneurs du sol (réalisation
d’analyses, notamment le nitratest ) ainsi que les
principal facteur limitant de l’alimentation des apports et les éventuels résidus de la culture
légumes. Il faut également prendre en compte précédente.

Ne pas négliger les résidus du précédent ...


P ar exemple, une culture de laitue d’automne
derrière une tomate qui a été bien fertilisée
peut dans la plupart des cas se passer d’apport ;
Attention, le gaspillage d’azote est relative-
ment fréquent ! Un retournement de luzerne,
accompagné d’un apport de fumier, peut faci-
en revanche une culture de choux après un épi- lement représenter un potentiel de plus de 200
nard en aura besoin. kg/hectare d’azote.

... ni les pratiques culturales favorables


Il faut tenir compte des pratiques qui permettent
d’améliorer la disponibilité des éléments pour
la plante : drainage, aération du sol, cultures en
Il faut également veiller à éviter le flétrissement,
car tant que la plante évapore, elle peut fonc-
tionner. La maîtrise du climat sous abri est alors
buttes ou planches surélevées, engrais verts (le indispensable : aération, aspersion, binage régu-
moyen le plus efficace pour maintenir ou aug- lier.
menter la fertilité du sol en améliorant la struc- Bien sûr la théorie est là pour se donner des re-
ture et en activant la vie microbienne), chaulage pères, mais rien ne vaut la pratique et les essais
(pour les sols acides). réalisés sur le terrain, dans les conditions de
culture et de climat.

Réaliser des apports en cours de culture


E n maraîchage, le cycle des cultures étant
généralement court, des apports réalisés
avant implantation des cultures suffisent à nour-
massifs avant plantation),
• cultures longues, particulièrement exigeantes
en azote (tomate, aubergine sous abris).
rir la plante. Certains symptômes en cours de Ces apports en cours de culture pourront être
culture sont bien souvent interprétés comme réalisés sous plusieurs formes. De manière
un manque d’apport, alors qu’ils ont en réalité générale, ce sont des produits concentrés,
d’autres origines. Il convient de vérifier, notam- et dont la disponibilité en éléments doit être
ment, que les symptômes ne sont pas dus à de rapide :
mauvaises conditions climatiques (trop chaud • Engrais solides (farine de plume, guano) : la
ou trop froid), à des excès d’eau, à un sol com- difficulté est souvent de l’intégrer au sol alors
pact, à des carences en oligo-éléments, à des que la culture est en place, notamment pour
plants qui auraient souffert en pépinière … En les cultures paillées. Attention à ne pas concen-
cas de doute, effectuer des analyses « extrait à trer le produit près des racines au risque de les
l’eau » afin de vérifier les teneurs du sol. brûler, et choisir une forme en poudre de pré-
Certains cas seulement justifient de réaliser férence.
des apports en cours de culture : • Engrais organiques liquides : il s’agit de pro-
• fertilisation de fond insuffisante et pas de pos- duits d’origine végétale (vinasse de betterave
sibilité de nouveaux apports en solide, par ex), ou animale (purin par ex). Leur utilisa-
• apport d’éléments spécifiques en cas de ca- tion est coûteuse. Afin d’éviter des problèmes
rence avérée en cours de culture, de bouchage s’ils sont utilisés en ferti-irriga-
• sol très filtrant nécessitant des apports frac- tion, il faut placer impérativement un filtre
tionnés (au risque de polluer par des apports après l’injection 2.
Les pratiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur 3
L a fertilisation en maraîchage biologique dans
la région repose principalement sur l‘utilisation
de fumier composté (souvent sous la forme de
viennent s’ajouter, pour certaines cultures plus
gourmandes, des apports complémentaires
comme le Patentkali (potasse) ou des engrais
bouchons), d’engrais organique complet et de foliaires.
tourteau de ricin. A cette fertilisation de base

Quantités moyennes épandues pour chacune des matières utilisées


Ces moyennes ont été calculées sur la base de
Quantité épandue
Fertilisant utilisé
(t/ha/an)
49 enquêtes réalisées auprès de maraîchers de
la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Quand
Compost de fumier ovin 6,6 aucun apport n’est fait, la valeur n’est pas
Compost de fumier autre (origines prise en compte. Il s’agit donc des quantités
4,5 moyennes épandues chez ceux qui utilisent la
diverses principalement équins)
matière en question.
Amendement du commerce 2,9
Ces quantités varient en fonction des
Engrais complet
2,9 objectifs poursuivis :
(en général 3-2-3 ou 4-8-10)
• recherche de bons rendements,
Engrais complet Localisé
• 
recherche au moins de rendements
Tourteau de ricin 2,3 minimum,
• qualité gustative des légumes,
Patentkali 0,25 • limitation au maximum des engrais.

C’est ainsi que sur quelques fermes, plus aucun Les maraîchers de la région sont très peu
apport n’est fait. Les engrais verts et les déchets nombreux (6 %) à produire leur matière
de culture servent de fertilisants (dans ces cas la organique compostée, qui constitue pourtant
fertilité des sols le permet). dans tous les cas le principal fertilisant. 19%
Dans la pratique, les quantités apportées s’approvisionnent directement auprès des
peuvent être sensiblement plus élevées que ce producteurs voisins pour le fumier ou le compost.
qui est préconisé car les apports sont faits avant La très large majorité (75%) se fournit auprès des
chaque culture. Il faut retenir que les conseils coopératives ou autres distributeurs.
sont à adapter à chaque situation.

Sources bibliographiques :
1
Arrêté du 19 décembre 2011 : Limitation de l’épandage des fertilisants afin de garantir
l’équilibre de la fertilisation azotée
2
Catherine Mazollier - GRAB, Réf Bio PACA maraichage Mai-Juin 2011
3
Didier Jammes - Bio de Provence, 2012 : Typologie technico-économique des exploita-
tions en maraîchage bio, étude 2011-2012

Rédacteurs : Eleonore Bouvier (CA 06) et Didier Jammes (Bio de Provence)


Relecteurs : Fabien Bouvard (CRA PACA), Gérard Gazeau (CA84), Blaise Leclerc (Orga-
terre), Catherine Mazollier (GRAB), Hélène Vedie (GRAB).
Crédits photos : ARDEPI – Mise en page : Brigitte Laroche, Bernard Nicolas
Coordination : CRA PACA - Maison des Agriculteurs - 22 rue Henri Pontier
13626 Aix-en-Provence Cedex 1 - Tél. : 04 42 17 15 00 - f.bouvard@paca.chambagri.fr
- Septembre 2012 -

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