La Stèle de Mérenptah
La Stèle de Mérenptah
La Stèle de Mérenptah
ou stèle d’Israël
Description
Cette stèle de granit gris, qui mesure 3,18 mètres de haut sur 1,61 mètre de large et
31 centimètres d'épaisseur, fut érigée initialement par Amenhotep III, probablement dans son
propre temple funéraire situé non loin de celui de Mérenptah, treizième fils et successeur de
Ramsès II. Ce dernier en utilisa le verso pour faire inscrire, à la date du troisième jour du
troisième mois de chémou (l'été) de l'an 5 de son règne (soit vers -1210), un hymne à sa
personne et commémorer sa campagne militaire victorieuse de l'an 5 en Libye et au pays de
Canaan.
La stèle est particulièrement connue pour contenir, dans la strophe finale, la première mention
supposée d'Israël (ou plutôt, des Israélites) hors contexte biblique ; c'est également la seule
mention d'Israël connue dans les textes égyptiens.
Texte de la stèle
Ce texte ne doit pas être lu comme un simple poème. Pour les Égyptiens, le texte écrit a une
portée magique : l'inscription agit donc sur le monde réel, aussi longtemps qu'elle subsiste,
conférant à Mérenptah la puissance protectrice, conférant à la paix la douceur et aux ennemis
l'impuissance. Cette fonction est attestée par le nom même des écoles qui forment les scribes :
c'est dans les Écoles de Vie, au sein des maisons de vie, que les scribes apprennent, par la
magie de l'écriture, à créer les enveloppes virtuelles capables de recevoir la vie.
Mention d'Israël
À la vingt-septième ligne, l'avant-dernière, parmi une liste des peuples de Canaan vaincus par
Mérenptah, la stèle mentionne Ysr3r, qui est généralement interprété comme « Israël »
puisque la lettre « L » n'existait pas dans « l'alphabet » égyptien antique de cette période, on
utilisait un « R » (hiéroglyphe de la bouche) pour combler cette absence dans le but d'écrire
un mot d'une langue étrangère.
Bien que cette lecture soit la plus répandue, il existe parfois d'autres interprétations telles que
« Jezréel ». Alors que le déterminatif associé aux trois noms précédents (Ashkelon, Gezer et
Yenoam) désigne un territoire, celui associé à Israël suggère une population plutôt qu'un lieu
géographique. La stèle n'indique ni la taille du groupe ni sa localisation exacte. Elle indique
seulement qu'un groupe nommé « Israël » est présent en Canaan à cette époque.
L'inscription est constituée de hiéroglyphes à valeur phonétique que Flinders Petrie interprète
comme israr et de hiéroglyphes à valeur déterminatives qui désignent des peuples (l'homme
et la femme, les trois traits verticaux indiquant le pluriel) étrangers (le bâton de jet). Il s'agit
manifestement d'un peuple cananéen qu'on identifie généralement aux proto-Israélites9. Alors
que les noms précédents reçoivent le déterminatif de ville étrangère (le bâton suivi de trois
montagnes), Israël est suivi du bâton, suivi d'un homme et d'une femme assis. L'interprétation
de ce déterminatif a été utilisée pour appuyer différentes théories sur l'origine des Israélites. Il
peut signifier chez les Égyptiens un peuple nomade ou semi-nomade10 mais se retrouve pour
d'autres peuples non nomades. Pour le moins, tout le monde s'accorde pour retenir un peuple
sans une ville-état fixe11.
La stèle atteste la présence d'un « Israël » en Canaan à la fin du XIIIe siècle avant notre ère.
Elle témoigne des vagues de populations qui s'installent dans les hautes terres de Canaan et en
Transjordanie à cette époque. Israël n'est ensuite plus mentionné avant le IXe siècle où il
apparaît sur la stèle de Mesha12.
La campagne de Mérenptah
Un débat est ouvert quant à la réalité d'une campagne de Mérenptah en Canaan. Peut-être ce
passage ne fait-il que souligner que l'Égypte était présente à cette époque. Son prédécesseur,
Ramsès II, ayant élevé une stèle évoquant la bataille de Qadesh, indiquant ainsi un ferme
contrôle sur le Levant, Mérenptah n'aurait pas eu à le reconquérir, à moins de faire face à une
révolte dans la région.[réf. nécessaire]