Séance 1 - L'etat
Séance 1 - L'etat
Séance 1 - L'etat
Séance n° 1 : L’Etat
I – La formation de l’Etat.
L’idée était que les individus devaient consentir à confier à certains d’entre eux,
différents pouvoirs pour que ces derniers se chargent de préserver l’intérêt
général, à travers la sécurité des personnes, la propriété…
Difficulté : l’état de nature des philosophes n’a pas de réalité historique et est
sans fondement anthropologique. Par voie de conséquence, tout raisonnement
qui prend pour point de départ que l’état de nature existe et précède le contrat
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social ou le pacte fondateur, est vicié, parce qu’il repose sur une fiction ou un
mythe.
Théories marxistes de l’Etat : selon ces auteurs, l’Etat n’est que le résultat de la
lutte des classes et de la domination de l’une d’elles – la bourgeoisie – sur
l’autre – le prolétariat -.
Cet ordre juridique institue la contrainte : c’est un ordre de contrainte. Cela veut
dire que l’Etat, dans cette conception, n’a pas d’existence en tant qu’entité
distincte du droit et extérieure à lui.
L’Etat est une idée qui ne fait pas de place aux hommes et à la politique, c’est-à-
dire à la volonté et au pouvoir. Pourtant, il y a du pouvoir dans l’Etat, pas
uniquement dans les normes ; de la volonté aussi et pas seulement des
compétences attribuées.
Lorsque s’instaure une vie sociale, apparaissent en même temps une répartition
des tâches et une spécialisation des fonctions, en même temps d’un phénomène
de pouvoir.
Le pouvoir est de nature politique, parce qu’il a pour objet et pour finalité de
contribuer à satisfaire les besoins élémentaires de survie du groupe concerné et
des individus qui le composent.
Mais cette institution qu’est l’Etat, est elle-même dotée de la plénitude des
attributs reconnus par le droit à toute personne juridique (un « être de droit »,
selon Carré de Malberg), distincte de celle des gouvernants.
La personnalité de l’Etat :
Et le pouvoir que ces gouvernants détiennent est attaché à leur fonction et non à
leur personne.
Il n’est pas, pour autant, la seule personne morale de droit public : les
collectivités territoriales (communes, départements, régions) ou les
établissements publics (hôpitaux, lycées, universités…) sont aussi en charge
d’un intérêt général, mais en l’occurrence, subordonné, local ou spécial, avec un
objet plus restreint.
L’intérêt général supérieur protégé par l’Etat devient l’intérêt national lorsque la
population de l’Etat constitue une nation.
Les autres personnes morales de droit public n’existent que par la volonté de
l’Etat à laquelle elles restent subordonnées.
Elle doit être pensée comme une liberté ou un ensemble indivis de droits
imputés à l’Etat (Olivier BEAUD).
Ces droits sont les droits régaliens (cf. roi ou souverain et droits régaliens) ou
des compétences de souveraineté : le pouvoir de donner ou de casser la loi, de
lever l’impôt, d’émettre la monnaie, de déclarer la guerre ou de conclure la paix,
de juger en dernier ressort ceux qui sont accusés d’avoir transgressé la loi.
- souveraineté interne : c’est le fait pour l’Etat d’exercer un pouvoir qui n’est pas
concurrencé à l’intérieur du territoire sur lequel il est assis par des puissances
qui lui disputeraient son autorité.
Cas de l’Etat monarchique qui s’est affirmé en France, avec l’autorité de l’Etat
incarné – physiquement – dans la personne du roi s’imposant aux féodaux.
Notion de Nation ?
- les Kurdes disséminés dans au moins quatre pays (Irak, Syrie, Turquie ou
Iran),
- une même Nation peut être partagée entre deux Etats, avec une vocation de
réunification : dans le passé, Allemagne ou Vietnam, aujourd’hui, Corée…
nationalités sans fusion. Empire colonial ou exemple des anciens pays de l’Est,
sous influence soviétique.
L’idée sous-jacente est qu’en exerçant sa puissance, l’Etat rend les arbitrages
nécessaires pour faire prévaloir l’intérêt général dont il est en charge, au-dessus
et parfois à l’encontre des intérêts particuliers.
Cette puissance s’exerce dans l’intérêt général. C’est la puissance publique sans
laquelle l’Etat est privé de gouvernement et la société, de direction.
L’Etat est doté du pouvoir normatif général et initial : ainsi, si les collectivités
territoriales peuvent édicter des normes, leur pouvoir n’est pas initial et il n’est
exercé que par délégation, c’est-à-dire en vertu d’une compétence donnée par
l’Etat et dans le respect des règles édictées par l’Etat.
II – La forme de l’Etat.
Il existe, pour l’Etat, plusieurs manières d’« être », d’articuler le pouvoir entre le
centre et la périphérie :
A – Le modèle unitaire.
Article 1
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité
devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte
toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions
électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.
- L’unité du pouvoir législatif : L’Etat unitaire est tel que sur son territoire
n’existe qu’une seule organisation juridique et politique dotée des attributs de la
souveraineté, dont le premier d’entre eux : celui de « donner et de casser la loi »
(Jean BODIN).
Cette prééminence est exclusive pour ce qui est de la fonction législative, mais
elle n’exclut pas pour autant l’exercice de certaines compétences normatives aux
différents niveaux infranationaux, notamment celui des collectivités territoriales,
mais par délégation et sur le fondement précis d’une loi.
Article 72
Les collectivités territoriales de la République sont les communes, les départements, les régions,
les collectivités à statut particulier et les collectivités d'outre-mer régies par l'article 74. Toute
autre collectivité territoriale est créée par la loi, le cas échéant en lieu et place d'une ou de
plusieurs collectivités mentionnées au présent alinéa.
Les collectivités territoriales ont vocation à prendre les décisions pour l'ensemble des
compétences qui peuvent le mieux être mises en oeuvre à leur échelon.
Dans les conditions prévues par la loi, ces collectivités s'administrent librement par des conseils
élus et disposent d'un pouvoir réglementaire pour l'exercice de leurs compétences.
Dans les conditions prévues par la loi organique, et sauf lorsque sont en cause les conditions
essentielles d'exercice d'une liberté publique ou d'un droit constitutionnellement garanti, les
collectivités territoriales ou leurs groupements peuvent, lorsque, selon le cas, la loi ou le
règlement l'a prévu, déroger, à titre expérimental et pour un objet et une durée limités, aux
dispositions législatives ou réglementaires qui régissent l'exercice de leurs compétences.
Aucune collectivité territoriale ne peut exercer une tutelle sur une autre. Cependant, lorsque
l'exercice d'une compétence nécessite le concours de plusieurs collectivités territoriales, la loi
peut autoriser l'une d'entre elles ou un de leurs groupements à organiser les modalités de leur
action commune.
L’Etat laïc signifie qu’il n’est pas confessionnel et qu’il n’accorde pas de valeur
officielle à une ou plusieurs confessions, ni qu’il prive de certains droits ou
soumet à certaines obligations les citoyens d’autres confessions ou sans religion.
L’Etat laïc signifie également qu’il ne reconnaît pas une religion, religion d’Etat.
!!! Attention : c’est l’Etat qui est laïc, pas la société ! Certains auteurs
affirment même que c’est la République française qui est laïque et non, la
France, en tant que personne, qui serait catholique, au moins par tradition
historique.
Dans une république, « la société politique repose sur ce que ses membres ont
en commun, c’est-à-dire leur qualité de citoyen » (G. MARCOU). Elle n’est pas
un assemblage de groupes identitaires qui mettent en avant ce qui les différencie
pour s’en prévaloir en toute occasion.
La liberté l’emporte sur les particularités qui relèvent de la sphère privée et non
publique, et avec la liberté, l’égalité politique.
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Voir, en ce sens, C.C. déc. N° 91-290 DC, 9 mai 1991, Statut de la Corse, Rec.
p. 50 : le Conseil Constitutionnel y déclare que la Constitution « ne connaît que
le peuple français composé de tous les citoyens français sans distinction
d’origine, de race ou de religion. »
Dans une décision du 15 juin 1999 (Charte européenne des langues régionales
ou minoritaires, n° 99-512 DC, Rec.), le Conseil Constitutionnel est allé plus
loin en évoquant le principe de l’unicité du peuple français (et non plus
seulement, le principe d’unité).
Dans cette conception, il n’y a pas de minorités desquelles les individus seraient
à jamais prisonniers : il n’y a que des citoyens libres et égaux en droit et qui ne
se différencient les uns des autres qu’à raison de leurs mérites respectifs :
Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir
personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous,
soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont
également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans
autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. (D.D.H.C. 1789).
Regarder les êtres humains comme des individus seulement qualifiés par des
appartenances particulières, plutôt que comme des citoyens, est une approche
régressive et liberticide, qui conduit à les enfermer dans des groupes clos, voire
rivaux, dont ils demeurent captifs. C’est la résurrection de la tribu, au détriment
de la nation, communauté de citoyens.
B – L’Etat régional.
Plus qu’un modèle en soi, l’Etat régional est davantage une forme hybride, dont
l’ordre étatique originellement unitaire s’érode ou se désagrège
progressivement.
Il est dit régional parce qu’il organise la territorialisation du pouvoir, non pas
selon le principe de la régionalisation administrative qui n’instaure aucune
compétence normative autonome au profit des régions, mais selon celui de la
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Les régions à statut spécial disposent d’un pouvoir législatif plus étendu :
compétence primaire et exclusive :
- Primaire = ce pouvoir législatif n’est pas limité par les principes fondamentaux
posés par les lois de l’Etat et l’énumération des compétences régionales listées à
l’article 117. Ainsi, chaque région à statut spécial peut étendre le champ de ses
compétences ;
Une 4ème – Andalousie – créée aux termes d’une procédure contraignante (art.
151-1 de la Constitution).
Enfin, une « clause résiduelle » (art. 149-3) prévoit que les matières non
énumérées par la Constitution, mais revendiquées par le statut d’une
communauté, lui sont attribuées. De même, il existe une possibilité résiduelle de
transfert d’une compétence étatique aux communautés autonomes (art. 150-1).
A l’inverse, lorsque l’intérêt général l’exige, l’Etat est autorisé à légiférer sans
tenir compte des compétences attribuées aux communautés autonomes ou
revendiquées par elles. Les lois votées à cette occasion doivent l’être à la
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majorité absolue des deux chambres (Cortes generales et Sénat). L’idée est
d’harmoniser un tant soit peu les législations des différentes communautés, afin
de garantir l’unité nationale.
L’unité nationale reste un principe de base des deux Etats et est rappelée
par leur Constitution :
C – L’Etat fédéral.
> L’union d’Etats : se présente comme une forme ancienne d’Etat composé ou
complexe. Il s’agit de l’association de plusieurs Etats (deux, le plus souvent),
placés sous l’autorité de la même tête couronnée ou du même souverain.
- Union réelle : forme plus élaborée, parce qu’union volontaire de deux Etats.
Institutions communes, mais « habillage juridique » dissimulant mal la
dominance d’un Etat sur l’autre… Exemples : union austro-hongroise jusqu’en
1918 ou union de la Pologne et de la Lituanie, Norvège et Suède, Islande et
Danemark…
Ces principes ont été exposés lors de la naissance du premier Etat fédéral du
genre – les Etats-Unis – par les pères fondateurs (Founding fathers), notamment
Alexander Hamilton, John Jay et James Madison.
Dans cet Etat fédéral sont appelés à coexister à deux niveaux différents des
entités également qualifiées d’Etats.
Sujets de dissertation :
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1. La notion d’Etat.
2. Comparez Etat unitaire et Etat composé.