Etat Cours M. Ndour 2024

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FONDATION POUR L’EDUCATION / RESEAU LIBRE SAVOIR

PREPARATION BACCALAUREAT / SESSION 2024


COURS DE RENFORCEMENT DES CAPACITES METHODOLOGIQUES
COORDONNATEUR NATIONAL / MONSIEUR NDOUR
TEL : 77-621-80-97 / 77-993-41-41 / 76-949-63-63

THEME 07
ETAT ET POUVOIR POLITIQUE
INTRODUCTION
L’Etat peut être défini comme un mode d’organisation sociale, doté d’un ensemble d’institutions et d’une autorité
souveraine s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple dans un territoire déterminé. Il est aussi une société organisée ayant
un gouvernement autonome dépositaire de la puissance publique. En somme, c’est le pouvoir politique
institutionnalisé. Il est composé de trois éléments : un territoire, une population et un gouvernement. Le rôle de l’Etat
est diversement apprécié ; d’aucuns pensent qu’il est garant des libertés individuelles et d’autres estiment qu’il
menace les libertés. L’Etat serait-il plus à craindre que l’absence de l’Etat ? L’Etat est souvent perçu comme une
force contraignante envers les citoyens : il interdit ! Mais, ne peut-on pas voire aussi ce qu’il permet ? Aussi, avec le
phénomène de la mondialisation, les Etats sont-ils toujours souverains ? Voilà autant de questions auxquelles nous
apporterons des réponses à travers l’analyse des rapports que l’Etat entretient avec la liberté et la mondialisation. En
tout état de cause, l’Etat est nécessaire. Pour y voir plus clair, nous allons étudier la genèse, les fondements, les
formes, les fonctions et les différentes conceptions de l’Etat.
I-) LA GENESE DE L’ETAT
L’Etat n’a pas surgi de nulle part. Les sociétés primitives n’ont pas connu l’Etat ; et pourtant elles étaient bien
organisées selon des règles qui garantissaient la stabilité et la cohésion du groupe. Il faut remonter loin dans le temps
pour avoir un aperçu sur ses conditions d’émergence. Au fil des siècles, ces sociétés ont donné naissance aux
premières formes d’Etat connues dans l’Egypte pharaonique, à Babylone, dans la Grèce et la Rome antiques. Mais au
plan historique, l’Etat moderne n’apparaîtra qu’à la fin du Moyen-âge sous la forme de la monarchie de droit divin. Il
a fallu des révolutions en Europe, couronnées par la révolution française de 1789, pour renverser la monarchie en
remplacement de la démocratie. Du point de vue utopique, l’Etat vient de ce que Rousseau et Hobbes appellent l’état
de nature. Tous deux sont partis d’un postulat (hypothèse) selon lequel il existait un état de nature avant l’existence
de la société. Pour eux, on est passé d’un état de nature à un état civil par le biais d’un contrat social, lequel contrat a
permis la mise en place d’un appareil chargé de garantir la liberté des hommes. Cet appareil se nomme Etat. Cet Etat
est situé au-dessus du corps social et sa vocation est de trancher les conflits sociaux. Mais il faut préciser qu’une
mission pareille ne peut être remplie par l’Etat qu’en recourant à la force. Dans son Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau avance que l’état de nature est un état de paix où les
hommes vivaient solitaires, libres et heureux. La nature pourvoyait à tous leurs besoins mais à force de la surexploiter
et d’être menacés par les bêtes féroces et les catastrophes naturelles, les hommes ont fini par se rendre compte que,
séparés, ils disparaîtront progressivement, alors ils ont décidé de se regrouper pour vivre en société. Pour cela, ils ont
conclu un pacte que Rousseau appelle « contrat social » qui dispose chaque homme à vivre en groupe et à respecter
les lois instituées. Ainsi, est né l’Etat qui est, pour Rousseau, l’incarnation de la volonté générale. Puisque ce sont
tous les hommes qui ont élaboré les lois, obéir aux lois de l’Etat, c’est obéir à soi-même. C’est dans ce cadre qu’il
faut comprendre la pensée de Rousseau selon laquelle « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».
Hobbes est également dans cette même dynamique. Mais sa conception de l’état de nature diffère de celle de
Rousseau parti de l’état de nature pour justifier l’origine de l’Etat. Selon Hobbes, l’état de nature est marqué par « la
guerre de tous contre tous », c’est un état où « l’homme est un loup pour l’homme ». Pour mettre fin à cette hostilité
qui menaçait la race humaine d’extinction, les hommes ont décidé de vivre en société pour sauver l’espèce humaine.
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Ainsi ont-ils signé un contrat social et accepté de se soumettre à un être transcendant, fort et cruel appelé le
Léviathan, chargé de garantir l’ordre.
Là où Rousseau dit que ce sont les hommes qui ont fait les lois et qui s’y sont soumis par la suite, Hobbes dit que
c’est plutôt le Léviathan qui a la charge de régir des lois à suivre impérativement. La terreur qu’il inspire aux
hommes a pour but de les amener à renoncer à leur haine, désir immodéré et jalousie et de garantir la paix.
A travers les théories de Rousseau et de Hobbes, il apparaît nettement que l’Etat est situé au-dessus du corps social et sa
vocation est de trancher les conflits sociaux. Mais il ne peut remplir une pareille mission qu’en recourant à la force. C’est
pourquoi Max Weber définit l’Etat comme : « c’est l’organisation qui dans les limites d’un territoire déterminé (cette notion
étant essentielle à sa définition) revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique
légitime.» Le savant et le politique, 1919. Autrement dit, l’Etat est, de nos jours, l’unique source du droit à la violence. Dès
lors, il convient de noter que la domination demeure au cœur de la politique. Sa force est son moyen spécifique. Cependant
d’autres moyens peuvent être utilisés, mais s’ils échouent, la force est l’ultime recours de la politique. Elle permet de vaincre la
résistance et de faire obéir. Le pouvoir politique revendique toujours sa domination sur les limites de son territoire. Et si la force
est l’ultime recours du pouvoir, il faut reconnaitre qu’aucune forme de pouvoir ne peut se contenter de l’obéissance à une
adhésion à sa légitimité. L’exercice du pouvoir suppose donc la légitimité et la force. Le pouvoir légitime est accepté et reconnu.
Max Weber fait référence ici à un pouvoir de contrainte qui suppose l’usage de la force. Il distingue 3 formes de domination :
1-) La domination traditionnelle
Elle a comme fondement la tradition, les mœurs et les coutumes. Ainsi le pouvoir est détenu par un homme qui gère
en fonction des coutumes.
2-) La domination charismatique
Elle s’explique par la valeur exceptionnelle d’un homme doué de force et de capacité surnaturelle. Cette domination
est dépourvue de toute direction. Le chef charismatique peut être un héros, un dictateur ou un militaire.
3-) La domination légitime
Elle a pour fondement les règles de droit. Le chef légal agit conformément à la loi qu’il doit appliquer. Les gouvernés qui sont
des citoyens ne se soumettent que lorsque la loi le prévoit.
Machiavel (1469-1527) pense qu’on tient le pouvoir par la force. Il dit que le Prince doit être « fort comme un lion et rusé
comme un renard » pour conquérir le pouvoir et s’y maintenir. En politique, Machiavel ne tient pas compte des considérations
morales et religieuses. Pour lui, la fin justifie les moyens : peu importe les moyens mis en œuvre, l’essentiel est de conquérir le
pouvoir et de s’y maintenir le plus longtemps possible. Contrairement à Machiavel, Saint Paul soutient que toute autorité vient
de Dieu et que « celui qui résiste à l’autorité se rebelle contre l’ordre établi par Dieu ». Jean Jacques Rousseau soutient lui
aussi que toute puissance vient de Dieu, mais il précise que seule la puissance dont les hommes sont convenus est légitime.
Thomas Hobbes et John Locke, à la place du droit divin, posent le principe du pacte social comme acte de légitimation de
l’Etat.
II-) LES FORMES DE L’ETAT
Il existe plusieurs types d’Etat qui correspondent à des formes différentes de régimes politiques dont les uns ont disparu et les
autres toujours en vigueur.
➢ La démocratie est considérée aujourd’hui comme le meilleur régime, car on suppose que le pouvoir est détenu
par le peuple. D’ailleurs, on a l’habitude de dire que c’est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Mais il existe
deux types de démocratie : la démocratie directe qui veut que le peuple exerce directement sa souveraineté et la démocratie
représentative où le peuple élit ses représentants.
➢ L’oligarchie est un régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe de personnes ou à
une classe restreinte et privilégiée.
➢ La monarchie est un régime dans lequel l’autorité réside entre les mains d’un seul homme et est exercée par lui
ou par ses délégués.
➢ La théocratie est un mode de gouvernement dans lequel l’autorité, censée émaner directement de la divinité, est
exercée par une caste religieuse ou un souverain considéré comme le représentant de Dieu sur la terre ; parfois il est même
considéré comme un dieu incarné.
➢ Le totalitarisme ou fascisme est un régime qui n’admet qu’un parti unique, donc aucune opposition. Exemple
l’Allemagne nazie, l’ex-Urss et l’Italie sous Mussolini.
➢ La gérontocratie est un régime politique où les plus âgées sont à la tête de l’Etat.
➢ La ploutocratie est le régime où les plus fortunés sont à la tête du gouvernement.
➢ L’aristocratie est le gouvernement des meilleurs ou des nobles.
Devant cette pluralité de régimes politiques, il y a des penseurs qui sont pour la démocratie comme Rousseau, Montesquieu et
John Locke, tandis que Platon est favorable pour l’aristocratie. On se rappelle son souhait de voir les rois philosophes ou les
philosophes rois. Contrairement aux penseurs qui sont pour un tel régime politique, il y en a d’autres qui ne sont favorables ni
pour l’un ni pour l’autre, ils sont pour la disparition pure et simple de l’Etat qui n’existe, pensent-ils, que pour étouffer les
individus et remettre en cause leur liberté.

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III-) FONCTIONS ET FINALITES DE L’ETAT
L’Etat a plusieurs fonctions et finalités. Sur le plan intérieur, l’Etat a pour fonction d’assurer la sécurité des biens et
des personnes en garantissant les libertés individuelles. Pour cela, il dispose de moyens coercitifs, contraignants que
Louis Althusser appelle appareils répressifs d’Etat comme la police, la gendarmerie et l’armée. Ils sont dits
répressifs parce qu’ils répriment, punissent et rappellent à l’ordre ceux qui violent la loi. Parallèlement. En même
temps, il dispose d’appareils idéologiques d’Etat comme l’école, les syndicats la mosquée, l’église, la synagogue et
tout autre lieu de culte ou d’endoctrinement. Sur le plan extérieur ou international, l’Etat assure l’intégrité territoriale
au moyen de l’armée. Etant donné que l’Etat a la possibilité de sévir par le biais de ses institutions compétentes, il est
légitime de dire qu’il est une source de contrainte sur les individus. Néanmoins, il leur accorde des droits et veille sur
leurs libertés et sécurité, d’où la question des rapports entre l’Etat et la liberté. En fait, il existe, entre les doctrines
politiques et philosophiques, de profondes divergences sur la conception de l’Etat. Il y a des penseurs étatistes qui
souhaitent le renforcement de l’Etat et d’autres qui sont des anti-étatistes, qui souhaitent la disparition de l’Etat
pensant qu’il menace les libertés.
1-) L’Etat, garant des libertés
Spinoza, Hegel, Rousseau, Hobbes et John Locke, ont une vision positive de l’Etat : ils pensent que l’Etat garantit
les libertés. Rousseau, dans son Contrat social, soutient que l’Etat ne menace pas les libertés. A son avis, « il n’y a
point de liberté sans lois ». En d’autres termes, aussi contraignantes qu’elles puissent être, les lois garantissent
néanmoins la liberté des hommes. Pour Hobbes, le pouvoir de l’Etat doit être absolu ; faute de quoi les hommes
tomberaient de nouveau dans la violence. Et c’est cette absoluité qui garantit, selon lui, les libertés individuelles.
John Locke affirme, pour sa part, que même si l’Etat est un instrument qui assure la liberté ainsi que la sécurité des
biens et des personnes, son pouvoir doit être quand même limité, il ne doit pas empiéter sur la propriété privée des
hommes. John Locke est un des penseurs de la libéralisation. Il voudrait que l’Etat intervienne le moins dans les
affaires des hommes. C’est ce qu’on pourrait résumer en cette expression « Moins d’Etat et le mieux d’Etat ». De
l’avis de Spinoza, l’Etat est la condition de réalisation de la liberté. Hegel, quant à lui, sanctifie l’Etat, il a tendance à
le diviniser car il pense que c’est dans l’Etat que l’être humain peut se réaliser. N’est-il pas paradoxal que l’Etat, une
invention des plus humaines, soit souvent décrié et accusé d’aller à l’encontre des intérêts des individus ? Pour Hegel,
tout au contraire, « Tout ce que l’homme est, il le doit à l’Etat ; c’est là que réside son être. Toute sa valeur, toute
sa réalité spirituelle, il ne les a que par l’Etat ».
Si tous ces penseurs ont une vision positive de l’Etat, d’autres ont, au contraire, adressé à l’Etat de vives critiques : ce
sont les anti-étatistes.
2-) L’Etat, une menace pour la liberté
L’Etat a été institué, en principe, pour jouer le rôle d’arbitre. Mais en réalité, l’Etat n’est jamais neutre. Il est toujours au service
de la classe dominante. Par exemple, dans les sociétés capitalistes, l’Etat est au service de la bourgeoisie ; les bourgeois en ont
fait un instrument de domination pour préserver leurs intérêts et pour exploiter la classe ouvrière. C’est pour cette raison que
Marx et Engels ont prôné la disparition de l’Etat en remplacement de la société communiste qui est une société sans classes.
Dans l’Idéologie allemande, Marx affirme que l’Etat est un instrument d’oppression et d’exploitation de l’homme par l’homme.
A ses yeux, l’Etat et l’esclavage sont inséparables. C’est pourquoi il estime que seul le « dépérissement » de l’Etat pourra mettre
fin à la misère de la classe prolétarienne.
Le point de vue de Marx est partagé par les anarchistes Proudhon et Bakounine qui considèrent que « l’Etat, c’est l’ennemi ».
Dans les Confessions d’un révolutionnaire, Proudhon dit que « le gouvernement de l’homme par l’homme, c’est de la
servitude ». Même le gouvernement démocratique, pris pour la meilleure forme des régimes politiques, n’est pas épargné. Les
anarchistes aspirent à la disparition de l’Etat, donc à toute forme de contrainte pour l’émergence d’une liberté totale de
l’individu.
Nietzsche s’est également prononcé sur l’Etat en le critiquant sévèrement. Dans son ouvrage Ainsi parlait Zarathoustra, il
compare l’Etat à un monstre froid et un menteur qui prétend représenter le peuple. Il dit à ce propos : « Etat, qu’est-ce cela
donc ? (…) Je vais vous parler de la mort des peuples. L’Etat, c’est le plus froid des monstres froids. Il est froid même quand
il ment ; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : ‘ « moi l’Etat, je suis le peuple ». Mensonge. Dans le même ordre
d’idée, Nietzsche ajoute que quoi que l’Etat puisse avoir il l’a volé et quoi qu’il dise il ment, et il ment dans toutes les langues.
A l’origine de tout État, selon les anarchistes, il y a une usurpation de la souveraineté des individus par une bande de brigands
qui se font passer pour des bienfaiteurs de l’humanité. L’État dispose d’un appareil idéologique capable de faire passer son
agression pour de la protection. L’État, c’est une organisation criminelle qui a réussi en réprimant violemment toute concurrence
émergente. Ainsi Lysander Spooner au XIXe siècle écrit : « L’État est une association secrète de voleurs et d’assassins dont
la législation est une usurpation et un crime » (Outrage à chefs d’Etats).
L’Etat a fait l’objet de diverses interprétations opposant ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Mais une position
intermédiaire semble s’installer avec Paul Valery qui dit que «Si l’Etat est fort, il nous écrase ; s’il est faible, nous périssons».
Que choisir face à ce dilemme ? La toute-puissance de l’Etat ou sa faiblesse ? Valery invite à un fonctionnement équilibré, de
telle sorte que les libertés soient garanties sans qu’elles nuisent au pouvoir de l’Etat.
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V-) L’ETAT ET LA MONDIALISATION
La mondialisation pourrait être définie comme l’interdépendance des économies du monde, grâce notamment à la
chute des barrières douanières et à la libéralisation, qui ont levé la plupart des entraves à la circulation des
marchandises et des capitaux. La mondialisation signifie aussi l’intégration croissante des différentes parties du
monde dans une économie mondiale, un marché unique. Elle traduit l’ouverture des économies, l’augmentation des
échanges à l’échelle de la planète et la circulation croissante de l’information. Par extension, certains ont qualifié de
mondialisation la diffusion de modèles culturels dans le monde. La mondialisation n'est pas un phénomène nouveau.
Avant la 1ère Guerre Mondiale, le monde a déjà connu des échanges internationaux, des investissements étrangers et
de mouvements de populations. Si ce phénomène connaît aujourd'hui une grande ampleur, c'est parce qu’il y a l’essor
des transports aériens et du développement des technologies de l'information et de la communication. Un événement
qui se produit en un lieu de la planète est immédiatement connu dans le monde entier. L'Internet supprime les
frontières douanières, économiques et culturelles entre les nations. Mais la mondialisation engendre, dans le même
temps, un risque de remise en cause de la souveraineté des Etats, surtout ceux africains. Exemple, l’OMC
(Organisation Mondiale du Commerce) qui compte 141 membres, est une organisation qui promet le libre-échange
et fixe les règles du commerce international. Dans ce domaine, les enjeux des négociations de tarifs douaniers à
l’OMC sont de taille, car les pays du tiers monde dénoncent souvent la mise en place de tarifs qui leurs sont
défavorables. Ce sont les Européens qui négocient tout, ce qui signifie que les Etats africains subissent le diktat
européen et perdent, du coup, leur souveraineté. En effet, l’OMC élabore des politiques qui s’accordent mal avec les
politiques économiques et sociales des Etats, ce qui remet en cause la souveraineté de plusieurs Etats, surtout
africains. Par définition, trois éléments sont constitutifs de l’Etat : la population, le territoire, et l’autorité politique.
Or, cette définition semble être remise en cause par la définition même de la mondialisation. Un Etat souverain est un
territoire politiquement indépendant possédant son propre gouvernement, administration, lois et armée. Ainsi, il s’agit
d’un Etat qui n’est soumis à aucune puissance extérieure ou intérieure. Mais avec le phénomène de la mondialisation,
on peut se demander en quoi l’Etat est-il encore souverain. Visiblement, la première victime de la mondialisation,
c’est l’Etat-nation, car la souveraineté perd sa valeur. Ainsi, durant la décennie 1990/2000, les Institutions de
Bretton Woods, bras séculiers de la mondialisation conquérante, ont imposé des programmes d’ajustement structurel
à des dizaines de pays. Ces Institutions ont considérablement réduit la possibilité pour les Etats de définir des
stratégies sur des bases strictement nationales. L’hégémonie des Etats-Unis menace la souveraineté des Etats. Les
Etats-Unis d’Amérique s’arrogent le droit d’intervenir même militairement et selon les prétextes qu’ils auront eux-
mêmes choisis.
Mais il ne faudrait pas croire que la mondialisation est un phénomène tout à fait négatif. Même si elle menace la
souveraineté des pays, elle ouvre toutes grandes les portes de la prospérité, de la sécurité et du bien-être et de
l’entraide. Le fait que les frontières soient plus perméables ne signifie pas qu’il n’y a aucun contrôle.
En définitive, nous restons convaincus que l’homme a besoin de la politique pour la gestion des conflits, des alliances
et des rapports de force. Elle sert de régulation du tissu social dans lequel règnent des rapports de force, d’opinions,
des intérêts et des conflits d’intérêts. De nos jours toute organisation politique, économique sociale et culturelle
trouve son expression la plus achevée dans l’Etat. Donc le paradoxe de l’Etat s’explique dans le fait qu’il sent être un
moyen de domination, mais aussi un appareil chargé de garantir la liberté du citoyen.
CONCLUSION
Au terme de notre réflexion, il convient de noter que l’Etat marque le passage de l’état de nature caractérisé par une
guerre permanente à l’état civil dans lequel chacun est libre. Même si l’Etat est considéré comme un appareil de
violence et d’oppression qu’il convient de supprimer selon les anti-étatistes, il n’en demeure pas moins qu’il garantit
les libertés. Il fournit à la population un cadre juridique qui lui permet de vivre et d’agir dans l’ordre et la sécurité.
Rappelons qu’il existe plusieurs types d’Etat, mais le plus souhaitable est l’Etat démocratique dans lequel les
pouvoirs sont séparés. Il s’agit du pouvoir législatif (dévolu au Parlement et qui vote les lois), du pouvoir exécutif
(qui applique la loi et qui est dévolu au gouvernement) et du pouvoir judiciaire (qui tranche les litiges et qui échoit
aux tribunaux). Ces trois pouvoirs sont séparés en démocratie et confondus en dictature. Et c’est Montesquieu qui a
prôné la séparation de ces pouvoirs dans son ouvrage, De l’esprit des lois. Rousseau fortifie quand il soutient que
« L'impulsion au seul désir est esclavage ; l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. »

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