Etat Cours M. Ndour 2024
Etat Cours M. Ndour 2024
Etat Cours M. Ndour 2024
THEME 07
ETAT ET POUVOIR POLITIQUE
INTRODUCTION
L’Etat peut être défini comme un mode d’organisation sociale, doté d’un ensemble d’institutions et d’une autorité
souveraine s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple dans un territoire déterminé. Il est aussi une société organisée ayant
un gouvernement autonome dépositaire de la puissance publique. En somme, c’est le pouvoir politique
institutionnalisé. Il est composé de trois éléments : un territoire, une population et un gouvernement. Le rôle de l’Etat
est diversement apprécié ; d’aucuns pensent qu’il est garant des libertés individuelles et d’autres estiment qu’il
menace les libertés. L’Etat serait-il plus à craindre que l’absence de l’Etat ? L’Etat est souvent perçu comme une
force contraignante envers les citoyens : il interdit ! Mais, ne peut-on pas voire aussi ce qu’il permet ? Aussi, avec le
phénomène de la mondialisation, les Etats sont-ils toujours souverains ? Voilà autant de questions auxquelles nous
apporterons des réponses à travers l’analyse des rapports que l’Etat entretient avec la liberté et la mondialisation. En
tout état de cause, l’Etat est nécessaire. Pour y voir plus clair, nous allons étudier la genèse, les fondements, les
formes, les fonctions et les différentes conceptions de l’Etat.
I-) LA GENESE DE L’ETAT
L’Etat n’a pas surgi de nulle part. Les sociétés primitives n’ont pas connu l’Etat ; et pourtant elles étaient bien
organisées selon des règles qui garantissaient la stabilité et la cohésion du groupe. Il faut remonter loin dans le temps
pour avoir un aperçu sur ses conditions d’émergence. Au fil des siècles, ces sociétés ont donné naissance aux
premières formes d’Etat connues dans l’Egypte pharaonique, à Babylone, dans la Grèce et la Rome antiques. Mais au
plan historique, l’Etat moderne n’apparaîtra qu’à la fin du Moyen-âge sous la forme de la monarchie de droit divin. Il
a fallu des révolutions en Europe, couronnées par la révolution française de 1789, pour renverser la monarchie en
remplacement de la démocratie. Du point de vue utopique, l’Etat vient de ce que Rousseau et Hobbes appellent l’état
de nature. Tous deux sont partis d’un postulat (hypothèse) selon lequel il existait un état de nature avant l’existence
de la société. Pour eux, on est passé d’un état de nature à un état civil par le biais d’un contrat social, lequel contrat a
permis la mise en place d’un appareil chargé de garantir la liberté des hommes. Cet appareil se nomme Etat. Cet Etat
est situé au-dessus du corps social et sa vocation est de trancher les conflits sociaux. Mais il faut préciser qu’une
mission pareille ne peut être remplie par l’Etat qu’en recourant à la force. Dans son Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau avance que l’état de nature est un état de paix où les
hommes vivaient solitaires, libres et heureux. La nature pourvoyait à tous leurs besoins mais à force de la surexploiter
et d’être menacés par les bêtes féroces et les catastrophes naturelles, les hommes ont fini par se rendre compte que,
séparés, ils disparaîtront progressivement, alors ils ont décidé de se regrouper pour vivre en société. Pour cela, ils ont
conclu un pacte que Rousseau appelle « contrat social » qui dispose chaque homme à vivre en groupe et à respecter
les lois instituées. Ainsi, est né l’Etat qui est, pour Rousseau, l’incarnation de la volonté générale. Puisque ce sont
tous les hommes qui ont élaboré les lois, obéir aux lois de l’Etat, c’est obéir à soi-même. C’est dans ce cadre qu’il
faut comprendre la pensée de Rousseau selon laquelle « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».
Hobbes est également dans cette même dynamique. Mais sa conception de l’état de nature diffère de celle de
Rousseau parti de l’état de nature pour justifier l’origine de l’Etat. Selon Hobbes, l’état de nature est marqué par « la
guerre de tous contre tous », c’est un état où « l’homme est un loup pour l’homme ». Pour mettre fin à cette hostilité
qui menaçait la race humaine d’extinction, les hommes ont décidé de vivre en société pour sauver l’espèce humaine.
FONDATION POUR L’EDUCATION RESEAU LIBRE SAVOIR / BACCALAUREAT SESSION 2024
DOCUMENT CONFECTIONNE PAR MONSIEUR NDOUR
TEL. 77-621-80-97 / 77-993-41-41/ 76-949-63-63
Ainsi ont-ils signé un contrat social et accepté de se soumettre à un être transcendant, fort et cruel appelé le
Léviathan, chargé de garantir l’ordre.
Là où Rousseau dit que ce sont les hommes qui ont fait les lois et qui s’y sont soumis par la suite, Hobbes dit que
c’est plutôt le Léviathan qui a la charge de régir des lois à suivre impérativement. La terreur qu’il inspire aux
hommes a pour but de les amener à renoncer à leur haine, désir immodéré et jalousie et de garantir la paix.
A travers les théories de Rousseau et de Hobbes, il apparaît nettement que l’Etat est situé au-dessus du corps social et sa
vocation est de trancher les conflits sociaux. Mais il ne peut remplir une pareille mission qu’en recourant à la force. C’est
pourquoi Max Weber définit l’Etat comme : « c’est l’organisation qui dans les limites d’un territoire déterminé (cette notion
étant essentielle à sa définition) revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique
légitime.» Le savant et le politique, 1919. Autrement dit, l’Etat est, de nos jours, l’unique source du droit à la violence. Dès
lors, il convient de noter que la domination demeure au cœur de la politique. Sa force est son moyen spécifique. Cependant
d’autres moyens peuvent être utilisés, mais s’ils échouent, la force est l’ultime recours de la politique. Elle permet de vaincre la
résistance et de faire obéir. Le pouvoir politique revendique toujours sa domination sur les limites de son territoire. Et si la force
est l’ultime recours du pouvoir, il faut reconnaitre qu’aucune forme de pouvoir ne peut se contenter de l’obéissance à une
adhésion à sa légitimité. L’exercice du pouvoir suppose donc la légitimité et la force. Le pouvoir légitime est accepté et reconnu.
Max Weber fait référence ici à un pouvoir de contrainte qui suppose l’usage de la force. Il distingue 3 formes de domination :
1-) La domination traditionnelle
Elle a comme fondement la tradition, les mœurs et les coutumes. Ainsi le pouvoir est détenu par un homme qui gère
en fonction des coutumes.
2-) La domination charismatique
Elle s’explique par la valeur exceptionnelle d’un homme doué de force et de capacité surnaturelle. Cette domination
est dépourvue de toute direction. Le chef charismatique peut être un héros, un dictateur ou un militaire.
3-) La domination légitime
Elle a pour fondement les règles de droit. Le chef légal agit conformément à la loi qu’il doit appliquer. Les gouvernés qui sont
des citoyens ne se soumettent que lorsque la loi le prévoit.
Machiavel (1469-1527) pense qu’on tient le pouvoir par la force. Il dit que le Prince doit être « fort comme un lion et rusé
comme un renard » pour conquérir le pouvoir et s’y maintenir. En politique, Machiavel ne tient pas compte des considérations
morales et religieuses. Pour lui, la fin justifie les moyens : peu importe les moyens mis en œuvre, l’essentiel est de conquérir le
pouvoir et de s’y maintenir le plus longtemps possible. Contrairement à Machiavel, Saint Paul soutient que toute autorité vient
de Dieu et que « celui qui résiste à l’autorité se rebelle contre l’ordre établi par Dieu ». Jean Jacques Rousseau soutient lui
aussi que toute puissance vient de Dieu, mais il précise que seule la puissance dont les hommes sont convenus est légitime.
Thomas Hobbes et John Locke, à la place du droit divin, posent le principe du pacte social comme acte de légitimation de
l’Etat.
II-) LES FORMES DE L’ETAT
Il existe plusieurs types d’Etat qui correspondent à des formes différentes de régimes politiques dont les uns ont disparu et les
autres toujours en vigueur.
➢ La démocratie est considérée aujourd’hui comme le meilleur régime, car on suppose que le pouvoir est détenu
par le peuple. D’ailleurs, on a l’habitude de dire que c’est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Mais il existe
deux types de démocratie : la démocratie directe qui veut que le peuple exerce directement sa souveraineté et la démocratie
représentative où le peuple élit ses représentants.
➢ L’oligarchie est un régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe de personnes ou à
une classe restreinte et privilégiée.
➢ La monarchie est un régime dans lequel l’autorité réside entre les mains d’un seul homme et est exercée par lui
ou par ses délégués.
➢ La théocratie est un mode de gouvernement dans lequel l’autorité, censée émaner directement de la divinité, est
exercée par une caste religieuse ou un souverain considéré comme le représentant de Dieu sur la terre ; parfois il est même
considéré comme un dieu incarné.
➢ Le totalitarisme ou fascisme est un régime qui n’admet qu’un parti unique, donc aucune opposition. Exemple
l’Allemagne nazie, l’ex-Urss et l’Italie sous Mussolini.
➢ La gérontocratie est un régime politique où les plus âgées sont à la tête de l’Etat.
➢ La ploutocratie est le régime où les plus fortunés sont à la tête du gouvernement.
➢ L’aristocratie est le gouvernement des meilleurs ou des nobles.
Devant cette pluralité de régimes politiques, il y a des penseurs qui sont pour la démocratie comme Rousseau, Montesquieu et
John Locke, tandis que Platon est favorable pour l’aristocratie. On se rappelle son souhait de voir les rois philosophes ou les
philosophes rois. Contrairement aux penseurs qui sont pour un tel régime politique, il y en a d’autres qui ne sont favorables ni
pour l’un ni pour l’autre, ils sont pour la disparition pure et simple de l’Etat qui n’existe, pensent-ils, que pour étouffer les
individus et remettre en cause leur liberté.