Dans La Pharmacopée D'antonin Artaud
Dans La Pharmacopée D'antonin Artaud
Dans La Pharmacopée D'antonin Artaud
Thierry Lefebvre
Dans la pharmacopée
d’Antonin Artaud
Le laudanum de Sydenham
Addictions :
Plaisir, Passion, Possession
Éditions Le Manuscrit
Paris
Dans la même collection
Comité scientifique
Alain Corbin,
Julia Csergo,
Sébastien Le Pajolec,
Didier Nourrisson,
Pascal Ory
Présentation de la collection
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les normes d’une société, ses peurs, ses espérances et ses
désenchantements.
Dans le droit romain, l’addictus était un débiteur, obligé
de payer avec son corps la dette qu’il était incapable de
rembourser. Au Moyen âge, le terme désignait la servitude
dans laquelle tombe un vassal incapable d’honorer ses
dettes envers son suzerain... On pourrait multiplier à l’envi
les exemples pour prouver qu’à chaque époque l’addiction
s’apparente à l’ordalie et se traduit par une prise de risques
conduisant celui qui rêvait de « monter à l’assaut du ciel » à la
déchéance et l’esclavage.
Mais la frontière entre témérité et conduite à risque est
poreuse, et l’addiction est aussi un pharmacon. Considérée
comme un remède quand elle atténue les souffrances
physiques ou psychiques et élève l’âme, elle devient un poison
dès qu’elle précipite la chute, se transforme en réponse
inappropriée au « culte de la performance », et, de fait, en
question de santé publique. Ainsi l’addiction vise-t-elle à
réconcilier les contraires, à éprouver le paradoxe de se sentir
vivre par l’assujettissement à la mort et c’est ce comportement
funambule que nous voudrions examiner.
Tournée vers une question de société, pluridisciplinaire
par ses contributions et le souci d’associer aux sciences
humaines l’apport de la médecine, cette collection fait le pari
d’un sérieux sans académisme.
Myriam Tsikounas,
directrice de la collection
Remerciements à Camille Jolin
(Fonds de dotation pour la gestion et la valorisation du
patrimoine pharmaceutique, Ordre national des pharmaciens)
et à Cécile Raynal (Société d’histoire de la pharmacie).
Introduction
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Introduction
Et il ajoutait :
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Maîtriser la douleur
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Maîtriser la douleur
« […] je vais aussi mal que possible. Mon état de faiblesse est tel
qu’il m’enlève le sentiment de mon corps.
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Toutefois, pour les ventes sur ordonnance, ils ne sont pas obligés
d’inscrire le nom de l’acheteur, mais ils doivent mentionner le nom et
l’adresse de l’auteur de la prescription.
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Maîtriser la douleur
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la douleur est une expérience psychologique personnelle, un
observateur n’a pas de rôle légitime dans sa mesure directe.41 »
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Le laudanum de Sydenham
« Si bien donc que, de ce mois, j’ai pris un, deux, trois, quatre,
cinq, six, sept et huit médecines, et un, deux, trois, quatre, cinq,
six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze lavements ; et l’autre mois,
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« […] L’on eut pu, et l’on pourrait encore en être plus instruit s’il
se trouvait quelque nombre de personnes robustes, aussi curieuses
et déterminées que je le fus ; mais n’ayant pu savoir qu’aucun m’ait
imité dans de pareilles expériences, je crois qu’on sera bien aise,
que je publie ici de bonne foi ce que j’ai depuis peu soigneusement
observé sur ma personne pendant tout le cours d’une maladie
de trois mois, dont je relève grâce à Dieu, qui consistait
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15 Ibid., p. 87.
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Le déclin du laudanum
À la fin du xixe siècle et dans les premières années du
xx siècle, la morphine, l’héroïne, mais également la cocaïne39,
e
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« Voilà comment vous allez faire […]. Vous allez commencer avec
vingt ou vingt-cinq gouttes, que vous prendrez pendant quatre
ou cinq jours ; puis vous irez jusqu’à trente gouttes, trente-deux
ou trente-cinq, et alors vous arrêterez ; après quoi, si vous le
souhaitez, vous pourrez recommencer.51 »
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Il m’a fallu quarante-huit heures garder l’esprit tendu sur cet unique
point, ruser avec les heures et les quantités, tenir mon angoisse à
bras-le-corps en un combat épuisant, pour arriver à éliminer ce
besoin. Maintenant, je n’ai plus que ma dyspnée habituelle ; elle
me paraîtra bientôt aussi pénible qu’il est possible, car la tension
de cet état de besoin est une chose presque insaisissable que je ne
retiens déjà presque plus dans mon souvenir.
[…]
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« […] Est-ce que vous n’avez pas vu dix fois, cent fois, une
ordonnance de médecin avec son griffonnage illisible ? Est-ce
que vous ne vous êtes pas dit bien souvent : Comment diable,
le pharmacien va-t-il s’y reconnaître ? C’est là un fait de la vie
quotidienne, que vous avez remarqué, et dont vous avez même
fait un sujet de plaisanterie.12 »
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Artaud
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« Vous savez combien sont terribles les douleurs ressenties par les
malheureux atteints de certaines maladies incurables, tel le cancer
de l’estomac ou de l’utérus ; vous savez que cette épouvantable
agonie, qui dure des semaines et des mois, doit se terminer
fatalement par la mort ; dans ce cas, qu’importe que votre malade
devienne morphinomane, pour le peu de temps qui lui reste à
vivre ; je pense au contraire que vous êtes autorisés à laisser près
de lui la solution de morphine, dans laquelle il pourra puiser un
adoucissement à ses maux et qui, en même temps, apportera une
atténuation à la douleur des parents et des amis qui l’entourent.17 »
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Tantôt ils ont recours au procédé qui a été dénommé “le système
des personnalités multiples” et qui consiste à remettre à une même
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Quant aux médicaments anodins, tels que les sirops opiacés faibles,
etc., le pharmacien tiendra compte également de la substance
opiacée qu’ils renferment.
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Des prête-noms
Les lettres d’Antonin Artaud à Alexandra Pecker, toujours
selon Roland Dumas, témoignent également d’une amitié
qu’il qualifie d’« intéressée », puisque l’écrivain demande
régulièrement à la jeune femme de lui procurer des doses du
précieux laudanum.
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Alsace providentielle
Faut-il dater de cette époque ce souvenir rapporté par
Maxime Alexandre ?
2 Cité dans Odette et Alain Virmaux, Artaud vivant, op. cit. Voir aussi
Maxime Alexandre, Mémoires d’un surréaliste, Paris, La Jeune Parque, 1968,
p. 149.
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Cures de désintoxication
Autre recours qu’il nous faut envisager, bien que nous n’en
ayons pas de preuves concrètes : la cure de désintoxication. À
compter de 1931, Artaud multiplie les tentatives infructueuses,
souvent écourtées de son propre chef. Alain et Odette Virmaux
en dénombrent huit entre 1931 et l’internement fatidique de
septembre 1937 : août 1931, décembre 1932 (hôpital Henri-
Rousselle), août 1933 (Saint-Paul-de-Vence), octobre 1934
(clinique Jeanne d’Arc à Saint-Mandé), septembre 1935 (hôpital
Henri-Rousselle), novembre 1936, février-mars 1937 (Centre
français de chirurgie et de médecine) et avril 1937 (Sceaux).
Cette insistance est d’autant plus intrigante qu’elle est le
fait d’un homme qui continuera d’affirmer, en avril 1946 :
« l’opium à hautes doses [m’]a toujours fait du bien et permis
de travailler5 ».
En fait, pour un certain nombre de toxicomanes, la cure
de désintoxication peut être un pis-aller dans les années 1930.
Les docteurs Roger Dupouy et Maurice Delaville en donnent
l’explication en 1934 :
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L’escalade
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« Voilà 4 mois que je n’ai plus repris la drogue que je prenais (opium
et dérivés) j’ai pris des palliatifs, d’autres drogues et spécialement
une autre drogue [peut-être évoque-t-il la codéine ?] qui évidemment
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L’escalade
En quête de succédanés
En fait, les ruses employées ont dû être très nombreuses.
L’expérience mexicaine est, de ce point de vue, fascinante.
Nous n’évoquerons pas ici la découverte par Artaud des
pouvoirs hallucinogènes du peyotl, qui sort du propos de
notre ouvrage. Nous nous intéresserons exclusivement au
rapport qu’il continue à entretenir avec le laudanum au tout
début de son séjour en Amérique latine.
Chargé d’une mission « à titre gratuit » par le ministère de
l’Éducation nationale, grâce à l’entremise de Jean Paulhan,
l’écrivain quitte l’Europe le 10 janvier 1936. Un mois plus
tard, le 6 février, il débarque à Veracruz et arrive à Mexico le
lendemain.
13 Antonin Artaud, Nouveaux écrits de Rodez, op. cit., p. 169, 171 et 173.
14 Henri Béhar, « Le Mexique revisité », Mélusine. Cahiers du Centre de
recherches sur le surréalisme, n° XIX [« Mexique, miroir magnétique »], Paris,
L’Âge d’Homme, 1999, p. 14.
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Il témoignera ultérieurement :
« Peu après son arrivée, il m’a confié qu’il avait un besoin urgent
d’un peu de laudanum. J’en ai parlé avec un médecin, poète,
homme de la plus grande ouverture : Elias Nandino.
Au bout de six jours, mon corps n’était plus de chair, mais d’os,
sédiments de la multitude de litres d’excréments liquides que
j’avais perdus. Le départ de l’opium resserre les fibres, ouvre
d’arides courants de vide dans la peau, et l’épiderme n’est plus
qu’une énorme gencive irascible, une mâchoire comme à fleur
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J’ai trouvé une spécialité qui en contient plus [d’]1 centigr. par
comprimé, mais il y a avec du bromoforme qui ne me réussit pas
parce qu’il engourdit le cerveau en desséchant le corps thyroïde.
À vous,
Antonin Artaud
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Vous vous rappelez que c’était ce que nous cherchions tous : avoir
un certificat venant d’une sommité médicale officielle. Eh bien, ce
résultat est maintenant obtenu. Et je pense que je pourrai enfin
aller à Antibes me reposer en paix.22 »
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Conclusion
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Conclusion
Une chose est certaine : Artaud eut sans doute été plus
« apaisé » sous TSO. L’objectif de la substitution est en effet
« de favoriser l’insertion dans un processus thérapeutique et
de faciliter le suivi médical d’éventuelles pathologies associées
à la toxicomanie d’ordre psychiatrique et/ou somatique10 ».
Mais qu’en aurait-il été alors de sa créativité ? Aurait-il écrit
sa Lettre à Monsieur le Législateur, ou encore le texte de cette
magnifique causerie radiophonique, enregistrée le 9 juin 1946
par le Club d’essai de la Radiodiffusion française ?
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Glossaire
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Glossaire
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Histoire de la pharmacie
Académie nationale de pharmacie, Dictionnaire des sciences
pharmaceutiques et biologiques (trois tomes), Paris, Louis Pariente,
1997.
François Chast, Histoire contemporaine des médicaments, Paris,
La Découverte Poche, 2002.
Revue d’histoire de la pharmacie (depuis 1913).
Société d’histoire de la pharmacie (Olivier Lafont,
dir.), Dictionnaire d’histoire de la pharmacie : Des origines à la
fin du XIXe siècle, Paris, Société d’histoire de la pharmacie,
Pharmathèmes, 2003.
Histoire de la toxicomanie
Emmanuelle Retaillaud-Bajac, Les Paradis perdus. Drogues et
usagers de drogues dans la France de l’entre-deux-guerres, Rennes,
Presses universitaires de Rennes, 2009.
Jean-Jacques Yvorel, Les Poisons de l’esprit : drogues et drogués
au XIXe siècle, Paris, Quai Voltaire, 1994.
Table des matières
Introduction��������������������������������������������������������������������������������� 9
I. Maîtriser la douleur��������������������������������������������������������������� 13
IV. L’escalade���������������������������������������������������������������������������111
Conclusion�������������������������������������������������������������������������������127
Glossaire�����������������������������������������������������������������������������������133
Bibliographie����������������������������������������������������������������������������139