57 2003 JFA Expe T1 Light
57 2003 JFA Expe T1 Light
57 2003 JFA Expe T1 Light
Tome I
Jean-François Augoyard
Avec
Martine Leroux
Catherine Aventin
Erwan Augoyard
1
2
MINISTÈRE DE LA RECHERCHE - ACTION VILLE - Subvention : n°99V0705
RAPPORT FINAL
- Equipe permanente:
Martine Leroux (philosophe, sociologue, chargée de recherche) (Paris)
Catherine Aventin (DEA Ambiances architecturales et urbaines, doctorante),
(Grenoble)
Erwan Augoyard (DEA Arts du spectacle/cinéma, doctorant) (Montpellier).
Laboratoire et équipe :
Unité mixte de recherche n°1563, CNRS/Ministère de la Culture et
Communication.
Centre de recherche sur l'Espace Sonore et l'Environnement urbain (CRESSON)
Inscription thématique du groupe de recherche : thème 5 ("La perception
ordinaire en milieu urbain")
3
J’adresse ma sincère gratitude aux enquêteurs qui ont entrepris avec moi ce périlleux
parcours exploratoire, donnant sans compter leur temps, leurs astucieuses initiatives et
leurs judicieux conseils.
J.F. Augoyard.
4
RÉSUMÉ
5
L'EXPERIENCE ESTHETIQUE ORDINAIRE DE L'ARCHITECTURE
Sommaire du tome 1
6
Sommaire du tome 2
7
8
Introduction
INTRODUCTION
L’arraisonnement esthétique.
1
Grâce au travail de quelques pionniers parmi lesquels Jean Renaudie excella.
9
Introduction
On remarquera d'abord qu'il est toujours fort difficile d'évaluer l'impact et la portée
d'interventions à caractère artistique ou esthétique2. Néanmoins, il faudrait tenter de mieux
comprendre si cette sorte de valeur esthétique ajoutée trouve un écho chez les usagers et
habitants. On peut se demander pourquoi un tel travail d’observation et d’analyse n’a pas
encore été conduit jusqu’à aujourd’hui. Sans doute, ce genre de recherche n’est pas très
simple - nous aurons l’occasion d’évoquer les difficultés rencontrées au cours de notre
propre parcours exploratoire – mais faisable. Dans le registre des sérieux obstacles, il faut
plutôt évoquer ceux qui sont dressés par la profession elle-même et reconnaître dans la
mentalité de nombreux architectes une sorte d’arraisonnement de la dimension esthétique.
La beauté formelle serait l’apanage des créateurs et concepteurs de la chose bâtie. Cette
représentation quasi-latente que nous espérons inconsciente avait été bien observée dès les
années 703. Elle fait sans doute office de mécanisme de défense devant un autre
arraisonnement, celui de la production d'une production du bâti tellement absorbée par
d’autres savoirs connexes, compétences, spécialités et corps de métiers qu’il ne resterait
plus en propre à l’architecte que l’apparence formelle, la venustas de Vitruve. Si en réalité,
l’architecte reste encore le maître, au moins virtuel, de cette étonnante maîtrise de la
synthèse du divers conditionnant le travail de projet, il est vrai que l’appropriation de la
part de l’art lui confère une compétence de créateur qui le place au-dessus des rationalités
productives, dans le champ de l’imaginaire, du côté de l’œuvre et du talent, sinon du
génie : ce qui n’appelle aucune critique.
Le problème commence lorsqu’à l’usager et à l’habitant est déniée toute
appropriation de la beauté formelle des édifices. Ou plutôt, on attend d’eux une attitude
d’appréciation du geste créateur et de contemplation, à laquelle il manque évidemment une
éducation4. Une telle posture suppose quelques a priori éminemment discutables : s’en
tenir à une esthétique de la contemplation, confondre l’expérience artistique et l’expérience
esthétique, méconnaître la dimension active présente en toute réception. C’est
probablement en vertu de cet arrière-fond idéologique qu’aucune volonté du milieu
professionnel de connaître précisément la réception esthétique de l’architecture n’a été
manifestée. L’étude des publics commence à devenir une habitude dans le champ des arts.
Pourquoi pas du public architectural ? En tous cas, un programme de recherche permettant
de savoir comment la dimension esthétique compose dans la perception des formes
construites ordinaires reste à faire. Ce fut l’intention essentielle de la recherche dont le
parcours et les résultats vont être présentés dans les pages suivantes.
Au préalable, il convient de retracer l’essentiel de la problématique qui anima notre
travail. On y verra une façon plus argumentée de reprendre les remarques qu’on vient de
lire. Le cadre méthodologique de la recherche sera ensuite présenté dans ses grands traits,
le détail étant donné dans l’exposé de chaque phase des travaux. Enfin, la présentation en
deux tomes séparés vise à rendre plus facile le renvoi aux données de terrain fréquemment
nécessaires dans la lecture de la deuxième enquête.
2
cf. notre analyse dans : Augoyard J.F. Actions artistiques en milieu urbain. A l'écoute d'une épiphanie
sonore. Grenoble, CRESSON/Plan-Urbain, 1994, 53 p.
3
F.Lugassy, J.Palmade, Le discours idéologique des architectes et urbanistes. Paris, CEPS, 1974. multigr.
4
Dans la même étude qu’il serait bien intéressant de recommencer aujourd’hui, on entend certains architectes
suggérer la nécessité de faire des modes d’emploi d’habiter et des guides d’appréciation de l’architecture
livrés avec l’edifice.
10
Introduction
Non théorétiques, les premiers apports - et les plus anciens - émanent du champ de la
conception architecturale comme autant d'allusions, de références, ou d'arguments
programmatiques. Il faut rappeler que les propos développés par les architectes pour fonder
leurs décisions formelles renvoient très souvent, que ce soit sur un mode allusif ou
explicite, aux théories de la perception et aux modes esthétiques propres à chaque époque :
par exemple, recherche du signe et du character à la Renaissance, esthétique du
pittoresque et du sublime au XVIII°, thématique hygiéniste au XIX°. À la suite du
renouveau apporté depuis le début de ce siècle par la phénoménologie et la Gestalttheorie,
5
Notion d’Alain Roger,. Nus et paysages. Essai sur la fonction de l'art. Paris, Aubier, 1978.
6
Cf. Augoyard, Jean-François.Eléments pour une théorie des ambiances architecturales et urbaines. Les
Cahiers de la Recherche Architecturale. Automne 1998, n° 42/43, pp 7-23. Ed.Parenthèses/PUF.
7
Sur le rôle de la perception dans les théories de la conception architecturale on trouvera un excellent
développement in Grégoire Chelkoff, L’urbanité des sens.Perception et conception des espaces publics
urbains. (thèse sous la direction de J.F.Augoyard), Université Pierre Mendès-France, Grenoble, 1996. pp.
140 sq.
11
Introduction
8
Lugassy F., Palmade J , Perianez M., . Etude sur la perception des immeubles de Jean Renaudie à Ivry.
Paris, CEPS, 1979.
9
Les approches systémiques qui étudiaient l'organisation de l'espace habité à condition que les singularités
perceptives des occupants n’interviennent point.(cf Groupe 7) ne nous sont d’aucun secours.
10
Ostrowetzski Sylvia, Le néo-style régional : reproduction d’une architecture pavillonnaire, Paris, dunod,
1980 et (id) L’imaginaire bâtisseur : les villes nouvelles françaises. Paris, méridiens Klincksieck, 1983.
11
-Pas à Pas. Paris, Le Seuil, 1979. - L'habitant des villes et son paysage urbain. Paris, UDRA/ESA, 1980. -
Faire comme à Givors. Naissance d'un nouveau quartier : formes d'appropriation et structuration de la vie
quotidienne. Grenoble, ESU/CRESSON, 1983.
12
CHELKOFF G.THIBAUD J.P. Ambiances sous la ville, Grenoble-Paris, CRESSON/Plan-Urbain, 1997.
12
Introduction
En résumé, l'ensemble de ces travaux qui apporte sans doute des connaissances sur la
question ne se demande pas directement : "qu'est ce que percevoir de l'architecture?" et,
par ailleurs, s'en tient au niveau esthésique, c’est-à-dire sensitif ou perceptif. De quoi
disposons -nous sur la dimension esthétique ?
13
Citons parmi les plus connus, les chapitres dédiés à l’architecture dans les oeuvres de Hegel, Paul Valéry,
Heidegger, Gillo Dorflès.
14
MICHELIS A. Esthétique de l'architecture. Paris, Klincksieck, 1974.(traduction).
15
En particulier, le chapitre 2 de Reconceptions en philosophie. (Goodman et Elgin) traduit au PUF, Paris,
1994.
16
SEGAUD Marion (Ed), Espaces de vie, espaces d'architecture . Paris, Editions Plan-Construction et
Architecture, Ministère du Logement, Recherches n° 64. 1995. ISBN 642 11 0855 29 0
13
Introduction
l’architecture résonne avec une attention nouvelle aux formes bâties. Aussi, Marion
Segaud estime-t-elle que l’architecture nouvelle serait en train de proposer un nouveau
modèle de production artistique dans laquelle l’action collective est fondamentale. À
prendre l’œuvre bâtie comme un monde (non pas au sens phénoménologique mais au sens
de Howard Becker) impliquant des instances de plus en plus nombreuses (politiques,
idéologiques, médiatiques, éthiques), on s’éloignerait d’un débat esthétique limité aux
questions de nature, de style, de référence et d’exemplarité. Cette piste ouvre sans doute
des perspectives de travail sur l’évolution de l’intentionnalité architecturale et sur la
réception de l’architecture chez les décideurs et gestionnaires de l’urbain. Il reste à savoir
ce que signifie la réception en architecture et à se demander comment l’habitant ordinaire y
accède
Une récente et importante contribution à la théorie esthétique de l’architecture vient
d’être disponible dans les : Cahiers thématiques Architecture, Histoire /Conception n°2. La
réception de l’architecture. (Lille, Ed de l’Ecole d’Architecture de Lille, diff. Paris,
J.M.Place. Août 2002.). C’est la première fois qu’un aussi grand nombre de contributions
s’interrogent sur la réception de l’architecture en balayant l’ensemble des principales
questions que cette notion soulève et en montrant l’intérêt et les limites d’une approche
désormais classique dans les autres domaines artistiques (mis à part la danse).
La première interrogation posée par les articles de fond porte sur la validité
d’appliquer la théorie de l’Ecole de Constance à l’architecture. Elle revient à formuler cette
simple question : le donné architectural peut-il être (un) objet d’art comme les autres ? Si le
précurseur de la théorie de la réception, J.G.Sulzer (1720-1779), comme le rappelle
Deloche d’entrée de jeu (p.13-21), avait pris, entre autres, exemples celui de l’architecture,
ce n’est pas le cas de Hans Robert Jauss, ni de Wolfgang Iser qui ont édifié leur théorie de
l’horizon d’attente et de l’effet esthétique sur le cas des oeuvres littéraires et théâtrales.
L’argument clé consiste à revenir sur le thème fort débattu de l’autonomie de l’art et à
l’appliquer de façon évidemment problématique à l’architecture dont on connaît l’essence
éminemment composite (B.Haumont, p.9 sq). Ancré au lieu, l’objet édifié est plus que le
bâtiment lui-même ; il est aussi défini par ce qu’il change et implique dans l’espace
physique et dans le contexte social environnant (G.Monnier, p.13-21 et F. Chevallier, p.43-
46). Le terme même de réception rend épineuse la désignation de la chose architecturale.
Qu’est ce qui est reçu ? S’agit-il d’objet, d’œuvre, d’expérience, de relation complexe
(J.F.Roullin, p.33 sq.) ? En tant qu’œuvre produite, l’objet architectural impliquant
indissolublement la technique et la fonctionnalité triviale diffère donc beaucoup de la
littérature ou de la peinture soumises à un régime d’intentionnalité esthétique prédominant.
En tant qu’exposée au regard et soumise à l’usage - c’est la deuxième interrogation -,
l’architecture est certainement objet de réception mais pas seulement, ni nécessairement au
sens esthétique. L’architecture concerne un cercle plus large de récepteurs que la
littérature ; critiques, décideurs, utilisateurs, voisins du bâtiment : tous portent des
jugements souvent différents en nature et en valeur (F.Chevallier, ibid). Surtout, différence
majeure, on ne choisit guère le paysage architectural et urbain ; pour le meilleur et pour le
pire, il est imposé. Or, la réception esthétique, comme le montre Wolfgang Iser, repose sur
une démarche libre et volontaire. Ensuite, cette liberté de saisir le sens de l’œuvre et d’en
comprendre les ressorts intimes liés au processus de conception - comme la belle
apparence visuelle d’une façade exprimant aussi la quiddité des volumes intérieurs - repose
sur une culture particulièrement complexe et technique, celle qui s’exprime dans le
discours savant sur l’architecture. Il faut donc postuler deux régimes de
réception (J.F.Roullin, ibid). On aurait, d’un côté, une réception esthétique de
l’architecture pratiquée par une population avertie. Les hommes de l’art, les critiques et
spécialistes, ainsi que les divers partenaires de la production du cadre bâti possèdent ce
14
Introduction
15
Introduction
donc divers aspects, divers paliers, au bout desquels la possibilité d’un couronnement
esthétique.
19
JM Schaeffer : L'art de l'âge moderne, Paris, Gallimard, 1992
Le XIX° a forgé l’idée non disparue que l'art accomplit une tâche ontologique (Novalis, Schlegel, Hegel,
Schopenhauer, mais aussi Heidegger). Spéculatif, en ce qu’il est déduit d'une métaphysique générale le
concept d'art recouvre une entité transcendantale censée fonder la diversité des pratiques artistiques.
16
Introduction
Ultime remarque, dans les paragraphes précédents, le terme d’architecture a été le plus
souvent employé dans le sens le plus courant, c’est-à-dire comme signifiant le donné bâti,
le corpus existant des édifices construits et de leurs abords aménagés. Parfois, il s’agissait
du deuxième sens : le savoir architectural, la théorie et l’ensemble des compétences
produisant le bâti, mais le contexte l’aura suffisamment connoté. Il est plus important de
souligner que notre recherche ne considérera que l’un des aspects de ce qui compose
l’objet architectural sui generis. Il faut considérer comme le définit justement Bruno Zevi,
que l’essence même de l’œuvre architecturale, ce qui la distingue des autres produits des
arts en trois dimensions, c’est le volume intérieur. On devrait donc attendre que les
perceptions étudiées soient d’abord celles de l’habitant proprement dit. Nous nous sommes
arrêtés à interroger des passants, des citadins en mouvement dont les premiers objets
tombant sous les sens étaient l’apparence architecturale et les espaces extérieurs. Ce choix
obéit à une économie d’enquête. L’observation et le récit de perceptions dans l’espace
domestique eurent exigé un temps d’observation plus long et l’emploi d’une méthode
encore peu rôdée20. Par ailleurs, offrant des configurations sensibles et des objets de
perception plus communs, l’espace public permet de comparer plus facilement les
expériences singulières. Il faut aussi noter que les sujets de l’enquête principale ont
effectué des parcours en zone familière, comme habitants de leur propre quartier, évoquant
à l’occasion les intérieurs des bâtiments et ce qu’on ne perçoit pas de l’extérieur.
L’avantage de ce choix est enfin d’obtenir une ensemble d’enseignements sur la sensibilité
actuelle à l’esthétique de l’espace construit public, indications qui apportent leur
contribution à un thème qui appelle débat aujourd’hui. Nous nous réservons de conduire
plus tard une seconde enquête sur la perception esthétique de l’intérieur des édifices.
Méthode.
20
L’observation sensible combinée avec le récit a été tentée par un de nos doctorants, Bazine Boubezari pour
l’observation des pratiques sonores domestiques. Le suivi à long terme est indispensable pour recueillir
suffisamment d’informations et malgré le nombre raisonnable de 16 foyers, l’enquête proprement dite a duré
plus de trois années.
17
Introduction
soit la différence entre une capitale et deux villes moyennes dont l’une a une image
architecturale faible, l’autre forte.
La taille de la population peut sembler réduite : une trentaine de sujets pour la pré-
enquête et 48 pour l’enquête principale (4 sujets par 4 terrains par ville). Vu le caractère
exploratoire de la recherche, il semblait important de donner le pas à la qualité d'enquête
sur la quantité, aussi bien un des buts essentiels est-il d'éprouver les conditions de
faisabilité méthodologique d'une telle démarche. Il est donc difficile d’avoir une
représentativité démographique pertinente. On notera toutefois que les données socio-
économiques et démographiques ont été recueillies précisément pour chaque quartier et
que l’éventail des profils retenus a été établi en ce sens.
21
Cf.GROSJEAN M, THIBAUD J.P., L’espace urbain en méthodes, Marseille, Ed .Parenthèses, 1995.
18
Introduction
1 – PHASE PREPARATOIRE
2 - PRE-ENQUETE
3 - ENQUÊTE PRINCIPALE
4 - DEPOUILLEMENT ET ANALYSE
19
Introduction
20
I.1 - Méthodologie
I - ENQUÊTES PREPARATOIRES
ET DESCRIPTION RAISONNÉE DES TERRAINS
D’ÉTUDE
4) Dépouillement de ces entretiens selon les rubriques qu’on trouvera dans le guide de
compte-rendu ci-joint.
5) Comparaison des choix des informateurs avec les hypothèses de l’équipe. Le classement
des parcours à retenir a presque toujours été la même que celui que nous avions imaginé de
notre côté. La plus grande difficulté a été de choisir seulement quatre parcours à Paris.
Dans ce cas nous avons fait une seconde consultation auprès d’urbanistes et d’architectes.
Pour chaque ville, nous avons essayé autant que possible de concevoir une variété de
parcours qui déclinent les différences suivantes : homogénéité/hétérogénéité
morphologique, intersection de voirie importante/ « village », permanence ou
patrimonialitsation/rénovation..
6) Analyse en détail des quatre parcours retenus dans chaque ville. Campagne
vidéographique et photographique. Raisonnement du découpage formel des parcours en
tronçons élémentaires (facilité de classement et de manipulation des données).
21
I - Enquêtes préparatoires
GUIDES ET PROTOCOLES
En cas d'absence de chiffres déjà préparés dans des documents de synthèse disponibles
(documents d'urbanisme, études, plaquettes et publications politiques,...) ou pour les
vérifier, nous avons eu recours aux données de l'INSEE.
Voilà donc ce qu'on peut retenir pour la zone traversée par le parcours (en cumulant, si
nécessaire, les découpages par îlots de l'INSEE):
1990 :
- population totale par sexe et âge,
- nationalités,
- caractéristiques des résidences principales ( données selon l'âge de la personne de
référence du ménage),
- population totale par sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle.
22
I.1 - Méthodologie
A - Cadre et conditions.
2) Choix d'informateurs éclairés susceptibles d'avoir une opinion déjà faite sur l'espace
physique, esthétique ou social des zones concernées. Retenir une dizaine d'informateurs
par villes.
3) L'entretien se fait dans un lieu où la place permet de travailler sur cartes et plans.
Enregistrer l'entretien.
B - Consignes :
3) Recueillir ensuite les libres réactions sur les hypothèses de parcours que nous avons déjà
retenues.
4) Terminer par des renseignements précis sur l'activité de l'interviewé et son histoire
résidentielle.
C - Dépouiller l'entretien aussitôt que possible en classant les propos selon la logique de
parcours.
23
I - Enquêtes préparatoires
- Bref historique de l'espace retenu, centré sur l'organisation spatiale construite telle qu'elle
apparaît aujourd'hui. (Ex : "au XIX°, apparition d'ateliers sur une zone auparavant
consacrée au maraîchage, puis désaffection de ces ateliers depuis 15 ans.")
- Critères morphologiques :
Architecture, (époque, type, hauteur des bâtiments, gabarit de rue, dimensions
approximatives des places); paysage et environnement proche,
- Critères fonctionnels.
(marché?, passage? zone résidentielle? commercial? culturel (cinémas)? industriel?
mixte?.....
- Hypothèses sur les éléments émergents de chaque terrain (ce qu'on suppose devoir être
souligné par les habitants). Suivre la grille précédente.
24
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
GRENOBLE
GRENOBLE 25
I - Enquêtes préparatoires
1. Chronologie
Plusieurs aller-retour entre des discussions d’équipe et des tests sur le terrain, aident à
affiner les parcours potentiels.
Il apparaît assez rapidement au cours des discussions, qu’il faut faire un seul parcours à
traversant les secteurs 5, 6 et 7. Finalement, les quartiers envisagés pour un parcours 8 sont
éliminés après plusieurs tentatives insatisfaisantes de parcours. Ces quartiers ne sont en
effet pas assez variés et trop grands, et n’offrent que des parcours trop monotones ou
beaucoup trop longs. Il faut faire des choix parmi les secteurs restant, sachant que le
secteur 1 paraît incontournable.
Chaque secteur est parcouru à pied pour mieux connaître ou découvrir le quartier, avec de
nombreux arrêts, des aller-retour, des tests sur les sens des parcours, des essais de
bifurcations, de variantes, des visites à différents moments de la journée et de la semaine.
Ces déambulations s’accompagnent de prises de notes, de repérages sur des fonds de plan,
de photographies.
26
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
professionnel sur la ville et sur celle-ci en particulier. Il était intéressant d’interroger des
personnes ayant des approches et des expériences différentes.
Une première réunion a eu lieu fin janvier 2000 avec S, B, JB et P en même temps, à
l’Ecole d’Architecture de Grenoble. Chacun a parlé des points caractéristiques de
Grenoble, certains ont présenté des parcours qui leur semblaient représentatifs. La
confrontation de plusieurs personnes a permis une comparaison de points de vues, une
discussion, des réactions. Cette réunion a été enregistrée puis retranscrite en partie. Comme
support à la discussion, un grand plan de Grenoble a été étalé au milieu du groupe,
permettant à chacun de se repérer et de montrer des points, des zones, des quartiers. JB
était même venu avec un parcours qu’il avait lui-même «testé » avec des amis, illustré par
des photos.
Toute l’équipe de cette recherche était présente.
Un rendez-vous avec H a eu lieu courant juin 2000. Les quatre parcours étaient retenus
mais il semblait intéressant de recueillir un autre point de vue et une réaction par rapport au
choix des quartiers et du détail des parcours.
Un second rendez-vous, fin juin, avec C, a permis une nouvelle fois de mettre à l’épreuve
les quartiers retenus et les parcours pressentis et ainsi de les affiner.
Pendant ces deux dernières entrevues, une prise de note a été effectuée et un grand plan de
Grenoble a servi de support, en cours d’entretien, pour montrer des points précis, … Dans
un premier temps, il était demandé aux personnes quelles étaient, à leur avis, les
caractéristiques architecturales de Grenoble et, s’ils avaient à faire visiter la ville, quel(s)
serai(en)t le(s) parcours qu’ils effectueraient. Ce n’est qu’ensuite que leur étaient indiqué
quels quartiers étaient retenus puis quels parcours, plus précisément, semblaient être
intéressants. Leurs réactions et critiques à ces propositions ont été écoutées avec attention.
Il ressort globalement que Grenoble n’a pas d’image architecturale forte, voire quasiment
pas d’image architecturale du tout. Pour H, c’est même «une ville sans aucune séduction ».
Pour C, d’un point de vue personnel, Grenoble n’est «pas immédiatement attractive ». Ce
GRENOBLE 27
I - Enquêtes préparatoires
n’est qu’en travaillant que l’histoire de la ville, en la parcourant, qu’il a pu y voir «quand
même des images fortes ».
Personne, durant l’enquête réputationnelle, n’a dit que Grenoble était une belle ville. H va
même jusqu’à dire que Grenoble «a un côté très protestant, il y a comme un mépris de la
beauté (…). C’est l’esprit dauphinois dans toute sa splendeur, il n’y a pas de générosité !»
Un trait important de Grenoble paraît être le fait que c’est une ville plate, entourée de
montagnes. C’est important car, où que l’on se trouve, on a une vue sur les montagnes.
Elles permettent aussi d’avoir sur la ville une vue d’ensemble et en surplomb, comme par
exemple en montant à la Bastille, à pied ou grâce au téléphérique urbain que les Grenoblois
appellent familièrement «les bulles ». B proposera d’ailleurs un parcours comprenant une
partie du trajet donnant la possibilité d’une prise de hauteur, de mise à distance, en
conseillant la Montée de Chalammont. Ceci entraîna une discussion générale pour savoir si
un trajet dans les «bulles » (plutôt dans le sens de la descente), ne vaudrait pas pour un
parcours caractéristique. H constate que les Grenoblois parlent souvent des montagnes,
«véritable décor, fond de scène » de la ville. Revient également fréquemment «la vue sur
les montagnes », présentée avec fierté, comme étant un des beaux aspects de Grenoble.
Pour H, ce qui caractérise Grenoble, c’est la «disparité », avec un tissu urbain assez
particulier, mélange de styles, d’époques et d’activités, qu’il appelle «mix-grenoblois ».
Pour lui cela donne même une «ville fractale » avec «toujours la même chose, ce mix qui
se répète tout le temps ». Une autre personne parle de «grandes zones de vide ».
Néanmoins, quelques quartiers se dégagent. Finalement, les secteurs retenus pour effectuer
des parcours sont :
1 Centre ancien
2 Championnet – V. Hugo – Vaucanson – Verdun
3 Chorier – Berriat
4 Quartiers sud
28
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
GRENOBLE 29
I - Enquêtes préparatoires
CENTRE ANCIEN
Critères de choix
Toutes les personnes rencontrées lors des enquêtes réputationnelles sont d’accord pour dire
qu’il faut absolument effectuer un parcours dans le centre ancien, quartier incontournable
de Grenoble, aussi bien pour les Grenoblois que pour les touristes. On parle alors de
«centre ancien », «d’hyper centre », « centre historique », de la partie de la ville qui était
«à l’intérieur des fortifications ». Pour H, l’identité de Grenoble se limite au centre, c'est-à-
dire à la ville romaine et au quartier Saint Laurent. C’est là que se trouvent les bâtiments
anciens et appartenant au patrimoine historique et architectural de la ville.
Le parcours reprend, pour sa première partie, le parcours soumis par P. qui proposait de
«faire comprendre ce qu'est Grenoble avec un seul parcours » qui permet de balayer tout ce
qui fait Grenoble.
Période historique
Cœur de la ville antique et médiévale, avec extension successives lors du recul progressif
des enceintes, jusqu’à aujourd’hui. Néanmoins, organisation spatiale à peu près figée au
XVIIIème siècle.
Morphologie architecturale
Tissu urbain relativement homogène, rues tortueuses et étroites avec bâtiments anciens,
certains datant du Moyen-Age, puis s’échelonnant principalement du XVème au XVIIIème
siècle. Immeubles sur rue, généralement avec cour à l’arrière, R+4. Façades très sobres,
sans décoration. Seule fantaisie, fin XIX-XXème, les garde-corps des fenêtres et cache-
stores en métal ouvragé.
Vers pont de la Porte de France, immeubles XIXème siècle de type hausmannien avec décor
de façades en ciment moulé et fausse pierre (R+4 / R+5).
30
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Caractères fonctionnels
Le centre ville est en grande partie piétonnier et très fréquenté. Dans la journée, en
semaine, ce sont surtout les commerces, les cafés et restaurants qui attirent les passants. Le
soir, le centre est recherché pour ses cafés, cinémas et théâtres. Dès les premiers beaux
jours, les places accueillent les terrasses des cafés et restaurants.
Le dimanche, par contre, est une journée plutôt «morte » et le centre est déserté (tout est
fermé).
Cinémas, théâtres, bibliothèques, musées
Composition socioprofessionnelle
Ouvriers P. Intermédiaires Cadres Employés Salariés Non salariés
11 % 16 % 36 % 16 % 79 % 21 %
Taux de chômage : 9 %
Propriétaires Locations privées HLM Autres
41 % 47 % 4% 8%
Taille logements
1 pièce 2 P 3P 4P 5P
18 % 21 % 23 % 18 % 21 %
Périodes de construction
Avant 1948 1949-67 1968-74 1975-81 1982 et après
87 % 7% 1% 4% 2%
GRENOBLE 31
I - Enquêtes préparatoires
Hypothèses
Quartier reconnu comme quartier historique de Grenoble, ayant un intérêt majeur. Quelle
est la position des habitants ? En ont-ils conscience et quelle est leur avis et leur attitude
(respect, fierté, indifférence, …) ? Est-ce que cela rejaillit sur leur perception ?
Centre est aussi le lieu des animations sociales et culturelles. Beaucoup de personnes s’y
retrouvent. En est-il de même pour les habitants ? Profitent-ils de cette situation ?
Avantage, inconvénient ?
Que pensent-ils de l’image de ce quartier ? Est-ce que cela correspond à ce qu’ils vivent ?
On espère, avec ce parcours, les faire réagir lors de la traversée de lieux et d’ambiances
différentes. Les vues sur des bâtiments beaucoup plus modernes (Boulevards
hausmanniens, 3 Tours, quartier de la Maison du Tourisme) les feront peut-être réagir sur
leur quartier, par comparaison.
32
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
GRENOBLE 33
I - Enquêtes préparatoires
34
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
12 - Place d’Agier
GRENOBLE 35
I - Enquêtes préparatoires
20 - Place Notre Dame 21 - place Notre Dame vers la place Sainte Claire
Départ place Dubebout, à l’extrémité du pont de la Porte de France (1). Depuis cet
endroit, permet d’avoir une vue sur les perspectives ouvertes par les grands boulevards qui
partent tous de là, dont le cours Jean Jaurès (ancien cours Saint Laurent, XVIIème siècle).
On voit aussi la gare et une partie des bâtiments d’Europole, au bout de la rue C. Brénier.
A l’opposé, on a une vue sur les Trois Tours (2 et 3).
Quai Créqui (l ≈ 15m), sur le trottoir qui longe la berge de l’Isère. Permet d’avoir une
vue sur les deux rives de l’Isère avec, à gauche, le quartier Saint Laurent (le plus ancien de
Grenoble) ainsi que la Bastille et les différents bâtiments du Musée Dauphinois (1621),
l’Institut de Géographie Alpine et la résidence universitaire du Rabot (années 1960) (4).
On a également une vue sur les montagnes avec une perspective qui va au-delà de la ville,
jusqu’à Belledonne. L’autre rive ressemble à une muraille, formée par les façades alignées.
36
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
La gare du téléphérique marque une percée dans cette «muraille avec l'accès au Jardin de
ville (XVII-XVIIIème siècle) (≈110m x 165m). Sur ce jardin donne l’Hôtel Lesdiguières,
ensemble de bâtiments des XV-XVIIIème siècles. Il est composé d’une partie «à la
française » avec une roseraie (5 et 6). L'autre partie a un sol en stabilisé et de grands arbres.
Entre les deux, se dresse un kiosque à musique datant du XIXème siècle. A l’autre extrémité
du jardin, sur un socle refait récemment, une fontaine intitulée «le torrent » date de 1888.
A proximité, des tables et chaises disposés le long des façades du jardin (côté est), sont les
extensions du café et de la pâtisserie lorsqu'il fait beau (7). L’hiver, les branches sans
feuilles des arbres laissent transparaître les immeubles cernant le Jardin de Ville.
Le Passage du Jardin de ville permet d’accéder à la place Grenette. Celui-ci abrite les
vitrines d’un marchand de chaussures, d’un pâtissier et un kiosque à journaux.
Prolongement de ce dernier, des présentoirs pour journaux et cartes postales sont posés sur
un côté du passage.
La place Grenette (≈ 110m x 35m) (9), anciennement place de la Granaterie était le lieu
d’un marché au grain et aux bestiaux. C’est également là que se tenaient les exécutions
publiques(installation de la guillotine). Une grande fontaine (ne fonctionne pas l’hiver) dite
«fontaine aux dauphins » date de 1824.
La Grande rue est une rue étroite (l ≈ 7m) bordée d’immeubles d’habitation (souvent de
niveau R+4), datant des XV-XVIIème siècle, avec rez-de-chaussée commerçant (10). Ce
secteur a été réhabilité ces dernières années, les façades ont été refaites avec des couleurs
chaudes dans les tons ocres (du jaune à l’orangé, en passant par le rouge). Les façades,
typiques du centre ancien de Grenoble, sont très simples, sans décoration. La seule
fantaisie réside dans les gardes corps des fenêtres dont on trouve une grande variété. Les
toits comportent des lucarnes éclairant les galetas (parfois transformés en chambre ou
appartement). On peut remarquer quelques portes d’entrée anciennes en bois sculpté.
Rue Rahoult (l ≈ 5m) se trouve (en autres commerces de cette rue) un glacier,
commerçant incontournable des étés grenoblois et très connu, ce qui explique la queue qui
se forme régulièrement devant le comptoir frigorifique (qui donne directement su la rue, on
ne rentre pas), de la matinée jusqu’au soir (11).
Place de Gordes (≈ 25m x 40m ) .La plupart des rez-de-chaussée des immeubles bordant
cette petite place sont des cafés et des restaurants. La place et l’extrémité de la rue Rahoult
servent de terrasses, extensions des restaurants l’été. Place très animée et gaie pendant les
mois d’été et les midis et soirs dès qu’il fait beau. Un fontaine attire souvent les passants et
les enfants qui veulent se rafraîchir. Eau qui coule et sons des terrasses se mêlent. Un des
cotés de la place est constitué d’un muret surmonté d’une grille et sépare la place du Jardin
de ville traversé précédemment. Une porte toujours ouverte permet de passer de l’un à
l’autre. On voit les grands arbres, sorte de trouée verte. De la place de Gordes, par un autre
côté, on peut accéder à la place d’Agier (≈ 40m x 40m) qui lui est contiguë. Place
minérale, piétonne, cerné par des bâtiments de la Mairie (service des sports) et des annexes
du Tribunal, l’arrière de l’église Saint André (grand mur de briques quasiment aveugle), et
des immeubles typiques du centre ancien dont les rez-de-chaussée font restaurants. De
grands arbres lui donnent un peu d’ombre l’été. Elle est aménagée avec des bancs de
pierre, des massifs de rosiers (12). A droite, une ruelle très étroite, coudée, longeant
l’église, la rue d’Agier ( l ≈ 3m), la relie à la place Saint André (13 et 14). Le dallage du
sol renvoie le peu de lumière de cette rue. Des immeubles anciens et modernes font face à
GRENOBLE 37
I - Enquêtes préparatoires
Place Saint André (≈ 65m x 35m). On vient de longer la Collégiale Saint André dont
l’église, du XIIIème siècle est en briques, comme la plupart des bâtiments de l’époque. Les
chapelles datent du XVème siècle et sont en calcaire blanc. Le clocher est lui en tuf et du
début du XIVème siècle. En face se trouve l’actuel Palais de Justice qui, jusqu’à la
Révolution Française, était le Parlement. La partie centrale, de type gothique flamboyant
assez tardif, date de 1510. Une autre partie du bâtiment, de style Renaissance date de la
seconde moitié du XVIème siècle. A gauche de la façade gothique, copie de la façade
Renaissance exécutée au XIXème siècle. Totalement minérale (revêtement de sol blanc,
éblouissant), la place est piétonne mais des riverains, ainsi que la police, etc. (pour tout ce
qui concerne le Palais de Justice) y ont accès pour garer leur voiture, grâce à une système
de bornes rétractables pour les gens ayant une carte spéciale. Les automobiles sont en
générales garées le long du Palais de Justice. Au centre de la place, se dresse, sur un grand
piédestal, la statue du chevalier Bayard (1823). Celle-ci sert souvent de point de rendez-
vous. Des cafés se trouvent sur deux côtés adjacents et ils occupent une partie de la place
avec leurs terrasses quand il fait beau (15). Cette place est très fréquenté le soir. Un marché
y a lieu tous les matins (petits producteurs locaux). Le petit train touristique de Grenoble la
traverse régulièrement tout le long de la journée.
En empruntant la rue du Palais (l ≈ 5m) (au n°3, bâtiment du XVIIème siècle), on rejoint
ensuite la Place aux Herbes (≈ 25m x 40m) (Moyen-Age – XVIIème siècle). La circulation
automobile y est autorisée (surtout riverains et camions de livraisons). Cette place est
occupée en son centre par une halle, bel exemple d’architecture métallique du XIXème
siècle. Celle-ci abrite, depuis le Moyen-Age, un marché aux fruits et légumes tous les
matins sauf le lundi et un petit marché aux produits régionaux les vendredis en fin d’après-
midi. Des cafés et marchands de Kebab (dont le parfum attire les passants) font de cette
place un endroit très fréquenté bien que plus intime que la place Saint André. Les terrasses
sont le long de la halle. Une borne d’eau potable (pour le marché) est aussi utilisé parfois
par des passants (pour boire, enfants qui s’arrosent).
Rue Renaudon (l ≈ 5m), bordés par des commerces maghrébins presque continuellement
ouverts (restaurants, Kebab, épiceries, tissus…) (16). Les odeurs et musiques issus des
Kebab se communiquent dans la rue. Des gens sont souvent assis sur des chaises, au bord
de la rue, pour discuter, des enfants font leurs devoirs ou des coloriages, sur des tables
dehors. La rue, comme toutes celles de ce quartier, a un caniveau central en pavées et la
voie pour les voitures est délimitée par des plots en fonte.
La rue Chenoise (l ≈ 5m), assez étroite (comme toutes les rues du centre ancien) est
composé d’immeubles anciens dont certains sont tout à fait remarquables. Si ils ont été
réhabilités, certains sont en cours de rénovation et d’autres menacent de tomber en ruines.
De nombreux commercent et restaurants la bordent. Certaines épiceries et primeurs
installent des étals dans la rue, devant leur devanture (17). Rue animée, ouverte aux
voitures mais que les passants considèrent souvent comme piétonne (pas de trottoirs, des
bornes marquent la séparation entre chaussée et passage piéton), n’hésitant pas à marcher
au milieu de la chaussée. Immeubles remarquables : au n°8, ancien Hôtel d’Ornacieux du
XVIIème siècle, dite maison Vaucanson ; n°9, hôtel du début du XVIème siècle ; n°10 maison
gothique de la fin du Moyen-Age ; n°14 cour du XVIème siècle ; n°18 hôtel particulier (fin
Moyen-Age – XVIIIème siècle) ; n°19 (XVIIIème siècle) ; n°20 demeure médiévale.
38
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
On débouche alors sur la place Notre Dame (≈ 30m x 180m) (18), grande place minérale
traversée par le tramway et autorisée aux automobilistes. De nombreux cafés l’animent. On
peut remarquer des immeubles beaucoup plus cossus, datant de l’âge d’or du ciment à
Grenoble à la fin du XIXème siècle. Sur cette place donnent la cathédrale Notre-Dame
(Moyen-Age et XVIIème siècle) et l’évêché(19), transformé récemment en musée
départemental. Une grande fontaine « des trois Ordres » (1897) se trouve dans un coin de
la place(20). Bruit de l’eau masque en grande partie le bruit de la circulation et se mêle aux
sons des cafés, du tram, des voix et des pas (21). La place suivante qui lui est contiguë est
la place Sainte Claire (≈ 30m x 100m), où se trouvent les halles (qui abritent un marché
tous les matins) de l’architecte grenoblois Riondel et qui datent de 1874. De là, on peut
voir les transformations contemporaines du quartier de la République. De nombreux
immeubles anciens ont été détruits dans les années 1960-70 et ont laissés la place à des
barres de logements (R+9) à toiture terrasse, faisant table rase du tissu urbain ancien (22).
GRENOBLE 39
I - Enquêtes préparatoires
Critères de choix
Lors des enquêtes réputationnelles, l’ensemble des quartier Championnet jusqu’à celui de
la Préfecture, est assez vite apparu comme un secteur intéressant. En effet, cette zone de
Grenoble a la particularité d’avoir un tissu urbain et une architecture homogène, très
ordonnancé, de type hausmannien. Ce n’est pas pour autant un secteur monotone car, si les
façades sont sobres et se ressemblent beaucoup (hauteurs d’étages constantes, typologie
identique…), elles se différencient dans des détails décoratifs d’une grande richesse :
moulures d’encadrement des portes d’entrée, garde-corps en fer forgé, cache-stores en
métal ou parfois en bois. Ce sont des façades typiques de Grenoble puisque ces décorations
ont été rendus possible par l’utilisation du ciment moulé, spécialité qui est apparu et s’est
développé à Grenoble à la fin du XIXème siècle.
Dans ce secteur hausmannien, si ces rues sont peu ou pas fréquentées par des personnes
extérieures au quartier, il y a, en revanche, des places connues et pratiquées par tous les
Grenoblois (V. Hugo, Vaucanson et Verdun) et aux caractères très différentes les unes les
autres. De plus, de ce quartier, on a des vues sur les 3 Tours et la partie contemporaine du
quartier de la Préfecture.
Période historique
Quartier très homogène datant du XIXème siècle, de type hausmannien. Rues assez larges et
rectilignes.
Morphologie architecturale
Bâtiments domestiques typiques de l’architecture bourgeoise du XIXème siècle, de type
hausmannien, généralement en R+3 / R+4 avec galetas (chambres de bonnes, parfois
transformés en appartements).
Façades ordonnancées, majoritairement en pierre factice, spécialité grenobloise, permettant
le décor des façades avec des éléments moulés standards en ciment (surtout de 1870 à
1914). Garde-corps des balcons et fenêtres en ferronnerie ouvragée, avec cache-stores
assortis. Stores à grosses lames de bois dits « à la lyonnaise ».
40
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Caractères fonctionnels
Quartier très résidentiel avec des commerces en rez-de-chaussée. Places au caractère
commercial plus marqué (sauf Verdun) avec cafés et restaurants.
Place Verdun uniquement administrative (préfecture, tribunal de Grande instance),
militaire (caserne, cercle militaire) et culturel (IUT, ancien musée bibliothèque).
GRENOBLE 41
I - Enquêtes préparatoires
Composition socioprofessionnelle
Taux de chômage 9 % et 8 %
Ouvriers P. Intermédiaires Cadres Employés Salariés Non salariés
Championnet 13 % 23 % 25 % 21 % 82 % 18 %
Préfect. B H 10 % 19 % 31 % 22 % 83 % 17 %
Hypothèses
De quelle façon les habitants perçoivent ce quartier aux lignes très ordonnancées (tissu
urbain + architecture) ? Voient-ils cela comme quelque chose monotone et triste ou, au
contraire, apprécient-ils la richesse des décors ? En fait, prêtent-ils attention à leur
environnement ?
Perçoivent-ils les caractères variés des différentes places traversées lors du parcours ? Où
vont leurs préférences, les fréquentent-ils, y font-ils des choses différentes, ont-ils des
attitudes différentes suivant les lieux ?
Quoique très homogène, le parcours fait en sorte de provoquer des réactions par
comparaison, en passant devant des bâtiments modernes (Boulevard Agutte Sembat, rue de
la Liberté, rue Dominique Villars), par choc des époques, choc des styles. Les vues sur les
3 Tours ou autres bâtiments récents peuvent aussi entraîner des réactions.
42
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
GRENOBLE 43
I - Enquêtes préparatoires
44
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
GRENOBLE 45
I - Enquêtes préparatoires
Départ sur la place Championnet (≈ 35m x 70m) (1), qui ressemble plutôt à un grand
carrefour cerné de places de stationnement pour les voitures, avec seulement une petite
partie réservée aux piétons. Ce « terre-plein » accueille l’arrêt de bus et est aménagé pour
l’attente. Les murets délimitants les bacs de plantations, font aussi office de bancs. Une
traille et des tilleuls donnent de l’ombre à la place. Les murets intéressent aussi beaucoup
les skaters qui se donnent souvent rendez-vous ici pour faire quelques acrobaties. On
trouve aussi à cet endroit une cabine téléphonique et un dépôt de verre.
La place est entouré d’immeubles typiques du quartier avec des commerces et des cafés en
rez-de-chaussée. Place très animée, où passent essentiellement des gens du quartier.
La rue Lakanal (l ≈ 9m) est une des rues animée du quartier Championnet grâce aux
commerces et restaurants en rez-de-chaussée (2). Elle est en sens unique avec
stationnement des deux côtés. Les immeubles (R+3 / R+4) sont en majorité de type
hausmannien. Un seul est de type plutôt art déco, immeuble d’angle aux formes plus
simples et géométriques et sans ornements. Les gardes corps sont également minimalistes.
Dans la rue Chanaron (l ≈ 9m), on retrouve une certaine homogénéité avec l’architecture
hausmanniene (R+4) (4). C’est une rue très calme, avec peu de commerces hormis un
marchand de musique et des cafés aux angles avec le boulevard. A gauche, les éditions
46
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Glénat occupent tout le rez-de-chaussée d’un immeuble. A gauche, vue sur la rue du
Phalanstère (6), très étroite et bordée d’immeuble mais aussi de maison avec jardin sur
l’avant. Dans cette rue se trouve le cinéma « Le Club ». A droite, vue sur un bâtiment à la
façade extrêmement dépouillée mais comprenant des bow-windows, élément architectural
assez rare à Grenoble (5).
En traversant le boulevard, on prend ensuite rue Béranger (l ≈ 17m) qui mènent à la place
Victor Hugo. Dans cette rue, les immeubles sont plus cossus que dans les rues précédentes.
Ils datent toujours de la fin du XIXème siècle, de type hausmannien mais les moulures et
décors de façades se font de plus en plus présents. Un îlot, formé d’un seul immeuble
(nettoyage de la façade fini en août 2000), a son rez-de-chaussée et 1er étage occupé par
une banque. En face, une papeterie librairie aligne des bacs de livres, sur le trottoir, dès son
ouverture (9).
A droite, vue sur le cours Lafontaine bordé par le lycée Champollion (caché par des arbres
dès qu’ils ont des feuilles) (8).
La place Victor Hugo (≈ 135m x 130m) (10a et 10b), de forme à peu près carré, entouré
de rues et avec au centre un petit jardin organisé autour d’une fontaine avec un bassin,
délimité par des terre-pleins pour les alignements de marronniers (pelouses avec massifs de
fleurs, entourées de petites grilles). Les murets de ces derniers peuvent aussi servir de
bancs. Le tramway longe la place sur un côté. Dans la partie jardin de la place, se trouvent
deux kiosques en bois qui abritent les terrasses, l’une d’un café-restaurant, l’autre d’une
pâtisserie.
Les immeubles (R+4) délimitant la place sont parfois en pierre de taille mais aussi en
pierre factice (ciment) et datent dans l’ensemble des années 1870-80. Des sculptures
peuvent orner les façades, en plus des traditionnels balcons aux garde-corps ouvragés.
Sur le boulevard Agutte Sembat (l ≈ 20m), des bâtiments bordent un axe de circulation
important de Grenoble et la rendant donc un peu bruyante (11). C’est un boulevard où se
mélangent des immeubles hausmanniens et d’autres beaucoup plus récents (R+3 : R+4).
Les trottoirs sont assez larges et des places de stationnement sont de chaque côté. Des
magasins occupent tous les rez-de-chaussée.
GRENOBLE 47
I - Enquêtes préparatoires
En longeant la place sur un côté, on emprunte ensuite la rue de la Liberté (l ≈ 12m) (15)
dont la perspective nous laisse voir une des 3 Tours et Belledonne en arrière plan. Peu à
peu apparaît également l’ancien musée sur la place suivante.
Cette rue est bordée de bâtiments de type hausmannien (R+3) dont certaines avec
sculptures en façades qui les rendent très riches et tout à fait remarquables (frontons,
médaillons avec des visages, …). Deux immeubles contemporains se font face au milieu de
la rue. L’un abrite des bureaux (R+5) derrière une façade rideau en éléments préfabriqués,
dans les couleurs jaune (16). L’autre, en béton avec balcons en saillie, est un immeuble de
logements.
On entre ensuite sur la place Verdun (≈ 140m x 152m). Ancienne place d’armes, la place
est presque carré et est bordée de bâtiments militaires (caserne, cercle des officiers, ≈
1860), administratifs (préfecture, 1857) et culturels (Musée-bibliothèque, 1865-70 ;
Facultés, 1867). Place de représentation, les bâtiments sont en pierre, tous dans le même
style classique avec toitures en ardoise (17). Le musée (actuellement vide et sans emploi) a
une charpente métallique avec des verrières.
Le centre de la place a été réaménagé récemment lors des travaux pour la construction d’un
parking souterrain. Une couronne entière d’arbres a été arraché car les marronniers étaient
dans un mauvais état phytosanitaire. Aujourd’hui il ne reste plus que la couronne intérieure
d’arbres organisée autour d’un bassin avec un jet d’eau. La place paraît beaucoup plus
grande car cela dégage la vue sur les bâtiments.(18)
La place est cernée par la circulation automobile et le tramway sur ceux côtés.
De là, on a une vue panoramique sur les montagnes environnantes, le centre ancien, les 3
Tours, ...
En traversant la place en diagonale, on prend ensuite la rue F. Faure sur une petite portion.
Cette rue, pourtant pas très large (l ≈ 10m) est très circulante car axe important d’entrée et
de sortie de Grenoble, et donc assez bruyante. Elle est bordée d’immeubles et maisons fin
XIXème siècle. De le rue, on voit dépasser des arbres par dessus les murs des jardins.
48
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
CHORIER – BERRIAT
Critères de choix
Un quartier de Grenoble qui a bien une identité forte depuis sa création, fin XIXème siècle,
c’est celui de l’ancien faubourg de Grenoble, le quartier Chorier-Berriat. Les personnes
rencontrées lors des enquêtes réputationnelles sont toutes d’accord pour dire que c’est « un
quartier fort », très marqué par son passé industriel qui est toujours très animé, très vivant.
Il est caractérisé par une hétérogénéité de type de bâti,, d’activités et, paradoxalement,
c’est ce qui donne une sorte d’unité et d’identité caractéristique.
De plus, c’est un lieu où se juxtaposent deux époques, celle de la fin du XIXème siècle à
Berriat et celle de la fin du XXème siècle avec Europole.
C’est un secteur en mutation, traversé par des axes importants (rue Ampère et cours
Berriat), avec quelques bâtiments remarquables. Entre autres, plusieurs interlocuteurs de
l’enquête réputationnelle pense qu’il faut aller jusqu’à la place Gauthier où l’on peut voir
des bâtiments des années 1980 en briques, rappel du matériau utilisé traditionnellement
depuis le XIIIème siècle et abandonné lors de l’apparition du ciment à Grenoble.
GRENOBLE 49
I - Enquêtes préparatoires
Le parcours tient aussi compte du fait qu’il existe de nombreux passages à travers des îlots,
« des petites traverses » (E), que l’on peut voir sur le POS et qui sont conservés, même
dans les opérations immobilières contemporaines.
Période historique
Faubourg de Grenoble, quartier industriel, artisan et ouvrier qui se développa
considérablement à la fin du XIXème siècle.
Le projet était d’organiser ces 170 hectares en une « nouvelle ville » avec un découpage en
îlots rectangulaires, plus grands que dans la vieille ville (installer des jardins…).
L’orientation générale devait s’organiser sur celle des cours Berriat et Jean Jaurès, « à
cause de la direction des vents régnants et pour assurer une bonne distribution de la
lumière ».
En fait, cela ne se passera pas tout à fait comme cela car quelques grands industriels auront
leur politique foncière propre.
En 1914, le quartier Berriat accueille presque toutes les grandes usines.
Le quartier reflète encore aujourd’hui (malgré la disparition des grandes industries) cette
hétérogénéité fonctionnelle et architecturale. Le cœur du quartier se structure à partir du
cours Berriat.
La frange du quartier en contact avec la gare voit se développer « Europole », programme
de bureaux et de logements. C’est là que vont s’implanter les nouveaux Palais de Justice et
Lycée international.
Morphologie architecturale
Quartier assez hétérogène comprenant aussi bien des immeubles de logements fin XIXème –
début XXème siècle, des maisonnettes, des maisons avec jardin, des ateliers, des usines, des
immeubles modernes. Les hauteurs varient entre R+2 et R+7.
Façades sobres
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I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Caractères fonctionnels
Quartier mixte où se mélangent habitat, commerces de proximité, ateliers et petites usines,
théâtres, bibliothèque…
Marché place St Bruno
Certains commerces (cafés, épiceries arabes, boulangeries, boucherie) restent ouverts le
dimanche et souvent tard le soir.
Composition socioprofessionnelle
Taille logements
1 pièce 2P 3P 4P 5P
St Br. O 16 % 30 % 29 % 18 % 7%
St Br. E 20 % 36 % 25 % 13 % 6%
Pol. Ber 21 % 30 % 28 % 15 % 6%
Périodes de construction
Avant 1948 1949-67 1968-74 1975-81 1982 et après
St Bruno Ouest 47 % 3% 37 % 1% 12 %
St Bruno Est 62 % 21 % 6% 5% 6%
Polynome Berriat 45 % 24 % 7% 1% 23 %
Hypothèses
Ce parcours traverse le quartier Chorier-Berriat par des rues caractéristiques. Il passe aussi
bien par les grands axes que les petites rues ou les passages. Cela permet de voir des lieux
commerçants et animés et d’autres beaucoup plus calmes, résidentiels amis comprenant
aussi des activités artisanales. Il sera intéressant de voir si les « parcourants » notent
l’hétérogénéité et émettent des jugements de goût sur certains bâtiments, préfèrent
certaines périodes. Apprécient-ils l’animation, le calme d’autres secteurs… Connaissent-ils
de recoins plus « secrets » (certaines rues, des passages)
GRENOBLE 51
I - Enquêtes préparatoires
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I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
GRENOBLE 53
I - Enquêtes préparatoires
54
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
21 - Eglise St Bruno
GRENOBLE 55
I - Enquêtes préparatoires
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I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Départ square des Fusillés (≈ 65m x 35m). De là on peut voir l’entrée du site Bouchayer-
Viallet, anciens halls – ateliers. Les bâtiment sont d’anciens pavillons à structures
métalliques de l’Exposition universelle de Paris de 1900 (Atelier Eiffel), remontés à
Grenoble en 1901. Aujourd’hui, une partie est en friche mais certains bâtiments accueillent
des activités diverses (artisans, services, informatique…), le Centre National d’Art
Contemporain, des logements. Le square a ses pelouses occupés en partie par des jeux
d’enfants ainsi que des bancs à l’ombres de grands arbres. On y trouve le monuments aux
morts qui donne son nom au lieu. Un arrêt de bus, des cabines téléphoniques, un bac de
dépôt de verre, sont dispersés autour du square. (1)
Le square est longé d’un côté par le tramway (qui se poursuit cours Berriat) et d’un autre
côté par la rue Ampère (l ≈ 10m), artère importante de Grenoble et très circulante. Elle est
bordée d’immeubles anciens (R+5 en moyenne), de petites maisons avec jardinet, de
bâtiments industriels. Un immeuble très récent est juste face au square (R+4). Un pignon
d’un vieux bâtiment est décoré d’une murale.
GRENOBLE 57
I - Enquêtes préparatoires
Cours Berriat (l ≈ 10m). Très grande artère rectiligne qui commence à l’entrée de
Grenoble (quasiment au niveau du square) et se prolonge jusqu’au centre ville (3 et 4). Le
tramway (2 voies) se trouve au centre avec, parallèlement, une voie en sens unique pour la
circulation automobile. Des trottoirs, délimités par des plots en fonte, bordent chaque côté
du cours. Celui-ci est bordé d’immeubles et maisons de la fin du XIXème siècle jusqu’à
aujourd’hui. Les immeubles sont typiquement grenoblois, en béton, assez sobre, la
fantaisie résident dans les garde-corps des balcons et les cache-stores métalliques. Les
stores sont à grosses lames de bois, dits « à la lyonnaise ». Le long de la rue on trouve
quelques immeubles années 20, dépouillés, de formes arrondies. Presque tous les rez-de-
chaussée. de la rue abritent des commerces ou des cafés, des restaurants et, au n°145 le
Théâtre 145. Les enseignes (souvent lumineuses le soir) des commerces ponctuent la rue,
ainsi que des stores déployés quand il y a du soleil. Des tables sont posés dehors devant les
cafés et restaurants dès qu’il fait beau. L’axe du cours Berriat étant dégagé, on peut voir la
chaîne de Belledonne juste en face, au loin (4). Au-dessus de la chaussée se trouvent les
câbles pour le tramway ainsi que, en travers de la rue, les décorations de Noël (guirlandes
électriques) qui restent en place toute l’année.
On tourne ensuite dans une petite rue, la rue du Drac (l ≈ 8m), voie en sens unique avec
stationnement le long de la chaussée (5). Sur la gauche, un grand mur laisse voir de grands
arbres appartenant au jardin d’une maison début de siècle (6) qui était la résidence des
propriétaires de l’usine implantée côté. La façade est en pierre factice et ciment, comme
tous les bâtiments grenoblois de l’époque. sur cette rue donnent de petits immeubles très
simples (R+1 jusqu’à R+3) anciens et récents. Des ateliers et usines (7) ont aussi pignons
sur rue.
Au premier croisement, on peut voir à droite et au fond de la rue, un des bâtiments bordant
la rue Ampère. On continue à gauche dans la rue Max Dormoy (l ≈ 10m), en direction de
l’église Saint Bruno que l’on a en perspective, Belledonne en arrière plan (8). Des arbres
dépassent des murs entourant les jardins de petites maisons et alternent avec des petits
immeubles. Il y a très peu de circulation (desserte locale), ce qui donne un niveau sonore
général bas et où l’on peut percevoir des sons domestiques ou venant d’ateliers.
A l’angle se trouve le parc Marliave.(9)
On tourne encore une fois à droite, dans la rue Mozart (l ≈ 8m) qui ressemble aux
précédentes et qui rejoint la rue Nicolas Chorier (l ≈ 13m) (15) . En prenant la rue sur la
gauche, on passe devant un immeuble récent à la toiture arrondie en zinc (16, 17) puis,
autre bâtiment récent, la piscine Chorier-Berriat. Presque en face, se trouve un immeuble à
la façade en ciment remarquablement travaillée et fine (19). Cette rue reflète bien la
diversité de la taille du bâti, de la diversité des fonctions et de leur mixité.
Sur la gauche, on longe un parking qui est bordé sur un côté par le collège Fantin-Latour,
construction des années 70 avec rajouts plus récents (20). En fait nous sommes sur un
premier tronçon de la rue de la Nursery qui traverse la place.
L’église Saint Bruno est presque entièrement en pierres factices de ciment. De style néo-
roman, toute la façade est travaillée, véritable manifeste à la gloire du ciment(21).
On débouche alors sur la place Saint Bruno ( 175m x 75m) qui est composée de deux
parties : une partie square (ceinte de petites grilles et bordées de grands arbres) (22 et 24)
et une partie goudronnée totalement libre recevant le marché le matin (tous les jours sauf le
lundi et le vendredi toute la journée) et servant de parking le reste du temps (23 et 24).
58
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
L’été, les arbres cachent la plus grande partie des bâtiments ne laissant voir que les rez-de-
chaussée. Les immeubles entourant la place datent tous à peu près de la même époque (fin
XIXème début XXème siècle) et son de facture traditionnelle grenobloise (R+2 à R+7). Un
immeuble récent recouvert de carreaux de faïence blanche (où se trouve la bibliothèque)
(25) et un monumental immeuble en U des années 20-30 tranchent avec les autres
constructions. Divers commerces et cafés occupent les rez-de-chaussée.
Hormis les heures de marché (nettoyage compris), la place est très calme. La partie square
est plus vivante puisqu’il y a toujours un petit peu de monde : enfants et parents, vieilles
personnes l’après-midi, un groupe de clochards, des gens promenant leur chien, des jeunes,
parfois des boulistes, investissent les lieux suivant les saisons et moments de la journée.
On se retrouve alors un nouveau sur le cours Berriat (28) presque au niveau du carrefour
avec la rue Abbé Grégoire (l ≈ 11m) que nous allons emprunter. On retrouve l’animation
de cette artère commerçante, où un nouvel immeuble se construit, tout proche. On bifurque
rapidement dans la rue Anthoard (l ≈ 8m) (29), rue très calme car empruntée uniquement
pour la desserte locale. Elle est aussi caractéristique du quartier avec alignement
d’immeubles, de maisons, d’ateliers, anciens ou plus modernes. On tourne assez vite à
droite dans une impasse (30). Nous passons devant « L'entre-pot », salle de concert
attirant un public nombreux. Le sol n’est plus en enrobé mais en pavés autobloquants
orangés. Tout au bout de l’impasse on prend un escalier, pas facilement visible et qui est
indiqué par un panneau(31). Il s’agit d’un autre de ces passages du quartier. On monte
alors sur la dalle d’une des opérations immobilière assez récente liée à Europole. Une allée
en dalle de gravillons lavées entre des plantations d’arbustes et de plantes (odorantes en
été), nous mène à un second escalier (32), passant sous un immeuble et aboutissant rue
Pierre Sémard (l ≈ 13m).
On se retrouve alors face à Europole (33), opération urbaine récente à vocation initiale
majoritairement tertiaire. Depuis, se sont ajoutés des logements et des équipements tels que
le lycée international et le palais de justice que nous pouvons voir en chantier. Le carrefour
est en fait la place F. Gauthier (34) (triangle de 75m x 70m x 65m de côté) où se trouve
une opération de logements en briques, dans les années 1970-80. Ce sont des logements en
bande aux transitions public/privé, dedans/dehors, très travaillées. C’est aussi un rare
exemple contemporain d’utilisation de la brique à Grenoble. En effet, depuis l’apparition
du ciment et du béton à la fin du XIXème siècle, il semble que Grenoble soit condamné à ne
plus utiliser que ces matériaux. Pourtant on troue dans Grenoble de nombreux exemples de
bâtiments du XVIIIème siècle en briques, matériau très courant à l’époque (35).
GRENOBLE 59
I - Enquêtes préparatoires
QUARTIERS SUD
60
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Critères de choix
Les quartiers sud ont une organisation spatiale et des formes architecturales très
particulières et il parait donc intéressant de connaître l’avis de personnes qui y habitent.
Lors des enquêtes réputationnelles, ils sont apparus presque aussi importants et
incontournables que le centre ville ancien. C. souligne même que « ça serait bizarre de ne
pas faire un parcours là ».
Le parcours choisi passe de quartier en quartier, traverse de grands axes et comprend
quelques bâtiments ou ensembles remarquables.
Période historique
Les quartiers du Village Olympique, de la Villeneuve et de Malherbe sont des extensions
récentes de Grenoble. En effet, du fait de l’accroissement rapide et important de la
population dans les années 1960, la municipalité de l’époque décida de créer une ZUP dans
le sud de la commune, alors constitué de champs et de la piste du terrain d’aviation. Le
projet s’accélère nettement lorsque Grenoble est choisi pour organiser les Jeux Olympiques
d’hiver de 1968. Il faut alors décidé de construire deux quartiers différents, le Village
Olympique et Malherbe, le premier affecté pendant les JO, à l’accueil des athlètes et l’autre
à l’accueil de la presse.
Le quartier Villeneuve quant à lui, est apparu un petit peu plus tard, dans les années 1970
(Arlequin 1970-72, Baladins 1975-80). Une des volontés était de créer un centre
secondaire et de construire plusieurs quartiers autour, en lus des constructions pour les JO.
Elaborée par l’AUA (Atelier d’Urbanisme et d’Architecture), la Villeneuve est une
expérience quasiment unique en son genre.
Progressivement zone intermédiaire s’est urbanisée (toujours en cours, comme le quartier
Vigny-Musset) et le tramway a aussi relié les deux zones.
Morphologie architecturale
Urbanisme de dalle pour l’ensemble des quartiers, pour séparation des fonctions
(automobile / piétons).
Village Olympique : bâtiments en barre, disposés perpendiculairement les uns par rapport
aux autres, permettant de recréer des rues et des places. Immeubles de type R+4 (R+3 sur
dalle) et 8 tours de type R+15. Bâtiments en béton avec de grandes baies vitrées, de grands
balcons en bois. Une partie est réservé aux Résidences universitaires.
Villeneuve : plus précisément l’Arlequin (1970-72) avec façades colorées. L’espace piéton
est une galerie occupant tout le rez-de-chaussée des immeubles. Ceux-ci forment une
grande barre sinueuse unique entre un par cet la voirie.
La Bruyère : bâtiments en barre
Malherbes : bâtiments en barre, R+10
Bâtiments isolés remarquables : collège de la Villeneuve, tour de la Sécurité sociale,
bâtiment de l’URSSAF (bâtiments récents) ; Ferme Prémol
GRENOBLE 61
I - Enquêtes préparatoires
Caractères fonctionnels
Résidentiel, quelques rares commerces en rez-de-chaussée au Village Olympique et à la
Villeneuve.
Théâtre Prémol au Village olympique, espace 600 à la Villeneuve ; bibliothèques ;
Education (écoles, collèges, école d’architecture, centre de formation) ; stades, piscine
(Villeneuve)
Marché à la Villeneuve.
Caractères remarquables de la vie sociale
Village olympique : boulistes qui jouent le long de la Ferme Prémol ; fête de quartier (juin)
Villeneuve : marché, brocante (automne et printemps), fête de quartier, anniversaire de la
Villeneuve, 31 décembre.
Composition socioprofessionnelle
Hypothèses
Quartiers grenoblois si différents des autres et à l’urbanisme et l’architecture très
caractéristique. On peut se demander comment les habitants perçoivent l’ensemble des
quartiers sud, quelles différences ils font entre les différentes zones.
Comment les perçoivent-ils et les vivent-ils par rapport au centre ville, par exemple.
Le caractère piétonnier de l’intérieur des quartiers, qui donne donc une ambiance spéciale,
est-il vu, vécu, de façon positive ?
Les habitants perçoivent-ils ces ensembles comme « datés » à leurs yeux ?
62
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
GRENOBLE 63
I - Enquêtes préparatoires
64
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
GRENOBLE 65
I - Enquêtes préparatoires
La place Lionel Terray (≈ 50m x 50m) est une des places du Village Olympique. Elle a
été réaménagée vers 1994, en pavés autobloquants, autour d’une pelouse. Des grandes
jardinières, des bancs sous des pergolas où grimpent des rosiers sont disposés tout autour.
Une partie entourée de petites grilles est réaménagée avec des jeux pour les enfants. C’est
une place où il fait très chaud en été car très minérale et sans ombres (les arbres n’ont pas
supporté les travaux). Dans une des barres (R+3 sur la dalle) délimitant la place, le rez-de-
chaussée accueille un bar-PMU (ouvert uniquement dans la journée) qui fait terrasse sur la
place aux beaux jours, un tabac et une grande de pharmacie. (1)
Cette place est souvent animé lors des sorties d’écoles et les samedi et dimanche. C’est un
espace de rencontre et de détente.
Sur la rue Lachenal (l ≈ 10m) donne l’école du même nom. Elle est délimitée par deux
immeubles (R+3) et rejoint la rue Duhamel, (2) un peu plus large (l ≈ 13m), bordées
d’immeubles en R+3 et R+4. Des petites haies de troènes ceinturent le bas d’une des barre,
à droite, pour laquelle correspond le côté où se trouvent les chambres (1). Des arbres sont
66
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
au milieu de la rue, entourés de petites dalles faisant aussi office de banc. On voit au fond
une partie de la Villeneuve (les immeubles de l’Arlequin) et les montagnes en arrière plan.
En continuant tout droit pour emprunter la passerelle enjambant l’avenue Reynoard, on
peut voir la ferme Prémol (ancienne maison de guet du XIIIème siècle) en briques qui abrite
actuellement une ludothèque et une MJC. On passe ensuite devant la halte garderie,
bâtiment assez bas avec un grand toit à quatre pentes en bac acier blanc, lui donnant ainsi
l’allure d’une pyramide aplatie. A côté se trouve la complexe théâtre – bibliothèque –
infirmerie…, bâtiment en béton et charpente en lamellé-collé. Ce bâtiment avait brûlé et
disparu en partie lors d’un incendie criminel vers 1992 (3).
En face se trouvent la Poste et le centre de tri Lionel Terray (4), bâtiment récent en béton
(R / R+1). Derrière se dressent maintenant les bâtiments de la nouvelle ZAC Vigny-Musset
(logements, bâtiments universitaires, Rectorat…).
On arrive alors vers une autre partie du Village Olympique avec des bâtiments réservés au
foyers Sonacotra (5). La petite place Paul Gaspard (6) est complètement plantée d’arbres,
ce qui rend sa traversée très agréable en été. On redescend alors sur la desserte sud (l ≈
20m), axe de circulation réservé à la desserte des parkings de l’Arlequin (sur une portion),
au tramway, aux cyclistes et aux piétons. En face, côté Villeneuve, la clôture grillagée
d’une école maternelle sert de soutien à une vigoureuse végétation.
On traverse les voies du tramway et on continue sur une allée (7), entre l’école et une
petite peupleraie. Des chemins « sauvages » sont tracés sur le sol, endroits où la pelouse a
disparu !
On est alors en vue de la galerie et du kiosque sur la place du marché. On longe la galerie
à distance. Elle est ouverte sur un côté, laissant voir des commerces qui occupent le rez-de-
chaussée (8). On pénètre dans la crique ou se tient le marché, sous le kiosque puis on entre
sous la Galerie de l’Arlequin. Celle-ci fait à peu près la moitié de la largeur de la barre
quand se trouvent des locaux (commerces, galeries…) en rez-de-chaussée, ou qui, sinon
fait toute la largeur (9). Entre les poteaux, on aperçoit des morceaux de la barre. On
poursuit ce chemin jusqu’à un passage à droite, qui permet d’aller dans le parc et au
collège de la Villeneuve, sorte de soucoupe volante carrossée de métal (10).
GRENOBLE 67
I - Enquêtes préparatoires
On débouche finalement sur l’avenue La Bruyère (l ≈ 12m) que l’on traverse au niveau
de la passerelle. Celle-ci fait la jonction entre les quartiers de la Villeneuve et de la
Bruyère et permet de rester au niveau de la dalle (15).
Comme nous traversons au niveau du sol, nous empruntons un petit chemin parmi les
arbres, qui remonte jusqu’au niveau de la dalle. On longe ainsi les bâtiments La Bruyère
(R+10) dont les façades blanches, vertes et roses sont aussi percées de loggias. Certaines
ont des stores, d’autres ont été fermées avec des fenêtres coulissantes (16).
Le petit parc qui se trouve au pied des immeubles et que nous traversons est équipé de
bancs et de jeux pour les enfants.
En suivant le chemin, on arrive à une passerelle en béton qui enjambe l’avenue Malherbe
(17). A ce niveau, les plantations d’arbres s’interrompent et on découvre les pignons des
immeubles du quartier olympique Malherbe. La passerelle permet de surplomber l’avenue
et un grand carrefour où se rencontrent la rue des Alliés, l’avenue Reynoard et l’avenue
Malherbe. De là on a une vue dégagée et imprenable sur le bâtiment moderne de la CAF et
de l’URSSAF avec le Vercors en arrière plan (18). A l’Est, l’avenue est bordée d’arbres
qui, l’été, cachent les bâtiments environnants (19).
68
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Tableau récapitulatif
GRENOBLE 69
I - Enquêtes préparatoires
Bibliographie
« Invasion of Grenoble », Carte de l’invasion de Grenoble par SF Invader du 14 au 17
décembre 1999 (part. de l’Ecole des Beaux Arts de Grenoble)
« Patrimoine de Grenoble », Les Nouvelles de Grenoble, juillet - août 1999, p. 14-15
A. CAYROL -GERIN et M.-T. CHAPPERT , Grenoble ; richesses historiques du XVI au
XVIIIème siècle, éditions Didier Richard, Grenoble, 1991, 94 p .
C OLLECTIF (sous la dir. de J. Guibal), Grenoble, traces d’histoire, éditions Le Dauphiné
Libéré, 1997, 51 p.
C OLLECTIF, L’or gris du grand Grenoble, guide du patrimoine rhonalpin n°25, éditions
patrimoine rhonalpin, Lyon, 1994, 34 p.
J.-F. PARENT, Grenoble, Deux siècles d’urbanisation, Presses universitaires de Grenoble,
Grenoble, 1982
Revue de géographie alpine, n° hors série, « Grenoble et son agglomération – Un siècle de
développement, 1993
S. CORPORON, « Portes du Paradis ou des Enfers », Grenoble Magazine, 1998/99, p. 26-27
S. ORIEL, « Grenoble se découvre en visite », Grenoble Magazine, 1997/98, p. 50-53
70
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
MONTPELLIER
MONTPELLIER 71
I - Enquêtes préparatoires
- Le quartier des Arceaux: peu fréquenté, c'est un quartier résidentiel en bordure de centre.
Désert (peu de proximité avec les cafés, les commerces), il s'articule autour de rues
désertes. Les maisons semblent répondre au goût des propriétaires (maison de type
alsacienne, californienne...) Mais au cours des enquêtes réputationelles, j'ai pu
m'apercevoir que le quartier a rarement été retenu et considéré comme signifiant
montpelliérain.
- Le quartier des Beaux Arts: quartier en pleine rénovation, mais là encore, sans identité
propre. Un quartier résidentiel, un faubourg, à la qualité architecturale peu remarquables. A
peu près équivalent en grandeur que Figuerolles, et situé à la même distance du centre
ville, le quartier enthousiasme peu les montpelliérains, sans doute pour son manque de
"vie".
-Le quartier "derrière la gare": souvent cité mais peu fréquenté. L'architecture y est
relativement disparate (immeubles du 19e siècle, maisons des années 50...). Le parcours
manque de force et d'identité "valable".
- Le quartier des Facs: situé au nord de Montpellier, ce quartier s'étend sur une surface
équivalente au cœur de ville. Principalement fréquentée par des étudiants (cités U, facs...),
les distances séparant les constructions sont trop grandes pour pouvoir compter sur un
trajet de 20 mn à pieds.
72
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
- Trajets retenus:
- Quartier Antigone
- Quartier Figuerolles
- Quartier Vieil Écusson
- Quartier de ville "officiel"
- Recherche des informateurs de Mars 2000 à Juin 2000 auprès de commerçants, voisins et
connaissances:
- 9 entretiens réalisés.
- Une consigne: "Tenter de trouver six parcours d'une vingtaine de minutes, homogènes ou
hétérogènes, permettant de constituer une image architecturale et sensorielle représentative
de Montpellier."
- Entretiens réalisés à domicile ou dans des cafés, à l'aide d'un plan de la ville.
- Durée: 60 mn
- Enregistrement sur cassette
- André S., 50 ans, restaurateur, habitant à la limite du cœur de ville, réside à Montpellier
depuis 23 ans.
- Claudine M., 40 ans, linguiste, habitant dans le quartier Figuerolles, réside à Montpellier
depuis 20 ans.
- Philippe C., 43 ans, architecte, habitant dans le quartier Figuerolles, réside à Montpellier
depuis 22 ans.
- Déborah P., 23 ans, étudiante, habitant au cœur de ville, réside à Montpellier depuis 5
ans.
- Diane M., 25 ans, professeur de philosophie, habitant derrière la gare, réside à
Montpellier depuis 10 ans.
- Jean-Paul G., 47 ans, galeriste, habite dans le quartier des Beaux-Arts, réside à
Montpellier depuis 31 ans.
- Pierre B., 28 ans, maître verrier, habite à la limite du cœur de ville, réside à Montpellier
depuis 10 ans.
- Eve C., 24 ans, étudiante, habite dans le cœur de ville, réside à Montpellier depuis 20
ans.
- Monique C., 57 ans, buraliste, habite dans le quartier des Arceaux , réside à Montpellier
depuis 57 ans.
MONTPELLIER 73
I - Enquêtes préparatoires
74
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Jean-Paul:
"Comme dans toutes les villes, le lieu où j'ai peur, c'est la gare... Et en même temps,
c'est l'un des rares lieu encore habité la nuit, avec les brasseries..."
MONTPELLIER 75
I - Enquêtes préparatoires
Jean-Paul:
"Puis il y a aussi les palmiers, rue Maguelone par exemple: Montpellier doit être la
Méditerranée. Elle veux être une capitale. Elle peut pas être la capitale de la France, c'est
déjà pris, donc elle veut être la capitale de la Méditerranée, parce que personne ne
revendique cela. C'est pas une question d'authenticité. Mais bon, peut être que les gens
croiront que les palmiers faisaient partie de la culture montpelliéraine dans un siècle. "
Monique:
"Un quartier où il y a beaucoup de monde, avec des snacks, des bars, des restaus:
un lieux de passage, pas de charme, pas joli."
La place de la Comédie est crée en 1759. Tout d'abord appelée la Place d'Armes, elle
remplaçait le port de lattes. Elle devient ensuite Place du Palais du Gouverneur. A la
révolution, on l'appelle Place de la Salle de Spectacle et de la Fontaine des Trois Grâces.
A la fin du XIXe, les montpelliérains appellent la place de la Comédie la place de l’œuf, à
cause de forme ovoïde. Au cours des décennies, l'Oeuf a changé de forme et de taille. En
mai 1923, il a été dessiné sur la place avec du marbre de Carrare et entoure la fontaine des
Trois Grâces.
Le sol est constitué d'un quadrillage. En tout, 45 carreaux réalisés à partir d'un carré de
base dont le cadre est en marbre blanc enserrant un remplissage de pierres grises disposées
à la française. Au centre, une pierre carrée, de granit bleu, comprenant le logo de
Montpellier, le "M".
76
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
L'opéra Comédie
L'opéra est construit par l'architecte Bernard Cassien, élève de Garnier. Il réalise une copie
quasi conforme de l'Opéra de Paris, avec ses colonnes corinthiennes et ses frontons
néoclassiques, ses décorations sculptées et ses lanternes baroques et sa salle à l'italienne.
L'allégorie sculptée qui encadre l'horloge de l'Opéra comédie est l’œuvre d'Injalbert. Les
masques et décorations de la façade sont dus à Baussan.
Descriptif de la place
Au fond de la place, sur la gauche en regardant le théâtre, on peut voir deux immeubles
d'angles: le Crédit du Nord, aux formes arrondies, et le Grand Hôtel du midi (1909, Boudes
et Carlier) , qui ouvre la perspective vers la gare.
Au début du XXè siècle, un marché aux vins se tenait tous les mardis à la terrasse des cafés
se trouvant alors à l'emplacement de l'actuel Monoprix.
A la droite du théâtre, au débouché de la rue de la Loge, on trouve, par contre, les maisons
du vieux Montpellier, avec les tuiles rondes et leurs génoises.
A partir de là, le décor devient hausmanien avec le répertoire ornemental emprunté à la
renaissance: atlantes, cariatides, guirlandes, agrafes sculptées, pilastres, frontons, toits en
ardoises avec fenêtres sur combles et coupoles.
L'immeuble Lonjon a été rebaptisé le scaphandrier, à cause de la forme de sa toiture à
bulbe percé d'oculi. De lourdes colonnes à bossages supportent les chapiteaux et des
entablements sculptés qui évoquent, de chaque coté d'un balcon en pierre de taille,
l'alliance de la viticulture et de l'industrie (grappe de raisin, pressoir et locomotive). Sous
les balcons viennent se loger une chouette et des têtes de satyres.
L'actuel cinéma Le Gaumont était les Nouvelles galeries et date de 1889.
Claudine M.:
"Importante: très agréable, un point de rencontre. Tous les gens connaissent. L'été,
il fait très chaud, c'est blanc, il y a personne. La Comédie, c'est le point de ralliement."
Diane:
"Façade officielle de Montpellier, apparence lisse, bien pensée, bien organisée...
Une place que je trouve très belle la nuit, quand il pleut. Mais de jour, je trouve ça et très
commercial et touristique, sans âmes. La décoration des façades, le fait que tout soit utilisé
à des fins commerciales et la population touristique. Ce n'est pas une vie de quartier."
Pierre:
"C'est l'endroit où il y a les quartiers anciens, bourgeois. Tout le quartier Comédie,
c'est quand même un quartier près des gares et qu'au 19e, c'était plus chic d'habiter près des
gares, près de la modernité, d’où les hôtels particuliers, près de l'Esplanade."
André:
"Il y a, depuis dix ans, un sentiment d'insécurité beaucoup plus important. Quand je
me ballade sur la place de la Comédie ou au Peyrou, je ne me sens pas bien , je fais
attention. C'est peut être parce que c'est vide."
Eve:
MONTPELLIER 77
I - Enquêtes préparatoires
Descriptif de la rue
Au début de la rue, à droite, un Mac Donald qui fait l'angle. La rue monte légèrement
jusqu'à la place Jean Jaurès. Des magasins de vêtements, de chaussures et de lunettes se
partagent la rue.
Le sol, autrefois pavé, a été réaménagé il y a deux ans: des dalles couleurs sable.
On perçoit des zones de fraîcheur, grâce aux rues Jean Moulin et Jacques Cœur et, plus
loin, rue des trésoriers de France. Cette rue, très étroite, laisse entrevoir un Montpellier
plus typique, plus ancien. On se sent plus dans la ville.
Les immeubles modernes côtoient les vieilles constructions (XVIIIè).
Il n'y pas d'arbres ou d'espace vert.
Monique:
"... assez bourgeois, c'est le centre du commerce."
Descriptif de la place
Au milieu de la place trône la statue de Jean Jaurès. Des bars encadrent la place; celle-ci
est donc principalement occupée par des terrasses. La journée, la place n'est pas très
bruyante mais la nuit, l'été, le son techno des cafés est assourdissant. C'est une place
vivante l'été et non pas l'hiver.
En haut de deux immeubles, quelques graphs de grande dimension.
Le premier espace/place aux dimensions humaines.
Jean-Paul:
"Avant, j'allais place Jean Jaures, et puis maintenant on se croirait aux Halles, à
Paris."
Jean-Paul:
78
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
"Pour parler d'une ambiance, Montpellier est assez bâtard, assez faux. Le matin, il y
a quelques marchés, mais on n'y crois pas. Il y a la volonté de faire provençal, mais ca ne
marche pas. Les gens viennent là parce que ce sont des primeurs qui vendent leurs
légumes, les habitants qui vont au marché sont des vieux qui vont au centre parce que c'est
près...
Mais c'est tout. La volonté de mettre en scène, alors que c'est uniquement des lieux de
ravitaillement. Ce coté marché aux fleurs, on dirait un pims: "regardez comme c'est joli"...
Il y a du bleu, du jeune, du vert, on a envie de vomir. Tout est comme ça. Le marché Plan
Cabanes, c'est presque un vrai marché, c'est plus sauvage, mais, en comparaison avec ce
qui se passe au centre, tu te sens agressé, alors que c'est un marché normal.
Montpellier, je le vois comme ça: il y a cette place où il a tout ces restaurants. Les
touristes se disent: "Oh, la, la, que cette ville est belle !", C'est Montmartre, il manque trois
peintres... "
Pierre:
"C'est peut être la rue Foch, rue d'apparat, qui divise le centre ville, mais autrement,
j'ai l'impression que c'est un peu méli-mélo."
Philippe:
"Une vitrine de la ville. Des grandes rues commerciales de passage."
MONTPELLIER 79
I - Enquêtes préparatoires
Où que l'on soit, on peut voir les emblèmes de Montpellier: la cathédrale St Pierre, l'église
St Anne... En passant sous l'arc de triomphe, on sent bien que l'on quitte la ville: le pont, la
visualisation des vestiges de rempart...
Monique:
"...assez touristique, à voir pour le point de vue de la ville au Peyrou."
Eve:
"Les Arceaux et le Peyrou (qui représente Montpellier) sont implantés
historiquement. "
a) RUE MAGUELONE
b) PLACE DE LA COMÉDIE
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I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
d) RUE FOCH
MONTPELLIER 81
I - Enquêtes préparatoires
e) JARDI N DU PEYROU
f) TOTAL:
Le nombre de logements vacants est relativement élevé par rapport au nombre total de
logements. Il y a légèrement moins d'habitants par appartements que dans les trois autres
parcours précédents.
82
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
MONTPELLIER 83
I - Enquêtes préparatoires
84
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
- 0 à 14 ans 28 0 16 8 4 48 0 4
- 15 à 24 ans 124 0 4 40 8 68 0 8
- 25 à 39 ans 124 0 28 40 40 92 24 4
- 40 à 59 ans 128 8 72 44 64 72 8 12
- 60 où + 136 24 92 8 32 4 4 0
Ensemble des
Résidences principales 9192 / 100,0 744 16312
STATUT:
- propriét. 2800 / 30,5 52 5272
- loc. ou sous loc. 5708 / 62,1 660 9844
- logé gratuitem. 684 / 7,4 32 1196
CONFORT:
- ni baign., ni douc.,
sans wc inté. 204 / 2,2 56 256
- ni baign., ni douc,
avec wc inté. 384 / 4,2 44 472
- baign., douch.,
sans wc inté. 424 / 4,6 44 620
- baign. ou douch.,
wc int., ss chf cent. 1636 / 17,8 212 2864
- baign. ou douch.,
wc inté., avec chf cent. 6544 / 71,2 388 12100
Nombre de voit.
de tourisme:
- ménag. ss voitu. 4200 / 45,7 468 5792
- ménag. avec 1 voit. 4232 / 46,0 388 8268
- ménag. avec 2
ou + voit. 760 / 8,3 52 2252
MONTPELLIER 85
I - Enquêtes préparatoires
86
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
MONTPELLIER 87
I - Enquêtes préparatoires
12 - Promenade du Peyrou
88
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Descriptif de l'endroit
L'Esplanade commence à hauteur de la première fontaine octogonale et de l'ancien mess
des officiers (aujourd'hui rebaptisé pavillon de l'hôtel de ville), accolé à l'office du
tourisme.
A droite de l'Esplanade, se trouve le jardin aménagé sur l'ancien champ de Mars. Le glacis
entre la ville et la citadelle, longtemps lieu de décharge, a été remblayé et aplani, (d'où le
nom d'esplanade) dès le début du XVIIIè siècle, et planté de trois rangées d'ormeaux.
Devenus centenaires, ils ont remplacé les platanes.
Lieu de manifestations civiles et militaires, l'esplanade accueillait, au XIXè siècle, les
foires d'avril et d'octobre.
En remontant l'Esplanade vers le Corum, remarquer, sur la droite, la façade de l'ancien
cinématographe Pathé, devenu centre Rabelais. Dans les années 70, un placage cachait
MONTPELLIER 89
I - Enquêtes préparatoires
Jean-Paul:
"Le kiosque Bosque, c'est un des premier bâtiment public en béton, c'est quelque
chose de très beau. Mais avec le Corum droite, le musée Fabre en face... Tu te mets au
centre et tu regardes... Sans parler des statues, parce qu'il y a une statuaire à Montpellier
qu'il faut signaler...
En un panoramique, tu as n'importes quoi... C'est en plein centre: soit les montpelliérains y
passent continuellement, soit les touristes y passent, ça renvoie une image... Alors peut être
que la municipalité est ravie que les touristes passent par là pour voir le Corum, qui est une
de ses réalisation."
Pierre:
"...qui est un beau bâtiment."
Jean-Paul:
"Pour montrer (c'est pas une vision réactionnaire ou passéiste) qu'à des époques, la
notion d'ensemble a été pensée. On traverse la rue Montpellier et, la rue de l'Aiguillerie,
avec ses petits repères, des cafés où chacun trouve sa place. "
Claudine M.:
"C'est très facile de se perdre dans les petites rues, je n'ai pas de parcours précis.
C'est une sorte de maillage. Pour moi, c'est le vieux Montpellier. "
90
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Jean-Paul:
"Tu as le bâtiment de la Poste, début du siècle, la Préfecture, avec un rajout d'il y a
20 ans, une monstruosité. Un immeuble du 17 siècle, de toute beauté et au milieu, tu as
cette fontaine, des années 70, une espèce de post-Moore, qui est même pas immonde, on ne
sait même pas ce que c'est. Là, il y a deux panoramiques : du n'importe quoi. Sur ces deux
endroits kitsch, personne n'est bien... Je crois que chacun essaie de trouver son coin. Moi,
je vais place du Marché au Fleurs, en retrait. "
MONTPELLIER 91
I - Enquêtes préparatoires
Diane:
"La place Candolle qui est un centre du quartier. Il n'y a pas d'unité dans les
constructions : entre St Pierre, Candolle, le conservatoire qui fait carrément bâtiment
colonial... Des choses différentes mais qui parviennent à s'unifier.
Au centre-centre, la vie de quartier se calque sur le commercial, avec des sorties de
population calquées sur les horaires de boulot. Dans le quartier Figuerolles et le quartier
Candolle, il y a une certaine indépendance."
Pierre:
"Tout ce quartier, un dédale qui a un intérêt architectural, vrai vieux centre. Un
quartier gitan principalement. Dans le coin, il y a une super gargouille avec un cheval, mais
je peux pas dire où précisément."
Eve:
"...quartier gitan, populaire, faculté de médecine."
Philippe:
"Population: vieille population montpelliéraine. Dans ces quartiers, on peut trouver
des montpelliérains d'origine. L'ambiance des petites rues, des petits café, des petits
commerces de proximité."
André:
"Le lieu que je n'aime pas fréquenter, c'est le lieu des gitans, la place Candolle."
Descriptif de la Cathédrale
Le parvis de la cathédrale est pavé en "Caillade", avec des galets formant des motifs,
pavage très répandu dans le Midi.
La cathédrale, bâtie sur l'église St-Benoît, mesure 100 mètres de long et occupe un ancien
ravin.
La façade principale est précédée d'une sorte de baldaquin sur deux tours rondes terminées
en poivrières et appuyant sur deux autres retombées sur la façade. Celle-ci, refaite au
XVIIIè siècle, est aussi nue que possible. Elle se compose d'un grand portail flanqué de
deux pilastres triangulaires sur lesquels ont été creusés des panneaux de style classique. la
grande baie est divisée par un trumeau en pierre fruste. Le reste du haut mur qui clôture la
nef au dessus du portail est amplement percé d'un occulus.
92
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Ce portail, entouré de deux grandes tours carrées, massives et sans ornement, donne à la
cathédrale l'aspect d'une forteresse.
La partie ancienne de la cathédrale, à l'intersection du transept et de la nef, se termine par
deux autres tours du même style que celles de la façade.
Au transept commence les constructions élevées pendant la seconde moitié du XIXè siècle.
la façade du bras oriental, dégagée à l'extérieur de la rue, a été décorée d'un portail de style
gothique. C'est le grand portail de la Vierge.
A l'étage inférieur, on voit, coté gauche, "l'adoration des Mages", au coté droit
"l'Ensevelissement du Christ". le deuxième degré sculpté représente le "Couronnement de
Marie".
Diane:
"J'adore Saint Pierre, son toit, cette perspective..."
Pierre:
"La cathédrale est un monument spectaculaire."
Claudine:
"Quartier St Pierre, c'est pas très agréable, il n'y a rien, je n'y vais jamais. J'y vais
pour faire visiter à des amis étrangers, mais c'est vraiment du tourisme."
MONTPELLIER 93
I - Enquêtes préparatoires
d) RUE DE L'UNIVERSITÉ
94
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
e) TOTAL:
On peut noter que le nombre d'habitants par résidence principale correspond au quotas des
deux autres quartiers vus précédemment. Le nombre de logements vacants (277) est
relativement élevé par rapport au nombre de logements (1432).
MONTPELLIER 95
I - Enquêtes préparatoires
Encore une fois, la majeur partie de la population se partage les tranches d’âges 20/39 et
40/59 ans. La population du troisième age est également relativement élevée. De plus, la
population féminine est encore une fois majoritaire.
96
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Les personnes sans activités professionnelles (82) sont majoritaires. viennent ensuite les
anciens ouvriers et employés (76), lles anciens cadres et professions intermédiaires (73),
les cadres, fonctions publiques, les professions intellectuelles et artistiques (32), les
enseignants, la fonction publiques, les métiers touchant à la santé (41)... Encore une fois,
les ouvriers agricoles (12), les agriculteurs exploitants (10) et les chefs d'entreprises (23)
sont en minorité.
MONTPELLIER 97
I - Enquêtes préparatoires
- 0 à 14 ans 28 0 16 8 4 48 0 4
- 15 à 24 ans 124 0 4 40 8 68 0 8
- 25 à 39 ans 124 0 28 40 40 92 24 4
- 40 à 59 ans 128 8 72 44 64 72 8 12
- 60 où + 136 24 92 8 32 4 4 0
La population étrangère est relativement nombreuse (8,4%). Les classes d'âge de celles-ci
varient légèrement par rapport à celles rencontrées auparavant. En effet, même si les 25/39
ans restent encore majoritaire, le chiffre des 15/24 ans est égal à celui des 40/59 ans. Dans
cette population étrangère, on peut trouver une majorité d'espagnols et de marocains.
98
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Ensemble des
résidences
principales 9192 / 100,0 744 16312
STATUT:
- propriét. 2800 / 30,5 52 5272
- loc. ou sous loc. 5708 / 62,1 660 9844
- logé gratuitem. 684 / 7,4 32 1196
CONFORT:
- ni baign., ni douc.,
sans wc inté. 204 / 2,2 56 256
- ni baign., ni douc,
avec wc inté. 384 / 4,2 44 472
- baign., douch.,
sans wc inté. 424 / 4,6 44 620
- baign. ou douch.,
wc int., ss chf cent. 1636 / 17,8 212 2864
- baign. ou douch.,
wc inté., avec chf cent. 6544 / 71,2 388 12100
Nombre de voit.
de tourisme:
- ménag. ss voitu. 4200 / 45,7 468 5792
- ménag. avec 1 voit. 4232 / 46,0 388 8268
- ménag. avec 2
ou + voit. 760 / 8,3 52 2252
La plupart des habitants sont locataires et sous locataires. Mais l'importance du nombre de
propriétaires est à remarquer. La majorité des logements est salubre, bien qu'une grand
partie (256) de logements ne comportent ni douche, ni baignoire ou WC intérieur. Encore
une fois, la majorité des ménages disposent d'une voiture. Mais là encore, 5792 personnes
ne disposent d'aucun véhicule.
MONTPELLIER 99
I - Enquêtes préparatoires
100
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
MONTPELLIER 101
I - Enquêtes préparatoires
102
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
FIGUEROLLES
Claudine M:
"Ca, c'est une ballade que j'aime faire. C'est un vieux quartier populaire, où tout le
monde connaît tout le monde, où il y a plein d'histoires... Le quartier de Figuerolles, même
si je me sens dans Mtp, on est quand même à l'extérieur."
Diane:
"On retrouve plus facilement l'âme de cette ville dans des quartiers qui sont des
faubourgs, des petites sphères accolées, plutôt que dans l'Écusson. Si ce n'est dans le
quartier Candolle.
A Figuerolles, il y avait une opération d'amélioration de l'habitat etc..... La municipalité
voulait faire de Figuerolles un quartier formaté à l'identité de Montpellier. Les gens ont
gueulé, et ça c'est pas fait."
Jean-Paul:
"Figuerolles, je connais pas bien, mais c'est le proche et la favela, chacun y trouve
sa place... A Figuerolles, la population arabe s'est bien intégrée, elle s'est bien approprié le
quartier. Ca renvoie une image ethnique qu'on retrouve dans mon quartier à moi. Ici, il y a
plus de vieux montpelliérains, mais c'est Astérix aussi."
Pierre:
"Comme lieu de vie, il y a rien à voir, c'est plus une question d'ambiance. Mais
pour moi, Figuerolles est déjà périphérique. Tout est fait pour délimiter l'Ecusson et les
quartiers périphériques."
MONTPELLIER 103
I - Enquêtes préparatoires
Déborah P.:
"Là, tout change, les gens, les boutiques. Il y a le marché arabe, c'est plus populaire.
Claudine M:
"C'est une promenade, c'est agréable."
Diane:
"Centre du quartier arabe. C'est dépaysant parce que c'est un quartier à part entière
de Montpellier. Passer de la Comédie à ce lieu là, c'est carrément de l'exotisme, ça n'a plus
rien à voir. Plan Cabanes fait partie de Montpellier. Une belle vie de quartier: tout est
préservé, c'est vivant, sale."
104
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
On commence à perdre les repères du centre ville: d'une part et d'autre du boulevard, des
groupes se forment en plein milieu du trottoir affairé à regarder et à attendre. Certain
vendent des herbes provençales, d'autres des montres de provenance douteuse.
Claudine M:
"On se croirait au souk de Marrakech, les gens étrangers au quartier disent qu'il faut
pas prendre cette rue le soir. Et on arrive sur Tati. On s'arrête, on regarde."
Claudine M:
"C'est une ballade que j'aime bien faire."
MONTPELLIER 105
I - Enquêtes préparatoires
65 + 41 + 52 + 44 + 25 + 21 + 42 + 51 + 74 + 23 + 47 + 195 = 680
Nbr de logements vacants:
17 + 9 + 12 + 12 + 7 + 3 + 11 + 11 + 10 + 6 + 9 + 35 = 142
Nbr de résidences secondaires:
1 + 3 + 2 + 2 + 0 + 0 + 2 + 0 + 2 + 0 + O + 2 = 14
Nbr d'habitants par résidence principales:
1,7 + 1,9 + 1,7 + 1,3 + 1,2 + 1,2 + 1,4 + 1,6 + 1,6 + 1,6 + 1, 4 + 1,5 = 18/12 = 1,5
Nbr de logements:
87 + 54 + 67 + 58 + 33 + 24 + 56 + 63 + 93 + 30 + 58 + 237 = 860
106
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
d) TOTAL:
Encore une fois, la classe d'âge dominante est celle des 20/39 ans. Mais, contrairement au
quartier Antigone, la population agée est relativement importante. On peut encore une fois
noter l'importance de la population féminine.
MONTPELLIER 107
I - Enquêtes préparatoires
- Artisans 48 / 0,8
- Commerçants 96 / 1,6
- Techniciens 72 / 3,2
108
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
- 0 à 14 ans 4 0 4 0 0 12 0 8
- 15 à 24 ans 8 0 4 0 0 28 0 0
- 25 à 39 ans 32 8 8 4 4 28 8 4
- 40 à 59 ans 32 0 28 4 4 40 8 0
- 60 où + 16 0 12 0 0 4 0 0
La population du quartier Figuerolles est nettement plus étrangère que celle du quartier
Antigone. On peut compter 5,1% de population immigrée, la plupart se constituant de
marocains et d'espagnols. La tranche d'âge concernée est celle des 25/39 ans et celle des
40/59 ans.
MONTPELLIER 109
I - Enquêtes préparatoires
STATUT:
- propriét. 1084 / 36,9 12 2208
- loc. ou sous loc. 1664 / 56,6 128 3284
- logé gratuitem. 192 / 6,5 8 368
Confort:
- ni baign., ni douc.,
sans wc inté. 48 / 1,6 16 64
- ni baign., ni douc,
avec wc inté. 24 / 0,8 0 32
- baign., douch.,
sans wc inté. 84 / 2,9 4 176
- baign. ou douch.,
wc int., ss chf cent. 296 / 10,1 24 556
- baign. ou douch.,
wc inté., avec chf cent. 2488 / 84,6 104 5032
Nombre de voit.
de tourisme:
- ménag. ss voitu. 868 / 29,5 80 1328
- ménag. avec 1 voit. 1752 / 59,6 48 3644
- ménag. avec 2
ou + voit. 320 / 10,9 20 888
110
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
MONTPELLIER 111
I - Enquêtes préparatoires
112
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
ANTIGONE
MONTPELLIER 113
I - Enquêtes préparatoires
façon ouverte sur la mer, en suivant un axe ponctué par des places et des artères réparties e
éventail vers l'est.
Cet axe s'inspire de celui qui, vers l'ouest, a structuré Montpellier lors des siècles
précédents et dont la colonne vertébrale, véritable cordon ombilical car source de vie, fut
l'Aqueduc des Arceaux. L'eau du Lez n'arrivant plus par la "rigole" de Pitot, la ville a ainsi
décidé de rejoindre elle-même la rivière.
L’œuvre de Bofill et son équipe, plaquée de pilastres et de frontons antiques,
s'articule sur des charnières en forme de colonnes doriques et défie sur ses corniches les
lois de l'apesanteur. Cette hardiesse fut rendue possible par l'usage du béton armé que l'on
teinta dans la masse pour évoquer la pierre de taille, dite "de Castries", ce calcaire
coquillier cher aux ouvrages de prestige de l'Ancien Régime.
Le chantier démarra en 1982 par la place circulaire du Nombre d'Or et se développa vers
l'Est par les places du Millénaire, de Thessalie et du Péloponnèse jusqu'au Port Juvénal sur
le Lez et ses guinguettes centrées dans l'immense arc de cercle de l'esplanade de l'Europe.
- Entrée du Polygone
- Traverser le Polygone (aller tout droit, prendre deux escalators pour arriver à la sortie du
bâtiment)
1975: Inauguration du centre commercial du Polygone. Depuis la place de la
Comédie, il est aisé de rejoindre Antigone en longeant l'immeuble vertigineux du Triangle
contre lequel s'adosse la librairie Sauramps, puis en traversant le centre commercial du
Polygone qui fut dans les années soixante-dix l'un des premiers sur plusieurs niveaux. Le
mot Polygone rappelle le champ de tir qui dépendait autrefois de la citadelle. Il faut
descendre d'un niveau dans cette grosse ruche climatisée pour trouver à travers les galeries
Lafayette la sortie opposée qui s'ouvre sur les "Échelles de la ville".
Eve: "C'est un sas qui fait passer d'un endroit à un autre."
- Place du Millénaire
Longiligne, elle est censée ressembler à un cirque romain. En son milieu, un canal
est bordé de cyprès. La galerie ouverte des immeubles de la place forme un portique. Trois
architectes et deux promoteurs ont ici donné des signatures différentes aux immeubles qui
abritent 210 logements de standing.
- Place de Thessalie
114
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
- Allée de Delos
Diane:
"C'est pas un endroit que j'aime particulièrement mais je trouve que c'est un endroit
tellement important dans la physionomie de Montpellier.
L'atmosphère réelle du quartier Antigone n'est réellement rendue que lorsqu'on passe par
là. La nuit, s'y on passe par le Polygone, les magasins sont fermés, c'est très bizarre.
On peut prendre n'importe quelle rue, ça n'a aucune importance. J'ai l'impression d'être
dans un décor. Le jour c'est évident, mais la nuit, c'est encore plus criant. Ca a l'air limite
habité, ce n'est pas vivant. Ce n'est pas un endroit conçu pour qu'on y vive. La volonté
affichée était d'en faire un pôle excentré qui soit une espèce de renouveau, ce qui ne
marche pas du tout. La plupart des immeubles ne sont pas habités, c'est désertique, je
trouve que c'est fascinant. C'est cinématographique. On se sent dans un espèce de décalage.
C'est comme des ruines, c'est mégalo: on entre dans la pensée pure de quelqu'un.
Mais on a l'impression que comme ça ne marche pas, il y a une volonté d'en faire encore
plus, rajouter, rajouter...
Les gens qui choisissent d'aller là bas choisissent l'option de la tranquillité, une volonté
délibérée de se mettre à l'écart de tout ce qui peut être agitation.
Je me sens très mal à l'aise dans ce quartier parce qu'il n'y a personne. Moi, je trouve qu'ils
sont en train de bousiller cette ville, avec Antigone. Ca veut dire, qu'en toute logique, ça
deviendra un lieu de ballade et de loisir. Les gens qui viendront s'installer ici, auront, pour
la plupart, l'automatisme d'aller à Antigone, parce qu'il y a des parkings, pas de bruits, qu'il
n'y a pas le coté "sale" de la ville... Et puis cette manie de reconstruire, déplacer, ça me fait
rire. Les statues place de la Comédie ont été enlevées pour la construction du tramway.
Mais il parait, qu'en fait, elles vont se retrouver à Antigone. "
Jean-Paul:
"J'y passe pas, comme beaucoup de monde. Il n'y a que les touristes qui y vont.
C'est pas intéressant. Antigone, c'est pas un signe d'urbanisme, c'est un signe de pouvoir,
une décision d'un équipe au pouvoir. Avant Antigone, il y a eu le Polygone et le triangle.
C'est la décision du pouvoir précédent, c'est pas plus laid, c'est pas plus moche. Puisqu'il
est question d'emmener Montpellier vers la mer, donc, ça prend la direction. Pour moi, si
MONTPELLIER 115
I - Enquêtes préparatoires
on veut montrer Montpellier, on doit rester dans l'Écusson. Le reste, à la limite, faire le
reste en voiture.
Je pense que dans tout ces nouveaux bâtiments, quand il y en a de qualité, on le
remarque. Mais la piscine Antigone, est ce qu'elle est jolie ou est ce que Antigone est très
laid ?
Il y a la nouvelle fac de droit qui est pas mal, mais pareil, ils ont mis l'échangeur posé à
coté... L'hôtel de région un peu plus loin, là encore, il y a une cacophonie sans nom. C'est
rigolo. "
Pierre:
"Pour montrer ce qui est une erreur dramatique, un quartier résidentiel sans
commerce, sans vie, sans aucun intérêt. De toute façons, on a pas besoin de marcher
beaucoup. On marche vite: il y a rien à voir. Il y a que le marché bio, le dimanche, qui est
excellent. Tu te demandes ce qu'il vient faire à Antigone... J'ai habité Antigone pendant six
mois. La nuit, tu sors pas, tu as l'impression que tu va te faire égorger et si tu te fais
égorger, personne ne criera. Tu es vraiment loin de l'individu, de l'échelle humaine. C'est
un quartier mort, il y a rien à faire. Antigone, cette jolie cité moche."
André:
"Pour moi, ce sont des lieux de résidence. Pour un photographe, c'est du pain béni,
mais je ne pourrais pas y vivre. C'est trop imposant. Ce que Ricardo Bofill a essayé de
faire, c'est créer un quartier ou genre HLM pour que les gens soient fiers de leurs
appartements ou leur maisons. C'est trop massif, c'est imposant, ça écrase les gens. "
Eve:
"Antigone, une greffe qui a du mal à prendre vie."
Philippe:
"Antigone, c'est dramatiquement intéressant. Nouveaux quartiers. Un des gros
échecs, ça a été le collage d'origine à la ville, de tourner le dos entièrement à la ville. Il y a
avait aucune traversée jusqu'à il y a 4, 5 ans. Il y a eu des bricolages de fait, on a ouvert la
place du Nombre d'Or très récemment. On essaie de créer des marchés à Antigone pour
que ça vive un peu plus. Ca vie de fait. Tous les inconvénients d'une architecture très
dense, en particulier sur l'espace Richter."
Claudine M.:
"Je le prendrais comme empêchement de circuler. Je le prends comme une
obligation pour aller à la piscine. Ca m'ennuie, je n'aime pas du tout aller la bas. J'aime pas
du tout. Ce n'est pas un coin où je vais. Mais j'aime bien le Lez, le tour, le soir, avec les
restau. Une ballade de Mtp, pour se promener."
116
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
POLYGONE/PASSAGE HERMÈS
TOTAL:
MONTPELLIER 117
I - Enquêtes préparatoires
- Artisans 52 / 0,9
118
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
- Techniciens 80 / 1,4
MONTPELLIER 119
I - Enquêtes préparatoires
Pop. Totale 96 24 28 0 24 48 12 0
- 0 à 14 ans 0 0 0 0 4 4 0 0
- 15 à 24 ans 12 4 4 0 8 16 4 0
- 25 à 39 ans 28 4 4 0 8 16 0 0
- 40 à 59 ans 40 8 20 0 4 12 8 0
- 60 où + 16 8 0 0 0 0 0 0
120
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Ensemble des
résidences
principales 2904 / 100,0 120 5760
STATUT:
- propriét. 924 / 31,8 20 1904
- loc. ou sous loc. 1908 / 62,3 92 3496
- logé gratuitem. 172 / 5,9 8 360
CONFORT:
- ni baign., ni douc.,
sans wc inté. 0 / 0,0 0 0
- ni baign., ni douc,
avec wc inté. 4 / 0,1 0 4
- baign., douch.,
sans wc inté. 64 / 2,2 16 128
- baign. ou douch.,
wc int., ss chf cent. 108 / 3,7 4 188
- baign. ou douch.,
wc inté., avec chf cent. 2728 / 93,9 100 5440
Nombre de voit.
de tourisme:
- ménag. ss voitu. 708 / 24,4 40 952
- ménag. avec 1 voit. 1824 / 62,8 76 3676
- ménag. avec 2
ou + voit. 372 / 12,8 4 1132
MONTPELLIER 121
I - Enquêtes préparatoires
122
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
11 - Hôtel de ville
MONTPELLIER 123
I - Enquêtes préparatoires
124
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
PARIS
PARIS 125
I - Enquêtes préparatoires
1. Chronologie
De janvier à mai 2000, nous avons mené parallèlement des entretiens auprès de plusieurs
informateurs potentiels et recherché des terrains d’enquête, in situ. Guidés par les
orientations proposées par nos interlocuteurs et par notre propre connaissance de la ville,
nous avons déambulé dans divers quartiers de Paris, rues, ruelles, impasses… Au terme de
cette première approche, quatre terrains ont été sélectionnés.
Dans une seconde étape, de juin à juillet 2000, nous avons revisité les lieux retenus pour y
déceler les pôles, les contrastes, les fantaisies architecturales…, y observer les pratiques
habitantes, le rythme… Ainsi, il a été possible de tracer un parcours d’enquête présentant
différents niveaux d’intérêt. Nous avons alors pu photographier ce qui évoquait,
représentait, l’architecture et les ambiances rencontrées.
Avant de rechercher des informateurs, les critères, massifs, que nous avions privilégiés
étaient : un parcours dans les « beaux quartiers » où le monumental est présent, un autre
dans une ZAC, un secteur récent ou en train de se construire, enfin, un troisième dans un
quartier « populaire ».
Nous avons constaté la difficulté d’établir une typologie des quartiers même si, a priori, on
peut distinguer ceux qui ont un côté « village » comme « la Mouffe » (Mouffetard) ou la
Butte aux Cailles, des quartiers plus haussmanniens organisés autour d’axes importants, ou
encore des ZAC récentes où l’architecture contemporaine domine. La notion même de
quartier est très floue : elle renvoie à l’existence et à la perception d’une unité urbaine,
mais les limites n’en sont jamais complètement fixées. L’urbaniste qui établit des
périmètres d’étude et cherche à anticiper l’évolution du quartier pour éventuellement la
réorienter tient compte des « centralités » existantes, des « agréments qu’offre l’espace
public », des ambiances des rues (animées, commerçantes, résidentielles…). Il délimite en
fonction d’une cohérence objective un quartier. L’habitant, comme le fait remarquer une
plasticienne urbaniste que nous avons rencontrée, peut en éprouver la cohérence mais il
perçoit également les vides qui le composent. Et puis, le quartier, c’est aussi une
communauté.
Nos interlocuteurs ont énuméré des rues et des pôles susceptibles d’intérêt dans le cadre de
l’enquête. Ils ont ainsi mis en évidence différents critères :
- la mutation : certains quartiers connaissent ou ont connu des changements -
population, usages, architecture… - ainsi, Oberkampf, Bastille ;
- le contraste : architecture ancienne et contemporaine, environnement sonore
bruyant ou non, lieux animés et vides… Ceci concerne aussi bien les contrastes
entre les terrains d’enquête (ainsi du point de vue sonore, comment ne pas
126
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Nous sommes partis en quête de terrains présentant à la fois une unité et une certaine
hétérogénéité, l’équilibre entre les deux pouvant définir l’ambiance ou les ambiances du
secteur. Nous avons prêté attention à l’architecture et avons compris la difficulté à
l’observer donnant ainsi raison à l’un des architectes que nous avons consultés : « on n’est
pas assez loin de la chose pour avoir un rapport d’observation de l’extérieur » dit-il, et lui
préfère « les promenades où on se sent dedans ».
Nous avons organisé une réunion sur le thème des promenades architecturales
représentatives de Paris, rassemblant :
- un urbaniste et sociologue en poste au ministère de l’équipement, logement et
transports,
- une architecte : après une expérience en agence parisienne, elle travaille
aujourd’hui dans le parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse,
- un critique d’art, médiateur délégué de la Fondation de France.
En dépit des difficultés à établir des typologies, on regroupera les terrains prospectés selon
un critère qui nous semble dominant :
Quartiers « populaires » et en mutation pour les deux, voire les trois premiers :
- Oberkampf (11e) : rue Oberkampf et rues adjacentes
- les Amiraux (18e) : rues de Championnet, de Clignancourt, des Amiraux…
- de la Porte de Bagnolet jusqu’au cimetière du Père-Lachaise (20e) : la campagne
première, place Edith Piaf, rues bordées de petits immeubles récents (rue des
Prairies…) ou anciens (rues Marey, Montiboeuf)
- Ménilmontant (20e) : autour de l’église Notre-Dame de la Croix
PARIS 127
I - Enquêtes préparatoires
- ZAC Citroën (15e) : depuis le parc, rues Balard et adjacentes jusqu’au rond-Point
du pont Mirabeau
- quartier de la TGB (13e) : les quais, la rue du Chevaleret… jusqu’au boulevard
Masséna
« Beaux quartiers » :
- autour de la place du Trocadéro (16e)
- autour de l’avenue Foch (16e)
- Passy, la Muette (16e)
« Village » :
- Mouffetard (5e) : Place Monge, rues Clovis et du Cardinal Lemoine au nord, toutes
les rues adjacentes
Historique :
- Ile Saint-Louis (4e)
- Marais (4e) : autour de la station de métro Saint-Paul
Finalement, au terme de nos promenades, des allers et retours effectués dans ces quartiers,
nous avons retenu :
- Mouffetard
- Oberkampf
- Bercy
- du Trocadéro à la rue de la Pompe
128
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
PARIS 129
I - Enquêtes préparatoires
MOUFFETARD
130
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
MOUFFETARD22
22
Outre nos propres observations, la présentation de ce terrain s’appuie sur les articles consacrés au quartier
Mouffetard dans Paris-Projet, n°32-33, APUR, 1998 :
- BRESLER, Henri. Un faubourg au cœur de la ville, pp.56-71 ; cet article rend compte de la mission d’étude
sur le quartier Mouffetard que l’APUR lui avait confiée en 1992 ;
- LE BOUDEC, Bertrand. La mémoire des paysages, pp. 72-79 ;
- La règle renouvelée, pp. 80-84 ; ce dernier article a été rédigé à partir des études de l’APUR menées par
Michel COUGOULIEGNE et Eric GALMOT et de la Direction de l’aménagement urbain et de la
construction.
PARIS 131
I - Enquêtes préparatoires
1. Historique23
La rue Mouffetard suit le tracé d’une ancienne voie romaine. Au Moyen-Age, le bourg
Saint-Médard développe des activités rurales ; en contrebas, la Bièvre favorise des activités
de boucherie, tannerie, filage…
Au début du XIXème siècle, l’ouverture des rues Clovis et Ulm permet de desservir les
institutions pédagogiques (Ecole Normale Supérieure et Ecole Polytechnique) qui
succèdent à des institutions conventuelles. Ces deux rues marquent désormais les limites
du quartier Mouffetard où « s’entasse une population indigente qui attire les soupçons.
(…) Au XIXème siècle, Mouffetard devient le lieu privilégié du Paris des « mystères »,
avec ses repères de ferrailleurs, de chiffonniers, avec ses cours et ses passages où l’on
craint de s’aventurer …»24 Les travaux d’Haussmann modifieront peu le quartier qui se
trouve enserré et protégé entre les rues Monge et Claude Bernard.
2. Morphologie
La rue Mouffetard, dite « La Mouffe », longue de 605 mètres, structure le quartier. Elle
commence rue Descartes au nord et se termine à la hauteur de l’église Saint-Médard (photo
n° 21). La rue de Bazeilles, dans son prolongement, constitue une transition vers le
23
Ce paragraphe s’appuie essentiellement sur :
- l’article de Henri BRESLER, op. cit.
- LE MOEL, Michel. Vie et histoire du Vème arrondissement. Ed. Hervas, 1987.
24
BRESLER Henri, op. cit., p. 58.
25
Voir article « La règle renouvelée », op. cit.
132
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
carrefour de l’avenue des Gobelins et des rues Claude Bernard et Monge (photo n° 24). La
place de la Contrescarpe, créée en 1853 par la démolition de maisons insalubres à l’angle
des rues Mouffetard et de la Contrescarpe, se trouve au cœur du quartier (photos n° 4 et 5).
* Architecture :
La rue Mouffetard offre une grande homogénéité architecturale : les immeubles des
XVIIème et XVIIIème siècles, de faible hauteur, aux façades lisses, comportent des
ouvertures identiques ; les rez-de-chaussée ouvrent sur des boutiques (photos n° 3, 4, 6, 8,
15 et 19). Ces bâtiments ont subi des modifications au cours du temps comme des
surélévations ou réunions de deux parcelles. Mais Henri Bresler peut écrire à propos de la
rue Mouffetard : « La rue Mouffetard est bel et bien une rue de l’âge classique, une rue
cartésienne bordée de « maisons types » qui, malgré les aléas de l’histoire, la dominent
dans l’ensemble et attestent de l’homogénéité des conditions de production »26. Cette
régularité est confirmée par un parcellaire régulier – parcelles étroites qui se terminent
parfois par des jardins.
Les rues adjacentes présentent une diversité architecturale qu’un parcellaire moins
régulier explicite. On y rencontre une architecture banale ancienne semblable à celle de la
rue Mouffetard (photos n° 9 et 16), des maisons bourgeoises, des établissements religieux
(ainsi, au n° 30 rue Lhomond : congrégation du Saint-Esprit, photo n° 10). Des
constructions plus récentes ponctuent le parcours ; on remarque :
- une opération de logements réalisée sur d’anciens terrains conventuels rues Lhomond et
du Pot-de-Fer (photo n° 11),
- au croisement de rue de l’Arbalète et de la rue des Patriarches, place Bernard Halpern qui
n’entre pas dans le périmètre du nouveau POS, (photo n° 17), un immeuble situé en
surplomb de la placette ; il a succédé à un garage et à un établissement de bains-douches et
se trouve dans le périmètre de l’îlot des Patriarches (divisé, restructuré) dont le marché
couvert fait partie de l’histoire du site.
Dans le quartier Mouffetard, le POS de 1994 retient de nombreux bâtiments (environ 200)
à protéger, parmi les constructions ordinaires. En vertu de ce POS spécifique au quartier, la
hauteur des constructions reste limitée au plafond de 25 mètres, comme dans le centre de
Paris. Mais, « c’est en fait le gabarit-enveloppe limitant la volumétrie des constructions qui
constitue la contrainte la plus forte, tant pour la hauteur que pour la forme des
couronnements ». La hauteur verticale des façades et le rapport hauteur et couronnement
sont notamment définis selon la largeur des voies. Quant à l’aspect extérieur, les nouvelles
constructions doivent tenir compte de la couleur claire des façades, de la régularité des
ouvertures, de la discrétion de la modénature.27
26
BRESLER Henri, op. cit., p. 61.
27
La règle renouvelée, op. cit., p. 82.
28
LE MOEL Michel, op. cit., p. 106.
PARIS 133
I - Enquêtes préparatoires
Quant au bâtiment de la Garde républicaine dont la façade est aveugle rue Mouffetard
(photo n° 7), elle s’est installée en 1821 à la place d’un ancien couvent créé en 1652.
Le long du parcours, on croise des rues latérales qui offrent des perspectives relativement
ouvertes à l’est de l’axe Mouffetard : elles orientent vers l’extérieur, vers les franges
urbaines de ce secteur (rue Monge) : ainsi la rue Lacépède, lorsqu’on se trouve place de la
Contrescarpe se prolonge vers le jardin des Plantes au-delà de la rue Monge, ou encore la
rue Saint Médard qui longe le bâtiment de la Garde républicaine et débouche sur la place
Monge, enfin, les rues Ortolan et de l’Epée de Bois. Les rues de l’Arbalète et Daubenton
(ancienne berge de la Bièvre), étroites, laissent entrevoir la place des Patriarches
(aujourd’hui place Bernard Halpern).
Vers l’ouest, les rues sont étroites dans l’ensemble et les perspectives plutôt brèves, parfois
fermées par d’autres rues ; elles annoncent des ambiances différentes et introduisent un
aspect énigmatique dans la perception. On notera que la rue Jean Calvin rejoint la rue
Mouffetard, prolongée par un passage pour piétons et voitures sous un immeuble.
La perspective s’ouvre, au sud, lorsque nous quittons la rue Mouffetard, vers la place
d’Italie (photo n° 24).
Au cours de notre promenade, nous repérons des plaques apposées sur les immeubles : en
1896, Verlaine est mort au n° 37 de la rue Descartes ; au n° 74 de la rue du cardinal
Lemoine, Ernest Hemingway vécut de janvier 1922 à août 1923.
134
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
On notera, à l’angle des rues Mouffetard et du Pot-de-Fer, une fontaine rebâtie en 1671
d’après Le Vau (photo n° 8)29. Des fontaines, récentes, entourées de gazon ou de fleurs
ponctuent le parcours : place de la Contrescarpe (photo n° 5) et au début et à la fin de la rue
de Bazeilles longue d’environ 50 mètres (photo n° 23) ; leur présence semble utile pour
limiter la circulation, la ralentir, peut-être pour faire masque sonore. Des fleurs aux
balcons, les auvents colorés des commerces, les parasols des terrasses de la place de la
Contrescarpe, animent le paysage. Les rideaux de fer de plusieurs boutiques affichent de
jolis graphs en relation avec les activités. Enfin, des tags, peu nombreux comparés à
d’autres quartiers, apparaissent incongrus, ça et là, sur une façade.
Les rues trop étroites n’ont pas permis d’installer des lampadaires. L’éclairage public
émane d’un mobilier urbain mural ordinaire du début du parcours jusqu’à la place de la
Contrescarpe ; ensuite, rue Mouffetard et dans des rues adjacentes, des « lanternes »
éclairent la rue.
* Eléments d’ambiance :
Le quartier apparaît protégé du point de vue sonore : peu de voitures pénètrent dans les
rues. Le bas de la rue Mouffetard où les étales rendent leur passage impossible est
d’ailleurs piétonnier (une barrière empêche le passage des voitures à la hauteur de la rue de
l’Epée de Bois). Tout le secteur, jusqu’à la rue de Bazeilles, est piétonnier le dimanche.
Du point de vue olfactif, on peut reconnaître les spécialités des restaurants devant lesquels
on passe. Les odeurs des fruits et légumes, des poulets en train de rôtir… caractérisent le
bas de la rue.
Il est relativement facile de marcher sur les trottoirs lisses, peu larges il est vrai, tandis que
la rue Mouffetard et certains tronçons des rues parcourues, sont pavées et peuvent rendre le
pas plus incertain.
3. Caractères fonctionnels
Le quartier attire une population qui lui est extérieure. Une grande partie de la rue
Mouffetard est donc consacrée au tourisme : les nombreux restaurants (grec, turc, asiatique
depuis peu, cuisine française régionale…) de part et d’autre de la rue en attestent. Les
29
Ibid.
PARIS 135
I - Enquêtes préparatoires
Entre les restaurants ou les boutiques de vêtements (style des années 70), des librairies
rappellent la vocation intellectuelle du Vème arrondissement (université, instituts
d’enseignement et de recherche). Au cours de notre promenade, nous croisons la résidence
universitaire, le Concordia, rue Tournefort et le restaurant universitaire rue Jean Calvin.
Deux petits cinémas attirent les cinéphiles du quartier et d’ailleurs.
L’avenir du quartier est soumis aux dispositions du POS qui reprennent celles définies
pour le centre de Paris (révision partielle du POS engagée en 1992) renforcées sur certains
points – ainsi, le COS (coefficent d’occupation du sol) rend impossible la création de
surfaces de bureaux ou d’activités dans les étages ou au rez-de-chaussée des zones
commerçantes (dans ces zones, la création de logements est également interdite).30
Selon l’analyse effectuée sur le secteur32, en 1990, la classe d’âge des 20-34 ans, soit 37%
(32% dans l’arrondissement et 28% à Paris), est la plus importante dans le périmètre
considéré (voir plan). Toutes les autres classes d’âge sont sous-représentées par rapport
aux proportions de l’arrondissement et de Paris.
Plus du tiers des habitants des ménages (37% dans le secteur, 32% dans le 5e, 26% à Paris)
vivent seuls et près de deux tiers de la population des ménages (65%) vivent seuls ou à
deux. Le nombre moyen de personne par ménage (1,65) est donc inférieur à celui que l’on
trouve dans l’arrondissement (1,76) et à Paris (1,92). La structure physique des logements
(70% de studios ou deux pièces) rend compte de ces moyennes. Corrélativement, le célibat
est ici accentué.
Une des caractéristiques du secteur est de compter un nombre plus élevé qu’ailleurs de
personnes vivant hors ménage, dans une collectivité ou un foyer (étudiants et
congrégations religieuses) – 7% ici et 2% dans la capitale.
30
Voir article “La règle renouvelée”, op. cit.
31
INSEE Recensement général de la population de 1990 et de 1999 (seules données disponibles à ce jour :
population légale par arrondissement).
32
Document établi par l’APUR : « Le secteur Mouffetard, population, logement, activité économique »
concernant le périmètre d’étude du POS, 1993.
136
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Le parc des logements se compose pour les trois quarts de studios ou deux pièces. On
trouve très peu de logements de quatre pièces et plus sur le secteur (13% contre 19% dans
l’arrondissement). Les logements sont dans l’ensemble relativement confortables. Ils
datent pour le plus grand nombre d’avant 1949 ( huit logements sur dix). En 1990, 27% des
ménages du secteur sont propriétaires de leur logement (résidence principale). Ce taux est
inférieur à celui du 5e arrondissement (29,2%) et de Paris (28,3%).
5. Usages
6. Enquête
Les habitants de la « Mouffe » souligneront l’ambiance de leur quartier qui tient à son
unité architecturale typique et au passé toujours visible aussi bien dans l’architecture que
dans la morphologie urbaine (rues étroites, pavées parfois). Ils exprimeront certainement le
sentiment d’être à l’intérieur d’un secteur protégé - ils peuvent oublier les axes de
circulation tout proches mais tenus à distance - et leur plaisir d’habiter ce quartier qui leur
offre en plein Paris un « village » dans lequel la convivialité n’est pas feinte. Sans doute,
s’interrogeront-ils sur son avenir : la « Mouffe » risque-t-elle de devenir une image, celle
d’un coin perdu que l’on s’efforce en vain de retrouver ?
PARIS 137
I - Enquêtes préparatoires
Tableau récapitulatif
138
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Planche 1
1 Mur d’enceinte de Philippe-Auguste, 5 rue Clovis
2 Rue Clovis - au loin, lycée Henri IV et Panthéon
Planche 2
3 Regard sur la rue Descartes depuis la rue Mouffetard - à la hauteur de la rue Thouin
4 Place de la Contrescarpe, depuis la rue Mouffetard - en descendant
5 Place de la Contrescarpe depuis la rue Lacépède
6 La rue Mouffetard depuis la place de la Contrescarpe - en descendant
Planche 3
7 Bâtiments de la Garde Républicaine
8 Fontaine à l’angle des rues Mouffetard et du Pot-de-Fer
9 Rue du Pot-de-Fer
Planche 4
10 Etablissement conventuel, 30 rue Lhomond
11 Angle des rues Lhomond et du Pot-de-Fer
12 Rue Lhomond, vers la place Lucien Herr
Planche 5
13 La place Lucien Herr
14 Rue Jean Calvin, vers la rue Mouffetard
Planche 6
15 Rue Mouffetard entre la rue de l’Epée de Bois et la rue de l’Arbalète
Planche 7
16 Angle des rues de l’Arbalète et des Patriarches depuis la place Bernard Halpern
17 Immeuble récent, place Bernard Halpern
18 Rue Daubenton, vers la rue Monge
Planche 8
19 Rue Mouffetard - le marché
20 Fin de la rue Mouffetard
21 Eglise Saint-Médard
Planche 9
22 Angle des rues de Bazeilles et Censier - église Saint-Médard et fontaine au centre du carrefour
23 Dernier regard sur la rue Mouffetard - fontaine du carrefour des rues Mouffetard, Edouard Quénu, Pascal, Censier et de Bazeilles
24 Rue de Bazeilles - perspective sur l’avenue des Gobelins et la place d’Italie
PARIS 139
I - Enquêtes préparatoires
1 - Mur d’enceinte de Philippe-Auguste, 5 rue Clovis 2 - Rue Clovis - au loin, lycée Henri IV et Panthéon
3 - Regard sur la rue Descartes depuis la rue 4 - Place de la Contrescarpe, depuis la rue Mouffetard
Mouffetard à la hauteur de la rue Thouin - en descendant
140
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
11 - Angle des rues Lhomond et du Pot-de-Fer 12 - Rue Lhomond, vers la place Lucien Herr
15 - Rue Mouffetard entre la rue de l’Epée de Bois et 16 - Angle des rues de l’Arbalète et des Patriarches
la rue de l’Arbalète depuis la place Bernard Halpern
PARIS 141
I - Enquêtes préparatoires
17 - Immeuble récent, place Bernard Halpern 18 - Rue Daubenton, vers la rue Monge
23 - Dernier regard sur la rue Mouffetard - fontaine 24 - Rue de Bazeilles - perspective sur l’avenue des
du carrefour des rues Mouffetard, Edouard Quénu, Gobelins et la place d’Italie
Pascal, Censier et de Bazeilles
142
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
OBERKAMPF
La rue Oberkampf, dans sa partie nord, est en mutation depuis 1995 si l’on en croit les
articles que la presse consacre au secteur : « Oberkampf la métamorphose » selon le
journal Le Point33 en 1997 et, en 1998, selon Libération34, « Le filon du village à Paris –
Depuis trois ans, le quartier Oberkampf se peuple de petits bars et de restos sympas. A tel
point qu’aujourd’hui, les prix des locaux flambent ». A proximité de la Bastille, ce quartier
attire les « branchés ». C’est l’ouverture du café « Charbon » au n° 109 de la rue qui aurait
amorcé la transformation de ce quartier populaire.
33
Le Point, 13/09/1997, n° 1304.
34
Libération, 15/06/1998.
PARIS 143
I - Enquêtes préparatoires
Le trajet retenu se situe entre les stations de métro Parmentier et Ménilmontant, carrefour
des avenues Parmentier, de la République et de la rue Oberkampf d’une part et point de
rencontre entre les boulevards de Belleville et de Ménilmontant et de la rue Ménilmontant
(prolongement de la rue Oberkampf) d’autre part. Nous rencontrons au cours de notre
montée de la rue Oberkampf des ambiances différentes. C’est au milieu du parcours que
l’identité nouvelle du quartier s’affirme, annoncée par le tronçon précédent (entre l’avenue
de la République et la rue Saint-Maur, photo n° 5). Puis, quand on arrive rue Moret, la rue
s’élargit sensiblement (photo n° 15), « monte » vers Ménilmontant et là, les habitants du
quartier se mêlent aux passants plus pressés qui se dirigent vers cette ouverture que
constitue la grande place ronde du carrefour (photos n° 20 et 21). Si l’espace précédent
invite à la flânerie celui-ci suggère des rythmes différents. Comment le quartier va-t-il
évoluer ? La diversité des populations qu’on y rencontre sera-telle maintenue ? La mixité
des activités risque-t-elle de disparaître ?
1. Historique35
C’est à la chute de Napoléon III que la rue de Ménilmontant devient la rue Oberkampf. Au
XVème siècle, le territoire dans lequel s’insère la rue de Ménilmontant est couvert de
vignes et transformé en jardins et vergers au siècle suivant. Cet ancien chemin escarpé
conduisait du quartier du Temple au hameau de Ménilmontant ; sa pente est adoucie en
1732 et des arbres sont plantés des deux côtés en 1734. Le quartier qui l’entoure, en
particulier au sud, évolue : au XVIIème siècle, sur décision de Louis XIV, création d’un
cours planté d’arbres, origine des grands boulevards (Beaumarchais, du Temple, etc.), au
XIXème siècle, dans le cadre des grands travaux d’Haussmann, ouverture des avenues de
la République et Parmentier (ancienne rue Beaumarchais élargie)…
En 1859, le village de Ménilmontant est inclus dans Paris.
Au XIXème siècle, les secteurs d’activités du 11e arrondissement sont traditionnellement la
métallurgie, la mécanique et l’ameublement (dans le faubourg Saint-Antoine). Rue
Oberkampf, on construit des machines à vapeur, des pompes et des presses hydrauliques
(chez l’industriel Bariquand), à la fin du XIXème, Charles Verneau installe son imprimerie
au n° 114 de la rue…
Au XXème, ces activités se poursuivent, notamment la métallurgie. C’est au cours des
dernières décennies qu’elles disparaissent progressivement. Un habitant, véritable mémoire
du quartier, interviewé en 1997 par le journal Le Point, déclarait : « ici, c’était le quartier
des métallos, il y avait des PME partout. Maintenant la rue vire à la boîte de nuit. »36
2. Morphologie
35
Cette partie s’appuie sur :
- D. LEBORGNE, D. CHADYCH. Vie et histoire du 11ème arrondissement. Ed. Hervas, 1987.
- D. MICHEL, D. RENOU. Le guide du promeneur, 11ème arrondissement. Ed. Parigramme/CPL,
1993.
36
Cité dans l’article du Point, op. cit.
144
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
* Architecture
Les rues que nous parcourons s’inscrivent dans un périmètre d’OPAH37. En fait, le secteur
situé du côté nord (côté gauche en montant) de la rue Oberkampf jusqu’à la rue Moret
faisait partie du périmètre de l’OPAH Saint-Maur (1994-1997) ; l’autre partie du secteur
concerné par notre parcours, des n° 80 au 162 (côté droit en montant depuis l’avenue de la
République) et des n° 135 au 169 (côté gauche en haut de la rue Oberkampf) est inclus
dans le périmètre de l’OPAH Orillon-Oberkampf (1998-2000, durée qui sera
vraisemblablement prolongée). Notons que ces deux secteurs couvrent la totalité d’une
zone de Développement Social Urbain du 11e arrondissement dans le cadre du Contrat de
Ville de Paris.38
Quelques immeubles des années 60 ou 70, surplombent les autres (10 étages, à l’exception
du n° 125 un peu plus récent) mais sans ostentation dans la mesure où ils sont en retrait
(photo n° 6). De rares bâtiments récents attirent l’attention (voir ci-dessous) ou au contraire
s’insèrent discrètement dans les cités ou impasses adjacentes (dans la cité Griset).
Dans la rue Oberkampf, de nombreux rez-de-chaussée sont occupés par des boutiques dont
la plupart (les restaurants en particulier) montrent le décor d’origine.
En ce qui concerne les cours, l’étude préopérationnelle d’OPAH observe que : « Pour les
bâtiments sur cour, deux configurations apparaissent :
- sur de longues parcelles en lanières des cités industrielles du début du XIXème siècle, les
bâtiments s’élèvent en général sur 2 ou 3 niveaux et abritent au rez-de-chaussée des locaux
d’activité et à l’étage des logements liés ou non à l’activité du rez-de-chaussée ;
- sur les parcelles moins profondes l’immeuble sur cour quand il existe est assez souvent
du même gabarit que celui sur rue »40. Habitat, commerce, et locaux d’activité apparaissent
donc étroitement imbriqués.
37
Dans le cadre des OPAH, des aides sont proposées aux propriétaires et aux locataires de logements. Dans
le quartier Oberkampf, pour encourager le maintien du commerce, elles sont également proposées aux
propriétaires de locaux commerciaux.
URBANIS. Etude préopérationnelle d’OPAH, Quartier Orillon – Oberkampf. 1997. Sur notre demande, la
Ville de Paris, commanditaire de cette étude, nous en a adressé une copie.
39
Ibid., p. 17
40
Ibid., p. 17.
PARIS 145
I - Enquêtes préparatoires
Bâtiments remarquables :
Deux constructions récentes signalent leur présence :
Au 113 rue Oberkampf, Borel a réalisé La Poste (photo n° 9) qui s’exhibe côté rue et un
ensemble de 80 logements destinés aux postiers dans la cour exiguë et profonde que l’on
peut découvrir ; les frontières entre la rue et le bâti s’estompent ici. Deux tours très fines se
détachent dans le jardin. « Borel reconnaît avoir atteint un seuil de complexité » dans cette
opération. « Une passerelle, deux tours, trois têtes, une multitude de façades, dont le jardin
considéré comme l’ultime façade, c’est tout l’art de la fragmentation ».41
Immeuble du n° 161 : construit entre un immeuble néo-haussmanien et une résidence des
années 70 en retrait de la rue, sa façade sur rue est de 7 m. Il se compose de deux
volumes, l’un en retrait par rapport à l’autre, l’un en pâte de verre et l’autre en tôle
d’aluminium. Architecte : Emmanuel Saadi.
Des éléments moins visibles sont également repérables comme des enseignes désormais
caduques gravées - ainsi, au n° 123, dans un immeuble en pierre de taille de 1889,
« Griset-métaux » …
41
F. RAMBERT . Joli court métrage, Borel à Paris XIè. Architectures, n° 41, déc. 1993.
146
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Enfin, des fantaisies architecturales apparaissent dans les impasses ou dans les cours :
ainsi, crépi de couleur rose et boutique bleue, porche quasi monumental et succession de
pierres noires et ocres, impasse Gaudelet (photo n°12) ou transformation colorée et fleurie
d’anciens ateliers en logements dans la cour du n° 104 (photos n° 10 et 11).
3. Caractères fonctionnels
Des immeubles et des anciens établissements murés, en attente soit d’une démolition soit
d’une rénovation et d’une nouvelle destination, indiquent la mutation du quartier :
- à l’angle des rues Oberkampf et Crespin du Gast, entreprise « accessoires spécialisés de
sécurité » (photo n° 17),
- les hôtels des n° 91 et 152,
- des rideaux de fer baissés, en dehors de la périodes des vacances (ainsi au n° 102,
boutique « no body », photo n° 8),
- une boutique « Félix Potin » fermée,
- etc.
42
Le point, op. cit.
PARIS 147
I - Enquêtes préparatoires
On signalera la présence d’activités dans des cours, cités, impasses, dont il est difficile
d’évaluer l’importance. Une des plus visibles est la fabrique de cartons cité Griset (photo
n° 13). En outre, la communauté asiatique pénètre peu à peu le quartier avec les activités
de confection (ateliers dans des cours de la rue Oberkampf et boutique liée à la couture à
côté du café Charbon) et restauration rapide.
Ainsi, des boutiques changent de destination, des ateliers et des établissements dans les
cours d’immeubles se transforment en logements. Et, les habitants soucieux
d’environnement commencent à s’exprimer. On citera, à titre d’exemple, la demande, non
retenue semble-t-il, de l’association « Les grillons d’Oberkampf » à propos de
l’aménagement de la cité de l’Industrie ; une demande de permis de construire d’une
résidence pour étudiants venait d’être déposée par un promoteur, tandis que l’association
demandait la création d’un équipement public type crèche ou jardin de proximité43.
La population (sans doubles comptes) du 11e arrondissement est de 149 102 habitants en
1999 ; elle était de 154 165 en 199044, mais il est difficile de connaître la tendance sur le
quartier (augmentation entre 1975 et 1990 sur le secteur de l’OPAH tandis que la
population de l’arrondissement diminuait).
Nous reprenons ici l’étude effectuée dans le cadre de l’OPAH Orillons-Oberkampf 45; son
périmètre couvre presque tout le « quartier » Oberkampf qui nous intéresse et reflète donc
mieux que les seules données Insee de l’arrondissement une image de la composition de la
population. Cette étude insiste sur la forte densité de tout le secteur dont la population a
augmenté entre 1975 et 1990 : « 807 habitants par hectare (surface au sol hors
équipements), contre 625 à l’échelle du 11e arrondissement et 555 pour Paris »46. Cette
densité s’explique en partie par une proportion plus importante que dans le 11e de ménages
comptant cinq personnes et plus (6,8% contre 3,7%) et une proportion moindre de ménages
de une personne (48,8% contre 52,4%).
En ce qui concerne la structure par âge, l’étude note également l’importance de la classe
d’âge des 0-19 ans (22,6% contre 17,9% dans le 11e). A cet égard, c’est plutôt dans le nord
de la rue Oberkampf que la présence des jeunes de moins de 20 ans est la plus nette.
Une part importante d’étrangers (notamment des maghrébins) vit dans le quartier : 34,2%
dans le périmètre étudié (notamment au nord de la rue Oberkampf) contre 20,2% dans le
11e et 15,9% à Paris.
43
Informations tirées de la lettre datée du 27 juillet 2000, réponse de Georges Sarre, député de Paris, maire
du XIème arrondissement à l’association de riverains, et apposée sur la porte de la cité de l’industrie.
44
INSEE. Recensement général de la population de 1990 et de 1999 (seules données disponibles à ce jour :
population légale par arrondissement)
45
URBANIS, op. cit.
46
Ibid.
148
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
En 1990, le taux de chômage de 1,5% dans le 11e (9,7% à Paris) est plus élevé dans le
quartier de l’OPAH (15,2%). Avec 30,6% d’ouvriers et 24,5% d’employés, le secteur de
l’OPAH apparaît comme « populaire ».
Quant au parc des logements, 57,9% ont été construits avant 1915 ; 66% avant 1948 et
24,9% après 1975. Les petits logements y sont proportionnellement plus nombreux que
dans l’arrondissement et sur Paris : 70% de logements de une et deux pièces contre 57%
dans Paris. En 1990, 25% des ménages sont propriétaires sur le secteur considéré.
5. Usages
Ils sont liés avant tout à la spécialisation des commerces de la rue Oberkampf : les
restaurants et les cafés attirent une clientèle jeune et contribuent à la convivialité du
quartier dès la fin de la matinée jusqu’à la nuit. L’été, les « gens » aiment s’installer aux
terrasses et discuter. La vie de quartier n’a pas pour autant disparu. Là aussi, ce sont les
commerces de proximité qui jouent un rôle important.
6. Enquête
PARIS 149
I - Enquêtes préparatoires
TABLEAU RECAPITULATIF
150
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Planche 1
1 Carrefour des avenues République et Parmentier et de la rue Oberkampf
2 Quartier en rénovation - 91 rue Oberkampf
3 Chantier dans la cour du n° 93 rue Oberkampf
4 Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - regard jeté en arrière avant de poursuivre
Planche 2
5 Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - vers Ménilmontant
6 Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - immeuble récent en retrait
7 Le café Charbon
8 Boutiques des 100 et 102 rue Oberkampf
9 « La Poste Borel » au n° 113
10 Anciens ateliers transformés en logements ou bureaux dans la cour du 104 rue Oberkampf
11 Anciens ateliers transformés en logements ou bureaux dans la cour du 104 rue Oberkampf
Planche 3
12 Fantaisies architecturales impasse Gaudelet
13 Entreprise (fabrique de cartons) Cité Griset
14 Regard sur le chemin parcouru rue Oberkampf (à la hauteur de la cité Griset)
Planche 4
15 Regard vers Ménilmontant (depuis la rue Moret)
16 Rue Jean Aicard depuis la rue Oberkampf
17 Entreprise murée à l’angle des rues Oberkampf et Crespin du Gast
18 Petit immeuble récent et Mac Do à l’angle de la place au terme du parcours
19 Piscine au n° 160 de la rue
Planche 5
20 Rue Oberkampf – haut de la rue vers Ménilmontant
21 Place circulaire au carrefour des boulevards de Belleville et de Ménilmontant et des rues Oberkampf et de Ménilmontant
PARIS 151
I - Enquêtes préparatoires
3 - Chantier dans la cour du n° 93 rue Oberkampf 4 - Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - regard
jeté en arrière avant de poursuivre
5 - Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - vers 6 - Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur -
Ménilmontant immeuble récent en retrait
152
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
13 - Entreprise (fabrique de cartons) Cité Griset 14 - Regard sur le chemin parcouru rue Oberkampf (à
la hauteur de la cité Griset)
15 - Regard vers Ménilmontant (depuis la rue Moret) 16 - Rue Jean Aicard depuis la rue Oberkampf
PARIS 153
I - Enquêtes préparatoires
17 - Entreprise murée à l’angle des rues Oberkampf 18 - Petit immeuble récent et Mac Do à l’angle de la
et Crespin du Gast lace au terme du parcours
154
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
PARIS 155
I - Enquêtes préparatoires
1. Historique47
Après la vente des biens nationaux, les trois villages de l’ouest parisien, Passy, Auteuil
(qui avaient réputation de salubrité grâce à leurs sources) et Chaillot se développent
rapidement ; les grands domaines sont lotis, des rues sont percées formant la trame de
l’actuel 16e arrondissement. Ils sont rattachés en 1860 à la ville de Paris, ce qui constitue
le premier pas vers l’unification du 16e. Les grandes avenues (Foch, Iéna, Marceau, et
Kléber) sont ouvertes à la fin du XIXème siècle. La bourgeoisie y fait construire des hôtels
particuliers : « cariatides et atlantes prennent possession des façades ; les grands architectes
du début du siècle et de l’ère moderne vont y exercer leurs talents ».48 La quartier situé
derrière la place du Trocadéro se développe lentement.
2. Morphologie
Le parcours que nous avons établi ne reprend pas une logique intrinsèque du territoire
mais, à l’image du 16e arrondissement, il retient différentes ambiances, passe de l’échelle
monumentale à celle, plus traditionnelle, de l’immeuble haussmannien, et fait un détour
par la rue de la Pompe qui, au croisement avec les rues de la Tour et Decamps, arbore un
air de village avec ses commerces situés au rez-de-chaussée d’immeubles anciens à
l’architecture ordinaire.
* Architecture
Malgré des apparences d’unité, celle-ci tenant sans doute au gabarit des bâtiments et à leur
alignement régulier, l’architecture présente une grande diversité. Nous rencontrons tout au
long de notre parcours :
47
Documentation : SIGURET, Philippe, LEMOINE, Bertrand. Vie et histoire du XVIème arrondissement, éd.
Hervas, 1986.
48
MC LURE, Bert, REGNIER, Bruno. Promenades d’architecture à Paris - Guimard et l’art nouveau, ed.
La découverte, Le Monde, SOL.
156
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
- des hôtels particuliers de la fin du siècle dernier : ainsi, le petit bâtiment à l’angle de
l’avenue d’Eylau et de l’avenue Georges Mandel (photo n° 3) ;
- des immeubles haussmanniens, plus ou moins sobres : les immeubles les plus classiques
se fondent dans l’alignement de la rue ou des squares ; d’autres affichent colonnes,
pilastres et des motifs végétaux (ainsi, immeuble à l’angle des rues du Commandant
Schloesing et Pétrarque, photo n° 6), ou d’inspiration animalière (exemple, n° 42 rue
Decamps : têtes de béliers sur la façade d’un immeuble d’Alexandre Bruel, daté de 1904,
photo n° 17) ;
- un immeuble Art nouveau au 39 rue Scheffer (à l’angle des rues Scheffer et Louis
David), de Ernest Herscher construit en 1911 et qui a gagné le concours de façade de 1922,
les sculptures sont de Séguin (photos n° 9 et 10) ;
- une maison d’apparence Art déco : a-t-elle été rénovée ? Quoi qu’il en soit, le style
n’apparaît pas dans son authenticité (photo n° 13) ;
- des immeubles récents, construits dans les années 60-70 pour la plupart (exemples,
photos n° 4 et 15) : dans ce domaine règne une grande diversité ; il suffit de regarder les
immeubles situés de part et d’autre de la rue de la Pompe (photos n° 21 et 22) à la hauteur
des avenues Henri Martin et Georges Mandel, l’un renvoie à l’architecture « bateau » avec
ses balcons en creux, l’autre se ferme sur la rue avec son avancée de bow-windows…
- enfin, une fantaisie rue de la Pompe : un petit chalet dont le rez-de-chaussée est occupé
par un café rappelle la « vocation champêtre du quartier » (photo n° 20).
A cette diversité architecturale s’ajoute une diversité d’implantation urbaine : des percées
latérales, squares ou villas49, interrompent l’alignement des immeubles :
- les squares Mignot, Pétrarque et du Trocadéro (photo n° 7),
- la voie privée, rue du Général Langlois (photo n° 15),
- enfin la Villa Scheffer dont les grilles ouvrent sur une large allée et où se trouve la
maison au toit d’ardoise en forme de clocheton qu’on aperçoit en allant vers l’avenue
Georges Mandel (photo n° 12).
Pour rendre compte de cette diversité architecturale, on voudrait encore citer à titre
d’exemple la succession de quelques bâtiments rue Scheffer (côté gauche de la rue en
allant vers l’avenue Georges Mandel) : à la hauteur de la rue Pétrarque, nous découvrons le
square Pétrarque avec ses hôtels particuliers, puis un immeuble plus modeste que jouxte un
49
Villas : lotissement urbain de maisons individuelles accompagnées de jardins.
PARIS 157
I - Enquêtes préparatoires
petit bâtiment récent en retrait et enfin, l’immeuble Art nouveau au n° 39 ; nous traversons
la rue Louis David où l’angle est occupé par un immeuble de bureaux de 1960 (architecte :
Georges Dumont), puis, nous voyons un immeuble des années 1930 et enfin la villa
Scheffer (n° 51).
Architecture monumentale :
La mairie du 16e arrondissement dont la façade principale donne sur l’avenue Henri
Martin a été construite par Godeboeuf en 1875-77.
Les avenues et rues ont un léger dénivelé qui est perceptible rue Scheffer : elle monte
d’abord (depuis l’avenue Paul Doumer) et accuse une pente à partir du n° 39 vers l’avenue
Georges Mandel. Mais ceci n’a pas de conséquences sur la vision des alentours.
50
MC LURE, Bert, REGNIER, Bruno. Promenades d’architecture à Paris – Arts Déco à Passy et à Auteuil,
ed. La découverte, Le Monde, SOL.
51
Article « Révolution de palais à Chaillot », Le Figaro, 02/05/2000.
158
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Au-dessus des portes des immeubles années 30, dépourvus dans l’ensemble de tout décor,
on voit parfois des petits panneaux centraux dont les motifs représentent en général des
angelots stylisés (exemple square Mignot, photo n° 8, ou encore n° 34, 36 rue Scheffer,).
Les couleurs vives, orange, jaune, rouge, des pare-soleil éclairent les façades des
immeubles (exemple rue du Général Langlois et avenue Georges Mandel). Le long de
notre parcours, un drapeau coloré, rue Scheffer, attire l’attention (services techniques en
France de l’ambassade du Congo).
Les tags que nous remarquons dans ce quartier sont rares, mais ils expriment le racisme.
* Eléments d’ambiance
La place du Trocadéro est un rond-point bruyant mais dès qu’on la quitte pour aller vers les
rues résidentielles, cette animation disparaît. Les avenues Paul Doumer et Georges Mandel
que nous empruntons sont passantes mais sans excès comparées aux autres avenues que la
place distribue ; quant aux rues, de faible largeur, elles ne permettent pas une circulation
très dense.
3. Caractères fonctionnels
Nous pénétrons dans un quartier résidentiel. La place du Trocadéro donne l’occasion aux
touristes de se délasser aux terrasses des cafés, mais ensuite, les rares commerces que nous
repérons jusqu’à la fin de notre parcours ont connu leurs heures de gloire il y a bien
longtemps, semble-t-il (ainsi, la petite boucherie rue Scheffer) ! Il faut atteindre le
« village » de la rue de la Pompe pour trouver les commerces de proximité indispensables à
la vie d’un quartier (photos n° 18 et 19).
Des hôtels particuliers ou de beaux immeubles abritent parfois des sièges de société ou
d’institutions, voire des ambassades – ainsi, au n° 42 de la rue Scheffer, Centre de
coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, les services
techniques en France de l’ambassade du Congo, l’office du tourisme espagnol au n° 43 de
la rue Decamps…
La population (sans doubles comptes) du 16e arrondissement est de 163 192 habitants en
1999 ; elle était de 169 863 en 1990 ; elle suit donc la tendance à la dépopulation observée
à Paris.52
Si la classe des 0-19 ans, soit 18,2%, est la même dans cet arrondissement qu’à Paris, la
classes d’âge des 60 ans et plus y est plus importante (26,8% contre 20,7% à Paris).
On trouve une proportion élevée de cadres (41,1% contre 30,2% dans Paris). Les artisans
et les commerçants représentent 12,3% de la population active, taux supérieur à celui
rencontré dans Paris (7%). Quant à la part des ouvriers, elle est insignifiante : 0,7% contre
14,5% dans Paris. Le taux de chômage de 6,7% en 1990 est nettement inférieur à celui de
Paris à cette époque (9,7%).
52
INSEE. Recensement général de la population de 1990 et de 1999 (seules données disponibles à ce jour :
population légale par arrondissement)
PARIS 159
I - Enquêtes préparatoires
La part des étrangers dans la population de l’arrondissement est de 16,4% - dont 43% d’un
pays de la CEE.
Enfin, 40% du parc des logements ont été construits avant 1915 et 68% avant 1949. Une
part significative (21%) a également été construite entre 1949 et 1967.
35,7% des occupants sont propriétaires de leur logement (résidence principale) contre
28,3% à Paris.
5. Usages
La place du Trocadéro connaît bien sûr d’autres usages : le parvis du palais de Chaillot,
lorsqu’il n’est pas en chantier, accueille les jeunes en skate et en roller, cars de touristes qui
s’arrêtent momentanément, nombreux usagers qui se dirigent vers les bouches de métro ou
qui en sortent, flâneurs à la terrasse des cafés…
6. Enquête
On suppose que l’aspect résidentiel sera mis en évidence tant par l’évocation des
ambiances que par le regard porté sur l’architecture. A cet égard, ce trajet, plus que les
autres, risque de retenir l’attention des personnes participant à l’enquête : nombre
d’immeubles, de façades, peuvent constituer des exemples architecturaux aux yeux du
passant.
160
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
TABLEAU RECAPITULATIF
PARIS 161
I - Enquêtes préparatoires
Planche 1
1 Place du Trocadéro - la tour Eiffel et le palais de Chaillot
2 Place du Trocadéro - statue du Maréchal Foch
3 Hôtel particulier à l’angle des avenues d’Eylau et Georges Mandel
Planche 2
4 Perspective sur la rue du Commandant Schloesing depuis l’avenue Paul Doumer
5 Avenue Paul Doumer
Planche 3
6 Rue de commandant Schloesing
7 Square Mignot (entrée rue Pétrarque)
8 Motif d’immeuble des années 30
Planche 4
9 Immeuble Art nouveau, 39, rue Scheffer
10 Immeuble Art nouveau - angle des rues Scheffer et Louis David
11 Immeuble des années 30, rue Scheffer
Planche 5
12 Villa Scheffer
13 Art déco ?
Planche 6
14 Avenue Georges Mandel, entre les rues Scheffer et Decamps
Planche 7
15 Avenue du général Langlois
16 Rue Decamps, vers la rue de la Pompe
17 Rue Decamps, immeuble aux têtes de bélier
Planche 8
18 Carrefour des rues Decamps, de la Pompe, de la Tour (depuis la rue Decamps)
19 Carrefour des rues Decamps, de la Pompe, de la Tour (depuis la rue de la Pompe)
20 Rue de la Pompe - chalet
Planche 9
21 Angle de l’avenue Henri Martin et de la rue de la Pompe (face à la mairie)
22 Angle de l’avenue Georges Mandel et de la rue de la Pompe (face à l’immeuble précédent)
23 Avenue Georges Mandel, vers la place du Trocadéro
162
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
1 - Place du Trocadéro - la tour Eiffel et le palais de 2 - Place du Trocadéro - statue du Maréchal Foch
Chaillot
3 - Hôtel particulier à l’angle des avenues d’Eylau et 4 - Perspective sur la rue du Commandant Schloesing
Georges Mandel depuis l’avenue Paul Doumer
7 - Square Mignot (entrée rue Pétrarque) 8 - Motif d’immeuble des années trente
PARIS 163
I - Enquêtes préparatoires
9 - Immeuble Art nouveau, 39, rue Scheffer 10 - Immeuble Art nouveau - angle des rues Scheffer
et Louis David
164
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
17 - Rue Decamps, immeuble aux têtes de bélier 18 - Carrefour des rues Decamps, de la Pompe, de la
Tour (depuis la rue Decamps)
21 - Angle de l'avenue Henri Martin et de la rue de la 22 - Angle de l'avenue Georges Mandel et de la rue
Pompe (face à la mairie) de la Pompe (face à l’immeuble précédent)
PARIS 165
I - Enquêtes préparatoires
BERCY
166
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Le trajet retenu dans l’est parisien pénètre dans l’enclave de Bercy ; l’axe nord-ouest et
sud-est que nous suivons est tracé par les diverses voies – la Seine, la rue de Bercy, les
voies SNCF. En effet, le secteur de Bercy récemment aménagé s’inscrit entre d’une part la
Seine et la voie express à l’ouest et d’autre part les emprises SNCF à l’est. Ce secteur fait
partie du programme de l’est parisien dont le « document cadre » a été approuvé en 1983
par le Conseil de Paris.53
53
Documentation utilisée : le dossier de création de la ZAC Bercy, étude d’impact, 1987 ; ce dossier a le
mérite de faire le point sur les aménagements antérieurs et notamment ceux de la ZAC Corbineau-
Lachambaudie qui entre également dans le secteur que nous avons retenu.
PARIS 167
I - Enquêtes préparatoires
1. Historique
Les fouilles archéologiques entreprises dans le secteur lors de sa transformation ont permis
de prouver que le site de Bercy était peuplé dès l’époque du néolithique.
Au XVIIIème siècle, l’édification du mur d’enceinte des Fermiers Généraux qui longe le
boulevard de Bercy sépare de Paris les deux paroisses dans lesquelles le faubourg de Bercy
évolue. L’établissement du droit d’octroi pour les marchandises qui entrent dans Paris
modifie l’économie locale : les marchands de vins ont besoin d’entrepôts pour stocker les
vins en ce lieu (ils évitent ainsi de payer les droits de douane) avant de les distribuer. Après
la Révolution, la commune de Bercy se transforme : au XIXème siècle, les entrepôts de vin
remplacent les maisons de plaisance dont les jardins descendaient vers la Seine.
Le pont Louis Philippe (aujourd’hui pont de Bercy) réunit la commune de Bercy à la rive
gauche en 1832. Un viaduc destiné à la circulation du métro lui est adjoint en 1904. En
1853, est également construit le pont Napoléon qui deviendra le pont National, enfin, en
1878, est réalisé le pont de Tolbiac. Par ailleurs, la ligne de chemin de fer Paris-Lyon
(créée en 1847) et la gare de marchandises (en 1852) commencent à isoler le quartier.
Au XXème siècle, l’activité des entrepôts décline lentement - apparition du chemin de fer,
fermeture du port, mutations économiques du secteur viti-vinicole… Dès les années 30,
puis après guerre, la question de l’avenir du quartier est posée. A la fin des années 1960 où
l’on assiste au renforcement de l’isolement du secteur avec la mise en service de la voie
express rive droite, la Ville de Paris envisage la restructuration et la reconversion du site
des entrepôts. En 1973, le schéma de secteur Seine-Sud-Est prévoit un équilibre entre les
deux rives de la Seine. Bercy apparaît comme le contrepoint de Tolbiac dans le devenir de
l’est parisien.
Pour favoriser le développement du quartier, des liaisons avec l’extérieur sont réalisées :
- doublement du pont de Bercy, en 1991,
- ouverture de la station de métro « Cour Saint-Emilion » (ligne 14, Météor) au cœur des
anciens entrepôts (photo n° 29),
- enfin, dans un avenir proche, création d’une passerelle pour piétons entre les deux
secteurs Tolbiac et Bercy.
168
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
2. Morphologie
* Architecture54
C’est l’habitat récent qui domine le quartier, prévu dans le cadre de la ZAC Corbineau-
Lachambaudie (construction de logements du côté est de la rue de Bercy depuis le
boulevard de Bercy jusqu’à la place Lachambaudie) et dans le cadre de la ZAC Bercy pas
tout à fait achevée (rues de Pommard, Dijon, Gabriel Lamé, Baron le Roy…). Des
immeubles datant pour nombre d’entre eux de 1994, d’une hauteur modérée (sept étages en
général pour les bâtiments récents, parfois un huitième étage légèrement en retrait), laissent
la place à quelques immeubles anciens :
- en partant de Bercy, immeubles du XVIIIème siècle (ancien relais de poste ?) de 2 ou 3
étages préservés à l’angle des rues de Corbineau et de Bercy, et petit immeuble du XIXème
qui fait face au terre-plein n° 41 rue de Bercy (photo n° 6) ;
- entre les 7 et 39, rue de Bercy et les 10-40, rue de Pommard, un ensemble de pavillons en
pierre meulière est préservé ; édifié en 1908 il fut commandé à l’architecte Lambert de
l’association française des chemins de fer français (photo n° 8) ;
- rue de Dijon et place Lachambaudie, quelques bâtiments anciens (côté gauche en se
dirigeant vers l’église), datant l’un des années 30 (rue de Dijon), l’autre de 1879 (n° 1
place Lachambaudie)… et la caserne des pompiers.
En direction des anciens chais, au sud de la place Lachambaudie et de la rue de Dijon, tous
les immeubles d’habitation sont récents (photos n° 22 et 23). L’architecture contemporaine
offre des volumes réguliers ; balcons et bow-windows animent les façades. Parmi les
immeubles récents, ceux qui bordent le parc (ainsi, rue Paul Belmondo, photo n° 14)
apparaissent privilégiés. Ils offrent de temps à autre quelques ouvertures aux bâtiments
situés derrière qui donnent sur la rue de Pommard (ainsi l’école maternelle). On signalera,
rue Gabriel Lamé, à proximité du chantier, un bâtiment carré en bois non traité, entouré
d’une clôture métallique : il s’agit d’une école maternelle qui devait être provisoire…
Immeubles anciens ou récents ont parfois des boutiques dont la destination est adaptée à la
localisation (par exemple, agence d’architectes, rue Paul Belmondo, le long du parc,
commerces de proximité place Lachambaudie…).
54
Les informations relatives aux bâtiments sont tirées de : D. CHADYCH. Le guide du promeneur, 12ème
arrondissement. Parigramme,
PARIS 169
I - Enquêtes préparatoires
55
P. MICHELONI. Le parc de Bercy et son quartier. Paris-Projet, n° 30-31. APUR 1993, p. 128
170
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Nous poursuivons notre parcours dans les limites qu’il nous impose : nous ne voyons
jamais au-delà de l’enclave dans laquelle nous sommes engagés. La seule perspective qui
nous est offerte ensuite est celle de la rue Proud’hon qui s’échappe ailleurs en passant sous
les voies SNCF que nous retrouvons en longeant la rue Baron le Roy (une ouverture dans
l’alignement des immeubles). Après notre digression vers la place Lachambaudie, nous
retrouvons donc notre axe nord-ouest/sud-est que nous poursuivons rue Gabriel Lamé ;
celle-ci s’élargit à la hauteur de rue de l’Aubrac. Mais là, la structuration se fait plus dense
au cœur même des anciens entrepôts. L’aménagement de ce secteur n’est pas achevé. Si
précédemment, lorsque nous longions les immeubles de la rue Baron le Roy, nous avions
le sentiment qu’il fallait trouver un centre, un sens, ici, nous sommes un peu perdus entre
les clôtures de chantier, les immeubles récents et un peu plus loin, les magasins Lheureux.
Quant au parc, il se dérobe à la vue.
Lorsque nous arrivons place des Vins de France, à la hauteur de la rue des Pirogues de
Bercy, la symétrie s’impose : place bordée de bâtiments contemporains et, face à face,
Bercy-Expo, dans sa modernité immédiate, et Bercy-village, dans sa volonté mémoriale et
commerciale (la largeur de la place des Vins de France est celle des anciens chais).
En fait, il y a peu d’éléments secondaires liés aux commerces, la façade des boutiques est
« classique », c’est-à-dire connue de tous pour les enseignes tels « Bistrot Romain »,
« Linas », etc. Les boutiques restent discrètes à l’image de l’architecture contemporaine
dénuée de fantaisie. On remarque l’enseigne rouge de la boutique du Club Med quand on
sort du métro Cour Saint-Emilion.
PARIS 171
I - Enquêtes préparatoires
mais lorsqu’il fait beau, ce sont les voix des enfants en train de jouer, le bruit des skates ou
des rollers sur la dalle du Palais omnisports qui prédominent. Le long des terrasses, les
conversations animent le lieu. Toutefois, on observe un changement d’ambiance sonore
lorsqu’on arrive rue Joseph Kessel : là, le bruit des voitures, des bus, sur la rue
successivement pavée et goudronnée envahit l’espace. Enfin, dans la suite du parcours, les
rues sont peu passantes et les jours de semaine, ce sont plutôt les bruits de chantier qui
émergent.
Du point de vue tactile, les pavés sur la plupart des allées (ainsi dans le parc ou le long du
parc, rue Paul Belmondo) et des trottoirs (depuis la place Lachambaudie jusqu’à la fin du
parcours), confèrent une présence rugueuse au lieu et, dans cet univers contemporain, en
rappellent l’histoire.
3. Caractères fonctionnels
On peut souligner le caractère résidentiel de ce secteur enclavé et donc protégé. Des pôles
d’animation commerciale, conçus en même temps que la construction de logements, sont
adaptés aux activités tertiaires du quartier. En effet, si des commerces de proximité (place
Lachambaudie en particulier) répondent aux besoins des habitants, l’activité dominante
visible est la restauration, notamment la restauration rapide (bureaux, spectacles du Palais
omnisports, cinéma UGC …) : du côté de Bercy, place Lachambaudie et, depuis peu,
Bercy-village. Des hôtels (rue de Bercy et place des Vins de France ) ont été construits
dans cette zone calme, en liaison également avec le parking d’autocars situé entre le parc et
la voie express.
Le projet de Bercy envisageait, dans le prolongement des activités viti-vinicoles, une mise
en valeur des produits agro-alimentaires : Bercy-Expo est destiné à la gastronomie, les
magasins Lheureux abritent une école de boulangerie et pâtisserie, des boutiques
consacrées aux produits des terroirs se trouvent à proximité de Bercy-Expo, restauration
des anciens chais, enfin les noms de plusieurs rues indiquent l’orientation du secteur (place
des Vins de France, rue de l’Aubrac, avenue des Terroirs de France…), etc. Mais, c’est
autour des activités de loisirs que le secteur semble se développer : si le Palais omnisports
a inauguré depuis longtemps cette orientation, l’ouverture du cinéma UGC, l’installation
du Club Med dans les nouveaux « chais » que l’on rencontre à la hauteur du métro Cour
Saint-Emilion, la transformation d’une partie des magasins Lheureux en musée des arts
forains, enfin la présence dans le parc de la Maison du jardinage, du chais de Bercy, lieu
d’exposition (à partir du 23/09/00, sur les jardins de la bande dessinée), l’ouverture en
2002 de la Maison du cinéma, manifestent bien l’introduction récente de ce concept de
loisirs dans l’évolution du quartier.
La population totale (sans doubles comptes) du 12e arrondissement est de 138 134 en
1999 ; elle était de 130 257 en 1990 et de 139 144 en 198256. L’émergence du « quartier »
Bercy rend compte de cette augmentation qui est exceptionnelle dans Paris – tous les autres
56
INSEE. Recensement général de la population de 1990 et de 1999 (seules données disponibles à ce jour :
population légale par arrondissement)
172
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
arrondissements connaissent une baisse de population amorcée pour la plupart d’entre eux
en 1982.
5. Usages
Les usages de ce quartier sont liés aux activités tertiaires et à la présence d’espace du parc.
Le rythme de l’animation suit les horaires de travail. C’est à l’heure du déjeuner que les
passants sont les plus nombreux. Les terrasses de café maintiennent une animation
agréable.
Dans le parc, les promeneurs viennent se reposer, goûter le calme du lieu. Dans la partie
engazonnée, les enfants jouent au ballon, les gens se reposent, allongés dans l’herbe. Les
usagers du skate et des rollers investissent la plate-forme du Palais omnispsorts.
6. Enquête
Les éléments émergents dans les discours des personnes enquêtées souligneront
vraisemblablement les caractères exceptionnels du quartier : un habitat récent dominant, le
parc, la position agréable des immeubles qui le bordent, le bâtiment de Gehry, et à l’autre
bout du quartier, vers Bercy-Expo, les chais anciens, rappel de l’histoire du quartier. On
suppose qu’ils aimeront le calme de ce secteur de Paris, excentré et enclavé. On peut en
revanche se demander comment ils en définiront l’identité. Est-elle encore indistincte ou
bien les habitants relèveront-ils différentes ambiances susceptibles de composer ce
quartier ? L’intérêt de ce parcours est d’appréhender la réaction des riverains à
l’architecture contemporaine qui, ici, n’est pas événementielle mais devient banale.
PARIS 173
I - Enquêtes préparatoires
Tableau récapitulatif
174
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
Planche 1
1 Ministère des Finances
2 Palais Omnisports Paris Bercy
3 Rue de Bercy : escaliers qui mènent au Palais omnisports, hôtels et immeuble de bureaux
Planche 2
4 Rue de Bercy : bâtiments récents
5 A l’angle des rues de Bercy et Corbineau : ancien relais de Poste
6 Rues de Bercy (vers la gauche) et de Pommard (vers la droite)
7 N° 36-38 rue de Bercy
Planche 3
8 Pavillons en meulière, rue de Pommard
9 A l’angle des rues de Pommard et Jean Renoir - perspective lointaine sur le parc et la TGB
10 Bâtiment de Gehry (Centre américain et futur Maison du cinéma) et vue sur le parc - depuis la rue de Bercy
Planche 4
11 Bâtiment de Gehry, entrée côté parc
12 Le parc : grandes pelouses, terrasse et cascade - au loin les tours de la TGB
13 Le parc : jardins
Planche 5
14 Immeubles de la rue Paul Belmondo donnant sur le parc ; sur la droite, chais de Bercy
15 Pavillon ancien dans le parc
16 Rue Paul Belmondo
Planche 6
17 Rue Joseph Kessel
18 Angle des rues Joseph Kessel et Pommard
Planche 7
19 Place Lachambaudie
20 Rue Proudhon, passant sous un immeuble et ensuite sous les voies ferrées (derrière l’église)
21 Ecole maternelle 2, place de Lachambaudie
Planche 8
22 Rue Baron le Roy - entre deux immeubles, vers les voies SNCF
23 Rue Baron le Roy
Planche 9
24 Rue Gabriel Lamé - vers les anciens chais
25 Rue des Pirogues de Bercy, anciens chais ; au fond, musée des arts forains
Planche 10
26 Rue des Pirogues de Bercy - chantier Bercy-village et au loin, cinéma UGC
PARIS 175
I - Enquêtes préparatoires
3 - Rue de Bercy : escaliers qui mènent au Palais 4 - Rue de Bercy : bâtiments récents
omnisports, hôtels et immeuble de bureaux
5 - A l’angle des rues de Bercy et Corbineau : ancien 6 - Rues de Bercy (vers la gauche) et de Pommard
relais de Poste (vers la droite)
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I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
9 - A l’angle des rues de Pommard et Jean Renoir - 10 - Bâtiment de Gehry (Centre américain et futur
perspective lointaine sur le parc et la TGB Maison du cinéma) et vue sur le parc - depuis la rue
de Bercy
11 - Bâtiment de Gehry, entrée côté parc 12 - Le parc : grandes pelouses, terrasse et cascade ;
au loin les tours de la TGB
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I - Enquêtes préparatoires
21 - Ecole maternelle 2, place de Lachambaudie 22 - Rue Baron le Roy - entre deux immeubles, vers
les voies SNCF
23 - Rue Baron le Roy 24 - Rue Gabriel Lamé - vers les anciens chais
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I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude
25 - Rue des Pirogues de Bercy, anciens chais ; au 26 - Rue des Pirogues de Bercy - chantier Bercy-
fond, musée des arts forains village et au loin, cinéma UGC
27 - Place des Vins de France - Bercy-Expo 28 - Bercy-village (les chais font face à Bercy-Expo)
- passage vers la station de métro Cour Saint-
Emilion
PARIS 179
I - Enquêtes préparatoires