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L’expérience esthétique ordinaire de l’architecture :

parcours en espace public


Jean-François Augoyard, Martine Leroux, Catherine Aventin, Erwan Augoyard

To cite this version:


Jean-François Augoyard, Martine Leroux, Catherine Aventin, Erwan Augoyard. L’expérience esthé-
tique ordinaire de l’architecture : parcours en espace public. [Rapport de recherche] 57, CRESSON,
Ministère de la culture. 2003, 2 vol. (180, 342 p.). �hal-01364154�

HAL Id: hal-01364154


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MINISTERE DE LA RECHERCHE
ACTION VILLE – N°99V0705

L'EXPERIENCE ESTHETIQUE ORDINAIRE DE L'ARCHITECTURE


PARCOURS EN ESPACE PUBLIC

Tome I

Jean-François Augoyard

Avec
Martine Leroux
Catherine Aventin
Erwan Augoyard

1
2
MINISTÈRE DE LA RECHERCHE - ACTION VILLE - Subvention : n°99V0705

L'EXPERIENCE ESTHETIQUE ORDINAIRE DE L'ARCHITECTURE

- PARCOURS EN ESPACE PUBLIC -

RAPPORT FINAL

Composition de l'équipe de recherche.


- Responsable :
Jean-François Augoyard, philosophe, urbaniste, DR CNRS,
Directeur-adjoint de l'u.m.r. CNRS/CULTURE n° 1531"Ambiances architecturales
et urbaines".

- Equipe permanente:
Martine Leroux (philosophe, sociologue, chargée de recherche) (Paris)
Catherine Aventin (DEA Ambiances architecturales et urbaines, doctorante),
(Grenoble)
Erwan Augoyard (DEA Arts du spectacle/cinéma, doctorant) (Montpellier).

- Enquêteurs adjoints et consultants:


Jean-Luc Bardyn (ethnologue, chargé de recherche)
Nicolas Boyer (architecte DPLG).
Nicolas Tixier (architecte, maître-assistant des Ecoles d’Architecture).

Equipe technique et documentaire :


Julien McOisans, ingénieur CAO, PAO, (Ministère de la Culture).
Didier Pernice, technicien informatique et électronique (CNRS) ;
Delphine Reverdy et Françoise Acquier (CNRS), documentalistes,
Françoise Cholat (CNRS), gestion

Laboratoire et équipe :
Unité mixte de recherche n°1563, CNRS/Ministère de la Culture et
Communication.
Centre de recherche sur l'Espace Sonore et l'Environnement urbain (CRESSON)
Inscription thématique du groupe de recherche : thème 5 ("La perception
ordinaire en milieu urbain")

Etablissement : Ecole d'Architecture de Grenoble.


Adresse : CRESSON. EAG. BP 2636 38036 GRENOBLE CEDEX 02
TEL : (33) 04 76 63 83 36 FAX : 04 76 69 83 73 E-mail :
cresson@grenoble.archi.fr.fr

3
J’adresse ma sincère gratitude aux enquêteurs qui ont entrepris avec moi ce périlleux
parcours exploratoire, donnant sans compter leur temps, leurs astucieuses initiatives et
leurs judicieux conseils.

J.F. Augoyard.

4
RÉSUMÉ

De nombreux travaux en sciences sociales et en architecture ont abordé la


morphologie urbaine depuis 30 ans mais essentiellement par la collecte d’observations
savantes et, moins fréquemment, par l'observation des représentations et pratiques
ordinaires. En revanche, aucun travail n'a été fait sur la perception in situ de l'architecture
et encore moins sur la dimension esthétique susceptible d'intervenir dans cette perception,
les théories d'esthétique architecturale ne pouvant remplacer l'enquête auprès des citadins,
habitants et usagers. Le récent développement de réflexions sur la réception esthétique de
l’architecture ne concerne, hélas, que la culture savante.
L'intention générale de cette recherche est d'envisager la perception ordinaire de
l'architecture comme une expérience esthétique incluant une dimension active Nous
cherchons à savoir comment la perception et les conduites construisent une expérience
esthétique du divers architectural.
Sur un corpus de formes architecturales appréhendées comme séquences
perceptives de parcours en espace public, la méthode d'enquête associe trois instruments
complémentaires : l’enquête ethnographique urbaine pluridisciplinaire, l'entretien semi-
directif préparatoire, le parcours architectural commenté. Les sites d'observation ont été
choisis en fonction de trois contraintes : les genres de tissus urbains et d'édifices, les
cultures locales, la prégnance des images architecturales associées aux villes.
L'analyse dégage les récurrences portant sur les aperceptions et réactions touchant
aux fonctions urbaines, à la perception des données morphologiques, à la construction
sensible des ambiances, à l’énoncé de jugements esthétiques.
Conduite comme un travail exploratoire, cette recherche vise d’abord à montrer la
possibilité, jusque là hypothétique, de mettre au jour et d’étudier méthodiquement une
réelle compétence esthétique ordinaire qui engage la sensibilité pratique et non seulement
le jugement de goût. Elle éprouve ensuite des techniques d’observation et d’enquête
viables mais susceptibles d’amélioration et de réagencement. Ouverts et provisoires, les
résultats dégagent un ensemble de constantes et de tendances dans la réception actuelle et
non savante de l’architecture abordée à partir de l’espace public.

Mots-clés : architecture urbaine, perception de l’espace quotidien , réception esthétique,


compétence esthétique, ambiances urbaines.

Aires géographiques : Grenoble, Montpellier, Paris (intra-muros).

5
L'EXPERIENCE ESTHETIQUE ORDINAIRE DE L'ARCHITECTURE

Sommaire du tome 1

p.09 ……………. INTRODUCTION


p.09……………. ……………. L’arraisonnement esthétique
p.10……………. ……………. Perception architecturale et réception esthétique
p.16……………. ……………. L’expérience esthétique de l’architecture
p.17……………. ……………. Méthode
p.19……………. ……………. Organigramme des travaux

P.21 ……………. I - ENQUÊTES PREPARATOIRES


et description raisonnée des terrains d’étude

p.21……………. ……………. 1 - MÉTHODOLOGIE DE L’ENQUÊTE PRÉPARATOIRE

p.22……………. …………….……………. Guides et protocoles

p.25……………. ……………. 2 - DESCRIPTION RAISONNÉE DES TERRAINS D’ETUDE

p.25……………. ……………. ……………. GRENOBLE


p.30……………. ……………. ……………. ……CENTRE ANCIEN
p.40……………. ……………. ……………. ……CHAMPIONNET
p.49……………. ……………. ……………. ……CHORIER – BERRIAT
p.60……………. ……………. ……………. ……QUARTIERS SUD
p.71……………. ……………. ……………. MONTPELLIER
p.75……………. ……………. ……………. ……MONTPELLIER CENTRE TOURISTIQUE
p.89……………. ……………. ……………. ……ECUSSON: CENTRE VILLE HISTORIQUE
P.103……………. ……………. ……………. ……FIGUEROLLES
p.113……………. ……………. ……………. ……ANTIGONE
p.125……………. ……………. ……………. P A R I S
p.130……………. ……………. ……………. ……MOUFFETARD
p.143……………. ……………. ……………. ……OBERKAMPF
p.155……………. ……………. ……………. ……DU TROCADERO A LA RUE DE LA POMPE
p.166……………. ……………. ……………. ……BERCY

6
Sommaire du tome 2

p.07……………. II - DEUXIEME ENQUETE ET ANALYSE

p.07……………. ……………. 1 - MÉTHODE DE LA DEUXIÈME ENQUETE

p.08……………. ……………. 2 - ANALYSE


p.08……………. ……………. ……2.1 - METHODE DU DEPOUILLEMENT PAR SITES ET RUBRIQUES

p.11……………. ……………. ……2.2 - DECOUPAGE THEMATIQUE DU CORPUS D’ENTRETIENS IN SITU

p.11……………. ……………. ……………. GRENOBLE


p.13……………. ……………. ……………. ……CENTRE ANCIEN
p.33……………. ……………. ……………. ……CHAMPIONNET
p.57……………. ……………. ……………. ……CHORIER – BERRIAT
p.75……………. ……………. ……………. ……QUARTIERS SUD
p.91……………. ……………. ……………. MONTPELLIER
p.93……………. ……………. ……………. ……MONTPELLIER CENTRE TOURISTIQUE
p.116……………. ……………. ……………. ……ECUSSON: CENTRE VILLE HISTORIQUE
p.138……………. ……………. ……………. ……FIGUEROLLES
p.151……………. ……………. ……………. ……ANTIGONE
p.165……………. ……………. …………….PARIS
p.167……………. ……………. ……………. ……MOUFFETARD
p.192……………. ……………. ……………. ……OBERKAMPF
P.215……………. ……………. ……………. ……DU TROCADERO A LA RUE DE LA POMPE
p.235……………. ……………. ……………. ……BERCY

p.257……………. ……………. ……2.3 - ANALYSE THEMATIQUE

p.257……………. ……………. ……………. 1 - FONCTION ET USAGE


p.257……………. ……………. ……………. ……GRENOBLE
p.259……………. ……………. ……………. ……MONTPELLIER
p.261……………. ……………. ……………. ……PARIS
p.262……………. ……………. ……………. ……Conclusion sur fonction et usage
p.263……………. ……………. ……………. 2 - MORPHOLOGIE SPATIALE ET FACTEURS D’AMBIANCE
p.263……………. ……………. ……………. ……Préalable
p.264……………. ……………. ……………. ……GRENOBLE
p.269……………. ……………. ……………. ……MONTPELLIER
p.275……………. ……………. ……………. ……PARIS
p.285……………. ……………. ……………. 3 - SENSATIONS ET SENTIMENT D’AMBIANCE
p.285……………. ……………. ……………. ……Préalable
p.289……………. ……………. ……………. ……GRENOBLE
p.294……………. ……………. ……………. ……MONTPELLIER
p.304……………. ……………. ……………. ……PARIS
p.311……………. ……………. ……………. 4 - JUGEMENT ESTHÉTIQUE
p.311……………. ……………. ……………. ……Préalable
p.315……………. ……………. ……………. ……VIEUX QUARTIERS
p.318……………. ……………. ……………. ……TISSUS 1800->1950 (bourgeois)
p.322……………. ……………. ……………. ……TISSUS 1800->1920 (quartiers ouvriers, avec des ajouts plus récents)
p.326……………. ……………. ……………. ……TISSUS 1970 – 2002

p.331……………. III – CONCLUSION GENERALE

p.331……………. ……………. 1 - TROIS PROCESSUS ESTHETIQUES REMARQUABLES


p.332……………. ……………. ……OFFRANDES ESTHETIQUES
p.335……………. ……………. ……ARTIATIONS
p.339……………. ……………. ……EFFETS PRATIQUES DE L’EXPERIENCE ESTHETIQUE

P.341……………. ……………. 2 - L’EXPÉRIENCE ESTHETIQUE ORDINAIRE DE L’ARCHITECTURE

7
8
Introduction

INTRODUCTION

L’arraisonnement esthétique.

Dans les dernières décennies du siècle qui vient de s’achever, la déploration de


l'indigence architecturale française était devenue une telle habitude que, nonobstant les
situations, hélas bien réelles, qui ont alimenté ce thème récurrent, on pouvait suspecter un
jugement paresseux, et mal informé de l'évolution réelle de l’architecture ordinaire - les
architecture de prestige étant, évidemment, des cas d'espèce. En fait, la répétition quasi
obsessionnelle de ce discours qui a charrié nombre de stéréotypes morphologiques et
esthétiques a beaucoup moins de sens que l'essor, depuis quelques années, d'une demande
sociale pour un bâti "de qualité" ou, plus encore, porteur de valeur esthétique. Les récents
efforts médiatiques pour former l’opinion à la culture architecturale commencent à porter
leurs fruits, semble-t-il.
Dans le même sens, moins inconditionnellement confiants dans le seul recours aux
thérapeutiques sociales pour résoudre les crises urbaines, les pouvoirs publics ont mis
quelque espoir dans la revalorisation qualitative de l'immobilier et des espaces publics. En
même temps, l’idée d’une véritable créativité architecturale au service d’un habitat
modeste et qui fut enterrée sous l’essor de la production fonctionnelle et massive de
l’après-guerre est redevenue pensable en France depuis les années 701. La beauté et
l’originalité des édifices et des espaces publics ordinaires paraissent un critère désormais
communément admis et dont les bénéfices secondaires font accepter le coût
d’investissement, sauf aveuglement des décideurs. Sans en attendre des miracles, on répète
qu'une façade restaurée, un jardin public joliment entretenu n'encouragent pas
nécessairement les dégradations, que la diffusion de l'art urbain amène quelque chose de
positif, que la reconnaissance même des formes d'expression naguère marginales, comme
les graphs et le rap, voire leur récupération, aident à renouer le lien social. Mais comment
le savoir précisément ?

1
Grâce au travail de quelques pionniers parmi lesquels Jean Renaudie excella.

9
Introduction

On remarquera d'abord qu'il est toujours fort difficile d'évaluer l'impact et la portée
d'interventions à caractère artistique ou esthétique2. Néanmoins, il faudrait tenter de mieux
comprendre si cette sorte de valeur esthétique ajoutée trouve un écho chez les usagers et
habitants. On peut se demander pourquoi un tel travail d’observation et d’analyse n’a pas
encore été conduit jusqu’à aujourd’hui. Sans doute, ce genre de recherche n’est pas très
simple - nous aurons l’occasion d’évoquer les difficultés rencontrées au cours de notre
propre parcours exploratoire – mais faisable. Dans le registre des sérieux obstacles, il faut
plutôt évoquer ceux qui sont dressés par la profession elle-même et reconnaître dans la
mentalité de nombreux architectes une sorte d’arraisonnement de la dimension esthétique.
La beauté formelle serait l’apanage des créateurs et concepteurs de la chose bâtie. Cette
représentation quasi-latente que nous espérons inconsciente avait été bien observée dès les
années 703. Elle fait sans doute office de mécanisme de défense devant un autre
arraisonnement, celui de la production d'une production du bâti tellement absorbée par
d’autres savoirs connexes, compétences, spécialités et corps de métiers qu’il ne resterait
plus en propre à l’architecte que l’apparence formelle, la venustas de Vitruve. Si en réalité,
l’architecte reste encore le maître, au moins virtuel, de cette étonnante maîtrise de la
synthèse du divers conditionnant le travail de projet, il est vrai que l’appropriation de la
part de l’art lui confère une compétence de créateur qui le place au-dessus des rationalités
productives, dans le champ de l’imaginaire, du côté de l’œuvre et du talent, sinon du
génie : ce qui n’appelle aucune critique.
Le problème commence lorsqu’à l’usager et à l’habitant est déniée toute
appropriation de la beauté formelle des édifices. Ou plutôt, on attend d’eux une attitude
d’appréciation du geste créateur et de contemplation, à laquelle il manque évidemment une
éducation4. Une telle posture suppose quelques a priori éminemment discutables : s’en
tenir à une esthétique de la contemplation, confondre l’expérience artistique et l’expérience
esthétique, méconnaître la dimension active présente en toute réception. C’est
probablement en vertu de cet arrière-fond idéologique qu’aucune volonté du milieu
professionnel de connaître précisément la réception esthétique de l’architecture n’a été
manifestée. L’étude des publics commence à devenir une habitude dans le champ des arts.
Pourquoi pas du public architectural ? En tous cas, un programme de recherche permettant
de savoir comment la dimension esthétique compose dans la perception des formes
construites ordinaires reste à faire. Ce fut l’intention essentielle de la recherche dont le
parcours et les résultats vont être présentés dans les pages suivantes.
Au préalable, il convient de retracer l’essentiel de la problématique qui anima notre
travail. On y verra une façon plus argumentée de reprendre les remarques qu’on vient de
lire. Le cadre méthodologique de la recherche sera ensuite présenté dans ses grands traits,
le détail étant donné dans l’exposé de chaque phase des travaux. Enfin, la présentation en
deux tomes séparés vise à rendre plus facile le renvoi aux données de terrain fréquemment
nécessaires dans la lecture de la deuxième enquête.

Perception architecturale et réception esthétique.

Les formes de l'espace construit ont fait, directement ou indirectement, l'objet de


nombreuses études et recherches engageant essentiellement les disciplines suivantes :

2
cf. notre analyse dans : Augoyard J.F. Actions artistiques en milieu urbain. A l'écoute d'une épiphanie
sonore. Grenoble, CRESSON/Plan-Urbain, 1994, 53 p.
3
F.Lugassy, J.Palmade, Le discours idéologique des architectes et urbanistes. Paris, CEPS, 1974. multigr.
4
Dans la même étude qu’il serait bien intéressant de recommencer aujourd’hui, on entend certains architectes
suggérer la nécessité de faire des modes d’emploi d’habiter et des guides d’appréciation de l’architecture
livrés avec l’edifice.

10
Introduction

sociologie, ethnologie, psychologie de l'environnement, architecturologie, géographie


humaine et politologie. Au cours des trente dernières années, on a ainsi étudié amplement
l'habitat, les lieux et sites de transport, les édifices dédiés aux services publics et, plus
récemment l'espace public lui-même. Ces travaux ont été menés à travers l'analyse de trois
catégories de matériau : soit l'observation morphologique proprement dite, soit les
représentations recueillies par l'enquête orale ou le questionnaire écrit, soit la consignation
de pratiques observées directement ou déduites du recueil de représentations ou, encore,
éprouvées expérimentalement. La fonction des formes urbaines, le support sémantique
qu'elles offrent, la charge symbolique qu’elles portent, l'enjeu social ou politique dont elles
sont l'objet, les mutations sociétales et environnementales qu'elles matérialisent, les
modifications comportementales qu'elles abritent : autant d'objectifs d'une investigation qui
a étudié directement ou utilisé méthodologiquement la morphologie perceptible des
édifices.
Il est étrange qu'en revanche très peu d'intérêt ait été porté à la dimension esthétique de
l'architecture en tant que perçue. Du côté de la création, en effet il ne manque pas de textes
d'architectes ou de critiques revendiquant, souvent fort haut, l’apanage de la création, ou
plus modestement, la part de l'art dans la compétence d'édifier. Sur la compétence
esthétique d'habiter, il règne, en revanche, un étonnant silence. On peut même se demander
si percevoir les formes urbaines implique quoi que ce soit d'esthétique.
De prime abord, la question paraîtra stupide en regard des innombrables épiphanies de
la ville façonnées par l'imaginaire littéraire, pictural, filmique et musical. La mode
vestimentaire renvoie elle-même et depuis longtemps à des styles urbains. Mais cette
"artiation"5 (A. Roger, 1978) émanant d'une compétence experte concerne toujours un
secteur particulier de l'activité humaine : on y est spectateur, lecteur, auditeur, amateur
averti. Hors du champ de l'expression et de la réception artistiques, existerait-il une
conduite esthétique de l’habitant et du citadin en face ou au milieu des formes produites
par l'architecture et l'urbanisme ? Une des réponses importante à cette question passe par
l’analyse des ambiances urbaines que nous avons inaugurée depuis une dizaine d’années et
qui trouvera des applications dans la présente recherche6. Evoquons pour l’instant, une
façon plus traditionnelle d'aborder la question et qui reviendrait à l'incliner vers une
problématique de la perception. De quoi disposons-nous sur la perception de
l'architecture ?

1) La référence à la perception dans la conception architecturale.7

Non théorétiques, les premiers apports - et les plus anciens - émanent du champ de la
conception architecturale comme autant d'allusions, de références, ou d'arguments
programmatiques. Il faut rappeler que les propos développés par les architectes pour fonder
leurs décisions formelles renvoient très souvent, que ce soit sur un mode allusif ou
explicite, aux théories de la perception et aux modes esthétiques propres à chaque époque :
par exemple, recherche du signe et du character à la Renaissance, esthétique du
pittoresque et du sublime au XVIII°, thématique hygiéniste au XIX°. À la suite du
renouveau apporté depuis le début de ce siècle par la phénoménologie et la Gestalttheorie,

5
Notion d’Alain Roger,. Nus et paysages. Essai sur la fonction de l'art. Paris, Aubier, 1978.
6
Cf. Augoyard, Jean-François.Eléments pour une théorie des ambiances architecturales et urbaines. Les
Cahiers de la Recherche Architecturale. Automne 1998, n° 42/43, pp 7-23. Ed.Parenthèses/PUF.
7
Sur le rôle de la perception dans les théories de la conception architecturale on trouvera un excellent
développement in Grégoire Chelkoff, L’urbanité des sens.Perception et conception des espaces publics
urbains. (thèse sous la direction de J.F.Augoyard), Université Pierre Mendès-France, Grenoble, 1996. pp.
140 sq.

11
Introduction

on a vu apparaître plus précisément l'intention explicite de s'appuyer sur les effets


perceptibles produits par les composants élémentaires de la forme architecturale (forme,
matériau, couleurs, texture).Les architectes du Bauhaus ouvrent une voie nouvelle en ce
sens, prolongée avec de nombreuses variantes jusqu'à nos jours. Comme autant
d’exemples, il n’est que de voir la place des critères lumineux chez Louis Kahn, celle de
l'initiative plastique improvisée sur le chantier chez Lucien Kroll, le schème
scénographique chez Bernard Tschumi, l'intégration des sensations aéro-thermiques chez
Tadao Ando. Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que l'essor d'un maîtrise technique des
facteurs d'ambiance repose sur une psychologie expérimentale d'autant plus efficace qu'elle
sectorise la perception en une gamme de sensations dissociées qui n’a plus rien à voir avec
le vécu spatial.
Notons enfin que certaines positions théoriques contemporaines (Christian Norberg-
Schultz, Philippe Boudon) ont pris soin de découpler clairement l'expérience perceptive
des formes construites et le "système logique" de l'architecture dont l'autonomie est bien
exprimée par les représentations graphiques propres au processus de production.

2) Les observations sur la perception des formes construites.

L'étude des perceptions architecturales de l'habitant ou de l'usager a été peu conduite


pour elle-même. C'est le plus souvent dans le dessein d'observer les pratiques et conduites
des citadins et d'interpréter leurs significations que la dimension perceptive a été abordée.
Ainsi les travaux de Christian Norberg-Schultz, modèles d'approche
phénoménologique de l'architecture et qui visent à dégager l'essence du lieu, de l'ambiance,
des caractères de la forme s'appuient sur une analyse de l'expérience perceptive générale et,
par ailleurs, orientée surtout vers le visuel. On trouvera chez d'autres phénoménologues un
ensemble d'indications souvent éclairantes mais peu appuyées sur l'enquête et l'observation
instrumentée. Une exception peut être faite pour cette sociologie à la première personne
menée par Pierre Sansot sous les augures d'une pensée qui reste pourtant
phénoménologique mais n'aborde pas systématiquement la perception à l'échelle
architecturale.
Dans le champ psychosociologique, outre les approches générales de Kevin Lynch et
de Raymond Ledrut axées sur la construction sociale des images de la ville, un travail
remarquable a été entrepris dans les années 70 par l'équipe du CEPS8. Dans l'analyse des
enquêtes, on trouve des indications sur la perception de l'architecture, à toutes fins de
rechercher la signification des attitudes d'adaptation à l'habitat contemporain. Dans une
veine plus proche d'une sémiotique de l'espace ouverte et inductive9, il faut citer les travaux
de Sylvia Ostrowetsky10 et nos propres recherches des années 75-8511 qui contiennent un
certain nombre d'observations sur les perceptions ordinaires. Plus récemment, dans le
thème de la perception intersensorielle in situ développé dans notre laboratoire, une
recherche sur les espaces souterrains montre que la perception des formes construites
engage l'ensemble de l'expérience sensible.12

8
Lugassy F., Palmade J , Perianez M., . Etude sur la perception des immeubles de Jean Renaudie à Ivry.
Paris, CEPS, 1979.
9
Les approches systémiques qui étudiaient l'organisation de l'espace habité à condition que les singularités
perceptives des occupants n’interviennent point.(cf Groupe 7) ne nous sont d’aucun secours.
10
Ostrowetzski Sylvia, Le néo-style régional : reproduction d’une architecture pavillonnaire, Paris, dunod,
1980 et (id) L’imaginaire bâtisseur : les villes nouvelles françaises. Paris, méridiens Klincksieck, 1983.
11
-Pas à Pas. Paris, Le Seuil, 1979. - L'habitant des villes et son paysage urbain. Paris, UDRA/ESA, 1980. -
Faire comme à Givors. Naissance d'un nouveau quartier : formes d'appropriation et structuration de la vie
quotidienne. Grenoble, ESU/CRESSON, 1983.
12
CHELKOFF G.THIBAUD J.P. Ambiances sous la ville, Grenoble-Paris, CRESSON/Plan-Urbain, 1997.

12
Introduction

En résumé, l'ensemble de ces travaux qui apporte sans doute des connaissances sur la
question ne se demande pas directement : "qu'est ce que percevoir de l'architecture?" et,
par ailleurs, s'en tient au niveau esthésique, c’est-à-dire sensitif ou perceptif. De quoi
disposons -nous sur la dimension esthétique ?

3) La dimension esthétique dans la perception de l'architecture.

Dans cette direction, d'intéressantes notations se trouvent en des travaux d'esthétique


architecturale que ce soit à titre sectoriel13, ou à titre plénier tel que dans l'ouvrage de
Michelis14 publié en 1974. On ne peut oublier les récentes réflexions de Nelson Goodman
sur l’architecture15 plus axées d’ailleurs sur l’éclaircissement d’une sémantique
architecturale générale que sur l’observation de la perception non savante du monde bâti.
Quel que soit l’intérêt de ces apports à une philosophie de l’architecture et le prestige de
leurs signataires, on ne trouve rien sur la dimension esthétique dans la perception. D'autres
auteurs, plus près d'un esthétique urbaine (P. Sansot, 1972, A. Cauquelin, 1976, Augoyard
1979) ou d'une ethno-sociologie des arts de faire (Verdier et alii 1977, de Certeau 1980)
laissent entrevoir la présence de la composante esthétique dans l'organisation perceptive
ordinaire. On ajoutera à ces apports, quelques études beaucoup plus récentes sur la
perception des nouvelles manifestations artistiques en ville. (Shusterman 1989, Heinich,
1998, Augoyard, 1998).
À notre connaissance, le seul travail fondamental qui traite directement de la
perception esthétique de l'architecture est la thèse de Marion Segaud (1988) centrée sur le
concept de compétence esthétique et alimentée par un corpus repris dans un ensemble
d'enquêtes sur l'habitat. Après un développement étendu sur l'amont philosophique de cette
question dans la pensée occidentale, l'enquête empirique envisage le citadin comme
producteur d'énoncés appréciatifs sur les "oeuvres" architecturales. Le but est donc de
caractériser le sujet esthétique dans le rapport représentatif et actif qu'il entretient entre le
beau et l'utile. En fait, fondée sur une analytique du jugement esthétique, la thèse propose
d'avancer dans la connaissance du goût en architecture, ce qui est certainement de la
première importance. En revanche, la composante perceptive n’est pas abordée pour elle-
même.

4) La réception esthétique de l’architecture.

Dans une introduction à l’ouvrage collectif « Espaces de vie, espaces


d'architecture » publié plus tard 16, le même auteur, prend position sur une question qui
renvoie explicitement à la notion de réception : « Comment est reçue l’architecture
aujourd’hui ? ». Premier constat : la perception esthétique ordinaire ne figure pas dans les
réponses apportées aujourd’hui à cette question. Par contre, apparaît le thème de la
« réparation esthétique » (notion proposée par Catherine Forest) dont il faut noter l’usage
de plus en plus fréquent, en particulier dans l’aménagement des zones urbaines difficiles et
qui renvoie à des intentions éthiques et axiologiques (créer de l’identité, de la civilité, de la
mémoire collective, etc.). Pour instrumentale qu’elle soit, cette revalorisation de

13
Citons parmi les plus connus, les chapitres dédiés à l’architecture dans les oeuvres de Hegel, Paul Valéry,
Heidegger, Gillo Dorflès.
14
MICHELIS A. Esthétique de l'architecture. Paris, Klincksieck, 1974.(traduction).
15
En particulier, le chapitre 2 de Reconceptions en philosophie. (Goodman et Elgin) traduit au PUF, Paris,
1994.
16
SEGAUD Marion (Ed), Espaces de vie, espaces d'architecture . Paris, Editions Plan-Construction et
Architecture, Ministère du Logement, Recherches n° 64. 1995. ISBN 642 11 0855 29 0

13
Introduction

l’architecture résonne avec une attention nouvelle aux formes bâties. Aussi, Marion
Segaud estime-t-elle que l’architecture nouvelle serait en train de proposer un nouveau
modèle de production artistique dans laquelle l’action collective est fondamentale. À
prendre l’œuvre bâtie comme un monde (non pas au sens phénoménologique mais au sens
de Howard Becker) impliquant des instances de plus en plus nombreuses (politiques,
idéologiques, médiatiques, éthiques), on s’éloignerait d’un débat esthétique limité aux
questions de nature, de style, de référence et d’exemplarité. Cette piste ouvre sans doute
des perspectives de travail sur l’évolution de l’intentionnalité architecturale et sur la
réception de l’architecture chez les décideurs et gestionnaires de l’urbain. Il reste à savoir
ce que signifie la réception en architecture et à se demander comment l’habitant ordinaire y
accède
Une récente et importante contribution à la théorie esthétique de l’architecture vient
d’être disponible dans les : Cahiers thématiques Architecture, Histoire /Conception n°2. La
réception de l’architecture. (Lille, Ed de l’Ecole d’Architecture de Lille, diff. Paris,
J.M.Place. Août 2002.). C’est la première fois qu’un aussi grand nombre de contributions
s’interrogent sur la réception de l’architecture en balayant l’ensemble des principales
questions que cette notion soulève et en montrant l’intérêt et les limites d’une approche
désormais classique dans les autres domaines artistiques (mis à part la danse).
La première interrogation posée par les articles de fond porte sur la validité
d’appliquer la théorie de l’Ecole de Constance à l’architecture. Elle revient à formuler cette
simple question : le donné architectural peut-il être (un) objet d’art comme les autres ? Si le
précurseur de la théorie de la réception, J.G.Sulzer (1720-1779), comme le rappelle
Deloche d’entrée de jeu (p.13-21), avait pris, entre autres, exemples celui de l’architecture,
ce n’est pas le cas de Hans Robert Jauss, ni de Wolfgang Iser qui ont édifié leur théorie de
l’horizon d’attente et de l’effet esthétique sur le cas des oeuvres littéraires et théâtrales.
L’argument clé consiste à revenir sur le thème fort débattu de l’autonomie de l’art et à
l’appliquer de façon évidemment problématique à l’architecture dont on connaît l’essence
éminemment composite (B.Haumont, p.9 sq). Ancré au lieu, l’objet édifié est plus que le
bâtiment lui-même ; il est aussi défini par ce qu’il change et implique dans l’espace
physique et dans le contexte social environnant (G.Monnier, p.13-21 et F. Chevallier, p.43-
46). Le terme même de réception rend épineuse la désignation de la chose architecturale.
Qu’est ce qui est reçu ? S’agit-il d’objet, d’œuvre, d’expérience, de relation complexe
(J.F.Roullin, p.33 sq.) ? En tant qu’œuvre produite, l’objet architectural impliquant
indissolublement la technique et la fonctionnalité triviale diffère donc beaucoup de la
littérature ou de la peinture soumises à un régime d’intentionnalité esthétique prédominant.
En tant qu’exposée au regard et soumise à l’usage - c’est la deuxième interrogation -,
l’architecture est certainement objet de réception mais pas seulement, ni nécessairement au
sens esthétique. L’architecture concerne un cercle plus large de récepteurs que la
littérature ; critiques, décideurs, utilisateurs, voisins du bâtiment : tous portent des
jugements souvent différents en nature et en valeur (F.Chevallier, ibid). Surtout, différence
majeure, on ne choisit guère le paysage architectural et urbain ; pour le meilleur et pour le
pire, il est imposé. Or, la réception esthétique, comme le montre Wolfgang Iser, repose sur
une démarche libre et volontaire. Ensuite, cette liberté de saisir le sens de l’œuvre et d’en
comprendre les ressorts intimes liés au processus de conception - comme la belle
apparence visuelle d’une façade exprimant aussi la quiddité des volumes intérieurs - repose
sur une culture particulièrement complexe et technique, celle qui s’exprime dans le
discours savant sur l’architecture. Il faut donc postuler deux régimes de
réception (J.F.Roullin, ibid). On aurait, d’un côté, une réception esthétique de
l’architecture pratiquée par une population avertie. Les hommes de l’art, les critiques et
spécialistes, ainsi que les divers partenaires de la production du cadre bâti possèdent ce

14
Introduction

bagage de références susceptible de constituer un horizon d’attente grâce auquel sera


spécifiée, selon les époques, l’appréciation des œuvres bâties et l’application du
mécanisme de l’écart esthétique entre le convenu et le nouveau. D’un autre côté, il y a la
réception tout court, au sens banal, qui apprécie les édifices d’abord par la fonction, par
l’usage et à travers des représentations collectives stéréotypées. Condamné à cette
appréhension réduite, l’habitant-usager-citoyen (lequel choisir ?) percevrait donc surtout le
bâtiment quand le spécialiste voit l’œuvre. Et cette perception-là ne ressortit plus d’une
esthétique architecturale mais d’une sociologie des représentations ou d’une sociologie de
l’habitat.
Appliquée à l’architecture, la théorie de l’Ecole de Constance produit donc un
clivage particulièrement rigoureux qui reproduit l’opposition séculaire entre culture
savante et culture populaire. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’une fois établis les
précieux préalables que nous venons de résumer, le reste de la revue citée se cantonne au
domaine de la réception savante, qu’elle soit esthétique ou non. Rien d’autre à dire sur les
habitants-usagers-citoyens qui seraient donc condamnés à la réception banale. De fait, vu
l’absence notoire de culture architecturale dans les représentations collectives actuelles, il
semblerait que les « récepteurs » ordinaires ne peuvent réussir cette aperception d’une
différence fondamentale entre oeuvre de l’imaginaire et réalité triviale, opposition sans
laquelle, selon Jauss, aucune réception esthétique n’est possible.
Deux échappatoires sont quand même invoquées dans le même numéro des Cahiers
thématiques Architecture, Histoire /Conception. Par la première, on reconnaît l’existence
d’accidents esthétiques dans le vécu des usagers, d’« étincelles poétiques »(M.Eleb, A.M.
Châtelet 17) appelant une explication bachelardienne. Dans la seconde, J.F.Roullin, (op.cit)
évoque les cas remarquables où, par l’édifice lui-même, l’architecte livrerait ses intentions
créatrices à un « architectataire ». Par cette sorte de description muette mais patente,
l’œuvre énoncerait sa nature, se raconterait et appellerait une réception non fonctionnelle,
désintéressée et donc proprement esthétique.
Pour réconfortantes qu’elles soient ces hypothèses, d’ailleurs peu étayées, ne
résolvent pas la raideur de la dichotomie entre réception savante et réception naïve.
Confrontée à l’architecture, la théorie de l’Ecole de Constance, victime de son succès et
d’innombrables réemplois lapidaires18 induit à la fois des régressions théoriques et des
glissements qui montrent les limites de son application. Ainsi, la notion d’horizon d’attente
peut facilement être interprétée comme un horizon culturel (pour ne pas dire un « capital
culturel ») alors que chez Husserl qui l’a inspirée, elle est strictement de l’ordre du vécu.
Supposer que la réception esthétique est de l’ordre de la culture (accumulation de savoir et
d’expériences référencées), c’est sacrifier encore à la théorie spéculative de l’art née au
XIX° et revenir à la coupure entre sensibilité et connaissance.
Étrangement - et Bernard Deloche propose aussi cette solution avant toutes les
questions posées dans la revue citée- c’est Sulzer, le lointain précurseur de ce courant
esthétique, qui détient un intéressant dépassement de cette aporie par l’idée de surplus
esthétique, notion qui connaît d’autres analogon dans la pensée du XVIII°. En portant
l’attention non plus sur une réception contemplative mais sur la chaîne des effets que
l’œuvre d’art produit sur l’homme, on voit qu’il n’y aurait pas une radicale différence de
nature entre les deux genres de réception mais prolongement possible, adjonction à la
fonction et à l’usage d’une valeur esthétique ajoutée, (d’une « énergie esthétique » dit
Sulzer). Ainsi, comme l’objet architectural est en droit (ordre du possible) d’accéder au
statut d’œuvre, chez l’homme du commun, l’horizon d’attente architecturale connaîtrait
17
Urbanité, sociabilité et intimité. Des logements d'aujourd'hui. Paris, Editions de l’Epure, 1997.
18
Ce n’est pas le cas de la revue citée où les auteurs détaillent avec soin les traits fondamentaux de la
réception esthétique.

15
Introduction

donc divers aspects, divers paliers, au bout desquels la possibilité d’un couronnement
esthétique.

L’expérience esthétique de l’architecture.

À l’issue de ce raccourci théorique, on aura compris dans quelle direction notre


recherche s’oriente. S’appuyant sur les tentatives précédemment résumées, elle construit
son itinéraire par rebonds. A la question : « la dimension esthétique entre-t-elle dans la
perception des formes construites ordinaires », ne répondent ni l’esthétique architecturale
qui oublie la perception ordinaire, ni les études psychologiques ou sociologiques sur la
perception de l’espace construit qui négligent la composante esthétique, ni en définitive la
théorie de la réception esthétique appliquée à l’architecture qui est sans voix sur la
réception non cultivée et néglige la dimension configuratrice de la perception. L’étude des
jugements de goût chez le citadin commun (Ostrowetsky et Segaud) est certainement
l’approche la plus voisine de la nôtre, à la différence qu’il s’agit de représentations et que
les perceptions in situ accompagnant ces jugements réfléchissants, comme dit Kant, ne font
l’objet d’aucune observation raisonnée. Pensant pratique avant réception, perception avant
représentation élaborée, nous prenons la dimension esthétique ordinaire comme l’opération
non nécessairement cultivée par laquelle perceptions et conduites construisent une
sensibilité aux formes architecturales qui déborde la fonction et l’usage.
L’hypothèse qui porte l’ensemble de notre recherche exploratoire est d'envisager la
perception ordinaire de l'architecture comme une expérience esthétique, cette expérience
étant abordée non pas exactement comme une réception, nous l’avons dit, et non plus
comme une attitude générique et typique à propos d'objets déjà réputés "artistiques"
(position de l'esthétique de la réception). Elle est saisie à même l'expérience sensible
quotidienne de l'urbain. Nous cherchons à savoir comment la perception et les conduites
construisent une dimension esthétique du divers sensible architectural.
Il ne faut pas cacher que les problèmes théoriques sont évidemment nombreux autour
de cette position et à propos des notions qu’elle entraîne. Ils touchent à la nature de
l'expérience esthétique qui est particulièrement discutée de deux points de vue : dans le
récent débat entre les esthétiques analytiques et pragmatiques et, par ailleurs sur la base de
la critique de la théorie spéculative de l'art menée depuis quelques années par
J.M.Schaeffer19. On peut plus généralement se demander si l'expérience esthétique
commence à même la sensation ou avec le processus culturel de réception. Sans entrer plus
avant dans un débat encore en chantier, précisons que le choix de la notion d’expérience
est motivé par la définition à la fois globale et située qui la caractérise depuis les travaux
que la phénoménologie lui a consacré depuis presque un siècle. Par ailleurs, nos
hypothèses sont dans la continuité d'autres travaux personnels sur les rhétoriques du
quotidien, sur le rôle capital des effets de transition spatiale et temporelle, sur les
perceptions sonores et lumineuses in situ, et, plus récemment, sur l'art dans la rue.
Triples sont les conséquences méthodologiques de ce parti :
1) la perception est à observer dans son contexte physique et social ;
2) la perception n'a pas de sens indépendamment du mouvement présent (ou, au minimum,
d'une esquisse sensori-tonique) et du projet donnant sens à l'instant observé;

19
JM Schaeffer : L'art de l'âge moderne, Paris, Gallimard, 1992
Le XIX° a forgé l’idée non disparue que l'art accomplit une tâche ontologique (Novalis, Schlegel, Hegel,
Schopenhauer, mais aussi Heidegger). Spéculatif, en ce qu’il est déduit d'une métaphysique générale le
concept d'art recouvre une entité transcendantale censée fonder la diversité des pratiques artistiques.

16
Introduction

3) les conduites esthétiques ne se réduisent pas à des organisations sensibles (elles ne


seraient qu'esthésiques) mais elles sont pourtant indissociables des indices sensoriels et des
"logiques" pré-catégorielles qui les instrumentent.

Ultime remarque, dans les paragraphes précédents, le terme d’architecture a été le plus
souvent employé dans le sens le plus courant, c’est-à-dire comme signifiant le donné bâti,
le corpus existant des édifices construits et de leurs abords aménagés. Parfois, il s’agissait
du deuxième sens : le savoir architectural, la théorie et l’ensemble des compétences
produisant le bâti, mais le contexte l’aura suffisamment connoté. Il est plus important de
souligner que notre recherche ne considérera que l’un des aspects de ce qui compose
l’objet architectural sui generis. Il faut considérer comme le définit justement Bruno Zevi,
que l’essence même de l’œuvre architecturale, ce qui la distingue des autres produits des
arts en trois dimensions, c’est le volume intérieur. On devrait donc attendre que les
perceptions étudiées soient d’abord celles de l’habitant proprement dit. Nous nous sommes
arrêtés à interroger des passants, des citadins en mouvement dont les premiers objets
tombant sous les sens étaient l’apparence architecturale et les espaces extérieurs. Ce choix
obéit à une économie d’enquête. L’observation et le récit de perceptions dans l’espace
domestique eurent exigé un temps d’observation plus long et l’emploi d’une méthode
encore peu rôdée20. Par ailleurs, offrant des configurations sensibles et des objets de
perception plus communs, l’espace public permet de comparer plus facilement les
expériences singulières. Il faut aussi noter que les sujets de l’enquête principale ont
effectué des parcours en zone familière, comme habitants de leur propre quartier, évoquant
à l’occasion les intérieurs des bâtiments et ce qu’on ne perçoit pas de l’extérieur.
L’avantage de ce choix est enfin d’obtenir une ensemble d’enseignements sur la sensibilité
actuelle à l’esthétique de l’espace construit public, indications qui apportent leur
contribution à un thème qui appelle débat aujourd’hui. Nous nous réservons de conduire
plus tard une seconde enquête sur la perception esthétique de l’intérieur des édifices.

Méthode.

La méthodologie a été construite pour permettre le recueil et l'analyse des deux


composantes essentielles de l'expérience esthétique ordinaire : d'une part, la perception de
l'architecture et du construit, d'autres part, le sens esthétique intervenant sous certaines
conditions (thématique de l’esthétique ajoutée).

Le corpus de référence des objets architecturaux perceptibles inclut une large


variété de formes allant du détail décoratif ou ornemental aux façades d'une place urbaine,
y compris les adjonctions et transformations "spontanées". La cohérence tient plutôt au fait
que nous valorisons des séquences perceptives organisées par l’action déambulatoire. Cette
approche favorise aussi l'émergence des transitions et changements perceptifs à propos
desquels l'aperception est toujours plus facile (outre qu'elle répond à l'économie perceptive
de la vie quotidienne).
Les sites d'observation ont été choisis en fonction d'une triple variété portant sur
les grands genres de tissus urbains et d'édifices, sur les cultures locales (3 régions
différentes : Ile de France, Rhône-Alpes, Midi,), sur l’image architecturale entretenue dans
les représentations collectives. Les trois villes retenues sont : Grenoble, Montpellier, Paris :

20
L’observation sensible combinée avec le récit a été tentée par un de nos doctorants, Bazine Boubezari pour
l’observation des pratiques sonores domestiques. Le suivi à long terme est indispensable pour recueillir
suffisamment d’informations et malgré le nombre raisonnable de 16 foyers, l’enquête proprement dite a duré
plus de trois années.

17
Introduction

soit la différence entre une capitale et deux villes moyennes dont l’une a une image
architecturale faible, l’autre forte.

La taille de la population peut sembler réduite : une trentaine de sujets pour la pré-
enquête et 48 pour l’enquête principale (4 sujets par 4 terrains par ville). Vu le caractère
exploratoire de la recherche, il semblait important de donner le pas à la qualité d'enquête
sur la quantité, aussi bien un des buts essentiels est-il d'éprouver les conditions de
faisabilité méthodologique d'une telle démarche. Il est donc difficile d’avoir une
représentativité démographique pertinente. On notera toutefois que les données socio-
économiques et démographiques ont été recueillies précisément pour chaque quartier et
que l’éventail des profils retenus a été établi en ce sens.

La méthode d'enquête a utilisé trois instruments :


- l’observation ethnographique des terrains retenus appuyée par le descriptif, le filmage et
le recueil de données sociologiques et urbanistiques,
- l'entretien semi-directif classique avec consignes préalables à l’observation,
- le parcours commenté simple.
La technique du parcours commenté inaugurée par Jean-Paul Thibaud pour l’étude des
ambiances consiste à recueillir les commentaires de passants sur un itinéraire repéré et pré-
analysé, en les comparant aux données physiques sensibles caractérisant le parcours21.
Dans notre cas, la mesure physique n’était pas nécessaire.

21
Cf.GROSJEAN M, THIBAUD J.P., L’espace urbain en méthodes, Marseille, Ed .Parenthèses, 1995.

18
Introduction

ORGANIGRAMME DES TRAVAUX

1 – PHASE PREPARATOIRE

Préparation des enquêteurs


Choix des zones urbaines à retenir
Observations ethnographiques générales.
HYPOTHESES SUR LES ZONES A RETENIR (1er tri)

2 - PRE-ENQUETE

Recherche documentaire (plans, statistiques)


Enquêtes réputationnelles.
Choix et tests des parcours (2éme tri)
Campagnes photographiques et vidéographiques.
Etablissement du corpus vidéographique.
HYPTOHESES ESTHETIQUES SUR LES PARCOURS RETENUS

3 - ENQUÊTE PRINCIPALE

Préparation de l’enquête menée simultanément dans les quatre sites .


Passation des parcours commentés .
Transcription des entretiens

4 - DEPOUILLEMENT ET ANALYSE

Découpage des entretiens par rubriques et par terrains.


Analyse par rubriques.
Comparaison des terrains.
Dégagement des principaux traits pertinents.

5 – REDACTION DU RAPPORT FINAL

19
Introduction

20
I.1 - Méthodologie

I - ENQUÊTES PREPARATOIRES
ET DESCRIPTION RAISONNÉE DES TERRAINS
D’ÉTUDE

1 – MÉTHODOLOGIE DE L’ENQUÊTE PRÉPARATOIRE


L’enquête préparatoire visait essentiellement à choisir le nombre, la nature et la taille
des sites dans lesquels se déroulerait l’enquête principale sur les perceptions esthétiques
des citadins.
En l’absence de tout modèle préalable, il a fallu discuter au sein de l’équipe des très
nombreux critères de choix et de faisabilité. En plus de la prise de la connaissance
approfondie des tissus pressentis, nous avons veillé à nous entourer d’un maximum
d’informations provenant de sources soit historiques, soit urbanistiques, soit socio-
démographiques et soco-profesionnelles mais aussi provenant d’informateurs privilégiés.
Le phasage de cette première enquête s’est déroulé ainsi :
1) Parcours urbains exploratoires et travail en groupe sur carte et documents
iconographique. Raisonnement des tissus représentatifs de chacun des diversités urbaines.
Hypothèses sur 8 à 10 parcours par ville.

2) Choix d’informateurs susceptibles de bien connaître l’espace, l’histoire, la politique la


sociologie et la culture de la ville.

3) Enquêtes réputationnelles. En résumé, cette technique détaillée dans « L’espace urbain


en méthodes » (op. cit.) adapte la classique méthode ethnologique d’entretiens avec des
informateurs privilégiés (urbanistes, architectes, acteurs de la culture (secteur privé ou
publique), sociologues,

4) Dépouillement de ces entretiens selon les rubriques qu’on trouvera dans le guide de
compte-rendu ci-joint.

5) Comparaison des choix des informateurs avec les hypothèses de l’équipe. Le classement
des parcours à retenir a presque toujours été la même que celui que nous avions imaginé de
notre côté. La plus grande difficulté a été de choisir seulement quatre parcours à Paris.
Dans ce cas nous avons fait une seconde consultation auprès d’urbanistes et d’architectes.
Pour chaque ville, nous avons essayé autant que possible de concevoir une variété de
parcours qui déclinent les différences suivantes : homogénéité/hétérogénéité
morphologique, intersection de voirie importante/ « village », permanence ou
patrimonialitsation/rénovation..

6) Analyse en détail des quatre parcours retenus dans chaque ville. Campagne
vidéographique et photographique. Raisonnement du découpage formel des parcours en
tronçons élémentaires (facilité de classement et de manipulation des données).

21
I - Enquêtes préparatoires

GUIDES ET PROTOCOLES

Précisions sur les données quantitatives recueillies au cours de la phase préparatoire.

CONSIGNES AUX ENQUÊTEURS

En cas d'absence de chiffres déjà préparés dans des documents de synthèse disponibles
(documents d'urbanisme, études, plaquettes et publications politiques,...) ou pour les
vérifier, nous avons eu recours aux données de l'INSEE.

Deux catégories de données pouvaient être consultées en 2000 :


- le recensement de 1990.
- celui de 1999, mais qui dans certaines villes n'était pas encore tout dépouillé.

Voilà donc ce qu'on peut retenir pour la zone traversée par le parcours (en cumulant, si
nécessaire, les découpages par îlots de l'INSEE):

1990 :
- population totale par sexe et âge,
- nationalités,
- caractéristiques des résidences principales ( données selon l'âge de la personne de
référence du ménage),
- population totale par sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle.

1999 : (par ilôt) :


- population sous double compte,
- population des résidences principales
- nb de logements d'occasion,
- nb de logements vacants,
- nb de résidences secondaires,
- nb d'habitants par résidence principale,
- nb de logements.

22
I.1 - Méthodologie

GUIDE DE L'ENQUETE REPUTATIONELLE.

A - Cadre et conditions.

1) Choix de huit parcours sur les zones d'observation retenues.


En variant en particulier les parcours homogènes et les parcours traversant plus d'une zone
ou tissu.

2) Choix d'informateurs éclairés susceptibles d'avoir une opinion déjà faite sur l'espace
physique, esthétique ou social des zones concernées. Retenir une dizaine d'informateurs
par villes.

3) L'entretien se fait dans un lieu où la place permet de travailler sur cartes et plans.
Enregistrer l'entretien.

B - Consignes :

1) Présenter rapidement notre recherche.

2) Demander quels parcours (8 ou 10 au maximum) ferait l'interviewé pour montrer


l'architecture de cette ville (bâtiments et échelle urbaine), faire ressentir ses qualités et
montrer ce qu'elle a de spécifique.
Les réactions se font sur carte générale de la ville, en utilisant ensuite des plans plus précis,
au besoin.

3) Recueillir ensuite les libres réactions sur les hypothèses de parcours que nous avons déjà
retenues.

4) Terminer par des renseignements précis sur l'activité de l'interviewé et son histoire
résidentielle.

C - Dépouiller l'entretien aussitôt que possible en classant les propos selon la logique de
parcours.

23
I - Enquêtes préparatoires

GUIDE DE MISE EN FORME DU DESCRIPTIF RAISONNE DES TERRAINS

1- Rapide chronique du déroulement de la phase de travail.


- Dates principales et moments principaux de l'enquête;
- repérages personnels dans la ville avec techniques de consignation,
- recherche des informateurs, conditions et nombre d'entretiens réalisés,
- identité cryptée des informateurs,
- nombre de trajets prospectés et liste des trajets retenus..

2- Présentation graphique des trajets retenus.


- plans et photos.
( essayez de trouver une échelle au 10.000° qui est plus courante en urbanisme; les plans
de ville sont souvent au 12.500°; un trajet d'une demi-heure y tient et la présentation en
page A4 est correcte.
- inscription du trajet sur le plan et sens de trajet retenu..

3- Présentation des critères de choix : terrain par terrain.


- Croisement des données factuelles et de l'enquête réputationelle.

- Bref historique de l'espace retenu, centré sur l'organisation spatiale construite telle qu'elle
apparaît aujourd'hui. (Ex : "au XIX°, apparition d'ateliers sur une zone auparavant
consacrée au maraîchage, puis désaffection de ces ateliers depuis 15 ans.")

- Critères morphologiques :
Architecture, (époque, type, hauteur des bâtiments, gabarit de rue, dimensions
approximatives des places); paysage et environnement proche,

Eléments décoratifs et secondaires : liés à l'information urbaine, aux commerces, à


l'expression "sauvage" etc... (Ne pas donner l'intégralité du détail mais, par exemple , "La
première partie de la rue (60 mètres) a des panneaux commerciaux colorés et rapprochés
qui occupent une partie du trottoir" ou : "Les façades sont presque toutes ornées d'une
moulure typique du XIX° haussmanien (cf. dessin ou photo)"

Eléments non visuels de l'ambiance : sonore, olfactifs, tactiles, kinesthésiques.

- Critères fonctionnels.
(marché?, passage? zone résidentielle? commercial? culturel (cinémas)? industriel?
mixte?.....

- Indices sur la composition socio-professionnelle du quartier.

- Caractères remarquables de la vie sociale et des pratiques répétitives ou événementielles


mais remarquables ( ex : jeux de boules, groupes de skaters, fréquentation le soir à la belle
saison, souvenir du 14 juillet 89, victoire sportive ayant marqué les mémoires).

- Hypothèses sur les éléments émergents de chaque terrain (ce qu'on suppose devoir être
souligné par les habitants). Suivre la grille précédente.

24
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

2 - DESCRIPTION RAISONNÉE DES TERRAINS D’ETUDE

GRENOBLE

GRENOBLE 25
I - Enquêtes préparatoires

DEROULEMENT DE L’ENQUETE REPUTATIONNELLE

1. Chronologie

Dès le mois de janvier, «exploration » de Grenoble.


Fin janvier : 1ère enquête réputationnelle
Fin juin : 2ème et 3ème enquête réputationnelle
Fin juin : choix définitif des parcours

2. Repérages personnels dans la ville, technique de consignation

La première approche consiste à se rendre dans différents quartiers de Grenoble (connus ou


inconnus) et de les parcourir à pied et/ou en bus pour repérer, d’abord rapidement, s’il y
des bâtiments, des activités, des configurations spatiales, etc. qui peuvent nous intéresser.
Suite à la première enquête réputationnelle, huit secteurs ont été retenus. Ces quartiers sont
explorés et arpentés de façon plus systématique, en essayant de voir si des parcours d’une
vingtaine de minutes sont possibles suivant les caractéristiques définies préalablement pour
l’ensemble des parcours (hétérogénéité / homogénéité ; diversité architecturale ; au moins
un événement architectural ; traverser un grand axe ; mutation / pas d’évolution).

Les huit secteurs sont :


1 Centre ancien
2 Championnet – V. Hugo – Vaucanson – Verdun
3 Chorier – Berriat
4 Grande Poste – Bajatière
5 Quartiers Olympiques Malherbes – Résidences 2000
6 Village Olympique
7 Villeneuve
8 Teisseire ou Mistral

Plusieurs aller-retour entre des discussions d’équipe et des tests sur le terrain, aident à
affiner les parcours potentiels.
Il apparaît assez rapidement au cours des discussions, qu’il faut faire un seul parcours à
traversant les secteurs 5, 6 et 7. Finalement, les quartiers envisagés pour un parcours 8 sont
éliminés après plusieurs tentatives insatisfaisantes de parcours. Ces quartiers ne sont en
effet pas assez variés et trop grands, et n’offrent que des parcours trop monotones ou
beaucoup trop longs. Il faut faire des choix parmi les secteurs restant, sachant que le
secteur 1 paraît incontournable.
Chaque secteur est parcouru à pied pour mieux connaître ou découvrir le quartier, avec de
nombreux arrêts, des aller-retour, des tests sur les sens des parcours, des essais de
bifurcations, de variantes, des visites à différents moments de la journée et de la semaine.
Ces déambulations s’accompagnent de prises de notes, de repérages sur des fonds de plan,
de photographies.

3. Recherche d’informateurs et déroulement des enquêtes réputationnelles :

Afin de constituer un corpus de référence de quartiers et/ou de séquences remarquables


et/ou caractéristiques de Grenoble, une enquête réputationnelle a été menée.
Les informateurs recherchés devaient être à la fois des habitants de Grenoble depuis
suffisamment longtemps pour bien connaître la ville et des personnes ayant un regard

26
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

professionnel sur la ville et sur celle-ci en particulier. Il était intéressant d’interroger des
personnes ayant des approches et des expériences différentes.

Identité cryptée et qualités des informateurs :


S : F, architecte ; née à Grenoble, y a habitée pendant une vingtaine d’années ; doctorat
d’architecture en cours (sur les ambiances olfactives).
B : H, architecte ; Algérien, vit à Grenoble depuis 8 ans ; doctorat d’architecture en cours
(sur les pratiques intuitives de maîtrise du confort acoustique dans l'habitat).
JB : H, étudiant en architecture ; vit à Grenoble ; DEA en cours (sur le rythme en
architecture).
P : H, architecte praticien, enseignant de projet à l’Ecole d’Architecture de Grenoble
depuis de nombreuses années.
H : H, Architecte praticien, spécialistes des questions HQE (Hautes Qualités
Environnementales), a effectué des études sur des quartiers de Grenoble ; enseignant à
l’Ecole d’Architecture de Grenoble (cours de construction et cours sur l’espace public) ;
allemand, vit à Grenoble depuis plusieurs années.
C : H, guide interprète régional à l’Office du Tourisme de Grenoble ; vit à Grenoble depuis
plusieurs années.

Une première réunion a eu lieu fin janvier 2000 avec S, B, JB et P en même temps, à
l’Ecole d’Architecture de Grenoble. Chacun a parlé des points caractéristiques de
Grenoble, certains ont présenté des parcours qui leur semblaient représentatifs. La
confrontation de plusieurs personnes a permis une comparaison de points de vues, une
discussion, des réactions. Cette réunion a été enregistrée puis retranscrite en partie. Comme
support à la discussion, un grand plan de Grenoble a été étalé au milieu du groupe,
permettant à chacun de se repérer et de montrer des points, des zones, des quartiers. JB
était même venu avec un parcours qu’il avait lui-même «testé » avec des amis, illustré par
des photos.
Toute l’équipe de cette recherche était présente.

Un rendez-vous avec H a eu lieu courant juin 2000. Les quatre parcours étaient retenus
mais il semblait intéressant de recueillir un autre point de vue et une réaction par rapport au
choix des quartiers et du détail des parcours.

Un second rendez-vous, fin juin, avec C, a permis une nouvelle fois de mettre à l’épreuve
les quartiers retenus et les parcours pressentis et ainsi de les affiner.

Pendant ces deux dernières entrevues, une prise de note a été effectuée et un grand plan de
Grenoble a servi de support, en cours d’entretien, pour montrer des points précis, … Dans
un premier temps, il était demandé aux personnes quelles étaient, à leur avis, les
caractéristiques architecturales de Grenoble et, s’ils avaient à faire visiter la ville, quel(s)
serai(en)t le(s) parcours qu’ils effectueraient. Ce n’est qu’ensuite que leur étaient indiqué
quels quartiers étaient retenus puis quels parcours, plus précisément, semblaient être
intéressants. Leurs réactions et critiques à ces propositions ont été écoutées avec attention.

4. Ce qui ressort des trois enquêtes réputationnelles :

Il ressort globalement que Grenoble n’a pas d’image architecturale forte, voire quasiment
pas d’image architecturale du tout. Pour H, c’est même «une ville sans aucune séduction ».
Pour C, d’un point de vue personnel, Grenoble n’est «pas immédiatement attractive ». Ce

GRENOBLE 27
I - Enquêtes préparatoires

n’est qu’en travaillant que l’histoire de la ville, en la parcourant, qu’il a pu y voir «quand
même des images fortes ».
Personne, durant l’enquête réputationnelle, n’a dit que Grenoble était une belle ville. H va
même jusqu’à dire que Grenoble «a un côté très protestant, il y a comme un mépris de la
beauté (…). C’est l’esprit dauphinois dans toute sa splendeur, il n’y a pas de générosité !»

Un trait important de Grenoble paraît être le fait que c’est une ville plate, entourée de
montagnes. C’est important car, où que l’on se trouve, on a une vue sur les montagnes.
Elles permettent aussi d’avoir sur la ville une vue d’ensemble et en surplomb, comme par
exemple en montant à la Bastille, à pied ou grâce au téléphérique urbain que les Grenoblois
appellent familièrement «les bulles ». B proposera d’ailleurs un parcours comprenant une
partie du trajet donnant la possibilité d’une prise de hauteur, de mise à distance, en
conseillant la Montée de Chalammont. Ceci entraîna une discussion générale pour savoir si
un trajet dans les «bulles » (plutôt dans le sens de la descente), ne vaudrait pas pour un
parcours caractéristique. H constate que les Grenoblois parlent souvent des montagnes,
«véritable décor, fond de scène » de la ville. Revient également fréquemment «la vue sur
les montagnes », présentée avec fierté, comme étant un des beaux aspects de Grenoble.

Pour H, ce qui caractérise Grenoble, c’est la «disparité », avec un tissu urbain assez
particulier, mélange de styles, d’époques et d’activités, qu’il appelle «mix-grenoblois ».
Pour lui cela donne même une «ville fractale » avec «toujours la même chose, ce mix qui
se répète tout le temps ». Une autre personne parle de «grandes zones de vide ».

Néanmoins, quelques quartiers se dégagent. Finalement, les secteurs retenus pour effectuer
des parcours sont :
1 Centre ancien
2 Championnet – V. Hugo – Vaucanson – Verdun
3 Chorier – Berriat
4 Quartiers sud

28
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

SITUATION DES TRAJETS RETENUS

Plan de GRENOBLE avec les terrains sélectionnés

GRENOBLE 29
I - Enquêtes préparatoires

CENTRE ANCIEN

Critères de choix

Toutes les personnes rencontrées lors des enquêtes réputationnelles sont d’accord pour dire
qu’il faut absolument effectuer un parcours dans le centre ancien, quartier incontournable
de Grenoble, aussi bien pour les Grenoblois que pour les touristes. On parle alors de
«centre ancien », «d’hyper centre », « centre historique », de la partie de la ville qui était
«à l’intérieur des fortifications ». Pour H, l’identité de Grenoble se limite au centre, c'est-à-
dire à la ville romaine et au quartier Saint Laurent. C’est là que se trouvent les bâtiments
anciens et appartenant au patrimoine historique et architectural de la ville.
Le parcours reprend, pour sa première partie, le parcours soumis par P. qui proposait de
«faire comprendre ce qu'est Grenoble avec un seul parcours » qui permet de balayer tout ce
qui fait Grenoble.

Présentation globale du terrain

Période historique
Cœur de la ville antique et médiévale, avec extension successives lors du recul progressif
des enceintes, jusqu’à aujourd’hui. Néanmoins, organisation spatiale à peu près figée au
XVIIIème siècle.

Morphologie architecturale
Tissu urbain relativement homogène, rues tortueuses et étroites avec bâtiments anciens,
certains datant du Moyen-Age, puis s’échelonnant principalement du XVème au XVIIIème
siècle. Immeubles sur rue, généralement avec cour à l’arrière, R+4. Façades très sobres,
sans décoration. Seule fantaisie, fin XIX-XXème, les garde-corps des fenêtres et cache-
stores en métal ouvragé.
Vers pont de la Porte de France, immeubles XIXème siècle de type hausmannien avec décor
de façades en ciment moulé et fausse pierre (R+4 / R+5).

Paysage et environnement proche


Au début du parcours, vue sur la Bastille, la Chartreuse et Belledonne. On aperçoit aussi
les 3 Tours.

30
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Eléments décoratifs secondaires


Façades sobres, sauf garde-corps et cache-stores ; enseignes commerciales dans la Grande
rue et rue Chenoise ; terrasses des cafés quand il fait beau ; quelques fenêtres fleuries.

Ambiance non visuelle


De la Porte de France au Jardin de ville : niveau sonore assez élevé dû à la circulation
automobile importante, masquant tout autre bruit ; odeur de gaz d’échappement.
Jardin de ville : drône urbain léger + bruit du vent dans les feuilles des arbres, chants
d’oiseaux, cris d’enfants
Places Grenette et Notre Dame : Fontaine qui masque presque tout + voix, circulation
automobile, tram et cloche du tram (pl. ND) qui émergent.
Rues : voix, pas, bruits de terrasses de café ; odeurs des Kebab.

Caractères fonctionnels
Le centre ville est en grande partie piétonnier et très fréquenté. Dans la journée, en
semaine, ce sont surtout les commerces, les cafés et restaurants qui attirent les passants. Le
soir, le centre est recherché pour ses cafés, cinémas et théâtres. Dès les premiers beaux
jours, les places accueillent les terrasses des cafés et restaurants.
Le dimanche, par contre, est une journée plutôt «morte » et le centre est déserté (tout est
fermé).
Cinémas, théâtres, bibliothèques, musées

Caractères remarquables de la vie sociale


Jardin de ville : enfants qui jouent ; le 1e r mai, accueil des stands des syndicats et
associations ; concerts (Fête de la musique, été) ; spectacles lors du Festival de théâtre.
Marchés sur les places Saint André, aux Herbes, Sainte Claire tous les matins sauf le lundi.
Lors des finales des coupes du Monde et d’Europe de football, le centre ville était le lieu de
convergence de la population pour faire la fête dans les rues et cafés. Des gens étaient dans
la fontaine place Grenette.
Place St André : projections lors du festival du court métrage en plain air, 1ère semaine de
juillet, tous les soirs à partir de 22h. L’éclairage public est éteint ; spectacles lors du
Festival de théâtre.
Place Notre-Dame : brocante (mi-juin)

Composition socioprofessionnelle
Ouvriers P. Intermédiaires Cadres Employés Salariés Non salariés
11 % 16 % 36 % 16 % 79 % 21 %
Taux de chômage : 9 %
Propriétaires Locations privées HLM Autres
41 % 47 % 4% 8%
Taille logements
1 pièce 2 P 3P 4P 5P
18 % 21 % 23 % 18 % 21 %
Périodes de construction
Avant 1948 1949-67 1968-74 1975-81 1982 et après
87 % 7% 1% 4% 2%

GRENOBLE 31
I - Enquêtes préparatoires

Hypothèses

Quartier reconnu comme quartier historique de Grenoble, ayant un intérêt majeur. Quelle
est la position des habitants ? En ont-ils conscience et quelle est leur avis et leur attitude
(respect, fierté, indifférence, …) ? Est-ce que cela rejaillit sur leur perception ?
Centre est aussi le lieu des animations sociales et culturelles. Beaucoup de personnes s’y
retrouvent. En est-il de même pour les habitants ? Profitent-ils de cette situation ?
Avantage, inconvénient ?
Que pensent-ils de l’image de ce quartier ? Est-ce que cela correspond à ce qu’ils vivent ?
On espère, avec ce parcours, les faire réagir lors de la traversée de lieux et d’ambiances
différentes. Les vues sur des bâtiments beaucoup plus modernes (Boulevards
hausmanniens, 3 Tours, quartier de la Maison du Tourisme) les feront peut-être réagir sur
leur quartier, par comparaison.

32
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Parcours suivi avec points de repérage photographique

1 - pont et Porte de France 2 - l’Isère (vers l’est)

3 - quai Créqui 4 - quai Saint Laurent

5 - Jardin de ville, Hôtel Lesdiguières

GRENOBLE 33
I - Enquêtes préparatoires

6 - Jardin de ville, le kiosque

7 - Jardin de ville, vers le passage 8 - Jardin de ville, la treille de Stendhal

9 - Panoramique de la Place Grenette

10 - Grand’ rue 11 - Rue Rahoult et place de Gordes

34
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

12 - Place d’Agier

13 - Rue d’Agier 14 - Rue d’Agier

15 - Panoramique de la Place St André, avec le Palais de Justice

16 - Rue renaudon 17 - Rue Chenoise

GRENOBLE 35
I - Enquêtes préparatoires

18 - Rue Chenoise et place notre Dame 19 - cathédrale notre Dame

20 - Place Notre Dame 21 - place Notre Dame vers la place Sainte Claire

22 - place Sainte Claire

Le parcours, rue par rue


(les numéros renvoient aux photos)

Départ place Dubebout, à l’extrémité du pont de la Porte de France (1). Depuis cet
endroit, permet d’avoir une vue sur les perspectives ouvertes par les grands boulevards qui
partent tous de là, dont le cours Jean Jaurès (ancien cours Saint Laurent, XVIIème siècle).
On voit aussi la gare et une partie des bâtiments d’Europole, au bout de la rue C. Brénier.
A l’opposé, on a une vue sur les Trois Tours (2 et 3).

Quai Créqui (l ≈ 15m), sur le trottoir qui longe la berge de l’Isère. Permet d’avoir une
vue sur les deux rives de l’Isère avec, à gauche, le quartier Saint Laurent (le plus ancien de
Grenoble) ainsi que la Bastille et les différents bâtiments du Musée Dauphinois (1621),
l’Institut de Géographie Alpine et la résidence universitaire du Rabot (années 1960) (4).
On a également une vue sur les montagnes avec une perspective qui va au-delà de la ville,
jusqu’à Belledonne. L’autre rive ressemble à une muraille, formée par les façades alignées.

36
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

La gare du téléphérique marque une percée dans cette «muraille avec l'accès au Jardin de
ville (XVII-XVIIIème siècle) (≈110m x 165m). Sur ce jardin donne l’Hôtel Lesdiguières,
ensemble de bâtiments des XV-XVIIIème siècles. Il est composé d’une partie «à la
française » avec une roseraie (5 et 6). L'autre partie a un sol en stabilisé et de grands arbres.
Entre les deux, se dresse un kiosque à musique datant du XIXème siècle. A l’autre extrémité
du jardin, sur un socle refait récemment, une fontaine intitulée «le torrent » date de 1888.
A proximité, des tables et chaises disposés le long des façades du jardin (côté est), sont les
extensions du café et de la pâtisserie lorsqu'il fait beau (7). L’hiver, les branches sans
feuilles des arbres laissent transparaître les immeubles cernant le Jardin de Ville.

Le Passage du Jardin de ville permet d’accéder à la place Grenette. Celui-ci abrite les
vitrines d’un marchand de chaussures, d’un pâtissier et un kiosque à journaux.
Prolongement de ce dernier, des présentoirs pour journaux et cartes postales sont posés sur
un côté du passage.

La place Grenette (≈ 110m x 35m) (9), anciennement place de la Granaterie était le lieu
d’un marché au grain et aux bestiaux. C’est également là que se tenaient les exécutions
publiques(installation de la guillotine). Une grande fontaine (ne fonctionne pas l’hiver) dite
«fontaine aux dauphins » date de 1824.

La Grande rue est une rue étroite (l ≈ 7m) bordée d’immeubles d’habitation (souvent de
niveau R+4), datant des XV-XVIIème siècle, avec rez-de-chaussée commerçant (10). Ce
secteur a été réhabilité ces dernières années, les façades ont été refaites avec des couleurs
chaudes dans les tons ocres (du jaune à l’orangé, en passant par le rouge). Les façades,
typiques du centre ancien de Grenoble, sont très simples, sans décoration. La seule
fantaisie réside dans les gardes corps des fenêtres dont on trouve une grande variété. Les
toits comportent des lucarnes éclairant les galetas (parfois transformés en chambre ou
appartement). On peut remarquer quelques portes d’entrée anciennes en bois sculpté.

Rue Rahoult (l ≈ 5m) se trouve (en autres commerces de cette rue) un glacier,
commerçant incontournable des étés grenoblois et très connu, ce qui explique la queue qui
se forme régulièrement devant le comptoir frigorifique (qui donne directement su la rue, on
ne rentre pas), de la matinée jusqu’au soir (11).

Place de Gordes (≈ 25m x 40m ) .La plupart des rez-de-chaussée des immeubles bordant
cette petite place sont des cafés et des restaurants. La place et l’extrémité de la rue Rahoult
servent de terrasses, extensions des restaurants l’été. Place très animée et gaie pendant les
mois d’été et les midis et soirs dès qu’il fait beau. Un fontaine attire souvent les passants et
les enfants qui veulent se rafraîchir. Eau qui coule et sons des terrasses se mêlent. Un des
cotés de la place est constitué d’un muret surmonté d’une grille et sépare la place du Jardin
de ville traversé précédemment. Une porte toujours ouverte permet de passer de l’un à
l’autre. On voit les grands arbres, sorte de trouée verte. De la place de Gordes, par un autre
côté, on peut accéder à la place d’Agier (≈ 40m x 40m) qui lui est contiguë. Place
minérale, piétonne, cerné par des bâtiments de la Mairie (service des sports) et des annexes
du Tribunal, l’arrière de l’église Saint André (grand mur de briques quasiment aveugle), et
des immeubles typiques du centre ancien dont les rez-de-chaussée font restaurants. De
grands arbres lui donnent un peu d’ombre l’été. Elle est aménagée avec des bancs de
pierre, des massifs de rosiers (12). A droite, une ruelle très étroite, coudée, longeant
l’église, la rue d’Agier ( l ≈ 3m), la relie à la place Saint André (13 et 14). Le dallage du
sol renvoie le peu de lumière de cette rue. Des immeubles anciens et modernes font face à

GRENOBLE 37
I - Enquêtes préparatoires

la muraille en briques de la cathédrale. Un WC public installé dans un recoin le long de


cette dernière, divulgue des relents d’urine. des graphs et des tags sont peints sur les murs.

Place Saint André (≈ 65m x 35m). On vient de longer la Collégiale Saint André dont
l’église, du XIIIème siècle est en briques, comme la plupart des bâtiments de l’époque. Les
chapelles datent du XVème siècle et sont en calcaire blanc. Le clocher est lui en tuf et du
début du XIVème siècle. En face se trouve l’actuel Palais de Justice qui, jusqu’à la
Révolution Française, était le Parlement. La partie centrale, de type gothique flamboyant
assez tardif, date de 1510. Une autre partie du bâtiment, de style Renaissance date de la
seconde moitié du XVIème siècle. A gauche de la façade gothique, copie de la façade
Renaissance exécutée au XIXème siècle. Totalement minérale (revêtement de sol blanc,
éblouissant), la place est piétonne mais des riverains, ainsi que la police, etc. (pour tout ce
qui concerne le Palais de Justice) y ont accès pour garer leur voiture, grâce à une système
de bornes rétractables pour les gens ayant une carte spéciale. Les automobiles sont en
générales garées le long du Palais de Justice. Au centre de la place, se dresse, sur un grand
piédestal, la statue du chevalier Bayard (1823). Celle-ci sert souvent de point de rendez-
vous. Des cafés se trouvent sur deux côtés adjacents et ils occupent une partie de la place
avec leurs terrasses quand il fait beau (15). Cette place est très fréquenté le soir. Un marché
y a lieu tous les matins (petits producteurs locaux). Le petit train touristique de Grenoble la
traverse régulièrement tout le long de la journée.

En empruntant la rue du Palais (l ≈ 5m) (au n°3, bâtiment du XVIIème siècle), on rejoint
ensuite la Place aux Herbes (≈ 25m x 40m) (Moyen-Age – XVIIème siècle). La circulation
automobile y est autorisée (surtout riverains et camions de livraisons). Cette place est
occupée en son centre par une halle, bel exemple d’architecture métallique du XIXème
siècle. Celle-ci abrite, depuis le Moyen-Age, un marché aux fruits et légumes tous les
matins sauf le lundi et un petit marché aux produits régionaux les vendredis en fin d’après-
midi. Des cafés et marchands de Kebab (dont le parfum attire les passants) font de cette
place un endroit très fréquenté bien que plus intime que la place Saint André. Les terrasses
sont le long de la halle. Une borne d’eau potable (pour le marché) est aussi utilisé parfois
par des passants (pour boire, enfants qui s’arrosent).

Rue Renaudon (l ≈ 5m), bordés par des commerces maghrébins presque continuellement
ouverts (restaurants, Kebab, épiceries, tissus…) (16). Les odeurs et musiques issus des
Kebab se communiquent dans la rue. Des gens sont souvent assis sur des chaises, au bord
de la rue, pour discuter, des enfants font leurs devoirs ou des coloriages, sur des tables
dehors. La rue, comme toutes celles de ce quartier, a un caniveau central en pavées et la
voie pour les voitures est délimitée par des plots en fonte.

La rue Chenoise (l ≈ 5m), assez étroite (comme toutes les rues du centre ancien) est
composé d’immeubles anciens dont certains sont tout à fait remarquables. Si ils ont été
réhabilités, certains sont en cours de rénovation et d’autres menacent de tomber en ruines.
De nombreux commercent et restaurants la bordent. Certaines épiceries et primeurs
installent des étals dans la rue, devant leur devanture (17). Rue animée, ouverte aux
voitures mais que les passants considèrent souvent comme piétonne (pas de trottoirs, des
bornes marquent la séparation entre chaussée et passage piéton), n’hésitant pas à marcher
au milieu de la chaussée. Immeubles remarquables : au n°8, ancien Hôtel d’Ornacieux du
XVIIème siècle, dite maison Vaucanson ; n°9, hôtel du début du XVIème siècle ; n°10 maison
gothique de la fin du Moyen-Age ; n°14 cour du XVIème siècle ; n°18 hôtel particulier (fin
Moyen-Age – XVIIIème siècle) ; n°19 (XVIIIème siècle) ; n°20 demeure médiévale.

38
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

On débouche alors sur la place Notre Dame (≈ 30m x 180m) (18), grande place minérale
traversée par le tramway et autorisée aux automobilistes. De nombreux cafés l’animent. On
peut remarquer des immeubles beaucoup plus cossus, datant de l’âge d’or du ciment à
Grenoble à la fin du XIXème siècle. Sur cette place donnent la cathédrale Notre-Dame
(Moyen-Age et XVIIème siècle) et l’évêché(19), transformé récemment en musée
départemental. Une grande fontaine « des trois Ordres » (1897) se trouve dans un coin de
la place(20). Bruit de l’eau masque en grande partie le bruit de la circulation et se mêle aux
sons des cafés, du tram, des voix et des pas (21). La place suivante qui lui est contiguë est
la place Sainte Claire (≈ 30m x 100m), où se trouvent les halles (qui abritent un marché
tous les matins) de l’architecte grenoblois Riondel et qui datent de 1874. De là, on peut
voir les transformations contemporaines du quartier de la République. De nombreux
immeubles anciens ont été détruits dans les années 1960-70 et ont laissés la place à des
barres de logements (R+9) à toiture terrasse, faisant table rase du tissu urbain ancien (22).

GRENOBLE 39
I - Enquêtes préparatoires

CHAMPIONNET – V. HUGO – VAUCANSON – VERDUN

Critères de choix

Lors des enquêtes réputationnelles, l’ensemble des quartier Championnet jusqu’à celui de
la Préfecture, est assez vite apparu comme un secteur intéressant. En effet, cette zone de
Grenoble a la particularité d’avoir un tissu urbain et une architecture homogène, très
ordonnancé, de type hausmannien. Ce n’est pas pour autant un secteur monotone car, si les
façades sont sobres et se ressemblent beaucoup (hauteurs d’étages constantes, typologie
identique…), elles se différencient dans des détails décoratifs d’une grande richesse :
moulures d’encadrement des portes d’entrée, garde-corps en fer forgé, cache-stores en
métal ou parfois en bois. Ce sont des façades typiques de Grenoble puisque ces décorations
ont été rendus possible par l’utilisation du ciment moulé, spécialité qui est apparu et s’est
développé à Grenoble à la fin du XIXème siècle.
Dans ce secteur hausmannien, si ces rues sont peu ou pas fréquentées par des personnes
extérieures au quartier, il y a, en revanche, des places connues et pratiquées par tous les
Grenoblois (V. Hugo, Vaucanson et Verdun) et aux caractères très différentes les unes les
autres. De plus, de ce quartier, on a des vues sur les 3 Tours et la partie contemporaine du
quartier de la Préfecture.

Présentation globale du terrain

Période historique
Quartier très homogène datant du XIXème siècle, de type hausmannien. Rues assez larges et
rectilignes.

Morphologie architecturale
Bâtiments domestiques typiques de l’architecture bourgeoise du XIXème siècle, de type
hausmannien, généralement en R+3 / R+4 avec galetas (chambres de bonnes, parfois
transformés en appartements).
Façades ordonnancées, majoritairement en pierre factice, spécialité grenobloise, permettant
le décor des façades avec des éléments moulés standards en ciment (surtout de 1870 à
1914). Garde-corps des balcons et fenêtres en ferronnerie ouvragée, avec cache-stores
assortis. Stores à grosses lames de bois dits « à la lyonnaise ».

40
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Paysage et environnement proche


Tout le parcours se faisant en direction de l’Est, on a donc quasiment toujours des vues,
dans l’axe des rues, vers la chaîne de Belledonne. Par moment, on voit une ou plusieurs
des 3 Tours.
Lors de la traversée des boulevards, vue au Nord, vers la Bastille.
Place Verdun, excellente vue panoramique sur les montagnes environnantes et sur une
partie du centre ancien. On aperçoit aussi la Tour Perret.

Eléments décoratifs secondaires


Guirlandes électriques de Noël suspendues en travers des rues ; câbles pour les trolleybus :
panneaux de signalisation (parfois détournés, comme dans quartier Championnet).
Enseignes et stores des commerces dans la rue Lakanal, les places (sauf Verdun).
Balcons et fenêtres fleuris (habitants) ; jardinières fleuries sur les trottoirs (ville).
Quelques « space invaders » (petites mosaïques représentant des « monstres » de jeux
électroniques) disséminés sur les murs à l’occasion de « Invasion of Grenoble » par SF
Invader du 14 au 17 décembre 1999.

Ambiance non visuelle


En dehors des boulevards, grands axes de circulation, quartier plutôt calme, au niveau
sonore assez bas.
Places beaucoup plus animées et bruyantes (circulation automobile importante, tram à
Verdun, bus) ; fontaine places V. Hugo et Verdun.
Calme le soir et le week-end.
Place Championnet, parfum des tilleuls fleuris au printemps.

Caractères fonctionnels
Quartier très résidentiel avec des commerces en rez-de-chaussée. Places au caractère
commercial plus marqué (sauf Verdun) avec cafés et restaurants.
Place Verdun uniquement administrative (préfecture, tribunal de Grande instance),
militaire (caserne, cercle militaire) et culturel (IUT, ancien musée bibliothèque).

Caractères remarquables de la vie sociale


Place Championnet : fréquentée par skaters (utilisent bordures et murets)
Place V. Hugo : fréquentation toute l’année et toute la journée.
Place Vaucanson : concert lors de la Fête de la musique, spectacles lors Festival de théâtre
(fin juin) ; dans partie square, boulistes le soir.
Place Verdun : manifestations, passage du défilé du 1er mai ; accrochage de 100 portraits
photographiques de 100 Grenoblois, suspendus en travers de la place, à l’occasion des
festivités de l’an 2000 ; gens qui promènent leurs chiens.

GRENOBLE 41
I - Enquêtes préparatoires

Composition socioprofessionnelle
Taux de chômage 9 % et 8 %
Ouvriers P. Intermédiaires Cadres Employés Salariés Non salariés
Championnet 13 % 23 % 25 % 21 % 82 % 18 %
Préfect. B H 10 % 19 % 31 % 22 % 83 % 17 %

Propriétaires Locations privées HLM Autres


Championnet 39 % 54 % 0% 7%
Préfect. B H 36 % 30 % 22 % 12 %
Taille logements
1 pièce 2 P 3P 4P 5P
Champ. 21 % 34 % 26 % 12 % 8%
Préf. 15 % 18 % 23 % 22 % 22 %
Périodes de construction
Avant 1948 1949-67 1968-74 1975-81 1982 et après
Championnet 79 % 17 % 3% 1% 1%
Préfect. B H 40 % 21 % 15 % 8% 16 %

Hypothèses

De quelle façon les habitants perçoivent ce quartier aux lignes très ordonnancées (tissu
urbain + architecture) ? Voient-ils cela comme quelque chose monotone et triste ou, au
contraire, apprécient-ils la richesse des décors ? En fait, prêtent-ils attention à leur
environnement ?
Perçoivent-ils les caractères variés des différentes places traversées lors du parcours ? Où
vont leurs préférences, les fréquentent-ils, y font-ils des choses différentes, ont-ils des
attitudes différentes suivant les lieux ?
Quoique très homogène, le parcours fait en sorte de provoquer des réactions par
comparaison, en passant devant des bâtiments modernes (Boulevard Agutte Sembat, rue de
la Liberté, rue Dominique Villars), par choc des époques, choc des styles. Les vues sur les
3 Tours ou autres bâtiments récents peuvent aussi entraîner des réactions.

42
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Parcours suivi avec points de repérage photographique

1 - place Championnet 2 - rue Lakanal

3 - rue Chanaron 4 - rue de Génissieu

GRENOBLE 43
I - Enquêtes préparatoires

5 - rue Aubert 6 - rue du Phalanstère

7 - carrefour avec boulevard Gambetta

8 - lycée Champollion 9 - rue Béranger

10a - place Victor Hugo

44
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

10b - place Victor Hugo

11 - boulevard Agutte Sembat 12a - Square docteur Martin

12b - Square docteur Martin 13 - Place Vaucanson

14 - Place de l’étoile 15 - Rue de la liberté

GRENOBLE 45
I - Enquêtes préparatoires

16 - Rue de la liberté 17 - Place de Verdun

18 - Place de Verdun 19 – rue dominique Villars

Le parcours, rue par rue


(les numéros renvoient aux photos)

Départ sur la place Championnet (≈ 35m x 70m) (1), qui ressemble plutôt à un grand
carrefour cerné de places de stationnement pour les voitures, avec seulement une petite
partie réservée aux piétons. Ce « terre-plein » accueille l’arrêt de bus et est aménagé pour
l’attente. Les murets délimitants les bacs de plantations, font aussi office de bancs. Une
traille et des tilleuls donnent de l’ombre à la place. Les murets intéressent aussi beaucoup
les skaters qui se donnent souvent rendez-vous ici pour faire quelques acrobaties. On
trouve aussi à cet endroit une cabine téléphonique et un dépôt de verre.
La place est entouré d’immeubles typiques du quartier avec des commerces et des cafés en
rez-de-chaussée. Place très animée, où passent essentiellement des gens du quartier.

La rue Lakanal (l ≈ 9m) est une des rues animée du quartier Championnet grâce aux
commerces et restaurants en rez-de-chaussée (2). Elle est en sens unique avec
stationnement des deux côtés. Les immeubles (R+3 / R+4) sont en majorité de type
hausmannien. Un seul est de type plutôt art déco, immeuble d’angle aux formes plus
simples et géométriques et sans ornements. Les gardes corps sont également minimalistes.

Le début de la rue Génissieu (l ≈ 7m) est composée d’immeubles de type hausmannien


avec décor des façades assez importants (moulures décoratives, garde-corps et caches
stores ouvragés) puis, plus loin, on voit des bâtiments semblant datés des années 20 et
d’autres des années 70-80 (3). Quelques commerces et écoles (de danse, de musique…) se
regroupent au début de la rue.

Dans la rue Chanaron (l ≈ 9m), on retrouve une certaine homogénéité avec l’architecture
hausmanniene (R+4) (4). C’est une rue très calme, avec peu de commerces hormis un
marchand de musique et des cafés aux angles avec le boulevard. A gauche, les éditions

46
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Glénat occupent tout le rez-de-chaussée d’un immeuble. A gauche, vue sur la rue du
Phalanstère (6), très étroite et bordée d’immeuble mais aussi de maison avec jardin sur
l’avant. Dans cette rue se trouve le cinéma « Le Club ». A droite, vue sur un bâtiment à la
façade extrêmement dépouillée mais comprenant des bow-windows, élément architectural
assez rare à Grenoble (5).

On arrive alors sur le boulevard Gambetta (l ≈ 25m), et plus précisément au carrefour du


boulevard Gambetta avec le cours Berriat (7) et le cours Lafontaine (8). Ce carrefour a été
très récemment réaménagé, entre autres pour améliorer la situation des piétons et
augmenter l’accessibilité. Cela se traduit par la création d’un très large trottoir qui forme
une sorte de parvis pour les immeubles débutants le cours Berriat. Des cafés et restaurants
en occupent le rez-de-chaussée et cela leur donne la possibilité de s’étendre en terrasse
aux beaux jours (9 et10).
Il faut noter que le revêtement utilisé est du ciment où est tracé ensuite un quadrillage. Ce
type de revêtement est tout à fait particulier à Grenoble, ville du ciment. Le trottoir du
nouveau trottoir étant tout récent, il est très clair, très blanc et donc très éblouissant quand
il y a du soleil. Concernant l’utilisation du ciment, on notera les vespasiennes
préfabriquées en ciment (1860).
Le boulevard Gambetta est bordé d’arbres de chaque côté. Du carrefour, on peut voir la
Bastille et le début de la Chartreuse. L’axe du cours Berriat permet quand à lui une vue
vers le Vercors.
Des commerces occupent tous les rez-de-chaussée.

En traversant le boulevard, on prend ensuite rue Béranger (l ≈ 17m) qui mènent à la place
Victor Hugo. Dans cette rue, les immeubles sont plus cossus que dans les rues précédentes.
Ils datent toujours de la fin du XIXème siècle, de type hausmannien mais les moulures et
décors de façades se font de plus en plus présents. Un îlot, formé d’un seul immeuble
(nettoyage de la façade fini en août 2000), a son rez-de-chaussée et 1er étage occupé par
une banque. En face, une papeterie librairie aligne des bacs de livres, sur le trottoir, dès son
ouverture (9).
A droite, vue sur le cours Lafontaine bordé par le lycée Champollion (caché par des arbres
dès qu’ils ont des feuilles) (8).

La place Victor Hugo (≈ 135m x 130m) (10a et 10b), de forme à peu près carré, entouré
de rues et avec au centre un petit jardin organisé autour d’une fontaine avec un bassin,
délimité par des terre-pleins pour les alignements de marronniers (pelouses avec massifs de
fleurs, entourées de petites grilles). Les murets de ces derniers peuvent aussi servir de
bancs. Le tramway longe la place sur un côté. Dans la partie jardin de la place, se trouvent
deux kiosques en bois qui abritent les terrasses, l’une d’un café-restaurant, l’autre d’une
pâtisserie.
Les immeubles (R+4) délimitant la place sont parfois en pierre de taille mais aussi en
pierre factice (ciment) et datent dans l’ensemble des années 1870-80. Des sculptures
peuvent orner les façades, en plus des traditionnels balcons aux garde-corps ouvragés.

Sur le boulevard Agutte Sembat (l ≈ 20m), des bâtiments bordent un axe de circulation
important de Grenoble et la rendant donc un peu bruyante (11). C’est un boulevard où se
mélangent des immeubles hausmanniens et d’autres beaucoup plus récents (R+3 : R+4).
Les trottoirs sont assez larges et des places de stationnement sont de chaque côté. Des
magasins occupent tous les rez-de-chaussée.

GRENOBLE 47
I - Enquêtes préparatoires

Le square Dr Martin et la place Vaucanson (≈ 75m x 65m et 100m x 65m) forment


ensemble un grand espace rectangulaire (12 - 13). Le square est un en semble de
plantations organisées autour d’une pelouse centrale avec un bassin, bordée d’arbres. La
partie place est en fait un grand parking. Au fond, formant un côté de la place, se trouve
l’ancienne Caisse d’Epargne, bâtiment datant de 1908-1911 (architecte grenoblois Bugey)
qui est resté un établissement bancaire. Cette place est très fréquentée, d’une part à cause
des magasins, cafés et restaurants qui occupent les rez-de-chaussée., d’autre part à cause du
parking qui occupe une position privilégiée (proximité des rues piétonnes) mais aussi parce
que cette place est l’un des « nœuds » du réseau de bus et cars. Les immeubles de type
hausmannien grenoblois, sont d’une facture plus sobre que sur la place Victor Hugo.

En longeant la place sur un côté, on emprunte ensuite la rue de la Liberté (l ≈ 12m) (15)
dont la perspective nous laisse voir une des 3 Tours et Belledonne en arrière plan. Peu à
peu apparaît également l’ancien musée sur la place suivante.
Cette rue est bordée de bâtiments de type hausmannien (R+3) dont certaines avec
sculptures en façades qui les rendent très riches et tout à fait remarquables (frontons,
médaillons avec des visages, …). Deux immeubles contemporains se font face au milieu de
la rue. L’un abrite des bureaux (R+5) derrière une façade rideau en éléments préfabriqués,
dans les couleurs jaune (16). L’autre, en béton avec balcons en saillie, est un immeuble de
logements.

On entre ensuite sur la place Verdun (≈ 140m x 152m). Ancienne place d’armes, la place
est presque carré et est bordée de bâtiments militaires (caserne, cercle des officiers, ≈
1860), administratifs (préfecture, 1857) et culturels (Musée-bibliothèque, 1865-70 ;
Facultés, 1867). Place de représentation, les bâtiments sont en pierre, tous dans le même
style classique avec toitures en ardoise (17). Le musée (actuellement vide et sans emploi) a
une charpente métallique avec des verrières.
Le centre de la place a été réaménagé récemment lors des travaux pour la construction d’un
parking souterrain. Une couronne entière d’arbres a été arraché car les marronniers étaient
dans un mauvais état phytosanitaire. Aujourd’hui il ne reste plus que la couronne intérieure
d’arbres organisée autour d’un bassin avec un jet d’eau. La place paraît beaucoup plus
grande car cela dégage la vue sur les bâtiments.(18)
La place est cernée par la circulation automobile et le tramway sur ceux côtés.
De là, on a une vue panoramique sur les montagnes environnantes, le centre ancien, les 3
Tours, ...
En traversant la place en diagonale, on prend ensuite la rue F. Faure sur une petite portion.
Cette rue, pourtant pas très large (l ≈ 10m) est très circulante car axe important d’entrée et
de sortie de Grenoble, et donc assez bruyante. Elle est bordée d’immeubles et maisons fin
XIXème siècle. De le rue, on voit dépasser des arbres par dessus les murs des jardins.

On prend au premier croisement, à gauche, la dernière partie de la rue Dominique Villars


(l ≈ 12m). Ici se mêlent des immeubles hausmanniens, des maisons, un immeuble des
années 1960-70 à la façade recouverte de petits carreaux de céramiques. Dans l’axe de la
rue, au fond, se trouve le porche d’entrée dans le jardin du Museum d’Histoire
Naturelle(19). Ce bâtiment date de 1849, de type classique en pierre de Fontanil.

48
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

CHORIER – BERRIAT

Critères de choix

Un quartier de Grenoble qui a bien une identité forte depuis sa création, fin XIXème siècle,
c’est celui de l’ancien faubourg de Grenoble, le quartier Chorier-Berriat. Les personnes
rencontrées lors des enquêtes réputationnelles sont toutes d’accord pour dire que c’est « un
quartier fort », très marqué par son passé industriel qui est toujours très animé, très vivant.
Il est caractérisé par une hétérogénéité de type de bâti,, d’activités et, paradoxalement,
c’est ce qui donne une sorte d’unité et d’identité caractéristique.
De plus, c’est un lieu où se juxtaposent deux époques, celle de la fin du XIXème siècle à
Berriat et celle de la fin du XXème siècle avec Europole.
C’est un secteur en mutation, traversé par des axes importants (rue Ampère et cours
Berriat), avec quelques bâtiments remarquables. Entre autres, plusieurs interlocuteurs de
l’enquête réputationnelle pense qu’il faut aller jusqu’à la place Gauthier où l’on peut voir
des bâtiments des années 1980 en briques, rappel du matériau utilisé traditionnellement
depuis le XIIIème siècle et abandonné lors de l’apparition du ciment à Grenoble.

GRENOBLE 49
I - Enquêtes préparatoires

Le parcours tient aussi compte du fait qu’il existe de nombreux passages à travers des îlots,
« des petites traverses » (E), que l’on peut voir sur le POS et qui sont conservés, même
dans les opérations immobilières contemporaines.

Présentation globale du terrain

Période historique
Faubourg de Grenoble, quartier industriel, artisan et ouvrier qui se développa
considérablement à la fin du XIXème siècle.
Le projet était d’organiser ces 170 hectares en une « nouvelle ville » avec un découpage en
îlots rectangulaires, plus grands que dans la vieille ville (installer des jardins…).
L’orientation générale devait s’organiser sur celle des cours Berriat et Jean Jaurès, « à
cause de la direction des vents régnants et pour assurer une bonne distribution de la
lumière ».
En fait, cela ne se passera pas tout à fait comme cela car quelques grands industriels auront
leur politique foncière propre.
En 1914, le quartier Berriat accueille presque toutes les grandes usines.
Le quartier reflète encore aujourd’hui (malgré la disparition des grandes industries) cette
hétérogénéité fonctionnelle et architecturale. Le cœur du quartier se structure à partir du
cours Berriat.
La frange du quartier en contact avec la gare voit se développer « Europole », programme
de bureaux et de logements. C’est là que vont s’implanter les nouveaux Palais de Justice et
Lycée international.

Morphologie architecturale
Quartier assez hétérogène comprenant aussi bien des immeubles de logements fin XIXème –
début XXème siècle, des maisonnettes, des maisons avec jardin, des ateliers, des usines, des
immeubles modernes. Les hauteurs varient entre R+2 et R+7.
Façades sobres

Paysage et environnement proche


Quand on est sur le cours Berriat et place St Bruno, vue sur la chaîne de Belledonne à l’Est
et le Vercors à l’Ouest.

Eléments décoratifs secondaires


Pignon d’un immeuble donnant rue Ampère décoré d’une murale.
Guirlandes de Noël en travers du cours Berriat.
Enseignes et stores des commerces (sauf rue Mozart, rue Anthoard et rue P. Sémard).
Quelques balcons fleuris ; parterres fleuries place St Bruno ; dalle paysagée du passage.

Ambiance non visuelle


Odeurs des Kebab, odeur de chlore dans la rue de la piscine.
Bruit du marché place St Bruno (pendant marché et lors du nettoyage)
Tramway, cloche du tram et circulation automobile sur le cours Berriat et rue P. Sémard
Bruit des chantiers environnant

50
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Caractères fonctionnels
Quartier mixte où se mélangent habitat, commerces de proximité, ateliers et petites usines,
théâtres, bibliothèque…
Marché place St Bruno
Certains commerces (cafés, épiceries arabes, boulangeries, boucherie) restent ouverts le
dimanche et souvent tard le soir.

Caractères remarquables de la vie sociale


Place St Bruno : marché tous les matins sauf le lundi et le vendredi toute la journée ;
concert lors de la fête de la musique ; côté square, jeux d’enfants, gens qui promènent leur
chien, boulistes parfois ; fête de quartier (juin)
Braderie cours Berriat le 1er week-end de septembre

Composition socioprofessionnelle

Taux de chômage 11 %, 10,7% et


Ouvriers P. Intermédiaires Cadres Employés Salariés Non salariés
St Bruno Ouest 24 % 23 % 16 % 24 % 88 % 12 %
St Bruno Est ? ? ? ? ? ?
Polynome Berriat 27 % 23 % 16 % 24 % 90 % 10 %

Propriétaires Locations privées HLM Autres


St Bruno Ouest 43 % 50 % 3% 5%
St Bruno Est 36 % 51 % 5% 8%
Polynome Berriat 29 % 52 % 14 % 5%

Taille logements
1 pièce 2P 3P 4P 5P
St Br. O 16 % 30 % 29 % 18 % 7%
St Br. E 20 % 36 % 25 % 13 % 6%
Pol. Ber 21 % 30 % 28 % 15 % 6%

Périodes de construction
Avant 1948 1949-67 1968-74 1975-81 1982 et après
St Bruno Ouest 47 % 3% 37 % 1% 12 %
St Bruno Est 62 % 21 % 6% 5% 6%
Polynome Berriat 45 % 24 % 7% 1% 23 %

Hypothèses
Ce parcours traverse le quartier Chorier-Berriat par des rues caractéristiques. Il passe aussi
bien par les grands axes que les petites rues ou les passages. Cela permet de voir des lieux
commerçants et animés et d’autres beaucoup plus calmes, résidentiels amis comprenant
aussi des activités artisanales. Il sera intéressant de voir si les « parcourants » notent
l’hétérogénéité et émettent des jugements de goût sur certains bâtiments, préfèrent
certaines périodes. Apprécient-ils l’animation, le calme d’autres secteurs… Connaissent-ils
de recoins plus « secrets » (certaines rues, des passages)

GRENOBLE 51
I - Enquêtes préparatoires

Parcours suivi avec points de repérage photographique

1 - Square des fusillés 2 - Cours Berriat

52
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

3 - Cours Berriat 4 - Cours Berriat

5 - Rue du Drac 6 - Rue du Drac

7 - Rue du Drac 8 - Rue Max dormoy, vers la place saint Bruno

9 - Parc Marliave 10 - Rue Mozart

GRENOBLE 53
I - Enquêtes préparatoires

11 - Rue Mozart 12 - Rue Mozart

13 - Rue Mozart 14 - Garage rue Mozart

15 - Rue Nicolas Chorier 16 - Rue Nicolas Chorier

17 - Rue Nicolas Chorier 18 - Rue Nicolas Chorier

54
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

19 - Rue Nicolas Chorier 20 - collège fantin-latour

21 - Eglise St Bruno

22 - place Saint Bruno, côté square

23 - place Saint Bruno, côté place du marché

GRENOBLE 55
I - Enquêtes préparatoires

24 - place Saint Bruno, côté place du marché

25 - vers la bibliothèque St Bruno 26 - passage de la bibliothèque

27 - passage de la bibliothèque 28 – Cours Berriat, vers l’ouest

29 - Rue Anthoard 30 – Rue de « L'entrepot »

56
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

31 - vers la dalle 32 - passage à travers l’îlot, sur la dalle

33 - arrivée face à Europôle 34 - place Firmin Gautier

35 - place Firmin Gautier

Le parcours, rue par rue


(les numéros renvoient aux photos)

Départ square des Fusillés (≈ 65m x 35m). De là on peut voir l’entrée du site Bouchayer-
Viallet, anciens halls – ateliers. Les bâtiment sont d’anciens pavillons à structures
métalliques de l’Exposition universelle de Paris de 1900 (Atelier Eiffel), remontés à
Grenoble en 1901. Aujourd’hui, une partie est en friche mais certains bâtiments accueillent
des activités diverses (artisans, services, informatique…), le Centre National d’Art
Contemporain, des logements. Le square a ses pelouses occupés en partie par des jeux
d’enfants ainsi que des bancs à l’ombres de grands arbres. On y trouve le monuments aux
morts qui donne son nom au lieu. Un arrêt de bus, des cabines téléphoniques, un bac de
dépôt de verre, sont dispersés autour du square. (1)

Le square est longé d’un côté par le tramway (qui se poursuit cours Berriat) et d’un autre
côté par la rue Ampère (l ≈ 10m), artère importante de Grenoble et très circulante. Elle est
bordée d’immeubles anciens (R+5 en moyenne), de petites maisons avec jardinet, de
bâtiments industriels. Un immeuble très récent est juste face au square (R+4). Un pignon
d’un vieux bâtiment est décoré d’une murale.

GRENOBLE 57
I - Enquêtes préparatoires

Cours Berriat (l ≈ 10m). Très grande artère rectiligne qui commence à l’entrée de
Grenoble (quasiment au niveau du square) et se prolonge jusqu’au centre ville (3 et 4). Le
tramway (2 voies) se trouve au centre avec, parallèlement, une voie en sens unique pour la
circulation automobile. Des trottoirs, délimités par des plots en fonte, bordent chaque côté
du cours. Celui-ci est bordé d’immeubles et maisons de la fin du XIXème siècle jusqu’à
aujourd’hui. Les immeubles sont typiquement grenoblois, en béton, assez sobre, la
fantaisie résident dans les garde-corps des balcons et les cache-stores métalliques. Les
stores sont à grosses lames de bois, dits « à la lyonnaise ». Le long de la rue on trouve
quelques immeubles années 20, dépouillés, de formes arrondies. Presque tous les rez-de-
chaussée. de la rue abritent des commerces ou des cafés, des restaurants et, au n°145 le
Théâtre 145. Les enseignes (souvent lumineuses le soir) des commerces ponctuent la rue,
ainsi que des stores déployés quand il y a du soleil. Des tables sont posés dehors devant les
cafés et restaurants dès qu’il fait beau. L’axe du cours Berriat étant dégagé, on peut voir la
chaîne de Belledonne juste en face, au loin (4). Au-dessus de la chaussée se trouvent les
câbles pour le tramway ainsi que, en travers de la rue, les décorations de Noël (guirlandes
électriques) qui restent en place toute l’année.

On tourne ensuite dans une petite rue, la rue du Drac (l ≈ 8m), voie en sens unique avec
stationnement le long de la chaussée (5). Sur la gauche, un grand mur laisse voir de grands
arbres appartenant au jardin d’une maison début de siècle (6) qui était la résidence des
propriétaires de l’usine implantée côté. La façade est en pierre factice et ciment, comme
tous les bâtiments grenoblois de l’époque. sur cette rue donnent de petits immeubles très
simples (R+1 jusqu’à R+3) anciens et récents. Des ateliers et usines (7) ont aussi pignons
sur rue.

Au premier croisement, on peut voir à droite et au fond de la rue, un des bâtiments bordant
la rue Ampère. On continue à gauche dans la rue Max Dormoy (l ≈ 10m), en direction de
l’église Saint Bruno que l’on a en perspective, Belledonne en arrière plan (8). Des arbres
dépassent des murs entourant les jardins de petites maisons et alternent avec des petits
immeubles. Il y a très peu de circulation (desserte locale), ce qui donne un niveau sonore
général bas et où l’on peut percevoir des sons domestiques ou venant d’ateliers.
A l’angle se trouve le parc Marliave.(9)

On tourne encore une fois à droite, dans la rue Mozart (l ≈ 8m) qui ressemble aux
précédentes et qui rejoint la rue Nicolas Chorier (l ≈ 13m) (15) . En prenant la rue sur la
gauche, on passe devant un immeuble récent à la toiture arrondie en zinc (16, 17) puis,
autre bâtiment récent, la piscine Chorier-Berriat. Presque en face, se trouve un immeuble à
la façade en ciment remarquablement travaillée et fine (19). Cette rue reflète bien la
diversité de la taille du bâti, de la diversité des fonctions et de leur mixité.
Sur la gauche, on longe un parking qui est bordé sur un côté par le collège Fantin-Latour,
construction des années 70 avec rajouts plus récents (20). En fait nous sommes sur un
premier tronçon de la rue de la Nursery qui traverse la place.

L’église Saint Bruno est presque entièrement en pierres factices de ciment. De style néo-
roman, toute la façade est travaillée, véritable manifeste à la gloire du ciment(21).

On débouche alors sur la place Saint Bruno ( 175m x 75m) qui est composée de deux
parties : une partie square (ceinte de petites grilles et bordées de grands arbres) (22 et 24)
et une partie goudronnée totalement libre recevant le marché le matin (tous les jours sauf le
lundi et le vendredi toute la journée) et servant de parking le reste du temps (23 et 24).

58
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

L’été, les arbres cachent la plus grande partie des bâtiments ne laissant voir que les rez-de-
chaussée. Les immeubles entourant la place datent tous à peu près de la même époque (fin
XIXème début XXème siècle) et son de facture traditionnelle grenobloise (R+2 à R+7). Un
immeuble récent recouvert de carreaux de faïence blanche (où se trouve la bibliothèque)
(25) et un monumental immeuble en U des années 20-30 tranchent avec les autres
constructions. Divers commerces et cafés occupent les rez-de-chaussée.
Hormis les heures de marché (nettoyage compris), la place est très calme. La partie square
est plus vivante puisqu’il y a toujours un petit peu de monde : enfants et parents, vieilles
personnes l’après-midi, un groupe de clochards, des gens promenant leur chien, des jeunes,
parfois des boulistes, investissent les lieux suivant les saisons et moments de la journée.

On traverse la place au milieu, entre la square et la partie goudronnée pour emprunter un


passage à travers l’îlot où se trouve la bibliothèque (26 et 27). C’est l’un des multiples
passages existants dans le quartier et reliant l’intérieur des îlots avec les rues et/ou les
cœurs d’îlots voisins. Il faut un peu connaître pour oser pénétrer dans ces petites ruelles,
car c’est parfois un peu caché (on ne voit pas tout de suite l’issue, par exemple).

On se retrouve alors un nouveau sur le cours Berriat (28) presque au niveau du carrefour
avec la rue Abbé Grégoire (l ≈ 11m) que nous allons emprunter. On retrouve l’animation
de cette artère commerçante, où un nouvel immeuble se construit, tout proche. On bifurque
rapidement dans la rue Anthoard (l ≈ 8m) (29), rue très calme car empruntée uniquement
pour la desserte locale. Elle est aussi caractéristique du quartier avec alignement
d’immeubles, de maisons, d’ateliers, anciens ou plus modernes. On tourne assez vite à
droite dans une impasse (30). Nous passons devant « L'entre-pot », salle de concert
attirant un public nombreux. Le sol n’est plus en enrobé mais en pavés autobloquants
orangés. Tout au bout de l’impasse on prend un escalier, pas facilement visible et qui est
indiqué par un panneau(31). Il s’agit d’un autre de ces passages du quartier. On monte
alors sur la dalle d’une des opérations immobilière assez récente liée à Europole. Une allée
en dalle de gravillons lavées entre des plantations d’arbustes et de plantes (odorantes en
été), nous mène à un second escalier (32), passant sous un immeuble et aboutissant rue
Pierre Sémard (l ≈ 13m).

On se retrouve alors face à Europole (33), opération urbaine récente à vocation initiale
majoritairement tertiaire. Depuis, se sont ajoutés des logements et des équipements tels que
le lycée international et le palais de justice que nous pouvons voir en chantier. Le carrefour
est en fait la place F. Gauthier (34) (triangle de 75m x 70m x 65m de côté) où se trouve
une opération de logements en briques, dans les années 1970-80. Ce sont des logements en
bande aux transitions public/privé, dedans/dehors, très travaillées. C’est aussi un rare
exemple contemporain d’utilisation de la brique à Grenoble. En effet, depuis l’apparition
du ciment et du béton à la fin du XIXème siècle, il semble que Grenoble soit condamné à ne
plus utiliser que ces matériaux. Pourtant on troue dans Grenoble de nombreux exemples de
bâtiments du XVIIIème siècle en briques, matériau très courant à l’époque (35).

GRENOBLE 59
I - Enquêtes préparatoires

QUARTIERS SUD

60
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Critères de choix

Les quartiers sud ont une organisation spatiale et des formes architecturales très
particulières et il parait donc intéressant de connaître l’avis de personnes qui y habitent.
Lors des enquêtes réputationnelles, ils sont apparus presque aussi importants et
incontournables que le centre ville ancien. C. souligne même que « ça serait bizarre de ne
pas faire un parcours là ».
Le parcours choisi passe de quartier en quartier, traverse de grands axes et comprend
quelques bâtiments ou ensembles remarquables.

Présentation globale du terrain

Période historique
Les quartiers du Village Olympique, de la Villeneuve et de Malherbe sont des extensions
récentes de Grenoble. En effet, du fait de l’accroissement rapide et important de la
population dans les années 1960, la municipalité de l’époque décida de créer une ZUP dans
le sud de la commune, alors constitué de champs et de la piste du terrain d’aviation. Le
projet s’accélère nettement lorsque Grenoble est choisi pour organiser les Jeux Olympiques
d’hiver de 1968. Il faut alors décidé de construire deux quartiers différents, le Village
Olympique et Malherbe, le premier affecté pendant les JO, à l’accueil des athlètes et l’autre
à l’accueil de la presse.
Le quartier Villeneuve quant à lui, est apparu un petit peu plus tard, dans les années 1970
(Arlequin 1970-72, Baladins 1975-80). Une des volontés était de créer un centre
secondaire et de construire plusieurs quartiers autour, en lus des constructions pour les JO.
Elaborée par l’AUA (Atelier d’Urbanisme et d’Architecture), la Villeneuve est une
expérience quasiment unique en son genre.
Progressivement zone intermédiaire s’est urbanisée (toujours en cours, comme le quartier
Vigny-Musset) et le tramway a aussi relié les deux zones.
Morphologie architecturale
Urbanisme de dalle pour l’ensemble des quartiers, pour séparation des fonctions
(automobile / piétons).
Village Olympique : bâtiments en barre, disposés perpendiculairement les uns par rapport
aux autres, permettant de recréer des rues et des places. Immeubles de type R+4 (R+3 sur
dalle) et 8 tours de type R+15. Bâtiments en béton avec de grandes baies vitrées, de grands
balcons en bois. Une partie est réservé aux Résidences universitaires.
Villeneuve : plus précisément l’Arlequin (1970-72) avec façades colorées. L’espace piéton
est une galerie occupant tout le rez-de-chaussée des immeubles. Ceux-ci forment une
grande barre sinueuse unique entre un par cet la voirie.
La Bruyère : bâtiments en barre
Malherbes : bâtiments en barre, R+10
Bâtiments isolés remarquables : collège de la Villeneuve, tour de la Sécurité sociale,
bâtiment de l’URSSAF (bâtiments récents) ; Ferme Prémol

Paysage et environnement proche


Place L. Terray, vue panoramique sur les montagnes environnantes ; depuis la passerelle,
vue vers la Bastille et le nouveau quartier en construction Vigny-Musset.
Parcours vers l’Est permettant presque continuellement vue sur Belledonne puis tournant
vers le Nord donc vue sur la Bastille et la Chartreuse.

GRENOBLE 61
I - Enquêtes préparatoires

Eléments décoratifs secondaires


Des balcons fleuris ; parterres et jardinières fleuris par les services de la ville.

Ambiance non visuelle


En général, niveau sonore assez bas, sauf le long des grands axes routiers
Voix, pas, cris d’enfants ; vent dans les feuillages, oiseaux
Place du marché à la Villeneuve : très réverbérante, on entend beaucoup le bruit du m

Caractères fonctionnels
Résidentiel, quelques rares commerces en rez-de-chaussée au Village Olympique et à la
Villeneuve.
Théâtre Prémol au Village olympique, espace 600 à la Villeneuve ; bibliothèques ;
Education (écoles, collèges, école d’architecture, centre de formation) ; stades, piscine
(Villeneuve)
Marché à la Villeneuve.
Caractères remarquables de la vie sociale
Village olympique : boulistes qui jouent le long de la Ferme Prémol ; fête de quartier (juin)
Villeneuve : marché, brocante (automne et printemps), fête de quartier, anniversaire de la
Villeneuve, 31 décembre.

Composition socioprofessionnelle

Taux de chômage 15,5 %, 19,5 % et


Ouvriers P. Intermédiaires Cadres Employés Salariés Non salariés
VO 32 % 22 % 13 % 26 % ? ?
Villeneuve O 28 % 24 % 19 % 23 % 93 % 7%
Malherbes 15 % 28 % 24 % 24 % 91 % 9%

Propriétaires Locations privées HLM Autres


VO 21 % 5% 67 % 7%
Villeneuve O 17 % 5% 74 % 4%
Malherbes 56 % 30 % 11 % 3%
Taille logements
1 pièce 2 P 3P 4P 5P
VO 6% 4% 23 % 43 % 23 %
Vill. O 14 % 12 % 15 % 31 % 28 %
Malh. 3 % 8% 26 % 36 % 28 %
Périodes de construction
Avant 1948 1949-67 1968-74 1975-81 1982 et après
VO 0% 10 % 90 % 0% 0%
Villeneuve O 2% 0% 93 % 5% 0%
Malherbes 1% 23 % 67 % 7% 1%

Hypothèses
Quartiers grenoblois si différents des autres et à l’urbanisme et l’architecture très
caractéristique. On peut se demander comment les habitants perçoivent l’ensemble des
quartiers sud, quelles différences ils font entre les différentes zones.
Comment les perçoivent-ils et les vivent-ils par rapport au centre ville, par exemple.
Le caractère piétonnier de l’intérieur des quartiers, qui donne donc une ambiance spéciale,
est-il vu, vécu, de façon positive ?
Les habitants perçoivent-ils ces ensembles comme « datés » à leurs yeux ?

62
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Parcours suivi avec points de repérage photographique

GRENOBLE 63
I - Enquêtes préparatoires

1 - Rue Lachenal 2 - Rue Duhamel

3 - Théâtre et centre Prémol 4 - Centre de tri rue Musset

5 - vers la place gaspard 6 - Allée des peupliers

7 - chemin du tram 8 - Galerie de l’Arlequin

64
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

9 - Galerie de l’Arlequin 10 – Galerie de l’Arlequin, vers la place du collège

11 - Allée des oliviers 12 - Allée des tilleuls

13 - immeubles de l’Arlequin et le parc, au nord

14 - « résidences 2000 » 15 - Passerelles avenue La Bruyère

GRENOBLE 65
I - Enquêtes préparatoires

16 - immeubles La Bruyère, chemin de la Maison de 17 - vers passerelle sur avenue Malherbe


la culture

18 - carrefour Malherbes – Les Alliés 19 - Avenue Malherbe

20 - dalle immeubles Malherbes, chemin de la


Maison de la culture

Le parcours, rue par rue


(les numéros renvoient aux photos)

La place Lionel Terray (≈ 50m x 50m) est une des places du Village Olympique. Elle a
été réaménagée vers 1994, en pavés autobloquants, autour d’une pelouse. Des grandes
jardinières, des bancs sous des pergolas où grimpent des rosiers sont disposés tout autour.
Une partie entourée de petites grilles est réaménagée avec des jeux pour les enfants. C’est
une place où il fait très chaud en été car très minérale et sans ombres (les arbres n’ont pas
supporté les travaux). Dans une des barres (R+3 sur la dalle) délimitant la place, le rez-de-
chaussée accueille un bar-PMU (ouvert uniquement dans la journée) qui fait terrasse sur la
place aux beaux jours, un tabac et une grande de pharmacie. (1)
Cette place est souvent animé lors des sorties d’écoles et les samedi et dimanche. C’est un
espace de rencontre et de détente.

Sur la rue Lachenal (l ≈ 10m) donne l’école du même nom. Elle est délimitée par deux
immeubles (R+3) et rejoint la rue Duhamel, (2) un peu plus large (l ≈ 13m), bordées
d’immeubles en R+3 et R+4. Des petites haies de troènes ceinturent le bas d’une des barre,
à droite, pour laquelle correspond le côté où se trouvent les chambres (1). Des arbres sont

66
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

au milieu de la rue, entourés de petites dalles faisant aussi office de banc. On voit au fond
une partie de la Villeneuve (les immeubles de l’Arlequin) et les montagnes en arrière plan.
En continuant tout droit pour emprunter la passerelle enjambant l’avenue Reynoard, on
peut voir la ferme Prémol (ancienne maison de guet du XIIIème siècle) en briques qui abrite
actuellement une ludothèque et une MJC. On passe ensuite devant la halte garderie,
bâtiment assez bas avec un grand toit à quatre pentes en bac acier blanc, lui donnant ainsi
l’allure d’une pyramide aplatie. A côté se trouve la complexe théâtre – bibliothèque –
infirmerie…, bâtiment en béton et charpente en lamellé-collé. Ce bâtiment avait brûlé et
disparu en partie lors d’un incendie criminel vers 1992 (3).
En face se trouvent la Poste et le centre de tri Lionel Terray (4), bâtiment récent en béton
(R / R+1). Derrière se dressent maintenant les bâtiments de la nouvelle ZAC Vigny-Musset
(logements, bâtiments universitaires, Rectorat…).

Alors qu’on avait retrouvé le sol naturel et la circulation automobile, on « redécolle » du


sol avec la passerelle permettant de traverser l’avenue Marie Reynoard. Elle est en cours
de réaménagement pour tenter de faire réduire la vitesse des véhicules, en diminuant sa
largeur.
Elle ouvre des perspectives au Nord vers la Bastille et au Sud vers Echirolles et le bâtiment
du magasin Carrefour.

On arrive alors vers une autre partie du Village Olympique avec des bâtiments réservés au
foyers Sonacotra (5). La petite place Paul Gaspard (6) est complètement plantée d’arbres,
ce qui rend sa traversée très agréable en été. On redescend alors sur la desserte sud (l ≈
20m), axe de circulation réservé à la desserte des parkings de l’Arlequin (sur une portion),
au tramway, aux cyclistes et aux piétons. En face, côté Villeneuve, la clôture grillagée
d’une école maternelle sert de soutien à une vigoureuse végétation.

On traverse les voies du tramway et on continue sur une allée (7), entre l’école et une
petite peupleraie. Des chemins « sauvages » sont tracés sur le sol, endroits où la pelouse a
disparu !

On est alors en vue de la galerie et du kiosque sur la place du marché. On longe la galerie
à distance. Elle est ouverte sur un côté, laissant voir des commerces qui occupent le rez-de-
chaussée (8). On pénètre dans la crique ou se tient le marché, sous le kiosque puis on entre
sous la Galerie de l’Arlequin. Celle-ci fait à peu près la moitié de la largeur de la barre
quand se trouvent des locaux (commerces, galeries…) en rez-de-chaussée, ou qui, sinon
fait toute la largeur (9). Entre les poteaux, on aperçoit des morceaux de la barre. On
poursuit ce chemin jusqu’à un passage à droite, qui permet d’aller dans le parc et au
collège de la Villeneuve, sorte de soucoupe volante carrossée de métal (10).

On emprunte ensuite un chemin en gravillons blancs et donc assez éblouissant quand il y a


du soleil. Un muret de chaque côté, dont un qui serpente, retiennent la pelouse et servent
de bancs. Au milieu du chemin, sont posés de lourdes tables de ping-pong en béton (11).
Le chemin se poursuit ensuite sous les arbres (12), entre des butte de terre recouverte de
pelouse. En sortant du bosquet on peut voir la barre de la Villeneuve qui se déploie (elle
atteint parfois galerie+16) (13) et les bâtiments de La Bruyère. Entre deux buttes, on voit
aussi un lotissement de logements privés en bande, « Résidences 2000 », en béton et en
briques, où pousse une végétation luxuriante (14).

GRENOBLE 67
I - Enquêtes préparatoires

On débouche finalement sur l’avenue La Bruyère (l ≈ 12m) que l’on traverse au niveau
de la passerelle. Celle-ci fait la jonction entre les quartiers de la Villeneuve et de la
Bruyère et permet de rester au niveau de la dalle (15).

Comme nous traversons au niveau du sol, nous empruntons un petit chemin parmi les
arbres, qui remonte jusqu’au niveau de la dalle. On longe ainsi les bâtiments La Bruyère
(R+10) dont les façades blanches, vertes et roses sont aussi percées de loggias. Certaines
ont des stores, d’autres ont été fermées avec des fenêtres coulissantes (16).
Le petit parc qui se trouve au pied des immeubles et que nous traversons est équipé de
bancs et de jeux pour les enfants.

En suivant le chemin, on arrive à une passerelle en béton qui enjambe l’avenue Malherbe
(17). A ce niveau, les plantations d’arbres s’interrompent et on découvre les pignons des
immeubles du quartier olympique Malherbe. La passerelle permet de surplomber l’avenue
et un grand carrefour où se rencontrent la rue des Alliés, l’avenue Reynoard et l’avenue
Malherbe. De là on a une vue dégagée et imprenable sur le bâtiment moderne de la CAF et
de l’URSSAF avec le Vercors en arrière plan (18). A l’Est, l’avenue est bordée d’arbres
qui, l’été, cachent les bâtiments environnants (19).

En poursuivant ce chemin piéton, on marche sur la dalle Malherbe et on peut voir, à


travers des sortes de trémies, les garages qui se trouvent au-dessous. Les façades de ces
barres sont blanches (elles étaient en cours de ravalement à l’été 2000) (20). Vers le Nord,
on voit les bâtiments en forme de pyramide du Crédit Agricole (23) et on aperçoit un petit
morceau du Cargo.

68
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Tableau récapitulatif

Centre ville Championnet / Verdun Chorier – Berriat Quartiers sud


Période Relativement homogène. Quartier très homogène Ensemble hétérogène. Secteurs urbanisés dans les
Cœur historique, origine XIXème siècle, type Ancien faubourg industriel, années 1968 à l’occasion
historique
antique et médiéval jusqu’à hausmannien. artisanal et ouvrier qui s’est des Jeux olympiques à
aujourd’hui. Rues assez larges et développé fin XIXème Grenoble.
Rues étroites et tortueuses. rectilignes. siècle. Années 70-80 pour la
Depuis années 1980, se Villeneuve.
développe Europole et se
construisent des immeubles
isolés dans le quartier.
Morphologie Porte de France : immeubles Bâtiments typiques XIX Bâtiments très divers : Urbanisme de dalle,
XIX hausmanniens (R+5). hausmanniens (R+3, R+4). immeubles, maisonnettes, architecture de chaque
architecturale
Bâtiments anciens Moyen- Façades typiques maisons avec jardin, opération très homogène.
Age et surtout XV-XVIIIème grenobloises en pierres ateliers, usines. Structures béton
siècle (R+4), façades sobres factices et moulures Surtout fin XIX, début Village olympique : petites
standards décoratives en XXème siècle et période barres (R+3) et quelques
ciment moulé. contemporaine. tours.
Façades sobres ; Villeneuve + La bruyère :
De R+2 à R+7. « barre » qui se déploie
Malherbes : barres (R+10)
Paysage et Vues sur Belledonne + les 3 Vue sur Belledonne et sur Depuis cours Berriat, vue Vue panoramique sur les
environnement Tours parfois. une ou deux des 3 Tours. sur Belledonne et le montagnes.
Porte de France et quais, Traversée des boulevards, Vercors.
proches vue sur la Bastille, quartier vue sur Bastille.
Saint Laurent, Chartreuse et Pl. Verdun, vue
Belledonne panoramique sur les
montagnes.
Eléments Enseignes commerces Guirlandes électriques de Guirlandes électriques de Balcons fleuris, parterres et
(Grande rue, Rue Noël en travers des rues ; Noël en travers du cours jardinières fleuris par la
décoratifs
Chenoise) ; Enseignes et s t o r e s Berriat ; ville.
secondaires Terrasses des cafés et commerces, panneaux de Enseignes et stores Sculptures au Village
restaurants quand beaux signalisation détournés ; commerces ; Olympiques.
jours ; Terrasses des cafés et Terrasses des cafés et
Fenêtres fleuries. restaurants quand beaux restaurants quand beaux
« Spaces invaders » jours sur les places ; jours ;
Rue d’Agier : graphs et tags Fenêtres et balcons fleuries. Fenêtres fleuries ;
« Spaces invaders » Pignon avec murale rue
Ampère.
Ambiance non Bruit circulation important Quartier très calme. Quartier animé mais calme. Niveau sonore assez bas,
visuelle sur grands axes. Niveau sonore important sur Cours Berriat, axe plus sauf le long des avenues.
Drône urbain, pas, voix ; les grands axes et les places. bruyant à cause circulation Voix, pas, cris d’enfants,
Des fontaines qui peuvent voitures et tram. oiseaux
faire masque. Marché pl. St Bruno
Odeur des Kebab Bruits de chantiers
Rue d’Agier : relents Odeur des Kebab
d’urine Odeur de chlore vers la
piscine
Caractères Résidentiel et commercial + Résidentiel et commerces en Quartier mixte : habitat, Résidentiel + éducation et
fonctionnels culturel rez-de-chaussée ; commerces, ateliers, petites culture.
Place V e r d u n , usines, théâtres…
administrative, militaire et Commerces ouverts tard le
culturelle. soir et le dimanche.
Caractères Marchés place St André, pl. Fête de la musique ; Festival Place st Bruno :Marché Villeneuve : marché ; fête
remarquables aux Herbes, pl. Ste Claire de théâtre et boulistes (pl. Fête de la musique ; fête de de quartier, brocante, ciné
Fête de la musique ; Festival Vaucanson) ; quartier ; jeux d’enfants, ma en plein air l’été, 31
de la vie de théâtre ; Festival du court Skaters place Championnet ; boulistes décembre
sociale métrage en plein air ; Pl. Verdun, accrochage Braderie du cours Berriat Village Olympique : fête de
Finales foot photos ; défilé 1er mai, quartier, bouliste Prémol
manifs
Composition
socio
professionnelle

GRENOBLE 69
I - Enquêtes préparatoires

Bibliographie
« Invasion of Grenoble », Carte de l’invasion de Grenoble par SF Invader du 14 au 17
décembre 1999 (part. de l’Ecole des Beaux Arts de Grenoble)
« Patrimoine de Grenoble », Les Nouvelles de Grenoble, juillet - août 1999, p. 14-15
A. CAYROL -GERIN et M.-T. CHAPPERT , Grenoble ; richesses historiques du XVI au
XVIIIème siècle, éditions Didier Richard, Grenoble, 1991, 94 p .
C OLLECTIF (sous la dir. de J. Guibal), Grenoble, traces d’histoire, éditions Le Dauphiné
Libéré, 1997, 51 p.
C OLLECTIF, L’or gris du grand Grenoble, guide du patrimoine rhonalpin n°25, éditions
patrimoine rhonalpin, Lyon, 1994, 34 p.
J.-F. PARENT, Grenoble, Deux siècles d’urbanisation, Presses universitaires de Grenoble,
Grenoble, 1982
Revue de géographie alpine, n° hors série, « Grenoble et son agglomération – Un siècle de
développement, 1993
S. CORPORON, « Portes du Paradis ou des Enfers », Grenoble Magazine, 1998/99, p. 26-27
S. ORIEL, « Grenoble se découvre en visite », Grenoble Magazine, 1997/98, p. 50-53

70
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

MONTPELLIER

MONTPELLIER 71
I - Enquêtes préparatoires

DEROULEMENT DE L’ENQUETE REPUTATIONNELLE

Chronique du déroulement de la phase de travail

a) Dates principales et moments principaux de l'enquête


- Janvier 2000: Recherche des parcours potentiels et premières photographies afin de
définir les critères de choix.
- Février/Avril 2000: enquêtes réputationelles
- Mai/Juin 2000: dépouillement des enquêtes, nouvelles prises de vues
- Juin 2000: compte rendu des enquêtes réputationelles

b) Trajets prospectés et trajets retenus

Le centre de Montpellier, appelé Cœur de ville ou Écusson, constitue le noyau de la


ville. Délimité par le Boulevard Louis Blanc, le boulevard Henry IV, le boulevard Ledru
Rollin et le boulevard du Jeu de Paume, le cœur de ville est facilement reconnaissable à
son centre piétonnier, au regroupement de cafés, de boutiques et à ses petites rue étroites. Il
fallait trouver quatre parcours permettant de définir les axes forts, en matière d'architecture,
d'ambiances visuelles, olfactives et sonores, de la ville de Montpellier.
Mon premier questionnement a été de savoir s'il fallait ne choisir qu'un parcours dans le
centre, les autres étant principalement périphériques. Plusieurs quartiers ou parcours m'ont
paru intéressants:

- Le quartier des Arceaux: peu fréquenté, c'est un quartier résidentiel en bordure de centre.
Désert (peu de proximité avec les cafés, les commerces), il s'articule autour de rues
désertes. Les maisons semblent répondre au goût des propriétaires (maison de type
alsacienne, californienne...) Mais au cours des enquêtes réputationelles, j'ai pu
m'apercevoir que le quartier a rarement été retenu et considéré comme signifiant
montpelliérain.

- Le quartier des Beaux Arts: quartier en pleine rénovation, mais là encore, sans identité
propre. Un quartier résidentiel, un faubourg, à la qualité architecturale peu remarquables. A
peu près équivalent en grandeur que Figuerolles, et situé à la même distance du centre
ville, le quartier enthousiasme peu les montpelliérains, sans doute pour son manque de
"vie".

- Le quartier de la Paillade: relativement excentré de la ville (30 mn de bus pour s'y


rendre), le quartier de la Paillade fait pourtant partie de Montpellier. Les rares occasions
pour les habitants du centre de s'y rendre sont les marchés au puces le dimanche. Peu
d'interviewés considèrent la Paillade comme un faubourg de la ville. La méconnaissance
du lieu de la part des habitants montpelliérains m'a fait renoncer à valider ce parcours.

-Le quartier "derrière la gare": souvent cité mais peu fréquenté. L'architecture y est
relativement disparate (immeubles du 19e siècle, maisons des années 50...). Le parcours
manque de force et d'identité "valable".

- Le quartier des Facs: situé au nord de Montpellier, ce quartier s'étend sur une surface
équivalente au cœur de ville. Principalement fréquentée par des étudiants (cités U, facs...),
les distances séparant les constructions sont trop grandes pour pouvoir compter sur un
trajet de 20 mn à pieds.

72
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

- Trajets retenus:
- Quartier Antigone
- Quartier Figuerolles
- Quartier Vieil Écusson
- Quartier de ville "officiel"

c) Recherche des informateurs, conditions et nombres d'entretiens réalisés

- Recherche des informateurs de Mars 2000 à Juin 2000 auprès de commerçants, voisins et
connaissances:
- 9 entretiens réalisés.
- Une consigne: "Tenter de trouver six parcours d'une vingtaine de minutes, homogènes ou
hétérogènes, permettant de constituer une image architecturale et sensorielle représentative
de Montpellier."
- Entretiens réalisés à domicile ou dans des cafés, à l'aide d'un plan de la ville.
- Durée: 60 mn
- Enregistrement sur cassette

d) Identité cryptée des informateurs

- André S., 50 ans, restaurateur, habitant à la limite du cœur de ville, réside à Montpellier
depuis 23 ans.
- Claudine M., 40 ans, linguiste, habitant dans le quartier Figuerolles, réside à Montpellier
depuis 20 ans.
- Philippe C., 43 ans, architecte, habitant dans le quartier Figuerolles, réside à Montpellier
depuis 22 ans.
- Déborah P., 23 ans, étudiante, habitant au cœur de ville, réside à Montpellier depuis 5
ans.
- Diane M., 25 ans, professeur de philosophie, habitant derrière la gare, réside à
Montpellier depuis 10 ans.
- Jean-Paul G., 47 ans, galeriste, habite dans le quartier des Beaux-Arts, réside à
Montpellier depuis 31 ans.
- Pierre B., 28 ans, maître verrier, habite à la limite du cœur de ville, réside à Montpellier
depuis 10 ans.
- Eve C., 24 ans, étudiante, habite dans le cœur de ville, réside à Montpellier depuis 20
ans.
- Monique C., 57 ans, buraliste, habite dans le quartier des Arceaux , réside à Montpellier
depuis 57 ans.

MONTPELLIER 73
I - Enquêtes préparatoires

SITUATION DES TRAJETS RETENUS

Plan de MONTPELLIER avec les terrains sélectionnés

74
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

MONTPELLIER CENTRE, PARCOURS "TOURISTIQUE"

1) Parcours, historique et propos

- partir de la Gare SNCF


La gare, de style néoclassique, est construite en 1844 et sera enrichie d'une horloge et de
lourdes guirlandes en 1870.
Rénovation pour la venue du tramway: la place de la gare est dégagée, la zone piétonnière
est signalée par des bites en acier, la devanture a été nettoyée et le sol pavé. Une
impression, renforcée par le soleil, de froideur et de propreté.
A gauche, une vue sur le parking de la gare, bâtiment des année 60, à droite, une rue
montant vers le Polygone. l'immeuble qui fait l'angle de la rue Maguelone est un restaurant
Mac Donald.
Le tramway est en action depuis le 21 juin. Le square Planchon sépare la rue Maguelone et
la rue de la République, un square, dans la journée, ouvert aux enfants (jeux). Beaucoup de
SDF ou de gens saouls y viennent également, ce qui, dans les habitudes montpelliéraines, y
freine l'accès.

Jean-Paul:
"Comme dans toutes les villes, le lieu où j'ai peur, c'est la gare... Et en même temps,
c'est l'un des rares lieu encore habité la nuit, avec les brasseries..."

- prendre Rue Maguelone

MONTPELLIER 75
I - Enquêtes préparatoires

Bordée de Nouveaux palmiers pour la venue du tramway, la rue Maguelone se compose


principalement de snacks et d'hôtels. Le temple, au début de la rue, dénote: en
renfoncement, il ne semble pas avoir été rénové. Son style gothique brut se détache des
constructions haussmaniennes.
La rue permet une perspective directe sur la place de la Comédie. Perpendiculairement, des
petites rue laissent entrevoir des constructions modernes (1970/1980).
La rue Maguelone a été en travaux pendant environ deux ans, pour la venue du tramway.
Autrefois piétonne, les gens semblent avoir du mal à trouver leurs nouvelles marques.
Les quelques immeubles du XIXè, malgré leurs portes et leurs frontons sculptés, ne se font
plus remarquer: la rénovation est tellement impeccable qu'ils pourraient passer pour des
logements neufs.
On sent que la rue est un espace de passage: il n'y a pas de réelle identité de quartier, la
ville ne semble pas encore se définir.

Jean-Paul:
"Puis il y a aussi les palmiers, rue Maguelone par exemple: Montpellier doit être la
Méditerranée. Elle veux être une capitale. Elle peut pas être la capitale de la France, c'est
déjà pris, donc elle veut être la capitale de la Méditerranée, parce que personne ne
revendique cela. C'est pas une question d'authenticité. Mais bon, peut être que les gens
croiront que les palmiers faisaient partie de la culture montpelliéraine dans un siècle. "

Monique:
"Un quartier où il y a beaucoup de monde, avec des snacks, des bars, des restaus:
un lieux de passage, pas de charme, pas joli."

- traverser la Place de la Comédie


L'architecte orléanais Simon Levesville s'établit à Montpellier et impose son style sur de
nombreux hôtels particuliers de la ville, commandés par la noblesse titulaire des différentes
charges et offices de l'État. L'esplanade et la Comédie sont aussi des réalisations de
l'époque classique. Leur aménagement commence en 1629, après la destruction de la
commune clôture et le comblement de ses fossés permettant ainsi l'ouverture d'un vaste
terrain qui fut aplani et aménagé.

La place de la Comédie est crée en 1759. Tout d'abord appelée la Place d'Armes, elle
remplaçait le port de lattes. Elle devient ensuite Place du Palais du Gouverneur. A la
révolution, on l'appelle Place de la Salle de Spectacle et de la Fontaine des Trois Grâces.
A la fin du XIXe, les montpelliérains appellent la place de la Comédie la place de l’œuf, à
cause de forme ovoïde. Au cours des décennies, l'Oeuf a changé de forme et de taille. En
mai 1923, il a été dessiné sur la place avec du marbre de Carrare et entoure la fontaine des
Trois Grâces.
Le sol est constitué d'un quadrillage. En tout, 45 carreaux réalisés à partir d'un carré de
base dont le cadre est en marbre blanc enserrant un remplissage de pierres grises disposées
à la française. Au centre, une pierre carrée, de granit bleu, comprenant le logo de
Montpellier, le "M".

Les Trois Grâces


Les trois grâces sont Aglaé, Euphrosine et Thalie, les trois préférées du harem d'Apollon.
C'est une oeuvre du sculpteur marseillais Etienne d'Antoine, initialement destiné à la place
de la Canourgue, puis à la porte de Lattes, située à l'emplacement de l'actuelle place de la
Comédie.

76
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

L'opéra Comédie
L'opéra est construit par l'architecte Bernard Cassien, élève de Garnier. Il réalise une copie
quasi conforme de l'Opéra de Paris, avec ses colonnes corinthiennes et ses frontons
néoclassiques, ses décorations sculptées et ses lanternes baroques et sa salle à l'italienne.
L'allégorie sculptée qui encadre l'horloge de l'Opéra comédie est l’œuvre d'Injalbert. Les
masques et décorations de la façade sont dus à Baussan.

Descriptif de la place
Au fond de la place, sur la gauche en regardant le théâtre, on peut voir deux immeubles
d'angles: le Crédit du Nord, aux formes arrondies, et le Grand Hôtel du midi (1909, Boudes
et Carlier) , qui ouvre la perspective vers la gare.
Au début du XXè siècle, un marché aux vins se tenait tous les mardis à la terrasse des cafés
se trouvant alors à l'emplacement de l'actuel Monoprix.
A la droite du théâtre, au débouché de la rue de la Loge, on trouve, par contre, les maisons
du vieux Montpellier, avec les tuiles rondes et leurs génoises.
A partir de là, le décor devient hausmanien avec le répertoire ornemental emprunté à la
renaissance: atlantes, cariatides, guirlandes, agrafes sculptées, pilastres, frontons, toits en
ardoises avec fenêtres sur combles et coupoles.
L'immeuble Lonjon a été rebaptisé le scaphandrier, à cause de la forme de sa toiture à
bulbe percé d'oculi. De lourdes colonnes à bossages supportent les chapiteaux et des
entablements sculptés qui évoquent, de chaque coté d'un balcon en pierre de taille,
l'alliance de la viticulture et de l'industrie (grappe de raisin, pressoir et locomotive). Sous
les balcons viennent se loger une chouette et des têtes de satyres.
L'actuel cinéma Le Gaumont était les Nouvelles galeries et date de 1889.

Claudine M.:
"Importante: très agréable, un point de rencontre. Tous les gens connaissent. L'été,
il fait très chaud, c'est blanc, il y a personne. La Comédie, c'est le point de ralliement."

Diane:
"Façade officielle de Montpellier, apparence lisse, bien pensée, bien organisée...
Une place que je trouve très belle la nuit, quand il pleut. Mais de jour, je trouve ça et très
commercial et touristique, sans âmes. La décoration des façades, le fait que tout soit utilisé
à des fins commerciales et la population touristique. Ce n'est pas une vie de quartier."

Pierre:
"C'est l'endroit où il y a les quartiers anciens, bourgeois. Tout le quartier Comédie,
c'est quand même un quartier près des gares et qu'au 19e, c'était plus chic d'habiter près des
gares, près de la modernité, d’où les hôtels particuliers, près de l'Esplanade."

André:
"Il y a, depuis dix ans, un sentiment d'insécurité beaucoup plus important. Quand je
me ballade sur la place de la Comédie ou au Peyrou, je ne me sens pas bien , je fais
attention. C'est peut être parce que c'est vide."

Eve:

MONTPELLIER 77
I - Enquêtes préparatoires

"Comédie, où on est en présence d'une ville, et non d'un village, comme un


symbole unificateur de la disparité de la ville."

- longer la Rue de la Loge


- 19è siècle. Création des halles et retraçage de la rue de la Loge, dans l'idée d'assurer le
sauvetage de l'activité de la vieille ville en réunissant son cœur marchand à la gare et aux
quartiers avoisinants qui se développe autour d'elle. Le lien est ainsi tracé entre l'ancien et
le nouveau centre qui gravite autour de la place de la Comédie et rassemble les banques,
les grands magasins, les grands cafés et le théâtre. Autre percée, la création de la rue Foch.

Descriptif de la rue
Au début de la rue, à droite, un Mac Donald qui fait l'angle. La rue monte légèrement
jusqu'à la place Jean Jaurès. Des magasins de vêtements, de chaussures et de lunettes se
partagent la rue.
Le sol, autrefois pavé, a été réaménagé il y a deux ans: des dalles couleurs sable.
On perçoit des zones de fraîcheur, grâce aux rues Jean Moulin et Jacques Cœur et, plus
loin, rue des trésoriers de France. Cette rue, très étroite, laisse entrevoir un Montpellier
plus typique, plus ancien. On se sent plus dans la ville.
Les immeubles modernes côtoient les vieilles constructions (XVIIIè).
Il n'y pas d'arbres ou d'espace vert.

Monique:
"... assez bourgeois, c'est le centre du commerce."

- passer à coté de la Place Jaurès


Historique:
La période révolutionnaire réaménage les marchés du centre ville. On détruit le Couvent
des Capucins qui devient un marché en plein air (la place du marché au fleurs), tout
comme Notre-Dame-des-Tables, qui devient la place Jean Jaurès.

Descriptif de la place
Au milieu de la place trône la statue de Jean Jaurès. Des bars encadrent la place; celle-ci
est donc principalement occupée par des terrasses. La journée, la place n'est pas très
bruyante mais la nuit, l'été, le son techno des cafés est assourdissant. C'est une place
vivante l'été et non pas l'hiver.
En haut de deux immeubles, quelques graphs de grande dimension.
Le premier espace/place aux dimensions humaines.

Jean-Paul:
"Avant, j'allais place Jean Jaures, et puis maintenant on se croirait aux Halles, à
Paris."

- passer devant les Halles Castellane


Le marché se tient chaque jour aux Halles Castellane, conçues en fonte par Jules Cassan en
1869 sur le modèle des halles parisiennes de Baltard. La construction dénote pourtant un
peu avec les immeubles environnants.

Jean-Paul:

78
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

"Pour parler d'une ambiance, Montpellier est assez bâtard, assez faux. Le matin, il y
a quelques marchés, mais on n'y crois pas. Il y a la volonté de faire provençal, mais ca ne
marche pas. Les gens viennent là parce que ce sont des primeurs qui vendent leurs
légumes, les habitants qui vont au marché sont des vieux qui vont au centre parce que c'est
près...
Mais c'est tout. La volonté de mettre en scène, alors que c'est uniquement des lieux de
ravitaillement. Ce coté marché aux fleurs, on dirait un pims: "regardez comme c'est joli"...
Il y a du bleu, du jeune, du vert, on a envie de vomir. Tout est comme ça. Le marché Plan
Cabanes, c'est presque un vrai marché, c'est plus sauvage, mais, en comparaison avec ce
qui se passe au centre, tu te sens agressé, alors que c'est un marché normal.
Montpellier, je le vois comme ça: il y a cette place où il a tout ces restaurants. Les
touristes se disent: "Oh, la, la, que cette ville est belle !", C'est Montmartre, il manque trois
peintres... "

- Passer devant la préfecture


Pierre:
"Parce que c'est quand même le centre, c'est quand même là."

- suivre Rue Foch


A l'image des grands boulevards tracés par Hausmann à Paris, une large artère centrale
doit traverser le réseau complexe des ruelles médiévales de Montpellier et relier les jardins
du Peyrou à l'Esplanade. La Rue Nationale, aujourd'hui Rue Foch, est percée de 1878 à
1887, puis prolongée par la Rue de la Loge. L'ensemble Lonjon (Gaumont) est un parfait
exemple de décor hausmanien.
La zone du palais de justice est impressionnant de froideur. La rue Foch, si l'on y regarde
de plus près, est relativement verte (espace de pelouse bordant la route, arbres, jardin
privés débordant sur la rue). Le passage y est beaucoup plus calme.

Pierre:
"C'est peut être la rue Foch, rue d'apparat, qui divise le centre ville, mais autrement,
j'ai l'impression que c'est un peu méli-mélo."

Philippe:
"Une vitrine de la ville. Des grandes rues commerciales de passage."

- traverser les jardin du Peyrou


La ville embellit ses portes qui deviennent monumentales. En remplaçant, en 1691, la
vieille porte du Peyrou par un arc de triomphe, l'architecte Daviler facilite la liaison avec la
nouvelle promenade créée en 1689. La place royale de Montpellier (Peyrou) sera la
dernière de ce genre en France et ne sera achevée qu'à l'avènement de Louis XVI. Elle est
la preuve matérialisée de l'influence de l'État et de la centralisation monarchique.
La promenade du Peyrou fut choisie par l'intendant royal De Basville pour servie de
piédestal à Louis XIV parce qu'elle était le place culminante de Montpellier (52m
d'altitude) et qu'elle avait été utilisée par Louis XIII pour canonner la ville alors tenue par
les protestants lors du siège de 1622.
Contrarié de ne pouvoir dégager une place au centre de la ville pour l'érection de cette
statue gigantesque, De Basville accepta cette ancienne aire de battage de blé à la condition
qu'aucun bâtiment ne dépasse le niveau de l'Esplanade. Cette servitude fut alors toujours
respectée. L'horizon depuis le château d'eau permet du Peyrou est ainsi dégagé et permet
un regard panoramique sur la région.

MONTPELLIER 79
I - Enquêtes préparatoires

Où que l'on soit, on peut voir les emblèmes de Montpellier: la cathédrale St Pierre, l'église
St Anne... En passant sous l'arc de triomphe, on sent bien que l'on quitte la ville: le pont, la
visualisation des vestiges de rempart...

Monique:
"...assez touristique, à voir pour le point de vue de la ville au Peyrou."

- s'arrêter aux Arceaux


Construction de l'aqueduc des Arceaux par Pitot en 1752.

Eve:
"Les Arceaux et le Peyrou (qui représente Montpellier) sont implantés
historiquement. "

2) Enquête démographique d'après les sources INSEE 1999 ET 1990

2a) Recensement de la population de 1999 sur le parcours Montpellier centre (touristique)


Total de la population dans les blocs d'immeubles situés sur le parcours :

a) RUE MAGUELONE

Population sans doubles comptes:


21 + 18 + 201 = 240
Pop. des résidences principales:
21 + 18 + 201 = 240
Nbr de logements occasion.:
0+0+0=0
Nbr de résidences principales:
16 + 9 + 98 = 123
Nbr de logements vacants:
4 + 2 + 21 = 27
Nbr de résidences secondaires:
0 + 0 + 2 =2
Nbr d'habitants par résidence principales:
1, 3 + 2,0 + 2,0 = 4,3/3 = 1,4
Nbr de logements:
20 + 11 +121 = 152

b) PLACE DE LA COMÉDIE

Population sans doubles comptes:


58 + 65 + 68 + 161 + 0 + 61 + 72 + 42 + 2 = 529
Pop. des résidences principales:
53 + 65 + 68 + 161 + 0 + 61 + 72 + 42 + 2 = 525
Nbr de logements occasion.:
0+0+1+5+0+0+3+0+0=9
Nbr de résidences principales:
34 + 39 + 36 + 86 + 0 + 34 + 50 + 27 + 1 = 307

80
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Nbr de logements vacants:


11 + 1 + 9 + 44 + 0 + 12 + 13 + 5 +0 = 95
Nbr de résidences secondaires:
4 + 2 + 4 + 5 + 0 + 3 + 0 + 1 + 0 = 19
Nbr d'habitants par résidence principales:
11,5 + 1, 6 + 1, 8 + 1, 8 + 0 + 1, 7 + 1, 4 + 1,5 + 2,0 = 23,3/9= 2,6
Nbr de logements:
49 + 42 + 50 + 140 + 0 + 49 + 66 + 33 + 1 = 430

c) RUE DE LA LOGE, PLACE J. JAURÈS, PLACE D ELA PRÉFECTURE

Population sans doubles comptes:


125 + 68 + 46 + 0 + 92 + 0 + 79 + 64 + 108 + 0 = 582
Pop. des résidences principales:
125 + 68 + 46 + 0 + 92 + 0 + 79 + 64 + 105 + 0 = 580
Nbr de logements occasion.:
0 + 4 + 6 + 0 + 3 + 0 + 2 + 2 + 2 + 0 = 19
Nbr de résidences principales:
80 + 41 + 37 + 0 + 51 + 0 + 47 + 37 + 69 + 0 = 362
Nbr de logements vacants:
4 + 8 + 25 + 0 + 11 + 0 + 20 + 8 + 11 + 0 = 87
Nbr de résidences secondaires:
0+0+2+0+1+0+1+0+1+0=5
Nbr d'habitants par résidence principales:
1,5 + 1,6 + 1,2 + 0 + 1,8 + 0,0 + 1,6 + 1,7 + 1,5 + 0,0 = 10,9/10 = 1,09
Nbr de logements:
41 + 53 + 113 + 0 + 66 + 0 + 70 + 47 + 83 + 0 = 473

d) RUE FOCH

Population sans doubles comptes:


19 + 22 + 58 + 16 + 10 + 20 + 18 + 11 + 4 + 20 + 35 + 7 + 46 + 29 + 24 = 339
Pop. des résidences principales:
19 + 22 + 58 + 16 + 10 + 20 + 18 + 11 + 4 + 20 + 35 + 7 + 46 + 29 + 24 = 339
Nbr de logements occasion.:
0+0+0+1+0+0+0+2+0+1+0+0+1+1+1=7
Nbr de résidences principales:
9 + 15 + 29 + 8 + 5 + 11 + 12 + 5 + 3 + 12 + 16 + 4 + 32 + 21 + 11 = 193
Nbr de logements vacants:
2 + 6 + 5 + 1 + 2 + 1 + 2 + 0 + 0 + 2 + 2 + 0 + 6 + 1 + 2 = 32
Nbr de résidences secondaires:
0 + 0 + 4 + 0 + 0 + 0 + 0 + 0 + 3 + 0 + 3 + 1 + 0 + 0 + 2 = 13
Nbr d'habitants par résidence principales:
2,1 + 1,4 + 2,0 + 2,0 + 2,0 + 1,8 + 1,5 + 2 + 2,2 + 1,3 + 1,6 + 2,1 + 1,7 + 1,4 + 1,3 +2,1 =
28,5/16= 1,8
Nbr de logements:
11 + 21 + 38 + 10+ 7 + 12 + 14 +7 + 14 + 6 + 22 + 5 + 39 + 23 + 16 = 245

MONTPELLIER 81
I - Enquêtes préparatoires

e) JARDI N DU PEYROU

Population sans doubles comptes: 0


Pop. des résidences principales: 0
Nbr de logements occasion.: 0
Nbr de résidences principales: 0
Nbr de logements vacants: 0
Nbr de résidences secondaires: 0
Nbr d'habitants par résidence principales: 0
Nbr de logements: 0

f) TOTAL:

Population sans doubles comptes:


0 + 339 + 582 + 529 + 240 = 1690
Pop. des résidences principales:
0 + 339 + 580 + 525 + 240 = 1684
Nbr de logements occasion.:
0+ 9 + 19 + 17 + 0 = 45
Nbr de résidences principales:
0 + 193 + 362 + 307 + 123 = 985
Nbr de logements vacants:
0 + 32 + 87 + 95 + 27 = 241
Nbr de résidences secondaires:
0 + 13 + 5 + 19 + 2 = 39
Nbr d'habitants par résidence principales:
0,0 + 1,8 + 1,09 + 2,6 + 1,4 = 6,89/5 = 1,378
Nbr de logements:
0 + 245 + 473 + 430 + 152 = 1300

Le nombre de logements vacants est relativement élevé par rapport au nombre total de
logements. Il y a légèrement moins d'habitants par appartements que dans les trois autres
parcours précédents.

82
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

2b) Recensement de la population de 1990- Dépouillement au quart

a) POPULATION TOTALE PAR SEXE ET AGE

Age au Ensemble Hommes Femmes


31/12/90 /%

Total 16432 / 100,0 7324 9108

0-19 2500 / 15,2 1224 1276

20-39 6328 / 38,5 3056 3272

40-59 3280 / 20,0 1516 1764

60-74 2128 / 13,0 832 1296

75 ou + 2196 / 13,4 696 1500

b) POPULATION TOTALE PAR SEXE, AGE ET CATÉGORIE SOCIO-


PROFESSIONNELLE

Catégorie Socioprofessionnelle Ensemble


/ %
Ensemble 16432 / 100,0

- Agriculteurs exploitants 24 / 0,1

- Artisans 224 / 1,4

- Commerçants 500 / 3,0

- Chefs d'entreprises 10 salariés ou + 44 / 0,3

- Professions libérales 312 / 1,9

- Cadr.fct. publiq., prof. intell. et artist. 800 / 4,9

- Cadres d'entreprise 440 / 2,7

- Prof. interm. enseignt, santé, fct publ. 784 / 7,8

- Prof. interm. admin. et commerc. des entr. 492 / 3,0

- Techniciens 140 / 0,9

- Contremaîtres, agents de maîtrise 68 / 0,4

MONTPELLIER 83
I - Enquêtes préparatoires

- Employés de la fonction publique 484 / 2,9

- Employés administratifs d'entreprise 744 / 4,5

- Employés de commerce 404 / 2,5

- Personn.serv. directs aux particuliers 468 / 2,8

- Ouvriers qualifiés 736 / 4,5

- Ouvriers non qualifiés 444 / 2,7

- Ouvriers agricoles 12 / 0,1

- Anciens agriculteurs exploitants 68 / 0,4

- Anciens artisans, commerc., chefs d'entr. 300 / 1,8

- Anciens cadres, profess. intermédiaires 984 / 6,0

- Anciens employés et ouvriers 1848 / 11,2

- Chômeurs n'ayant jamais travaillé 100 / 0,6

- Autres sans activités professionnelles 6012 / 36,6

c) NATIONALITÉS (en deux tableaux)

Caractéristiques Ensemble Français Etrangers


Individuelles %

Pop. Totale 16432 15056 1376/ 8,4

- 0 à 14 ans 1636 1528 108 / 6,6

- 15 à 24 ans 3160 2860 300 / 9,5

- 25 à 39 ans 4032 3560 472 / 11,7

- 40 à 59 ans 3280 2968 312 / 9,5

- 60 où + 4324 4140 184 / 4,3

84
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Caractéristiques Ensemble C.E.E. Algé. Maroc. Tunis. Turcs


Individuelles Ital. Espag. Portu.

Pop. Totale 540 32 212 140 148 284 36 28

- 0 à 14 ans 28 0 16 8 4 48 0 4

- 15 à 24 ans 124 0 4 40 8 68 0 8

- 25 à 39 ans 124 0 28 40 40 92 24 4

- 40 à 59 ans 128 8 72 44 64 72 8 12

- 60 où + 136 24 92 8 32 4 4 0

d) CARACTÉRISTIQUE DES RÉSIDENCES PRINCIPALES SELON LA PERSONNE


DE RÉFÉRENCE DU MÉNAGE

Caractéristique Ensemble Pers. de réf. nbre


des résidences des ménages étrangère total de
principales /% pers.

Ensemble des
Résidences principales 9192 / 100,0 744 16312

STATUT:
- propriét. 2800 / 30,5 52 5272
- loc. ou sous loc. 5708 / 62,1 660 9844
- logé gratuitem. 684 / 7,4 32 1196

CONFORT:
- ni baign., ni douc.,
sans wc inté. 204 / 2,2 56 256
- ni baign., ni douc,
avec wc inté. 384 / 4,2 44 472
- baign., douch.,
sans wc inté. 424 / 4,6 44 620
- baign. ou douch.,
wc int., ss chf cent. 1636 / 17,8 212 2864
- baign. ou douch.,
wc inté., avec chf cent. 6544 / 71,2 388 12100

Nombre de voit.
de tourisme:
- ménag. ss voitu. 4200 / 45,7 468 5792
- ménag. avec 1 voit. 4232 / 46,0 388 8268
- ménag. avec 2
ou + voit. 760 / 8,3 52 2252

MONTPELLIER 85
I - Enquêtes préparatoires

Parcours suivi avec points de repérage photographique

1 - Gare 2 - Rue Maguelone

3 - Rue Maguelone 4 - Place de la Comédie

86
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

4a - Place de la Comédie 5 - Rue de la Loge

6 - Place Jean Jaurès 7 - Rue de la Loge

8 - Place de la Préfecture 9 - Rue Foch

10 - Rue Foch 11 - Promenade du Peyrou

MONTPELLIER 87
I - Enquêtes préparatoires

12 - Promenade du Peyrou

88
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

MONTPELLIER CENTRE (VIEIL ECUSSON)

1) Parcours, historique et propos

- Se retrouver à l'Esplanade Charles de Gaulle, devant la Fontaine


- En 1629, l'architecte orléanais Simon Levesville s'établit à Montpellier et impose son
style sur de nombreux hôtels particuliers de la ville, commandés par la noblesse titulaire
des différentes charges et offices de l'État. L'esplanade et la Comédie sont aussi des
réalisations de l'époque classique. Leur aménagement commence en 1629, après la
destruction de la commune clôture et le comblement de ses fossés permettant ainsi
l'ouverture d'un vaste terrain qui fut aplani et aménagé.
Le jardin de l'Esplanade est construit au 19è siècle.

Descriptif de l'endroit
L'Esplanade commence à hauteur de la première fontaine octogonale et de l'ancien mess
des officiers (aujourd'hui rebaptisé pavillon de l'hôtel de ville), accolé à l'office du
tourisme.
A droite de l'Esplanade, se trouve le jardin aménagé sur l'ancien champ de Mars. Le glacis
entre la ville et la citadelle, longtemps lieu de décharge, a été remblayé et aplani, (d'où le
nom d'esplanade) dès le début du XVIIIè siècle, et planté de trois rangées d'ormeaux.
Devenus centenaires, ils ont remplacé les platanes.
Lieu de manifestations civiles et militaires, l'esplanade accueillait, au XIXè siècle, les
foires d'avril et d'octobre.
En remontant l'Esplanade vers le Corum, remarquer, sur la droite, la façade de l'ancien
cinématographe Pathé, devenu centre Rabelais. Dans les années 70, un placage cachait

MONTPELLIER 89
I - Enquêtes préparatoires

entièrement la façade du cinéma, mais en 1983, la municipalité acquit l'édifice et rénova la


façade Belle Époque.
Sur l'un des parterres se trouve une statue moderne intitulée "Le Vent", sculptée par
Baldini en 1991.
A cette hauteur, sur la gauche, s'étend le champ de Mars. Construit pour surveiller la ville
après le siège de Louis XII, elle devint une prison au XVIIIè et depuis 1947, les anciennes
installations militaires sont occupées par le lycée Joffre.
Le long du boulevard Bonne Nouvelle se trouve le musée Fabre. La première partie du
musée est l'hôtel Massilian.En 1825, le peintre François-Xavier Fabre, qui fut élève de
David et grand prix de Rome en 1787, fait don à la ville de sa bibliothèque et de sa
collection de peintures. Le Musée Fabre ouvre ses portes en 1828 et s'enrichit de la
collection Bruyas.
Salle Rabelais, construite en 1909 par François Acher.

Jean-Paul:
"Le kiosque Bosque, c'est un des premier bâtiment public en béton, c'est quelque
chose de très beau. Mais avec le Corum droite, le musée Fabre en face... Tu te mets au
centre et tu regardes... Sans parler des statues, parce qu'il y a une statuaire à Montpellier
qu'il faut signaler...
En un panoramique, tu as n'importes quoi... C'est en plein centre: soit les montpelliérains y
passent continuellement, soit les touristes y passent, ça renvoie une image... Alors peut être
que la municipalité est ravie que les touristes passent par là pour voir le Corum, qui est une
de ses réalisation."

- Aller vers le Corum


A l'extrémité de L'Esplanade se trouve le Corum, opéra et palais des congrès. C'est à
Vasconi, auteur du forum des Halles à Paris qu'a été confié la construction de cet énorme
bâtiment. le Corum se distingue par sa composition essentiellement horizontale, en bandes
de béton.

Pierre:
"...qui est un beau bâtiment."

- Prendre la Rue Girard

Jean-Paul:
"Pour montrer (c'est pas une vision réactionnaire ou passéiste) qu'à des époques, la
notion d'ensemble a été pensée. On traverse la rue Montpellier et, la rue de l'Aiguillerie,
avec ses petits repères, des cafés où chacun trouve sa place. "

Claudine M.:
"C'est très facile de se perdre dans les petites rues, je n'ai pas de parcours précis.
C'est une sorte de maillage. Pour moi, c'est le vieux Montpellier. "

- Remonter la rue de l'Aiguillerie


Au n° 25, hôtel de Planque, des sculptures au haut des fenêtres qui représentent le
crépuscule, la nuit, l'aurore et le jour.
Au n°26, hôtel de Griffy. Situé à l'emplacement du premier château des Guilhem, cet hôtel
présente une porte agrémentée de deux mappemondes et de deux chiens dans des écussons.

90
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

- Prendre la rue de la Carbonnerie


Au n°1, l'hôtel Baudon de Mauny, XVIIIè.

- Prendre la rue du Cannau


Le nom Cannau veut dire chemin neuf, "cami nou", à moins que ce nom vienne de "cap
nou", sommet de la ville.
Par ses sculptures, ses ferronneries, ses gypseries, ainsi que par l'importance des familles
qui y vécurent, la ru du Cannau est l'une des plus typiques de l'aristocratie montpelliéraine.
Au n°1, hôtel de Roquemaure. Rares sont les hôtels montpelliérains ayant une décoration
architecturale extérieure comme celui-ci. Il présente deux façades décorées de pilastres
cannelés se terminant par une corniche à mascarons interrompue ça et là par le
couronnement des lucarnes.
Au n°3, hôtel d'Avèze.
Au n°6, hôtel de Beaulac (XVIIIè).
Au n°8, hôtel Deydé (XVIIIè). Cet hôtel a été bâti par Daviler et à été élevé sur le sol de
plusieurs maisons acquises par Joseph Deydé.

- Prendre la rue Delpech


Au n°2, hôtel de Grasset (XVIIIè)

- pour arriver Place du Marché aux Fleurs


La période révolutionnaire réaménage les marchés du centre ville. On détruit le Couvent
des Capucins qui devient un marché en plein air (la place du marché au fleurs), tout
comme Notre-Dame-des-Tables, qui devient la place Jean Jaurès.
Au début du XXè, le marché aux fleurs se tenait ici. La réalisation d'un parking souterrain
en 1985 a occasionné le réaménagement de la place. En son centre, une fontaine de bronze,
oeuvre du sculpteur catalan Clémente-Ochoa.
n°7, hôtel de Mirman (XVIIIè, XIVè et XVIIè)

Jean-Paul:
"Tu as le bâtiment de la Poste, début du siècle, la Préfecture, avec un rajout d'il y a
20 ans, une monstruosité. Un immeuble du 17 siècle, de toute beauté et au milieu, tu as
cette fontaine, des années 70, une espèce de post-Moore, qui est même pas immonde, on ne
sait même pas ce que c'est. Là, il y a deux panoramiques : du n'importe quoi. Sur ces deux
endroits kitsch, personne n'est bien... Je crois que chacun essaie de trouver son coin. Moi,
je vais place du Marché au Fleurs, en retrait. "

- Descendre la rue Bonnier d'Alco

- Descendre la rue de l'Université


Cette rue se nommait autrefois rue de la Blanquerie, à cause des ateliers de blanchissage
installés au bord du Merdanson.
Au n°31, ancien hôpital Saint-Eloi, siège des universités de droit, lettres et Sciences au
XIXè, aujourd'hui rectorat.

- Prendre la rue d'Aigrefeuille

- Puis la rue de la Confrérie

- Rejoindre la rue Candolle

MONTPELLIER 91
I - Enquêtes préparatoires

- Arriver Place Candolle


le café Roule Ma Poule devant la statue Paradis Perdu, de Dieudonné.

Diane:
"La place Candolle qui est un centre du quartier. Il n'y a pas d'unité dans les
constructions : entre St Pierre, Candolle, le conservatoire qui fait carrément bâtiment
colonial... Des choses différentes mais qui parviennent à s'unifier.
Au centre-centre, la vie de quartier se calque sur le commercial, avec des sorties de
population calquées sur les horaires de boulot. Dans le quartier Figuerolles et le quartier
Candolle, il y a une certaine indépendance."

Pierre:
"Tout ce quartier, un dédale qui a un intérêt architectural, vrai vieux centre. Un
quartier gitan principalement. Dans le coin, il y a une super gargouille avec un cheval, mais
je peux pas dire où précisément."

Eve:
"...quartier gitan, populaire, faculté de médecine."

Philippe:
"Population: vieille population montpelliéraine. Dans ces quartiers, on peut trouver
des montpelliérains d'origine. L'ambiance des petites rues, des petits café, des petits
commerces de proximité."

André:
"Le lieu que je n'aime pas fréquenter, c'est le lieu des gitans, la place Candolle."

- Arriver Place St Pierre


La faculté de médecine est fondée en 1242.
Un "Studium" (Université) de Droit naît à Montpellier en 1250.
De par la volonté du fondateur, le monastère St-Benoît dépendait de l'Abbaye de Saint-
Victor de Marseille. L'évêque diocésain résidait à Maguelone qui, peu à peu, se dépeuplait.
Au XVIè siècle, il ne restait plus que les chanoines du chapitre cathédral et ceux de la
collégiale de la Trinité.
Le siège épiscopal fut transféré à Montpellier en 1536, l'église du monastère Saint-Benoît
étant érigé en église cathédrale sous le vocable de Saint-Pierre, celui de Maguelone.

Descriptif de la Cathédrale
Le parvis de la cathédrale est pavé en "Caillade", avec des galets formant des motifs,
pavage très répandu dans le Midi.
La cathédrale, bâtie sur l'église St-Benoît, mesure 100 mètres de long et occupe un ancien
ravin.
La façade principale est précédée d'une sorte de baldaquin sur deux tours rondes terminées
en poivrières et appuyant sur deux autres retombées sur la façade. Celle-ci, refaite au
XVIIIè siècle, est aussi nue que possible. Elle se compose d'un grand portail flanqué de
deux pilastres triangulaires sur lesquels ont été creusés des panneaux de style classique. la
grande baie est divisée par un trumeau en pierre fruste. Le reste du haut mur qui clôture la
nef au dessus du portail est amplement percé d'un occulus.

92
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Ce portail, entouré de deux grandes tours carrées, massives et sans ornement, donne à la
cathédrale l'aspect d'une forteresse.
La partie ancienne de la cathédrale, à l'intersection du transept et de la nef, se termine par
deux autres tours du même style que celles de la façade.
Au transept commence les constructions élevées pendant la seconde moitié du XIXè siècle.
la façade du bras oriental, dégagée à l'extérieur de la rue, a été décorée d'un portail de style
gothique. C'est le grand portail de la Vierge.
A l'étage inférieur, on voit, coté gauche, "l'adoration des Mages", au coté droit
"l'Ensevelissement du Christ". le deuxième degré sculpté représente le "Couronnement de
Marie".

Diane:
"J'adore Saint Pierre, son toit, cette perspective..."

Pierre:
"La cathédrale est un monument spectaculaire."

Claudine:
"Quartier St Pierre, c'est pas très agréable, il n'y a rien, je n'y vais jamais. J'y vais
pour faire visiter à des amis étrangers, mais c'est vraiment du tourisme."

2) Enquête démographique d'après les sources INSEE 1999 ET 1990

2a) Recensement de la population de 1999 sur le parcours Montpellier centre (vieil


Écusson)
Total de la population dans les blocs d'immeubles situés sur le parcours :

a) L'ESPLANADE CHARLES DE GAULLE ET RUE GIRARD

Population sans doubles comptes:


85 + 1 + 65 + 45 = 196
Pop. des résidences principales:
85 + 1 + 45 + 45 = 176
Nbr de logements occasion.:
2+0+0+0=2
Nbr de résidences principales:
36 + 1 + 31 + 27 = 95
Nbr de logements vacants:
8 + 0 + 17 + 6 = 31
Nbr de résidences secondaires:
4+0+1+0=5
Nbr d'habitants par résidence principales:
2,3 + 1 + 1,4 + 1,6 = 6,3/4 = 1,5
Nbr de logements:
50 + 1 + 49 + 33 = 133

MONTPELLIER 93
I - Enquêtes préparatoires

b) RUE DE L'AIGUILLERIE, RUE DE LA CARBONNERIE ET RUE DU CANNAU

Population sans doubles comptes:


88 + 211 + 99 + 140 = 538
Pop. des résidences principales:
88 + 211 + 99 + 140 = 538
Nbr de logements occasion.:
0 + 10 + 2 + 2= 14
Nbr de résidences principales:
45 + 119 + 54 + 90= 308
Nbr de logements vacants:
18 + 38 + 16 + 22 = 92
Nbr de résidences secondaires:
0+1+0+0=1
Nbr d'habitants par résidence principales:
1,9 + 1,7 + 1,8 + 1,5 = 6,9/4 =1,725
Nbr de logements:
63 + 168 + 72+ 114 = 417

c) PLACE DU MARCHÉ AUX FLEURS ET RUE BONNIER D'ALCO


Population sans doubles comptes:
7 + 0 + 74 + 7 + 1 = 89
Pop. des résidences principales:
7 + 0 + 74 + 7 + 1 = 89
Nbr de logements occasion.:
0+0+2+1+1=4
Nbr de résidences principales:
3 + 0 + 45 + 15 + 1 = 64
Nbr de logements vacants:
0 + 0 + 11 + 4 + 1 = 16
Nbr de résidences secondaires:
0+0+0+0+0=0
Nbr d'habitants par résidence principales:
2,3 + 0,0 + 1,6 + 1,6 + 1,0 = 6,5/5 = 1,3
Nbr de logements:
3 + 58 + 0 + 20 +3 = 84

d) RUE DE L'UNIVERSITÉ

Population sans doubles comptes:


147 + 88 + 44 = 277
Pop. des résidences principales:
147 + 86 + 44 = 277
Nbr de logements occasion.:
6 + 4 + 0 = 10
Nbr de résidences principales:
90 + 48 + 27 = 165
Nbr de logements vacants:
21 + 18 + 4 = 43

94
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Nbr de résidences secondaires:


0+2+2=4
Nbr d'habitants par résidence principales:
1,6 + 1,7 + 1,6 = 4,9/3 = 1,6
Nbr de logements:
117 + 72 + 33 = 222

e) RUE D'AIGREFUILLE, RUE DE LA CONFRÉRIE, RUE CANDOLLE, PLACE


CANDOLLE ET PLACE ST PIERRE

Population sans doubles comptes:


51 + 89 + 63 + 151 + 20 + 126 + 0 + 12 + 54 + 50 + 0 + 53 = 669
Pop. des résidences principales:
51 + 89 + 63 + 151 + 20 + 126 + 0 + 12 +54 + 50 + 0 + 53 = 669
Nbr de logements occasion.:
0 + 0 + 0 + 6 + 1 + 1 + 0 + 0 + 0 + 0 + 0 + 2 = 10
Nbr de résidences principales:
37 + 66 + 46 + 112 + 8 + 72 + 0 + 7 + 38 + 35 + 0 + 40 = 461
Nbr de logements vacants:
5 + 7 + 11 + 44 + 7 + 6 + 0 + 0 + 9 + 4 + 0 + 2 = 95
Nbr de résidences secondaires:
5 + 1 + 1 + 2 + 2 + 0 + 0 + 0 + 0 + 0 + 0 + 1 = 12
Nbr d'habitants par résidence principales:
1,3 + 1,3 + 1,3 + 1,3 + 2, 5 + 1,7 + 0,0 + 1,4 + 1,4 + 0,0 + 1,3 = 13,5/11= 1,2
Nbr de logements:
47 + 74 + 58 + 164 + 16 + 81 + 0 + 7 + 47 + 39 + 0 + 45 = 576

e) TOTAL:

Population sans doubles comptes:


669 + 277 + 89 + 538 + 196 = 1949
Pop. des résidences principales:
669 + 277 + 89 + 538 + 176 = 1749
Nbr de logements occasion.:
10 + 10 + 4 + 14 + 2 = 40
Nbr de résidences principales:
461 + 165 + 64 + 308 + 95 = 1093
Nbr de logements vacants:
95 + 43 + 16 + 92 + 31 = 277
Nbr de résidences secondaires:
12 + 4 + 0 + 1 + 5 = 22
Nbr d'habitants par résidence principales:
1,2 + 1,6+ 1,3 + 1,725 + 1,5 = 7,325/5 = 1,465
Nbr de logements:
576 + 222 + 84 + 417 + 133 = 1432

On peut noter que le nombre d'habitants par résidence principale correspond au quotas des
deux autres quartiers vus précédemment. Le nombre de logements vacants (277) est
relativement élevé par rapport au nombre de logements (1432).

MONTPELLIER 95
I - Enquêtes préparatoires

2b) Recensement de la population de 1990- Dépouillement au quart

a) POPULATION TOTALE PAR SEXE ET AGE

Age au Ensemble Hommes Femmes


31/12/90 /%

Total 16432 / 100,0 7324 9108

0-19 2500 / 15,2 1224 1276

20-39 6328 / 38,5 3056 3272

40-59 3280 / 20,0 1516 1764

60-74 2128 / 13,0 832 1296

75 ou + 2196 / 13,4 696 1500

Encore une fois, la majeur partie de la population se partage les tranches d’âges 20/39 et
40/59 ans. La population du troisième age est également relativement élevée. De plus, la
population féminine est encore une fois majoritaire.

b) POPULATION TOTALE PAR SEXE, AGE ET CATÉGORIE SOCIO-


PROFESSIONNELLE

Catégorie Socioprofessionnelle Ensemble


/%
Ensemble 16432 / 100,0

- Agriculteurs exploitants 24 / 0,1

- Artisans 224 / 1,4

- Commerçants 500 / 3,0

- Chefs d'entreprises 10 salariés ou + 44 / 0,3

- Professions libérales 312 / 1,9

- Cadr.fct. publiq., prof. intell. et artist. 800 / 4,9

- Cadres d'entreprise 440 / 2,7

- Prof. interm. enseignt, santé, fct publ. 784 / 7,8

- Prof. interm. admin. et commerc. des entr. 492 / 3,0

96
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

- Techniciens 140 / 0,9

- Contremaîtres, agents de maîtrise 68 / 0,4

- Employés de la fonction publique 484 / 2,9

- Employés administratifs d'entreprise 744 / 4,5

- Employés de commerce 404 / 2,5

- Personn.serv. directs aux particuliers 468 / 2,8

- Ouvriers qualifiés 736 / 4,5

- Ouvriers non qualifiés 444 / 2,7

- Ouvriers agricoles 12 / 0,1

- Anciens agriculteurs exploitants 68 / 0,4

- Anciens artisans, commerc., chefs d'entr. 300 / 1,8

- Anciens cadres, profess. intermédiaires 984 / 6,0

- Anciens employés et ouvriers 1848 / 11,2

- Chômeurs n'ayant jamais travaillé 100 / 0,6

- Autres sans activités professionnelles 6012 / 36,6

Les personnes sans activités professionnelles (82) sont majoritaires. viennent ensuite les
anciens ouvriers et employés (76), lles anciens cadres et professions intermédiaires (73),
les cadres, fonctions publiques, les professions intellectuelles et artistiques (32), les
enseignants, la fonction publiques, les métiers touchant à la santé (41)... Encore une fois,
les ouvriers agricoles (12), les agriculteurs exploitants (10) et les chefs d'entreprises (23)
sont en minorité.

MONTPELLIER 97
I - Enquêtes préparatoires

c) NATIONALITÉS (en deux tableaux)

Caractéristiques Ensemble Français Etrangers


Individuelles %

Pop. Totale 16432 15056 1376/ 8,4

- 0 à 14 ans 1636 1528 108 / 6,6

- 15 à 24 ans 3160 2860 300 / 9,5

- 25 à 39 ans 4032 3560 472 / 11,7

- 40 à 59 ans 3280 2968 312 / 9,5

- 60 où + 4324 4140 184 / 4,3

Caractéristiques Ensemble C.E.E. Algé. Maroc. Tunis. Turcs


Individuelles Ital. Espag. Portu.

Pop. Totale 540 32 212 140 148 284 36 28

- 0 à 14 ans 28 0 16 8 4 48 0 4

- 15 à 24 ans 124 0 4 40 8 68 0 8

- 25 à 39 ans 124 0 28 40 40 92 24 4

- 40 à 59 ans 128 8 72 44 64 72 8 12

- 60 où + 136 24 92 8 32 4 4 0

La population étrangère est relativement nombreuse (8,4%). Les classes d'âge de celles-ci
varient légèrement par rapport à celles rencontrées auparavant. En effet, même si les 25/39
ans restent encore majoritaire, le chiffre des 15/24 ans est égal à celui des 40/59 ans. Dans
cette population étrangère, on peut trouver une majorité d'espagnols et de marocains.

98
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

d) CARACTÉRISTIQUE DES RÉSIDENCES PRINCIPALES SELON LA PERSONNE


DE RÉFÉRENCE DU MÉNAGE

Caractéristique Ensemble Pers. de réf. nbre


des résidences des ménages étrangère total de
principales /% pers.

Ensemble des
résidences
principales 9192 / 100,0 744 16312

STATUT:
- propriét. 2800 / 30,5 52 5272
- loc. ou sous loc. 5708 / 62,1 660 9844
- logé gratuitem. 684 / 7,4 32 1196

CONFORT:
- ni baign., ni douc.,
sans wc inté. 204 / 2,2 56 256
- ni baign., ni douc,
avec wc inté. 384 / 4,2 44 472
- baign., douch.,
sans wc inté. 424 / 4,6 44 620
- baign. ou douch.,
wc int., ss chf cent. 1636 / 17,8 212 2864
- baign. ou douch.,
wc inté., avec chf cent. 6544 / 71,2 388 12100

Nombre de voit.
de tourisme:
- ménag. ss voitu. 4200 / 45,7 468 5792
- ménag. avec 1 voit. 4232 / 46,0 388 8268
- ménag. avec 2
ou + voit. 760 / 8,3 52 2252

La plupart des habitants sont locataires et sous locataires. Mais l'importance du nombre de
propriétaires est à remarquer. La majorité des logements est salubre, bien qu'une grand
partie (256) de logements ne comportent ni douche, ni baignoire ou WC intérieur. Encore
une fois, la majorité des ménages disposent d'une voiture. Mais là encore, 5792 personnes
ne disposent d'aucun véhicule.

MONTPELLIER 99
I - Enquêtes préparatoires

Parcours suivi avec points de repérage photographique

1 - Esplanade Charles de Gaulle 2 - Rue Girard

3 - Rue Girard 4 - Rue de l'Aiguillerie

100
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

5 - Rue de l'Aiguillerie 6 - Rue de la Carbonnerie

7 - Rue du Cannau 8 - Rue Delpech

9 - Place du Marché aux Fleurs 10 - Rue Bonnier d'Alco

MONTPELLIER 101
I - Enquêtes préparatoires

11 - Rue de l'Université 12 - Rue d'Aigrefeuille

13 - Rue de la Confrérie 14 - Place Candolle

15 - Rue Candolle 16 - Place St Pierre

102
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

FIGUEROLLES

1a) Le quartier Figuerolles: propos généraux d'interviewés

Claudine M:
"Ca, c'est une ballade que j'aime faire. C'est un vieux quartier populaire, où tout le
monde connaît tout le monde, où il y a plein d'histoires... Le quartier de Figuerolles, même
si je me sens dans Mtp, on est quand même à l'extérieur."

Diane:
"On retrouve plus facilement l'âme de cette ville dans des quartiers qui sont des
faubourgs, des petites sphères accolées, plutôt que dans l'Écusson. Si ce n'est dans le
quartier Candolle.
A Figuerolles, il y avait une opération d'amélioration de l'habitat etc..... La municipalité
voulait faire de Figuerolles un quartier formaté à l'identité de Montpellier. Les gens ont
gueulé, et ça c'est pas fait."

Jean-Paul:
"Figuerolles, je connais pas bien, mais c'est le proche et la favela, chacun y trouve
sa place... A Figuerolles, la population arabe s'est bien intégrée, elle s'est bien approprié le
quartier. Ca renvoie une image ethnique qu'on retrouve dans mon quartier à moi. Ici, il y a
plus de vieux montpelliérains, mais c'est Astérix aussi."

Pierre:
"Comme lieu de vie, il y a rien à voir, c'est plus une question d'ambiance. Mais
pour moi, Figuerolles est déjà périphérique. Tout est fait pour délimiter l'Ecusson et les
quartiers périphériques."

MONTPELLIER 103
I - Enquêtes préparatoires

1b) Parcours, historique et propos

- Se retrouver en bas de la rue St Guilhem

- Traverser le boulevard Ledru-Rollin

- Prendre la rue du Faubourg du Courreau


La rue du Faubourg du Courreau s'étale sur une distance n largeur de 15 mètres environ,
bordée par deux immeubles XIXè. Des palmiers bordent la rue jusqu'à Plan Cabanes, des
voitures en sens unique peuvent encore rouler pour rejoindre le boulevard du Jeu de
Paume. Les commerces semblent encore affiliés au centre ville: magasins de lunettes,
boulangerie, torréfaction, laverie, bureau de tabac. Seul un sex-shop annonce le faubourg.
Les immeubles sont différent de ceux du cœur de ville: ils sont plus bas, plus simples (pas
d'ornements, de frises ou de belles portes). La dimension est très humaine. Il y a peu de
réfections: les bâtiments sont sales et délabrés.
A la gauche du tabac, on peut voir un immeuble réhabilité, de construction moderne. La
rue "sent" les effluves de fruits et de viandes.
Une dizaine de petites ruelles sombres, étroites, ombragées et humides débouchent sur la
rue.
Plus on avance et plus les immeubles semblent ressembler à de petites maisonnées.
A l'approche de plan cabanes, les magasins "s'orientalisent": Kebab, boucherie Kasher,
épicerie de nuit

Déborah P.:
"Là, tout change, les gens, les boutiques. Il y a le marché arabe, c'est plus populaire.

- Arriver à Plan Cabanes


Avant d'arriver sur la place de Plan Cabanes, une croix et un petit terre-plein sépare la rue
en deux.
Des arbres, remplaçant les palmiers, encadrent la place qui, la journée, fait office de
parking. Mais il y a, tout les matins, un marché arabe. La place est isolée par un petit muret
d'un mètre de hauteur. Elle est véritablement isolée de la route et du boulevard. Malgré les
arbres, la place est toujours ensoleillée.

Claudine M:
"C'est une promenade, c'est agréable."

Diane:
"Centre du quartier arabe. C'est dépaysant parce que c'est un quartier à part entière
de Montpellier. Passer de la Comédie à ce lieu là, c'est carrément de l'exotisme, ça n'a plus
rien à voir. Plan Cabanes fait partie de Montpellier. Une belle vie de quartier: tout est
préservé, c'est vivant, sale."

- Traverser le boulevard Gambetta


Le boulevard Gambetta fait une cinquantaine de mètre de largeur, il faut traverser deux
faux rouges. A gauche, la perspective nous permet de voir l'immeuble de la sécurité sociale
(1960). Plusieurs cafés bordent le boulevard. En face, on peut voir le magasin Tati,
allégorie du quartier et point de rencontre. A droite, la route tourne à gauche et des bus
permettent d'aller à La Paillade.

104
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

On commence à perdre les repères du centre ville: d'une part et d'autre du boulevard, des
groupes se forment en plein milieu du trottoir affairé à regarder et à attendre. Certain
vendent des herbes provençales, d'autres des montres de provenance douteuse.

- Prendre la rue Daru


La rue Daru se rétrécie considérablement. Elle est pour la plupart du temps dans l'ombre.
Les immeubles datent des années 50 et sont dans un état délabrés (noirs de poussières,
peinture s'écaillant); ils sont de hauteur égale. Les magasins et commerces se composent de
snacks/kebab, de petits souks et de garages lotis dans des cours sombres. Plus on avance
vers la fin de la rue, plus les immeubles "s'éclaircissent": bâtiments XIXè se mélangent
avec ceux datant de années 70.

Claudine M:
"On se croirait au souk de Marrakech, les gens étrangers au quartier disent qu'il faut
pas prendre cette rue le soir. Et on arrive sur Tati. On s'arrête, on regarde."

- Prendre la rue du Faubourg de Figuerolles


La rue Figuerolles commence à partir d'une sorte de petit carrefour bordé de platanes. A
gauche, la Pleine Lune, repère de musiciens et d'habitués du quartier, le bar étant ouvert
toute la nuit.
On entre dans une rue beaucoup plus large, mais également plus déserte. Les commerces
s'éloignent les uns des autres, beaucoup sont laissés à l'abandon. Les immeubles se font
plus petits, plus bas et ressemblent à des maisonnées. On se croirait parfois en Espagne.
certaines cours laissent entrevoir des jardins.
Au milieu de la rue, un pont en hauteur laisse passer des voitures.
Peu de panneaux publicitaires.
On se croirait dans un village des années 50.
Bizarrement, peu de graph' ( a part un graph institutionnalisé par la devanture d'un
magasin.
Vers la fin de la rue, un bâtiment neuf pseudo Art Nouveau, le bout des rues laisse
entrevoir des HLM.
Fin de la ballade au niveau d'un surprenant HLM/tour/château en brique rouge, donnant sur
un espace vert (lieu de compétition et de tournoi de boules), fausse place du village.

Claudine M:
"C'est une ballade que j'aime bien faire."

2) Enquête démographique d'après les sources INSEE 1999 ET 1990

2a) Recensement de la population de 1999 sur le parcours Figuerolles


Total de la population dans les blocs d'immeubles situés sur le parcours :

a) RUE DU FEAUBOURG DU COURREAU

Population sans doubles comptes:


113 + 80 + 92 + 61 + 32 + 27 + 59 + 82 + 121 + 37 + 69 + 303 = 1076 habitants
Pop. des résidences principales: 1076
Nbr de logements occasion.:
4 + 1 + 1 + 0 + 1 + 0 + 1 + 1 + 7 + 1 + 2 + 5 = 24
Nbr de résidences principales:

MONTPELLIER 105
I - Enquêtes préparatoires

65 + 41 + 52 + 44 + 25 + 21 + 42 + 51 + 74 + 23 + 47 + 195 = 680
Nbr de logements vacants:
17 + 9 + 12 + 12 + 7 + 3 + 11 + 11 + 10 + 6 + 9 + 35 = 142
Nbr de résidences secondaires:
1 + 3 + 2 + 2 + 0 + 0 + 2 + 0 + 2 + 0 + O + 2 = 14
Nbr d'habitants par résidence principales:
1,7 + 1,9 + 1,7 + 1,3 + 1,2 + 1,2 + 1,4 + 1,6 + 1,6 + 1,6 + 1, 4 + 1,5 = 18/12 = 1,5
Nbr de logements:
87 + 54 + 67 + 58 + 33 + 24 + 56 + 63 + 93 + 30 + 58 + 237 = 860

b) PLAN CABANE ET RUE DARU:

Population sans doubles comptes:


1 + 135 + 119 + 299 = 554
Pop. des résidences principales:
0 + 135 + 119 + 299 = 554
Nbr de logements occasion.:
0+0+2+0=2
Nbr de résidences principales:
0 + 79 + 78 + 211 = 368
Nbr de logements vacants:
0 + 11 + 16 + 47 = 74
Nbr de résidences secondaires:
0+1+1+0=2
Nbr d'habitants par résidence principales:
0,0 + 1, 7 + 1, 5 + 1, 4 = 4,6/4 = 1,15
Nbr de logements:
0 + 91 + 97 + 258 = 446

c) PLACE ROGER SALANGRO ET RUE DU FBG FIGUEROLLES:

Population sans doubles comptes:


116 + 78 + 61 + 22 + 74 + 68 + 82 + 92 + 55 + 24 + 158 = 830
Pop. des résidences principales:
116 + 78 + 61 + 22 + 74 + 68 + 82 + 92 + 55 + 24 + 158 = 830

Nbr de logements occasion.:


2+0+0+0+1+2+1+0+2+0+1=9
Nbr de résidences principales:
70 + 44 + 40 + 16 + 31 + 50 + 39 + 49 + 29 + 18 + 88 = 474
Nbr de logements vacants:
26 + 4 + 8 + 2 + 5 + 11 + 6 + 6 + 13 + 22 + 3 = 106
Nbr de résidences secondaires:
0+0+0+0+0+1+1+4+0+0+1=7
Nbr d'habitants par résidence principales:
1, 6 + 1, 5 + 1, 8 + 1, 3 + 1, 9 + 1, 5 + 2, 1 + 1, 8 + 1, 8 + 1, 3 + 1, 7 = 16,5/11= 1,5
Nbr de logements:
98 + 48 + 48 + 18 + 37 + 64 + 47 + 59 + 45 + 21 + 111 = 516

106
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

d) TOTAL:

Population sans doubles comptes:


830 + 554 + 1076 = 2460
Pop. des résidences principales:
830 + 554 + 1076 = 2460
Nbr de logements occasion.:
9 + 2 + 24 = 35
Nbr de résidences principales:
474 + 368 + 680 = 1522
Nbr de logements vacants:
106 + 74 + 142 = 322
Nbr de résidences secondaires:
7 + 2 + 14 = 23
Nbr d'habitants par résidence principales:
1,5 + 1,15 + 1,5 = 4,15/3 =1,38
Nbr de logements:
516 + 446 + 860 = 1822

3b) Recensement de la population de 1990- dépouillement au quart

a) POPULATION TOTALE PAR SEXE ET AGE

Age au Ensemble Hommes Femmes


31/12/90 / %
Total 5928 / 100,0 2588 3340

0-19 1152 / 19,4 592 560

20-39 2132 / 36,0 984 1148

40-59 1160 / 19,6 464 696

60-74 876 / 14,8 328 548

75 ou + 608 / 10,3 220 388

Encore une fois, la classe d'âge dominante est celle des 20/39 ans. Mais, contrairement au
quartier Antigone, la population agée est relativement importante. On peut encore une fois
noter l'importance de la population féminine.

MONTPELLIER 107
I - Enquêtes préparatoires

b) POPULATION TOTALE PAR SEXE, AGE ET CATÉGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE

Catégorie Socioprofessionnelle Ensemble


/ %

Ensemble 5928 / 100,0


- Agriculteurs exploitants 4 / 0,1

- Artisans 48 / 0,8

- Commerçants 96 / 1,6

- Chefs d'entreprises 10 salariés ou + 4 / 0,1

- Professions libérales 32 / 0,5

- Cadr.fct. publiq., prof. intell. et artist. 196 / 3,3

- Cadres d'entreprise 112 / 1,9

- Prof. interm. enseignt, santé, fct publ. 272 / 4,6

- Prof. interm. admin. et commerc. des entr. 188 / 3,2

- Techniciens 72 / 3,2

- Contremaîtres, agents de maîtrise 24 / 0,4

- Employés de la fonction publique 324 / 5,5

- Employés administratifs d'entreprise 356 / 6,0

- Employés de commerce 96 / 1,6

- Personn.serv. directs aux particuliers 148 / 2,5

- Ouvriers qualifiés 376 / 6,3

- Ouvriers non qualifiés 188 / 3,2

- Ouvriers agricoles 4 / 0,1

- Anciens agriculteurs exploitants 24 / 0,4

- Anciens artisans, commerc., chefs d'entr. 120 / 2,0

- Anciens cadres, profess. intermédiaires 344 / 5,8

- Anciens employés et ouvriers 780 / 13,2

- Chômeurs n'ayant jamais travaillé 40 / 0,7

- Autres sans activités professionnelles 2080/ 35,1

108
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

On peut noter l'importance d'ouvriers qualifiés (61), d'employés de la fonction publique


(51), d'employés administratifs d'entreprise (54), ainsi que celle d'anciens cadres et de
professions intermédiaires (73).Encore une fois, les personnes sans activité
professionnelles sont les plus importants. Il y a peu de chefs d'entreprise (23) et
d'agriculteurs exploitants (10).

c) NATIONALITÉS (en deux tableaux)

Caractéristiques Ensemble Français Etrangers


Individuelles / %

Pop. Totale 5928 5624 304 / 5,1

- 0 à 14 ans 764 724 40 / 5,2

- 15 à 24 ans 1028 984 44 / 4,3

- 25 à 39 ans 1492 1384 108 / 7,2

- 40 à 59 ans 1160 1068 92 / 7,9

- 60 où + 1484 1464 20 / 1,3

Caractéristiques C.E.E. Algé. Maroc. Tunis. Turcs


Individuelles Ensemble Ital. Espag. Portu.

Pop. Totale 92 8 56 8 8 112 16 12

- 0 à 14 ans 4 0 4 0 0 12 0 8

- 15 à 24 ans 8 0 4 0 0 28 0 0

- 25 à 39 ans 32 8 8 4 4 28 8 4

- 40 à 59 ans 32 0 28 4 4 40 8 0

- 60 où + 16 0 12 0 0 4 0 0

La population du quartier Figuerolles est nettement plus étrangère que celle du quartier
Antigone. On peut compter 5,1% de population immigrée, la plupart se constituant de
marocains et d'espagnols. La tranche d'âge concernée est celle des 25/39 ans et celle des
40/59 ans.

MONTPELLIER 109
I - Enquêtes préparatoires

d) CARACTÉRISTIQUES DES RÉSIDENCES PRINCIPALES SELON LA PERSONNE


DE RÉFÉRENCE DU MÉNAGE

Caractéristique Ensemble Pers. de réf. nbre


des résidences des ménages étrangère total de
principales /% pers.

Ensemble des 2940 / 100,0 148 5860


résidences
principales

STATUT:
- propriét. 1084 / 36,9 12 2208
- loc. ou sous loc. 1664 / 56,6 128 3284
- logé gratuitem. 192 / 6,5 8 368

Confort:
- ni baign., ni douc.,
sans wc inté. 48 / 1,6 16 64
- ni baign., ni douc,
avec wc inté. 24 / 0,8 0 32
- baign., douch.,
sans wc inté. 84 / 2,9 4 176
- baign. ou douch.,
wc int., ss chf cent. 296 / 10,1 24 556
- baign. ou douch.,
wc inté., avec chf cent. 2488 / 84,6 104 5032

Nombre de voit.
de tourisme:
- ménag. ss voitu. 868 / 29,5 80 1328
- ménag. avec 1 voit. 1752 / 59,6 48 3644
- ménag. avec 2
ou + voit. 320 / 10,9 20 888

La population du quartier Figuerolles est principalement constituée de locataires et de sous


locataires, mais le nombre de propriétaires est également relativement important. On peut
noter que la majorité des logements sont salubres, même si le nombre de ceux ne l'étant pas
est élevé. Enfin, encore une fois, le quotas de ménage disposant d'une voiture est le plus
important.

110
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Parcours suivi avec points de repérage photographique

1 - Boulevard du Jeu de Paume 2 - Rue du Faubourg du Courreau

3 - Plan Cabanes 4 - Boulevard Gambetta

MONTPELLIER 111
I - Enquêtes préparatoires

5 - Rue Daru 6 - Rue du Faubourg de Figuerolles

7 - Rue du Faubourg de Figuerolles 8 - Rue du Faubourg de Figuerolles

9 - Rue du Faubourg de Figuerolles 10 - Rue du Faubourg de Figuerolles

11 - Rue du Faubourg de Figuerolles

112
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

ANTIGONE

1 - Historique et descriptif du terrain retenu

1- a) Avant d'arriver à Antigone...


La ville se développe de nos jours vers l'Est en direction des rives du Lez et, à 12
km seulement, de la Méditerranée. Les nouveaux quartiers d'Antigone réhabilitent les 25
hectares des terrains militaires qui dépendaient de la citadelle dont les remparts courent
toujours le long de l'Esplanade, de la nouvelle mairie et du quartier administratif. Cette
citadelle fut construite par les troupes de Louis XIII vers 1622. La ville, tenue par les
protestants, se livra aux catholiques et fut dès lors tenue en respect par les canons pointés
sur elle depuis leurs créneaux. La forteresse servie de prison au XVIIIè siècle, ce qui lui
valut d'être assaillie comme une "Bastille" à la révolution et d'y voir exposées durant des
décennies les têtes des condamnés à la guillotine. L'enceinte aujourd'hui paisible, abrite
depuis 1947 le lycée Joffre, et sert de décor à des plantations exotiques.

1-b) Ricardo Bofill et le Taller de Architectura


Bofill travaille avec une équipe qui associe des techniciens, des littéraires, des
praticiens et des théoriciens. Le Taller (Atelier) fait de l'architecture culturelle le
revivalisme du classicisme. Pour Bofill, l'approche du classicisme répondait aux
contraintes de la préfabrication. La symétrie et la répétition d'éléments riches, complexes,
mais techniquement maîtrisés permettaient d'économiser la mise en oeuvre et de mieux
organiser le chantier.

Dans son concept initial, Antigone se veut l'image de la renaissance de Montpellier,


l'ouverture de la ville vers l'avenir tout en s'affichant résolument méditerranéenne. Le
catalan Ricardo Bofill à qui fut confié cette ambition réalisation, trouva en 1979 dans
l'architecture classique les lignes de son inspiration et les ordonna en Anti(poly)gone de

MONTPELLIER 113
I - Enquêtes préparatoires

façon ouverte sur la mer, en suivant un axe ponctué par des places et des artères réparties e
éventail vers l'est.
Cet axe s'inspire de celui qui, vers l'ouest, a structuré Montpellier lors des siècles
précédents et dont la colonne vertébrale, véritable cordon ombilical car source de vie, fut
l'Aqueduc des Arceaux. L'eau du Lez n'arrivant plus par la "rigole" de Pitot, la ville a ainsi
décidé de rejoindre elle-même la rivière.
L’œuvre de Bofill et son équipe, plaquée de pilastres et de frontons antiques,
s'articule sur des charnières en forme de colonnes doriques et défie sur ses corniches les
lois de l'apesanteur. Cette hardiesse fut rendue possible par l'usage du béton armé que l'on
teinta dans la masse pour évoquer la pierre de taille, dite "de Castries", ce calcaire
coquillier cher aux ouvrages de prestige de l'Ancien Régime.

Le chantier démarra en 1982 par la place circulaire du Nombre d'Or et se développa vers
l'Est par les places du Millénaire, de Thessalie et du Péloponnèse jusqu'au Port Juvénal sur
le Lez et ses guinguettes centrées dans l'immense arc de cercle de l'esplanade de l'Europe.

1-c) Parcours et descriptif

- Entrée du Polygone

- Traverser le Polygone (aller tout droit, prendre deux escalators pour arriver à la sortie du
bâtiment)
1975: Inauguration du centre commercial du Polygone. Depuis la place de la
Comédie, il est aisé de rejoindre Antigone en longeant l'immeuble vertigineux du Triangle
contre lequel s'adosse la librairie Sauramps, puis en traversant le centre commercial du
Polygone qui fut dans les années soixante-dix l'un des premiers sur plusieurs niveaux. Le
mot Polygone rappelle le champ de tir qui dépendait autrefois de la citadelle. Il faut
descendre d'un niveau dans cette grosse ruche climatisée pour trouver à travers les galeries
Lafayette la sortie opposée qui s'ouvre sur les "Échelles de la ville".
Eve: "C'est un sas qui fait passer d'un endroit à un autre."

- Place du nombre d'Or


Son tracé est la reproduction sur papier du plan de l'église de Todi, en Italie,
attribué à Bramante (architecte du XVé siècle). Le contour, un carré enrichi de quatre
niches demi-rondes, (les absides de l'église), est né de la superposition d'un carré et d'un
cercle. La corniche supérieure (amorce de la voûte de l'église) donne un effet d'envol. A
Antigone, la place est réalisée à partir d'un carré de 48 cm de coté duquel est déduit le
"rectangle d'or" avec les arcs de cercle qui lui correspondent, trame qui a servi à définir la
configuration des places, les axes des rues et leur dimensions.
Les 286 logements sociaux (HLM) du Nombre d'Or sont articulés autour de 20 cages
d'escalier. Ce sont des logements transversaux avec des fenêtres sur place et jardin.

- Place du Millénaire
Longiligne, elle est censée ressembler à un cirque romain. En son milieu, un canal
est bordé de cyprès. La galerie ouverte des immeubles de la place forme un portique. Trois
architectes et deux promoteurs ont ici donné des signatures différentes aux immeubles qui
abritent 210 logements de standing.

- Place de Thessalie

114
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

- Allée de Delos

- Traverser l'Esplanade de L'Europe

- Arriver sur l'avenue du Pirée


Le port Juvénal a été inauguré en 1988. Un immense croissant termine ainsi la
perspective d'Antigone. L'hémicycle serait une référence à la ville anglaise de Bath,
construite au XIXè. De l'autre coté du Lez, d'autres constructions se poursuivent. Le Port
Juvénal cerné par l'amphithéâtre de l'esplanade de l'Europe, sert d'écrin à une oeuvre de
bronze signée du catalan Fenosa. Selon l'artiste, il s'agirait de Roland portant sur son dos
son cheval mort d'épuisement en arrivant au col de Roncevaux.

- Traverser la passerelle Aphrodite

- Se placer devant l'Hôtel de Région

2 - propos des interviewés

Antigone a été retenu comme parcours par 100% des interviewés.

Diane:
"C'est pas un endroit que j'aime particulièrement mais je trouve que c'est un endroit
tellement important dans la physionomie de Montpellier.
L'atmosphère réelle du quartier Antigone n'est réellement rendue que lorsqu'on passe par
là. La nuit, s'y on passe par le Polygone, les magasins sont fermés, c'est très bizarre.
On peut prendre n'importe quelle rue, ça n'a aucune importance. J'ai l'impression d'être
dans un décor. Le jour c'est évident, mais la nuit, c'est encore plus criant. Ca a l'air limite
habité, ce n'est pas vivant. Ce n'est pas un endroit conçu pour qu'on y vive. La volonté
affichée était d'en faire un pôle excentré qui soit une espèce de renouveau, ce qui ne
marche pas du tout. La plupart des immeubles ne sont pas habités, c'est désertique, je
trouve que c'est fascinant. C'est cinématographique. On se sent dans un espèce de décalage.
C'est comme des ruines, c'est mégalo: on entre dans la pensée pure de quelqu'un.
Mais on a l'impression que comme ça ne marche pas, il y a une volonté d'en faire encore
plus, rajouter, rajouter...
Les gens qui choisissent d'aller là bas choisissent l'option de la tranquillité, une volonté
délibérée de se mettre à l'écart de tout ce qui peut être agitation.
Je me sens très mal à l'aise dans ce quartier parce qu'il n'y a personne. Moi, je trouve qu'ils
sont en train de bousiller cette ville, avec Antigone. Ca veut dire, qu'en toute logique, ça
deviendra un lieu de ballade et de loisir. Les gens qui viendront s'installer ici, auront, pour
la plupart, l'automatisme d'aller à Antigone, parce qu'il y a des parkings, pas de bruits, qu'il
n'y a pas le coté "sale" de la ville... Et puis cette manie de reconstruire, déplacer, ça me fait
rire. Les statues place de la Comédie ont été enlevées pour la construction du tramway.
Mais il parait, qu'en fait, elles vont se retrouver à Antigone. "

Jean-Paul:
"J'y passe pas, comme beaucoup de monde. Il n'y a que les touristes qui y vont.
C'est pas intéressant. Antigone, c'est pas un signe d'urbanisme, c'est un signe de pouvoir,
une décision d'un équipe au pouvoir. Avant Antigone, il y a eu le Polygone et le triangle.
C'est la décision du pouvoir précédent, c'est pas plus laid, c'est pas plus moche. Puisqu'il
est question d'emmener Montpellier vers la mer, donc, ça prend la direction. Pour moi, si

MONTPELLIER 115
I - Enquêtes préparatoires

on veut montrer Montpellier, on doit rester dans l'Écusson. Le reste, à la limite, faire le
reste en voiture.
Je pense que dans tout ces nouveaux bâtiments, quand il y en a de qualité, on le
remarque. Mais la piscine Antigone, est ce qu'elle est jolie ou est ce que Antigone est très
laid ?
Il y a la nouvelle fac de droit qui est pas mal, mais pareil, ils ont mis l'échangeur posé à
coté... L'hôtel de région un peu plus loin, là encore, il y a une cacophonie sans nom. C'est
rigolo. "

Pierre:
"Pour montrer ce qui est une erreur dramatique, un quartier résidentiel sans
commerce, sans vie, sans aucun intérêt. De toute façons, on a pas besoin de marcher
beaucoup. On marche vite: il y a rien à voir. Il y a que le marché bio, le dimanche, qui est
excellent. Tu te demandes ce qu'il vient faire à Antigone... J'ai habité Antigone pendant six
mois. La nuit, tu sors pas, tu as l'impression que tu va te faire égorger et si tu te fais
égorger, personne ne criera. Tu es vraiment loin de l'individu, de l'échelle humaine. C'est
un quartier mort, il y a rien à faire. Antigone, cette jolie cité moche."

André:
"Pour moi, ce sont des lieux de résidence. Pour un photographe, c'est du pain béni,
mais je ne pourrais pas y vivre. C'est trop imposant. Ce que Ricardo Bofill a essayé de
faire, c'est créer un quartier ou genre HLM pour que les gens soient fiers de leurs
appartements ou leur maisons. C'est trop massif, c'est imposant, ça écrase les gens. "

Eve:
"Antigone, une greffe qui a du mal à prendre vie."

Philippe:
"Antigone, c'est dramatiquement intéressant. Nouveaux quartiers. Un des gros
échecs, ça a été le collage d'origine à la ville, de tourner le dos entièrement à la ville. Il y a
avait aucune traversée jusqu'à il y a 4, 5 ans. Il y a eu des bricolages de fait, on a ouvert la
place du Nombre d'Or très récemment. On essaie de créer des marchés à Antigone pour
que ça vive un peu plus. Ca vie de fait. Tous les inconvénients d'une architecture très
dense, en particulier sur l'espace Richter."

Claudine M.:
"Je le prendrais comme empêchement de circuler. Je le prends comme une
obligation pour aller à la piscine. Ca m'ennuie, je n'aime pas du tout aller la bas. J'aime pas
du tout. Ce n'est pas un coin où je vais. Mais j'aime bien le Lez, le tour, le soir, avec les
restau. Une ballade de Mtp, pour se promener."

3 - Enquête démographique d'après les sources INSEE 1999 ET 1990

3 - (a) Recensement de la population de 1999 dans le quartier Antigone,


Total de la population dans les blocs d'immeubles situés sur le parcours :

116
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

POLYGONE/PASSAGE HERMÈS

Population sans doubles comptes: 73


Pop. des résidences principales: 73
Nbr de logements occasion.: 0
Nbr de résidences principales: 0
Nbr de logements vacants: 0
Nbr de résidences secondaires: 0
Nbr d'habitants par résidence principales: 0,0
Nbr de logements: 0

PLACE DU NOMBRE D'OR, PLACE DU MILLÉNAIRE, PLACE DE THÉSSALIE ET


ALLÉE DE DELOS

Population sans doubles comptes:


563 + 483 + 0 + 19 + 808 + 967 + 612 + 544 + 0 + 198 + 303 + 758 = 5255
Pop. des résidences principales:
563 + 477 + 0 + 19 + 808 + 967 + 612 + 544 + 0 + 198 + 303 + 758 = 5249
Nbr de logements occasion.:
1 + 2 + 0 + 0 + 4 + 12 + 4 + 7 + 0 + 4 + 3 + 7 = 44
Nbr de résidences principales:
272 + 287 + 0 + 5 + 456 + 597 + 335 + 329 + 0 + 110 + 173 + 436 = 3000
Nbr de logements vacants:
4 + 18 + 0 + 0 + 25 + 46 + 36 + 29 + 0 + 10 + 18 + 33 = 219
Nbr de résidences secondaires:
0 + 12 + 0 + 0 + 26 + 10 + 9 + 20 + 0 + 10 + 0 +18 = 105

Nbr d'habitants par résidence principales:


2,0 + 1,6 + 0,0 + 3,8 + 1,7 + 1,6 + 1,8 + 1,6 + 0,0 + 1,8 + 1,7 + 1,7 = 17,7/12 = 1,475
Nbr de logements:
277 + 319 + 0 + 5 + 511 + 665 + 384 + 385 + 0 + 134 + 194 + 494 = 3368

TOTAL:

Population sans doubles comptes:


5255 + 73 = 5328
Pop. des résidences principales:
5249 + 73 = 5322
Nbr de logements occasion.:
44 + 0 = 44
Nbr de résidences principales:
3000 + 0 =3000
Nbr de logements vacants:
219 + 0 = 219
Nbr de résidences secondaires:
105 + 0 = 105
Nbr d'habitants par résidence principales:
1,475 + 0,0 = 1,475
Nbr de logements:
3368 + 0 = 3368

MONTPELLIER 117
I - Enquêtes préparatoires

Quelques remarques concernant les logements dans le quartier d'Antigone:


- On peut s'apercevoir qu'en 1999, 219 logements ont vacants et que 105 constituent des
résidences secondaires. Le nombre de logements quasi inoccupé s'élève donc à 324 pour un
total de 3368 habitats.

3 -(b) Recensement de la population de 1990- dépouillement au quart

POPULATION TOTALE PAR SEXE ET AGE

Age au Ensemble Hommes Femmes


31/12/90 /%

Total 5812 / 100,0 2608 3204

0-19 1200 / 20,6 588 612

20-39 2248 / 38,7 1008 1240

40-59 1228 / 21,1 564 664

60-74 844 / 14,5 332 512

75 ou + 292 / 5,0 116 176

La population habitant Antigone se constitue principalement de personnes agées de 20 à 39


ans, la minorité étant constituée des personnes de troisième âge. Sur l'ensemble de cette
étude, plus de femmes que d'hommes habitent Antigone.

POPULATION TOTALE PAR SEXE, AGE ET CATÉGORIE SOCIO-


PROFESSIONNELLE

Catégorie Socioprofessionnelle Ensemble


/ %

Ensemble 5812 / 100,0

- Agriculteurs exploitants 8 / 0,1

- Artisans 52 / 0,9

- Commerçants 108 / 1,9

- Chefs d'entreprises 10 salariés ou + 16 / 0,3

118
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

- Professions libérales 100 / 1,7

- Cadr.fct. publiq., prof. intell. et artist. 328 / 5,6

- Cadres d'entreprise 260 / 4,5

- Prof. interm. enseignt, santé, fct publ. 332 / 5,7

- Prof. interm. admin. et commerc. des entr. 256 / 4,4

- Techniciens 80 / 1,4

- Contremaîtres, agents de maîtrise 20 / 0,3

- Employés de la fonction publique 196 / 3,4

- Employés administratifs d'entreprise 292 / 5,0

- Employés de commerce 152 / 2,6

- Personn.serv. directs aux particuliers 132 / 2,3

- Ouvriers qualifiés 148 / 2,5

- Ouvriers non qualifiés 52 / 0,9

- Ouvriers agricoles 0 / 0,0

- Anciens agriculteurs exploitants 12 / 0,2

- Anciens artisans, commerc., chefs d'entr. 40 / 0,7

- Anciens cadres, profess. intermédiaires 388 / 6,7

- Anciens employés et ouvriers 404 / 7,0

- Chômeurs n'ayant jamais travaillé 56 / 1,0

- Autres sans activités professionnelles 2380/ 40,9

La population habitant Antigone se constitue principalement de cadres, de personnes


travaillant dans la fonction publique, de professions intellectuelles et artistiques (32),
d'enseignants, de personnes travaillant dans le secteur de la santé (41), d'anciens cadres, de
professions intermédiaires (388), d'anciens employés et ouvriers (76) mais surtout de
population sans activité professionnelles (82)

MONTPELLIER 119
I - Enquêtes préparatoires

NATIONALITÉS (en deux tableaux)

Caractéristiques Ensemble Français Etrangers


Individuelles %

Pop. Totale 5812 5552 260 / 4,5

- 0 à 14 ans 732 708 24 / 3,3

- 15 à 24 ans 1196 1124 72 / 6,0

- 25 à 39 ans 1520 1448 72 / 4,7

- 40 à 59 ans 1228 1152 76 / 6,2

- 60 où + 1136 1120 16 / 1,4

Caractéristiques Ensemble C.E.E. Algé. Maroc. Tunis. Turcs


Individuelles Ital. Espag. Portu.

Pop. Totale 96 24 28 0 24 48 12 0

- 0 à 14 ans 0 0 0 0 4 4 0 0

- 15 à 24 ans 12 4 4 0 8 16 4 0

- 25 à 39 ans 28 4 4 0 8 16 0 0

- 40 à 59 ans 40 8 20 0 4 12 8 0

- 60 où + 16 8 0 0 0 0 0 0

La population étrangères du quartier Antigone constitue 4,5% de la population


globale. La tranche d'age immigrée la plus importante étant celle des 15/24 ans et celle des
40/59 ans. Dans cette population étrangère, on peut noter l'absence de Turcs, l'importance
de la population marocaine et la tranche d'âge des 40/59 ans espagnols.

120
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

CARACTÈRE DES RÉSIDENCES PRINCIPALES SELON LA PERSONNE DE


RÉFÉRENCE DU MÉNAGE

Caractéristique Ensemble Pers. de réf. nbre


des résidences des ménages étrangère total de
principales /% pers.

Ensemble des
résidences
principales 2904 / 100,0 120 5760

STATUT:
- propriét. 924 / 31,8 20 1904
- loc. ou sous loc. 1908 / 62,3 92 3496
- logé gratuitem. 172 / 5,9 8 360

CONFORT:
- ni baign., ni douc.,
sans wc inté. 0 / 0,0 0 0
- ni baign., ni douc,
avec wc inté. 4 / 0,1 0 4
- baign., douch.,
sans wc inté. 64 / 2,2 16 128
- baign. ou douch.,
wc int., ss chf cent. 108 / 3,7 4 188
- baign. ou douch.,
wc inté., avec chf cent. 2728 / 93,9 100 5440

Nombre de voit.
de tourisme:
- ménag. ss voitu. 708 / 24,4 40 952
- ménag. avec 1 voit. 1824 / 62,8 76 3676
- ménag. avec 2
ou + voit. 372 / 12,8 4 1132

L'habitant d'Antigone est principalement locataire ou sous locataire, il habite dans un


appartement salubre, disposant d'une baignoire ou d'une douche, d'un WC intérieur et d'un
chauffage central. le ménage dispose en majorité d'une voiture (Antigone étant légèrement
excentré, entre la mer et le centre ville, on peut y voir un signe de mouvement).

MONTPELLIER 121
I - Enquêtes préparatoires

Parcours suivi avec points de repérage photographique

1 - Entrée du Polygone 2 - Intérieur du Polygone

3 - Entrée d'Antigone 4 - Place du Nombre d'Or

122
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

5 - Place du Millénaire 6 - Place de Théssalie

7 - Allée de Delos 8 - Esplanade de l'Europe

9 - Esplanade de l'Europe 10 - Avenue du Pirée

11 - Hôtel de ville

MONTPELLIER 123
I - Enquêtes préparatoires

124
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

PARIS

PARIS 125
I - Enquêtes préparatoires

DEROULEMENT DE L’ENQUETE REPUTATIONNELLE

1. Chronologie

De janvier à mai 2000, nous avons mené parallèlement des entretiens auprès de plusieurs
informateurs potentiels et recherché des terrains d’enquête, in situ. Guidés par les
orientations proposées par nos interlocuteurs et par notre propre connaissance de la ville,
nous avons déambulé dans divers quartiers de Paris, rues, ruelles, impasses… Au terme de
cette première approche, quatre terrains ont été sélectionnés.

Dans une seconde étape, de juin à juillet 2000, nous avons revisité les lieux retenus pour y
déceler les pôles, les contrastes, les fantaisies architecturales…, y observer les pratiques
habitantes, le rythme… Ainsi, il a été possible de tracer un parcours d’enquête présentant
différents niveaux d’intérêt. Nous avons alors pu photographier ce qui évoquait,
représentait, l’architecture et les ambiances rencontrées.

2. Repérages dans la ville

Comment choisir le parcours de « promenades architecturales dans Paris » ? Quels critères


retenir dans la double sélection que nous devions effectuer : la première, pour décider des
secteurs, des quartiers à prospecter et la seconde, plus fine, pour ne retenir que quatre
terrains d’enquête ? La démarche était très présomptueuse à l’échelle de la capitale.

Avant de rechercher des informateurs, les critères, massifs, que nous avions privilégiés
étaient : un parcours dans les « beaux quartiers » où le monumental est présent, un autre
dans une ZAC, un secteur récent ou en train de se construire, enfin, un troisième dans un
quartier « populaire ».

Nous avons constaté la difficulté d’établir une typologie des quartiers même si, a priori, on
peut distinguer ceux qui ont un côté « village » comme « la Mouffe » (Mouffetard) ou la
Butte aux Cailles, des quartiers plus haussmanniens organisés autour d’axes importants, ou
encore des ZAC récentes où l’architecture contemporaine domine. La notion même de
quartier est très floue : elle renvoie à l’existence et à la perception d’une unité urbaine,
mais les limites n’en sont jamais complètement fixées. L’urbaniste qui établit des
périmètres d’étude et cherche à anticiper l’évolution du quartier pour éventuellement la
réorienter tient compte des « centralités » existantes, des « agréments qu’offre l’espace
public », des ambiances des rues (animées, commerçantes, résidentielles…). Il délimite en
fonction d’une cohérence objective un quartier. L’habitant, comme le fait remarquer une
plasticienne urbaniste que nous avons rencontrée, peut en éprouver la cohérence mais il
perçoit également les vides qui le composent. Et puis, le quartier, c’est aussi une
communauté.

Nos interlocuteurs ont énuméré des rues et des pôles susceptibles d’intérêt dans le cadre de
l’enquête. Ils ont ainsi mis en évidence différents critères :
- la mutation : certains quartiers connaissent ou ont connu des changements -
population, usages, architecture… - ainsi, Oberkampf, Bastille ;
- le contraste : architecture ancienne et contemporaine, environnement sonore
bruyant ou non, lieux animés et vides… Ceci concerne aussi bien les contrastes
entre les terrains d’enquête (ainsi du point de vue sonore, comment ne pas

126
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

distinguer la porte de Bagnolet et la Porte Maillot où le périphérique est


recouvert ?) que ceux observés au cours d’une promenade ;
- des événements paysagers, architecturaux : par exemple la Poste de Borel rue
Oberkampf ou encore la piscine des Amiraux dans le 18e arrondissement...

Nous sommes partis en quête de terrains présentant à la fois une unité et une certaine
hétérogénéité, l’équilibre entre les deux pouvant définir l’ambiance ou les ambiances du
secteur. Nous avons prêté attention à l’architecture et avons compris la difficulté à
l’observer donnant ainsi raison à l’un des architectes que nous avons consultés : « on n’est
pas assez loin de la chose pour avoir un rapport d’observation de l’extérieur » dit-il, et lui
préfère « les promenades où on se sent dedans ».

3. Recherche des informateurs

Nous avons organisé une réunion sur le thème des promenades architecturales
représentatives de Paris, rassemblant :
- un urbaniste et sociologue en poste au ministère de l’équipement, logement et
transports,
- une architecte : après une expérience en agence parisienne, elle travaille
aujourd’hui dans le parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse,
- un critique d’art, médiateur délégué de la Fondation de France.

Cette réunion a balayé un grand nombre de secteurs de Paris et a permis l’émergence de


critères de recherche. Elle a en outre explicité les écueils que nous connaissions d’ores et
déjà, notamment celui de la « typologie des réalisations urbaines dans la capitale ».

Puis, nous avons rencontré :


- un architecte et un urbaniste travaillant à la « Maison du Faubourg », entité créée
par la Ville de Paris qui s’occupe de la SEMAEST (Société d’économie mixte
d’aménagement de l’est parisien),
- un architecte de l’APUR (Atelier parisien d’urbanisme),
- un architecte acousticien,
- une plasticienne et urbaniste.

4. Trajets prospectés et retenus

En dépit des difficultés à établir des typologies, on regroupera les terrains prospectés selon
un critère qui nous semble dominant :

Quartiers « populaires » et en mutation pour les deux, voire les trois premiers :
- Oberkampf (11e) : rue Oberkampf et rues adjacentes
- les Amiraux (18e) : rues de Championnet, de Clignancourt, des Amiraux…
- de la Porte de Bagnolet jusqu’au cimetière du Père-Lachaise (20e) : la campagne
première, place Edith Piaf, rues bordées de petits immeubles récents (rue des
Prairies…) ou anciens (rues Marey, Montiboeuf)
- Ménilmontant (20e) : autour de l’église Notre-Dame de la Croix

Quartiers récents ou en complète transformation :


- Bercy (12e) : l’enclave à peine terminée (chantier du côté des anciens chais)

PARIS 127
I - Enquêtes préparatoires

- ZAC Citroën (15e) : depuis le parc, rues Balard et adjacentes jusqu’au rond-Point
du pont Mirabeau
- quartier de la TGB (13e) : les quais, la rue du Chevaleret… jusqu’au boulevard
Masséna

« Beaux quartiers » :
- autour de la place du Trocadéro (16e)
- autour de l’avenue Foch (16e)
- Passy, la Muette (16e)

« Village » :
- Mouffetard (5e) : Place Monge, rues Clovis et du Cardinal Lemoine au nord, toutes
les rues adjacentes

Historique :
- Ile Saint-Louis (4e)
- Marais (4e) : autour de la station de métro Saint-Paul

Finalement, au terme de nos promenades, des allers et retours effectués dans ces quartiers,
nous avons retenu :
- Mouffetard
- Oberkampf
- Bercy
- du Trocadéro à la rue de la Pompe

Cadastre : deux centres pour Paris :


En ce qui concerne le 5e, plan au 1/5000 ou 1/500 proposé
Pour les autres arrondissements concernés (11e, 12e, 16e) qui dépendent du centre foncier
situé rue de Paganini, la seule échelle de plan est le 1/500. Echelle inutilisable pour l’étude

128
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

SITUATION DES TRAJETS RETENUS

Plan de PARIS avec les parcours représentés par deux pastilles


Paris et proche banlieue, Atlas par arrondissement, Michelin, ed du Voyage, oct. 1999

PARIS 129
I - Enquêtes préparatoires

MOUFFETARD

- Extrait du plan cadastral de Paris - échelle : 1/5000 (tableau d’assemblage)

130
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

- Périmètre du secteur d’étude du quartier Mouffetard :


Paris-Projet, n° 32-33, APUR, 1998

MOUFFETARD22

Le trajet retenu s’adapte à l’organisation du quartier et s’inscrit - à l’exception de la rue de


Bazeilles et de la place Bernard Halpern - dans un secteur protégé, « introverti ». On y
entre par le nord et on descend, non pas directement, mais en faisant quelques digressions
latérales, vers l’avenue des Gobelins. Celle-ci rompt avec le charme rencontré au long des
rues dans lesquelles nous nous attardons.

22
Outre nos propres observations, la présentation de ce terrain s’appuie sur les articles consacrés au quartier
Mouffetard dans Paris-Projet, n°32-33, APUR, 1998 :
- BRESLER, Henri. Un faubourg au cœur de la ville, pp.56-71 ; cet article rend compte de la mission d’étude
sur le quartier Mouffetard que l’APUR lui avait confiée en 1992 ;
- LE BOUDEC, Bertrand. La mémoire des paysages, pp. 72-79 ;
- La règle renouvelée, pp. 80-84 ; ce dernier article a été rédigé à partir des études de l’APUR menées par
Michel COUGOULIEGNE et Eric GALMOT et de la Direction de l’aménagement urbain et de la
construction.

PARIS 131
I - Enquêtes préparatoires

1. Historique23

La rue Mouffetard suit le tracé d’une ancienne voie romaine. Au Moyen-Age, le bourg
Saint-Médard développe des activités rurales ; en contrebas, la Bièvre favorise des activités
de boucherie, tannerie, filage…

A la fin du XVIème, au moment de la suppression du mur d’enceinte de Philippe-Auguste,


le quartier présente sa structure interne définitive. Des restes du mur (classés à l’Inventaire
des Monuments Historiques) sont visibles au n° 5 rue Clovis (photo n° 1).

En 1724, l’annexion du bourg Saint-Médard à Paris révèle le contraste entre le faubourg


plébéien et la ville aristocratique (hôtels particuliers le long des limites du quartier). Au
cours du XVIIIème siècle, collèges et congrégations s’installent.

Au début du XIXème siècle, l’ouverture des rues Clovis et Ulm permet de desservir les
institutions pédagogiques (Ecole Normale Supérieure et Ecole Polytechnique) qui
succèdent à des institutions conventuelles. Ces deux rues marquent désormais les limites
du quartier Mouffetard où « s’entasse une population indigente qui attire les soupçons.
(…) Au XIXème siècle, Mouffetard devient le lieu privilégié du Paris des « mystères »,
avec ses repères de ferrailleurs, de chiffonniers, avec ses cours et ses passages où l’on
craint de s’aventurer …»24 Les travaux d’Haussmann modifieront peu le quartier qui se
trouve enserré et protégé entre les rues Monge et Claude Bernard.

Au début du XXème, la Bièvre est recouverte.

Aujourd’hui, la dominante résidentielle du quartier s’accompagne d’un pittoresque


touristique confirmé par la présence des restaurants. Le nombre croissant de boutiques de
souvenirs ainsi que des projets d’urbanisation qui risquaient d’enfouir les jardins ou les
vestiges des siècles passés ont conduit à la mise en place d’un dispositif spécifique sur le
secteur Mouffetard. La fonction résidentielle et le maintien, voire le développement du
commerce de proximité, sont privilégiés.25

En vue de protéger le quartier Mouffetard, en 1992, Jean Tiberi, maire du 5e


arrondissement, engage des études destinées à mettre en place un POS limité au secteur
défini (voir plan). Le 20 juin 1994, suite à l’enquête d’utilité publique menée en janvier et
février 1994, le Conseil de Paris adopte le plan d’occupation des sols (POS) du quartier
Mouffetard.

2. Morphologie

La rue Mouffetard, dite « La Mouffe », longue de 605 mètres, structure le quartier. Elle
commence rue Descartes au nord et se termine à la hauteur de l’église Saint-Médard (photo
n° 21). La rue de Bazeilles, dans son prolongement, constitue une transition vers le

23
Ce paragraphe s’appuie essentiellement sur :
- l’article de Henri BRESLER, op. cit.
- LE MOEL, Michel. Vie et histoire du Vème arrondissement. Ed. Hervas, 1987.
24
BRESLER Henri, op. cit., p. 58.
25
Voir article « La règle renouvelée », op. cit.

132
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

carrefour de l’avenue des Gobelins et des rues Claude Bernard et Monge (photo n° 24). La
place de la Contrescarpe, créée en 1853 par la démolition de maisons insalubres à l’angle
des rues Mouffetard et de la Contrescarpe, se trouve au cœur du quartier (photos n° 4 et 5).

* Architecture :
La rue Mouffetard offre une grande homogénéité architecturale : les immeubles des
XVIIème et XVIIIème siècles, de faible hauteur, aux façades lisses, comportent des
ouvertures identiques ; les rez-de-chaussée ouvrent sur des boutiques (photos n° 3, 4, 6, 8,
15 et 19). Ces bâtiments ont subi des modifications au cours du temps comme des
surélévations ou réunions de deux parcelles. Mais Henri Bresler peut écrire à propos de la
rue Mouffetard : « La rue Mouffetard est bel et bien une rue de l’âge classique, une rue
cartésienne bordée de « maisons types » qui, malgré les aléas de l’histoire, la dominent
dans l’ensemble et attestent de l’homogénéité des conditions de production »26. Cette
régularité est confirmée par un parcellaire régulier – parcelles étroites qui se terminent
parfois par des jardins.

Les rues adjacentes présentent une diversité architecturale qu’un parcellaire moins
régulier explicite. On y rencontre une architecture banale ancienne semblable à celle de la
rue Mouffetard (photos n° 9 et 16), des maisons bourgeoises, des établissements religieux
(ainsi, au n° 30 rue Lhomond : congrégation du Saint-Esprit, photo n° 10). Des
constructions plus récentes ponctuent le parcours ; on remarque :
- une opération de logements réalisée sur d’anciens terrains conventuels rues Lhomond et
du Pot-de-Fer (photo n° 11),
- au croisement de rue de l’Arbalète et de la rue des Patriarches, place Bernard Halpern qui
n’entre pas dans le périmètre du nouveau POS, (photo n° 17), un immeuble situé en
surplomb de la placette ; il a succédé à un garage et à un établissement de bains-douches et
se trouve dans le périmètre de l’îlot des Patriarches (divisé, restructuré) dont le marché
couvert fait partie de l’histoire du site.

Dans le quartier Mouffetard, le POS de 1994 retient de nombreux bâtiments (environ 200)
à protéger, parmi les constructions ordinaires. En vertu de ce POS spécifique au quartier, la
hauteur des constructions reste limitée au plafond de 25 mètres, comme dans le centre de
Paris. Mais, « c’est en fait le gabarit-enveloppe limitant la volumétrie des constructions qui
constitue la contrainte la plus forte, tant pour la hauteur que pour la forme des
couronnements ». La hauteur verticale des façades et le rapport hauteur et couronnement
sont notamment définis selon la largeur des voies. Quant à l’aspect extérieur, les nouvelles
constructions doivent tenir compte de la couleur claire des façades, de la régularité des
ouvertures, de la discrétion de la modénature.27

Du point de vue de l’architecture monumentale, on signalera l’église Saint-Médard (classée


à l’Inventaire des Monuments Historiques) dont les origines remontent aux possessions de
l’abbaye de Sainte-Geneviève dans le faubourg. Elle en fut chapelle desservante peut-être
avant le IXème siècle. Sa façade latérale a été dégagée de constructions parasites au
XIXème (politique de Mérimée et de Viollet-Le-Duc) et elle sert de fond de décor à un
petit square (photo n° 21). 28

26
BRESLER Henri, op. cit., p. 61.
27
La règle renouvelée, op. cit., p. 82.
28
LE MOEL Michel, op. cit., p. 106.

PARIS 133
I - Enquêtes préparatoires

Quant au bâtiment de la Garde républicaine dont la façade est aveugle rue Mouffetard
(photo n° 7), elle s’est installée en 1821 à la place d’un ancien couvent créé en 1652.

* Paysage et environnement proche :


Au nord, le paysage que nous laissons derrière nous lorsque nous commençons notre
parcours rue Descartes à la hauteur de la rue Clovis rappelle que cette limite du quartier
était plus aristocratique que la rue Mouffetard. Nous nous trouvons au carrefour de l’église
Saint-Etienne du Mont, du ministère de la recherche (ancienne école polytechnique) et de
l’arrière des bâtiments du lycée Henri IV. On aperçoit, au-delà du lycée Henri IV, le
Panthéon (photo n° 2).

Le long du parcours, on croise des rues latérales qui offrent des perspectives relativement
ouvertes à l’est de l’axe Mouffetard : elles orientent vers l’extérieur, vers les franges
urbaines de ce secteur (rue Monge) : ainsi la rue Lacépède, lorsqu’on se trouve place de la
Contrescarpe se prolonge vers le jardin des Plantes au-delà de la rue Monge, ou encore la
rue Saint Médard qui longe le bâtiment de la Garde républicaine et débouche sur la place
Monge, enfin, les rues Ortolan et de l’Epée de Bois. Les rues de l’Arbalète et Daubenton
(ancienne berge de la Bièvre), étroites, laissent entrevoir la place des Patriarches
(aujourd’hui place Bernard Halpern).

Vers l’ouest, les rues sont étroites dans l’ensemble et les perspectives plutôt brèves, parfois
fermées par d’autres rues ; elles annoncent des ambiances différentes et introduisent un
aspect énigmatique dans la perception. On notera que la rue Jean Calvin rejoint la rue
Mouffetard, prolongée par un passage pour piétons et voitures sous un immeuble.

Les rues longitudinales Tournefort et Lhomond ne présentent pas l’alignement régulier de


la rue Mouffetard, elles s’élargissent parfois « au nom du retrait d’alignement » ; la rue
Lhomond est asymétrique, occupée par des édifices institutionnels massifs d’un côté
(photo n° 10). Ces deux rues en pente se rejoignent place Lucien Herr (photo n° 13) où
l’on observe un petit terre-plein surélevé dont la terrasse est occupée par un restaurant.

La perspective s’ouvre, au sud, lorsque nous quittons la rue Mouffetard, vers la place
d’Italie (photo n° 24).

* Eléments décoratifs secondaires


L’architecture elle-même apparaît assez sobre et offre peu de fantaisie. On remarque
quelques corniches de plâtre et, liées aux usages d’autrefois, des poulies, au dernier étage
de quelques immeubles de la rue Mouffetard, qui permettaient de monter des céréales dans
les greniers. On note également sur des façades, notamment dans le bas de la rue entre les
numéros 116 (angle de la rue de l’Arbalète) et 126 des décorations en relation avec les
activités de l’époque ; on voit une frise de grappes de raisins, un petit panneau représentant
un puits (l’enseigne « la bonne source » abrite désormais une supérette), des animaux
peints sur un mur (porcs, bœufs, etc.) sur les deux derniers étages du n° 116 tandis que 4
panneaux illustrant des thèmes champêtres occupent la largeur du premier.

Au cours de notre promenade, nous repérons des plaques apposées sur les immeubles : en
1896, Verlaine est mort au n° 37 de la rue Descartes ; au n° 74 de la rue du cardinal
Lemoine, Ernest Hemingway vécut de janvier 1922 à août 1923.

134
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

On notera, à l’angle des rues Mouffetard et du Pot-de-Fer, une fontaine rebâtie en 1671
d’après Le Vau (photo n° 8)29. Des fontaines, récentes, entourées de gazon ou de fleurs
ponctuent le parcours : place de la Contrescarpe (photo n° 5) et au début et à la fin de la rue
de Bazeilles longue d’environ 50 mètres (photo n° 23) ; leur présence semble utile pour
limiter la circulation, la ralentir, peut-être pour faire masque sonore. Des fleurs aux
balcons, les auvents colorés des commerces, les parasols des terrasses de la place de la
Contrescarpe, animent le paysage. Les rideaux de fer de plusieurs boutiques affichent de
jolis graphs en relation avec les activités. Enfin, des tags, peu nombreux comparés à
d’autres quartiers, apparaissent incongrus, ça et là, sur une façade.

Les rues trop étroites n’ont pas permis d’installer des lampadaires. L’éclairage public
émane d’un mobilier urbain mural ordinaire du début du parcours jusqu’à la place de la
Contrescarpe ; ensuite, rue Mouffetard et dans des rues adjacentes, des « lanternes »
éclairent la rue.

Enfin, on se souvient de l’horloge de la place de la Contrescarpe et on remarque place


Lucien Herr, des sculptures contemporaines – l’une a vocation de fontaine, l’autre est une
sculpture équestre (Camillo Otero qui a habité le quartier en a fait don à la Ville).

* Eléments d’ambiance :
Le quartier apparaît protégé du point de vue sonore : peu de voitures pénètrent dans les
rues. Le bas de la rue Mouffetard où les étales rendent leur passage impossible est
d’ailleurs piétonnier (une barrière empêche le passage des voitures à la hauteur de la rue de
l’Epée de Bois). Tout le secteur, jusqu’à la rue de Bazeilles, est piétonnier le dimanche.

Rue Mouffetard, deux types d’animation contribuent à l’ambiance du quartier : le tourisme


et le marché. Lorsqu’on se promène, surtout en été, la musique des restaurants est audible
et attractive. Dans le bas de la rue, on rencontre une ambiance sonore typique des marchés
avec irruption des éclats de voix des vendeurs qui vantent leurs marchandises. Les rues
adjacentes sont calmes, lorsqu’elles ne sont pas converties au tourisme (exemple de la rue
du Pot-de-Fer dans sa section comprise entre la rue Mouffetard et la rue Tournefort) ou au
commerce de proximité, en particulier au sud du quartier (rue Daubenton et Arbalète). Les
jets d’eau des fontaines que nous rencontrons font peu de bruit dans un environnement
plutôt animé.

Du point de vue olfactif, on peut reconnaître les spécialités des restaurants devant lesquels
on passe. Les odeurs des fruits et légumes, des poulets en train de rôtir… caractérisent le
bas de la rue.

Il est relativement facile de marcher sur les trottoirs lisses, peu larges il est vrai, tandis que
la rue Mouffetard et certains tronçons des rues parcourues, sont pavées et peuvent rendre le
pas plus incertain.

3. Caractères fonctionnels

Le quartier attire une population qui lui est extérieure. Une grande partie de la rue
Mouffetard est donc consacrée au tourisme : les nombreux restaurants (grec, turc, asiatique
depuis peu, cuisine française régionale…) de part et d’autre de la rue en attestent. Les

29
Ibid.

PARIS 135
I - Enquêtes préparatoires

commerces de proximité et le marché poursuivent les activités traditionnelles du quartier.


Dans les rues adjacentes, on rencontre peu d’activités.

Entre les restaurants ou les boutiques de vêtements (style des années 70), des librairies
rappellent la vocation intellectuelle du Vème arrondissement (université, instituts
d’enseignement et de recherche). Au cours de notre promenade, nous croisons la résidence
universitaire, le Concordia, rue Tournefort et le restaurant universitaire rue Jean Calvin.
Deux petits cinémas attirent les cinéphiles du quartier et d’ailleurs.

L’avenir du quartier est soumis aux dispositions du POS qui reprennent celles définies
pour le centre de Paris (révision partielle du POS engagée en 1992) renforcées sur certains
points – ainsi, le COS (coefficent d’occupation du sol) rend impossible la création de
surfaces de bureaux ou d’activités dans les étages ou au rez-de-chaussée des zones
commerçantes (dans ces zones, la création de logements est également interdite).30

4. Composition socio-professionnelle du quartier

La population (sans doubles comptes) du 5e arrondissement est de 58 849 en 1999 ; elle


était de 61 222 en 1990. Cette tendance à la dépopulation se manifeste dans tous les
arrondissements de Paris (à l’exception du 12e)31.

Selon l’analyse effectuée sur le secteur32, en 1990, la classe d’âge des 20-34 ans, soit 37%
(32% dans l’arrondissement et 28% à Paris), est la plus importante dans le périmètre
considéré (voir plan). Toutes les autres classes d’âge sont sous-représentées par rapport
aux proportions de l’arrondissement et de Paris.

Plus du tiers des habitants des ménages (37% dans le secteur, 32% dans le 5e, 26% à Paris)
vivent seuls et près de deux tiers de la population des ménages (65%) vivent seuls ou à
deux. Le nombre moyen de personne par ménage (1,65) est donc inférieur à celui que l’on
trouve dans l’arrondissement (1,76) et à Paris (1,92). La structure physique des logements
(70% de studios ou deux pièces) rend compte de ces moyennes. Corrélativement, le célibat
est ici accentué.

Une des caractéristiques du secteur est de compter un nombre plus élevé qu’ailleurs de
personnes vivant hors ménage, dans une collectivité ou un foyer (étudiants et
congrégations religieuses) – 7% ici et 2% dans la capitale.

Du point de vue des catégories socio-professionnelles, le secteur considéré est à l’image du


5e arrondissement : on y trouve une proportion importante de cadres et professions
intellectuelles supérieures (45% de la population active contre 30% à Paris). Le taux de
chômage y est plus faible qu’à Paris : 7,5 % contre 9,7%.

Le nombre d’étrangers représente 13% de la population du secteur (et du 5 e


arrondissement, dont 39% d’un pays de la CEE) ; dans la capitale, la proportion est de
16%.

30
Voir article “La règle renouvelée”, op. cit.
31
INSEE Recensement général de la population de 1990 et de 1999 (seules données disponibles à ce jour :
population légale par arrondissement).
32
Document établi par l’APUR : « Le secteur Mouffetard, population, logement, activité économique »
concernant le périmètre d’étude du POS, 1993.

136
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Le parc des logements se compose pour les trois quarts de studios ou deux pièces. On
trouve très peu de logements de quatre pièces et plus sur le secteur (13% contre 19% dans
l’arrondissement). Les logements sont dans l’ensemble relativement confortables. Ils
datent pour le plus grand nombre d’avant 1949 ( huit logements sur dix). En 1990, 27% des
ménages du secteur sont propriétaires de leur logement (résidence principale). Ce taux est
inférieur à celui du 5e arrondissement (29,2%) et de Paris (28,3%).

5. Usages

Le haut de la rue Mouffetard et en particulier la place de la Contrescarpe s’anime peu avant


midi ; le public investit alors les cafés et restaurants. L’animation se prolonge tout au long
de la journée jusqu’à une heure tardive.

En revanche, le bas de la rue est en activité depuis 7h ou 8h : installation du marché et en


particulier des étales de fruits et légumes qui attirent les habitants et les passants extérieurs
au quartier venus se promener dans ce « village » de Paris. En semaine, c’est plutôt dans la
soirée, après l’école et le travail que la rue s’anime tranquillement. Le samedi et surtout le
dimanche matin, la population se densifie entre les boutiques. Les « gens » ne semblent pas
pressés ; ils prennent plaisir à flâner, ils rencontrent les voisins, les amis, ils peuvent même
venir écouter les chansons d’antan (chorale d’habitants semble-t-il à la hauteur de l’église
Saint-Médard) le dimanche matin, ou bien s’installer au café du coin pour discuter.

6. Enquête

Les habitants de la « Mouffe » souligneront l’ambiance de leur quartier qui tient à son
unité architecturale typique et au passé toujours visible aussi bien dans l’architecture que
dans la morphologie urbaine (rues étroites, pavées parfois). Ils exprimeront certainement le
sentiment d’être à l’intérieur d’un secteur protégé - ils peuvent oublier les axes de
circulation tout proches mais tenus à distance - et leur plaisir d’habiter ce quartier qui leur
offre en plein Paris un « village » dans lequel la convivialité n’est pas feinte. Sans doute,
s’interrogeront-ils sur son avenir : la « Mouffe » risque-t-elle de devenir une image, celle
d’un coin perdu que l’on s’efforce en vain de retrouver ?

PARIS 137
I - Enquêtes préparatoires

Tableau récapitulatif

Morphologie - rue Mouffetard, homogénéité architecturale : immeubles des XVIIème et


architecture XVIIIème siècles, faible hauteur, façades lisses, ouvertures régulières ;
boutiques au rez-de-chaussée
- présence de jardins dans nombre de parcelles
- dans les rues adjacentes, immeubles de ce type + des bâtiments en pierre
de taille (notamment établissements religieux) + quelques immeubles
récents
Morphologie - début du parcours : on quitte la monumentalité
Paysage - tissu urbain dense qui offre des échappées visuelles brèves (vers la rue
Monge à l’est, vers un tissu aussi dense à l’ouest)
- secteur « introverti » ; la place de la Contrescarpe marque une respiration
- la fin du parcours : sortie vers l’urbanité moderne
Morphologie - le bas de la rue est piétonnier
Eléments n o n - ambiance sonore plutôt calme où les voix peuvent encore marquer
visuels d’ambiance l’espace sonore
- odeurs liés aux restaurants et au marché
- d’un point de vue tactile, alternance de pavés et d’asphalte
Caractères - le haut de la rue est occupé par des restaurants
fonctionnels - le bas, par un marché
- aspect lié à la vie intellectuelle n’est pas négligeable : librairies, cinémas
d’auteurs, résidence universitaire..
Composition - population décroît légèrement (1,45%, 1,1% à Paris)
socio- - proportion importante du nombre de ménages d’une personne (56% dans
professionnelle le 5e, contre 50% à Paris)
- 45% de cadres (30% à Paris)
- dans l’arrondissement, 75% des logements datent d’avant 1915 et 85%
d’avant 1949
Usages - vie de quartier autour du marché : convivialité, terrasses de café
animées…
- passants venus d’ailleurs : flânerie et choix d’un restaurant (dans le haut
de la rue), la place de la Contrescarpe est un lieu de rendez-vous entre amis

138
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Parcours suivi avec points de repérage photographique

Planche 1
1 Mur d’enceinte de Philippe-Auguste, 5 rue Clovis
2 Rue Clovis - au loin, lycée Henri IV et Panthéon
Planche 2
3 Regard sur la rue Descartes depuis la rue Mouffetard - à la hauteur de la rue Thouin
4 Place de la Contrescarpe, depuis la rue Mouffetard - en descendant
5 Place de la Contrescarpe depuis la rue Lacépède
6 La rue Mouffetard depuis la place de la Contrescarpe - en descendant
Planche 3
7 Bâtiments de la Garde Républicaine
8 Fontaine à l’angle des rues Mouffetard et du Pot-de-Fer
9 Rue du Pot-de-Fer
Planche 4
10 Etablissement conventuel, 30 rue Lhomond
11 Angle des rues Lhomond et du Pot-de-Fer
12 Rue Lhomond, vers la place Lucien Herr
Planche 5
13 La place Lucien Herr
14 Rue Jean Calvin, vers la rue Mouffetard
Planche 6
15 Rue Mouffetard entre la rue de l’Epée de Bois et la rue de l’Arbalète
Planche 7
16 Angle des rues de l’Arbalète et des Patriarches depuis la place Bernard Halpern
17 Immeuble récent, place Bernard Halpern
18 Rue Daubenton, vers la rue Monge
Planche 8
19 Rue Mouffetard - le marché
20 Fin de la rue Mouffetard
21 Eglise Saint-Médard
Planche 9
22 Angle des rues de Bazeilles et Censier - église Saint-Médard et fontaine au centre du carrefour
23 Dernier regard sur la rue Mouffetard - fontaine du carrefour des rues Mouffetard, Edouard Quénu, Pascal, Censier et de Bazeilles
24 Rue de Bazeilles - perspective sur l’avenue des Gobelins et la place d’Italie

PARIS 139
I - Enquêtes préparatoires

1 - Mur d’enceinte de Philippe-Auguste, 5 rue Clovis 2 - Rue Clovis - au loin, lycée Henri IV et Panthéon

3 - Regard sur la rue Descartes depuis la rue 4 - Place de la Contrescarpe, depuis la rue Mouffetard
Mouffetard à la hauteur de la rue Thouin - en descendant

5 - Place de la Contrescarpe depuis la rue Lacépède 6 - La rue Mouffetard depuis la place de la


Contrescarpe - en descendant

7 - Bâtiments de la Garde Républicaine 8 - Fontaine à l’angle des rues


Mouffetard et du Pot-de-Fer

140
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

9 - Rue du pot de fer 10 - Etablissement conventuel, 30 rue Lhomond

11 - Angle des rues Lhomond et du Pot-de-Fer 12 - Rue Lhomond, vers la place Lucien Herr

13 - La place Lucien Herr 14 - Rue Jean Calvin, vers la rue


Mouffetard

15 - Rue Mouffetard entre la rue de l’Epée de Bois et 16 - Angle des rues de l’Arbalète et des Patriarches
la rue de l’Arbalète depuis la place Bernard Halpern

PARIS 141
I - Enquêtes préparatoires

17 - Immeuble récent, place Bernard Halpern 18 - Rue Daubenton, vers la rue Monge

19 - Rue Mouffetard - le marché 20 - Fin de la rue Mouffetard

21 - Eglise Saint-Médard 22 - Angle des rues de Bazeilles et Censier - église


Saint-Médard et fontaine au centre du carrefour

23 - Dernier regard sur la rue Mouffetard - fontaine 24 - Rue de Bazeilles - perspective sur l’avenue des
du carrefour des rues Mouffetard, Edouard Quénu, Gobelins et la place d’Italie
Pascal, Censier et de Bazeilles

142
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

OBERKAMPF

- Plan du 11ème arrondissement - échelle : 1/10 000


Paris et proche banlieue, Atlas par arrondissement, Michelin, ed du Voyage, oct. 1999

La rue Oberkampf, dans sa partie nord, est en mutation depuis 1995 si l’on en croit les
articles que la presse consacre au secteur : « Oberkampf la métamorphose » selon le
journal Le Point33 en 1997 et, en 1998, selon Libération34, « Le filon du village à Paris –
Depuis trois ans, le quartier Oberkampf se peuple de petits bars et de restos sympas. A tel
point qu’aujourd’hui, les prix des locaux flambent ». A proximité de la Bastille, ce quartier
attire les « branchés ». C’est l’ouverture du café « Charbon » au n° 109 de la rue qui aurait
amorcé la transformation de ce quartier populaire.

33
Le Point, 13/09/1997, n° 1304.
34
Libération, 15/06/1998.

PARIS 143
I - Enquêtes préparatoires

Le trajet retenu se situe entre les stations de métro Parmentier et Ménilmontant, carrefour
des avenues Parmentier, de la République et de la rue Oberkampf d’une part et point de
rencontre entre les boulevards de Belleville et de Ménilmontant et de la rue Ménilmontant
(prolongement de la rue Oberkampf) d’autre part. Nous rencontrons au cours de notre
montée de la rue Oberkampf des ambiances différentes. C’est au milieu du parcours que
l’identité nouvelle du quartier s’affirme, annoncée par le tronçon précédent (entre l’avenue
de la République et la rue Saint-Maur, photo n° 5). Puis, quand on arrive rue Moret, la rue
s’élargit sensiblement (photo n° 15), « monte » vers Ménilmontant et là, les habitants du
quartier se mêlent aux passants plus pressés qui se dirigent vers cette ouverture que
constitue la grande place ronde du carrefour (photos n° 20 et 21). Si l’espace précédent
invite à la flânerie celui-ci suggère des rythmes différents. Comment le quartier va-t-il
évoluer ? La diversité des populations qu’on y rencontre sera-telle maintenue ? La mixité
des activités risque-t-elle de disparaître ?

1. Historique35

C’est à la chute de Napoléon III que la rue de Ménilmontant devient la rue Oberkampf. Au
XVème siècle, le territoire dans lequel s’insère la rue de Ménilmontant est couvert de
vignes et transformé en jardins et vergers au siècle suivant. Cet ancien chemin escarpé
conduisait du quartier du Temple au hameau de Ménilmontant ; sa pente est adoucie en
1732 et des arbres sont plantés des deux côtés en 1734. Le quartier qui l’entoure, en
particulier au sud, évolue : au XVIIème siècle, sur décision de Louis XIV, création d’un
cours planté d’arbres, origine des grands boulevards (Beaumarchais, du Temple, etc.), au
XIXème siècle, dans le cadre des grands travaux d’Haussmann, ouverture des avenues de
la République et Parmentier (ancienne rue Beaumarchais élargie)…
En 1859, le village de Ménilmontant est inclus dans Paris.
Au XIXème siècle, les secteurs d’activités du 11e arrondissement sont traditionnellement la
métallurgie, la mécanique et l’ameublement (dans le faubourg Saint-Antoine). Rue
Oberkampf, on construit des machines à vapeur, des pompes et des presses hydrauliques
(chez l’industriel Bariquand), à la fin du XIXème, Charles Verneau installe son imprimerie
au n° 114 de la rue…
Au XXème, ces activités se poursuivent, notamment la métallurgie. C’est au cours des
dernières décennies qu’elles disparaissent progressivement. Un habitant, véritable mémoire
du quartier, interviewé en 1997 par le journal Le Point, déclarait : « ici, c’était le quartier
des métallos, il y avait des PME partout. Maintenant la rue vire à la boîte de nuit. »36

2. Morphologie

La rue Oberkampf constitue un axe longitudinal, pentu, relativement étroit (stationnement


d’un côté de la rue et passage de deux voitures), à l’exception du dernier tronçon en
arrivant à Ménilmontant. Cet axe apparemment fermé ouvre sur des rues de même gabarit
(rues Saint-Maur, Moret, Crespin du Gast), à l’exception de l’avenue Jean Aicard
beaucoup plus large. De nombreuses cités ou cours dans lesquelles ateliers et entreprises
s’installaient, se dérobent à la vue, cachés par les portes cochères qu’il suffit de pousser
pour découvrir la profondeur transversale du quartier.

35
Cette partie s’appuie sur :
- D. LEBORGNE, D. CHADYCH. Vie et histoire du 11ème arrondissement. Ed. Hervas, 1987.
- D. MICHEL, D. RENOU. Le guide du promeneur, 11ème arrondissement. Ed. Parigramme/CPL,
1993.
36
Cité dans l’article du Point, op. cit.

144
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

* Architecture
Les rues que nous parcourons s’inscrivent dans un périmètre d’OPAH37. En fait, le secteur
situé du côté nord (côté gauche en montant) de la rue Oberkampf jusqu’à la rue Moret
faisait partie du périmètre de l’OPAH Saint-Maur (1994-1997) ; l’autre partie du secteur
concerné par notre parcours, des n° 80 au 162 (côté droit en montant depuis l’avenue de la
République) et des n° 135 au 169 (côté gauche en haut de la rue Oberkampf) est inclus
dans le périmètre de l’OPAH Orillon-Oberkampf (1998-2000, durée qui sera
vraisemblablement prolongée). Notons que ces deux secteurs couvrent la totalité d’une
zone de Développement Social Urbain du 11e arrondissement dans le cadre du Contrat de
Ville de Paris.38

Le parcours laisse les immeubles en pierre de taille du carrefour République-Parmentier


(photo n° 1) pour pénétrer dans un secteur qui apparaît en rénovation (photos n° 2 et 3).
« On est en présence majoritairement d’immeubles de faubourg construits au siècle
dernier. La structure du bâti est constituée d’une ossature à pan de bois avec remplissage
de moellon et enduit au plâtre. »39 Ces immeubles de faible hauteur - 4, 3, voire 2 ou 1
étages - côtoient quelques bâtiments plutôt en pierre de taille de 5 étages, parfois 6 étages
avec les mansardes (photos n° 4 et 14).

Quelques immeubles des années 60 ou 70, surplombent les autres (10 étages, à l’exception
du n° 125 un peu plus récent) mais sans ostentation dans la mesure où ils sont en retrait
(photo n° 6). De rares bâtiments récents attirent l’attention (voir ci-dessous) ou au contraire
s’insèrent discrètement dans les cités ou impasses adjacentes (dans la cité Griset).

Ainsi, l’architecture du quartier, en dépit de ces différentes hauteurs qui se jouxtent et de


matériaux divers (rarement la pierre de taille, plutôt des façades lisses) apparaît
relativement homogène ; elle se complexifie en certains endroits par l’insertion en retrait
d’immeubles récents. L’homogénéité tient sans doute à un alignement régulier, à l’époque
de construction de la majorité des bâtiments, ainsi qu’à leur faible hauteur qui évite un
sentiment d’écrasement dans cette rue.

Dans la rue Oberkampf, de nombreux rez-de-chaussée sont occupés par des boutiques dont
la plupart (les restaurants en particulier) montrent le décor d’origine.

En ce qui concerne les cours, l’étude préopérationnelle d’OPAH observe que : « Pour les
bâtiments sur cour, deux configurations apparaissent :
- sur de longues parcelles en lanières des cités industrielles du début du XIXème siècle, les
bâtiments s’élèvent en général sur 2 ou 3 niveaux et abritent au rez-de-chaussée des locaux
d’activité et à l’étage des logements liés ou non à l’activité du rez-de-chaussée ;
- sur les parcelles moins profondes l’immeuble sur cour quand il existe est assez souvent
du même gabarit que celui sur rue »40. Habitat, commerce, et locaux d’activité apparaissent
donc étroitement imbriqués.

37
Dans le cadre des OPAH, des aides sont proposées aux propriétaires et aux locataires de logements. Dans
le quartier Oberkampf, pour encourager le maintien du commerce, elles sont également proposées aux
propriétaires de locaux commerciaux.
URBANIS. Etude préopérationnelle d’OPAH, Quartier Orillon – Oberkampf. 1997. Sur notre demande, la
Ville de Paris, commanditaire de cette étude, nous en a adressé une copie.
39
Ibid., p. 17
40
Ibid., p. 17.

PARIS 145
I - Enquêtes préparatoires

Bâtiments remarquables :
Deux constructions récentes signalent leur présence :
Au 113 rue Oberkampf, Borel a réalisé La Poste (photo n° 9) qui s’exhibe côté rue et un
ensemble de 80 logements destinés aux postiers dans la cour exiguë et profonde que l’on
peut découvrir ; les frontières entre la rue et le bâti s’estompent ici. Deux tours très fines se
détachent dans le jardin. « Borel reconnaît avoir atteint un seuil de complexité » dans cette
opération. « Une passerelle, deux tours, trois têtes, une multitude de façades, dont le jardin
considéré comme l’ultime façade, c’est tout l’art de la fragmentation ».41
Immeuble du n° 161 : construit entre un immeuble néo-haussmanien et une résidence des
années 70 en retrait de la rue, sa façade sur rue est de 7 m. Il se compose de deux
volumes, l’un en retrait par rapport à l’autre, l’un en pâte de verre et l’autre en tôle
d’aluminium. Architecte : Emmanuel Saadi.

D’anciens commerces du quartier, transformés aujourd’hui en bars ou restaurants,


gardent certaines caractéristiques d’époque. Le Café Charbon, souvent cité, (photo n°
7) montre un décor d’ex-bougnat rehaussé de fresques début de siècle.

Enfin, on signalera la Piscine construite en 1887, située au fond de la cour du n° 160


(photo n° 19). C’est l’intérieur de cet équipement « Bain-douches, piscine-sauna » qui est
mentionné dans les guides (vestibule décoré de deux vitraux et portique surmonté par les
cabines autour de la piscine).

* Paysage et environnement proche


Lorsqu’on avance rue Oberkampf, le regard doit se porter au loin pour percevoir
l’ouverture du carrefour et la rue pentue de Ménilmontant. Dans les deux premiers tiers du
parcours, l’étroitesse de la rue et l’attention distraite par les boutiques et les passants
contribuent plutôt à un sentiment de resserrement. Toutefois, le dégagement que l’on
observe à l’angle des rues Saint-Maur et Oberkampf avec un immeuble récent en retrait fait
ponctuellement exception (photo n° 6).
Les perspectives latérales offertes aux différents croisements (rue Saint-Maur, rue
Moret…), jusqu’à l’avenue Jean Aicard, répètent le tissu urbain dense de ce quartier.
L’avenue Jean Aicard, quant à elle, élargit la perspective latérale, notamment avec son
petit square installé au milieu.

* Eléments décoratifs secondaires


Des éléments visuels attractifs se détachent de l’ensemble :
- des boutiques colorées - ainsi le restaurant QG, Quartier Général, peint en jaune et
orange, à l’angle de la rue Saint-Maur ou encore la boutique « Nil chaussures », peinte en
jaune …
- des tags sur les rideaux de fer ou sur les murs des immeubles en attente de rénovation,
- l’affiche de l’association « Les grillons d’Oberkampf » sur la porte.

Des éléments moins visibles sont également repérables comme des enseignes désormais
caduques gravées - ainsi, au n° 123, dans un immeuble en pierre de taille de 1889,
« Griset-métaux » …

41
F. RAMBERT . Joli court métrage, Borel à Paris XIè. Architectures, n° 41, déc. 1993.

146
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Enfin, des fantaisies architecturales apparaissent dans les impasses ou dans les cours :
ainsi, crépi de couleur rose et boutique bleue, porche quasi monumental et succession de
pierres noires et ocres, impasse Gaudelet (photo n°12) ou transformation colorée et fleurie
d’anciens ateliers en logements dans la cour du n° 104 (photos n° 10 et 11).

* Eléments non visuels de l’ambiance


L’été, lorsque les portes des boutiques sont ouvertes, on n’entend pas la musique diffusée
dans les cafés. Ce sont plutôt les voix, les discussions aux terrasses des cafés qui donnent
une ambiance conviviale. Le passage de personnes appartenant à différentes communautés
peut être là aussi marqué par le sonore, parce que nous sommes dans un quartier de Paris
où africains et maghrébins sont installés depuis longtemps.

3. Caractères fonctionnels

Des immeubles et des anciens établissements murés, en attente soit d’une démolition soit
d’une rénovation et d’une nouvelle destination, indiquent la mutation du quartier :
- à l’angle des rues Oberkampf et Crespin du Gast, entreprise « accessoires spécialisés de
sécurité » (photo n° 17),
- les hôtels des n° 91 et 152,
- des rideaux de fer baissés, en dehors de la périodes des vacances (ainsi au n° 102,
boutique « no body », photo n° 8),
- une boutique « Félix Potin » fermée,
- etc.

La rue Oberkampf se caractérise aujourd’hui par le nombre important de ses bars et


restaurants qui se substituent progressivement aux autres commerces de la rue :
- Mécano (n° 99) : ancienne enseigne toujours visible : « machines-outils, outillage
moderne » ce restaurant présente une « dégaine réussie de quincaillerie relookée en troquet
amélioré » ;
- Café Charbon (n° 109) : « vitrine du quartier » ;
- La Mercerie (n° 108) : « une ex-maison à fils, boutons et rubans » ;
- Favela Chic (n° 131) : « antre brésilien » ;
- Cherkan (n°144) ;
- Cithea (n°112) : cet ancien cinéma populaire du quartier qui a gardé sa caisse est
aujourd’hui une petite salle polyvalente (bar avec concerts entre autres).
« Partout, c’est la même recette : éclairage doux, chaises dépareillées, mobilier de brocante
et caïpirinha, un cocktail brésilien. »42

Le changement de la rue se traduit également par l’ouverture d’un espace culturel


alternatif, la Glassbox, au n° 113 bis.

Toutefois, cette évolution laisse la place aux commerces de proximité : boulangerie,


boucherie, point presse, coiffeur, droguerie, quincaillerie, épiceries tenues par des
maghrébins comme dans tous les quartiers de Paris... Si plusieurs de ces boutiques ont
renouvelé leur devanture au cours des dernières décennies et ont adopté le design ordinaire
propre à leur activité (boulangerie, boucherie…), d’autres (ainsi le coiffeur, la boutique de
chaussures…) ont un aspect vieillot (années 50-60) dont on peut se demander s’il est signe
de déclin ou au contraire de participation à l’ambiance du quartier. L’ouverture d’un

42
Le point, op. cit.

PARIS 147
I - Enquêtes préparatoires

Mac’Do en haut de la rue, à l’angle du carrefour et de la rue Oberkampf, introduit


l’actualité.

On signalera la présence d’activités dans des cours, cités, impasses, dont il est difficile
d’évaluer l’importance. Une des plus visibles est la fabrique de cartons cité Griset (photo
n° 13). En outre, la communauté asiatique pénètre peu à peu le quartier avec les activités
de confection (ateliers dans des cours de la rue Oberkampf et boutique liée à la couture à
côté du café Charbon) et restauration rapide.

Ainsi, des boutiques changent de destination, des ateliers et des établissements dans les
cours d’immeubles se transforment en logements. Et, les habitants soucieux
d’environnement commencent à s’exprimer. On citera, à titre d’exemple, la demande, non
retenue semble-t-il, de l’association « Les grillons d’Oberkampf » à propos de
l’aménagement de la cité de l’Industrie ; une demande de permis de construire d’une
résidence pour étudiants venait d’être déposée par un promoteur, tandis que l’association
demandait la création d’un équipement public type crèche ou jardin de proximité43.

4. Composition socio-professionnelle du quartier

La population (sans doubles comptes) du 11e arrondissement est de 149 102 habitants en
1999 ; elle était de 154 165 en 199044, mais il est difficile de connaître la tendance sur le
quartier (augmentation entre 1975 et 1990 sur le secteur de l’OPAH tandis que la
population de l’arrondissement diminuait).

Nous reprenons ici l’étude effectuée dans le cadre de l’OPAH Orillons-Oberkampf 45; son
périmètre couvre presque tout le « quartier » Oberkampf qui nous intéresse et reflète donc
mieux que les seules données Insee de l’arrondissement une image de la composition de la
population. Cette étude insiste sur la forte densité de tout le secteur dont la population a
augmenté entre 1975 et 1990 : « 807 habitants par hectare (surface au sol hors
équipements), contre 625 à l’échelle du 11e arrondissement et 555 pour Paris »46. Cette
densité s’explique en partie par une proportion plus importante que dans le 11e de ménages
comptant cinq personnes et plus (6,8% contre 3,7%) et une proportion moindre de ménages
de une personne (48,8% contre 52,4%).

En ce qui concerne la structure par âge, l’étude note également l’importance de la classe
d’âge des 0-19 ans (22,6% contre 17,9% dans le 11e). A cet égard, c’est plutôt dans le nord
de la rue Oberkampf que la présence des jeunes de moins de 20 ans est la plus nette.

Une part importante d’étrangers (notamment des maghrébins) vit dans le quartier : 34,2%
dans le périmètre étudié (notamment au nord de la rue Oberkampf) contre 20,2% dans le
11e et 15,9% à Paris.

43
Informations tirées de la lettre datée du 27 juillet 2000, réponse de Georges Sarre, député de Paris, maire
du XIème arrondissement à l’association de riverains, et apposée sur la porte de la cité de l’industrie.
44
INSEE. Recensement général de la population de 1990 et de 1999 (seules données disponibles à ce jour :
population légale par arrondissement)
45
URBANIS, op. cit.
46
Ibid.

148
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

En 1990, le taux de chômage de 1,5% dans le 11e (9,7% à Paris) est plus élevé dans le
quartier de l’OPAH (15,2%). Avec 30,6% d’ouvriers et 24,5% d’employés, le secteur de
l’OPAH apparaît comme « populaire ».

Quant au parc des logements, 57,9% ont été construits avant 1915 ; 66% avant 1948 et
24,9% après 1975. Les petits logements y sont proportionnellement plus nombreux que
dans l’arrondissement et sur Paris : 70% de logements de une et deux pièces contre 57%
dans Paris. En 1990, 25% des ménages sont propriétaires sur le secteur considéré.

5. Usages

Ils sont liés avant tout à la spécialisation des commerces de la rue Oberkampf : les
restaurants et les cafés attirent une clientèle jeune et contribuent à la convivialité du
quartier dès la fin de la matinée jusqu’à la nuit. L’été, les « gens » aiment s’installer aux
terrasses et discuter. La vie de quartier n’a pas pour autant disparu. Là aussi, ce sont les
commerces de proximité qui jouent un rôle important.

6. Enquête

L’architecture de ce quartier qu’on peut qualifier de populaire retient l’attention : elle


témoigne d’un passé artisanal et industriel riche et vivant et suscite une volonté de
préservation en dépit de la nouvelle destination des commerces et de l’augmentation de la
composante résidentielle. Les « événements architecturaux » que représentent La Poste et
le petit immeuble situé en haut de la rue ne manqueront pas d’être relevés. Nous supposons
que l’unité de la rue est un facteur important et on cherchera à l’éprouver : quels en sont les
éléments les plus stables, quels sont ceux au contraire qui peuvent la remettre en question,
certains fragments de la rue sont-ils plus vulnérables que d’autres, etc. ?

La question de l’évolution du quartier émergera certainement dans les discours : est-elle


appréciée, quels en sont les risques ? Enfin, la question de la composition de la population
du secteur et celle qui lui est extérieure mais qui le fréquente, sera abordée.

PARIS 149
I - Enquêtes préparatoires

TABLEAU RECAPITULATIF

Morphologie - quartier dont le bâti fait l’objet d’une OPAH


Architecture - habitat ancien : immeubles de faubourg de faible hauteur, aux façades
lisses, du début du XIXème siècle, lié au développement des activités
artisanales et industrielles dans les cours notamment
- quelques immeubles type haussmanien
- quelques immeubles des années 60-70 en retrait (10 étages)
- architecture contemporaine : La Poste (Borel) et immeuble du n° 161
(Saadi)
Morphologie - quartier ancien dense, qui offre peu de perspectives
Paysage - le parcours monte vers Ménilmontant : la rue pentue se prolonge dans
l’axe de la rue Oberkampf
Morphologie - du point de vue sonore, le bruit des voitures n’empêche pas la convivialité
Eléments n o n des discussions
visuels d’ambiance
Caractères - déclin des activités traditionnelles (métallerie et imprimerie), elles ne sont
fonctionnels pas toutes remplacées
- « Oberkampf la métamorphose » : spécialisation des commerces, les
anciennes boutiques sont désormais des restaurants
- commerces de proximité
Composition - forte densité de population
socio- - proportion importante de jeunes de moins de 20 ans
professionnelle - une part importante d’étrangers
- les catégories ouvriers et employés sont plus représentées qu’ailleurs
- 57,9% des logements datent d’avant 1915, 66% d’avant 1948
Usages - ils sont liés à la présence des cafés et restaurants
- vie de quartier avec les commerces de proximité

150
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Parcours suivi avec points de repérage photographique

Planche 1
1 Carrefour des avenues République et Parmentier et de la rue Oberkampf
2 Quartier en rénovation - 91 rue Oberkampf
3 Chantier dans la cour du n° 93 rue Oberkampf
4 Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - regard jeté en arrière avant de poursuivre
Planche 2
5 Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - vers Ménilmontant
6 Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - immeuble récent en retrait
7 Le café Charbon
8 Boutiques des 100 et 102 rue Oberkampf
9 « La Poste Borel » au n° 113
10 Anciens ateliers transformés en logements ou bureaux dans la cour du 104 rue Oberkampf
11 Anciens ateliers transformés en logements ou bureaux dans la cour du 104 rue Oberkampf
Planche 3
12 Fantaisies architecturales impasse Gaudelet
13 Entreprise (fabrique de cartons) Cité Griset
14 Regard sur le chemin parcouru rue Oberkampf (à la hauteur de la cité Griset)
Planche 4
15 Regard vers Ménilmontant (depuis la rue Moret)
16 Rue Jean Aicard depuis la rue Oberkampf
17 Entreprise murée à l’angle des rues Oberkampf et Crespin du Gast
18 Petit immeuble récent et Mac Do à l’angle de la place au terme du parcours
19 Piscine au n° 160 de la rue
Planche 5
20 Rue Oberkampf – haut de la rue vers Ménilmontant
21 Place circulaire au carrefour des boulevards de Belleville et de Ménilmontant et des rues Oberkampf et de Ménilmontant

PARIS 151
I - Enquêtes préparatoires

1 - Carrefour des avenues République et Parmentier 2 - Quartier en rénovation - 91 rue Oberkampf


et de la rue Oberkampf

3 - Chantier dans la cour du n° 93 rue Oberkampf 4 - Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - regard
jeté en arrière avant de poursuivre

5 - Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur - vers 6 - Angle des rues Oberkampf et Saint-Maur -
Ménilmontant immeuble récent en retrait

7 - Le café Charbon 8 - Boutiques des 100 et 102 rue Oberkampf

152
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

9 - « La Poste Borel » au n° 113 10 - Anciens ateliers transformés en logements ou


bureaux dans la cour du 104 rue Oberkampf

11 - Anciens ateliers transformés en logements ou 12 - Fantaisies architecturales impasse Gaudelet


bureaux dans la cour du 104 rue Oberkampf

13 - Entreprise (fabrique de cartons) Cité Griset 14 - Regard sur le chemin parcouru rue Oberkampf (à
la hauteur de la cité Griset)

15 - Regard vers Ménilmontant (depuis la rue Moret) 16 - Rue Jean Aicard depuis la rue Oberkampf

PARIS 153
I - Enquêtes préparatoires

17 - Entreprise murée à l’angle des rues Oberkampf 18 - Petit immeuble récent et Mac Do à l’angle de la
et Crespin du Gast lace au terme du parcours

19 - Piscine au n° 160 de la rue 20 - Rue Oberkampf – haut de la rue vers


Ménilmontant

21 - Place circulaire au carrefour des boulevards de


Belleville et de Ménilmontant et des rues Oberkampf
et de Ménilmontant

154
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

DU TROCADERO A LA RUE DE LA POMPE

- Plan du 16ème arrondissement - échelle : 1/10 000


Paris et proche banlieue, Atlas par arrondissement, Michelin, ed du Voyage, oct. 1999

PARIS 155
I - Enquêtes préparatoires

DU TROCADERO A LA RUE DE LA POMPE

La place du Trocadéro (photos n° 1 et 2), ample, aux multiples perspectives si on en fait le


tour, dessert des avenues résidentielles qui elles-mêmes ouvrent sur de nombreuses rues
calmes, au petit air « provincial et désuet », dont l’architecture est riche en surprises. Nous
avons choisi de quitter la place en nous dirigeant vers l’avenue Paul Doumer, sérieuse,
rigoureuse, avec ses immeubles d’habitation des années 30, puis de suivre la rue Scheffer
avec ses curiosités architecturales, enfin après une brève sortie vers l’avenue Georges
Mandel, de replonger dans le dédale des rues et de nous diriger vers la rue de la Pompe
plus animée avec ses commerces.

1. Historique47

La colline de Chaillot culmine à 60 mètres. Le territoire de l’actuel 16e arrondissement était


un domaine rural où le clergé, principal propriétaire foncier jusqu’à la Révolution, a
favorisé la création de communautés d’habitants regroupés autour de petites églises. Au
XVIIème siècle, Colbert encourage la fabrication de grands tapis de demeures royales dans
une ancienne savonnerie située à l’emplacement du palais de Tokyo ; à cette époque, on
trouve également une verrerie dans le village de Chaillot qui, grâce à ses activités, se
développe ; à la fin de l’ancien régime il compte 2000 habitants. En 1659, Louis XIV
octroie la qualité de faubourg à Chaillot sous le nom de faubourg de la Conférence qui, en
1787, est annexé à la Ville de Paris.

Après la vente des biens nationaux, les trois villages de l’ouest parisien, Passy, Auteuil
(qui avaient réputation de salubrité grâce à leurs sources) et Chaillot se développent
rapidement ; les grands domaines sont lotis, des rues sont percées formant la trame de
l’actuel 16e arrondissement. Ils sont rattachés en 1860 à la ville de Paris, ce qui constitue
le premier pas vers l’unification du 16e. Les grandes avenues (Foch, Iéna, Marceau, et
Kléber) sont ouvertes à la fin du XIXème siècle. La bourgeoisie y fait construire des hôtels
particuliers : « cariatides et atlantes prennent possession des façades ; les grands architectes
du début du siècle et de l’ère moderne vont y exercer leurs talents ».48 La quartier situé
derrière la place du Trocadéro se développe lentement.

2. Morphologie

Le parcours que nous avons établi ne reprend pas une logique intrinsèque du territoire
mais, à l’image du 16e arrondissement, il retient différentes ambiances, passe de l’échelle
monumentale à celle, plus traditionnelle, de l’immeuble haussmannien, et fait un détour
par la rue de la Pompe qui, au croisement avec les rues de la Tour et Decamps, arbore un
air de village avec ses commerces situés au rez-de-chaussée d’immeubles anciens à
l’architecture ordinaire.

* Architecture
Malgré des apparences d’unité, celle-ci tenant sans doute au gabarit des bâtiments et à leur
alignement régulier, l’architecture présente une grande diversité. Nous rencontrons tout au
long de notre parcours :

47
Documentation : SIGURET, Philippe, LEMOINE, Bertrand. Vie et histoire du XVIème arrondissement, éd.
Hervas, 1986.
48
MC LURE, Bert, REGNIER, Bruno. Promenades d’architecture à Paris - Guimard et l’art nouveau, ed.
La découverte, Le Monde, SOL.

156
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

- des hôtels particuliers de la fin du siècle dernier : ainsi, le petit bâtiment à l’angle de
l’avenue d’Eylau et de l’avenue Georges Mandel (photo n° 3) ;

- l’architecture typique des années 30 « qui marque un retour à l’académisme » : le long de


l’avenue Paul Doumer (photo n° 5), percée en 1933, s’alignent des immeubles de cette
époque, avec leurs volumes parfois massifs ; dans les autres rues, on en voit également
quelques-uns (photos n° 7 et 11) ;

- des immeubles haussmanniens, plus ou moins sobres : les immeubles les plus classiques
se fondent dans l’alignement de la rue ou des squares ; d’autres affichent colonnes,
pilastres et des motifs végétaux (ainsi, immeuble à l’angle des rues du Commandant
Schloesing et Pétrarque, photo n° 6), ou d’inspiration animalière (exemple, n° 42 rue
Decamps : têtes de béliers sur la façade d’un immeuble d’Alexandre Bruel, daté de 1904,
photo n° 17) ;

- un immeuble Art nouveau au 39 rue Scheffer (à l’angle des rues Scheffer et Louis
David), de Ernest Herscher construit en 1911 et qui a gagné le concours de façade de 1922,
les sculptures sont de Séguin (photos n° 9 et 10) ;

- une maison d’apparence Art déco : a-t-elle été rénovée ? Quoi qu’il en soit, le style
n’apparaît pas dans son authenticité (photo n° 13) ;

- des immeubles récents, construits dans les années 60-70 pour la plupart (exemples,
photos n° 4 et 15) : dans ce domaine règne une grande diversité ; il suffit de regarder les
immeubles situés de part et d’autre de la rue de la Pompe (photos n° 21 et 22) à la hauteur
des avenues Henri Martin et Georges Mandel, l’un renvoie à l’architecture « bateau » avec
ses balcons en creux, l’autre se ferme sur la rue avec son avancée de bow-windows…

- il est intéressant de mentionner la réhabilitation : conçue à l’identique, elle reproduit de


manière ostentatoire l’ancien et parvient plutôt à un pastiche architectural (immeuble situé
au n° 59 de l’avenue Georges Mandel) ;

- enfin, une fantaisie rue de la Pompe : un petit chalet dont le rez-de-chaussée est occupé
par un café rappelle la « vocation champêtre du quartier » (photo n° 20).

A cette diversité architecturale s’ajoute une diversité d’implantation urbaine : des percées
latérales, squares ou villas49, interrompent l’alignement des immeubles :
- les squares Mignot, Pétrarque et du Trocadéro (photo n° 7),
- la voie privée, rue du Général Langlois (photo n° 15),
- enfin la Villa Scheffer dont les grilles ouvrent sur une large allée et où se trouve la
maison au toit d’ardoise en forme de clocheton qu’on aperçoit en allant vers l’avenue
Georges Mandel (photo n° 12).

Pour rendre compte de cette diversité architecturale, on voudrait encore citer à titre
d’exemple la succession de quelques bâtiments rue Scheffer (côté gauche de la rue en
allant vers l’avenue Georges Mandel) : à la hauteur de la rue Pétrarque, nous découvrons le
square Pétrarque avec ses hôtels particuliers, puis un immeuble plus modeste que jouxte un

49
Villas : lotissement urbain de maisons individuelles accompagnées de jardins.

PARIS 157
I - Enquêtes préparatoires

petit bâtiment récent en retrait et enfin, l’immeuble Art nouveau au n° 39 ; nous traversons
la rue Louis David où l’angle est occupé par un immeuble de bureaux de 1960 (architecte :
Georges Dumont), puis, nous voyons un immeuble des années 1930 et enfin la villa
Scheffer (n° 51).

Architecture monumentale :
La mairie du 16e arrondissement dont la façade principale donne sur l’avenue Henri
Martin a été construite par Godeboeuf en 1875-77.

L’emplacement du palais de Chaillot qui domine la colline a fait l’objet de plusieurs


projets qui n’ont pas vu le jour au cours du XIXème siècle. En 1878, toutefois, le site est
retenu pour l’Exposition universelle : un palais de style hispano-mauresque est construit.
Pour l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937, le site est à nouveau retenu
et le bâtiment précédent rasé en partie - les ailes sont conservées. Le palais de Chaillot que
conçoivent Carlu, Boileau et Azéma illustre la « synthèse (…) d’un modernisme sobre et
d’un néo-classicisme élégant mais un peu emphatique » qui domine à l’époque.50 Le
nouveau Trocadéro est agrémenté de jardins et fontaines qui descendent vers la Seine, axés
sur la Tour Eiffel. Il abrite plusieurs musées : Musées de l’Homme, et de la Marine, dans
une aile et musées des Monuments français, du cinéma et la cinémathèque ainsi que le
Théâtre National Populaire dans l’autre. Une cité de l’architecture et du patrimoine doit
être aménagée dans l’aile gauche (dite aile Paris) ; elle devrait ouvrir en 2003.51

* Paysage et environnement proche


On peut dire que le paysage urbain rencontré décline la monumentalité : le palais de
Chaillot domine la place du Trocadéro (photo n° 1), mais ensuite, les immeubles au
volume haussmannien très classique s’imposent également. Qualité de la construction,
intervention d’architectes illustres depuis le XIXème siècle, confèrent une apparence de
richesse et de stabilité à ce quartier qui réussit à être somptueux lorsqu’il ne recherche pas
l’ostentation.

Ce paysage apparaît également équilibré : quartier résidentiel, la densité d’occupation du


sol n’y est jamais étouffante ; les rues se déroulent et s’enchaînent sans heurt ; elles
mettent le passant à l’écart de la turbulence urbaine, semblent le protéger (photo n° 16).
Les larges artères que nous empruntons, en dépit des voitures, restent agréables (l’avenue
Georges Mandel, bordée de grands arbres, photo n° 23, plus que l’avenue Paul Doumer,
d’un aspect sévère, photo n° 5).

Les avenues et rues ont un léger dénivelé qui est perceptible rue Scheffer : elle monte
d’abord (depuis l’avenue Paul Doumer) et accuse une pente à partir du n° 39 vers l’avenue
Georges Mandel. Mais ceci n’a pas de conséquences sur la vision des alentours.

* Eléments décoratifs secondaires


La statue équestre du Maréchal Foch au centre de la place du Trocadéro est orientée vers la
Tour Eiffel (photo n° 2) ; elle n’est pas toujours visible l’été lorsque les arbres sont
feuillus.

50
MC LURE, Bert, REGNIER, Bruno. Promenades d’architecture à Paris – Arts Déco à Passy et à Auteuil,
ed. La découverte, Le Monde, SOL.
51
Article « Révolution de palais à Chaillot », Le Figaro, 02/05/2000.

158
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Au-dessus des portes des immeubles années 30, dépourvus dans l’ensemble de tout décor,
on voit parfois des petits panneaux centraux dont les motifs représentent en général des
angelots stylisés (exemple square Mignot, photo n° 8, ou encore n° 34, 36 rue Scheffer,).

Les couleurs vives, orange, jaune, rouge, des pare-soleil éclairent les façades des
immeubles (exemple rue du Général Langlois et avenue Georges Mandel). Le long de
notre parcours, un drapeau coloré, rue Scheffer, attire l’attention (services techniques en
France de l’ambassade du Congo).

Les tags que nous remarquons dans ce quartier sont rares, mais ils expriment le racisme.

* Eléments d’ambiance
La place du Trocadéro est un rond-point bruyant mais dès qu’on la quitte pour aller vers les
rues résidentielles, cette animation disparaît. Les avenues Paul Doumer et Georges Mandel
que nous empruntons sont passantes mais sans excès comparées aux autres avenues que la
place distribue ; quant aux rues, de faible largeur, elles ne permettent pas une circulation
très dense.

3. Caractères fonctionnels

Nous pénétrons dans un quartier résidentiel. La place du Trocadéro donne l’occasion aux
touristes de se délasser aux terrasses des cafés, mais ensuite, les rares commerces que nous
repérons jusqu’à la fin de notre parcours ont connu leurs heures de gloire il y a bien
longtemps, semble-t-il (ainsi, la petite boucherie rue Scheffer) ! Il faut atteindre le
« village » de la rue de la Pompe pour trouver les commerces de proximité indispensables à
la vie d’un quartier (photos n° 18 et 19).

Des hôtels particuliers ou de beaux immeubles abritent parfois des sièges de société ou
d’institutions, voire des ambassades – ainsi, au n° 42 de la rue Scheffer, Centre de
coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, les services
techniques en France de l’ambassade du Congo, l’office du tourisme espagnol au n° 43 de
la rue Decamps…

4. Composition socio-professionnelle du quartier

La population (sans doubles comptes) du 16e arrondissement est de 163 192 habitants en
1999 ; elle était de 169 863 en 1990 ; elle suit donc la tendance à la dépopulation observée
à Paris.52

Si la classe des 0-19 ans, soit 18,2%, est la même dans cet arrondissement qu’à Paris, la
classes d’âge des 60 ans et plus y est plus importante (26,8% contre 20,7% à Paris).

On trouve une proportion élevée de cadres (41,1% contre 30,2% dans Paris). Les artisans
et les commerçants représentent 12,3% de la population active, taux supérieur à celui
rencontré dans Paris (7%). Quant à la part des ouvriers, elle est insignifiante : 0,7% contre
14,5% dans Paris. Le taux de chômage de 6,7% en 1990 est nettement inférieur à celui de
Paris à cette époque (9,7%).

52
INSEE. Recensement général de la population de 1990 et de 1999 (seules données disponibles à ce jour :
population légale par arrondissement)

PARIS 159
I - Enquêtes préparatoires

La part des étrangers dans la population de l’arrondissement est de 16,4% - dont 43% d’un
pays de la CEE.

Enfin, 40% du parc des logements ont été construits avant 1915 et 68% avant 1949. Une
part significative (21%) a également été construite entre 1949 et 1967.

35,7% des occupants sont propriétaires de leur logement (résidence principale) contre
28,3% à Paris.

5. Usages

Le 16e arrondissement est un quartier résidentiel et relativement calme en dehors de


quelques grands axes très passants. Les habitants, dans la journée y sont peu présents. A
l’heure du déjeuner et dans la soirée, le carrefour des rues Decamps, de la Tour, et de la
Pompe s’anime.

La place du Trocadéro connaît bien sûr d’autres usages : le parvis du palais de Chaillot,
lorsqu’il n’est pas en chantier, accueille les jeunes en skate et en roller, cars de touristes qui
s’arrêtent momentanément, nombreux usagers qui se dirigent vers les bouches de métro ou
qui en sortent, flâneurs à la terrasse des cafés…

6. Enquête

On suppose que l’aspect résidentiel sera mis en évidence tant par l’évocation des
ambiances que par le regard porté sur l’architecture. A cet égard, ce trajet, plus que les
autres, risque de retenir l’attention des personnes participant à l’enquête : nombre
d’immeubles, de façades, peuvent constituer des exemples architecturaux aux yeux du
passant.

160
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

TABLEAU RECAPITULATIF

Morphologie - unité architecturale qui tient au gabarit des immeubles


architecture - grande diversité : immeubles de la fin du XIXème, des années 30 (avenue
Paul Doumer), des années 60-70
- des bâtiments « remarquables » : immeuble Art nouveau de Ernest
Herscher, la villa Scheffer, un chalet rue de la Pompe, etc.
- succession étonnante d’immeubles de différentes périodes
- architecture monumentale : le palais de Chaillot (années 30)
Morphologie - paysage qui décline la monumentalité
paysage - quartier somptueux lorsqu’il ne recherche l’ostentation
Morphologie - environnement sonore calme qui peut rappeler « la campagne » dans
Eléments n o n certaines rues - quelques exceptions : la place du Trocadéro ou les avenues
visuels d’ambiance passantes
Caractères - peu de commerces, peu d’animation, à l’exception de la place du
fonctionnels Trocadéro et du « village » rencontré rue de la Pompe (commerces de
proximité)
- sièges de sociétés prestigieuses, d’organismes, d’ambassades dans les
hôtels particuliers ou les immeubles de standing
Composition - population qui vieillit (proportion plus importante qu’à Paris des 60 ans et
socio- plus) ; toutefois, proportion des 0-19 ans est la même qu’à Paris (18%)
professionnelle - du point de vue des CSP, les cadres sont sur-représentés dans cet
arrondissement (41%, contre 30% à Paris) et les ouvriers absents (0,7%)
- 40% des logements datent d’avant 1915 et 68% d’avant 1949
Usages - quartier résidentiel, calme
- tourisme place du Trocadéro, roller et skate sur le parvis du palais de
Chaillot

PARIS 161
I - Enquêtes préparatoires

Parcours suivi avec points de repérage photographique

Planche 1
1 Place du Trocadéro - la tour Eiffel et le palais de Chaillot
2 Place du Trocadéro - statue du Maréchal Foch
3 Hôtel particulier à l’angle des avenues d’Eylau et Georges Mandel
Planche 2
4 Perspective sur la rue du Commandant Schloesing depuis l’avenue Paul Doumer
5 Avenue Paul Doumer
Planche 3
6 Rue de commandant Schloesing
7 Square Mignot (entrée rue Pétrarque)
8 Motif d’immeuble des années 30
Planche 4
9 Immeuble Art nouveau, 39, rue Scheffer
10 Immeuble Art nouveau - angle des rues Scheffer et Louis David
11 Immeuble des années 30, rue Scheffer
Planche 5
12 Villa Scheffer
13 Art déco ?
Planche 6
14 Avenue Georges Mandel, entre les rues Scheffer et Decamps
Planche 7
15 Avenue du général Langlois
16 Rue Decamps, vers la rue de la Pompe
17 Rue Decamps, immeuble aux têtes de bélier
Planche 8
18 Carrefour des rues Decamps, de la Pompe, de la Tour (depuis la rue Decamps)
19 Carrefour des rues Decamps, de la Pompe, de la Tour (depuis la rue de la Pompe)
20 Rue de la Pompe - chalet
Planche 9
21 Angle de l’avenue Henri Martin et de la rue de la Pompe (face à la mairie)
22 Angle de l’avenue Georges Mandel et de la rue de la Pompe (face à l’immeuble précédent)
23 Avenue Georges Mandel, vers la place du Trocadéro

162
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

1 - Place du Trocadéro - la tour Eiffel et le palais de 2 - Place du Trocadéro - statue du Maréchal Foch
Chaillot

3 - Hôtel particulier à l’angle des avenues d’Eylau et 4 - Perspective sur la rue du Commandant Schloesing
Georges Mandel depuis l’avenue Paul Doumer

5 - Avenue Paul Doumer 6 - Rue de commandant Schloesing

7 - Square Mignot (entrée rue Pétrarque) 8 - Motif d’immeuble des années trente

PARIS 163
I - Enquêtes préparatoires

9 - Immeuble Art nouveau, 39, rue Scheffer 10 - Immeuble Art nouveau - angle des rues Scheffer
et Louis David

11 - Immeuble des années 30, rue Scheffer 12 - Villa Scheffer

13 - Art déco ? 14 - Avenue georges Mandel

15 - Avenue du général Langlois 16 - Rue Decamps, vers la rue de la Pompe

164
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

17 - Rue Decamps, immeuble aux têtes de bélier 18 - Carrefour des rues Decamps, de la Pompe, de la
Tour (depuis la rue Decamps)

19 - Carrefour des rues Decamps, de la Pompe, de la 20 - Rue de la Pompe - chalet


Tour (depuis la rue de la Pompe)

21 - Angle de l'avenue Henri Martin et de la rue de la 22 - Angle de l'avenue Georges Mandel et de la rue
Pompe (face à la mairie) de la Pompe (face à l’immeuble précédent)

23 - Avenue Georges Mandel, vers la place du


Trocadéro

PARIS 165
I - Enquêtes préparatoires

BERCY

- Plan du 12ème arrondissement - échelle : 1/10 000


Paris et proche banlieue, Atlas par arrondissement, Michelin, ed du Voyage, oct. 1999

166
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

- L’environnement de l’opération de la ZAC Bercy présenté dans :


Zone d’Aménagement Concerté Bercy, dossier de création, étude d’impact, septembre
1987

Le trajet retenu dans l’est parisien pénètre dans l’enclave de Bercy ; l’axe nord-ouest et
sud-est que nous suivons est tracé par les diverses voies – la Seine, la rue de Bercy, les
voies SNCF. En effet, le secteur de Bercy récemment aménagé s’inscrit entre d’une part la
Seine et la voie express à l’ouest et d’autre part les emprises SNCF à l’est. Ce secteur fait
partie du programme de l’est parisien dont le « document cadre » a été approuvé en 1983
par le Conseil de Paris.53

53
Documentation utilisée : le dossier de création de la ZAC Bercy, étude d’impact, 1987 ; ce dossier a le
mérite de faire le point sur les aménagements antérieurs et notamment ceux de la ZAC Corbineau-
Lachambaudie qui entre également dans le secteur que nous avons retenu.

PARIS 167
I - Enquêtes préparatoires

1. Historique

Les fouilles archéologiques entreprises dans le secteur lors de sa transformation ont permis
de prouver que le site de Bercy était peuplé dès l’époque du néolithique.

Au XVIIIème siècle, l’édification du mur d’enceinte des Fermiers Généraux qui longe le
boulevard de Bercy sépare de Paris les deux paroisses dans lesquelles le faubourg de Bercy
évolue. L’établissement du droit d’octroi pour les marchandises qui entrent dans Paris
modifie l’économie locale : les marchands de vins ont besoin d’entrepôts pour stocker les
vins en ce lieu (ils évitent ainsi de payer les droits de douane) avant de les distribuer. Après
la Révolution, la commune de Bercy se transforme : au XIXème siècle, les entrepôts de vin
remplacent les maisons de plaisance dont les jardins descendaient vers la Seine.

Le pont Louis Philippe (aujourd’hui pont de Bercy) réunit la commune de Bercy à la rive
gauche en 1832. Un viaduc destiné à la circulation du métro lui est adjoint en 1904. En
1853, est également construit le pont Napoléon qui deviendra le pont National, enfin, en
1878, est réalisé le pont de Tolbiac. Par ailleurs, la ligne de chemin de fer Paris-Lyon
(créée en 1847) et la gare de marchandises (en 1852) commencent à isoler le quartier.

La commune de Bercy connaît un essor autour des activités viti-vinicoles. En 1860,


lorsqu’elle est rattachée à Paris, les entrepôts occupent environ 40 ha - surface
approximative de ces entrepôts avant la construction du Palais omnisports. La Ville devient
propriétaire des terrains et construit des entrepôts (ainsi ceux de Lheureux), crée des rues
qui se dirigent vers les quais ; une desserte ferrée suit ces voies (rails encore visibles dans
le parc qui a respecté le maillage en « peigne » du secteur). En 1878, Bercy devient
entrepôt officiel des vins pour la capitale. La rue de Dijon qui prolonge le pont de Tolbiac
et coupe les entrepôts en deux parties distinctes, le Grand Bercy et le Petit Bercy, ainsi que
les rues de Pommard et Gabriel Lamé sont percées à cette époque (entre 1860 et 1900).

Au XXème siècle, l’activité des entrepôts décline lentement - apparition du chemin de fer,
fermeture du port, mutations économiques du secteur viti-vinicole… Dès les années 30,
puis après guerre, la question de l’avenir du quartier est posée. A la fin des années 1960 où
l’on assiste au renforcement de l’isolement du secteur avec la mise en service de la voie
express rive droite, la Ville de Paris envisage la restructuration et la reconversion du site
des entrepôts. En 1973, le schéma de secteur Seine-Sud-Est prévoit un équilibre entre les
deux rives de la Seine. Bercy apparaît comme le contrepoint de Tolbiac dans le devenir de
l’est parisien.

Le Palais omnisports de Bercy, construit en 1984, et le ministère des finances en 1989,


constituent les premiers signes, monumentaux, de ce réaménagement.

Pour favoriser le développement du quartier, des liaisons avec l’extérieur sont réalisées :
- doublement du pont de Bercy, en 1991,
- ouverture de la station de métro « Cour Saint-Emilion » (ligne 14, Météor) au cœur des
anciens entrepôts (photo n° 29),
- enfin, dans un avenir proche, création d’une passerelle pour piétons entre les deux
secteurs Tolbiac et Bercy.

168
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

2. Morphologie

La configuration du secteur est relativement facile à appréhender au début du parcours :


axes longitudinaux qui offrent une ouverture vers le parc. Puis, nous digressons vers la
place Lachambaudie, presque fermée derrière l’église Notre-Dame-de-Bercy par les voies
ferrées (surélevées et permettant ainsi le passage des voitures) avant de poursuivre vers
Bercy-Expo et Bercy-village. Le quadrillage se resserre lorsqu’on se dirige vers Bercy-
Expo qui ferme la vue. Le chantier de ce secteur qui est encore en pleine activité ne
contribue pas à la compréhension du site. Au cours de notre déambulation, nous percevons
successivement les limites de ce secteur :
- terrasse ou mur, côté parc (photo n° 12),
- immeubles de la rue de Bercy (photos n° 6 et 7),
- voies ferrées (photos n° 20 et 22),
- Bercy-Expo (photo n° 27).

* Architecture54
C’est l’habitat récent qui domine le quartier, prévu dans le cadre de la ZAC Corbineau-
Lachambaudie (construction de logements du côté est de la rue de Bercy depuis le
boulevard de Bercy jusqu’à la place Lachambaudie) et dans le cadre de la ZAC Bercy pas
tout à fait achevée (rues de Pommard, Dijon, Gabriel Lamé, Baron le Roy…). Des
immeubles datant pour nombre d’entre eux de 1994, d’une hauteur modérée (sept étages en
général pour les bâtiments récents, parfois un huitième étage légèrement en retrait), laissent
la place à quelques immeubles anciens :
- en partant de Bercy, immeubles du XVIIIème siècle (ancien relais de poste ?) de 2 ou 3
étages préservés à l’angle des rues de Corbineau et de Bercy, et petit immeuble du XIXème
qui fait face au terre-plein n° 41 rue de Bercy (photo n° 6) ;
- entre les 7 et 39, rue de Bercy et les 10-40, rue de Pommard, un ensemble de pavillons en
pierre meulière est préservé ; édifié en 1908 il fut commandé à l’architecte Lambert de
l’association française des chemins de fer français (photo n° 8) ;
- rue de Dijon et place Lachambaudie, quelques bâtiments anciens (côté gauche en se
dirigeant vers l’église), datant l’un des années 30 (rue de Dijon), l’autre de 1879 (n° 1
place Lachambaudie)… et la caserne des pompiers.

En direction des anciens chais, au sud de la place Lachambaudie et de la rue de Dijon, tous
les immeubles d’habitation sont récents (photos n° 22 et 23). L’architecture contemporaine
offre des volumes réguliers ; balcons et bow-windows animent les façades. Parmi les
immeubles récents, ceux qui bordent le parc (ainsi, rue Paul Belmondo, photo n° 14)
apparaissent privilégiés. Ils offrent de temps à autre quelques ouvertures aux bâtiments
situés derrière qui donnent sur la rue de Pommard (ainsi l’école maternelle). On signalera,
rue Gabriel Lamé, à proximité du chantier, un bâtiment carré en bois non traité, entouré
d’une clôture métallique : il s’agit d’une école maternelle qui devait être provisoire…

Immeubles anciens ou récents ont parfois des boutiques dont la destination est adaptée à la
localisation (par exemple, agence d’architectes, rue Paul Belmondo, le long du parc,
commerces de proximité place Lachambaudie…).

54
Les informations relatives aux bâtiments sont tirées de : D. CHADYCH. Le guide du promeneur, 12ème
arrondissement. Parigramme,

PARIS 169
I - Enquêtes préparatoires

L’habitat récent ressemble à un catalogue d’architecture contemporaine. On citera très


partiellement, reprenant la partialité des guides, quelques-uns des architectes qui ont réalisé
ces immeubles :
- aux 36-48 rue de Bercy, des immeubles R+4 en brique et pierre blanche font face aux
pavillons en meulière - architecte : Roland Schweitzer (photo n° 7),
- parmi les immeubles qui donnent sur le parc, celui d’Hammoutène est en général cité
(photo n° 9) - cf. ci-dessous,
- au n° 1 de la rue de Pommard et des n° 37 et 24 de la rue Joseph Kessel, Fabrice Dusapin
et François Leclercq ont réalisé 98 logements (photo n° 18),
- rue Gabriel Lamé, aux n° 43-39, immeuble qui joue sur les volumes construit par
Christian de Portzamparc,
- au 2, place Lachambaudie, école maternelle - architecte, Pierre-Louis Faloci (photo n°
21).

On mentionnera également les bâtiments remarquables de ce secteur :


- le Palais omnisports conçu par Michel Andrault, Pierre Parat, Aydin Guvan et Jean
Prouvé, de 33 mètres de hauteur, est caractérisé par ses faces inclinées couvertes de
gazon et son couronnement métallique ; il a une capacité d’accueil de 17000 spectateurs
(photos n° 2 et 3) ;
- deux hôtels et un immeuble de bureaux dont les façades sont en verre et en céramique
ont été réalisés par Michel Andrault et Pierre Parat en 1988 (photo n° 3) ;
- au n° 51 de la rue de Bercy, un bâtiment de Frank Gehry, achevé en 1994, était destiné
au Centre américain ; aujourd’hui, l’édifice est inoccupé mais appelé à devenir en 2002 la
Maison du cinéma (photos n° 10 et 11) ;
- Bercy-Expo : le bâtiment tout en verre de 360 mètres de long est un peu plus haut que les
autres (photo n° 27) ;
- le complexe de cinéma UGC, construit par Architecture studio, fait partie de la zone
d’activité de Bercy-village ;
- les chais de la Cour Saint-Emilion et les magasins « Lheureux », constructions aux
volumes simples et répétitifs, sont inscrits à l’Inventaire supplémentaire des monuments
historiques (photo n° 28) ; on mentionnera la copie (volume identique) des chais du Cour
Saint-Emilion en lamelles de bois (photo n° 30) ;
- dans le parc, deux maisons anciennes (photo n° 15) sont inscrites à l’inventaire.

Le parc : « Le jardin de la mémoire »


Les architectes Marylène Ferrand, Jean-Pierre Feugas, Bernard Huet, Bernard Le Roy et le
paysagiste Ian Le Caisne créèrent en 1994 ce parc de 13,5 ha. Le titre, « le jardin de la
mémoire », « (…) exprime clairement la référence à l’histoire et à la morphologie du lieu.
La composition est fondée sur l’idée d’un palimpseste : écrire sur de l’écrit »55. Ils tiennent
compte de la trame extérieure aux entrepôts pour ancrer le parc dans le quartier et de la
trame intérieure, issue de l’ancien parcellaire rural, qui permet de garder les alignements
d’arbres. Trois séquences composent le parc : un espace engazonné face au Palais
omnisports et à l’édifice de Gehry, une séquence qui comprend neuf jardins thématiques
(roseraie, jardins des senteurs, labyrinthe, etc.), et enfin, un jardin romantique (dans lequel
nous n’entrons pas au cours de notre trajet). Une terrasse partiellement en gradins isole le
parc de la voie express, à l’imitation du jardin des Tuileries.

55
P. MICHELONI. Le parc de Bercy et son quartier. Paris-Projet, n° 30-31. APUR 1993, p. 128

170
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

* Paysage et environnement proche


En sortant de la station de métro « Bercy », on découvre une place avec le ministère des
finances (photo n° 1) et le Palais omnisports (photo n° 2) : nous laissons derrière nous ces
édifices et empruntons la rue de Bercy. La vue, d’abord limitée par les immeubles récents
se prolonge vers un espace plus ouvert et nous découvrons le parc, attractif, qui révèle sa
structure orthogonale. La vue, au-delà de la terrasse de 5 mètres de haut qui ferme le parc
côté Seine et entre les grands arbres feuillus l’été, découvre la TGB (Très Grande
Bibliothèque, photo n° 12). Aux grandes pelouses succède un jardin plus fantaisiste (photo
n° 13). Lorsque nous débouchons rue Joseph Kessel, la vue se referme, obscurcie par les
arbres et réduite par la largeur de la rue (photo n° 17). Plus loin, cependant, l’église de la
place Lachambaudie se dessine (photo n° 19).

Nous poursuivons notre parcours dans les limites qu’il nous impose : nous ne voyons
jamais au-delà de l’enclave dans laquelle nous sommes engagés. La seule perspective qui
nous est offerte ensuite est celle de la rue Proud’hon qui s’échappe ailleurs en passant sous
les voies SNCF que nous retrouvons en longeant la rue Baron le Roy (une ouverture dans
l’alignement des immeubles). Après notre digression vers la place Lachambaudie, nous
retrouvons donc notre axe nord-ouest/sud-est que nous poursuivons rue Gabriel Lamé ;
celle-ci s’élargit à la hauteur de rue de l’Aubrac. Mais là, la structuration se fait plus dense
au cœur même des anciens entrepôts. L’aménagement de ce secteur n’est pas achevé. Si
précédemment, lorsque nous longions les immeubles de la rue Baron le Roy, nous avions
le sentiment qu’il fallait trouver un centre, un sens, ici, nous sommes un peu perdus entre
les clôtures de chantier, les immeubles récents et un peu plus loin, les magasins Lheureux.
Quant au parc, il se dérobe à la vue.

Lorsque nous arrivons place des Vins de France, à la hauteur de la rue des Pirogues de
Bercy, la symétrie s’impose : place bordée de bâtiments contemporains et, face à face,
Bercy-Expo, dans sa modernité immédiate, et Bercy-village, dans sa volonté mémoriale et
commerciale (la largeur de la place des Vins de France est celle des anciens chais).

* Eléments décoratifs et secondaires


Nous remarquons un petit Bacchus sur le linteau de la porte du 41 rue de Bercy.
Au 45-47, rue de Pommard, sur la façade latérale de l’immeuble (construit en 1993 par
Hammoutène, photo n° 9) séparé par la petite rue Jean Renoir de la future Maison du
cinéma, la position inclinée des balcons en métal répond aux fantaisies de l’ex-Centre
américain de Gehry.
Dans le parc, au sol, on distingue parfois des rails sur les chemins.
Depuis la rue Gabriel Lamé, nous apercevons un drôle d’animal derrière les grilles des
magasins Lheureux, rue des Pirogues de Bercy (photo n° 25) : cette sculpture signale la
présence du musée des arts forains.

En fait, il y a peu d’éléments secondaires liés aux commerces, la façade des boutiques est
« classique », c’est-à-dire connue de tous pour les enseignes tels « Bistrot Romain »,
« Linas », etc. Les boutiques restent discrètes à l’image de l’architecture contemporaine
dénuée de fantaisie. On remarque l’enseigne rouge de la boutique du Club Med quand on
sort du métro Cour Saint-Emilion.

* Eléments non visuels de l’ambiance


La proximité du parc, le passage d’un nombre réduit de voitures, rue de Bercy notamment,
engendrent une ambiance calme. Dans le parc, on perçoit le drône urbain (voie express),

PARIS 171
I - Enquêtes préparatoires

mais lorsqu’il fait beau, ce sont les voix des enfants en train de jouer, le bruit des skates ou
des rollers sur la dalle du Palais omnisports qui prédominent. Le long des terrasses, les
conversations animent le lieu. Toutefois, on observe un changement d’ambiance sonore
lorsqu’on arrive rue Joseph Kessel : là, le bruit des voitures, des bus, sur la rue
successivement pavée et goudronnée envahit l’espace. Enfin, dans la suite du parcours, les
rues sont peu passantes et les jours de semaine, ce sont plutôt les bruits de chantier qui
émergent.

On remarque la chaleur qui émane des grilles du métro (Bercy).

Du point de vue tactile, les pavés sur la plupart des allées (ainsi dans le parc ou le long du
parc, rue Paul Belmondo) et des trottoirs (depuis la place Lachambaudie jusqu’à la fin du
parcours), confèrent une présence rugueuse au lieu et, dans cet univers contemporain, en
rappellent l’histoire.

3. Caractères fonctionnels

On peut souligner le caractère résidentiel de ce secteur enclavé et donc protégé. Des pôles
d’animation commerciale, conçus en même temps que la construction de logements, sont
adaptés aux activités tertiaires du quartier. En effet, si des commerces de proximité (place
Lachambaudie en particulier) répondent aux besoins des habitants, l’activité dominante
visible est la restauration, notamment la restauration rapide (bureaux, spectacles du Palais
omnisports, cinéma UGC …) : du côté de Bercy, place Lachambaudie et, depuis peu,
Bercy-village. Des hôtels (rue de Bercy et place des Vins de France ) ont été construits
dans cette zone calme, en liaison également avec le parking d’autocars situé entre le parc et
la voie express.

Le projet de Bercy envisageait, dans le prolongement des activités viti-vinicoles, une mise
en valeur des produits agro-alimentaires : Bercy-Expo est destiné à la gastronomie, les
magasins Lheureux abritent une école de boulangerie et pâtisserie, des boutiques
consacrées aux produits des terroirs se trouvent à proximité de Bercy-Expo, restauration
des anciens chais, enfin les noms de plusieurs rues indiquent l’orientation du secteur (place
des Vins de France, rue de l’Aubrac, avenue des Terroirs de France…), etc. Mais, c’est
autour des activités de loisirs que le secteur semble se développer : si le Palais omnisports
a inauguré depuis longtemps cette orientation, l’ouverture du cinéma UGC, l’installation
du Club Med dans les nouveaux « chais » que l’on rencontre à la hauteur du métro Cour
Saint-Emilion, la transformation d’une partie des magasins Lheureux en musée des arts
forains, enfin la présence dans le parc de la Maison du jardinage, du chais de Bercy, lieu
d’exposition (à partir du 23/09/00, sur les jardins de la bande dessinée), l’ouverture en
2002 de la Maison du cinéma, manifestent bien l’introduction récente de ce concept de
loisirs dans l’évolution du quartier.

4. Composition socio-professionnelle du quartier

La population totale (sans doubles comptes) du 12e arrondissement est de 138 134 en
1999 ; elle était de 130 257 en 1990 et de 139 144 en 198256. L’émergence du « quartier »
Bercy rend compte de cette augmentation qui est exceptionnelle dans Paris – tous les autres
56
INSEE. Recensement général de la population de 1990 et de 1999 (seules données disponibles à ce jour :
population légale par arrondissement)

172
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

arrondissements connaissent une baisse de population amorcée pour la plupart d’entre eux
en 1982.

Il est en revanche difficile de préciser la composition socio-professionnelle des habitants ;


d’une part, les données de l’Insee du dernier recensement ne sont pas exploitées et celles
de 1990, que nous reprenons pour les autres parcours, ne s’appliquent pas à cette enclave ;
d’autre part, l’originalité du secteur (architecture récente, population qui vient d’arriver)
n’autorise pas à penser en termes analogiques avec les données dont on peut disposer sur le
12e.

5. Usages

Les usages de ce quartier sont liés aux activités tertiaires et à la présence d’espace du parc.
Le rythme de l’animation suit les horaires de travail. C’est à l’heure du déjeuner que les
passants sont les plus nombreux. Les terrasses de café maintiennent une animation
agréable.

Dans le parc, les promeneurs viennent se reposer, goûter le calme du lieu. Dans la partie
engazonnée, les enfants jouent au ballon, les gens se reposent, allongés dans l’herbe. Les
usagers du skate et des rollers investissent la plate-forme du Palais omnispsorts.

En soirée, en l’absence de spectacle au Palais omnisports, le quartier est tranquille. Une


faible animation reste très localisée aux abords du cinéma UGC et des anciens chais.

6. Enquête

Les éléments émergents dans les discours des personnes enquêtées souligneront
vraisemblablement les caractères exceptionnels du quartier : un habitat récent dominant, le
parc, la position agréable des immeubles qui le bordent, le bâtiment de Gehry, et à l’autre
bout du quartier, vers Bercy-Expo, les chais anciens, rappel de l’histoire du quartier. On
suppose qu’ils aimeront le calme de ce secteur de Paris, excentré et enclavé. On peut en
revanche se demander comment ils en définiront l’identité. Est-elle encore indistincte ou
bien les habitants relèveront-ils différentes ambiances susceptibles de composer ce
quartier ? L’intérêt de ce parcours est d’appréhender la réaction des riverains à
l’architecture contemporaine qui, ici, n’est pas événementielle mais devient banale.

PARIS 173
I - Enquêtes préparatoires

Tableau récapitulatif

Morphologie - pour l’habitat, architecture contemporaine dominante, volume


architecture haussmanien
- quelques immeubles anciens (XIXème) à proximité de l’église et
pavillons en meulière rues de Bercy et Pommard
- des bâtiments « remarquables » récents : ex-centre américain de Gehry,
Palais omnisports, Bercy-Expo, deux hôtels (Mercure et Novotel), UGC…
- les anciens chais Cour Saint-Emilion et les magasins Lheureux
Morphologie - limites visuelles, sentiment d’être dans une enclave
paysage - seule perspective : la TGB, côté parc
Morphologie - calme : peu de voitures, environnement sonore humain dans le parc et à
Eléments n o n proximité
visuels d’ambiance - présence des pavés sur les trottoirs adoucit le côté lisse et froid de
l’architecture
Caractères - trois pôles d’animation (Bercy, Lachambaudie, Bercy-village) avec
fonctionnels commerces de proximité mais surtout restauration rapide pour personnels
des bureaux
- activités orientées vers la gastronomie (Bercy-Expo, boutiques et bureaux
liés aux produits des terroirs) et les loisirs (parc avec maison du jardinage,
Club Med, musée des arts forains…)
Composition - population du 12e arrondissement s’est accrue et rend compte ainsi de la
socio- création du secteur de Bercy
professionnelle
Usages Rythme du quartier lié aux horaires de bureau et au temps (fréquentation
du parc en dépend)

174
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

Parcours suivi avec points de repérage photographique

Planche 1
1 Ministère des Finances
2 Palais Omnisports Paris Bercy
3 Rue de Bercy : escaliers qui mènent au Palais omnisports, hôtels et immeuble de bureaux
Planche 2
4 Rue de Bercy : bâtiments récents
5 A l’angle des rues de Bercy et Corbineau : ancien relais de Poste
6 Rues de Bercy (vers la gauche) et de Pommard (vers la droite)
7 N° 36-38 rue de Bercy
Planche 3
8 Pavillons en meulière, rue de Pommard
9 A l’angle des rues de Pommard et Jean Renoir - perspective lointaine sur le parc et la TGB
10 Bâtiment de Gehry (Centre américain et futur Maison du cinéma) et vue sur le parc - depuis la rue de Bercy
Planche 4
11 Bâtiment de Gehry, entrée côté parc
12 Le parc : grandes pelouses, terrasse et cascade - au loin les tours de la TGB
13 Le parc : jardins
Planche 5
14 Immeubles de la rue Paul Belmondo donnant sur le parc ; sur la droite, chais de Bercy
15 Pavillon ancien dans le parc
16 Rue Paul Belmondo
Planche 6
17 Rue Joseph Kessel
18 Angle des rues Joseph Kessel et Pommard
Planche 7
19 Place Lachambaudie
20 Rue Proudhon, passant sous un immeuble et ensuite sous les voies ferrées (derrière l’église)
21 Ecole maternelle 2, place de Lachambaudie
Planche 8
22 Rue Baron le Roy - entre deux immeubles, vers les voies SNCF
23 Rue Baron le Roy
Planche 9
24 Rue Gabriel Lamé - vers les anciens chais
25 Rue des Pirogues de Bercy, anciens chais ; au fond, musée des arts forains
Planche 10
26 Rue des Pirogues de Bercy - chantier Bercy-village et au loin, cinéma UGC

PARIS 175
I - Enquêtes préparatoires

1 - Ministère des Finances 2 - Palais Omnisports Paris Bercy

3 - Rue de Bercy : escaliers qui mènent au Palais 4 - Rue de Bercy : bâtiments récents
omnisports, hôtels et immeuble de bureaux

5 - A l’angle des rues de Bercy et Corbineau : ancien 6 - Rues de Bercy (vers la gauche) et de Pommard
relais de Poste (vers la droite)

7 - N° 36-38 rue de Bercy 8 - Pavillons en meulière, rue de Pommard

176
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

9 - A l’angle des rues de Pommard et Jean Renoir - 10 - Bâtiment de Gehry (Centre américain et futur
perspective lointaine sur le parc et la TGB Maison du cinéma) et vue sur le parc - depuis la rue
de Bercy

11 - Bâtiment de Gehry, entrée côté parc 12 - Le parc : grandes pelouses, terrasse et cascade ;
au loin les tours de la TGB

13 - Le parc : jardins 14 - Immeubles de la rue Paul Belmondo donnant sur


le parc ; sur la droite, chais de Bercy

15 - Pavillon ancien dans le parc 16 - Rue Paul Belmondo

PARIS 177
I - Enquêtes préparatoires

17 - Rue Joseph Kessel 18 - Angle des rues Joseph Kessel et Pommard

19 - Place Lachambaudie 20 - Rue Proudhon, passant sous un immeuble et


ensuite sous les voies ferrées (derrière l’église)

21 - Ecole maternelle 2, place de Lachambaudie 22 - Rue Baron le Roy - entre deux immeubles, vers
les voies SNCF

23 - Rue Baron le Roy 24 - Rue Gabriel Lamé - vers les anciens chais

178
I.2 - Description raisonnée des terrains d’étude

25 - Rue des Pirogues de Bercy, anciens chais ; au 26 - Rue des Pirogues de Bercy - chantier Bercy-
fond, musée des arts forains village et au loin, cinéma UGC

27 - Place des Vins de France - Bercy-Expo 28 - Bercy-village (les chais font face à Bercy-Expo)
- passage vers la station de métro Cour Saint-
Emilion

29 - Entrée de la station de métro Cour Saint- 30 - Chais rénovés


Emilion ; sur la droite, rue de l’Ambroisie

PARIS 179
I - Enquêtes préparatoires

180 mise en page / juL McOisans

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