Psycho Positive

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Rebecca Shankland et Sophie Lantheaume

Qu’est-ce que la psychologie positive ? C’est l’étude de


PSYCHO
ce qui nous rend heureux, optimistes, résilients. Tout
ce qui contribue à l’épanouissement des personnes,

PSYCHO
des groupes et des institutions. Tout ce qui donne un
sens à la vie.
Dispositions positives, bien-être, flexibilité psycho­
logique, acceptation, pleine conscience, compassion…
La psychologie
DE

sont autant de facettes étudiées par la psychologie

positive
FICHES

positive, autant de concepts au cœur de nos préoccu-


pations contemporaines.

DE
Comment a émergé cette nouvelle discipline ? Com-
ment le clinicien peut-il accompagner les nouvelles

FICHES
demandes des patients ? En 10 fiches synthétiques
et toujours accessibles, cet ouvrage permet de faire
le point. Chaque fiche est composée d’un résumé et
de mots-clés, d’une partie générale et d’illustrations
(exemples, quiz, QCM). Les différentes fiches illustrent
la variété et la richesse des travaux et des pratiques
du psychologue dans ce champ. Un livre-outil desti-
né aux étudiants en psychologie, aux psychologues et

La psychologie positive
aux professionnels de l’accompagnement souhaitant 10 fiches pour comprendre
s’appuyer sur ces recherches.

Rebecca Shankland, psychologue, maître de conférences à


l’Université Grenoble Alpes, responsable du Diplôme Uni-
Bien-être, optimisme, altruisme, compétences
versitaire de Psychologie Positive, Laboratoire Interuniver- psychosociales, pleine conscience...
sitaire de Psychologie.
Sophie Lantheaume, docteur en psychologie de la ­santé,
psychologue, psycho-oncologue et psychothérapeute spé-
cialisée en thérapies cognitives et comportementales,
prati­cienne en psychologie positive à
­ l’Hôpital Privé Drôme-­
Ardèche, Groupe Ramsay Générale de Santé, Clinique Rebecca Shankland et
­Pasteur, Service des soins de support. Sophie Lantheaume
Collection dirigée par Lydia Fernandez

ISBN : 978-2-84835-487-3
12 € TTC – France
9 782848 354873 www.inpress.fr

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La psychologie positive

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ÉDITIONS IN PRESS
127, rue Jeanne d'Arc – 75013 Paris
Tél. : 09 70 77 11 48
E-mail : inline75@aol.com
www.inpress.fr

Collection dirigée par Lydia Fernandez, professeur en psychologie


de la santé et du vieillissement, psychologue clinicienne, université
Lyon 2, Institut de psychologie, département du PSED.

LA PSYCHOLOGIE POSITIVE.
ISBN 978-2-84835-487-3
© 2018 ÉDITIONS IN PRESS
Couverture : Elise Ducamp Collin
Mise en pages : Lorraine Desgardin

Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consente-


ment de l’auteur, ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (Loi du 11 mars
1957, alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque
procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et
suivants du Code Pénal.

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La psychologie positive

Rebecca Shankland
et Sophie Lantheaume

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« Le vrai voyage, ce n’est pas de chercher de nouveaux
paysages, mais un nouveau regard. »
Marcel Proust

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Sommaire

Les auteurs..................................................................... 7
Introduction................................................................... 9

Fiche 1

Qu’est-ce que la psychologie positive ?...................... 11

Fiche 2

Les déterminants du bien-être................................... 37

Fiche 3

Le rôle des émotions dites « positives »


et l'exemple de la gratitude....................................... 59

Fiche 4

Les dispositions positives : forces personnelles,


optimisme et altruisme............................................... 81

Fiche 5

Les compétences psychosociales............................... 103

Fiche 6

Acceptation et flexibilité psychologique................. 121

Fiche 7

La pleine conscience et l'expérience de « Flow ».... 145

Fiche 8

Empathie, compassion et auto-compassion............. 169

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Fiche 9

Interventions en prévention et promotion


de la santé................................................................. 191

Fiche 10

Psychothérapies positives.......................................... 217

Conclusion................................................................. 235

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Les auteurs

R ebecca Shankland, psychologue, maître de conférences en


psychologie, responsable du diplôme universitaire de psycholo-
gie positive, chercheuse au Laboratoire Interuniversitaire de
Psychologie : Personnalité, Cognition et Changement Social, et
vice-présidente de l’Association française et francophone de
Psychologie Positive.
Université Grenoble Alpes, 1251 avenue Centrale, 38000
Grenoble.
Adresse e-mail : rebecca.shankland@univ-grenoble-alpes.fr

Sophie Lantheaume , docteur en psychologie, psychologue,


psycho-oncologue, psychothérapeute en thérapies cognitives et
comportementales, praticienne en psychologie positive.
Hôpital Privé Drôme Ardèche, Clinique Pasteur, 294 boulevard
Charles de Gaulle, 07500 Guilherand-Granges.
Adresse e-mail : lantheaume.sophie@hotmail.fr

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Introduction
En 2008, Martin Seligman, ancien président de l’association
américaine de psychologie qui a initié le mouvement de la psycho-
logie positive au tournant du xxi e siècle, a été invité sur CNN
pour donner son avis sur l’état de la psychologie. L’entretien se
déroule comme suit :

Le journaliste : « M. Seligman, vous êtes sur CNN ; je vous


demanderai donc d’être le plus concis possible et de me donner
votre avis sur l’état de la psychologie aujourd’hui, en un mot. »
M. Seligman : « Bon ».
Journaliste : « Oui, c’est un peu court, en deux mots s’il vous
plaît ? »
M. Seligman : « Pas bon ».
Journaliste : « M. Seligman, nous voyons que vous n’êtes pas
très à l’aise avec cet exercice, en trois mots ? »
M. Seligman : « Pas assez bon ».

Il explicite ensuite son propos : « Bon », car il y a encore


60 ans aucune des maladies psychiatriques n’avait de véritable
traitement, alors qu’aujourd’hui on en guérit la plupart et on
comprend en partie les causes, ce qui permet de mieux accompa-
gner les personnes.
« Pas bon », car les thérapeutes sont parfois devenus des
spécialistes en étude des symptômes, et on oublie parfois la
personne et son potentiel, laissant ainsi de côté toute une partie
de l’individu sur laquelle il serait possible de s’appuyer pour
avancer en direction d’un mieux-être.
« Pas assez bon », car nous pouvons encore améliorer la qualité
de l’accompagnement et surtout agir auprès de tout individu
en promotion de la santé mentale, en amont des troubles. Il est
possible d’agir sur des dimensions telles que le sens de la vie,

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l’engagement, les émotions positives, tout ce qui contribue à
rendre la vie meilleure pour soi et pour les autres.
Comme l’introduit ici Martin Seligman, la psychologie positive
a pour but de rassembler les recherches portant sur la compréhen-
sion des déterminants du bien-être, de la santé mentale positive,
du fonctionnement adaptatif de l’humain face aux réalités du
quotidien. Grâce à une compréhension plus fine des facteurs
protecteurs et des facteurs de résilience, ces recherches ont permis
l’élaboration d’interventions efficaces ciblant ces facteurs, détermi-
nants et compétences qui favorisent un mieux-être durable des
individus et des groupes sociaux. Les recherches et interventions
se multiplient dans différents domaines tels que la prévention,
l’accompagnement, l’éducation, la parentalité, le travail.
Cet ouvrage, sous forme de fiches, constitue un livre-outil conçu
pour faire un point rapide sur une question ou un thème essentiel
du champ de la psychologie positive. Il vise à faire découvrir
les concepts et recherches phares de ce domaine de recherche
et d’application, acquérir ou approfondir des connaissances en
vue de concevoir une intervention, préparer un examen, réaliser
un devoir, déterminer une thématique de recherche ou un champ
d’intervention à approfondir.
Chaque fiche est composée d’un résumé, de mots-clés, d’une
synthèse des connaissances, des résultats d’interventions et des
outils de mesure disponibles en français, ainsi qu’un point « bon
à savoir », un QCM ou un quiz pour vérifier l’acquisition des
connaissances principales.
Ce livre s’adresse aux étudiants et professionnels de la psycho-
logie, de la prévention, de la promotion de la santé mentale, de
l’éducation, de l’accompagnement, intéressés par l’approche
proposée par la psychologie positive.

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1
Qu’est-ce que

FICHE
la psychologie positive ?

La psychologie positive (PP) est une orientation récente des


recherches en psychologie qui suscite un engouement croissant
depuis deux décennies. Cette première fiche présente l’histoire,
la définition et les objectifs de la PP, qui vise à favoriser une
meilleure compréhension du fonctionnement humain adaptatif
optimal. Le rassemblement des travaux autour d’une même
appellation, psychologie positive, permet une meilleure visibilité
ainsi qu’un regroupement de domaines de recherche qui s’étaient
jusque-là développés séparément. Les champs d’interventions
en PP sont vastes et impliquent des formations spécifiques qui
se développent de plus en plus.

• psychologie positive • fonctionnement optimal •


interventions de psychologie positive • promotion
de la santé mentale •

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles


que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas
que les choses sont difficiles. »
Sénèque

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12 – La psychochologie positive

1. Définition et origines
de la psychologie positive

1.1. Définition de la psychologie positive

La psychologie positive est une orientation récente en psycho-


logie qui se définit comme une science consacrée à « l’étude des
conditions (1) et des processus (2) qui contribuent à l’épanouis-
sement (3) ou au fonctionnement optimal (4) des individus, des
groupes et des institutions » [1].
Dans cette définition :
–– (1) les conditions correspondent à l’environnement dans
lequel l’individu évolue (familial, social, conditions de vie)
et prennent en compte aussi les variables biologiques ainsi
que les traits de personnalité (dispositions individuelles
stables) ;
–– (2) les processus sont les moyens mis en œuvre, les
compétences développées pour faire face aux situations
rencontrées ;
–– (3) la notion d’épanouissement s’oppose à celle de routine
ou de sentiment d’enfermement. Il s’agit d’une dynamique
de développement des potentialités de la personne qui les
met à contribution pour s’engager dans des actions qui
donnent du sens à sa vie.
–– (4) le fonctionnement optimal correspond à ce que peut
réaliser un individu lorsque celui-ci est en pleine possession
de ses moyens. On le différencie du fonctionnement maximal
vers lequel nous pousse la société actuelle. Le fonctionne-
ment optimal ne correspond pas au fait d’être toujours en
forme, toujours content ou toujours performant. Il s’agit
d’être à même d’accéder à ses ressources et à son potentiel,
malgré les conditions parfois difficiles que l’on rencontre,
afin de pouvoir surmonter ces difficultés au mieux.

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Qu’est-ce que la psychologie positive ? – 13

La psychologie positive a donc pour but de :


–– comprendre le fonctionnement optimal des individus et
d’identifier les déterminants du bien-être et de l’épanouis-
sement ;
–– améliorer la promotion et le maintien de la santé mentale
[2] ;
–– valider des méthodes de promotion de la santé et d’accom-
pagnement centrées sur les ressources et les potentialités
humaines.

Cette approche se distingue du développement personnel que


l’on a connu jusqu’à présent, car elle s’appuie sur des recherches
en laboratoire et sur le terrain visant à identifier l’efficacité des
interventions comparativement à d’autres types de pratique ou
à un groupe de personnes simplement sur liste d’attente. Ainsi,
le domaine d’intérêt se recoupe avec celui du développement
personnel puisqu’il porte sur les facteurs favorisant le bien-être 1
et l’épanouissement, mais la méthode diffère.
Dans le champ du développement personnel, il s’agit essentiel-
lement d’intuitions individuelles qui sont ensuite enseignées,
diffusées, mais sans avoir vérifié scientifiquement l’efficacité
ou les effets contre-productifs pouvant survenir avec certaines
pratiques. La psychologie positive avance plus prudemment,
en évaluant chaque intervention, en répliquant les études dans
différents contextes, différentes cultures, afin d’identifier les
manières d’adapter les pratiques en fonction des individus et
des besoins, et d’en vérifier les effets. Elle étudie également les
mécanismes permettant d’expliquer l’efficacité des interventions.

1.2. Les origines de la psychologie positive

La psychologie positive trouve son origine dans plusieurs


courants philosophiques et psychologiques.

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14 – La psychochologie positive

1.2.1. La philosophie existentielle


Plusieurs auteurs tels que Soren Kierkegaard, Friedrich
Nietzsche, Fedor Dostoïevski et Franz Kafka ont beaucoup
évoqué l’existentialisme dans leurs œuvres datant du xixe siècle,
mais ce courant philosophique a davantage été développé au
xx e siècle en Allemagne dans les travaux de Karl Jaspers et
Martin Buber (1930), puis en France dans ceux de Gabriel
Marcel, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Simone de Beauvoir et
Maurice Merleau-Ponty dans les années 1940-1950. L’ensemble
de ces travaux porte sur des thèmes tels que l’ennui, l’aliénation,
l’absurde, la liberté, l’engagement ; concepts portant sur des
questionnements liés à l’existence humaine. L’être humain
contribue à donner du sens à sa vie par ses propres actions et
grâce à sa liberté de choix. Il est considéré comme un être unique
et libre, qui est responsable de ses actes et de son destin et donc
des valeurs qu’il décide d’adopter. L’homme ne trouverait de
sens à sa vie qu’en s’engageant dans des actions liées à ses
valeurs qui rendent cohérents ses actes.

1.2.2. La santé mentale positive et la salutogénèse


Dès le début du xx e siècle, William James a élaboré le
concept de « healthy mindedness » ou « fonctionnement mental
sain » [3]. Selon lui, certaines personnes seraient naturellement
attentives et réceptives aux éléments positifs ou satisfaisants du
quotidien. Cette attitude serait développée de manière consciente
et volontaire lorsque la personne prend conscience d’un biais de
négativité trop important. En effet, les recherches [4] par la suite
ont mis en évidence la tendance naturelle de tout être humain à
orienter son attention vers tout ce qui dysfonctionne, ce qui est
menaçant ou dérangeant. Ce phénomène est adaptatif, car il
permet de réagir très rapidement en cas de problème. Toutefois,
dans le quotidien, si l’on ne prend en compte que les dimensions
dysfonctionnelles, désagréables ou angoissantes, la vie devient
moins satisfaisante et source de stress permanent. La notion de

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Qu’est-ce que la psychologie positive ? – 15

fonctionnement mental sain consiste à considérer qu’il est plus


utile de rééquilibrer son attention afin de percevoir l’ensemble
de la réalité et pas uniquement ce qui nous semble menaçant. Ce
concept précède celui de « santé mentale positive » proposé
ensuite par Marie Jahoda [5]. Selon elle, la santé mentale posi-
tive résulterait de l’identification de critères favorisant la crois-
sance et le maintien de la santé mentale au travers de plusieurs
dimensions : des attitudes positives envers soi, l’aptitude à se
développer, l’autonomie, le sentiment de maîtrise de sa vie et
l’intégration, entendue comme « la capacité à maintenir un
équilibre entre différentes tendances intrapsychiques (pulsions,
normes sociales, etc.) » [5].

La santé mentale positive est le reflet de la capacité d’une


personne à s’adapter aux diverses situations de la vie : « Une
personne en bonne santé mentale est donc quelqu’un qui se sent
suffisamment en confiance pour s’adapter à une situation à
laquelle elle ne peut rien changer ou pour travailler à la modi- 1
fier si possible » [6]. La « salutogénèse » [7] est une des
premières théories de la santé mentale positive qui cherche à
mettre en évidence les facteurs qui génèrent une santé mentale
positive. Ce sont plus précisément les processus de résistance
des individus face aux sources de stress dans leur environnement
qui sont étudiés. L’intérêt n’est plus uniquement la recherche de
l’étiologie des maladies, mais davantage ce qui permet à l’indi-
vidu de se maintenir en bonne santé. Anthony Antonovsky a
notamment travaillé sur la notion de sentiment de cohérence : le
bien-être est associé au sentiment de cohérence de sa vie.
Lorsqu’une personne perçoit une cohérence entre ses valeurs et
ses actions, entre ce qu’elle souhaite réaliser et ce qu’elle fait
effectivement au quotidien, cela contribue à maintenir un degré
de bien-être durable.

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16 – La psychochologie positive

1.2.3. La psychologie humaniste

Plusieurs principes différencient la psychologie humaniste


des autres courants de pensée de la psychologie. On retrouve
notamment l’idée du potentiel humain : la personne a la capacité
de s’autodéterminer et de grandir. La psychologie humaniste :
–– reconnaît qu’il existe un processus vivant, c’est-à-dire un
élan qui pousse l’être à s’engager dans l’action, à chercher
à progresser et à s’accomplir ;
–– implique l’engagement de la personne en lien avec ses
valeurs, en d’autres termes, sa responsabilité ;
–– fait ressortir la liberté de choix, le potentiel de créativité,
qui permettent la croissance personnelle de chacun ;
–– prend en compte l’importance de la dimension corporelle
dans le bien-être des individus ;
–– s’appuie sur l’expérience plutôt que sur l’enseignement
de concepts.

Ce courant est principalement fondé sur une vision positive


de l’être humain. Il est apparu dans les années 1940 aux États-
Unis sous l’impulsion d’Abraham Maslow [8] qui est d’ailleurs
considéré comme le premier ayant utilisé le terme « psychologie
positive ». Il a notamment travaillé sur les motivations et besoins
humains fondamentaux. Parmi les pionniers de la psychologie
humaniste on nomme également Viktor Frankl (qui a développé
la logothérapie fondée sur l’accompagnement autour du sens de
la vie), Carl Rogers (approche centrée sur la personne, dévelop-
pement de la notion de fonctionnement optimal [9]) et Fritz
Perls (Gestalt-thérapie). On peut également citer les apports
des approches psychocorporelles dans ce champ avec Alfonso
Caycedo (sophrologie) et Roger Vittoz (méthode Vittoz fondée
sur des pratiques portant sur les cinq sens et l’attention portée à
ses expériences internes : émotions, sensations dans le but d’être
davantage présent à soi et aux autres [10]).

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Qu’est-ce que la psychologie positive ? – 17

1.2.4. La psychologie du développement et le concept


d’attachement

La psychologie du développement a pour objet la compréhension


du développement humain : elle étudie comment et pourquoi les
processus mentaux, les comportements, performances et habiletés
changent au cours de la vie humaine. Dans le développement de
l’enfant, les types d’attachement – lien affectif particulier entre
un individu et une figure d’attachement1 (en général une personne
qui prend soin) – sont déterminants pour la santé mentale positive
et la croissance de l’individu [12-13]. Les relations d’attachement
dans l’enfance sont internalisées pour former des schémas cognitifs
durables qui influencent les réactions de l’individu lorsqu’il se
trouve en situation de stress. Ces schémas guident de manière
inconsciente la personne dans ses relations interpersonnelles en
cas de détresse : ils influencent la manière dont elle va interpréter
ses interactions avec les autres : peut-elle faire confiance à l’autre 1
pour lui procurer du réconfort ? Le type d’attachement impacte
la vulnérabilité ou au contraire les compétences de résilience. En
cela il est associé au degré de bien-être des individus [14]. Parmi
les types d’attachement, celui qui est associé à la santé mentale
positive est appelé attachement sécurisant : l’enfant se sent en
sécurité lorsqu’il est en présence de l’adulte (figure d’attache-
ment), et cette sécurité lui sert de base à partir de laquelle il peut
explorer l’environnement [12]. L’attachement sécurisant est un
« équilibre entre les comportements d’attachement envers les
figures parentales et les comportements d’exploration du milieu »
[15]. Il existe plusieurs formes d’attachements non sécurisants :
évitant, ambivalent ou résistant, désorienté ou désorganisé [16-17].

1. Selon Guédeney & Guédeney [11] : « Une figure d’attachement est une
figure vers laquelle l’enfant dirigera son comportement d’attachement. Sera
susceptible de devenir une figure d’attachement, toute personne qui s’engage
dans une interaction sociale animée avec le bébé et durable, et qui répondra
facilement à ses signaux et à ses approches ».

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18 – La psychochologie positive

Les études montrent par exemple qu’un attachement sécurisant


permet d’augmenter la résistance au stress et promeut la résilience
[18]. À l’inverse, un attachement insécurisant est corrélé à une
moins bonne capacité d’adaptation aux situations nouvelles ou
difficiles [19] et représente un facteur de risque de troubles du
comportement, notamment lorsque celui-ci serait combiné à des
situations de vie stressantes (décès d’un proche, divorce des parents,
déménagement…) [20].

1.2.5. La psychologie sociale et les comportements


altruistes

La psychologie sociale est une branche de la psychologie


qui s’intéresse aux processus sociaux et cognitifs impliqués
dans les interactions entre les individus (relations interperson-
nelles, influence, soumission à l’autorité…), entre individus et
groupes ou entre groupes. L’étude des comportements altruistes
ou pro-sociaux a beaucoup inspiré la psychologie positive qui
repose sur une vision selon laquelle les individus possèdent les
caractéristiques nécessaires pour être altruistes, empathiques,
bienveillants dès le plus jeune âge2. Les comportements altruistes
font référence à des actes volontaires dirigés vers autrui dans le
but de lui apporter un bénéfice ou d’améliorer son bien-être (aider,
partager, consoler, réconforter, coopérer, protéger, etc.). Ils sont
des exemples de comportements qui peuvent être qualifiés de
pro-sociaux. Les études mettent en évidence que les individus
heureux sont plus enclins à mettre en œuvre des comportements
pro-sociaux [22] comme celui de venir en aide à une personne
[23], de s’impliquer bénévolement dans une association [24]
ou de donner de l’argent [25-26]. Certaines études mettent en
évidence une augmentation du niveau de bien-être ressenti au
moment où l’on apporte son soutien à autrui, cela a même été

2. Pour plus de détails, voir l’ouvrage de Laurent Bègue qui présente un état
des lieux des recherches dans ce champ [21].

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Qu’est-ce que la psychologie positive ? – 19

nommé « shoot de l’aidant » [27]. Ainsi, les comportements


pro-sociaux entraînent une augmentation du bien-être des deux
parties, pouvant ainsi générer un cercle vertueux.

1.2.6. La psychologie clinique, de la première


à la troisième vague des Thérapies Cognitives
et ­Comportementales (TCC)

La TCC a été développée dans les années 1950. Cette forme


de prise en charge de la souffrance psychique se fonde sur des
études scientifiques. Elle propose une modélisation du fonction-
nement humain basée sur les théories de l’apprentissage. Un
comportement jugé comme dysfonctionnel par la personne,
comme une phobie, serait ainsi le résultat d’un apprentissage lié
à des expériences antérieures. La première vague des TCC vise
à réaliser un nouvel apprentissage afin de remplacer le compor-
tement inadapté par un comportement plus adapté correspondant 1
à ce que souhaite le patient. Une stratégie thérapeutique est mise
en œuvre en collaboration avec le patient afin d’atteindre et de
favoriser ce nouvel apprentissage. La première vague des TCC
correspond ainsi à l’approche comportementale (1950-1980)
et s’inspire principalement des travaux de Skinner (concept
de conditionnement opérant3). La seconde vague correspond
à l’approche cognitive (1980-1990) avec les travaux de Beck
qui s’est notamment intéressé aux processus en jeu dans le
maintien de l’affectivité négative. La troisième vague des TCC
(de 1990 à nos jours) se centre sur le développement d’une
relation différente à ces affects. Elle regroupe un certain nombre
d’approches telles que la thérapie dialectique (DBT, [28]), la

3. Le conditionnement opérant s’intéresse à l’apprentissage dont résulte une


action et tient compte des conséquences de cette dernière rendant plus ou
moins probable la reproduction dudit comportement. La conduite humaine
serait donc conditionnée par les conséquences du comportement, avant même
que celui-ci n’intervienne.

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20 – La psychochologie positive

thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT, [29]) et la thérapie


fondée sur la pleine conscience [30-31] et la psychothérapie
positive (PP, [32]). Cette approche se distingue des précédentes
dans le sens où elle met l’accent sur le développement d’une
relation apaisée à ses expériences internes plutôt que la recherche
de réduction directe des symptômes ou des affects négatifs.
Dès la première vague des TCC, Skinner a posé des bases qui
fondent aujourd’hui la psychothérapie positive. Dans son roman
utopique intitulé Walden Two, paru en 1948, il présente les
fondements concrets nécessaires au développement du bien-être
individuel et collectif. Les vagues successives des TCC ne se sont
pas uniquement intéressées à la réduction des troubles, mais aussi
au renforcement des ressources présentes, des comportements
adaptatifs et ont encouragé la réalisation d’activités favorisant
le bien-être des patients [33].

Ainsi, sur la base des fondements issus de diverses disciplines et


sous-disciplines, la psychologie positive a souhaité réunir dans une
même orientation des recherches variées sur les facteurs concourant
à une vie épanouie. La psychologie positive représente en quelque
sorte une synthèse de courants de pensées et de pratiques, tout en
se fondant sur des données empiriques issues de recherches dans
plusieurs champs, alliant recherches en neurosciences cognitives,
biologie et psychologie pour une compréhension plus fine des
mécanismes en jeu. Diffusée initialement par le psychologue
Martin Seligman, alors président de l’American Psychological
Association, en collaboration avec Mihalyi Csikszentmihalyi,
pionnier des recherches sur la créativité et l’épanouissement,
elle vise à identifier et à mobiliser les ressources de l’individu et
des groupes – les forces, les compétences, le soutien social – et
à accompagner les institutions à agir sur les déterminants du
bien-être dans les organisations [34].
La psychologie positive n’est pas une nouvelle discipline, mais a
pour objet le rééquilibrage des travaux réalisés en psychologie pour

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Qu’est-ce que la psychologie positive ? – 21

aboutir à une meilleure connaissance du fonctionnement humain


optimal et des déterminants du bien-être. À titre d’exemple, dans
les articles publiés entre 1967 et 2000 on retrouve un ratio d’un
article publié sur des dimensions liées au bien-être telles que la
joie, le bonheur ou la satisfaction de vivre pour 21 articles publiés
sur des affects négatifs tels que l’anxiété ou la dépression. La
psychologie positive offre un véritable changement de paradigme
dans le sens où l’humain n’est plus réduit à ses dysfonctionne-
ments, mais est regardé comme un être en constante évolution
dans sa recherche de bien-être et d’épanouissement (tableau 1).
La psychologie positive considère que chaque être humain possède
le potentiel d’évolution et de ressources permettant de faire face
aux situations rencontrées au quotidien. Avec la seconde vague de
la psychologie positive, l’attention est davantage portée vers une
capacité à accueillir les dimensions agréables et moins agréables
de la réalité, les deux faisant partie de l’expérience humaine [35].
1
Tableau 1. Modèle médical versus modèle
de santé positive

Modèle de santé mentale


Modèle biomédical
positive
Maladie Santé
Focalisation sur les Focalisation sur les compétences,
troubles les forces
Guérir, soigner S’épanouir
Personnes malades Toute personne

INT_psycho_positive_Lantheaume_28.06.18.indd 21 19/07/2018 17:23


Rebecca Shankland et Sophie Lantheaume
Qu’est-ce que la psychologie positive ? C’est l’étude de
PSYCHO
ce qui nous rend heureux, optimistes, résilients. Tout
ce qui contribue à l’épanouissement des personnes,

PSYCHO
des groupes et des institutions. Tout ce qui donne un
sens à la vie.
Dispositions positives, bien-être, flexibilité psycho­
logique, acceptation, pleine conscience, compassion…
La psychologie
DE

sont autant de facettes étudiées par la psychologie

positive
FICHES

positive, autant de concepts au cœur de nos préoccu-


pations contemporaines.

DE
Comment a émergé cette nouvelle discipline ? Com-
ment le clinicien peut-il accompagner les nouvelles

FICHES
demandes des patients ? En 10 fiches synthétiques
et toujours accessibles, cet ouvrage permet de faire
le point. Chaque fiche est composée d’un résumé et
de mots-clés, d’une partie générale et d’illustrations
(exemples, quiz, QCM). Les différentes fiches illustrent
la variété et la richesse des travaux et des pratiques
du psychologue dans ce champ. Un livre-outil desti-
né aux étudiants en psychologie, aux psychologues et

La psychologie positive
aux professionnels de l’accompagnement souhaitant 10 fiches pour comprendre
s’appuyer sur ces recherches.

Rebecca Shankland, psychologue, maître de conférences à


l’Université Grenoble Alpes, responsable du Diplôme Uni-
Bien-être, optimisme, altruisme, compétences
versitaire de Psychologie Positive, Laboratoire Interuniver- psychosociales, pleine conscience...
sitaire de Psychologie.
Sophie Lantheaume, docteur en psychologie de la ­santé,
psychologue, psycho-oncologue et psychothérapeute spé-
cialisée en thérapies cognitives et comportementales,
prati­cienne en psychologie positive à
­ l’Hôpital Privé Drôme-­
Ardèche, Groupe Ramsay Générale de Santé, Clinique Rebecca Shankland et
­Pasteur, Service des soins de support. Sophie Lantheaume
Collection dirigée par Lydia Fernandez

ISBN : 978-2-84835-487-3
12 € TTC – France
9 782848 354873 www.inpress.fr

CV_Psychologie positive.indd Toutes les pages 19/07/2018 17:59

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