Guide PPRI debordement de cours d'eau 2024

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 161

MINISTÈRE

DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE
ET DE LA COHÉSION
DES TERRITOIRES

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE POUR L’ÉLABORATION


DES PLANS DE PRÉVENTION DES RISQUES D’INONDATION
PAR DÉBORDEMENT DE COURS D’EAU
(HORS COURS D’EAU TORRENTIELS)

Direction générale de la prévention des risques


Service des risques naturels et hydrauliques
Sous-direction de la connaissance des aléas et prévention
Bureau des risques d’inondation et littoraux
Conception graphique : Benoit Cudelou (SG/DAF/SAS/SETI/SETI2.2).
Impression : atelier de reprographie de l’Arche (SG/DAF/SAS/SETI/SETI2.3).

Tour Séquoia, 1 place Carpeaux 92800 Puteaux.


Tél. : 01 40 81 21 22
www.ecologie.gouv.fr

Édition 2024
Guide méthodologique
pour l’élaboration
des plans de prévention des risques
d’inondation par débordement
de cours d’eau
(hors cours d’eau torrentiels)

Ce document a été réalisé sous la maîtrise d’ouvrage


de la direction générale de la prévention des risques (DGPR)
du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT)

Pilotage
Jacques Bouffier et Bénédicte Tardivo - DGPR / SRNH / SdCAP / BRIL.

Coordination de la rédaction
Cerema / DTecREM.
Affaire suivie par : Céline Perherin – Département Risques et Eaux, Littoral.

Rapport établi par : Céline Perherin, Sabine Cavellec, Denis Crozier, Paul Guéro,
Dominique Simonot.

Avec la participation de : Alexis Bernard, Florent Bourhis, Kévin Corsiez,


Matthieu Deseure, Yohann Evain, Rémy Gasset, Bruno Kerloc’h, Jean-Michel Sigaud,
Anne-Laure Tiberi, Chloé Tran Duc Minh.

Ce guide a bénéficié de la participation de nombreux contributeurs et relecteurs


complémentaires que nous remercions :
Stephane Bonelli (INRAE), Guillaume Bechameil (DDT 47), Géraldine Bernhard (DDT 74),
Géraldine Berrehouc (DDTM 29), Lionel Berthet (DGPR),
Hortense Blanchet (DGPR), Aurélien Bouet (DGPR), Olivier Caumont (Météo-France),
Roland César (DDT 57), Pierre-François Deloulme (DDT 63),
Nathalie Desruelles (DREAL Normandie), Yannick Douce (DDT 42),
Stéphanie Galli (DDT 07), Clément Gastaud (DDTM 13), Angélique Godart (DDT 38),
Tatiana Gontier (DDT 43), Youven Goulamoussène (DGPR), Bruno Janet (DGPR),
François Laban (DDT 07), Yoann La-Corte (DGPR), Michel Lang (INRAE),
Elise Laperrousaz (DGPR), Laurent Laturelle (DDTM 62), Francis Lauzin (DDTM 56),
Mélanie Lebouvier (DDTM 76), Véronique Lehideux (DGPR), Antoine Lhermite (DGPR),
Eric Mallet (DDT 58), Delphine Mattez (DDTM 34), Patrick Martineau (DDTM 85),
Sybille Muller (DGPR), Nicolas Pouzoulet (DDTM 27), Aurélien Prud’homme (DDTM 62),
Philippe Smela (DDTM 27), Didier Vivet (DREAL Centre), Valérie Ziolkowski (DDTM 62).

Crédit photo (couverture) : Nemours inondée par les eaux du Loing (juin 2016) –
Arnaud Bouissou / Terra.

1 | 159
Préface
Le risque d’inondation est le premier risque naturel en France par le nombre de com-
munes concernées, l’étendue des zones exposées et l’importance des populations po-
tentiellement affectées. L’estimation établie par la direction générale de la prévention
des risques (DGPR) dans le cadre de la directive Inondation indique qu’en 2023 environ
un quart des personnes en France sont exposées à un risque d’inondation par déborde-
ment de cours d’eau. Les inondations peuvent menacer la sécurité des personnes. Sur
les cinquante dernières années, elles sont en moyenne à l’origine d’une dizaine de décès
par an (IGEDD, 2023), certains évènements majeurs pouvant faire des dizaines, voire des
centaines, de victimes. Le risque d’inondation est par ailleurs le risque naturel le plus
coûteux en France, avec en moyenne chaque année environ 600 millions d’euros de
dommages sur les biens assurés (CCR, 2023).

Différentes catastrophes (Nîmes (1988), Vaison-la-Romaine (1992), Gard (2002), Rhône


(2003), Var (2010), etc.) ont progressivement renforcé la prise de conscience des dangers
relatifs aux inondations et influencé la politique publique de prévention des risques.
Celle-ci passe en premier lieu par l’aménagement du territoire et, là où c’est possible,
des constructions adaptées. La maîtrise et l’adaptation de l’urbanisation en sont deux
leviers fondamentaux, en évitant, d’une part, le développement de nouvelles construc-
tions dans les zones exposées, et, d’autre part, en y réduisant la vulnérabilité des enjeux.

Les collectivités territoriales jouent un rôle de premier plan dans la prévention des inon-
dations, à travers l’aménagement du territoire traduit dans leurs documents d’urba-
nisme, la réalisation d’actions de prévention dans le cadre de programmes d’action de
prévention des inondations (PAPI) et leur exercice de la compétence relative à la gestion
des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI).

Une bonne coordination entre l’État et les collectivités est essentielle pour une préven-
tion efficace.

Les plans de prévention des risques naturels (PPRn) sont les outils de référence de l’État
pour s’assurer de la bonne prise en compte des risques naturels dans l’aménagement et
l’urbanisme. Élaborés en association étroite avec les acteurs locaux, ces plans sont de la
responsabilité de l’État : ils sont réalisés sous l’autorité des préfets qui les prescrivent, les
approuvent et en contrôlent la bonne application. Les PPRn s’inscrivent toutefois dans
un panel de dispositifs complémentaires dont l’utilisation et l’articulation est à adapter
au contexte. Le porter à connaissance de l’aléa par l’État par exemple, plus souple, est
un bon outil de prévention dans les cas où un PPRn ne se justifie pas.

2 | 159
Pour accompagner l’élaboration des PPRn, plusieurs guides techniques à destination des
services déconcentrés ont été élaborés avec le concours de représentants des admi-
nistrations et d’experts du réseau scientifique et technique de l’État. Les retours d’ex-
périences, l’amélioration de la connaissance et les évolutions réglementaires rendent
régulièrement nécessaire la mise à jour de ces guides.

Le décret n° 2019-715 du 5 juillet 2019, dit « décret PPRi », a précisé et conforté certains
principes. Il a apporté des évolutions dans l’élaboration des PPRi. Sa parution impose de
fait une révision du précédent guide méthodologique relatif à l’élaboration des plans de
prévention des risques d’inondation, datant de 1999 (MATE/METL, 1999).

Ce guide présente le cadre méthodologique national pour élaborer les PPRi ou les réviser
(notamment s’ils en sont éloignés). Il remplace la note d’accompagnement aux services
relative aux modalités d’application du décret PPRi parue en novembre 2019 (MTES,
2019), ainsi que les doctrines régionales pré-existantes. Il sert également de référence
pour la réalisation de cartes d’aléa d’inondation ou pour l’aménagement et l’urbanisme
hors du cadre d’un PPRi.

La DGPR met régulièrement à jour les référentiels de la prévention des risques. Des tra-
vaux sont en cours pour définir les modalités adaptées de prise en compte du change-
ment climatique dans les PPRi de débordement de cours d’eau. Ce sujet fera ainsi l’objet
de compléments à venir.

3 | 159
Sommaire
Préface 2
1. Introduction générale 9
1.1. Les inondations par débordement de cours d’eau 9
1.1.1. Les différents types de cours d’eau 9
1.1.2. Exemples d’évènements majeurs 10
1.2. La gestion des risques d’inondation : une démarche multiforme à
différentes échelles 12
1.2.1. Au niveau européen 12
1.2.2. Au niveau national 13
1.2.3. Au niveau du bassin hydrographique et de la région 13
1.2.4. Au niveau inter-communal et communal 14
1.2.4.1. La gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI) 14
1.2.4.2. Les territoires à risque important d’inondation (TRI) 14
1.2.4.3. Les programmes d’action de prévention des inondations (PAPI) 15
1.2.4.4. Les documents d’urbanisme 16
1.2.4.5. Les plans de prévention des risques d’inondation (PPRi) 16
1.2.5. Au niveau du projet 16
1.3. Les objectifs du guide 17
1.4. Le périmètre du guide 17
2. Les spécificités du processus d’élaboration des PPRi par
débordement de cours d’eau 19
2.1. Les plans de prévention des risques d’inondation (PPRi) 19
2.1.1. Le cadre général des PPRi 19
2.1.2. Les objectifs des PPRi 19
2.1.3. L’évolution et la répartition des PPRi 20
2.1.4. Le « décret PPRi » de 2019 22
2.2. La priorisation de l’élaboration et la révision des PPRn 22
2.3. La procédure d’élaboration 23
2.4. L’association des collectivités locales et des parties prenantes 24
2.5. La concertation du public 24
2.6. Les études techniques 25
2.6.1. Le principe général 25
2.6.2. L’articulation entre les travaux techniques et les étapes administratives 26
2.6.2.1. Les études « préalables » 26
2.6.2.2. Le projet de plan « consolidé » 26
2.6.2.3. La finalisation du projet de plan 26
2.6.2.4. Synthèse 27
2.7. La prescription du PPRi 28
2.8. L’évaluation environnementale (examen au cas par cas) 28
2.9. La consultation des collectivités et des services 29
2.10. L’enquête publique 29

4 | 159
2.11. L’approbation du PPRi 29
2.12. L’application anticipée 30
2.13. La modification et la révision du PPRn 30
3. La caractérisation et la qualification de l’aléa de
débordement de cours d’eau (hors cours d’eau torrentiel) 31
3.1. Les crues des cours d’eau (hors cours d’eau torrentiels) 31
3.1.1. Les cours d’eau 31
3.1.2. Les crues des cours d’eau 31
3.2. La cartographie de l’aléa de référence 33
3.2.1. Le principe général 33
3.2.2. L’analyse des phénomènes naturels et des éléments anthropiques (phase 1) 34
3.2.2.1. Le principe 34
3.2.2.2. La caractérisation du secteur d’étude 36
3.2.2.3. L’analyse historique 40
3.2.2.4. La synthèse du fonctionnement du bassin versant 41
3.2.3. La détermination des scénarios à étudier (phase 2) 42
3.2.3.1. La caractérisation du scénario de référence 42
3.2.3.2. La caractérisation des sous-scénarios 50
3.2.4. La modélisation et la cartographie de l’aléa de référence (phase 3) 57
3.2.4.1. Le choix de la méthode de cartographie de l’aléa 58
3.2.4.2. Les niveaux de l’aléa 68
3.2.4.3. Les bandes de précaution 74
3.2.4.4. La cartographie de l’aléa de référence 78
4. Les enjeux 83
4.1. Les objectifs de l’analyse des enjeux 83
4.2. L’analyse du fonctionnement du territoire et de ses vulnérabilités 83
4.2.1. Les objectifs de cette analyse 83
4.2.2. Les enjeux particuliers existants et la vulnérabilité du territoire 83
4.2.3. Les projets et les potentialités d’aménagement futur 84
4.2.4. Les autres éléments de contexte 84
4.3. Les niveaux d’urbanisation 84
4.3.1. La définition des différents niveaux d’urbanisation 85
4.3.1.1. Les zones urbanisées 85
4.3.1.2. Les centres urbains 85
4.3.1.3. Les zones non urbanisées 86
4.3.2. La délimitation des niveaux d’urbanisation 86
4.3.2.1. La délimitation des zones urbanisés 86
4.3.2.2. La délimitation des centres urbains 87
4.3.2.3. La délimitation des zones non urbanisées 87
4.4. La méthode de travail 90
4.5. Les cartes des enjeux 90

5 | 159
5. L’élaboration de la partie réglementaire 91
5.1. Le zonage réglementaire 91
5.1.1. Les principes généraux 91
5.1.2. Les exceptions à l’interdiction dans le cadre d’une demande de collectivité 93
5.1.2.1. L’objectif 93
5.1.2.2. Les configurations dans lesquelles un projet est éligible au régime d’exception 94
5.1.2.3. Les critères d’appréciation 95
5.1.2.4. La procédure administrative des demandes d’exceptions 97
5.1.3. Les principes de traduction réglementaire (tableau de synthèse) 98
5.1.4. La construction du zonage réglementaire 99
5.1.5. La représentation cartographique du zonage réglementaire 100
5.2. Le règlement 103
5.2.1. Les principes généraux 103
5.2.1.1. La structure du règlement 103
5.2.1.2. La forme 104
5.2.2. La réglementation des projets 104
5.2.2.1. Les constructions pouvant être interdites 104
5.2.2.2. Les projets pouvant être rendus possibles 106
5.2.2.3. Les projets particuliers 111
5.2.2.4. Les projets sur l’existant 113
5.2.2.5. Les prescriptions relatives aux projets rendus possibles 115
5.2.3. Les mesures de prévention, protection et de sauvegarde 117
5.2.4. Les mesures de réduction de la vulnérabilité des biens et activités existants 118
5.2.4.1. Les principes généraux 118
5.2.4.2. Les différents types de mesures 119
5.2.4.3. La hiérarchisation des mesures 121
6. Le dossier de PPRi 123
Introduction 123
6.1. Les pièces constitutives du dossier de PPRi 123
6.2. La note de présentation 123
6.2.1. La démarche globale de gestion des risques d’inondation 124
6.2.2. La justification de la mise en œuvre du PPRi sur le territoire 124
6.2.3. La présentation du territoire 124
6.2.4. L’aléa de référence 125
6.2.5. Les enjeux 125
6.2.6. L’évaluation environnementale 125
6.2.7. Le zonage et le règlement 126
6.2.8. La consultation et la concertation 126
6.2.9. Les annexes 126

6 | 159
7. Annexes 127
7.1. Les bassins hydrographiques français 128
7.2. Les niveaux d’aléa en fonction des hauteurs et vitesses d’écoulement 129
7.3. Bases de données utiles pour les enjeux 130
7.4. L’évaluation de la réduction de vulnérabilité 131
7.5. Les géostandards relatifs aux risques 139
7.6. Les notions fréquemment utilisées dans les règlements de PPRi 139
7.6.1. La hauteur par rapport au terrain naturel 139
7.6.2. Les niveaux de fondation 141
7.7. Glossaire 142
7.8. Liste des sigles et abréviations 151
7.9. Index des illustrations, figures et photographies 154
7.10. Index des tableaux 157
7.11. Bibliographie 158

7 | 159
I. INTRODUCTION GÉNÉRALE

1.1. Les inondations par débordement de cours d’eau


1.1.1. Les différents types de cours d’eau
Une inondation est une submersion temporaire, rapide ou lente, de zones habituellement hors d’eau. Elle
peut être causée par différents phénomènes : débordements de cours d’eau de plaine, crues de cours
d’eau torrentiels, ruissellement, submersions marines, remontées de nappes, etc.
Le réseau hydrographique est formé d’un continuum de cours d’eau, ayant chacun leurs spécificités.
Sur les parties en amont de certains bassins versants, les cours d’eau torrentiels sont caractérisés par une
forte pente (généralement supérieure à 1 %) et un charriage important de matériaux solides. Il s’agit prin-
cipalement des torrents et des rivières torrentielles. Le transport solide aggrave de façon significative les
dommages associés aux évènements, du fait notamment d’engravements, d’érosions et/ou d’impacts par
des flottants.
Sur les parties en aval, les cours d’eau sont principalement constitués des rivières de plaine et des fleuves.
Dans ces domaines, l‘aléa est considéré principalement via le prisme du phénomène d’inondation, ayant
pour effet l’envahissement et la submersion par les eaux. Des aggravations associées au transport solide
peuvent toutefois survenir localement, par exemple dans les zones d’accélération des écoulements, mais
ne constituent pas le mécanisme prépondérant rencontré lors des inondations de ce type.

Illustration 1 : les différents types de cours d’eau © Agence française pour la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d’après
OIEau), 2018.

9 | 159
Le risque d'inondation peut être défini1 comme « la combinaison de la probabilité de survenue d'une inon-
dation et de ses conséquences négatives potentielles pour la santé humaine, l'environnement, les biens, dont
le patrimoine culturel, et l'activité économique ».
Le présent guide traite de la prise en compte des risques d’inondation liés aux débordements de cours
d’eau, à l’exclusion de ceux liés aux débordements de cours d’eau torrentiels2. Il s’intègre dans un en-
semble cohérent de guides méthodologiques et de documentation technique spécifiques aux différents
types d’inondation : débordements des cours d’eau torrentiels (MTECT, 2023), submersion marine, notam-
ment pour les milieux estuariens (MTECT, 2014, mise à jour à venir), inondation par ruissellement (MEDD,
2004), etc.

1.1.2. Exemples d’évènements majeurs


Une partie significative du territoire français, en métropole comme en Outre-mer, est exposée à un risque
d’inondation par débordement de cours d’eau. Compte tenu de l’urbanisation historique des vallées et
des confluences, ces phénomènes peuvent avoir des conséquences très graves.
Plusieurs exemples de catastrophes survenues durant les dernières décennies, rappelés ci-dessous, il-
lustrent le danger potentiel des débordements de cours d’eau.
Juillet 1977 : les crues d’affluents de la Garonne, notamment de la Save et du Gers dans les départements
des Hautes-Pyrénées, du Gers et du Lot-et-Garonne, ont causé la mort de 16 personnes et des dégâts
estimés à 600 millions d’euros. 51 communes du Gers ont été reconnues comme sinistrées. Les flots ont
endommagé 2 200 maisons et causé la destruction de 18 ponts.
Septembre 1992 : les crues de l’Ouvèze, particulièrement importantes dans le département du Vaucluse,
ont causé la mort de 47 personnes, dont 34 à Vaison-la-Romaine. Les dégâts matériels ont été estimés à
près de 500 millions d’euros sur l’ensemble de l’évènement.

Illustration 2 : crue de l’Ouvèze à Vaison-la-Romaine en 1992 - Photo SDIS 84, source Cyprès.
La catastrophe a été la plus grave à l’aval du pont romain : des lotissements, des campings, des commerces et des ateliers installés
dans le lit majeur de l’Ouvèze n’ont pas résisté à cette crue morphogène.

1. L’article L. 566-1 du code de l’environnement précise par exemple la définition retenue dans le cadre de la directive Inondation.
2. Dans la suite du document, en l’absence de précision, la référence à la notion de « débordement de cours d’eau » est à com-
prendre systématiquement comme « débordement de cours d’eau à l’exclusion des cours d’eau torrentiels ».

10 | 159
Janvier 1995 : les crues sur les côtes normandes et dans le bassin de la Meuse, tout particulièrement dans
les Ardennes, ont causé la mort de 7 personnes. Les dommages liés à ces évènements sont évalués à plus
de 300 millions d’euros. Cet évènement a eu pour conséquences 79 cas de pollutions par hydrocarbures le
long des cours d'eau concernés, presque un millier de personnes privées d’électricité, 3 000 foyers privés
de téléphone dans les Ardennes et 58 000 habitants privés d’eau potable.
Novembre 1999 : les crues de l’Aude et de l’Agly dans les départements de l’Aude, l’Hérault, les
Pyrénées-Orientales et le Tarn, ont causé la mort de 35 personnes. Elles ont également provoqué des
dégâts de l’ordre de 500 millions d’euros. Lors de cet évènement, plusieurs ouvrages ont cédé, dont des
digues, un canal de navigation et un remblai SNCF. Une station d’épuration a été détruite, entrainant l’in-
salubrité des eaux sur de larges secteurs. 330 communes ont été classées en état de catastrophe naturelle.
Septembre 2002 : les crues du Rhône et de ses affluents (notamment le Gardon), provoquées par un épi-
sode cévenol concentré en Ardèche, dans le Gard et l’Hérault, ont causé le décès de 24 personnes. Les
dégâts ont été estimés à environ 350 millions d’euros. 419 communes ont été reconnues en état de catas-
trophe naturelle. L’évènement a entraîné une rupture de digue.

Illustration 3 : caserne des pompiers de Sommières le 9 septembre 2002 - Source : EPTB Vidourle.

Décembre 2003 : les crues du Rhône, notamment dans les départements de la Drôme, de l'Ardèche, du
Gard, du Vaucluse et des Bouches du Rhône ont causé le décès de 7 personnes et ont couté plus de 1,5
milliard d’euros. Plus de 2 000 foyers, ainsi qu’une grande quantité d’entreprises et d’équipements ont été
sinistrés.
Mai-juin 2016 : les crues des affluents de la Seine (notamment le Loing et l’Ouanne) et de la Loire dans les
régions Centre-Val de Loire et Île-de-France ont causé le décès de 5 personnes et ont causé des dégâts
estimés à plus d’1,4 milliard d’euros. 892 communes du bassin ont été reconnues en état de catastrophe
naturelle, et près de 20 000 personnes privées d’électricité.

11 | 159
Illustration 4 : crue de la Seine à Paris, juin 2016 – Source : EPISEINE.

1.2. La gestion des risques d’inondation : une démarche multi-


forme à différentes échelles
La résilience des territoires vis-à-vis des inondations s’appréhende à différentes échelles qu’il convient
d’articuler de manière cohérente selon plusieurs types d’approches complémentaires précisées ci-après.

1.2.1. Au niveau européen


La directive européenne 2007/60/CE3 relative à l’évaluation et à la gestion des risques d’inondation, dite
« directive Inondation » (DI) définit le cadre général dans lequel les États-membres de l’Union européenne
organisent leurs politiques de gestion du risque d’inondation dans le but d’en réduire les conséquences
négatives sur la santé humaine, l’environnement, les biens, dont le patrimoine culturel, et l’activité écono-
mique.
Elle a été transposée en droit français dans la loi portant engagement national pour l’environnement du
13 juillet 2010 et dans le décret n°2011-227 du 2 mars 2011, relatif à l’évaluation et à la gestion des risques
d’inondation.
La mise en œuvre de la DI repose sur des cycles de six ans (2011-2016 ; 2017-2022 ; 2023-2028 ; ...). En France,
la mise en œuvre de la DI comprend :
„ un volet d’évaluation des risques, conduisant notamment à :
h la réalisation des enveloppes approchées des inondations potentielles (EAIP) dans le cadre de
l’évaluation préliminaire des risques d’inondation (EPRI) ;
h l’identification des territoires à risque important d’inondation (TRI), sur lesquels des cartogra-
phies spécifiques sont réalisées ;
„ un volet de définition des politiques de gestion des risques :
h au niveau national : la stratégie nationale de gestion des risques d’inondation (SNGRI) ;
h au niveau des districts hydrographiques : les plans de gestion des risques d’inondation (PGRI) ;
h au niveau des TRI : les stratégies locales de gestion des risques d’inondation (SLGRI).
3. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32007L0060.

12 | 159
1.2.2. Au niveau national
La stratégie nationale de gestion des risques d’inondations (SNGRI, 2014)4, élaborée dans le cadre de la
mise en œuvre de la DI, définit les objectifs prioritaires qui guident les politiques et les outils de la préven-
tion des risques d’inondation, à savoir :
„ augmenter la sécurité des populations exposées ;
„ stabiliser à court terme, et réduire à moyen terme, le coût des dommages liés à l’inondation5 ;
„ raccourcir fortement le délai de retour à la normale des territoires sinistrés.
Les réponses à ces objectifs s’inscrivent dans la durée et reposent sur sept piliers complémentaires qui
permettent la mise en œuvre d’une politique globale à l’échelle locale par les services de l’État et les col-
lectivités.
Ces piliers sont rappelés dans l’illustration 5.

7. Assurer le retour 1. Connaitre les risques


d’expérience  détermination des aléas
 analyse des enjeux et de leur vulnérabilité
 évaluation des risques

6. Préparer et gérer la crise


2. Surveiller et alerter
 PCS (maire) et PICS (EPCI)
Les 7 piliers  réseaux d’observation (radars,
 ORSEC (préfet)
de la mesures de débits, etc.)
 exercices  vigilances et alertes
prévention
des risques
3. Informer et éduquer
 DDRM (préfet)
5. Réduire le risque  DICRIM (maire)
 réduction de l’aléa / protection  Information du citoyen (IAL, Géorisques)
 réduction de la vulnérabilité

4. Prendre en compte les risques dans l’aménagement


 PPR (préfet)
 PLU (maire) et PLUi (EPCI)

DDRM : dossier départemental des risques majeurs P(i)CS : plan (inter)communal de sauvegarde
DICRIM : dossier d’information communale sur les PLU(i) : plan local d’urbanisme (intercommunal)
risques majeurs PPR : plan de prévention des risques
IAL : information des acquéreurs et des locataires
ORSEC : organisation de la réponse de sécurité civile
Illustration 5 : les sept piliers de la prévention des risques (schéma d’après les éléments de la page 5 de la SNGRI).

1.2.3. Au niveau du bassin hydrographique et de la région


Les documents élaborés au niveau de grands bassins versants définissent les actions structurantes à mettre
en œuvre pour améliorer la prévention des risques d’inondation et la gestion de l’eau. Ils fixent des règles
qui encadrent les documents de niveau plus fin6.

4. Une liste des sigles et abréviations utilisées dans le guide est fournie en fin de document.
5. afin notamment d’assurer la pérennité à long terme du système de solidarité nationale qui prend en charge, depuis 1982,
de manière mutualisée et publique, l’indemnisation des catastrophes naturelles via la reconnaissance de l’état de catastrophe
naturelle (Cat-Nat).
6. Les PPRi doivent notamment être compatibles ou rendus compatibles avec les PGRI (article L. 562-1-VI du code de l'envi-
ronnement). L’article 4 du décret du 5 juillet 2019 relatif aux plans de prévention des risques concernant les aléas débordement
de cours d’eau et submersion marine, précise cependant que « quand une disposition du PGRI adopté antérieurement à l’entrée
en vigueur de [ce] décret est incompatible avec les dispositions des articles R. 562-11-1 à R. 562-11-9 du code de l'environne-
ment, elle n’est pas opposable aux PPRi concernant les aléas « débordement de cours d’eau et submersion marine ».

13 | 159
En particulier, les plans de gestion des risques d’inondation (PGRI) élaborés dans le cadre de la mise en
œuvre de la DI, déclinent la SNGRI sur chacun des 12 grands bassins hydrographiques7 du territoire mé-
tropolitain. Ils définissent les priorités stratégiques pour le territoire sur l’ensemble des volets de la ges-
tion des risques d’inondations, fixent les objectifs de la politique de gestion et identifient les dispositions
permettant d’atteindre ces objectifs. Le PGRI peut notamment contenir des dispositions spécifiques sur
l'élaboration des plans de prévention des risques d’inondation (PPRi).
Au niveau régional, les objectifs des schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et
d'égalité des territoires (SRADDET) doivent être compatibles avec ceux des PGRI.

1.2.4. Au niveau inter-communal et communal


1.2.4.1. La gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI)
La gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) est une compétence exclu-
sive et obligatoire confiée aux établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre
(métropoles, communautés urbaines, communautés d’agglomération, communautés de communes) de-
puis le 1er janvier 20188. Les missions relatives à cette compétence sont définies par l’article L. 211-7 du
code de l'environnement. Il s’agit de :
1° L’aménagement d’un bassin ou d’une fraction de bassin hydrographique9 ;

2° L’entretien et l’aménagement d’un cours d’eau, canal, lac ou plan d’eau, y compris les accès à ce cours
d’eau, à ce canal, à ce lac ou à ce plan d’eau10 ;

5° La défense contre les inondations et contre la mer11 ;

8° La protection et la restauration des sites, des écosystèmes aquatiques et des zones humides ainsi que
des formations boisées riveraines12.

L’autorité compétente en matière de GEMAPI peut ainsi articuler des leviers de prévention des inonda-
tions (notamment à travers la gestion d’ouvrages de protection ou certaines modalités dans les documents
d’urbanisme) avec des outils de gestion des milieux aquatiques (en facilitant par exemple l’écoulement des
eaux et en préservant les zones d’expansion des crues).
L’autorité compétente en matière de GEMAPI est appelée à contribuer à l’élaboration du PPRi, notamment
dans la mesure où elle peut fournir des éléments utiles relatifs aux ouvrages hydrauliques : inventaire et
caractéristiques des aménagements, périmètre des zones protégées, études de danger, etc. De manière
plus générale, l’autorité compétente en matière de GEMAPI apporte sa connaissance du territoire tout au
long de l’élaboration du PPRi dans le cadre de l’association (voir partie 2.4).

1.2.4.2. Les territoires à risque important d’inondation (TRI)


Les résultats de l’EPRI de la DI, ont permis d’identifier les secteurs où se concentrent des enjeux (popula-
tions, emplois, bâtis, etc.) en zone inondable. 124 territoires à risque important d’inondation (TRI) ont ainsi
été définis comme prioritaires13 pour le déploiement des outils de la prévention des risques d’inondation
(voir illustration 7). Chacun de ces territoires a vocation à être couvert par une (ou plusieurs) stratégies
locales de gestion des risques d’inondation (SLGRI), qui précise les objectifs et principes que se fixent les
parties prenantes en matière de gestion des inondations pour assurer le développement durable de leur
territoire.

7. La directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique
communautaire dans le domaine de l’eau définit un bassin hydrographique comme « toute zone dans laquelle toutes les eaux
de ruissellement convergent à travers un réseau de rivières, fleuves et éventuellement de lacs vers la mer, dans laquelle elles se
déversent par une seule embouchure, estuaire ou delta » (voir annexe 7.1.).
8. Lois de décentralisation n° 2014-58 du 27 janvier 2014 et n° 2015-991 du 7 août 2015.
9. Par exemple : restauration de l’espace de mobilité d’un cours d’eau, restauration de zones d’expansion des crues, instauration
de zones de rétention temporaire des eaux, etc.
10. Par exemple : entretien du lit, des berges, de la ripisylve, enlèvement d’embâcles, curages, etc.
11. Par exemple : entretien, gestion et surveillance des ouvrages de protection existants contre les crues et les submersions ma-
rines, études et travaux neufs sur l’implantation de nouveaux ouvrages, définition et régularisation administrative des systèmes
d’endiguement, etc.
12. Par exemple : opérations de restauration de la continuité écologique, du transport sédimentaire, gestion et entretien de
zone humide, etc.
13. nombre de TRI en 2023.

14 | 159
Les liens entre PPRi et TRI/SLGRI sont multiples :
„ les éléments de connaissance apportés par le PPRi peuvent alimenter la SLGRI, par exemple pour
mettre en évidence l'intérêt de réaliser un programme d’action de prévention des inondations (PAPI)
sur le territoire. Inversement, les études d'amélioration de la connaissance menées dans le cadre de la
SLGRI peuvent mettre en lumière l’importance d’élaborer un PPRi ;
„ une cohérence est à rechercher entre les cartes réalisées par l’État dans le cadre d'un PPRi et celles
élaborées pour un TRI, ce qui peut conduire à une mutualisation (par exemple, la carte de l'aléa de ré-
férence du PPRi peut être utilisée comme carte de l'évènement moyen du TRI, ou encore, l'évènement
fréquent dans le cadre du TRI peut orienter certaines règles du PPRi, etc.).

1.2.4.3. Les programmes d’action de prévention des inondations (PAPI)


Dans le cadre de l’appel à projets au fil de l’eau des PAPI, mis en place depuis 2002, l’État soutient finan-
cièrement les collectivités territoriales et leur apporte un conseil technique dans la mise en œuvre opéra-
tionnelle de leur politique de prévention des inondations14.
Le PAPI permet aux collectivités territoriales ou à leurs groupements de structurer leurs démarches de
prévention des inondations à travers la mise en œuvre d’une stratégie globale et partagée. À partir d’un
diagnostic approfondi du risque, le PAPI porte un programme d’actions traitant de façon équilibrée et
cohérente les différents axes de la politique de prévention des inondations15.
La mise en œuvre d’un PAPI passe par deux étapes majeures : le programme d’études préalables (PEP) au
PAPI, dont la durée cible est de 24 mois pour la réalisation du diagnostic approfondi et la définition de la
stratégie, puis le PAPI lui-même dont la mise en œuvre peut durer jusqu’à six ans.
Les PAPI dans le périmètre de TRI sont une déclinaison opérationnelle des SLGRI, et participent pleine-
ment à la mise en œuvre de la SNGRI et de la DI16. En 2023, la quasi-totalité des 124 TRI que compte la
France sont dotés à la fois d’une SLGRI et d’au moins un PAPI. En 2023, 243 PAPI17ont été labellisés.
Les liens entre les PAPI et PPRi sont multiples :
„ le co-financement par le fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM) (dit fonds
« Barnier ») n’est possible que pour les actions du PAPI qui bénéficient à une commune couverte par un
PPRn prescrit ou approuvé ;
„ certaines connaissances (crues historiques, enjeux du territoire, etc.) et outils (modèles hydrauliques,
etc.) peuvent utilement être partagés entre la direction départementale des territoires (et de la mer)
(DDT(M)) qui élabore le PPRi et la collectivité qui porte le PAPI, afin de maximiser la cohérence entre les
cartes réalisées18 ;
„ le programme de réalisation des PPRn sur le territoire du PAPI est rappelé dans le dossier de PAPI (axe
4 du PAPI) ;
„ la finalisation d’un PAPI peut être un élément de motivation pour la révision d’un PPRi, par exemple
pour prendre en compte certains travaux de réduction de l’aléa réalisés dans le cadre du PAPI19 ;
„ les actions de réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens (mesures de sauvegarde, etc.)
peuvent être complémentaires entre PAPI et PPRi. En particulier, le PAPI peut aider à la mise en œuvre
de la réalisation de certaines dispositions d'un PPRI.

14. L’accès à un cofinancement par l’État des actions du PAPI est soumis au respect d’un cahier des charges disponible en
ligne : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Cahier%20des%20charges%20PAPI%203%202021_0.pdf.
15. Les axes des PAPI sont, en dehors du volet relatif à l’animation : amélioration de la connaissance et de la conscience du
risque (axe 1), surveillance, prévision des crues et des inondations (axe 2), alerte et gestion de crise (axe 3), prise en compte du
risque inondation dans l’urbanisme (axe 4), réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens (axe 5), gestion des écou-
lements (axe 6) et gestion des ouvrages de protection hydrauliques (axe 7). NB : la liste des types de travaux de réduction de la
vulnérabilité aux inondations éligibles au FPRNM, dans le cadre d'un PAPI est définie dans l’arrêté du 23 septembre 2021.
16. Une SLGRI pouvant couvrir un ou plusieurs PAPI.
17. Couvrant différentes sources d’inondation : submersion marine, inondation de cours d’eau, inondation de cours d’eau tor-
rentiels, inondation par ruissellement, inondation par remontée de nappe.
18. Certains travaux réalisés dans le cadre de PAPI peuvent avoir une incidence sur la carte d’aléa des PPRi. C’est le cas par
exemple de la mise en place de champs d’inondation contrôlés, ou d’élargissements du lit mineur. La réalisation future de tels
travaux du PAPI ne doit toutefois pas être anticipée dans les cartes d’aléa du PPRi, qui se basent sur la situation existante au
moment de l’élaboration du plan.
19. Les travaux réalisés dans le cadre de PAPI ne sont pas tous de nature à faire évoluer les cartes d’aléa des PPRi. En particu-
lier, le renforcement d’une digue ne permet pas d’écarter la prise en compte de sa défaillance dans la carte d’aléa, conformé-
ment au code de l’environnement et aux principes développés dans le présent guide.

15 | 159
1.2.4.4. Les documents d’urbanisme
Conformément à l’article L. 101-2 du code de l’urbanisme, les documents d’urbanisme (schémas de co-
hérence territoriale (SCOT), plans locaux d’urbanisme (intercommunaux) (PLU(i)) et cartes communales)
intègrent un volet de prévention des risques. Celui-ci s’appuie sur les éléments portés à connaissance20 par
les services de l’État (article L. 132-2 du code de l’urbanisme), les informations du dossier départemental
des risques majeurs (DDRM) et du document d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM)
(article R. 125-11 du code de l’environnement), ainsi que sur des connaissances propres des collectivités
territoriales.
Le PLU(i) est le document de référence pour la planification au niveau (inter-)communal21. Il est établi et
approuvé par la commune ou par l’EPCI compétent en la matière. Il poursuit plusieurs objectifs en matière
d’aménagement du territoire, dont la prévention des risques d’inondation. Sur ce sujet :
„ c’est un document qui intègre les connaissances des inondations à considérer en urbanisme. Il re-
groupe de nombreuses informations relatives aux aléas et à leur prise en compte réglementaire. Son
élaboration peut d’ailleurs nécessiter la mise à jour de la connaissance des risques via l’élaboration de
nouvelles cartes d’aléa, soit par les services de l’État22, soit directement par les collectivités (auquel cas,
un lien étroit avec les services de l’État est très fortement recommandé) ;
„ le PLU(i) a obligation d’être compatible avec les SCoT, qui doivent eux-mêmes être compatibles avec
le PGRI et les cartographies des TRI ;
„ le PLU(i) règlemente les travaux et constructions, et peut imposer des prescriptions visant à la réduc-
tion de la vulnérabilité du territoire aux inondations ;
„ les servitudes d’utilité publiques (SUP), dont les PPRi approuvés, sont rassemblées dans une annexe
du PLU(i) vers laquelle renvoie le règlement du PLU(i).
Ainsi, PLU(i) et PPRi sont étroitement liés. En fonction des calendriers d’élaboration respectifs, ils peuvent
fournir mutuellement des connaissances en matière d’aléas, d’enjeux et de règlement.
En cas de contradiction entre le PPRi et le PLU(i), les dispositions les plus restrictives s’appliquent, que ce
soit celles du PLU(i) ou celles du PPRi. En particulier, si le PLU(i) autorise une certaine utilisation des sols
dans une zone soumise à des risques d’inondation, mais que cette utilisation est interdite par le PPRi, les
dispositions du PPRi prévalent.

1.2.4.5. Les plans de prévention des risques d’inondation (PPRi)


Le PPRi est un outil majeur de l’État pour la prise en compte des risques d’inondation dans l’aménagement
des territoires. Il est mobilisable de manière complémentaire avec les outils décrits dans cette partie. Ses
spécificités sont développées en partie 2.1.

1.2.5. Au niveau du projet


Le respect des dispositions des documents précités est contrôlé au niveau des projets lors de l’instruction
des demandes d’urbanisme, généralement par les collectivités. Les services de l’État peuvent vérifier que
l'autorisation délivrée respecte les textes applicables dans le cadre du contrôle de légalité du préfet.
D'autres textes de portée générale peuvent être opposés aux projets pour exiger la prise en compte des
risques prévisibles :
„ l’article R. 111-2 du code de l’urbanisme permet au maire de refuser ou de n’accepter que sous ré-
serve de l'observation de prescriptions spéciales un projet23 si celui-ci est de nature à porter atteinte
à la sécurité publique du fait de sa situation, de ses caractéristiques, de son importance ou de son im-
plantation à proximité d'autres installations. Cette utilisation est notamment opportune en l’absence
de PPR approuvé24 ;
„ l’article R. 425-21 du code de l’urbanisme permet au préfet de s’opposer, ou d’imposer des prescrip-
tions pour assurer le libre écoulement des eaux ou la conservation des champs d’inondation, à un pro-
jet de construction situé dans une zone couverte par un plan de surfaces submersibles (PSS, valant PPR).

20. Le porter à connaissance (PAC) est un dispositif formalisé de partage d’informations de l’État aux collectivités (articles L.
132-2, L. 132-3 et R. 132-1 du code de l’urbanisme).
21. Il remplace la carte communale et le POS (plan d’occupation des sols) depuis la loi « Solidarité et renouvellement urbain) du
13 décembre 2000.
22. Ces cartes d’aléa sont alors portées à connaissance des collectivités.
23. Il est ici fait référence à tout projet soumis à permis de construire, à permis d’aménager ou à déclaration préalable.
24. Cet article peut également être utilisé en complément d’un PPR approuvé si le besoin le justifie.

16 | 159
1.3. Les objectifs du guide
Le présent guide méthodologique a pour ambition de fournir aux services déconcentrés de l’État, maîtres
d’ouvrage des PPRn, et aux bureaux d’études qui les accompagnent, les éléments utiles permettant d’éla-
borer un PPRi par débordement de cours d’eau. Il traite notamment :
„ des spécificités relatives à ces PPRi ;
„ des méthodes permettant d’établir la carte de l’aléa de débordement des cours d’eau ;
„ des points de vigilance relatifs à l’analyse des enjeux en contexte d’inondation ;
„ des clés méthodologiques pour l’élaboration du règlement ;
„ du contenu détaillé du dossier de PPRn.

1.4. Le périmètre du guide


Sujets couverts par le présent guide Sujets non couverts par le présent guide
Généralités
Le contexte général relatif à la gestion des cours
d’eau (directive cadre sur l’eau, schémas directeurs
Le cadrage général relatif à la gestion des risques d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE),
d’inondation. etc.).
Les responsabilités des différents acteurs.
Aléas
Les autres types d’inondation : débordement de
cours d’eau torrentiels, remontées de nappe, sub-
mersion marine, ruissellement.
Les écoulements de versant caractérisés par l’ab-
Les inondations par débordement de cours d’eau
sence de chenal qui concentre les écoulements :
(rivières, fleuves, etc.).
coulées de boue, ravinements, ruissellement sur
versant.
Les déstabilisations de versants qui ont pour ori-
gine le sapement en pied par le cours d’eau.
Éléments du dossier de PPRn
Le cadrage relatif à l’élaboration des PPRi (afin sur-
tout de contextualiser les développements relatifs
aux spécificités des débordements de cours d’eau). Les éléments généraux relatifs aux PPRn qui sont
La qualification de l’aléa. traités dans d’autres guides (notamment le guide
général des PPRn) : le détail du cadre réglementaire
L’analyse des enjeux au regard des risques d’inon- et la procédure d’élaboration générale d’un PPRn,
dation. les règles de rédaction d’un règlement, le détail des
Les principes de traduction réglementaires, dont réflexions relatives aux enjeux, etc.
les dispositions introduites par le « décret PPRi » de
2019.
Tableau 1 : périmètre du guide méthodologique pour l’élaboration des plans de prévention des risques d’inondation par débor-
dement de cours d’eau.

17 | 159
II. LES SPÉCIFICITÉS DU PROCESSUS
D’ÉLABORATION DES PPRI PAR DÉBORDEMENT
DE COURS D’EAU

2.1. Les plans de prévention des risques d’inondation (PPRi)


2.1.1. Le cadre général des PPRi
Les PPRi par débordement de cours d’eau sont des cas particuliers de plans de prévention des risques
naturels (PPRn). Ils constituent un outil de référence de l’action de l’État pour répondre aux objectifs de la
SNGRI.
Les PPRn ont été créés par la loi du 2 février 199525 en réponse notamment à des évènements d’inondation
majeurs ayant montré les conséquences d’un développement de l’urbanisation dans des zones à risques26
et mis en lumière la faible couverture des plans d’exposition aux risques (PER). Depuis cette date, l’élabo-
ration des PPRn remplace celle des plans de surfaces submersibles (PSS), instaurés par le décret-loi du 30
octobre 1935, des PER, instaurés par la loi de 1982, et des périmètres de risque délimités par l’ancien article
R. 111-3 du code de l’urbanisme (dits « arrêtés R. 111-3 »). Les PER, PSS et arrêtés R. 111-3 non abrogés valent
encore SUP.
Les PPRn sont régis par les dispositions législatives et réglementaires codifiées par les articles L. 562-1 à L.
562-9 et R. 562-1 à R. 562-11-9 du code de l’environnement.
L’élaboration du PPRn relève de la compétence du préfet de département, qui désigne le service décon-
centré de l’État qui en est chargé (article R. 562-2 du code de l’environnement), généralement la DDT(M).
Les PPRn sont élaborés en association avec les collectivités et d’autres personnes publiques, et en concer-
tation avec le public. À leur approbation par le préfet, ils constituent une SUP annexée au document
d’urbanisme. Leurs dispositions doivent être respectées, que ce soit dans le cadre de demandes d’auto-
risation du droit des sols (permis de construire, permis d’aménager, déclarations préalables, certificats
d’urbanisme) ou pour des utilisations qui ne relèvent pas d’autorisation d’urbanisme (règles d’utilisation ou
d’exploitation, constructions non soumises à autorisation, mesures sur existant, etc.).

2.1.2. Les objectifs des PPRi


Comme le précise l’article L. 562-1 du code de l’environnement, les PPRn :
„ délimitent les zones exposées aux risques, en tenant compte de la nature et de l’intensité du risque
encouru, et y interdisent des projets27, ou, dans le cas où ils pourraient y être autorisés, prescrit les
conditions dans lesquelles ils doivent être réalisés, utilisés ou exploités, afin de ne pas aggraver le
risque pour les vies humaines ;
„ délimitent les zones qui ne sont pas directement exposées aux risques, mais où des projets pour-
raient aggraver des risques ou en provoquer de nouveaux et y prévoient des mesures d’interdiction ou
des prescriptions ;
„ définissent les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde, mesures d’ensemble qui
doivent être prises par les particuliers, les gestionnaires de réseaux ou les collectivités ;
„ définissent des mesures relatives à l’existant afin de réduire la vulnérabilité présente, et peuvent
rendre si besoin leur réalisation obligatoire par les propriétaires, les exploitants ou les utilisateurs.
En imposant des dispositions constructives, d’urbanisme et/ou d’usage, le PPRi est un outil au croisement
de différents piliers de la prévention des risques d’inondation dans la mesure où il contribue :
„ à la maîtrise de l’extension de l’urbanisation en secteurs exposés, en préservant notamment les
champs d’expansion des crues28 ;

25. Loi n°95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l’environnement, dite « loi Barnier »
26. Notamment la crue de 1992 dans le Vaucluse, l’Ardèche et la Drôme (voir partie 1.1.2).
27. La notion de projet retenue dans ce guide correspond par défaut à tout type de construction, d’ouvrage, d’aménagement ou
d’exploitation agricole, forestière, artisanale, commerciale ou industrielle (voir partie 5).
28. En limitant l’urbanisation dans certains secteurs inondables, le PPRi contribue également à la préservation de l’équilibre et
la qualité des milieux.

19 | 159
„ au développement de projets résilients dans les secteurs où les conditions le permettent ;
„ à la réduction de la vulnérabilité de l’existant, la prescription ou l’approbation d’un PPRi permettant
l’accès au FPRNM pour :
h l’attribution de subventions aux collectivités afin de financer des études, travaux ou équipements
de prévention et protection,
h l’attribution de subventions aux particuliers et aux entreprises de moins de 20 salariés pour les
études et travaux portant sur les biens existants et rendus obligatoires par le PPR ;
„ à l’information des populations, le PPRi étant intégré dans l’information obligatoire des acqué-
reurs-locataires (IAL) dès sa prescription et faisant l’objet de communications spécifiques ;
„ de manière indirecte à la gestion de crise, l’élaboration d’un plan (inter)communal de sauvegarde
(P(I)CS) étant obligatoire pour les communes dotées d’un PPRn ;
„ à la cohérence entre la stratégie de protection des populations et l’aménagement du territoire,
en mettant notamment en évidence que les endiguements protègent, dans une certaine mesure, des
zones urbanisées existantes mais ne permettent pas d’ouvrir à l’urbanisation des secteurs exposés à
une inondation.

2.1.3. L’évolution et la répartition des PPRi


Dans les années 1980 et 1990, le nombre de communes couvertes par un document « valant PPRi » était
relativement faible et constant. À compter de la fin des années 1990, ce nombre a fortement augmenté.
En décembre 2023, plus de 11 500 communes étaient dotées d’un PPR traitant du risque d’inondation par
débordement (lent ou rapide) de cours d’eau.
14 000

12 000

10 000

8 000

6 000

4 000

2 000

0
1963
1948

1951
1956
1958
1959
1960
1961
1964
1965
1967
1968
1971
1972
1973
1975
1977

1980
1981
1982
1984
1985

1991
1992

1994
1996

2000
2001
2002

2004
2005
2006
2007
2008
2010
2011
2012
2013
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
1986
1988
1989
1990

1998
1949
1950

1978
1979
1976

1983

1987

1993

1995

2009

2014
1999

2003
1957

1997
1974

Illustration 6 : évolution du nombre de communes couvertes par un PPR traitant du risque d’inondation par débordement de
cours d’eau, ou un dispositif assimilable (PSS, PER, arrêté R. 111-3), depuis 1980 (Source : MTECT, données GASPAR, décembre
2023).

20 | 159
Illustration 7 : répartition géographique des communes couvertes par un PPR traitant un risque d’inondation par débordement
de cours d’eau. (Source : MTECT, données GASPAR, septembre 2023).
NB : certains TRI sont concernés principalement par des risques de submersion marine. Ils n’ont pas vocation à être couverts par
des PPRi de débordement de cours d’eau, mais par des PPRL, non représentés sur cette carte.

21 | 159
2.1.4. Le « décret PPRi » de 2019
Le cadre réglementaire applicable aux PPRi a connu en 2019 une évolution majeure avec la publication
du décret n° 2019-715 du 5 juillet 2019 relatif aux plans de prévention des risques concernant les « aléas
débordement de cours d’eau et submersion marine », dit « décret PPRi »29. Ce décret a complété les dispo-
sitions existantes relatives aux PPRn par une section spécifique aux aléas de débordement de cours d’eau
et de submersion marine (articles R. 562-11-1 à R. 562-11-9 du code de l'environnement)30. Les principales
évolutions inscrites dans le décret portent sur :
„ le confortement réglementaire de certains principes d’élaboration des PPRi, préalablement décli-
nés par le biais de circulaires et de guides, et notamment :
h la définition et la caractérisation de l’aléa de référence ;
h le principe de prise en compte des défaillances des systèmes d’endiguement ;
h les principes d’élaboration du zonage réglementaire, en interdisant les constructions nouvelles
dans les zones soumises aux aléas les plus forts (introduit dans la circulaire du 24 janvier 199431), en
contrôlant strictement l’extension de l’urbanisation dans les zones non urbanisées (introduit dans la
circulaire du 24 janvier 1994) et en adaptant la gestion de l’existant dans les centres urbains (circu-
laire du 24 avril 199632) ;
h la définition des bandes de précaution derrière les systèmes d’endiguement, notion déjà pré-
sente dans le guide PPRi de 1999.
„ La précision de certaines règles :
h la prise en compte de la vitesse de montée des eaux pour la définition de la dynamique néces-
saire à la qualification des niveaux d’aléa, en complément des variables précédemment prises en
compte (hauteurs d’eau et vitesses d’écoulement) ;
h le règlement est construit au regard de trois types d’espaces : les centres urbains, les zones urba-
nisées en dehors des centres urbains, les zones non urbanisées ;
h la possibilité, dans les zones urbanisées, de réaliser des constructions nouvelles dans le cadre
d’une opération de renouvellement urbain avec réduction de la vulnérabilité, y compris pour des
niveaux d’aléa élevés ;
h l’introduction d’une possibilité d’exception au principe d’interdiction pour des projets essentiels
pour le bassin de vie et réduisant la vulnérabilité à l’échelle du territoire, dans le cadre de demandes
portées par les collectivités (article R. 562-11-7 du code de l'environnement).

2.2. La priorisation de l’élaboration et la révision des PPRn


La stratégie régionale de priorisation de l’élaboration et de la révision des PPRn est établie, en lien avec
le niveau départemental, sur la base d’orientations nationales régulièrement communiquées aux services
déconcentrés33. Elle est présentée et validée en comité de l’administration régionale (CAR). Cette stratégie
fait l’objet d’échanges au niveau départemental entre le préfet et les collectivités34.
La priorisation de l’élaboration et de la révision des PPRn repose, comme pour les autres risques naturels,
sur l’évaluation du risque (par exemple, du fait d’une nouvelle connaissance des aléas, ou d’une évolution
de la pression foncière) et sur l’analyse des documents d’urbanisme et de la politique d’aménagement
(insuffisance de la prise en compte des risques naturels dans les documents d’urbanisme, élaboration ou
révision d’un PLU(i), expression d’une volonté par la collectivité, etc.).

29. La parution de ce décret justifie à elle seule la mise à jour du précédent guide.
30. Le « décret PPRi » s’applique aux PPRi dont l’élaboration ou la révision a été prescrite après le 7 juillet 2019. Il est néan-
moins recommandé d’appliquer autant que possible les principes qui y sont énoncés dans le cadre de :
• PPRi prescrits avant la publication du décret et toujours en cours d’élaboration ;
• modification de PPRi ;
• « porter à connaissance » à destination des collectivités, notamment en vue de la prise en compte des risques naturels
dans les documents d’urbanisme ;
• l’utilisation de l’article R. 111-2 du code de l’urbanisme pour refuser ou assortir de prescriptions un projet soumis à per-
mis de construire, à permis d’aménager ou à déclaration préalable.
31. Circulaire du 24 janvier 1994 relative à la prévention des inondations et à la gestion des zones inondables.
32. Circulaire du 24 avril 1996 relative aux dispositions applicables au bâti et ouvrages existants en zones inondables.
33. Ces orientations sont généralement transmises sous forme d’instruction du ministre chargé de l’écologie aux préfets.
34. Les commissions départementales des risques naturels majeurs, dont les missions sont définies par les articles R. 565-5 à
R. 565-7 du code de l'environnement, peuvent constituer un cadre adapté.

22 | 159
Pour les risques d’inondation, l’analyse porte également sur :
„ l’adéquation entre les réglementations locales existantes et le cadre apporté par le décret PPRi de
2019 et par les documents « supérieurs » (par exemple, la compatibilité avec un PGRI approuvé) ;
„ l’éventuelle absence de réglementation locale (PPRi, PSS, PER, etc.) malgré le caractère exposé des
enjeux situés sur le territoire (communes au sein du périmètre d’un TRI, présence de systèmes d’endi-
guement, etc.) ;
„ les inondations passées.
Tous les territoires exposés à des débordements de cours d’eau n’ont pas vocation à être couverts par un
PPRi. En fonction du territoire, des stratégies alternatives (réalisation de cartes d’aléa portées à connais-
sance des collectivités par exemple) peuvent être plus adaptées.

2.3. La procédure d’élaboration


Le présent guide n’a pas pour objectif de présenter les éléments généraux de la procédure d’élaboration,
définis dans le code de l’environnement et développés dans le guide général sur les PPRn (MEEM/MLHD,
2016). Il rappelle toutefois certains points à titre informatif afin de contextualiser les développements
présentant des spécificités ou un intérêt particulier au titre des risques d’inondation. Pour toute question
relative à la procédure PPRn dans le cadre général, il convient de se référer au code de l’environnement
et au document précité, qui font référence.
La procédure générale d’élaboration des PPRi est rappelée dans l’illustration 8.

Études préalables au PPRi

Prescription du PPRi (R. 562-2 du CE)


par arrêté préfectoral
notifié aux maires et présidents des EPCI
avec publicité et affichage spécifique Évaluation environnementale
(mairie, journal local, etc.)
. demande d’examen au cas
par cas auprès de l’autorité
Association des collectivités et concertation du public

environnementale (MRAe)
Élaboration du dossier du projet de PPRi
(R. 122-17 et 18 du CE)
(R. 562-3 à 5 et 11 du CE) 2
. étude et caractérisation des aléas mois
. analyse et élaboration des enjeux
.stratégie du PPRi Puis, en cas de soumission :
.demandes d’exceptions
. élaboration du rapport
. zonage réglementaire et réglement
. note de présentation
d’évaluation
environnementale (R. 122-20
du CE) Illustration 8 : démarche
Consultation et demande d’avis sur le projet . consultation de l’autorité en- générale d'élaboration d'un
de PPRI (R. 562-7 du CE) aux conseils vironnementale compétente PPRi (hors procédure d’appli-
2 municipaux, organismes délibérants des EPCI (R. 122-21 du CE) cation anticipée).
mois
compétents et à d’autres organismes (par 3
ex. : CNPF et chambre d’agriculture si des ter- mois
rains agricoles ou forestiers sont concernés)

Enquête publique sur le projet de PPRi (R. 123 du CE)

2 à3 Arrêté préfectoral (R. 123-9 du CE) et publicité (R. 123-11 du CE)


mois Consultation du public, consignation des avis dans le registre d’enquête,
auditions (R. 562-8 du CE)
Rapport et conclusions motivées du commissaire enquêteur (R. 123-19 du CE)

Modifications éventuelles du projet de PPRi


(sans remise en cause de l’économie générale du plan)

Approbation du PPRi (R. 562-9 du CE) par arrêté préfectoral


Notification, publicité et affichage
Annexion du PPRi au PLU(i) (L. 562-4 du CE)
-> Opposabilité du document et mise en œuvre des mesures du PPRi

23 | 159
2.4. L’association des collectivités locales et des parties prenantes
Les responsabilités et missions sont partagées en matière de prévention des risques d’inondation. Le PPRi
est lié à des domaines d’action portés par les collectivités : aménagement, urbanisme, sécurité publique,
compétence GEMAPI, etc. La mise en commun des réflexions relatives à ces différents sujets permet d’éla-
borer le PPRi en cohérence avec les réalités du territoire35 et avec les démarches connexes.
Ainsi, dès que l’intérêt potentiel d’un PPRi est identifié, et tout au long du processus d’élaboration, une
coordination étroite entre les services de l’État et les parties prenantes du territoire est à mettre en place.
Ces échanges, pilotés par les services de l’État souvent sous forme de réunions de travail avec les services
techniques et de présentations aux élus, correspondent à l’association relative au PPRi. Ils reflètent le ca-
ractère concerté de la politique de prévention des inondations.
Ces interactions permettent de recueillir des connaissances techniques (crues historiques, vulnérabilité
des enjeux par rapport aux inondations, mesures de gestion adaptées, etc.) et contribuent à l’émergence
d’une vision partagée. Elles constituent un levier important pour instaurer un climat constructif entre des
acteurs qui assument des rôles différenciés et complémentaires.
L’association est également l’occasion pour les services de l’État de partager certains messages fonda-
mentaux, comme le rappel des objectifs et des principes de la SNGRI qui guident l’élaboration du plan, le
cadre général de la politique de prévention des inondations, la définition de l’aléa de référence, les règles
de gestion des zones inondables, le principe de faillibilité des ouvrages, etc.
Les organismes associés sont, au minimum (article L. 562-3 du code de l’environnement) :
„ les collectivités territoriales (notamment les communes) concernées par le PPRi ;
„ le ou les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) concernés, notamment ceux
compétents pour l’élaboration des documents d’urbanisme (SCOT et PLU(i)) et dont le périmètre d’in-
tervention recoupe celui du PPRi.
Au-delà des autres organismes identifiés dans le guide PPRn général, des organismes ou personnes peuvent
utilement être associées au regard de leurs liens possibles avec les risques d’inondation :
„ l’autorité compétente en matière de GEMAPI (l’EPCI peut déléguer ou transférer cette compétence) ;
„ les EPAGE et/ou EPTB, définis par l’article R. 213-12 du code de l’environnement ;
„ les chambres consulaires, et notamment la chambre d’agriculture et le Centre national de la pro-
priété forestière, lorsque le projet de PPRi impacte les usages ou l’exploitation des terrains agricoles ou
forestiers ;
„ le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) ;
„ la commission locale de l’eau (CLE) ;
„ les gestionnaires d’ouvrages hydrauliques ;
„ etc.

2.5. La concertation du public


En fonction du contexte, le terme « concertation » peut faire référence à différentes formes d’échanges, du
partage d’information, à la consultation (comme dans la circulaire du 3 juillet 2007), jusqu’à la co-construc-
tion (comme dans le guide de la concertation, MEDD, 2003). Il est donc important de bien définir le terme
pour lever toute ambiguïté.
Dans le cadre des PPRi, la concertation regroupe l’ensemble des démarches permettant un échange et
une discussion publique avec les habitants du territoire. Elle peut revêtir plusieurs formes : réunions pu-
bliques, mises en ligne de documents, forums d’échange, registres dans les mairies, etc. Si l’État engage le
dialogue et motive ses décisions, il reste toutefois libre de ses choix.
La formalisation de l’ensemble des actions de la concertation est réalisée dans un bilan de concertation
(article R. 123-8 du code de l’environnement).
Cette étape ne présente pas de spécificité particulière pour les PPRi par débordement de cours d’eau.

35. Circulaire du 3 juillet 2007, relative à la consultation des acteurs, la concertation avec la population et la consultation des
collectivités territoriales dans le cadre des PPRn.

24 | 159
2.6. Les études techniques
2.6.1. Le principe général
Les études techniques, qui ont pour finalité l’élaboration des pièces du dossier de PPRi (note de présen-
tation, zonage réglementaire et règlement), sont une composante essentielle du processus d’élaboration.
Elles portent sur trois grandes thématiques dont l’articulation est précisée par l’illustration 9 :
1. L’analyse des aléas (cf. partie 3), qui consiste principalement à :
„ comprendre le fonctionnement pluviométrique, hydrologique et hydraulique du territoire et les
phénomènes d’inondation auxquels le secteur est exposé, notamment à travers l’analyse des évène-
ments historiques ;
„ déterminer les scénarios à étudier ;
„ cartographier les niveaux de l’aléa de référence, qui traduisent de manière synthétique des hauteurs
d’eau et des dynamiques en cas de survenue du (ou des) scénario(s) de référence.
2. L’analyse des enjeux (cf. partie 4), que sont les personnes, les biens, les activités et le patrimoine du ter-
ritoire, et qui consiste à :
„ comprendre le fonctionnement du territoire, son organisation spatiale, ses perspectives d’évolution,
etc. ;
„ cartographier les différents niveaux d’urbanisation, zones non urbanisées d’une part, et urbanisées
d’autre part, au sein desquelles sont identifiés les centres urbains ;
„ étudier l’exposition et si possible la vulnérabilité aux inondations.
3. L’élaboration de la partie réglementaire36 (cf. partie 5), qui s’appuie sur un croisement des résultats de
l’analyse des aléas et des enjeux37. Elle a pour objectif :
„ de définir une stratégie38 précisant la manière de décliner le cadre national en cohérence avec les
spécificités locales ;
„ d’élaborer le zonage règlementaire, qui cartographie les différentes zones réglementées ;
„ de définir le règlement, qui précise les règles applicables à chaque zone.
Analyse des aléas Analyse des enjeux

Identification du (des) Analyse générale du territoire et des types d’espace


scénarios à étudier

Exposition et vulnérabilité du territoire

Cartographie
de l’aléa de référence
Carte des niveaux d’urbanisation

Élaboration
de la partie
règlementaire
Stratégie
Zonage réglementaire brut
(modalités de déclinaison locale du cadre national)

Zonage réglementaire affiné Règlement

Illustration 9 : articulation générale entre les parties techniques d’un dossier de PPRi.

36. La partie règlementaire constitue les pièces opposables du PPRi après approbation.
37. Le risque correspondant au croisement entre un aléa, un enjeu et la vulnérabilité de cet enjeu à l’aléa, le règlement est ainsi
intrinsèquement lié à la notion de risque (à chaque niveau de risque est associé un ensemble de règles).
38. Cette notion est développée en début de partie 5.

25 | 159
2.6.2. L’articulation entre les travaux techniques et les étapes administra-
tives
Les études techniques s’étendent sur l’ensemble de la procédure d’élaboration. Elles alimentent diffé-
rentes étapes « administratives ». Les sujets à traiter et le degré de précision des réflexions techniques sont
à adapter à l’objectif recherché et aux éléments nécessaires aux différentes étapes.

2.6.2.1. Les études « préalables »


Des études préalables peuvent être menées en amont de la prescription du PPRi, généralement sous le
pilotage du service qui sera chargé de l’élaboration du PPRi.
L’arrêté prescrivant l’élaboration d’un PPRi détermine en effet certains éléments qui nécessitent des appro-
fondissements techniques, notamment le périmètre mis à l’étude et la nature des risques pris en compte.
Sur certains territoires, les études techniques peuvent être particulièrement complexes. Disposer de pre-
mières connaissances au moment de la prescription permet de conserver de bonnes conditions pour l’éla-
boration du zonage et du règlement, et les nécessaires consultations et concertations avant l’approbation
du PPRi.
La prescription rapide du plan a un intérêt certain pour le territoire concerné, en permettant la mobilisa-
tion des dispositifs de l’information préventive et du FPRNM. Il revient donc au préfet de trouver le bon
équilibre entre les sujets à traiter avant ou après la prescription et de juger du moment opportun pour
prescrire le plan.

2.6.2.2. Le projet de plan « consolidé »


Une fois le PPRi prescrit, les études préalables sont consolidées, en lien direct avec les parties prenantes du
territoire selon les modalités d’association et de concertation définies dans l’arrêté.
Sont notamment affinés :
„ la caractérisation des aléas : approfondissement de sous-scénarios, adaptation des bandes de pré-
caution, etc. ;
„ les cartes relatives aux enjeux : délimitation fine des niveaux d’urbanisation, identification des pro-
jets d’aménagements essentiels, etc. ;
„ le zonage et le règlement, réalisés sur la base de ces connaissances : zonages précis, exceptions por-
tées par les collectivités, détail des dispositions du règlement, etc.
Ces étapes permettent d’aboutir à un dossier de projet de plan qui est soumis à consultation puis à en-
quête publique.

2.6.2.3. La finalisation du projet de plan


Les retours de la consultation et de l’enquête publique peuvent conduire à adapter le projet de plan.

26 | 159
Périmètre et nature des risques pressentis

Aléas Enjeux Règlement


2.6.2.4. Synthèse

Fonctionnement du Principes généraux,


Évenements de référence, territoire, exposition, éventuellement premiers
Définition des Première mis à premières cartes, etc. Études
premières versions des zonages règlementaires
modalités l’étude niveaux d’urbanisation, etc. « brut », etc. préalables
d’association et de et nature des
concertation risques

Prescription

Demande d’évaluation environnementale


au cas par cas

27 | 159
Puis si soumission :
évaluation environnementale Études
Zonage réglementaire et consolidées
Cartographie de l’aléa Niveaux d’urbanisation (plusieurs
règlement
de référence versions
itératives)

Dossier de projet de plan


(note de présentation, zonage
réglementaire, règlement)

Consultation des personnes publiques

Illustration 10 : articulation entre les principales étapes techniques et les principales étapes administratives.
puis enquête publique

Analyse finalisée de l’aléa Analyse finalisée Zonage et règlement Études


de référence des enjeux finalisés finalisées
2.7. La prescription du PPRi
La prescription, par arrêté préfectoral, est la décision administrative par laquelle le préfet de départe-
ment39 formalise l’initialisation d’un PPRi (articles R. 562-1 et 2 du code de l’environnement). L’arrêté de
prescription précise notamment le périmètre mis à l’étude, la nature des risques, les modalités de la
concertation et de l’association40 et le service de l’État chargé d’instruire le projet.
Le périmètre mis à l’étude
Le périmètre étudié est défini de manière à pouvoir appréhender le fonctionnement des cours d’eau et
le phénomène d’inondation dans leur globalité. Il s’inscrit dans un bassin de risque, c’est-à-dire un espace
géographique homogène, cohérent au regard de critères topographiques, géomorphologiques et hydro-
dynamiques. Le bassin de risque peut être un bassin versant, ou une partie de bassin versant.
À l’intérieur de ce bassin de risque, différents critères permettent ensuite d’identifier le périmètre à re-
tenir pour la prescription du PPRi : fonctionnement général du territoire exposé, localisation des enjeux,
périmètres d’éventuels PPRi sur les secteurs en amont ou en aval, points faciles à identifier pour décrire le
secteur (confluences, ponts), etc.
Cette approche en deux temps conduit généralement à identifier un périmètre pluri-communal. Deux
options sont alors possibles : l’arrêté de prescription peut retenir l’intégralité de ce périmètre, ou une
prescription peut être arrêtée par commune (ou par groupe de communes).
Le périmètre des zones réglementées au titre du PPRi pressenti au moment de la prescription peut être
ajusté a posteriori en fonction de l’évolution du niveau de connaissance (notamment de l’exposition des
enjeux) et du contexte local :
„ il peut s'avérer que certaines zones comprises dans le périmètre prescrit ne soient finalement pas
réglementées, les études montrant par exemple qu’elles ne sont pas soumises à l’aléa de référence ;
„ à l'inverse, le périmètre est revu à la hausse si les études mettent en évidence des zones inondables
qu’il serait utile de réglementer en dehors du périmètre initial, ou des zones non concernées directe-
ment par le risque mais pouvant participer à l’aggravation de ce dernier.
En cas de modification du périmètre, un arrêté de prescription modificatif, visant la diminution ou l’exten-
sion du périmètre, doit être notifié aux communes concernées.
La nature des risques pris en compte
Au regard de la nomenclature de l’application GASPAR41, les aléas traités par le présent guide relèvent des
inondations par crue à débordement lent de cours d’eau ou des inondations à montée rapide de cours d’eau
(hors cours d’eau torrentiels).
Une inondation recoupe souvent plusieurs phénomènes, dont les limites ne sont pas toujours précises :
remontées de nappes souterraines, ruissellements et accumulations en pied de versant, concomitance
avec des submersions marine dans les estuaires, etc. Les études préalables sont une opportunité pour
s’interroger sur la pertinence d’intégrer dans le PPRi d’autres aléas42 insuffisamment pris en compte par
ailleurs et pouvant causer des dommages majeurs.

2.8. L’évaluation environnementale (examen au cas par cas)


Une évaluation environnementale vise à estimer les conséquences d’un dispositif sur l'environnement.
Pour les PPRn, le code de l'environnement prévoit une procédure d’examen préalable pour apprécier, au
cas par cas, le besoin d’une telle évaluation (articles L. 122-4 et suivants, R. 122-17 II-2° et R. 122-18).
Depuis la publication du décret du 22 juin 202343, la demande d’examen au cas par cas peut être faite
après la prescription du PPRi et les premiers échanges avec les collectivités, tout en restant suffisamment
en amont de la procédure d’élaboration.

39. En cas de PPRi interdépartemental, un préfet pilote est identifié, mais les arrêtés préfectoraux sont co-signés, et les ser-
vices de l’État des différents territoires sont associées à la démarche.
40. L’association « officielle » commence lors de la prescription du PPRi, qui en définit les modalités. Cependant, il est impor-
tant d’associer également les partenaires en amont de la prescription, notamment dans le cadre des études préalables, et de
tracer les échanges menés dans le rapport d’association.
41. Gaspar est la base nationale de Gestion Assistée des Procédures Administratives relatives aux Risques.
42. Ces autres sources d’inondation sont définies dans le glossaire, mais ne sont pas traitées dans le présent guide.
43. Le décret n° 2023-504 du 22 juin 2023 portant diverses dispositions relatives à l’évaluation environnementale des plans et
programmes supprime le deuxième alinéa de l’ancien article R. 562-2 du code de l’environnement.

28 | 159
Cela permet au service chargé de l’élaboration du plan de fournir à la mission régionale de l'autorité envi-
ronnementale (MRAe) les informations lui permettant de se prononcer sur l’intérêt de réaliser ou non une
évaluation environnementale (article R. 122-18 du code de l’environnement), et notamment :
„ une première connaissance des aléas d’inondation, au minimum sous forme d’une carte provisoire
des emprises inondables, éventuellement complétée par des informations de hauteur et de vitesse.
Cela nécessite d’avoir déterminé à ce stade le scénario de référence, ainsi que les principaux sous-scé-
narios à prendre en compte (notamment de défaillance des ouvrages et de prise en compte de l’éléva-
tion du niveau de la mer), et d’avoir réalisé de premières modélisations ;
„ une bonne connaissance du fonctionnement du territoire, de son exposition aux inondations, de sa
vulnérabilité, de ses contraintes, et des grandes orientations relatives à l’aménagement ;
„ une évaluation générale du zonage pressenti et de ses conséquences potentielles en termes d’urba-
nisation au sein des différents espaces (urbanisés, à urbaniser, agricoles, naturels, etc.).
Il est utile d’échanger avec la MRAe en amont de la demande d’examen au cas par cas afin qu’elle partage
les éléments qu’elle juge nécessaires au bon traitement du dossier.

2.9. La consultation des collectivités et des services


Lorsqu’un projet de dossier de PPRi est élaboré, il est formellement soumis à la consultation des parties
prenantes associées (collectivités, différents services, etc.) qui formalisent un avis sur le projet de plan.
Cette étape est une phase obligatoire de la démarche d’association définie par le code de l’environne-
ment (article R. 562-7).
Cette étape ne présente pas de spécificité particulière pour les PPRi par débordement de cours d’eau.

2.10. L’enquête publique


L’enquête publique est une étape obligatoire de l’élaboration des PPRi (article R. 562-8 du code de l’envi-
ronnement) qui a lieu à l’issue de la consultation. C’est une procédure réglementée dont l’objectif est de
recueillir les observations, remarques, avis et propositions des personnes concernées par le plan (articles
R. 123-6 à R. 123-23 du code de l’environnement).
Elle est réalisée sous l’égide d’un commissaire enquêteur ou d’une commission d’enquête44 indépendants,
sélectionnés par le tribunal administratif au regard d’aptitudes techniques, juridiques et administratives
(article R. 123-5 du code de l’environnement).
Cette étape ne présente pas de spécificité particulière pour les PPRi par débordement de cours d’eau.

2.11. L’approbation du PPRi


À l’issue de l’enquête publique, et après intégration des éventuelles modifications résultant de la consul-
tation des personnes publiques ou de l’enquête publique, le PPRi est approuvé par arrêté préfectoral (ar-
ticles L. 562-3 et R. 562-9 du code de l’environnement).
Certaines modalités d’approbation du PPRi peuvent être définies au moment de l’enquête publique. En
particulier, le périmètre du PPRi approuvé doit être identique à celui mis à l’enquête publique. En cas de
PPRi prescrit sur un territoire intercommunal, il peut être retenu :
„ d’approuver le plan sur l’ensemble du périmètre du groupe de commune, ce qui présente l’avantage
de limiter les démarches administratives. En revanche, en cas de contentieux local et d'annulation de
l'arrêté d'approbation, l'ensemble du territoire est potentiellement45 affecté par cette décision ;
„ de réaliser une enquête publique et d’approuver le plan au niveau de chaque commune, ou d’un
petit groupe de communes, ce qui multiplie les démarches, mais apporte une sécurité juridique en
limitant le risque d’annulation complète du PPRi.
Le choix de retenir l’une ou l’autre des options dépend du contexte local, et doit notamment prendre en
compte le fait que les risques juridiques relatifs à l’élaboration d’un PPRi portent souvent sur des points de
légalité externe (vices de forme, publicité, modalités d’enquête publique, etc.).
Le PPRi approuvé doit être annexé sans délai au PLU(i) (article L. 562-4 du code de l'environnement) et/ou
publié sur le Géoportail de l’urbanisme (article L. 152-7 du code de l’urbanisme) pour valoir SUP.

45. L’annulation est parfois partielle.

29 | 159
2.12. L’application anticipée
La procédure d’application anticipée est définie aux articles L. 562-2 et R. 562-6 du code de l’environne-
ment. Lorsque le projet de PPRi est suffisamment avancé, le préfet peut, si l’urgence de la situation le justi-
fie, et après consultation des maires concernés, rendre immédiatement opposables certaines dispositions
du projet de PPRi relatives aux projets nouveaux.
Cette étape ne présente pas de spécificité particulière pour les PPRi par débordement de cours d’eau.

2.13. La modification et la révision du PPRn


Les deux principales46 procédures permettant une évolution d’un PPRi approuvé sont :
„ la modification (articles L. 562-4-1 et R. 562.10-1 du code de l’environnement), qui porte sur des
changements ne portant pas atteinte à l’économie générale du plan (par exemple la rectification d’une
erreur matérielle ou la modification d’un élément mineur) ;
„ la révision (articles L. 562-4-1 et R. 562.10 du code de l’environnement), totale ou partielle, qui porte
sur des changements modifiant l’économie générale du plan (par exemple à la suite de la survenue
d’une crue majeure morphogène remettant en cause l’aléa de référence, ou après la mise en place
d'aménagements de nature à faire substantiellement évoluer l’aléa dans le cadre d’un PAPI).
Cette étape ne présente pas de spécificité particulière pour les PPRi par débordement de cours d’eau.

46. L’article L. 562-4-1 du code de l’environnement prévoit également une procédure d’adaptation.

30 | 159
3. LA CARACTÉRISATION ET LA QUALIFICATION
DE L’ALÉA DE DÉBORDEMENT DE COURS D’EAU
(HORS COURS D’EAU TORRENTIEL)
Un aléa est la manifestation, en un point donné, d’un phénomène susceptible de survenir et de causer des
dommages aux personnes, aux biens et plus généralement à l’environnement. Il est défini par une intensité
et une probabilité d’occurrence.
Dans le cadre des PPRi par débordement de cours d’eau, l’objectif de l’étude d’aléa est de cartographier
un aléa de référence traduisant les manifestations prévisibles d’un (ou plusieurs) scénario(s) de réfé-
rence. Cet aléa est qualifié et représenté de manière cartographique selon au maximum quatre niveaux :
« faible », « modéré », « fort » et « très fort »47, en fonction de la hauteur d’eau ainsi que de la dynamique
liée à la combinaison de la vitesse d’écoulement de l’eau et de la vitesse de montée des eaux48.
Cette partie présente les éléments utiles à la compréhension des aléas relatifs aux débordements de cours
d’eau (hors cours d’eau torrentiels) et à la cartographie de l’aléa de référence d’un PPRi.

3.1. Les crues des cours d’eau (hors cours d’eau torrentiels)
3.1.1. Les cours d’eau
Les cours d’eau non torrentiels sont caractérisés par :
„ des pentes faibles (généralement inférieures à 1 % ) ;
„ un faible transport solide, prenant majoritairement la forme d’un transport par suspension et de
flottants. Il en résulte que les dommages associés aux débordements relèvent principalement de phé-
nomènes d’inondation, les érosions et dépôts de matériaux solides générant des dommages secon-
daires au regard de l’ampleur globale de l’évènement.

3.1.2. Les crues des cours d’eau


Une crue est une augmentation significative et temporaire du débit d’un cours d’eau.
Comprendre le processus à l’origine de la crue nécessite d’analyser les facteurs concourant à l’augmen-
tation temporaire des débits : exposition et réaction du bassin versant aux précipitations, topographie,
occupation et perméabilité du sol et du sous-sol, état hydrique, concomitance éventuelle avec d’autres
sources d’inondation, etc.
L’eau mobilisable en amont peut provenir :
„ de pluies répétées ou prolongées sur un grand bassin versant (par exemple, la Loire ou la Seine) ;
„ d’épisodes pluvieux relativement courts mais très intenses qui peuvent toucher tout ou partie de
la superficie de petits bassins versants. Ces pluies intenses peuvent également être à l’origine de ruis-
sellements49 ;
„ de la fonte de neiges ou de glaces au moment d’un redoux. Cette fonte, associée ou non à des
pluies, est transportée dans les plaines généralement par les cours d’eau torrentiels (torrents et rivières
torrentielles, non traités dans ce guide).
En aval, les eaux se concentrent selon un axe drainant. Lorsque le débit devient supérieur à celui que peut
évacuer le lit mineur (la capacité du lit mineur est généralement limitée à des débits de crues de période
de retour de l’ordre de 1 à 5 ans), les eaux débordent dans le lit majeur50. On parle alors d’inondation (cf.
illustration 11).

47. Article R. 562-11-4 I du code de l’environnement.


48. Dans le cadre des PPRi par débordement de cours d’eau, les niveaux d’aléa sont donc généralement représentatifs des ni-
veaux d’intensité des écoulements liquides en cas d’évènement de référence. À noter qu’ils peuvent traduire d’autres aléas (des
fosses d’érosion dans les bandes de précaution par exemple). Pour d’autres aléas d’inondation (par débordement de cours d’eau
torrentiels par exemple), la détermination des niveaux d’aléa peut être complétée par d’autres critères : affouillements, engrave-
ments, probabilité d’atteinte, etc.
49. Le ruissellement n’est pas développé dans le cadre du présent guide.
50. Il peut également être intéressant d’étudier l’impact des apports de la nappe phréatique.

31 | 159
Illustration 11 : lit mineur et lit majeur © MEDD – Dossier d’information inondations (2004).

Une inondation par débordement de cours d’eau désigne ainsi une submersion temporaire d’une zone
habituellement hors d’eau causée par une crue qui déborde du lit mineur et qui afflue dans les talwegs
ou les dépressions du lit majeur. Elle est limitée dans le temps (durée de quelques heures à quelques jours
en fonction du ressuyage). Une inondation par débordement de cours d’eau peut survenir même en l’ab-
sence de pluie locale, du fait de la propagation des débits de l’amont vers l’aval.
Deux types d’inondation par débordement de cours d’eau sont distingués dans ce guide, leurs principales
caractéristiques sont résumées dans le tableau 2. Il existe généralement un continuum entre les différents
types d’inondation.

Inondations lentes Inondations rapides


Facteurs
Averses intenses en amont, à caractère
déclenchants Pluies prolongées sur les reliefs en amont.
orageux et stationnaire.
prépondérants
En plaine, vallées larges à pente faible et
Lieu de régions de plateau à l’aval de grands bas- Au niveau de l’exutoire de petits bassins
survenance sins versants (plusieurs centaines à plu- versants.
sieurs milliers de kilomètres carrés).
Vitesses de montée des eaux faibles en
moyenne, de l’ordre de quelques centi- Vitesses de montée des eaux moyennes
mètres par heure (les vitesses de montée pouvant être de l’ordre de plusieurs déci-
des eaux peuvent toutefois être loca- mètres par heure.
Cinétique lement élevées, notamment dans cer- Temps de concentration du bassin ver-
taines zones de cuvettes qui sont alors sant inférieur à 12 heures.
particulièrement dangereuses).
NB : en dessous de 6 h, on parle de crues
Temps de concentration du bassin ver- soudaines.
sant supérieur à 12 heures.
Durée de l’inon-
dation avant re- Plusieurs jours, parfois plusieurs semaines. Quelques heures à plusieurs jours.
tour à la normale
Potentiellement important.
Le débit de pointe de la crue en aval est Peu d’effet d’amortissement ou de Iami-
Laminage d’autant plus amorti et sa propagation nage.
ralentie que la zone d’expansion des
crues est large et la pente faible.
Entre plusieurs heures et quelques jours
permettant l’anticipation de l’alerte et le La réactivité du bassin versant rend com-
Délai de prévision déclenchement des plans (inter)commu- plexe l’alerte et l’évacuation des popula-
naux de sauvegarde (P(I)CS) et des plans tions menacées.
de continuité d’activité (PCA).
Tableau 2 : les caractéristiques des inondations (lentes/rapides).

32 | 159
3.2. La cartographie de l’aléa de référence
3.2.1. Le principe général
De façon globale, l’étude d’aléa comporte différents volets dont l’importance dépend des caractéris-
tiques du secteur à étudier (complexité et mode de fonctionnement du bassin versant, types de crues
historiques, données disponibles, etc.). Elle repose sur des modélisations qui nécessitent une expertise et
une analyse critique, et s’appuie sur la complémentarité d’approches qualitatives et quantitatives.
La démarche générale de l’étude d’aléa se déroule selon trois phases techniques, décrites plus précisé-
ment dans la suite de cette partie.

Phase 1 : analyse des phénomènes naturels et des éléments anthropiques

Caractérisation du secteur d’étude

Analyse historique

Synthèse du fonctionnement du bassin versant

Phase 2 : détermination des scénarios à étudier

Définition du (des) scénario(s) de référence

Définition des « sous-scénarios »

Phase 3 : modélisation et cartographie

Évaluation des niveaux d’aléa des différents (sous)-scénarios

Détermination des bandes de précaution

Cartographie de l’aléa de référence

Illustration 12 : démarche générale de l’étude d’aléa.

La première phase de l’étude d’aléa est une analyse générale des phénomènes naturels et des éléments
anthropiques pouvant affecter les écoulements. Elle apporte des éléments nécessaires au choix du pé-
rimètre d’étude, à la caractérisation du scénario de référence et aux choix des sous-scénarios (voir partie
3.2.2). Elle comprend les étapes suivantes :
„ la caractérisation du secteur d’étude, qui porte sur l’analyse du cadre géomorphologique, des
conditions météorologiques et pluviométriques, du fonctionnement hydraulique du site et des aména-
gements hydrauliques et structures (systèmes d’endiguement, et de manière générale l’ensemble des
ouvrages susceptibles de faire obstacle aux écoulements) pouvant affecter les écoulements (voir partie
3.2.2.2) ;
„ une analyse historique, qui décrit les principaux évènements marquants survenus par le passé, afin
de dégager des éléments de compréhension complémentaires sur l’évolution et le fonctionnement du
secteur d’étude (voir partie 3.2.2.3) ;
„ la synthèse du fonctionnement du bassin versant et du cours d’eau, qui s’appuie sur les résultats
des étapes précédentes pour décrire les principaux facteurs et phénomènes à l’origine des inondations
(voir partie 3.2.2.4).
La seconde phase consiste à faire émerger et à caractériser les scénarios à étudier (voir partie 3.2.3). Elle
est structurée en deux étapes principales :
„ la détermination d’un (ou plusieurs) scénario(s) de référence, déterminé(s) à partir de l’évènement
d’inondation le plus important connu et documenté, ou d’un évènement théorique de fréquence cen-
tennale si ce dernier est plus important (article R. 562-11-3 du code de l’environnement) (voir partie
3.2.3.1) ;

33 | 159
„ un ou plusieurs « sous-scénarios » sont ensuite identifiés pour chaque scénario de référence. Ils tra-
duisent les variations possibles des manifestations du scénario de référence, du fait notamment de la
multiplicité des comportements possibles d’éléments anthropiques : tenue ou ruptures d’ouvrage de
protection, transparence ou obstruction de pont, etc. (voir partie 3.2.3.2).
La troisième phase consiste à modéliser et cartographier l’aléa de référence (voir partie 3.2.4). Elle se dé-
compose selon les trois étapes suivantes :
„ l’évaluation, pour chaque sous-scénario et pour chaque secteur, des hauteurs d’eau et des dyna-
miques, liées à la combinaison de la vitesse d'écoulement de l'eau et de la vitesse de montée des eaux.
Ces informations permettent de définir les niveaux d’aléa selon au maximum quatre niveaux : « faible »,
« modéré », « fort » et « très fort » (voir parties 3.2.4.1 et 3.2.4.2) ;
„ la détermination des bandes de précaution, notamment à l’arrière des systèmes d’endiguement
(voir partie 3.2.4.3) ;
„ la construction de la carte de l’aléa de référence, regroupant les niveaux d’aléa maximaux sur l’en-
semble des sous-scénarios, ainsi que les sur-aléas (voir partie 3.2.4.4).
L’étude d’aléa est l’opportunité d’un partage de connaissances (inondations historiques, données de ter-
rain, expertise locale, etc.) entre les différents acteurs (État, collectivités, mais aussi bureaux d’études,
référents scientifiques et population). Les échanges qui en résultent participent à la définition de l’aléa
d’inondation sur le territoire, avec ses hypothèses et ses incertitudes. Ces échanges sont indispensables
pour faire progresser le point de vue de l’ensemble des personnes impliquées et pour une bonne compré-
hension du risque par chacun des acteurs.
Les premières réflexions de l’étude d’aléa sont généralement menées par les services de la DDT(M)/
D(R)EAL, éventuellement appuyés par une assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) et par différents ser-
vices techniques de l’État (service de prévision des crues (SPC), etc.). Elles visent à préparer l’élaboration
du cahier des charges de l’étude, en recueillant les informations disponibles et en effectuant un premier
traitement.
La réalisation d’une étude d’aléa nécessite toutefois des compétences spécifiques (hydrologie, hydrogéo-
morphologie, modélisations hydrauliques, etc.), ce qui implique le plus souvent le recours à une prestation
externe. Le cœur de cette étude est généralement ensuite sous-traité à un bureau d’études dans le cadre
d’un marché public. Dans de rares cas présentant une complexité particulière, une AMO peut être envisa-
gée pour ces phases plus techniques. Chacune des étapes, et tout particulièrement celles de la seconde
phase, font l’objet d’une validation par le maître d’ouvrage, sur proposition motivée du bureau d’études
qui élabore la carte d’aléa.

3.2.2. L’analyse des phénomènes naturels et des éléments anthropiques


(phase 1)
3.2.2.1. Le principe
Cette analyse porte sur une approche globale du territoire afin d’obtenir une vision d’ensemble des phé-
nomènes et du fonctionnement du cours d’eau, de ses crues et des structures pouvant affecter les écoule-
ments. Elle permet de définir le périmètre d’étude, donne les éléments utiles pour caractériser le scénario
de référence et les sous-scénarios associés et est un préalable aux modélisations.
Ce travail s’appuie sur une analyse bibliographique et sur une enquête de terrain.
3.2.2.1.1. L’analyse bibliographique
Il convient dans un premier temps de constituer une base documentaire recueillant autant que possible
les informations utiles concernant :
„ le contexte géographique : localisation et configuration générale des lieux et du bassin versant ;
„ le contexte hydrogéomorphologique : environnement fluviatile, marais, zones d’expansion des
crues, conditions de comblement ou d’évolution, vestiges de destruction, nature des fonds, couver-
ture végétale ;
„ les évènements historiques : évènements de crue et d’inondation passées et manifestations phy-
siques des phénomènes51 ;

51. Il peut être utile d’identifier également les conséquences en termes de victimes et de dommages, par exemple pour sensibi-
liser les élus et le public lors des réunions de présentation des études.

34 | 159
„ les données météo-hydrologiques : vent, pluie, niveau et hauteur d’eau, vitesse et débits (en distin-
guant les données observées des valeurs calculées) ;
„ les aménagements existants influençant la dynamique des écoulements : systèmes d’endiguement,
ouvrages hydrauliques, seuils, etc. ;
„ les composantes de l’occupation des sols : infrastructures pouvant faire obstacles aux écoulements,
localisation des bâtiments, types d’espaces pour déterminer les frottements, végétation pouvant en-
gendrer des embâcles, etc. ;
„ le contexte géologique : nature, saturation et perméabilité des sols (pédologie, nature du substra-
tum, sédimentologie (nature des matériaux, origine, importance, répartition, perméabilité, épaisseur,
granulométrie, et mode de transport)).
Cet inventaire peut se faire à partir d’une synthèse bibliographique réalisée en combinant (cf. encadré
ci-dessous) :
„ les études techniques et scientifiques déjà réalisées sur le secteur ;
„ les études historiques (presse, archives départementales et nationales, études et plans anciens, pho-
tographies aériennes, cadastre, etc.) ;
„ les bases de données existantes.
Ce travail bibliographique, relativement chronophage, est nécessaire pour capitaliser les connaissances
existantes. Il est toutefois à proportionner au regard de la finalité de l’étude.

Principales sources d’informations potentiellement utiles aux études d’inondation des PPRi

Les études techniques et scientifiques déjà réalisées sur le secteur :

z études des DREAL/DEAL, SPC, services de navigation, agences de l’eau, ONF/SRTM, SIDPC, Mé-
téo-France, EDF, syndicat de bassin, établissements publics et bureaux d’études, etc. ;
z études menées dans le cadre de programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI) ;
z atlas des zones inondables (AZI) ;
z dossiers départementaux des risques majeurs (DDRM) ;
z rapports de retour d’expérience, laisses de crues, documents détenus par les sociétés savantes,
etc. ;
z études de dangers des systèmes d’endiguement ;
z cartes élaborées dans le cadre de la directive Inondation ;
z documents techniques, délibérations, documents divers des communes et inter-communes ;
z relevés altimétriques des laisses de crues effectués après une inondation et repères de crues ;
z documents dont dispose le/les SDIS, la mission RDI et l’autorité compétente en matière de GE-
MAPI pour la gestion des inondations ;
z mémoires universitaires et thèses, articles scientifiques, etc. ;
z documents d’information communale sur les risques majeurs (DICRIM).

Les sources historiques :

z archives nationales, départementales et municipales ;


z archives de la presse locale et régionale, des associations, des passionnés d’histoire locale et
éventuellement de témoins d’évènements ;
z cartes anciennes (Cassini, État-Major, etc.) ;
z iconographie : photographies, peintures, cartes postales, etc.

35 | 159
Les données existantes (nationales ou locales) :

z Hydroportail ;
z site des repères de crues (plateforme nationale collaborative gérée par le MTECT)52 ;
z portail de données hydrologiques DRIAS-Eau ;
z Géorisques (reconnaissances « CAT-NAT » par exemple) ;
z données des établissements publics ou des bureaux d’études : Météo-France, Cerema, INRAE,
BRGM, ONF, etc. ;
z bases de données en open data du Géoportail ;
z cartes de l’IGN au 1 : 25 000, cartes géologiques du BRGM, cartes géomorphologiques, etc. ;
z plan parcellaire du cadastre, plans topographiques ;
z photographies aériennes et satellitaires (Géoportail de l’IGN, « remonter dans le temps », sys-
tèmes d’information géographique (SIG) régionaux, etc.) ;
z données topographiques et bathymétriques publiques ou réalisées dans le cadre d’études exis-
tantes (MNT lidar, levés terrestres, etc.).

La qualité et le niveau d’exhaustivité des données recueillies sont des facteurs importants pour la qualité
de l’étude. Les données capitalisées sont mises à disposition du (des) prestataire(s) lors de la passation du
marché. Les manques de données à combler par des mesures in situ sont ainsi identifiés.
3.2.2.1.2. L’enquête de terrain
Généralement menée par le bureau d’études, avec l’appui de la DDT(M)/D(R)EAL, et si possible des ser-
vices techniques des collectivités, cette enquête permet :
„ la visualisation de la topographie du site, de sa géomorphologie, des obstacles et modifications de
terrain présents (terrassements, travaux sur le lit mineur, etc.) ;
„ l’identification de secteurs sensibles et/ou à enjeux ;
„ la recherche d’indices caractéristiques relatifs aux crues historiques et d’indices morphologiques
montrant des mouvements sédimentaires, afin de localiser certaines limites de zones historiquement
inondées ;
„ une identification des aménagements, ouvrages et aménagements hydrauliques pouvant avoir un
impact sur les écoulements dans le bassin versant ;
„ le recueil des témoignages de la population, souvent très utiles pour les crues récentes.
Il est utile de mettre à profit l’enquête de terrain pour échanger avec les acteurs de terrain locaux (élus,
techniciens de collectivités, membres d’associations, historiens, etc.), leur présence facilitant les mises en
relation avec la population riveraine. Ces discussions permettent de recueillir des témoignages complé-
mentaires, et surtout d’apprécier la perception locale de l’aléa d’inondation, ce qui est une dimension
importante à considérer lors de toute communication relative à l’étude, tout particulièrement, en phase
de restitution des résultats.

3.2.2.2. La caractérisation du secteur d’étude


La caractérisation du secteur d’étude consiste principalement à décrire :
„ le cadre géomorphologique de la plaine alluviale ou de la vallée, ainsi que son fonctionnement hy-
draulique et hydro-sédimentaire ;
„ les conditions climatiques et météorologiques ;
„ les systèmes d’endiguement, aménagements hydrauliques et autres structures pouvant affecter les
écoulements53.
52. L’élaboration d’un PPRi est une opportunité pour :
- demander au bureau d’études de compléter le recensement des repères et laisses de crues sur les secteurs étudiés, afin de
faciliter les études ultérieures ;
- inciter les collectivités à la pose de nouveaux repères matérialisés (ce type d’action peut s’inscrire dans le volet « information
préventive » d’un PAPI).
53. Cet inventaire permet de notamment de construire les sous-scénarios de référence et d’identifier les bandes de précaution
(voir parties 3.2.3.2 et 3.2.4.3).

36 | 159
3.2.2.2.1. Le fonctionnement hydraulique du territoire
Le bassin versant et le périmètre de l’étude d’aléa
Le périmètre d’analyse est cohérent avec l’emprise et le fonctionnement hydrologique du bassin versant.
Il comprend également les zones qui ne sont pas directement exposées aux risques mais où des construc-
tions, des ouvrages, des aménagements ou des exploitations agricoles, forestières, artisanales, commer-
ciales ou industrielles pourraient aggraver des risques ou en provoquer de nouveaux (2° de l’article L. 562-1
du code de l’environnement). Deux configurations de périmètre d’analyse sont possibles :
„ il peut être spatialement assimilé au bassin versant, par exemple pour des petits bassins versants, et
de ce fait intégrer les ruissellements sur les versants et les écoulements des affluents ;
„ il peut être réduit à la plaine alluviale du cours d’eau principal, c’est-à-dire aux zones potentiellement
inondables du fond de la vallée (lit majeur). Il englobe alors dans ce cas les franges non inondables (ter-
rasses anciennes, glacis, etc.) et intègre les secteurs inondés par les éventuels phénomènes particuliers
aux confluences.
Le bassin versant et les phénomènes à l’origine de l’inondation
La compréhension globale du fonctionnement des cours d’eau, de l’environnement proche, et de leurs
zones inondables passe par la connaissance de certains éléments caractéristiques du bassin versant.
Il s’agit :
„ des caractéristiques géométriques principales : superficie totale et superficie des sous bassins,
pentes, indices de compacité54 ;
„ du réseau hydrographique ;
„ de la climatologie, en particulier les caractéristiques pluviométriques ;
„ des facteurs conditionnant l’hydrologie : lithologie, pédologie, occupation des sols, etc. ;
„ de l’évolution historique55 du secteur d’étude.
Ces caractéristiques permettent de comprendre les processus à l’origine des inondations et notamment :
„ les sources des inondations du secteur d’étude ;
„ les débits caractéristiques, des crues d’un cours d’eau et notamment les débits de pointe (analyse
hydrologique de chaque cours d’eau) ;
„ un hydrogramme-type du cours d’eau en crue permettant de rendre compte de la propagation de
la crue.
L’analyse de la topographie
La compréhension des phénomènes hydrauliques repose sur une bonne connaissance de la géométrie de
la vallée et du bassin versant.
L’approche hydrogéomorphologique, présentée en partie 3.2.4.1.2, est utile à cette phase de l’étude, no-
tamment dans la mesure où elle :
„ permet de comprendre, de manière homogène, le fonctionnement hydrologique global du bassin
versant (lithologie, couverture végétale, urbanisation, artificialisation des cours d’eau, etc.), ainsi que la
dynamique fluviale en crue ;
„ donne des clés d’interprétation et de vérification des données (hauteurs d’eau en particulier), et
aide à la compréhension des limites et à l’estimation des marges d’erreurs des modélisations qui seront
réalisées à l’étape 3 ;
„ favorise l’identification des axes de drainage habituellement secs et leurs lits majeurs qui servent
d’exutoire pour des épisodes pluvieux intenses et qui peuvent être affectés de crues violentes et dom-
mageables ;
„ permet de localiser les levés topographiques à réaliser en vue de la modélisation hydraulique.

54. Cet indice est le rapport du périmètre du bassin à celui d’un cercle de même surface. Il renseigne sur la forme du bassin
versant, qui a une influence sur le débit de crue et donc sur l’allure de l’hydrogramme, résultant d’une pluie donnée (voir parties
relatives à la construction des hydrogrammes de crue).
55. L’époque historique correspond ici le plus souvent aux 100-200 dernières années, mais remonte quelquefois à plusieurs
siècles.

37 | 159
Les données topo-bathymétriques
La qualité de l’analyse hydrogéomorphologique et des modélisations hydrauliques numériques dépend
largement de la qualité des données topographiques et bathymétriques utilisées. Plusieurs types de don-
nées topo-bathymétriques peuvent être utiles :
„ un modèle numérique de terrain (MNT) décrivant le relief sur toute la zone d’étude. Au défaut de
données plus précises disponibles localement, le référentiel à grande échelle de l’IGN (RGE ALTI®) peut
être utilisé. Il est successivement mis à jour par le programme national LIDAR HD lancé en 2021. Dans
tous les cas, le MNT est à analyser au regard de :
h sa précision, qui peut être variable en fonction de la complexité des situations topographiques,
notamment sous couvert végétal (interférence dans le relevé des données, la période hivernale étant
alors à privilégier). Sur les zones couvertes par LIDAR, un MNT avec une résolution planimétrique su-
périeure à un mètre56 et une précision altimétrique de l’ordre de 10-15 centimètres est généralement
disponible. Attention : au niveau du lit mineur des cours d’eau, les cotes indiquées par le LIDAR ré-
sultent de la triangulation effectuée de part et d’autre des berges et ne sont pas représentatives de
la bathymétrie réelle du cours d’eau ;
h les dates de réalisation des levés, pour lesquelles il convient d’être très vigilant car des change-
ments hydromorphologiques (crues morphogènes, travaux, etc.) peuvent avoir eu lieu entre temps ;
„ des levés terrestres complémentaires (le plus souvent des profils topographiques) sont souvent né-
cessaires pour combler les lacunes, traiter des surfaces masquées ou peu visibles des levés aériens, ou
pour renseigner sur des ouvrages particuliers (ponts, digues, remblais, etc.). Ils sont caractérisés par la
densité de points, l’espacement des lignes de levés, leur précision57 et éventuellement par des points
particuliers du site. Ces levés peuvent notamment porter sur :
h des profils en travers, qui identifient les points hauts et bas des talus sur chaque tronçon homo-
gène ;
h des profils longitudinaux des crêtes (topographie naturelles et ouvrages de protection) ;
h des profils longitudinaux des cours d’eau ;
h etc. ;
„ des données bathymétriques réalisées perpendiculairement à l’axe du cours d’eau sont souvent
nécessaires pour construire le modèle. Une distance inter-profils de l’ordre de 5 à 10 largeurs de rivière
est usuellement préconisé, cet espacement étant à adapter en fonction de la morphologie du cours
d’eau, de ses éventuelles singularités et des enjeux en présence. Elles sont notamment resserrées au-
tour de points particuliers (ponts, seuils, diminution de la section d’écoulement, élargissement de la
zone d’expansion, etc.). Une attention particulière est portée à l’interpolation des données quand les
levés sont réalisés par profil. Les levés bathymétriques surfaciques (réalisés grâce à des sondeurs mul-
ti-faisceaux par exemple) sont de plus en plus employés dans le cadre de modèles numériques 2D. Il
est recommandé d’analyser les données bathymétriques et les dates de levés de manière rigoureuse.
En effet, la bathymétrie évolue au cours du temps, en fonction des conditions hydrologiques et de
certains évènements ;
„ toute mesure existante récente peut également être utilisée, après une validation de sa qualité au
regard des objectifs recherchés, pour confronter les études et combler les lacunes : profils longitudi-
naux de cours d’eau ou levés topographiques d’ouvrages (routes, ouvrages hydrauliques, ponts, etc.).
3.2.2.2.2. L’analyse pluviométrique
La pluviométrie sur l’ensemble du bassin versant conditionne largement les inondations par débordement
de cours d’eau. L’analyse statistique des données pluviométriques et hydrométriques aide à la quantifi-
cation des débits de pointe et des volumes écoulés pour différentes périodes de retour, mais également
à la définition des saisons propices aux crues et des régimes de crues auquel est soumis le cours d’eau58.

56. La résolution planimétrique correspond à l’écart entre deux points voisins dans le plan horizontal.
57. Planimétrique (en x, y) et altimétrique (en z).
58. Les données pluviométriques et hydrométriques se présentent généralement sous forme de chroniques, c’est-à-dire sous
forme de séquences temporelles sur plusieurs années (idéalement plusieurs dizaines d’années). L’analyse de ces chroniques
consiste à appliquer des méthodes statistiques pour comprendre et tirer des conclusions de ces données. Il s’agit notamment
d’étudier leurs distributions (pour appréhender la probabilité d’occurrence de différents évènements) ou leurs variabilités (par
exemple pour identifier des tendances).

38 | 159
L’analyse pluviométrique s’appuie sur :
„ des études existantes à finalité hydro-météorologique et hydraulique relatives au bassin versant ;
„ des données quantitatives disponibles concernant la pluviométrie, en particulier les intensités plu-
viométriques maximales enregistrées dans le secteur par des stations des réseaux de mesure59.
Divers produits pluviométriques sont disponibles (données Safran60, COMEPHORE61, SHYREG pluie62, lames
d’eau ANTILOPE63, etc.). Météo-France met à disposition des produits d'observation ou expertisés via le
portail data.gouv.fr64.
L’exploitation de ces données dépend du type d’inondation :
„ pour les inondations lentes ou inondations de plaine, l’information pluviométrique au pas journalier
est généralement suffisante65. Elle peut être éventuellement complétée par une analyse de la pluvio-
métrie sur des périodes plus longues (plusieurs jours à plusieurs semaines) pour tester l’impact des
évènements « en chaîne » ;
„ pour les inondations rapides, il est toujours utile de disposer d’informations au pas journalier, mais il
est nécessaire d’analyser au plus près le phénomène générateur par l’utilisation de toutes les informa-
tions disponibles à un pas de temps adapté au bassin versant (en général de 1 h à 12 h).
Dans les zones de confluence, des méthodes spécifiques sont à mettre en œuvre afin de définir dans
quelle mesure des crues peuvent être concomitantes. Ces méthodes intègrent généralement une analyse
pluviométrique visant à définir des familles d’évènements hydrologiques liées à un même type d’évène-
ment météorologique (voir partie 3.2.3.1.5.).
3.2.2.2.3. L’analyse hydrologique
L’analyse hydrologique consiste à déterminer les débits et les hydrogrammes caractéristiques d’un cours
d’eau, notamment par le recensement des caractéristiques des crues historiques. Le choix et la caractéri-
sation du scénario de référence s’appuient largement sur cette analyse.
De nombreuses données hydrométriques et hydrologiques sont disponibles via l’Hydroportail66, qui est
le site de référence en France pour les données publiques relatives à la hauteur et au débit des cours
d’eau (données historiques et en temps réel). Les données hydrométriques sont présentées sous forme de
tableaux, de graphiques ou de cartes. Le système de cartographie permet d’afficher les stations souhai-
tées, d’avoir les données à différentes échelles (bassin versant, département, etc.), et de visualiser l’état
hydrologique des différents cours d’eau en temps réel ou dans le passé. L’Hydroportail permet également
la consultation et le téléchargement de données statistiques sur les débits (fréquence de retour des évè-
nements hydrologiques, etc.).
Certaines données peuvent avoir été obtenues et compilées par ailleurs, au cours d’études antérieures.
Ces résultats sont préalablement rassemblés par le service instructeur, puis complétés si nécessaire par le
bureau d’études. Une analyse critique des études existantes est toujours nécessaire afin de préciser dans
quelle mesure ces données peuvent être traitées directement (une actualisation peut par exemple être
nécessaire en cas de crue importante survenue postérieurement à l’étude).
3.2.2.2.4. Les systèmes d’endiguement, aménagements hydrauliques et autres structures affec-
tant les écoulements
Tous les ouvrages et les infrastructures pouvant affecter de manière significative la propagation ou les ca-
ractéristiques de l’inondation67 sont systématiquement recensés et caractérisés, au besoin avec l’appui de
leur gestionnaire, au regard de :
„ leur localisation (dans le lit majeur ou mineur) et leur géométrie ;

59. Si le maillage des stations de mesures pluviométriques est insuffisant sur le secteur, l’analyse peut s’appuyer sur des me-
sures provenant de stations situées sur des bassins versants proches et comparables (région climatique, altitude, etc.).
60. https://publitheque.meteo.fr/okapi/accueil/okapiWebPubli/index.jsp
61. COMEPHORE : COmbinaison en vue de la Meilleure Estimation de la Précipitation HOraiRE
62. https://shyreg.recover.inrae.fr/
63. ANTILOPE : analyse par spatialisation horaire des précipitations. La lame d’eau ANTILOPE fusionne les données radar et
les données de pluviomètres.
64. Historiquement, différentes données étaient disponibles sur les portails « données publiques » (www.donneespubliques.
meteofrance.fr) et pluies extrêmes en France métropolitaine et outre-mer (http://pluiesextremes.meteo.fr).
65. Cette information n’est pas utilisée pour modéliser la relation pluie-débit.
66. www.hydro.eaufrance.fr
67. Par exemple en diminuant la section d’écoulement ou l’extension des champs d’expansion des crues.

39 | 159
„ leur niveau de protection (pour les ouvrages de protection contre les inondations) ;
„ leurs fonctions et impacts hydrauliques et éventuellement sédimentaires ;
„ leur structure ;
„ leur principaux modes de défaillances ;
„ leur historique : date d’implantation, évolutions et dégâts subis.
La plupart de ces structures sont soumises à autorisation ou à déclaration et sont classées selon la no-
menclature des installations, ouvrages, travaux, et activités (IOTA) (titre III de l’article R. 214-1 du code de
l’environnement) en différentes rubriques. Les principales rubriques concernées sont :
„ la rubrique 3.1.1.0. Installations, ouvrages, remblais et épis, dans le lit mineur68 d’un cours d’eau, qui
rassemble des structures de nature variée : barrages de navigation, retenues d’eau, écluses, épis, ponts,
buses, etc. ;
„ la rubrique 3.2.2.0. Installations, ouvrages, remblais dans le lit majeur69 d’un cours d’eau et surface
soustraite70 associée, qui correspond à des éléments de natures très diverses : remblais, merlons, in-
frastructures de transports (routes et autoroutes, voies ferrées, etc.) ;
„ la rubrique 3.2.5.0. Barrage de retenue et ouvrages assimilés relevant des critères de classement
prévus par l’article R. 214-112 ;
„ la rubrique 3.2.6.0. Ouvrages construits ou aménagés en vue de prévenir les inondations et les sub-
mersions. Il s’agit :
h de systèmes d’endiguement au sens de l’article R. 562-13 du code de l’environnement (voir partie
3.2.3.2.2.),
h d’aménagements hydrauliques au sens de l’article R. 562-18 du code de l’environnement.
La prise en compte de ces différents ouvrages dans le cadre de l’élaboration de la carte de l’aléa de réfé-
rence, et notamment la manière d’intégrer leurs défaillances y compris pour les systèmes d’endiguement,
est précisée en partie 3.2.3.2.

3.2.2.3. L’analyse historique


3.2.2.3.1. Les objectifs de l’analyse historique
Une analyse chronologique succincte de l’évolution du territoire d’étude et de ses évènements marquants
permet d’apporter des éléments de compréhension complémentaires sur la genèse et la propagation des
crues, et sur leurs conséquences vis-à-vis des personnes et des biens.
Cette analyse permet par ailleurs d’identifier des éléments utiles à la définition de l’évènement de réfé-
rence (en augmentant la série statistique des données pluviométriques ou débimétriques afin de consoli-
der l’évaluation de la période de retour des crues) et/ou au calage et à la validation des modèles hydrau-
liques.
Au-delà de son intérêt technique, cette analyse présente également des avantages pédagogiques, dans la
mesure où elle :
„ ravive la mémoire collective, en rappelant que des inondations importantes se sont déjà produites ;
„ permet la justification de certaines hypothèses retenues pour l’élaboration du PPRi, notamment
celles relatives au choix de l’évènement de référence ou aux ruptures d’ouvrages si certaines ont eu lieu
dans le passé ;
„ permet d’expliquer les choix d’aménagement et les éventuels travaux de protection effectués par
le passé.

68. Le lit mineur d’un cours d’eau est l’espace recouvert par les eaux coulant à pleins bords avant débordement.
69. Le lit majeur du cours d’eau est la zone naturellement inondable par la plus forte crue connue ou par la crue centennale si
celle-ci est supérieure.
70. La surface soustraite est la surface soustraite à l’expansion des crues du fait de l’existence de l’installation ou ouvrage, y
compris la surface occupée par l’installation, l’ouvrage ou le remblai dans le lit majeur.

40 | 159
3.2.2.3.2. Le contenu de l’analyse historique
L’analyse historique porte principalement sur :
„ l’évolution générale du secteur d’étude au cours du temps, et en particulier l’évolution de l’hydro-
géomorphologie du cours d’eau, comme les modifications de l’emplacement du lit mineur et l’évolu-
tion de ses méandres, l’évolution du caractère perché ou non des lits, les changements du réseau hydro-
graphique, les rescindements71, la construction de grands ouvrages susceptibles de modifier le régime
des crues72, l’implantation d’ouvrages et d’aménagements hydrauliques (remblais et autres structures)
pouvant affecter les écoulements, l’engravement ou le creusement du cours d’eau, etc. ;
„ l’identification des évènements marquants de crue et d’inondation, sous forme d’inventaire des
évènements historiques, des dommages et laisses de crues associées, permet de retrouver certaines
caractéristiques des inondations passées, en particulier la valeur de leurs principaux paramètres phy-
siques (maxima des hauteurs d’eau et/ou des débits) et leur extension spatiale ;
„ l’évolution de l’occupation des sols, afin de replacer les crues passées dans leur contexte et ne pas
interpréter de manière erronée les données collectées (hydrogrammes, repères de crue, dommages,
etc.). La modification de l’occupation des sols (anthropisation, imperméabilisation, défrichement,
couvert végétal, déprise agricole, reforestation, changement de culture, etc.) peut notamment être à
prendre en compte lors du calage des modèles hydrauliques, par exemple lors des réflexions relatives
aux coefficients de frottement. Les grandes évolutions du secteur d’étude sont ainsi à identifier, depuis
les noyaux urbains historiques jusqu’aux développements récents.
3.2.2.3.3. Les méthodes d’analyse historique
L’analyse historique repose principalement sur l’étude d’archives, constituées de tous types de documents,
anciens ou récents (écrits, cartographie, iconographie, photographies, etc.), susceptibles d’apporter des
éléments d’informations recherchés.
L'analyse historique vise à couvrir une période d'au moins 100 ans73.
Les données à étudier, quantitatives et qualitatives, peuvent provenir :
„ de données d’observation :
h issues de stations de mesures hydrométriques (chroniques et mesures ponctuelles),
h indices de crues historiques significatives :
ƒ mesures hydrométriques ou limnimétriques,
ƒ laisses de crue et repères de crue : indicateurs indispensables pour connaître les hauteurs de
l’eau des zones inondées, bancarisés dans la plateforme nationale collaborative des sites et re-
pères de crues74,
ƒ indications indirectes : niveaux des planchers et des ouvertures, escaliers d’accès, etc. ;
„ des descriptions et retours d’expérience de crues historiques connues : dates, débits maximum,
hydrogrammes, hauteurs d’eau et périodes de retour associées, délimitation des zones inondées sous
forme cartographique, dégâts enregistrés (conséquences humaines et physiques : coupure de réseaux,
dégâts, dommages, victimes, etc. ), défaillances d’ouvrages, etc.

3.2.2.4. La synthèse du fonctionnement du bassin versant


L’analyse du fonctionnement hydraulique et des évènements historiques permet de faire émerger une
caractérisation synthétique du secteur d’étude. Cette synthèse préparatoire regroupe des informations
utiles pour les étapes suivantes, notamment :
„ le périmètre de l’étude de l’aléa, incluant les secteurs qui ne sont pas directement exposés à l’inon-
dation mais où certains aménagements ou activités pourraient aggraver l’aléa ;
„ les principaux débordements : facteurs déclenchants, points d’entrée et cheminements privilégiés ;
„ les évènements historiques susceptibles d’être considérés pour l’aléa de référence, et ceux utiles au
calage de modèles ;

71. Technique employée en génie fluvial pour atténuer les courbes d’une rivière naturelle trop sinueuse afin de faciliter la navi-
gation des convois.
72. Les endiguements ou les recalibrages en amont d’un cours d’eau peuvent avoir supprimé ou fortement réduit le laminage,
au préjudice de l’aval.
73. Certains évènements récents de grande envergure ont mis en évidence l’intérêt d’élargir si possible cette période.
74. https://www.reperesdecrues.developpement-durable.gouv.fr/

41 | 159
„ les systèmes d’endiguement et autres structures impactant les écoulements ;
„ certains éléments spécifiques : bras morts pouvant être réactivés au moment d’une crue, obstacles
susceptibles de provoquer une surélévation de l’eau en amont, éventuels secteurs d’érosion et de dé-
pôt, zones de déplacement potentiel du lit mineur, sites privilégiés de formation d’embâcles, etc.
Ces informations peuvent utilement être présentées sous forme cartographique localisant les zones
historiquement inondées, les principaux dégâts historiques sur les ouvrages, les PHEC (plus hautes eaux
connues), les systèmes d’endiguement et ouvrages impactant les écoulements, etc.
Des informations complémentaires peuvent être annexées. Il peut s’agir par exemple de photographies
(campagnes aériennes, satellitaires, et/ou prises au sol), de fiches de relevés de laisses de crues significa-
tives, ou de documents synthétisant les impacts des évènements majeurs survenus (issus du travail des
EPRI par exemple).
Certains éléments de cette synthèse ont vocation à être intégrés au rapport de présentation du PPRi.

3.2.3. La détermination des scénarios à étudier (phase 2)


3.2.3.1. La caractérisation du scénario de référence
3.2.3.1.1. Le principe général
L’aléa de référence d’un PPRi est déterminé à partir de l’évènement le plus important connu et documen-
té, ou d’un évènement théorique de fréquence centennale, si ce dernier est plus important (article R. 562-
11-3 du code de l’environnement).
Il est donc nécessaire de recenser, pour chaque tronçon et affluents, les évènements historiques docu-
mentés et d’en évaluer « l’importance ».
Lorsqu’il est possible de caractériser un (ou plusieurs) évènement(s) historique(s) de fréquence au moins
centennale, le plus important évènement de ce type est transcrit sous forme de « scénario de référence »,
qui décrit le type d’évènement dont le PPRi cherche à prévenir les conséquences (notion développée dans
l’encart ci-après)75.
Lorsque cela n’est pas possible, le scénario de référence est déterminé à partir d’un évènement théorique
d’occurrence centennale, à construire.

« Évènement » et « scénario de référence »

Afin d’éviter d’éventuelles confusions, il est proposé dans le présent guide de distinguer les notions
d’ « évènement » du code de l’environnement et de « scénario de référence du PPRi », qui ont des si-
gnifications proches mais qui présentent quelques différences.

Un « évènement connu et documenté » fait référence à un épisode historique qui s’est réellement
produit et qui est décrit par des observations (plus ou moins convergentes). Il s’agit par exemple de
« la crue de la Seine de 1910 ».

Un « évènement théorique de fréquence centennale » est un évènement pouvant se produire, mais qui
ne correspond pas directement à un évènement historique documenté.

Le « scénario de référence du PPRi » qui découle d’un évènement (historique ou théorique) est la repré-
sentation de cet évènement retenue pour élaborer la carte d’aléa de référence du PPRi. Ce scénario
intègre des hypothèses sur les conditions hydrauliques (choix d’hydrogrammes en différents points du
territoire d’étude), qui peuvent s’appuyer sur la combinaison de plusieurs évènements, par exemple
pour le cours d’eau principal et pour les affluents. C’est un scénario dans la mesure où il correspond à
une transcription d’un (ou plusieurs) évènement(s) qui peut légitimement s’écarter de la réalité histo-
rique.

La description du contenu d’un scénario de référence est présentée en partie 3.2.3.1.7.

75. Dans ce cas, le scénario de référence du PPRi peut correspondre à une crue plus rare que la crue centennale.

42 | 159
3.2.3.1.2. Qu’est-ce que « l’importance d’une crue » ?
« L’importance d’une crue », ou « magnitude de la crue », traduit une première approximation de son
ampleur globale76. Elle est généralement77 évaluée par une valeur numérique unique à l’échelle de la crue,
directement associée à la probabilité d’occurrence de cette crue.
Cette valeur est celle d’une variable physique mesurable ayant une importance prépondérante sur les
conséquences de la crue. Dans le cadre d’un PPRi de débordement de cours d’eau non torrentiel, l’im-
portance de l’évènement est souvent78 évaluée au regard du débit liquide de pointe en un point de réfé-
rence79 (ou parfois au regard des volumes liquides80 en jeu durant l’évènement sur les cours d’eau jaugés).
La probabilité d’occurrence d’une crue est la probabilité que la magnitude de cette crue soit atteinte ou
dépassée dans une année. L’inverse de la probabilité d’occurrence d’une crue est la « période de retour
de la crue » et correspond à la durée moyenne81 entre deux crues d’au moins cette magnitude. Les crues
centennales sont par exemple les crues dont la période de retour vaut 100 ans.
La probabilité d’occurrence d’une crue et, par suite, la période de retour, n’ont pas de valeur prédictive et
s’appréhendent uniquement de manière statistique. Deux crues centennales peuvent en effet se produire
une même année, ou peuvent être espacées de plusieurs siècles. Le tableau ci-dessous donne une lecture
de ces notions82.

Sur 1 an Sur 30 ans Sur 100 ans


Crue décennale 10 % 96 % 99,997 %
Crue trentennale 3% 64 % 97 %
Crue cinquantennale 2% 45 % 87 %
Crue centennale83 1% 26 % 63 %
Crue millénale 0,1 % 3% 10 %
Tableau 3 : probabilité qu’une crue de fréquence donnée se produise ou soit dépassée au moins une fois sur une période donnée.

3.2.3.1.3. La détermination du débit de pointe de référence


La détermination de débits de pointe centennaux
L’analyse des distributions statistiques des données hydrométriques (et parfois pluviométriques) dispo-
nibles permet de quantifier les débits de pointe et volumes écoulés pour différentes périodes de retour.
Les débits de pointe centennaux peuvent être déterminés de plusieurs manières, décrites ci-après, en
fonction des données disponibles. Les incertitudes des résultats sont fortement liées aux périodes d’ob-
servation et diminuent avec l’allongement des chroniques. Les résultats sont accompagnés d’un intervalle
de confiance.

76. Cette notion ne doit pas être confondue avec l’intensité de l’aléa, qui est une notion locale : l’intensité change potentielle-
ment en chaque point potentiellement submergé, la magnitude est unique pour décrire la crue d’un cours d’eau.
77. Sur certains territoires, notamment lorsque le PPRi traite plusieurs cours d’eau majeurs, l’importance globale d’un évène-
ment peut être décrite plus finement avec quelques valeurs caractéristiques des grands secteurs d’étude (par exemple la magni-
tude relative à chacun des principaux cours d’eau étudiés).
78. D’autres variables peuvent être envisagées (hauteur du niveau d’eau – la relation entre le débit et la hauteur dépend de la
saison, de la végétation, etc. -, temps de montée / durée de la crue, débits solides, concentration solide, volume de matériaux
transportés, etc.) mais sont généralement moins adaptées pour des cours d’eau non torrentiels.
79. Le débit de pointe est en effet un indicateur clairement défini, globalement représentatif du potentiel de destruction d’une
crue, et présentant l’avantage de pouvoir être expliqué de manière simple. Le point de référence peut être par exemple localisé
à la hauteur d’une station hydrométrique existante.
80. Une crue définie par les volumes liquides en jeu durant l’évènement peut alors se décliner en différents hydrogrammes, et
ainsi amener à considérer plusieurs scénarios de référence.
81. Calculée sur une très longue durée.
82. La probabilité qu’un évènement de période de retour T se produise ou soit dépassé sur une durée de N années est définie
par la formule p(T,N)=1-(1-1/T)N.
83. Ainsi, une crue centennale a une probabilité d’environ 1 sur 4 de survenir en 30 ans, et d’environ 2 sur 3 de survenir sur 100
ans.

43 | 159
Calcul du débit de pointe centennal d’un cours d’eau jaugé84
Les stations de jaugeage sont un outil privilégié pour caractériser les crues, car le débit y est estimé en
temps réel. De nombreuses données sont disponibles depuis 2022 sur le site de l’Hydroportail. Les débits
caractéristiques de crue, de fréquence décennale et supérieure, et leurs intervalles de confiance à 95 %
sont calculés à partir d’ajustements statistiques85 (lois de Gumbel, loi log-normale, etc.).
Une évaluation de la qualité des données aux stations hydrométriques est nécessaire86. Elle est effectuée
au regard de :
„ la durée et l’homogénéité de la chronique de mesures ;
„ la méthode utilisée (mesure, calcul ou restitution) ;
„ la validité des courbes de tarage (relation univoque entre hauteur et débit) : la courbe de tarage est
susceptible de varier dans le temps. Elle est donc régulièrement contrôlée. Des courbes de tarage suc-
cessives sont ainsi établies et applicables à des périodes différentes87 ;
„ la méthode utilisée pour le comblement de lacunes et la reconstitution ;
„ la méthode d’ajustement statistique utilisée ;
„ l’influence des ouvrages (systèmes d’endiguement, prises d’eau, canaux, siphons, barrages, etc.).
Afin d’évaluer au mieux la qualité des données, il est recommandé de se mettre en lien avec l’unité d’hy-
drométrie88 (UH) en charge du secteur.
Les ajustements statistiques conduisant à la détermination des périodes de retour sont d’autant moins
fiables que les chroniques utilisées sont courtes. Les séries de données sont souvent trop courtes pour éva-
luer correctement le débit centennal89. Ainsi, la confrontation de l’ajustement statistique hydrométrique
avec d’autres méthodes permet d’améliorer la validité de l’estimation du débit centennal.
Calcul de débit de pointe centennal d’un cours d’eau non jaugé
Dans le cas d’un bassin non jaugé ou d’un historique insuffisant (échantillon statistique trop restreint),
l’estimation du débit de pointe d’une crue centennale repose sur d’autres méthodes le plus souvent em-
piriques (qui sont à manier avec précaution) :
les méthodes basées sur la transformation d'une pluie en débit
Il n’est pas toujours possible d’identifier le débit de pointe centennal à partir des seules données de
débit disponibles ou reconstituées. Dans ce cas, une analyse statistique des données pluviométriques
des stations météorologiques sur le bassin d’étude, et notamment des pluies caractéristiques décrites
par leur période de retour, durée et intensité, peut permettre l’identification des pluies susceptibles
de provoquer les inondations les plus importantes sur le territoire étudié. L’utilisation d’un modèle
pluie-débit permet ensuite d’évaluer le débit de pointe centennal90.
¨ Méthode du Gradex
La méthode du Gradex vise à calculer les débits de crues de période de retour supérieure ou égale à
cent ans. Son principe repose sur le fait qu’au-delà d’un certain cumul, toute pluie tombée contribue
directement à l’hydrogramme de crue, du fait de la saturation des sols et sous l’hypothèse qu’au-delà
d’un certain seuil, les débits évoluent proportionnellement aux cumuls de pluie. Cette méthode part
donc des débits de période de retour relativement fréquents, et permet par extrapolation d’estimer
des débits pour des périodes plus rares.

84. Le jaugeage qualifie et regroupe l'ensemble des opérations ayant pour but de déterminer le débit d'un cours d'eau en fonc-
tion de la hauteur d’eau dans le lit mineur.
85. Les méthodes d’ajustement statistique permettent d’estimer des périodes de retour.
86. Certaines sources de données pouvant localement sous-évaluer les débits de période de retour « rares ».
87. Les courbes de tarage peuvent être utilisées en condition limite aval d’une simulation en régime transitoire.
88. Les unités d’hydrométrie (UH) sont chargées de l’installation et de l’entretien des dispositifs de mesure hydrométriques.
Elles réalisent également les mesures directes de débits (jaugeages), critiquent les données et alimentent la banque de données
sur l’eau (Hydroportail). Comme les services de prévision des crues, elles sont basées dans les D(R)EAL.
89. Il est usuellement considéré qu’une période d’au moins 20 à 50 ans de mesure est nécessaire pour envisager une estimation
du débit centennal.
90. Les pluies sont indépendantes de la structure du bassin. Les débits, quant à eux, dépendent non seulement des pluies mais
aussi du bassin et de son état susceptible de varier (saisonnalité, tendance à long terme, etc.).

44 | 159
¨ Méthode SHYREG
La méthode SHYREG (simulation d’hydrogrammes pour la prédétermination des crues régionalisées)
est développée par l’INRAE pour l'estimation régionale des débits de crue. Il s'agit d'une version régio-
nalisée de la méthode SHYPRE (simulation d'hydrogrammes pour la prédétermination des crues). Cette
méthode intègre un générateur aléatoire de pluies horaires qui permet de produire des chroniques de
pluies sur des dizaines de milliers d'années, et d’extraire des évènements de pluie relatifs à une large
gamme de périodes de retour (de 2 à 1 000 ans). Les hydrogrammes de crues correspondants peuvent
ensuite être déduits à partir d'un modèle pluie-débit. De ces chroniques de crues sont déduits les
quantiles de débit de différentes durées et de différentes fréquences pour de nombreux bassins ver-
sants non jaugés.
L’application de cette méthode sur l’ensemble du territoire national a permis d’élaborer une base de
données libre d’accès sur l’ensemble du réseau hydrographique91.
¨ Méthode Schadex
La méthode Schadex (Simulation climato-Hydrologique pour l'appréciation des débits extrêmes) a été
développée par EDF en combinant les idées des deux approches précédentes pour estimer les quan-
tiles extrêmes de débits. Elle repose sur un procédé de simulation stochastique qui combine un modèle
probabiliste de pluie et un modèle hydrologique pluie-débit. Il s'agit de la méthode de référence pour
le calcul de la crue de projet servant au dimensionnement des évacuateurs des barrages d'EDF.
Les méthodes plus anciennes et plus simples à utiliser dans les cas ne nécessitant pas d’analyse pous-
sée (petits affluents par exemple)
¨ Formule de Myer : calcul de débit de pointe à partir de bassins jaugés voisins
La formule de Myer permet d’obtenir le débit de crue recherché en fonction du débit de crue connu
d’un cours d’eau voisin et des surfaces des différents bassins versants92. Cette méthode est préféren-
tiellement utilisée pour les bassins versants supérieurs à 10 km². Elle est basée sur l’exploitation des
caractéristiques débitmétriques connues de cours d’eau (généralement jaugés) dans des bassins voisins
présentant des caractéristiques semblables en termes de morphologie, topographie, occupation du
sol, hydrographie, géologie, pluviométrie, etc. Cette formule repose sur l’hypothèse qu’à l’échelle de
bassins versants homogènes, les débits spécifiques93 peuvent être considérés comme homogènes.
¨ Méthode rationnelle
La méthode rationnelle permet d’estimer les débits en fonction de caractéristiques générales du bassin
(surface, coefficients de ruissellement versant, temps de concentration des écoulements) et de l’inten-
sité de la pluie94. Elle est à réserver aux petits bassins versants (d’une superficie inférieure à 1 km²).
Pour aller plus loin : il existe d’autres méthodes, plus ou moins complexes, pour estimer les débits. Ce
guide n’a pas vocation à approfondir ces sujets, traités par d’autres ouvrages qui font référence (MEDD,
2007 ; MEDAD, 2007 ; etc.).
Comparaison des débits de pointe centennaux
Différents débits de pointe centennaux du cours d’eau, estimés à partir de plusieurs méthodes (que ce soit
dans le cadre de l’élaboration du PPRi ou dans le cadre d’études antérieures) sont ainsi comparés, au regard
notamment de la qualité de chacune des méthodes utilisées. Cela permet d’établir la valeur du débit cen-
tennal faisant référence dans le cadre du PPRi, et d’évaluer l’intervalle de confiance associé.

91. Shyreg pour les pluies : https://shyreg.pluie.recover.inrae.fr/ et Shyreg pour les débits : https://shyreg.recover.inrae.fr/
92. La formule de Myer est QTr = QTc x (Sr / Sc)α avec QTr : débit recherché (de période de retour T) ; QTc : débit connu (de période
de retour T) ; Sr : surface du bassin versant du cours d’eau dont le débit est recherché ; Sc : surface du bassin versant du cours
d’eau dont le débit est connu ; α : coefficient de Myer, généralement compris entre 0 et 1 en fonction de la géologie, du climat,
etc.
93. Le débit spécifique (en L/s/km²) est une mesure de l’écoulement moyen des précipitations au sein d’un bassin versant. Il est
défini comme le volume d’eau qui s’écoule en moyenne chaque seconde par kilomètre carré du bassin. C’est le rapport du débit
du cours d’eau (exprimé en L/s ou m3/s) et de la surface de son bassin versant (exprimée en km²).
94. La formule de base de la méthode rationnelle est : Qp = Cr x Ip x A, avec Qp : débit de pointe (en m3/s) ; Cr = coefficient de
ruissellement moyen du bassin versant (sans unité) ; Ip : intensité de la pluie (en mm/h) (le choix d’une durée de pluie égale au
temps de concentration du bassin versant est souvent un choix pertinent, permettant de prendre en compte la mobilisation de
toute la surface d’étude sans minimiser l’effet de pointe) ; et A : superficie du bassin versant (en ha). Pour aller plus loin, voir
Chocat, 1997.

45 | 159
La détermination du débit de pointe de référence du PPRi
Le débit de pointe centennal est comparé au débit de pointe de l’évènement historique le plus important
connu. Le plus fort des deux est retenu pour déterminer le débit de pointe de référence du PPRi et sert de
base à la construction de l’hydrogramme du scénario de référence.
3.2.3.1.4. La détermination de l’hydrogramme de crue de référence
Le débit de pointe est utile à la détermination de la période de retour de la crue et à la caractérisation
du scénario de référence, mais il ne suffit pas pour étudier finement son évolution car il ne traduit qu’une
phase de l’évènement. Une crue exceptionnelle au regard de son débit de pointe peut par exemple s’avé-
rer courante en volume et ne pas retranscrire de manière satisfaisante l’ampleur de la crue recherchée.
D’autres grandeurs sont évaluées pour compléter la description du scénario de référence sous forme
d’hydrogrammes de crue, qui seront utilisés en entrée du modèle hydraulique. Les hydrogrammes sont
les graphiques représentant la variation des débits en un point au cours de la crue. Ils sont décrits par les
variables clefs ci-dessous :

tb
Qmax
tm
débit

Vdmax
Qb

d
temps t
Illustration 13 : exemple d’hydrogramme de crue.

„ Qmax : débit maximal instantané, ou débit de pointe.


„ Qb : débit de base prévalant dans les moments qui précèdent la crue.
„ Vdmax : volume maximal généré sur une durée d.
„ tb (temps de base) : durée de l’épisode.
„ tm (temps de montée) : des coefficients de forme conditionnent l’allure de la courbe de concentra-
tion et la courbe de récession.
L’analyse historique permet généralement d’identifier les formes types d’hydrogramme représentatives
des crues du cours d’eau et de ses affluents, ainsi qu’une première approximation des temps de base et
des temps de montée pour la période de retour du PPRi. Ces informations, combinées au débit de pointe
de référence déterminé précédemment, permettent de construire les hydrogrammes de référence.
Les hydrogrammes de crue présentent des incertitudes importantes et font l’objet d’une analyse critique.
De manière générale, il est recommandé de retenir des hypothèses allant dans le sens de la sécurité.
Par ailleurs, par définition, un hydrogramme de référence caractérise un scénario représentatif d’une crue,
mais ne traduit pas la diversité des crues de même période de retour susceptibles de se produire. Lorsque
plusieurs évènements naturels de période de retour comparable, mais aux modes de fonctionnement
sensiblement différents et aux conséquences significativement distinctes, peuvent (raisonnablement)
survenir, plusieurs hydrogrammes de référence peuvent être construits. Il est par exemple parfois utile de
distinguer un scénario de référence de courte durée mais avec une pointe considérable et un scénario plus
lissé de longue durée, présentant un volume liquide global similaire95.

95. Dans ce cas, la période de retour est plutôt évaluée sur les volumes totaux, et non les débits de pointe.

46 | 159
Un hydrogramme traduit l’évolution des débits sur un secteur donné (théoriquement, en un point pré-
cis, en première approximation, sur un tronçon homogène). Après chaque entrée ou sortie (significative)
d’eau, les débits sont caractérisés par un autre hydrogramme intégrant ces évolutions.
Des hydrogrammes de référence sont ainsi à définir en amont du cours d’eau principal et en amont de
chaque affluent96. Cette étape est indispensable dans l’élaboration de la carte d’aléa de référence, no-
tamment dans la mesure où ces hydrogrammes définissent les conditions limites de modèles numériques.
3.2.3.1.5. Les secteurs de confluence
Tout point du (ou des) cour(s) d’eau dont le PPRi réglemente les débordements est couvert par (au moins)
un scénario de période de retour au moins égale à 100 ans97.
Cette règle est à la base des réflexions permettant de définir les débits dans les secteurs de confluence.
Au niveau d’une confluence, le débit du tronçon à l’aval dépend des débits des tronçons amont (il est égal,
en première approximation, à la somme des débits affluents).
La réflexion en termes de période de retour est plus complexe : un évènement de période de retour
donnée sur la partie aval ne correspond pas nécessairement à un évènement de même période de retour
sur les parties amont. La période de retour à l’aval dépend en effet notamment de la concomitance des
évènements sur chacun des sous-bassins versants amont.
Si les évènements correspondant à la période de retour du PPRi sont concomitants sur les deux sous-bas-
sins versants des affluents (c’est notamment le cas si les « évènements rares » sur chacun des sous bassins
versants résultent des mêmes évènements climatiques), un débit correspondant à cette période de retour
peut être retenu sur chacun des affluents (voir illustration 14).

Affluent
Q2 = 300 m3/s = Q100, Tr2

Cours d’eau
principal, objet
du PPRi
Tr2
Q3 = Q1 + Q2 = 1 100 m3/s
Tr1
= Q100, Tr3
Q1 = 800 m3/s = Q100, Tr1
Tr3

Illustration 14 : exemple d’un cas de concomitance des évènements centenaux sur les deux sous bassins.
Dans l’exemple ci-dessus, les évènements centenaux98 pour les tronçons Tr1 et Tr2 sont concomitants (si un évènement centennal
se produit sur Tr1, un évènement centennal se produit également sur Tr2). La période de retour du débit résultant dans Tr3 est
alors également centennale.

96. Cette réflexion est également à mener à l’aval, l’hydrologie de la retenue ou du cours d’eau récepteur pouvant être détermi-
nante pour les écoulements dans les parties aval de la zone d’étude.
97. Pour rappel : période de retour centennale, ou période de retour d’un évènement historique plus important. Il convient de
noter que la période de retour de référence du cours d’eau principal peut être différente de la période de retour de référence
d’un cours d’eau affluent.
98. Dans cet exemple et l’exemple ci-dessous, il est considéré, pour simplifier la lecture, que la période de retour de référence
du PPRi est de 100 ans.

47 | 159
Si les évènements correspondant à la période de retour du PPRi ne sont pas concomitants sur les deux
sous-bassins versants des affluents, la période de retour en aval est différente des périodes de retour en
amont (voir illustrations 15 et 16).

Affluent
Q2 = 300 m3/s = Q100, Tr2

Cours d’eau
principal, objet
du PPRi
Tr2
Q3 = Q1 + Q2 = 1 100 m3/s
Tr1
= Q500, Tr3
Q1 = 800 m3/s = Q100, Tr1
Tr3

Illustration 15 : exemple d’un cas où les évènements centennaux ne sont pas concomitants entre le cours d’eau principal et
l’affluent.
Dans l’exemple ci-dessus, les évènements centenaux pour les tronçons Tr1 et Tr2 ne sont pas concomitants. Cela peut être le cas
si les évènements météorologiques à l’origine des crues sur Tr1 sont (relativement) indépendants de ceux à l’origine des crues
sur Tr2. La période de retour sur Tr3 en cas de crue centennale sur Tr1 et Tr2 serait alors associée à la probabilité que deux crues
centennales, pas ou peu liées entre elles, se produisent simultanément sur chacun des tronçons amont (Tr1 et Tr2). Elle serait
alors plus élevée que 100 ans (par exemple 500 ans ici). Il convient donc d’ajuster les hydrogrammes amont (sur Tr1 et Tr2) pour
construire l’hydrogramme de référence à l’aval (sur Tr3) de manière à ce que l’évènement sur Tr3 soit centennal (voir illustration
16).

Une étude de sensibilité est alors à réaliser sur différentes combinaisons de débits amont, afin d’obtenir
un débit aval résultant cohérent avec la période de retour retenue pour le PPRi.

Affluent
Q2 = 150 m3/s = Q20, Tr2

Cours d’eau
principal, objet
du PPRi
Tr2
Q3 = Q1 + Q2 = 950 m3/s
Tr1
= Q100, Tr3
Q1 = 800 m3/s = Q100, Tr1
Tr3

Illustration 16 : exemple d’un cas où les évènements centennaux ne sont pas concomitants entre le cours d’eau principal et
l’affluent.
Afin d’obtenir un débit centennal sur le tronçon Tr3 (cours d’eau objet du PPRi), il convient dans l’exemple ci-dessus de retenir
un débit centennal sur Tr1, et vicenal sur Tr2 99.
NB : des configurations dans lesquelles un débit centenal est à considérer sur le tronçon amont de l’affluent (Tr2) et non sur le
tronçon amont du cours d’eau principal (Tr1) peuvent être envisagées.

99. Si les débordements relatifs à cet affluent ont vocation à être également réglementés par le PPRi, il conviendra de définir
par ailleurs un débit de la période de retour du PPRi sur T2, et d’étudier les inondations associées.

48 | 159
3.2.3.1.6. La prise en compte des dispositifs de stockage
Les dispositifs de stockage (barrage, retenue d’eau, retenue collinaire, retenue d’étang, etc.) sont considé-
rés comme transparents pour l’élaboration du scénario de référence dans le cadre d’un PPRi. Ils ne jouent
pas de rôle d’écrêteur de crue, le débit entrant est égal au débit sortant.
Il convient d’être vigilant dans ce cas car certaines données historiques peuvent être biaisées par la pré-
sence de ces aménagements.
3.2.3.1.7. Synthèse sur la description du scénario de référence
Dans le cas d’une inondation par débordement de cours d’eau (non torrentiel), le scénario de référence
est décrit par :
„ une période de retour de référence, généralement estimée par rapport à un débit de pointe. Cette
période correspond à 100 ans, ou à la période de retour d’un évènement historique plus important s’il
en existe un connu et documenté100 ;
„ un débit de pointe de référence à une localisation donnée (par exemple : « XX m3/s au niveau du
pont de XX »), accompagné des incertitudes associées ;
„ des hydrogrammes de crue aux points d’intérêt du réseau, et notamment en amont du secteur
d’étude pour le cours d’eau objet du PPRi et pour chaque affluent. Dans certains cas, il peut être justifié
d’associer plusieurs hydrogrammes de crue à un secteur. Plusieurs scénarios de référence seront alors
étudiés pour élaborer la carte d’aléa ;
„ des paramètres secondaires complètent parfois cette description, s’ils sont susceptibles d’influen-
cer significativement les écoulements : quantité et taille de flottants, concentration solide, etc.
3.2.3.1.8. Les scénarios relatifs à d’autres périodes de retour
L’aléa de référence du PPRi, puis le règlement, se basent sur le (ou les) les scénario(s) de référence décrit(s)
précédemment. Seule la caractérisation de l’aléa défini par l’article R. 562-11-3 du code de l’environne-
ment fait l’objet d’une obligation réglementaire dans le cadre du PPRi (voir partie 3.2.3.1.1). La cartographie
des aléas pour d’autres occurrences de crues, plus rares ou plus fréquentes, ne fait pas stricto sensu partie
de la démarche d’élaboration du PPRi.
De telles cartes sont toutefois obligatoires sur les territoires à risque important d’inondation identifiés
dans le cadre de la DI (article R. 566-6 du code de l’environnement), et sont particulièrement utiles aux
autorités de gestion de crise sur les secteurs les plus à enjeux pour lesquels l’État assure la vigilance aux
crues (zones d’inondation potentielles (ZIP), zones inondées par classes de hauteurs d’eau (ZICH), etc.).
Elles permettent dans tous les cas d’améliorer la connaissance générale du fonctionnement du bassin
versant. L’étude des crues fréquentes (par exemple décennales ou trentennales) permet de produire des
connaissances utiles à la gestion de crise, notamment pour les missions « référent départemental inonda-
tion » (RDI), et d’identifier des secteurs où il peut être envisagé de renforcer les mesures obligatoires sur
l’existant dans le règlement du PPRi. L’étude d’évènements plus rares permet d’identifier d’éventuels effets
de seuil101 et de localiser les zones susceptibles d’être atteintes par des évènements dépassant le scénario
de référence du PPRi.
Des échanges avec les différents services de l’État chargés de réaliser des cartes d’inondation sont indis-
pensables pour identifier l’ensemble des cartes d’inondation existantes, à réaliser ou à mettre à jour sur le
territoire d’étude du PPRi. Ces services sont notamment le service de prévision des crues (SPC), la mission
RDI, et le service chargé de la mise en œuvre de la DI. Il est recommandé d’ajouter, en association avec le
(les) service(s) concerné(s)102 , l’élaboration des cartes ainsi identifiées au sein des travaux demandés dans
le cahier des charges de l’étude d’aléa du PPRi. Une fois élaborées, ces cartes peuvent ensuite faire l’objet
d’un porter à connaissance.
La réalisation de ces cartes de manière concomitante avec la carte d’aléa du PPRi, présente des bénéfices
significatifs :
„ une meilleure lisibilité : l’utilisation du même modèle pour cartographier des zones inondables par
des périodes de retours différentes permet de disposer de jeux de cartes présentant une cohérence
d’ensemble ;

100. Dans ce cas, la référence à l’évènement historique est intégrée dans la présentation du scénario de référence. S’il s’agit
d’un évènement théorique, cela est également précisé, ainsi que les grandes lignes relatives à sa construction.
101. Cela permet de déterminer notamment si une crue légèrement supérieure pourrait être beaucoup plus dévastatrice (par
exemple en inondant de nouveaux secteurs à forts enjeux).
102. Ce (ces) service(s) est (sont) alors associé(s) au pilotage de l’étude.

49 | 159
„ une rationalisation de la dépense publique : la mutualisation de différents coûts (par exemple ceux
liés à la construction du modèle) permet une économie d’échelle entre les différentes démarches ;
„ une limitation et une coordination des démarches, en diminuant le nombre de marchés publics à
mettre en place ;
„ etc.
De manière générale, des échanges sont également vivement conseillés avec l’ensemble des acteurs de
la gestion des inondations (porteurs de PAPI, gestionnaires d’ouvrages, etc.) pour partager au mieux les
données et modèles.
3.2.3.1.9. La prise en compte du changement climatique
Au moment de l’élaboration du présent document, les conséquences du changement climatique sur les
inondations par débordement restent difficiles à estimer à l’échelle locale d’un PPRi. À la complexité des
évolutions attendues pour les pluies, s’ajoute la complexité du comportement du sol. Peu de projections
pour des évènements de périodes de retour supérieures à quelques décennies sont disponibles.

Les connaissances dans ce domaine évoluent rapidement. Les éventuelles modalités relatives à la prise
en compte du changement climatique dans les PPRi seront traitées dans d’autres documents que le
présent guide. La direction générale de la prévention des risques (DGPR) prépare l’adaptation des ré-
férentiels de la prévention des risques naturels dans le cadre du troisième plan national d’adaptation
au changement climatique (PNACC). Pour ce qui concerne les inondations par débordement de cours
d’eau, ce travail s’appuie sur les études du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du
climat (GIEC) et celles plus locales d’opérateurs de l’État (Météo-France et Inrae notamment). Il devrait
aboutir en 2024 et 2025 à une mise à jour dans la méthodologie d’élaboration de l’aléa de référence
des PPRi, et notamment des scénarios de référence, afin de prendre en compte la valeur de la trajec-
toire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) pour 2100,
correspondant à un réchauffement de +4° C en métropole.

Dans le cas d’une inondation par débordement de cours d’eau dans un secteur côtier avec une influence
aval par la mer, la condition aval doit être majorée pour tenir compte de la remontée moyenne du niveau
de la mer du fait du réchauffement climatique, en cohérence avec le décret du 5 juillet 2019.

3.2.3.2. La caractérisation des sous-scénarios


3.2.3.2.1. Pourquoi des sous-scénarios ?
Un même scénario de référence peut se manifester de manière sensiblement différente103 en fonction
notamment :
„ de la tenue ou de la défaillance des ouvrages de protection contre les inondations (systèmes d’endi-
guement et aménagements hydrauliques) ;
„ du comportement des autres ouvrages susceptibles de faire obstacle à l’écoulement (ponts, ou-
vrages traversants, etc.). Ces ouvrages ne sont pas des ouvrages de protection, mais ont toutefois un
effet hydraulique : celui de contenir ou de faire transiter les écoulements. Des défaillances sont régu-
lièrement observées, par exemple à l’occasion d’embâcles de bois flottant. Ces ouvrages peuvent alors
modifier fortement les écoulements en provoquant une surélévation de l’eau en amont et sur les côtés.
Afin de prendre en compte la variabilité des phénomènes pouvant se produire, et d’intégrer les éventuels
effets négatifs associés dans la carte d’aléa, il est nécessaire d’identifier et d’étudier, pour chaque scé-
nario de référence, plusieurs sous-scénarios représentatifs des différents comportements possibles des
éléments du territoire d’étude.
De manière générale, ces sous-scénarios peuvent être de trois types (la suite de cette partie précise quels
sous-scénarios sont à prendre en compte en fonction du type d’ouvrage) :
„ sous-scénario dans lequel les ouvrages existent et leur fonctionnement est nominal. Ce sous-scéna-
rio traduit le fonctionnement « par défaut » ;
„ sous-scénarios avec défaillance des ouvrages (brèches dans les systèmes d’endiguement, obstruc-
tion d’ouvrages de franchissement (ponts), etc.). Ces sous-scénarios traduisent le fait que le bon fonc-
tionnement des ouvrages n’est pas certain ;

103. Tant en emprise inondable qu’en hauteur et dynamique d’écoulement, dans le lit mineur et dans le lit majeur.

50 | 159
„ sous-scénario dans lequel l’ouvrage n’existe pas (effacement intégral), traduisant le fait que l’exis-
tence des ouvrages n’est pas garantie sur le long terme, ou qu’ils peuvent être partiellement ou intégra-
lement détruits pendant un évènement.
Les manifestations de ces différents sous-scénarios sont ensuite regroupées dans une carte de synthèse
reprenant sur chaque secteur le niveau d’aléa maximal identifié par les différents sous-scénarios. Cette
décomposition en sous-scénarios permet de tracer le raisonnement menant à la construction de la carte
d’aléa de référence et de justifier de la bonne prise en compte de la variabilité des manifestations poten-
tielles associées à un scénario.
3.2.3.2.2. La prise en compte des obstacles à l’écoulement
Les ouvrages considérés dans cette partie
Cette partie traite de la prise en compte dans la carte d’aléa du PPRi :
„ des ouvrages reconnus en systèmes d’endiguement au sens de l’article R. 562-13 du code de l’en-
vironnement104. Il peut s’agit d’une ou de plusieurs digues, ainsi que de tout ouvrage nécessaire à son
efficacité et à son bon fonctionnement (ouvrages autres que des barrages, dispositifs de régulation des
écoulements hydrauliques telles que des vannes et stations de pompage, etc.). Un système d’endigue-
ment peut par ailleurs comporter plusieurs rangs d’ouvrages105, auquel cas il convient de prendre en
compte les ouvrages de chaque rang de manière similaire aux ouvrages de premier rang.
„ des ouvrages classés historiquement au titre de l’ancienne rubrique 3.2.6.0 (« digues ») et qui n’ont
pas encore été classés en système d’endiguement (au titre de la nouvelle rubrique), ni neutralisés ;
„ de manière générale, des autres installations, ouvrages et remblais linéaires faisant obstacle aux
écoulements dans le lit majeur106 : merlons, murs d’enceinte, remblais routiers, autoroutier et ferro-
viaires, ouvrages d’art divers, etc. Ces infrastructures linéaires ne peuvent pas être considérées comme
un simple élément topographique naturel, et il convient d’étudier les conséquences potentielles sur les
inondations de leurs tenues et de leurs défaillances.
Les défaillances des ouvrages faisant obstacle à l’écoulement
Les crues sont susceptibles de provoquer des dégradations de ces ouvrages pouvant compromettre leur
stabilité. Les quatre principaux mécanismes de défaillance structurale sont (illustration 17) :
„ l’érosion de surface par surverse : le cours d’eau déborde au-dessus de l’ouvrage, et l’érode, ce qui
peut conduire, même pour des débits de surverse faibles, à sa ruine complète. Les modalités de rupture
dépendent principalement de la vitesse d’écoulement, de la nature du revêtement de l’ouvrage, de la
hauteur et de la durée de la surverse. Dans les cas où la surverse génère une brèche, elle entraîne gé-
néralement une submersion rapide plus dangereuse que l’inondation qui serait survenue en l’absence
d’ouvrage ;
„ l’érosion interne (ou phénomène de « renard hydraulique »), favorisée par la présence de défauts
(dus par exemple à des terriers, des canalisations, des souches ou des racines) ou de points faibles (sols
non résistants à l’érosion interne) dans le remblai ou dans sa fondation. L’eau s’infiltre dans le corps de
l’ouvrage le long d’un conduit préférentiel d’écoulement. Lorsque l’écoulement devient traversant, il
érode progressivement le corps de l’ouvrage le long de ce conduit ;
„ l’érosion externe correspond à des affouillements de l’ouvrage et de son pied du côté du cours
d’eau. Elle est imputable à la vitesse d’écoulement du cours d’eau, au transport solide et à la nature des
protections du talus du côté du cours d’eau (enrochements, etc.) ;
„ le glissement du talus de l’ouvrage, se traduit par une rupture d’ensemble en cas d’instabilité géné-
ralisée souvent due à une fragilité de l’ouvrage.

104. Ces ouvrages relèvent de la rubrique 3.2.6.0. de la nomenclature des opérations soumises à autorisation ou à déclaration
en application des articles L. 214-1 à L. 214-3 du code de l'environnement, précisée dans l’article R. 214-1 du code de l’environ-
nement.
105. Un ouvrage de premier rang est, dans le cadre de ce guide, un ouvrage pouvant être directement mis en charge en cas de
crue. Un ouvrage de second rang est un ouvrage susceptible d’être mis en charge à la suite de la défaillance (surverse, brèche,
etc.) d’un ouvrage de premier rang. Cette notion se généralise : un ouvrage de rang n est un ouvrage susceptible d’être mis en
charge à la suite de la défaillance d’un ouvrage de rang n-1.
106. Ces éléments peuvent relever de la rubrique 3.2.2 de la nomenclature des opérations soumises à autorisation ou à déclara-
tion.

51 | 159
surverse érosion interne

érosion externe glissement

premiers secteurs érodés


Illustration 17 : les différentes origines de ruptures de digues (source : DGPR/SRNH, d’après schémas du Symbhi)

De surcroît, les retours d’expérience montrent que la robustesse des ouvrages et, pour ce qui relève des
ouvrages intégrés dans un système d’endiguement, la pérennité de leur niveau de protection107, ne peuvent
pas être garantie dans le temps long dans des conditions identiques à celles au moment de l’élaboration
du plan. Cela peut être dû à plusieurs configurations, prévisibles ou non :
„ survenue d’un évènement particulièrement important qui fragiliserait ou détruirait l’ouvrage ;
„ non entretien, ou mauvais entretien, de l’ouvrage ;
„ dans le cas d’un système d’endiguement, choix de l’autorité compétente en matière de GEMAPI de
baisser le niveau de protection ;
„ évolution de l’aléa de référence (du fait du changement climatique ou de l’évolution de l’hydrogéo-
morphologie par exemple), entraînant, à ouvrage identique, une augmentation de la probabilité de
dépassement ;
„ etc.
Les conséquences de la rupture d’un ouvrage faisant obstacle à l’écoulement
La rupture d’un tel ouvrage a plusieurs conséquences :
„ un effet de « vague », d’autant plus destructeur que la hauteur d’eau contenue dans le lit « endigué »
est élevée et que la mise en charge108 est importante (exemple de la crue du Gardon du 9 septembre
2002 qui a provoqué plusieurs brèches, responsables de vagues très brutales sur le village où cinq per-
sonnes ont péri) ;
„ une concentration des écoulements entraînant des survitesses et la destruction de la plupart des
constructions dans l’axe d’écoulement ;
„ une érosion des sols observée en aval de la brèche à l’arrière de l’ouvrage, causant également la des-
truction de la plupart des bâtiments. On parle de « fosse d’érosion » (voir illustrations 18 et 19).

107. Les systèmes d’endiguement sont conçus pour protéger une zone contre les inondations jusqu’à un niveau nommé « ni-
veau de protection » (défini à l’article R. 214-119-1 du code de l’environnement).
108. La mise en charge correspond à la différence d’altitude entre la cote d’eau dans le lit mineur et l’altitude du terrain naturel
à l’arrière de l’ouvrage.

52 | 159
Illustration 18 : rupture de la digue de La Mosson à Maurin (Hérault) en 2002, provoquant des fosses d’érosion et une dynamique
très forte pouvant détruire des habitations à l’arrière de la digue (Source : DRE Languedoc-Roussillon).

Illustration 19 : exemple de fosse d’érosion.


À gauche : modèle numérique de terrain mettant en évidence la fosse d’érosion se prolongeant de part et d’autre du château de
l’Isle à la suite d’une brèche dans la levée d’Orléans lors de la crue de 1866. Carte IGN Scan 25® et MNT Laser 2002, les altitudes
les plus basses sont en bleu, les plus élevées en rouge.
Au milieu : gravure du château à l’arrière de la digue avant la crue.
À droite : photographie de 1866 du château de l’Isle après la crue. (Source : DREAL Centre-Val de Loire).

Les zones situées à proximité immédiate d’un ouvrage faisant obstacle à l’écoulement présentent ainsi,
en cas de rupture, un risque élevé pour les vies humaines (noyade, ensevelissement, etc.), pour les biens
(destructions et détériorations d’habitations, d’entreprises, d’ouvrages, d’infrastructures, de cultures, etc.)
et pour l’environnement (destruction de la flore et de la faune, disparition du sol cultivable, pollutions
diverses, dépôts de déchets, boues, débris, etc.). Les ouvrages de protection sont ainsi, dans une certaine
mesure, des objets de danger.
Le principe général sur la prise en compte de ces ouvrages dans les PPRi
Une portion de territoire construite n’est que très rarement rendue à la nature et l’urbanisation d’un sec-
teur acte un changement d’affectation des sols à très long terme (plusieurs décennies à plusieurs siècles).

53 | 159
À cette échelle de temps, aucune digue ne permet d'assurer une « protection absolue » contre toutes les
crues. La probabilité de dépassement ou de défaillance d’un ouvrage peut être faible mais jamais nulle.
Ainsi, les zones situées derrière les ouvrages faisant obstacle aux écoulements, y compris les digues, sont
considérées comme des zones inondables109, quel que soit le niveau de protection pour ce qui concerne
les systèmes d’endiguement110. Compte tenu de leur caractère potentiellement dévastateur, les consé-
quences des défaillances des ouvrages de protection doivent systématiquement être évaluées dans le
cadre du PPRi, prises en compte dans la carte d’aléa et les zones exposées doivent être règlementées111.
Ce principe est un des fondements de la politique nationale de prévention des risques d’inondation.
Les sous-scénarios relatifs aux ouvrages faisant obstacle aux écoulements
« La détermination de l’aléa de référence prend en compte des scénarios de défaillance des systèmes d’endi-
guement autorisés au titre de l’article R. 562-14 du code de l’environnement »112 (article R. 562-11-3 du code
de l’environnement). De manière générale dans le cas des ouvrages faisant obstacles aux écoulements, il
est recommandé d’étudier :
„ un sous-scénario avec tenue de l’ensemble des ouvrages, qui fournit des informations essentielles
pour la suite de la démarche. Ce sous-scénario permet notamment de définir la ligne d’eau de réfé-
rence dans le lit mineur (nécessaire par exemple pour construire les bandes de précaution développées
en partie 3.2.4.3.), d’identifier les zones de mise en charge potentielles où favoriser la localisation de
sous-scénarios de brèches, et de localiser certains points de débordement. Dans certaines configura-
tions, ce sous-scénario peut être par ailleurs localement le plus pénalisant en limitant le laminage de la
crue ou en mettant en évidence des effets de cuvette.
À la différence des sous-scénarios de défaillance, qui dépendent des ouvrages considérés, il y a, en général,
un seul sous-scénario global de « tenue des ouvrages » pour l’ensemble des ouvrages113 de premier rang ;
„ puis, pour chaque ouvrage défini en début de partie 3.2.3.2.2, un (ou plusieurs) sous-scénarios de
défaillance de l’ouvrage considéré (avec tenue des autres ouvrages). En fonction du contexte, et no-
tamment de la complexité du fonctionnement hydraulique du site, il peut être choisi d’étudier :
h [1] : un sous-scénario d’effacement de l’ouvrage et un (des) sous-scénario(s) de brèche(s) ;
h ou [2] : un sous-scénario d’effacement à la place d’un (de) sous-scénario(s) de brèche(s) ;
h ou [3] : un (des) sous-scénario(s) de brèche(s) à la place d’un sous-scénario d’effacement.
La complexité du fonctionnement hydraulique s’évalue principalement au regard de la longueur de
l’ouvrage, de la topographie du site (et en particulier du dénivelé le long du linéaire), de l’importance du
volume d’eau susceptible d’inonder l’arrière de l’ouvrage et du nombre de rangs. Dans les cas simples,
on pourra retenir seulement un sous-scénario d’effacement [2] ou un nombre limité de sous-scénarios
de brèche [3] ; dans les cas complexes, il sera généralement retenu d’étudier ces deux types de sous-scé-
narios [1].
Le(s) sous-scénario(s) de brèche sont construits de manière à pouvoir évaluer les conséquences des
brèches dans les ouvrages en tout point potentiellement mis en charge par l’évènement de référence114.
Une brèche est une ouverture de longueur limitée dans l’ouvrage. Les descriptions des brèches surve-
nant pendant la crue sont proposées par le bureau d’étude et validées par le maître d’ouvrage au regard
des caractéristiques suivantes :

109. Cf. circulaire du 30 avril 2002 relative à la politique de l’État en matière de risques naturels prévisibles et de gestion des
espaces situés derrière les digues de protection contre les inondations et les submersions marines ; ainsi que le guide PPR de
1999 (MATE, METL, 1999).
110. Le système d’endiguement vise à assurer la mise hors d’eau d’une zone à protéger, pour un évènement ou un aléa naturel
d’occurrence donné, définissant son niveau de protection (article R. 214-119-1 du code de l’environnement). Ce niveau de pro-
tection, choisi par l’autorité compétente en matière de GEMAPI, est indépendant de la magnitude de l’évènement de référence
retenu pour le PPRi.
111. Ainsi, les ouvrages de protection ont vocation à protéger les populations et constructions de certains évènements, et non
à ouvrir des secteurs à l’urbanisation.
112. La défaillance des ouvrages faisant obstacle à l’écoulement est également prise en compte dans le PPRi à travers l’identifi-
cation de bandes de précaution (voir partie 3.2.4.3).
113. Lorsque la défaillance d’un ouvrage est quasi-certaine dès le début d’un évènement correspondant au scénario de réfé-
rence, l’hypothèse de tenue peut être écartée et il peut être considéré systématiquement une hypothèse de défaillance pour cet
ouvrage.
114. L’identification des zones de mise en charge des ouvrages de premier rang nécessite d’avoir préalablement étudié le
sous-scénario « de bon fonctionnement ». L’identification des zones de mise en charge des ouvrages de rang n+1 nécessite
d’avoir étudié des sous-scénario de défaillance des ouvrages de rang n.

54 | 159
h leur position : en première approche, les différentes brèches115 sont à positionner de manière à
couvrir tous les secteurs où l’ouvrage peut être mis en charge (« brèche glissante »). Pour de longs
linéaires, l’étude de brèches en tout point nécessiterait toutefois l’identification de très nombreux
sous-scénarios, ce qui impliquerait des durées et des coûts d’étude trop élevés. Pour éviter cela, il est
recommandé d’identifier des sous-scénarios de brèches espacés116 le long du linéaire, notamment
au niveau des secteurs concentrant les enjeux, des zones de mise en charge plus importante, des
zones d’écoulements préférentiels derrière l’ouvrage, ou des localisations de brèches historiques.
Les résultats des différents sous-scénarios sont ensuite interpolés, généralement à dire d’expert, afin
d’estimer les écoulements en cas de brèches en tout point,
h l’instant de déclenchement de la brèche : par exemple au moment du pic de crue, lorsque la cote
d’eau dans le lit mineur dépasse le niveau de protection, au moment d’une éventuelle surverse, etc.,
h le mode d’ouverture de la brèche : la longueur et la largeur initiale d’ouverture, le temps ou la
vitesse d’ouverture, et une description simplifiée de l’évolution de la fosse d’érosion,
h la situation finale : définie par une cote de fond atteinte par tous les points situés dans la zone
de brèche, ce qui traduit également la largeur maximale de l’ouverture117 et la profondeur maximale
de la fosse d’érosion.
Le sous-scénario d’effacement, consiste à considérer l’ouvrage comme transparent hydrauliquement.
Cet effacement peut être permanent (arasement de l’ouvrage dès le début de la modélisation) ou in-
tervenir pendant la crue (ruine de l’ouvrage, modélisée par l’apparition d’une brèche qui s’élargit sur
toute la longueur de l’ouvrage, et dont il convient de définir les caractéristiques : position de l’ouverture
initiale, instant de déclenchement, mode d’ouverture et situation finale).
Le lien avec les études de dangers (pour les digues)
Les systèmes d’endiguement font l’objet d’une réglementation spécifique en raison des risques qu’ils
peuvent générer pour les personnes et les biens. À ce titre, ils sont soumis à des dispositions réglemen-
taires particulières, dont la réalisation d’études de dangers (EDD) par les gestionnaires d’ouvrages.
Le plan de l’EDD des digues organisées en systèmes d’endiguement et des autres ouvrages conçus ou amé-
nagés en vue de prévenir les inondations et les submersions est défini en partie 8 de l’annexe 1 de l’arrêté
du 7 avril 2017.
Les scénarios 1 à 3 définis dans une EDD118 constituent une base utile à la réflexion, mais ne sont pas suf-
fisants pour définir les sous-scénarios de brèches d’un PPRi par débordement de cours d’eau. En effet, les
sous-scénarios de brèches pour réaliser l’aléa de référence du PPRi ont vocation à couvrir le champ des
possibles sur le long terme et sont indépendantes de la robustesse du système d’endiguement. Le scénario
4 de l’EDD est un scénario facultatif correspondant à l'évènement pris pour déterminer l'aléa de référence
du plan de prévention des risques naturels pour les aléas débordement de cours d'eau et submersion
marine. Les cartes associées à ce scénario de l’EDD peuvent apporter certains éclairages, mais n’ont pas
vocation à être intégrées directement dans la carte d’aléa de référence du PPRi. Elles sont en effet élabo-
rées par l’autorité compétente en matière de GEMAPI dans un objectif de définition et de démonstration
d’un niveau de protection. Elles n’ont pas vocation à se substituer aux cartes du PPRi, qui relèvent de la
responsabilité de l’État et qui visent à répondre à un autre objectif.
3.2.3.2.3. La prise en compte des autres dispositifs hydrauliques
Les dispositifs de stockage, drainage, ressuyage ou d’évacuation des eaux (vannages, écluses, etc.), qui
peuvent relever des aménagements hydrauliques au sens de l’article R. 562-18 du code de l’environne-
ment119, ont un impact potentiellement significatif sur la propagation des écoulements.

115. Sauf dans des cas particuliers où l’analyse de brèches simultanées se justifie, chaque brèche fait généralement l’objet d’un
sous-scénario dédié.
116. Distance, régulière ou non en fonction de la topographie, de plusieurs dizaines à centaines de mètres en fonction de la
configuration du secteur.
117. La largeur maximale d’une brèche ne dépasse habituellement pas 1.5 à 2 fois la largeur du lit mineur.
118. Scénario 1 : fonctionnement normal du système d’endiguement (montée des eaux correspondant au plus au niveau de
protection). Scénario 2 : défaillance fonctionnelle (ou hydraulique) du système qui se produit lors de la montée des eaux provo-
quant une perte de protection de la zone protégée, au moins partielle, mais en supposant l’absence de défaillance structurelle
des ouvrages. Scénario 3 : défaillance structurelle du système d’endiguement (montée des eaux provoquant une défaillance
structurelle des ouvrages).
119. Ces ouvrages peuvent donc être inclus dans la rubrique 3.2.6.0. de la nomenclature des opérations soumises à autorisation
ou à déclaration. Les barrages, dont la prise en compte est traitée en partie 3.2.3.2.6., ne relèvent pas de ce paragraphe.

55 | 159
Que leur fonctionnement soit automatisé ou conditionné par une action humaine (mécanique ou élec-
trique), l’absence de défaillance de ces dispositifs ne peut pas être garantie sur le long terme. Il convient
donc d’envisager :
„ un sous-scénario de fonctionnement sans défaillance de ces dispositifs ;
„ un (ou des) sous-scénario(s) de fonctionnement défaillant ou perturbé.
3.2.3.2.4. La prise en compte des installations, ouvrages et remblais dans le lit mineur
Certains ouvrages (piles de pont, seuils, etc.)120 peuvent contraindre la section d’écoulement dans le lit
mineur et influencer, parfois très fortement, la propagation de la crue et la ligne d’eau, à l’amont comme
à l’aval. Leur impact est étudié à travers différents sous-scénarios :
„ un sous-scénario de fonctionnement sans défaillance (fonctionnement normal) ;
„ et/ou121 des sous-scénarios de fonctionnement défaillant ou perturbé : embâcles sur les piles de
pont entrainant une diminution de la section d’écoulement, obstruction partielle ou totale du pont
avec des débordements sur les côtés, rupture après une mise en charge, etc.

Illustration 20 : création d’embâcles en amont d’un pont à Morlaix en juin 2018 (Source : Morlaix communauté).

De manière générale, les matériaux flottants transportés par le courant peuvent s’accumuler en amont
des passages étroits. Les embâcles créés surélèvent alors fortement le niveau de l’eau en amont. Leur
rupture éventuelle peut provoquer une onde puissante et dangereuse en aval. En fonction du contexte
(nombre et taille prévisible de flottants, largeur du lit, etc.), il peut être utile d’intégrer des sous-scénarios
relatifs à la formation et à la rupture d’embâcles pour différents instants de la crue (au minimum pour le
pic de crue au droit de l’embâcle).
3.2.3.2.5. La prise en compte des barrages de retenue et ouvrages assimilés relevant des critères
de classement prévus par l’article R. 214-112 du code de l'environnement
Ces ouvrages relèvent d’une réglementation distincte de celle des systèmes d’endiguement et doivent en
particulier satisfaire aux exigences de l’arrêté du 6 août 2018 (dit « arrêté technique Barrages »). Ils sont
généralement conçus pour résister à des évènements de période de retour décamillénale.
Sauf cas très exceptionnel (non-respect de « l’arrêté technique Barrages » sans mesures de mise en sécurité
de l’ouvrage), le PPRi n’intègre pas de sous-scénario de défaillance de ce type d’ouvrage.

120. Ces ouvrages peuvent relever de la rubrique 3.1.1 de la nomenclature des opérations soumises à autorisation ou à déclara-
tion.
121. Il peut être retenu seulement un sous-scénario en situation perturbée (par exemple en élargissant de manière forfaitaire
les piles de pont dans le modèle) si celui-ci est le plus probable.

56 | 159
3.2.3.2.6. Le nombre de sous-scénarios
Le choix de définir un ou plusieurs sous-scénarios dépend des spécificités locales et leur validation relève
du service chargé de l’élaboration du PPRi, sur la base de propositions motivées du bureau d’études.
Afin de limiter l’effort d’étude et de faciliter la communication, et malgré le nombre élevé de possibilités,
l’aléa de référence s’établit à partir d’un nombre « raisonnable » de sous-scénarios. Il n’est pas possible
de fixer un nombre recommandé de sous-scénarios car chaque site est différent, et certains ont des fonc-
tionnements très complexes. En guise de recommandation, soulignons que pour les cas les plus simples,
un seul sous-scénario peut être étudié (il est alors considéré que le scénario de référence ne peut se mani-
fester que d’une seule manière). Sur les sites les plus étendus et les plus complexes, plusieurs dizaines de
sous-scénarios sont parfois nécessaires122.
Après avoir défini les différents sous-scénarios possibles, il convient de les prioriser afin de trouver le bon
équilibre entre la variabilité des configurations possibles et les moyens dédiés à l’élaboration du PPRi.
Cette priorisation peut se faire en regroupant des sous-scénarios similaires, en éliminant des sous-scéna-
rios majorés par d’autres, ou retenant un sous-scénario englobant pour les secteurs à faible enjeux où une
grande finesse n’est pas nécessaire.
Ainsi, chaque sous-scénario ne fait pas nécessairement l’objet d’une démarche complète allant jusqu’à
une carte exhaustive et précise des niveaux d’aléa. Il est parfois possible de s’appuyer sur des éléments
disponibles dans des études menées hors du cadre du PPRi (études de dangers, études réalisées dans le
cadre de PAPI, etc.) pour appréhender certains comportements d’ouvrages, à condition que les hypo-
thèses relatives à ces études soient cohérentes avec celles du PPRi. Pour des questions de traçabilité, il est
recommandé d’identifier clairement dans le rapport de présentation les sous-scénarios dont l’étude est
issue d’un autre cadre et ceux qui ont été analysés plus en détail dans le cadre du PPRi.
En cas d’incertitudes notables sur un paramètre ou une variable (rugosité des sols, largeur de brèche, etc.),
des tests de sensibilité123 peuvent être réalisés pour appréhender les conséquences des choix retenus. Par
défaut, lorsque les incertitudes ne peuvent pas être levées, un choix allant dans le sens de la sécurité est
retenu.

Résumé relatif à l’identification des sous-scénarios

Un même scénario de référence peut se manifester de manière sensiblement différente en fonction


du comportement de différents éléments anthropiques et naturels pendant la crue (tenue ou rupture
d’ouvrages faisant obstacle à l’écoulement, comme une digue ou un remblai, transparence ou obstruc-
tion de ponts, etc.).

Des sous-scénarios, représentatifs de la variété des modes de fonctionnement des différents éléments
du territoire d’étude, sont identifiés. De manière générale, peuvent être retenus un sous-scénario de
« fonctionnement normal », des sous-scénarios de défaillance (ruptures) et/ou des sous-scénarios avec
absence (suppression) des ouvrages.

En particulier, compte tenu de l’impossibilité de garantir l’absence de défaillance des systèmes d’en-
diguement sur le long terme d’une part, et des conséquences potentiellement dévastatrices en cas de
brèche d’autre part, des sous-scénarios de défaillance de ces ouvrages sont systématiquement consi-
dérés sur les secteurs mis en charge en cas de survenue du scénario de référence.

3.2.4. La modélisation et la cartographie de l’aléa de référence (phase 3)


Cette partie présente comment les niveaux d’aléa sont cartographiés pour chaque sous-scénario124 (es-
sentiellement sur la base de résultats de modélisation), et comment la carte de l’aléa de référence est
construite, en regroupant les niveaux d’aléa maximaux de l’ensemble des sous-scénarios et en intégrant les
bandes de précaution à l’arrière des ouvrages de protection.

122. Il est parfois difficile d’appréhender au moment de l’élaboration du marché le nombre de sous-scénarios à étudier et la
finesse d’analyse associée. Afin de limiter le risque d’avenant et de prévoir au mieux les coûts, qui peuvent être élevés, il est
conseillé d’anticiper au mieux ce point, par exemple en introduisant des tranches conditionnelles dans le marché.
123. Un test de sensibilité a pour objectif d’évaluer dans quelle mesure des incertitudes relatives à des hypothèses se réper-
cutent sur les résultats associés. Exemples : sensibilité des intensités au regard des estimations de débits, des choix de coeffi-
cients de rugosité ou des hypothèses sur la prise en compte d’embâcles.
124. Ou scénario lorsque l’étude de sous-scénarios de se justifie pas (absence d’ouvrages, etc.)

57 | 159
L’aléa de référence est qualifié et représenté de manière cartographique, selon au maximum quatre ni-
veaux : « faible », « modéré », « fort » et « très fort », en fonction de la hauteur d’eau ainsi que de la
dynamique liée à la combinaison de la vitesse d’écoulement de l’eau et de la vitesse de montée des eaux
(article R. 562-11-4 du code de l'environnement).

3.2.4.1. Le choix de la méthode de cartographie de l’aléa


L’évaluation des niveaux d’aléa nécessite ainsi d’estimer les hauteurs d’eau, les vitesses d’écoulement et
les vitesses de montée des eaux maximales lors de la survenue de l’évènement de référence. Plusieurs mé-
thodes, détaillées ci-après, peuvent être mises en œuvre de manière complémentaire :
„ la modélisation numérique hydraulique ;
„ la méthode hydro-géomorphologique (qui s’accompagne d’une modélisation) ;
„ la reconstitution d’une inondation historique, par exemple à partir des PHEC (qui peut s’accompa-
gner d’une modélisation).
3.2.4.1.1. La modélisation numérique hydraulique
Définition
La modélisation numérique hydraulique utilise des outils numériques pour simuler les écoulements. Cette
méthode repose sur la résolution des équations de la physique régissant le mouvement des fluides125. Elle
se déploie en plusieurs étapes, dont les principales sont :
„ la construction d’un modèle, qui représente schématiquement le territoire d’étude sous forme de
maillage ;
„ la définition de conditions limites du sous-scénario étudié. Ces conditions limites sont sous forme
d’hydrogrammes de crue (généralement pour les conditions limites amont relatives au cours d’eau prin-
cipal et aux affluents) ou de hauteur d’eau (souvent pour les conditions limites à l’aval) ;
„ le calage puis la validation du modèle ;
„ l’expertise des résultats, et les post-traitements associés.
Comme pour toutes les méthodes de modélisation, la qualité des résultats dépend largement de la pré-
cision et de la fiabilité des données d’entrée : forçages météorologiques, hydrologiques, topo-bathymé-
triques, connaissances relatives à la « rugosité » des terrains, intégration du bâti, données pour le calage et
la validation, prise en compte du fonctionnement des singularités (ouvrages hydrauliques), etc.
La construction d’un modèle
Un modèle numérique est une représentation de la topographie du terrain et de ses caractéristiques
(notamment sa rugosité). Le territoire d’étude est subdivisé en petits éléments géométriques126, appelés
mailles, présentant chacune des caractéristiques uniformes. La densité et la taille des mailles sont adap-
tées en fonction :
„ de la qualité des modèles numériques de terrain et de la bathymétrie disponibles ;
„ de la précision attendue en termes de représentation des écoulements (la densité du maillage peut
être adaptée selon les secteurs en fonction des enjeux en présence) ;
„ de la complexité du terrain (relief127, enjeux, ouvrages, infrastructures, etc.) ;
„ des capacités de calcul disponibles, afin de conserver des temps de traitement acceptables128 pour
les simulations.
Le maillage s’appuie sur l’utilisation de « lignes de contrainte » (rives du cours d’eau, fossés, digues, remblais
en lit majeurs, route, etc.). La donnée topographique et bathymétrique, ou tout autre donnée d’entrée
(coefficient de frottement, etc.), est ensuite interpolée sur ce maillage. La modélisation prend en compte
les conditions d’écoulement actuelles (nouveaux obstacles à l’écoulement, évolution des lits mineurs et
majeurs depuis la survenue de l’évènement historique, etc.), selon des modalités adaptées au contexte et
à l’historique local.

125. Les solutions approchées fournies par les nombreux codes de calcul existants sont régies par des équations non-linéaires
de Navier-Stokes et de sa version réduite de Barré de Saint-Venant.
126. Il s’agit par exemple de polygones (triangles, carrés, etc.) dans le plan bidimensionnel.
127. Les reliefs accidentés sont généralement maillés plus finement que les terrains homogènes afin de capturer avec précision
les variations locales tout en optimisant les ressources computationnelles.
128. Une modélisation particulièrement complexe peut durer plusieurs heures, voire plusieurs dizaines d’heures.

58 | 159
La présence de bâtiments129, tout particulièrement en zone densément urbanisée, influence sensiblement
les écoulements. La présence du bâti est par conséquent prise en compte dans le modèle, et notamment
les modèles 2D. Plusieurs options sont possibles : application d’un modèle numérique d’élévation (MNE)
en modulant éventuellement la porosité des bâtiments pour prendre en compte le volume d’eau qui
pourrait y être stocké, modulation du coefficient de frottement sur les secteurs concernés, etc. Dans tous
les cas, les hypothèses de prise en compte du bâti font systématiquement l’objet d’une analyse spécifique.
De manière générale, la construction du modèle est un exercice complexe qui demande une bonne
connaissance du terrain et des écoulements130.
Les conditions aux limites
Les conditions aux limites du modèle hydraulique sont des contraintes imposées aux frontières du mail-
lage pour représenter les interactions (entrées et sorties d’eau) entre le système modélisé et son environ-
nement externe.
Les conditions aux limites amont du modèle hydraulique sont constituées des hydrogrammes de crues du
scénario de référence (hydrogramme du cours d’eau principal et des éventuels affluents le long du linéaire
d’étude) définis précédemment (voir partie 3.2.3.1).
Dans la plupart des cas, un régime transitoire, intégrant une évolution des débits au cours du temps,
est retenu. Dans certains cas (petits affluents notamment), un hydrogramme constant, représentant un
régime permanent, peut être préféré. Il convient d’expliquer le raisonnement qui conduit à ne pas consi-
dérer un régime transitoire : pointe de crue très étalée, faibles débits au regard de ceux du cours d’eau
principal, simplification des calculs, connaissances historiques insuffisantes, etc.
La (ou les) condition(s) aux limites aval du modèle est (sont) souvent constituée(s) par une hauteur d’eau
(ou par un marégramme dans le cas d’un estuaire). Certains phénomènes peuvent amplifier les aléas de la
crue de référence du cours d’eau principal, comme la concomitance avec une crue d’un affluent en aval
du territoire d’étude, ou avec des niveaux marins hauts notamment au moment des pleines mers.
Le calage et la validation du modèle numérique hydraulique
Le calage du modèle numérique hydraulique correspond au processus d’ajustement de ses paramètres
(coefficients de rugosité par exemple) afin de reproduire au mieux les observations. Le but du calage est
d’obtenir une bonne correspondance entre les résultats issus de simulations et les mesures observées.
Le calage et la validation ne sont pas des processus automatiques. Ils nécessitent une expertise humaine.
Le calage s’appuie sur des données disponibles de débit et de hauteur d’eau (stations de mesure, laisses de
crue, etc.) relatives, si possible, à plusieurs évènements historiques de caractéristiques différentes, ce qui
permet de tester le comportement du modèle dans plusieurs configurations131.
Si les mesures relatives à un évènement ne coïncident pas avec les résultats de simulation de cet évène-
ment, les paramètres du modèle (principalement les coefficients de frottement traduisant la rugosité des
différents types d’occupation des sols) sont itérativement ajustés. Des simulations successives sont ainsi
effectuées jusqu’à ce qu’une cohérence « satisfaisante » soit atteinte. Au regard des différentes incerti-
tudes, un écart de plus ou moins 10 à 20 centimètres entre les hauteurs d’eaux issues de la modélisation
et celles mesurées est usuellement jugé acceptable par les praticiens132. Ces valeurs peuvent toutefois être
nuancées au regard de la qualité des données de contrôle (qui doivent faire l’objet d’une analyse critique),
ainsi qu’aux évolutions potentielles survenues sur le territoire depuis les mesures.
Le modèle calé est enfin validé grâce à la simulation d’une (ou plusieurs) inondation(s) historique(s) do-
cumentée(s), non utilisées pour le calage, de périodes de retour si possible proche de l’évènement de
référence. Cette étape permet également d’évaluer l’incertitude du modèle et in fine sa capacité de si-
mulation.

129. Dans une logique comparable, des hypothèses sont à discuter sur la prise en compte des réseaux structurants d’évacuation
des eaux pluviales.
130. La version définitive du modèle peut résulter d’ajustements de versions provisoires après une ou plusieurs simulations
permettant de mieux comprendre les écoulements et le niveau de précision adapté sur les différents secteurs.
131. Le calage d’un modèle pour une certaine occurrence de crue n’est pas nécessairement adapté à une occurrence de crue
sensiblement différente.
132. Dans la mesure où cet ordre de grandeur correspond aux incertitudes d’un MNT de grande qualité, il est illusoire de
rechercher un écart plus faible.

59 | 159
Les différents types de modélisations numériques hydrauliques
Différents types de modèles hydrauliques existent pour la modélisation numérique de rivière :
„ les modèles 1D (une dimension) filaires et casiers ;
„ les modèles 2D (deux dimensions) ;
„ les modèles 1D/2D, qui couplent les deux types de modèles précédents en représentant le lit mineur
par un modèle 1D et le lit majeur par un modèle 2D.
„ Les méthodes uni-dimensionnelle (1D)
h Les méthodes 1D filaire et multi-filaire
Ces modélisations reposent sur la résolution des équations de Barré de Saint-Venant sur une dimension
(1D) (voir glossaire) en configuration « lits composés », distinguant le lit mineur et le lit majeur. Les relations
entre les lits sont conçues pour déterminer les cotes d’eau dans le lit mineur, les temps de propagation et
la déformation des ondes de crues sous l’effet du laminage résultant de débordements dans le lit majeur.
La cote d’eau et les débits longitudinaux sont calculés à chaque nœud du modèle.
Dans une modélisation 1D, l’écoulement le long d’un bief133 de rivière ou de vallée inondable est représen-
té par une direction privilégiée d’écoulement le long de son axe longitudinal (voir illustration 21). Le bief
de vallée est composé d’une succession de tronçons de rivière entrecoupés de singularités hydrauliques
formant des obstacles à l’écoulement. Ces tronçons sont interconnectés par des nœuds, correspondant
notamment aux confluents et défluents naturels, sur lesquels une conservation des volumes d’eau et, si
adapté, une relation de perte de charge (présence de pont, par exemple) sont fixées. Ces relations per-
mettent de propager une crue depuis les différents nœuds d’entrée du réseau (conditions aux limites
amont) jusqu’aux nœuds de sortie (conditions aux limites aval).

Illustration 21 : maillage d’un modèle 1D filaire entre la Vendage et Paulhac (43) (Source : Cerema).
En bleu : le cours d’eau ; en noir : les profils en travers des levés topo/bathymétriques réalisés par un géomètre ; en vert : les profils
en travers topo-bathymétriques interpolés à partir des profils levés par le géomètre ; en rouge : la limite lit mineur/lit majeur; en
gris : ponts ; la flèche bleue indique le sens de l’écoulement.

133. Portion d'un cours d'eau ou d'un canal entre deux chutes, deux écluses.

60 | 159
h Méthode 1D-casiers
Les modèles à casiers s’appuient sur une logique de découpage du lit majeur en casiers (« bassines ») dont
les contours correspondent, en général, à des limites physiques contraignant les écoulements : levées,
coteaux, routes, talus, systèmes d’endiguement, remblais, etc. Ces casiers communiquent entre eux par
des « liaisons » de natures différentes selon la topographie ou le type d’ouvrage (loi de seuil, par exemple).
Les modèles 1D-casiers sont classiquement utilisés pour étudier les zones de stockage (zones de faibles
vitesses d’écoulement et de faibles variations de hauteurs d’eau, situées à l’écart des écoulements dyna-
miques et caractérisées par une loi de remplissage cote/volume134). Les volumes entrants sont uniformé-
ment et instantanément répartis dans les casiers, la dynamique de propagation à l’intérieur du casier étant
négligée, ce qui constitue une hypothèse forte.
Chaque casier correspond à un nœud de calcul caractérisé par une cote d’eau, une capacité de stockage,
une superficie et une courbe de remplissage du casier. Le modèle permet d’estimer le volume d'eau sus-
ceptible d'être stocké dans la zone inondée. Les vitesses d’écoulement ne sont connues qu’en limite de
casiers. La vitesse de propagation de l’onde de submersion n’est pas représentée et les zones ne sont pas
différenciées comme étant secteurs d’écoulements ou de stockage de l’eau.
Ce type de modèle nécessite une très bonne compréhension du fonctionnement du territoire d’étude
que l’approche hydrogéomorphologique peut aider à construire.

Illustration 22 : représentation du modèle 1D-casiers réalisé avec le plugin Mascaret autour de la commune de
Chatillon-sur-Seine (21) (Source : Cerema).
En bleu : les casiers ; traits en pointillés blancs et bleus : les liaisons casier/lit mineur ou casier/casier ; lignes délimitées par des
flèches rouges : les profils en travers.

h Les méthodes bi-dimensionnelle (2D)


Les codes de calcul reproduisent la dynamique des écoulements en s’appuyant sur la formulation des
équations de Barré de Saint-Venant en 2D (espace horizontal) à l’aide d’une méthode de résolution par
volumes finis. À chaque nœud de calcul sont calculés une cote d’eau, les composantes horizontales de la
vitesse d’écoulement, et une capacité de stockage décrite par une cote moyenne de fond et une surface.
La topographie et la bathymétrie sont schématisées sur un maillage généralement triangulaire ou qua-
drangulaire, chaque maille étant caractérisée par la cote moyenne du terrain naturel et par un coefficient
de frottement. Le maillage est généralement déstructuré, c’est-à-dire que les frontières de chaque maille
ont des directions quelconques. Elles s’appuient sur des « lignes de contrainte » : rives du cours d’eau, fos-
sés, digues, remblais en lit majeurs, route, etc. (voir illustration 24).

134. Une loi de remplissage cote/volume est une relation mathématique qui définit la variation du volume d’eau contenu dans
un réservoir en fonction de son niveau de remplissage, également appelé cote.

61 | 159
Illustration 23 : maillage d’une modélisation 2D de la confluence entre la Sumène et le Marilhou (15) (Source : Cerema).
En gris : les mailles du modèle, plus ou moins fines en fonction de la localisation ; en nuances de vert au rouge : l’altimétrie ; en
bleu : les hauteurs d’eau simulées.

h Méthode 1D/2D
Il est possible de coupler des modèles 1D et 2D afin d’optimiser les temps de calcul (voir illustration 24). Ce
couplage est basé sur la création de liaisons entre les éléments des deux domaines. Les berges de chaque
lit de cours d’eau sont connectées au domaine 2D par des liaisons apparentées à des déversoirs, dont la
cote et la largeur sont adaptées en fonction du profil de la berge.
Dans le cas de maillage 2D s’appuyant sur les limites du domaine 1D, les liaisons latérales schématisent
les capacités de débordement du bief 1D vers le maillage 2D à partir des caractéristiques géométriques
de la berge (altimétrie), de la géométrie de chacune des mailles (largeur de contact avec la berge) et de
l’occupation du sol (frottement).
Dans le cas où le bief 1D (lit mineur) est immergé dans le maillage 2D, il ne constitue pas une limite au mail-
lage 2D. Les caractéristiques géométriques des liaisons du bief 1D vers les mailles 2D sont simplifiées sous
la forme d’une liaison vers chaque maille traversée, englobant la largeur de débordement des rives gauche
et droite. Cette représentation simplifiée est mise en œuvre pour des cours d’eau de faible capacité dont
les berges ne constituent pas un obstacle à l’écoulement des eaux en lit majeur (absence de digues). Elle
permet d’intégrer simplement des petits cours d’eau ou fossés à un maillage global 2D du lit majeur sans
reprendre le maillage135.

135. En effet, ces petits cours d’eau et fossés peuvent avoir un rôle significatif dans la dynamique des écoulements des débor-
dements du cours d’eau principal et dans le ressuyage du lit majeur.

62 | 159
Illustration 24 : couplage 1D/2D latéral et longitudinal :
modélisation de l'Angaud et du Ranquet sur la commune de
Billom (63) (Source : Cerema).
En bleu : le cours d’eau ; en vert : les profils en travers sur
partie 1D ; en gris : maillage 2D en amont de la confluence.

L’expertise et le post-traitement des résultats


Les résultats issus de modélisation présentent intrinsèquement des limites et des incertitudes dont les
sources peuvent être nombreuses : qualité du maillage et de la retranscription de configurations com-
plexes, qualité et quantité des données d’entrée (et éventuellement qualité de la reconstitution de don-
nées manquantes), qualité du calage, etc.
Les rendus visuels très communicants et les lignes d’eau estimées au centimètre peuvent donner une im-
pression erronée de qualité et de précision.
La fourniture de résultats de modélisation numérique bruts en guise de carte d’intensité de l’aléa est à
proscrire. Une interprétation experte et un post traitement des résultats par un hydraulicien, s’appuyant
le cas échéant sur l’analyse hydrogéomorphologique et les données historiques, est nécessaire afin de
prendre en compte les limites du modèle, de corriger les éventuelles incohérences, d'intégrer autant que
possible les effets des phénomènes non modélisés (érosions, effets des véhicules, etc.), et de mettre en
forme les résultats (lissages, réduction des artefacts, etc.).
Il est par ailleurs nécessaire de préciser dans le rapport d’étude un ordre de grandeur de l’incertitude
attachée aux zones inondées. Celle-ci peut s’estimer au regard des écarts identifiés entre les résultats de
modélisation et les données de calage (généralement les crues historiques) lors de la validation. Dans le
cas où le calage du modèle ne peut pas être réalisé selon les règles de l’art (lorsque les données d’entrée
sont par exemple insuffisantes), des tests de sensibilité, effectués principalement sur les débits en entrée
du modèle ou les coefficients de frottement permettent d’estimer l’incertitude.
Les avantages et inconvénients des modèles numériques hydrauliques
Les modèles numériques (tous types confondus) présentent des avantages importants, notamment :
„ la possibilité d’associer une période de retour à l’évènement modélisé, ce qui est nécessaire dans le
cadre d’un PPRi ;
„ la capacité de jouer plusieurs sous-scénarios d’un scénario de référence (ajout de ruptures d’ou-
vrages par exemple) ;
„ la possibilité de représenter, en situation actuelle ou future, les effets d’un événement historique ;
„ la capacité de rejeu de scénarios en modifiant les conditions limites, par exemple dans un objectif
prospectif d’évaluation des impacts du changement climatique ;
„ l’obtention de résultats sur de grandes emprises ;
„ l’accès à des résultats interprétables (permettant l’analyse des causes et des conséquences), et no-
tamment à des valeurs quantitatives de variables hydrauliques (hauteurs et vitesses) nécessaires à la
qualification des niveaux d’aléa, sur chaque maille et pour chaque pas de calcul ;

63 | 159
„ la faculté de représenter des effets non triviaux résultant du caractère systémique des phénomènes
et des « effets de réseau » ;
„ la possibilité de visualiser des résultats sous forme d’animations (films) ou de cartes facilitant la com-
munication.
Les modèles numériques (tous types confondus) présentent cependant certaines limites, qui sont généra-
lement de second ordre mais qui nécessitent une attention dans le processus d’étude :
„ différents processus naturels complexes (évolutions du fond du lit mineur, écoulements sur pente
forte, etc.) sont généralement hors du domaine de validité des modèles ;
„ les modélisations nécessitent des données d’entrée de bonne qualité (comme pour toute méthode) ;
„ les modélisations numériques discrétisent l’espace et le temps : elles correspondent nécessairement
à une représentation simplifiée des écoulements (simplification des caractéristiques géométriques et
des lois physiques), et ne prennent pas en compte certains phénomènes (comme toute méthode).
En fonction des caractéristiques du secteur, certains modèles hydrauliques peuvent être plus adaptés que
d’autres pour l’évaluation des niveaux d’aléa. Le service instructeur du PPRi définit, avec l’appui éventuel
du bureau d’études chargé de l’élaboration de la carte d’aléa, le ou les types de modèles à utiliser. Pour
cela, il peut s’appuyer, entre autres, sur le tableau indicatif ci-dessous qui synthétise les caractéristiques
usuellement associées aux différents types de modèles.

Modèles 1D Modèles 1D
Modèles 2D Modèles 1D/2D
filaire casier
Pour les différents types de modélisation, le même type de données d’entrées est né-
cessaire, mais à des résolutions spatiales souvent différentes (moins précis pour le 1D) :
z construction du modèle : topographie et bathymétrie (à partir de profils en
Données
travers et d’un modèle numérique de terrain), occupation des sols (pour définir la
d’entrée
rugosité), etc.
z conditions limites : débits (hydrogrammes), hauteurs d’eau, marégrammes, éven-
tuellement pluviométrie.
Variables de sortie communes à l’ensemble des types de modèles :
z hauteurs d’eau (en m) atteintes en chaque point du maillage durant l’évènement ;
z ligne d’eau des cours d’eau (cotes d’eau dans le lit mineur) ;
Variables
de sortie z limites des surfaces inondables (enveloppe maximum de submersion).
(liste non z vitesse (verti-
exhaustive) cale) de montée
des eaux (en m/h) ; z vitesse (verti-
Suivant les
types de z vitesse d’écou- cale) de montée
modélisation, lement maximale des eaux (en m/h) ;
ces variables z vitesse (verti- durant l’évène- z vitesse d’écou-
peuvent ne pas cale) de montée ment (en m/s).
z volumes stockés lement maximale
être disponibles des eaux (en m/h) ;
dans les casiers ; z durée de l’inon- durant l’évène-
sur tous les z vitesse d’écou- dation ; ment (en m/s).
secteurs du z durée de l’inon-
lement maximale
territoire dation. z débit linéique z durée de l’inon-
durant l’évène-
d’étude (en m²/s ou m3/s dation ;
ment (en m/s).
par mètre li- z débit linéique
néaire)136 ; (en m²/s ou m3/s
z éventuelle- par mètre linéaire).
ment : charge
hydraulique137.

136. Cette variable fournit une information synthétique regroupant hauteurs et vitesses d’écoulement. Elle peut être intéres-
sante par exemple pour étudier les ruissellements. Son utilisation nécessite toutefois d’utiliser des classes adaptées.
137. La hauteur de charge hydraulique correspond à l'énergie mécanique. Elle est définie par H = h + V²/2g + z avec h la hauteur
d’écoulement (m), V la vitesse moyenne dans la lame d’eau (m/s), g l’accélération de la pesanteur (9.81 m/s²) et z la cote du fond
du lit (m).

64 | 159
Modèles 1D Modèles 1D
Modèles 2D Modèles 1D/2D
filaire casier
z géométries
z zones de stoc- complexes modéli-
z cours d’eau à sables ; z prise en compte
kage du secteur
Complexité géométrie simple ; des obstacles aux
d’étude ; z prise en compte
hydraulique du écoulements ;
z prise en compte des obstacles aux
site d’étude z prise en compte
des obstacles aux écoulements ; z prise en compte
des obstacles aux
écoulements. des bâtiments.
écoulements. z prise en compte
des bâtiments.
Avantage commun aux différents modèles :
z possibilité d’évaluer le champ d’inondation d’une crue ancienne dans les condi-
tions de l’époque et dans les conditions actuelles si celles-ci ont évolué.
z cohérence des
résultats de modé-
lisation de diffé-
rents sous-scéna-
Avantages communs aux différents mo- rios ;
dèles 1D :
z nombreuses
Avantages z rapidité de mise en place ; variables de sor- z reprend les
ties (notamment avantages des
z rapidité des temps de calcul ;
vitesses d’écoule- méthodologies 1D
z représentation correcte des débits et ment, cartes des et 2D.
niveaux des cours d’eau. hauteurs d’eau,
etc.) ;
z pas de che-
min préférentiel
d’écoulement à
définir a priori.
Inconvénients communs aux différents modèles :
z les modélisations hydrauliques ne permettent pas, dans le cas général, d’appré-
hender les évolutions morphologiques ni les éventuels transports solides. En fonc-
tion de la nature du sol, des affouillements peuvent apparaître si la vitesse d’écou-
Inconvénients lement dépasse 2 à 3 m/s. Une vigilance particulière est donc à apporter sur les
secteurs où les vitesses d’écoulement issues de modélisations atteignent ces seuils,
car des érosions non modélisées, potentiellement importantes, peuvent y survenir ;
z la gamme de validité de la plupart des modèles se limite aux pentes faibles (infé-
rieures à 1,5 à 2 %).
Tableau 4 : comparaison des différents types de modèles numériques hydrauliques.

Les cas d’usage des modélisations hydrauliques numériques


Hors cas très particulier, des cartes d’aléa des PPRi par débordement de cours d’eau sont réalisées par
modélisation hydraulique numérique.
La modélisation fine, souvent avec un modèle 2D, se justifie généralement dans les zones urbanisées, dans
la mesure où elle permet :
„ d’acquérir des résultats de vitesses d’écoulement ;
„ de représenter un système hydraulique spécifique (surverse, écoulements sur les routes, confluence,
défluence, ruptures de digues, etc.) ;
„ de représenter des écoulements complexes générés par les écoulements en site urbain dense ;
„ d’apporter des précisions sur les conditions locales d’écoulement.
Dans les secteurs concernés par les petits cours d’eau où les enjeux sont limités (zones non urbanisées
notamment), une modélisation 1D peut également être pertinente. En particulier, les modèles 1D-filaires
peuvent évaluer rapidement les classes de vitesses de montée des eaux.

65 | 159
3.2.4.1.2. La méthode hydrogéomorphologique
Définition
L’analyse hydrogéomorphologique est une approche naturaliste qui consiste à décrire les unités morpho-
logiques façonnées par les cours d’eau au fur et à mesure des crues successives à partir d’interprétations
du relief et des formes, de photographies aériennes et d’observations directes sur le terrain. Cette analyse
des traces morphologiques permet de comprendre le fonctionnement des cours d’eau dans un bassin
versant.

Illustration 25 : coupe transversale d’une vallée mettant en relation la plaine alluviale, les terrasses anciennes et les versants
(d’après Masson et al., 1996).

Les avantages et inconvénients de la méthode hydrogéomorphologique


Cette méthode présente certains avantages :
„ rapidité de mise en œuvre (environ 10 % du temps nécessaire à une modélisation numérique) ;
„ facilité de communication, notamment pour sensibiliser la population.
Cette méthode présente toutefois des limites :
„ la période de retour de la crue à l’origine de l’inondation cartographiée n’est pas définie. Cette
méthode permet seulement de distinguer les zones concernées par les crues fréquentes et les zones
uniquement submergées par les crues les plus rares ;
„ la méthode ne permet pas de quantifier précisément les hauteurs d’eau et les dynamiques, et a
fortiori les niveaux d’aléa ;
„ la faisabilité de cette méthode repose sur la possibilité de lire la morphologie de la vallée. Elle est
par exemple peu applicable dans le cas de vallées planes étendues où la limite du lit majeur est diffici-
lement perceptible, ainsi que dans les secteurs où la topographie a été fortement remaniée ;
„ elle ne permet pas de quantifier les conséquences des éléments anthropiques perturbant le fonc-
tionnement hydraulique d’une vallée.
Les cas d’usages de la méthode hydrogéomorphologique
Cette méthode permet principalement :
„ de déterminer les zones inondables exposées à des crues fréquentes, moyennes ou exceptionnelles
(lit mineur et majeur), ainsi que les secteurs qui ne sont jamais submergés (terrasses anciennes) ;
„ de délimiter les espaces de mobilité des chenaux fluviaux (lits anciens des cours d’eau, bras morts,
etc.), qui peuvent devenir des zones d’écoulements préférentiels.
La méthode hydrogéomorphologique ne peut pas être employée seule pour élaborer la cartographie de
l’aléa de référence. Elle est généralement utilisée en première approche lors de la phase d’analyse des phé-
nomènes naturels (voir partie 3.2.2), et pour interpréter et expertiser des résultats de simulations.

66 | 159
Elle peut être utilisée, de manière exceptionnelle, pour déterminer l’aléa de référence pour le déborde-
ment de cours d’eau sur certains secteurs à faibles ou sans enjeu (2e alinéa de l’article R. 562-11-3 du code
de l'environnement). Ces secteurs étant a priori des zones non urbanisées, les constructions nouvelles ont
vocation à y être interdites dès lors qu’ils sont inondables. Il peut s’agir de secteurs en amont du bassin
versant ou de secteurs liés à certains affluents138. La détermination quantitative précise des hauteurs et
dynamiques par une modélisation ne se justifie pas dans ces cas au nombre très limité.
Cependant, même sur ces secteurs sans enjeu au moment de l’élaboration du plan, des exceptions à
l’interdiction, par exemple pour des bâtiments agricoles, peuvent être rendues possibles par le PPRi. Une
connaissance minimale des hauteurs d’eau et des vitesses d’écoulement est alors nécessaire pour adapter
les projets éligibles au niveau d’aléa. Une modélisation simplifiée permet alors généralement de définir les
niveaux de rehausse pour d’éventuels aménagements ou constructions autorisés.
3.2.4.1.3. La reconstitution d’un évènement historique
Définition
Cette méthode consiste à déterminer l’emprise de la zone inondable et à qualifier les niveaux d’aléa à
partir de la documentation disponible relative à un (ou plusieurs) évènement(s) historique(s) :
„ photographies au sol, aériennes et/ou par satellites, films ;
„ hauteurs d’eau relevées aux stations limnimétriques (lit mineur), repères de crue (lit majeur), lignes
d’eau de référence relevées (altitude maximale atteinte par les crues historiques en différents points
de la vallée), etc.
Les données historiques, généralement ponctuelles, sont interpolées et extrapolées pour construire une
carte des hauteurs d’eau par unité hydrogéomorphologique et par tronçon homogène de la vallée. Pour
cela, différents aspects sont analysés, notamment la représentativité des repères de crues (qui peuvent
ne couvrir que partiellement l’emprise inondable), ou l’évolution des hauteurs d’eau d’amont en aval, en
tenant compte en particulier des confluences.
Les avantages et inconvénients de la reconstitution d’un évènement historique
Cette méthode, rapide, permet de disposer d’une référence commune sur le territoire du PPRi et consti-
tue un outil pédagogique et d’acculturation au risque d’inondation.
La « méthode historique » présente cependant certains inconvénients :
„ les informations disponibles sont souvent limitées, notamment en présence de systèmes d’endigue-
ment et d’obstacles à l’écoulement, car leur comportement lors de l’évènement historique n’est pas
nécessairement représentatif de tous ceux à retenir dans la carte d’aléa de référence. Leur présence
nécessite généralement l’étude complémentaire de plusieurs (sous-)scénarios ;
„ elle ne permet pas toujours aisément de quantifier les vitesses d’écoulement (et a fortiori la dyna-
mique) nécessaire à l’estimation des niveaux d’aléa ;
„ les conditions d’écoulement ont pu sensiblement évoluer depuis la date de la crue historique, qui
n’est ainsi pas toujours représentative d’une crue qui se produirait dans la configuration actuelle du
bassin versant.
Les cas d’usage de la reconstitution d’un évènement historique
La reconstitution d’un évènement historique est possible dans le cas où l’évènement de référence du PPRi
correspond à une crue historique très documentée. Cette approche est généralement à compléter par
des modélisations numériques, ne serait-ce que pour prendre en compte des sous-scénarios complémen-
taires.
3.2.4.1.4. La complémentarité entre les différentes méthodes
L’élaboration des cartes d’aléa repose sur des modélisations hydrauliques numériques, cette approche
quantitative permettant plus facilement d’être compatible avec les dispositions du code de l’environne-
ment. Un éclairage qualitatif est toutefois toujours bénéfique, notamment pour expertiser les sorties du
modèle.
De manière générale, les trois types de méthodes décrites précédemment constituent un cheminement
méthodologique, tirant bénéfice de la complémentarité entre les approches quantitatives et qualitatives.

138. Dans le cas où cette méthode est retenue pour certains affluents en complément d’une modélisation hydraulique, il
convient de veiller aux connexions hydrauliques avec la partie modélisée et aux hypothèses de débits de ces affluents dans la
modélisation.

67 | 159
Pour chaque site, un optimum est à rechercher entre d'une part les moyens d’étude disponibles, et d’autre
part l’importance des aléas, des enjeux ou des incertitudes.
L’illustration 26 synthétise l’articulation entre les différentes méthodes de caractérisation des aléas.

(cas rare)
Oui Reconstitution à partir de Détermination complète de l’aléa de
l’évènement historique référence nécessite l’absence d’éléments
Existe-t-il un justifiant plusieurs sous-scénarios (digues),
évenement l’absence d’évolution de la situation
historique hydrologique, une connaissance précise et
centennal (ou exhaustive des hauteurs et dynamiques, etc.
supérieur) bien En cas de détermination
partielle (cas général) (cas général)
documenté ? Détermination partielle de l’aléa de référence
Non identification d’une partie des zones
Identification des évènements innondables, identification de certaines
historiques hauteurs d’eau, etc.

Données d’entrée,
de calage et de
validation
Détermination de niveaux
d’aléa pour différents
sous-scénarios
Modélisations numériques
Expertise Détermination de l’aléa de référence
hydrauliques

Compréhension du territoire
(identification de la densité du
maillage en fonction du secteur, etc.)
Compréhension du
fonctionnement hydraulique
De manière exceptionnelle (et non
Analyse hydrogéomorphologique recommandée) : détermination de l’aléa
sur certains secteurs sans enjeu

Illustration 26 : articulation entre les différentes méthodes de caractérisation de l’aléa.

3.2.4.2. Les niveaux de l’aléa


3.2.4.2.1. Le principe général
Pour les débordements de cours d’eau, un niveau d’aléa sur un secteur traduit de manière synthétique
l’intensité139 de l’inondation sur ce secteur en cas de survenue du scénario considéré. L’intensité reflète
un niveau de dommages prévisibles sur des enjeux-types en cas d’atteinte. Pour les cours d’eau non tor-
rentiels, elle est évaluée à travers le prisme de l’écoulement générant la submersion des terrains : hauteur
d’eau et dynamique liée à la combinaison de la vitesse d’écoulement de l’eau et de la vitesse de montée
des eaux140.
3.2.4.2.2. Les hauteurs d’eau
La hauteur d’eau en un point, exprimée en mètres141, correspond à la différence entre la cote d’eau maxi-
male durant l’évènement et l’altitude du terrain naturel en ce point. À de très rares exceptions près, elle
est estimée de manière quantitative.
La détermination des niveaux d’aléa nécessite de distinguer au minimum les classes de hauteurs d’eau
suivantes : de 0 à 0,5 m, de 0,5 à 1 m, de 1 à 2 m, et plus de 2 m (voir partie 3.2.4.2.4.). Il est toutefois utile
d’évaluer les hauteurs d’eau plus finement142, par exemple pour définir des prescriptions de surélévation
adaptées ou pour identifier des secteurs où les hauteurs d’eau sont « extrêmement faibles ».

139. Pour d’autres aléas, l’estimation du niveau d’aléa peut intégrer d’autres notions que l’intensité, comme par exemple la
probabilité d’atteinte pour les cours d’eau torrentiels.
140. D’autres variables pourraient théoriquement compléter cette définition de l’intensité (affouillements, dépôts, impacts,
durée, etc.) mais leur prise en compte n’est pas règlementairement demandée. Un niveau d’aléa peut toutefois parfois être revu
à la hausse si un de ces critères traduit un facteur aggravant qui ne peut pas être ignoré. En particulier, la durée de l’inondation
peut être utile à qualifier, bien qu’elle ne serve pas à la qualification de la dynamique. Les inondations de longue durée peuvent
en effet avoir des conséquences lourdes en termes de dommages aux biens et de retour à la normale. La durée de l’inondation
peut également être prise en compte pour définir des prescriptions adaptées ou pour évaluer la réduction de la vulnérabilité
dans le cadre des opérations de renouvellement urbain.
141. Avec décimales
142. Tout en restant dans des niveaux de précision cohérents avec les incertitudes de la méthode utilisée.

68 | 159
Illustration 27 : exemples d’inondations avec des hauteurs d’eau limitées à très importantes ; de gauche à droite : Bergerac en
juin 2018 (Source : Mairie de Bergerac), Salies-de-Béarn en juin 2018 (Source : Cerema Sud-Ouest) et Rivière Salée en novembre
2015 (Source : DEAL Martinique).

Précisions sur les hauteurs d’eau « extrêmement faibles »


Dans le cas d’une hauteur d’eau inférieure à 0,5 mètre et d’une dynamique rapide, le niveau de l’aléa de
référence peut, pour des hauteurs extrêmement faibles, être qualifié de modéré (article 2 de l’arrêté du 5
juillet 2019, voir partie 3.2.4.2.4).
Il revient au service instructeur du PPRi souhaitant recourir à cette possibilité de fixer la valeur du plafond
de hauteur d’eau « extrêmement faible », et de la justifier au regard des spécificités du territoire. Ce seuil
est à définir en cohérence avec le danger pour les enjeux, et en premier lieu avec la sécurité des personnes
exposées. Lorsque la dynamique rapide correspond à des vitesses d’écoulement limitées, il est recomman-
dé de ne pas dépasser 20 cm143. Pour des vitesses d’écoulement supérieures à 3 m/s, il est recommandé de
ne pas recourir à une telle adaptation.
3.2.4.2.3. Les dynamiques
Les dynamiques doivent être systématiquement appréciées à partir d’un croisement entre les vitesses
d’écoulement et les vitesses de montée des eaux.
Les vitesses d’écoulement
La vitesse d’écoulement en un point, notée ve dans la suite de ce document, correspond à la vitesse maxi-
male du courant144 en ce point durant l’évènement. Elle peut être qualifiée de la manière suivante :
„ vitesse d’écoulement faible (stockage) : 0 < ve < 0,2 m/s
„ vitesse d’écoulement moyenne (écoulement) : 0,2 < ve < 0,5 m/s
„ vitesse d’écoulement élevée (fort écoulement) : ve > 0,5 m/s
Ces seuils recommandés sont indicatifs.

Illustration 28 : vi-
tesses d’écoulement éle-
vée à Salies-de-Béarn
en juin 2018 (Source :
« Sud-Ouest », Roselyne
Montagut).

143. Une hauteur d’eau de 20 cm peut déjà représenter un danger, notamment pour les personnes les plus vulnérables. Par ail-
leurs, l’identification d’une classe de hauteur d’eau avec ce niveau de précision nécessite un modèle numérique de terrain d’une
grande finesse.
144. Le courant considéré est usuellement le courant moyen sur l’ensemble de la colonne d’eau correspondant à ce point.

69 | 159
Les vitesses d’écoulement sont généralement plus difficiles à quantifier que les hauteurs d’eau et peuvent
nécessiter le recours à une modélisation numérique bidimensionnelle. Dans les configurations où les in-
certitudes des résultats de modélisation sont trop élevées, il convient de compléter le résultat du modèle
par une appréciation qualitative (« rapide », « moyenne » ou « lente »).
Les vitesses de montée des eaux
La vitesse de montée des eaux sur un secteur inondé est la vitesse moyenne, sur un intervalle de temps
adapté (voir ci-après), avec laquelle la hauteur d’eau croît sur ce secteur. Elle est notée vm dans la suite de
ce document. Elle est de l’ordre de plusieurs décimètres par heure dans le cas des inondations rapides, et
de quelques centimètres par heure dans le cas d’inondations lentes.
Une montée des eaux rapide est un facteur aggravant pour les personnes et les biens exposés. Elle limite
les possibilités d’évacuation et peut générer des situations critiques, par exemple lorsqu’un individu sur-
pris par la soudaineté des débordements n’a pas le temps de rejoindre une position sécurisée adaptée à
l’attente de secours, et se retrouve dans des conditions d’écoulement le mettant en danger. Par ailleurs,
une montée rapide des eaux ne laisse généralement pas le temps de mettre les biens hors d’eau ou de dé-
monter des équipements, et a ainsi des conséquences directes sur l’importance et le coût des dommages.
Le seuil entre une vitesse de montée des eaux faible et une vitesse de montée élevée est généralement
estimé entre 0,2 m/h et 0,4 m/h.
Le service instructeur du PPRi définit, avec l’appui du bureau d’étude chargé de l’élaboration de la carte
d’aléa, la méthode de qualification de la vitesse de montée des eaux en la justifiant au regard du contexte
local.
L’analyse du fonctionnement d’un secteur et des évènements historiques permet de définir qualitative-
ment des zones où la vitesse de montée des eaux est importante. Il s’agit par exemple :
„ des secteurs à proximité des zones de débordement des cours d’eau à crue rapide ;
„ des secteurs à l’arrière des ouvrages de protection et des obstacles à l’écoulement, dont la rupture
peut rapidement entraîner une arrivée d’eau massive145 ;
„ des zones en cuvette, où l’absence d’exutoire favorise une montée rapide des hauteurs d’eau.
En dehors de ces cas, une analyse quantitative s’appuyant sur les résultats de modélisations hydrauliques146
est préférable pour distinguer la limite entre les zones où les vitesses de montée des eaux sont faibles et
celles où elles sont élevées. La vitesse de montée des eaux moyenne en un point P, notée vm(P), se définit
comme vm(P) = (h2-h1)/(t2 – t1), où t1 et t2 sont deux instants tels que t2 > t1 et qui définissent un intervalle de
temps durant lequel la hauteur d’eau au point P passe de h1 à h2.
Le choix des instants t1 et t2 dépend des outils utilisés et des facteurs locaux (topographie, etc.). Il est re-
commandé de définir les instants t1 et t2 de manière à ce qu’ils correspondent à une durée inférieure à la
durée totale de montée des eaux et soient représentatifs de la phase de montée (par exemple, pour esti-
mer la vitesse de montée entre une hauteur d’eau de 0,1 mètre, représentant le début du débordement,
et une hauteur de 0,5 mètre, représentant une hauteur « dangereuse »).
Les dynamiques
La dynamique liée à la combinaison de la vitesse d’écoulement de l’eau et de la vitesse de montée
des eaux est qualifiée suivant au moins deux classes : « lente » et « rapide ». Une classe intermédiaire
« moyenne » peut être ajoutée si nécessaire (article 2 de l’arrêté du 5 juillet 2019).
Il revient au service instructeur du PPRi de définir les modalités de qualification des niveaux de dynamique
en fonction des vitesses d’écoulement et des vitesses de montée des eaux en les justifiant au regard du
contexte local. Les modalités suivantes peuvent être retenues pour qualifier la dynamique d’écoulement.

145. Dans ce cas, les zones à vitesse de montée des eaux élevée n’ont a priori pas la même extension géographique que les
bandes de précaution définies en arrière des ouvrages (elle peuvent être plus larges).
146. Voir le tableau 4 pour identifier les types de modèles adaptés. Dans la mesure où l’objectif est ici seulement de déterminer
le caractère rapide ou lent de la montée des eaux, des approches quantitatives simples (modèles 1D par exemple) sont souvent
suffisantes.

70 | 159
Vitesse de montée des eaux (vm)
Faible (montée lente) Élevée (montée rapide)
(par exemple (par exemple
vm < 0,3 m/h*) vm > 0,3 m/h*)
Faible (écoulement lent) Dynamique moyenne
Dynamique lente
Vitesse (par exemple 0 < ve < 0,2 m/s) ou rapide147
d’écoulement Moyenne (par exemple
(ve) Dynamique moyenne Dynamique rapide
0,2 m/s < ve < 0,5 m/s)
Élevée (écoulement rapide)
Dynamique rapide Dynamique rapide
(par exemple 0,5 m/s < ve)
* valeur à adapter aux circonstances locales.
Tableau 5 : niveaux indicatifs de dynamique en fonction des vitesses d’écoulement et des vitesses de montée des eaux.

À hauteur d’eau constante, le caractère moyen ou rapide de la dynamique a des conséquences règle-
mentaires importantes148. Une attention particulière est ainsi à apporter à la détermination des seuils et
à l’estimation de la vitesse d’écoulement et de montée des eaux pour les secteurs de transition entre une
dynamique moyenne (ou lente si deux niveaux seulement sont retenus) et une dynamique rapide.
3.2.4.2.4. La qualification des niveaux d’aléa
Les modalités de qualification des niveaux de l’aléa de référence sont précisées dans l’article 2 de l’arrêté
du 5 juillet 2019149. Une approche simplifiée avec deux classes de dynamique peut être retenue lorsque
les incertitudes sur les hauteurs d’eau, vitesses d’écoulements et vitesses de montée des eaux sont impor-
tantes ou que les enjeux en présence ne nécessitent pas une approche fine.

Dynamique
Dynamique lente Dynamique rapide
H < seuil de hauteurs extrê-
Modéré ou Fort
mement faibles150
Faible
seuil « extrêmement faible »
Fort
Hauteur (H) < H < 0,5 mètre
H < 1 mètre Modéré Fort
1 < H < 2 mètres Fort Très fort
H > 2 mètres Très fort Très fort
Tableau 6 : modalités de qualification des niveaux d’aléa d’inondation par débordement de cours d’eau (pour deux niveaux de dy-
namique, cas général hors spécificités relatives aux ouvrages faisant obstacles à l’écoulement). (D’après l’arrêté du 5 juillet 2019).

Dans les autres cas, il est recommandé de retenir une approche avec trois classes de dynamique.

147. Le service instructeur du PPRi peut retenir une dynamique moyenne dans ce cas de figure si les hauteurs d’eau sont
faibles, au regard de la courte période de montée des eaux et des capacités de déplacement des personnes (voir tableau 8) dans
cette configuration. Une attention particulière sera alors apportée aux prescriptions associées (voir partie 5.1.1).
148. En effet, l’objectif premier des PPRi est la préservation des vies humaines, et une dynamique rapide est de nature à la
menacer. Ainsi, lorsque la dynamique passe de moyenne à rapide :
- pour les secteurs où la hauteur d’eau est inférieure à 1 m : l’aléa passe de modéré (autorisations sous prescriptions en zones
urbanisées) à fort (principe général d’interdiction) ;
- pour les secteurs où la hauteur d’eau est comprise entre 1 et 2 m : l’aléa passe de fort (autorisations sous prescriptions en
dents creuses des centres urbains) à très fort (interdictions en dents creuses).
149. Arrêté du 5 juillet 2019 relatif à la détermination, qualification et représentation cartographique de l’aléa de référence et
de l’aléa à échéance 100 ans s’agissant de la submersion marine, dans le cadre de l’élaboration ou de la révision des plans de
prévention des risques concernant les « aléas débordement de cours d’eau et submersion marine ».
150. Des éléments d’éclairage sur les « hauteurs extrêmement faibles » sont apportés en partie 3.2.4.2.2.

71 | 159
Dynamique
Dynamique Dynamique Dynamique
lente moyenne rapide
H < seuil de hauteurs extrê-
Modéré ou Fort
mement faibles
Faible Modéré
seuil « extrêmement faible »
Hauteur Fort
< H < 0,5 mètre
(H)
H < 1 mètre Modéré Modéré Fort
1 < H < 2 mètres Fort Fort Très fort
H > 2 mètres Très fort Très fort Très fort
Tableau 7 : modalités de qualification des niveaux d’aléa d’inondation par débordement de cours d’eau (pour trois niveaux de dy-
namique, cas général hors spécificités relatives aux ouvrages faisant obstacles à l’écoulement). (D’après l’arrêté du 5 juillet 2019).

Sont par ailleurs classés en niveau d’aléa « très fort » :


„ les zones en bande de précaution à l’arrière des ouvrages faisant obstacle aux écoulements, présen-
tées en partie 3.2.4.3 ;
„ le lit mineur (jusqu’au sommet des berges) ;
„ l’emprise des ouvrages définis en partie 3.2.3.2.2.
L’annexe 7.2 propose des clés pour appréhender les niveaux d’aléa en fonction des hauteurs et des vitesses
d’écoulement pour différentes classes de vitesse de montée des eaux, cette représentation pouvant être
utile en pratique.
3.2.4.2.5. Les dommages potentiels sur les enjeux
Les niveaux d’aléa correspondent à des classes d’intensité qui traduisent approximativement le « potentiel
de dommages » de l’évènement sur des enjeux-types.
L’illustration 29 donne par exemple des clés pour appréhender les capacités de déplacement des per-
sonnes en zone inondée.

Illustration 29 : possibilité de déplacement des personnes en fonction de la hauteur d’eau et de la vitesse d’écoulement (source :
direction départementale de l’équipement du Vaucluse, repris dans la note complémentaire PPR inondation – Ruissellement
urbain, (MEDD, 2004)).

72 | 159
Le tableau ci-dessous synthétise des effets prévisibles des niveaux d’aléa sur différents enjeux-type. Le ser-
vice chargé de l’élaboration du plan peut s’appuyer sur ces éléments pour consolider le choix des seuils
de vitesses de montée des eaux et de vitesse d’écoulement définissant les niveaux de dynamique.

Niveaux d’aléa
Très fort Fort Modéré Faible
La capacité de
Les déplacements déplacement des La mobilité des
dans les écoule- « adultes sportifs » personnes est glo-
La probabilité de
ments sont qua- est réduite. Pour balement possible.
décès des piétons
Personnes si-impossibles pour les autres piétons, Les personnes
en extérieur est
les piétons. La pro- la probabilité de se vulnérables se re-
quasi-certaine.
babilité de décès faire emporter par trouvent toutefois
est élevée. les écoulements en difficulté.
est élevée.
Les voitures sont
instables et sou-
La mobilité des vent emportées. La mobilité des vé-
véhicules lourds hicules est difficile.
La mobilité de tout d’intervention est La mobilité est
possible, mais très Il est fortement
type de véhicules très difficile.
Véhicules difficile, pour les déconseillé de se
est impossible
Les voitures sont engins de terras- déplacer en voi-
dans l’écoulement.
emportées. sement ou pour ture.
certains véhicules
lourds tout-ter-
rains.
Les contraintes
Les contraintes dynamiques
Les dégâts sont dynamiques imposées par
majeurs dans les imposées par l’écoulement Les contraintes
bâtiments « renfor- l’écoulement et les sont modérées et dynamiques impo-
cés ». Les bâti- matériaux charriés n’endommagent sées par l’écoule-
ments « standard » peuvent endom- pas les façades ment sont faibles
sont détruits. mager gravement ni les structures, et n’endommagent
des façades et les même non renfor- pas les façades
La ruine des
structures non cées. Des dégâts ni, en général, les
constructions peut
renforcées, mais peuvent apparaître ouvertures.
intervenir du fait
sont insuffisantes sur les bâtis fra-
Bâtiments de contraintes L’activité ou les
pour endommager giles.
dynamiques des usages peuvent
structurellement
écoulements, par L’activité ou toutefois être
des façades renfor-
impact sur les les usages sont perturbés (eaux
cées.
façades et/ou par perturbés (eaux pénétrant dans les
sapement des La protection pénétrant dans les bâtiments, jardins
fondations (notam- contre l’inonda- bâtiments, jardins endommagés,
ment sur les angles tion nécessite des endommagés, etc.) etc.).
des bâtiments où mesures coûteuses. et les dommages
les écoulements se Les dommages intérieurs peuvent
concentrent). intérieurs sont être importants.
importants.

73 | 159
Niveaux d’aléa
Très fort Fort Modéré Faible
Les routes, in-
frastructures,
ouvrages et équi- Les routes, in-
Les dégâts aux
Les routes, in- pements peuvent frastructures,
routes, infrastruc-
frastructures, être submergés ouvrages et équi-
tures, ouvrages
Infrastructures, ouvrages et équi- mais sans en- pements peuvent
et équipements
ouvrages et équi- pements faisant dommagement être submergés,
restent modérés
pements (pylônes, obstacle aux structurel hors mais sans endom-
ou ponctuels et
captages, etc.) divagations sont ravinements légers magement structu-
leur remise en ser-
considérablement sur les chaussées rel et avec possi-
vice peut nécessi-
endommagés. non protégées et bilité de remise en
ter quelques jours.
avec possibilité de service rapide.
remise en service
rapide.
Les écoulements
prévisibles sont Les espaces natu-
Les phénomènes
de hauteur limi- rels et agricoles
d’engravement
tée. Les dépôts peuvent être
ou d’érosion des
Les écoulements peuvent être recouverts de dé-
espaces naturels et
peuvent conduire boueux mais sans pôts boueux, mais
Espaces naturels et agricoles restent
à de profonds matériaux de plus sans matériaux de
agricoles d’ampleur modé-
remaniements des de 10 cm. plus de 10 cm.
rée (moins de 1
terrains exposés.
m soit en exhaus- Les affouillements Les affouillements
sement soit en prévisibles sont prévisibles sont
affouillement). faibles. marginaux.

Tableau 8 : correspondance entre niveau d’aléa et dommages prévisibles sur des « enjeux-type ».

3.2.4.3. Les bandes de précaution


Pour rappel, la défaillance des ouvrages faisant obstacle à l’écoulement, y compris des systèmes d’endi-
guement, ne peut pas être écartée sur le long terme, quel que soit leur niveau de protection (voir partie
3.2.3.2.2). La rupture d’un ouvrage peut alors exposer le secteur en aval à des niveaux d’aléa supérieurs à
ceux que le même évènement aurait engendré en cas d’absence de l’ouvrage : on parle de « sur-aléa ».
La prise en compte de ces défaillances dans les PPRi se fait en intégrant :
„ d’une part des sous-scénarios de brèche et/ou d’effacement (voir partie 3.2.3.2), qui précisent les
niveaux d’aléa à distance des ouvrages, sur les secteurs de validité des modélisations ;
„ et d’autre part des bandes de précaution, qui font l’objet des développements de cette partie.
3.2.4.3.1. Pourquoi des bandes de précaution ?
Des écoulements très complexes en cas de rupture d’ouvrage
L'aléa hydraulique dans la brèche et à l'arrière immédiat de l’ouvrage est très spécifique. Les écoulements,
multidirectionnels, sont caractérisés par des hauteurs d'eau importantes et des vitesses de plusieurs
mètres par seconde du fait de la concentration des écoulements.
Lors de l’ouverture de la brèche, les écoulements peuvent être chargés en matériaux solides, du fait de
l'érosion de l’ouvrage et du terrain naturel. Les écoulements ont alors une densité suWpérieure à celle de
l'eau, ce qui augmente leurs capacités destructrices. Cette augmentation de densité permet en outre de
transporter de plus gros solides (planches, troncs d'arbre, mais également des cailloux et des structures
métalliques) sur de grandes distances avec des vitesses importantes. À titre d’exemple, lors de la brèche
de 2013 de Pia sur l'Agly, des enrochements qui se trouvaient en pied de digue (d’une hauteur de 2 mètres)
côté fleuve ont été transportés sur une distance de près de 200 mètres.
Ces écoulements sont hors des domaines d'établissement et de validité des outils de modélisation hy-
drauliques classiques et nécessitent une prise en compte adaptée.

74 | 159
Des fosses d'érosion parfois de grandes dimensions
En plus de l’érosion du remblai lui-même, la formation d’une brèche s’accompagne généralement d’une
érosion importante de la fondation de l’ouvrage et du terrain naturel. Celle-ci peut être localisée au droit
de l’ouvrage, en amont ou en aval de celle-ci (voir illustrations 18 et 19). Le processus de formation d’une
fosse d’érosion dépend largement de la nature géologique du sol, notamment de l’altitude du toit du
substratum rocheux considéré comme non érodable et de la résistance à l’érosion, souvent faible, des
matériaux alluvionnaires situés entre ce substratum et le remblai de la digue.
En général, les fosses d’érosion présentent une profondeur moyenne allant d’une à deux fois la hauteur de
la digue, bien qu’elles puissent parfois être plus profondes. Lors de la brèche de 1856 à Jargeau sur la Loire,
une fosse d'érosion de plus de 18 mètres de profondeur par rapport au sommet de la digue haute de 5
mètres a été constatée. Plus récemment, une fosse d’érosion d’une dizaine de mètres de profondeur et
d’une cinquantaine de mètres de long a été observée à la suite de la rupture de la digue en rive droite du
Petit Rhône en amont de l’autoroute A54, lors de la crue de décembre 2003.
Le lien entre l’étendue et la profondeur des fosses, les caractéristiques géotechniques du sous-sol et de la
digue et les sollicitations hydrauliques auxquelles ils sont soumis est encore peu documenté.
Les difficultés de modélisation pour les zones proches des brèches
Les modélisations numériques et les logiciels utilisés par les bureaux d'étude ne sont pas en mesure de re-
présenter l'ensemble des phénomènes physiques susceptibles de s’y produire. Il n'existe pas, au moment
de l’élaboration de ce guide, d’outil validé par la communauté scientifique capable de reproduire de ma-
nière fiable la complexité de ces écoulements diphasiques et la formation des fosses d'érosion dans l’en-
semble des situations possibles. Pour pouvoir simuler ces évènements, il faudrait en outre être capable de
représenter sur la totalité du linéaire de digue la constitution du sous-sol sur une profondeur significative
(au minimum de deux fois la hauteur de la digue).
L’identification de bandes de précaution
Afin de prendre en compte ces phénomènes potentiellement dévastateurs très complexes à qualifier151,
des bandes de précaution « forfaitaires », à classer obligatoirement en zone d'aléa de référence très fort
(article R. 562-11-4 du code de l’environnement) sont systématiquement identifiées à l’arrière des diffé-
rents rangs des systèmes d’endiguement et à tout ouvrage linéaire susceptible d’être mis en charge (no-
tamment les ouvrages définis en partie 3.2.3.2.2.).
3.2.4.3.2. La construction des bandes de précaution
La bande de précaution commence au pied de l’ouvrage152, et sa largeur est par défaut égale à la valeur
maximale entre :
„ cent fois la hauteur maximale de mise en charge du fait de la survenance de l’aléa de référence du
PPRi153 154 ;
„ 50 mètres155.
Les secteurs où l’altitude du terrain naturel est supérieure à la cote d’eau de référence correspondante
dans le lit mineur sont exclus de la bande de précaution. Dans certaines configurations, la largeur par dé-
faut de la bande de précaution peut ainsi être inférieure aux valeurs ci-dessus.

151. Maîtriser l’urbanisation à proximité immédiate de ces ouvrages permet par ailleurs de faciliter leur accès, notamment
pour leur entretien ou en cas de crise.
152. Il est rappelé que l’emprise de l’ouvrage est également en aléa de référence très fort.
153. La hauteur de mise en charge correspond à la différence entre la cote d’eau maximale dans le lit mineur et l’altitude du
terrain naturel à son arrière immédiat dans le lit majeur. Dans le cas où cette information n’est pas disponible, prendre par
défaut la hauteur de l’ouvrage (différence entre l’altitude de la crête de digue et l’altitude du terrain naturel à l’arrière de l’ou-
vrage), en gérant les incertitudes de mesure dans le sens de la sécurité.
154. Article R. 562-11-4 du code de l’environnement : « la largeur de la bande de précaution est égale à cent fois la différence entre
la hauteur d'eau maximale qui serait atteinte à l'amont de l'ouvrage du fait de la survenance de l'aléa de référence et le terrain naturel
immédiatement derrière lui ».
155. Par exemple, si la hauteur de mise en charge est de 2 mètres, la largeur par défaut de la bande de précaution est égale à la
valeur maximale entre 100 x 2 m et 50 m, soit 200 mètres. Si la hauteur de mise en charge est de 30 cm, la largeur par défaut de
la bande de précaution est égale à la valeur maximale entre 100 x 0.3 m et 50 m, soit 50 mètres.

75 | 159
largeur réduite dans le cas où
le terrain est à une altitude
supérieure à la cote d’eau

lit mineur
cote d’eau
de référence
digue h = hauteur de mise en charge
altitude du TN
à l’arrière de terrain naturel
l’ouvrage (TN)

50 mètres
largeur par défaut de la bande
de précaution : 100 x h
Illustration 30 : bande de précaution à l’arrière d’un ouvrage (largeurs par défaut). Source : DGPR/SRNH

L’origine du « 100 fois h »

Des études conduites sur les crues historiques de la Loire moyenne au 19e siècle (Descamp, 2008 ;
Maurin, 2014) montrent que les très nombreuses ruptures de digues (plus de 350 brèches lors des 3
crues de 1846, 1856 et 1866) ont provoqué des destructions totales sur la plupart des secteurs situés à
une distance de l’ordre de 100 fois la hauteur des ouvrages. La brèche de 1856 d’Amboise en rive droite
de la Loire a par exemple provoqué la destruction de la quasi-totalité des bâtiments entre la digue et
la gare, située à 400 mètres de la digue haute de 5 mètres.

Ces études ont permis d’estimer que la distance de destruction totale dans la zone de dissipation
d’énergie derrière la digue en cas de brèche était de l’ordre de 100 fois la hauteur de mise en charge.

La mise en charge étant susceptible de varier en fonction du secteur, la largeur de la bande de précaution
évolue potentiellement tout le long du linéaire de l’ouvrage. Une attention particulière est apportée sur les
zones de transition, où il est préférable d’éviter les discontinuités dans les largeurs de la bande.
3.2.4.3.3. L’adaptation de la largeur de la bande de précaution
Pour une digue, la largeur « par défaut » de la bande de précaution peut être adaptée, quelle que soit sa
hauteur, sur la base d'éléments techniques de l'ouvrage fournis par son propriétaire ou son gestionnaire
(article R. 562-11-4 du code de l’environnement). Ces éléments peuvent être par exemple des analyses et
des justifications techniques appuyées sur les résultats d’une étude de dangers du système d’endigue-
ment.
L’adaptation à la hausse
La zone de destruction totale en cas de rupture d’ouvrage a parfois été observée jusqu’à plus de 200 fois la
hauteur de la digue (Descamp, 2008). Il peut ainsi être pertinent d’ajuster à la hausse la largeur de la bande
de précaution, notamment lorsque :
„ la géologie et la nature du sol le justifient, par exemple en présence de paléo-chenaux dans le sous-sol ;
„ l’analyse historique montre que des ruptures de digue sur un secteur conduisent généralement à des
zones de destruction majeure d’envergures plus importantes que la moyenne ;
„ des résultats de modélisations mettent en évidence des conditions d’écoulement pouvant provo-
quer des destructions majeures (vitesses d’écoulement élevée de nature à provoquer des érosions im-
portantes) au-delà de la bande de précaution « par défaut ». Dans ce cas, il convient de s’assurer que les
résultats de modélisation sont valables sur ces secteurs (ce qui est généralement le cas pour les zones
suffisamment éloignées de la brèche).

76 | 159
L’adaptation à la baisse
Les largeurs des bandes de précaution peuvent également être réduites, sans descendre en deçà d’une
certaine valeur, dès lors que des éléments de justification sont apportés. L’arrêté du 5 juillet 2019156 précise
dans son article 3 les largeurs minimales des bandes de précaution157 :
„ pour les tronçons de système d'endiguement d'une hauteur158 supérieure à 1,5 m, la largeur peut
être réduite jusqu’à 50 mètres ;
„ pour les tronçons de système d'endiguement d'une hauteur inférieure à 1,5 mètres, la largeur peut
être réduite jusqu’à la valeur maximale entre :
h 10 mètres ;
h 33 fois la hauteur de mise en charge.
Une adaptation à la baisse est à étudier au cas par cas, et peut être envisagée avec prudence en se basant
sur un faisceau d’indices159, par exemple :
„ la nature du terrain et sa capacité à limiter le développement des fosses d’érosion, par exemple
lorsque le substratum rocheux est affleurant et en l’absence de paléo-chenaux160 ;
„ la lecture experte de résultats de modélisations de rupture : les secteurs proches des brèches
n’entrent pas dans le domaine de validité des modélisations hydrauliques. Les résultats « redeviennent »
toutefois pertinents au-delà d’une certaine distance de la brèche (quelques dizaines à centaines de
mètres) et peuvent apporter des indices pour appréhender l’évolution de l’intensité ;
„ les résultats d'une modélisation hydraulique adaptée aux phénomènes physiques spécifiques (des-
cription des écoulements et du sous-sol) avec un logiciel documenté et validé, intégrant la dangerosité
des embâcles susceptibles de provoquer des dommages aux personnes et aux bâtis. Ce type d’outil
n’est pas opérationnel au moment de la rédaction du présent guide, mais des approches nouvelles
pourraient survenir dans les prochaines années.
3.2.4.3.4. Synthèse sur la largeur des bandes de précaution
La largeur (L) de la bande de précaution au regard de la hauteur de mise en charge (h) et de la hauteur du
système d’endiguement peut être synthétisée par l’illustration 31.

156. Arrêté du 5 juillet 2019 relatif à la détermination, qualification et représentation cartographique de l’aléa de référence et
de l’aléa à échéance 100 ans s’agissant de la submersion marine, dans le cadre de l’élaboration ou de la révision des plans de
prévention des risques concernant les « aléas débordement de cours d’eau et submersion marine »
157. Article 3 de l’arrêté : « la largeur minimale de la bande de précaution [...] est fixée à cinquante mètres, sauf dans le cas où le terrain
naturel atteint la cote NGF de la hauteur d'eau de l'aléa de référence avant les cinquante mètres. Pour les tronçons de système d'endi-
guement d'une hauteur inférieure à 1,5 mètre, cette largeur minimale de cinquante mètres peut être ramenée à 33 fois la différence entre
la hauteur d'eau maximale qui serait atteinte à l'amont de l'ouvrage du fait de la survenance de l'aléa de référence et le terrain naturel
immédiatement derrière lui, sans pouvoir être inférieure à dix mètres ». Ainsi, une bande de précaution est à identifier systématique-
ment à l’arrière de tout système d’endiguement, même si celui-ci ne peut pas être mis en charge par le scénario de référence ou
si la hauteur de celui-ci est très faible.
158. La hauteur de l'ouvrage est définie comme la différence entre l'altitude de la crête de digue et l'altitude du terrain naturel
à son arrière immédiat dans le lit majeur.
159. L’éventuel niveau de protection ne pouvant pas être garanti dans le temps, il ne constitue pas un élément de justification
pour revoir à la baisse la largeur de la bande de précaution.
160. Des résultats d’investigations géophysiques du sous-sol (menées a priori en dehors de la démarche d’élaboration du PPRi)
peuvent être utiles pour cette analyse.

77 | 159
Largeur par défaut de la bande de précaution (en l’absence d’éléments techniques)
Largeur L de
la bande de Largeur minimale de la bande de précaution (sous réserve de justifications) pour les
précaution tronçons de système d’endiguement d’une hauteur supérieure à 1,5 mètres

(en m) Largeur minimale de la bande de précaution (sous réserve de justifications) pour les
tronçons de système d’endiguement d’une hauteur inférieure à 1,5 mètres
Valeurs potentielles pour la largeur des bandes de précautions (hors cas où l’altitude du
terrain naturel est supérieure à la cote d’eau de référence)

250

200

h
10 0x
150 L=

100

L = 50 m L = 50 m
50

L = 10 m L = 33 x h
10

0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 1 1,5 2 2,5


Hauteur h de mise en charge du
système d’endiguement (en m)
Illustration 31 : la largeur des bandes de précaution en fonction de la hauteur de mise en charge du système d’endiguement.
Source : DGPR/SRNH

3.2.4.4. La cartographie de l’aléa de référence


Les niveaux d’aléa sont déterminés par croisement des hauteurs et des dynamiques maximales pour
chaque scénario de référence et sous-scénarios associés. L’ensemble de ces informations est ensuite ras-
semblé dans la carte d’aléa de référence du PPRi, en retenant sur chaque secteur le niveau d’aléa le plus
élevé identifié dans les différents sous-scénarios. En particulier, l’emprise inondable ainsi identifiée corres-
pond à l’enveloppe maximale de l’ensemble des enveloppes inondables des sous-scénarios.
La carte intègre également les bandes de précaution derrière les ouvrages latéraux faisant obstacle à
l’écoulement (aléa très fort). La largeur des bandes de précaution dépend de la mise en charge maximale,
et donc potentiellement du sous-scénario. La carte d’aléa de référence reprend les bandes de précaution
majorantes des différents sous-scénarios.
Elle doit également faire apparaître161, à titre informatif, les zones protégées162 par un système d’endigue-
ment dont le niveau de protection est au moins égal à l’aléa de référence (article R. 562-11-4 du code de
l'environnement). Cela contribue à l’information des habitants et des entreprises quant à la présence du
système d’endiguement et met en valeur son rôle en matière de protection contre certains évènements.
La définition de ces zones ne relève pas du cadre de l’élaboration du PPRi. Cela suppose donc que les
études de dangers définissant le niveau de protection et la zone protégée aient été réalisées par ailleurs.
Une attention particulière est apportée dans la note de présentation du PPRi pour présenter ces zones
protégées, rappeler qu’elles n’ont pas d’incidence sur l’aléa de référence ou le règlement et que leur pro-
tection face aux inondations est de la responsabilité du gestionnaire d’ouvrage.
L’échelle de représentation recommandée pour la carte d’aléa d’inondation est le 1 : 25 000, sur l’en-
semble du secteur d’étude, si cela est compatible avec les incertitudes associées aux résultats des études
d’aléa liés aux méthodes et aux données. Le fond de plan est cohérent avec l’échelle de la carte.

161. Par exemple sous forme de hachures se superposant aux niveaux d’aléa.
162. La finalité d’un système d’endiguement est la protection d’un territoire, appelé « zone protégée », contre les inondations
provenant d’un cours d’eau endigué (ou de la mer), et cela jusqu’à un certain niveau d’évènement, appelé « niveau de protec-
tion », avec un risque résiduel de rupture inférieur à 5 %. Le niveau de protection est défini par l’article R. 214-119-1 du code de
l’environnement. C’est la hauteur maximale définie par le gestionnaire que peut atteindre l’eau sans que la zone protégée soit
inondée en raison du débordement, du contournement, ou de la rupture des ouvrages de protection quand l’inondation pro-
vient directement du cours d’eau ou de la mer. Le niveau de protection est apprécié au regard, soit d’un débit maximal du cours
d’eau en crue ou d’une cote de niveau atteinte par celui-ci.

78 | 159
Il est recommandé de privilégier une carte des cotes de référence163. Elle précise sur chaque secteur l’al-
titude maximale164 atteinte par l’eau dans l’ensemble des scénarios étudiés, en intégrant éventuellement
une revanche pour prendre en compte les incertitudes. Les cotes de références sont généralement asso-
ciées à la partie règlementaire (zonage et règlement) du PPRi (voir partie 5.1.5).
La carte d’aléa est accompagnée d’explications détaillées (rapport d’élaboration versé au rapport de pré-
sentation du PPRi, etc.). En effet, au-delà de constituer une des étapes d’élaboration du PPRi, la carte
d’aléa et les documents qui l’accompagnent constituent des supports très utiles pour l’information et la
sensibilisation des acteurs du territoire.
Enfin, la carte de l’aléa de référence doit respecter le géostandard en vigueur (voir annexe 7.5).
En complément de documents cartographiques, et de manière facultative, l’élaboration de vidéos mon-
trant l’écoulement des eaux est une bonne pratique. Leur visionnage, par exemple en réunion publique,
est souvent très instructif pour les élus comme pour les citoyens.

163. Lorsque cela est possible, une carte des cotes de référence est préférable à une carte des hauteurs d’eau. La lecture d’une
carte des hauteurs d’eau, par exemple pour estimer la surélévation nécessaire pour une mise hors d’eau, nécessite en effet de
disposer du MNT utilisé pour la réalisation de la carte, ce qui est un frein à l’usage (le relief peut en effet avoir évolué). Une
carte des hauteurs d’eau peut toutefois être intégrée à titre informatif en annexe de la note de présentation.
164. Il est recommandé d’utiliser le mètre NGF (nivellement général de France).

79 | 159
80 | 159
Illustration 32 : exemple d’extrait de carte d’aléa de référence (extrait du PPRi du Drac (Isère) approuvé en 2023 : niveau d’aléa
(page entière), hauteurs (en haut ; en bleu et vert : hauteurs faibles et moyennes ; en rouge et violet : hauteurs élevées et très
élevées), vitesses d’écoulement (en bas ; en bleu et vert : vitesses d’écoulement faibles et moyennes ; en rouge et violet : vitesses
d’écoulement élevées et très élevées).

81 | 159
IV. LES ENJEUX

4.1 Les objectifs de l'analyse des enjeux


Dans le cadre des PPR, la notion d’« enjeux » regroupe les personnes, l’environnement, les biens, dont le
patrimoine culturel, les activités économiques, les équipements, etc. du territoire d’étude, et en particu-
lier ceux susceptibles d’être affectés, directement ou indirectement, par l’aléa de référence du PPRi.
L’analyse des enjeux a deux finalités principales :
„ la compréhension des vulnérabilités du territoire au regard de son fonctionnement socio-écono-
mique ;
„ la carte des niveaux d’urbanisation, qui a vocation à être croisée avec la carte d’aléa de référence
afin d’élaborer le zonage réglementaire.
L’analyse des enjeux n’est pas spécifique aux PPRi par débordement de cours d’eau. Il est préférable de se
référer sur ce point aux références législatives et règlementaires, ainsi qu’au guide PPRn général.

4.2. L’analyse du fonctionnement du territoire et de ses vulnéra-


bilités
4.2.1. Les objectifs de cette analyse
Cette analyse a pour objectif :
„ de comprendre le fonctionnement du territoire, notamment l’organisation des espaces (naturels,
agricoles, habitats, services, commerces, activités économiques, etc.), leurs interactions (réseaux et in-
frastructures) et leurs évolutions ;
„ d’évaluer les impacts des aléas d’inondation et la vulnérabilité du territoire, en particulier à travers
l’identification d’ « enjeux particuliers » constitués d’éléments sensibles aux inondations ou d’équipe-
ments pouvant servir de ressource en cas de crise ;
„ de justifier l’intérêt de la réalisation du PPRi, et ainsi faciliter la sensibilisation au risque d’inondation
et l’acceptabilité du plan ;
„ de cibler les mesures de prévention ou de réduction de la vulnérabilité aux inondations.
Les premiers éléments de ce travail servent lors de la demande d’examen au cas par cas pour l’évaluation
environnementale. Une fois consolidée, cette analyse alimente l’évaluation environnementale si le PPRi y
est soumis165. Une fois complète, elle sert de support à la stratégie du PPRi166 et peut être utile pour le dos-
sier que les collectivités établissent dans le cadre des demandes d’exception présentées en partie 5.2.2167.
Cette analyse est à mener globalement, au niveau du périmètre du PPRi, avec des éléments d’appréciation
parfois élargis au bassin de vie (voir partie 5.1.2.3.1). Le niveau de détail est à adapter au territoire. L’analyse
peut comprendre tout ou partie des éléments ci-dessous.

4.2.2. Les enjeux particuliers existants et la vulnérabilité du territoire


En pratique, il s’agit d’identifier et d’analyser les éléments de la zone d’étude vulnérables aux inondations :
„ la présence de populations (nombre, densités, dynamiques, etc.) ;
„ les bâtiments, si possible en fonction de leur typologie (maison de plain-pied, maison avec étage,
collectif, etc.), en mettant l’accent sur les zones comportant de nombreux bâtiments non pourvus
d’étages refuges avec accès sur l’extérieur permettant les évacuations ;
„ les établissements sensibles ou difficilement évacuables (crèches, écoles, hôpitaux, maisons de re-
traite, établissements pour personnes âgées et dépendantes (EHPAD), centres pénitentiaires, etc.) ;
„ les équipements de grande capacité, susceptibles de regrouper un nombre important de personnes,
dont les conditions d’évacuation ou de mise en sécurité en cas d’inondation doivent être étudiées ;

165. Article R. 122-17-II du code de l’environnement


166. La stratégie du PPRi est la réflexion d’où émerge les choix pour le détail du règlement (voir introduction de la partie 5).
167. Cette connaissance peut également être capitalisée au-delà du PPRi pour d’autres démarches de prévention des risques :
SLGRI, PAPI, DICRIM, P(I)CS, etc.

83 | 159
„ les établissements stratégiques pour la gestion de crise (PC de crise, centre de secours, SDIS, etc.) ;
„ les campings, les aires de camping-cars et l'hôtellerie de plein air (ces établissements accueillent une
population vulnérable, qui ne connaît généralement pas les risques d’inondation locaux) ;
„ les aires d’accueil des gens du voyage ;
„ les différents réseaux, notamment de transport et de communication, susceptibles d’être coupés
par une inondation ;
„ les constructions pouvant engendrer des pollutions en cas d’inondation (ICPE) ;
„ les enjeux patrimoniaux, culturels et environnementaux, etc.
Les éléments qui participent à la résilience du territoire (réseau de voirie hors d’eau permettant l’évacua-
tion et facilitant l’intervention des services de secours, bâtiments pouvant servir de zone refuge en cas
d’inondation, etc.) peuvent également être identifiés.
Le croisement entre ces éléments et la carte d’aléa de référence permet ensuite d’appréhender l’exposi-
tion et la vulnérabilité de l’existant. Il peut ainsi être utile de quantifier les enjeux en zone exposée, avec
un niveau de détail à l'appréciation du service instructeur.

En aléa fort ou En aléa moyen ou Total en zone


Type d’enjeux
supérieur inférieur exposée
100 maisons 200 maisons 300 maisons
Bâtiments individuelles. individuelles. individuelles.
200 collectifs. 400 collectifs. 600 collectifs.
Population 1 000 personnes. 3 500 personnes. 4 500 personnes.
Établissements 5 écoles primaire.
5 écoles primaire. 2 maisons de retraite.
sensibles 2 maisons de retraite.
Etc. ... ... ...
Tableau 9 : exemple illustratif théorique d’analyse de l’exposition d’un territoire.

4.2.3. Les projets et les potentialités d’aménagement futur


L’analyse des enjeux :
„ peut être affinée par la mise en évidence des projets d’aménagements stratégiques futurs ;
„ est une étape privilégiée pour vérifier la compatibilité de ces projets avec leur niveau d’exposition,
pour réduire leur vulnérabilité aux inondations et pour éventuellement envisager de recourir au prin-
cipe d’exception dans le cadre d’une demande portée par une collectivité (voir partie 5.1.2.).

4.2.4. Les autres éléments de contexte


De manière plus large, il convient de s’interroger sur le contexte général de la gestion des risques d’inon-
dation sur le territoire. À titre d’exemples :
„ des études de vulnérabilité et des actions de réduction de la vulnérabilité des bâtis existants ont-
elles été initiées, par exemple dans le cadre d’une démarche PAPI ?
„ le volet inondation des P(I)CS intègre-t-il la connaissance des aléas établie par le PPRI ?
„ est-ce qu’une évolution notable de la vulnérabilité du territoire au risque d’inondation est prévi-
sible ?
„ existe-t-il des systèmes d’endiguements, et si oui, quels sont leurs niveaux de protection ? En effet,
bien que l’aléa de référence intègre des hypothèses de défaillance de ces systèmes, leur existence peut
influer sur le règlement.

4.3. Les niveaux d’urbanisation


L’analyse fine des niveaux d’urbanisation est principalement centrée sur l’emprise inondable. Il n’est toute-
fois pas indispensable d’attendre que la phase de caractérisation des aléas, parfois longue, soit achevée. Il
est au contraire conseillé d’initier l’analyse des enjeux au sein d’une première enveloppe approchée quitte
à l’affiner lorsque les études d’aléa sont plus abouties.

84 | 159
4.3.1. La définition des différents niveaux d’urbanisation
Dans le cadre des PPRi, la délimitation des « niveaux d’urbanisation » consiste à distinguer les zones urbani-
sées, d’une part, et non urbanisées, d’autre part. Au sein des zones urbanisées, les « centres urbains » sont
identifiés. Ces trois niveaux d’urbanisation sont ceux respectivement cités aux alinéas I, II et III de l’article
R. 562-11-6 du code de l’environnement.

4.3.1.1. Les zones urbanisées


Le caractère urbanisé ou non d'un espace s'apprécie en fonction de la réalité physique168 de cet espace
au moment de l’élaboration du PPRi : présence de bâtiments, proximité avec des constructions existantes,
etc. Ainsi, les zones urbanisées définies dans le cadre des PPRi ne recoupent pas les secteurs zonés AU (à
urbaniser) ou U (urbanisé) d’un PLU(i) qui ne sont pas artificialisés dans les faits.
Un habitat isolé n’est a priori pas considéré comme zone urbanisée malgré le caractère construit que peut
avoir une parcelle. Le nombre minimal de bâtiments pour constituer une zone urbanisée, et l’éloignement
de l’habitat isolé par rapport aux autres constructions, est à apprécier en fonction du contexte du terri-
toire et de la règlementation locale.
La zone urbanisée contient parfois en son sein des espaces non bâtis de grande superficie qu’il convient
d’exclure de la zone urbanisée lorsque leur surface excède un certain seuil : les équipements sportifs, les
espaces verts ou parcs urbains, les cimetières, certains parkings169, etc. qui sont ainsi classés dans les zones
non urbanisées.
À l’inverse, les dents creuses, définies comme les « espaces résiduels, de taille limitée, entre deux bâtis
existants » (article R. 562-11-6 III du code de l’environnement) sont intégrées dans la zone urbanisée. En
pratique, il s’agit généralement de petits espaces non construits entourés, au moins partiellement, d’es-
paces bâtis. La taille maximale des dents creuses varie en fonction de la typologie de la zone urbaine dans
laquelle elle se situe : il n’est pas défini de seuil de surface maximal qui pourrait s’appliquer de manière ho-
mogène sur le territoire national. On considère toutefois que l’ordre de grandeur de la surface d’une dent
creuse correspond à la surface d’une ou plusieurs « parcelles types » de la zone urbanisée qui l’entoure.
Une attention particulière est également à porter au classement des friches urbaines ou industrielles. Il
s’agit de terrains de grande superficie ayant connu une urbanisation dans le passé et qui présentent un
état de dépréciation généralisée. Certaines d’entre elles peuvent avoir fait l’objet d’opérations de décon-
struction totales ou partielles. Lorsqu’il reste encore des constructions, ou en cas de projet à court terme
(reconstruction de la ville sur la ville), elles peuvent être considérées comme des zones urbanisées. La ges-
tion de ce type d’espaces, par exemple du fait de bâtiments en déshérence, peut en effet se révéler très
complexe si le PPRi interdit leur requalification par du renouvellement urbain. Classer la friche dans la zone
urbanisée peut permettre la mise en œuvre d’un projet de renouvellement, ce qui permettrait par ailleurs
de limiter la pression foncière sur d’autres territoires. Cette appréciation se fait au cas-par-cas, en fonction
du contexte urbain et de l’enjeu stratégique que représente le réaménagement du secteur.
Enfin, l’intégration dans la zone urbanisée d’opérations déjà autorisées mais non réalisées170 (par exemple
avec un permis de construire ou d’aménager valide) est à étudier au cas par cas.

4.3.1.2. Les centres urbains


Au sein des zones urbanisées, le centre urbain est une entité particulière qui donne lieu à un zonage et une
réglementation adaptée au regard des risques d’inondations (voir partie 5.2.1.), et qu’il convient donc de
précisément délimiter.
Les centres urbains sont des zones densément bâties dans lesquelles il reste peu d’espaces non construits,
et où en conséquence, les constructions nouvelles n’augmenteront pas de manière substantielle les enjeux
exposés. Ils se caractérisent par :
„ une occupation du sol importante ;
„ une continuité du bâti ;
„ une mixité des usages (logements, commerces et services).
Le caractère historique de la zone peut être un élément d’éclairage supplémentaire.

168. cf. circulaire n°96-32 du 13 mai 1996


169. Notamment ceux qui ne sont pas associés à des constructions : un parking en silo est a priori intégré à la zone urbanisée
qui l’entoure, tandis qu’une grande aire de stationnement dépourvue de bâtiments relève a priori des zones non urbanisées
d’un PPRi.
170. Connaître ces projets offre par ailleurs la possibilité d’étudier le plus en amont possible leur compatibilité avec les risques
encourus et les éventuelles évolutions à réaliser pour les rendre compatibles avec les principes de prévention.

85 | 159
Ces critères de définition des centres urbains sont cumulatifs. À titre d’exemple, un secteur d’habitat
récent, dense, et constitué de nombreux bâtiments collectifs au pied desquels se situeraient des com-
merces, ne constitue pas nécessairement un centre urbain s’il est éloigné du centre historique et privé
d’équipements publics.
De la même manière que pour les zones urbanisées, les dents creuses entourées de secteurs identifiés en
centre urbain sont intégrées dans le centre urbain des cartes du PPRi.

4.3.1.3. Les zones non urbanisées


Les secteurs qui ne sont pas identifiés en zone urbaine ou centres urbains constituent les zones non ur-
banisées. Il s’agit principalement des secteurs naturels, agricoles, ou faiblement bâtis, mais on peut égale-
ment trouver des zones non urbanisées à l’intérieur de zones urbanisées.
En particulier, les friches urbaines ou industrielles qui ne contiennent pas de construction et qui ne font
pas l’objet d’un projet de requalification sont intégrées au cas par cas aux zones non urbanisées. Elles cor-
respondent alors à des espaces non bâtis de grande superficie décrits en partie 4.3.1.1.
Pour rappel, les secteurs zonés AU (à urbaniser), voire zonés U (urbanisé), d’un PLU(i) qui ne sont pas artifi-
cialisés dans les faits sont considérées par défaut dans le PPRi comme des zones non urbanisées.

4.3.2. La délimitation des niveaux d’urbanisation


La délimitation des trois types d’espaces précédemment décrits est une étape clé de l’analyse des enjeux.
La première étape consiste habituellement à définir, et partager, une manière de caractériser les différents
niveaux d’urbanisation. Cela peut par exemple se faire sous la forme de critères et de seuils permettant
d’objectiver le caractère urbanisé d’un espace : distance entre les bâtiments pour une continuité de la
tache urbaine, seuils de densité(s) nécessaire pour un centre urbain, nombre minimal de bâtiments conti-
gus, etc.
Les limites des niveaux d’urbanisation n’ont pas vocation à se superposer au découpage parcellaire171. À
titre d’exemple, dans le cas d’une parcelle de grande superficie située en lisière de zone urbanisée, seule la
partie bâtie de la parcelle est intégrée dans la zone urbanisée, tandis que la partie non bâtie est identifiée
en zone non urbanisée.

4.3.2.1. La délimitation des zones urbanisées


La délimitation des zones urbanisées s’appuie notamment sur :
„ une analyse des données d’occupation du sol (BD OCS GE, BD Topo, BD carto, etc.) ;
„ une analyse des données et fonds cartographiques disponibles (photos aériennes récentes, cartes
IGN au 1 : 25 000, etc.) ;
„ des visites de terrains lorsque le positionnement de la limite de la zone urbanisée n’est pas aisée ;
„ une analyse des zonages de planification qui peuvent donner un éclairage.
Le tableau en annexe 7.3 identifie des données pouvant être exploitées pour cette étape.
Cette première délimitation est ensuite précisée sur la base d’éléments complémentaires, comme :
„ la prise en compte des projets d’aménagement du territoire en cours ou envisagés ;
„ l’analyse de la localisation précise des constructions et de la morphologie parcellaire afin d’identifier
notamment :
h les secteurs de bâti isolé ;
h les zones non bâties intra-urbaines ;
h les friches.

171. Dans certains cas, par exemple lorsque la frontière entre deux niveaux d’urbanisation est suffisamment proche (quelques
mètres) et cohérente avec les frontières du parcellaire, il peut être adapté d’affiner la délimitation des niveaux d’urbanisation
en « s’accrochant » à certaines frontières du parcellaire, dans un objectif de bonne lisibilité et compréhension de la carte.

86 | 159
4.3.2.2. La délimitation des centres urbains
Au sein des zones urbanisées, il convient ensuite de délimiter précisément les secteurs de centre urbain.
L’appréciation de ces secteurs peut, au même titre que pour la zone urbanisée, reposer sur :
„ l’analyse des zonages des documents de planification : les zonages UA des PLU(i) (en général des
zones urbaines denses et mixtes) donnent de premiers indices ;
„ l’analyse de bases de données SIG. À titre d’exemples :
h pour l’emprise au sol et la continuité du bâti : analyse notamment basée sur la densité des bâti-
ments ;
h pour la mixité des usages :
ƒ l’analyse des fichiers fonciers (connaissance, à l’échelle de chaque parcelle172, du nombre de
logements et de locaux d’activités secondaire/tertiaire par exemple) ;
ƒ l’analyse de base de données dédiées à certains types d’équipements particuliers173 (établisse-
ments d’enseignement scolaire, établissement sanitaires et sociaux, musées, etc.) ;
h pour l’historicité :
ƒ étude des fonds de plans et photographies aériennes antérieures174 ;
ƒ l’analyse des informations contenues dans les fichiers fonciers (connaissance, à l’échelle de
chaque parcelle, de l’année de construction du local le plus ancien).

4.3.2.3. La délimitation des zones non urbanisées


La zone non urbanisée regroupe tous les secteurs de la zone d’étude qui ne sont pas inclus dans la zone
urbanisée.

172. Cf. Liste des champs de la table « Parcelle » des fichiers fonciers
173. Cf. tableau des pages 55 et 56 du Référentiel national de vulnérabilité aux inondations (Cerema, 2016)
174. La plateforme https://remonterletemps.ign.fr/ s’avère particulièrement utile dans cet objectif.

87 | 159
Un exemple d’identification des zones urbanisées : le PPRi de l’Ecaillon (DDTM du Nord)

88 | 159
Illustration 33 : les niveaux d’urbanisation et les zones de bâti du PPRi de l’Écailin (59), et leurs étapes de définition.

89 | 159
4.4. La méthode de travail
La méthode de travail est comparable à celle des autres PPR, décrite dans le guide PPRn général. Les
différentes étapes d’analyse, pilotées par les services de l’État (en liaison notamment avec les services
urbanisme et planification des DDT(M)), doivent notamment être menées en association étroite avec les
collectivités concernées, et si possible les agences d’urbanisme lorsqu’elles existent sur le territoire, afin
de mutualiser les connaissances, partager les méthodes et définitions et cibler les sujets potentiellement
complexes.

Par ailleurs, malgré les possibilités de production semi-automatisée grâce aux outils SIG et à l’existence de
bases de données de plus en plus détaillées, l’analyse qualitative experte du territoire joue un rôle indis-
pensable dans la délimitation finale des niveaux d’urbanisation.

4.5. Les cartes des enjeux


Les cartes des enjeux font la synthèse de l’analyse présentée ci-dessus.

La carte délimitant les différents niveaux d’urbanisation est un livrable indispensable de cette étape, né-
cessaire pour l’élaboration du zonage réglementaire. L’échelle de restitution souhaitable est le 1 : 10 000
sur l’ensemble du secteur d’étude et le 1 : 5 000 au niveau des zones urbanisées. Les enjeux particuliers
peuvent compléter la carte. Si ceux-ci sont nombreux, il peut être élaboré une ou plusieurs cartes dé-
dié(es) afin de ne pas alourdir les documents. Enfin, la carte doit être accompagnée d’une note explicative
qui peut être versée au rapport de présentation.

Illustration 34 : exemple de carte des enjeux du PPRi de la vallée de la Bièvre et du ru de Vauhallan (91). (Source : DDT de
l’Essonne).

90 | 159
V. L’ÉLABORATION DE LA PARTIE
RÉGLEMENTAIRE
Les PPRi ont pour objectif de préserver les vies humaines, de limiter l’exposition de nouvelles populations
ou activités à un risque d’inondation, de préserver les zones d’expansion des crues et le libre écoulement
de l’eau afin de ne pas aggraver les risques d’inondation sur d’autres territoires, et de réduire la vulnérabili-
té des enjeux existants et les dommages aux biens175. Pour cela, ces plans visent en premier lieu à maîtriser
et adapter l’urbanisation en zone inondable.

L’atteinte de ces objectifs repose sur le couple constitué par le zonage réglementaire et le règlement qui
lui est associé. Ces deux documents sont les deux pièces opposables du PPRi approuvé.

Le zonage réglementaire délimite des zones homogènes en termes de risque et permet d’appréhender di-
rectement les grandes lignes des dispositions associées (interdiction dans les « zones rouges », autorisation
sous conditions dans les « zones bleues », etc.). Le règlement précise pour chacune de ces zones :

„ les règles applicables aux projets176 nouveaux et aux projets sur des biens existants (voir partie 5.2.2) ;
„ les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde (voir partie 5.2.3) ;
„ les mesures de réduction de la vulnérabilité définies pour les biens et activités existants (rendues
obligatoires ou recommandées par le PPRi) (voir partie 5.2.4).

Les principes généraux relatifs à l’élaboration du zonage réglementaire et du règlement sont définis par le
cadre national (code de l’environnement, guides méthodologiques, etc.). Ce cadre présente toutefois des
marges d’appréciation et doit être décliné selon les spécificités du territoire d’étude. La réflexion menée
pour mettre en adéquation le dossier de PPRi avec les spécificités et les demandes du territoire, tout en
restant dans le cadre national, constitue la « stratégie du PPRi ». Elle se construit itérativement, sous la res-
ponsabilité des services de l’État, en association avec les personnes et organismes associés, notamment
les collectivités locales concernées, et en concertation avec le public.

5.1. Le zonage réglementaire


5.1.1. Les principes généraux
Élaborer le zonage réglementaire revient à délimiter différents types de zones en fonction des principes
de prévention177 à y appliquer, notamment sous l’angle de la réglementation des projets : principe général
d’interdiction des projets, ou principe général d’admissibilité des projets sous réserve du respect de pres-
criptions de réalisation, d’utilisation et/ou d’exploitation.

Le zonage réglementaire s’appuie sur une logique de proportionnalité et de gradation en fonction du ni-
veau d’aléa et du niveau d’urbanisation de la zone :

„ plus le niveau d’aléa est élevé, plus les restrictions sont fortes ;
„ moins la zone est densément urbanisée, plus les interdictions sont importantes. En effet, des
constructions nouvelles en zone non urbanisée suppriment des volumes de stockage, limitent les ca-
pacités d’écoulement des zones d’expansion des crues et sont ainsi susceptibles d’aggraver les risques
sur d’autres secteurs. Par ailleurs, cela augmente les enjeux exposés, ce qui est contraire aux objectifs
nationaux de la prévention des risques. A contrario, en zone dense, les possibilités de construction sont
plus limitées.

175. Cf. circulaire du 24 janvier 1994.


176. La notion de projet peut faire référence dans le cadre de ce guide à tout type de construction, d’ouvrage, d’aménagement
ou d’exploitation agricole, forestière, artisanale, commerciale ou industrielle que les PPRi règlementent (article L. 562-1 du
code de l’environnement).
177. Les prescriptions visent à répondre aux objectifs de la politique publique de prévention des risques (augmenter la sécurité
des populations exposées et préserver les vies humaines ; stabiliser sur le court terme et réduire à moyen terme le coût des
dommages potentiels liés aux inondations ; raccourcir fortement le délai de retour à la normale des territoires sinistrés) et
doivent être proportionnées à la connaissance de l’aléa prévisible.

91 | 159
L’article R. 562-11-6178 du code de l'environnement précise les dispositions prévues à l’article L. 562-1 du
code de l'environnement pour ce qui relève des constructions nouvelles. L’élaboration du zonage régle-
mentaire repose sur le croisement entre les niveaux d’aléa (faible, modéré, fort, très fort) et les niveaux
d’urbanisation (zone urbanisée, non urbanisée, centre urbain), selon les modalités développées ci-des-
sous.

Dans les zones urbanisées :

„ dans les secteurs soumis à des niveaux d’aléa fort et très fort, le principe général est d’interdire les
nouvelles constructions. Certaines constructions peuvent toutefois y être rendues possibles sous ré-
serve du respect de prescriptions :
h lorsqu’elles sont réalisées dans le cadre d’une opération de renouvellement urbain ayant pour
effet de réduire la vulnérabilité sur le périmètre de l’opération (voir partie 5.2.2.2.1),
h lorsqu’elles s’inscrivent dans le cadre des exceptions de l’article R. 562-11-7 du code de l’environ-
nement (demandes d’exception au principe général d’interdiction portées par les collectivités, voir
partie 5.1.2.),
h lorsqu’elles relèvent des cas prévus par l’article R. 562-11-8 du code de l’environnement (construc-
tions qui, par leurs caractéristiques, peuvent ne pas être interdites, voir partie 5.2.2.2.2),
h dans les centres urbains et en aléa fort uniquement, lorsqu’elles se situent dans des dents creuses ;
„ dans les secteurs soumis à des niveaux d’aléa faible et modéré, le principe général est d’autoriser les
nouvelles constructions sous réserve du respect de prescriptions. Il est cependant possible d’y interdire
certains projets, selon leur nature et le contexte local (voir partie 5.2.2.1).

Dans les zones non urbanisées, quel que soit le niveau d’aléa de référence, le principe général est d’in-
terdire les constructions nouvelles. Certaines constructions nouvelles peuvent toutefois y être rendues
possibles sous réserve du respect de prescriptions :

„ dans les secteurs soumis à des niveaux d’aléa faible et modéré : lorsqu’elles s’inscrivent dans le cadre
des exceptions de l’article R 562-11-7 du code de l’environnement (exceptions à l’interdiction portées
par les collectivités, voir partie 5.1.2.) ;
„ pour tous secteurs inondables, indépendamment du niveau d’aléa : lorsqu’elles relèvent des cas
prévus par l’article R. 562-11-8 du code de l’environnement (constructions qui, par leurs caractéristiques,
peuvent ne pas être interdites, voir partie 5.2.2.2.2).

Le tableau ci-après synthétise les grands principes règlementaires en fonction des niveaux d’aléa et des
niveaux d’urbanisation.

178. Il est rappelé que cet article, comme l’ensemble des articles R. 562-11-1 à R. 562-11-9, est issu du décret PPRi de 2019 et
est spécifique aux débordements de cours d’eau (hors cours d’eau torrentiels) et à la submersion marine.

92 | 159
Niveau d’aléa
de référence
Faible Modéré Fort Très fort
Niveau
d’urbanisation
Principe général d’inter-
diction, sauf :
z constructions nou- Principe général d’inter-
velles dans les dents diction, sauf :
creuses179 ; z constructions nou-
z constructions nou- velles dans le cadre
Centre velles dans le cadre d’opération de renou-
urbain d’opération de renou- vellement urbain avec
Principe général : vellement urbain avec réduction de la vulnéra-
Zone constructions nou- réduction de la vulnéra- bilité ;
urbanisée velles soumises à bilité ; z exceptions sur de-
prescriptions. mande de la collectivité.
z exceptions sur de-
mande de la collectivi-
té180.
Zone Principe général d’interdiction sauf :
urbanisée,
en z constructions nouvelles dans le cadre d’opérations
dehors de renouvellement urbain avec réduction de la vulné-
des centres rabilité ;
urbains z exceptions sur demande de la collectivité.
Principe général
d’interdiction sauf
Zone non urbanisée exceptions sur Principe général d’interdiction.
demande de
la collectivité.
Tableau 10 : principes généraux de construction des zonages réglementaires en fonction du niveau d’aléa et du niveau d’urbani-
sation, définis à l’article R. 562-11-6 du code de l’environnement.

Un tableau complet est proposé en partie 5.1.3. (voir tableau 12).

En complément de ces règles générales, des zones particulières, dans lesquelles le principe général est
l’interdiction des constructions nouvelles, peuvent être intégrées dans le zonage lorsque la configuration
du secteur et/ou la nature de l’aléa le justifient181 : difficultés liées aux accès, aux réseaux, effets de seuils
(cuvette), problèmes d’évacuation des eaux, effets dominos, etc.

Enfin, en application des articles L. 562-1-II-2° et R. 562-3 du code de l'environnement, le zonage réglemen-
taire délimite également les zones qui ne sont pas directement exposées aux risques mais où des projets
pourraient aggraver les risques ou en provoquer de nouveaux, afin que le règlement y prévoie des mesures
d’interdiction ou des prescriptions.

5.1.2. Les exceptions à l’interdiction dans le cadre d’une demande de col-


lectivité
5.1.2.1. L’objectif
Certains territoires sont confrontés à des besoins de construction liés par exemple à une forte pénurie de
logements et disposent cependant d’un foncier très contraint (territoire grevé par des risques plus graves
que ceux liés aux inondations, ou par des nuisances ayant des impacts majeurs pour la santé publique et
qui ne peuvent être supprimées).
179. Lorsqu'un PPRi autorise les constructions nouvelles « dans une dent creuse de l'urbanisation actuelle », il convient de se
référer à l'urbanisation existante lors de l'adoption du plan, et non à l'urbanisation existante à la date à laquelle il est statué sur
une demande de permis de construire. Dans le cas d'une « dent creuse » de l'urbanisation apparue postérieurement à l'adoption
du plan, seules sont applicables les dispositions sur les reconstructions (Conseil d’État, 12 octobre 2016, n° 395089).
180. Pour le détail relatif aux exceptions, voir tableau 11.
181. Article R. 562-11-6 IV du code de l’environnement.

93 | 159
Construire dans certaines zones inondables soumises par défaut à un principe d’interdiction, sous réserve
de précautions limitant les risques et diminuant globalement la vulnérabilité, s’avère parfois être la solu-
tion la plus pertinente au regard d’une réflexion de planification globale croisant l’ensemble des enjeux et
des contraintes du territoire sur l’ensemble du bassin de vie.

Le code de l’environnement introduit ainsi la possibilité d’autoriser, sous conditions fortes certains projets
essentiels pour le bassin de vie (voir partie 5.2.2.3), dans le cadre d’une demande portée par l’autorité
compétente en matière de plan local d’urbanisme182 et instruite par le préfet lors de l’élaboration du PPRi
(voir partie 5.2.2.4) (articles R. 562-11-6 et 7 du code de l'environnement).

Il convient d’insister sur le fait que la règlementation ouvre cette possibilité d’exception pour des secteurs
exposés à des niveaux d’aléa élevés, de nature à menacer la sécurité des personnes et des biens. Elle doit
donc s’accompagner de justifications et de garanties importantes, qui ne pourront être réunies que dans
des cas limités. Cette disposition ne doit donc être utilisée que dans des cas exceptionnels, et donc de
façon extrêmement limitée.

5.1.2.2. Les configurations dans lesquelles un projet est éligible au régime d’exception
Sont concernés les secteurs porteurs d’un projet d’aménagement se situant (article R. 562-11-6 et 7 du
code de l'environnement) :

„ en centre urbain, soumis à un aléa fort ou très fort ;


„ en zone urbanisée hors centre urbain, soumise à un aléa fort ou très fort. Dans cette configuration,
l’exception n’est envisageable que si le projet est protégé par un système d’endiguement dont le niveau
de protection est au moins égal à l’aléa de référence ;
„ en zone non urbanisée, soumis à un aléa faible ou modéré183. Dans cette configuration, l’exception
n’est envisageable que dans le cas, très spécifique, où « les constructions nouvelles dans ce secteur
sont compensées par la démolition de l’ensemble d’une zone urbanisée existante située dans les zones
d’aléa de référence de niveau plus important, permettant ainsi de réduire la vulnérabilité globale » (article
R. 562-11-7). Ce type de réflexion peut être par exemple porté dans le cadre d’un projet de recomposi-
tion spatiale du territoire entrainant une relocalisation d’une partie de zone urbaine existante. Dans la
mesure où le projet doit réduire la vulnérabilité globale, la démolition concerne généralement une zone
similaire, en taille et en composition, à celle objet de la demande d’exception.

Niveau d’aléa
de référence
Faible ou modéré Fort ou très fort
Niveau
d’urbanisation
Centre Exceptions possibles sur demande de la collectivité
urbain Sans objet (les lors de l’élaboration du PPRi et sous conditions.
Zone constructions nou-
Zone velles sont soumises Exceptions possibles sur demande de la collectivi-
urbanisée,
urbanisée à prescriptions sans té lors de l’élaboration du PPRi et sous conditions,
en
appliquer le principe uniquement dans les zones protégées par un système
dehors
d’exception). d’endiguement dont le niveau de protection est au
des centres
moins égal à l’aléa de référence.
urbains
Exceptions possibles
sur demande de la
collectivité lors de
l’élaboration du PPRi
et sous conditions, Pas de possibilité de demande d’exception par
Zone non urbanisée
uniquement dans le la collectivité.
cadre d’une reloca-
lisation d’une zone
urbaine réduisant la
vulnérabilité globale.
Tableau 11 : synthèse relative aux configurations éligibles aux exceptions sur demande de la collectivité et sous conditions, dé-
finies à l’article R. 562-11-6 du code de l’environnement.

182. Ou de document en tenant lieu ou de carte communale


183. La mise en œuvre du régime d’exception n’est pas envisageable dans les zones non urbanisées soumises à un aléa fort ou très fort.

94 | 159
Un tableau complet est proposé en partie 5.1.3. (voir tableau 12).

5.1.2.3. Les critères d’appréciation


En application de l’article R. 562-11-7, la demande d’exception doit démontrer :

h que la nature du projet est compatible avec les possibilités ouvertes par le régime d’exception au
regard de son caractère essentiel et de l’absence d’implantation alternative à l’échelle du bassin de
vie ;
h que le projet ne présente pas de risques excessifs.
5.1.2.3.1. La compatibilité de la nature du projet
La demande d’exception concerne un secteur porteur d’un projet d’aménagement « essentiel pour le
bassin de vie », et « sans solution d’implantation alternative à cette échelle, ou pour lequel les éventuelles
solutions d’implantation alternatives à l’échelle du bassin de vie présentent des inconvénients supérieurs
à ceux résultant des effets de l’aléa de référence ».

La demande d’exception doit justifier le respect de ces deux critères.

Le caractère essentiel du projet d’aménagement s’évalue au regard du rôle du projet sur le fonctionne-
ment du bassin de vie184 et sur la qualité de vie de ses habitants. Il est à apprécier au regard des besoins
et enjeux du territoire, dont il doit prendre en compte les spécificités géographiques, économiques et
sociales. À titre d’exemple, en matière de logements, il convient de distinguer le cas échéant les besoins
en résidences principales des besoins en résidences secondaires, ces derniers n’entrant pas dans le cadre
de ce type d’exception. Pour les activités économiques, le taux de chômage dans le bassin de vie peut être
un élément d’éclairage pour qualifier d’essentiel ou non le projet d’aménagement.

La réflexion pour justifier le choix d’emplacement se fait sur le périmètre du bassin de vie, à l’échelle de
plusieurs communes ayant le même bassin d’emploi. En effet, un emplacement alternatif moins exposé
se trouve parfois sur la commune voisine. En aucun cas, les demandes d’exception ne sont examinées à
l’échelle communale.

Définition du bassin de vie dans le cadre du régime d’exception des PPRi

Dans la méthodologie proposée par l’INSEE, le bassin de vie est le plus petit territoire sur lequel les
habitants ont accès aux équipements et services les plus courants. L’INSEE classe les équipements et
services en six domaines : services aux particuliers ; commerce ; enseignement ; santé ; sports, loisirs
et culture ; transports. Il les recense dans la base permanente des équipements (BPE). Selon cette mé-
thode, 1 707 bassins de vie sont délimités en France métropolitaine et dans les DOM185 au moment de
l’élaboration de ce guide.

Le bassin de vie peut également être appréhendé au regard du périmètre des schémas de cohérence
territoriaux (SCoT). L’article L. 143-3 du code de l’urbanisme prévoit en effet que le périmètre du SCoT
prenne en compte les déplacements et modes de vie quotidiens au sein du bassin d’emploi, les be-
soins de protection des espaces naturels et agricoles ainsi que les besoins et usages des habitants en
matière de logements, d’équipements, d’espaces verts, de services et d’emplois.

Dans le cadre d’un PPRi, le bassin de vie se définit à l’échelle de plusieurs communes ayant le même
bassin d’emploi et où les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants. Les deux
approches sont possibles. Il est a priori recommandé de retenir celle du code de l’urbanisme (péri-
mètre des SCoT). Il peut cependant être utile de comparer la carte de délimitation des bassins de vie
selon la méthode INSEE avec les périmètres des SCoT existants, en lien avec les services chargés de la
planification.

184. Notamment vis-à-vis des équipements et services nécessaires pour définir un bassin de vie (éléments développés dans
l’encart ci-après).
185. https://www.insee.fr/fr/information/6676988

95 | 159
La collectivité doit donc avoir défini le projet d’aménagement, et a fortiori ses objectifs, lors de l’élabo-
ration du PPRi. Afin d’être en capacité de présenter une demande d’exception, les collectivités ont mené
une réflexion aboutie sur les orientations de leur territoire, par exemple à l’échelle du SCoT. Elles pré-
sentent des éléments de diagnostic étoffés sur les besoins et les contraintes rencontrés pour la réalisation
de ces orientations.

La notion d’ « inconvénients supérieurs à ceux résultant des effets de l’aléa de référence »186 signifie que
les risques et les nuisances sur les éventuels emplacements alternatifs sont plus élevés que sur l’emplace-
ment objet de la demande d’exception, au regard d’une approche globale pouvant tenir compte de ma-
nière mesurée d’autres contraintes que les seuls risques naturels. Cette analyse peut par exemple intégrer
une nuisance ayant des impacts majeurs pour la santé publique et qui ne peut pas être supprimée, comme
par exemple les zones A ou B d’un plan d’exposition au bruit d’un aéroport.

5.1.2.3.2. L’adaptation du projet aux risques


La recevabilité de la demande d’exception s’analyse ensuite au regard de la vulnérabilité du projet et l’ab-
sence de risques excessifs auxquels il ne peut être remédié par des prescriptions. Cela s’apprécie à travers
les éléments listés à l’article R. 562-11-7 3° du code de l'environnement :

„ la capacité du projet à assurer le libre écoulement des eaux, et la conservation, la restauration ou


l’extension des champs d’inondation ;
„ lorsque des systèmes d’endiguement existent, et que leur existence constitue une condition d’éligi-
bilité au régime d’exception187, le niveau de protection du ou des systèmes d’endiguement, leurs condi-
tions d’entretien et d’exploitation, ainsi que la connaissance des écoulements des eaux pour un évène-
ment exceptionnel ;
„ une conception de l’aménagement permettant la sécurité des personnes et des biens et un retour
rapide à une situation normale, ainsi que des dispositions en matière de sensibilisation des popula-
tions. Il convient notamment :
h que les populations (y compris les personnes vulnérables ou à mobilité réduite) puissent être
simplement et rapidement évacuées ou déplacées vers des zones refuges suffisamment dimension-
nées, et ce en toute sécurité,
h que le fonctionnement des réseaux puisse être préservé,
h que l’aménagement et les constructions soient conçus de manière à limiter au maximum les dé-
gâts sur les biens,
h etc. ;
„ les dispositions en matière d’alerte et de gestion de crise, y compris les délais prévisibles d’alerte et
de secours au vu des caractéristiques de l’aléa. En élément d’éclairage, l’existence d’un plan communal
(ou intercommunal) de sauvegarde (PCS ou PICS)188 et l’existence d’un document d’organisation du sys-
tème d’endiguement (DOS)189, en présence d’un système d’endiguement, sont à vérifier. Les conditions
d’évacuation des populations sont des éléments d’analyse déterminants. De ce fait, l’existence et le
contenu de ces documents peuvent conditionner les suites données à la demande.
„ la réduction de la vulnérabilité à l’échelle du bassin de vie, par une action à une échelle plus large
que celle du projet : le projet augmentant de fait la vulnérabilité du territoire concerné, il convient
d’agir, par tout moyen pertinent, pour que la réduction de la vulnérabilité puisse être diminuée ailleurs
sur le bassin de vie. Le PAPI est un bon outil pour mener cette réflexion.

Il convient de préciser qu’il s’agit d’éléments d’appréciation sur lesquels le préfet s’appuie pour prendre la
décision, et en aucun cas de critères donnant lieu automatiquement à une acceptation de la demande.

186. Article R. 562-11-7 du code de l’environnement.


187. En zone urbanisée hors centre urbain, une demande d’exception ne peut porter que sur un secteur protégé par un système
d’ediguement vérifiant les conditions demandées. En centre urbain, l’existence et le niveau de protection d’un système d’endi-
guement peuvent être appréciés, mais ne constituent pas stricto sensu une condition nécessaire à l’éligibilité.
188. Voir les articles L. 731-4 à L. 731-5 et R. 731-5 à D. 731-13 du code de la sécurité intérieure et le décret n° 2022-907 du
20 juin 2022 relatif au plan communal et intercommunal de sauvegarde qui donnent notamment des éléments en matière de
contenu des P(I)CS et de recommandations en matière d’exercices et de mobilisation de la population.
189. Décrit à l’article R. 214-122 i 2° du code de l’environnement qui précise les conditions d’entretien et d’exploitation du ou
des systèmes d’endiguement et précise également « les moyens d’information et d’alerte de la survenance de crues et de tem-
pêtes ».

96 | 159
A contrario, l’atteinte de tous les objectifs décrits dans les éléments d’appréciation ci-dessus n’est pas
strictement obligatoire. Toutefois, dans l’hypothèse où l’un deux serait inatteignable, il convient que la col-
lectivité fournisse une solide argumentation permettant de le démontrer, et si possible envisage d’autres
types de mesures en compensation.

5.1.2.4. La procédure administrative des demandes d’exceptions


La demande d’exception aux principes d’interdiction du PPRi doit se faire sur demande d’une collectivité
dans le cadre de la procédure d’élaboration ou de révision du PPRi. Elle doit être adressée au préfet au
plus tard à l’occasion de la consultation des organes délibérants de la collectivité lors de l’élaboration ou
de la révision du PPRi, prévue aux articles R. 562-7 et R. 562-10 du code de l'environnement.

Afin de respecter les délais de réalisation du PPRi, les demandes d’exceptions et les modalités associées
sont à discuter le plus tôt possible dans la démarche d’élaboration du PPRi, idéalement dès les premières
étapes de l’association.

Ces demandes doivent concerner des projets dont la nature et les objectifs sont clairement identifiés et
définis : elles ne peuvent pas simplement viser des espaces désignés par anticipation à d’éventuels projets
(comme « espaces stratégiques en mutation » ou « zones d’intérêt stratégique »).

Compte-tenu du temps long nécessaire à l’émergence de tels projets, il n’est pas à exclure qu’un PPRi
approuvé dans un premier temps maintienne l’interdiction de constructions nouvelles dans la zone pres-
sentie, dans l’attente d’une évolution à venir (modification ou révision du PPRi en fonction de l’ampleur
de l’évolution).

En effet, la définition du projet doit être suffisamment avancée pour pouvoir justifier de l’ensemble des
critères d’appréciation décrits en partie 5.2.2.3. Ces éléments ne peuvent être appréciés qu’au regard
d’une implantation déjà identifiée et d’un projet relativement défini. Il doit donc s’agir d’un secteur cir-
conscrit au périmètre du projet, avec les quelques marges strictement nécessaires à la mise en œuvre du
chantier.

Le dossier de demande d’exception contient, conformément notamment à l’article R. 562-11-7 du code de


l'environnement :

„ une délibération motivée de la collectivité compétente en matière de PLU, de document en tenant


lieu ou de carte communale, ainsi qu’un avis de l’autorité compétente en matière de GEMAPI ;
„ un argumentaire démontrant que le projet répond aux critères d’éligibilité190 ;
„ une analyse des éléments d’appréciation du projet ;
„ des cartes détaillées de l’emplacement du projet, des constructions et des éventuelles mesures
compensatoires (démolition d’une zone urbanisée existante dans le cadre d’une exception en zone non
urbanisée par exemple).

Le dossier attendu peut inclure en plus des pièces sus-citées :

„ une note technique et administrative (démarches, planning, etc.) du projet ;


„ une étude de sensibilité des réseaux et des accès nécessaires au projet ;
„ un état des documents d’urbanisme en cours : PLU(i), SCOT, etc., et une réflexion sur les orientations
du territoire (besoins et contraintes rencontrés pour la réalisation de ces orientations) ;
„ l’étude de l’impact du projet sur le risque inondation au droit, en amont et en aval, avec description
de l’état actuel et projeté ;
„ une évaluation, à l’échelle du bassin de vie, des enjeux et de la vulnérabilité à l’échelle du projet, ainsi
que l’analyse de l’impact du projet en termes de risque.

La demande d’exception, si elle est accordée par le préfet, est intégrée au PPRi sous la forme d’une zone
spécifique dans le zonage réglementaire, circonscrit au périmètre du projet, et d’un article dédié dans le
règlement qui précise la nature des projets rendus possibles et les prescriptions associées.

Dans le cas contraire, le préfet informe par courrier la collectivité ayant fait la demande d’exceptions, en
motivant les raisons du refus.
190. Pour pouvoir être examinée dans de bonnes conditions par les services de l’État chargés de l’élaboration du PPRi, la déli-
bération doit être dûment motivée au regard de chacune des conditions et de chacun des éléments d’appréciation.

97 | 159
5.1.3. Les principes de traduction réglementaire (tableau de synthèse)
Les éléments des parties précédentes peuvent être synthétisées dans le tableau suivant.

Niveau d’aléa
de référence
Faible ou modéré Fort Très fort
Niveau
d’urbanisation
Toute construction
nouvelle est interdite
Toute construction
(principe général),
nouvelle est interdite
sauf, sous réserve du (principe général),
respect de prescriptions :
sauf, sous réserve du
z les constructions respect de prescriptions :
nouvelles en dents
z les constructions
creuses (article R.
nouvelles réalisées dans
562-11-6 III du code de
le cadre d’une opéra-
l’environnement) ;
tion de renouvellement
z les constructions urbain ayant pour effet
nouvelles réalisées dans de réduire la vulnérabi-
le cadre d’une opéra- lité sur le périmètre de
tion de renouvellement l’opération (article
Centre urbain ayant pour effet R. 562-11-6 III du code
urbain de réduire la vulnérabi- de l’environnement) ;
lité sur le périmètre de
z les projets relevant
l’opération (article
de l’article R. 562-11-8
R. 562-11-6 III du code
Les constructions nou- du code de l’environne-
de l’environnement) ;
velles sont soumises à ment.
prescriptions. z les projets relevant
Des exceptions sont pos-
(article R. 562-11-6 II et III de l’article R. 562-11-8
sibles sur demande de la
du code de l’environne- du code de l’environne-
Zone collectivité et sous condi-
ment). ment.
urbanisée tions (articles
(Certains projets peuvent Des exceptions sont pos- R. 562-11-6 III et R. 562-11-7
être interdits) sibles sur demande de la et du code de l’environne-
(article R. 562-11-6 IV collectivité et sous condi- ment).
du code de l’environne- tions (articles R. 562-11-6 III
ment). et R. 562-11-7 et du code
de l’environnement).
Toute construction nouvelle est interdite
(principe général),
sauf, sous réserve du respect de prescriptions :
z les constructions nouvelles réalisées dans le
cadre d’une opérations de renouvellement urbain
ayant pour effet de réduire la vulnérabilité sur le
Zone
périmètre de l’opération (article R. 562-11-6 II du
urbanisée,
code de l’environnement) ;
en
dehors z les projets relevant de l’article R. 562-11-8 du
des centres code de l’environnement.
urbains
Des exceptions sont possibles sur demande de la
collectivité et sous conditions, portant notamment
sur la nécessité que le projet se situe dans une zone
protégée par un système d’endiguement dont le
niveau est au moins égal à l’aléa de référence du
PPRi (articles R. 562-11-6 II et R. 562-11-7 du code de
l’environnement).

98 | 159
Niveau d’aléa
de référence
Faible ou modéré Fort Très fort
Niveau
d’urbanisation
Toute construction nou-
velle est interdite
(principe général),
(article R. 562-11-6 I du
code de l’environnement)
sauf, sous réserve du
respect de prescriptions,
les projets relevant de
l’article R. 562-11-8 du Toute construction nouvelle est interdite
code de l’environnement (principe général)
(types de constructions (article R. 562-11-6 I du code de l’environnement)
qui, compte tenu de
leurs caractéristiques, sauf, sous réserve du respect de prescriptions, les
Zone non urbanisée peuvent ne pas être projets relevant de l’article R. 562-11-8 du code de
interdits). l’environnement.

Des exceptions sont pos- (Pas de possibilité de demande d’exception de la


sibles sur demande de la collectivité)
collectivité et sous condi-
tions, portant notam-
ment sur la nécessité que
le projet s’accompagne
d’une « relocalisation »
d’une zone urbaine
réduisant la vulnérabilité
(articles R. 562-11-6 I et
R. 562-11-7 du code de
l’environnement).
Tableau 12 : les principes de traduction réglementaire.

5.1.4. La construction du zonage réglementaire


Les principes généraux exposés au 5.1.1 reposent sur le croisement entre les niveaux d’aléa et les niveaux
d’urbanisation. Une première version « brute » du zonage réglementaire peut donc être bâtie sur la base
d’un croisement automatique, opéré via des outils SIG, des couches représentant :

„ la carte d’aléa, distinguant les secteurs soumis à un aléa faible, modéré, fort ou très fort ;
„ la carte des niveaux d’urbanisation, distinguant les zones non urbanisées, les zones urbanisées en
dehors des centres urbains et les centres urbains.

Ce croisement « brut » ne constitue que la première étape du travail de construction du zonage. Il est
ensuite affiné pour :

„ si nécessaire subdiviser les zones d’interdiction et les zones d’autorisation sous prescriptions en
sous-zones homogènes du point de vue de la réglementation que l’on souhaite y appliquer. Ces subdi-
visions peuvent dépendre de la nature des aléas, du type d’espace concerné, ou encore de la nature
prévisible des projets qui pourraient s’y trouver. Une zone particulière peut être délimitée chaque fois
que les caractéristiques d’un risque le justifient. Bien que leur identification repose principalement sur
un objectif de réglementation des projets (principe général d’interdiction ou d’autorisation avec pres-
criptions), ces zones peuvent également servir à l’adaptation des mesures de prévention, protection
et sauvegarde, ainsi que des mesures de réduction de la vulnérabilité des biens et activités existants.
Elles ne sont en revanche pas définies explicitement en référence à un projet précis191, quelle que soit la
qualité de son porteur (État, collectivité, etc.).

191. Notamment car des mesures spécifiques à un projet précis peuvent être source de contestations et d’inégalités de traite-
ment avec les autres configurations comparables, et augmentent le risque de contentieux.

99 | 159
„ intégrer :
h les éventuels secteurs ayant fait l’objet d’une demande au titre du régime dérogatoire et validés
par le préfet (voir partie 5.2.2) ;
h les éventuelles zones particulières, dans lesquelles le principe général est l’interdiction des
constructions nouvelles du fait de la configuration du secteur et/ou la nature de l’aléa192 ;
„ lisser le zonage afin de faciliter sa lecture et son utilisation dans le cadre de la définition et de l’ins-
truction des projets. Cela peut par exemple consister à :
h lisser des limites de zones qui font parfois apparaître des crénelages issus du modèle numérique
de terrain utilisé pour établir la carte d’aléa193 ,
h lisser des secteurs globalement homogènes mais au sein desquels subsistent de très petites sur-
faces appartenant à un autre type de zonage194 ;
„ simplifier et adapter (à la marge) certaines limites pour assurer la cohérence d’ensemble du zonage.

Cette étape d’affinage du zonage nécessite de prendre en compte le contexte territorial et les spécificités
identifiées lors de l’analyse des enjeux et l’association des acteurs locaux. Réalisée sous la responsabilité
du service instructeur, la construction du zonage réglementaire fait l’objet d’une démarche concertée afin
que les principes d’élaboration et les choix opérés soient compréhensibles, notamment par les collectivi-
tés compétentes en matière d’urbanisme.

5.1.5. La représentation cartographique du zonage réglementaire


Le zonage réglementaire est un document opposable qui renvoie vers les prescriptions réglementaires.
Il doit être suffisamment précis et lisible pour pouvoir être utilisé sans ambiguïté lors de l’instruction de
demandes d’urbanisme.

La lisibilité de ce zonage nécessite un choix pertinent de l'échelle d’utilisation du document et du mode


de représentation cartographique. Ces caractéristiques ne sont pas règlementairement imposées mais
sont précisées par la jurisprudence constante du Conseil d’État. Elles sont à adapter aux spécificités du
territoire couvert par le PPRi ainsi qu’aux données cartographiques disponibles.

Il est recommandé d’établir le zonage :

„ au 1 : 5 000, voire parfois plus finement dans les zones complexes ;


„ sur la base de différents fonds de plan195, dont l’orthophoto-plan de l’IGN ou le fond cadastral.
Bien que cela ne soit pas obligatoire196, il est recommandé d’afficher le découpage parcellaire qui rend
l’instruction des permis de construire plus aisée. L’affichage d’une toponymie des lieux (cours d’eau,
quartiers, lieux-dits) peut également permettre aux utilisateurs du PPRi de plus facilement se repérer.

Dans la mesure où le géostandard Risques traite spécifiquement des PPRn (voir annexe 7.5) et qu’il pro-
pose, pour leurs zonages, des codes couleurs en fonction du type de réglementation, il est recommandé
de s’y conformer. Conventionnellement, le géostandard propose de retenir le rouge pour les secteurs où le
principe général est l’interdiction de construire, et le bleu pour les secteurs où le principe général est l’au-
torisation de constructions nouvelles sous réserve du respect de prescriptions. Les choix dans les trames
ou les nuances de couleur peuvent ensuite permettre de distinguer différentes zones en fonction de leurs
spécificités (gradation de la contrainte, sous-secteur lié à des enjeux particuliers, affichage d’un régime
d’exception, etc.). Cette représentation graphique avec des aplats de rouge et de bleu est aujourd’hui bien
connue par le grand public.

192. Article R. 562-11-6 IV du code de l'environnement


193. Ce type de lissage peut être également réalisé directement sur la carte d’aléa (dans ce cas, il convient de l’anticiper dans le
cahier des charges de l’étude d’aléa).
194. Des seuils de surface différents peuvent être déterminés pour identifier les isolats s’intégrant dans un zonage règlemen-
taire plus restrictif et les isolats fusionnant dans un zonage règlementaire moins restrictif. Dans le second cas, le seuil doit
rester très petit (généralement de quelques mètres carrés à quelques dizaines de mètres carrés). Par ailleurs, cette fusion ne doit
pas relever uniquement de traitements automatisés basés sur des seuils de surface, mais requiert une interprétation experte
pour appréhender l’environnement du polygone à fusionner.
195. Dans certains cas, il peut exister des décalages entre les différents fonds de plan. C’est pourquoi il convient d’identifier
explicitement la carte de référence en cas de discordance.
196. Cf. l’avis du Conseil d’État, dans sa décision du 7/11/2012 MEEM contre chambre d’agriculture du Var, PPRi du Gapeau.

100 | 159
S’il est recommandé d’appliquer les couleurs du géostandard, il est cependant possible d’opter pour des
représentations cartographiques différentes. Cela peut par exemple s’avérer utile :

„ lorsque le nombre de zones est trop important pour que la palette de couleurs allant du rouge au
bleu soit suffisante pour toutes les distinguer (des nuances subtiles de couleurs, visibles sur des carto-
graphies numériques, ne le sont pas forcément sur un document imprimé) ;
„ lorsqu’il est difficile de classer une zone selon la seule distinction principe général d’interdiction des
nouvelles constructions (du côté rouge du nuancier) / principe général d’autorisation des constructions
nouvelles sous prescriptions (du côté bleu du nuancier) : à titre d’exemple, une zone pour laquelle le
principe réglementaire retenu serait l’interdiction de construire des bâtiments à usage d’habitation
mais la possibilité de construire sous conditions des bâtiments à usage d’activité pourrait prendre une
couleur intermédiaire ;
„ pour la représentation de zones ayant une fonction ou nature particulière : zones d’aggravation des
risques non directement exposées faisant l’objet de prescriptions particulières, bandes de sécurité si-
tuées derrière des ouvrages de protection, zones à réglementation spécifique, etc. ;
„ afin d’assurer une homogénéité de représentation avec des PPRi déjà approuvés sur des secteurs
voisins.

Au-delà du choix des couleurs, il est ainsi souvent adapté d’utiliser des trames différentes (hachuré, poin-
tillé, etc.) afin de faire des distinctions entre différentes zones. Pour éviter toute confusion dans la lecture
des couleurs ou des valeurs, l’ajout d’une lettre (R pour zone rouge et B pour zone bleue, par exemple)
et d’indices numériques (secteurs B1, B2, etc.) permet d’identifier les zonages où des mesures différentes
s'appliquent.

Illustration 35 : PPRi du Cher rural, extrait des cartes du zonage règlementaire.

Le règlement peut faire mention d’une « cote de référence » (altitude qu’il est recommandé d’exprimer en
mètres NGF), par exemple dans le cadre de prescriptions de surélévation de premiers planchers, d’ouver-
tures ou d’équipements sensibles. Cette cote correspond au niveau maximal des eaux pour l’évènement
de référence, souvent majoré d’une revanche de sécurité197.

197. Il est recommandé de retenir par précaution une marge de sécurité de 10 à 20 % de la hauteur d’eau estimée (et au moins
10 cm) afin de prendre en compte les incertitudes liées à l’élaboration de la carte d’aléa, ainsi que celles liées à la réalisation des
projets. Par exemple, dans les secteurs où les hauteurs d’eau maximales sont évaluées à 50 cm, il est généralement pertinent
de prescrire une surélévation correspondant à 60 cm. La revanche peut être plus importante dans les secteurs où les vitesses
d’écoulement sont élevées et peuvent favoriser une augmentation des hauteurs d’eau au niveau des obstacles.

101 | 159
Afin de rendre ces règles applicables, les pièces opposables du PPRi doivent définir ces « cotes de réfé-
rence ». Cela peut être réalisé directement sur le zonage réglementaire, ou dans le cas où l’affichage de
cette donnée viendrait à trop alourdir la carte, sur une planche spécifique, qui constitue alors elle aussi
une pièce du zonage réglementaire (voir exemples ci-dessous).

Illustration 36 : extrait du zonage réglementaire du PPRi du Drac (38) sur la commune de Fontaine : la cote de référence est
représentée ponctuellement selon un carroyage à maille constante.
Une marge de 20 cm est ici ajoutée aux résultats de simulation.

Illustration 37 : extrait de la carte des cotes C - PPRi Isère Amont (38).

102 | 159
Lecture de la cote de référence

Les cotes de références sont généralement représentées :

z de façon ponctuelle, suivant un carroyage dont la maille dépend du modèle hydraulique utilisé
(illustration 35 par exemple) ;
z et/ou de façon linéaire, à travers des iso-cotes reliant les points ayant la même cote de référence
(illustration 36 par exemple).

Le règlement peut préciser la marche à suivre pour déterminer la cote de référence en tout point don-
né à partir des côtes identifiées (valeur la plus proche, interpolation linéaire entre les deux valeurs les
plus proches, etc.).

5.2. Le règlement
Le règlement du PPRi définit des interdictions et, pour les projets non interdits, les conditions dans les-
quelles ils doivent être réalisés, utilisés ou exploités, conformément aux principes édictés par l’article
R. 562-11-6 du code de l'environnement pour chaque type de zone.

La notion de projet intègre dans le présent guide tout type de construction, d'ouvrage, d'aménagement
ou d'exploitation agricole, forestière, artisanale, commerciale ou industrielle visé à l’article L. 562-1-II-1° du
code de l'environnement. Elle inclut les projets nouveaux (constructions nouvelles) et les projets sur l’exis-
tant (changements de destination, extensions, reconstructions partielles, etc.), qu’ils soient soumis ou non
à déclaration préalable ou à l’obtention d’un permis de construire au titre du code de l’urbanisme.

Les dispositions réglementaires du PPRi déclinent les dispositions du code de l’environnement en cohé-
rence avec le contexte territorial.

Si certaines interdictions ou prescriptions n’ont pas été intégrées au règlement du PPRi, et que, en consé-
quence, certains projets portant atteinte à la sécurité publique peuvent être rendus possibles, le maire
peut, en complément des dispositions du PPRi, recourir à l’article R. 111-2 du code de l’urbanisme pour
refuser le projet ou imposer des prescriptions. Ce choix doit cependant être justifié, par exemple en mon-
trant que le projet constituerait une menace grave pour la vie de ses occupants.

5.2.1. Les principes généraux


5.2.1.1. La structure du règlement
Le règlement précise les dispositions (interdictions, prescriptions et recommandations) associées à chaque
zone définie dans le plan de zonage règlementaire198. Une structure respectant l’ordre des mesures défi-
nies par l’article L. 562-1 du code de l’environnement et l’organisation de l’article R. 562-3 du code de l’en-
vironnement est recommandée pour le plan du règlement. Celui-ci peut ainsi se décliner selon les quatre
parties suivantes :

Titre 1. la portée du PPRi et dispositions générales ;

Titre 2. la réglementation des projets : mesures s’appliquant aux projets (incluant des projets sur l’exis-
tant) ;

Titre 3. les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde : mesures d’ensemble non liées à un
projet particulier mais dont l’objet est d’assurer la sécurité des personnes et de faciliter l’organisation des
secours ;

Titre 4. les mesures sur l’existant : mesures imposées ou préconisées sur les biens et activités existants au
moment de l’approbation du PPRi, et réalisées par les particuliers, les exploitants ou les utilisateurs199.

Le guide PPRn général développe ces aspects.

198. Il est rappelé que le règlement d’un PPR ne dispense pas de l’obligation de respecter les dispositions législatives et régle-
mentaires édictées par ailleurs : code de l’environnement, code de l’urbanisme, code de la construction et de l’habitation, code
forestier, loi sur l’Eau, réglementation sur les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), zonages d’as-
sainissement communaux, réglementation relative aux ERP, normes d’accessibilité en faveur des PMR, réglementation pour
l’accès des pompiers, évaluation environnementale des projets, etc.

103 | 159
5.2.1.2. La forme
Les dispositions réglementaires sont rédigées au présent, de manière simple, précise, compréhensible et
vérifiable afin :

„ d’être comprises par les destinataires du PPRi. Il doit être possible de déterminer clairement pour
chaque projet, s’il est interdit ou rendu possible, et les prescriptions associées dans le second cas ;
„ d’être facilement applicables, et autant que possible, contrôlables200, au niveau de l’instruction du
permis, au niveau du récolement dans le cadre de la délivrance du certificat de conformité des opéra-
tions soumises à un permis de construire, et dans le cadre du contrôle de légalité.

5.2.2. La réglementation des projets


5.2.2.1. Les constructions pouvant être interdites
Dans toute zone du périmètre réglementé par le PPRi, à l’intérieur ou en dehors des zones d’aléa de réfé-
rence, le règlement du PPRi peut interdire certains projets particulièrement incompatibles avec un risque
d’inondation (article R. 562-11-6-IV du code de l’environnement)201 :

„ les constructions nouvelles dont les caractéristiques ou l’usage rendent l’évacuation complexe ;
„ les constructions nécessaires à la gestion de crise ;
„ les constructions pouvant générer des pollutions en cas d’inondation.

Il est recommandé de localiser les zones potentiellement submersibles où éviter l’implantation de ce type
de constructions sensibles, ou au minimum de définir des prescriptions. La connaissance de l’emprise
inondable par un évènement exceptionnel, d’occurrence plus rare que celle de l’évènement de référence
du PPRi, ainsi que l’identification des secteurs atypiques où l’aléa ne peut être qualifié correctement avec
le simple croisement hauteur/dynamique, peuvent utilement guider cette réflexion.

5.2.2.1.1. Les constructions dont les caractéristiques ou l’usage rendent l’évacuation complexe
Les constructions nouvelles dont les caractéristiques ou l’usage rendent l’évacuation complexe corres-
pondent principalement aux établissements pouvant accueillir des personnes vulnérables (hôpitaux,
maisons de retraites, structures d’accueil pour personnes handicapées, crèches, écoles, etc.) ou pouvant
recevoir des détenus (centres pénitentiaires, tribunaux de grande instance). Les ERP de types J, O, U et
R202 permettent de couvrir globalement ce type d’établissements. Les mentionner explicitement dans le
règlement nécessite toutefois d’être vigilant203. L’analyse de ces différentes catégories mérite donc une
attention particulière. Alternativement, les interdictions du règlement peuvent explicitement viser les
«établissements accueillant des personnes vulnérables» sous réserve que le lexique définisse cette notion,
par exemple sur la base d’une liste d’usages.

Dans cette catégorie de construction figurent également les établissements susceptibles d’accueillir un
nombre important de personnes. Une attention particulière est ainsi notamment apportée aux projets
d’ERP du 1er groupe (1re, 2e, 3e et 4e catégorie).

Si l’on se réfère à l’article R. 123-4 du code de la construction et de l’habitation, les constructions dont les
modalités d’accès ne permettent pas aux services de secours d’intervenir dans des conditions de sécurité
satisfaisantes (voies d’accès inondables, absence d’ouverture en façade ou de tout autre espace accessible
depuis la voie publique) peuvent également entrer dans cette catégorie de construction.

199. Les mesures rendues obligatoires par le PPRn peuvent être co-financées par le fonds de prévention des risques naturels
majeurs (FPRNM).
200. Notamment au regard des pièces exigibles dans le cadre de ces instructions.
201. Cette disposition peut s’appliquer même dans le cas d’une opération de renouvellement urbain avec réduction de la vulné-
rabilité.
202. Une classification des ERP à laquelle il est recommandé de se référer est celle de l’article GN 1 du règlement de sécurité
contre les risques d’incendie et de panique dans les ERP.
203. À titre d’exemple, les ERP de type R, qui regroupent les « établissements de formation » au sens large, peuvent concerner un
organisme de formation pour adulte, qui n’est pas nécessairement un usage à systématiquement interdire en zone inondable.

104 | 159
5.2.2.1.2. Les constructions nécessaires à la gestion de crise
Les constructions nécessaires à la gestion de crise sont celles occupées par les personnels des services de
l’État, collectivités et autre personne publique ou privée concourant à la protection générale de la popu-
lation ou au maintien de la continuité de la vie nationale, tels que définis à l’article L. 721-2 du code de la
sécurité intérieure.

Au sens du code de la sécurité intérieure, entrent dans cette catégorie de bâtiments :

„ les préfectures et sous-préfectures ;


„ les casernes de pompiers et autres services de secours (SAMU, hôpitaux) ;
„ les locaux des services de l’État chargés de la sécurité intérieure de manière permanente : armée,
gendarmerie et police nationales ;
„ les locaux des collectivités territoriales : mairies, hôtels de ville, police municipale, réserves commu-
nales de sauvegarde, services techniques (centres techniques, centres de gestion des déchets) ;
„ les bâtiments accueillant des services de l’État participant à l’organisation « sécurité défense »
(DDT(M), D(R)EAL) ;
„ les locaux des établissements et organismes publics ou privés appelés à exercer des missions se
rapportant à la protection des populations (gestionnaires de réseaux et d’infrastructures, associations
agréées de sécurité civile).

Par extension, peuvent également être considérés comme constructions utiles à la gestion de crise les
bâtiments dont les caractéristiques permettent d’accueillir les personnes sinistrées, c’est-à-dire les établis-
sements d’hébergement d’urgence (gymnases, salles des fêtes, salles polyvalentes, etc.) dès lors qu’ils sont
identifiés en tant que tels par un P(I)CS par exemple.

5.2.2.1.3. Les constructions pouvant engendrer des pollutions en cas d’inondation


Plusieurs types de constructions peuvent engendrer des pollutions en cas d’inondation, et induire des
risques pour la santé et pour l’environnement. Au sens du code de l’environnement, peuvent être définies
comme sources potentielles de pollution l’ensemble des installations, ouvrages, travaux et activités néces-
sitant une autorisation environnementale.

Ces opérations sont classées selon deux nomenclatures :

„ certaines installations, ouvrages, travaux, et activités (IOTA) susceptibles d’avoir des incidences
sur l’eau et les milieux aquatiques (article L. 214-3 du code de l’environnement). Entrent en particulier
dans cette catégorie les constructions pouvant générer des risques de pollution, telles que les activités
liées à la gestion de déchets (déchetteries, centres de stockage et/ou de recyclage) ou les stockages de
produits dangereux (liste mentionnée en annexe III de l’arrêté du 20 avril 1994 relatif à la déclaration, à
la classification, l’emballage et étiquetage des substances) ;
„ les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) (article L. 512-1 du code de
l’environnement).

Dans la mesure où ces catégories de projets font déjà l’objet d’instructions spécifiques prenant en consi-
dération les contraintes environnementales locales, et donc le risque d’inondation, il est vivement recom-
mandé d’élaborer les règlements de PPRi en concertation avec les autorités environnementales compé-
tentes.

Il est suggéré que cette concertation aboutisse non pas à une interdiction d’implanter des ICPE dans la
zone inondable (sous réserve que cela reste cohérent avec les principes rappelés en partie 5.1.1), mais plutôt
à une rédaction du règlement permettant aux instructeurs des demandes d’autorisation ICPE de s’assurer
que les projets prennent correctement en compte le risque d’inondation204. Il doit en effet être démontré
dans le cadre de l’instruction d’autorisation ICPE que le projet n’est pas de nature à aggraver les risques,
et que les potentiels impacts d’une crue sur l’installation n’ont pas de conséquences sur l’environnement
(une analyse de vulnérabilité détaillée est ainsi à mener). Ainsi, c’est dans le cadre de l’instruction ICPE, et
après analyse détaillée du projet, que celui-ci est refusé s’il est constaté que le risque d’inondation n’est
pas suffisamment pris en compte.

204. Le référentiel méthodologique concernant la maîtrise du risque inondation dans les installations classées (INERIS, 2014)
propose une méthode d’évaluation du risque d’accident majeur inondation et des préconisations.

105 | 159
Deux autorités environnementales sont en principe identifiées pour l’instruction des dossiers d’autorisa-
tion :

„ les services chargés de la police de l’eau et de la nature en DDT(M), pour l’instruction des IOTA ;
„ les services des D(R)EAL chargés de l’inspection des ICPE.

L’Agence régionale de santé (ARS) peut également être associée pour tout ce qui concerne les risques sur
la santé (pollution des captages en eau).

5.2.2.2. Les projets pouvant être rendus possibles


Le PPRi ne doit pas empêcher une gestion raisonnable des zones où le principe général est l’interdiction
et doit laisser, dans une certaine mesure, la possibilité pour ces zones d’évoluer, en cohérence avec les
niveaux d’aléa et avec les principes de prévention.

Les projets pouvant être rendus possibles sont de trois types :

„ dans les secteurs le permettant (en fonction du niveau d’urbanisation et du niveau d’aléa, voir ta-
bleau 12 en partie 5.1.3.), les projets essentiels pour le bassin de vie et sans solution d’implantation
alternative faisant l’objet d’une demande d’exception adressée au préfet, conformément aux dispo-
sitions de l’article R. 562-11-7 du code de l’environnement. La partie 5.1.2 donne des indications sur ce
type de projet ;
„ dans les secteurs le permettant (en fonction du niveau d’urbanisation et du niveau d’aléa, voir ta-
bleau 12 en partie 5.1.3.), les projets directement rendus possibles dans le règlement, conformément
aux dispositions de l’article R. 562-11-6 du code de l’environnement. Il peut s’agir de constructions
réalisées dans le cadre d’une opération de renouvellement urbain ayant pour effet de réduire la vulné-
rabilité sur le périmètre de l’opération, voire de constructions nouvelles dans les dents creuses205. La
partie 5.2.2.2.1 développe ce point ;
„ pour tout niveau d’urbanisation et d’aléa, les constructions qui, compte tenu de leurs caracté-
ristiques, peuvent ne pas être interdites (article R. 562-11-8 du code de l’environnement). La partie
5.2.2.2.2 développe ce point.
5.2.2.2.1. Les constructions réalisées dans le cadre d’une opération de renouvellement urbain
ayant pour effet de réduire la vulnérabilité sur le périmètre de l’opération
Le principe
Comme indiqué en partie 5.1.1, en zones urbanisées en aléa fort et très fort, les constructions nouvelles206
dans le cadre d’opération de renouvellement urbain ayant pour effet de réduire la vulnérabilité sur le
périmètre de l’opération, sont soumises à prescriptions par application de l’article R. 562-11-6 du code de
l’environnement.

L’objectif est de favoriser une approche d’ensemble, permettant d’appréhender la prévention des risques
d’inondation à travers des projets de territoire sur des périmètres pertinents. En n’interdisant pas le renou-
vellement urbain vertueux, cette disposition permet de ne pas figer l’existant dans un état de vulnérabilité
et d’améliorer in fine la résilience des villes à l’inondation.

Dans ce cas de figure, contrairement au cas des projets faisant l’objet d’une demande d’exception par les
collectivités, le PPRi n’intègre pas de projets précisément définis en parallèle de la procédure d’élabora-
tion. Il n’identifie pas non plus de secteurs spécifiques dédiés à ce type de projet207. Il s’agit de transcrire
cette disposition dans le règlement de PPRi pour les zonages le permettant, en définissant la nature de
ces projets et les prescriptions associées. Après l’approbation du PPRi, de tels projets peuvent alors être
réalisés dans le cadre des instructions « classiques » d’autorisation d’urbanisme, dès lors que le règlement
du PPRi est respecté208.

205. Pour les centres urbains en aléa fort.


206. Le décret n’encadre pas les extensions bâties.
207. Par défaut, ce type de projet est éligible sur l’ensemble des zones urbanisées.
208. Et, bien sûr, sous réserve du respect de l’ensemble des aspects relatifs à l’instruction de la demande.

106 | 159
La réflexion à mener dans le cadre de la mise en œuvre de cette disposition est double :

„ il s’agit de vérifier que le projet y est éligible, et notamment qu’il permet de réduire la vulnérabilité
par rapport à la situation pré-existante ;
„ il s’agit également d’identifier les prescriptions permettant, au-delà de la réduction de la vulnéra-
bilité, de répondre aux objectifs de la prévention des risques, notamment en termes de garanties de
sécurité pour les personnes et les biens.
L’éligibilité du projet à cette disposition
Le règlement de PPRi doit fixer les principes permettant de vérifier si la nature du projet le rend éligible
à cette disposition, c’est-à-dire si le projet porte effectivement sur « des constructions nouvelles dans le
cadre d’opération de renouvellement urbain ayant pour effet de réduire la vulnérabilité sur le périmètre de
l’opération ».

Les opérations de renouvellement urbain


Les opérations de renouvellement urbain sont des opérations destinées à requalifier et renouveler, notam-
ment209 via des démolitions/reconstructions, une zone déjà urbanisée, dans le but de « refaire la ville sur la
ville ». Cela peut couvrir tout type de zone urbanisée : des bâtiments à usage d’habitation, des bâtiments
commerciaux, des bâtiments industriels (zones industrielles), des activités économiques, etc.

Ces opérations peuvent être de taille variable : au niveau d’un quartier, d’un groupe de parcelles, voire
dans certains cas particuliers, d’une seule parcelle. Elles intègrent donc un large panel de projets, allant de
la simple opération immobilière à l’opération d’aménagement complexe impliquant de multiples maîtres
d’ouvrages urbains et immobiliers. La finalité de cette disposition est toutefois, autant que possible, d’ap-
préhender la réduction de vulnérabilité d’un quartier ou d’un îlot dans son ensemble, plutôt que dans le
cadre de projets ponctuels, à la parcelle ou au bâtiment.

Le projet peut par ailleurs porter sur plusieurs unités foncières discontinues, par exemple afin de per-
mettre le déplacement d’enjeux dans des secteurs très exposés vers des zones de niveau d’aléa moindre.

L’évaluation de la réduction de la vulnérabilité


La vulnérabilité peut être définie comme la propension pour des personnes, des biens et des activités à
être affectés en cas d’atteinte par une inondation. La réduction de vulnérabilité face au risque d’inonda-
tion consiste à réduire les conséquences négatives de l’inondation en agissant sur les enjeux.

Le règlement du PPRi doit donner les critères permettant de vérifier de manière objective si l’opération de
renouvellement urbain a bien pour effet de réduire la vulnérabilité sur son périmètre. Une rédaction claire
du règlement permet de préciser les attentes vis-à-vis du porteur de projet sur ce point, et aide les services
instructeurs à apprécier les éléments du dossier. Lors de la rédaction du règlement, il est recommandé :

„ d’exprimer clairement l’obligation de résultat relative à la diminution de la vulnérabilité sur le péri-


mètre de l’opération par rapport à la situation pré-existante210 ;
„ de préciser et hiérarchiser dans le règlement les indicateurs et critères d’évaluation de l’évolution de
la vulnérabilité qu’il est indispensable de vérifier et qui seront contrôlés lors de l’instruction de l’autori-
sation d’urbanisme (voir ci-après) ;
„ de s’assurer de la faisabilité des résultats attendus, en concertation avec les collectivités et acteurs
de l’aménagement.

Une méthode pour évaluer l’évolution de la vulnérabilité peut consister à définir des critères d’évaluation
objectifs, si possible quantifiable, (voir pistes développées ci-après), et à analyser sur le périmètre de l’opé-
ration, si chacun de ces indicateurs :

„ s’améliore (par exemple : diminution du nombre de logements) : indicateur au vert ;


„ n’évolue pas (par exemple : reconstruction à surface de plancher égale) : indicateur au orange ;
„ se dégrade dans des proportions « acceptables », et s’accompagne éventuellement de mesures
compensatoires (par exemple : augmentation du nombre de locaux d’activité, mais diminution des
lieux de stockage en dessous de l’aléa de référence) : indicateur à rouge ;
209. Une opération de renouvellement urbain peut également inclure des changements de destination, des surélévations, etc.
210. Le code de l’environnement est clair sur le fait que l’objectif de réduction de vulnérabilité doit être appréhendé sur le
périmètre de l’opération, et non pas au niveau de chaque action / chaque construction qui la compose, dont certaines peuvent
s’avérer localement plus vulnérables.

107 | 159
„ se dégrade de manière à justifier l’interdiction du projet (par exemple : augmentation de lieux de
sommeils en dessous de l’aléa de référence) : indicateur au noir.

L’évolution de la vulnérabilité du périmètre s’évalue au regard de l’ensemble des critères. Si les indicateurs
sont tous « vert », ou « vert » et « orange », alors le projet réduit la vulnérabilité et peut rentrer dans le
cadre de cette disposition. Si l’évaluation présente plusieurs indicateurs « rouge », il convient d’évaluer
dans quelle mesure cela est contrebalancé par des indicateurs « vert ». Si l’évaluation fait ressortir un ou
plusieurs indicateurs « noir », alors le projet n’est pas acceptable. De manière générale, la méthodologie ne
peut pas retenir une approche quantitative de « un pour un » en termes d’indicateurs orange/vert. Tous les
critères d’appréciation ne se valant pas, une priorisation aide à l’appréciation de l’atteinte de cet équilibre.

Les indicateurs et critères permettant d’évaluer la réduction de la vulnérabilité211 sont identifiés de ma-
nière à pouvoir évaluer les objectifs suivants :

„ augmenter la sécurité des populations exposées (axe 1 de l’annexe 7.4) ;


„ réduire le coût des dommages en cas d’évènement (axe 2 de l’annexe 7.4) ;
„ raccourcir le délai de retour à la normale (axe 3 de l’annexe 7.4) ;
„ améliorer la gestion de crise (axe 4 de l’annexe 7.4) :
h permettre l’autonomie des habitants durant les inondations ;
h permettre des conditions d’accès et d’évacuation des populations faciles et adaptées ;
h garantir, dans la mesure du possible, la disponibilité des réseaux (transport, électricité, gaz, télé-
phone, etc.), par exemple en les mettant hors d’eau ;
h garantir le bon fonctionnement des services de secours (pompiers, police, etc.) en ne les instal-
lant pas dans des zones à risque ;
h réduire l’implantation d’établissements sensibles (maisons de retraites, etc.) en zone inondable,
pour éviter des évacuations complexes ;
„ réduire les conséquences pour l’environnement (axe 5 de l’annexe 7.4) :
h éviter l’implantation d’installations pouvant engendrer des pollutions importantes ou des risques
pour la santé en cas d’inondation ;
h améliorer la culture du risque, afin de maintenir la résilience du quartier dans la durée (axe 6 de
l’annexe 7.4).

La vérification de ces objectifs peut être évaluée au regard de différents indicateurs : emprise au sol, lo-
calisation par rapport aux axes d’écoulement et/ou aux aléas fort et très fort, nombre de logements en
zone inondable (de façon générale et directement exposés sous la cote de l’aléa de référence), proportion
ou nombre d’équipements sensibles (chauffe-eau, tableaux électriques, etc.) sous la cote de l’aléa de réfé-
rence, nombre de bâtiments vulnérables, sensibles ou polluants, existence de dispositifs adaptés à l’alerte,
l’évacuation et à la gestion de crise, existence de dispositifs de protection des réseaux, etc.

Plusieurs ressources documentaires permettent d’aller plus loin :

„ le tableau en annexe 7.4 propose une méthodologie d’évaluation sur la base de travaux menés par
le Cerema ;
„ le document « Opérations de renouvellement urbain avec réduction de vulnérabilité en zone inondable »
(Cerema, 2023) développe des indicateurs et critères d’évaluation pour chaque axe d’évaluation ;
„ le référentiel national de vulnérabilité aux inondations (Cerema, 2016) identifie de nombreuses
sources de vulnérabilités et indicateurs qui permettent de définir la vulnérabilité d’un territoire. Le do-
cument 3 de son fascicule 2 propose des bases de données et des exemples de méthodes de calcul de
différents indicateurs de vulnérabilité qui peuvent être exploités dans ce cadre.

Les indicateurs qui y sont proposés sont à adapter, compléter et prioriser localement en fonction du type
d’aléa et du contexte du territoire. Par exemple, la possibilité d’évacuation rapide des personnes hors de
la zone inondable est un critère plus important pour un territoire soumis à des crues rapides que pour un
territoire soumis à des crues lentes. À l’inverse, les critères sur le retour à la normale ou de fonctionnement
en mode dégradé peuvent être prédominants en cas de crues lentes212.

211. Cette liste peut également être utile pour identifier des prescriptions adaptées aux différents objectifs.
212. L’expertise des SDIS notamment peut être utile pour mener cette réflexion lors de l’élaboration du règlement du PPRi.

108 | 159
L’étude et la démonstration de la réduction de la vulnérabilité au regard de la méthodologie retenue dans
le règlement du PPRi est à mener par le porteur de projet. Il est recommandé que le règlement de PPRi
exige au minimum, parmi les pièces à fournir pour l’instruction du permis de construire, une attestation
certifiant la réalisation de cette étude et constatant que le projet prend en compte ces conditions au
stade de la conception213.

Les possibilités de densification


Le renouvellement urbain avec réduction de la vulnérabilité peut, dans certains cas, être compatible avec
une densification et une augmentation de la population. Toutefois, cette densification :

„ doit rester dans des proportions limitées ;


„ ne peut se faire que pour des aménagements au-dessus de la cote de référence ;
„ est réservée à des opérations de renouvellement à une échelle permettant une optimisation de
l’opération en matière de réduction globale de la vulnérabilité (quartier ou groupe de parcelles) ;
„ doit être justifiée, par exemple au regard de la faisabilité économique de certains projets ;
„ est compensée par un ensemble de dispositions permettant de conclure à une réduction globale
de la vulnérabilité.
Les prescriptions
Au-delà des aspects liés à la vérification de la réduction de la vulnérabilité par rapport à une situation
pré-existante, le règlement de PPRi identifie également des prescriptions à respecter afin que le projet
réponde aux objectifs de la prévention des risques, notamment en termes de garantie de sécurité pour
les personnes et les biens.

Les prescriptions pertinentes peuvent varier en fonction de la taille du projet. Il est recommandé que le
règlement du PPRi distingue clairement les dispositions adaptées aux différents périmètres.

Dans le cas d’un projet sur une parcelle ou un groupe de parcelle, les possibilités d’adaptation du projet
au risque d’inondation sont relativement limitées : actions ponctuelles définies sans vue d’ensemble, res-
sources mobilisables (ingénierie, financements, gestion d’alerte et de crise, etc.) restreintes, etc. Dans ces
cas, le règlement s’attache surtout à fixer des règles constructives.

A contrario, l’échelle d’un quartier ou d’un îlot offre la possibilité d’une approche globale des différentes
composantes du projet, et permet d’optimiser la résilience du projet, par exemple en localisant les bâti-
ments dans les zones les moins exposées, en permettant une gestion d’ensemble des écoulements ou en
adaptant les déplacements et notamment les cheminements d’évacuation.

Une telle approche appelle cependant à la vigilance quant à la capacité des pétitionnaires à apprécier et
suivre l’adaptation du projet au risque d’inondation sur l’ensemble du périmètre, durant toute la durée de
réalisation du projet. Ainsi, le règlement de PPRi peut imposer que ces projets soient encadrés réglemen-
tairement (OAP et secteur à plan masse214) ou par une procédure opérationnelle (ZAC, permis d’aménager,
opérations de rénovation urbaine, opérations de mises en valeur des secteurs sauvegardés, permis de
construire valant division, remembrements et regroupements de parcelles par des associations foncières
urbaines (AFU), etc.). Ces procédures ont en commun d’être le plus souvent d’initiative publique.

Le règlement peut également prévoir, pour ce type de projet particulier, des modalités permettant d’ap-
pliquer des mesures correctrices (jalons intermédiaires, conditions du dialogue entre les pétitionnaires, les
collectivités et les services de l’État, etc.), en particulier pour les opérations complexes sur le temps long.

La partie 5.2.2.5. développe les aspects liés aux prescriptions de projet en zone inondable.

5.2.2.2.2. Les constructions qui, compte tenu de leurs caractéristiques, peuvent ne pas être inter-
dites quelle que soit la zone
Au-delà du cadre des opérations de renouvellement urbain, le règlement du PPRi précise, le cas échéant,
les types de construction qui, compte tenu de leurs caractéristiques, peuvent ne pas être interdits et les
soumet à prescriptions. Dans tous les cas, ces constructions n’ont pas pour vocation d’accueillir des per-
sonnes vulnérables et ne sont pas des lieux de sommeil (article R. 562-11-8 du code de l’environnement).

213. Voir article R. 431-6 f) du code de l’urbanisme.


214. Voir article R.151-40 du code de l’urbanisme.

109 | 159
Il est vivement recommandé de limiter ces cas particuliers :

„ aux activités nécessitant la proximité d’un cours d’eau ;


„ aux constructions, sans occupation humaine permanente et strictement nécessaires au maintien
d’activités qui contribuent à la bonne gestion du territoire, comme par exemple les activités agricoles
ou forestières ;
„ aux équipements peu vulnérables, comme les terrains de sport et les espaces récréatifs ;
„ aux projets de nature à améliorer la sécurité des personnes, à réduire la vulnérabilité des biens ou à
réduire les aléas ;
„ à certaines infrastructures publiques de transports routier et ferroviaire, et aux réseaux de distribu-
tion d’eau, de gaz et d’électricité ;
„ aux installations de production d’énergie renouvelables (voir partie 5.2.2.3) ;
„ aux infrastructures, équipements et installations nécessaires au fonctionnement des services pu-
blics.

Ces types de projets font l’objet de prescriptions ou de recommandations. La partie 5.2.2.5 donne des
éléments d’éclairage sur les prescriptions associées.

Ces possibilités ne sont à ouvrir qu’après concertation avec les élus, acteurs locaux, responsables écono-
miques ou associatifs, etc.

Les activités nécessitant la proximité du cours d’eau


Certains équipements nécessaires à la pêche, aux activités nautiques, aux services portuaires, aux équipe-
ments et ouvrages liés au fonctionnement de la navigation intérieure (écluses, portes de garde, etc.), ou
encore les usines hydroélectriques, ne peuvent être implantés qu’à proximité immédiate de l’eau.

Ces espaces sont souvent soumis à des aléas forts ou très forts. Le règlement peut autoriser ce type de
constructions sous conditions, y compris en aléa très fort, en prenant en compte les spécificités de la zone
(inondation rapide réduisant les possibilités d’alerte, risque de rupture ou d’embâcles, etc.). Dans tous les
cas, la sécurité des personnes et des biens doit être garantie, ce qui conduit à interdire les projets vulné-
rables et à définir des prescriptions adaptées.

Les bâtiments d’exploitation agricole


Les espaces agricoles sont susceptibles de constituer des zones d’expansion des crues à préserver. Le PPRi
peut admettre la construction de bâtiments et équipements nécessaires à l’activité agricole dans les zones
non urbanisées, sous réserve qu’il soit démontré qu’il n’existe pas d’emplacement alternatif hors d’eau.

Cette exception à l’interdiction en zones inondables non urbanisées ne peut être rendue possible que
pour les bâtiments techniques dont la stricte nécessité au fonctionnement de l’exploitation agricole est
démontrée. La création de logements, même à l’intérieur du bâtiment d’exploitation, ou d’équipement
vulnérables est proscrite.

Les bâtiments destinés à l’élevage sont également à éviter autant que possible en zone inondable dans la
mesure où l’évacuation du cheptel est complexe. Les serres sont généralement interdites. Leur autorisa-
tion peut être envisagée pour des cours d’eau lents, en prenant toutes les précautions permettant d’en
réduire la vulnérabilité et en limitant leur emprise au regard de l’emprise de la zone inondable, dans une
logique de préservation de la zone d’expansion des crues.

Dans la mesure du possible, les nouveaux bâtiments nécessaires aux activités agricoles sont à envisager
en dehors des zones d’aléa fort et très fort. À l’intérieur de ces zones, le règlement peut, le cas échéant,
limiter la faisabilité de ce type de projet aux seules opérations de démolition-reconstruction permettant
la mise hors d’eau des stocks et matériels sensibles, ainsi qu’aux projets d’extension limitée de bâtiments
existants.

Quel que soit le niveau de l’aléa de référence, les conditions de réalisation des projets concernant ce type
de bâtiment peuvent être complétées par les mesures suivantes :

„ rehaussement du plancher utile au-dessus de la cote de référence ;

110 | 159
„ mise en œuvre, pour les projets d’extension, de mesures de réduction de vulnérabilité de l’ensemble
de l’exploitation (limitation de la surface des extensions, mise hors d’eau des stocks, matériels sensibles
et produits polluants, réorganisation de l’activité). Les mesures peuvent, le cas échéant, s’appuyer sur
l’obligation de réaliser un diagnostic préalable de la vulnérabilité de l’exploitation.

La surélévation des bâtiments agricoles est parfois complexe. Dans ce cas, d’autres mesures peuvent être
préconisées dans le PPRi, afin de réduire le coût des dommages et faciliter le retour rapide à la normale :

„ mise en place de batardeaux ;


„ sécurisation du système électrique ;
„ établissement d’un plan d’urgence et de remise en route de l’exploitation.

La surélévation des bâtiments agricoles est parfois complexe. Dans ce cas, d’autres mesures peuvent être
préconisées dans le PPRi, afin de réduire le coût des dommages et faciliter le retour rapide à la normale :

„ mise en place de batardeaux ;


„ sécurisation du système électrique ;
„ établissement d’un plan d’urgence et de remise en route de l’exploitation.

5.2.2.3. Les projets particuliers


5.2.2.3.1. Les campings et l’hôtellerie de plein air
Les campings et l’hôtellerie de plein air sont des enjeux particuliers du territoire qu’il convient d’identifier
(voir partie 4.2.2). Ces établissements sont en effet très vulnérables et la sécurité des personnes et des
biens peut y être menacée, même pour des niveaux faibles d’aléa d’inondation, du fait :

„ de la présence de lieux de sommeil dans des structures peu résistantes aux inondations (tentes, mo-
bile-homes, bungalows, tiny-houses, etc.) ;
„ de la fréquentation par des populations touristiques qui ont souvent une connaissance limitée de
l’environnement local et des risques d’inondation associés ;
„ des difficultés d’évacuation de ces établissements ;
„ des risques d’emportement de caravanes ou des mobil-homes, pouvant être à la source de très im-
portants problèmes d’embâcles et de phénomènes locaux de sur-inondation ;
„ et de la localisation dans des secteurs parfois difficilement accessibles.

L’augmentation du niveau des services proposés dans la plupart des campings, et la tendance actuelle de
l’occupation à l’année sont autant de facteurs qui justifient de la nécessité de renforcer les mesures de
prévention.

Il est recommandé d’interdire les projets de nouveaux campings en zone inondable, quel que soit le ni-
veau d’aléa.

Pour les projets sur des campings existants, il est recommandé de n’envisager que ceux diminuant le risque
global. Le PPRi peut par exemple :

„ autoriser le déplacement de bâtiments, équipements ou emplacements existants dans des espaces


où le niveau d’aléa serait plus faible, sans augmentation de la population exposée, et sous conditions
(par exemple : garanties de l’ancrage et de la résistance des équipements, sur-élévation au-dessus des
cotes de référence, fermeture du camping à certaines saisons, sensibilisation au risque d’inondation,
modalités d’alerte et d’évacuation adaptées, gestion des écoulements de manière à limiter l’intensité
de l’aléa sur les enjeux, absence démontrée d’emplacements alternatifs dans des secteurs moins expo-
sés, etc.) ;
„ interdire l’aménagement de nouveaux emplacements.

111 | 159
Le PPRi peut définir et rendre obligatoires des mesures de réduction de la vulnérabilité sur les construc-
tions ou les ouvrages existants qui doivent être pris par les propriétaires, exploitants ou utilisateurs, en
application de l’article L. 562-1-II-4° du code de l’environnement. Les PPRi peuvent ainsi réglementer les
périodes d’ouverture et de fermeture des campings. Dans les zones les plus dangereuses, en particulier
dans les bandes de précaution située en arrière d’un système de protection ou lorsque le niveau de l’aléa
est fort ou très fort, le PPRi peut interdire la pratique du camping pendant tout ou partie de l’année selon
le risque encouru215.

La prescription des mesures d’information, d’alerte et d’évacuation applicables aux terrains de camping
existants relève de la compétence du préfet, ou du maire lorsqu’il existe un plan local d’urbanisme. Ces
mesures sont définies après consultation du propriétaire et de l’exploitant, suivant les avis consultatifs de
la commission départementale de sécurité et d’accessibilité et de la commission départementale de l’ac-
tion touristique (articles R. 125-15 à R. 125-22 du code de l’urbanisme)216.

5.2.2.3.2. Les parkings souterrains


Au regard des situations dramatiques que peut engendrer ce genre d’équipement en zone inondable217
notamment à la suite de comportements inadaptés d’habitants, et des coûts élevés des dommages en
cas d’inondation, il est très fortement recommandé que les PPRi interdisent les parkings souterrains en
zone inondable.

Illustration 38 : inondation d’un parking souterrain en Meurthe-et-Moselle (Grémillon, mai 2012). (Source :
Cerema).

215. CAA de Nantes, 26 novembre 2021, Association des propriétaires et résidents du Havre, n° 20NT00866.
216. Voir également :
• l’instruction du Gouvernement du 6 octobre 2014 relative à l’application de la réglementation spécifique aux terrains de cam-
ping et de caravanage situés dans les zones de submersion rapide ;
• le guide « la sécurité des terrains de campings », publié en mars 2023 par la DGPR du ministère de la transition écologique et
de la cohésion des territoires, et par la fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, qui donne des indications complémen-
taires sur la règlementation et les bonnes pratiques en matière de sécurité dans les campings.
217. Huit personnes sont décédées dans des parkings souterrains lors des inondation du 3 au 4 octobre 2015 dans le départe-
ment des Alpes-Maritimes.

112 | 159
Néanmoins, lorsque la pression foncière rend particulièrement complexe leur interdiction, l’aménage-
ment de parking souterrain dans les zones inondables peut être rendu possible sur certains secteurs, au
minimum si les conditions suivantes sont réunies :

„ la pression foncière forte est démontrée ;


„ la dynamique est lente (notamment du fait d’une faible vitesse de montée des eaux).

L’autorisation ne peut alors être accordée que sous réserve de prescriptions fortes, comme :

„ le cuvelage ou l’étanchéité du parking, et la mise hors d’eau des équipements sensibles ou vulné-
rables (dispositif de recharge de véhicules électriques par exemple) ;
„ l’aménagement de tous les accès au-dessus du niveau de la cote de référence pour limiter les entrées
d’eau218. Ces accès ne doivent pas être situés dans le prolongement d’un axe d’écoulement préférentiel ;
„ la gestion anticipée en cas d’inondation et une signalétique spécifique avertissant du caractère
inondable du sous-sol et donnant la marche à suivre en cas d’inondation. Le règlement du PPRi peut,
le cas échéant, prévoir une mesure de sauvegarde imposant à la collectivité d’intégrer la gestion du
parking dans le plan communal de sauvegarde.
5.2.2.3.3. Les installations photovoltaïques
Les PPRi peuvent règlementer les projets relatifs aux installations photovoltaïques en zone inondable.

L’article 47 de la loi n° 2023-175 du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies re-
nouvelables prévoit que les préfets peuvent définir en tant que de besoin, et si l’arrêté d’ouverture de
l’enquête publique n’a pas été adopté à la date de promulgation de la loi (le 10 mars 2023), des exceptions
aux interdictions ou prescriptions pour des installations de panneaux photovoltaïques sous réserve de la
non aggravation des risques. Ce même article permet par ailleurs, en cas de PPRi opposable, de définir de
telles exceptions et de les rendre immédiatement opposables dans l’attente d’une modification du PPRi.

La note du 1er juin 2023 de la DGPR du ministère de la transition écologique et de la cohésion des terri-
toires, relative à l’implantation d’installations photovoltaïques en zone inondable, sur une retenue d’eau
ou en zone exposée à l’aléa incendie de forêt et de végétation, et notamment son annexe 2, précise les
conditions que toute installation de panneaux photovoltaïques en zone inondable doit respecter.

5.2.2.4. Les projets sur l’existant


Les PPRi règlementent les projets sur l’existant : travaux d’entretien, extensions de bâtiments existants,
changements de destination, etc.

En fonction de leur nature, du niveau d’aléa sur le secteur, des conséquences sur la vulnérabilité des per-
sonnes et des biens, le PPRi peut les autoriser, éventuellement sous réserve du respect de prescriptions,
ou les interdire.

Les principes réglementaires des PPRi pour les constructions existantes, définis par les doctrines préalables
au décret du 5 juillet 2019 et notamment la circulaire du 24 avril 1996 relative aux dispositions applicables
au bâti et ouvrages existants en zones inondables, continuent à s’appliquer.

5.2.2.4.1. Les travaux d’entretien et de gestion courants


Les travaux d’entretien, de gestion courante et de mise aux normes des bâtiments existants (notamment
les aménagements internes, les traitements de façade, la réfection des toitures, etc.) n’ont pas vocation à
être interdits par le PPRi, quel que soit le zonage.

Les dispositions relatives à ces travaux s’inspirent, dans la mesure du possible, des préconisations tech-
niques issues du référentiel de travaux de prévention du risque d’inondation dans l’habitat existant (METL/
MEDDE, 2012), en particulier celles mentionnées dans les fiches suivantes :

„ fiche 2 : colmatage définitif des voies d’eau (fissures, réseaux), p.27 et 28,
„ fiche 6 : réfection des cloisons de distribution et de doublage, p.36 et 37,
„ fiche 8 : protection des équipements de génie climatique, p.40 et 41,

218. Le respect de cette prescription implique donc que le projet se situe dans un secteur où les hauteurs d’eau maximales restent
modérées et permettent un aménagement des accès hors d’eau.

113 | 159
„ fiche 9 : remplacement des revêtements de sol, p.42 et 43,
„ fiche 10 : remplacement des menuiseries intérieures, p.44 et 45,
„ fiche 11 : remplacement des menuiseries extérieures et mise en place des grilles de portes, p.46 et 47.
5.2.2.4.2. Les extensions
Dans les secteurs où les nouvelles constructions sont rendues possibles sous réserve de prescriptions, les
extensions219 de bâtiment ne sont pas interdites, sous réserve toutefois de prescriptions cohérentes avec
celles des constructions nouvelles. Il convient notamment de s’assurer que la surface maximale des exten-
sions admises dans la zone soit cohérente avec l’emprise et/ou la surface autorisées pour les constructions
nouvelles potentiellement rendues possibles dans cette même zone.

Dans les secteurs d’interdiction, le règlement peut autoriser certaines extensions limitées, à condition
qu’elles n’augmentent pas la vulnérabilité des biens et des personnes. Cela peut notamment concerner
des travaux de mises aux normes, ou encore des modifications visant à réduire la vulnérabilité du bien.

Une extension pouvant être réalisée verticalement (sur-élévation) ou horizontalement (augmentation de


l’emprise bâtie au sol), il est souvent utile de distinguer les deux cas dans le règlement. À titre d’exemple,
dans un secteur soumis à un aléa fort où les extensions en emprise au sol seraient limitées au strict mi-
nimum, il peut être utile d’autoriser les sur-élévations, notamment pour permettre la création d’étages
refuges pour les bâtiments existants ne disposant pas d’étage au-dessus de la cote de référence.

5.2.2.4.3. Les changements de destination


Il est fortement conseillé de préciser les interdictions et les limitations de changements de destination
dans le règlement de PPRi.

Les différents types de destinations220 et sous-destinations des constructions sont précisés aux articles R.
151-27 et R. 151-28 du code de l’urbanisme.

Dans les zones d’interdiction, seuls sont généralement rendus possibles, sous conditions, les changements
de destination susceptibles de diminuer le niveau de vulnérabilité et/ou les changements de destination
conduisant à des situations très peu vulnérables. Dans les zones d’autorisation, la plupart des change-
ments de destination peuvent être rendus possibles, sauf dans certains cas, ceux conduisant à des classes
de vulnérabilité élevées.

Une hiérarchisation spécifique au PPRi peut être définie dans le règlement (par exemple dans le titre 1) afin
de faciliter l’application de ces règles. En première approche, les types de destination et sous-destination
peuvent être classés par niveau de vulnérabilité au regard du risque d’inondation dans le règlement du
PPRi. Une même sous-destination peut toutefois correspondre à des niveaux de vulnérabilité différents, et
cette première approche est généralement à affiner.

Dans tous les cas, il convient d’adapter ces principes généraux au zonage en restant cohérent avec le ni-
veau de risque encouru, et d’associer des prescriptions adaptées.

5.2.2.4.4. Les reconstructions après sinistre


Lorsqu’un bâtiment régulièrement édifié vient à être détruit ou démoli, sa reconstruction à l’identique221
est autorisée dans un délai de dix ans nonobstant toute disposition d’urbanisme contraire, sauf si la carte
communale, le plan local d’urbanisme ou le plan de prévention des risques naturels prévisibles en dispose
autrement (article L. 111-15 du code de l’urbanisme).

Le PPRi peut ainsi interdire de reconstruire à l’identique, ou imposer des prescriptions à ce type de recons-
truction. L’interdiction de reconstruire dans les zones à risques après un sinistre constitue toutefois une
atteinte forte au droit de propriété, y compris lorsque la construction détruite est située dans une zone
soumise à un aléa fort ou très fort. Le règlement du PPRi distingue alors deux cas :

219. Les annexes ne sont pas considérées comme des extensions, mais comme des constructions nouvelles.
220. Article R. 151-27 : Les destinations de constructions sont : 1° Exploitation agricole et forestière ; 2° Habitation ; 3° Com-
merce et activités de service ; 4° Equipements d’intérêt collectif et services publics ; 5° Autres activités des secteurs secondaire
ou tertiaire.
221. La reconstruction à l’identique implique la même implantation, surface, volume et destination que le bâtiment initial.

114 | 159
„ pour les bâtiments détruits ou endommagés à la suite d’un évènement autre que l’inondation222 :
quelle que soit la zone du PPRi, le règlement ne s’oppose pas à la reconstruction si celle-ci est réalisée
moins de dix ans après la destruction ou l’endommagement du bâtiment. La nouvelle construction doit
toutefois respecter des prescriptions cohérentes avec celles applicables aux projets rendus possibles,
ou, dans le cas où tous les projets sont interdits, des prescriptions permettant de garantir la sécurité
des occupants. Si cette sécurité ne peut pas être garantie au regard du niveau de l’aléa, l’interdiction
de reconstruction peut exceptionnellement être envisagée ;
„ pour les bâtiments détruits ou endommagés par une inondation objet du PPRi : si la zone répond à
un principe général d’interdiction, le règlement interdit la reconstruction. Si la zone est constructible,
une reconstruction vérifiant les prescriptions applicables dans la zone considérée pour les nouvelles
constructions peut être envisagée223.

L’interdiction de reconstruire à l’identique après un sinistre ne concerne pas uniquement le cas d’une
destruction totale du bâti : cela est également susceptible d’empêcher la réalisation de travaux moins
importants. Des nuances entre reconstruction totale ou quasi-totale (définie, par exemple, comme une
reconstruction dont l’ordre de grandeur du coût dépasse 50 % d’une reconstruction à l’identique) et re-
construction partielle (définie, par exemple, comme une reconstruction dont l’ordre de grandeur du coût
est inférieur à 50 % d’une reconstruction à l’identique) peuvent être apportées dans le règlement. Il est
recommandé de justifier les choix règlementaires pour ce type de projet dans la note de présentation du
PPRi.

5.2.2.4.5. Les travaux qui contribuent à la réduction de la vulnérabilité


En toute zone, les travaux de réduction de la vulnérabilité, sans augmentation de population (par exemple,
les surélévations pour la création d’espaces refuges dans le cas de constructions existantes ne présentant
pas de plancher hors d’eau) ne doivent pas être interdits afin de ne pas figer l’existant dans un état de vul-
nérabilité, dès lors qu’ils sont compatibles avec la tenue du bâtiment en cas de survenue de l’évènement
de référence.

5.2.2.5. Les prescriptions relatives aux projets rendus possibles


Le règlement de PPRi définit des prescriptions pour les projets qui sont admis. Leur respect permet de
répondre aux objectifs de la prévention des inondations, en premier lieu la protection des personnes et
des biens.

Les prescriptions sont à adapter au zonage réglementaire (elles sont d’autant plus fortes que le niveau
d’aléa est élevé) et à la nature du projet (elles sont d’autant plus fortes que le projet est vulnérable et/ou
présente des enjeux importants). Elles prennent également en considération les spécificités du territoire
sur lequel elles doivent s’appliquer. Par exemple, le règlement dans les secteurs concernés par des vitesses
de montée des eaux élevées prend en compte les difficultés de mise à l’abri qui en résultent pour les
personnes et les biens sous la cote de référence. Les prescriptions sont ainsi adaptées, par exemple en im-
posant des surélévations hors d’eau des premiers planchers, réseaux, ouvertures et équipements coûteux
ou sensibles.

De manière générale, les prescriptions peuvent répondre :

„ à une logique d’obligation de résultat : dans ce cas, elles portent sur la réalisation d’une étude pré-
alable permettant de déterminer les conditions pour répondre aux objectifs de prévention (voir partie
5.2.2.5.1) ;
„ et/ou à une logique d’obligation de moyen : dans ce cas, le règlement décrit précisément les solu-
tions techniques, notamment constructives, à respecter (voir partie 5.2.2.5.2.).

Ces deux approches ne sont pas incompatibles. Il est recommandé d’accompagner les prescriptions de
type « obligation de résultats » par des mesures minimales de précaution de type « obligation de moyens ».

222. Un incendie par exemple.


223. Au sujet de la reconstruction d’un bâtiment sinistré par un risque naturel, le Conseil d’État, dans sa fonction juridiction-
nelle, a jugé dans un arrêt rendu le 26 avril 2017 (n° 400457) : « (…) En effet, par les dispositions de l’article L. 111-3 du code de l’ur-
banisme, le législateur n’a pas entendu donner le droit de reconstruire un bâtiment dont les occupants seraient exposés à un risque certain
et prévisible de nature à mettre gravement en danger leur sécurité. Il en va notamment ainsi lorsque c’est la réalisation d’un tel risque qui a
été à l’origine de la destruction du bâtiment pour la reconstruction duquel le permis est demandé. Dans une telle hypothèse, il y a lieu, pour
l’autorité compétente, de refuser le permis de construire ou de l’assortir, si cela suffit à parer au risque, de prescriptions adéquates, sur le
fondement de l’article R 111-2 du code de l’urbanisme. »

115 | 159
5.2.2.5.1. Les prescriptions de type « obligation de résultats »
Une réflexion spécifique est menée pour intégrer dans le règlement les mesures les plus directement opé-
rantes.

Différentes solutions techniques permettent d’atteindre les objectifs de prévention. Identifier les mesures
optimales nécessite généralement de disposer de l’ensemble des paramètres liés à un projet. Dans un cer-
tain nombre de cas, il est possible de fixer dans le règlement de PPRi le résultat à atteindre et de laisser la
liberté des solutions techniques au maître d’ouvrage, au propriétaire ou à l’aménageur concerné, dans une
logique d’objectif de performance.

Une étude préalable au projet peut ainsi être prescrite afin de définir ses conditions de réalisation, d’uti-
lisation ou d’exploitation du projet permettant de respecter les objectifs de prévention. La nature des
résultats de cette étude est définie précisément par le règlement du PPRi.

Cette étude n’a pas vocation à être fournie à l’instructeur du permis de construire. En revanche, le règle-
ment du PPRi peut demander la fourniture d’une attestation, établie par l’architecte du projet ou par un
expert, certifiant que cette étude a été réalisée et constatant que le projet prend en compte ces condi-
tions au stade de la conception (article R. 431-16 du code de l’urbanisme). Les résultats d’une telle étude
peuvent engager la responsabilité du maître d’ouvrage et du constructeur. Elle peut être contrôlée par la
collectivité chargée de l’application du droit des sols (ADS) pendant les travaux ou à leur achèvement (ar-
ticle R. 462-7 du code de l’urbanisme).

Afin d’accompagner le maitre d’ouvrage et ses maîtres d’œuvre dans la conception de leur projet et la
production de l’attestation de prise en compte de l’obligation de résultat, le PPRi peut proposer en annexe
un outil d’autodiagnostic à titre informatif. Il ne constitue pas une liste exhaustive ni obligatoire, mais peut
servir d’appui et de base de discussion.

5.2.2.5.2. Les prescriptions de type « obligation de moyens »


Le règlement peut imposer des prescriptions relatives à différents aspects du projet, par exemple :

„ la réalisation du premier plancher aménageable ou habitable au-dessus de la cote de référence ;


„ la mise hors d’eau de toutes les ouvertures (porte d’entrée, porte-fenêtre, porte de service, porte de
garage, baie vitrée, soupirail)224 ;
„ l’obligation de zones refuges hors d’eau, auxquelles il est notamment possible d’accéder depuis tous
les locaux situés sous la cote de référence ;
„ l’interdiction de réaliser des niveaux enterrés ou semi-enterrés tels que des sous-sols et des caves ;
„ l’implantation des constructions dans les zones les moins impactées ;
„ la limitation de l’emprise des constructions ;
„ l’interdiction des exhaussements et remblais, ou au minimum, la compensation in situ des remblais
afin de ne pas réduire les capacités d’expansion des crues ;
„ la mise hors d’eau des installations sensibles telles que les réseaux et équipements électriques, élec-
troniques, micro-mécaniques et les installations de chauffage, à l’exception de ceux conçus pour être
immergés. Dans tous les cas, leurs dispositifs de coupure doivent être placés au-dessus de cette hauteur ;
„ la mise hors d’eau de produits dangereux, pouvant notamment engendrer des pollutions impor-
tantes ou des risques pour la santé en cas d’inondation ;
„ l’obligation de fondations capables de résister aux affouillements, tassements ou érosions locales ;
„ l’obligation de structures capables de résister aux écoulements ;
„ l’obligation pour les projets relevant des destinations « équipements d’intérêt collectif et services
publics » et « autres activités des secteurs secondaire et tertiaire » de faire l’objet d’un plan de conti-
nuité d’activité ;
„ etc.

224. La mise en œuvre de cette prescription est parfois difficile, que ce soit pour répondre à des normes d’accessibilité ou pour
permettre des liaisons avec l'espace public, notamment dans les zones de centre urbain. Il est ainsi parfois nécessaire d’adapter
cette prescription, par exemple en prévoyant des ouvertures au niveau des trottoirs afin de rentrer dans des halls via lesquels il
est ensuite possible d’accéder à des planchers sur-élevés au-dessus des cotes de référence.

116 | 159
Certaines mesures relèvent a priori plus de recommandations225, par exemple :

„ l’absence de stockage de matériaux et matériels sensibles en rez-de-chaussée ;


„ l’aménagement d’un accès hors d’eau facilitant l’évacuation rapide et en toute sécurité des occu-
pants ;
„ la mise en place d’infrastructures de desserte hors d’atteinte des crues, n’ayant pas pour effet une
rétention d’eau susceptible d’aggraver les risques, y compris en dehors de la zone d’aménagement ;
„ la réalisation mesures particulières de gestion de crise (PFMS, etc.) ;
„ la mise en place d’un dispositif de batardeaux ;
„ la mise en place de dispositifs de sensibilisation et de partage de la culture du risque, afin de main-
tenir la sensibilisation des habitants dans la durée ;
„ etc.

5.2.3. Les mesures de prévention, protection et de sauvegarde


Les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde sont des mesures d’ensemble qui ne sont pas
directement liées à un projet spécifique et que les particuliers, les gestionnaires de réseaux et d’infrastruc-
tures ou les établissements, sont encouragés ou obligés à mettre en œuvre. Ce sont, par exemple, les plans
de continuité de service ou d’activité ou, pour les établissements scolaires, les plans particuliers de mise
en sûreté face aux risques majeurs. Ces mesures regroupent également les mesures collectives à mettre en
place par les EPCI, en tant que maîtres d’ouvrage publics ayant la compétence GEMAPI.

Elles répondent aux objectifs de prévention issues de la stratégie nationale de gestion du risque d’inonda-
tion.

La mise en œuvre de certaines mesures peut être rendue obligatoire dans un délai de cinq ans et, à défaut
de conformité, le préfet peut imposer leur réalisation aux frais du propriétaire, de l’utilisateur et de l’ex-
ploitant (article L. 562-1 II 4° du code de l’environnement).

Les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde représentent le plus souvent un programme


d’actions qui reste à préciser, à financer et à mettre en œuvre par les collectivités locales, le service instruc-
teur et les particuliers concernés.

Pour plus de clarté dans le règlement, les mesures sont classées par objectif.

Les mesures de prévention visent par exemple l’amélioration de la connaissance des aléas, la mise en place
de systèmes de surveillance ou d’alerte ou bien encore l’information et l’acculturation aux risques des po-
pulations. Elles peuvent également porter sur la réduction des aléas (par exemple pour réduire l’aléa à la
source), ou sur la diminution de la vulnérabilité des enjeux.

Les mesures de protection visent à limiter l’étendue ou la gravité des conséquences des inondations et
permettent par exemple :

„ de préciser les conditions d’entretien des cours d’eau et des abords ;


„ de prescrire la réhabilitation, la surveillance et l’entretien des ouvrages de protection et des ou-
vrages linéaires tels que les infrastructures de transport ayant un effet digue ;
„ de limiter l’imperméabilisation des surfaces.

Les mesures de sauvegarde portent sur la gestion de la sécurité publique en cas de sinistre (réalisation
d’un plan de secours, identification d’un espace refuge pour les établissements recevant du public), ou
définissent les conditions d’utilisation des infrastructures en vue de faciliter l’intervention des services de
secours (largeur de la voirie, zones d’accès hors d’eau en cas d’inondation).

225. Le caractère obligatoire ou facultatif de chacune de ces mesures est à adapter au cas par cas.

117 | 159
À ce titre, le règlement peut :

„ définir des règles relatives aux réseaux et infrastructures publics desservant son secteur d’application
et visant à faciliter les éventuelles mesures d’évacuation, d’intervention des secours ou de gestion de
crise ;
„ prescrire (ou recommander) aux particuliers ou à leurs groupements la réalisation de travaux contri-
buant à la prévention des risques et leur confier la gestion de dispositifs de prévention des risques en
cas de survenance des phénomènes considérés.

II peut également s’agir de moyens légers ou non-structurels, le plus souvent mis en œuvre par des collec-
tivités :

„ instrumentation et surveillance de sites ou d’ouvrages ;


„ information sur les risques et les précautions à prendre, notamment dans les zones urbanisées forte-
ment impactées ;
„ élaboration de plans de secours et d’évacuation.

5.2.4. Les mesures de réduction de la vulnérabilité des biens et activités


existants
5.2.4.1. Les principes généraux
Des mesures relatives à l’aménagement, l’utilisation ou l’exploitation des constructions, des ouvrages, des
espaces mis en culture ou plantés existants à la date de l’approbation du plan (article L. 562-1-II 4° du code
de l’environnement) sont définies dans le règlement de PPRi.

Il doit être précisé clairement dans le règlement :

„ à qui incombe la mesure : il s’agit des propriétaires, exploitants ou utilisateurs ;


„ son caractère obligatoire ou seulement recommandé, en fonction du niveau de risque, des spécificités
des biens et activités concernés, des démarches mises en œuvre par ailleurs (par exemple dans le cadre
d’un PAPI), et de l’intérêt de la mesure226 ;
„ le délai imposé pour la réalisation des mesures obligatoires : elles doivent être réalisées dans un délai
ne dépassant pas 5 ans, pouvant être réduit en cas d’urgence (article R. 562-5-II du code de l’environ-
nement).

Une analyse détaillée de la vulnérabilité permet d’identifier les secteurs dans lesquels il est important de
rendre les travaux obligatoires, et au contraire, ceux dans lesquels une simple recommandation peut suf-
fire. À titre d’illustration, il peut être envisagé de rendre les travaux obligatoires :

„ dans les secteurs soumis à des aléas fort ou très fort ;


„ dans les secteurs où l’existant est particulièrement vulnérable ;
„ dans les secteurs soumis un risque d’inondation fréquent, auquel cas il est alors nécessaire que le
zonage réglementaire fasse apparaître ces secteurs (cela peut par exemple être réalisé via l’affichage de
l’enveloppe d’une crue décennale227).

Le montant des travaux imposés ne peut pas dépasser 10 % de la valeur vénale ou estimée du bien à la
date d’approbation du plan (article R. 562-5 du code de l’environnement). Au-delà de ce montant, le ca-
ractère obligatoire disparaît de fait et la prescription se transforme en simple recommandation. Le légis-
lateur a prévu que les mesures obligatoires soient accompagnées financièrement par le FPRNM dans le
cadre de la mesure « études et travaux de réduction de la vulnérabilité imposés par un plan de prévention
des risques naturels prévisibles (ETPPRN)228. Le PPRi précise ces possibilités de subvention pour informer au
mieux les bénéficiaires potentiels.

226. Il est généralement recommandé par exemple d’imposer la réalisation de diagnostic de vulnérabilité, ce qui permet leur
financement via le FPRNM.
227. Dans l’éventualité où cette information, qui ne fait pas partie stricto sensu de l’élaboration du PPRi, est disponible (voir
partie 3.2.3.1.8.).
228. Le guide relatif à la mobilisation du fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), disponible en ligne
(https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Guide%20FPRNM%202021.pdf), précise ce point.

118 | 159
Des communications auprès du public concerné sont réalisées, tant dans les phases de concertation pu-
blique qu’après l’approbation du PPRi, afin que tous propriétaires, exploitants ou utilisateurs concernés
soient informés et pas seulement ceux voulant mettre en œuvre un projet au moment de la demande
d’autorisation d’urbanisme.

La non mise en œuvre des mesures imposées par un PPRi dans le délai imparti peut avoir les conséquences
suivantes :

„ le préfet peut, après mise en demeure non suivie d’effet, ordonner la réalisation de ces mesures aux
frais du propriétaire, de l’exploitant ou de l’utilisateur229 ;
„ l’assureur du bien peut exceptionnellement se soustraire à son obligation de garantie « catastrophes
naturelles » ;
„ la responsabilité pénale des loueurs ou bailleurs peut être engagée pour mise en danger des occu-
pants le cas échéant ;
„ l’obligation de travaux demeure une fois que les cinq ans sont passés. En cas de revente, le bien peut
perdre de la valeur au regard du coût des travaux à réaliser par le futur propriétaire.

L’imposition de mesures obligatoire aux particuliers doit être correctement proportionnée aux enjeux et
doit être évaluée au regard des conséquences en cas de non-respect.

5.2.4.2. Les différents types de mesures


Elles peuvent être de natures très diverses. Le PPRi peut définir un catalogue de mesures limitées et réa-
listes de réduction de la vulnérabilité des bâtiments. La liste ci-dessous fournit des exemples :

„ l’aménagement de zones refuges accessibles de l’intérieur et de l’extérieur des bâtiments ;


„ l’adaptation des matériaux à l’eau ;
„ l’amélioration de la transparence des clôtures et des cultures ;
„ la vérification de la résistance du bâti (notamment en cas de crues rapides) et des fondations (notam-
ment dans les zones où la vitesse du courant est significative) ;
„ le renforcements de fondations dans les zones sujettes aux affouillements, soit par reprise en sous-
œuvre soit, lorsque le travail en sous-œuvre n’apparaît pas possible, par renforcement par banquette
ferraillée ou par protection autour du bâtiment ;
„ les renforcements de façades sur des bâtiments anciens ;
„ les équipements permettant d’étancher les ouvertures sous la cote de référence de crue (batardeaux,
clapets anti-retour, etc.) ;
„ la sur-élévation des équipements sensibles (chaudière, compteur électrique, etc.) ;
„ le déplacement, la surélévation ou l’obstruction d’ouvertures, ainsi que le renforcement de portes
(solidité, étanchéité).

229. Article L. 562-1 du code de l'environnement.

119 | 159
Illustration 39 : travaux de réduction de la vulnérabilité des habitations individuelles. Source : référentiel de tra-
vaux de prévention du risque d’inondation dans l’habitat existant (MELT/MEDDE, 2012).

Le PPRi peut également prescrire un diagnostic de vulnérabilité (sécurité des personnes et des biens) visant
à définir les mesures adaptées au bien existant. La prescription d'un diagnostic sur le bâti a vocation à être
utilisée dans les cas suivants :

„ le diagnostic de territoire ne permet pas de définir des mesures simples et adaptées, par exemple
lorsque le contexte est particulièrement hétérogène ;
„ pour les activités économiques230, les installations et établissements publics, qui présentent des en-
jeux spécifiques : protection des employés, coûts des dommages potentiellement très élevés, risques
de rupture d’activité sur le long terme, etc.231 ;
„ pour les particuliers dans les zones très exposées où la sécurité des personnes est en jeu ;
„ pour les cas d'exposition des bâtiments ou des installations les plus sensibles tels que certains ERP,
les établissements industriels ou commerciaux de plus de vingt salariés et les gestionnaires de réseaux
(pour ces derniers, en application de l'article 6 de la loi du 13 août 2004).

Ce type de diagnostic peut être réalisé soit par un professionnel spécialisé, soit par le propriétaire/gestion-
naire/utilisateur du bâtiment lui-même : on parle alors d’auto-diagnostic. Ces (auto-) diagnostics peuvent
s’appuyer sur les guides existants232.

D’autres mesures peuvent également être prescrites ou recommandées (illustration 39), comme :

„ la mise hors d’eau des produits, marchandises et matériels sensibles à l’eau ;


„ la mise hors d’eau des installations électriques ;
„ la mise en place d’un système d’alerte en cas de montée des eaux sur le site ;
„ le démontage des machines ou la déconnexion des raccordements233.

230. Elles correspondent principalement aux activités agricoles, forestières, artisanales, commerciales et industrielles.
231. Le plan de continuité d’activité (PCA) est l’outil adapté permettant de réduire ces dommages et faciliter une reprise nor-
male de l’activité. Pour les activités et établissements publics situés dans les zones d’aléa fort, le PCA peut être rendu obliga-
toire.
232. http://www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/inondations-etes-vous-bien-prepare-a3719.html.
233. Issu du document d’étape « La mitigation en zone inondable – réduire la vulnérabilité des biens existants » (MEEM, mars
2005)

120 | 159
Illustration 40 : exemple de mesures de réduction de vulnérabilité des entreprises (© DREAL Auvergne-
Rhône-Alpes).

Pour les habitations, les prescriptions réglementaires peuvent s’appuyer sur le tableau présentant la per-
tinence des travaux à prescrire en fonction du niveau de l’aléa de référence figurant en page 22 du « ré-
férentiel de travaux de prévention du risque d’inondation dans l’habitat existant » (METL/MEDDE, 2012).

Pour les activités agricoles, les mesures de réduction de la vulnérabilité peuvent par exemple s’inspirer des
préconisations mentionnées dans le guide de prise en compte de l’activité agricole et des espaces naturels
dans le cadre de la gestion des risques d’inondation, volet 1, fiche 13 (MEEM/MAAF, 2016).

5.2.4.3. La hiérarchisation des mesures


Les mesures de réduction de la vulnérabilité sont rédigées de manière pédagogique et priorisée afin d’être
compréhensibles et accessibles pour tous. L’ordre de lecture permet de comprendre leur cohérence et
leur importance relative. Les mesures peuvent par exemple être hiérarchisées en fonction de leur finalité :

„ la sécurité des personnes (espaces refuges, travaux de consolidation des structures, la suppression
d’ouvertures sur les murs exposés, etc.) ;
„ la limitation des dommages aux biens (utilisation de matériaux plus résistants, déplacement des ins-
tallations les plus sensibles, etc.) ;
„ le retour à la normale (recours à des matériaux faciles à nettoyer ou à remplacer, etc.).

Les mesures sont par ailleurs classées en fonction des catégories d’enjeux auxquels elles s’adressent : mai-
sons individuelles, entreprises, locaux commerciaux, établissements recevant du public, etc.

Enfin, il est utile de hiérarchiser les mesures par ordre de priorité, afin de mieux identifier lesquelles mettre
en œuvre si le coût de mise en œuvre est supérieur à 10 % de la valeur vénale du bien et dépasse les pos-
sibilités de co-financement par le FPRNM. Dans ce cas, il convient de préciser que le caractère obligatoire
des mesures non prioritaires disparaît.

Par ailleurs, comme le précise le guide relatif à la mobilisation du fonds de prévention des risques naturels
majeurs (FPRNM), les travaux rendus obligatoires par un PPRn pour un bien considéré sont à réaliser en
priorité par rapport à ceux relatifs à la mesure RVPAPI (diagnostics et travaux de réduction de la vulnérabi-
lité dans un programme d’actions de prévention des inondations).

121 | 159
VI. LE DOSSIER DE PPRI

Introduction
Le dossier de PPRi est l’aboutissement de la procédure d’élaboration du PPRi. Le présent guide n’a pas vo-
cation à détailler l’ensemble du dossier, mais se focalise sur les aspects qui relèvent des débordements de
cours d’eau. Pour ce qui relève des dispositions générales, on se reportera aux différents guides publiés à
la Documentation française ou disponibles auprès du ministère chargé de la prévention des risques et en
particulier à la troisième partie du guide général relatif à l’élaboration des PPRn et au « cahier de recom-
mandations sur le contenu des PPRn ».

6.1. Les pièces constitutives du dossier de PPRi


L’article R. 562-3 du code de l'environnement indique que le dossier de projet de plan comprend :

1° une note de présentation portant sur le secteur géographique concerné, la nature des phénomènes
naturels pris en compte et leurs conséquences possibles, compte tenu de l’état des connaissances. La
carte de l’aléa de référence débordement de cours d’eau est intégrée à cette note ;

2° un zonage réglementaire comprenant un ou plusieurs documents graphiques ;

3° un règlement précisant les mesures d’interdiction et les prescriptions applicables dans chacune de ces
zones du zonage ainsi que les différentes mesures de prévention.

Une première version du dossier est constituée pour la consultation (article R. 562-7 du code de l’environ-
nement) et l’enquête publique (article R. 562-8 du code de l’environnement). Elle intègre, en plus du projet
de plan, les pièces et avis prévus à l’article R. 123-8 du code de l’environnement, et notamment la décision
d’évaluation environnementale prise après examen au cas par cas et le rapport d’évaluation environne-
mentale si celle-ci est requise.

D’autres éléments peuvent également être joints au dossier pour faciliter la compréhension des pièces
réglementaires. Il peut s’agir de :

„ la carte du périmètre du PPRi ;


„ la carte des enjeux, et notamment des différents types d’espaces ;
„ le ou les rapports d’étude(s).

Après l’enquête publique, le dossier est mis à jour pour intégrer les évolutions résultant de l’enquête.

Après approbation, le dossier contient également l’arrêté d’approbation.

6.2. La note de présentation


La note de présentation est un document important ayant pour fonction :

„ d’expliquer et de justifier la démarche relative au PPRi et son contenu. Elle doit être claire, étayée et
doit permettre de convaincre, tant le citoyen et l’élu, que le juge, de l’opportunité de la réglementation
mise en place par le PPRi ;
„ en cas de révision ultérieure du PPRi ou de contentieux, de permettre au service instructeur de re-
trouver les éléments de compréhension sur les études initiales et les choix réglementaires opérés au
regard des objectifs de prévention.

La démarche d’élaboration du PPRi suppose ainsi la réalisation de documents cartographiques adaptés,


dont l’objectif est non seulement technique, mais aussi informatif pour le grand public. Les cartes tech-
niques d’aléa et d’enjeux, établies au fur et à mesure de la démarche, constituent des supports indispen-
sables de l’association et la concertation pour localiser, communiquer et échanger. Elles peuvent être
complétées par d’autres documents : cartes anciennes, photographies aériennes, photographies au sol,
etc.

123 | 159
L'analyse et la cartographie des enjeux s'appuient autant que possible sur un SIG qui facilite le recueil des
données, leur traitement, leur représentation, leur mise à jour ainsi que la superposition des enjeux et des
aléas pour bâtir le zonage réglementaire.

La note de présentation peut être étoffée au-delà du contenu réglementaire de l’article R. 562-3 du code
de l’environnement, afin d’assurer une bonne compréhension du dossier. Il est notamment conseillé de
traiter les points suivants.

6.2.1. La démarche globale de gestion des risques d’inondation


La note de présentation rappelle :

Les grands principes de la politique nationale de prévention des risques naturels d’inondation.
Il convient notamment de rappeler les objectifs et principes portés par la stratégie nationale de gestion
des risques d’inondation, développés en partie 1.2.1.

Le contexte local de la prévention des risques


Les différents outils ou démarches antérieures au PPRi ou en cours (PGRI, SLGRI, SDAGE, P(I)CS, etc.) sont
présentés, et mis en perspective par rapport au futur PPRi.

L’organisation locale mise en place ou prévue pour exercer la compétence GEMAPI est exposée.

Le PPRi
Les principes et les objectifs du PPRi sont présentés, ainsi que sa procédure d’élaboration, les modalités de
l’association et de la concertation, son contenu et sa portée.

6.2.2. La justification de la mise en œuvre du PPRi sur le territoire


Les raisons de la prescription du PPRi sont précisées en lien avec le contexte local. Elles découlent princi-
palement de l’évaluation de l’importance du risque (parfois mise en lumière par un évènement récent),
notamment en termes de dommages potentiels, sur les personnes et les biens, mais aussi de l’analyse
des documents d’urbanisme et de la politique d’aménagement de la ou des communes concernées (voir
partie 2.2).

Si le PPRi correspond à la révision d’un document antérieur, les raisons de la révision sont justifiées ainsi
que les différences qui apparaissent (évolution accélérée de certains phénomènes ou mise en conformité
avec le PGRI par exemple). C’est le cas également des PPRi réalisés dans les vallées couvertes par une dé-
marche antérieure comme un plan de surfaces submersibles (PSS) ou un plan d’exposition au risque (PER).

6.2.3. La présentation du territoire


Le choix des limites du bassin de risque et du périmètre d’étude est justifié par une description succincte
du système naturel et de ses entités (voir partie 2.7).

La note de présentation décrit la nature des phénomènes à l’origine des inondations et leurs conséquences
possibles sur ce périmètre, ainsi que les évènements historiques et les dommages occasionnés, indispen-
sables pour raviver la mémoire collective, et constituant souvent une des meilleures justifications du PPRi.
Cette partie est utilement illustrée à partir de photographies, d’extraits de presse ou d’archives. L’impor-
tance des phénomènes auxquels le territoire est exposé et leur localisation peuvent être synthétisées en
recourant à une carte informative des phénomènes naturels.

Il convient de recourir à un vocabulaire accessible à des non-spécialistes et en renvoyant le cas échéant à


des références bibliographiques.

Le choix des limites du PPRi est également expliqué s’il ne recouvre qu’une partie du bassin de risque, en
s’appuyant sur les priorités définies par le préfet à partir notamment du contexte socio-économique et
environnemental et des enjeux locaux (population, occupation du sol, axes de communication, équipe-
ments publics, projets d’aménagement, etc.).

Le bassin de risque et le périmètre du PPRi sont localisés sur une carte d’échelle adaptée à leur extension.

124 | 159
6.2.4. L'aléa de référence
La note de présentation présente l’aléa de référence. La définition de l’aléa de référence est une étape
indispensable de l’élaboration du PPRi. Elle repose sur le choix de scénarios d’inondation, se basant sur
un scénario de référence, et des sous-scénarios. Il est donc important d’expliquer la définition de l’aléa
de référence, et les principes conduisant aux choix des hypothèses le définissant (évènement historique
ou théorique centennal, principe de défaillance des ouvrages notamment). En particulier, l’aléa de réfé-
rence du PPRi peut être contextualisé par rapport aux scénarios de la directive Inondation (évènements
fréquents, de période de retour de 10 à 30 ans, et évènements exceptionnels, dont la période de retour
est de l’ordre du millénaire).

La note précise ensuite l’évènement de référence retenu, qu’il soit théorique centennal ou historique et les
hypothèses de prise en compte de chaque structure affectant les écoulements, et en premier lieu les sys-
tèmes d’endiguement. Elle détaille la ou les méthode(s) de caractérisation de l’aléa de référence retenue(s)
(modélisation hydraulique, hydrogéormorphologie, analyse historique) en explicitant les hypothèses rete-
nues et en précisant les incertitudes. La note décrit les critères de qualification retenus et leur valeur pour
hiérarchiser les niveaux d’aléa.

Le partage de ces éléments, dans un souci de transparence, est une condition primordiale d’appropriation
et d’acceptation du PPRi.

La carte de l’aléa de référence d’inondation par débordement de cours d’eau est intégrée à cette note
comme le mentionne l’article R. 562-3 du code de l'environnement. Cette carte peut être réalisée au
1 : 25 000 sur un fond cadastral234 ou orthophotographique. La compatibilité géométrique entre le zonage
de l’aléa de référence et le fond utilisé doit être vérifiée.

La carte de l’aléa de référence fait obligatoirement apparaître le niveau d’aléa. Il convient également
d’ajouter des cartes présentant les hauteurs d’eau maximales, et si possible les vitesses maximales d’écou-
lement, les vitesses de montée des eaux et les dynamiques.

6.2.5. Les enjeux


La note décrit les différents enjeux territoriaux et présente les conséquences potentielles de leur exposi-
tion aux aléas vis-à-vis notamment des personnes, des biens, des activités, des infrastructures et du patri-
moine, ainsi que le cas échéant des risques pour les vies humaines.

Elle précise la méthode de caractérisation des enjeux, et plus particulièrement des niveaux d’urbanisation
(non urbanisés, urbanisés hors centres urbains et centres urbains), ainsi que les incertitudes inhérentes à
cette analyse.

Les cartes élaborées dans le cadre de l’analyse des enjeux, et notamment la carte des niveaux d’urba-
nisation, sont utilement jointes à la note de présentation. Cette carte peut être réalisée au 1 : 5 000, en
s’appuyant sur les limites cadastrales du produit Parcellaire Express (régulièrement actualisé), avec le bâti
le plus à jour possible.

6.2.6. L’évaluation environnementale


La note de présentation du PPRi doit également respecter les dispositions précisées par l’article R. 123-8 du
code de l'environnement portant sur la composition du dossier soumis à enquête publique. Elle précise la
décision d’évaluation environnementale prise après l’examen au cas par cas.

Lorsque l’autorité administrative de l’État compétente en matière d’environnement a conclu, à l’issue


de l’examen au cas par cas, à la nécessité de réaliser une évaluation environnementale du PPRi, il est
nécessaire de faire figurer dans le dossier d’enquête publique du PPRi le rapport sur les incidences envi-
ronnementales du PPRi. Il s’agit d’un document distinct du rapport de présentation, du règlement et des
documents graphiques composant le PPRi, et dont le contenu est défini par l’article L. 122-6 et par l’article
R. 122-20 du code de l’environnement.

234. Le fond cadastral de référence est le produit Parcellaire Express (PCI), qui remplace depuis 2019 la BD PARCELLAIRE®
de l’IGN.

125 | 159
6.2.7. Le zonage et le règlement
Il convient de préciser :

„ les principes fondamentaux définis par l’article L. 562-1 du code de l'environnement ayant présidé
à la délimitation du zonage réglementaire pour tous les types de PPRn, et par l’article R. 562-11-6 à 9 du
code de l'environnement pour les PPRi concernant les aléas débordement de cours d’eau (hors cours
d’eau torrentiels) et submersion marine ;
„ les critères conduisant aux délimitations ;
„ les éventuelles adaptations des limites des zones et du règlement issues de la concertation avec les
collectivités pour tenir compte des spécificités locales ;
„ l’objectif général de prévention visé pour chaque zone ;
„ les clés de lecture du plan de zonage réglementaire : légende, mode de représentation choisi, type
de fond de plan, etc.

L’explication et les motivations du règlement sont aussi une des conditions d’acceptation et d’efficacité
du PPRi. Il convient ainsi de :

„ présenter l’objet du règlement,


„ expliquer et justifier les principes ou spécifiés des règlements de chacune des zones.

6.2.8. La consultation et la concertation


La note de présentation intègre également les retours de la consultation officielle des collectivités et des
organismes associés, ainsi que des éléments relatifs à l'enquête publique : dates principales, remarques
formulées et réponses apportées par les services de l’État, etc.

6.2.9. Les annexes


De nombreux documents peuvent utilement compléter la note de présentation en plus de ceux cités
précédemment :

„ différents rapports d’études : lorsque des analyses approfondies ont été réalisées, elles peuvent être
annexées à la note de présentation, résumées dans les annexes, ou être mentionnées dans la bibliogra-
phie ;
„ une carte du bassin de risque ;
„ une carte informative des phénomènes naturels, intégrant tous les phénomènes du territoire d’étude
sur une seule carte informative, et éventuellement l’emprise du lit majeur des cours d’eau. Cette carte
peut être réalisée au 1 : 25 000 sur fond IGN ;
„ une carte informative des inondations historiques, qui peut utilement compléter la carte des phé-
nomènes naturels. Cette carte peut être réalisée au 1 : 25 000 sur fond IGN ;
„ une carte hydrogéomorphologique, qui peut également être intégrée au dossier dans la mesure où
elle facilite la compréhension des aléas et peut faire favorablement évoluer la perception des risques ;
„ une carte des ouvrages de protection et des autres ouvrages hydrauliques interférant potentielle-
ment avec les écoulements. Il est recommandé d’identifier les maîtres d’ouvrages et de dater la carte235.
L’échelle et le fond de cette carte sont adaptés pour une bonne lisibilité en fonction de la quantité
d’information à traiter, classiquement entre le 1 : 10 000 sur fond IGN, ou le 1 : 5 000 superposé avec les
limites cadastrales (produit Parcellaire Express).
„ une carte des enjeux particuliers ;
„ etc.

235. Il est recommandé de manière générale de dater et sourcer toutes les cartes.

126 | 159
VII. ANNEXES
7.1. Les bassins hydrographiques français.....................................................................128

7.2. Les niveaux d’aléa en fonction des hauteurs et vitesses d’écoulement...........129

7.3. Les bases de données utiles pour les enjeux.........................................................130

7.4. L’évaluation de la réduction de vulnérabilité........................................................131

7.5. Les géostandards relatifs aux risques.....................................................................139

7.6. Les notions fréquemment utilisées dans les règlements de PPRi......................139

7.6.1. La hauteur par rapport au terrain naturel.....................................................................139


7.6.2. Les niveaux de fondation................................................................................................141

7.7. Glossaire.......................................................................................................................142

7.8. Liste des sigles et abréviations.................................................................................151

7.9. Index des illustrations, figures et photographies..................................................154

7.10. Index des tableaux....................................................................................................157

7.11. Bibliographie..............................................................................................................158

127 | 159
7.1. Les bassins hydrographiques français
Les 12 bassins hydrographiques français sont :

„ les sept bassins métropolitains : Adour-Garonne, Artois-Picardie, Loire-Bretagne, Rhin-Meuse,


Rhône-Méditerranée, Corse, Seine-Normandie ;
„ et les cinq bassins d’outre-mer : Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion et Mayotte.

Illustration 41 : les bassins hydrographiques français. Source : MTECT, Direction de l’eau.

128 | 159
7.2. Les niveaux d’aléa en fonction des hauteurs et vitesses d’écou-
lement
Les graphes ci-dessous permettent d’appréhender les niveaux d’aléa directement par croisement entre les
hauteurs d’eau et les vitesses d’écoulement, les règles de croisement étant à adapter à chaque classe de
vitesse de montée des eaux.

Les seuils relatifs aux hauteurs d’eau sont explicitement définis par l’arrêté du 5 juillet 2019 (sauf pour les
hauteurs extrêmement faibles). Ceux relatifs aux vitesses d’écoulement sont à définir localement236 et à
justifier dans la note de présentation du PPRi.

Le schéma ci-dessous propose, à titre illustratif, des exemples de définition de niveaux d’aléa en fonction
des hauteurs d’eau et des vitesses d’écoulement, pour différentes vitesses de montée des eaux.

Illustration 42 : exemples indicatifs de niveaux d’aléa en fonction de hauteurs d’eau et de vitesses d’écoulement,
pour différentes vitesses de montée des eaux. En haut : pour des vitesses de montée des eaux faibles. En bas : pour
des vitesses de montée des eaux élevées.

236. Pour cette raison, les graphiques présentés n’identifient pas de seuils quantitatifs de vitesse d’écoulement pour caractéri-
ser les frontières entre niveaux d’aléa et affichent des dégradés sur les zones de transition. Ces seuils de vitesse d’écoulement
doivent toutefois être définis explicitement pour le PPRi.

129 | 159
7.3. Les bases de données utiles pour les enjeux

Précision
Nom Producteur Type Échelle d’utilisation Description
planimétrique
Description 2D et 3D des
BD Topo IGN Vecteur 1 : 5 000 – 1 : 50 000 éléments du territoire et Métrique
de ses infrastructures237.
Représentation 2D du
BD Carto IGN Vecteur 1 : 50 000 – 1 : 250 000 territoire et de ses Décamétrique
infrastructures.
Parcellaire Représentation du
Raster /
Express IGN 1 : 5 000 – 1 : 50 000 cadastre (parcelles et Variable
vecteur
(PCI) bâtiments).
Description de l’occupa-
OCS GE IGN Vecteur 1 : 5 000 Métrique
tion des sols.
CORINE Occupation des terres /
EEA /
Land Vecteur 1 : 100 000 usage des sols pour toute Décamétrique
CGDD
Cover l’Europe.
Description du foncier
(bâti et non bâti) et des
locaux, à l’échelle des
Fichiers parcelles cadastrales
Cerema Vecteur 1 : 5 000 – 1 : 50 000 Métrique
fonciers (informations issues de
la DGFiP localisées sur la
base de la BD Parcellaire
de l’IGN).
Fond de plan ortho
BD Ortho IGN Raster 1 : 5 000 – 1 : 50 000(photographie aérienne Métrique
rectifiée).
Tableau 13 : liste de base de données pouvant être utiles pour l’analyse des enjeux.

Le Géoportail de l’urbanisme peut également être une ressource intéressante pour consulter et téléchar-
ger des documents d’urbanisme, des servitudes d’utilité publique et d’autres informations utiles.

237. Utile notamment pour la description détaillée du bâti, pour les couches descriptives de l’occupation du sol et pour les
couches «ZONE_D_HABITATION» et «ZONE_D_ACTIVITE_OU_D_INTERET»

130 | 159
7.4. L’évaluation de la réduction de vulnérabilité
La grille d’analyse indicative ci-après propose une méthodologie pour évaluer l’évolution de la vulnérabi-
lité d’un territoire dans le cadre d’une opération de renouvellement urbain. Toutes les cases du tableau
ci-dessous n’ont pas vocation à être remplies dans le cadre du présent guide : quelques exemples géné-
raux, valables pour une majorité d’opérations, sont proposés pour guider les questionnements, mais la
méthodologie est à adapter et compléter en fonction du contexte, et des critères retenus dans le règle-
ment du PPRi.

Est-ce que le projet


conduit à une dimi-
nution de la vulnéra-
Exemples d’indica- bilité sur ce point ?
teurs permettant de
Vert = amélioration.
comparer la situation
Les axes
initiale et la situation Orange = statu quo.
d’évaluation Questions à se
après projet Commentaires
de la poser Rouge = dégradation
vulnérabilité (ou à défaut de sujets limitée (nécessite des
à investiguer) justifications et des
compensations).
Noir = dégradation
trop forte, point
rédhibitoire.
Exemple :
L’augmentation limitée de la po-
ƒ si la population
pulation en zone inondable n’est
en zone inondable
pas nécessairement rédhibitoire,
augmente dans des
notamment si elle est accompa-
proportions limitées
gnée d’une suppression/diminution
 Rouge ;
Population en zone drastique de la population direc-
inondable : ƒ si la population tement exposée, par exemple en
en zone inondable rez-de-chaussée.
ƒ nombre de loge- augmente dans des
Est-ce que le Les indicateurs peuvent être com-
ments, d’héberge- proportions limitées,
Axe 1 projet conduit plétés au regard :
ments, ou surface mais que le projet a
à une dimi-
Augmenter la de plancher par pour conséquence ƒ de la nature des aléas : l’aug-
nution de la
sécurité des destination ; un transfert de mentation de la population est
population en
personnes zone ƒ nombre de sala- population de zones moins préjudiciable dans les sec-
inondable ? riés / d’entreprises ; en aléa fort/très fort teurs d’aléa modéré que dans les
vers des zones en secteurs d’aléa fort ;
ƒ nombre d’ERP ; aléa plus faible
ƒ de la classe de vulnérabilité : si
ƒ etc.  Orange ;
l’augmentation de population est
ƒ si la population accompagnée d’une réduction de
en zone inondable vulnérabilité de la population ac-
augmente dans des cueillie (passage d’une école, d’un
proportions impor- lieu de sommeil ou d’un logement
tantes à une activité par exemple).
 Noir.

131 | 159
Est-ce que le projet
conduit à une dimi-
nution de la vulnéra-
Exemples d’indica- bilité sur ce point ?
teurs permettant de
Vert = amélioration.
comparer la situation
Les axes
initiale et la situation Orange = statu quo.
d’évaluation Questions à se
après projet Commentaires
de la poser Rouge = dégradation
vulnérabilité (ou à défaut de sujets limitée (nécessite des
à investiguer) justifications et des
compensations).
Noir = dégradation
trop forte, point
rédhibitoire.
Dans le cas de grandes opéra-
tions de créations de logements,
la population en zone inondable
peut augmenter dans des propor-
tions limitées : cela nécessite d’être
accompagné d’une diminution
drastique de la population direc-
tement exposée (sous la cote de
référence).
Si des salariés restent directement
Population directe- exposés en situation projet, il
Exemple :
ment exposée (sous convient de préciser pourquoi, et
la cote de réfé- ƒ si le nombre le cas échéant, les mesures de pré-
Est-ce que le rence) : d’hébergements, vention et de sauvegarde mises en
projet conduit de logements, ou œuvres pour assurer leur sécurité :
ƒ nombre de loge-
à une diminu- de manière plus information, mesures d’évacuation
ments, d’héberge-
tion de la pré- générale de locaux ou de maintien sur place dans
ments ;
sence humaine de sommeil, sous la zones refuges accessibles, etc.
sous la cote de ƒ nombre de sala- cote de référence
référence ? riés / d’entreprises ; augmente S’il reste des locaux d’activités ou
 Noir. des ERP sous les PHE : disposent-ils
ƒ nombre d’ERP ; tous d’espaces refuges ? Les stocks
ƒ etc. et produits dangereux sont-ils
situés au-dessus de les PHE ?
Axe 1
Pour les activités économiques, si
Augmenter la
une partie des activités ne peut
sécurité des
pas être placée au-dessus de la
personnes
cote de référence (contrainte tech-
(suite)
nique ou d’exploitation), le projet
prend des mesures d’adaptation
et place au-dessus de la cote de
référence les autres usages du site
(ex : bureaux, stockage, etc.).
Lorsque la configuration après pro-
jet comprend encore des surfaces
de plancher directement exposées,
il est utile de préciser :
ƒ leurs natures ;
Est-ce que le Exemple :
projet conduit ƒ si elles sont équipées de sys-
à une dimi- ƒ si le projet conduit tèmes d’obturation (batardeaux,
Surface de plancher à une augmentation clapets anti-retour, etc.).
nution de la
« directement expo- des surfaces de
surface de L’augmentation de surface de plan-
sée ». plancher « directe-
planchers sous cher sous la cote de référence peut
la cote de réfé- ment exposées »
être envisageable uniquement
rence ?  Noir ou rouge.
pour la création d’une activité
(autre qu’ERP), pour laquelle l’im-
possibilité technique de surélé-
vation est dûment justifiée et à
condition de démontrer la réduc-
tion globale de vulnérabilité.

132 | 159
Est-ce que le projet
conduit à une dimi-
nution de la vulnéra-
Exemples d’indica- bilité sur ce point ?
teurs permettant de
Vert = amélioration.
comparer la situation
Les axes
initiale et la situation Orange = statu quo.
d’évaluation Questions à se
après projet Commentaires
de la poser Rouge = dégradation
vulnérabilité (ou à défaut de sujets limitée (nécessite des
à investiguer) justifications et des
compensations).
Noir = dégradation
trop forte, point
rédhibitoire.
L’évolution de la vulnérabilité peut
être hétérogène (augmentation de
la vulnérabilité pour certains bâti-
ments, diminution pour d’autres) :
au-delà de la comparaison quanti-
Est-ce que le tative par classe, il peut être utile
projet conduit Exemple : de mener une analyse qualitative
à une dimi- Nombre et surface globale.
ƒ si les changements
nution de la des bâtiments par de destination se Une augmentation globale des
vulnérabilité classe de vulnérabi- font vers des classes classes de vulnérabilité n’est pas
d’usage des lité. plus vulnérables rédhibitoire. Elle doit toutefois
bâtiments du  Noir. rester limitée et est à justifier (par
secteur ? exemple résorption de friche,
transfert vers des zones moins
exposées des enjeux les plus sen-
sibles, réduction des aléas par une
meilleure gestion des écoulements,
etc.).
La question de la capacité à résis-
ter ne concerne pas uniquement
les bâtiments qui abritent des en-
Axe 1
jeux sous les PHE. Elle se pose pour
Augmenter la Est-ce que tous les bâtiments, y compris ceux
sécurité des Nombre de bâti- pour lesquels les enjeux sont hors
le projet Exemple :
personnes ments dont la capa- d’eau. Dans l’hypothèse où des
améliore la
(suite) cité de résistance des ƒ si la résistance bâtiments fragiles perdurent dans
résistance des
murs, de la structure d’un seul bâtiment l’état « après-projet », il est néces-
bâtiments aux
et des fondations diminue saire de justifier de l’impossibilité
contraintes
au regard du niveau  Noir (sauf cas de les consolider ou de les démolir/
hydrodyna-
d’aléa rencontré particulier). reconstruire, et le cas échéant,
miques et hy-
n’est pas attestée. préciser les mesures de prévention
drostatique ?
prévues.
Toute construction nouvelle réa-
lisée dans le cadre du projet doit
résister à l’aléa de référence.
Ce critère est à moduler en fonc-
tion de la nature et du niveau de
Est-ce que le l’aléa, et éventuellement de la
Exemple :
projet conduit nature des bâtiments concernés
à une dimi- Nombre de places ƒ si le nombre de (orientation des ouvertures au
nution des de stationnement en places de station- regard du sens des écoulements,
risques liés à la sous-sol. nement en sous-sol surélévation hors d’eau des en-
submersion de augmente trées, etc.).
sous-sols ?  Noir ou rouge.
Il est possible d’élargir ce critère à
d’autres types d’usages en sous-sol
(caves, etc.).

133 | 159
Est-ce que le projet
conduit à une dimi-
nution de la vulnéra-
Exemples d’indica- bilité sur ce point ?
teurs permettant de
Vert = amélioration.
comparer la situation
Les axes
initiale et la situation Orange = statu quo.
d’évaluation Questions à se
après projet Commentaires
de la poser Rouge = dégradation
vulnérabilité (ou à défaut de sujets limitée (nécessite des
à investiguer) justifications et des
compensations).
Noir = dégradation
trop forte, point
rédhibitoire.
Est-ce que le
projet conduit
à une dimi- Exemple :
nution de la
ƒ si le projet conduit
surface totale
à une augmentation
de planchers
Surface de plancher limitée des surfaces
en zone inon-
en zone inondable. de plancher en zone
dable (indé-
inondable
pendamment
 Rouge.
de la surface
de plancher
sous la cote de
référence) ?
L’analyse peut par exemple repo-
ser sur les résultats d’une étude
Le réagen- hydraulique menée pour analy-
cement des ser les impacts hydrauliques de
Existence d’une stra-
bâtiments l’opération d’ensemble. Une étude
tégie de gestion des
et l’amé- Exemple : hydraulique n’est toutefois pas tou-
écoulements basée
nagement jours indispensable, par exemple
sur une analyse hy- ƒ si le projet conduit
des espaces pour un projet qui réduirait de
draulique (oui / non). à aggraver locale-
Axe 2 extérieurs façon conséquente l’emprise au
ment les écoule-
permettent-ils Hauteurs d’eau et vi- sol bâtie ou remblayée (cf. cases
Réduire le ments (accélération
l’organisation tesses d’écoulement ci-dessous).
coût des des vitesses et
des écoule- au niveau du projet
dommages augmentation des Le caractère bloquant d’une aggra-
ments pour et de ses alentours
hauteurs d’eau) vation des écoulements peut être
limiter les en cas de survenue
 Noir ou rouge. nuancé au regard des enjeux sur
impacts sur les de l’évènement de
le secteur concerné. Une stratégie
enjeux au sein référence.
visant à mettre en place des che-
du périmètre minements d’écoulements préfé-
du projet ? rentiels à moindre dommage peut
Aux alentours par exemple être pertinente.
du périmètre Emprise au sol bâtie
Exemple : Une stratégie de réduction du
projet (amont en zone inondable
/ aval / voisi- (m²). ƒ si le projet conduit volume des terrains remblayés
nage) ? à une augmentation peut par exemple contribuer à
Emprise au sol des une amélioration des conditions
de ces emprises
remblais en zone d’écoulement.
 Orange ou rouge.
inondable (m²).
Est-ce que le Emprise au sol bâtie Exemple :
réagencement en zone d’aléa fort
des bâtiments ƒ si le projet a pour
ou très fort (m²). conséquence un
conduit à dé-
placer des en- déplacement global
jeux vers des Emprise au sol bâtie des enjeux vers des
zones moins en zone d’aléa faible zones plus exposées
exposées ? ou modéré (m²).  Noir (ou rouge).

134 | 159
Est-ce que le projet
conduit à une dimi-
nution de la vulnéra-
Exemples d’indica- bilité sur ce point ?
teurs permettant de
Vert = amélioration.
comparer la situation
Les axes
initiale et la situation Orange = statu quo.
d’évaluation Questions à se
après projet Commentaires
de la poser Rouge = dégradation
vulnérabilité (ou à défaut de sujets limitée (nécessite des
à investiguer) justifications et des
compensations).
Noir = dégradation
trop forte, point
rédhibitoire.
Nombre de places
de stationnement L’analyse peut être nuancée en
extérieur en zone fonction des niveaux d’aléa.
Est-ce que le inondable.
projet conduit
Nombre de places
à une amélio-
de stationnement
ration de la
extérieur pour les-
gestion des
quelles une évacua-
stationne-
tion préventive est
ments exté-
envisageable.
rieurs en zone
inondable ? Nombre et nature
de dispositifs d’an-
ti-emportement de
véhicules ?
Axe 2 Est-ce que le
Réduire le projet diminue
coût des l’exposition
des équipe- Exemple :
dommages
(suite) ments sen- ƒ si le projet ne
sibles, suscep- Nombre d’équipe- conduit pas à une
tibles d’être ments sensibles sous diminution du
endommagés la cote de référence. nombre d’équipe-
par l’eau (par ments sensibles
exemple en en  Orange.
mettant une
partie hors
d’eau) ?
Est-ce que le
Description et
projet conduit
nombre des élé-
à une aug-
ments de mobiliers
mentation des
urbains susceptibles
risques liés
d’être emportés ou
au mobilier
détruits.
urbain ?

135 | 159
Est-ce que le projet
conduit à une dimi-
nution de la vulnéra-
Exemples d’indica- bilité sur ce point ?
teurs permettant de
Vert = amélioration.
comparer la situation
Les axes
initiale et la situation Orange = statu quo.
d’évaluation Questions à se
après projet Commentaires
de la poser Rouge = dégradation
vulnérabilité (ou à défaut de sujets limitée (nécessite des
à investiguer) justifications et des
compensations).
Noir = dégradation
trop forte, point
rédhibitoire.
Nombre de per- Au-delà du nombre de personnes
sonnes susceptibles susceptibles d’être privées de l’ac-
d’être privées d’eau cès aux réseaux pendant la crue, il
À l’échelle de potable. est attendu que le porteur de pro-
l’opération : Nombre de per- jet décrive les facteurs de vulnéra-
sonnes susceptibles bilité de chacun d’entre eux.
Amélioration
d’être privées d’assai- Lorsque des actions ont été
de la résilience
nissement. menées en lien avec les gestion-
des réseaux ?
Nombre de per- naires de réseaux, il convient de les
Continuité de sonnes susceptibles indiquer.
leur fonction- Exemple :
d’être privées d’élec-
nement pen- Lorsqu’il est anticipé que les
tricité. ƒ Si un de ces indi-
dant l’inonda- réseaux cessent de fonctionner
cateurs augmente
tion ? Nombre de per- pendant la crue, préciser :
 Rouge.
sonnes susceptibles
Ou, à défaut, ƒ si le projet prévoit des organisa-
d’être privées de gaz.
amélioration tions substitutives ;
Nombre de per-
du temps de ƒ les conditions permettant un
sonnes susceptibles
retour à la retour à la normale le plus rapide
d’être privées de
normale ? possible.
communication.
Axe 3 Nombre de per- ƒ les mesures pour limiter les
Raccourcir sonnes susceptibles dommages pouvant être induits
le délai de d’être privées de par les réseaux (dispositifs de cou-
retour à la chaleur. pure, clapets anti-retours, etc.).
normale Est-ce que les
parties termi-
nales des ré-
seaux (au sein
des bâtiments)
sont prévues
pour rester
fonctionnelles
en cas d’inon-
dation ?
Les maté-
riaux et
équipements
sensibles en Surface de planchers Exemple :
dessous de la sous la cote de réfé-
cote de réfé- rence constitués de ƒ si absence de
rence sont-ils matériaux non adap- diminution
peu sensibles, tés à une inondation.  Orange.
protégés ou
facilement
remplaçables ?

136 | 159
Est-ce que le projet
conduit à une dimi-
nution de la vulnéra-
Exemples d’indica- bilité sur ce point ?
teurs permettant de
Vert = amélioration.
comparer la situation
Les axes
initiale et la situation Orange = statu quo.
d’évaluation Questions à se
après projet Commentaires
de la poser Rouge = dégradation
vulnérabilité (ou à défaut de sujets limitée (nécessite des
à investiguer) justifications et des
compensations).
Noir = dégradation
trop forte, point
rédhibitoire.
Le projet
Existence d’un pro-
améliore-t-il
tocole de gestion de
les dispositifs
crise du secteur, en
de gestion de
lien avec le P(I)CS.
crise ?
Nombre de loge-
Est-ce que le
ments, ou de lieux En situation après projet, il ne doit
projet conduit Exemple :
avec une occupation pas rester de logements, ou de
à une amé-
humaine perma- ƒ si non à l’état lieux avec une occupation hu-
lioration des
nente, sous la cote projet maine permanente, sous la cote de
zones refuge
d’eau de référence  Rouge. référence sans accès sécurisé à une
et de leurs
sans accès sécurisé à zone refuge.
accès ?
une zone refuge.
Est-ce que le
projet conduit
Axe 4 à la mise
en place de
Contribuer à cheminements Nombre de bâti-
la gestion de hors d’eau ments ayant un
crise (autono- permettant accès hors d’eau à un
mie des habi- de rallier des secteur non-inondé.
tants, accès secteurs non
et évacua- inondables
tion, gestion afin d’évacuer
des établis- la zone ?
sements
sensibles) Est-ce que le
projet intègre
une réflexion Existence d’une stra-
L’absence de stratégie de maintien
sur le maintien tégie de maintien sur
n’est pas forcément rédhibitoire.
sur place des place opérationnelle.
populations en
cas de crue ?
Est-ce que
le projet
conduit à une Exemple :
Nombre d’établisse-
diminution du ƒ si absence de di-
ments sensibles ou
nombre d’éta- minution forte (voir
stratégiques dans le
blissements absence de suppres-
périmètre de l’opé-
sensibles ou sion totale)
ration.
stratégiques  Noir.
en zone inon-
dable ?

137 | 159
Est-ce que le projet
conduit à une dimi-
nution de la vulnéra-
Exemples d’indica- bilité sur ce point ?
teurs permettant de
Vert = amélioration.
comparer la situation
Les axes
initiale et la situation Orange = statu quo.
d’évaluation Questions à se
après projet Commentaires
de la poser Rouge = dégradation
vulnérabilité (ou à défaut de sujets limitée (nécessite des
à investiguer) justifications et des
compensations).
Noir = dégradation
trop forte, point
rédhibitoire.
Volumes et na- Exemple :
Est-ce que le
ture de matériaux
Axe 5 projet conduit ƒ si absence de
polluants stockés et Si des produits/matériels dange-
à une dimi- diminution
Réduire susceptibles d’être reux perdurent en état projet, il
nution des  Noir.
les consé- emportés. convient de justifier de l’impossi-
conséquences
quences pour négatives sur bilité de traitement et de préciser
Nombre d’installa- Exemple :
l’environne- les mesures d’accompagnement
l’environne- tions susceptibles de
ment ƒ si absence de prévues.
ment en cas déverser des pro- diminution
d’inondation ? duits polluants.  Noir.
Nombre de repères
de crues ou de
matérialisation de la
zone inondable et
des hauteurs d’eau
potentielles.
Nombre et nature
des moyens de com-
Est-ce que le munication (pan-
Axe 6 projet conduit neaux d’information, Actions mises en œuvre en coor-
Partager la à une amélio- etc.) permettant dination avec la commune dans le
culture du ration de la d’informer la popu- cadre de son plan communal (ou
risque sensibilisation lation sur les phéno- intercommunal) de sauvegarde.
au risque ? mènes d’inondation.
Nombre et nature de
démarches visant à
améliorer les prépa-
rations individuelle
et collective à la crise
(livret d’accueil des
nouveaux arrivants,
etc.).
Tableau 14 : proposition de grille pour l’évaluation de la réduction de vulnérabilité.

138 | 159
7.5. Les géostandards relatifs aux risques
Les cartes élaborées dans le cadre d’un PPRi sont structurées au sein de systèmes d’information géogra-
phique (SIG), dont l’utilisation facilite leur recueil, leur traitement, leur représentation et les exploitations
ultérieures.

La directive européenne « INSPIRE » 2007/2/CE du 14 mars 2007, transposée en droit français dans le code
de l’environnement (articles L. 127-1 à L. 127-10 du code de l’environnement) s’applique au domaine des
risques naturels. Elle impose notamment de créer des métadonnées (description des données), de rendre
les données consultables et de permettre leur échange entre les autorités publiques intervenant dans le
domaine de l’environnement.

Afin de respecter ces contraintes, de faciliter l’interopérabilité des données, d’homogénéiser les pratiques,
de valoriser les cartes dans les bases de données nationales et d’aider les services, le géostandard Risques
défini par le Conseil national de l’information géographique (CNIG) précise des spécifications techniques
et organisationnelles de structuration et de stockage au format numérique des données géographiques
des PPRn. Cela concerne principalement une nomenclature à respecter pour le nommage et la structura-
tion des tables géographiques (nom et nature des champs à renseigner notamment).

Le géostandard Risque est en refonte en 2023 par le CNIG. Le géostandard PPR validé par la COVADIS
(Commission de validation des données pour l’information spatialisée) reste applicable tant que le nou-
veau standard n’est pas finalisé, ce qui est le cas à la date d’élaboration du présent guide.

Il est notamment nécessaire de porter une grande attention à la constitution des couches SIG du zo-
nage. En effet, des données comportant des erreurs de géométrie ou de conception ne peuvent pas être
versées dans des bases de données régionales ou nationales (Gaspar, GéoRisques, etc.) utilisées pour des
analyses ultérieures. Il faut par exemple être vigilant à :

„ représenter chaque zone par un polygone fermé ;


„ ne pas créer de recouvrement ou de vide entre les différentes zones ;
„ veiller à la bonne géométrie des polygones.

7.6. Les notions fréquemment utilisées dans les règlements de


PPRi
7.6.1. La hauteur par rapport au terrain naturel
Les règlements de PPRi peuvent s’appuyer sur la notion de « hauteur par rapport au terrain naturel »238.
Cette notion, simple dans beaucoup de cas, mérite d’être explicitée pour les cas complexes.

Les irrégularités locales de la topographie ne sont pas forcément prises en compte si elles peuvent facile-
ment être comblées ou effacées par les écoulements. Dans le cas de petits talwegs ou de petites cuvettes,
la cote du terrain naturel est à considérer comme la cote des terrains environnants, conformément au
schéma ci-après :

Illustration 43 :
schéma permettant
de déterminer la
limite supérieure
des renforcements
et/ou des suréléva-
tions de plancher,
en cas de petits
talwegs ou petites
cuvettes.

238. Il convient toutefois de privilégier dans le règlement la notion de cote d’eau (en mètre NGF) à celle de hauteur d’eau,
moins pratique.

139 | 159
En cas de terrassements en déblai, la hauteur doit être mesurée par rapport au terrain naturel initial.

En cas de terrassements en remblais, ceux-ci ne peuvent remplacer le renforcement des façades exposées
que s'ils sont attenants à la construction et s'ils ont été spécifiquement conçus pour cela. Dans le cas gé-
néral, la hauteur à renforcer et les ouvertures éventuelles seront mesurées depuis le sommet des remblais.

Illustration 44 : schémas permettant de déterminer la limite supérieure des renforcements, en cas de terrassements
en déblais ou remblais.

140 | 159
7.6.2. Les niveaux de fondation
Les règlements de PPRi peuvent définir une profondeur minimale des fondations (P), par exemple dans les
secteurs en bande de précaution. C’est une profondeur à mesurer, conformément au schéma ci-dessous :

„ depuis le niveau du terrain naturel lorsqu’il n’a pas été remanié ;


„ depuis le niveau final en cas de terrains décaissés (déblais) ;
„ depuis le niveau du terrain naturel initial en cas de remblais.

Illustration 45 : profil en long schématique représentant la manière de déterminer la profondeur minimale de fon-
dation (P).

Pour chaque projet, le pétitionnaire définit le niveau réel de fondation :

„ pour atteindre, au moins, la profondeur minimale de fondation (P) définie ici ;


„ en tenant compte des autres règles de l’art concernant les fondations (données et études géotech-
niques, mise hors gel, prévention des aléas de retrait-gonflement des argiles, etc.).

141 | 159
7.7. Glossaire
AFFOUILLEMENT : action de creusement du sol par les eaux. Ce creusement peut être local, à
la suite de la concentration et de l’accélération des écoulements, en général au voisinage d’un
obstacle (rive, pile de pont, bâtiment…), ou généralisé en conséquence d’un dépavage du lit ou
d’un déficit relatif de la charge sédimentaire par rapport au débit liquide, entraînant une reprise
d’érosion.

ASSOCIATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES : démarche de l’État invitant les collectivi-


tés territoriales, aux organismes et aux personnes concernés par le projet de PPRn à contribuer
aux réflexions, de réagir aux propositions du service instructeur tout au long de la procédure.
L’objectif est d’aboutir à un document partagé, même si l’État reste responsable de son élabora-
tion et de son contenu final.

ALÉA : phénomène, naturel ou technologique, de nature aléatoire, caractérisé par sa probabilité


d’occurrence et son intensité. Pour les inondations hors cours d’eau torrentiels, plusieurs niveaux
d’aléa sont distingués en fonction des intensités associées aux principaux paramètres physiques
de l’inondation de référence : hauteurs d’eau et dynamiques (vitesses d’écoulement et vitesse de
montées des eaux).

AMORTISSEMENT DU DÉBIT DE CRUE : diminution du débit de pointe de la crue et étalement


du débit dans le temps, par effet de stockage puis déstockage dans un réservoir ou dans une
zone d’expansion de crue.

ALLUVIONNEMENTS, DÉPÔTS ALLUVIAUX : dépôts de sédiments transportés par le cours d’eau.

BASSIN DE VIE : le bassin de vie est le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès
aux équipements et services les plus courants (définition de l’INSEE). C’est généralement un pé-
rimètre adapté pour concevoir les stratégies d’aménagement d’un territoire. En pratique, les
bassins de vie couvrent un territoire multi-communal ayant le même bassin d’emploi et où les
habitants ont accès aux équipements et services les plus courants.

BASSIN HYDROGRAPHIQUE : zone dans laquelle toutes les eaux de ruissellement convergent
à travers un réseau de rivières, fleuves et éventuellement de lacs vers la mer, dans laquelle elles
se déversent par une seule embouchure, estuaire ou delta (définition de la directive Inonda-
tion). Un bassin hydrographique peut également être un bassin versant de grande taille ayant
pour exutoire la mer ou l’océan, ou le territoire administratif de gestion de l’eau à cette échelle.
En France, 11 bassins hydrographiques sont usuellement considérés : six en France métropoli-
taine (Rhine-Meuse, Artois-Picardie, Seine-Normandie, Loire-Bretagne, Adour-Garonne et Rhône-
Méditerranée-Corse), et cinq en outre-mer (Guyane, Guadeloupe, Martinique, La Réunion et
Mayotte).

BASSIN VERSANT : un bassin versant est une zone géographique dans laquelle les eaux col-
lectées circulent naturellement vers un point de convergence commun, appelé exutoire (cours
d’eau, lac, mer, océan, etc.). À l’amont, le bassin versant est délimité par des lignes de partage
des eaux, qui correspondent généralement à des lignes de crête. (Dans quelques cas particuliers,
comme les terrains karstiques dans lesquels la circulation interne de l’eau est complexe, la topo-
graphie seule peut ne pas suffire à déterminer la ligne de partage des eaux).

BATHYMÉTRIE : description du relief sous les surfaces en eau, équivalent immergé de la topo-
graphie.

142 | 159
BÂTI ADAPTÉ : bâti construit selon des dispositions renforcées par rapport aux règles de l’art ha-
bituelles afin de s’adapter au contexte d’inondation (surélévation du plancher, renforcement de
la structure, protection des fondations contre l’affouillement, dispositifs permettant de lutter
contre la pénétration de l’eau, etc.).

BÂTI STANDARD : bâti réalisé selon les règles de l’art habituelles en zone non exposée, sans pro-
tection particulière.

BIEF : portion d’un cours d’eau ou d’un canal entre deux points singuliers de l’écoulement (chutes,
écluses, etc.)

CAPACITÉ HYDRAULIQUE : caractéristique d’une section d’écoulement d’un cours d’eau, expri-
mant le débit liquide maximum qui peut s’écouler dans cette section avant débordement. La
capacité du lit mineur est généralement limitée à des débits de crues de période de retour de
l’ordre de 1 à 5 ans.

CENTRE URBAIN : les centres urbains se caractérisent par une occupation du sol importante,
une continuité bâtie et une mixité des usages entre logements, commerces et services. Il s’agit
de zones denses dans lesquelles il reste peu de zones non construites et où, en conséquence,
les constructions nouvelles n’augmenteront pas de manière substantielle les enjeux exposés. De
surcroît, le caractère historique de la zone peut être un élément d’éclairage.

CHARGE (MISE EN) : un ouvrage est dit « mis en charge » lorsqu’il est soumis à des pressions dif-
férentes de l’eau sur chacun de ses côtés. Cette configuration se retrouve classiquement durant
une crue lorsque la cote d’eau dans le lit mineur est supérieure à l’altitude du terrain naturel à
l’arrière de l’ouvrage. La différence entre ces deux altitudes est la hauteur de mise en charge.

CONCOMITANCE : coïncidence temporelle entre plusieurs évènements. Deux évènements sont


concomitants lorsqu’ils se produisent simultanément (ou dans une période très proche).

CONSTRUCTION NOUVELLE : construction d’un nouveau bâtiment. Dans le cadre des PPRi,
cette définition exclut notamment les extensions de bâtiments existants, les projets de centrales
photovoltaïques au sol et les reconstructions après sinistre. Une opération de renouvellement
urbain (démolition/ reconstruction) implique une construction nouvelle.

CONSULTATION : la consultation est une demande formalisée d’avis. Le processus d’élaboration


des PPR prévoit, préalablement à l’enquête publique, une consultation des organismes et des
personnes publiques concernés par le PPR (article R. 562-7 du code de l’environnement).

COTE DE RÉFÉRENCE : (dans les PPRi) altitude retenue pour règlementer les surélévations (de
plancher, d’ouverture, d’équipements sensibles, etc.). Elle correspond généralement au niveau
maximal des eaux pour l’évènement de référence majoré d’une revanche de sécurité. Il est re-
commandé de l’exprimer en mètres NGF.

COURBE DE TARAGE : ce terme est utilisé de manière spécifique en hydrométrie des cours d’eau
pour désigner la courbe qui relie le débit (Q) à la hauteur d’eau (h) dans une section donnée :
Q=f(h). Les courbes de tarage sont établies à partir de mesures de débit faites sur une section de
contrôle (opération dite de jaugeage).

CRUE : augmentation significative et temporaire du débit d’un cours d’eau. Le débit est généra-
lement conditionné par les précipitations, mais également par l’état du bassin versant et les ca-
ractéristiques du cours d’eau. En fonction de l’importance des débits, la crue peut être contenue
dans le lit mineur du cours d’eau, ou déborder dans son lit majeur. Lorsque les eaux sortent du lit
mineur, on parle d’inondation.

143 | 159
CRUE CENTENNALE : une crue centennale est une crue dont la magnitude (généralement es-
timée via le débit de pointe pour les crues fluviales) a une probabilité de 1 % d’être atteinte ou
dépassée chaque année. Il est possible de ne pas observer de crue centennale pendant plusieurs
siècles ou de les voir se succéder dans un laps de temps réduit.

CRUE SOUDAINE : crue dont le temps de concentration est court (usuellement, en dessous de
6 heures).

DÉBIT LIQUIDE/DÉBIT SOLIDE : flux liquide/solide traversant une section d’écoulement donnée
par unité de temps (exprimé généralement en m3/s, quelquefois en kg/s).

DÉBIT DE POINTE : débit maximum enregistré lors de la crue en un point, généralement exprimé
en mètres cubes par seconde (m³/s). Le débit de pointe est couramment utilisé pour caractériser
la magnitude d’une crue fluviale et estimer sa période de retour.

DÉBORDEMENT DE COURS D’EAU : sortie des eaux du lit mineur consécutive à la propagation
d’un débit supérieur à sa capacité.

DENTS CREUSES : espaces résiduels, de taille limitée, entre deux bâtis existants (selon la défini-
tion de l’article R 562-11-6 du code de l’environnement). En pratique, il s’agit de petits espaces
non construits entourés, au moins partiellement, d’espaces bâtis.

EMBÂCLE : accumulation de matériaux transportés par les flots (végétation, rochers, véhicules
automobiles, etc.) bloqués en amont d’un ouvrage (pont) ou dans des parties resserrées d’une
vallée (gorges étroites).

EAU MOBILISABLE : il peut s’agir de la fonte de neiges ou de glaces au moment d’un redoux,
associée ou non à des pluies.

ESTRAN : partie du littoral périodiquement recouverte par les marées.

FONCTIONNEMENT HYDRAULIQUE : modalités d’écoulements des eaux sur le bassin versant,


notamment au regard du relief, du réseau hydrographique, et du comportement en crue (zones
de débordement, nature des écoulements dans les zones inondables, etc.).

GÉOMORPHOLOGIE : science qui étudie les formes de relief, les formations associées, leur évo-
lution, les mécanismes – d’origine interne ou externe – qui les façonnent et les facteurs qui les
contrôlent.

HAUTEUR DE BERGE : différence entre l’altitude de la crête de berge et l’altitude du fond du lit
mineur.

HAUTEUR DE MISE EN CHARGE D’UN OUVRAGE : différence d’altitude entre la cote d’eau
maximale dans le lit mineur et l’altitude du terrain naturel à l’arrière de l’ouvrage.

HYDRAULIQUE : science de la mécanique des écoulements. En matière d’inondation, l’hydrau-


lique vise à déterminer les conditions d’écoulements des eaux en cas de crue (débit, hauteur,
vitesse, etc.).

144 | 159
HYDROGÉOMORPHOLOGIE : approche qui analyse les conditions naturelles et anthropiques
d’écoulement des eaux dans un bassin versant en étudiant la structure des vallées. Cette ap-
proche consiste à analyser les différentes unités dites « hydrogéomorphologiques » des vallées,
constituées des différents lits que la rivière a façonnés dans le fond de vallée au fil des siècles, au
fur et à mesure des crues successives.

HYDROGRAMME : courbe d’évolution du débit en fonction du temps en un point donné d’un


cours d’eau. Pour l’élaboration d’un PPRi, on s’intéresse aux hydrogrammes de crue.

HYDROGRAMME DE CRUE : courbe d’évolution du débit d’un cours d’eau en fonction du temps,
pendant une crue, en un point donné.

HYDROLOGIE : science naturelle qui se rapporte à toute action, étude ou recherche sur le cy-
cle de l’eau et ses propriétés. Son étude concerne les océans, les eaux de surface, mais aussi les
nappes phréatiques.

INONDATION : submersion temporaire, rapide ou lente, de zones habituellement hors d’eau.

INONDATION ESTUARIENNE OU EN ZONE FLUVIO-DELTAÏQUES : les zones riveraines d’un es-


tuaire peuvent être inondées du fait de la conjonction d’une crue fluviale et d’un niveau de la
mer élevé bloquant ou ralentissant l’évacuation de la crue. Le niveau de cette submersion suit
alors les fluctuations des marées et de la crue fluviale.

INONDATION PAR DÉBORDEMENT DE COURS D’EAU (FLUVIALE) : recouvrement d’eau faisant


suite à une crue qui déborde du lit mineur ou qui afflue dans les talwegs ou les dépressions du
lit moyen ou majeur. Elle dure de quelques heures à quelques jours en fonction de la durée de la
crue et du ressuyage.

INONDATION PAR REMONTÉE DE NAPPE PHRÉATIQUE : des pluies abondantes et prolongées


peuvent recharger la nappe phréatique au point de la faire monter jusqu’à la surface du sol et dé-
border dans les points les plus bas ce qui entraîne des inondations. La lenteur de la propagation
de l’eau dans le sous-sol peut conduire à un décalage temporel important par rapport aux préci-
pitations (quelques jours à quelques mois) et à une durée considérable de l’inondation (quelques
semaines, voire quelques mois). Les inondations par remontées naturelles de nappes se pro-
duisent principalement par débordement en surface d’eaux circulant dans des massifs calcaires
soit par un réseau largement ouvert (karst), soit par une multitude de fissures. Les remontées de
nappes débordantes surviennent également dans des ensembles alluviaux, mais elles coïncident
souvent avec les inondations des cours d’eau qui les alimentent et se confondent alors avec
elles. Ces inondations lentes présentent peu de risque pour les personnes mais provoquent des
dommages potentiellement importants à la voirie (effet de sous-pression), aux constructions et
aux bâtiments et peuvent durer très longtemps.

INONDATION PAR RUISSELLEMENT URBAIN : elles sont dues à des écoulements sur des surfaces
imperméabilisées de volumes d’eau ruisselés, qui ne sont pas absorbés par le réseau d’assainisse-
ment superficiel et souterrain, ni par les zones non imperméabilisées. Elles sont souvent la consé-
quence d’orages s’abattant sur des zones urbanisées ou à leur voisinage immédiat. Les bassins
versants sont généralement de petite taille (moins de 10 km²), et les axes drainants très courts
(moins de 5 km). Le temps de propagation de la crue est réduit et le débordement survient très ra-
pidement par dépassement de la capacité ou par obturation avec embâcle des fossés et canalisa-
tions enterrées. L’urbanisation intensive est à l’origine de l’imperméabilisation des sols, qui accroît
considérablement le ruissellement. Souvent, le rôle du réseau naturel de drainage superficiel est
oublié en l’absence d’écoulement permanent. Les sections d’écoulement sont peu à peu réduites
et les lits sont couverts au profit de constructions ou de voiries. Lors d’évènements pluvieux im-
portants, l’eau peut retrouver son cheminement naturel de manière inattendue et dangereuse.

145 | 159
INONDATION DES COURS D’EAU TORRENTIELS : ce type d’inondation rapide résulte d’un dé-
bordement de cours d’eau à pente forte (supérieure à 1 %) présentant des écoulements chargés
en matières solides (boues, pierres, rochers). Ces inondations génèrent des érosions et des ac-
cumulations massives de matériaux qui justifient une détermination spécifique des aléas et des
prescriptions adaptées. Les laves torrentielles représentent l’une de leurs manifestations les plus
dommageables. Un guide dédié à l’élaboration des PPRi des cours d’eau torrentiels a été publié
par la DGPR en 2023.

INTENSITÉ (DANS LE CADRE DE CE GUIDE) : manifestation locale d’un évènement. L’intensité


est évaluée au moyen de variables physiques mesurables décrivant localement l’évènement.
Dans le cas des débordements de cours d’eau, ces paramètres peuvent être les hauteurs d’eau,
les vitesses d’écoulement et les vitesses de montée des eaux. L’intensité est décrite par des car-
tographies couvrant l’ensemble du territoire exposé et identifiant en tout point soit les valeurs
associées à ces variables physiques, soit une « classe » (intensité faible, moyenne, forte, etc.)
synthétisant les informations portées par ces variables. L’intensité varie également au cours du
temps durant l’évènement ; la valeur maximale locale est alors souvent considérée. Cette notion
permet d’appréhender les effets prévisibles sur les enjeux en cas d’atteinte et intervient dans la
caractérisation des niveaux d’aléa.

LAMINAGE : le laminage (ou écrêtement) d’une crue est la transformation de l’onde de crue
ayant pour effet de diminuer le débit maximal (débit de pointe) en répartissant dans le temps
le volume d’eau transporté lors de la crue. Le laminage est la conséquence d’un stockage tem-
poraire du volume de la crue, par exemple dans le lit majeur du cours d’eau (laminage naturel)
ou dans la retenue d’un barrage (laminage artificiel). Il est déterminé par la différence de débit à
l’entrée et à la sortie de la zone d’expansion de crue.

LIMNIGRAMME : courbe d’évolution de la hauteur d’eau en fonction du temps en un point don-


né d’un réseau ou d’un cours d’eau.

LIT MAJEUR : lit occupé par les crues provoquant des débordements du lit mineur (périodes de
retour variant de 10 à plus de 1 000 ans). Dans des vallées escarpées, il peut correspondre à tout
le fond de vallée jusqu’aux pieds de versants. En plaine ou dans les vallées larges, sa frontière est
plus difficile à délimiter. Il est souvent couvert d’alluvions fines (limons et argiles) et colonisé par
une formation végétale moins hygrophile (ripisylve).

LIT MINEUR : chenal principal d’un cours d’eau.

MODÉLISATION HYDRAULIQUE NUMÉRIQUE : quantification et spatialisation d’une crue pour


une occurrence donnée par le biais d’outils numériques et basée sur la résolution, plus ou moins
simplifiée, des équations fondamentales de l’hydraulique.

MORPHOGÈNE : une crue est dite morphogène lorsqu’elle provoque des changements impor-
tants de la topographie du lit de la rivière et des secteurs de débordement.

MAGNITUDE (DANS LE CADRE DE CE GUIDE) : ampleur / puissance globale d’un évènement.


La magnitude est évaluée au moyen d’une variable physique mesurable ayant une importance
prépondérante sur les conséquences de la crue. Elle est décrite par une valeur numérique unique
à l’échelle de l’évènement (par exemple, le débit de pointe en un point de référence du cours
d’eau principal).

MISE EN CHARGE : voir « charge ».

146 | 159
OPÉRATION DE RENOUVELLEMENT URBAIN : opérations destinées à requalifier et renouveler
(via des démolitions/reconstructions) une zone déjà urbanisée, dans le but de « refaire la ville sur
la ville ». Cette opération peut être de taille variable (de la parcelle au quartier) et peut couvrir
tout type de zone urbanisée (habitations, commerces, industrie, activité économique, etc.).

PÉDOLOGIE : science qui étudie les sols et leur composition.

PÉRIODE DE RETOUR : intervalle de temps (généralement exprimé en années) séparant en


moyenne sur une très longue période deux évènements dépassant une valeur seuil d’une va-
riable caractéristique (classiquement le débit de pointe pour les crues). La période de retour est
l’inverse de la probabilité d’occurrence de l’évènement au cours d’une année quelconque.

PLAIN-PIED : logement sans étage (et donc sans niveau refuge).

PLAINE ALLUVIALE : formation sédimentaire composée d’alluvions déposés par le cours d’eau
et constitués de sables, graviers et galets, etc. Le lit majeur correspond souvent à l’extension de
la plaine alluviale.

PLUVIOMÉTRIE : mesure des volumes de précipitation.

PROBABILITÉ D’OCCURRENCE D’UNE CRUE : inverse de la période de retour d’une crue. Elle est
estimée statistiquement comme le ratio entre « le nombre d’évènements dépassant le niveau
de la crue survenus durant une certaine durée » et « cette durée », sous réserve que celle-ci soit
suffisamment longue.

PROFIL EN LONG : évolution de l’altitude du fond d’un chenal en fonction de l’abscisse longitu-
dinale de ce dernier.

PROFIL EN TRAVERS : évolution de l’altitude de la section du chenal dans un plan perpendicu-


laire à l’axe principal d’écoulement.

PROJET : dans ce guide, la notion de projet porte par défaut sur tout type de construction,
d’ouvrage, d’aménagement ou d’exploitation agricole, forestière, artisanale, commerciale ou in-
dustrielle (afin d’intégrer l’ensemble des éléments définis à l’article L. 562-1 du code de l’environ-
nement).

REFUGE (ZONE, ESPACE OU NIVEAU) : une zone refuge est un espace à l’intérieur du logement,
situé au-dessus de la cote de référence, permettant la mise en sécurité des occupants pendant
l’évènement. Sa création et son aménagement sont spécifiques à chaque bâtiment. Elle répond
cependant aux critères suivants :

„ elle est accessible depuis l’intérieur du logement dans des conditions défavorables : sans
électricité, sans lumière, de nuit, et dans l’eau ;

„ elle permet aux occupants de se signaler, et est accessible depuis l’extérieur par les secours ;

„ elle permet aux occupants d’attendre en toute sécurité leur évacuation ou la fin de la crue ;

„ la structure du bâtiment portant la zone refuge est en capacité de résister à l’aléa de réfé-
rence.

147 | 159
RENOUVELLEMENT URBAIN : les opérations de renouvellement urbain sont des opérations des-
tinées à requalifier et renouveler (via des démolitions / reconstructions) une zone déjà urbanisée,
dans le but de « refaire la ville sur la ville ». Cette opération peut être de taille variable à l’échelle
d’un quartier, d’un groupe de parcelles, voire, dans certains cas particuliers, d’une seule parcelle.
Une opération de renouvellement urbain peut couvrir tout type de zone urbanisée : des bâti-
ments à usage d’habitation, des bâtiments publics, des bâtiments commerciaux, des bâtiments
industriels (zones industrielles), des activités économiques, etc.

REPÈRES DE CRUES (HISTORIQUES) : témoignages placés ou gravés à la suite d’une crue (le plus
souvent forte). Ils portent la date de l’évènement et le niveau atteint par les eaux. Ils sont ma-
térialisés de diverses façons (repères normalisés, plaques, marques inscrites dans la pierre, voire
traits de peinture). Les repères établis postérieurement au 16 mars 2005 doivent être conformes
au modèle défini par un arrêté conjoint du ministre chargé de la prévention des risques majeurs
et du ministre chargé de la sécurité civile (article R. 563-14 du code de l’environnement). Les
zones exposées au risque d’inondation doivent comporter un nombre de repères de crues qui
tient compte de la configuration des lieux, de la fréquence et de l’ampleur des inondations et
de l’importance de la population fréquentant la zone (article R. 563-11 du code de l’environne-
ment). Les repères de crues sont répartis sur l’ensemble du territoire de la commune exposée aux
crues et sont visibles depuis la voie publique. Leur implantation s’effectue prioritairement dans
les espaces publics, notamment aux principaux points d’accès des édifices publics fréquentés
par la population (article R. 563-12 du code de l’environnement). Une fois répertoriés, les relevés
sont nivelés par un géomètre ou directement par le bureau d’études au cours de sa visite sur le
terrain. L’article R. 563-15 du code de l’environnement prévoit que la liste des repères de crues
existant sur le territoire de la commune et l’indication de leur implantation sont incluses dans
le document d’information communal sur les risques majeurs prévu à l’article R. 125-11 du code
de l’environnement. Une plateforme nationale collaborative recense les repères sur le territoire
national (site « repère de crues »).

RESSUYAGE : en hydrologie, ce terme est utilisé :

„ pour désigner les écoulements, généralement très retardés, se produisant tout à la fin d’une
crue ;

„ par extension, pour parler de la fin de la vidange d’un ouvrage de stockage ou d’une zone
d’expansion des crues.

RIVIÈRE TORRENTIELLE : type de cours d’eau torrentiel fréquent en fond de vallée. Elles pré-
sentent la caractéristique principale de divaguer et de générer des dommages par érosion de
berge et de versant. Leur pente est toujours inférieure à 6 % et souvent supérieure à 1 %.

RISQUE : un risque est la conjugaison d’un aléa (résultant par exemple d’une inondation) et d’en-
jeux, plus ou moins vulnérables au regard de l’aléa.
Aléa Risque
Enjeu
Phénomène, naturel ou Conjugaison d’une aléa et d’un
Personnes, biens, activités,
technologique, plus ou moins enjeu exposé à l’aléa.
patrimoine, etc.
probable sur un espace donné. Exemple : conséquences de
Exemple : une zone urbanisée.
Exemple : une inondation. l’inondation sur la zone urbanisée.

Vulnérabilité d’un enjeu au regard d’un aléa : dommages de l’aléa sur l’enjeu
Illustration 46 : croisement des aléas et des enjeux.

148 | 159
RUISSELLEMENT : écoulement, surfacique (diffus), ou linéaire (concentré) concernant un terri-
toire dont le bassin versant amont a un temps de réponse court (usuellement, quelques heures).

SCÉNARIO DE RÉFÉRENCE : le scénario de référence correspond à la description globale du


type d’évènement dont le PPRi cherche à prévenir les conséquences. C’est une représentation,
construite soit en s’appuyant sur un évènement historique bien documenté, soit à partir d’un
évènement théorique de fréquence centennale. Il est généralement décrit par une période de
retour, un débit de pointe de référence à une localisation donnée, des hydrogrammes de crue
aux points d’intérêt du réseau, et parfois des paramètres secondaires.

SOUS-SCÉNARIO : un sous-scénario est une déclinaison possible du scénario de référence liée à


la présence d’éléments anthropiques ou naturels. Dans le cadre d’un PPRi, plusieurs sous-scéna-
rios sont définis et étudiés de manière à ce que le PPRi prenne in fine en compte les différents
modes de fonctionnement possibles des éléments anthropiques et naturels du territoire d’étude
en cas de survenue du scénario de référence. Il s’agit par exemple de sous-scénarios de tenue
et de défaillance d’ouvrages de protection, d’obstruction de pont ou de formation d’embâcles.

SERVICE DE PRÉVISION DES CRUES : service dont les agents (les prévisionnistes) surveillent les
cours d’eau et réalisent des prévisions sur le territoire couvert par le SPC, conformément à leur
règlement de surveillance, de prévision et de transmission de l’information sur les crues (RIC). Ils
participent également aux évolutions majeures pilotées par le service central d’hydro-météoro-
logie et d’appui à la prévision des inondations (Schapi) en termes de modélisation et d’améliora-
tion des outils de prévision. Ces services sont, pour la plupart, rattachés aux directions régionales
ou interrégionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL).

SUBSTRATUM : formation géologique sous-jacente à une couverture sédimentaire.

Sur-aléa : aléa résultant de la défaillance d’un élément naturel ou anthropique lors d’un évène-
ment (par exemple, une rupture de digue) et dont le niveau est supérieur à celui de l’aléa que le
même évènement aurait engendré en l’absence de cet élément naturel ou anthropique.

TALWEG : ligne qui relie les points les plus bas d’une vallée.

TEST DE SENSIBILITÉ : test dont l’objectif est d’évaluer dans quelle mesure des incertitudes rela-
tives à des hypothèses se répercutent sur les résultats associés. Exemples : sensibilité des intensi-
tés au regard des estimations de débits, des choix de coefficients de rugosité ou des hypothèses
sur la prise en compte d’embâcles. En pratique, plusieurs modélisations, correspondant aux dif-
férentes hypothèses, sont réalisées, et une comparaison des résultats est effectuée.

TEMPS DE CONCENTRATION (OU DURÉE CARACTÉRISTIQUE OU TEMPS DE RÉPONSE) D’UN


BASSIN VERSANT : durée nécessaire pour qu’une goutte d’eau ayant le plus long chemin hydrau-
lique à parcourir parvienne jusqu’à l’exutoire. Il dépend notamment de la taille et de la forme du
bassin versant, de la topographie et de l’occupation des sols.

TORRENT : type de cours d’eau torrentiel fréquent dans les zones de reliefs importants. Ses
caractéristiques morphologiques usuelles sont un bassin versant ne dépassant pas quelques di-
zaines de km², des pentes souvent très fortes en partie supérieure (plusieurs dizaines de %) à
fortes vers l’exutoire (au moins 1 à 2 % et souvent plus de 5 à 6 %) et des entités morphologiques
typiques (le bassin de réception supérieur, le chenal d’écoulement en partie médiane et le cône
de déjection à l’exutoire).

149 | 159
TRANSPARENCE HYDRAULIQUE : la transparence hydraulique est l’aptitude que possède un
ouvrage, une construction ou un aménagement à ne pas faire obstacle aux mouvements des
eaux. Un aménagement transparent n’amplifie pas le niveau des plus hautes eaux, ne réduit pas
la zone d’expansion des crues, n’allonge pas la durée des inondations ou n’augmente pas leur
étendue, ne génère pas de perturbation significative du régime hydraulique du cours d’eau et
n’accélère pas les vitesses d’écoulement des eaux.

TRANSPORT SOLIDE : mise en mouvement et transport de matériaux solides par les écoule-
ments. Les matériaux solides transportés peuvent être de tailles très variables (de la particule
sédimentaire au bloc rocheux de plusieurs tonnes).

UNITÉ D’HYDROMÉTRIE : basées dans les D(R)EAL, ces unités sont chargées de l’installation et
de l’entretien des dispositifs de mesure hydrométriques. Elles réalisent également les mesures
directes de débits (jaugeages), critiquent les données et alimentent la banque de données sur
l’eau (Hydroportail).

VULNÉRABILITÉ À L’INONDATION : la vulnérabilité d’un enjeu (personne, bien, activité, patri-


moine, etc.) à l’inondation peut être définie comme la propension de cet enjeu à être affecté
par une inondation. Elle dépend à la fois de l’exposition à l’aléa (et notamment de l’intensité de
l’aléa au niveau de l’enjeu) et de la manière dont l’enjeu est adapté à l’inondation. La réduction
de la vulnérabilité consiste à limiter cette exposition et à atténuer les effets d’une inondation via
des mesures de prévention.

ZONES D’EXPANSION DES CRUES : secteurs peu ou pas urbanisés, inondables, pouvant stocker
des volumes d’eau importants.

150 | 159
7.8. Liste des sigles et abréviations
ADS application du droit des sols
AE autorité environnementale
ARS agence régionale de santé
AU à urbaniser
AZI atlas des zones inondables
BDHI base de données historiques sur les inondations
BRGM bureau de recherches géologiques et minières
CAA cour administrative d’appel
CAR comité de l’administration régionale
CCR caisse centrale de réassurance
centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et
Cerema
l’aménagement
CES coefficient d’emprise au sol
CGDD commissariat général au développement durable
CLE commission locale de l’eau
CMI commission mixte inondation
CNIG Conseil national de l’information géographique
CNPF Centre national de la propriété forestière
COVADIS Commission de validation des données pour l’information spatialisée
CRPF centre régional de la propriété forestière
CU centre urbain
DICRIM documents d’information communale sur les risques majeurs
DDRM dossier départemental des risques majeurs
DDT(M) direction départementale des territoires (et de la mer)
DEAL direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement
DGALN direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature
DGPR direction générale de la prévention des risques
DGI direction générale des impôts
DREAL direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement
EDD étude des dangers
EDF Électricité de France
EEA Agence européenne pour l’environnement (European environment agency)
EPAGE établissements publics d’aménagement et de gestion de l’eau
EPTB établissement public territorial de bassin
EPCI établissement public de coopération intercommunale
EPCI-FP établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre

151 | 159
FPRNM fonds de prévention des risques naturels majeurs (fonds « Barnier »)
gestion assistée des procédures administratives relatives aux riques naturels (applica-
GASPAR
tion permettant de suivre différentes procédures, dont les PPR)
GEMAPI compétence de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations
GIEC groupe d’experts intergouvernemental sur l’évlution du climat
IAL informations de acquéreurs et des locataires
ICPE installations classées pour la protection de l’environnement
IGN Institut national de l’information géographique et forestière
INSEE Institut national de la statistique et des études économiques
INRAE Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
IOTA installations, ouvrages, travaux et activités
LIC lignes iso-cotes
LIDAR light detection and ranging
MASA Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire
MNT modèle numérique de terrain
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (anciennes
MTECT
dénominations : MATE, MEDAD, MEDD, MEDDE, MEDDTL, MEEM, METL, MTE, MTES)
NGF nivellement général de la France
OAP orientation d’aménagement et de programmation
ONF Office national des forêts
PAC porter à connaissance
PAPI programme d’actions de prévention des inondations
PCA plan de continuité d’activité
P(I)CS plan (inter)communal de sauvegarde
PER plan d’exposition au risque
PFMS plan particulier de mise en sûreté
PGRI plan de gestion des risques d’inondation
PHEC plus hautes eaux connues
PLU(i) plan local d’urbanisme (intercommunal)
PNR parc naturel régional
PNACC plan national d’adaptation au changement climatique
POA personnes et organismes associés (à l’élaboration du porojet de PPRn)
PPMS plan particulier de mise en sécurité
PPRi plan de prévention des risques d’inondation
PPRL plan de prévention des risques littoraux
PPRn plan de prévention des risques naturels (prévisibles)
PSS plan de surfaces submersibles
RDI référent départemental inondation

152 | 159
RGE référentiel grande échelle
SAGE schéma d’aménagement et de gestion des eaux
SDAGE schéma directeur d’aménagemement et de gestion des eaux
SAMU service d’aide médicale urgente
SARL société à responsabilité limitée
SCHAPI service central d’hydro-météorologie et d’appui à la prévision des inondations
SIDPC service interministériel de défense et de protection civiles
SIE système d’information sur l’eau
SIG système d’information géographique
SCoT schéma de cohérence territoriale
SDIS service départemental d’incendie et de secours
SLGRI stratégie locale de gestion des risques d’inondation
SNGRI stratégie nationale de gestion des risques d’inondation
SPC service de prévision des crues
SRADDET schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires
SRNH service des risques naturels et hydrauliques (service de la DGPR)
SUP servitude d’utilité publique
SYMBHI syndicat mixte des bassins hydrauliques de l’Isère
TIM transmissions des informations aux maires
TRACC trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation
TRI territoire à risque important d’inondation
U urbanisé (zone de PLU(i))
UH unité d’hydrométrie
ZAC zone d’aménagement concerté
ZEC zone d’expansion des crues
ZICH zones inondées par classes de hauteurs d’eau
ZIP zones inondées potentielles

153 | 159
7.9. Index des illustrations, figures et photographies
Illustration 1 : les différents types de cours d’eau..........................................................9
Illustration 2 : crue de l’Ouvèze à Vaison-la-Romaine en 1992 - Photo SDIS 84, source
Cyprès...................................................................................................................................10
Illustration 3 : caserne des pompiers de Sommières le 9 septembre 2002 - Source :
EPTB Vidourle.......................................................................................................................11
Illustration 4 : crue de la Seine à Paris, juin 2016 – Source : EPISEINE.......................12
Illustration 5 : les sept piliers de la prévention des risques (schéma d’après les élé-
ments de la page 5 de la SNGRI)......................................................................................13
Illustration 6 : évolution du nombre de communes couvertes par un PPR traitant
du risque d’inondation par débordement de cours d’eau, ou un dispositif assimi-
lable (PSS, PER, arrêté R. 111-3), depuis 1980 (Source : MTECT, données GASPAR,
décembre 2023).................................................................................................................20
Illustration 7 : répartition géographique des communes couvertes par un PPR trai-
tant un risque d’inondation par débordement de cours d’eau. (Source : MTECT,
données GASPAR, septembre 2023)...............................................................................21
Illustration 8 : démarche générale d’élaboration d’un PPRi (hors procédure d’ap-
plication anticipée)............................................................................................................23
Illustration 9 : articulation générale entre les parties techniques d’un dossier de
PPRi......................................................................................................................................25
Illustration 10 : articulation entre les principales étapes techniques et les princi-
pales étapes administratives............................................................................................27
Illustration 11 : Lit mineur et lit majeur © MEDD – Dossier d’information inonda-
tions (2004).........................................................................................................................32
Illustration 12 : démarche générale de l’étude d’aléa...................................................33
Illustration 13 : exemple d’hydrogramme de crue........................................................46
Illustration 14 : exemple d’un cas de concomitance des évènements centenaux sur
les deux sous bassins..........................................................................................................47
Illustration 15 : exemple d’un cas où les évènements centennaux ne sont pas conco-
mitants entre le cours d’eau principal et l’affluent......................................................48
Illustration 16 : exemple d’un cas où les évènements centennaux ne sont pas conco-
mitants entre le cours d’eau principal et l’affluent......................................................48
Illustration 17 : les différentes origines de ruptures de digues (source : DGPR/SRNH,
d’après schémas du Symbhi)............................................................................................52
Illustration 18 : rupture de la digue de La Mosson à Maurin (Hérault) en 2002, pro-
voquant des fosses d’érosion et une dynamique très forte pouvant détruire des
habitations à l’arrière de la digue (Source : DRE Languedoc-Roussillon)..................53
Illustration 19 : exemple de fosse d’érosion...................................................................53
Illustration 20 : création d’embâcles en amont d’un pont à Morlaix en juin 2018
(Source : Morlaix communauté).......................................................................................56
Illustration 21 : maillage d’un modèle 1D filaire entre la Vendage et Paulhac (43)
(Source : Cerema)...............................................................................................................60

154 | 159
Illustration 22 : représentation du modèle 1D-casiers réalisé avec le plugin Mascaret
autour de la commune de Chatillon-sur-Seine (21) (Source : Cerema)......................61
Illustration 23 : maillage d’une modélisation 2D de la confluence entre la Sumène
et le Marilhou (15) (Source : Cerema)..............................................................................62
Illustration 24 : couplage 1D/2D latéral et longitudinal : modélisation de l’Angaud
et du Ranquet sur la commune de Billom (63) (Source : Cerema).............................63
Illustration 25 : coupe transversale d’une vallée mettant en relation la plaine allu-
viale, les terrasses anciennes et les versants (d’après Masson et al., 1996)..............66
Illustration 26 : articulation entre les différentes méthodes de caractérisation de
l’aléa.....................................................................................................................................68
Illustration 27 : exemples d’inondations avec des hauteurs d’eau limitées à très
importantes ; de gauche à droite : Bergerac en juin 2018 (Source : Mairie de
Bergerac), Salies-de-Béarn en juin 2018 (Source : Cerema Sud-Ouest) et Rivière
Salée en novembre 2015 (Source : DEAL Martinique)..................................................69
Illustration 28 : vitesses d’écoulement élevée à Salies-de-Béarn en juin 2018 (Source :
« Sud-Ouest », Roselyne Montagut)................................................................................69
Illustration 29 : possibilité de déplacement des personnes en fonction de la hauteur
d’eau et de la vitesse d’écoulement (source : direction départementale de l’équi-
pement du Vaucluse, repris dans la note complémentaire PPR inondation – Ruissel-
lement urbain, (MEDD, 2004)).........................................................................................72
Illustration 30 : bande de précaution à l’arrière d’un ouvrage (largeurs par défaut).
Source : DGPR/SRNH.......................................................................................................76
Illustration 31 : la largeur des bandes de précaution en fonction de la hauteur de
mise en charge du système d’endiguement. Source : DGPR/SRNH...........................78
Illustration 32 : exemple d’extrait de carte d’aléa de référence (extrait du PPRi du
Drac (Isère) approuvé en 2023 : niveau d’aléa (page entière), hauteurs (à gauche ;
en bleu et vert : hauteurs faibles et moyennes ; en rouge et violet : hauteurs élevées
et très élevées), vitesses d’écoulement (à droite ; en bleu et vert : vitesses d’écoule-
ment faibles et moyennes ; en rouge et violet : vitesses d’écoulement élevées et très
élevées)...........................................................................................................................80-81
Illustration 33 : les niveaux d’urbanisation et les zones de bâti du PPRi de l’Écailin
(59), et leurs étapes de définition...............................................................................88-89
Illustration 34 : exemple de carte des enjeux du PPRi de la vallée de la Bièvre et du
ru de Vauhallan (91). (Source : DDT de l’Essonne)........................................................90
Illustration 35 : PPRi du Cher rural, extrait des cartes du zonage règlementaire...101

Illustration 36 : extrait du zonage réglementaire du PPRi du Drac (38) sur la com-


mune de Fontaine : la cote de référence est représentée ponctuellement selon un
carroyage à maille constante..........................................................................................102

Illustration 37 : extrait de la carte des cotes C - PPRi Isère Amont (38)..................103

Illustration 38 : inondation d’un parking souterrain en Meurthe-et-Moselle (Grémil-


lon, mai 2012). (Source : Cerema)...................................................................................112

155 | 159
Illustration 39 : travaux de réduction de la vulnérabilité des habitations indivi-
duelles. Source : référentiel de travaux de prévention du risque d’inondation dans
l’habitat existant (MELT/MEDDE, 2012)........................................................................120

Illustration 40 : exemple de mesures de réduction de vulnérabilité des entreprises


(© DREAL Auvergne-Rhône-Alpes).................................................................................121

Illustration 41 : les bassins hydrographiques français. Source : MTECT, Direction de


l’eau.....................................................................................................................................128

Illustration 42 : exemples indicatifs de niveaux d’aléa en fonction de hauteurs


d’eau et de vitesses d’écoulement, pour différentes vitesses de montée des eaux.
En haut : pour des vitesses de montée des eaux faibles. En bas : pour des vitesses
de montée des eaux élevées...........................................................................................129

Illustration 43 : schéma permettant de déterminer la limite supérieure des renfor-


cements et/ou des surélévations de plancher, en cas de petits talwegs ou petites
cuvettes..............................................................................................................................139

Illustration 44 : schémas permettant de déterminer la limite supérieure des ren-


forcements, en cas de terrassements en déblais ou remblais...................................140

Illustration 45 : profil en long schématique représentant la manière de déterminer


la profondeur minimale de fondation (P).....................................................................141

Illustration 46 : croisement des aléas et des enjeux...................................................148

156 | 159
7.10. Index des tableaux
Tableau 1 : périmètre du guide méthodologique pour l’élaboration des plans de
prévention des risques d’inondation par débordement de cours d’eau...................17

Tableau 2 : les caractéristiques des inondations (lentes/rapides).............................32

Tableau 3 : probabilité qu’une crue de fréquence donnée se produise ou soit dépas-


sée au moins une fois sur une période donnée.............................................................43

Tableau 4 : comparaison des différents types de modèles numériques


hydrauliques..................................................................................................................64-65

Tableau 5 : niveaux indicatifs de dynamique en fonction des vitesses d’écoulement


et des vitesses de montée des eaux................................................................................71

Tableau 6 : modalités de qualification des niveaux d’aléa d’inondation par débor-


dement de cours d’eau (pour deux niveaux de dynamique, cas général hors spéci-
ficités relatives aux ouvrages faisant obstacles à l’écoulement). (D’après l’arrêté du
5 juillet 2019).......................................................................................................................71

Tableau 7 : modalités de qualification des niveaux d’aléa d’inondation par débor-


dement de cours d’eau (pour trois niveaux de dynamique, cas général hors spécifi-
cités relatives aux ouvrages faisant obstacles à l’écoulement). (D’après l’arrêté du
5 juillet 2019).......................................................................................................................72

Tableau 8 : correspondance entre niveau d’aléa et dommages prévisibles sur des


« enjeux-type »..............................................................................................................73-74

Tableau 9 : exemple illustratif théorique d’analyse de l’exposition d’un territoire...84

Tableau 10 : principes généraux de construction des zonages réglementaires en


fonction du niveau d’aléa et du niveau d’urbanisation, définis à l’article R. 562-11-
6 du code de l’environnement.........................................................................................93

Tableau 11 : synthèse relative aux configurations éligibles aux exceptions sur de-
mande de la collectivité et sous conditions, définies à l’article R. 562-11-6 du code
de l’environnement...........................................................................................................94

Tableau 12 : les principes de traduction réglementaire........................................98-99

Tableau 13 : liste de base de données pouvant être utiles pour l’analyse des
enjeux.................................................................................................................................130

Tableau 14 : proposition de grille pour l’évaluation de la réduction de


vulnérabilité................................................................................................................131-138

157 | 159
7.11. Bibliographie
 Bessière H., Brugeron A., Bourgine B., Papageorgiou E., Foumelis M. (2020) – Guide méthodologique
pour l’établissement de cartes de sensibilité aux remontées de nappe à l’échelle locale. Rapport final.
BRGM/RP-69653-FR, 199 p., 58 ill., 5 tabl. 7 ann.

 CCR, 2023. La prévention des catastrophes naturelles par le fonds de prévention des risques naturels
majeurs, édition 2023, 60 p.

 CCR, 2020. Les catastrophes naturelles en France de 1982 à 2019 Bilan du régime d’indemnisation
des risques de catastrophes naturelles depuis sa création en 1982, Juin 2020.

 CCR, 2019. Les catastrophes naturelles en France de 1982 à 2018 Bilan du régime d’indemnisation des
risques de catastrophes naturelles depuis sa création en 1982, Juin 2019, 100 p.

 Cerema, 2016. Référentiel national de vulnérabilité aux inondations, DGPR, Cepri, juin 2016, 176 p.

 Cerema, mai 2017. Collecte d’informations sur le terrain suite à une inondation – Guide méthodolo-
gique, 69 p.

 Cerema, 2022. Opérations de renouvellement urbain avec réduction de vulnérabilité en zone inon-
dable. Repères à l’attention des services de l’État et des collectivités territoriales. DGPR, 26 p.

 IGEDD, Pinauldt, M-E., Torterotot, J-P., 2023, Circonstances des décès dus aux inondations, rapport
n°014349-01.

 Chocat et Eurycide 92, 1997, Encyclopédie de l’hydrologie urbaine et de l’assainissement, Paris, Tech-
nique et documentation-Lavoisier, 1124 p.

 CSTB, 2014, Impacts des inondations sur le cadre bâti et ses usagers, 46 p.

 Descamp, M., Maurin, J., 2008, Reconnaissance et caractérisation des brèches anciennes dans les
digues de la Loire.

 INERIS, 2014. Référentiel méthodologique concernant la maîtrise du risque inondation dans les ins-
tallations classées. Rapport d’étude du 13/06/2014 N° DRA-14-141515-03596A, 147 p.

 Masson, M., G. Garry et J.-L. Ballais, 1996, Cartographie des zones inondables : approche hydro-
géomorphologique, ministère de l’Équipement, ministère de l’Environnement, Les Éditions Villes et
Territoires, Paris La Défense, 100 p.

 MATE, METL, 1999. Plans de prévention des risques naturels (PPR) – risques d’inondation – Guide
méthodologique.126 p.

 Maurin, J., Boulay, A., 2014, Études de danger des digues de classe A de la Loire : étude des brèches
historiques, congrès SHF : « Grands transitoires hydrauliques ».

 MEDAD, 2007. Guide méthodologique pour le pilotage des études hydrauliques. Septembre 2007,
ISSN : 2276-0164, 55 p.

 MEEM/MLHD, 2016, Plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPRN), guide géneral, 176 p.

 Ministère de l’Écologie et du Développement Durable (MEDD) (2003) Plans de prévention des risques
naturels (PPR). Guide de la concertation. La Documentation Francaise. 62 p.

158 | 159
 MEDD, 2004. Les risques d’inondation Le ruissellement péri-urbain. Note complémentaire, 64 p.

 MEDD, avril 2007. Guide méthodologique pour l’estimation de la crue centennale dans le cadre des
plans de prévention des risques d’inondations. Direction de la Prévention des Pollutions et des Risques,
avril 2007.

 MEDDE, 2014. Plans de prévention des risques littoraux (PPRL). Guide méthodologique. DGPR, mai
2014, 170 p.

 MEEM, 2005. Éléments pour l’élaboration des plans de prévention du risque inondation. La mitiga-
tion en zone inondable – réduire la vulnérabilité des biens existants. Document d’étape, mars 2005.
54 p.

 MEEM/MAAF, 2016. Prise en compte de l’activité agricole et des espaces naturels dans le cadre de la
gestion des risques d’inondation. Guide destiné aux acteurs locaux. Volet activité agricole – version 2,
édition avril 2016 – Mise à jour juillet 2018, 126 p.

 MEEM/MLHD, 2016. Plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPRn). Guide général. 178 p.

 METL/MEDDE, juin 2012, Référentiel de travaux de prévention du risque d’inondation dans l’habitat
existant, https://www.georisques.gouv.fr/sites/default/files/2022-08/DGALN_referentiel%20Inondation.
pdf.

 MTES, 2019. Modalités d’application du décret n° 2019-715 du 5 juillet 2019 relatif aux plans de pré-
vention des risques concernant les « aléas débordement de cours d’eau et submersion marine » Décret
PPRi, Novembre 2019, 16 p.

159 | 159
MINISTÈRE
DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE
ET DE LA COHÉSION
DES TERRITOIRES

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE POUR L’ÉLABORATION


DES PLANS DE PRÉVENTION DES RISQUES D’INONDATION
PAR DÉBORDEMENT DE COURS D’EAU
(HORS COURS D’EAU TORRENTIELS)

Direction générale de la prévention des risques


Service des risques naturels et hydrauliques
Sous-direction de la connaissance des aléas et de la prévention
Bureau des risques d’inondation et littoraux
Conception graphique : Benoit Cudelou (SG/DAF/SAS/SETI/SETI2.2).
Impression : atelier de reprographie de l’Arche (SG/DAF/SAS/SETI/SETI2.3).

Tour Séquoia, 1 place Carpeaux 92800 Puteaux.


Tél. : 01 40 81 21 22
www.ecologie.gouv.fr

Édition 2024

Vous aimerez peut-être aussi

pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy