1533-Article Text-5381-1-10-20240207
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ISSN: 2665-7473
Volume 5 : Numéro 2
EL KEZAZY Hamza
Doctorant
Ecole Nationale de Commerce et de Gestion
Université Ibn Tofail
Laboratoire de Recherche en Sciences de gestion des organisations
MAROC
elkezazy.hamza@gmail.com
Résumé :
Cette étude explore l'impact de l'adoption d'outils de gestion du secteur privé sur la gouvernance
des organisations publiques, en se concentrant sur les collectivités territoriales. En intégrant des
concepts tels que le contrôle de gestion, le nouveau management public et la bonne
gouvernance, l'objectif est de comprendre dans quelle mesure le contrôle de gestion territorial
contribue à améliorer la gouvernance des collectivités territoriales.
S'inscrivant dans le domaine des Sciences de Gestion, l'étude met en lumière le concept de
bonne gouvernance, promu par des initiatives internationales. L’article explore les évolutions
en cours, interrogeant la persistance des spécificités des organisations publiques par rapport aux
entreprises privées.
Mots clés : Collectivités territoriales; outils contrôle de gestion ; bonne gouvernance;
Nouveau Management Public.
Abstract:
This study explores the impact of adopting private sector management tools on the governance
of public organizations, with a focus on local communities. By integrating concepts such as
management control, new public management, and good governance, the objective is to
understand to what extent territorial management control contributes to enhancing the
governance of local communities.
Situated in the field of Management Sciences, the study highlights the concept of good
governance, promoted by international initiatives. The article examines ongoing developments,
questioning the persistence of specificities in public organizations compared to private
enterprises.
Keywords: Local government entities; management control tools; good governance; New
Public Management.
Introduction
Cette étude vise à comprendre l'impact de l'adoption d'outils de gestion du secteur privé sur la
gouvernance des organisations publiques, en se concentrant sur les collectivités territoriales. En
intégrant des concepts tels que le contrôle de gestion, le nouveau management public et la bonne
gouvernance, l'objectif central est de répondre à la question : "Dans quelle mesure le contrôle
de gestion territorial contribue-t-il à l'amélioration de la gouvernance des collectivités
territoriales ?" L'approche interdisciplinaire est soulignée pour appréhender ces dynamiques
complexes.
La recherche s'inscrit dans le domaine des Sciences de Gestion, en mettant en lumière le concept
de bonne gouvernance, promu par des initiatives internationales pour favoriser la démocratie,
la transparence, la responsabilité et la participation citoyenne. La revue de la littérature explore
les évolutions en cours et s'interroge sur la persistance ou la disparition des spécificités des
organisations publiques par rapport aux entreprises privées.
Cet article expose l'objet de la recherche, examinant la participation du contrôle de gestion
territorial à la bonne gouvernance des établissements publics, avec une revue de la littérature
orientée vers la compréhension des entités publiques marocaines. Cet article sera divisé en trois
section : premièrement, soulignant l'impact du nouveau management public et des outils de
contrôle de gestion sur la gouvernance des collectivités territoriales. Deuxièmement nous
explorons l'émergence du contrôle de gestion dans ces collectivités, mettant en lumière les
avantages et défis associés à son utilisation. Le dernier point se penche sur le rôle spécifique du
contrôleur de gestion territorial.
Nous visons à éclairer les questions liées au contrôle de gestion, au nouveau management public
(NMP), et à la bonne gouvernance dans le secteur public en procédant à une revue de littérature.
Cette démarche permet de concentrer l'attention sur ces concepts cruciaux dans le contexte des
réformes mondiales des organisations du secteur public, souvent désignées sous le terme de
"nouveau management public"(Barzelay, 2001 ; Hood, 1995). Cette évolution a pris racine
initialement dans les pays développés, mais a progressivement trouvé application dans certaines
économies en développement au cours des années 90.
Le contrôle de gestion dans le secteur public est défini comme un processus visant à surveiller
et gérer les activités et les ressources gouvernementales, avec pour objectif d'assurer une mise
en œuvre efficace des politiques publiques, une optimisation des ressources et la réduction des
risques pour les citoyens.
Le nouveau management public, en tandem avec la bonne gouvernance, émerge comme un
cadre essentiel pour améliorer l'efficacité et la qualité des services publics. Il met l'accent sur
des principes tels que la responsabilité, la collaboration, et l'engagement envers la qualité des
services, afin de répondre aux besoins et aux attentes des citoyens.
La bonne gouvernance, quant à elle, est considérée comme fondamentale pour renforcer la
confiance des citoyens dans les institutions publiques. Elle implique une culture d'intégrité, de
transparence, de responsabilité, ainsi qu'une mise en œuvre rigoureuse des processus de
contrôle et de surveillance pour garantir l'efficacité et la qualité des services publics.
L'examen de la littérature s'articulera autour de la relation entre la bonne gouvernance et le
contrôle de gestion, puis se penchera sur le cadre théorique du nouveau management public et
de la bonne gouvernance, notamment dans le contexte des administrations publiques, dans
l'optique de moderniser le secteur public.
Le contrôle de gestion est une composante essentielle de la gestion efficace au sein d'organismes
publics et privés à l'échelle mondiale. Il englobe l'organisation, les règles et les procédures
visant à garantir l'atteinte des résultats escomptés des programmes publics, l'alignement des
ressources sur les objectifs déclarés, la protection contre le gaspillage, la fraude et la mauvaise
gestion, ainsi que la prise de décision éclairée grâce à la collecte, l'archivage, la communication
et l'utilisation opportune d'informations fiables. Le contrôle de gestion s'avère ainsi crucial pour
assurer une gestion transparente et efficace des activités, quel que soit le secteur d'activité ou la
taille de l'organisation concernée.
1.1.1- Concepts clés du contrôle de gestion
Cet article offre un aperçu historique de l'évolution du contrôle de gestion, explorant ses
diverses fonctions, missions et objectifs, tout en examinant son positionnement au sein de
l'organisation par rapport à d'autres formes de contrôle et fonctions. Le contrôle est analysé
comme le respect d'une norme, impliquant des sanctions ou récompenses dans un processus
dynamique intégré à la gestion. Le contrôle de gestion, en tant que processus défini, permet aux
gestionnaires de prendre des décisions éclairées, offrant une approche de supervision des
intervenants au sein de la structure. Doté d'outils de calcul, d'analyse et de soutien à la prise de
décision, il sert de pilote pour les produits, activités et processus organisationnels en alignement
avec les objectifs fixés. En tant qu'outil de gestion, il facilite la réflexion, les prises de décision
et les actions des gestionnaires à différents niveaux hiérarchiques.
• Aperçu historique de l’évolution du contrôle de gestion
L'aperçu historique de l'évolution du contrôle de gestion remonte à l'apparition de l'écriture en
Mésopotamie vers 3300 avant J.C., marquant le début de la gestion des terres et des troupeaux.
Cette nécessité conduisit à l'élaboration d'une comptabilité pour contrôler les relations
économiques, établissant ainsi la première représentation écrite des nombres. L'histoire des
coûts remonte au XVe siècle, avec des évolutions notables pendant la révolution industrielle,
passant du système de putting-out au système factory.
Au XIXe siècle, la comptabilité industrielle émerge, suivie par la comptabilité analytique
d'exploitation vers 1915 avec l'OST de F. Taylor. Actuellement, le terme "comptabilité de
gestion" englobe toutes les démarches permettant aux gestionnaires de bien connaître les coûts
au sein de leur organisation. Le contrôle de gestion, lié à la phase d'industrialisation du début
du XXe siècle, émerge avec la croissance des unités de production. Les premières formes de
contrôle de gestion évoluent pour répondre aux enjeux de délégation des tâches et de contrôle
des résultats.
Après l'analyse des coûts, les entreprises introduisent des budgets prévisionnels et réels pour
contrôler les réalisations et mesurer les écarts, associant souvent le contrôle de gestion au
contrôle budgétaire. Dans un contexte de croissance, le contrôle de gestion devient essentiel
pour aider les gestionnaires à prendre des décisions éclairées, superviser les acteurs de la
structure et relever les défis liés au développement des produits et services.
la capacité d'intermédiation et d'intervention dans les secteurs sociaux pour lutter contre les
fractures géographiques et les disparités économiques et sociales à l'échelle nationale.
• L’élargissement des attributions économiques, sociales et culturelles du conseil
communal
Selon les rédacteurs de la note de présentation des lois, la réussite de toute réforme est
étroitement liée à la qualité de la gouvernance, soulignant l'importance d'assurer l'accès aux
responsabilités locales à une élite de qualité. La charte communale s'inscrit dans cette logique
en visant une meilleure gouvernance locale, une amélioration de l'efficacité de l'administration
communale, et le renforcement des outils de coopération et de partenariat.
Dans le cadre de la troisième vague de réformes depuis 2011, marquée par des contraintes
financières et des besoins croissants de la population, plusieurs pays ont entrepris des réformes
structurelles axées sur la consolidation de la bonne gouvernance, le développement du capital
humain, et le renforcement des mécanismes de solidarité sociale et spatiale. Ces réformes
englobent des principes de bonne gouvernance, notamment en matière de finances publiques,
avec un accent sur la reddition des comptes, le contrôle et l'évaluation des politiques publiques.
La réforme transformationnelle de l'administration publique vise une transformation
structurelle multidimensionnelle autour de quatre axes : organisationnel, managérial,
numérique et éthique. Elle s'appuie sur des dispositions constitutionnelles, des orientations
générales, les technologies de l'information et de la communication (TIC), le concept du
citoyen-usager, et la transparence. Des progrès ont été réalisés dans certains projets, notamment
la numérisation de services ministériels, mais des défis persistent, notamment en matière de
gestion des ressources humaines. L'engagement politique et la participation des fonctionnaires
sont considérés comme essentiels pour la réussite de ce processus de réforme de l'administration
publique, qui est encore au stade initial de la mise en œuvre de ses projets. Des études sur les
défis liés à la modernisation des systèmes de management au sein des administrations publiques
sont jugées nécessaires pour atteindre les objectifs de mise à niveau de l'appareil administratif.
1.2- cadre théorique du NMP et de la bonne gouvernance
Ce chapitre explore le concept du Nouveau Management Public (NMP), ses origines, ses
fondements, ainsi que les critiques qui lui sont adressées. Les auteurs cités incluent Savoie
(1994, 2008), Hoggett (1991), Hood (1991, 1995), Osborne et Gaebler (1992), Pollitt (1990,
2003), Dunleavy et al. (2006), Denhardt et Denhardt (2000), Eagle (2005), Kaboolian (1998),
Sarker (2006), Gualmini (2008), Samaratunge et al. (2008).
La tension entre le NMP et la bonne gouvernance, notamment une bonne administration
publique, est soulignée par Savoie (1994), et cette préoccupation persiste. La dynamique des
trois dernières décennies a présenté un défi majeur pour les structures et les pratiques
traditionnelles de la fonction publique, ainsi que pour les réformes introduites par le courant du
NMP.
Le NMP, provenant du secteur privé, est perçu comme un modèle mondial. Il vise à améliorer
l'efficacité et l'économie dans la gestion des ressources publiques, mettant l'accent sur la
gestion, la séparation entre l'élaboration des politiques et la prestation des services, et l'adoption
de pratiques du secteur privé. Les origines du NMP remontent à des réformes administratives
antérieures visant à améliorer la qualité des services publics et à les rendre plus axés sur les
clients et les consommateurs.
Les travaux de Hood (1991, 1995), Dunleavy et al. (2006), et Osborne et Gaebler (1992)
soulignent l'importance d'adopter des pratiques du secteur privé, mettant l'accent sur l'efficacité,
la responsabilité individuelle, la séparation des politiques et de la prestation de services, et
l'orientation client. Des auteurs comme Pollitt (1990), Denhardt et Denhardt (2000), et Hood
(1998) expliquent que le NMP vise à réaliser des économies, à améliorer la qualité des services
publics et à accroître l'efficacité des opérations gouvernementales.
La mise en œuvre du NMP a varié selon les pays, mais le modèle est devenu un paradigme
dominant dans le domaine du management public. Les principaux éléments du NMP incluent
un consensus sur les mesures de réforme, un paradigme de politique cohérent, des différences
dans la mise en œuvre liées au leadership politique, et une consolidation progressive en tant que
modèle politique dominant.
Le NMP repose sur des principes tels que la focalisation sur l'efficacité, le passage vers des
résultats plutôt que des procédures, des structures décentralisées, la motivation basée sur des
incitations financières, l'adoption du managérialisme, une plus grande autonomie des directeurs
d'agence, des mécanismes de marché, une orientation client, des systèmes de comptabilité
d'exercice, et une réduction de l'influence des groupes professionnels.
1.2.2 Vers une hybridation du mode de fonctionnement des administrations
publiques
Ce passage examine les limites du modèle d'entreprise privée adopté par le Nouveau
Management Public (NMP) et explore l'hybridation comme solution aux défis des
administrations publiques. Les auteurs cités incluent Pollitt et Bouckaert (2011), Groot et
Budding (2008), Dunleavy et al. (2006), Gualmini (2008), et Reed (2002).
Malgré l'optimisme initial, le NMP fait face à des critiques. Pollitt et Bouckaert (2011) et Groot
et Budding (2008) soulignent des contradictions et des incompatibilités avec la réalité du
secteur public. Ces critiques portent sur des aspects tels que le contrôle politique, la flexibilité,
les économies, la responsabilisation du gouvernement, la motivation du personnel, la réduction
du contrôle interne, et d'autres dilemmes.
Certains chercheurs, comme Groot et Budding (2008) et Dunleavy et al. (2006), remettent en
question l'utilité continue du NMP. Ils suggèrent que la vague de réformes est bloquée ou
inversée dans certains pays clés, tandis que d'autres estiment que le NMP est "mort". Les
critiques soulignent également que l'accent sur les résultats peut détourner l'attention de l'impact
réel des activités gouvernementales sur la société.
Une perspective de convergence et divergence persiste. Gualmini (2008) soutient que le NMP
représente une tendance mondiale, mais des divergences subsistent. Les critiques, comme Reed
(2002), soulignent un écart entre les attentes du public et les résultats réels, remettant en
question la capacité du NMP à combler ce fossé.
1.2.3 Changement structurel et culturel du mode de management des
administrations publiques
Le développement du management dans les administrations publiques a entraîné des
changements structurels et culturels, s'inscrivant dans le cadre de la post-bureaucratie et
l'adoption des principes du Nouveau Management Public (NMP).
Changements structurels dans l’administration publique : Avant d'aborder les changements
structurels liés à la post-bureaucratie, il est essentiel de comprendre la nature de la bureaucratie,
notamment selon la théorie de Weber, considérée comme fondamentale (Hughes et al., 2017;
Pollitt, 2003). Weber caractérise l'administration publique par des spécifications fixes des
tâches, une hiérarchie, la prédominance des documents écrits, une formation d'experts, une
occupation à temps plein, une gestion basée sur des règles, la sélection par concours, etc.
Cependant, la bureaucratie a été critiquée pour son inefficacité et ses dysfonctionnements
(Adler et Borys, 1996; De Araújo et Branco, 2009). Ces critiques ont conduit à l'émergence du
NMP, remettant en question la bureaucratie traditionnelle.
Les principes de la bureaucratie idéaliste de Weber, visant la certitude, l'impersonnalité et
l'efficacité, sont associés à la formalisation et à la centralisation. Cependant, ces caractéristiques
peuvent conduire à des attitudes négatives des employés, en particulier en cas de conflit entre
la discipline administrative et le contrôle basé sur la connaissance (Adler et Borys, 1996).
Les critiques de la bureaucratie mettent en lumière ses dysfonctionnements et son inflexibilité
dans des environnements changeants. Dans ce contexte, la gouvernance entrepreneuriale est
présentée comme un nouveau paradigme nécessaire pour le secteur public (Du Gay, 2000).
Ainsi, le passage vers la post-bureaucratie vise à intégrer de nouveaux concepts comme le
partage des connaissances et le management stratégique pour améliorer la gouvernance
(Hughes et al., 2017; Pollitt, 2009b; Walsh, 1995).
Les organisations post-bureaucratiques présentent des caractéristiques telles qu'une hiérarchie
aplatie, un accent sur le consensus, une influence par le savoir, des besoins internes élevés, un
accent sur la mission de l'organisation, une information stratégique, une flexibilité, une
dans le secteur public, initiée par l'administration centrale et incarnée par la Loi Organique
relative aux Lois de Finances (LOLF). Les facteurs contextuels, tels que la situation
économique et la structure organisationnelle, sont fondamentaux pour comprendre cette
émergence du contrôle de gestion dans les collectivités territoriales.
2.1.1 La diffusion du contrôle de gestion dans les collectivités territoriales
Le développement du contrôle de gestion dans les collectivités territoriales est motivé par des
facteurs socio-économiques tels que le taux d'inflation, le chômage, et le coût croissant du
pétrole. Deux types de facteurs, économiques et institutionnels, sont identifiés. Les
représentants territoriaux cherchent à optimiser les dépenses en adoptant des outils de gestion
inspirés du management, en réaction à l'augmentation des dépenses de fonctionnement (Mons,
Pons, 2009). La décentralisation a également conféré aux collectivités territoriales la
responsabilité du contrôle de leurs entités associées (Mons, Pons, 2009). Les pressions accrues
sur les dépenses, résultant des responsabilités transférées par l'État, renforcent la demande
d'informations détaillées sur les coûts et la qualité des services (Carassus, 2003).
Les collectivités territoriales adoptent des pratiques de gestion du secteur privé pour répondre
aux attentes croissantes des citoyens, mais l'autonomie est limitée par le pouvoir de contrôle de
légalité des autorités de tutelle (Guenoun, 2009).
La structure bureaucratique traditionnelle des collectivités territoriales, avec une gestion
centralisée et fonctionnelle, manque de flexibilité dans un environnement mondialisé (Amar,
Berthier, 2007). L'inefficacité de la gestion des ressources humaines est liée à l'absence de
contrôle sur le travail effectué et à une culture d'évaluation insuffisante (Carassus, 2003; Dejean,
Bourassain, Mortreux, 1998). Les lacunes managériales conduisant au contrôle de gestion
incluent l'absence d'outils de suivi et d'évaluation des coûts, les "zones grises" entre
représentants et administrations, l'absence d'outils de mesure de la politique publique, et
l'insuffisance de la nomenclature comptable pour rendre compte de la gestion (Bargain, 2011;
Zampiccioli, 2011).
La dualité hiérarchique entre les sphères politique et administrative génère des conflits de
pouvoir, mettant sous tension la relation entre l'administration et l'exécutif (Zampiccioli, 2011).
L'approche du contrôle de gestion comme outil de légitimation de l'action publique souligne la
nécessité d'une instrumentation pour rendre compte aux tiers (Zampiccioli, 2011).
2.1.2 Le contrôle de gestion dans les collectivités territoriales
La mise en place d'un système de contrôle de gestion dans les collectivités territoriales vise à
rendre des comptes sur la qualité de leur gestion, soutenue par un suivi de leur bonne
L'intégration des principes du Nouveau Management Public dans le secteur public a impulsé
une nouvelle dynamique en matière d'adoption de méthodes de mesure de la performance et de
contrôle de gestion. Ces méthodes ont contribué à la modernisation des organisations publiques
en encourageant une culture d'évaluation des politiques publiques et de gouvernance. Le
contrôle de gestion, initialement un simple outil de suivi stratégique et de maîtrise des coûts, a
évolué vers un instrument essentiel pour la gouvernance organisationnelle (Bouquin, 2008).
L'évolution du contrôle de gestion au fil des décennies est attribuée à la complexité croissante
de l'environnement organisationnel, devenu incertain politiquement, économiquement et
socialement (Bouquin, 2011). Face à ces changements, le contrôle de gestion s'étend au-delà de
la simple comptabilité de gestion, englobant divers types de contrôles utilisés par l'organisation
(Drury, 2013).
En se focalisant sur le passage du contrôle de gestion classique au contrôle moderne, les
transformations paradigmatiques en réponse à un environnement de plus en plus mouvant.
L'approche traditionnelle considère le contrôle de gestion comme une courroie de transmission
mécaniste de la stratégie, tandis que l'approche moderne en fait un outil crucial pour la
gouvernance (Bouquin & Fiol, 2007).
En ce qui concerne les outils du contrôle de gestion classique, des exemples chez General
Motors sont cités, mettant en avant des méthodes financières telles que le pool de trésorerie, la
gestion prévisionnelle perfectionnée, le coût standard, le retour sur investissement (ROI), le
reporting historique et le contrôle budgétaire. Ces outils visent à améliorer la gouvernance en
fournissant des données standardisées pour évaluer la performance (Renard, Nussbaumer, &
Oriot, 2018).
Cependant, les modèles traditionnels du contrôle de gestion présentent des limites, étant
critiqués pour leur lourdeur et leur vision rigide. Ils négligent également des coûts indirects liés
Conclusion
Cet article examine l'évolution des pratiques managériales au sein des organisations publiques,
mettant en lumière la corrélation entre le contrôle de gestion, le nouveau management public
(NPM) et la bonne gouvernance. Ces éléments sont interdépendants pour garantir l'efficacité et
la transparence de l'administration publique. La recherche explore les relations entre le contrôle
de gestion, le NPM et la bonne gouvernance du service public, soulignant leur rôle dans la
promotion d'une culture d'intégrité, de transparence et de responsabilité, essentielle pour
regagner la confiance des citoyens face à la crise de légitimité du service public.
Le NPM, introduit pour moderniser les organisations publiques, s'accompagne de l'adoption du
contrôle de gestion en tant qu'outil de suivi stratégique et d'interface entre le stratégique et
l'opérationnel. L'adaptation du contrôle de gestion au secteur public inclut l'intégration de
nouveaux paramètres pour s'ajuster à cet environnement spécifique. L'article souligne que
l'émergence du contrôle de gestion dans les collectivités territoriales est souvent liée à la
promotion de la bonne gouvernance.
Le contrôle de gestion offre des informations précises sur les coûts et les indicateurs de
performance, aidant les organisations publiques à comprendre leur structure de coûts et à
optimiser les opportunités. Il contribue également à la surveillance des dépenses, à la réduction
des dépenses inutiles et à une utilisation plus efficace des ressources. L'implémentation d'un
système de contrôle de gestion peut favoriser la réalisation des standards de bonne gouvernance
en matière de transparence, de responsabilité et d'efficacité.
L'influence de la culture dominante au sein des organisations publiques est soulignée, jouant un
rôle crucial dans la détermination des modèles de gestion et des outils à adopter. L'étude se
concentre particulièrement sur le rôle spécifique du contrôleur de gestion au sein de la
collectivité locale, tout en reconnaissant l'importance de considérer l'environnement territorial
dans lequel il opère, notamment du point de vue géographique, des ressources et des méthodes
disponibles. L'impact du contrôleur de gestion territorial est exploré en profondeur, mettant en
évidence ses caractéristiques distinctives et son influence dans cet environnement spécifique.
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