DP Bac 2017
DP Bac 2017
DP Bac 2017
dossier de presse
étape 02 Mai
2017
2
3 Sommaire
Intro 05
mondes 09
flottants
Par Emma Lavigne, commissaire invitée
infos
pratiques
49
Étape 02
Mai 2017
4 Intro
5 Intro
édition 2017
la biennale de lyon
Par Thierry Raspail,
Directeur artistique de la Biennale de Lyon
N
ous avons l’habitude de nous représenter les objets encore, « moderne » désigne la seule façon d’être de son époque.
physiques comme possédant des bords fermés. » Baudelaire, pour qui la modernité est pour moitié transitoire
Cette phrase a été écrite en 1915 par John Dewey dans et pour moitié immobile, tout comme Courbet avec le refus de
L’art comme expérience. Il ajoute que cette conviction est son Atelier du Peintre et son « Pavillon du Réalisme », comme
confortée par les pierres, les livres, le commerce et « la Manet à l’Olympia scandaleuse, et Monet l’impressionniste des
science dans ses efforts de mesures précises ». C’est pourquoi soleils levants, tous sont « absolument modernes ».
dit-il, nous l’appliquons sans discuter, persuadés que nous Le contemporain au sens où nous l’entendons aujourd’hui prend
sommes du caractère fermé de tous les objets de l’expérience. source dans les années 1940-50 et s’affirme à l’arrivée du Pop, du
Cependant, à l’inverse, il constate que l’expérience que nous en minimal et du concept dans les années 1960. Il correspond entre
avons à travers notre vision est bien plus vaste et ouverte car elle autre à la fin des avant-gardes et à la tentative de sortie du diktat
est « une partie d’un tout plus large et plus global (et) les marges de la nouveauté. Puis « contemporain » devient « le » contempo-
se fondent dans cette étendue infinie, au-delà de laquelle réside rain. Après Barthes, Giorgio Agamben définit le contemporain
ce que l’imagination appelle l’univers ». comme « l’inactuel » – c’est ce que ne voit pas le mainstream – et
Aujourd’hui, le monde a changé et l’idée s’impose que les c’est « une singulière relation à (notre) propre temps ». Les effets
propriétés de l’espace les plus importantes ne peuvent plus être de tout cela ont profondément modifié notre relation au présent,
définies a priori par des catégories et des ancrages territoriaux à l’aujourd’hui, à l’actuel, au « contemporain », mais aussi, bien
aux bords et aux identités de forteresses imprenables. Ces pro- évidemment, au Moderne et à l’histoire toute entière, futur
priétés sont désormais déterminées par l’écoulement permanent inclus.
de courants et de flux (capitaux, hommes, risques, idées, informa- La question Moderne est aujourd’hui celle d’une modernité infin-
tions…) qui changent en permanence les coordonnées spatiales. iment élargie, à la manière des bords connectés et désormais
En 2005, soit 90 ans après John Dewey, Hartmut Rosa écrit : poreux des « objets de l’expérience ». Elle est réexaminée à l’aune
« L’espace de flux est avant tout constitué par une organisation de des questions posées par les sciences de l’humain, les sciences
centres, fonctionnant en réseaux sans hiérarchie stable, opérant tout court, la raison, les croyances, la cognition, l’universalisme
à l’aide de coagulations temporelles et d’inclusions réversibles. » critique et son envers, le relativisme intégral, la mondialité,
Aujourd’hui, soit douze ans après l’invention des traditions, la
Rosa, ce constat est tout simple- La question Moderne est née au XVIIe machine pétaflopique et l’épuise-
ment banal, car la technique, les
avec la querelle du même nom qui ment des ressources, la montée des
modes de vie, les images, l’inven- intégrismes, l’art…
tion de l’histoire connectée, la s’oppose à l’ancien, et qui ne s’est Ce sont là quelques-unes des
prolifération des objets augmentés jamais véritablement éteinte. raisons pour lesquelles j’ai choisi
aux bords désormais infinis, la de faire de Moderne le fil rouge et
silhouette de l’humain, la réflexion sur la question Moderne, la trame de la trilogie 2015-2019 de la Biennale d’art contempo-
la plasticité des modèles historiques, le monde globalisé et la rain de Lyon. Après des cycles aussi lourds que ceux consacrés
dynamique des réseaux sociaux, ont profondément modifié notre à l’histoire (1991-1995), au global (1997-2001) et à la transmission
rapport aux formes, lesquelles ont perdu leur stabilité. (2009-13), heureusement incarnés avec légèreté par les commis-
La question Moderne est née au XVIIe avec la querelle du même saires que j’ai invités, nous voici au seuil des Mondes flottants.
nom qui s’oppose à l’ancien, et qui ne s’est jamais véritablement En 2015, le Moderne, tome 1 de la Biennale alors écrit par Ralph
éteinte. Le terme « contemporain », dérivé du latin tardif, appa- Rugoff, affleurait sous les couches d’alluvion de l’actualité,
raît à peu près à la même date. Tous deux s’inscrivent dans des laquelle ne pouvait renier son histoire. Le contemporain était
généalogies aux descendances croisées. Mais pour longtemps annexé à La vie moderne, titre de l’édition.
...
6 Intro
En invitant Emma Lavigne pour ce tome 2, j’avais l’assurance Mais la Biennale, c’est aussi Rendez-vous 17. L’exposition
qu’elle n’esquiverait pas la question et qu’elle l’infléchirait du présente vingt artistes émergents et invite dix biennales :
côté de la « coagulation temporelle et des inclusions réversi- Marrakech, Jakarta, Kochi, Brisbane... autant d’univers incon-
bles ». Son Moderne semble en effet celui des Symétries troublées, nus et inédits.
celles des fils aux couleurs croisées des tapis d’Anatolie dont En 2017, Résonance s’étend plus encore dans la Métropole et
s’inspire Morton Feldman : un univers aux amplitudes contin- dans la Région Auvergne-Rhône-Alpes, aux bords poreux elles
gentes, où flottent les plans, s’estompent les marges, courent les aussi, et aux expériences inattendues : expositions, résidence
temporalités ténues, où Hans Arp convole avec Ernesto Neto, à la Fondation Renaud, dérives piétonnières avec le street-art
Lucio Fontana avec Julien Creuzet, et le Moderne avec le Contem- déguisé en wall-drawing dans les parkings et des nouvelles
porain. Les collections du Centre Pompidou, à l’occasion de son connexions avec le CAP-centre d’arts plastiques de Saint-Fons,
quarantenaire, comme celles de Grenoble, Saint-Étienne ou du la Factatory, le Musée Africain, la Halle des bouchers à Vienne,
macLYON, contribuent à la mise en œuvre de ce moderne augmenté le 7e arrondissement créatif. Mention spéciale à la Fondation
aux bords estompés et meubles – un Moderne tissé par cette Bullukian pour l’exposition de Lee Mingwei, au MAGASIN-
singularité unique des créations « inactuelles » d’artistes de CNAC de Grenoble pour ses Performances parallèles, ainsi qu’à
notre temps, au cœur même de notre contemporanéité. Cela se nos Dominicains préférés : Frère Marc Chauveau invite, en effet,
passe à la Sucrière et au Musée d’art contemporain de Lyon. Lee Ufan au Couvent de la Tourette... ou comment inviter le
moderne à se frotter à l’infini de la contemplation.
Mais la Biennale, ce sont aussi les archipels et les aires de Rendez-vous dans les pages suivantes et surtout les 18 et 19
Veduta, plateforme multimodale consacrée à l’esthétique de septembre 2017.
la réception et au partage que l’on appelle de tous nos vœux :
là où convergent les échanges, les expériences artistiques, les
workshops, avec la participation des roses de Damas, accueillies,
plantées, bouturées, transformées en eau de rose par Thierry
Boutonnier avec la participation
de cinq villes de la Métropole ; c’est
là où les mots de colère de Rivane La question Moderne est aujourd’hui
Neuenschwander collectés au celle d’une modernité infiniment
Brésil croisent les mots des jeunes élargie, à la manière des bords
d’ici, des centres et des périphéries
que l’on entend peu, et où la poésie,
connectés et désormais poreux des
le cut-up et l’impro fabriquent nos « objets de l’expérience ».
récits urbains. C’est là où les collec-
tions du macLYON recomposées en “modern attitude” dialoguent
avec John Cage et le rock, et où s’opèrent les rencontres inopinées
dans des laveries, des passages souterrains ou des abribus.
Et c’est là également que les contes oubliés de Lee Mingwei nous
attendent dans un véhicule lent qui, d’une ville à l’autre, nous
convient à l’intimité d’une voix écoutée dans un lit, partagé avec
un ou une inconnue.
7 Intro
mondes
flottants
Commissaire invitée Emma Lavigne
La Sucrière
Le macLYON
10 Artistes invités
hans Arp
Né en 1886 à Strasbourg (France), décédé en 1966
Céleste Boursier-Mougenot
Né en 1961 à Nice (France), vit et travaille à Sète (France)
p.38
Bruce Conner
Né en 1933 à McPherson (États-Unis), décédé en 2008
Philip Corner
Né en 1933 à New York (États-Unis), où il vit et travaille
Dadamaino
Née en 1930 à Milan (Italie), décédée en 2004
Lars Fredrikson
Né en 1926 à Stokholm (Suède), décédé en 1997
p.41
Brion Gysin
Né en 1916 à Taplow (Angleterre), décédé en 1986
Christodoulos Panayiotou
Né en 1979 à Limassol (Chypre), vit et travaille entre Limassol (Chypre) et Paris (France)
p.37
Otto Piene
Né en 1928 à Bad Laasphe (Allemagne), décédé en 2014
Philippe Quesne
Né en 1970 , vit et travaille à Paris (France)
14 Artistes invités
Paolo Scheggi
Né en 1940 à Florence (Italie), décédé en 1971
Héctor Zamora
Né en 1974 à Mexico (Mexique), vit et travaille à Lisbonne (Portugal)
...
Né en 1977 à Bogotá (Colombie), vit et travaille à Bergen (Norvège)
Liste provisoire
au 4 mai 2017
15 Mondes flottants
Mondes flottants
introduction
« Le moderne, c’est le transitoire, Wide White Flow de Hans Haacke ou des cerfs-volants de When
Sky was Sea de Shimabuku, les Mondes flottants de la Biennale
le fugitif, le contingent, la moitié de de Lyon sont traversés par le vent des soulèvements, des fulgu-
l’art dont l’autre moitié est l’éternel et rances poétiques et déflagrations esthétiques contemporaines.
l’immobile. »
Charles Baudelaire Déjà Rainer Maria Rilke s’interrogeait déjà sur la place du poète
et de l’artiste au sein du monde moderne, d’un univers en expan-
C
sion, ouvert, confiant combien il était « étrange de voir ainsi que
’est dans le contexte d’une mondialisation galopante
tout ce qui se rattachait, librement vole de-ci, de-là, dans l’espace
générant une constante mobilité et l’accélération des flux,
sans lien ». La Biennale explore la persistance de la sensibilité
cette « liquidité » du monde et des identités analysée par
moderne pour les flux, et la dissolution des formes en un paysage
Zygmunt Bauman, que la Biennale explore l’héritage et la
mobile et atmosphérique qui se recompose sans cesse. Comme
portée du concept de « moderne » dans la création actuelle.
dans la littérature de J. G. Ballard, les personnages qui l’habitent
Le sociologue décrit la société contemporaine par une constante
apparaissent dans un état transitionnel, sur le seuil d’un espace
mobilité générant la dissolution des relations et des identités, le
qu’ils ont déjà abandonné, comme déterritorialisés, à l’image des
déracinement des individus « hypermodernes ». Sa critique de
hommes encapsulés dans les chrysalides de Darío Villalba ou des
la modernité, dont il soulève l’essence totalitaire où la sécurité
fantômes célestes d’Apichatpong Weerasethakul qui captent les
occupe une place envahissante au détriment de la liberté, appelle
flux et pulsations frénétiques de notre monde électrique.
à une réévaluation de la place de l’homme dans le monde, afin
qu’il en reste le navigateur avisé.
Certaines œuvres restent délibérément ouvertes, dans un état
Empruntant son titre au mot japonais ukiyô, qui envisage le
fragmentaire, parfois inachevé, laissant transparaitre la pensée
monde dans son impermanence et dans son processus de renou-
d’Umberto Eco, dans son ouvrage L’œuvre ouverte (1965), qui
vellement, sources de liberté et de créativité, la Biennale place
envisageait l’œuvre comme un « champ d’événements » ouvert
au cœur de ses enjeux les attitudes libertaires d’artistes, qui ne
au hasard d’un devenir accidentel. L’enjeu est de révéler l’œuvre
cessent de repousser les limites de l’œuvre d’art afin de l’ouvrir,
d’art comme « un infini contenu dans le fini », selon les mots de
encore davantage, sur le monde. C’est au cœur d’un territoire
Luigi Pareyson. La Biennale génère parfois des porosités entre
dont l’identité s’est en partie façonnée par l’omniprésence de
les œuvres, les temporalités, les lieux, certains chefs-d’œuvre
l’eau, dans cette ville « née des eaux », traversée par le Rhône et la
de l’art moderne, tels que la partition aléatoire de formes
Saône, que la Biennale d’art contemporain 2017 s’arrime, en réac-
suspendues dans l’espace de Calder ou les peintures de Fontana
tivant l’imaginaire dont ce fleuve et son affluent sont porteurs,
ouvrant sur de nouvelles cosmogonies imaginées par Tomás
générant une topographie inspirée d’Édouard Glissant pour lequel
Saraceno ou Dominique Blais. Les œuvres entrent en correspon-
« la pensée archipélique convient à l’allure de nos mondes. Elle en
dance, partagent des connivences, telle l’œuvre en suspension
emprunte l’ambigu, le fragile, le dérivé. Elle consent à la pratique
A=P=P=A=R=I=T=I=O=N de Cerith Wyn Evans inspirée par la
du détour ». Certains artistes, tels Rivane Neuenschwander,
poésie de Mallarmé, comme celle de Marcel Broodthaers qui
Marco Godinho, Pratchaya Pinthong, Julien Creuzet font
considérait le poète comme la source de l’art contemporain,
l’apologie de cette poétique du chaos, de la dispersion, du nomad-
l’inventeur inconscient de l’espace moderne.
isme et de la circulation. À l’image de l’immense voile blanche
17 Mondes flottants
De gauche à droite Alexander Calder, 31 janvier, 1950 | Cerith Wyn Evans, A=P=P=A=R=I=T=I=O=N, 2008
19 Mondes flottants
« La fine di Dio est une forme naturelle, dans son caractère organique
absolu, dans sa constante imprécision, capable de proliférations, dans sa
tension qui porte à une métamorphose qui lui est toujours implicite »
Gillo Dorfles
De gauche à droite Hans Arp, Feuille se reposant, 1959 | Hans Arp, Objets célestes, 1962
21 Mondes flottants
De haut en bas Céleste Boursier-Mougenot, clinamen v.2, 2015 | Richard Buckminster Fuller, Biosphère de Montréal, 1967
22 Mondes flottants
De gauche à droite Hans Haacke, Wide White Flow, 1967-2008 | Hans Haacke, Circulation, 1969-2013
23 Mondes flottants
PARCOURS
Flux et reflux
Les œuvres de Jochen Gerz partent des Très tôt, Ewa Partum nourrit un goût Marcel Broodthaers a développé
questions liées à l’éthique, à la collec- pour la poésie visuelle en même temps une œuvre caustique, poétique et
tivité et à la mémoire. Ses interventions qu’un souci pour l’espace public. En singulière. D’abord proche d’un sur-
peuvent prendre la forme de dispositifs Pologne, durant les années 1960-1970, réalisme belge qu’il a fréquenté, son
évolutifs, qui impliquent la participation il était possible d’acheter des lettres travail s’est progressivement affranchi
de visiteurs, d’habitants et de collab- toutes faites à partir desquelles étaient de l’influence des grands mouvements de
orateurs, ou encore d’installations composés divers textes, notamment poli- l’époque. Ses expérimentations, notam-
volontairement monumentales dans tiques. Ewa Partum s’en est servi pour ment linguistiques, ont produit des
l’espace public. Dans le cadre de l’œuvre son art et les a dispersées à différents formes ambitieuses et parodiques – des
Vivre, ce mot est tracé à la main et à la endroits, entre ville et campagne. installations faites de nombreuses occur-
craie blanche sur le sol d’une pièce où Piétinées, ramassées par les habitants ou rences qui interrogent les taxinomies
un texte est accroché sur l’un des murs. encore emportées par le vent, les lettres propres à l’idée de musée et au monde de
En traversant la pièce pour le lire, le participent à la création de nouveaux l’art.
spectateur participe à l’œuvre en la détru- poèmes, d’un nouveau langage, qui peu Dans La Pluie (projet pour un texte)
isant de ses pas. Fragile et éphémère, ce à peu disparaît sous la force de la nature. (1969), Marcel Broodthaers écrit sous
dispositif rend compte du passage du Ce geste artistique amène une décon- des trombes d’eau qui emportent l’encre
temps, de la dématérialisation d’un struction du langage mais surtout un des mots. La disparition du texte avant
hymne à la vie. affranchissement du discours autoritaire même qu’il ne puisse se fixer au papier, le
sous la République populaire de Pologne dérisoire d’une tâche insurmontable face
d’alors. aux éléments, ainsi qu’une image en noir
et blanc qui tremble autant que la main
de l’artiste, donnent à l’œuvre, vérita-
ble métaphore de la place du poète et de
la fluidité de sa parole dans le monde,
une tonalité à la fois mélancolique et
abstraite.
De gauche à droite Jochen Gerz, Vivre, 1974 | Ewa Partum, Active Poetry, Poem by Ewa, 1971-1973 | Marcel Broodthaers, La pluie, projet pour un texte, 1969
24 Mondes flottants
Plasticienne et musicienne, Laurie Né en 1972 à Bratislava et décédé Les dispositifs de l’artiste Rivane
Anderson combine, tour à tour ou prématurément le 30 juin 2011 à Prague, Neuenschwander font souvent appel à
simultanément, l’art de la scène, le où il vivait, Ján Mančuška est l’un des la participation du public. Ils peuvent
langage, l’électronique et l’objet. Dans les artistes les plus réputés de la création être lus comme des jeux ou comme des
années 1970, Laurie Anderson enferme contemporaine en République tchèque. expériences, avec ce que cela implique
son propre journal dans une boîte de L’œuvre de Ján Mančuška s’est incarnée de variables possibles, d’hypothèses à
bois et de verre, créant ainsi Windbook selon plusieurs modalités : installations, vérifier, de hasard et d’empirisme. Les
(1974). Un système de soufflerie tourne films, performances ou objets littéraires. matériaux qu’elle choisit d’employer sont
inlassablement les pages et conduit le Certains de ses travaux, liés aux mécan- modestes et légers, à l’image des combi-
lecteur d’une histoire à l’autre au gré du ismes de la mémoire et de la perception, naisons sociales souples qui s’agencent
vent, sans jamais s’arrêter sur un épisode se fondent sur la mise en tension des spontanément autour de ses œuvres.
précis. L’air alterne d’un côté à l’autre, mots avec des images ou avec l’architec- Pour la Biennale de Lyon, Rivane
inversant parfois un sens de lecture que ture d’un lieu. D’autres, plus narratifs, Neuenschwander réinterprète son œuvre
l’on maîtrise d’autant moins. Le specta- prennent leurs sources dans des récits Watchword, pour laquelle l’artiste
teur-lecteur n’a alors d’autre solution que personnels, politiques mais aussi quo- brode sur des étiquettes de vêtements
l’aléatoire pour reconnaître des objets tidiens, que l’artiste rejoue, interroge et des mots empruntés au langage de la
qui habitent l’univers de l’artiste : le réemploie comme on le ferait d’un objet protestation. Dans cette nouvelle version,
souffle brise le rythme continu du journal ready-made. Oedipus fait partie d’une Neuenschwander s’inspire des mots
tandis que l’histoire reste insaisissable. série d’œuvres composées de lettrines qu’elle trouve sur des photographies
traversant un espace d’exposition. Le tirées d’une actualité française liée aux
spectateur est invité à suivre la narra- conflits sociaux. Affichés aux yeux de
tion de trois textes alignés chacun sur tous ou discrètement épinglés sur les
un fil, qui traitent de la relation entre un vêtements des visiteurs, ces mots migra-
personnage, sa petite amie et sa mère. teurs et accumulateurs forment une
Comme dans un film où les temporalités carte poétique et globale de la résistance.
s’entrecroisent, chaque ligne de texte L’artiste est par ailleurs invitée à partici-
présente un point de vue différent, à per à la plateforme Veduta de la Biennale
partir de la même histoire, mais dans une de Lyon (Veduta p.06).
temporalité différente.
De gauche à droite Laurie Anderson, Windbook, 1974 | Ján Mančuška, Oedipus, 2016 | Rivane Neuenschwander, Watchword, 2006
25 Mondes flottants
Artiste majeur de l’art conceptuel, Robert Barry occupe une Pour George Brecht, « les événements les plus importants sont
place importante à la frontière de l'art visuel, de la poésie et de la ces petites choses qui arrivent dans la rue ». Intimement lié
philosophie. Après s’être intéressé à plusieurs phénomènes phy- à la collection du Musée d’art contemporain de Lyon, auquel
siques expérimentant les champs électromagnétiques, les gaz il a contribué de façon significative, George Brecht était tout
inertes et les fréquences électromagnétiques d'ultrasons, Robert à la fois chercheur et artiste. Membre fondateur de Fluxus,
Barry travaille désormais à partir de mots et de pensées, qu'il Brecht a formalisé l’idée d’“Event” : apparenté à une partition,
disperse ou projette sur différents supports tels que le papier, la l’“Event” se joue, en public comme en privé, seul ou en groupe.
toile, le miroir, le mur ou le sol. Ainsi, lors de sa rétrospective à Lyon en 1986, Brecht charge le
Son œuvre Love To permet à la subjectivité du spectateur de Musée de créer Vide. L’œuvre est un rocher de quatre-vingts
devenir un élément constitutif de son œuvre. Par leurs pro- centimètres de diamètre environ que l’artiste demande à
priétés conceptuelles, universelles et impalpables, ces deux l’équipe du Musée de découvrir « en bord de Saône ou Rhône »,
mots entraînent une multitude d’interprétations, d’idées et de et qui sera, après accord de sa part, gravé selon une typographie
concepts qui apparaissent selon l’imagination et l’expérience du idoine en son centre du mot « vide » – soit l’oxymore poétique
visiteur. d’une présence physique indiscutable et néanmoins associée à la
« J’utilise les mots de telle sorte qu’ils se vident de leur sens, et légèreté la plus grande.
bien sûr, la seule manière de vider quelque chose de son sens,
c’est de le présenter dans toutes ses acceptions possibles. »
Robert Barry
De gauche à droite, de haut en bas George Brecht, Water Yam (édition 1986) | Marco Godinho, Forever Immigrant, édition 1/3, Collection du 49 Nord 6 Est Frac Lorraine, 2012 |
Robert Barry, Love To, 1984 | George Brecht, Vide, 1986
26 Mondes flottants
Ocean
of sounds
Compositeur américain, David Tudor a Les installations et objets de Cildo L’œuvre polyphonique d’Ari Benjamin
commencé sa carrière comme pianiste. Meireles constituent souvent l’expres- Meyers part toujours de sa formation
Interprète unanimement reconnu de sion d’une résistance aux formes de musicien et de compositeur. L’artiste
pièces d’avant-garde, il est notamment d’injustice et d’oppression particulières s’intéresse à la lisière de la création
le premier à jouer la composition silen- au Brésil. Si certaines sculptures des musicale, de la danse et des espaces plus
cieuse 4’33’’ de John Cage. Il s’associe années 1970 se présentent comme des traditionnellement dédiés à la présenta-
d’ailleurs à ce dernier à partir de 1948 instruments destinés à provoquer une tion d’œuvres plastiques. De fait, si des
et entame avec lui une collaboration qui interaction sur un mode ludique, social temps consacrés aux concerts ou aux
durera jusqu’à la mort de Cage. Captivé ou poétique, ses environnements plus performances peuvent exister dans
par la spatialisation sonore ou les inno- récents sont immersifs et invitent le le cadre d’une de ses expositions, les
vations technologiques, David Tudor public à s’inscrire physiquement dans instruments, les partitions ou le matériel
crée également le Project of Music for un récit symbolique et politique.
Avec d’enregistrement trouvent leurs places
Magnetic Tape, groupe pionnier de Babel, que l’artiste qualifie de « tour dans des dispositifs à plusieurs vitesses
musique électronique improvisée. de l’incompréhension », des sons se et aux modalités multiples : l’œuvre d’art,
Son œuvre Rainforest V (Variation 1) mélangent et forment une cacophonie véritable partition musicale déconstruite
(1973–2015) est un écosystème d’ob- pourtant à peine audible. Des murmures en vue de démultiplier les récits, prend
jets qui plonge le visiteur au cœur de voix et de la musique s’élèvent. Dans aussi bien la forme d’une scène, d’un
d’une véritable matière sonore. Chaque la pénombre, de petites lumières se dis- concert, d’un opéra que d’une choré-
sculpture chante, croasse, cliquète ou tinguent et révèlent un empilement de graphie.
carillonne, jouant ainsi sa propre parti- radios de différentes tailles. Une expéri- Pour la Biennale de Lyon, l’artiste conçoit
tion avant de résonner de nouveau dans ence sensorielle qui agit comme une deux œuvres fondées sur l’engagement
l’amplificateur qu’est l’espace d’exposi- représentation poétique du monde et qui et les mécanismes de l’écoute quand la
tion, pour se joindre enfin à la joyeuse retrace, à travers l’objet radio, une carte physicalité tangible de l’espace s’éva-
cacophonie d’un bruit devenu collec- d’un espace si étendu qu’il en devient nouit : lieu de passage obligé pour la
tif. Ce groupe d’objets hétérogènes fait infini. première création, véritable critique de
écho à la grande diversité de la flore et l’industrie musicale pour la deuxième.
de la faune du monde naturel, respire et
résonne en une agitation constante – en
une forêt de sons.
De gauche à droite David Tudor & Composers Inside Electronics, Rainforest V (Variation 1), 2015 | Cildo Meireles, Babel, 2001 | Ari Benjamin Meyers, Elevator Music (TRAFO), 2016
27 Mondes flottants
Les recherches poétiques de Fernando Le travail de Doug Aitken se déploie Les installations de Susanna Fritscher,
Ortega se nourrissent de rencontres autour de questions liées au paysage. toujours étroitement conçues en lien
fortuites et d'occurrences ordinaires %: C’est à l’aide de dispositifs techno- avec l’architecture qui les accueille, sol-
les fuites d'eau discrètes d'un lieu logiques raffinés qu’il intervient et entre licitent l’acuité de notre perception.
d'exposition, le vol d'une colonie de en dialogue avec certains phénomènes L’emploi de matériaux transparents,
colibris ou bien des courts-circuits élec- naturels. Qu’il s’agisse d’œuvres verre, film acrylique ou plexiglas, module
triques provoqués par quelques insectes. cinématographiques ou d’installations les densités lumineuses de leur espace
Son intérêt pour des situations et des sonores, souvent de grande ampleur, ses d’exposition et invitent le spectateur à
processus anodins s'incarne dans des différents projets prennent leurs sources faire l’expérience physique de ces varia-
formes toujours renouvelées : documents dans une observation attentive des lieux tions – et à s’y perdre.
photographiques, sculptures hybrides ou qu’il choisit : « c’est le processus qui me À l’occasion de la Biennale, Susanna
installations évolutives. fascine : partir d’un lieu donné sans Fritscher investit l’un des trois silos de
savoir ce qu’il va en surgir. » la Sucrière avec une œuvre sonore visant
Excavation emplie d’une eau laiteuse, à révéler les flux et la résonnance de ce
Sonic Fountain est surmontée par neuf vaste volume industriel circulaire
robinets répartis en grille qui gouttent Traçant des cercles dans l’espace, l’instal-
selon une partition précisément écrite. lation composée d’ « hélices » de Susanna
Dans l’eau, des microphones enregistrent Fritscher provoque différentes tonalités
le son des gouttes d’eau – un son diffusé de sons grâce au mouvement de l’air.
en direct dans l’espace, comme pour un En s’accélérant, elles s’élèvent et se trans-
concert. Selon les mots de l’artiste, Sonic forment en disques flottants, comme
Fountain « est une œuvre volontairement si l’espace se dédoublait sous l’effet de
abstraite qui met l’architecture à nu et en l’œuvre. Écoute et regard fusionnent
révèle le rythme, le tempo et le langage ». jusqu’à se dissoudre dans un tournoie-
ment.
De gauche à droite Fernando Ortega, Assisted Levitation, 2008 | Doug Aitken, Sonic Fountain II, 2013-2015 | Susanna Fritscher, Weisse Reise, 2014-2015
28 Mondes flottants
Dessins et collages grand format, lignes et écriture, encre, Plasticien et musicien de formation, Céleste Boursier-
aquarelle et feuille d’or traversent les œuvres de Jorinde Voigt. Mougenot redéfinit les modalités d’émission de l’œuvre sonore
Les œuvres de l’artiste développent une grammaire visuelle où et de sa réception. Sa démarche s’inscrit dans l’esthétique du
pensées, données scientifiques, phénomènes météorologiques détournement hérité de Dada et de Fluxus et s’inspire également
ou encore vitesse s’entremêlent. Si Jorinde Voigt a longuement de l’attitude Do it Yourself qui traverse toute la scène musicale
exploré le médium photographique en ayant la sensation de new-yorkaise, du punk à la musique expérimentale. À partir de
rester à la surface de l’image, c’est avec le dessin qu’elle cherche à situations ou d’objets les plus divers, dont il parvient toujours
rendre visible le processus de création. En faisant disparaître les à extraire un potentiel musical, il l’artiste génère des formes
frontières entre science et art, l’artiste analyse les structures des sonores qu’il qualifie de vivantes.
motifs culturels et des phénomènes naturels les plus divers, afin clinamen v2 de Céleste Boursier-Mougenot se présente comme
de représenter le monde par ses paramètres cachés et révéler la une piscine bleutée, à la surface de laquelle des bols de porce-
simultanéité des possibilités. laine blanche évoluent et tintinnabulent, créant ainsi un paysage
Pour la Biennale de Lyon, l’artiste présente les derniers chapitres visuel et auditif à la fois apaisant et immersif. Les récipients,
de son œuvre Song of the Earth qui mêle art visuel et musique. qui se percutent dans un bassin circulaire sous l’effet d’un léger
Les dessins créés pour Song of the Earth, inspirés par la sym- courant, produisent une mélodie similaire à celle générée par des
phonie éponyme de Gustav Mahler, révèlent la direction de la bols tibétains. Étroitement liée à l’architecture du dôme géodé-
rotation de la Terre ou encore le nombre de rotations par jour. Son sique de Buckminster Fuller, l’installation se transforme en
œuvre devient une transcription musicale pour les performers constellation sonore et en une expérience d’écoute exceptionnelle.
qui ont toute liberté d’interpréter cette partition et peuvent ainsi
ouvrir la performance au hasard, à l’improvisation et aux struc-
tures rythmiques créatives.
De gauche à droite, de haut en bas Philip Corner, Made by underhanded Notes (Behind my Back), 1961 | David Tudor & Composers Inside Electronics, Rainforest V (Variation 1), 2015 |
Jorinde Voigt, The Shift (Song of the Earth) I-VIII, 2016 | Céleste Boursier-Mougenot, clinamen, 2013
29 Mondes flottants
Circulation
infinie
Tout à la fois ingénieur, artiste, archi- Par sa pratique artistique, Julien Discrit Associant formes abstraites et éléments
tecte et inventeur visionnaire, Richard souhaite créer une nouvelle cartographie récupérés, parfois délibérément brûlés
Buckminster-Fuller est l’auteur de nom- du monde, faire l’expérience du temps, ou déchirés, Alberto Burri propose des
breuses innovations dans des champs explorer la tension entre le visible et le objets hybrides. Troué et taché de noir
aussi bien théoriques que techniques. dissimulé. Prenant pour sujet l’exposi- par le feu, le plastique transparent de
Dans les années 1950, il popularise le tion universelle de 1967 de Montréal et le Plastica retrouve une certaine matéri-
dôme géodésique, une structure sphéri- dôme géodésique dessiné par l’architecte alité par sa détérioration. En opposition
que qui permet une répartition équilibrée Buckminster Fuller à cette occasion, son avec les outils traditionnels du pein-
des forces et se construit aisément. Dans film 67-76 se veut être une parenthèse tre, le feu retire de la matière à l’œuvre
le même registre prospectif, il propose de temporelle entre 1967 et 1976, année où et met ainsi en évidence le matériau
nouveaux modes de transports aérody- ce même dôme prit feu. Centré autour pour lui-même. Loin du Grand Verre de
namiques et des concepts économiques et de la « reconstitution » de cet incendie, Marcel Duchamp, c’est, comme l’écrit
écologiques d’habitation individuelle qui l’œuvre a pour but de mettre en relief Pierre Restany, en 1962, « un art brut
font encore date aujourd’hui. Son ambi- les enjeux de cette époque : question- soumis à l’esprit de géométrie ».
tieuse perspective humaniste, qui réunit nements au sujet du mode de vie, au
design, poésie, sciences et philosophie, rapport à l’environnement et à la Nature
s’est notamment révélée d’une influence en général.
capitale dans l’établissement de commu-
nautés alternatives. Son Radome, issu des
collections du Centre Pompidou-Musée
national d'art moderne et qui accueille
l’œuvre de Céleste Boursier-Mougenot,
est un parfait exemple de la volonté chez
Buckminster-Fuller d’associer la pureté
d’une forme à un usage destiné à la com-
munauté au sens large.
Avec le soutien technique de CIREME/Meric
De gauche à droite Richard Buckminster Fuller, Radome | Image d'illustration pour le synopsis de Julien Discrit | Alberto Burri, Plastica, 1964
30 Mondes flottants
Laurent P. Berger et Cyrille Berger, archi- Peintre, sculpteur et cinéaste, Robert Membre active du collectif chilien CADA
tectes, collaborent depuis 2006 sous Breer a su bâtir tout au long de sa carrière (Colectivo Acciones de Arte) formé en
l'identité Berger&Berger. Ensemble, une œuvre drôle, atypique et stimulante. 1979 au Chili en réaction à la dictature
ils souhaitent investir les interstices des Passé par l’abstraction géométrique et les du général Pinochet, Lotty Rosenfeld
pratiques – leurs marges – dans lesquels films d’animation, il invente des objets en organise sa pratique artistique à l'en-
se révèlent les nouveaux territoires du mouvement dans les années 1960, qu’il contre d’un ordre social, autoritaire et
projet et opérer un décadrage en ouvrant a notamment présenté en 1970 lors de brutal. Avec Una milla de cruces sobre el
sur la question du mode relationnel des l’exposition universelle d’Osaka pour le pavimento, réalisé à Santiago en 1979,
artefacts contemporains. Processus et pavillon américain. Grâce à leurs petites l’artiste scotche des bandes blanches
environnement participent de la même roues invisibles, ses Floats et ses Rugs se en travers des lignes discontinues de
réalité. Ainsi, le rôle du spectateur se déplacent imperceptiblement au sein de circulation routière. Ce faisant, elle
transforme en un élément structurel l’espace d’exposition en un ballet discret transforme ces marques en un ensemble
de l'œuvre ouverte. Pour leur création, et aléatoire, entre indiscipline, apesan- de croix. Chargé de significations, la croix
les œuvres nécessitent une nouvelle teur, glissement et fluidité. Légèrement devient avec Lotty Rosenfeld le symbole
attitude active de la part du public. surélevées, elles semblent flotter, être d’une révolte contre le régime social.
à la dérive, changeant de direction Tout en contestant un ordre linéaire de
lorsqu’elles rencontrent un obstacle. De l’organisation du monde, Lotty Rosenfeld
par leur autonomie enfin, elles se jouent appelle également à la rencontre et à la
de la sculpture minimaliste et de la réappropriation de l’espace public.
dimension sacrée de l’exposition.
De gauche à droite Berger&Berger, Sans titre, 2012 | Robert Breer, Float, 1970 | Lotty Rosenfeld, Una milla de cruces sobre el pavimento, 1979
31 Mondes flottants
«La terre m’appelle, souffle m’aspire, je m’engouffre, os, carcasse, le noir est sans
fin, la vitesse est sans frein. M’enfonce l’avantage, dans un intense placage, tout mon
poids me presse je ploie sous les trombes. Dépouille, en flottaison. L’horizon est d’un
mouvement étrange. »
Julien Creuzet
La pratique artistique de Lara Damián Ortega met en scène des objets Artiste portugais établi entre la France
Almarcegui s’attache aux territoires de consommation qu’il accumule, altère et le Luxembourg, Marco Godinho
habités par les hommes. Déconstruire ou démonte afin de souligner ce qu’il interpelle les visiteurs, et ce même
les rapports de force qu’impliquent ou nomme « les zones transitoires entre avant d’entrer au sein de la Sucrière.
imposent l’architecture et l’urbanisme, les espaces intérieurs et extérieurs ». La Tamponnée à même le mur l’empreinte
révéler des structures invisibles comme lisibilité de ses sculptures composites “Forever Immigrant” se répète – à
les matériaux nécessaires à l’édification et éclatées, souvent suspendues au- l’infini, ou presque – sur la totalité
de bâtiments institutionnels : autant dessus du sol, leur permet de devenir des murs pour former un nuage mou-
de mises en œuvre et de procédés aussi des images, puis des signes, circulant vant qui traverse et enveloppe l’espace.
importants pour l’artiste que les pièces ainsi entre une objectivité littérale et une Comme un passeport criblé de tampons
qu’elle peut montrer. La temporalité, signification subjective. d’immigration, ces deux mots soulignent
souvent centrale dans le choix des Le titre de l’œuvre qu’il présente à la la non-appartenance à un territoire, à
espaces investis (ruines, friches, Biennale, Hollow/Stuffed: market law l’instar de son œuvre Untitled (Trans-
chantiers), invite à une exploration (« vide/rempli ») s’inspire du célèbre parent Flags) qui remplace les drapeaux
prospective, hors du lieu d’exposi- poème en cinq parties de T. S. Eliot, traditionnels de l’Europe par des dra-
tion et dans la ville même. L’artiste est The Hollow Men (1925), qui fait lui- peaux transparents. Les notions de
d’ailleurs invitée à participer à la plate- même référence à « l’imposteur plein territoire et d’appartenance sont sans
forme Veduta de la Biennale de Lyon de vide » qu’est le personnage de Kurz cesse remises en question dans un
(Veduta p.06) à Saint-Fons, ville industri- dans Au cœur des ténèbres de Joseph monde marqué par l’accélération des flux
elle de la Métropole de Lyon. Conrad (1899). Cette sculpture, fondée et la constante mobilité.
sur la maquette en plastique d’un sous-
marin allemand de type XXI datant de la
Deuxième Guerre mondiale, est fab-
riquée à partir de sacs alimentaires
industriels remplis de sel et suspendus
au plafond, comme un bateau mythique.
Un petit trou dans la partie inférieure de
la sculpture permet au sel de s’échapper
et de s’accumuler lentement sur le sol
tout au long de l’exposition.
De gauche à droite Lara Almarcegui, Le Gypse, 2016 | Damián Ortega, Hollow/Stuffed: market law, 2012 | Marco Godinho, Forever Immigrant, 2012
32 Mondes flottants
Rejetant tout principe de composi- La réappropriation collective et « Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont
tion picturale, tout idéal d’harmonie subjective d’un récit historique antil- les choses sont faites et comment elles
et toute représentation, le mouvement lais, l’affranchissement de catégories sont lues. Pour la Biennale, j’aimerais
Gutaï en vient à concevoir la peinture culturelles statiques, et la fabrication montrer une série d’images d’un pan-
comme un corps à corps avec la cou- d’un circuit poétique équivoque, aux neau publicitaire en décomposition. Ces
leur. Dès la fin des années 1950, l’un des centres de gravité multiples, sont autant images seraient produites à travers une
membres les plus importants de ce mou- de processus à l’œuvre dans le travail absence de contenu plutôt que de se voir
vement d’avant-garde japonais, Saburo de Julien Creuzet. Pour la Biennale de assigner un sujet ou un autre. Il ne s’agit
Murakami, devient l’un des précur- Lyon, le jeune artiste crée une œuvre à pas de raconter une histoire mais plutôt
seurs du « happening ». Avec son œuvre la fois poétique et politique. Équipé des de se demander quelle histoire on veut
la plus célèbre, Passage, 8 novembre outils technologiques et sociaux de notre raconter. Malgré les fortes tensions qui
1994 (Traversant les écrans de papier), époque, il crée une œuvre volontaire- agitent la société thaïlandaise contempo-
il faut imaginer le bruit du papier kraft ment hétéroclite : un collage visuel et raine, les désirs politiques et les besoins
couvert de poudre d’or et tendu sur sept sonore de commentaires à la première de certains groupes génèrent également
châssis alors que l’artiste les traverse en personne, de références à une histoire ces moments de suspension et d’inertie.
un instant, déchirant tout sur son pas- commune, et de signes issus de la culture Les silences imposés arbitrairement par
sage. Comme un dernier écho, deux ans pop. « Au sol, un chemin de traverse pour les pouvoirs en place aggravent la frustra-
avant sa mort, à une carrière intense approcher les multiples formes. Une tion et la colère de la société.
relevant de l’engagement corporel le plus bâche de bateau semble flotter, suspen- Tandis que mon Ephemeral Cinema - un
total. Dépasser la peinture par l’action, due, cristallisée par le chromage, de cinéma éphémère monté sur roue, petit
valoriser celle-ci au détriment de l’ob- l’électrolyse. Une aile d’avion, supporte véhicule équipé d’un projecteur qui, tout
jet achevé : Saburo Murakami s’attache un bouquet de fleurs du paradis » Julien au long de la Biennale, circulera d’un lieu
avant tout à l’impact psychologique qu’un Creuzet à l’autre pour présenter une sélection
événement ou un comportement peut de films – animerait divers lieux, le pan-
engendrer, anticipant très largement les neau d’affichage graverait une image de
bouleversements liés à la notion même silence. » Pratchaya Phinthong.
de création qui agiteront les artistes dès
les années 1960.
De gauche à droite Saburo Murakami, Passage, 8 novembre 1994, 1994 | Julien Creuzet, Dernière partie de ricochet 3, 2017 | Pratchaya Phinthong, Ephemeral cinema, 2004
33 Mondes flottants
Archipel de
la sensation
Les installations vidéo de Diana Thater Artiste capitale de l’avant-garde Le sol est recouvert de 70 douzaines
abordent avec une poésie volontaire- brésilienne, Lygia Pape s’est intéressée, d’œufs dispersés, en un désordre
ment sidérante les menaces qui pèsent dans les années 1960, à des questions organisé permettant le passage du spec-
sur le monde naturel, de l'extinction liées aux matériaux – recherche pour- tateur. Entrevidas (1981) d’Anna Maria
des espèces animales aux désastres suivie jusqu’à sa mort, avec notamment Maiolino explore littéralement l’expres-
écologiques provoqués par l'homme. Si New House qui fait se confronter lumière, sion « marcher sur des œufs ». Son
ses œuvres prennent souvent comme destruction et envahissement de la travail polymorphe et transversal met en
point de départ les lieux où se rencon- nature. Pionnière d’un art performa- œuvre la problématique du corps comme
trent l'homme et l'animal (une réserve tif, participatif et sensoriel intimement métaphore d’une permanente invention
naturelle au Cameroun, un lieu de dres- lié aux questions sociales, son oeuvre O de la vie, comme lieu d’une subjectivité
sage à Hollywood, un parc d'attraction), Ovo permettait ainsi aux participants de féminine mais aussi d’une certaine fra-
elles refusent toute narration linéaire déchirer de fines feuilles de papier ou de gilité du pays puisque la démocratie vient
pour s'emparer de l'espace d'exposition plastique colorées enveloppant des cubes seulement de renaître au Brésil après la
jusqu'à en manipuler et déformer l'archi- de bois. dictature.
tecture : angles de prise de vue atypiques,
changement brutal d'échelle, filtres
colorés et panoramiques forment autant
de paysages temporels et abstraits.
De gauche à droite Diana Thater, White is the Color, 2002 | Lygia Pape, O Ovo (The Egg), 1967 | Anna Maria Maiolino, Entrevidas, 1981
34 Mondes flottants
À la suite des artistes néo-concrets Tour à tour sculpteur, performeur, agi- Les peintures, sculptures, photogra-
brésiliens, Ernesto Neto revisite tateur et entrepreneur, David Medalla phies, performances et interventions
les formes biomorphiques d’artistes est considéré comme pionnier de l’art in situ de l'artiste et musicien Davide
européens tel qu'Hans Arp. À la lisière de cinétique, du land art ou de l’art partic- Balula exploitent aussi bien la matière
différents mondes – entre faune et flore, ipatif. Créée en 1963, Cloud Canyon est naturelle (qu'elle soit solide, liquide,
animé et inanimé, moderne et contem- une machine à bulles, née de plusieurs gazeuse ou en feu) que les structures
porain %– Ernesto Neto invite le visiteur expériences personnelles : le survol du créés par l'homme (architectures, com-
à découvrir ses œuvres sous un ciel en Grand Canyon, la visite d’une brasserie positions sonores ou réseaux virtuels).
polyamide où les trous, à la manière de écossaise, celle d’une usine de savon à Mais c'est le passage du temps qui, chez
Dadamaino ou de Lucio Fontana, laissent Marseille, l’observation de nuages sur Balula, génère véritablement l'œuvre :
l’énergie circuler. Par un jeu de poids et la baie de Manille… mais aussi des sou- toiles trempées dans des cours d'eau,
de contrepoids, son œuvre Two Colums venirs plus personnels comme le lait de enterrées ou placées dans des chambres
for One Bubble Light se maintient en coco cuisiné par sa mère ou l’écume sur climatiques, sculptures évoluant en fonc-
parfait équilibre et accueille en son sein la bouche d’un résistant agonisant sous tion des flux internet des spectateurs et
les visiteurs afin de les rendre plus atten- les coups de l’occupant japonais. David performances collaboratives génèrent
tifs à l’environnement qui les entoure. Medalla souhaite annihiler les barrières ainsi de véritables moments de partage à
entre les spectateurs et l’œuvre d’art et la fois ouverts et généreux.
laisser libre-cours à l’imagination. Ainsi,
le visiteur peut projeter ses propres
interprétations sur les formes nuageuses
créées par les machines à bulles.
De gauche à droite Ernesto Neto, Two Columns for one Bubble Light, 2007 | David Medalla, Cloud Canyon, 1964-2016 | Davide Balula, Speaking in Flames (The Voice of the Fire Breather),
2014
35 Mondes flottants
« Le secret en lui-même est bien plus beau que sa révélation %» : Christodoulos Panayiotou transforme le monde en un théâtre
toute l’œuvre de Jill Magid joue de relations intimes avec le pou- au sein duquel se jouent les mythes qui nous unissent. D’une
voir et la dissimulation, la recherche et le long cours. Depuis énigme à l’autre, ses œuvres révèlent les histoires cachées du
2013, l’artiste cherche à accéder aux archives de l'architecte monde, comme une archéologie contemporaine dont le rôle
mexicain Luis Barragán, acquises par l’industriel Rolf Fehlbaum serait non plus de raconter l’Histoire mais de la reformuler. En
pour les offrir à sa fiancée, l’historienne Frederica Zanco. Ces prenant souvent Chypre comme toile de fond et point de départ,
derniers refusant tout accès à ces archives, Jill Magid propose Christodoulos Panayiotou chorégraphie une histoire sans cesse
un échange : le rapatriement des archives professionnelles de réinventée et explore la manière dont de simples gestes peuvent
Barragán en échange d’un diamant issu des cendres de Barragán, agir tels des contrepoints subversifs aux récits nationalistes et
soit « le corps en échange de l’œuvre ». Magid développe depuis homogènes. Pour la Biennale, l’artiste présente Untitled, série
une œuvre au long cours qui vise à explorer « l'intersection de composée de Pulp Paintings, étranges monochromes de papier
l'identité psychologique avec l'identité judiciaire, les droits de dont les couleurs proviennent de billets de banque démonétisés.
propriété internationaux et le droit d'auteur, l'auteur et la pro-
priété ». Dans ce cadre, le Tapete de Flores de Magid fait partie
de l'ofrenda (« offre » ou « autel ») mis en place le Jour des morts
au Mexique et qui représente le chemin partagé entre les vivants
et les morts.
De gauche à droite Jill Magid, General view of exhibition, Ex-voto, 2016 | Christodoulos Panayiotou, Untitled, 2016
36 Mondes flottants
De gauche à droite, de haut en bas Orange Oranges, 2001, M O R P H O, 2017 & (‘(, 2013, Daniel Steegmann Mangrané
37 Mondes flottants
Corps
électriques
Créé de toutes pièces grâce à un appel à Entre science, philosophie, astrophy- Inspirée par la « nouvelle combinaison
projet d’Ari Benjamin Meyers, le groupe sique et arts visuels, Melik Ohanian de robe destinée à la danse théâtrale %»
de musique pour la performance The explore et dépasse, à travers différents inventée par Loïe Fuller en 1895, Ola
Name of this Band is The Art joue un supports, l’aspect matériel de l’œuvre. Maciejewska explore le potentiel de
ensemble de versets et de chorus com- Nourri d’une réelle culture de l’image, devenir objet du corps du danseur à
posé par l’artiste. Ce répertoire complexe Melik Ohanian s’inspire des différentes travers le mouvement des tissus. Tout
formé pour The Art constitue une base procédures propres au cinéma et aux comme Loïe Fuller, la jeune artiste sou-
à partir de laquelle l’improvisation et la techniques de projections contempo- haite enclencher le mouvement et la
liberté d’interprétation sont possibles. raines pour travailler autour du statut fabrication d’images à partir des objets
Éphémère, l’œuvre ne laisse pas derrière de l’image et du concept de temps. Pour qui l’entourent. Subjugué par ces danses
elle une trace pérenne mais plutôt un la Biennale, Melik Ohanian propose un hypnotiques, l’œil du spectateur voit
ensemble de souvenirs et d’histoires qui nouveau projet qui mêle volontairement les corps se transformer en créature
résonneront encore dans l’esprit des vis- film, chorégraphie et architecture : « Ces hybride, en figures étranges : tour à tour,
iteurs. va-et-vient et rebonds du temps, avec ces une fleur, une flamme ou encore un
rappels au passé, ces projections dans le oiseau semblent apparaître.
futur, ou ce rappel au présent, forment « Je travaille à partir de Loïe Fuller pour
la permanence de ce que chacun d’entre mettre en évidence cette qualité spéci-
nous vit intimement. Parfois dans mon fique de mouvement produite par la
travail, le passé prend le dessus, parfois relation entre le corps et les objets, parce
c’est l’anticipation. Une exposition c’est que je m'intéresse justement à l'hybride
peut être ça, trouver une stabilité du et à l’hybridation des choses. »
temps… » Melik Ohanian Ola Maciejewska
De gauche à droite Ari Benjamin Meyers, The Art, 2016 | Melik Ohanian, DAYS — I See what I Saw and what I will See, 2011 | Ola Maciejewa, Yellow Object « Loïe Fuller Manual by Ola
Maciejewska »
38 Mondes flottants
La pratique artistique d’Anawana Camille Norment utilise régulière- Cinéaste et plasticien thaïlandais,
Haloba se fonde sur une recherche ment la notion de psychoacoustique Apichatpong Weerasethakul est une
permanente consacrée à l’Histoire, à culturelle comme un cadre esthétique figure novatrice du cinéma d’art et
la culture et aux idéologies contem- et conceptuel. À travers sa pratique qui lauréat de la Palme d’Or 2010. Entre
poraines. Pour la Biennale, Anawana mêle installation, sculpture lumineuse, mémoire, politique et crises sociales, son
Haloba propose deux projets. Le premier dessin, performance, vidéo et sons, l’ar- œuvre conte une narration expérimen-
s’intitule The sounds of silence, never tiste souhaite examiner des phénomènes tale et hybride. Il fait ainsi voyager les
heard before et s’inspire d’un poème socio-culturels et leurs contextes de pro- spectateurs entre rêve et réalité. Les uni-
écrit par l’artiste. L’œuvre convoque les duction. vers oniriques qu’il crée sont le théâtre
images mentales qui sont apparues à Camille Norment cherche à engager le de bouleversements, non sans rappeler
l’artiste durant l’écriture de ce texte con- spectateur en tant que participant phy- la situation de son pays au bord de l’effon-
sacré à l’esclavagisme, à l’aliénation que sique et psychologique et ainsi créer une drement.
provoque l’exil forcé et aux traumatismes expérience somatique et cognitive, à l’in-
liés à une vie d’apatride. Le deuxième star de son œuvre Prime.
projet, qui porte le titre de Likuta za
mazwahule / Legkotha (qui signifie
« %cour de justice dirigée par un homme
venu de loin ») est une installation
sonore performative qui joue sur le sens
positif du mot « étranger » en swahili :
mazwahule ne s’applique pas au nouvel
arrivant dénué de toute culture mais
plutôt au voyageur, à celui qui a beaucoup
appris et a beaucoup à donner…
De gauche à droite Anawana Haloba, "Rape" at the Piccadilly Circus, 2016 | Camille Norment, Prime, 2016 | Apichatpong Weerasethakul, Phantoms of Nabua, 2009
39 Mondes flottants
Des habitants de Rio issus de toutes les classes sociales « Dans mon travail, la peinture est la photographie et la pho-
ont été réunis sous un grand drap blanc par Lygia Pape tographie est la peinture » : figure essentielle de l’art espagnol
dans le cade de Divisor. Par cette action, un espace était des années 1960, Darío Villalba s’est tourné très tôt vers une
tissé en tant que processus créatif afin d’établir de nou- pratique picturale de la photographie. Ses expérimentations l’ont
velles relations. Dans la lignée de cette œuvre historique de amené à travailler avec des matériaux chimiques inhabituels
la collection de l’IAC de Villeurbanne, un programme de (méthacrylate, peinture bitumineuse), afin de faire apparaître le
performances se déploie, notamment le week-end du 14 et 15 résultat de ses collages directement sur son support. La violence
octobre 2017, à Lyon et au MAGASIN de Grenoble, afin d’y décou- des thèmes qu’il aborde (cruauté, folie) s’incarne dans les manip-
vrir les œuvres d’artistes tels que Héctor Zamora, Julien Creuzet, ulations parfois agressives qu’il impose à son iconographie.
Rivane Neuenschwander, Marco Godinho, Elisabeth S. Clark… Indigents, malades, vieillards, enfants et gigolos sont autant de
figures destinées à envahir les représentations publiques de
corps humains pourtant ordinaires en raison de leur proxim-
ité physique. Plus que la limite photographique de la mort que
Roland Barthes considérait comme inhérente au médium, le
pathos de ses personnages entraîne l’agitation de moments de
transition, du changement, de l’incapacité de retenir son propre
corps et celui des autres dans le balancement sans fin de la vie, du
désir et du regard humain.
De gauche à droite, de haut en bas Héctor Zamora, Ruptura, 2016 | Elisabeth S. Clark, A spark kept alight, 2013 | Lygia Pape, Divisor (Divider), 1968 | Darío Villalba, Preso andando, 1974 &
La espera blanca, 1993
41 Mondes flottants
Cosmogonies
intérieures
Avec Otto Piene, Heinz Mack fut le À partir de la problématique de la Lars Fredrikson recherche, à lier
cofondateur en 1957 du groupe ZERO, destruction et de la fabrication des espace et son afin de former « des sons
mouvement qui a accueilli des partici- images, Renaud Auguste-Dormeuil plastiques ». Dessins et sculptures à
pants tels qu’Yves Klein, Jean Tinguely, explore différentes temporalités qui ont l’explosif, « tableaux sonores aux mou-
Piero Manzoni ou Lucio Fontana. Aux toutes à voir avec la question du point de vements aléatoires », matérialisation
confins des influences avant-gardistes vue . Pour la Biennale, et sous la forme sur papier électrosensible de signaux
des années 1950-60, Mack est un des prin- d’une performance, I Will Keep a Light et sons enregistrés ou encore sculp-
cipaux représentants de l’art cinétique Burning donne corps aux lignes du ciel tures en inox, apparaissent comme
allemand. Ses sculptures, qui incluent ce de demain. Allumées au fil de la soirée, autant de possibilités pour y accéder.
qu’il nomme « structures dynamiques », des bougies font peu à peu apparaître un Aventurier et chercheur, Lars Fredrikson
impliquent souvent le mouvement et des immense cercle matérialisant l’invisible. tente de dépasser les frontières de son
jeux de lumière. Lichtrotoren, Sonne des art en encourageant les spectateurs à
Meeres (Rotateur de lumière, soleil de la mener leurs propres expériences. Mêlant
mer) est représentatif de son travail sur art cinétique, minimalisme et concep-
la vibration de la lumière : entre objet tualisme, Lars Fredrikson déforme le
industriel et précieux, fixité et mou- réel par ses plaques en acier inoxydable
vement, ce monochrome sollicite tant gravées et pliées, et fait voyager les visi-
l’imaginaire que les sens. teurs entre science et poésie.
De gauche à droite Heinz Mack, Lichtrotoren, Sonne des Meeres, 1967 | Renaud Auguste-Dormeuil, I Will Keep A LIght Burning, 2011 | Lars Fredrikson, Untilted, 1965
42 Mondes flottants
Lucio Fontana, l’un des premiers Shimabuku crée les conditions de Des objets qui apparaissaient précédem-
artistes abstraits italiens, a produit dès scénarios poétiques, dont il documente ment dans les œuvres de Yuko Mohri,
les années 1930 une œuvre picturale et la gestation comme la réalisation. tels que des rubans, des plumeaux, des
conceptuelle qui s’est régulièrement Performatives, parfois absurdes ou lou- cordes et des papillons, ont été disposés
renouvelée. Ses expérimentations foques, ses interventions permettent et arrangés au sein de systèmes ciné-
avec la céramique ont donné plusieurs de renouveler l’intensité du regard que tiques. Les mouvements de chaque objet
ensembles de sculptures figuratives, l’on porte sur le monde contemporain, ont été scannés en continu, et les images
dans lesquelles priment la couleur et la ses bizarreries merveilleuses mais ainsi produites – en théorie, un flux
lumière, éclatantes et sensuelles. Dans également la violence ou l’arbitraire presque infini – ont été enregistrées.
ses toiles monochromes, qu’il troue, de ses transactions sociales. Souvent Pour décrire les différentes phases de
fend et maltraite, il cherche à développer issues de rencontres impromptues, ses mouvement et de temps produites par
« un art fondé sur l’unité du temps et de trajectoires empruntent de nombreuses ces objets, Yuko Mohri parle d’« image
l’espace ». Son geste perforateur et bifurcations. plissée », exprimée au singulier puisqu’il
les textes qu’il rédige alors initient Au Grand Parc de Miribel-Jonage, ne s’agit pas d’images multiples mais
le spatialisme, un mouvement dans Shimabuku propose de mettre méta- plutôt des différentes modalités d’une
lequel s’inscrivent la plupart de ce qu’il phoriquement le monde sans dessus image unique. Cette image, qui prolifère
nomme ses Concetti Spaziali (Concepts dessous en transformant le ciel en continuellement à chaque fois qu’elle est
Spatiaux). Outre deux peintures, la paysage. (Veduta p.06) scannée, plie le mouvement et le temps
Biennale montre également l’Ambiente en eux-mêmes d’une manière différente
Spaziale (1949), première œuvre acquise d’une image en mouvement, pour laquelle
par le Musée d’art contemporain de le temps avance de façon linéaire.
Lyon à sa création en 1984 : un espace Yuko Mohri compare également ces
noir, sans directive, sans mode d’emploi. images, dont la qualité à la fois floue
Dans l’Ambiente Spaziale se trouvent des et rugueuse s’oppose aux défauts du
petits points jaunes qui n’ont aucune numérique, à ce qu’elle appelle des
justification précise et indiquent simple- « photographies d’esprit », dans la
ment les trois dimensions de l’espace, la mesure où « elles capturent des choses
quatrième étant le visiteur, dans le noir, qui n’auraient pas dû l’être ».
seul face aux décisions à prendre…
De gauche à droite, de haut en bas Lucio Fontana, Concetto spaziale (50-B.1), 1950 | Julien Creuzet, En suspens (...), 2014 | Lucio Fontana, Ambiente spaziale, 1967 |
Shimabuku, When Sky was Sea, 2002 | Yuko Mohri, Pleated Image, 2016
43 Mondes flottants
Les réincarnations de technologies Tomás Saraceno explore l’idée de Avec des interventions discrètes et déli-
obsolètes d’Icaro Zorbar se font avec communauté à travers des formes cates, Elizabeth S. Clark amorce des
affection et nostalgie d’une époque dont expérimentales – ballons ou plateformes récits qu’elle laisse ouverts. Une œuvre
sa génération peine à se souvenir. L’ar- modulaires gonflables et habitables – littéraire, une anecdote ou une situa-
tiste s’intéresse surtout à l’humanisation comme autant de solutions potentielles tion peuvent constituer l’origine de ses
de la technologie et met en avant la valeur aux problèmes qui agitent le monde con- performances, partitions ou installa-
esthétique de ses machines à l’allure de temporain : explosion démographique, tions : la perte ou la dissimulation d’un
jouets, qu’il appelle les « %petits mon- pollution, réchauffement climatique… objet, un lâcher de ballons, une suite
stres %», entre œuvre d’art, machine et jeu. Pour la Biennale, Tomás Saraceno d’instructions… La nature musicale de
Avec des œuvres telle que Sympathy for réinterprète son œuvre Cosmic Dust : sa poésie permet par ailleurs de ryth-
the Devil, Icaro Zorbar plonge le spec- « Quarante mille tonnes de poussière mer une alternance entre apparitions et
tateur dans un environnement sonore cosmique tombent sur la Terre chaque disparitions.
et visuel composé d’écrans, d’ouvrages année… que nous respirons… comme Pour la Biennale, Elisabeth S. Clark
de science-fiction et de miroirs, comme une sorte de poussière d’étoile… Un cube réactive plusieurs installations et per-
le troublant reflet d’une époque déjà de matière noire… Une énergie som- formances : d’une étincelle maintenue
dépassée. bre… Outre la respiration des araignées, allumée pendant plus de douze
la voie lactée que nous voyons la nuit heures, qui parcourt lentement et sans
n’est que poussière ! Une toile cosmique interruption tout l’espace d’exposition,
faite d’atomes, d’éléments, de chimie… jusqu’au passage obligé du spectateur à
Une partie de cette poussière est encore travers une étendue de paillettes qu’il
là-haut aujourd’hui et on peut la voir emportera nécessairement avec lui, ses
briller la nuit… Une lumière zodiacale… œuvres sont autant de moments à la fois
déposée sur la toile d’araignée du cos- fugaces et marquants.
mos. »
De gauche à droite Icaro Zorbar, Sympathy for the Devil, 2012 | Tomás Saraceno, Arachno Concert With Arachne (Nephila senegalensis), Cosmic Dust (Porus Chondrite) and the Breathing
Ensemble, 2016 | Elisabeth S. Clark, Enchanté, 2016
44 Mondes flottants
Dominique Blais met en lumière les propriétés physiques d’un Jingfang Hao & Lingjie Wang conçoivent et réalisent en duo des
matériau, les courants électromagnétiques tels qu’on peut les objets et des environnements hybrides. Pour l’œuvre L’été à venir
enregistrer aux pôles de notre planète ou encore divers flux, est déjà fini, le sol est entièrement recouvert de pollen de lotus et
temporels ou sonores, imperceptibles pour l’Homme sans assis- apparaissent, ici et là, quelques objets trouvés. Le matériau utilisé
tance technologique. Ses installations, qui emploient souvent est considéré comme un fossile de la plante qui peut se conserver
des accessoires de ce qu’il nomme « l’univers du sound system » quelques milliers d’années, voire plus. Historiens et archéologues
(microphones, câbles, enceintes, platines vinyles) fonctionnent analysent, à travers le pollen de lotus, la transition du climat
comme des dispositifs de révélation, attribuant une nouvelle et le changement des espèces. Les visiteurs, en se déplaçant
matérialité à ces phénomènes. sur une passerelle faite de palettes, sont invités à entrer dans
Pour la Biennale, Dominique Blais travaille à la fois sur le son un espace hors du temps. L’œuvre Over the Rainbow apparaît
et la lumière, par le biais d’une double installation de forme comme un instant fugace à saisir : l’arc-en-ciel n’est visible que
héliptique destinée à modéliser l’espace à travers le mouvement depuis certains points, se déplace avec la marche du spectateur,
sonore, tandis que la lumière révèle tout à la fois l’architecture et puis disparaît. L’expérience sensorielle et méditative permet
son absence. d’apprécier différents phénomènes liés à l’écoulement du temps,
aux variations lumineuses ou aux limites de notre perception
De gauche à droite, de haut en bas Jingfang Hao & Lingjie Wang, L’été à venir est déjà fini, 2016 | Dominique Blais, L’Ellipse, 2010 | Dominique Blais, Phases of the Moon, 2014 |
Jingfang Hao & Lingjie Wang, Over the rainbow, 2016
46 Mondes flottants
Journées
professionnelles
Lundi 18 & mardi 19 septembre 2017
Rendez-vous 17
Institut d’art contemporain, Villeurbanne / Rhône-Alpes
Lundi 18 et mardi 19 septembre de 10h à 19h
Vernissage officiel le lundi 18 septembre à 17h
Résonance
Pendant les journées professionnelles, galeries, centres d’art et
collectifs d’artistes s’unissent autour d’une affiche commune
(programme complet début septembre sur biennaledelyon.com).
Veduta
Pendant les journées professionnelles, les aires Veduta Eau
de Rose (Givors, Factatory/Lyon 7e, Rillieux-la-Pape, Vaulx-en-
Velin, Saint-Cyr-au-Mont-d’Or) de Thierry Boutonnier, Salle
place des pavillons (Lyon 7e) avec le Musée Africain ou encore
l’œuvre de Lara Almarcegui aux Clochettes (Saint-Fons), etc.
seront accessibles. Toutes les informations pratiques sont à venir
sur biennaledelyon.com.
Infos
pratiques
Horaires d’ouverture
En semaine
Du mardi au vendredi de 11h à 18h
Et à partir de 9h30 pour les groupes en visite commentée
(sur réservation)
Le week-end
Samedi et dimanche de 11h à 19h
Tarifs Billetterie
Billet d’entrée Billets d’entrée et visites individuelles
Donne accès une fois à tous les lieux, valable toute la durée de
l’exposition
En ligne, le e-billet pour plus de facilité New
www.biennaledelyon.com
Pass permanent
Permet un accès illimité dans tous les lieux d’exposition du
20 septembre 2017 au 7 janvier 2018.
Pass simple : 27%€
Pass duo : 37%€ (deux personnes)
Pass jeune : 16%€ (moins de 26 ans)
Les visites
commentées
La Biennale de Lyon propose à ses visiteurs de découvrir l’exposition Mondes
flottants à leur convenance, d’un lieu à l’autre, selon leur sensibilité, leurs envies ou
le temps dont ils disposent.
La visite Duo
Une visite fondée sur le dialogue entre un médiateur de la
Biennale et un invité issu de l’univers de la musique, de la littéra-
ture, du théâtre, de la philosophie…
La visite 1h
L’essentiel de l’exposition en une heure au macLYON.
La visite Confluence
Visite couplée de la Sucrière et du quartier de la Confluence.
Pour les enfants à partir de 3 ans Pour les groupes adultes et enfants
& les jeunes (associations, CE, groupe d’amis, centres de loisirs, centres sociaux…)
Biographies
performance. Elle est associée au commissariat de l’accrochage
Emma Lavigne Elles@centrepompidou, consacrée aux artistes femmes, dont
elle organise l’itinérance au Brésil. Elle organise, parallèlement
au travail sur la collection et l’acquisition de pièces embléma-
Emma Lavigne est directrice du Centre Pompidou-Metz depuis tiques, comme The Clock de Christian Marclay qui remporte le
décembre 2014, où elle a été commissaire des expositions Warhol Lion d’Or à la Biennale de Venise en 2011, plusieurs expositions,
Underground, Kimsooja – To Breathe, Musicircus, Oskar Schlem- dont l’événement Danser sa vie (avec Christine Macel) étudiant
mer, l’homme qui danse. Elle a ouvert en mars 2017 l’exposition les liens entre la danse et les arts visuels et résonnant avec une
Jardin infini. De Giverny à l’Amazonie sur la thématique du jardin riche programmation associée. Elle a également été commis-
subversif, chaotique et contre-nature, mis en scène par l’artiste saire de la très remarquée rétrospective Pierre Huyghe au Centre
Daniel Steegmann Mangrané et prépare pour 2018 l’exposition Pompidou, qui fait entrer dans l’enceinte du musée des
Couples modernes. organismes vivants et a été présentée au Ludwig Museum
De 2000 à 2008, elle est conservatrice à la Cité de la Musique à de Cologne avant de l’être au LACMA de Los Angeles fin
Paris, où elle développe une programmation pluridisciplinaire, novembre 2014, ainsi que de la rétrospective de Dominique
à travers le commissariat de nombreuses expositions consacrées Gonzalez-Foerster, présentée en septembre 2015 au Centre
aux relations entre la musique, le son et l’art contemporain, Pompidou, Paris, puis à Düsseldorf, au K20 en avril 2016.
telles que Electric Body, questionnant la place du corps dans Elle a également été commissaire du Pavillon français à la
la musique, ou Espace Odyssée, explorant la notion d’espace Biennale de Venise 2015, avec le projet de Céleste Boursier-
dans la musique contemporaine dans une scénographie de Mougenot, Rêvolutions, proposant une réflexion sur les systèmes
l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster. Elle y présente également de contrôle de l’homme et de la nature, des notions d’hybridation
des projets monographiques dédiés à des artistes de la scène et de vivre ensemble.
musicale et artistique, tels que Chen Zhen, Christina Kubisch,
Thierry Raspail
Saâdane Afif ou Christian Marclay. L’exposition très remarquée
Marclay Replay est accueillie par plusieurs institutions, en
Australie, en Espagne et au Canada. C’est au cœur de cette insti-
tution parisienne consacrée à la musique contemporaine, qu’elle
organise pour la première fois en France des expositions sur la Historien de l’art, Thierry Raspail débute sa carrière de
scène musicale pop-rock, proposant avec Jimi Hendrix Back- Conservateur au Musée de Grenoble. Après plusieurs missions
stage, Pink Floyd Interstellar et John Lennon Unfinished Music une en Afrique de l’Ouest, il signe la muséographie du Musée National
relecture historique de grandes figures de la musique populaire. de Bamako (Mali).
Forte de ces expériences et des programmations associées qu’elle Il occupe le poste de Directeur du Musée d’art contemporain
a initiées, telles que le concert de Kraftwerk ou celui de Sonic de Lyon depuis sa création en 1984. C’est à cette époque qu’il
Youth, elle est invitée par le Musée des Beaux-Arts de Montréal définit un projet muséographique reposant sur le principe d’une
à concevoir en 2008 l’exposition Warhol Live, puis Imagine Peace collection de moments composée d’œuvres génériques, souvent
avec Yoko Ono en 2009. L’exposition I am a cliché, sur l’héritage monumentales. Il est commissaire général de plusieurs expo-
de l’esthétique punk, aux Rencontres internationales de la pho- sitions marquantes, Robert Morris, Joseph Kosuth, Dan Flavin,
tographie en Arles, puis au Brésil en 2010-2011, s’inscrivent dans Louise Bourgeois, Andy Warhol, Keith Haring, Ben, Robert
sa démarche de relecture historique et pluridisciplinaire. Combas, Cage-Satie, Huang Yong Ping, Latifa Echakhch, Gustave
Elle rejoint en 2008 le Centre Pompidou, comme conservatrice Metzger et l’auteur de plusieurs catalogues.
pour l’art contemporain, où elle continue de se spécialiser En 1991, Thierry Raspail crée la Biennale d’art contemporain de
dans les liens entre les arts visuels, la musique, la danse et la Lyon et en occupe depuis le poste de Directeur artistique.
56 Infos pratiques
Historique
Directeur artistique Thierry Raspail
Régisseur artistique général Thierry Prat
1991
L’Amour de l’Art
2001
Connivence
2009
Le Spectacle du quotidien
Commissaires Thierry Raspail et Commissaires Anne Bertrand, Jean- Commissaire Hou Hanru
Thierry Prat Marc Chapoulie, Yvane Chapuis, Parmi les artistes invités : Adel Abdessemed,
Parmi les artistes invités : Arman, César, Robert Pedro Cabrita Reis, Dan Perjovschi, Tsang
Laurence Dreyfus, Klaus Hersche,
Filliou, Pierre Soulages, Erik Dietman, Fabrice Kin-wah, Sarkis, Agnès Varda, Maria Thereza
Richard Robert et Guy Walter Alves, Shilpa Gupta…
Hyber, Robert Combas, La vérité (Dominique
Parmi les artistes invités : Jérôme Bel, Marco Outre l’exposition internationale, la Biennale est
Gonzalez-Foerster, Pierre Joseph, Bernard
Berrettini, Xavier Le Roy, William Eggleston, désormais organisée en trois plateformes avec
Joisten et Philippe Parreno), Pierre & Gilles,
Adrian Piper, Steve McQueen, Kolkoz, Robert Veduta et Résonance.
Sophie Calle, Alain Séchas…
Wyatt…
1995
Kemang Wa Lehulere…
Interactivité, image
mobile, vidéo
2005
Expérience de la durée
2013
Entre-temps…
Commissaire Georges Rey Commissaires Nicolas Bourriaud et
Parmi les artistes invités : Nam June Paik, Vito Jérôme Sans
Brusquement, Et ensuite
Acconci, Dan Graham, Peter Campus, Dennis Parmi les artistes invités : La Monte Young, Terry
Commissaire Gunnar B. Kvaran
Oppenheim, Rirkrit Tiravanija, Dumb Type, Parmi les artistes invités : Matthew Barney, The
Riley, James Turrell, Martin Creed, Kader Attia,
Carsten Höller, Douglas Gordon, Tony Oursler, Bruce High Quality Foundation, Dan Colen,
John Bock, Erwin Wurm, Kendell Geers, Tony
Pierre Huyghe… Erró, Fabrice Hyber, Jeff Koons, Nate Lowman,
Conrad, Robert Crumb, Daniel Buren, Olafur
Yoko Ono, Laure Prouvost, Alain Robbe-Grillet,
Eliasson…
1997
Matthew Ronay, Tom Sachs, Anicka Yi…
L’autre
Commissaire Harald Szeemann
2007
00’s, l’histoire d’une
2015
La vie moderne
Parmi les artistes invités : Katharina Fritsch,
Chris Burden, Richard Serra, Emery Blagdon,
décennie qui n’est pas Commissaire Ralph Rugoff
Matthew Barney, Jason Rhoades, Chen Zhen… encore nommée Parmi les artistes invités : Kader Attia, Yto
Barrada, Hicham Berrada, Michel Blazy, Céleste
Concepteurs Stéphanie Moisdon et
2000
Boursier-Mougenot, George Condo, Cyprien
Hans Ulrich Obrist Gaillard, Anthea Hamilton, Camille Henrot, Liu
Parmi les artistes invités : Josh Smith, Kelley Wei, Andreas Lolis, Daniel Naudé, Ed Ruscha,
Partage d’exotismes Walker, Urs Fischer, Tomás Saraceno, Hilary
Lloyd, Nathaniel Mellors, Sheela Gowda, Ryan
Tatiana Trouvé…
Commissaire Jean-Hubert Martin Gander, Tino Sehgal, Wade Guyton, Seth Price,
Parmi les artistes invités : Esther Mahlangu, Sol Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla, Michel
Lewitt, Navin Rawanchaikul, Takashi Murakami, Houellebecq…
Yan Pei-Ming, Yinka Shonibare, Bjarne Melgaard,
Tunga, Hervé Di Rosa, Gilbert & George, Anish
Kapoor, Xavier Veilhan, Barthélémy Toguo, Erwin
Wurm…
57 Infos pratiques
Les partenaires
L’équipe
2017
La 14e Biennale de Lyon Direction générale Administration
Toscane Angelier, Assistante de direction Nathalie Wagner, Administratrice
Direction artistique Emmanuelle Moreau, Responsable
Thierry Raspail Régie artistique générale Art administrative
Commissaire invitée Thierry Prat Eric Dubois, Chef comptable
Assisté de Ludovic Chemarin Marie-France Deruaz, Responsable de
Emma Lavigne paye
Coordinatrice artistique Art Cathy Mornet Crozet, Secrétaire
La Biennale d’art contemporain est Frédérique Gautier comptable
organisée par l’association La Biennale Assistée d’Alexandra Chopin et de Lisa
de Lyon Hoffmann Communication
Barbara Loison, Directrice
Direction générale de la Veduta Jack Vos, Responsable de communication
Réjane Letouche, Chargée de
Biennale de Lyon Adeline Lépine, Responsable de Veduta
Assistée de Léonor Rey communication
Sylvie Burgat Mélissa Boudilmi, Assistante de
Pauline Combier, Jessica Palm, Fanny
Ventre, Chargées de médiation communication
Président Marie Gatti, Graphiste
Bernard Faivre d’Arcier Résonance
Vice-président Nicolas Garait, Coordination Service partenariat
François Bordry Isabelle Huguet, Directrice du
Trésorier développement
Michèle Daclin Technique Cécile Claude, Responsable du service
Bertrand Buisson, Directeur technique partenariat
Membres du bureau
Assisté de Nadège Lieggi Justine Belot, Responsable Club,
Jean-Pierre Michaux partenariats en nature, événementiels
Alexis Bergeron, Régisseur général
Gérard Debrinay Julien Jay, Régisseur général Veduta entreprises
Jean-Patrice Bernard Olivier Emeraud, Directeur technique du Assistée de Catherine Farkas-Thiebeauld
macLYON
Samir Ferria, Régisseur général du Secrétariat, accueil et
macLYON standard
Norbert Paglia, Informaticien Amina Murer
dossier de presse
étape 02 Mai
2017
2 Rendez-vous 17
3 Rendez-vous 17
rendez-vous 17
rendez-vous 17
la jeune création
20 artistes, 1 graphiste, 10 biennales internationales
R
endez-vous est une exposition délibérément consacrée
à la découverte de la jeune création française et interna-
tionale. Créée en 2002 par le Musée d’art contemporain de
Lyon avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes,
Rendez-vous, dédiée à la jeune création, associe quatre
institutions : la Biennale de Lyon, l’École nationale supérieure
des beaux-arts de Lyon, l’Institut d’art contemporain de
Villeurbanne et le Musée d’art contemporain de Lyon, qui en
assurent la direction artistique.
La direction artistique sélectionne dix artistes travaillant
en France et invite dix biennales internationales à présenter
chacune un artiste qui leur est géographiquement proche et
qu’elles soutiennent.
LE LIEU
Institut d’art contemporain
11 rue Docteur Dolard, 69100 Villeurbanne
www.i-ac.eu
LES DATES
Du 20 sept. 2017 au 7 janv.2018
5 Rendez-vous 17
10 artistes
travaillant en France
Direction artistique
Pour la Biennale de Lyon Rendez-vous hors
Thierry Raspail d’Europe
Pour l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Lyon L’année qui suit la Biennale de Lyon,
Emmanuel Tibloux Rendez-vous est exposée hors d’Europe.
Ainsi, les dix artistes français de Rendez-
Pour l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne
vous 15 sont présentés du 12 avril au 3
Nathalie Ergino mai 2017 au CAFA Art Museum, Pékin,
Pour le macLYON avec six artistes chinois : Gaëlle Choisne,
Isabelle Bertolotti Ruth Cornelisse, Fabrice Croux, Adélaïde
Assistés par Magalie Meunier, assistant curator, chargée des Feriot, Nicolas Garait-Leavenworth,
projets artistiques et de recherche à l’Institut d’art contempo- Lola Gonzàlez, Huang Yang, Maxime
rain et Marilou Laneuville, chargée d’exposition au macLYON. Lamarche, Leng Wen, Li Linlin, Lu
Zhengyuan, Daniel Otero Torres, David
Posth-Kohler, Qiu Yu, Johann Rivat et Wu
Hong.
Prix de Rendez-vous 17 Direction artistique en Chine
Prix de la Jeune création Auvergne-Rhône-Alpes 2017 Fan Dian, Academic Advisor, CAFA Art
Prix Boesner Museum | Chunchen Wang, Head and
Chief Curator, Curatorial Research Dept,
CAFA Art Museum
Journée de professionnalisation à
destination des jeunes artistes
(date en cours)
Avec l’Adéra, Réseau des écoles supérieures d’art d’Auvergne-
Rhône-Alpes
Programme
Matinée
À l’Auditorium du macLYON (public étudiant)
Restitution de Panorama – Enjeux et perspectives de l’art
contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes
Conférence d’Agnès Tricoire sur les droits et les statuts de
l’artiste plasticien
Après-midi
À Auditorium de l’IAC (public étudiant)
Ateliers et rencontres
Soirée
À l’Auditorium de l’IAC (tous publics)
Soirée performances
1 Projet
dossier de presse
étape 02 Mai
2017
2 Veduta
3 Veduta
Veduta
Archipels, aires, flâneries, expos,
résidences, workshops...
Chassieu
Francheville
Givors
Lyon 7e et Lyon 8e
Meyzieu
Oullins
Rillieux-la-Pape
Saint-Cyr-au-Mont-d’Or
Saint-Fons
Vaulx-en-Velin
4 Veduta
étape 02
Directeur artistique
Thierry Raspail
Responsable de Veduta
Adeline Lépine
D
epuis 2007, Veduta crée, sur des territoires urbains ainsi génère, ses désirs de modes d’existence). En réponse aux Mondes
connectés, des situations qui sont autant de zones de flottants, elles proposent une lecture spéculative du présent
contacts et de convergences entre des expérimentateurs et invitent à réfléchir avec les œuvres à des visions du futur, à
volontaires et curieux, des artistes, des œuvres et des villes. d’autres « dimensions », d’autres « vues » à porter sur les espaces
Partout, tous se rencontrent, débattent, discutent, créent du commun et du vivre ensemble au sein des villes.
et font l’expérience des questions intemporelles que pose l’art. En 2017, Veduta est accueilli par dix communes de la Métropole
ainsi que le Grand Parc Miribel-Jonage. La plateforme s’associe
Le terme italien veduta est utilisé par les peintres de la également avec trois partenaires artistiques qui acceptent de
Renaissance. Il est généralement traduit par « vue » ou « ce qui « prendre l’aire ».
se voit » et désigne alors une ouverture, une fenêtre ouverte qui Les résidences d’œuvres et d’artistes, les expositions et les
rompt la perspective de la toile et incite le regard à voir ailleurs. flâneries, sont autant de formes données à ces archipels qui
Au sein de la Biennale de Lyon, Veduta invite donc à regarder s’installent sur les aires. Elles proposent des connexions nou-
ailleurs, mais aussi à s’interroger sur ce que l’on voit, comment velles entre des cultures visuelles variées et des expériences
on le voit, comment on le (re)présente et enfin qu’est-ce que tout artistiques à la fois connectées et dispersées sur ces différents
cela produit. Cette fenêtre s’ouvre sur divers territoires de la territoires avec la complicité de leurs créateurs.
Métropole de Lyon et leurs habitants qui acceptent de s’inspirer Ainsi, l’Eau de Rose de Thierry Boutonnier se diffuse à l’échelle
des œuvres et des artistes afin d’expérimenter, développer, de cinq aires de la Métropole. Ce parfum migrateur croisera sur
transformer, ingérer, digérer et déployer le potentiel de l’art, ce son chemin les Histoires du Soir de Lee Mingwei qui seront lues
vecteur de poésie, de questionnement et d’action. à l’oreille des petits comme des grands, partout et pour tous, lors
Chacun est invité à explorer tour à tour différentes étapes de la de leur voyage à bord d’un véhicule. Au cours de ces parcours et
création visuelle (de sa conception à sa diffusion en passant par promenades, nous découvrirons également des lieux oubliés qui
sa transmission) et à construire pour soi-même et ensemble les réapparaîtront avec Lara Almarcegui. Les flâneurs apprécieront
conditions d’un acte, d’une idée, d’une pensée, d’une création, aussi les mots voyageurs et libertaires de Rivane Neuenschwander
d’une exposition et d’une attitude face à l’art afin de participer ou les cerfs-volants de Shimabuku qui mettent le monde sans
aussi à « la création permanente ». dessus dessous et perturbent les règles de la physique comme
celles de la politique.
Avec Veduta, la Biennale de Lyon crée de nouvelles aires, soit Avec les œuvres et les artistes, les dialogues et les idées circulent et
des points de rencontre permanents ou temporaires qui sur- se diffusent également. Veduta renoue avec son principe d’expo-
gissent du dialogue qu’entretiennent les artistes avec les villes sitions conçues par les habitants à partir de la collection du
et leurs populations. Lieu de rencontre, médiathèque, place de macLYON et le Moderne qui les inspirent pour nous parler d’huma-
la mairie, jardin… ou simplement surface disponible, les aires nisme, de cycle, de révolution, des sons de notre environnement.
sont là où Veduta génère des actions, des manifestations, des Ils nous concoctent à leur tour des mondes, un archipel d’expo-
situations esthétiques. Cette série d’aires fonctionne selon un sitions poétiques et critiques pour retrouver l’espace de rêver et
principe d’archipels à travers des formes autres qui interrogent nous ouvrir à des utopies que l’on souhaiterait réalisables.
la ville moderne (sa mémoire, son langage, les échanges qu’elle
5 Veduta
résidences
d’oeuvres ou d’artistes
Des formes poétiques qui se disséminent…
Lara Almarcegui, The Rubble Mountain, Saint-Trond, Rivane Neuenschwander, Repente (détail), 2016 ©Eduardo Photographie ©Shimabuku and Air de Paris, When Sky
Belgique, 2005 ©Lara Almarcegui Ortega was Sea, 2002.
7 Veduta
Les expos
Veduta interroge le Moderne à la lumière des Mondes flottants de la 14e Biennale
de Lyon. À partir de la collection du macLYON et en dialogue avec les habitants et
partenaires des aires, les expositions génèrent à leur tour des mondes parallèles,
des lieux de convergence, des espaces d’échanges, des endroits de discussions, des
expériences sensibles et des visions poétiques.
Les flâneries
Alors que l’œuvre d’art est traditionnellement immobile, Veduta propose de favoriser
sa dissémination sous la forme de promenades, de déambulations et d’expressions
poétiques.
Programme de performances
Le Moderne, à travers le monde et le temps, a pu prendre des
formes inattendues : légères et éphémères.
Les partitions citadines des artistes se mettront en action pen-
dant la Biennale avec des volontaires afin de participer à une
cartographie des Mondes flottants.
Programme en cours – voir Mondes flottants p.41
Les partenaires
veduta
Sur les aires Veduta, nous travaillons en étroite collaboration avec les réseaux
d’acteurs locaux, en plus des services des Villes.
Les échanges, dialogues, rencontres, expériences étant en cours, cette liste est
non-exhaustive et susceptible de changer jusqu’en septembre – et au-delà.
dossier de presse
étape 02 Mai
2017
2 Résonance
3 Résonance
résonance
étape 02
À
l’heure des communautés d’agglomération et des grandes
régions européennes, la mise en œuvre active et dynami-
que d’un réseau culturel régional est une évidence. Avec
la grande couronne parisienne, Auvergne-Rhône-Alpes
est probablement la région de France qui accueille le
plus grand nombre d’institutions culturelles, de centres d’arts
et de galeries : un vaste maillage dont la densité accompagne la
Biennale de Lyon. Dès 1985, la manifestation Octobre des arts
avait eu l’ambition de rassembler les acteurs les plus dynamiques
de la scène culturelle régionale autour d’une affiche commune,
une idée reprise et amplifiée par la Biennale à partir de 2003 sous
le terme à la fois générique et fédérateur de Résonance. Tous les
deux ans depuis cette date, la Biennale de Lyon invite ainsi cen-
tres d’art, galeries, institutions culturelles et collectifs d’artistes
de la Région à s’associer à elle par le biais d’un appel à projets. Le
choix définitif revient au directeur artistique de la Biennale sans
limitation du nombre total de projets, avec pour double objectif
d’associer tous les éléments essentiels de la scène régionale à la
problématique de la Biennale et de leur offrir une plus grande
visibilité. Au-delà d’un “off ” ou d’un simple agenda culturel,
Résonance est devenu au fil des ans une véritable affiche collec-
tive qui parvient désormais à rassembler des lieux très différents
(espaces, budgets, équipes…), non seulement dans le champ de
l’art contemporain mais aussi dans ceux de la littérature, de la
danse, du théâtre ou de la musique. Il en résulte un foisonnement
exemplaire et unique dans le monde des biennales : d’une tren-
taine d’événements en 2003, Résonance est ainsi passé en 2015
à plus de 200 expositions, performances, concerts, projections
ou spectacles. Ce réseau, à la fois dynamique et démultiplié, est
désormais pleinement intégré à la Biennale et en constitue l’une
de ses plateformes.
Créé en 2009 au sein de Résonance, Focus a pour but de faire
émerger des projets spécifiques en étroite collaboration avec dif-
férentes institutions, particulièrement celles qui se consacrent
à la jeune scène artistique.
FOCUSProgrammation en cours
MAPRAA – Maison des Biennale Hors Normes qui ont alimenté le patrimoine moder-
niste et les actuelles qui produiront en
arts plastiques / visuels L’étang moderne de l’art brut
résidence des œuvres spécifiques avec
28 sept. – 8 oct. 2017
Auvergne-Rhône-Alpes La 7e Biennale Hors Normes interroge
Caroline Achaintre, Serge Charchoune,
12 / 12 / 12 – 12 artistes, 12 lieux, 12 Anne Dangar, Charlotte Denamur, Lucie
les différentes conceptions de l’art qui
départements Deveyle, Josephine Halvorson, Robert
ont prévalu depuis la Renaissance. De
Sept. – déc. 2017 Pouyaud, Romain Vicari…
l’art brut ainsi nommé par Dubuffet en
Créée en 1983, la MAPRAA développe Commissariat : Patrice Béghain et Joël
réaction à la référence aux modèles du
une activité sur deux axes : le soutien Riff.
passé (rétrospective Alain Bourbonnais),
aux conditions sociales de l’artiste, et 1 rue Moly-Sabata, 38550 Sablons
jusqu’à l’art génétique (Li Shan) et l’utili-
la gestion d’un centre d’information www.moly-sabata.com
sation des nouvelles technologies, la BHN
sur les arts plastiques en Auvergne-
part à la recherche des chimères contem-
Rhône-Alpes. Dans cette perspective,
poraines de l’image, du corps et des mots. Musée africain de Lyon
elle organise un cycle d’expositions en Malala Andrialavidrazana, Marius
Lyon et Région Auvergne-Rhône-Alpes
invitant des artistes ayant peu ou jamais www.art-horslesnormes.org Dansou
exposé. Depuis 2011 et à l’occasion de la
20 sept. – déc. 2017
Biennale de Lyon, la MAPRAA crée un
réseau de douze expositions dans toute la CNSMD Infatigable voyageuse, l’artiste Malala
Interventions Andrialavidrazana s’est également
Région en tenant compte de la diversité
14 et 15 déc. 2017 formée à l’architecture. Ses recherches
de la création, des lieux et des territoires.
Le Conservatoire National Supérieur portent sur les notions de frontières et
Dans les douze départements de la
Musique et Danse de Lyon propose un d'interactions interculturelles. En une
Région Auvergne-Rhône-Alpes, huit lieux
programme d’interventions choré- succession d'allers-retours entre espaces
ont choisi chacun d’exposer un artiste
graphiques dans les espaces de la privés et problématiques mondiales,
émergent, choisi dans la programma-
Sucrière. Le département Danse inter- l’artiste explore les différentes image-
tion de la MAPRAA : Art Fareins (Ain) ;
vient sous forme de danses écrites et ries sociales par le biais d’un travail
La Résidence, Dompierre-sur-Besbre
improvisées qui organisent avec les anthropologique ouvrant sur une mul-
(Allier) ; GAC Groupe d’art contempo-
spectateurs des rencontres fortuites et titude d’histoires. out en s'inspirant des
rain, Annonay (Ardèche) : Médiathèque
interactives. Juliette Beauviche et Anne archives photographiques du grand pho-
du Bassin d’Aurillac (Cantal) ; Maison
Martin, professeures de danse con- tographe nigérian Ojeikere et d’archives
de la Tour / Le Cube, Valaurie (Drôme) ;
temporaine, se saisissent de l’espace familiales, Marius Dansou réalise, dans
Galerie Test du Bailler, Vienne (Isère) ;
d’exposition pour en faire une véritable du fer à béton, des coiffes majestueuses
EAC Les Roches, Chambon-sur-Lignon
scène sur laquelle évoluent les étudiants dont il cherche à décoder les messages.
(Haute-Loire) ; Centre culturel le
de troisième année en classique et con- 150 Cours Gambetta, 69007 Lyon
Bief-Manufacture d’images, Ambert www.musee-africain-lyon.org
(Puy-de-Dôme) ; La Remise / Association temporain du CNSMD de Lyon.
Geneviève Dumont, Pollionnay (Rhône) ; La Sucrière, 49-50 Quai Rambaud, 69002
Lyon | ww.cnsmd-lyon.fr
Galerie 29, Évian (Haute-Savoie) ; et
Espace Larith, Chambéry (Savoie).
Lyon et Région Auvergne-Rhône-Alpes Moly-Sabata | Fondation
www.mapra-art.org
Albert Gleizes
En crue : 90 ans d’une résidence
MAMCO d’artistes au bord du Rhône
William Leavitt 16 sept. – 29 oct. 2017
10 oct. 2017 – 28 janv. 2018 Fondée en 1927 par le couple d’artistes
Le MAMCO présente la première rétro- mécènes Albert Gleizes & Juliette Roche,
spective en Europe de William Leavitt Moly-Sabata est aujourd’hui la plus
(1941, vit et travaille à Los Angeles, États- ancienne résidence d’artistes de France
Unis), artiste conceptuel connu pour ses en activité. Cette exposition fait culminer
peintures, ses photographies, ses instal- une saison d’événements célébrant l’anni-
lations et ses performances et qui, selon versaire. Ouverte sur le fleuve, la maison,
ses propres termes, « examine la culture aujourd’hui propriété de la Fondation
vernaculaire de Los Angeles à travers le Albert Gleizes, offrira une promenade à
filtre de l’industrie du divertissement et travers neuf décennies imbibées par un
de la littérature ». engagement fort pour le contemporain,
Rue des Vieux-Grenadiers 10, 1205 Genève, en son temps. Les aspects vivants comme
Suisse | www.mamco.ch historiques seront développés dans une
même énergie, s’enthousiasmant d’une
équivalence entre les signatures passées
7 Résonance
Théâtre de Villefranche
Nouvelles Voix en Beaujolais
13-19 nov. 2017
Le festival Nouvelles Voix en Beaujolais
est devenu en dix ans un événement
incontournable pour découvrir les
artistes les plus prometteurs de la scène
des musiques actuelles. Il n’a cessé de se
développer depuis – s’ouvrant à toutes
les esthétiques et renforçant son iden-
tité de découvreur de jeunes talents – et
a su s’imposer comme un rendez-vous
musical exigeant, éclectique et novateur,
marqué par la rencontre, l’ouverture et
la proximité entre les spectateurs et les
artistes.
Place des Arts, 69665 Villefranche
www.theatredevillefranche.asso.fr
Programme complet
disponible dès septembre
sur biennaledelyon.com
9 Résonance
Des pouvoirs des écrans Des pouvoirs des écrans Au jour de nos écrans
15 sept. – 15 oct. 2017, vernissage 14 10 oct. 2017
Colloque sept. 2017 Conférence publique de Mauro Carbone
Colloque international dirigé par Mauro Commissaire d’exposition Mauro Carbone dans le cadre de la Fête de la Science 2017
Carbone ((Université Jean Moulin Lyon 3/ Artistes invités Bruno Metra, Laurent En collaboration avec le Musée d’Art
Institut Universitaire de France) avec la Mulot, Marta Nijhuis, Thaïva Ouaki, Contemporain de Lyon et la Galerie
collaboration d’Anna Caterina Dalmasso Guillaume Robert… Françoise Besson.
et Jacopo Bodini Depuis toujours on souligne inlassa- La manière de percevoir des êtres
À Lyon les 21-23 sept. 2017 blement les pouvoirs de l’image. Mais humains a changé au cours de la préhis-
Organisé par l’Université Jean Moulin qu’est-ce qu'il en a été et qu'est-ce qu'il toire et de l’histoire à cause de différents
Lyon 3 avec le soutien de l’Institut en est des pouvoirs des écrans ? Sans facteurs. Parmi ceux-ci, l’un des prin-
Universitaire de France et de la Région aucun doute, aujourd’hui il serait même cipaux c’est l’influence des dispositifs
Auvergne-Rhône-Alpes, en collaboration restrictif de parler de notre condition optiques et des modèles de vision domi-
avec le Musée d’Art Contemporain de simplement comme d’un vivre parmi nant à l’intérieur d’une époque et d’une
Lyon, la 14e Biennale d’art contemporain les écrans, car il s’agit très souvent d’un culture. Sans aucun doute, la fenêtre a
de Lyon et la Bibliothèque municipale de vivre par eux. Les artistes et les phi- été le dispositif optique et le modèle de
Lyon, dans le cadre du partenariat entre losophes sont appelés à accepter le vision dominant en Occident à partir du
le laboratoire permanent Vivre par(mi) défi de réfléchir, chacun et chacune à XVe siècle. L’est-elle encore aujourd’hui ?
les écrans et le Genealogy of the Excessive sa manière, sur les multiples facettes Ou plutôt les écrans ont-ils pris sa place
Screen Sawyer Seminar de l’Université d’une telle condition. Néanmoins, sans ? Et si c’est le cas, quelles conséquences
de Yale. aucun doute leurs dialogues peuvent cela comporte-t-il pour notre manière de
Table ronde d’ouverture être mutuellement enrichissants ainsi percevoir, mais aussi de désirer, de con-
Les écrans et l’art contemporain avec qu’éclaircissants pour nous tous. naître et de penser ?
Mauro Carbone, Emma Lavigne (direc- Galerie Françoise Besson, 10 rue de Auditorium de l’Université de Lyon, 92 rue
trice du Centre Pompidou-Metz, Crimée, 69001 Lyon de Pasteur, 69007 Lyon
commissaire invitée de la 14e Bien-
nale d’art contemporain de Lyon),
Thierry Raspail (directeur du Musée d’Art
Contemporain de Lyon et directeur artis-
tique de la Biennale d’art contemporain
de Lyon)
10 Résonance
RHÔNE (69)
Galerie le 116 art
116 route de Frans, 69400 Villefranche-sur-Saône
www.galeriele116art.com
Eric Vassal, 25 images seconde,
25 sept. – 28 oct. 2017
Mireï l.r., wallpowerunlimited,
10 nov. – 30 déc. 2017
SAVOIE (73)
Centre hospitalier Métropole Savoie
505 Faubourg Mâché, 73000 Chambéry
Georges Rousse, 18 sept. – 29 déc. 2017
La Conciergerie
Hôtel de Ville, 73290 la Motte-Servolex
www.conciergerie-art.com
Yves Monnier, Les vaches de Monsieur Yoshizawa,
sept. – déc. 2017
HAUTE-SAVOIE (74)
imagespassages
26 rue Sommeiller, 74000 Annecy
www.imagespassages.com
Zone de convergence II, avec Ricardo Saavedra
Vega, Sonia Rojas Lopez, Claudia Robles, 15 sept. –
15 nov. 2017 (Arteppes, Galerie Marc Limousin)
Kaléidophone, avec Philippe Astorg et Axel
Bernolin, 20-25 nov. 2017 (CRRA Annecy)
L’inconfort moderne, avec Hector Zamora,
Joseph Dadoune, Enrique Ramirez…, 2-20 déc.
2017 (FabriC, espace d’art contemporain de la
Fondation Salomon)
Le Point Commun
12 avenue Auguste Renoir, Cran-Gevrier,
74960 Annecy
www.lepointcommun.eu
Programme complet
disponible dès septembre
sur biennaledelyon.com
14e biennale de lyon expos associées
dossier de presse
étape 02 Mai
2017
2 Expos associées
3 Expos associées
expos
associées
Couvent de la Tourette
Fondation Bullukian
4 Expos associées
5 Expos associées
Couvent
de la Tourette
Fondation
Bullukian
Lee Mingwei
Septembre-décembre 2017
Présentée pour la première fois en France lors de la Biennale de
Lyon 2009, l’œuvre de Lee Mingwei (Taïwan, 1964 ; vit et travaille
à Paris et New York) se fonde sur la rencontre et l’engagement,
en lien avec des publics diversifiés et des problématiques directe-
ment liées à leurs vies.