Chap 8
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Chapitre VIII :
GAZ DE SCHISTE
I- INTRODUCTION
Au cours de la dernière décennie, la production de gaz naturel a enregistré une forte croissance,
surtout aux États-Unis. La majeure partie de cette augmentation est imputable au gaz de schiste, dont
l’exploitation économique est seulement intervenue durant cette période. La production de gaz de
schiste pourrait avoir, à l’avenir, un impact considérable à l’échelle mondiale, au point de dire que son
avènement « bouleverse les règles du jeu » aussi bien pour les pays producteurs que pour les pays
consommateurs. Dans une étude consacrée au gaz en Afrique, Ernst et Young (2012) souligne
l’ampleur de ces effets.
Chapitre VIII gaz de schiste
II- DEFINITION
Le gaz de schiste également appelé «gaz de roche-mère» ou «gaz de shale», est un gaz d'origine
naturelle, généré par la décomposition d'argile riche en matières organiques, et extrait à partir de
terrains marneux ou argileux. Contrairement au gaz naturel, il est piégé dans les roches poreuses qui le
produisent, et il est nécessaire de détruire la structure de ces roches pour pouvoir le récupérer.
Le gaz est retenu dans le schiste. On l’y trouve sous trois formes :
Le gaz dissous dans la matière organique Cette dernière forme est anecdotique en termes de
quantité.
III- QU'EST-CE QU'UN SCHISTE
Un schiste est une roche qui a pour particularité d'avoir un aspect feuilleté, et de se débiter en
plaques fines ou « feuillet rocheux ». On dit qu'elle présente une schistosité. I l peut s'agir d'une roche
sédimentaire argileuse, ou bien d'une roche métamorphique. Quand celle-ci est uniquement
sédimentaire, des géologues canadiens préfèrent utiliser le terme « shale ».
Cette dernière distinction est importante pour les géologues et les ingénieurs, car une roche
métamorphique ne peut pas contenir une quantité significative d'hydrocarbures puisque la température
lors de la formation de ces roches dégrade ce type de molécules. I l serait donc plus précis de parler de
gaz de shale bien que le terme gaz de schiste ait été popularisé.
Pour ajouter à la confusion, on emploie souvent le terme d'ardoise pour désigner le schiste -
l'ardoise étant un type de schiste métamorphique, à grain fin.
L'exploitation de ces gisements est coûteuse et présente des risques pour l'environnement, dans
le sous-sol, dans les nappes phréatiques et en surface. La concentration en gaz est plus faible que dans
les gisements conventionnels.
Chapitre VIII gaz de schiste
L'exploitation du gaz de schiste est, sur le plan du principe, simple : on fore un trou pour
atteindre le schiste situé en profondeur, on fracture le schiste pour permettre au gaz de mieux
circuler et on récupère le gaz par le même trou de forage. En pratique, les problèmes sont
nombreux. Le forage horizontal est un forage vertical est peu efficace pour récupérer du gaz,
il le draine sur un trop faible volume, sauf dans le cas d'épaisseur de schiste très importante, et
encore. On a donc recourt au forage horizontal : quand le forage vertical a presque atteint le
schiste riche en gaz, on oriente progressivement le trépan vers l'horizontale. Le creusement
continue alors à l'horizontale sur des distances pouvant atteindre 2 km.
Le Forage vertical : Dans un forage vertical ou dirigé, le puits foré comprend une
partie verticale destinée à atteindre la bonne profondeur (entre 1 500 et 3 000 m) et
une partie horizontale longue de plusieurs kilomètres qui permet de drainer dans sa
longueur la couche géologique contenant le gaz, comme le montre le schéma.
L'objectif du forage horizontal est d'augmenter la surface du puits en contact avec le
gisement pour compenser la faible perméabilité de la roche. Dans le schiste, un puits
de ce type, malgré l'utilisation de la fracturation hydraulique, ne permet de drainer
qu'un volume de roche limité : latéralement environ 150 mètres de part et d'autre du
puits et verticalement quelques dizaines de mètres (limité par l'épaisseur de la roche
mère). I l faut donc forer beaucoup plus de puits que dans le cas de l'extraction
d'hydrocarbures conventionnels. Pour limiter l'emprise au sol des installations, les
têtes de puits sont regroupées en un point central (puits en cluster) pouvant
comprendre de 10 à 30 puits. La multitude de puits forés en fait une technique mal
adaptée aux milieux urbanisés ou caractérisés par une densité de population
importante.
Chapitre VIII gaz de schiste
Cette technologie présente d'indéniables atouts, elle implique l'utilisation d'une quantité
réduite d'eau, ne nécessite pas l'ajout d'additifs, et provoque des fissures denses mais peu
étendues. Néanmoins, Total, qui a commandé les recherches sur la fracturation par arc
électrique et déposé deux brevets à ce sujet en mars 2011, considère que ce n'est pas pour le
moment une alternative viable à la fracturation hydraulique, notamment car elle ne permet de
stimuler que la proximité immédiate du puits. Cette technique aurait toutefois un intérêt pour
d'autres applications.
Chapitre VIII gaz de schiste
Des procédés de chauffage ont déjà été utilisés par l'industrie pétrolière pour améliorer
le taux de récupération des huiles ou pour accélérer la maturation de la matière organique,
dans le cas des schistes bitumineux par exemple.
La fracturation par effet thermique consiste à chauffer la roche à partir soit de vapeur
(sans fracturation), soit d'un chauffage de type électrique. D'après le rapport précité de
l'ANCRE, ces procédés pourraient être adaptés à l'extraction de gaz non conventionnels.
De même, plus de la moitié des réserves de gaz de schiste hors Etats-Unis, qui
détiennent les quatrièmes réserves mondiales estimées, sont concentrées dans cinq pays: la
Chine, l'Argentine, l'Algérie, le Canada et le Mexique.
Les concentrations volumiques en gaz naturel des gisements de gaz de schiste et de gaz
conventionnel sont très différentes. Alors que les gisements conventionnels sont le résultat
d'une concentration de gaz par remontée de gaz diffus contenus dans des roches poreuses vers
des réservoirs de volume restreint, les gaz de schiste se présentent sous forme diffuse dans des
volumes très vastes, avec des concentrations volumiques beaucoup plus faibles. Les deux
gisements présentent donc des caractéristiques de production très différentes :
un forage dans un gisement conventionnel atteignant une poche dans laquelle du gaz
en provenance de volumes importants de roches plus ou moins poreuses s'est
concentré pendant des milliers d'années, produit généralement de façon continue du
gaz naturel sur plusieurs dizaines d'années avant son épuisement (graphique 1) ;
dans un gisement de gaz de schiste, la production se limite au volume concerné par la
fracturation hydraulique de la roche qui permet la libération à faible délai de la
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La comparaison des deux graphiques est éloquente : alors qu'un puits conventionnel de
gaz débite pendant plusieurs dizaines d'années à un rythme de quelques pourcents de la
quantité totale de gaz qu'il contient, un puits de gaz de schiste débite, dès la première année,
50 à 60 % de la, totalité du gaz qu'il contient, et voit tomber très fortement son débit dès la
deuxième année (autour de 20 %) pour devenir marginal au bout de 4 à 6 ans.
Chapitre VIII gaz de schiste
L'Algérie est bien déterminée à exploiter ses ressources en gaz de schiste. L'opération a
même déjà été amorcée début juillet dans le sud d'In Salah, là où le premier gisement avait été
exploité en 2012. Quatre nouveaux puits seront forés par les techniciens par la Sonatrach.
Depuis fin 2013, Total est opérationnel en Algérie dans le bassin de Timimoune où elle
dispose d'un contrat avec Sonatrach et la société espagnole Cepsa. Sur le bassin d'Ahnet, à
2000 km au Sud d'Alger dans la région d'In Salah. Le groupe prétend une capacité de 70 000
barils équivalents pétrole par jour, soit 4
milliards de m3 par an avec le forage de
120 puits.
Le département américain de
l'Energie a révisé son estimation des
réserves techniquement récupérables de
gaz de schiste de l'Algérie qu'il situe
actuellement à 19.800 milliards de m3
contre une évaluation de 6.440 milliards
de m3 faite en 2011, soit plus que le triple
de son estimation d'il y a deux années.
Dans son rapport mondial réactualisé sur les réserves de gaz et de pétrole de schiste de
42 pays, le département de l'Energie présente une étude technique et géologique détaillée ainsi
qu'une cartographie sur les réserves des hydrocarbures non conventionnels de l'Algérie.
Cette étude indique que l'Algérie est dotée de sept (7) bassins renfermant le gaz de
schiste.
Chapitre VIII gaz de schiste
Présenté par ses partisans comme une source d'énergie abondante, bon marché et moins
polluante que les autres hydrocarbures (charbon et pétrole), le gaz de schiste soulève
cependant quelques interrogations quant à ses impacts environnementaux réels. Pour les
détracteurs, ces impacts sont jugés trop importants pour justifier une exploitation à grande
échelle. Les entreprises productrices estiment quant à elles que les risques de pollution sont
tout à fait maîtrisables si les mesures adéquates sont prises.
La pollution du sol et de la nappe phréatique est également un risque majeur inhérent à toutes
les opérations d'extraction d'hydrocarbures auquel n'échappe pas le gaz de schiste
Enfin, l'exploitation peut considérablement altérer la beauté des paysages, causer des
déforestations et perturber les écosystèmes. Cet impact est extrêmement important pour les
mines de charbon par exemple. Quant au gaz de schiste, certaines améliorations récentes sont
à souligner : exploiter le gaz demandait d'occuper (et de détruire) 20% de la surface totale (au
sol) depuis laquelle le gaz serait extrait (au sous-sol). Aujourd'hui, grâce aux forages
verticaux puis horizontaux en profondeur, il ne faut plus occuper que 1% de la surface
d'extraction.
Le prix du gaz y est ainsi devenu jusqu'à 4 fois moins chères qu'en Europe à cause de
l'augmentation de l'offre suite à l'exploitation du gaz de schiste qui représente aujourd'hui
23% de la production gazière totale américaine. Le gaz de schiste a stimulé l'ensemble de
Chapitre VIII gaz de schiste
l'industrie qui dispose désormais d'une source d'énergie bon marché. Les entreprises
extractrices réalisent, quant à elles, des milliards d'euros de chiffres d'affaires annuels.
Enfin, selon une étude du gouvernement américain, l'impact sur la beauté des paysages
d'un puits de gaz de schiste est aujourd'hui moins important qu'un champ d'éoliennes. Pendant
2 à 4 mois, des foreuses géantes effectuent les opérations de fracture hydraulique. Cependant,
une fois l'opération terminée, il ne reste plus qu'un petit bâtiment au-dessus du puits, pour
toute la durée de son exploitation. Il est moins haut et utilise moins de béton que
l'implantation d'éoliennes.
SCHISTE
L'éventuelle toxicité des additifs chimiques et le défi de trouver des alternatives plus
écologiques; s'assurer que le déversement de substances chimiques et d'eaux usées, qui
peut avoir des conséquences sur l'environnement, soit évité;
Veiller à identifier et à sélectionner correctement les sites géologiques;
Les incertitudes liées à la présence sur le long terme des fluides de fracturation
hydraulique dans le sol; les impacts inévitables du trafic.
Le potentiel de développement sur une zone plus grande que pour les gisements de gaz
conventionnel.
Les émissions dans l'atmosphère et les nuisances sonores liées à la centrale et à
l'équipement durant la construction et l'exploitation du puits.
SANTE
Une nouvelle étude publiée le 6 janvier 2016 dans la revue Nature publiée confirme
l'avis exprimé depuis maintenant plusieurs années par les experts: les produits chimiques
présents dans les fluides de fracturation et les eaux usées peuvent présenter des risques graves
pour la santé et notamment la santé de la reproduction.
Cette nouvelle étude publiée, franchit un nouveau pas, en analysant 240 des produits
chimiques connus dans les fluides de fracturation. Ce que les chercheurs ont découvert est
particulièrement préoccupant: 43% des produits chimiques analysés sont connus pour leur
toxicité pour la reproduction et sont liés à des problèmes comprenant des anomalies
congénitales, la stérilité, la baisse de la qualité du sperme ainsi que les fausses couches. Et
40% des produits chimiques analysés posent des problèmes pour la santé in utero avec des
affections telles que le retard de développement du fœtus et pouvant avoir d'autres incidences
dans le développement humain telles que le développement sexuel précoce ou retardée.
Les fluides sont injectés profondément dans la suffisamment élevées pour fracturer la
roche entourant les gisements de pétrole et de gaz naturel, permettant de libérer les
hydrocarbures et de les remonter à la surface.
Schéma des différents impacts environnementaux potentiels, A : gaz naturel relâché dans l'atmosphère,
B : contamination de la surface par les eaux usées, C : prélèvement conflictuel sur les ressources en eau, D et
E : contamination des couches aquifères superficielle et profonde, F : sismicité induite.
CES RISQUES
Certaines mesures peuvent être prises en vue de gérer et de réduire ces risques :
Dans le cadre de la recherche d'autres solutions acceptables pour toutes les parties
prenantes, d'autres méthodes d'extraction sont expérimentées ces dernières années pour
Chapitre VIII gaz de schiste
La Fracturation électrique : est également une alternative. Elle consiste à propager une
onde acoustique causée par une décharge électrique dans la roche mère pour provoquer les
microfissures. Des explosions ciblées pourraient aussi remplacer la décharge électrique.
Cette phase initiale est désignée comme première phase de recherche. Elle est suivie
d'une deuxième et d'une troisième phase de recherche, qui ont chacune une durée de deux (2)
ans.
A ces trois phases, vient s'ajouter une phase dite pilote d'une durée maximale de quatre
(4) ans qui pourra proroger l'une des dites phases de recherche. La dite phase pilote sera
accordée au contractant par l'agence nationale pour la valorisation des ressources en
hydrocarbures (ALNAFT).
XV- CONCLUSION
Le gaz de schiste est quelque chose de neuf sans vraiment l'être. Il représente une
avancée sans vraiment l'être non plus. Depuis quelques années nous nous étions tournés vers
des énergies plus propres (énergies solaires, éoliennes...) et voilà que nous accentuons nos
recherches sur une source d'énergie fossile. De plus nous ne maîtrisons pas entièrement
l'extraction du gaz de schiste. Pour ce faire, il faudrait mener plus de recherches sur le sujet,
donc faire plus de forages et risquer de causer d'autres accidents... C'est un cercle vicieux.
Aujourd'hui, les compagnies parlent d'effectuer des fracturations au fluor propane un dérivé
du propane (C3H8) qui ne nécessitent pas de fluide de fracturation. Mais il est hautement
inflammable.