Pouvoir Calorifique Noix de Palmiste
Pouvoir Calorifique Noix de Palmiste
Pouvoir Calorifique Noix de Palmiste
16 N°1 (2013) 75 – 89
1. INTRODUCTION
La combustion des produits issus de la biomasse est de nos jours un axe de
recherche fort apprécié. En effet, comparativement aux produits fossiles, le bilan gazeux
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76 S. Epesse Misse et al.
en termes de CO2 (gaz à effet de serre) produit lors de la combustion est nul. Le
combustible libérant dans l’atmosphère le gaz carbonique retiré de celui-ci pendant la
photosynthèse.
Pour ces sources d’énergie renouvelable, le gaz carbonique CO2 est donc neutre [1].
La crise économique de ces dernières années n’ayant pas épargné le secteur de la
métallurgie, des industriels, mais aussi de nombreux chercheurs se tournent vers la
possibilité d’emploi d’autres combustibles dans les fours en lieu et place du coke
devenu plus cher sur le marché.
Dans cette foulée, Chean et al. [2] montrent que la substitution de 10 % de coke par
des coques de graines de tournesol comme combustible dans un four de réduction du
minerai de fer ne change pas de façon significative les caractéristiques de la combustion
ou la qualité de la réduction.
Il en est de même de Tihon [3] qui propose l’usage du méthane, de l’anthracite ou
du charbon de bois comme combustibles de substitution du coke dans la fusion au
cubilot. Ceci contribuerait affirme t-il dans la foulée, à réduire les émissions de gaz à
effet de serre.
Quant à Choi et al. [4], ayant étudiés les caractéristiques de la combustion dans un
lit de réduction de la ferraille avec substitution d’une partie du coke par de l’anthracite,
ils montrent que la réactivité de l’anthracite pouvait affecter de façon significative la
propagation de la combustion et la qualité de la réduction au dessus du lit de fusion.
Gunther et al. [5], quant à eux proposent plutôt la conception d’un cubilot semblable
au haut fourneau et qui utiliserait du charbon de bois ou l’électricité pour les opérations
de fusion.
Le four de fusion employé est un four à cuve constitué principalement d’une virole
cylindrique garnie de réfractaire. Il se présente comme un réacteur où se réalise un
contre courant gaz-solide. Les charges métalliques s’échauffant au fur et à mesure de
leur descente jusqu’à la zone de fusion où elles passent à l’état liquide.
Le modèle utilisé et qui est en exploitation à l’Institut Universitaire de Technologie
de l’Université de Douala se présente comme suit (Fig. 2):
On s’impose enfin cette quantité de chaleur pour nos coques de noix de palmiste et
on trouve alors la masse correspondante à enfourner.
Qcoke
m réel (9)
PCIcoques
Pa
Et Va ( m3 N / kg) (11)
1.293
- Le pouvoir fumigène
- Fumées humides
e K
mfh ( kg / kg ) Pa 1 1 (12)
100 100
e
Vfh ( Nm 3 / kg ) 0.0893 C 0.324 H 0.0334 S 0.0265 O 0.008 N 0.124 E Va (13)
100
- Fumées sèches
K E 9H e
mfs ( kg / kg ) Pa 1 Pa (14)
100 100 100 100
22.4 E 9H
Vfs ( Nm 3 / kg ) Vfh (15)
18 100 100
Dans les expressions précédentes, les termes C (%), H (%),…, E (%), K (%)
représentent les teneurs en carbone, hydrogène, soufre, oxygène, azote, humidité et les
cendres.
Il s’en suit l’expression suivante:
C (%) + H (%) + S (%) + O (%) + N (%) + E (%) + K (%) = 100 (16)
Comparativement à l’usage du coke, on obtient le tableau suivant:
Tableau 4: Pouvoirs comburivore et fumigène des combustibles utilisés
Pouvoir Pouvoir fumigène
comburivore Fumées humides Fumées sèches
Combustible
Pa Va m fh Vfh m fs Vfs
(kg/kg) (Nm3/kg) (kg/kg) (Nm3/kg) (kg/kg) (Nm3/kg)
Coke 10.03 7.76 12.966 9.421 12.865 9.295
Coques de noix
6.722 5.19 9.05 8.01 8.4 7.2
de palmiste
4. MODELISATION
Pour la modélisation, nous considérons la partie du four qui va du centre des tuyères
jusqu’au niveau de chargement. De plus nous adoptons les hypothèses suivantes:
- la température est supposée homogène dans le sens radial;
- les gaz chauds montent du centre des tuyères jusqu’au niveau de chargement à
vitesse constante Vg ;
- la vitesse de descente de la charge Vm du niveau de chargement jusqu’au centre
des tuyères est constante;
- bien que les grandeurs , , C p soient fonction de la température, elles sont ici
considérées constantes;
- la charge solide est constituée d’un seul type de matériau;
82 S. Epesse Misse et al.
- les pertes thermiques à travers les parois du four sont négligées;
- le four est supposé cylindrique, de section constante;
- le four est supposé avoir atteint le régime permanent.
Le modèle utilisé [9] est celui d’un lit fixe échauffé progressivement par le gaz qui
le traverse (Fig. 4).
La couche de grains traversée par le gaz est modélisée par deux parties distinctes: à
droite, un débit de gaz seul, à gauche une quantité équivalente de matière (grains
rassemblés en une masse dense). La surface d’échange S' représente la somme des
surfaces des grains présents dans la tranche.
Le bilan thermique concernant le gaz s’écrit:
Chaleur transportée par le gaz = Chaleur échangée par conduction dans le gaz
+ Chaleur échangée par convection et rayonnement entre le gaz et les grains
+ Chaleur stockée dans la tranche de gaz.
Soit
Vg g C pg S T ( z ) T ( z z )
T T
g S h ( T ) S' C T S z (17)
z g pg
z z z z t
Qu’on peut encore écrire:
T T
g S h ( T ) S'
z
z z z
z
(18)
T
Vg g C pg S T ( z ) T ( z z ) g C pg S z
t
T ( z, t ) et ( z, t ) désignent la température du gaz et la température des grains.
Le bilan énergétique concernant la matière s’écrit, d’une manière symétrique:
T T
m S * h ( T ) S'
z
z z zz (19)
Vm m C pm S * ( z ) ( z z ) m C pm S * z
t
Utilisation des coques de noix de palmiste comme combustible dans un four de… 83
Compte tenu de l’hypothèse du régime permanent, les équations précédentes
s’écrivent:
T T
g S h ( T ) S' V C S T ( z ) T ( z z ) 0 (20)
z g g pg
z z z
z
T T
m S * h ( T ) S' V C S * ( z ) ( z z ) 0 (21)
z m m pm
z z z
z
5. RESULTATS ET ANALYSES
La résolution de l’équation discrétisée précédente via le code Matlab conduit aux
courbes suivantes: Pour le coke métallurgique, avec h1 = 0.23 et h 2 = 0.935
6. CONCLUSION
La disponibilité des coques de noix de palmiste dans le monde étant réelle, (Sud-Est
Asiatique, Afrique) en général et Cameroun en particulier [11], leur utilisation
conduirait à l’optimisation de l’exploitation de l’unité pilote de fusion de la ferraille
mise sur pied par un usage énergétique cadrant avec les ressources locales. Ceci pourrait
aussi du point de vue économique, entraîner une valorisation de ces déchets. L’étude
présentée ici nous montre bien que l’on peut utiliser les coques de noix de palmiste
comme combustible pour la fusion de la ferraille dans un four métallurgique.
La détermination de la quantité minimale de coques de noix de palmiste nécessaire à
la fusion d’une charge de ferraille équivalente à la production horaire, a été faite en
partant de l’analyse élémentaire du combustible et de son PCI. En s’appuyant sur le
diagramme réticulaire du coke et connaissant notre diamètre de fusion, on a pu calculer
la quantité réelle de combustible à enfourner suivant la température de coulée
envisagée.
Une modélisation du lit de coques de noix de palmiste dans le four qui est ensuite
faite, nous amène à voir que l’on peut atteindre les hautes températures nécessaires à la
fusion de la ferraille comme dans le cas d’emploi du coke métallurgique.
Toutefois, une étude du comportement dynamique du four en utilisant les coques de
noix de palmiste avec relevés de températures de la charge par sondes à plusieurs
tranches de hauteur de la colonne, permettrait non seulement de mieux valider le
modèle, mais surtout de l’enrichir.
Une étude de la dégradation thermique du lit combustible permettrait aussi de
connaître la nature et les proportions des gaz de pyrolyse émis, afin de mieux contrôler
la combustion en phase gazeuse lors de l’usage de ces coques de noix de palmiste dans
le four.
Utilisation des coques de noix de palmiste comme combustible dans un four de… 87
NOMENCLATURE
NEPAD: Nouveau Partenariat pour le
ICP : Indice de capacité de préchauffage
Développement de l’Afrique
PCI : Pouvoir calorifique inférieur PCS : Pouvoir calorifique supérieur
Vm : Vitesse de descente de la charge (m/s) Vg : Vitesse de montée des gaz, m/s
: Surface spécifique d’échange, m2/m3 S : Section équivalente du vide (phase
gazeuse uniquement)
S' : Surface d’échange gaz↔grains dans z S * : Section équivalente de matière
homogène
S S S * : Section du cubilot totale : Indice du vide
HP : Hauteur de paillasse m : Conductivité ther. du matériau, W/m°C
m : Masse volumique du matériau, kg/m3 g : Conductivité thermique du gaz, W/m°C
g : Masse volumique du gaz, kg/m3 C p : Chaleur massique du gaz, J/kg.°C
g
Cp : Chaleur mas. du matériau, J/kg°C Vfh : Pouvoir fumigène (fum. hum.),Nm3/kg
m
Va : Pouvoir comburivore, Nm3/kg Vfs : Pouvoir fumigène (fum. sèches),Nm3/kg
Vairtuy : Débit d’air requis pour la Vairvent : Débit d’air à fournir par le
combustion avec excès d’air, Nm3/kg ventilateur, Nm3/kg
D vent : Débit de vent, m3/m2mn P hor : Production horaire, kg/h
P horf : Production de fonte ramenée à la C pl : Chaleur d’échauffement de la fonte
2
surface de fusion, t/m h (grise) liquide de 1200 à 1425 °C, kcal/kg°C
C ps : Chaleur d’échauffement de la fonte Q : Quantité de chaleur à fournir pour obtenir
solide, kcal/kg.°C la production horaire, kcal
h : Coefficient de convection L f : Chaleur latente de fusion, kcal/kg
c : Température de coulée fus : Température de fusion de la fonte
VN : Volume normal Vréel : Volume réel
TN : Température normale T : Température de l’air froid
C : Taux de carbone servant à la recarburation entre le gueulard et le chenal
REMERCIEMENTS
Nous remercions pour leur assistance, les sociétés Socor Analyse Environnementale
et Cofrac Essais, et pour leur collaboration MM. Franquenouille de la Socor et Perdrix
de l’Ecole des Mines de Douai.
REFERENCES
[1] P. Lv, C. Wu, L. Ma and Z. Yuan, ‘A Study on the Economic Efficiency of Hydrogen
Production from Biomass Residues in China’, Renewable Energy, Vol. 33, N°8, pp. 1874 –
1879, 2008.
[2] O. Tze Chean, E. Aries, B.C.R. Ewan, D. Thompson, D.R. Anderson, R. Fisher, T. Fray and
D. Tognarelli, ‘The Study of Sunflower Seed Husks as a Fuel in the Iron Ore Sintering
Process’, Minerals Engineering, Vol. 21, N°2, pp. 167 - 177, 2008.
88 S. Epesse Misse et al.
[3] G. Tihon, ‘Les Combustibles de Substitution pour le Cubilot’, 3ème Conférence Internationale
sur le Cubilot, 2009.
[4] W. Yang, S. Choi, E.S. Choi, D.W. Deog and K. Sungman, ‘Combustion Characteristics in
an Iron Ore Sintering Bed-Evaluation of Fuel Substitution’, Combustion and Flame, Vol. 145,
N°3, pp. 447 - 463, 2006.
[5] H. Gunther Rachner, ‘L’Avenir de la Fusion au Cubilot’, 3ème Conférence Internationale sur le
Cubilot, 2009.
[6] M. Geier, ‘Métallurgie de Fonderie: avec Exercices Résolus’, Eyrolles, Tome 1, 191 p., 1976
[7] L. Chaze et R. Sanz, ‘Fusion de la Fonte au Cubilot: Principes’, Techniques de l’Ingénieur,
Matériaux Métalliques, Vol. MC3, M 765.1 - M 765.17, 1997.
[8] E. Perthuis, ‘Combustion Industrielle’, Editions Technip, 214 p., Paris.
[9] B. Eyglunent, ‘Manuel de Thermique: Théories et Pratiques’, 2ème Edition, Hermès Sciences,
373 p., 2000.
[10] G. Facy et M. Pompidou, ‘Précis de Fonderie: Méthodologie, Production et Normalisation’,
2ème Edition, Afnor, 178 p., 1992.
[11] NEPAD Report, Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture Africaine,
Cameroun: Profil de Projet d’Investissement, ‘Développement de la Filière des Palmeraies
à Huiles Villageoises’, 2006.
ANNEXE
METHODES D’EVALUATION DE QUELQUES GRANDEURS