Tirsification Et Classification Des Vertisols Apport Cle I'analyse Minéralogique Des Arp:iles
Tirsification Et Classification Des Vertisols Apport Cle I'analyse Minéralogique Des Arp:iles
Tirsification Et Classification Des Vertisols Apport Cle I'analyse Minéralogique Des Arp:iles
DES VERTISOLS
Souuarnp
Aperg:tt historiqtre eî problèntes de classilicati<tn des vertisols
Répartîtîon des vertisol"'dttns lc mondc. Choix dtt pcry'sd'étude et
de Ia méthode
Présentation de quelques prolils de sols au Maroc
Premières conclusions tirées des résultctts
Observations complémentaires, discttssion, synthèse et conclttsi<tns
Application des rlsultut.ç à la classificalion des verîisols
auteurs sont arrivés à classer ces sols très différemment parce que chaÇun
d'eux partait d'un point de vue différent, à savoir la propriété de ces sols
qui lui semblait la plus importante.
Par contre, en 1956, les tirs seront mis dans la classe des sols
calcimorphes par AunrRr et DucHAUFouR, parce que la dynamique de
ces sols est dominée par les ions Ca.. [6] ; les ions Ca.* pouvant être
remplacés par les ions Mg.- [85], (on parlera alors de sols calci-magnési-
morphes).
Sans pouvoir citer ici les très nombreux travaux décrivant les verti-
sols, souvent sous des noms assez divers et des noms locaux x, nous
voudrions attirer seulement I'attention sur la délimitation des vertisols
<, vrais > par rapport à des sols apparentés,formés dans d'autres condi-
tions, sous d'autres climats, et sur les formes de transition avec ces der-
niers, car la place des vertisols dans la classificationse comprend surtout
à partir de ces transitions. Tandis que quelques vertisols limitrophes de
la zone tempérée (et y pénétrant) sont déjà étudiés 154,22,23, 611, les
transitions vers 1a zone équatoriale semblent relativement peu décrites
15t,52,67f.
Les tirs du Maroc ainsi choisis se trouvent donc en plein dans la
zone favorable à la formation des vertisols. Il en est de même pour les
vertisols de I'Espagne du Sud (<<tierras negras andaluzas > ou <<tierras de
b u j e o > ) [ 3 9 , 6 5 , 6 6 ] e t c e u x d e I ' A l g é r i e ( < t o u a r e s, r ) 1 1 2 , 3 0 , 3 l l , q u i
présentent des caractères très voisins.
** et diffé-
Les vertisols du Maroc ont été étudiés depuis longtemps
rentes méthodes ont été utilisées ; en particulier, les propriétés physiques
des tirs ont fait I'objet d'une étude approfondie [20]. Par contre, la
méthcde d'analyse minéralogique des fractions argileuses n'a êté que très
peu appliquée. C'est pourquoi nous nous sommes tournés, depuis notre
arrivée en 196 l, vers cette méthode afin de fournir des données complé-
mentaires contribuant à la connaissance des vertisols. Ainsi des spécimens
* et des sols
de la plupart des vertisols des différentes régions du Maroc
qu'ils côtoient ont été étudiéespar la méthode de diffraction des rayons X
et de celle de I'analyse thermique différentielle (ATD) ** (150 profils).
En plus des résultats publiés ailleurs 143, 44), quelques exemplestypiques
seront présentéset discutésici.
c. Rendzine<<Maaziz >
Cette rendzine, que nous comparerons aux tirs précédents,s'est formée à partir
de basalte, sur la croupe du Jbel <<Bir Izem >, à I'Ouest de Maaziz, entre I'oued
Grou et I'oued Bou Regreg; mais on tle peut pas exclure une contamination venant
du Miocène, qui, aujourd'hui érodé, a recouvert autrefois le basalte.
Un horizon A peu profond: une structure grumeleuse bien drainante et un
desséchementrapide après,l'humectation sont les caractéristiques de ce sol.
L'analyse minéralogique de la fraction argileuse montre des teneurs en M
identiquespour le matériau originel et pour le sol. L'augmentation des interstratifiés
et la diminution de C s'expliqueraientde la façon suivante: les couchesbrucitiques
complètes (Mg., (OH)^) de la chlorite, néoformée dans la roche-mère altérée, se
décomposentpartiellement, se < déplètent >, ce qui donne lieu à des interstratifica-
tions du type C-M. La calcite peut être ou bien néoformée lors de I'altération
météorique, ou bien un héritage du Miocène, comme K et Q.
c V M 2:1 K A o
ïirs profond
515
Tr f f o b s ;:tr!i ii:'l I
::::l I f Tr o b s f
40cm ::i::i:::
Maorne
moghrebien-
Tr f f o b srnF ii:iTîl ff ff ff
516 110cm
t) voir [89]
Il s'agit là d'une rendzine, d'un tirs très noir de coteau et d'un tirs très noir
de bas-fond, trois sols qui se sont formés sur 1e versant de la colline < El Moghra >
(côte 155) au N.-O. de Khénichet [641. Le développement de la tirsification va
croissant du haut vers le bas de la colline. En descendantla pente, I'dugmentation
de I'humidité dans le profil s'accompagne d'une décarbonatation progressive:
- le sommet porte une rendzine peu profonde à structure grumeleuse,
- au milieu du versant la rendzine a cédé la place à un tirs de coteau, très noir
et assez profond,
- au piedmont un tirs de bas-fond très noir et à structure très grossière s'est
formé.
ÀNALYSE DES ARGILES ET TIRSIFICATION 49
Tableau3 - >>
Séquence< Khénichet-sur-Ouergha
470,50- 429,40
Khénichet- S-O 470,30- 429,55
470,05- 429,55
I c V M 2:1 K A S :otcitr o
(H3"1;rr de bos-fond
190 très noir obs It obs F:!::l
i,,,i:i1
f ff Tr Jbs obs f
5 5c m
KH4"1;rr de côteou
489 très noir o b s f f o b sM F :il I't o b s Tr r t'f
2 5c m
M o r n ed ' E o c è n e
521 oLtérée o b s tt o b s M F f obs MF Tr hf ff
75cm i
KH1r/Pun6.;n.
488 obs f iil
:i|
tr :l:iiim r
:ill!!!:l
obs MF f t ii:rhf ff
tu cm
Morne d'Eocène :it:;t ,
520 obs f ft i:i:i::m f obs MF ff ti;mr fl
6 0c m
r) voir [64]
w E
Ouro BsrH Oueo Er.
Heuul
Terrasse soltanienne
Terrasse
rharbienne
enterré par le dess
du Beth non enterré
Les sols châtains: le premier, enterré, a étê prélevé dans la coupe nature,lle
du Beth à la sortie nord de Sidi-Slimane(coupe indiquée sur la < carte des sols du
Gharb >>de Dtvoux [68], le second sur I'ancienne Station expérimentale.Les deux
emplacementssont en dehors de .la zone de stagnation d'eau: les sols ne sont pas
tirsifiés et gardent leur couleur d'origine.
Les deux sols à tirsification sur matériau rubéfié se trouvent également sur
I'ancienne Station expérimentale: en allant vers la plaine située légèrement plus
bas, la tirsification s'est surimposéede plus en plus à l'ancien hamri provoquant
ainsi un noircissement.
Enfin, le tirs noir, formé sur la terrasse rharbienne de I'oued El Hamma,
subit, lors des inondations de I'hiver, une période d'hydromorphie plus prolongée
que les autres sols de la série.
4 5 2 , 5 2 - 4 0 7 , 6 6( B 1 5 5 )
4 5 2 , 6 7- 4 0 7 , 5 0( B 1 5 3 )
s r d r s l r m a n e 4 5 3 , 0 1_ 4 0 7 , 0 5( B 1 5 2 )
4 s 6 , r 7- 4 0 8 , 5 6( B 9 )
c V M ?'.1 K A otcitr 0
B9t' Tirs noir
rf obs r tl f obs f ff
1,87 60cm
486 T i r s b r u nn o i r
f f o b s rnf m' f o b so b s ff
nera rt 45cm
f inl o b s MF f f obsobs ff
308 cm
160-170
485 Sol.chôtoin
tirsifié f f o b s MF rll f obsobs ft
^--^2r 30cm !i!i!i!!l
i:!i:!i:iil
t o b s MF r f o b s Tr ff
519 110cm iiiiiiiti:l
i::iiil
t 8t, Sot chôtoin
r fl o b s T|F iliiimt f o b s o b s
il!ii;i::l
r1
2) 35cm
ii!!!:ii:il
f f obs MF f f obs t TT
311 115-140cm
Sol.tonienrubêfié ii:;i::*l
380 m tT|I o b s T|F t f o b s nd ff
S o t t o n i e nn on 'm1
379 rubêfié o b s TIF f f o b s nd ff
I i!ri:!i!iil
rt voir [20]
z) voir [16]
Dans la partie supérieure des trois profils prélevés sur l'ancienne Station
expérimentate,les teneurs en argile (déterminéesaprès décarbonatation).sont les
mêmes. elles sont de I'ordre de 60 Vo. Or, tandis que dans le sol tirsifié et dans
le tirs cette teneur est la même pour tout le profil, dans le hamri I'argile a
augmenté par rapport à son sous-sol. Aussi doit-on constater une augmentation
de M dans le hamri, bien que la teneur relative en M des lractions argileuses
(mF) soit [a même ; car la teneur absolue en M a augmenté,puisque les fractions
plus grossières,dans lesquellesI'argilification a puisé, ne contiennent pas de M.
I'argile. fn effet, nous constatons [16] une assezforte proportion de Mg** parmi
les ions échangeablesadsorbéspar le sol (complexe absoibant; mais, fait àractéris-
tique et souvent observé ailleurs dans les profils de tirs, la pioportion en Mg** en
bas du profil est plus forte. A titre d'exemple :
Ca Mg Ca Mg
Haut du profil 75 + 20 60 35
Bas du profil )) 40 35 ))
Il s'agit là d'un sol châtain tirsifié, d'un sol tirsifié profond et d'un sol
hydromorphe 'r'*, sols sur matériau salétien argileux qui ont é1é prélevés à I'Ouest
de sidi Bennour [92] et qui forment une hydro-séquence,dans laquelle les variations
des.conditions hydriques sont moins le résultat de la topograph,iede la surface (les
trois sols, séparés par dg.très faibles distances,se sont formés dans la plaine)
que de la profondeur différente à laquelle se trouve la croûte calcaire; i[ s'agit
donc d'un relief souterrain. c'est ainsi que sous le châtain tirsifié le substrarum
argileux est moins épais que sous les deux autres sols; cec,i est important, car
pendant la saison des pluies, le caractère d'hydromorphie de ces sols en Doukkala
n'est pas provoqué par la nappe phréatique, mais par la capacité de rétentiôn d'eau
du sol et de son substratum. voici quelques teneurs en argile (après décarbonata-
tion) :
haut du profiil 43 25 25
bas du profil 62 25 4l
209,6- 234,02
S i d i B e n n o u1rr 2 0 8 , 9- 2 3 4 , 4 1
208,6- 234,38
V M 2:1 K A :otcitt o
4993'Sol.hydromorphe20 cm Tr1 f f o b s iiil f ff f cbs f f
, ^-.2')
s27
Sol.ét;enorgi[eux
nl ff ff obs f ,r r b s o b.s f
encroûté9o cm
:l
501 Sot tirsifié orofond30cm f f obs ;1"
:l
f f obs o b s t
-J:
528
S o t é t i e no r q i t e u x
encroûté100cm
iilt I;if obs ;;:lr | |
i:;l
I t obs I t
T A B L E A6U- L 274r).Paravertisol
x : 181,000
Doukkala: y - 212,000
z=164m
ntcr$
I a M 2'.1 K A o L'
a::::i:l
indiquer <<absencede M >, mais présencecle traces de < minéraux gonflants >
dans les 2 horizons inférieurs.
Les capacitésd'échangede cations assezélevées,de I'ordre de 45 méq/100 gr
de la fraction argileuse pour I'horizon de 30 cm, montrent qu'il doit y avoir,
en plus de I'illite, des minéraux à capacité d'échangeélevée: V, les interss et C ;
nous pourrions même avoir affaire à une montmorillonite si dégradée et mal
cristalliséequ'elle échappeà I'analyseminéralogique,sanspour autant cesserd'exer-
cer une capacité d'échange [63].
Retenons qu'il y a ici une présenced'illite importante (plus forte que dans
tous les autres profils présentés),mais aussi d'autres minéraux 2:1 qui sont très
mal cristallisés,héritage d'une évolution intense de I'argile antérieure au Rharbien
et sans doute aussi au Soltanien.
Ces sols ont été prélevésdans la région côtière, caractériséepar des dépressions
plus ou moins grandes (merja et daya) entre les cordons des différents systèmes
dunaires.
a) i{-es sqLs de la séquence<<daya route côtière > se trouvent à I'Est du
km 16,1 de la route côtière, allant de Kénitra à Sidi Allal Tazi. La dépressionest
assezfréquemment inondée en hiver. Au point de vue conditions de formation, le
< sol sableux tirsifié > (Dht") * correspond,en quelque sorte, à un tirs de bas-fond;
le <<sol sableux peu tirsifié > (Dht'):i'i, sur le versant de la dune, correspond,
lui, à un tirs de coteau; le versant est décalcarisé,le bas-fond calcaire.
c V M
ntersl
2:1 K A : o t c i(t 0
5o''
s o I s o b t e u xt i r s i f i é
8279t' f1 f t c b s :iiF f f obs Tr
1t,-28cm
->'t *{.t
S o t s o b L e u xp e u t i r s i f i é
3 2 8 01 r
11,_26cftl
ff ff obs ;i:r f 1 Tr ibs
li,l'
b) Sol de daya <<Bir Rami > (Kénitra)
;::l
,l"l,i
Sobte brun-noir
5o7,, "Bir-Romi" f f obs nl n l :i tt i:lt çI obs nd nd
1) voir U9l
du laboratoirede minéralogiedu sol (INRA)
enregistrement
b) Le < sable brun-noir > de la daya tsir Rami (prélevé dans la roseraie de
R. Br-rurrn) est comparable au <<sol sableux tirsifié >, mais grâce à un canal
de drainage, la daya n'est plus inondée.
Dans les deux cas, il s'agit d'un matériau, provenant de dunes anciennes,
plus ou moins rubéfié, sur lequel une tirsification s'est greffée; elle est plus forte
dans les bas-fondsque sur les versants. Les teneurs en argile sont faibles : 1,4%
sur le versant, 2l lo dans le bas-fond (< daya route côtière >>).La couleur de ces
sols est gris-brun à gris-foncé, la structure est partriculaire,avec un léger début de
structure prismatique. Nous avons affaire à des sols qui sont proches des <<taou-
gue ,>t'; cenx-ci étant des sols sableux noirs assezhumifères, recherchéspour leur
fertilité et leur facilité de travail.
L'analyse minéralogique (Tenr-neu 7) révèle des teneurs considérablesen M;
dans <<Bir Rami >, la teneur moins forte en M est compensée par plus d'interss.
La composition de la fraction argileuse est tout à fait comparable à celle des
vertisols présentésplus haut.
Dans le < tirs noir >>qui est sur terrasse rharbienne, il y a moins
de M et absence de rubéfaction, mais les surfaces peuvent quand même
avoir vieilli au cours de l'érosion et de la mise en place.
Ceci nous fait dire que la tirsification suit, pas à pas, les matériaux
originels riches en M, à condition, certes, que les autres facteurs soient
suffisamment reorésentés.
58 C. HESS ET U. SCHOEN
Sur les pentes, en général, Ca-. et Mgt. sont fournis directement par
I'altération des minéraux ; dans les bas-fonds, en plus de I'altération direc-
te, les apports latéraux d'eaux de ruissellementchargéesd'alcalino-terreux
surajoutent ces éléments.
Pour le < sol châtain tirsifié > de Sidi Bennour, on s'attendrait égale-
ment à le trouver en dehors du domaine de la tirsification, vu le manque
de profondeur du profil. Cependant, il est nettement argileux (43 Vo) eI,
surtout, il repose sur un substratum déjà argileux ce qui le rapproche
beaucoup d'un vertisol, car un substratum à forte rétention d'eau peut
compenser, dans une certaine mesure, une profondeur qui fait défaut.
5. <<hydromorphie >>
Le même résultat se trouve dans la série <, Sidi Slimane > où à une très
faible différence de relief correspondent des variations de drainage déter-
minant la formation des sols.
Il va sans dire qu'il peut y avoir toutes les transitions ; par exemple,
à I'emplacement du <<sol sableux tirsifié > du Gharb, I'eau peut stagner
pendant des mois, créant ainsi un sol de daya. C'était le même cas pour
le <<sable brun-noir )> avant le drainage artificiel de la daya Bir Rami.
Pour tous les sols présentés,étant donné qu'ils se sont formés dans
la zone subtropicale, la chaleur pendant la période de desséchementest
su{ïisamment élevée.
Observations complémentaires
I)ans les analyses de série, chaque échantillon est examiné atlx rayons X à 3 états
différents :
l. à l,état naturel, c'est-à-dire sans traitement préalable: déposés sur lames
de verre, les films d'argile dans lesquels les feuillets des minéraux phyllitettx
se trouvent orientés, sont séchés à l'air uniquement;
2. à l'état glycérolé: une fine couche de glycérol est étalée_sur les lllms
d ' a r g i l e ; p a r l a p é n é t r a t i o n d u g l y c é r o l e n t r e l e s f e r - r i l l e t sd e s m i n é r a u x a r g i l e u x
gonfrants,'les feu,illets s'écartent âlors, gonflement qui est mesurable par. I'augmen-
t'ation de la distance réticulaire (001), c'est-à-dire la distance perpendiculaire atr
plan de clivage préférentiel des minéraux argileux phylliteux.
3. après chaufiage à 580'C: les minéraux argileux gonflants sont contractés
par déshydiatation, la Àatière organique est brûlée en grande partie, certaines réac-
iion. oni eu lieu, comme par exemple la destruction du réseau clistallin de Ia
kaolinite. I t'
Dans certains cas, des préparations spéciales sont effecttlées âvant I'examen'
par exemple :
1. saturation du < complexe absorbant )) en Ca" : or dans le cas de nos
échantillons, déjà saturés laigement en Ca*' et Mg--, 1'état naturel cle M est
pratiquement le même que l'état calcique :
Séquence Rommani :
- 15.5 À pou. le basalte a'téré (état nattrrel: 15.7 Â).
- 15.7 Â pour le tirs (fracticn <, brun >) (état naturel : 16.0 A)'
2. Fractionnement entre fractions désignés < brun >) et << noir '> : dans les
échantillons de sols vertiques, la < fraction argileuse > prélevée après dispersion
normale ne représente souvent qu'une partie de I'argile totale contenue dans
l'échantillcn; cètte < fraction argileuse >> ne représentant que I'argile normale-
nrent dispersable est alors désignée par << brttn >, tandis que la fraction argilertse
obtenue àprès agitation prolongée porte le nom << noir >> et contient les com-
plexes argilo-humiques typiquement vertiques. Dans les échantillons de roche-mères,
i l n ' y a é v i d e m m e n t p a s d e f r a c t i o n n e m e n t e n t r e < <b r u n > e t < n o i r > ;
3. chaufiage progressif de 200 à 580"C: l'examen à des températures inter-
méc{iaires peut alors révéler des degrés de contraction différentes.
4 . s a t u r a t i o n d u < c o m p l e x e a b s o r b a n t > >e n K ' : c o n t r a c t i o n d e c e r t a i n s m i n é -
r a u x 2 : l p a r < <f i x a t i o n d e p o t a s s i u m > .
5. oxydation de la matière organique : deux traitenrents à H" O" (50 vol')
rr 80"C.
De plus amples détails sont donnés dans la partie méthodologique [63.1.
L Distance réticulaire de M
La distance réticulaire (001) de M a été comparée entre matériau
originel et sol, ou entre sols à I'intérieur d'une série. Nous présentons
ici quelques exemples caractéristiques:
a. Etat naturel de M
Dans le proûl de tirs < Bled el Mouad > (FIc. 1), la distanceréticulaire
- dsn5 les matériaux originaux est de:
- 15.1 A (basalte altéré)
- 15.5 A (alvéolesd'olivine décomposée)
'- 15.5 A (marne moghrebienne)
62 c. HEssEr u. scnoÉN
,l Ma.ne moghrébicnne
i
tl
Basalte altéré
rl
,l
b Olivine décomposée
il
ii
ir
r i
Précisons que, pour le dernier cas, la raie de diffraction est devenue une
bande et que la valeur de 17.7 Â ne représente que son maximum
d'intensité.
Le < tirs noir >>de < Sidi Slimane > est une exception: il est jeune et peu
développé,contient relativement peu de M, et son matériau originel a, avant sa
mise en place, strbi une histoire qui a pu altérer les surfaces de M.
2. Oxydation
a
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ANALYSE DES ARGILES ET TIRSIFICATION 67
3. Extraction
A teneur égale en matière organique nolls poLlvons supposer que, plus I'inten-
sité de coloration est faible, plus la stabilité de liaison entre humus et argile est
grande: en règle générale, les extraits cles tirs noirs sont les moins colorés.
Dans la séquence < Sidi Slimane >, le tirs noirs fait exception: il est plus
jenne et contient moins de M qLreles autres sols de cette séqnence.
Essai de synthèse
l. Le matériau au déoart
* Nous prenons comme références les distances mesurées après séchage à I'air. Les
distances atteintes en solution aqueuse sont plus grandes (voir partie méthodolo-
gique [63D.
,71
ANALYSE DES ARGILES ET TIRSIFICATION
très finement réparti sur les surfaces, englobe ainsi I'argile et maintient
ses feuillets dans l'état d'orientation que ceux-ci ont obtenu lors de la
phase d'engorgement ou d'inondation.
C'est un fait connu que la répartition très fine d'un corps provoque
une coloration foncée; cela sera une autre cause de la couleur noire des
vertisols 174, 4'71.
Les conditions dans lesquelles a lieu la polymérisation vertique :
présence de Cat-, pH voisin de 7, catalyse de Fe, apport de résidus
d'une végétation herbacée riche en N - sont proches de celles des
chernozems 127, 731 dans lesquels se forme un humus du type < acides
humiques gris > qui est réputé pour sa liaison étroite avec la partie
minérale du sol.
Ainsi, dans les extraits d'humuspar NaOH 0.1 N des vertisolsmarocains,
nous avons trouvé aussi des minérauxargileux; on peut même arniverà une
sélectiondes minérauxqui sont les plus fortementliés à I'humus,en purifiantces
extraitspar précipitationavec HCI et extractionpar NaOH répétéesalternative-
ment: dans les préparatrions d'acideshumiquesainsi obtenueson trouve comme
contaminationminéralesurtout M, minéralle plus fortementretenupar l'humus
des vertisols[62].
L'humus du type < gris > est encore une cause de la couleur des
vertisols.
qui indique que seulement les parties les plus fortement liées à I'argilc
sont à l'origine de la couleur vertique.
Dans un tirs de la Chaouia (domaine du Jacma, près de Berrechid), qtti est
labouré depuis plus de cinquante ans, une analyse, effectuée en 1909 par la
pharmacie àe la-Réserve à Casablanca, a trouvé 3,8 7o d'humus; une autre, faite
à I'Institut Agronomique à Paris en 1912, 4.8 % ; en 1954, la teneur en humus
était de 1,9 7a, selon une analyse faite à côttingen. En même temps les rendements
avaient continuellemelt baissé, malgré une forte fumure en engrais chimiques [50].
Bien qu'il soit difficite de comparer ces résultats obtenus par des prélèvements et
cjes mèthodes qui ne sont plus guère contrôlables, la diminution de la matière
organique n'en semble pas moins bien établie.
Conclusions
7
A
6
5 Chaleur pendant
ieur suffisante et Interruption temporaire de
Hydromorphie le stade
du substratum I'hydrornorphie
de desséchement
o
Séquencesto- Séquences Sur Pour le haut
pographiques :
ù
climati- I'ensemble du profil
k o
ques*t du profil: seulement: q l
fÉ
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sement d'une catégorieà part; l'usage du nom <<vertisol > étant déjà très répandu,
avec une signification relativement précise [27, 29], nous ne voyons pas {'util,ité
d'en créer un nouveau pour désigner cette catégorie à part.
L'attribution d'un sol à cette catégorie se justifiera alors dans le cas où tous
ces facteurs auront contribué à sa formation. Si, lors de la formation d'un sol,
un ou plusieurs des facteurs avaient diminué d'intensité, le sol qui en résulte cons-
tituera une transition vers une autre catégorie de sol; lorsque ce ou ces facteurs
auront complètement diisparu,le sol aura quitté le domaine de la tirsification et
il entrera dans cette autre catégorie. L'optique pédogénétiqueaura ainsi facilité
le travail du pédologue cartographe qui doit créer des catégorieset classer afin de
décrire valablement la réalité complexe des sols; ce travail de description dépendra
largement des observations de terrain, confrontées avec les résultats de I'analyse
rnorphologiquequi indique les formes héritéeset actuelles(importance des tirsifica-
tions héritées!), mais il dépendra aussi des résultats d'analyse de laboratoire, tels
que granulométrie (facteur 2), cations échangeables(facteur 3), capacitéde rétention
d'eau (facteurs I et 2), teneur en minéraux argileux et capacitéd'échangede cations
(facteur 1).
Quand les sols marocains ne nous fourniront pas d'exemple, nous aurons
recours à des sols d'autres pays. Les noms de sol utilisis ici sans spécification
de leur origine sont ceux de la classificationfrançaise [7], les termes en italiques
sont ceux de la 7th approximation [83].
Facteur 1 : présence de minéraux argileux gonflants (surtout montmorilloni-
te) - u argile gonflante >.
Pour les surfacesde M nous étions amenésà distinguer entre surfacesfraîches
d'un minéral en voie de formation et surfacesvieillies. l-es premières favorisent le
plus fortement la tirsification. En effet, dans les sols sur basalte, dans lesquels M
est entièrement néoformée, la tirsification monte plus haut sur les versants que
ne le font habituellementles tirs de coteau, et même des sols apparemment < rend-
ziniformes >>montrent le < vertisol-gonflementde M > (T.lrueeu 8).
Les surfaces vieillies de M peuvent être plus ou moins altérées, du degré de
cette altération dépendra aussi I'affinité entre surfaces de M et grands cations
organiques, c'est-à-dire I'affinité vers la tirsification. Le revêtement des surfaces
de I'argile par (hydr)oxydes de fer lors de la rubéfaction d'un matériau est une
de ces altérations, qui ont tendance à diminuer I'influence du facteur < argile
gonfiante >>; en effet, nous avons vu que les tirs et tirsifiés brun-no,irsmontrent
un < vertisol-gonflementde M > relativement faible ; la distinction, envisagéepar
exemple au niveau du sour-groupe dans la classificationfrançaise, entre vertisols
<<no'irs > et vertisols >>brun-noirs >>,<<bruns ,> ou même <<rouges >) a dorc son
sens,sens qui coïncidera souvent avec la distinction entre vertisols bien développés
(modaux) et vertisols peu développés,précisémentà cause de cette altération des
surfacesde M.
Mais ces deux diistinctionsne coïncideront pas toujours pour la raison sui-
vante : comme le montrent des plaques minces de vertisols brun-noirs [66], la
rubéfaction peut occuper des surfaces très réduites de I'argile; quelques graines
d'hydroxydeJ de Fe iur les bords extérieurs des paquets des feuillets d'argile
suffiront pour provoquer une couleur brune ou rouge, tandis que la massede I'argile
ANALYSE DES ARGILES ET TIRSIFICATION 79
Une texture plus sableuseque celle des vertisols en général favorisera cette
hydromorphie non-vertique; rappelonsque le sol hydromorphe de < Sidi Bennour >>
n'a que 25 Vo d'argile; il en est de même des sables no,irs dunaires, lorsqu'ils se
trouvent en bas de la séquence; ils montrent alors des caractères proches des sols
hydromorphes (< sol sableux tirsifié > de < daya route côtière >>et <<sable brun-
noir > de < Bir Rami >).
Des vertisols fossiles qui se trouvent aujourd'hui dans des conditions climati-
ques plus humides deviennent des < vertisols dégradésu [51]; dans cette dégrada-
tion, Îe facteur agissantprincipalement aura été la désaturationd.u complexe argilo-
humique. l-es chérnozemsdégradésde I'Allemagne du Nord, témoins d'un climat
steppique, ont subi une désaturation semblable (voir aussi plus bas: facteur
< chaleur >>).
ANALYSE DES ARGILES ËT TIRSIFICATION 81
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