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Résumé
Le Maroc s’est engagé dans une réforme budgétaire de l’état et des finances
publiques caractérisée par une gestion axée sur les résultats et la recherche de
performances financières des administrations.
La Loi Organique n°130-13 relatives à loi de Finance, a permis de concrétiser cette
réforme en adoptant une gestion budgétaire basée sur des projets, des objectifs bien
précis et des indicateurs de mesure des performances. Cette nouvelle vision de la
gestion des deniers publics se trouve confrontée également aux transformations
numériques que connaisse le monde aujourd’hui. Le Maroc a été conscient de
l’importance des Technologies d’Information et de Communication ainsi que de la
digitalisation dans la modernisation du secteur public. Pour cette raison, la
Trésorerie Générale du Royaume a mis en place depuis 2009 un système
d’information financière pour l’exécution des dépenses publiques appelé système
de « Gestion Intégrée de la Dépense » connu sous l’appellation « GID ».
Le but de mettre en place le système GID c’est de permettre à l’Etat d’avoir une
vision globale de l’exécution de budget alloué aux différents départements, de
faciliter la gestion budgétaire et de permettre plus de transparence des actes
exécutés.
Cet article vise d’abord à présenter le cadre théorique de management des
administrations publiques justifiant l’implantation du système GID. Puis d’évaluer les
apports de ce système à la gestion budgétaire de l’Etat. Enfin d’aborder les enjeux
futurs auxquels sera confronté ce système d’information financière.
Mots-clés
New Public Management – Gestion budgétaire – Système de Gestion Intégrée de la
Dépense – Loi Organique relative à la loi de Finance
Summary
Morocco has embarked on a state budget and public finance reform characterized
by results-based management and the search for financial performance of the
administrations.
The Organic Law relating to Finance Law No. 130-13 made it possible to implement
this reform by adopting budget management based on projects, extremely specific
objectives, and performance measurement indicators. This new vision of the
management of public funds is also confronted with the digital transformations that
the world is experiencing today. Morocco has been aware of the importance of
Information and Communication Technologies as well as digitalization in the
modernization of the public sector. For this reason, the General Treasury of the
Kingdom has set up since 2009 a financial information system for the execution of
Mohammed Nabil EL MOUSSALI 37
ملخص
رشع المغرب ف اصالح مال للدولة وللمالية العامة الذي يتسم باإلدارة القائمة عىل النتائج والبحث عن األداء
المال لإلدارات.
أتاح القانون التنظيم رقم 130-13لقانون المالية تنفيذ هذا اإلصالح من خالل اعتماد إدارة الميانية عىل
ر
ومؤشات قياس األداء .هذه الرؤية الجديدة إلدارة األموال العامة أساس المشاري ع واألهداف المحددة للغاية
ً
تواجه أيضا التحوالت الرقمية الت يشهدها العالم اليوم .يدرك المغرب أهمية تكنولوجيا المعلومات
واالتصاالت وكذلك الرقمنة ف تحديث القطاع العام .لهذا السبب ،أنشأت الخزانة العامة للمملكة منذ عام
2009نظام المعلومات المالية لتنفيذ اإلنفاق العام يسم نظام "التدبي المندمج للنفقات" المعروف باسم
"."GID
الغرض من إنشاء نظام GIDهو السماح للدولة بإلقاء نظرة شاملة عىل تنفيذ الميانية المخصصة لإلدارات
المختلفة ،لتسهيل إدارة الميانية والسماح بمزيد من الشفافية لألعمال المنفذة.
ً
تهدف هذه المقالة أوال إل تقديم اإلطار النظري إلدارة اإلدارات العامة الذي ريير تطبيق نظام .GIDثم تقييم
أخيا ،لمواجهة التحديات المستقبلية الت سيواجهها نظام ً مساهمات هذا النظام ف إدارة موازنة الدولة.
المعلومات المالية .GID
الكلمات الدالة
اإلدارة العامة الجديدة -إدارة الميانية -التدبي المندمج للنفقات -القانون التنظيم لقانون المالية
Introduction
La réforme et la modernisation de l’administration est un phénomène qui qui a
touché beaucoup de pays, soit développés soit en développement. Cette réforme
provient du fait que la gestion administrative au sens classique et bureaucratique est
devenue caduque et ne permet pas se remplir les fonctions essentielles de service
publics d’une manière satisfaisante. Le Maroc, à l’instar des autres pays, a débuté
une réforme de son administration depuis les années 80 et qui a été concrétisée par
plusieurs stratégies durant les trois dernières décennies.
Adopter une nouvelle gestion publique s’intègre dans ce qu’on appelle le New Public
Management (NPM) qui correspond au courant de changement de paradigme de
gestion des organisations publiques qui a touché plusieurs pays développés depuis
les années 70. Le NPM a essayé d’emprunter les principes de gestion des
organisations privées pour les appliquer dans le contexte public. D’où on parle de
Gestion Axée sur les résultats (GAR), de déconcentration, de système d’évaluation
des performances, de planification stratégique d’audit interne etc. Aujourd’hui ces
réformes continuent à travers une nouvelle orientation qui est la transformation
numérique ou la digitalisation des services publics qui a été mise en œuvre par
plusieurs plans notamment « la stratégie e-Maroc 2010 », « la plan Maroc
numérique 2013 » et «la stratégie Maroc Digital 2020 ».
L’efficacité dans la gestion publique a touché tous les domaines publics notamment
la simplification des procédures administratifs pour l’obtention de certaines
documents ou autorisations, modernisation des systèmes d’informations, une
communication plus efficace avec les citoyens etc.
Parmi les domaines douché par le NPM on trouve la gestion budgétaire de l’Etat. La
bonne exécution des dépenses publiques revêt une importance considérable pour la
bonne marche des services de l’Etat et la mise en œuvre des projets d’intérêt public.
Une gestion budgétaire de l’Etat efficace dépend de plusieurs facteurs tels une
programmation bien établie, des cadres financiers compétents et un système
d’information fiable et efficace. La Loi Organique n°130-13 relatives à loi de Finance
(LOF) a concrétisé ces principes en mettant l’accent sur l’efficacité budgétaire, sur la
transparence et sur la réédition des comptes.
Pour s’inscrire dans l’élan de modernisation de l’administration publique et surtout
dans la transformation numérique de cette dernière, le domaine de gestion des
finances publiques a été précurseur dans la mise en place d’outils numériques tels le
Portail des Marchés Publics (PMP), le système « E-budget », le système « WADEF-
AUJOUR » ou le système de Gestion Intégrée de la Dépense (GID). Ce dernier outil
(GID) constitue une vrai révolution dans la gouvernance financière des dépenses de
l’Etat depuis sa mise en place en 2009.
Mohammed Nabil EL MOUSSALI 39
L’objectif de cet article est d’analyse le rôle du système GID dans les performances
budgétaires de l’Etat. Pour cela nous allons dans un premier temps analyser le cadre
de référence qui est considéré comme base à la réforme budgétaire au Maroc à
savoir le NPM et la LOF. Puis dans un second temps, nous allons montrer comment
le système GID a un eu apport positif aux performances budgétaire de l’Etat.
1. Le NPM et la LOF comme cadres de référence à la réforme budgétaire de
l’Etat
Les réformes qu’a connu le service public au Maroc ont entraîné des répercussions
sur le domaine de la gestion des finances publiques. Ces réformes trouvent leur
essence dans le cadre théorique du NPM puis dans les apports de la LOF.
Les premières pratiques du courant NPM sont apparues dans les années 70 pour
remplacer la gestion traditionnelle de « l’Etat providence » c’est-à-dire la gestion
Wébérienne ou bureaucratique. Le NPM a succédé aux premières tentatives de
modernisation des administrations publiques notamment le Planning Programming
Budgeting System (PPBS) aux États-Unis ou la Rationalisation des Choix Budgétaires
(RCB) en France (AMAR et BERTHIER, 2007). Ainsi l’idée principale du NPM est gérer
l’Etat comme une entreprise en appliquant les pratiques managériales de celle-ci afin
d’obtenir l’efficacité et l’efficience souhaitées. La notion du NPM a été
conceptualisée la première fois par C. HOOD (1991).
Selon HOOD et JACKSON (1991), la montée du NPM repose sur les principes
suivants :
- La séparation entre les questions de gestion et les questions politiques ;
- La séparation des unités administratives en unité autonomes ;
- La réduction des coûts et la diminution de la bureaucratie ;
- L’application des principes du management privé dans le sens ou l’accent est
mis sur les résultats que sur les processus ;
- Des politiques basées sur des sondages d’opinions ;
- Une préférence pour une réglementation plus souple.
Même si ce courant a connu une notoriété dans beaucoup de pays (grande bretagne,
Nouvelle Zélande, Canada et autres pays de l’OCDE), il présente néanmoins quelques
limites. Il y’a d’abord le problème de désagrégation et surtout l’agencification qui
présentent le problème de contrôle et la conduite des politiques publiques (Van
Haeperen, 2012).
Cette tendance à considérer qu’il faut moderniser la gestion des établissements
publics (vu qu’ils sont devenus non performants) a touché également le Maroc. On
a vu ainsi les réformes se succéder depuis les années 80, tels le « programme
d’ajustement structurel », le « pacte de bonne gestion », ou le « livre blanc sur la
réforme administrative ». Ces réformes ont eu une réussite relative, puisque les
organismes publics souffrent encore d’une lourdeur administrative et des
budgétaire entre les dépenses et les recettes, une rationalisation des ressources des
Services de l’Etat Gérée de Manière Autonome (SEGMA) qui doivent détenir au
moins 30% de ressources propres et la tenue d’une comptabilité budgétaire, d’une
comptabilité générale et d’une comptabilité analytique.
Le troisième et dernier pilier est celui de la réédition des comptes qui consiste en
deux principales actions : d’abord les informations communiqués au parlement
(plusieurs rapports et documents accompagnant le projet de loi de finance) et
ensuite le réaménagement du calendrier de vote des projets de loi de finance.
Nous pouvons conclure donc que la LOF a instauré les principes du NPM dans la
gestion budgétaire de l’Etat, ce qui va permettre aux services publiques d’être plus
performants dans la gestion des deniers publics.
Le déploiement de toutes les réformes budgétaires, citées ci-dessus, dépend de
l’existence d’un système d’information budgétaire efficace et moderne. Avec la
digitalisation des services de l’Etat, le système d’information budgétaire est appelé
à innover en utilisant les outils numériques adaptés.
La conception du système GID a débuté en 2005 et s’est étendu jusqu’à 2008. Durant
cette phase, la TGR a réalisé un diagnostic de l’environnement de la dépense
publique notamment l’élaboration d’un inventaires des acteurs et l’échange
d’information avec tous les intervenants. L’implication de ces derniers est une
condition essentielle pour la réussite de ce projet. Ainsi, à côté de la TGR d’autres
acteurs interviennent dans ce système notamment l’entité GID, la direction du
budget relevant du Ministère de l’Economie et des Finances, les ordonnateurs et les
sous-ordonnateurs et le Contrôle Général des Engagements des Dépenses (CGED).
La mise en place du système GID a été faite d’une manière progressive (figure n°1).
Ainsi En 2009 et en 2010, le système GID a été testé et appliqué dans les
administrations publiques relevant des départements ministériels. Puis à partir de
2013 il a été appliqué dans les collectivités territoriales (CT), suivi d’une applications
pour les agents comptables à l’étranger (ACE) à partir de 2016.
Vu que les établissements publics ont également une importance dans les finances
publiques, le système GID a connu une application aux Académies Régionales de
l’Education et de la Formation (AREF) à partir de 2018. Enfin en 2019 on a donnée
l’opportunité aux prestataires d’accéder à ce système via « GID-fournisseur » afin de
suivre l’état de leurs dossiers de paiement et également leur permettre de déposer
leurs facture d’une manière digitalisée.
2019/2022
2018/2019 Gid-
fournisseur
Application
2016/2017
aux AREF
Application
2013/2014 aux ACE
Application
s dans les
2009/2010 CT
Application
dans l'Etat
Références bibliographiques
Articles
Amar A. et Berthier L. (2007). Le nouveau management public : avantages et
limites. Gestion et Management Publics, vol.5, Décembre 2007.
El Alaoui M. S. (2013). Le système de gestion intégrée de la dépense. Un acquis
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KHAZINA, n°10 / Août 2013.
Hood C. (1991-a). A Public Management for All Seasons. Public Administration, 69,
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Hood C. et Jackson M. W. (1991). The New Public Management, a recipe for
disaster. Canberra Bulletin of Public Administration, n°64, May 1991, 16-24.
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instrument de pilotage des reformes des finances publiques. Revue AL KHAZINA,
n°10 / Aout 2013.
Van Haeperen B. (2012). Que sont les principes du new public management
devenus ? Le cas de l'administration régionale wallonne. « Reflets et perspectives
de la vie économique », 2012/2 Tome LI | pages 83 à 99.
Textes juridiques
Dahir n°1-15-62 du 14 chaabane 1436 (2 juin 2015) portant promulgation de la loi
organique n°130-13 relative à la loi de finances.
Webographie
https://lof.finances.gov.ma/ (consulté le 15/09/2022)