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L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE
Dumont Marie 2023 – 2024
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Dumont Marie 2023 – 2024
Introduction
→ Examen écrit de 20 questions QCM sans point négatif sur 10 + 2 questions ouvertes sur 5 = /20
→ Date surlignée en jaune = à retenir !
Le découpage historique pour l'histoire de l'époque contemporaine est situé sur deux dates : 1789, la
Révolution française et l'Empire napoléonien, et 1815, le Congrès de Vienne. Ces deux dates sont débattues.
L'époque contemporaine est plus souvent envisagée à partir de 1789.
Dans la littérature et dans le langage commun, l'art contemporain est perçu (en opposition à l'histoire
contemporaine) comme étant les œuvres produites après 1945, potentiellement par des artistes encore en
vie. L'école culturelle privilégie l'après Deuxième Guerre mondiale à la suite de l'Art moderne (milieu XIXe).
Le contexte socio-historique est étroitement liée à la révolution industrielle et aux progrès techniques, en
corrélation avec la notion d'innovation. Cette révolution est le facteur d'un début de mondialisation, de la
décolonisation et de la révolution numérique. Les œuvres de l'époque contemporaine n'apparaissent pas de
rien, elles sont créés en contexte, dans la continuité de leur période. La révolution industrielle apparaît
comme sujet dans les œuvres, tout comme les deux conflits mondiaux, qui conditionnent les pratiques
artistiques et ses sujets. Par extension, la révolution numérique interviendra aussi pour notre époque.
La notion d'acteur est également étendue : l'art contemporain est un art actuel, un art vivant, ce ne sont pas
toujours des artistes qui sont contemporains. L'art vivant est une notion qui apparaît au XIXe siècle, par
Gustave Courbet qui forge cette expression.
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Depuis la Renaissance, les Occidentaux se sont toujours sentis modernes. Ce sentiment est renforcé
par les progrès constants de la science et de la technologie. Au XVIIIe siècle, les artistes, les écrivains et les
politiciens ont continués néanmoins à parler du présent avec le langage du passé. Cette période est marqué
par deux courants de rupture : le néo-classicisme et le romantisme. C'est un moment de transition
important entre la fin du XVIIIe et la première moitié du XIXe.
La pratique de l'art est fortement conditionnée par un héritage, par l'application de prémisses artistiques,
pour l'essentiel hériter d'un langage du passé. Les artistes refusent alors cet héritage, le remettant en question.
Ils parleront du présent avec un langage du présent.
Le néo-classisme et le romantisme sont tous les deux héritiers de deux tendances, malgré qu'ils engagent
une prise de conscience sur le passé : privilégier la raison dans les représentations, se traduisant par la maîtrise
du dessin chez l'artiste, et une approche plus expressive avec notamment l'utilisation de la couleur comme
vecteur d'expression de la subjectivité.
I. Le néo-classicisme
Vers 1750/1800, on observe un retour canonique des formes de l'antiquité grecque et romaine.
C'est un moment des reprises des modèles de l'Antiquité, considérés comme des idéaux.
Les Lumières privilégient la rationalité, la raison plutôt que l'expression. L'art contemporain aux
Lumières est fondé sur le dessin, sur la précision et sur l'exactitude. Cette volonté de retourner à l'Antiquité
se caractérise par la redécouverte des sites archéologiques, comme par exemple Pompéi. Ils remettent alors
sur le devant de la scène des modèles de l'Antiquité. Les modèles antiques sont la source de l'inspiration des
néo-classiques.
Cette reprise fait l'objet d'une actualisation. Elle est reprise par un théoricien et archéologue allemand :
Winckelmann. En 1764, il publie L'Histoire de l'art de l'Antiquité. Il met en avant la notion de style. Dans
son Histoire de l'Art de l'Antiquité, il privilégie une histoire qui rompt à sa manière de la tradition de l'écriture
de l'Histoire de l'Art, alors plus centré sur l'histoire des artistes et des écoles. Winckelmann étant se spectre
par sa notion de style, comme « l'ensemble des caractères propres aux créations plastiques à une époque
donnée ». Il étudie la notion de géographie, de croyance ... influençant les créations plastiques.
Cette notion de « néo-classicisme » se développe d'abord dans l'architecture, pour ensuite être étendue à
d'autres formes picturales. On y reprend des éléments comme les plans des temples grecs, des éléments de
décors (colonnes...) décoratifs.
Porte de Brandebourg (Berlin) 1788 -
1791. Carl LANGHANS.
La construction remonte à la fin du XVIIIe
siècle. Elle s'inspire et reprend les modèles
antiques d'Athènes. Cet arc est un symbole
de la ville de Berlin. Il est érigé à l'époque
pour le roi de Prusse par l'architecte de la
cour, Langhans. Cette porte ouvre sur le
vieux Berlin, conçu comme une porte avec
des rangées de colonnes. 6 colonnes qui
reprennent l'ordre dorique, soit l'ordre le
plus utilisé pour les monuments en Grèce
antique.
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L'ordre dorique se caractérise par des cannelures, lignes verticales en relief, par un chapiteau plat, et par
une absence de base. Cet ordre est assez épuré, privilégié pour un décor monumental déjà dans l'Antiquité.
L'ordre dorique correspond à un idéal de pureté et de noblesse, il sera d'ailleurs qualifié par les
Lumières comme un « vrai art ». Au sommet de la porte, une allégorie, la déesse de la victoire. La porte de
Brandebourg reprend le modèle des propylées de l'Acropole d'Athènes. L'Acropole d'Athènes présente le
même nombre de colonne et le même style de colonne que la porte de Brandebourg.
British Museum (portique et colonnade extérieure)
1823 - 1852. Robert SMIRKE.
En Angleterre, on parle de "Greek revival". Le british
Museum reprend lui aussi le modèle de la colonnade et
fait une synthèse des ordres décoratifs grecs. Il est
surmonté d'un fronton (partie supérieure en triangle) qui
admet un relief, un décor sculpté. L'architecte du musée
choisit la pierre comme élément de recouvrement.
Usage pionnier de deux éléments de construction : le
béton et la fonte. Il y a reprise, mais aussi actualisation
par des matériaux innovants pour l'époque.
Quelles sont les caractéristiques principales du néo-classicisme ?
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A. Un foyer allemand …
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En Allemagne, Novalis (poète allemand) forge un nouveau terme, le verbe « romantiser » : « le monde doit
être romantisé Cette opération reste totalement inconnue. En conférant aux choses secrètes une haute
signification, au quotidien un mystérieux prestige, au connu la dignité de l'inconnu, au fini à l'apparence de
l'infini, je les romantise. »
Dans le domaine de la peinture, la figure clef romantique est Caspar David Friedrich
FRIEDRICH, Le voyageur contemplant une mer de nuage, 1818
Friedrich est un fin observateur de la nature et du paysage allemand. Le
peintre ressent cette dimension de puissance naturelle, tout comme le
spectateur : une forme de dépassement de soi par des formes
mystérieuses. VOYAGEUR est une œuvre clef du romantisme et de
l'artiste. On y voit au premier plan un homme de dos, une figure-relais
observant un paysage à partir d'un point de vue surélevé, presque entre
ciel et terre. Il est habillé de sombre avec un bâton de marche, sa
chevelure flottant au vent. S'étend comme une étendue maritime un
paysage, recouvert de brume (« écran mystérieux »). Sur un plan
intermédiaire, quelques arbres qui émergent, avec au loin, des montagnes
recouvertes pas un ciel de nuage. La notion de sublime fait référence
à quelque chose qui nous dépasse.
Apparaît un écrit d'Edmund Burke, Étude philosophique sur les origines de nos idées sur le sublime et le
beau. La notion de beauté renvoie d'avantage à une forme d'harmonie, d'équilibre, tandis que la
notion de sublime s'apparente à une forme de choque, d'incompréhension, voire de peur. Le rapport
à la mort est quelque chose qui préoccupe beaucoup les artistes romantiques. Friedrich est d'ailleurs
orphelins de mère et perdra 3 de ses frères et sœurs.
FRIEDRICH, La mer de glace, 1824
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B. Le romantisme en France
Il réalise des portraits, tantôt dessins et tantôt aquarelles, qui inspirent les œuvres picturales qu'il va réaliser
ensuite. Ce type de pratique est une pratique face au réel, on parle de « dessin sur le motif », lorsque le peintre
ne travaille pas dans son atelier mais à l'extérieur. La lumière est très différente de celle de l'Europe.
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C. L’école de Barbizon
Volonté des artistes de nourrir leurs compositions avec une expérience directe de la nature. C'est ce qu'on
qualifie d' « école Barbizon ». Barbizon est un village en bordure d'une forêt pas très loin de la région
parisienne, la forêt de Fontainebleau. Barbizon est l'hôtel d'une série d'artiste, dont certains vont venir y
vivre (1825 - 1875). Ils s'y rendent pour faire l’expérience de l'inspiration face à l'expérience d'une nature
directe.
Le travail de ses peintres passent ensuite sur un travail directement dans le paysage suite à l'invention de
la peinture en tube, mise sur le marché à partir de 1841. L'art du paysage bascule alors vers un art de
l'observation.
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abattages des arbres, allant jusqu'à faire circuler une pétition pour y établir des réserves artistiques. Les
artistes ne voudront non plus tendre vers l'expression de leurs sentiments antérieures, mais restituer ce
qu'il observe de manière beaucoup plus factuelle, des réalités de leur temps.
Fontainebleau est une communauté artistique très en dehors de la condition industrielle, de la vie ouvrière.
D'ailleurs, certains artistes prôneront par la suite un engagement des artistes dans leurs temps, dans cette vie
industrielle ... → Vers le Réalisme …
Néoclassicisme Romantisme
Influence(s) Grèce / Rome Moyen Âge / Orientalisme
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Certains artistes souhaitent s'engager face à des problématiques : ils souhaitent s'engager dans la vie
quotidienne, le Réel, volonté que l'on retrouve aussi dans la littérature (BALZAC, La comédie humaine). Les
artistes sont tendus par les préoccupations de la vie réel, observation au centre de convictions scientifiques
: l'empirisme
L'empirisme est une connaissance scientifique basé sur l'observation, dont on trouve un écho dans un
courant philosophique fondé par Auguste Comte : le positivisme. Il s'agit de faire reposer les connaissances
philosophiques sur l'observation et sur l'analyse des faits.
La reproduction de la nature par l'homme ne sera jamais une reproduction, une imitation, ce sera toujours
une interprétation
➢ Le portrait
➢ La nature morte
➢ La scène de genre
➢ Le paysage
Depuis 1789, les périmètres des cimetières ne suffisent plus à contenir les morts. On déporte alors ces
cimetières aux bords des villages. Au centre, les hommes, et dans la partie droite, les femmes. Il y introduit
des membres de sa famille. Dans un geste symétrique, on indique très clairement l'engagement de Courbet
pour la cause républicaine. Symboliquement, on retrouve un crane, renvoyant au principe de la vanité. On
confronte le spectateur à la brièveté de l'existence humaine, signifiant la présence de la mort aux pieds des
vivants. La couleur est présente en nombre limité. La critique reste encore divisée face à cette œuvre
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On prend en considération des sujets méprisez jusque-là, liés au quotidien et liés à des populations peu/pas
représentées dans le champ pictural. Scène quotidienne qu'est un enterrement, thème reproché à Courbet.
On recevra ce type d'art comme un « art socialiste », parce qu'il dépeint précisément le peuple, un peuple
que la critique désigne comme « inspirant le dégout, provoquant le rire ». Courbet se défend en répondant
qu'à ses yeux, la nature réelle de l'art est précisément la représentation du concret, de ce qui peut être
observer et restituer par l'artiste.
A la suite de Courbet, le réalisme se développe. Les sujets sont issus de choses réelles, existantes, mais des
milieux sociaux économiques absents. A partir des années 1850, ce mouvement correspond aussi à une
forme d'engagement de leur part.
COURBET, Les casseurs de pierres,
1849
On représente ici le travail des classes
ouvrières. L'œuvre a été détruite en 1945
durant un bombardement. Cette œuvre
atteste l'engagement de Courbet à la suite
de l'Enterrement à Ornans. On y voit
représentés de dos et de profil deux
figures au travail, dont les visages ne sont
pas représentés. Il représente des actions
et des gestes du monde ouvrier. Comme
autre élément, un panier en osier et une
marmite. Mise en évidence d'outils manipulés quasiment instantanément, pendant que la figure la plus jeune
soulève à bout de bras une pierre cassée. Après avoir rencontré Courbet sur le bord de la route, les deux
hommes acceptent d'être représentés. Courbet rend hommage à la condition ouvrière, un hommage sous
forme d'une dénonciation. Il poursuit ici d'une manière très manifeste son choix d'élever la figure
ouvrière et campagnarde au statut noble de la grande peinture d'histoire.
Emile Zola souligne ce plaidoyer pictural : « Les Casseurs de pierres crient par leurs haillons vengeance
contre l'art et la société ». A l'époque, l'art est un art bourgeois, non seulement par les sujets qu'il représente
que par le publique auquel il s'adresse.
Courbet rencontre des difficultés à ouvrir l'art à ce genre de sujet. Il essui des refus successif lorsqu'il s’agit
d'exposer ce genre d'œuvre. Il décide alors d'ouvrir son propre pavillon, sa propre exposition individuelle,
sur l'Avenue Montaigne en 1855. C'est le « pavillon du réalisme ».
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Dans un catalogue qu'il fait paraître, Courbet explique ce qu'il entend par réalisme et sa position d'artiste
dans ce contexte. « Le titre de réalisme m'a été imposé comme on a imposé aux hommes de 1830 le titre de
romantiques. Les titres en aucun temps n'ont donné une idée juste des choses ; s'il en était autrement, les
œuvres seraient superflues [...] J'ai étudié, en dehors de tout esprit de système et sans parti pris, l'art des
anciens et l'art des modernes. Je n'ai pas plus voulu imiter les uns que copier les autres ; ma pensée n'a pas
davantage d'arriver au but oiseux de l'art pour l'art [...] Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée. Être à même
de traduire les mœurs, les idées, l'aspect de mon époque, selon mon appréciation, être non seulement un
peintre, mais encore un homme, en un mot, faire de l'art vivant, tel est mon but ».
La notion d'art vivant = travail de fin observateur de son époque, qui s'adresse à ses contemporains. Un
art vivant qui s'adresse à l'époque de l'artiste. On retrouve la question de l'adresse à des spectateurs qui
partage le même temps.
COURBET, L'atelier du
peinture, 1855
Le peintre se figure comme
travailleur, dans la droite lignée
des représentations sociaux-
professionnelles par Courbet.
Cette toile fait partie des
œuvres soumises pour être
exposées, et qui avait essuyés
un refus. Eugene Delacroix en
laissera un témoignage : Je
découvre un chef d'œuvre dans
ce tableau refusé. Je ne pouvais
m'arracher à cette vue, on a
rejeté là, l'un des ouvrages les plus singuliers de ce temps. Cette œuvre présentait le sous-titre ; « allégorie
réelle déterminant une phase de 7 années de ma vie artistique et morale ». Deux groupes de personnages
réels (portraits) qui incarnent deux versants de la société : des sujets qui donnent source d'inspiration au
peintre (à gauche) et d'autre part, les aides de Courbet lui-même, des poètes, des mécènes, des politiques...
(à droite). Courbet peint un paysage, ce qui interroge sur le modèle nu. Il est là un hommage rendu aux
modèles, figures indispensables. Ce n'est pas un corps idéalisé, mais un corps réel. L'arrière-plan fait
référence à un décor peint, qui éclaire la modèle et les groupes. Courbet rend compte de sa maîtrise du
drapé, signifiant sa compétence de peintre, permettant de couper court à toutes critiques.
MILLET, L'Angélus, 1857 - 1859
S'attache au milieu paysan et au travail de la terre. Les
scènes rurales qu'il représente sont associées à un
traitement poétique lié au paysage, mais aussi aux
moments de la journée. Cette œuvre représente un
moment de prière, l'angélus étant la prière du soir.
Le réalisme se préoccupe aussi de spiritualité, sans être
réduit au concret pragmatique. Il souligne la spiritualité
qui rythme le quotidien de la classe populaire. On
témoigne à travers la prière une reconnaissance vis-à-
vis de la fertilité de la terre. Le paysage dévoile le
clocher et le profil d'une église, soulignant l'avant plan.
Le traitement lumineux du ciel fait comprendre que
nous sommes en fin de journée. La présence de la terre à l'avant-plan est manifeste. L'intensité de la lumière
est palpable, ce qui permet à Millet de travailler sur une notion de contraste (+ les vêtements). Milet structure
sa composition avec les couleurs, par ailleurs très sobre et limitée.
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Le symbolisme se développe en Europe dans les années 1870, dont l'apogée se situe dans
les années 1890. Le courant inonde l'ensemble de l'Europe, en se définissant non pas par des pratiques
communes mais par des thèmes utilisés. Les thèmes utilisés sont à remettre dans leur contexte, soit la fin
du siècle approchant. Le courant est marqué par une forme de pessimisme ...
➢ Pessimisme
➢ Rêve
➢ Ésotérisme
➢ Mélancolie
➢ Misogynie
➢ Spiritualité
Le symbolisme est une quête de synthèse des arts, se traduisant par des nombreuses collaborations entre les
artistes visuels et les artistes des lettres. La synthèse des arts est instituée par WAGNER, compositeur au XIXe
siècle. Jean Moréas publie en 1886 le Manifeste symboliste : « Vêtir l'idée d'une forme sensible ». Le
symbolisme fait référence à la métaphore, à l'allégorie, à la comparaison.. au sens large, le symbole.
MOREAU, Salomé dansant devant Hérode, 1876
Œuvre fondatrice du symbolisme. On revient ici à un texte du
nouveau testament. Au centre de la composition, Hérode célèbre son
anniversaire. Il propose à sa fille Salomé de venir danser devant les
invités. En retour, il lui donnera ce qu'elle souhaite. Elle demandera la
tête de Saint Jean Baptiste. Le travail imaginaire de l'architecture réunie
plusieurs bâtiments. Il crée ici un décor imaginez par lui. La cruauté
du rouge ponctue l'œuvre.
+ MOREAU, Salomé tenant la tête de Saint-Jean Baptiste sur un
plateau, 1876
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On observe dans le dernier quart du XIXe siècle une attention de plus en plus forte des artistes pour la
lumière. Ce n'est plus le propre de la matière couleur qui détermine en permanence le rapport à la perception.
Le salon des Refusés (1863) accueil ceux dont les salons officiels ne veulent pas. On met à l'écart la
hiérarchie entre les genres artistiques et la prédominance des jurys, ainsi que la prévalence du dessin sur la
couleur. Toutes ses notions sont remises en question par les futurs impressionnistes. Le Salon des Refusés
est l'œuvre d'Eugène Viollet-le-Duc, architecte novateur français.
Viollet-le-Duc est un ardent défenseur d'une architecture moderniste. Il amène cette dissidence partagée par
les jeunes peintres et les jeunes sculpteurs. Il obtient le soutient de Napoléon III pour organiser le Salon des
Refusés. Ce moment signe la fin de la prédominance du Salon des Beaux-Arts et de l'académisme, donnant
lieu à un accord obtenu des artistes en 1864 : organiser eux-mêmes leurs propres expositions.
A partir de 1864, Viollet-le-Duc ouvre la possibilité innovante de pouvoir s'auto fédérer, sans être tributaire
des jurys des salons officiels. Le Salon des Beaux-Arts voit sa derrière édition en 1879, ensuite remplacée
par des projets crées par les artistes eux-mêmes. Le Salon des Refusés est essentiel dans le début de la fin
des Salons.
MANET, Le Déjeuner sur l’herbe,
1863
Membre du Salon des Refusés. L'œuvre
représente un tournant dans l'Histoire de
l'art. On présente souvent Manet comme
le père de l'impressionnisme. Deux
bourgeois sont réunis durant un déjeuner
sur l'herbe dans un sous-bois. Il y ajoute
une touche encore réaliste dans sa
restitution, notamment dans les formes,
tout en restant attardé sur le travail de la
couleur. Les impressionnistes portent la
lumière. Manet va affronter la peinture
classique dans son usage du nu. Manet
juxtapose une femme ordinaire. Il
déconstruit les codes classiques, en
soulignant une certaine hypocrisie qu'admet le corps nu idéalisé dans la peinture classique. La fracture crée
aussi le choque dans la manière dont il compose et peint cette œuvre. Le paysage est plus esquissé que
dessiné, il est représenté à gros traits, en particulier dans l'arrière-plan. La blancheur du corps par rapport à
la noirceur du vêtement dénote. Les personnages s'inscrivent dans une forme triangulaire décentrée sur la
droite. Le sujet traité ici marque aussi une rupture, en plus que sur la forme. Le contexte végétal fait l'objet
de croquis préparatoire à la campagne par Manet. Cette œuvre est issue d'un travail et d'une compétence
réelle, guidée par les couleurs et les contrastes. C'est une transgression qui transparait dans le détail,
notamment par la nature morte qui trône dans l'angle gauche et présente une forme de codification. Manet
a représenté un panier basculé, renversé, ce qui dans le domaine de la nature morte était connoté et rapporter
à la perte de l'innocence, rapprochée ici par le domaine de la prostitution. On y trouve aussi des coquilles
d'huitres, représentation de l'aphrodisiaque. Manet transgresse et renverse les codes. Il assimile des fruits de
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saisons différentes, dont la réunion est improbable. L'attachement de Manet au temps présent est significatif.
Il s'inspire d'un texte critique de Charles Baudelaire publié la même année, Le peintre de la vie moderne.
Dans ce texte de Baudelaire, il part d'un constat : celui de la prégnance de la quotidienneté. Il invite les
artistes à dépeindre leur temps, en s'inspirant de l'actuel, de l'ici et du maintenant. Baudelaire écrit que tout
se passe désormais dans la rue. L'auréole du poète y est tombé. Du point de vue de Baudelaire, l'art doit
pouvoir et devoir affirmer cette liberté et cette imprégnation du temps présent.
TITIEN, Le concert champêtre, 1508 – 1509
En parallèle avec Le Déjeuner sur l'herbe = recours à la nudité idéalisée
avec le regard détourné. Les attributs étaient des muses, des sources
d'inspirations. La lecture y été codifiée. Le tout étant dans un paysage lui-
même idéalisé, rendu parfaitement, dans une atmosphère colorée, portant
sur le drapé du vêtement rouge du musicien. Manet fait affront car son nu
regarde dans les yeux.
« La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel
et l'immuable ». Le travail de l'art est par définition un travail de perception de son temps, mais aussi un
travail de mise à distance. Il s'agit de donner à la réalité une forme éternelle et esthétique.
MANET, Le Fifre, 1866
Il choisit de représenter un fifre en taille réelle (161x97). Manet s'empare de sujet
contemporain, mais aussi extrêmement dur. Ce sont des enfants de militaires
contraint de vivre avec les soldats. De nouveau, il y a un effet placage de ces
silhouettes peintes sur un fond uni. Le costume évoque la garde impériale de
Napoléon III, qui impose à Manet une palette de couleur bien précise. Il s'inspire
des estampes, un modèle japonais, des gravures sur papier. Il suit un peu le
mouvement japonisant, possible par l'importation de ces estampes sur le marché
de l'art à la fin du XIXe siècle. Les estampes japonaises procèdent par une absence
d'arrière-plan, par un décor minimalisé et stylisé. Le traitement de la couleur est
en aplat, pas de dégradé.
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1 Le pictorialisme est un mouvement esthétique international qui caractérise la photographie entre 1890 et 1914 environ
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